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travail sécurité & Le MenSUeL De LA PrÉvenTion DeS riSQUeS ProFeSSionneLS

Dossier
l’industrie
n° 756 – DÉCEMBRE 2014 – 5,20 

du textile

n en imaGes n GranD entretien n perspectives n en entreprise


Produits de beauté : Thierry Sauvage, chef Les piles à combustibles, Du blé à la farine,
un parfum du service de santé une technologie d’avenir une histoire
de prévention des gens de mer aux risques à venir d’ensachage
sommaire

10

© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS


Chef du service de santé des gens de mer
à la Direction des Affaires maritimes
du ministère chargé des Transports,
Thierry Sauvage revient sur les actions
du service, auprès des entreprises
et des salariés de ce secteur.

13
Entre de vieilles machines artisanales
© Gaël Kerbaol/INRS

associées à des savoir-faire traditionnels,


des machines numériques et des textiles
innovants, les salariés de l’industrie du textile

38
en France sont confrontés à des risques
professionnels très variés.
© Patrick Delapierre pour l’INRS

Afin de soulager les salariés chargés


d’actionner à longueur de journée
des disjoncteurs-interrupteurs pour
vérifier leur bon fonctionnement,
de nouveaux appareils chaque fois
plus performants ont été conçus.

04 ACTUALITÉS 13 DOSSIER
n Pesticides. Une exposition professionnelle L’industrie du textile
difficile à évaluer
n Campagne d’évaluation. Les détecteurs 14. De fil en aiguille, le secteur cherche
multigaz jugés plutôt satisfaisants à se protéger
n Commerce de proximité. Une enquête
16. Maillage préventif chez Bleuforêt
se penche sur les franchisés
n Fonction publique de l’État. Des moyens 19. Les maladies professionnelles mises au tapis
renforcés pour les membres du CHSCT 22. La polyvalence made in France
24. Des toiles qui prennent leur envol

10 Le Grand entretien
Thierry Sauvage, chef du service
de santé des gens de mer 26 perspectives
« La mer est dangereuse, Piles à combustible
n’en rajoutez pas » Allier environnement et sécurité

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


30

© Claude Almodovar pour l’INRS


bâtiments, flux, organisation du travail…
La fabrication de produits de beauté
naturels en plein essor s’est adaptée
à la demande tout en préservant
la santé et la sécurité des salariés,
toujours plus nombreux.

photo de couverture : Gaël Kerbaol/INRS

Revue mensuelle publiée par l’Institut national


de recherche et de sécurité (InRs)
pour la prévention des accidents du travail
et des maladies professionnelles.
65, boulevard Richard-Lenoir - 75011 Paris.
tél. : 01 40 44 30 00. fax : 01 40 44 30 41.

36
Dépôt légal 1950-9005. ISSN 0373-1944.
© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS

www.travail-et-securite.fr – www.inrs.fr

E-mail rédaction : ts@inrs.fr.


prix au numéro : 5,20 €.
abonnement annuel : 46 €.
Pour prévenir les risques liés aux troubles
directeur de la publication : Stéphane Pimbert.
musculosquelettiques dans un entrepôt
logistique, des solutions visant à réduire Rédactrice en chef : Delphine Vaudoux.
les manutentions et à privilégier le travail assistante : Marie-Thérèse Margato, 01 40 44 30 40.
à hauteur d’homme ont notamment été déployées. secrétaire de rédaction : Alexis Carlier.
Rédaction : Antoine Bondéelle, Grégory Brasseur,
Leslie Courbon, Céline Ravallec.
Ont collaboré à ce numéro : Claude Almodovar,
Patrick Delapierre, Jean-André Deledda,
Cédric Duval, Grégoire Maisonneuve, Vincent Nguyen,
28 en imaGes Guillaume J. Plisson.
Rédacteur-graphiste : Amélie Lemaire.
Amélioration continue Reporter-photographe : Gaël Kerbaol.
Comme un parfum de prévention Iconographes : Estelle Paulin, Nadia Bouda.
Responsable de fabrication : Sophie Schwab.

documents officiels : assistance juridique,


36 en entreprise 01 40 44 31 63 ou 01 40 44 31 57.
abonnements-diffusion : 01 55 56 71 03.
36. Grande distribution photogravure : Made for com.
Des gestes à la hauteur des enjeux Imprimerie : Imprimerie de Compiègne-
Groupe des imprimeries Morault.
38. Troubles musculosquelettiques
Pour ne pas disjoncter à son poste Ce journal est imprimé par une imprimerie certifiée
imprim’vert®, avec des encres à base d’huile végétale
40. Meunerie sur papier issu de forêts gérées durablement.

Un ensacheur sachant ensacher

43 services
n Questions-réponses n Retour sur n À la loupe 10-31-1668 / Certifié PEFC / pefc-france.org

n Extraits du Journal Officiel

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


ACTUALITÉS
Le chiffre
04
05
Plus de 60 000
tonnes de pesticides
sont vendues chaque
année en France.
La France est le premier
pays consommateur
européen de pesticides
mais aussi le premier
pays agricole de l’UE.

© Gaël Kerbaol/INRS
Pesticides
Une exposition professionnelle
difficile à évaluer
l’Efsa et l’Anses ont organisé, à la fin du mois d’octobre dernier, un colloque
sur l’exposition professionnelle aux pesticides. L’occasion de présenter,
pour la première, son nouveau document d’orientation sur l’évaluation
de l’exposition et, pour la seconde, son avis relatif à l’efficacité des vêtements
de protection portés par les applicateurs de produits phytopharmaceutiques.

L
a France est le pays pays. L’objectif était, d’une avec ce type de produits), portés par les agriculteurs et
européen où il se vend part, de rendre compte des des résidents et des tiers. Il une étude d’exposition des
le plus de pesticides : avancées dans le domaine de propose une méthodologie opérateurs portant des EPI
plus de 60 000 tonnes l’évaluation des expositions pour calculer l’exposition aux conduite en conditions réelles
par an. Des études professionnelles aux pesti- pesticides, par inhalation, afin d’estimer expérimentale-
montrent, avec des niveaux cides et, d’autre part, de pro- absorption cutanée ou inges- ment le niveau de protection
de présomption variables, des mouvoir les échanges de pra- tion à la suite d’un transfert qu’ils apportent.
liens entre l’exposition à ces tiques et de connaissances au main-bouche, à l’aide d’un À partir de l’analyse des
pesticides et le développe- sein de la communauté scien- logiciel prenant en compte le résultats, l’Agence propose
ment de maladies telles que tifique. Différentes études ont nom du pesticide, la méthode plusieurs recommandations,
le cancer, la maladie de Par- été présentées sur l’épidémio- d’application, la culture à parmi lesquelles la poursuite
kinson, des troubles du déve- logie, les méthodes d’évalua- traiter, etc. des travaux de normalisation
loppement et de la reproduc- tion des risques et les fac- L’Anses a, quant à elle, détaillé pour aboutir à une certification
tion… Mais elles soulignent teurs techniques et humains son avis relatif à l’efficacité systématique des vêtements
également la difficulté d’éta- affectant l’exposition et les de vêtements de protection de travail et EPI utilisés pour
blir la relation entre l’expo- mesures de protection. portés par les applicateurs de la protection vis-à-vis des pro-
sition et le développement produits phytopharmaceu- duits phytosanitaires. n
de ces pathologies, du fait Les vêtements tiques 1. Il regroupe plusieurs 1. Les produits phyto-
du manque de données sur de protection études : un état des lieux des pharmaceutiques font partie
des pesticides qui regroupent aussi
l’historique des expositions en question EPI disponibles sur le mar- les biocides et les antiparasitaires
des agriculteurs à des fins de Les difficultés pour évaluer ché, les résultats de tests de à usage humain et vétérinaire.
surveillance post-profession- l’exposition des travailleurs laboratoire de perméation et Ils protègent les végétaux
et les produits de culture.
nelle ou de réparation. ont été plusieurs fois sou- de pénétration des produits
C’est pourquoi l’Agence natio- levées. L’Efsa a apporté un chimiques des vêtements L. C.
nale de sécurité sanitaire de élément de réponse dans son
l’alimentation, de l’environ- document d’orientation sur
nement et du travail (Anses) l’évaluation de l’exposition En savoir plus
et l’Autorité européenne de des opérateurs (personnes Des informations plus détaillées sur les travaux de l’Efsa
sécurité des aliments (Efsa) dont les activités sont liées à et de l’Anses sont à retrouver sur :
ont organisé, à la fin du mois l’application des pesticides), n Site de l’Efsa : www.efsa.europa.eu/fr/press/news/
d’octobre dernier, à Maisons- des employés (qui travaillent 141023.htm.
Alfort, en région parisienne, dans les zones où sont utilisés n Avis de l’Anses : https://www.anses.fr/sites/default/
un colloque rassemblant des des pesticides ou qui mani- files/documents/PHYTO2011sa0216.pdf.
scientifiques de différents pulent des récoltes traitées

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actualitéS
Campagne d’évaluation
Les détecteurs multigaz jugés
NORD-
PICARDIE

NORMANDIE
ILE-DE- ALSACE

plutôt satisfaisants
FRANCE MOSELLE
NORD-EST
BRETAGNE

PAYS
DE LA LOIRE CENTRE
BOURGOGNE

U
FRANCHE-COMTÉ

ne campagne d’évaluation des Sept détecteurs (mis sur le marché par CENTRE-OUEST

performances des détecteurs six constructeurs) ont ainsi été testés, à


RHÔNE-ALPES
AUVERGNE

portables multigaz (CO, H2S, O2, la fois en termes de performances métro- AQUITAINE

LANGUEDOC
gaz combustibles) s’est tenue logiques et de comportement dans diffé- MIDI-PYRÉNÉES ROUSSILLON SUD-EST

d’octobre 2013 à juillet 2014 rentes conditions (de température, d’humi-


selon un protocole établi au sein de l’asso- dité, de chute, de sensibilité aux particules
ciation des Exploitants d’équipements de solides et liquides, de réponse à d’autres
mesure, de régulation et d’automatismes gaz, etc.). Les performances de la batterie Les régions
(Exera). La détection en temps réel des et de la station de calibrage ont également n Rhône-Alpes
substances chimiques présentes dans l’air été suivies. Pour aider les établissements
est un enjeu majeur en termes de sécurité Si deux appareils ont présenté quelques sanitaires et sociaux dans la
industrielle et de santé et de sécurité des dysfonctionnements (un cas d’inversion de prévention des risques
opérateurs à leur poste de travail. cellules et un cas d’instabilité de la cellule psychosociaux (RPS), l’Uriopss
explosimétrique), les réponses sont glo- Rhône-Alpes 1 a produit, avec
balement bonnes, y compris lors de tests l’appui notamment d’Aravis, de la
réalisés dans des conditions extrêmes. Par Direccte et de la Carsat Rhône-
ailleurs, dans la plupart des cas, la station Alpes, trois films courts
de calibrage permet uniquement le cali- et un guide d’utilisation Parler
© Patrick Delapierre pour l’INRS

brage au méthane de la cellule pour les du travail pour prévenir


gaz combustibles (explosimètre). Sur cette les risques psychosociaux.
base, les constructeurs seront amenés à Ces supports de sensibilisation
apporter des compléments d’information ont été présentés lors du colloque
très prochainement. n de l’Agence européenne pour
En savoir plus : www.exera.com. la sécurité et la santé au travail
organisé par la Direccte Rhône-
G. B. Alpes, le 6 novembre dernier
à Lyon, autour de la prévention
des RPS. Ces trois films sont
composés de témoignages
L’EU-Osha estime, d’après les données de salariés d’un établissement

récoltées dans les pays de l’Union, que médico-social et destinés à être


utilisés dans des groupes

chaque euro investi dans la prévention de travail avec la participation


d’un animateur. Les films
des RPS génère, à terme, un bénéfice net et le guide d’utilisation

de plus de 13 euros. sont accessibles sur le site


Internet www.uriopss-ra.fr.
1. Union régionale interfédérale
des organismes privés non lucratifs
sanitaires et sociaux.
Conditions de travail
Premiers résultats d’une n Alsace-Moselle
Dans le cadre des 43e Olympiades

enquête septennale de la Dares des Métiers, un concours portant


sur la qualité de l’accueil du jeune

L
en entreprise du BTP intégrant les
es premiers résultats de l’enquête tion des risques n’est pas mis à jour assez aspects sécurité et santé au
« Conditions de travail » de la Dares régulièrement : pour seulement 74 % des travail est organisé par la Carsat
(Direction de l’animation de la personnes du secteur marchand et asso- Alsace-Moselle. Il récompensera
recherche, des études et des sta- ciatif interrogées, il a été actualisé dans un apprenti ou un élève, ainsi que
tistiques) effectuée l’an dernier l’année, contre respectivement 62 et 64 % l’entreprise et le tuteur l’ayant
viennent d’être publiés. Réalisée tous les des salariés de l’État et des collectivités accueilli. Les sélections régionales
sept ans depuis 1984, cette enquête a territoriales et 92 % des salariés du secteur BTP organisées à Strasbourg-
pour objectif d’offrir des analyses fines des hospitalier privé non lucratif. Pour chacun Wacken les 19 et 20 janvier 2014
des secteurs, plus de 80 % des employeurs ont été l’occasion du lancement
conditions de travail par catégorie socio-
de ce concours qui s’inscrit dans
professionnelle et secteur d’activité. Habi- déclarent que le respect des obligations
le contexte de la promotion de la
tuellement consacrée au secteur privé, légales est une motivation primordiale de
convention cadre régionale BTP.
l’étude a été cette fois-ci élargie au secteur leur politique de prévention. Lors de cette
Pour en savoir plus et notamment
hospitalier et à la fonction publique. édition 2013, 28 000 personnes ont été télécharger le bulletin d’inscription :
Les premiers résultats montrent par interrogées. n www.carsat-alsacemoselle.fr/
exemple que le document unique d’évalua- L. C. concours-accueil-des-nouveaux.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


ACTUALITÉS
le chiffre
06
07
5,3 salariés en
équivalent temps
plein sont employés,
en moyenne, par
point de vente
de commerce de
proximité franchisé.

© José Nicolas pour l’INRS


L’INRS publie une étude sur la prise en compte de la santé et la sécurité
dans le commerce de proximité au travers de l’exemple des franchisés.
Elle montre notamment que l’organisation de la franchise permet d’actionner
des leviers, qui pourraient être davantage mobilisés.

Commerce de proximité
Une enquête se penche sur les franchisés

A
vec ses très nom- Cependant, ils sont parfois des charges l’obligation de lorsqu’ils ouvrent ce four »,
breux points de réticents, craignant qu’une n’accepter que des locaux de illustre encore le chargé de
vente disséminés ingérence trop importante plain-pied », indique Laurent mission. Enfin, l’animateur
partout en France, dans l’organisation du tra- Théveny. de réseau, qui assure le lien
le secteur du com- vail du franchisé ne conduise entre le franchiseur et ses
merce de détail constitue un à requalifier son contrat en Intégrer la prévention franchisés, peut être porteur
maillage particulièrement contrat de travail. à l’élaboration de messages de prévention si
complexe… et ses salariés Pourtant des leviers d’action du concept lui-même y est sensibilisé.
une cible difficile à atteindre. existent pour le franchiseur, Le franchiseur peut aussi À la suite de cette étude, des
Aussi, l’INRS a-t-il décidé de notamment en intégrant la fournir au franchisé un réfé- ateliers vont être animés par
réaliser une enquête auprès santé au travail au concept de rencement de matériel qui l’INRS et la Fédération fran-
du commerce organisé, à la franchise, par exemple en correspond à ses attentes, çaise de la franchise afin
savoir douze enseignes de incluant des bonnes pratiques tant en termes d’efficacité que de sensibiliser les franchi-
franchise 1, en s’interrogeant dès le cahier des charges de la de sécurité. « Un franchiseur seurs. Particulièrement visés,
sur leur façon d’appréhender conception des locaux. « Il y a qui fait des viennoiseries a les nouveaux franchiseurs,
les risques professionnels. une enseigne de prêt-à-porter choisi un four qui évacue la l’objectif étant de les aider à
« En général, il y a quatre ou qui avait besoin d’un espace chaleur par l’arrière. Ainsi, intégrer la prévention lors de
cinq salariés par franchisé, de vente et d’un espace de les salariés, qui sont dans des l’élaboration de leur concept.
indique Laurent Théveny, stockage dans ses boutiques. espaces exigus, ne reçoivent «  Il est vraiment intéres-
chargé de mission tertiaire Elle a intégré à son cahier pas la chaleur sur le visage sant de toucher ce public de
à l’INRS. Et l’enquête met franchiseurs, conclut Olivier
en évidence le fait que les Le Berre, responsable de la
principaux risques auxquels Qu’est-ce que la franchise ? Mission tertiaire à l’INRS, car
sont confrontés ces salariés C’est un mode de collaboration entre deux entités distinctes les enseignes de franchise
sont les chutes de plain- juridiquement : le franchiseur qui accorde au franchisé tirent souvent le commerce
pied, les manutentions et les le droit d’exploiter son entreprise selon un concept appelé de proximité vers le haut en
incivilités. » « savoir-faire » qu’il doit impérativement respecter. impulsant les bonnes pra-
Les franchiseurs trouvent La franchise concernait en 2013 plus de 1 700 enseignes tiques. » n
en France, ce qui représente environ 65 000 points
un intérêt à promouvoir une 1. Étude réalisée par Adventi
de vente et près de 310 000 salariés. Le nombre
culture de prévention auprès franchise. Douze enseignes de six
de réseaux de franchise a doublé ces dix dernières
des franchisés, afin de garan- secteurs d’activité différents ont été
années. Les principaux secteurs d’activité représentés interrogées. Pour en savoir plus :
tir la meilleure image de
sont le prêt-à-porter, l’alimentation, la restauration www.inrs.fr/.
marque possible et d’assurer rapide, la réparation rapide et la location de matériel.
la pérennité de la franchise. L. C.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


l’image du mois
Le TGP, très grand portique des chantiers navals STx à Saint-nazaire,
retourne une pièce de paquebot. D’une capacité de 1 400 tonnes
et d’une hauteur de 74 mètres, ce portique de levage – le plus grand
d’europe – a fait l’objet de réflexions ergonomiques lors de sa conception.
La cabine a été positionnée dans l’axe de la poutre, et ses angles
conçus en biseau, pour avoir une vue périphérique et circulaire
sur l’environnement de travail. Sous chaque palonnier la longueur
des cinq élingues est réglable indépendamment par un système
de poulies. Ce système évite d’utiliser des manilles. Un gain
énorme en termes de manutentions et de temps de préparation.

© Gaël Kerbaol/INRS

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


ACTUALITÉS
Fonction publique de l’État
08
09 Des moyens renforcés
pour les membres du CHSCT
1982. Il varie en fonction des
effectifs, dans les proportions
suivantes : deux jours par an
pour les CHSCT dont relèvent
1 à 199 agents, trois jours

© Patrick Delapierre pour l’INRS


Le monde par an pour les CHSCT dont
relèvent 200 à 499 agents.
n Royaume-Uni Ce dispositif s’inscrit en
La Haute Cour de justice vient réponse au protocole d’accord
de juger illégale la décision cadre relatif à la préven-
du gouvernement d’utiliser 25 % tion des risques psychoso-
de l’indemnisation accordée ciaux (RPS) dans la fonction
aux victimes de mésothéliome publique, signé en octobre

E
pour couvrir les primes et coûts 2013 par Marylise Lebranchu,
d’assurance juridique. n vertu d’un décret alors ministre de la Réforme
paru le 27 octobre de l’État, de la Décentra-
n Belgique
2014, les membres lisation et de la Fonction
Depuis la création de l’AFA
des CHSCT (titu- publique, huit organisations
(Fonds amiante), en 2007, les laires et suppléants) syndicales et l’ensemble des
indépendants ne représentent relevant de la fonction employeurs publics. Le nou-
que 3,3 % des travailleurs publique de l’État bénéficient veau décret institue égale-
indemnisés, alors qu’ils d’un crédit de temps syndi- ment un recours en cas de
constituent 25 % de la cal pour exercer leur mission. défaut d’organisation des réu-
population active. Pourtant, Ce temps syndical prend la nions ordinaires de CHSCT
tout comme les salariés, les forme d’un contingent annuel par l’administration. Il ouvre
indépendants ont été exposés d’autorisations d’absence de surcroît la possibilité aux
à l’amiante, mais ils semblent fixé en jours, qui s’ajoute services de médecine de pré-
mal connaître le dispositif aux autorisations d’absence vention de faire appel à des
d’indemnisation. accordées au titre de l’ar- collaborateurs médecins. n
ticle 75 du décret du 28 mai G. B.
n Italie
Quatre personnes sont décédées
dans une usine de traitement des Le chiffre
déchets. Cet accident est
survenu le 22 septembre 2014
alors que cinq opérateurs 617 milliards d’euros.
déversaient de l’acide sulfurique
C’est, d’après l’EU-Osha, le coût annuel pour l’Union
dans une citerne contenant de
l’ammoniac. Le mélange aurait
européenne des dépressions dues au travail. Ce total
provoqué des fumées, tuant sur
élevé tient compte des coûts liés à l’absentéisme,
le coup quatre des cinq hommes à la perte de productivité, aux dépenses de santé…
qui ne portaient pas de masque
de protection. Cet accident
substances chimiques
est l’un des plus dramatiques
Reach : bilan d’étape
de ces cinq dernières années.
Sept ans après l’entrée en vigueur du à juin 2013, 9 030 dossiers étaient
n europe
règlement Reach qui vise à « acquérir enregistrés pour les tonnages de 100
L’EU-Osha vient de publier
des connaissances sur les substances à 1 000 tonnes/an. L’ensemble représente
un recueil de treize études de cas
chimiques présentes sur le marché 6 600 substances, dont certaines ont
sur l’analyse coût-bénéfice européen et à améliorer la maîtrise des été sélectionnées selon des critères
des actions de prévention dans risques liés à leurs utilisations », l’Agence bien définis pour être évaluées. Ainsi,
les PME. Les secteurs couverts européenne des produits chimiques (Echa) 35 substances ont été évaluées et 98 sont
sont nombreux : agriculture, et l’Union des industries chimiques (UIC) en cours d’évaluation. Les substances
boulangerie, travail du métal, se sont récemment rencontrées pour fabriquées ou importées à plus de 1 tonne/
revêtement de sol, construction, dresser un premier bilan. Ainsi, entre 2008 an, qui concernent principalement des PME,
traitement des déchets. et décembre 2010, 24 000 dossiers sont en cours d’enregistrement et ce,
Ces études mettent en évidence correspondant aux plus gros tonnages jusqu’en juin 2018. 25 000 substances
le fait que onze des treize cas (plus de 1 000 tonnes/an) et aux sont attendues. Par ailleurs 31 substances
ont un retour sur investissement substances les plus dangereuses ont été sont actuellement soumises à autorisation
positif dans les cinq années. enregistrés par l’Echa. De décembre 2010 et 105 soumises à restriction.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


