Exploration-Production
Développement
Appréciation d’une découverte
Lorsque l'exploration aboutit à une découverte, l'étape
suivante est la délinéation (limites du gisement) et
l'appréciation du gisement. Elle regroupe l'ensemble des
opérations (travaux et études) qui doivent permettre de
confirmer si la découverte est commerciale, en évaluant de
manière plus précise le montant des réserves et les conditions
de production.
Des études économiques compléteront les études techniques.
Le dossier final, qui peut être un document contractuel remis
aux autorités, permet aux décideurs de la compagnie
pétrolière de préparer la décision de développement.
Une fois le gisement délimité, on dispose de renseignements
sur :
9 l’épaisseur de la couche et sa porosité,
9 la saturation en huile et en gaz,
9 la composition de l’effluent,
9 la pression de réservoir.
Il convient alors de se poser les questions essentielles : le
gisement est-il commercial ? faut-il le développer ? si oui,
selon quel schéma ?, etc. Les réponses à ces interrogations
sont apportées par l’ensemble des métiers des « 3 G » :
géologie, géophysique et ingénierie de gisement.
En effet, la quantité d’hydrocarbures récupérables dépend du
processus de récupération choisi, c’est-à-dire, du rythme de
production, des méthodes de drainage, du nombre et de
l’emplacement des puits, etc. Tout ceci est, bien sûr, relié au
contexte économique général (prix, fiscalité, etc.) et à celui
propre à l’entreprise (disponibilités financières) et donc sujet
à des évolutions.
C’est pourquoi, des équipes multidisciplinaires formées
autour du projet, constituées de géologues, géophysiciens,
architectes pétroliers, foreurs, producteurs et ingénieurs de
gisement étudient les résultats issus de la prospection, des
puits de délinéation et d’autres sources. Leurs travaux
prennent également en compte les hypothèses préconisées par
les économistes et les financiers.
Ces équipes vont bâtir une image détaillée de l’étendue du
réservoir, de ses diverses caractéristiques et de ses
accumulations en place. Ceci permettra de considérer
différents scénarios de développement du réservoir et de les
tester sur des modèles de simulation afin d’appréhender leur
valeur économique.
A-40
Ingénierie du développement
Une fois prise la décision de mettre en production, il s’agit
alors de développer le champ c’est à dire de mettre en place
tous les équipements qui permettront d'exploiter le gisement :
forage des puits de production, réseaux de collecte,
installations de production, équipements traitement et
comptage et système d'évacuation.
Sauf pour les cas marginaux comme les petits satellites dont
le développement est très rapide, cette phase de
développement s'étale, en général, sur 2 à 3 ans.
L'ingénierie d'un développement consiste à tirer le meilleur
parti du gisement. Essentiellement empirique au début,
l'extraction des hydrocarbures est progressivement devenue
une technique. Le "reservoir engineering" ou étude des
gisements permet une exploitation rationnelle tant sur le plan
technique que sur le plan économique.
Le schéma de développement est différent selon qu'il s'agit
d'un gisement à terre ou en mer. En effet, en mer les
équipements devront être installés sur des plates-formes, des
semi-submersibles ou des bateaux.
Les investissements de développement comprennent les coûts
des forages, ceux des installations de production et des
systèmes d’évacuation.
Selon la région, le coût du développement varie
considérablement.
Les principaux paramètres de ce coût sont les suivants :
9 la profondeur de l'objectif qui va jouer surtout sur le coût
des forages (30 % en moyenne du coût total du
développement),
9 la qualité du réservoir : volume, perméabilité,
productivité, etc. qui va déterminer le nombre de forages
nécessaires,
9 la qualité des produits : densité, viscosité (une grande
teneur en paraffine peut exiger un préchauffage des
installations),
9 l'environnement géographique : à terre ou en mer (mer
calme ou non), prise en compte d'exigences écologiques,
éloignement, etc.