actualitéS
Les parutions
L’Agenda
n Création de lieux de travail L’utilisation des extincteurs permet,
n Paris, du 4 au 6 décembre 2014
Le dépliant Création de lieux de travail. dans bien des cas, d’éteindre un début
Une démarche intégrant la santé et la d’incendie et de limiter sa propagation, Salon des services
sécurité. 10 points clés pour un projet avant la mise en place de moyens de lutte à la personne
réussi est destiné aux maîtres d’ouvrage plus puissants. C’est pourquoi l’objectif Le Salon des services à la
de cette brochure, intitulée Les extincteurs personne est destiné aux
occasionnels : chefs d’entreprise, élus
professionnels, particuliers
locaux et autres donneurs d’ordre. d’incendie portatifs, mobiles et fixes,
et salariés. 25 000 visiteurs
L’objectif est de les aider à intégrer est d’aider à se familiariser avec les
et 200 exposants sont attendus
dans leur projet les fondamentaux extincteurs et les textes s’y rapportant
à cette 8e édition du Salon
en matière de santé et de sécurité (réglementation, normes, référentiels
qui vise :
au travail. Ce document décrit les éléments et guides de bonnes pratiques). Après
• les particuliers, avec une offre
méthodologiques qui conditionnent la la description des différents types
de services pour les aider,
réussite de la création des lieux de travail. d’appareils, cette brochure présente
eux et leurs proches ;
Il donne ensuite une vision d’ensemble les exigences réglementaires relatives
• les créateurs et dirigeants de
de la démarche qui se décline autour aux extincteurs. Elle fournit également
structure, avec des solutions
de 10 points clés : circulation extérieure, des informations détaillées sur
pour développer leur activité ;
organisation des espaces de travail, leur entretien et leur vérification.
• les intervenants à domicile
protections collectives contre les chutes ED 6054.
et les demandeurs d’emploi,
de hauteur, éclairage naturel, éclairage afin de faciliter les rencontres
artificiel, acoustique, aération et n Comment détecter les risques
avec un futur employeur.
assainissement, manutention et levage, psychosociaux en entreprise ?
Ce salon propose des stands
stockage des produits dangereux Prendre en compte le stress,
d’exposants et de nombreuses
et des déchets, vestiaires, réfectoires les agressions, le harcèlement ou encore
conférences, ainsi que des
et sanitaires. le mal-être dans le cadre professionnel
villages et animations sur
ED 6096. n’est pas toujours aisé. Destiné aux chefs différentes thématiques :
d’entreprise, directeurs des ressources recrutement, petite enfance,
n Les extincteurs d’incendie humaines, membres des CHSCT, ce dépliant bien vivre sa retraite, handicap
portatifs, mobiles et fixes explique les étapes essentielles pour et autonomie, aide aux aidants,
Plusieurs milliers d’incendies ont lieu dépister les risques psychosociaux emploi entre particuliers
chaque année dans les entreprises ainsi dans l’entreprise. et prévention des risques.
que dans les habitations individuelles. ED 6086. À noter que ce salon a lieu
en même temps que Solulo,
Les brochures sont à consulter et à télécharger sur www.inrs.fr salon des résidences seniors,
ou à demander auprès des Caisses régionales (Carsat, Cramif et CGSS). maisons de retraite et Ehpad.
Pour tout renseignement :
www.salon-services-
Risque routier personne.com/.
Une préoccupation pour les TPE-PME
n Poitiers, du 6 au 15 février 2015
Les TPE-PME sont 47 % à avoir réalisé leur document unique (DU), avec une prédominance
de PME, selon une enquête Ifop pour PRSE 1. Parmi les entreprises disposant d’un DU, Festival « Filmer le travail »
68 % ont identifié le risque routier comme premier risque, suivi, pour 57 % d’entre elles, La 6e édition du festival « Filmer
des risques psychosociaux puis de la consommation d’alcool et de stupéfiants pour 53 %. le travail » sera rythmée par
38 % des dirigeants d’entreprise déclarent avoir mis en place des actions de prévention différents événements tels que
du risque routier, au premier rang desquelles l’interdiction de l’usage du téléphone portable la compétition internationale,
au volant… une interdiction qui, selon PSRE, n’est pas toujours respectée. des rétrospectives de films,
des séances spéciales,
1. PRSE : Promotion et suivi de la sécurité routière en entreprise. Sondage réalisé auprès de 800 dirigeants
d’entreprises de 1 à 499 salariés, sous forme d’interviews en ligne du 7 au 16 octobre 2014. des rencontres professionnelles
et la 5e édition du concours
« Filme ton travail ! », un concours
Apprentis ouvert à tous. Pour ce dernier,
tous les genres sont acceptés
100 minutes pour la vie
(fiction, documentaire,
Du 3 novembre au 12 décembre, OPPBTP, ils choisiront la meilleure solution expérimental, clip, stopmotion,
l’OPPBTP sensibilise 25 000 apprentis pour réduire les risques rencontrés. portrait, interview, court
du BTP (1re année de CFA et de lycées Les apprentis du BTP sont une cible métrage, etc.) avec pour seule
professionnels) sur les risques privilégiée : ce secteur est l’un des plus condition que le film ne dépasse
professionnels. C’est la sixième touchés par les risques professionnels pas 15 minutes. Les vidéos
édition de cette campagne, intitulée et, d’après les statistiques du ministère choisies feront partie de la
« 100 minutes pour la vie ». Les apprentis du Travail, les moins de 25 ans ont programmation du festival 2015.
pourront visualiser des situations vécues quatre fois plus d’accidents que La date limite d’inscription
sur les chantiers et qui engendrent les autres tranches d’âge. Cette pour participer au concours
des risques de chutes de hauteur, campagne est réalisée en partenariat est fixée au 9 janvier 2015.
de troubles musculosquelettiques, avec le CCA-BTP, la fondation BTP Plus, Pour tout renseignement :
des risques électriques… À travers un quiz le SISQT BTP et Pro BTP. http://filmerletravail.org/.
et une discussion avec un conseiller 1. Pour en savoir plus : www.100minutespourlavie.fr.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


le grand entretien
10
11
Chef du service de santé des gens de mer à la Direction des Affaires maritimes
du ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et de l’Énergie,
THIERRY SAUVAGE revient sur les actions du service, auprès des entreprises
et des salariés de ce secteur.

« La mer est dangereuse,


n’en rajoutez pas »
Les métiers de la mer – notamment exercés Comment s’organise le suivi de la santé des
sur les navires de commerce au long cours – gens de mer, selon quels règlements et avec
sont souvent insérés dans un système inter- quelle organisation, pour les personnels
national complexe, où le pavillon, l’arma- français ?
teur, les officiers et les équipages n’ont pas T. S. Le Code des transports et le Code du travail,
nécessairement la même nationalité. Com- dans leur volet social maritime, servent de réfé-
ment fonctionne la protection de la santé, rence en ce qui concerne les aspects de santé et
avec de telles organisations de travail ? de sécurité des personnels. Les principes généraux
Thierry Sauvage. La situation est moins difficile de prévention sont respectés. En ce qui concerne
qu’elle ne l’a longtemps été. En ce qui concerne le suivi de la santé, notre action se place sur deux
les officiers et équipages français, naviguant niveaux essentiellement : l’aptitude à la navigation
sous pavillon tricolore pour une entreprise et la protection de la santé des gens de mer.
nationale, notre système de protection s’étend
naturellement à toutes ces personnes et enti- repères En quoi consiste le certificat d’aptitude à la
tés. Les choses se compliquent quand tout le navigation ?
monde n’a pas la même nationalité, car cha- Thierry Sauvage T. S. Il repose sur une visite médicale, réalisée
cun relève de la protection sociale de son pays. chaque année, ou tous les deux ans pour les per-
n Médecin militaire
Heureusement, deux organismes internationaux sonnels du secteur des cultures marines et de la
de formation, ancien
œuvrent dans le sens d’une harmonisation des petite pêche. Elle vise notamment à dépister des
navigant.
pratiques : il s’agit de l’Organisation maritime pathologies incompatibles avec certains postes
internationale (OMI) et de l’Organisation inter- n Au service ou occupations, pour la sécurité de l’équipage
nationale du travail (OIT), qui dépendent toutes de santé des gens ou du navire. Par exemple, une personne souf-
deux de l’ONU. Elles ont permis la conclusion de mer (SSGM) depuis frant d’épilepsie pourra être écartée des postes
en 2006, d’une Convention du travail maritime 1992. de conduite ou de veille à bord. De même, nous
(MLC) 1, ratifiée par plus de 50 États-membres à n Chef du SSGM pouvons être amenés à effectuer des dépistages,
ce jour. Celle-ci institue notamment les notions depuis 2013. sous la responsabilité et à la discrétion du ser-
de protection sociale des salariés, d’aptitude à vice de santé, auprès des personnes occupant
la navigation, d’obligation de soins à bord, de Le SSGM certains postes, dans les cas de suspicion de
comités de sécurité sur les navires, mais égale- n 23 médecins conduite addictive (consommation régulière d’un
ment de salaires minimaux. et 22 infirmiers. ou de plusieurs produits psychotropes).
n organisé
Cette convention suffit-elle à garantir un res- en quatre directions À quels risques d’accidents sont exposés les
pect par tous des règlements ou recomman- interrégionales. gens de mer ?
dations internationaux ? T. S. Ils sont, hélas, nombreux et très variés. En
T. S. L’adoption d’un socle social minimal au 2010, on comptait 99 accidents du travail maritime
plan international pour un domaine profes- pour 1 000 ETP. Au régime général, il y en avait
sionnel est unique. Cette convention va dans le 36 pour 1 000. Même si nous surdéclarons nos
sens d’une meilleure protection de la santé des accidents, puisque nous comptabilisons tous les
gens de mer. En Europe et en Amérique du Nord, accidents du travail même ceux sans arrêt, cela
notamment, les pavillons des États qui ont ratifié représente des taux élevés, en fréquence comme
la convention sont mieux accueillis. A contrario, en gravité (NDLR : dans les statistiques du régime
les inspections à bord des navires seront plus général, seuls les accidents du travail avec arrêt
regardantes envers les pavillons, les armateurs, sont comptabilisés). Ils s’expliquent par une multi-
les officiers ou les équipages d’États n’ayant pas tude de situations d’expositions : les bateaux sont
ratifié la MLC de 2006. Nous espérons que cela comme des plates-formes mobiles, souvent glis-
va inciter de plus en plus de pays à la ratifier. santes. Les risques de chutes, de heurts avec des

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


Le grand entretien

© Grégoire Maisonneuve pour l’NRS


Thierry Sauvage est
chef du service de santé
des gens de mer à la
Direction des Affaires
maritimes du ministère
de l’Écologie,
du Développement
durable, des Transports
et de l’Énergie.

éléments fixes ou mobiles, d’écrasements, la pré- peut estimer leur portée à 250 miles, soit environ
sence de câbles en tension, les travaux en hauteur 400 km. C’est pourquoi l’un des membres d’équi-
(dans les mâtures par exemple), de nuit… Tout page, souvent le capitaine, est chargé des soins à
concourt à rendre la mer dangereuse, sans oublier bord. Nous organisons des formations médicales
les risques météorologiques, les naufrages… De maritimes à trois niveaux, selon l’éloignement
plus, il y a souvent un problème de différences de qu’atteindra l’équipage. Tous les marins sont for-
cultures à bord. Même s’il y a une formation inter- més au secourisme et reçoivent une formation de
nationale normée 2 avec un volet sécurité et une base à la sécurité. Pour ceux qui voyagent plus
langue de travail commune, l’anglais, en situa- d’une journée, mais à moins de 200 miles marins
tion dégradée, les gens ont tendance à revenir des côtes, les capitaines sont formés à la ges-
à leur langue maternelle. Cela explique certains tion des urgences et à l’alerte des secours. Les
accidents graves de ces dernières années. Par ail- Centres régionaux opérationnels de surveillance
leurs, dans les professions de pêche, par exemple, et de sauvetage (Cross) jouent un rôle essentiel
et chez les artisans plus encore, « le poisson de coordination des secours et d’envoi des héli-
prime » : les temps de pêche peuvent être étendus, coptères. Pour les voyages au long cours, l’offi-
rognant notamment sur les temps de repos et de cier « responsable des soins à bords » recueille
pauses. En cas de chute à la mer, le port de vête- les informations médicales puis est en lien par
ments flottants individuels (et visibles) s’avère radio avec le Centre de consultation médicale
particulièrement précieux. maritime, basé à Toulouse. Il est ensuite chargé
d’administrer les soins. La dotation médicale
Qui intervient, et comment, auprès d’un (pharmacie) de ces navires est importante, com-
malade ou d’un blessé en mer ? prenant jusqu’à des matériels de perfusion.
T. S. Il ne peut pas y avoir un médecin, ni même
un infirmier, à bord de chaque navire. Certains À quelles maladies professionnelles ou d’ori-
navires, du fait de leur navigation, vont se retrou- Propos recueillis
gine professionnelle sont exposés les gens
ver rapidement hors de portée des hélicoptères de mer ?


par Antoine Bondéelle
transportant les équipes de secours en mer. On et Leslie Courbon T. S. L’amiante a longtemps retenu notre atten-

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


le grand entretien
12
tion. L’adoption des tableaux de maladies pro-
fessionnelles en 1999 par l’Établissement LE Service de santé des gens de mer
national des invalides de la marine (NDLR : la Le Service de santé des gens de mer est historiquement rattaché
Sécurité sociale des gens de mer) a facilité pour au ministère des Transports. Les gens de mer sont affiliés au régime
les marins la reconnaissance des pathologies social des marins (Enim). Cela concerne 28 000 ETP 1, appartenant à :
en tant que maladies professionnelles. La pré- • la marine marchande et de commerce (environ 9 600 ETP),
valence des pathologies associées à l’amiante soit 15 000 personnes (équipages sur porte-conteneurs géants,
est maintenant moins grande, mais nous restons petit transport de passagers vers les îles, compagnies d’assistance
vigilants, notamment avec les navires construits offshore…) ;
dans des pays où il reste autorisé (la Chine, •c  ertains métiers portuaires, en particulier ceux du remorquage,
par exemple). Pour le reste, nous connaissons, du pilotage et du lamanage 2, qui représentent 1 800 ETP environ ;
comme tous les secteurs, une hausse importante • les pêcheurs : 20 000 personnes (soit 12 000 ETP) ;
des troubles de l’appareil locomoteur : TMS, lom- • les cultures marines : sur les 15 000 personnes exerçant ces métiers,
balgies… Les surdités d’origine professionnelle environ 5 000 (4 100 ETP) dépendent de l’Enim, les autres du régime
restent également une préoccupation. agricole ;
• la plaisance professionnelle : 1 500 personnes (environ 500 ETP) ;
Vous avez évoqué les pratiques addictives. • la formation aux métiers (les lycées professionnels, l’École nationale
Le secteur est-il particulièrement concerné ? supérieure maritime (ENSM), quelques organismes privés…) :
T. S. Le service de santé a fait réaliser récem- 3 000 personnes.
ment deux études, sur ce sujet. La toute dernière 1. ETP : équivalent temps plein. Les unités ETP sont utilisées, notamment en raison
date de 2012-2013 3. Conduite auprès de mille du grand nombre de travailleurs saisonniers dans ces professions.
marins-pêcheurs en 2012 et 2013, elle com- 2. Le lamanage désigne les opérations d’assistance à l’amarrage et au désamarrage
prenait notamment un questionnaire « CAST » 4 des navires, lors de leur arrivée ou départ, et lors des mouvements intraportuaires.
et des dépistages urinaires de métabolites des
drogues les plus suspectées. L’enquête a mon-
tré une forte corrélation entre les déclarations actuellement, notamment les côtes d’Afrique de
des marins concernant leur consommation et l’Ouest et le golfe d’Oman), les navires sont aussi
les résultats des tests biologiques. Elle donne des lieux de vie et de travail à la fois. Si souvent
des résultats malheureusement attendus, qu’on l’ambiance est à la camaraderie, lorsqu’il y a des
peut comparer à ceux de la population générale : conflits, le soir, les marins ne rentrent pas dans
28 % d’entre eux avaient consommé du canna- leur famille où ils peuvent prendre du recul. Ces
bis (46 % chez les moins de 35 ans). Parmi ces facteurs de risques psychosociaux sont contre-
consommateurs, un tiers apparaissaient comme balancés par le fait que les gens de mer sont sou-
dépendants selon le questionnaire. Plus inquié- vent très formés et s’identifient fortement à leur
tant encore : 4,5 % des personnes (9 % des moins métier. Nous sommes très attentifs à la préven-
de 35 ans) avaient consommé de la cocaïne dans tion de ces risques, en lien avec ces conditions
les 48 heures précédant l’enquête 5. particulières d’exercice. Actuellement, une com-
mission tripartite réunissant des représentants
Comment agir, face à de tels niveaux de du ministère et les partenaires sociaux du sec-
consommation ? teur se réunit pour établir un outil de prévention
T. S. Face à ces pratiques, qui sont multicau- adapté à ces situations. n
sales, l’information et la formation des officiers
1. La Convention du travail maritime (en anglais :
comme des équipages sont des outils indispen- Maritime Labour Convention, MLC) de 2006 a été ratifiée
sables. L’action du service de santé des gens de par 56 États membres, ce qui représente plus de 80 %
mer figure sur le plan d’action de la Mildeca 6 de la jauge brute de la flotte mondiale.
pour les années 2013-2017, avec des supports 2. La Convention internationale sur les normes de formation
pédagogiques à destination des lycées profes- des gens de mer, de délivrance des brevets et de veille
sionnels et une communication envers la pro- (Convention STCW) a été adoptée le 7 juillet 1978
et mise en œuvre en 1984. L’objectif de cette convention
fession, appelée « La mer est dangereuse, n’en est d’améliorer la sauvegarde de la vie humaine en mer
rajoutez pas ». La profession elle-même réa- et la protection du milieu marin, en établissant des normes
git. À l’international, les sociétés chargées du internationales de qualification et de certification
transport d’hydrocarbures incluent dans leurs des gens de mer et des normes concernant la veille.
appels d’offres des demandes de dépistage de la 3. « Étude des consommations de cannabis et de cocaïne
consommation de psychotropes. Nous estimons chez mille marins-pêcheurs de l’Aquitaine et de la Charente-
Maritime (France) », Emmanuel Fort (Umrestte Lyon),
que cela doit rester sous la responsabilité et à
Dr Thierry Lassiège (SSGM Bordeaux), Pr Alain Bergeret
la discrétion du service de santé, afin d’aider, (Umrestte Lyon).
voire d’orienter la personne et lui laisser une
4. Cast : cannabis abuse screening test (essai de dépistage
deuxième chance en revenant nous voir. de la consommation abusive de cannabis).
5. La période de rémanence maximale des métabolites
Quels peuvent être les autres risques aux- urinaires de la cocaïne est de 48 h. Pour le cannabis, le test
quels sont confrontés les équipages ? urinaire se positive en cas de prise d’un seul « joint » depuis
T. S. En dehors des risques liés à la violence environ 5 jours, ou de prise régulière depuis 3 à 8 semaines.
externe et à la piraterie (particulièrement pré- 6. Mission interministérielle de lutte contre les drogues
sents et prégnants dans certaines régions et conduites addictives.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


dossier

13

L’industrie
du textile
© Gaël Kerbaol/INRS

DOSSIER réalisé 22 La polyvalence made in France


n
par Leslie Courbon,
14 De fil en aiguille, le secteur
cherche à se protéger
avec Antoine Bondéelle, 24 Des toiles qui prennent leur envol
Grégory Brasseur 16 Maillage préventif chez Bleuforêt
et Céline Ravallec.
19 Les maladies professionnelles mises au tapis

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


dossier
14
15
l’industrie textile en France, ce sont parfois de vieilles machines artisanales
avec des savoir-faire traditionnels. Mais ce sont aussi, et de plus en plus,
des machines numériques et des textiles innovants. Les risques professionnels
auxquels sont confrontés les salariés y sont, par conséquent, très variés.

De fil en aiguille, le secteur


cherche à se protéger

R
isques liés aux des TMS dus aux contraintes produits de luxe. La prévention
machines, troubles posturales, aux manutentions des TMS passe alors essentiel-
musculosquelettiques et aux gestes répétitifs. « La lement par l’organisation du
(TMS), bruit, utilisation production est de plus en plus travail. Cela doit se faire pro-
de produits chimiques, mécanisée, avec des machines gressivement, en impliquant les
« les risques professionnels aux- électroniques, mais il reste salariés, car dans ces métiers
quels nous sommes confrontés quelques opérations de manu- où les savoir-faire sont primor-
ne sont pas spécifiques à nos
métiers, ce sont classiquement
ceux de l’industrie », constate
Emmanuelle Butaud-Stubbs,
déléguée générale de l’Union
des industries textiles. Le secteur
textile recouvre tous les procédés
de transformation de fibres natu-
relles ou synthétiques aboutis-
sant à des fils, des étoffes ou des En 2012, selon la
CnamTS, plus de
articles finis non vestimentaires 90 % des maladies
comme du linge de maison ou déclarées dans
© Gaël Kerbaol/INRS

des articles à mailles. Une acti- l’industrie du textile


vité souvent présentée comme étaient des TMS
dus aux contraintes
sinistrée en France « mais qui posturales, aux
est plutôt en stabilisation voire manutentions et aux
en reprise depuis trois-quatre gestes répétitifs.
ans en termes de production et
de chiffre d’affaires », indique tention, parfois dans des pos- diaux, les habitudes de travail
Emmanuelle Butaud-Stubbs. En tures contraignantes, comme le sont souvent bien ancrées. »
France, ce secteur compte envi- chargement de bobines qui se «  De plus, certaines machines,
ron 63 000 personnes, essentiel- fait à la main, explique Jean- comme celles qui font de la den-
lement dans des TPE-PME : 97 % Pierre Zana, expert en ergono- telle ou du tissage traditionnels
des 2 340 entreprises du secteur mie à l’INRS. On constate éga- par exemple, possèdent des
ont moins de 200 salariés 1. lement qu'un certain nombre éléments en mouvement parfois
En 2012, selon la CnamTS, plus de machines et de procédés accessibles, explique Séverine
de 90 % des maladies déclarées traditionnels existent toujours, Demasy, experte en risques phy-
dans l’industrie du textile étaient surtout dans la fabrication de siques et mécaniques à l’INRS.

convention nationale d’objectifs


D’après l’enquête Sumer 2010, les principaux types des risques dus à la circulation du personnel
de contraintes physiques auxquels les ouvriers du textile et à la manutention, la sécurité des opérateurs
et du cuir sont exposés étaient les contraintes posturales sur machine, la mise en œuvre de procédés de ventilation
et articulaires (90,7 % des salariés contre 74,3 % pour des locaux, la réduction des TMS. Elle s’est achevée
l’ensemble des secteurs), les situations avec contraintes au mois de juin 2014 et les résultats sont
visuelles (59,7 % contre 59,8 %), les nuisances sonores en cours d’analyse.
(52 % contre 32,5 %) et les manutentions manuelles
de charges (37,7 % versus 37,2 %). En 2010, la profession
a signé une convention nationale d’objectifs avec
la CnamTS. Parmi ses objectifs, citons la diminution

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


dossier

D’où des risques de coupures,


d’écrasements. Or, souvent, ces
machines sont difficilement
sécurisables. » Même s’il y a
des exigences réglementaires
à la conception des machines
depuis de nombreuses années,
beaucoup de telles machines
anciennes ne peuvent être adap-
tées à ces exigences. « Lorsque
des risques résiduels subsistent,
là aussi, des mesures organisa-
tionnelles doivent être mises en
place pour assurer la sécurité et

© Guillaume J.Plisson pour l’INRS


les personnes doivent être for-
mées au poste », ajoute l’experte.

Des risques biologiques


et chimiques
Autre problème lié à ces
machines : le bruit. « Les métiers
à tisser qui font s’entrecroiser
les fils sont très bruyants, émet-
tant jusqu'à 95 dB(A) 2. Il n’est explique Cosmin Patrascu, expert Dans le secteur, risques chimiques à l’INRS. C’est
pas possible de les encoffrer car en risques chimiques à l’INRS, beaucoup d'opérations le cas des substances cancéro-
sont manuelles
il faut pouvoir y accéder : il y a les agents chimiques utilisés et nécessitent
gènes, mutagènes et toxiques
beaucoup d’arrêts-reprises par pour traiter les textiles pour leur un véritable pour la reproduction dans les
exemple, du fait de la casse des conférer certaines propriétés savoir-faire. articles ou les produits destinés
fils », indique Nicolas Trompette, (colorants, traitements UV, bio- au grand public. C’est aussi le
chef du laboratoire réduction cides, imperméabilisants, déper- cas de substances dangereuses
du bruit au travail à l’INRS. Les lants, encres et solvants pour spécifiques, telles que certains
solutions résident donc dans les tissus imprimés…) peuvent colorants – comme les colorants
le traitement acoustique des être néfastes pour la santé par azoïques susceptibles de libérer
parois, l’organisation des locaux contact cutané ou par inhalation des amines aromatiques, telles
afin d’isoler les postes les plus du produit lui-même ou de pous- que la benzidène, la toluidine et
bruyants et, ainsi, réduire le sières émises lors du processus leurs dérivés, ou des dérivés de
nombre de personnes exposées. de fabrication. » La prévention la m-phénylènediamine – dont
« Mais le plus souvent, les sala- passe alors par la substitution l’usage est fortement restreint.
riés portent quand même des des produits les plus dangereux Les dangers que présentent ceux
protections auditives », constate et l’utilisation des procédés les qui restent autorisés sont essen-
Nicolas Trompette. moins émissifs possibles. tiellement liés à leurs propriétés
Deux catégories de fibres sont Pour protéger le consomma- sensibilisantes. » n
utilisées dans le textile  : les teur, certaines substances sont 1. Chiffres de l’Union des industries
fibres naturelles et les fibres réglementées et ne sont donc textiles (2013-2014) et de l’Observatoire
synthétiques. L’exposition répé- pas ou peu mises en œuvre des métiers de la mode, du textile
tée à certaines fibres d’origine par les salariés : « Dans l’Union et du cuir (2012).
végétale (coton, lin, chanvre, européenne, l’utilisation de 2. Au-delà de 85 dB(A), l’entreprise
doit mettre en œuvre un programme
sisal, kapok) peut entraîner des nombreuses substances dan-
de réduction de l'exposition sonore.
affections respiratoires ou des gereuses est limitée, explique
réactions allergiques. « De plus, Annabelle Guilleux, experte en L. C.

Pour En savoir plus


Documents pour le médecin du travail Recommandations du CTN des industries du bois, ameublement,
n « Allergie respiratoire professionnelle aux matières papier et carton, textile, vêtements, cuirs et peaux
colorantes. Fiche d’allergologie-pneumologie n « Industries textiles transformant les fibres végétales. Amélioration
professionnelle ». DMT n° 98 (2004). des conditions de travail ». R 418.
n « Dermatoses professionnelles aux colorants. n « Industrie de la confection. Prévention des accidents
Fiche d’allergologie-dermatologie professionnelle ». sur machines à coudre à bras déporté ». R 414.
DMT n° 100 (2004). n « Industrie de la confection. Protection contre les piqûres
À consulter sur www.inrs.fr. aux doigts sur les machines à coudre ». R 413.
À consulter sur www.ameli.fr.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


dossier
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Maillage préventif
chez Bleuforêt
Située à Vagney, dans les Vosges, l’usine Bleuforêt, du groupe Tricotage des Vosges,
a initié, avec l’appui de la Carsat Nord-Est, une démarche de prévention des risques
professionnels et d’amélioration des conditions de travail, en axant ses réflexions
sur l’ergonomie des postes, la polyvalence et la formation des salariés.

contexte économique, n’est pas


si mal », se rassure son directeur
général.
Et la prévention des risques
professionnels, dans tout ça  ?
«  La sécurité a toujours été l’un
de nos objectifs prioritaires,
reprend François Curé. De
Dans l’atelier de
finition, sept plates-
longue date, nous travaillons
formes, réglables avec la Carsat Nord-Est et le
en hauteur, sont service de santé au travail, sur
© Gaël Kerbaol/INRS

en cours d’acquisition les questions de prévention. » De


et d’installation, l’époque américaine, le groupe
pour permettre
à chaque salarié a conservé ce que ses collabo-
d’adapter à sa taille rateurs historiques nomment
le poste de formage. encore « l’esprit safety ». Avec,

L
pour conséquence, la présence
a principale difficulté à Sous le nom de Tricotage des d’un délégué à la sécurité. « Il y
laquelle est confrontée Vosges, avant le lancement de a aussi les commissions range-
une entreprise française la marque Bleuforêt, l’année ments-ordre-propreté, intervient
du secteur textile, est la suivante, la nouvelle entreprise Éric Serra, responsable mainte-
question de sa propre indépendante décide de conser- nance et animateur sécurité de
survie. François Curé, directeur ver ses salariés, ses savoir-faire, l’usine. Avec deux passages par
général de Bleuforêt (groupe son usine. « Un pari un peu fou, an et par secteur, nous sommes
Tricotage des Vosges), en sait concède François Curé, mais en mesure de vérifier que les
quelque chose : « Cela fait main- qui s’est avéré plutôt gagnant différents espaces sont toujours
tenant vingt ans que je dirige jusqu’ici. » Le groupe maintenant respectés. »
ce site. Anciennement, il dépen- constitué a surmonté les obs-
dait du groupe Dim. En 1994, tacles : référencé aujourd’hui par Formation d’un
le principal actionnaire d’alors, les grandes centrales d’achat, animateur de sécurité
un fonds de pension américain, il approvisionne la grande dis- Dès les années 2000, la Caisse
a souhaité délocaliser l’usine. tribution, a relancé son chiffre régionale d’assurance maladie
Nous avons refusé, et décidé d’affaires et continue à dégager et le service de santé au travail
de continuer l’aventure seuls. » des bénéfices. « Ce qui, vu le alertent le groupe sur la préva-

Le label « Terre textile » Repères


Le textile vosgien, comme toutes les entreprises du secteur en France, Le contrat de prévention signé
a énormément souffert de la mondialisation. Avec un peu moins de 250 équivalents avec la Carsat Nord-Est en 2010
temps plein (dont 180 salariés travaillant pour la marque Bleuforêt), l’usine du groupe a porté sur :
Tricotage des Vosges a lancé, avec ses consœurs du secteur, le label « Vosges, terre n la formation de huit SST ;
textile », afin de fédérer les énergies, communiquer sur la production locale et n la formation au risque routier
relancer l’industrie au niveau régional. « En tant que pilote de la fédération vosgienne, de huit commerciaux ;
nous cherchons à développer les échanges, notamment sur les aspects de sécurité n l’achat de sept estrades
et de communication, précise son directeur général. D’autres régions sont en cours motorisées ;
de labellisation : l’Alsace et le Nord sont labellisés, un label est également prévu n l’achat de quinze porte-bacs.
pour la Loire et la région de Roanne, l’un des bastions historiques du secteur. »

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


dossier

lence des troubles musculosque- Il y a donc un risque de TMS view », page suivante). Une par-
lettiques (TMS) : « Il y avait alors élevé du fait de l’usure possible tie du travail est organisée en
des maladies professionnelles des organismes aux postes de 3 x 8. «  Ici, pas de pointage, pas
reconnues et même des avis travail, surtout ceux qui imposent de sonnerie  ; on fonctionne à
d’inaptitude », précise Philippe des postures debout, les bras la confiance », note un membre
Marceau, contrôleur de sécurité souvent levés, avec des gestes de l’encadrement. La maîtrise
à la Carsat Nord-Est. Ensemble, répétitifs. » Dans l’atelier de fini- effectue et diffuse les plannings
l’entreprise, la Caisse régionale tions, les cadences horaires aux auprès des équipes, à l’aide de
et le médecin du travail décident postes de formage peuvent aller tableaux comprenant la relève
d’une stratégie visant à dimi- jusqu’à 300 paires, soit 600 fois des postes, en tenant compte de
nuer les risques de TMS. Une les bras levés par heure ! « Nous la polyvalence et des restrictions
ergonome de la Carsat réalise avons donc décidé de travailler à médicales éventuelles.
une intervention sur le poste la fois sur l’ergonomie des postes
de formage  1
 : «  Cela a permis et sur la rotation entre postes Plates-formes réglables
d’aborder les questions d’ergo- au cours d’une même journée », et chariots à pinces
La mise en place remarque Éric Serra. Les postes
nomie, de conception des postes, «  Toute cette organisation a
de la polyvalence
de rythmes et de cadences de au sein de l’entreprise les plus « durs » ont fait l’objet nécessité des formations à
travail », explique Philippe Mar- a permis de diminuer d’une revue de détail. Ils sont grande échelle pour le person-
ceau. l’exposition aux réaménagés, partagés (un tiers nel. 95 % des salariés en produc-
En accord avec la Carsat, l’entre- risques de TMS du temps de travail quotidien tion sont devenus polyvalents.
mais également
prise décide de former un salarié d’apporter un gain
au maximum par salarié), et Ce gain de compétences, en plus
pour qu'il devienne animateur de compétences l’exposition aux risques de TMS d’une exposition moindre aux
de sécurité : « J’ai suivi la for- profitable à tous. a diminué (lire l’encadré « Inter- risques, a eu un effet motivant
mation, sur trois fois cinq jours,
plus des travaux d’intersessions,
indique Éric Serra. Nous avions
aussi pensé à former un élu du
CHSCT, mais le turn-over de
cette instance, avec des man-
dats de deux ans, nous en a
dissuadés. » La formation-action
a permis à l’entreprise de mon-
ter en compétences, d’acquérir
une certaine autonomie sur ces
sujets. « Mais cela nous a aussi
permis de comprendre les ori-
gines multi­factorielles de mala-
dies professionnelles telles que
les TMS », détaille Éric Serra. En
particulier, le rôle important des
rythmes de travail, de la percep-
tion du travail réel par les opé-
rateurs, du sentiment de soutien
dans le collectif, des relations au
travail dans leur ensemble.
© Gaël Kerbaol/INRS

Chez Bleuforêt, la moyenne d’âge


est relativement élevée, autour de
45 ans, et l’ancienneté importante.
« Beaucoup ont jusqu’à 30 ans de
maison, souligne François Curé.

Quelques données
n Deux collections par an supposent une annualisation n Plusieurs générations de machines occupent l’atelier
des temps de travail pour tous. Une équipe de stylistes de tricotage : les plus anciennes datent de 30 ans voire plus
et de spécialistes du marketing, installée à Paris, complète (mécaniques, à tambour) ; un peu plus récentes, les semi-
le personnel de l’usine. mécaniques (avec électronique : cartes ou disquettes) ; enfin,
n Après réception et contrôles qualité, de 40 à 60 tonnes les plus modernes (automatiques, à clés USB). Les nouvelles
de fils de toutes provenances attendent dans l’antichambre machines sont amorties en au moins quatre ans de travaux.
de stockage de l’usine, dont la température et l’hygrométrie
sont contrôlées en permanence afin de permettre
de les tricoter correctement.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


dossier
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pour beaucoup », insiste l’anima- À chaque accident ou incident
teur de sécurité. Il y avait aussi, du travail, une enquête est
il y a quelques années, un risque menée par le CHSCT.
réel de perte de compétences, 95 % des salariés Même les démarches d’amé-
avec les départs massifs d’an- en production lioration continue intègrent la
ciens. « Nous avons monté, avec
l’appui de la Direccte (Direction
sont devenus prévention et les conditions de
travail : «  Cinq minutes par jour
régionale des entreprises, de la polyvalents. au moins, nous faisons un point
concurrence, de la consomma- “R5” sur les améliorations à
tion, du travail et de l’emploi), un apporter aux postes de travail, à
plan de formation qui a permis l’organisation… En tenant tou-
de faire passer 43 CQPI (certifi- Dans l’atelier de finition, sept jours compte du salarié d’abord,
cats de qualification profession- plates-formes réglables en hau- qui connaît mieux le contenu de
nelle interbranche), essentielle- teur sont en cours d’acquisition son travail, rappelle François
ment en conduite de machines. et d’installation, pour permettre Curé. Cela a eu pour consé-
Ces formations qualifiantes à chaque salarié d’adapter à sa quence notable de faire baisser
participent aussi à la reconnais- taille le poste de formage. Même dans les instances (DP et CHSCT)
sance des acquis et savoir-faire si ses taux de fréquence et de les questions d’ordre quotidien
dans l’entreprise », commente le gravité sont peu élevés, l’usine qui, de plus, mettaient trop de
directeur général. Pour nombre préfère rester vigilante sur les temps à remonter vers l’enca-
points de prévention. Dans ce drement et la direction. Les col-
même atelier, des chariots de laborateurs ont, là encore, un
manutention à pinces ont été sentiment d’écoute et de partage
acquis récemment. « Aupara- des problèmes comme des solu-
vant, on avait essayé les diables, tions. »
mais le risque de renversement Aux niveaux régional et national,
des bacs était important et celui Tricotage des Vosges a choisi
de TMS induits élevé », remarque aussi de jouer un rôle actif : des
Éric Serra. Dans la partie prépa- travaux avec l’Aract de Lor-
ration des commandes et expé- raine et sept entreprises locales
© Gaël Kerbaol/INRS

ditions, des racks dynamiques ont permis d’échanger sur les


facilitent les manutentions. bonnes pratiques, en termes de
«  Les enjeux sont vraiment prévention et de conditions de
importants, explique le direc- travail. L’entreprise est égale-
teur général. Aujourd’hui, on ne ment engagée, avec l’appui de
peut plus mener une affaire sans la Carsat, dans l’action « TMS-
de métiers, il n’y a pas vraiment Plates-formes une nouvelle façon de manager. Pros ». « Les actions déjà menées
d’école, beaucoup de savoir-faire réglables en hauteur, Et le CHSCT doit y être étroite- pour la réduction des risques
racks dynamiques,
s’acquièrent par l’expérience. Les ment lié. La société bouge, tout le de TMS nous permettent de les
ou encore, comme
actions en faveur de la gestion ici, chariots de monde est connecté. On ne peut placer dans un cadre méthodo-
prévisionnelle des emplois et des manutention à pinces : plus imposer, le management logique précis, offrant un suivi
compétences (GPEC) sont égale- l’entreprise multiplie doit être participatif. L’encadre- et une formalisation, et d’éviter
ment suivies par la Direccte. Un les investissements ment a été responsabilisé à tous d’éventuelles dérives. C’est donc
en matériel
ingénieur QSE (qualité, sécu- pour améliorer les niveaux : production, RH… » une démarche complémentaire,
rité, environnement), en forma- les conditions L'analyse des postes de travail vraiment positive », se réjouit le
tion alternante, a été intégré de travail a permis de mettre en évidence responsable de maintenance. n
au CHSCT, et travaille notam- de ses salariés. les risques liés au bruit : les opé- 1. Le poste de formage permet de
ment sur les risques incendie, le rateurs portent des bouchons repasser et mettre en forme les
risque chimique et les plans de moulés et passent régulièrement chaussettes ou collants après tricotage.
circulation. des examens audiométriques. A. B.

Interview
Sylvette Py, déléguée syndicale
« Les planchers réglables en hauteur pour souffler et se rafraîchir un peu.
représentent un véritable progrès. Cette Sur les machines de formage, un dispositif
solution, couplée avec celle de la polyvalence, antigouttelettes a été installé sur les hottes.
© Gaël Kerbaol/INRS

nous permet de passer au maximum un tiers Ça contribue aussi à améliorer nos conditions
de notre temps de travail sur le poste de travail. Les gens ont pu se former, les
de formage, l’un des plus astreignants postes ont évolué, ça va dans le bon sens.
physiquement. En cas de fortes chaleurs, l’été, En termes de reconnaissance, il reste encore des
on peut prendre une pause par tiers temps, questions salariales à régler, mais on avance. »

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


dossier

L’entreprise alsacienne de textile Dollfus & Muller fait l’objet d’un nouveau projet
d’entreprise depuis cinq ans. Une démarche profitable à tous puisque chiffre d’affaires
et conditions de travail progressent de concert.

 es maladies professionnelles
L
mises au tapis

L
a performance d’une mique. À l’époque, la société investissements pour moderni-
entreprise est liée au réalisait un chiffre d’affaires de ser l’outil de travail et améliorer
bien-être de ses salariés. » 5,5 millions d’euros. En 2014, les conditions de travail. « La
L’affirmation d’Hugues elle devrait dépasser les 10 mil- finalité est d’assurer la pérennité
Schellenberg, directeur lions d’euros avec 44 salariés. du site. Nous investissons envi-
général, donne les orientations «  À mon arrivée, j’ai souhaité ron 300 000 euros par an, dont
de la politique en santé et sécu- modifier l’approche collective du 80 000 sont consacrés aux ques-
rité mise en place chez Dollfus & travail, concevoir un projet d’en- tions de santé et de conditions de
Muller depuis cinq ans. Basée à treprise (NDLR  : lire l’encadré travail, poursuit-il. C’est un cercle
Heimsbrunn, dans le Haut-Rhin, « Projet D&M 200 », page 21), en vertueux : en attribuant près d’un
cette entreprise fabrique des expliquant où on allait, en disant tiers des investissements à des
tapis à mailles ouvertes et des ce que je fais, et en faisant ce questions d’ergonomie et à l’or-
feutres. Ses produits équipent que je dis », explique Hugues ganisation du travail, on améliore
les machines des ennoblisseurs Schellenberg. la confiance des équipes et la
de textile et de cuir. La société a Rapidement, ont été lancés des productivité. » Comme le souligne
donc pour clients les fabricants
de ces machines ainsi que les Afin de réduire les
entreprises utilisatrices lors des contraintes liées
opérations de maintenance. Doll­ aux manutentions,
l’entreprise a fait
fus & Muller est par conséquent réaliser des chariots
une entreprise de textile au ser- et des tables
vice d’autres entreprises de tex- de manutentions
tile. Un marché de niche, qui sur roulettes. Et pour
le lavage des feutres,
représente à l’échelle mondiale un bac spécifique
environ 50 millions d’euros, et a été installé,
sur lequel se positionnent quatre ainsi qu’un palan
entreprises européennes. Doll­fus pour positionner
& Muller est la seule en France les feutres dans
le bac.
et 92  % de sa production part
© Vincent Nguyen pour l’INRS

à l’export, principalement en
dehors de l'Europe.
L’arrivée d’une nouvelle direc-
tion en 2010 a jeté les bases
d’un nouveau mode de fonc-
tionnement dans l’entreprise,
en impulsant une autre dyna-

Le négoce en plus réunions Icasa


Parallèlement à son activité de tissage, Une réunion nommée Icasa (pour « information sur le chiffre
l’entreprise fournit également des tissus de d’affaires et la situation actuelle ») est organisée au rythme
grande largeur pour l’impression numérique. Cette d’une fois par trimestre, environ, Animés par le directeur
activité de négoce, lancée il y a quelques années, général et tous les responsables, ces entretiens durent
représente aujourd’hui la moitié du chiffre entre 20 et 30 minutes et sont l’occasion d’évoquer
d’affaires de l’entreprise, dans un marché localisé avec tout le personnel différents sujets concernant
principalement en Europe. la marche de l’entreprise, dont la sécurité, et de répondre
aux diverses questions.

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Gilbert Parmentier, contrôleur tions, l’entreprise a fait réaliser motorisation des cylindres sur
de sécurité à la Carsat Alsace- des chariots et des tables sur une des calandres.
Moselle, « on observe dans le roulettes. Le transport des feutres La réduction des TMS est passée
management de la sécurité ici les d’un poste à l’autre est ainsi aussi par un développement de
mêmes éléments que ceux mis en grandement facilité. Pour l’opéra- la polyvalence sur les postes. La
œuvre dans une grande entre- tion de lavage des feutres, un bac généralisation des écrans tac-
prise : transparence, dialogue spécifique a été installé. Il rem- tiles pour piloter les machines y
social, avec un engagement fort place une ancienne « piscine » contribue. « L’une des premières
de la direction ». dans laquelle étaient plongés les choses à faire est d’aménager
feutres, sans accès aménagé, et les postes de façon à favoriser
Polyvalence contraignante pour les opéra- une plus grande polyvalence,
et écrans tactiles teurs. Désormais, les feutres sont explique Jean-Luc Losser, direc-
Dans l’activité, les principaux manutentionnés au palan pour teur technique du site et pré-
risques présents sont les brû- être positionnés dans le bac. sident du CHSCT. Cela s’est sur-
lures, les manutentions lourdes «  C’est beaucoup plus pratique tout porté sur les aides, plutôt que
(les feutres pèsent entre 100 et qu’avant, témoigne un conduc- sur les conducteurs de machines
250 kg), les chocs ou heurts et, teur de machine. L’ancienne pis- qui connaissent parfaitement
en matière de maladies profes- cine n’était pas du tout adaptée, leur outil. » Cela a également per-
sionnelles, les troubles muscu- ça rendait les opérations com- Une hotte d’aspiration mis de décloisonner les ateliers.
losquelettiques. Les investis- pliquées. » D’autres opérations a été installée La révision des flux, s’inspirant
sur une des calandres,
sements ont été répartis au fil dangereuses ont pu être suppri- afin d’assainir
d’autres secteurs d’activité tels
du temps. Afin de réduire les mées par des aménagements sur l’atmosphère que l’automobile, y a également
contraintes liées aux manuten- certaines machines, comme la de travail. participé. Le déploiement d’un

© Vincent Nguyen pour l’INRS

3,20 à 5,20 m, c’est


la largeur des métiers à tisser
1/4 de l’effectif a suivi
la formation sauveteur
4 723 fils sont
entrés à la main sur un métier
présents dans l’entreprise. secouriste du travail, soit à tisser. Cette opération
Ils permettent de réaliser 11 personnes sur les 44 que nécessite une quinzaine
des tapis de toutes dimensions, compte l’entreprise. Huit d’entre d’heures de travail à deux.
en fonction des demandes elles sont à la production et trois
des clients. aux services administratifs.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


dossier

système de management 5S a D’autres réflexions sont en cours


été mis en place, optimisant les ou en projet. La substitution
espaces de rangement et jouant du perchloroéthylène, solvant
ainsi sur les conditions de tra- soupçonné d’être cancérogène
vail. Des protections périphé- et utilisé pour supprimer des
riques autour des machines sont taches de graisse sur les tapis,

© Vincent Nguyen pour l’INRS


en cours d’installation, afin de fait actuellement l’objet d’essais.
limiter les risques d’entraîne- Une ancienne calandre doit être
ments. remplacée dans le courant de
Parmi les autres aménagements, l’année 2015 par une machine
une hotte d’aspiration a été mise de nouvelle génération. Cette
en place sur une des calandres, acquisition permettra là aussi de
afin d’assainir l’atmosphère développer la polyvalence et de
de travail. Cette hotte, dont les réduire les contraintes liées aux
dimensions ont été revues par d’une zone Atex (atmosphère Des protections manutentions manuelles. Le rem-
rapport au projet initial pour explosive). Un local isolé abrite périphériques placement de 1 000 m2 de toiture
destinées à
qu'elle soit adaptée aux besoins, désormais les différents fûts de en fibrociment d’un bâtiment
limiter les risques
a fait l’objet d’un contrat de produits concernés. Afin d'offrir à d’entraînements actuellement désaffecté et des-
prévention avec la Carsat. « On proximité et à disposition l’outil- ont déjà été mises tiné à devenir un espace de stoc-
essaye d’être inventifs, explique lage électroportatif nécessaire en place et d’autres kage a été l’occasion de réfléchir
Jean-Luc Losser. On souhaitait aux opérations de maintenance sont en cours à l’intégration d’une protection
d’installation.
par exemple aménager un sys- légère, un petit atelier a été amé- acoustique. Les travaux doivent
tème d’arrêt d’urgence toujours nagé au milieu du premier hall. commencer début 2015.
à portée de l’opérateur mais Chacun peut venir y effectuer les Malgré un effectif passé sous la
qui n’entrave pas le travail sur petites réparations. Et la personne barre des 50 salariés, le CHSCT
les machines. La solution s’est a été maintenu dans son fonc-
finalement matérialisée par une tionnement. « Le supprimer
barre métallique rouge au bas aurait été un signe très négatif,
de la machine, actionnable au
pied en cas de nécessité. » Les
La performance estime Hugues Schellenberg.
D’autant qu’il est efficace et
modifications apportées sur les d’une entreprise tient son rôle. » Les indicateurs
machines font l’objet d’une vali- est liée au bien-être montrent une évolution dans le
dation par un bureau de contrôle
externe. « C’est aussi l’occasion
de ses salariés. bon sens. L’indice de fréquence
des accidents du travail est en
d’avoir un regard extérieur sur baisse nette depuis 2011 : il a
l’activité et d’échanger avec des été quasiment divisé par deux
experts sur les pratiques et les chargée de la maintenance, dont pour s’établir aujourd’hui à 60.
évolutions, commente Gilbert le poste est dans un autre ate- En améliorant les conditions de
Parmentier. La sécurité est un lier, est moins dérangée par le travail et en modernisant l’outil
sujet à nourrir en permanence. passage permanent et l’emprunt de travail, ces évolutions contri-
Les règles d’utilisation sont très d’outils. « Ces aménagements se buent également à donner une
importantes. » D’où le besoin sont faits progressivement, après image plus positive du métier.
d’évoluer constamment. hiérarchisation des priorités », Car une des préoccupations de
résume Estelle Onimus, chargée l’entreprise est aussi le renou-
Les aménagements de sécurité QSE de l’entreprise. vellement de ses effectifs, avec
prévus sont multiples Les relais de terrain que sont les des départs à la retraite qui se
L’emploi de produits chimiques responsables des trois sections profilent. Le maintien des savoir-
inflammables, notamment pour de production et de l'entretien faire est une condition sine qua
les résines de finition sur les ont également joué un grand rôle non pour pérenniser l’activité. n
tapis, a nécessité l’aménagement dans la dynamique instaurée. C. R.