Poids et structure des coûts de développement
Les investissements de développement représentent entre
40% et 60% du coût total du projet et se répartissent en deux
catégories selon la terminologie anglo-saxonne :
Exploration-Production A-40

Développement

9 les coûts tangibles qui concernent principalement les de l’ordre de 15 à 20 ans. Le plateau de production devrait
installations de tête, les pompes de production, dans atteindre 60 000 b/j d’huile et 100 Mcf/j de gaz. Il faut au
certains cas, les tubings et casings..., total 15 puits pour assurer cette production qui sont tous
9 les coûts intangibles correspondent aux produits préforés avant l’arrivée sur le site.
consommables tels que boue de forage, additifs, ciment,
etc. Le schéma de développement retenu comporte un support de
production flottant à grand tirant d’eau de type Spar
Tous ces coûts, ajoutés à ceux de l'exploration-appréciation, (structure flottante de section circulaire ) avec têtes de puits
sont amortis selon les règles comptables en vigueur dans le en surface et expédition de la production vers des
pays : en général, amortissement immédiat pour l'exploration installations existantes.
"sèche" (pas de découverte) et les intangibles et
amortissement linéaire ou dégressif pour les tangibles. Dans Par rapport à un développement sous-marin, ce concept
certains cas, c'est l'amortissement à l'unité de production qui présente l’intérêt de regrouper les fonctions de forage et de
sera pratiqué. production sur un même support, ce qui permet d’intervenir
sur un puits sans avoir à mobiliser un appareil de forage. Ce
Certains investissements complémentaires, tels que système permet également de s’affranchir des problèmes liés
recompression, investissements de récupération améliorée, au transport d’un effluent polyphasique sur une longue
etc., sont considérés comme du développement et traités distance.
comme tel par la fiscalité.
Le module de forage et de production, incluant les quartiers
d’habitation d’une capacité de 110 personnes, est constitué de
trois ponts d’ une surface totale de l’ordre de 9000 m². Le
Exemples de développement poids à vide de ce module est estimé à environ 9000 t. Après
séparation, la production est expédiée vers des installations
Projet « Golfe de Guinée » existantes, situées en eau moins profonde, par deux pipelines
Ce prospect est situé par 1500 m d’eau dans le golfe de indépendants, l’un de 10" de diamètre et 60 km de longueur
Guinée. Il est constitué de réservoirs multicouches étagés pour le gaz, l’autre de 16" et 70 km pour l’huile.
entre 900 et 1700 m de profondeur sous le fond marin. Les
réserves sont estimées à 750 Mb d’huile avec une durée de Pour ces projets, les estimations d’investissements sont :
vie du champ de l’ordre de 20 à 25 ans. Le plateau de
production devrait atteindre 200 000 b/j. M$ Guinée Mexique
- Support de production 750 460
Du fait du manque d’infrastructures pétrolières locales et de - Equipement sous-marin et 410 -
l’éloignement des marchés, le schéma de développement contrôle
retenu repose sur un FPSO (Floating, Production, Storage, - Réseau de collecte 630 -
Offloading) collectant un réseau de production sous-marin. - Système d’expédition 40 45
Le FPSO, ancré, est conçu à partir d’une coque nue ayant une - Coût compagnie (1) 235 65
capacité de stockage d’huile de 2 Mb. Les installations de - Provisions 310 85
traitement et les utilités sont concentrées en un ou plusieurs - Forage-puits 900 150
modules indépendants sur le pont supérieur. Leur poids à
vide est estimé à 20 000 t.
Total investissements (M$) 3275 805
63 puits producteurs, injecteurs d’eau et de gaz ont été forés.
L’expédition de la production de pétrole s’effectue par des Investissements en $/bep 4,4 4,5
tankers d’enlèvement à partir d’une bouée de déchargement
ancrée à 2 km du FPSO. Le gaz associé à la production
(1) management et supervision du projet, études et travaux
d’huile est réinjecté au toit du réservoir.
préliminaires ainsi que les assurances
Projet « Golfe du Mexique »
Ces deux exemples de prospects en mer profonde montrent
Le prospect est situé par 1500 m d’eau dans le golfe du
que des champs de tailles différentes peuvent présenter des
Mexique. Le gisement, s’étend sur une superficie de 22 km².
coûts techniques par baril de même ordre de grandeur.
Il est constitué de réservoirs multicouches étagés entre 1800
et 3000 m de profondeur sous le fond marin. Les réserves
sont estimées à 180 Mbep, avec une durée de vie du champ Mis à jour le 10 décembre 2001.