Projet D&M 200 Étude TMS-pénibilité


L’entreprise a fêté son bicentenaire en 2011. En 2010, l’entreprise a fait réaliser par un cabinet externe
À cette occasion, la direction a lancé un projet une étude sur les troubles musculosquelettiques
d’entreprise, D&M 200, dont la finalité est de et la pénibilité dans l’activité. Tous les employés ont été
« développer et maintenir au-delà du bicentenaire ». questionnés et leurs réponses ont donné lieu à différentes
Il repose sur trois piliers : respecter la personne pistes d’actions. Une étudiante en ergonomie de l’université
et la parole donnée, travailler ensemble, être efficient. de technologie de Belfort-Montbéliard a contribué en interne
Tous les salariés et dirigeants de l’entreprise ont signé à plusieurs actions (affichage d’informations SST, crochets
ce projet pour marquer leur adhésion. pour les fourches, etc.).

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La polyvalence made in France


Regroupement d’artisans, puis entreprise familiale finalement rachetée par ses salariés,
Tricots Saint-James est le spécialiste du pull marin fabriqué en Normandie. Imposant
mondialement son savoir-faire « made in France », l’entreprise a profité de la croissance
pour faire évoluer son outil de production et intégrer par touches successives certains
principes de prévention des risques professionnels.

N
é de la mer, lit-on se portant progressivement sur il met ses cônes de fils 1 dans
sous la marque. Basée les conditions de travail dans les des bacs à roulettes et les pan-
à Saint-James, dans ateliers. neaux de tricot sur des chariots.
le département de la Tricots Saint-James emploie Car dans les ateliers, on tricote,
Manche, à deux pas 270 personnes. Les deux grands on ne porte pas. En tout cas,
du Mont-Saint-Michel, l’entre- ateliers de production du site le moins possible. Certaines
prise Tricots Saint-James ne s’est normand, le tricotage et la machines ont d’ailleurs évolué
jamais éloignée de ses traditions confection, regroupent respec- de façon à réduire les manuten-
marines. Plus que centenaire, tivement 50 et 130 personnes. tions. L’un des premiers travaux
elle a forgé sa notoriété sur un 75 % sont des femmes, le turn- de l’atelier confection consiste
vêtement culte, un pull tricoté en over est faible et la moyenne par exemple à stabiliser les pan-
pure laine, aux mailles si serrées d’âge supérieure à 40 ans. Inau- neaux en dimensions par vapori-
que l’on a souvent dit qu’il était guré en 1976, agrandi en 1994 sation, ce qui garantit une bonne
« la seconde peau du marin ». et 2001, au cours de phases de tenue du produit fini. L’empilage
Longtemps organisée suivant croissance, le bâtiment de pro- automatique et l’amélioration de
un modèle taylorien, remis en duction actuel a été construit de la récupération des panneaux en
cause avec le développement plain-pied. sortie de machine ont permis de
des collections, la production a Quand le bonnetier récupère les réduire le port de charges.
évolué au fil du temps, le regard matières premières au magasin,
Protéger la laine,
L’activité protéger l’homme
de remaillage « Lors des travaux de rénovation
des cols est l’une
de 2001, le bâtiment a été clima-
des plus techniques
en confection. tisé et maintenu à une hygromé-
Le travail en groupes trie constante, indique Yannick
autonomes contribue Leconte, directeur technique.
à réduire Nous travaillons sur des matières
la répétitivité
des tâches. naturelles très sensibles aux
variations d’ambiance. Pour
autant, les opérateurs ne sont
pas oubliés  : les plafonds sont
traités avec des matériaux
© Gaël Kerbaol/INRS

poreux afin de réduire les nui-


sances sonores. Avec plus de
75 machines, l’atelier tricotage
reste bruyant. Les opérateurs
disposent de bouchons moulés

UNE CENTENAIRE EN FORME


L’histoire de Tricots Saint-James débute en 1850 en Basse- aux évolutions. Une nouvelle usine est construite, des emplois
Normandie, dans la commune de Saint-James, avec sont créés. Les collections se diversifient, deviennent
l’association d’artisans spécialisés dans la fabrication du fil saisonnières. En 1990, un projet de reprise de l’entreprise
de laine, la teinture, le tricotage et la confection du tricot de par les salariés voit le jour. Dans les années qui suivront,
corps pour habiller le marin. L’entreprise devient une société l’entreprise traversera les crises en s’adaptant à la demande,
anonyme en 1929. Rachetée en 1950 par la famille Bonte, en augmentant son activité de négoce et en repoussant
elle acquiert sa notoriété grâce au vrai chandail marin breton, ses frontières. Elle emploie aujourd’hui 270 personnes
tricoté en pure laine. L’image de marque se fait auprès et réalise 35 % de son chiffre d’affaires à l’export (Europe,
des professionnels de la mer, puis du grand public, au début États-Unis, Canada, Japon).
des années 1960. La mode des années 1970 est propice

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


dossier

équipés d'un filtre laissant pas- périodes de travail, mais régu- teur variable pour l’ensemble des
ser les fréquences de la voix. » lièrement. Sur ce sujet, comme postes. Avec le médecin du tra-
D’autres types de protections sur d’autres, la direction a tou- vail, une réflexion est menée pour
auditives sont mis à disposition jours été à l’écoute des questions réduire la pénibilité au travail et
pour ceux qui ne les supporte- posées en CHSCT. » Prenons le cas répondre à l’obligation née de la
raient pas. des opérations de détachage  2
 : réforme des retraites de 2010.
Au tricotage, les bonnetiers se les produits utilisés ont bien sûr « On a suivi une formation sur la
relaient jour et nuit pour lancer évolué. L’ère du perchloroéthy- façon de se mettre en œuvre sur
les fabrications. Les tricoteuses lène est bel et bien révolue. Mais les différentes machines », pré-
mécaniques, même les plus ce n’est pas tout. Dans chaque cise une opératrice. Encore insuf-
anciennes, sont sécurisées par atelier, les postes de détachage fisant pour les préventeurs. « Il
des barrières immatérielles. Bien isolés ont été dotés d’un système faudrait désormais aller plus loin
que fonctionnant la plupart du d’aspiration à la source. À proxi- dans la réflexion sur l’améliora-
temps capot fermé, elles doivent mité, les opérateurs disposent tion du poste de travail, explique
être ouvertes lors de certaines de lunettes de protection et ont Laurent Boudet, contrôleur de
accès à un dispositif de premiers sécurité à la Carsat Normandie.
secours pour le lavage des yeux L’idéal serait que l’entreprise ait
en cas de projection. un référent interne qui passe du
temps sur l’analyse des postes,
Pénibilité au travail en vue de la mise en place d’un
Mais en matière de prévention plan d’action. »
des risques professionnels, le Ces dernières années, quelques
véritable changement de culture syndromes du canal carpien ont
s’est amorcé avec le passage en été déclarés en maladie pro-
groupes autonomes. « Au cours fessionnelle. Si la politique des
des phases de croissance, nous groupes autonomes a permis un
avons investi sur les aspects renforcement et un partage des
© Gaël Kerbaol/INRS

commerciaux, techniques mais savoir-faire tout en réduisant les


également sur les conditions de tâches répétitives, les questions
travail », affirme Yannick Leconte. relatives à la prévention des TMS
Pour la confection, ces groupes et au vieillissement au travail vont
autonomes sont constitués de continuer à se poser. Des tâches
cinq à sept personnes. L’assem- comme le pliage et l’ensachage,
phases de réglage. Régulière- Pour les opérations blage des éléments se répartit où le travail humain n’apportait
ment, les pièces intérieures sont de détachage, si l’ère entre les 400 machines de l’ate- pas de réelle plus-value, ont été
du perchloroéthylène
démontées et nettoyées dans un lier : piquage, surjet, remaillage automatisées. Pour d’autres, où
est bel et bien
local dédié. Au milieu des années révolue, les postes des cols ou bandes boutonnées, le savoir-faire des opératrices se
2000, pour réduire l’utilisation sont toutefois dotés pose des étiquettes, du logo, d’un transmet de génération en géné-
des produits chimiques, l’entre- d’un système écusson. « Les personnes ont ration, cette solution n’est ni sou-
prise a investi dans des bacs à d’aspiration été formées à un métier, puis à haitable ni envisageable. Il faut
à la source.
ultrasons, utilisés pour le net- un deuxième. Dans les années donc chercher ailleurs. n
toyage des pièces. 2000, la polyvalence a augmenté 1. Les fils arrivent sous forme de cônes
« En vingt ans de maison, j’ai vu progressivement et s’est orga- d’environ 1 kg que le bonnetier
les choses bouger, assure Chris- nisée en fonction de la saison va placer sur le métier à tricoter.
tophe Jalon, bonnetier et membre et de la demande commerciale. 2. Les produits peuvent être tachés
du CHSCT. Se baisser moins, sou- Les gens ont acquis de l’autono- lors de leur passage sur les machines
lever moins, c’est important. Mais mie, des savoir-faire », reprend le (dont certaines parties doivent
être graissées) ou de leur transport
la question du risque chimique directeur technique. d’un poste à un autre.
l’est tout autant. Les opérateurs ne Dans le même temps, l’entreprise
sont pas exposés sur de longues investit sur des chaises à hau- G. B.

ÉVOLUTIONS multiples
Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux procédés se sont industrialisés.
Progressivement, avec la délocalisation d’activités traditionnelles comme le peignage,
la filature ou la teinture, l’entreprise s’est recentrée sur le tricotage et la confection.
Elle doit son renom à ses mailles si denses et si serrées, que l’on dit son pull marin
quasi imperméable... L’usine qu’elle occupe aujourd’hui à Saint-James a été construite
© Gaël Kerbaol/INRS

en 1976, puis agrandie en 1994 et 2001. L’expérience acquise dans le métier


et la collaboration avec la Carsat notamment permettent d’intégrer très en amont
des problématiques essentielles : travail de plain-pied, éclairage naturel, climatisation,
bruit… La surface du site est aujourd’hui de plus de 11 000 m2.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


dossier
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Porcher Industries, sur son site de La Tour-du-Pin, fabrique des textiles techniques
destinés principalement aux airbags et aux parapentes. Si ces textiles sont
des plus modernes, leur fabrication fait appel à des savoir-faire traditionnels
du tissage. À l’image du secteur, l’entreprise est confrontée à de multiples risques.

Des toiles qui prennent


leur envol

L
es métiers à tisser claquent venir se loger. Auparavant, les sont ordonnés parallèlement,
et font trembler le sol chez opérateurs devaient attraper les sous forme de nappes, et enrou-
Porcher Industries. Ils sont bobines, disposées sur un trans- lés autour d’un rouleau appelé
80, alignés sur quatre palette réglable en hauteur, se ensouple. Le rouleau forme alors
rangées, et tissent, sous baisser pour insérer celles du bas une chaîne.
l’œil attentif de quatre ou cinq de la cantre et hisser au-dessus
opérateurs, des fils de poly­ leurs épaules celles du haut. Ils Le bruit, un risque
amide ou polyester, au rythme manipulaient ainsi chaque jour majeur
de quelques centimètres de tissu entre 400 et 600 bobines de Cette chaîne est ensuite pré-
par minute. Ceux-ci serviront 9 kg chacune. « Nous avons créé parée pour être insérée sur les
ensuite à la fabrication d’airbags un petit outil très simple à mettre machines à tisser : chaque fil est
ou de parapentes. L’entreprise, en place, explique Pierre Porcher, introduit dans une tige métal-
située à La Tour-du-Pin en Isère, le responsable maintenance et Un dispositif lique munie d’un œillet, appelée
très simple créé
emploie 150 personnes. Avant et sécurité. C’est un support avec en interne permet, maille. Lorsqu’elles seront mon-
après le tissage, les étapes sont quatre fourches qui a été fixé sur sur le poste tées sur le métier à tisser, elles
nombreuses pour que le tissu un chariot électrique. » d’encantreur, supporteront les fils qui, ainsi,
possède les qualités requises. L’opérateur peut insérer les d’alimenter resteront parallèles. C’est le
la machine en
Au cours du processus, les opé- bobines sur le support qui est à bobines sans effort
remettage. Ici, depuis le début de
rateurs sont confrontés à des sa hauteur. Le chariot soulève les et avec le même l’année, les supports des chaînes
risques liés aux manutentions, au bobines ou les abaisse au niveau rendement. ont été changés. Ce sont des rou-
bruit et à des risques chimiques. des fourches de la cantre. Puis
Régulièrement, des améliora- l’opérateur approche le chariot
tions sont apportées pour réduire de la cantre et fait glisser les
les manutentions ou les rendre bobines dessus. « C’est vraiment
moins difficiles. L’une des plus pratique, assure Jérémy Guyot,
récentes, qui date d’environ un encantreur. Lors de la mise en
an, concerne le poste d’encan- place de cet outil, nous avons
treur. L’encantrage est l’une des fait des tests et avons constaté © Guillaume J.Plisson pour l’INRS
toutes premières opérations de que nous ne mettions pas plus
tissage. Les opérateurs chargent de temps avec cette méthode
des bobines sur la cantre, sorte qu’avec l’ancienne. C’est beau-
de grand râtelier de 2 m de haut coup moins fatigant et nous ris-
et 15 m de long. Il est divisé en quons moins de maux de dos ou
panneaux munis de six fourches d’épaule. » Insérés sur la cantre,
en hauteur et quatre en largeur. les fils – il peut y en avoir jusqu’à
Sur chacune, une bobine doit 5 000 – sont tirés et ourdis : ils

Les textiles techniques Porcher en bref


Les textiles techniques sont des textiles performants, aux propriétés L’entreprise a été créée en 1912. Elle tissait
spécifiques (résistance au feu, isolation, résistance mécanique…) de la soie pour la corseterie à Badinières,
adaptées à un usage particulier. Ils sont principalement employés pour en Isère. Depuis 1950, elle s’est diversifiée
les protections individuelles, le transport, le sport et les loisirs, la santé, pour tisser des textiles techniques. Aujourd’hui,
le génie civil et le bâtiment. En 2013, d’après l’Observatoire des textiles elle est implantée dans dix pays et emploie
techniques, les textiles techniques représentaient 40 % de la production 2 000 salariés dont 600 en France. Elle réalise
de textiles en France. L’Hexagone réaliserait 24 % de la production des textiles pour l’automobile (airbags),
européenne de textile technique et serait le quatrième producteur le bâtiment et l’industrie, l’électronique,
mondial, après le Japon, les États-Unis et l’Allemagne. Environ 30 % le sport et l’aéronautique.
des entreprises françaises du secteur sont situées en Rhône-Alpes.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


dossier

silicone appliquée ressort de


l’autre côté, il n’y a donc aucune
émission. » Ce sont les fournis-
seurs qui leur ont proposé cette
silicone.
Lorsque de nouveaux produits
moins nocifs sont proposés, l’en-
treprise les teste. « Mais il reste
encore beaucoup de produits qui
contiennent des solvants. Nous

© Guillaume J.Plisson pour l’INRS


avons donc installé des hottes
d’extraction », indique-t-il. Elles
sont situées au plus près des
zones d’émission, afin d’aspirer
les solvants à la source. « Avec
ces hottes, nous ne percevons
plus d’odeur, alors que cer-
tains produits sentent fort voire
peuvent donner mal à la tête »,
leaux fixés au sol, sur lesquels Les métiers à tisser jetables », indique Pierre Porcher. apprécie Damien Cleyet-Marel,
les chaînes sont posées. « Pour génèrent un bruit « Ce risque est vraiment sérieux, enducteur.
important et, malgré
insérer les fils dans les œillets, constate Christian Bessenet, Autre risque : celui d’écrasement.
les panneaux
je dois les tirer pour dérouler acoustiques dont est ingénieur-conseil à la Carsat Les machines sont équipées de
une petite partie de la chaîne, équipé le plafond, les Rhône-Alpes. Il l’est tellement rouleaux qui entraînent le tissu.
explique Pascale Glandu, remet- opérateurs doivent que les opérateurs portent sans «  Il y a des barrières immaté-
teuse. Avant, les anciens sup- porter des protections problème les protections audi- rielles et des grilles qui arrêtent
auditives.
ports étaient trop petits et usés, tives. » Les autres postes sont la machine en cas d’ouverture.
il fallait l’aide de quelqu’un pour situés dans différentes parties Elles protègent des rouleaux là où
tirer les fils. Maintenant, je peux de l’atelier, séparées par des il pourrait y avoir un risque d’en-
le faire seule, sans effort. » parois qui atténuent le bruit. traînement », explique Hubert
Ces chaînes sont ensuite insé- Delbar, enducteur, chef de ligne
rées sur les métiers à tisser qui Enduction sous hotte et membre du CHSCT.
génèrent un bruit important, Le tissu passe ensuite au finis- Après de nombreux tests réalisés
notamment lors des claquements sage : il est lavé, teint, traité, dans le laboratoire de l’entre-
pour tasser les fils. Une opéra- puis visité, c’est-à-dire qu’une prise, les tissus sont envoyés en
tion qui se répète plusieurs cen- personne vérifie qu’il n’y ait pas Europe de l’Est et en Asie pour
taines de fois par minute. « À la de défaut (tache, fil manquant, la confection des airbags et des
conception de l’usine en 1999, trou…). Puis il est enduit. L’en- parapentes. Si les étapes du
nous avons équipé le plafond duction 1 est réalisée sur cinq tissage restent les mêmes qu’à
de panneaux acoustiques. Mal- lignes. Le tissu se déroule et cir- l’époque de la création de l’en-
gré cela, le bruit est d’environ cule sous un rouleau imprégné treprise au début du XXe siècle,
90 dB  (A). Les opérateurs qui d’enduit qu’il dépose dessus. Le les machines, les traitements et
travaillent à proximité, c’est-à- tissu passe alors dans une étuve. la finalité ont, elles, beaucoup
dire l’équipe en charge de l’our- Il parcourt ainsi les 30 mètres évolué. Et, petit à petit, la pré-
dissage et celle qui surveille les de long de la machine puis est à vention s’immisce dans le pro-
métiers à tisser, sont équipés de nouveau enroulé de l’autre côté. cessus, à la grande satisfaction
protections auditives. Nous leur «  Aujourd’hui, nous appliquons des salariés. n
laissons le choix entre des bou- une silicone qui ne contient ni 1. L’enduction est le dépôt d’un film
chons moulés, un casque anti- eau, ni solvant, explique Pierre polymère sur le tissu afin de le rendre
bruit ou des bouchons d’oreilles Porcher. La quasi-totalité de la étanche, plus rigide, ignifuge...
L. C.

22 % des salariés du textile


en France sont en région Rhône-
100 km / h
c’est la vitesse à laquelle
22 g , c’est
le poids de 10 km de fil
Alpes (soit 13 837 personnes). le fil de trame passe entre pour parapente. Le fil
La deuxième région en termes les fils de chaîne. pour les tissus d’airbags
d’emplois est le Nord-Pas-de-Calais, pèse, lui, 470 g pour
avec 16 % des emplois du secteur. 10 km.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


Perspectives
26
27
piles à combustible

Allier environnement
et sécurité
Technologie de plus en plus utilisée pour des applications mobiles ou fixes,
les piles à combustible ne sont pas sans risques. Mais le recul manque pour bien
les appréhender, les applications industrielles de cette technologie étant récentes.

L
a pile à combustible (Pac), et plus parti- tion, d’électrocution et de brûlures, mais aussi
culièrement la pile à hydrogène, est sou- la température car la pile a une température de
vent présentée comme une alternative aux fonctionnement qui peut s’avérer élevée. « Enfin,
procédés conventionnels pour produire il y a les risques liés aux caractéristiques des
de l’électricité. Ses applications se déve- produits mis en œuvre et stockés, notamment
loppent et sont de plus en plus présentes sur le l’hydrogène », remarque Benoît Sallé. « L’hydro-
marché, qu’elles soient mobiles – chariots auto- gène est très utilisé en milieu industriel et ces
moteurs, machines de levage, recharges pour risques sont connus, ainsi que les moyens de les
téléphones portables et pour les véhicules –, ou prévenir. Les mesures de prévention des risques
fixes – chaudières individuelles, groupes électro- doivent être les mêmes pour les Pac que dans
gènes. Des centrales de production d’électricité l’industrie », indique de son côté Michel Junker,
sont sont sur le point d’en être équipées. Si cette directeur d’Alphea Hydrogène 1 et membre de
technologie semble intéressante du point de vue l’Association française pour l’hydrogène et les
environnemental, qu’en est-il du point de vue de piles à combustible (Afhypac).
la santé et de la sécurité au travail ? Comme la majorité des gaz, l’hydrogène induit
« Les applications de la pile à combustible étant des risques d’asphyxie en milieu confiné, mais
très récentes, nous n’avons pas encore le recul c’est surtout un gaz extrêmement inflammable
nécessaire pour connaître tous les effets et pouvant former des atmosphères explosives.
impacts en cas de mauvaise utilisation et, sur- D’où l’importance d’une mise en œuvre et d’un
tout, en cas de dégradation dans le temps », stockage approprié, d’autant plus que c’est un
indique Benoît Sallé, expert d’assistance risques produit très petit qui a tendance à s’échapper
incendie-explosion à l’INRS. Les risques générés facilement. C’est pourquoi les raccords sujets aux
par cette technologie se situent à deux niveaux : fuites tels les raccords vissés ou les interventions
ceux liés aux différents équipements et ceux liés fréquentes sur le réseau de type montage ou
aux produits mis en œuvre. démontage sont à proscrire. Il faut aussi éviter de
Les risques liés aux équipements sont, entre mettre la Pac dans un milieu confiné et doter, le
autres, l’électricité car la Pac génère un courant cas échéant, le local de détecteurs d’hydrogène.
continu qui entraîne des risques d’électrisa-
La problématique du stockage
«  De plus, l’hydrogène est très sensible à l’in-
Qu’est-ce qu’une pile flammation. Il faut savoir que l’étincelle qui peut
à combustible ? provoquer son inflammation n’est pas percep-
Elle est constituée de deux électrodes, l’une tible par l’homme… Enfin, sa flamme est quasi-
en contact avec de l’hydrogène et l’autre avec ment invisible et très chaude (environ 2 000 °C) »,
de oxygène (provenant de l’air). La réaction explique Benoît Sallé. Il est donc nécessaire de
électrochimique produit de l’eau, de la chaleur prévenir tout risque d’ignition et de connaître la
et de l’électricité. D’autres techniques, mettant démarche à adopter en cas de fuite.
en jeu d’autres réactifs, existent. Mais la plus Plusieurs méthodes existent pour stocker l’hy-
répandue est la pile à hydrogène car elle drogène. Il peut ainsi être stocké à l’état gazeux
permet l’établissement d’un cercle vertueux : en le comprimant, et ce, jusqu’à 700 bars. À cette
lorsqu’une source d’énergie renouvelable, pression, si une bouteille fuit alors qu’elle est mal
comme une éolienne, fournit de l’électricité arrimée, elle peut se transformer en projectile
en surplus, de l’hydrogène peut être produit
particulièrement dangereux et, si elle a été fragi-
par hydrolyse de l’eau et stocké. Il pourra
lisée par un choc par exemple, elle peut éclater.
alors restituer de l’électricité dans la pile
Le stockage sous forme liquide présente, lui,
à combustible et de l’eau ultérieurement,
deux inconvénients majeurs. D’une part, tech-
lorsqu’il y en aura besoin. L’hydrogène
est ainsi appelé « vecteur énergétique ».
nique, car pour liquéfier l’hydrogène, il faut le
Leslie Courbon refroidir à - 253 °C, ce qui est très consommateur

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


perspectives

Principe de la pile à combustible

e⁻⁻
e⁻
e⁻ H⁺
e⁻ H⁺
H₂
H₂ e⁻
H⁺ H⁺
H₂
O₂

©32igs pour l’ inrS.


H₂O
Anode Cathode
Électrolyte

d’énergie. D’autre part, en termes de sécurité, les sant réagir avec un métal comme par exemple
réservoirs sont plus fragiles et il y a toujours de le magnésium. L’hydrure métallique ainsi formé
l’hydrogène qui fuit. Une double enveloppe est est un matériau poreux pouvant emmagasiner de
donc nécessaire. La dernière méthode consiste à l’hydrogène (par adsorption) puis le restituer en
stocker l’hydrogène sous forme solide, en le fai- fonction de la demande (par désorption). Cepen-
dant, les hydrures métalliques sont des compo-
En savoir plus sés très réactifs : leur contact avec l’air ou l’eau,
entre autres, peut provoquer des phénomènes
n « TrAvAUx SUr BATTerieS, attention aux arcs d’incendie ou d’explosion. « Face au défi du
électriques », Hygiène et sécurité du Travail stockage d’énergie électrique et au développe-
n° 235, inrS. ment des techniques de production d’électricité
À retrouver sur www.inrs.fr. comme les Pac, l’enjeu est maintenant de trou-
n « veiLLe TeCHnoLoGiQUe et évaluation ver comment stocker l’hydrogène de la manière
des risques sur les procédés de stockage la plus rentable d’un point de vue économique
de l’hydrogène », ineris. mais surtout de la manière la plus sécuritaire »,
À retrouver sur www.ineris.fr. conclut Benoît Sallé. n
n WWW.cea.fr.
1. Réseau d’entreprises qui accompagne les acteurs
n ASSoCiATion française pour l’hydrogène industriels et institutionnels dans la réalisation de leurs
et les piles à combustible : projets et études liés aux nouvelles technologies de l'énergie
www.afhypac.org/fr/accueil. et plus spécifiquement dans le domaine hydrogène/piles
à combustible.

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Amélioration continue

Comme un parfu

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m de prévention

C’est en Provence que sont fabriqués les produits de L’Occitane,


une gamme de produits de beauté naturels qui a connu un essor
considérable ces dernières années, notamment en Asie.
Les bâtiments, les flux, l’organisation du travail… ont dû s’adapter
pour répondre à la demande, tout en préservant la santé
et la sécurité des salariés, toujours plus nombreux.

© Claude Almodovar pour l’INRS

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1 Les matières premières sont filmées


et stockées dans des racks suivant un code
couleurs : rouge pour ceux destinés
à la destruction, jaune pour la qualité,
et transparent pour le tout-venant. Le principe
de la marche en avant est respecté
pour l’ensemble du flux de production.

2 Les flux sont fréquemment modifiés. Cette


réunion a pour objectif de redéfinir le zoning, car
le marquage au sol a disparu. Des personnes de
la réception des matières premières y participent,
mais également des personnes ne faisant
pas partie de ce secteur, mais amenées
à le traverser. 2

L
e bâtiment se voit aisément en associant les salariés et en contenants vont du bidon de
depuis l’autoroute, avec veillant à leur santé et leur sécu- quelques litres à des cubitainers
« L’Occitane en Provence » rité. Avec une ambition affichée : de plus de 1 000 litres. « Pour évi-
écrit en grandes lettres. Un tendre vers le zéro accident. ter les chutes et garantir la stabi-
jardin, planté d’essences «  En 2010, on a pris le parti lité des contenants, on filme ceux-
aromatiques et parfumées, guide de rester sur le site historique ci à partir du premier niveau des
agréablement le visiteur. Mais de Manosque et de faire avec racks, souligne Sébastien Glaise.
une fois que l’on pénètre dans l’usine telle qu’elle était. Ça a été De plus, les racks sont équipés
les locaux de L’Occitane, difficile, compliqué, mais passionnant », de plateaux fils (sortes de grilles)
voire impossible de se repérer… remarque Jean-Luc Rohou, direc- pour éviter à la palette de chuter
« C’est vrai que le site est grand teur de l’usine de Manosque  1
. si elle est mal posée. » Enfin, les
et que nous ne cessons de nous Aujourd’hui, cette usine s’étend fourches des dix-sept chariots
agrandir, reconnaît Sébastien sur près de 35  000 m2. Les sont en train d’être remplacées
Glaise, responsable hygiène, matières premières (bases parfu- par des fourches plus larges et
sécurité, environnement. En trois mées, extraits végétaux, produits dotées de revêtements antidéra-
ans, j’ai vu trois bâtiments sortir émulsifiants) sont réceptionnées pants. Pour ce qui est des liquides
de terre. » Des agrandissements dans la partie ancienne, sous inflammables, des améliorations
et des modifications d’organi- forme de liquides ou de poudres, sont engagées visant à créer une
sation qui se sont toujours faits et rangées dans des racks. Les cellule spécifique réservée, munie

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3 Les locaux sont très vastes (35 000 m 2 pour


l’usine), il n’est pas évident de se repérer. Pour respecter
les règles d’hygiène, le personnel est vêtu de tee-shirts
de couleurs différentes, en fonction de leur lieu de travail :
orange pour les flux amont, vert pour les services
généraux, bordeaux pour les HSE, beige pour
le conditionnement, bleu pour la maintenance.
Les charlottes vertes sont réservées aux sauveteurs
secouristes du travail.

4 Juste avant l’entrée dans le chai alcool, les colorants,


potentiellement pulvérulents sont pesés, parfois au millième
de gramme près, sous un poste ventilé.

de barrières automatiques qui, en bras déporté, a été acquis il y pour obtenir, après une filtration
cas de déversement de liquide, en a deux ans pour les lever et les au micron près, un produit lim-
limiteront la propagation. vider. Juste à côté, les colorants pide ; la coloration enfin. « Dans
sont pesés, parfois au millième toute cette usine, précise Gene-
Zone Atex à l’accès de gramme près, sous un poste viève Belinguier, contrôleur de
très contrôlé ventilé. « Les colorants sont très sécurité à la Carsat Sud-Est, un
Les matières premières suivent pulvérulents, c’est pour cette rai- travail important a été mené avec
ensuite deux cheminements dif- son que nous travaillons ainsi », les médecins du travail et l’infir-
férents, selon le produit final  : précise Éric Charrier, opérateur mière sur les produits chimiques.
parfums d’un côté, gels douche, au chai alcool. La démarche d’évaluation du
crèmes, etc., de l’autre. Les par- Les étapes du processus de fabri- risque chimique se poursuit, elle
fums représentent 5 % de la pro- cation des parfums sont ensuite a déjà permis de réaliser la sub­
duction et sont fabriqués dans réalisées dans une zone à l’accès stitution de produits CMR, mais il
« le chai alcool » de l’ancienne très contrôlé: le mélange (alcool, reste du chemin à parcourir, en
usine, une zone Atex. La première base parfumée (eaux florales, particulier dans les laboratoires,
partie est constituée du bureau- huiles essentielles, etc.), eau) ; la pour atteindre le niveau attendu
pesée. Les matières premières macération ; la maturation ; le gla- au regard de la dangerosité de
arrivent souvent dans des fûts. çage qui consiste à précipiter les certains produits utilisés dans
Un appareil de levage, muni d’un substances les moins solubles, cette activité. »

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5 Les box de pesée sont cloisonnés pour éviter toute


contamination croisée. Les opérateurs doivent porter
des masques et des lunettes de protection.

6 Le réacteur 10 tonnes bénéficie d’une ventilation


générale et d’une aspiration à la source. Toute la
machinerie et les tuyauteries étant derrière une cloison,
les opérateurs travaillent dans des conditions
particulièrement agréables. Sur la mezzanine,
un deuxième poste de commande a été installé.

7 7 millions d’unités sortent chaque mois de l’atelier


conditionnement. Le traitement acoustique des murs
et du plafond permet de ne pas dépasser les 75 dB(A).
La lumière naturelle est amenée grâce à des puits
de lumière ou en deuxième jour. Des passerelles
ont été installées pour que les gens ne passent pas
sous les lignes, ce qui pourrait s’avérer dangereux. 6

Autre bâtiment, autre fabrica- devant suffire... mais les opéra- de 10 tonnes, sont largement
tion (gels douche, shampoings, teurs sont amenés à se déplacer automatisés et les interventions
crèmes, etc.). Dans cette par- et à effectuer d’autres opérations, humaines sont réalisées avec des
tie récente, tout est à une autre parfois », précise le responsable aides à la manutention, de type
échelle : la zone de pesée com- HSE – et de lunettes de protec- bras articulé. Les opérations de
prend des box. Parmi eux, est tion réalisées à sa vue. Il procède vidange ont lieu dans une pièce
Atex pour certains produits dont à la pesée de produits qui iront silencieuse, où la température
la manipulation l’exige. La venti- ensuite dans des réacteurs : des est constante, dotée d’une aspi-
lation est amenée sous forme de cuves permettant d’émulsionner ration à la source et d’une ven-
flux laminaire, de haut en bas. sous vide les produits. tilation verticale. « Une cloison a
Des retourneurs de fûts, un peu Ces réacteurs ont des capacités été érigée de façon à mettre tout
anciens, seront bientôt remplacés allant de 150 kg à 10 tonnes. ce qui est bruyant et qui chauffe
par de nouveaux. Le code barre Chacun est installé dans une de l’autre côté du mur : ainsi la
de la matière première est flashé, pièce en surpression. Ils sont maintenance est séparée, le bruit
pour vérifier qu’il correspond bien alimentés de phases grasses et et les variations de températures
à celui de l’ordre de fabrication. de phases aqueuses à l’aide de très limités », précise Sébastien
L’opérateur est muni d’un masque pompes, ce qui limite les manu- Glaise. Certaines opérations pou-
de type FFP3 – « c’est juste au tentions. Les plus gros réacteurs, vant avoir lieu depuis une mezza-
cas où, les protections collectives notamment ceux d’une capacité nine, « les postes de commande

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sont doublés, explique Éric Char- 210 personnes, selon les périodes gré les huit lignes de production
rier. L’opérateur peut intervenir de l’année. La période la plus des flacons, les deux lignes de
depuis la mezzanine ou le rez- chargée, pour L’Occitane, s’étend production pour les tubes et celle
de-chaussée, ce qui limite les d’avril à août. « L’Asie représente consacrée aux produits alcoo-
déplacements ». plus de 40 % de nos débouchés, liques et aux coulés à chaud, cha-
indique Éric Lechevalier, direc- cun peut discuter sans hausser
L’Asie, un débouché teur technique. Pour que les pro- la voix. Le bruit a été divisé par
de choix duits soient disponibles à Noël, 3,5 grâce à une réflexion menée
La grande majorité des récipients, nous devons anticiper. » très en amont sur la conception
cuves, cubitainers, etc. sont lavés À l’arrivée dans la zone de condi- des locaux : « Le plafond et les
puis repartent dans le circuit. La tionnement, Nathalie Levêque, murs sont recouverts de pan-
laverie comprend deux zones, gestionnaire stock et flux et neaux acoustiques, particulière-
identifiées par une couleur au sol : secrétaire du CHSCT, n’en finit pas ment efficaces », décrit Geneviève
marron (zone humide) ou bleue de s’étonner : « Dans l’ancienne Belinguier. Dans cette zone, les
(zone d’égouttage). Une machine usine, j’ai travaillé au condition- chariots à mâts rétractables sont
permet de laver les fûts. nement. Il y avait énormément de interdits. Seul « le petit train » de
L’atelier de conditionnement bruit. En fin de journée, j’avais un type aéroportuaire est autorisé.
est particulièrement vaste – mal de crâne terrible. » Ici, le bruit «  Chaque fois qu’une nouvelle
4 500  m2 – , et accueille de 120 à n’excède pas les 75 dB(A). Mal- ligne est implantée, les salariés

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8 Les postes de travail au conditionnement


bénéficient de sièges réglables en hauteur
et en profondeur, inclinables et équipés
de repose-pieds ainsi que, pour certains,
de tablettes pour l’appui des avant-bras.

9 En zone de fin de ligne, les opérateurs


bénéficient de tapis anti-fatigue. Leur tâche
consiste à remplir des cartons dont le poids
8 ne doit pas excéder 12 kg. 1

sont associés, témoigne Mickaël si je sais que tout le monde n’est quelques centaines de mètres de
Micciche, opérateur au condition- pas d’accord. » l’usine de L’Occitane.
nement et membre du CHSCT. Dans l’atelier, les palettes en
Un groupe de travail est consti- bois, pour des raisons d’hygiène, Appropriation du poste
tué et nous nous intéressons au sont interdites. Un équipement de travail
travail, aux flux... Cette réflexion de travail intéressant, selon Il comprend trois cellules de
peut durer une semaine. » Les Geneviève Belinguier, permet 6 000  m2. Les racks montent
flacons sont acheminés sur les de repalettiser aisément une jusqu’à 9 m de haut. « Les ger-
lignes dans des godets, pour faci- palette bois venue de l’extérieur beurs sont équipés d’une caméra
liter les changements de format. en palette plastique. Une fois pour que l’on n’ait pas à regarder
Les opérateurs, qui changent de que les cartons sont terminés en haut », explique Antony Larra-
poste toutes les deux heures, ont – d’un poids n’excédant jamais zet, logisticien cariste et membre
des sièges réglables en hauteur et les 12 kg – ils sont préparés en du CHSCT. « Ça ne résout pas tout,
profondeur, inclinables et dotés de palettes limitées à 1,80 m de remarque le contrôleur de sécu-
repose-pieds. « On les a essayés haut, puis filmés à l’aide d’une rité. Car pour positionner cor-
sur une ligne et dupliqués sur les filmeuse automatique. Direc- rectement votre fourche en face
autres », explique Mickaël. « Ils me tion ensuite Grandes Terres, la des racks, vous regardez en haut.
conviennent parfaitement, sou- plate-forme logistique datant de Quant à la caméra, elle me semble
ligne l’une des opératrices. Même 2012. Un bâtiment HQE, situé à placée un peu trop haut, dans la

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10 11

10 L’Occitane s’est dotée


d’une filmeuse automatique
pour réduire les manutentions
et limite la hauteur des palettes
à 1,80 m.

11 Dans le bâtiment HQE


de la logistique, flambant neuf,
le trafic peut aller jusqu’à
700 palettes par jour.
Pour maintenir une température
supportable, surtout en été,
il est procédé à de la surventilation
nocturne.

12 Dans le local de charge


des batteries, le cariste entre
avec son chariot qu’il bloque
sur un taquet, pour dégager
la batterie facilement.
Une telle batterie peut peser
12 jusqu’à une tonne.

cabine. » Les cheminements pié- visites comportementales de et j’incite les personnes de mon
tons sont identifiés en bleu. La sécurité. Ce dernier point fait réa- service à y participer. »
plate-forme bénéficie en partie gir Geneviève Belinguier : « On ne Les résultats sont là : en quatre
de la lumière naturelle. Une zone doit pas focaliser sur le compor- ans, le taux de fréquence des
dédiée aux produits inflammables tement individuel des personnes. accidents du travail a été divisé
a également été créée, et à une Le terme est mal choisi, mais je par 3,5, passant de 25 à 7. Une
extrémité de l’entrepôt, un local pense que ces visites s’avèrent diminution qui s’explique aussi
est réservé à la charge des bat- intéressantes. » « Il s’agit de par des changements (bâti-
teries. « Seules les batteries sont regarder comment les personnes ments, process, flux, etc.). « Nous
en charge, souligne Geneviève travaillent et s’approprient leur risquons d’arriver à un palier,
Belinguier. Une zone Atex a été poste de travail : de le modifier au reconnaît le responsable HSE. Il
définie et la ventilation est asser- besoin ou de proposer des forma- va falloir certainement dépenser
vie à un détecteur d’hydrogène. » tions. Ce sont des échanges très beaucoup d’énergie pour mainte-
En 2013, des actions importantes libres », précise Sébastien Glaise. nir ces bons résultats, et parve-
en matière de prévention des « Chacun peut y participer, sou- nir au zéro accident qui est notre
risques professionnels ont abouti  : ligne Corinne Rouit, responsable objectif. » n
évaluation des risques, étude Delphine Vaudoux
RH et santé au travail. Ça me per- 1. L’Occitane possède deux sites
pénibilité, étude prévisionnelle Photos : Claude met d’être davantage au courant de production : l’un à Manosque,
sur le bruit au conditionnement, Almodovar de ce qui se passe en production l’autre à Lagorce, en Ardèche.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


en entreprise
36
37
Fiche d’identité Grande distribution
n NOM : Logidis Comptoirs
modernes (LCM).
Des gestes
à la hauteur des enjeux
n ACTIVITÉ : Entrepôt
logistique du groupe
Carrefour. Il assure
chaque jour
l’approvisionnement
de 80 magasins
supermarchés Carrefour
Market et magasins
de proximité de Paris
(Carrefour City, Carrefour
Express…).
n LIEU : Combs-la-Ville
(Seine-et-Marne).
n EFFECTIF : 470 permanents
et environ 80 intérimaires.

© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS


L’essentiel
n UN PROJET
de prévention des troubles
musculosquelettiques
a été déployé dans la zone
d’activité des fruits et
légumes et produits frais.
n DEUX AXES ont été D’importants moyens ont été mobilisés par la direction de LCM
privilégiés : promouvoir Combs-la-Ville, un entrepôt logistique situé en Seine-et-Marne,
le travail à hauteur pour prévenir les risques liés aux troubles musculosquelettiques.
d’homme et limiter
les manutentions
Des solutions visant à réduire les manutentions et à privilégier
non indispensables. le travail à hauteur d’homme ont notamment été déployées.
n CES ACTIONS se sont

M
traduites par le découpage
systématique de palettes oins d’un an. importantes pour lutter contre les
ainsi que l’acquisition C’est le temps troubles musculosquelettiques
de chariots à hauteur qu’il aura fallu à (TMS). Et pour cause : les maux
de fourches réglable Logidis Comp- de dos y représentent la première
et de filmeuses toirs modernes cause d’accidents du travail (AT)
automatiques, notamment. (LCM) de Combs-la-Ville, l’un des et de maladies professionnelles
entrepôts logistiques du groupe (MP). Postures contraignantes
Carrefour, situé en Seine-et- et gestes répétitifs sont pointés
Marne, pour rattraper une par- du doigt. Une soixantaine d’acci-
tie de son retard en matière de dents du travail avec arrêt ont eu
santé et sécurité au travail 1. « On lieu en 2013. Face à cette réalité,
avait une marche importante à la direction s’est fixé un objectif
franchir, reconnaît Sophie Chau- précis, à savoir réduire le nombre
mont, responsable des ressources d’AT de 10 % chaque année.
le chiffre
humaines. La Cramif nous a aidés Pour y parvenir, la méthode

43 ans à relever le défi. »


Le site, qui fournit toutes les
enseignes Carrefour de proxi-
n’a pas été choisie au hasard.
Dans le cadre d’un plan d’action
national portant sur la santé au
est l’âge moyen mité ainsi que les supermarchés travail lancé par la direction
des salariés de LCM de Paris en produits frais et fruits nationale à la fin de l’année
Combs-la-Ville. Cédric Duval et légumes, a investi des sommes 2012, la direction de Combs-la-

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


en entreprise

Ville n’a pas hésité à dialoguer chariots à fourches réglables en On est vraiment soulagés. »
et à impliquer fortement les hauteur. D’ici le début de l’an- Parce qu’elles touchent à l’orga-
salariés dans les réflexions et née 2015, tout le parc devrait nisation du travail, notamment
la mise en place des solutions être renouvelé. « Plus on charge le découpage et le dégerbage
de prévention. « Des groupes de produits, plus on baisse les des palettes, ces évolutions ont
de travail impliquant l’encadre- fourches, explique Saïd Atou- nécessité le recrutement de
ment, le CHSCT, un ergonome, mani, opérateur. De cette façon, quatre collaborateurs. Réalisées
les responsables de service et on est toujours sûr de travailler à en un temps record, ces actions
des salariés ont été constitués la bonne hauteur et on se casse ne constituent toutefois qu’une
pour chaque action de préven- nettement moins le dos. » première étape. « Il y aura tou-
tion, précise Marc Czuprinsky, D’autres actions visaient à éviter jours des choses à faire », assure
responsable de l’entrepôt. Il fal- les manutentions non indispen- Marc Czuprinsky. La direction
lait que les solutions viennent sables. Parmi celles-ci, l’automa- envisage notamment d’étendre
aussi des collaborateurs, pour tisation à 100 % du filmage des le filmage automatique à l’en-
s’assurer de leur pertinence et palettes a profondément modi- semble des rolls. Le chantier à
de leur appropriation par les fié le quotidien. Finis les tours venir va consister maintenant
premiers concernés. »

Les fruits et légumes,


zone pilote
De fait, de nombreuses réunions
se sont tenues et du temps a été
octroyé aux membres du CHSCT
pour évaluer les actions et pro-

© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS


poser des améliorations. « Nous
nous sommes déjà rendus compte Les quatre filmeuses
automatiques
que des solutions apparemment font partie des
pertinentes sur le papier ne nombreuses
l’étaient pas sur le terrain, d’où acquisitions
l’importance de cette démarche », de l’entrepôt
en équipements
explique Marc Czuprinsky. Enfin, destinés à améliorer
un brief hebdo­madaire dédié à la les conditions
sécurité a été instauré. de travail des salariés.
Du chargement-déchargement
des camions au stockage, en de palettes, rouleaux à la main, à diffuser ces solutions dans
passant par la préparation des genoux pliés et dos cassé. Les les autres zones d’activité de
commandes, toutes les activi- opérateurs n’ont plus qu’à trans- l’entrepôt (boucherie, charcute-
tés logistiques ont fait l’objet porter leur palette dans une zone rie, traiteur, volaille, crémerie,
d’améliorations. Mais l’essentiel dédiée. Les quatre filmeuses yaourt, marée, salade et pâtisse-
des efforts s’est concentré sur la à bras tournant s’occupent du rie industrielle). « Il est de notre
zone de fruits et légumes, dési- reste. L’entrepôt s’est également responsabilité d’accompagner
gnée zone pilote du projet. Une doté d’une filmeuse mobile pour nos salariés en bonne santé le
première série de mesures avait intervenir directement en zone plus longtemps possible, estime
pour but de privilégier le travail de chargement et filmer les rolls Sophie Chaumont. Améliorer les
à hauteur d’homme. Les pos- (chariots) en immobilisant les conditions de travail, c’est aussi
tures fréquentes avec les bras roues à l’aide des fourches. fidéliser nos collaborateurs. »
au-dessus du niveau des épaules Moteur sur ce projet, la Cramif
peuvent générer des TMS. Une première étape collabore avec la direction
Ainsi, une proportion signifi- La manipulation des palettes nationale de LCM qui envisage
cative des palettes de 2,40 m vides, pesant 23 kg, a également de poursuivre son engagement
arrivent désormais avec un été réduite. Au lieu de les char- et ses actions favorisant le bien-
support intermédiaire. Les deux ger à la main sur les chariots, être au travail. « Les solutions
parties sont ensuite dégerbées les préparateurs utilisent désor- de prévention des TMS dans ce
avant d’être mises à la disposi- mais un dépileur. Cet appareil domaine d’activité sont connues,
tion des préparateurs. En com- électrique contient une pile de l’enjeu reste de parvenir à les
plément, les palettes dépourvues palettes qu’il distribue une par diffuser le plus largement pos-
de support sont écrêtées à l’aide une en libérant la palette infé- sible », indique Pascal Vallée,
d’un chariot muni de pinces. rieure. « Avant, le travail était contrôleur de sécurité à la Cramif
Conséquence  : tous les colis difficile, confie Christian Gomis, en charge de l’établissement. n
sont manutentionnés désor- chef d’équipe sur les métiers 1. Pour en savoir plus sur la prévention
mais à une hauteur maximale du matin en produits frais et des risques dans le secteur
de 1,80 m. La direction a éga- membre du CHSCT. Mais ces de la logistique, lire le dossier
de Travail & Sécurité n° 755,
lement remplacé 60  % de ses récents changements ont permis novembre 2014. À consulter sur :
chariots de manutention par des de réduire les efforts physiques. www.travail-et-securite.fr.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


en entreprise
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39
Fiche d’identité La SFCME assemble des disjoncteurs-interrupteurs. Tout au long
n Nom : SFCME, Société de la chaîne, ils sont actionnés afin de vérifier leur bon
française de construction fonctionnement, une activité particulièrement contraignante pour
mécanique et électrique, les épaules. Fruits d’une démarche au long cours, de nouveaux
filiale de Schneider Electric,
appareils chaque fois plus performants viennent progressivement
installée à Libourne,
en Gironde. équiper ces postes de manœuvrier originellement manuels.
n Date de création : 1964.
n Effectif : 180 personnes
permanentes.
n Activité : assemblage
de RM6, disjoncteurs-
interrupteurs moyenne
tension.
© Patrick Delapierre pour l’INRS

L’essentiel
n Les postes de
manœuvrier,sur lesquels
des contrôleurs vérifient
le bon fonctionnement
des interrupteurs, sont
très sollicitants pour
les épaules notamment.
Troubles musculosquelettiques
n Une première,
puis une deuxième
Pour ne pas disjoncter
à son poste
génération de manœuvriers
ont vu le jour. La troisième,
réalisée avec l’aide d’un
groupe de travail auquel

O
les contrôleurs ont été
associés, vient d’émerger. n en trouve dans petits disjoncteurs de quelques
Pour la plus grande les hôpitaux, les centimètres destinés à nos instal-
satisfaction de tous. quartiers résiden- lations électriques domestiques.
tiels, les centres À la SFCME, une filiale de Schnei-
commerciaux et der Electric, les RM6 assemblés
bien d’autres lieux encore. Ils peuvent dépasser un mètre de
ont pour nom RM6 (pour Ring long. L’assemblage se déroule
Main) et sont des disjoncteurs- en cent étapes, correspondant
interrupteurs regroupant, dans à 400 m de ligne d’assemblage !
un ensemble compact, toutes les L’entreprise se préoccupe depuis
fonctions moyenne tension per- déjà quelques années des TMS.
mettant le branchement, l’ali- Mais ces trois dernières années,
mentation et la protection de elle a observé, sur les 180 sala-
le chiffre transformateurs, et ce jusqu’à riés du site, une augmentation de
24 000 V. À la SFCME (Société 37  % des restrictions médicales

2  300 française de construction méca-


nique et électrique), à Libourne,
et une multiplication par trois des
cas de TMS 1. Revenant sur ces
références en Gironde, leur fabrication a chiffres élevés, la médecin du tra-
récemment fait l’objet d’une étude vail, Laurence Capdeville, avance
de composants globale de la problématique des plusieurs explications  : le fonc-
sont utilisées troubles musculosquelettiques tionnement en équipe alternée ;
sur le site (TMS). la répétitivité de certains gestes
de Libourne. Delphine Vaudoux Nous sommes loin, très loin de nos dus au passage au montage par-

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


en entreprise

tiel (qui limite la polyvalence)  ; d’équilibreurs. Une fois connec- médicales, explique Bruno,
le vieillissement de la popula- tées, elles manœuvrent automa- contrôleur à ce poste. Tous les
tion (avec une moyenne d’âge de tiquement les interrupteurs dans soirs, je prenais des médicaments
45 ans et 44 % de salariés âgés un local isolé acoustiquement. pour me soulager de douleurs à
de plus de 50 ans). « Mais à la fin de la journée, on l’épaule. Je ne pouvais plus du
En réaction, une équipe plu- sent quand même qu’on a levé tout travailler à ce poste. » « À
ridisciplinaire, associant des les bras constamment pour attra- l’origine, il y a une forte demande
personnes de la SFCME, de per les têtes, les brancher, les de la part des salariés, souligne
Schneider Electric et d’autres débrancher, etc. », remarque un Didier Patey. Les dernières géné-
venant de l’extérieur 2 est créée. contrôleur… D’où les générations rations de manœuvriers ont été
Elle se lance dans une démarche suivantes de manœuvriers. élaborées avec leur aide. » Et
participative en quatre étapes : Les RM6 sortent du rodage sur celle d’une équipe d’ergonomes
mobilisation, investigation, maî- une table tournante qui facilite internes, les IPRP du service de
trise et évaluation. Parmi les le contrôle visuel des éléments : santé au travail, le CHSCT, le ser-
postes particulièrement mon- « voir si rien n’a été cassé, rayé, vice méthodes, un ingénieur en
trés du doigt : celui de manœu- abîmé lors du rodage », précise formation par alternance, ainsi
vrier, qui consiste à actionner un l’un des opérateurs en charge de que le service HSE.
levier, manuellement à l’origine, cette tâche. À cette étape, il doit Le tout nouveau manœuvrier est
afin de vérifier le bon fonction- encore actionner les interrupteurs La deuxième
moins onéreux car conçu à par-
nement des interrupteurs du à la main. Puis les disjoncteurs génération de tir de matériel standard et com-
RM6, les roder et les contrôler. passent au contrôle des vitesses manœuvriers a pact  : des visseuses portatives,
«  En 2013, confirme Laurence d’ouverture et de fermeture des marqué une évolution dotées d’un contrôle de couple et
Capdeville, j’ai en effet dû mettre interrupteurs. Une opération là certaine en termes d’angle et suspendues à un bras
d’efforts pour
autour de huit personnes en res- aussi auparavant réalisée à la l’opérateur, mais manipulateur en carbone, faci-
triction médicale, notamment main. Elle a bénéficié, en 2010, ne donne pas litant la préhension et limitant
pour des problèmes d’épaules et d’une deuxième génération de entière satisfaction les vibrations. « Physiquement,
d’épicondylites. » manœuvriers. en termes de c’est le jour et la nuit, remarque
qualité. La troisième
« Plus compactes, équipées de vis- génération (photo
Bruno. Sans ce nouveau matériel,
120 interrupteurs seuses-dévisseuses, ces machines page précédente) je n’aurais jamais pu revenir à ce
par heure soulagent l’opérateur, même s’il semble la bonne. poste. »
À différentes étapes de la chaîne Restent les cadences pas tou-
de fabrication, surtout dans la jours faciles à tenir et, surtout,
partie finale, les disjoncteurs le bruit. Dans ces locaux datant
sont testés, « manœuvrés » dit-on de 1964 et avec des machines
sur le site de la SFCME. Chaque imposantes, difficile, voire
« manœuvre » nécessite une force impossible de traiter collecti-
de 70 Newton-mètres. Au total, il vement le problème sonore. Les
© Patrick Delapierre pour l’INRS

existe neuf postes de manœu- membres du CHSCT ont contri-


vriers, sur lesquels opère un bué à la généralisation des bou-
contrôleur 3. chons d’oreilles moulés pour le
Premier poste sur lequel des TMS début de l’année 2015. « Même
sont apparus, le manœuvrier si on n’est pas décisionnaires,
d’endurance, qui sert à roder les on a l’impression de faire avan-
RM6. Auparavant, la personne cer les choses, souligne Hélène
à ce poste devait manœuvrer Sabron, contrôleuse et secrétaire
à la main jusqu’à douze inter- du CHSCT. Pour les postes de
rupteurs par tableau électrique, reste encore des efforts de place- manœuvrier, on pense que c’est
au rythme de dix appareils par ment à réaliser », souligne Didier en passe d’être réglé, d’autant
heure. Compte tenu des sollici- Patey, contrôleur de sécurité à que les retours des salariés sont
tations que cela impliquait, le la Carsat Aquitaine. « Elles pré- excellents. » Sur les neuf postes
poste a été modifié dès 1988. « À sentent une belle avancée dans de manœuvrier, cinq ont été
l’époque, ce nouveau manœuvrier nos réflexions sur les postes de rénovés. Le directeur du site a
– de première génération – avait travail, complète Philippe Perez. budgété l’achat de deux autres
coûté l’équivalent de 120 000 €, Mais elles manquent de fiabilité. équipements pour 2015 et les
souligne Philippe Perez, respon- C’est pour cette raison que nous deux derniers devraient être
sable sécurité environnement. avons poursuivi nos recherches remplacés en 2016. n
Isolé dans une pièce, car le bruit sur ces postes. » 1. La SFCME participe à l’action
des interrupteurs qui claquent nationale TMS Pros.
peut atteindre les 90-95 dB(A), « C’est le jour et la nuit » 2. Service de santé du travail,
il fonctionne maintenant à l’aide Après avoir avancé dans les Carsat Aquitaine, ostéopathe, INRS.

de “têtes” que le contrôleur enfile phases d’assemblage, les RM6 3. « Contrôleur » est le terme employé
par la SFCME pour désigner les
sur les interrupteurs. » Les têtes, arrivent au contrôle de tension, personnes travaillant sur les
qui peuvent peser jusqu’à 25 kg un nouveau poste de manœu- manœuvriers, car elles sont chargées
pièce, sont suspendues à l’aide vrier. « J’ai eu des restrictions des opérations de contrôle.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


en entreprise
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41
Fiche d’identité Meunerie
n Nom : Moulins du Bion.
n Lieu : Maubec (Isère). Un ensacheur
sachant ensacher
n Activité : Meunerie.
n Effectif : 65 personnes.

Aux Moulins du Bion, on fabrique de la farine. Mais aussi,


on l’ensache pour la livrer. Un poste qui était particulièrement
sollicitant pour les magasiniers. Il a été entièrement repensé,
et les résultats sont spectaculaires.

L’essentiel
n Les Moulins du Bion
ont entièrement repensé
le poste d’ensachage
et de palettisation afin
de réduire considérablement
les risques professionnels.

© Guillaume J. Plisson pour l’INRS

I
l a beau être situé sur les et comptent 65 salariés. Sur le
bords du Bion, un cours site de 20 783 m2, il y a d’un
d’eau de l’Isère, il y a bien côté d’imposants silos servant
longtemps que ce moulin ne à stocker 3 000 tonnes de blé
fonctionne plus à l’aide de et 2  000 tonnes de farine, et
l’énergie hydraulique. « On peut de l’autre les moulins à propre-
même dire qu’avec les derniers ment parler qui font 22 mètres
aménagements réalisés par les de haut et la bâtisse historique
Moulins du Bion, on est entré qui regroupe les services admi-
dans le XXIe siècle », exagère nistratifs.
un peu Thierry Méo, contrôleur Pour fabriquer de la farine, ça
le chiffre de sécurité à la Carsat Rhône- n’est pas si simple : le blé est
Alpes. Mais il y a un peu de vrai livré en vrac. « Il arrive entre

65 000 t dans ses propos…


Les Moulins du Bion sont ins-
tallés à Maubec, près de Bour-
dix et quinze camions par
jour, indique le directeur du
site, Laurent Petrus. Avant de
de blé sont goin-Jallieu, en Isère. Ils font décharger sa production, le
écrasées par les partie de Nicot Meunerie, entre- chauffeur doit attendre le feu
Moulins du Bion prise de meunerie co-fonda- vert du service de contrôle qua-
chaque année. Delphine Vaudoux trice de la fameuse Banette, lité. » Pour cela, un héron (une

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


en entreprise

sorte de grande perche) vient conception et le transit des à la poussière, il y en avait sur
prélever un échantillon qui grains… » Les cinq meuniers l’ensacheuse et ses abords… Or,
passera au contrôle  : d’abord qui travaillent dans le mou- la poussière de farine peut être
visuel pour vérifier l’aspect des lin sont assez peu exposés au à l’origine d’affections cutanées
grains, olfactif ensuite et, enfin, bruit, car leur activité consiste et respiratoires. »
plus précis pour s’assurer de la à contrôler le process et beau- Au total, 2  400 sacs étaient
non-présence d’insectes… « Si coup d’opérations peuvent se ensachés chaque jour et trans-
on trouve un insecte vivant, on faire depuis un local insonorisé. portés sur l’épaule. « Notre outil
refuse la livraison, explique le Des bouchons d’oreilles moulés d’ensachage était clairement
directeur du site. Car ça va très à leur empreinte leur sont quand obsolète, reconnaît le directeur
vite : on en a un, au bout de même fournis par l’entreprise. du site. De plus, on souhaitait
quelques jours on en a cent puis Quant à la poussière, elle est à la fois réduire la pénibilité du
mille dans le silo, et rapidement très peu présente. « Les graines travail des magasiniers et pour-
on a tout un silo infesté. » Parti- et la farine circulent dans des quoi pas augmenter la produc-
culièrement montré du doigt : le tuyaux et par aspiration… sou- tivité. » La décision est prise de
charançon du blé.
Des analyses physico-chimiques Le travail
sont également systématique- des meuniers
est essentiellement
ment réalisées sur la qualité des
du contrôle qui peut
blés, en particulier cette année. se faire depuis
En effet, à cause des intempé- un local insonorisé.
ries, le blé a tendance à germer.
« S’il est germé, cela a une inci-
dence sur tout le process, pré-
cise Laurent Petrus. Depuis le
début de l’année, on a dû refu-
ser une dizaine de camions. »
Les blés réceptionnés passent
© Guillaume J. Plisson pour l’INRS

ensuite par de très nombreuses


étapes avant d’être transfor-
més en farine : ils sont nettoyés,
épointés, mélangés, mouillés
(ils passent de 12-13 % à 16 %
d’humidité pour faciliter le pro-
cess), écrasés avec les machines
suivantes : broyeurs, claqueurs,
convertisseurs, puis tamisés en
passant dans les plansichters 1 ligne Laurent Petrus. Il est donc changer l’outil à la fin de l’an-
pour devenir le produit ultime assez logique qu’il y ait peu ou née 2011. Une décision radicale
qu’est la farine. Tout se passe pas d’émission de farine dans puisqu’elle s’est traduite par
dans le moulin. Si l’odeur de ces locaux. » la construction d’un nouveau
bâtiment de 700 m2 en 2013 et
50 kg à l’épaule la création d’une ligne d’ensa-
Une fois le blé réduit en chage et de palettisation. Celle-
Le port des sacs farine – il faut compter environ
24 heures de travail pour passer
ci est largement automatisée et
facilite le travail de l’opérateur.
a diminué de 90 %. du blé qui entre dans le circuit Huit types de farines différents
à la farine –, il s’agit de livrer peuvent maintenant être mis
l’un des 650  clients que compte en sac en même temps (alors
le moulin. 30 à 35 % sont livrés qu’auparavant, une seule sorte
la farine est très perceptible en vrac, mais le reste est livré de farine était possible). Les
dès l’entrée dans le moulin, en en sacs. Jusqu’à l’année der- sacs sont présentés automati-
revanche, le produit, lui, est nière, les sacs pesaient 50 kg, quement à l’ensacheuse, rem-
invisible : tout se passe dans des l’ensachage était une opération plis, aplatis, étiquetés et rangés
circuits quasi fermés. essentiellement manuelle et se sur des palettes en fonction de
Mais « c’est un endroit bruyant, déroulait, là, dans une atmo­ la tournée du chauffeur. Si la
reconnaît le contrôleur de sécu- sphère empoussiérée. « Des prévention des TMS a été prise
rité. On est autour des 90 dB(A) magasiniers portaient des sacs en compte (le port de charge est
et au-delà par endroits. Dans de 50 kg sur l’épaule. Même désormais limité et les sacs de
un moulin, il est particulière- s’ils avaient une bonne tech- farine n’excèdent pas les 25 kg),
ment difficile de traiter le bruit. nique, les manutentions solli- les risques mécaniques n’ont
C’est compliqué d’intervenir citaient régulièrement le dos pas été oubliés : « Un très gros
sur les machines elles-mêmes et les épaules, se souvient le travail a été réalisé par les Mou-
qui sont bruyantes de par leur contrôleur de sécurité. Quant lins du Bion, remarque Thierry

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


en entreprise
42
Méo. Les risques ont été éva- quotidienne de 75 dB(A), soit un 
lués avec l’aide de la Carsat et niveau inférieur à valeur limite
des solutions mises en œuvre : d’exposition professionnelle. n Banette
les distances de sécurité sont Le pôle chimie de la Carsat Les Moulins du Bion produisent
respectées, les pièces en mou- est également intervenu sur la de la farine pour les artisans
vement, comme des chaînes, problématique des poussières boulangers et des industriels.
les rouleaux, ont été rendues de farine. Il a aidé l’entre- Ils font partie de Nicot Meunerie
inaccessibles grâce à la mise en prise dans la rédaction de son qui comprend trois moulins,
place d’une protection grillagée cahier des charges concernant essentiellement situés dans l’Est
asservie, ou autres types de pro- le système d’aspiration et les de la France. Tous font partie
tections mécaniques. » résultats sont là. Des captages du groupement Banette. C’est
ont été installés au poste de un groupement qui compte plus
Un gain en qualité dosage de la farine, au-dessus de trente moulins et fournit
de vie au travail des deux becs d’ensachage, et la farine destinée à la
Du côté du bruit, la différence lors de la chute des sacs. « Les fameuse Banette. Environ
est notable. Les mesures réa- pics d’exposition mesurés au 3 000 boulangers – sur les
lisées par le Centre interré- compteur de particules sont dix 32 000 que compte l’Hexagone –
gional de mesures physiques fois inférieurs aux précédentes appartiennent au réseau
d’Auvergne font apparaître un mesures pour l’ensachage et de Banette.
gain de 2 à 3 dB(A) dans l’atelier l’ordre de trente fois inférieurs

«  Avant, c’était un travail pure-


ment physique. Aujourd’hui, c’est
plus agréable, plus varié… et on
fait davantage travailler notre
tête. » Notamment pour l’organi-
sation des palettes et donc des
camions. Émilie Levy-Neumand
travail & sécurité – n° 756 – déc
est secrétaire du CHSCT. Elle a
suivi le changement de process
de loin. Trop loin, selon elle. « On
aurait aimé être associés dès le
départ, déclare-t-elle, pourquoi
pas rencontrer les fournisseurs.
Mais c’est vrai que le résultat est
là, et que, de l’avis de tous, on
a gagné en qualité de travail.
Après près d’un an de fonc-
tionnement, on va se pencher
© Guillaume J. Plisson pour l’INRS

maintenant sur les flux. Car la


création de ce nouveau bâtiment
les a notablement bouleversés.
On doit tout remettre à plat. »
Avant, sept personnes travail-
laient à l’ensachage. Aujour­
d’hui, ils ne sont plus que cinq,
les autres sont devenus chauf-
feurs. Le port des sacs a diminué
d’ensachage : la nouvelle ligne pour le reste de l’activité des Au poste d’ensachage, de 90 % et le palettiseur permet
présente des niveaux sonores opérateurs », conclut le rapport une protection de conditionner 800 sacs par
grillagée asservie
de l’ordre de 83 dB(A) au lieu du pôle chimie. Avec un bémol protège des pièces heure. Même si aucune maladie
de 86 dB(A) observés avec le cependant : au-dessus du palet- en mouvement professionnelle n’a jamais été
précédent procédé d’ensachage. tiseur, les chiffres restent élevés et les sacs enregistrée par les Moulins du
Une estimation de l’exposition (1,65 mg/m3). « Mais c’est un sont remplis Bion, Laurent Petrus a le senti-
automatiquement.
des opérateurs a été réalisée endroit où les opérateurs vont ment qu’il était temps d’agir. Il
en tenant compte des opéra- assez peu, principalement pour est même devenu un précurseur
tions effectuées en une journée des opérations d’entretien, de sur le sujet. Pour preuve, plu-
dans les nouveaux locaux : dans maintenance. », nuance Thierry sieurs confrères sont venus voir
l’atelier d’ensachage, près du Méo. son nouveau procédé. Il est bel et
palettiseur et dans la zone de Magasinier auparavant, c’est- bien entré dans le XXIe siècle. n
chargement. Les chiffres, rame- à-dire qu’il travaillait à l’en- 1. Les plansichters servent à tamiser
nés au temps de travail, abou- sachage, Mickaël Aimard et trier le blé écrasé. Chaque plansichter
tissent à un niveau d’exposition mesure le chemin parcouru  : comprend vingt tamis.
services
Les thèmes des questions présentées sont extraits des assistances assurées questions-
par les experts de l’INRS. Les réponses apportées ici sont données à titre indicatif et ont RÉPONSES
pour objectif de fournir des éléments d’information. Elles ne pourraient, en aucun cas,
43
être considérées comme des textes de référence. RETOUR SUR…
À LA LOUPE

Risques psychosociaux extraits du JO

?
Comment détecter les risques psychosociaux dans mon entreprise ?

réponse Les risques psychosociaux (RPS  : treprise que sont le chef d’établissement, les res-
stress, harcèlement, violences internes, agres- sources humaines, les instances représentatives :
sions, épuisement professionnel) doivent être délégués du personnel, membres du CHSCT, délé-
traités comme les autres risques  : évaluation, gués syndicaux. Ces indicateurs devront ensuite
repérage des situations dites critiques, intégration être analysés : en fonction de leur variation dans
au document unique d’évaluation des risques pro- le temps ; en fonction des disparités entre les
fessionnels (DUERP), mise en œuvre de mesures entités présentes dans l’établissement (services,
de prévention. Pour commencer, il faut collecter sites…) ; en les comparant avec des références
des données permettant de rassembler des indi- nationales quand elles existent 1. Si un nombre
cateurs les plus objectifs possibles pour le dépis- significatif d’indicateurs révèle une détériora-
tage : tion des situations de travail ou de la santé des
• ceux liés au fonctionnement de l’entreprise  : salariés, une intervention spécifique devra être
absentéisme, turn-over, défauts de production, envisagée. n
retards, conflits sociaux… 1. Par exemple, les baromètres de santé réalisés par l’Inpes
• ceux liés à la santé et à la sécurité des sala- (www.inpes.sante.fr ) ou encore les résultats des enquêtes
riés : fréquence des accidents du travail, troubles Dares (ministère du Travail : www.travail-solidarite.gouv.fr ).

musculosquelettiques, violences verbales ou


physiques, consultations spontanées chez le
En savoir plus
médecin du travail, crises de larmes, etc.
Ces données sont normalement disponibles dans n Comment détecter les risques psychosociaux en entreprise ? ED 6086
l’entreprise à travers le bilan social, des outils de (dépliant), INRS.
suivi, le rapport annuel du CHSCT, les registres n Et s’il y avait du stress dans votre entreprise ? ED 973, INRS.
des AT et des accidents bénins… Ou auprès du n Dépister les risques psychosociaux. Des indicateurs pour vous guider.
service de santé au travail, des services RH. Il ED 6012, INRS.
faut ensuite élaborer une liste d’indicateurs per- n « Risques psychosociaux ». Dossier web INRS.
tinents à partir de ces données, de préférence en L’ensemble de ces documents est à retrouver sur www.inrs.fr.
concertation avec les différents acteurs de l’en-

?
Pourquoi intégrer les risques psychosociaux dans le document unique ?

réponse Les risques psychosociaux doivent tion toute faite, mais une démarche collective qui
être pris en compte au même titre que les autres identifie, au cas par cas, les facteurs de risques
risques professionnels. Comme le prévoit la régle- psychosociaux en lien avec le travail. Par exemple,
mentation, il est donc nécessaire de les évaluer, une démarche de prévention collective du stress
de planifier des mesures de prévention adaptées et des risques psychosociaux, en six étapes, peut
et de donner la priorité aux mesures susceptibles se dérouler comme suit :
d’éviter les risques le plus en amont possible. À ce • prédiagnostic : collecte d’indicateurs ;
titre, ils sont intégrés dans le document unique • constitution d’un groupe projet représentatif de
d’évaluation des risques professionnels (DUERP). l’ensemble des salariés et incluant les instances
En matière de prévention, il n’existe pas de solu- représentatives du personnel ;
• évaluation des facteurs de risques psychoso-
En savoir plus ciaux ou diagnostic approfondi, avec l’aide d’un
intervenant extérieur au besoin ;
n « RPS et document unique – Changer de regard sur le travail ».
• r estitution des résultats ;
Dossier paru dans Travail & Sécurité, n° 742, septembre 2013, p. 13-27.
•é  laboration et mise en œuvre d’un plan d’ac-
À consulter sur www.travail-et-securite.fr.
tions ;
n STRESS AU TRAVAIL : les étapes d’une démarche de prévention. •é  valuation et suivi des actions.
ED 6011, INRS. Les prises en charge individuelles (« numéros
n RPS et document unique. Vos questions, nos réponses. ED 6139, INRS. verts », etc.) peuvent compléter ce dispositif, mais
n ÉVALUER LES FACTEURS de RPS : l’outil RPS-DU. ED 6140, INRS. en aucun cas s’y substituer, car leurs effets ne
n « PRÉVENIR LE STRESS au travail ». Dossier web INRS. sont pas aussi bénéfiques ni durables que ceux
L’ensemble de ces documents est à retrouver sur www.inrs.fr.
obtenus par une démarche de prise en charge col-
lective, centrée sur le travail. n

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


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questions-
44 RÉPONSES
RETOUR SUR…
La finalité du système de tarification des cotisations AT-MP
À LA LOUPE
(accidents du travail- maladies professionnelles), auquel sont
extraits du JO assujetties les entreprises, est triple : conserver l’équilibre financier
annuel de l’ensemble du dispositif, inciter les entreprises
à se préoccuper de l’impact économique interne de la santé
et de la sécurité au travail et répartir la gestion des risques
du travail selon des règles équitables.

La tarification AT-MP

E
n France, les accidents du travail et les
maladies professionnelles (AT-MP) sont
Repères lité. Les taux de cotisation obtenus varient selon la
fréquence et la gravité des sinistres dont peuvent
assurés collectivement par les entre- n L'ancien système être victimes les salariés 4.
prises. L’Assurance maladie-risques pro- de tarification, assez L’activité de tarification mobilise un réseau de
fessionnels 1 fixe les taux de cotisations compliqué, était source 700 professionnels, dont 20 inspecteurs qui
en fonction des risques que présentent les acti- d'incompréhensions et visitent quotidiennement les entreprises, afin de
vités. Ce système assurantiel des risques profes- d'incertitudes puisque, vérifier la concordance entre la tarification qui
sionnels garantit les 19 millions de salariés des notamment, le calcul leur est appliquée et les risques réels auxquels
2 millions d’entreprises du commerce, de l’indus- des cotisations des elles sont confrontées. Pour toutes les questions
trie et des services contre les conséquences des entreprises basé sur la concernant les règles de tarification, les barèmes
atteintes à leur santé, liées à l’exercice de leur fréquence et la gravité de cotisations AT-MP, les codes risques, etc.,
métier. des sinistres dont les entreprises peuvent s’adresser aux agents
La gestion est dite en « répartition » : l’ensemble peuvent être victimes du réseau en charge de la tarification : les Car-
des dépenses (prestations versées, prévention, les salariés était réalisé sat-Cramif-CGSS au niveau régional, la CnamTS
frais de gestion…) est financé par les recettes sans limitation dans (DRP) au niveau national. n
de l’année. L’Assurance maladie-risques pro- le temps. Après une
1. Pour la tarification, ce sont les Carsat-Cramif-CGSS
fessionnels reverse l’essentiel du montant des période transitoire en (au niveau régional) et la CnamTS (au niveau national)
cotisations perçues sous forme de prestations. Ce 2012-2013, le système qui suivent le dispositif. Plus d’informations sur les sites
système a aussi pour objectif de répartir la ges- actuel, qui ne prend internet des Carsat et, pour la CnamTS, sur www.ameli.fr,
en compte que les rubrique « employeurs-vos cotisations ».
tion des risques du travail selon des règles les
trois dernières années, 2. Hors du secteur BTP et des départements du Bas-Rhin, du
plus équitables possibles, afin que la survenue Haut-Rhin et de la Moselle. Lire l’encadré « En savoir plus ».
d’accidents graves ou de maladies ne mette pas est en vigueur depuis
3. Ainsi que pour les entreprises nouvellement créées
en péril la viabilité des entreprises. le début de 2014. et celles relevant des numéros de risque suivis de la mention
« TC » dans le barème des taux.
Taux collectif, mixte ou individuel ? 4. D’où l’intérêt d’atteindre des niveaux de sinistralité
les plus faibles possibles, par l’adoption de mesures
À première vue, un tel dispositif peut paraître
de prévention. Plus d’informations sur www.inrs.fr.
complexe pour les entreprises ou chefs d’établis-
sements qui le découvrent. « Je vais essayer de
vous expliquer le système de tarification fran-
En savoir plus
çais. Si vous l’avez compris, c’est que je l’aurais n Arrêté modifié du 17 octobre 1995 relatif
mal expliqué », plaisantait à ce sujet Marc Debas, à la tarification des risques AT-MP et arrêté
responsable de la tarification à la Direction des modifié du 6 décembre 1995 relatif
risques professionnels (DRP) de la CnamTS, lors à l’application du Code de la Sécurité sociale
d’un débat organisé avec les entreprises et les (articles relatifs à la tarification des risques
préventeurs, le 20 mars dernier. Les bases de AT-MP).
calcul sont relativement simples : trois modes de n Arrêté du 10 décembre 2013 fixant pour 2014
tarification sont applicables, en fonction de la les majorations visées à l’article D. 242-6-9
taille de l’entreprise 2. du Code de la Sécurité sociale.
Pour les établissements de 1 à 19 salariés, c’est le n Arrêté du 20 décembre 2013 fixant les tarifs
mode dit « collectif » qui est appliqué 3. Les plus de des risques applicables dans les départements
150 salariés cotisent selon un taux « individuel ». du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle
Enfin, une tarification « mixte » (avec des éléments en ce qui concerne les AT-MP pour 2014.
de calcul collectifs et individuels) est appliquée aux Ces éléments sont à retrouver
établissements dont l’effectif est compris entre 20 sur www.legifrance.gouv.fr
et 149 salariés. Plus l’entreprise est de taille impor- et www.ameli.fr, rubrique « employeurs-
tante, plus le taux est individualisé et repose sur les vos cotisations ».
résultats de l’établissement en matière de sinistra- Antoine Bondéelle

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RÉPONSES
45

Fabrication de pâte
RETOUR SUR…
À LA LOUPE
extraits du JO

à papier intégrée ou non

E
n 2012, l’activité « Fabrication de pâte monaire provoqué par l’inhalation de poussières
à papier intégrée ou non » a occupé d’amiante, 6 affections périarticulaires, 2 atteintes
6 199 salariés et totalisé 155 accidents auditives provoquées par les bruits lésionnels,
du travail. L’indice de fréquence, en 1 affection chronique du rachis lombaire provoquée
hausse, est de 25 accidents pour mille par la manutention de charges lourdes, 1 affec-
salariés. C’est donc un salarié sur quarante qui tion chronique du rachis lombaire provoquée par
est victime d’accident du travail. Ces accidents des vibrations de basses et moyennes fréquences
sont à l’origine de 9 126 journées d’incapacité transmises par le corps entier. n Jean-Claude Bastide
temporaire et 230 points de taux d’incapacité
permanente. Le coût pour la profession est estimé
à 3,24 millions d’euros et le taux net de cotisation CTN F : Bois, ameublement, papier-carton, textile, vêtements,
2014 s’élève à 3,7 %. cuirs et peaux, pierres et terres à feu
211AD : Fabrication de pâte à papier intégrée ou non
Les accidents sont dus principalement aux empla-
cements de travail – accidents de plain-pied Salariés 6 199 Indice de fréquence 25
(30,3 %) et chutes de hauteur (11,0  %) –, aux
Accidents avec arrêt 155 Taux de fréquence 17,6
manutentions manuelles (34,2 %), aux machines
(7,1 %), aux masses en mouvement (4,5 %), aux Accidents avec IP 135 Taux de gravité 1
outils (2,6 %), au levage (1,9 %)… Il est dénombré Décès 7 Indice de gravité 26,1
encore 22 maladies professionnelles dont 11 affec-
Maladies professionnelles 22 Coût estimé (M€)  3,24
tions professionnelles consécutives à l’inhalation
de poussières d’amiante, 1 cancer broncho-pul- Source : CnamTS.

Récits d’accidents (extraits d’Epicea)

Point rentrant de ressortir après un demi-tour du un amas de papier autour du tambour.


La victime, un ouvrier polyvalent rouleau d'entraînement. La victime À partir de ce moment-là, la production
de 34 ans, vient d'effectuer souffre de contusions multiples du bras est arrêtée ainsi que la partie humide.
l'embarquement d'une feuille de papier et de douleurs musculaires de l'épaule. En revanche, toute la partie sécherie
sur la supercalandre. Elle ramasse divers Elle est hospitalisée. tourne et notamment tous les rouleaux
papiers au sol. La feuille de papier vient ou tambours d’entraînement.
alors à casser. La victime se précipite Chariot Pour relancer la production, il est donc
sur le rouleau presseur, en passant son Un cariste procède au déchargement nécessaire d’enlever tout l’amas
bras au-dessus de l'enrouleur (spool). d'un camion. Il arrive au quai de de feuille enroulé autour du tambour
Elle réussit à récupérer la feuille et l'aide déchargement et voit son collègue sortir presse centrale du côté humide.
à s'embarquer de nouveau. Sa main de la remorque du camion avec trois Un premier nettoyage se fait avec
gauche est entraînée et écrasée entre bobines. Il est tout à coup percuté une lance, mais toute la feuille n'est pas
les deux rouleaux. La victime a été par son collègue au niveau de la roue retirée. Il reste une partie d’une longueur
hospitalisée. arrière droite de l'engin. Il tombe à terre d’environ 70 cm à un mètre à enlever.
sur le côté. Un autre de ses collègues Pour ce faire, un conducteur de machine
Transporteur à bande se met à crier lorsque le chariot de son pénètre entre la zone humide
La victime, conducteur de presse, collègue roule sur la victime. La victime et la sécherie, entaille le papier enroulé
veut vérifier l'encrassement du rouleau décèdera des suites de ses blessures. autour du tambour pendant qu’un autre
entraîneur, 30 cm de diamètre environ, salarié tourne le tambour au coup
et du transporteur à bande de la presse Tambours par coup. Le conducteur fait tomber
pâte à papier dont la largeur de la bande L’équipe de l’après-midi a pris le papier dans la fosse d’évacuation.
est de 3 m. Sans arrêter la machine, ses fonctions à 12 h. La machine est Il fait face à la partie humide à l’arrêt,
la victime effectue un contrôle tactile en production normale. Aux alentours et a dans son dos la partie sécherie
du rouleau. Elle est surprise par de 13 h, il y a rupture de la feuille en marche. L'espace entre les deux
l'adhérence du revêtement du rouleau, entre la zone humide et la zone sèche parties est d'environ 40 cm. En faisant
sa main droite est happée entraînant (sécherie). Les racles étant usés, la feuille cette opération d’enlèvement de papier,
le passage de son bras entier entre entraînée par le tambour ne tombe pas le conducteur est entraîné par des
le rouleau et la bande. La géométrie dans la fosse d’évacuation mais tambours en mouvement sur la partie
du bâti permet au bras de l'opérateur s’enroule autour du tambour, ce qui crée sécherie, derrière lui. Il est décédé.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


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questions-
46 RÉPONSES

Documents officiels
47
RETOUR SUR…
À la loupe
extraits du JO Extraits de textes parus du 1er au 31 octobre 2014

Santé et sécurité au travail

Prévention - Généralités Chaque année, la CnavTS enregistre sur le C3P les points cor-
respondant aux données déclarées par l’employeur sur la décla-
Situations particulières ration annuelle des données sociales (DADS) ou dans les condi-
tions prévues pour les salariés relevant du régime agricole.
■■Fonction publique La Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat)
Décret n° 2014-1255 du 27 octobre 2014 relatif à l’amélioration est chargée de l’information du salarié afférente à son compte.
du fonctionnement des services de médecine de prévention et La Carsat ou, le cas échéant, la caisse de la mutualité sociale
des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail agricole (MSA) peut effectuer ou faire effectuer des contrôles
dans la fonction publique de l’État. sur pièces et sur place de l’effectivité ou de l’ampleur de
Ministère chargé de la Fonction publique. Journal officiel du l’exposition.
29 octobre 2014 (www.legifrance.gouv.fr – 2 p.). Ce texte précise ainsi les modalités d’intervention des agents de
contrôle (avis de passage ou de contrôle) et les suites données
Arrêté du 27 octobre 2014 pris en application de l’article 75-1 par la caisse au contrôle dans le respect du contradictoire (noti-
du décret n° 82-453 du 28 mai 1982 relatif à l’hygiène et à la fication de la décision de la caisse à l’employeur et au salarié
sécurité du travail ainsi qu’à la prévention médicale dans la concerné, correction du nombre de points inscrits sur le C3P si
fonction publique. les points n’ont pas déjà été utilisés).
Ministère chargé de la Fonction publique. Journal officiel du Il précise les conditions dans lesquelles s’exerce la procédure
29 octobre 2014 (www.legifrance.gouv.fr – 2 p.). de réclamation.
En cas de différend portant sur l’attribution de points et pro-
■■Pénibilité cédant d’un désaccord entre le salarié et son employeur sur
Décret n° 2014-1155 du 9 octobre 2014 relatif à la gestion du l’exposition aux facteurs de pénibilité, le salarié doit d’abord
compte personnel de prévention de la pénibilité, aux modalités saisir son employeur.
de contrôle et de traitement des réclamations. Si l’employeur rejette sa demande, le salarié peut alors porter
Ministère chargé de la Santé. Journal officiel du 10 octobre 2014 – sa réclamation devant la Carsat. En revanche, si l’employeur y
pp. 16458-16470. fait droit, celui-ci en informe la Carsat, corrige les données sur
la déclaration et régularise les cotisations.
La loi n° 2014-40 du 20 janvier 2014 garantissant l’avenir et Si la Carsat rejette la demande du salarié, celui-ci peut saisir le
la justice du système de retraite a notamment créé le compte tribunal des affaires de sécurité sociale dans le délai de deux
personnel de prévention de la pénibilité (C3P). mois suivant la notification de rejet.
Ce compte est ouvert au bénéfice des salariés des employeurs Le décret fixe en outre la composition, les règles de fonctionne-
de droit privé et du personnel des personnes publiques employé ment et le ressort territorial de la commission, constituée dans
dans les conditions du droit privé (à l’exclusion des salariés chaque Carsat qui rend un avis motivé après lequel la caisse se
affiliés à un régime spécial de retraite comportant un dispositif prononce sur la réclamation du salarié.
spécifique de reconnaissance et de compensation de la pénibi- Il est enfin précisé que :
lité), dès lors qu’ils ont acquis des droits en raison de leur expo- • la CnavTS élabore des lignes directrices à partir des docu-
sition, après application des mesures de protection collective et ments d’aide à l’évaluation des risques (notamment les réfé-
individuelle, à un ou plusieurs facteurs de pénibilité au-delà de rentiels de branche), afin d’assurer l’harmonisation des déci-
seuils d’exposition définis par décret. sions rendues par les Carsat ;
L’article 10 de cette loi a introduit un chapitre consacré au • les agents de la Carsat et des caisses de la MSA sont asser-
C3P au sein du Code du travail (articles L. 4162-1 à L. 4162-22, mentés et agréés pour l’exercice des missions de contrôle
en vigueur au 1er janvier 2015), comprenant des dispositions et des missions liées au règlement des différends entre un
relatives au fonctionnement, à la gestion et au financement du employeur et son salarié. En cas d’infraction, ils ont qualité
compte. pour dresser des procès-verbaux (faisant foi jusqu’à preuve
Le décret n° 2014-1155, pris en application de cet article, déter- du contraire).
mine les modalités de gestion du C3P par la Caisse nationale
d’assurance vieillesse des travailleurs salariés (CnavTS) et Décret n° 2014-1156 du 9 octobre 2014 relatif à l’acquisition et
son réseau, ainsi que les modalités de contrôle de l’exposition à l’utilisation des points acquis au titre du compte personnel de
aux facteurs de pénibilité et de traitement des réclamations prévention de la pénibilité.
portant sur ce compte (introduction des articles D. 4162-24 à Ministère chargé de la Santé. Journal officiel du 10 octobre 2014 –
D. 4162‑38 du Code du travail, en vigueur au 1er janvier 2015). pp. 16470-16473.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


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En application des articles 10 à 14 de la loi n° 2014-40 du Pris également en application de l’article 10 de la loi n° 2014‑40
20 janvier 2014, ce décret précise les modalités d’acquisition du 20 janvier 2014 qui insère au sein du Code du travail les
des points au titre du C3P et les conditions d’utilisation de ces dispositions législatives relatives au C3P, ce décret précise tout
points (notamment avec la création des articles R. 4162-1 à d’abord l’organisation et le fonctionnement du fonds de finan-
R. 4162-23 du Code du travail, en vigueur au 1er janvier 2015). cement des droits liés au C3P.
Au terme de chaque année civile, l’employeur doit déclarer dans Ce fonds spécifique est placé sous la tutelle des ministres char-
le cadre de la DADS le ou les facteurs de pénibilité auxquels les gés du Travail, de la Sécurité sociale et du Budget et est admi-
salariés employés durant toute l’année ont été exposés au-delà nistré par un conseil d’administration.
des seuils, conformément aux informations consignées dans la Le conseil d’administration est composé de 37 membres dési-
fiche pénibilité. Pour les travailleurs dont le contrat de travail gnés par arrêté des ministres de tutelle, pour une durée de
d’un mois ou plus a débuté ou s’est achevé pendant l’année, la quatre ans renouvelable. Il se réunit au moins une fois par an.
déclaration des facteurs de pénibilité auxquels ils ont été expo- Il précise ensuite les modalités de la gestion administrative,
sés et de la durée d’exposition est effectuée dans les mêmes financière et comptable du fonds, qui donne lieu à une conven-
conditions. tion conclue entre le fonds et la CnavTS, approuvée par les
Des dispositions spécifiques sont prévues pour la déclaration ministres de tutelle et précisant la nature des tâches réalisées
remplie par l’employeur de travailleurs agricoles. pour le compte du fonds ainsi que les modalités de rembourse-
S’agissant du barème d’acquisition, le décret prévoit que : ment des frais correspondant.
• les salariés employés toute l’année acquièrent : Le décret n° 2014-1157 fixe enfin les règles afférentes aux
- 4 points par année civile s’ils sont exposés à un seul facteur dépenses et recettes du fonds.
de pénibilité ; S’agissant des recettes, les taux des cotisations prévues à l’ar-
- 8 points s’ils sont exposés à plusieurs facteurs. ticle L. 4162-19 du Code du travail (en vigueur au 1er janvier
• les salariés dont le contrat débute ou s’achève en cours 2015) sont les suivants :
d’année, acquièrent des points par période de trois mois • taux de la cotisation de base due par les employeurs au titre
d’exposition : des salariés qu’ils emploient et qui entrent dans le champ
- 1 point pour une exposition à un seul facteur de pénibilité ; d’application du C3P :
- 2 points en cas d’exposition à plusieurs facteurs. - pour 2015 et 2016 : nul ;
Pour ces derniers, il appartient à la CnavTS d’agréger l’en- - à compter de 2017 : 0,01 % ;
semble des déclarations transmises par le ou les employeurs • taux de la cotisation additionnelle due par les employeurs
et d’établir, pour chaque facteur de pénibilité déclaré, sa durée ayant exposé au moins un de leurs salariés à la pénibilité :
totale d’exposition en mois au titre de l’année civile. - pour 2015 et 2016 : 0,1 % au titre des salariés exposés à un
Les assurés nés avant le 1er juillet 1956 bénéficient d’un amé- seul facteur de pénibilité et 0,2 % au titre des salariés exposés
nagement du barème d’acquisition des points : le nombre de à plusieurs facteurs ;
points inscrits est multiplié par deux. - à compter de 2017 : 0,2 % au titre des salariés exposés à un
Le décret fixe à 100 points le nombre maximal de points pou- seul facteur de pénibilité et 0,4 % au titre des salariés exposés
vant être inscrits sur le C3P au titre de l’ensemble de la carrière à plusieurs facteurs.
du salarié. Ainsi, sont notamment créés les articles D. 4162-39 à D. 4162‑56
S’agissant des modalités d’utilisation des points inscrits au C3P, du Code du travail, en vigueur au 1er janvier 2015.
le salarié a le choix entre :
• financer une formation professionnelle en vue d’accéder à un Décret n° 2014-1158 du 9 octobre 2014 relatif au document
emploi non exposé ou moins exposé dans le cadre d’un abon- unique d’évaluation des risques et aux accords en faveur de la
dement de son compte personnel de formation (consomma- prévention de la pénibilité.
tion point par point, 1 point permettant d’acquérir 25 heures Ministère chargé du Travail. Journal officiel du 10 octobre 2014 –
de formation) ; p. 16477.
• financer une réduction de son temps de travail, sans que le
temps travaillé ne puisse être inférieur à 20 % ou supérieur L’article 7 de la loi n° 2014-40 du 20 janvier 2014 prévoit que
à 80 % de la durée du travail applicable dans l’établissement pour tout travailleur exposé à la pénibilité au-delà d’un cer-
(consommation par tranche de 10 points, 10 points permet- tain seuil, l’employeur établit une fiche pénibilité.
tant le financement d’une réduction équivalente à 50 % pen- Le décret n° 2014-1158 vise notamment à renforcer l’articula-
dant un trimestre) ; tion entre les fiches pénibilité et le document unique d’évalua-
• majorer la durée d’assurance vieillesse, dès lors qu’il a 55 ans tion des risques. Ainsi, le nouvel article R. 4121-1-1 du Code du
(consommation par tranche de 10 points, 10 points permet- travail prévoit que l’employeur consigne en annexe du docu-
tant d’acquérir 1 trimestre d’assurance). ment unique :
Sauf modalités particulières (prévues pour les assurés nés • les données collectives utiles à l’évaluation des expositions
avant le 1er janvier 1963), les 20 premiers points inscrits sur le à la pénibilité de nature à faciliter l’établissement des fiches
C3P sont réservés à la formation professionnelle. pénibilité, notamment à partir de l’identification de situa-
Le site internet dédié permet au titulaire du compte d’accéder à tions types d’exposition ;
un relevé de points et d’effectuer la demande d’utilisation des • la proportion de salariés exposés (en l’actualisant lors de la
points inscrits. mise à jour du document unique).
Par conséquent, l’article R. 138-32 du Code de la Sécurité
Décret n° 2014-1157 du 9 octobre 2014 relatif au fonds de sociale est abrogé.
financement des droits liés au compte personnel de prévention L’article 13 de la même loi insère, au 1er janvier 2015, dans le
de la pénibilité. Code du travail, un chapitre consacré aux accords en faveur
Ministère chargé de la Santé. Journal officiel du 10 octobre 2014 – de la prévention de la pénibilité (articles L. 4163-1 à L. 4163-4
pp. 16473-16475. en vigueur au 1er janvier 2015). Les dispositions prévues

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014
services
questions-
48 RÉPONSES
49 RETOUR SUR…
aux articles L. 138-29 à L. 138-31 Il est par ailleurs précisé que lorsque la durée minimale d’expo-
À la loupe du Code de la Sécurité sociale sition est décomptée en nombre d’heures par an, le dépasse-
extraits du JO sont transférées sous ce nouveau ment du seuil doit être apprécié en cumulant les durées pendant
chapitre. lesquelles se déroule chacune des actions ou pendant lesquelles
Le décret procède donc à la créa- chacune des situations est constatée.
tion de trois sections au sein du Code du travail relatives à Le décret abroge les articles D. 4121-5 à D. 4121-9 du Code du
la procédure applicable aux accords en faveur de la préven- travail et crée les articles D. 4161-1 à D. 4161-4.
tion de la pénibilité, en reprenant des dispositions qui figurent Il entre en vigueur le 1er janvier 2015, à l’exception des seuils de
actuellement dans le Code de la Sécurité sociale (articles certains facteurs de pénibilité (précisés ci-dessus).
R. 138-33 à R. 138-37 du Code de la Sécurité sociale, trans-
férés avec quelques modifications aux articles R. 4163-4 à Décret n° 2014-1160 du 9 octobre 2014 relatif aux accords en
R. 4263-8 du Code du travail). faveur de la prévention de la pénibilité.
Ces dispositions entrent en vigueur au 1er janvier 2015. Ministère chargé du Travail. Journal officiel du 10 octobre 2014 –
pp. 16479-16480.
Décret n° 2014-1159 du 9 octobre 2014 relatif à l’exposition des
travailleurs à certains facteurs de risque professionnel au-delà Ce texte transfère, en les modifiant légèrement, les dispositions
de certains seuils de pénibilité et à sa traçabilité. des articles D. 138-26 à D. 138-28 du Code de la Sécurité sociale
Ministère chargé du Travail. Journal officiel du 10 octobre 2014 – aux articles D. 4163-1 à D. 4163-3 du Code du travail, à compter
pp. 16478-16479. du 1er janvier 2015.
Certaines modifications n’entreront en vigueur qu’au 1er janvier
L’article 7 de la loi 2014-40 introduit la notion de seuils d’ex- 2018, notamment :
position en complétant les dispositions de l’article L. 4121-3-1 • la proportion de salariés exposés aux facteurs de pénibilité
du Code du travail pour créer l’article L. 4161-1 (en vigueur au déclenchant l’obligation de conclure un accord ou d’établir un
1er janvier 2015) : ne sont prises en compte, pour la rédaction plan d’action passera de 50 % à 25 % de l’effectif ;
de la fiche pénibilité, que les expositions au-delà de certains • dans la première liste de thèmes devant obligatoirement être
seuils après application des mesures de protection collective abordés il faudra traiter au moins deux thèmes parmi les trois
et individuelle. suivants :
Le décret n° 2014-1159 introduit, à compter du 1er janvier 2015, - la réduction des polyexpositions aux facteurs de pénibilité
cette notion de seuils dans les dispositions réglementaires au-delà des seuils ;
relatives à la fiche pénibilité et fixe ces seuils. - l’adaptation et l’aménagement du poste de travail ;
Sont désormais prévus, pour chaque facteur de risque profes- - la réduction des expositions aux facteurs de pénibilité (et
sionnel, des seuils d’exposition chiffrés associant une action non plus un seul thème parmi les deux premiers listés).
ou une situation à une intensité et une durée minimale. Ainsi, • Pour la seconde liste de thèmes au sein de laquelle il convient
sous forme de tableau, le nouvel article D. 4121-2 reprend les d’en choisir deux (parmi l’amélioration, des conditions de tra-
facteurs de risque professionnel pris en compte au titre de la vail, le développement des compétences et des qualifications,
pénibilité et fixe les seuils associés : l’aménagement des fins de carrière, le maintien en activité
• au titre des contraintes physiques marquées : des salariés exposés aux facteurs de pénibilité), l’accord ou
- manutentions manuelles de charges (seuils entrant en le plan d’action devra préciser les mesures de nature à per-
vigueur au 1er janvier 2016) ; mettre aux titulaires d’un C3P d’affecter les points qui y sont
- postures pénibles (seuils entrant en vigueur au 1er janvier inscrits au financement d’une formation professionnelle ou
2016) ; d’une réduction du temps de travail.
- vibrations mécaniques (seuils entrant en vigueur au Le décret précise que les accords d’entreprise ou de groupe,
1er janvier 2016) ; les plans d’action et les accords de branche étendus conclus
• au titre de l’environnement physique agressif : en application des articles L. 138-29 et suivants du Code de
- agents chimiques dangereux (seuils entrant en vigueur au la Sécurité sociale (version antérieure à la loi n° 2014-40), en
1er janvier 2016 et dont la détermination nécessite des préci- vigueur au 1er janvier 2015, continuent de produire leurs effets
sions prises par arrêté) ; jusqu’à leur terme.
- activités exercées en milieu hyperbare (seuils entrant en
vigueur au 1er janvier 2015) ; Risques chimiques et biologiques
- températures extrêmes (seuils entrant en vigueur au 1e jan-
vier 2016) ; Risque chimique
- bruit (seuils entrant en vigueur au 1er janvier 2016) ;
• au titre de certains rythmes de travail : ■■Amiante
- travail de nuit (seuils entrant en vigueur au 1er janvier Arrêté du 8 octobre 2014 modifiant et complétant la liste
2015) ; des établissements de fabrication, flocage et calorifugeage à
- travail en équipes successives alternantes (seuils entrant l’amiante susceptibles d’ouvrir droit à l’allocation de cessation
en vigueur au 1er janvier 2015) ; anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante.
- travail répétitif (seuils entrant en vigueur au 1er janvier Ministère chargé du Travail. Journal officiel du 16 octobre 2014 –
2015). pp. 17173-17174.
Outre les modalités de transmission et de conservation de la
fiche, ainsi que les méthodes d’évaluation de l’exposition des Arrêté du 8 octobre 2014 modifiant et complétant la liste des
travailleurs aux facteurs de pénibilité, il est rappelé que cette établissements et des métiers de la construction et de la répa-
exposition au regard des seuils est appréciée après application ration navales susceptibles d’ouvrir droit à l’allocation de ces-
des mesures de protection collective et individuelle. sation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


services

Ministère chargé du Travail. Journal officiel du 16 octobre 2014 ‑ portant classification et attestation de conformité du comporte-
p. 17174. ment au feu des conducteurs et câbles électriques, et agrément
des laboratoires d’essais, et fixant les modalités transitoires
Arrêté du 9 octobre 2014 modifiant la liste des établissements d’utilisation des classes européennes de réaction au feu.
et des métiers de la construction et de la réparation navales Ministère chargé de l’Intérieur. Journal officiel du 28 octobre 2014 –
susceptibles d’ouvrir droit à l’allocation de cessation anticipée pp. 17816-17817.
d’activité des travailleurs de l’amiante.
Ministère chargé du Travail. Journal officiel du 22 octobre 2014 – Communication de la Commission dans le cadre de la mise en
pp. 17544-17545. œuvre du règlement (UE) n° 305/2011 du Parlement européen et
du Conseil du 9 mars 2011 établissant des conditions harmoni-
■■Biocides sées de commercialisation pour les produits de construction et
Règlement délégué (UE) n° 1062/2014 de la Commission du abrogeant la directive 89/106/CEE du Conseil.
4 août 2014 relatif au programme de travail pour l’examen sys- Commission européenne. Journal officiel de l’Union européenne,
tématique de toutes les substances actives existantes conte- n° C 359 du 10 octobre 2014 – pp. 1-46.
nues dans des produits biocides visé dans le règlement (UE)
n° 528/2012 du Parlement européen et du Conseil. Cette communication publie les titres et références des normes
Commission européenne. Journal officiel de l’Union européenne, harmonisées au titre du règlement (UE) n° 305/2011 relatif aux
n°  L 294 du 10 octobre 2014 – pp. 1-34. produits de construction.

Ce texte adapte les modalités de mise en œuvre du programme Risque mécanique


de travail entrepris aux fins de l’examen systématique de toutes
les substances actives existantes aux dispositions du règlement ■■Ascenseurs
n° 528/2012 (qui a abrogé et remplacé la directive 98/8/CE sur Décret n° 2014-1230 du 21 octobre 2014 relatif aux travaux de
le fondement de laquelle le programme a été entamé). sécurité sur les installations d’ascenseurs.
Le règlement (CE) n°  1451/2007 de la Commission du Ministère chargé du Logement. Journal officiel du 23 octobre 2014 –
4 décembre 2007 est abrogé. pp. 17602-17603.

Décret n° 2014-1175 du 13 octobre 2014 relatif aux procé- Les propriétaires d’ascenseurs installés avant le 27 août 2000
dures d’approbation, de mise à disposition sur le marché et ne répondant pas aux normes de sécurité sont tenus de réaliser
de déclaration des produits biocides et des substances actives des travaux dans les délais fixés par l’article R. 125-1-2 du Code
biocides. de la construction et de l’habitation.
Ministère chargé de l’Environnement. Journal officiel du 15 octobre Dans ce contexte, le décret n° 2014-1230 supprime l’obligation
2014 – pp. 16930-16938. d’installer un dispositif de protection contre la vitesse excessive
en montée des ascenseurs électriques à adhérence (abrogation
Le règlement européen (UE) n° 528/2012 du Parlement euro- du 2 du III de l’article R. 125-1-2 du même code).
péen et du Conseil du 22 mai 2012 concernant la mise à dis-
position sur le marché et l’utilisation des produits biocides a Risque physique
introduit de nouvelles procédures qui visent à :
• renforcer la protection de l’homme et de l’environnement ; ■■Équipement sous pression
• accélérer le processus de d’évaluation des substances actives ; Arrêté du 2 septembre 2014 portant interdiction de maintien
• simplifier l’autorisation de mise sur le marché des produits. en service et contrôle exceptionnel de récipients à pression.
Le décret n° 2014-1175, pris pour l’application des articles 12 Ministère chargé de l’Environnement. Journal officiel du 16 octobre
et 13 de la loi n° 2013-619 du 16 juillet 2013, adapte la régle- 2014 – p. 17169.
mentation française à ces nouvelles prescriptions. Il est entré
en vigueur le 16 octobre 2014, à l’exception de certaines dis- ■■Rayonnements ionisants
positions dont la date d’application est liée à la date d’entrée Arrêté du 15 mai 2014 modifiant l’article 23 de l’arrêté du
en vigueur d’un arrêté. Le décret n° 2011-578 du 25 mai 2011 15 mai 2006 relatif aux conditions de délimitation et de signa-
relatif à la commission des produits chimiques et biocides est lisation des zones surveillées et contrôlées et des zones spécia-
abrogé. lement réglementées ou interdites compte tenu de l’exposition
aux rayonnements ionisants ainsi qu’aux règles d’hygiène, de
■■Exportations et importations sécurité et d’entretien qui y sont imposées.
Règlement délégué (UE) n° 1078/2014 de la Commission du Ministère chargé du Travail. Journal officiel du 8 octobre 2014 –
7 août 2014 modifiant l’annexe I du règlement (UE) n° 649/2012 pp. 16327-16328.
du Parlement européen et du Conseil concernant les exporta-
tions et importations de produits chimiques dangereux. Risque routier/transport
Commission européenne. Journal officiel de l’Union européenne,
n°  L 297 du 15 octobre 2014 – pp. 1-6. ■■Transport routier
Arrêté du 1er octobre 2014 fixant les conditions de délivrance
Risques physiques et mécaniques de la carte de qualification de conducteur aux formateurs et
moniteurs d’entreprise qui dispensent les formations profes-
BTP sionnelles obligatoires des conducteurs routiers du transport de
marchandises et de voyageurs.
■■Produits de construction Ministère chargé de l’Environnement. Journal officiel du 14 octobre
Arrêté du 15 octobre 2014 modifiant l’arrêté du 21 juillet 1994 2014 – pp. 16672-16673.

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


l’InstItUt natIOnal dE RECHERCHE Et dE séCURIté
50 pour la prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles est une association déclarée sans but lucratif.

statUts Et MIssIOns et de l’ergonomie, dont les moyens très divers n Union professionnelle artisanale (UPA)
n L’Institut national de recherche et concourent à la réalisation des programmes L’association est soumise au contrôle
de sécurité (INRS) est une association d’activité. financier de l’État.
(loi du 1er juillet 1901), constituée sous l’égide
de la Caisse nationale de l’Assurance maladie. MEMbREs pRésEnts dE dROIt COnsEIl d’adMInIstRatIOn
n Le directeur de la Direction générale n président : Jean-François Naton
Son conseil d’administration est composé
du travail (ministère chargé du Travail)
en nombre égal de représentants des n Vice-président : Marc Veyron
organisations professionnelles d’employeurs et n Le directeur de la Sécurité sociale
n secrétaire : Nathalie Buet
des organisations syndicales de salariés. (ministère chargé de la Sécurité sociale)
n trésorier : Pierre Thillaud
n L’INRS apporte son concours à la Caisse n Le directeur du Budget
n secrétaire adjoint : Pierre-Yves Montéléon
nationale de l’Assurance maladie des travailleurs (ministère du Budget)
n Le directeur de la Caisse nationale n trésorier adjoint : Ronald Schouller
salariés, aux caisses régionales d’Assurance
maladie, aux comités d’hygiène, de sécurité et de l’assurance maladie n administrateurs titulaires :
des conditions de travail, aux entreprises ainsi n Le controleur général économique Nathalie Buet, Marie-Claude Brault, Jocelyne
qu’aux services de l’État et à toute personne, et financier auprès de l’Institut national Chabert, Hugues Decoudun, Serge Gonzales,
employeur ou salarié, qui s’intéresse à la de recherche et de sécurité. Anne Heger, Edwina Lamoureux, Marie-Hélène
prévention. Leroy, Christian Lesouef, José Lubrano, Pierre-
MEMbREs aCtIfs dE l’assOCIatIOn Yves Monteleon, Jean-François Naton, Carole
n L’INRS recueille, élabore et diffuse toute n Confédération générale du travail (CGT)
Panozzo, Monique Rabussier, Bernard Salengro,
documentation intéressant l’hygiène
n Confédération française démocratique Ronald Schouller, Pierre Thillaud, Marc Veyron
et la sécurité du travail : brochures, dépliants,
du travail (CFDT)
affiches, films, renseignements bibliographiques...
n Confédération générale du travail-force n administrateurs suppléants :
n L’INRS forme des techniciens
ouvrière (CGT-FO) Elodie Corrieu, Philippe Debouzy,
de la prévention.
n Confédération française des travailleurs Alain Delaunay, Isabelle Delorme,
n L’INRS procède, en son centre de Lorraine, Vincent Gassmann, Renaud Giroudet,
chrétiens (CFTC)
aux études permettant d’améliorer les conditions Christine Guinand, Jean-Baptiste Pascaud,
de sécurité et d’hygiène du travail. n Confédération française
Alain Lejeau, Salomé Mandelcwajg,
de l’encadrement (CFE-CGC)
n Le centre comprend des départements Philippe Maussion, Mohand Meziani,
et services scientifiques dans les domaines n Mouvement des entreprises de France (Medef) Annie Michel, Martine Philippon,
des risques chimiques, des risques physiques, n Confédération générale des petites Philippe Prudhon, Jean-Benoit Sangnier,
de la sécurité des machines et des systèmes, et moyennes entreprises (CGPME) Betty Vadeboin.

travail sécurité & LE mEnsUEL DE LA PRÉVEnTIOn DEs RIsQUEs PROFEssIOnnELs


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n SoCiÉTÉ............................................................................................................................ n CoDe APe .......................................................

n noM DU DeSTinATAire.....................................................................................................................................................................................................
Travail isolé
n ADreSSe..........................................................................................................................................................................................................................................
Une trop dangereuse 
n CoDe PoSTAL............................................................................................................ n BP...............................................................................
N° 741 – juillet-août 2013 – 5,10 e

solitude
n en iMaGes n Une joUrnée avec
Une cadre de santé
n en enTrePrise
La course contre
n services
L’équipe pluridisciplinaire
n PAYS..................................................................................................................................... n viLLe........................................................................
Une nouvelle façon
sur tous les fronts la montre des drives de santé au travail

n CoUrrieL....................................................................................................................... n TÉL.............................................................................
de construire
l’avenir

Le MAGAZine
De LA PrÉvenTion DeS
riSQUeS ProFeSSionneLS
taRIf annUEl 2014* nombre d’abonnements total
❏ France 46 € x.............. ..............€
à REnVOYER à ❏ Dom 51 € x.............. ..............€
inrS service abonnements
Com & Com ❏ europe-Tom 68 € x.............. ..............€
Bâtiment Copernic ❏ reste du monde 73 € x.............. ..............€
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* exonération TvA
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Tél. : 01 40 94 22 22
abonnement@inrs.fr RèGlEMEnt : Par chèque ❏ Par virement ❏ Demande de facture acquittée ❏
Pour plus d’infos : Adresse de facturation (si différente) ❏
www.travail-et-securite.fr ...................................................................................................................................................................................................................................................................

travail & sécurité – n° 756 – décembre 2014


Colloque
Rayonnements optiques
& électromagnétiques au travail
///// De l’exposition à lA prévention
l’exposition aux rayonnements optiques artificiels et aux champs
électromagnétiques peut entraîner des pathologies et des effets
biophysiques directs et indirects.
20, 21 & 22
pour aider les responsables d’entreprises, les médecins
du travail et les autres spécialistes de la prévention, l’inrs
oCtoBre 2015
organise ce colloque destiné à faire le point sur la mise
en œuvre de solutions de prévention. PARIS
///// Thèmes abordés Inscription obligatoire :
www.inrs-rayonnements2015.fr
> État des lieux, environnements professionnels, effets,
santé au travail. Contact : rayonnements2015@inrs.fr
> Réglementation et normalisation.
> Évaluation des risques, métrologie, activités
particulièrement exposées.
www.inrs.fr
> Prévention médicale et technique,
organisation du travail.
> Enjeux et perspectives.

///// Public concerné


Bureaux d’études, Carsat, CHSCT, inspection du Appel à communications
travail, organismes de contrôle, services
prévention des entreprises, services de
Soumission électronique des résumés avant
santé au travail, cabinets de consultants… le 27 février 2015
“SANTÉ ET SÉCURITÉ AU TRAVAIL”

À VOUS DE FILMER !

CONCOURS VIDÉO INRS 2015


“DE L’ÉCOLE AU TRAVAIL”
CFA & LYCÉES PROFESSIONNELS
À poster sur avant le 24 mars 2015

Pour en savoir plus : www.esst-inrs.fr/concoursvideo2015


Suivez le concours sur : delecoleautravail Notre métier, rendre le vôtre plus sûr. www.inrs.fr

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