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Module 5 : Appréhender la régulation du marché mondial

des biens et des services


5.2 : Caractériser un bien public mondial et analyser les
modes de gestion associés à ces biens et leurs impacts
sur l’activité économique.

Caractériser la notion de Bien Public Mondial

Ce thème fait l’objet de nombreuses réflexions depuis quelques années. La mondialisation, les crises,
le sous développement et les risques globaux sont à l’origine du concept de Bien Public Mondial. De
nombreux articles ont été publiés à ce sujet et la Banque mondiale a même publié un rapport sur le
financement de ces biens publics mondiaux.

Les critiques sont toutefois nombreuses et certaines divergences apparaissent sur la question.

Qu’est ce qu’un bien public mondial ? Quelle est la nature des polémiques soulevées à ce sujet ?

I – Qu’est ce qu’un bien public mondial ?


Classiquement, un bien. public mondial se définit comme un bien non exclusif et ne devant faire l’objet
d’aucune rivalité. En clair il est impossible d’établir un droit de propriété ou d’usage sur ces biens.
Ces biens publics mondiaux échappent au marché – La préservation et le financement de ces biens
sont donc nécessairement publics.

La notion de non-rivalité est associée au fait que La notion de non-exclusion est souvent définie
la consommation du bien public par un agent comme le fait qu'il est impossible ou techniquement
n'empêche pas la consommation de ce même bien très coûteux d'interdire l'accès de ce bien ou service à
par d'autres agents. On dit que le bien est ceux qui souhaitent en profiter: c'est le cas des routes
"indivisible" ou qu'il n'est pas détruit par la ou de l'éclairage public. Il est donc difficile de leur en
consommation. Ainsi une émission de radio peut faire payer le prix. Mais dans de nombreux cas, la non
être écoutée par une infinité d'auditeurs. Dans exclusion peut aussi signifier que le citoyen n'a pas le
certains cas, des effets dits de "congestion d'usage" choix: les bénéfices du bien public s'imposent à lui, qu'il
peuvent altérer la propriété de non rivalité: c'est le soit demandeur ou non. Ainsi l'éradication d'une
cas d'une route surchargée ou d'une plage bondée. maladie infectieuse ou l'amélioration de la qualité
Lorsqu'une des propriétés -de non exclusion ou de atmosphérique bénéficie à tous.
non rivalité- n'est pas entièrement présente, on parle
d'un bien public impur.

Important : Les biens publics mondiaux peuvent être des biens ou des maux
Des biens : La préservation de la paix, par exemple, peut être considérée comme un bien public
mondial. Il en va de même pour la promotion de l’éducation, la protection de l’environnement ou
encore le partage des connaissances.

On comprend que les interactions entre les différents domaines sont très fortes et que des progrès
apportés dans un domaine peuvent facilement se répercuter sur un ou plusieurs autres domaines.
Grâce à ces synergies, les avantages qui résulteraient du financement de biens publics mondiaux
seraient potentiellement bien plus grands que la somme de leurs financements isolés.

Des maux :

On parle ici de maux publics mondiaux. Il s’agit essentiellement des risques environnementaux
globaux liés aux ‘externalités’ globales On peut citer par exemple la pollution des océans, la question
du réchauffement planétaire, les pluies acides par exemple, ou encore la pollution alimentaire etc…

La notion de Bien public mondial permet donc de mettre en évidence les interactions très étroites
entre les phénomènes et l’idée s’impose peu à peu que les choix effectués dans un pays peuvent se
répercuter ailleurs ( aussi bien positivement que négativement ! ) et que seule une action conjointe de
tous pourrait améliorer le bien être global.

En bref, la préservation des biens publics mondiaux suppose une coopération accrue entre tous les
pays afin de s’entendre sur des solutions communes, qu’elles soient institutionnelles, économiques ou
politiques.

II – La notion de bien public mondial s’élargit

Comme nous venons de le voir, la définition initiale d’un bien public mondial était finalement très
étriquée dans la mesure ou elle correspondait à une qualité inhérente du bien. De ce point de vue, il
appartenait « naturellement » aux états de pallier aux défaillances du marché concernant le
financement et la gestion de ces biens.

Aujourd’hui de nouvelles polémiques apparaissent ; En effet, un certain nombre d’auteurs ont


proposé d’élargir la notion – l’idée étant que la caractère public du bien puisse être un choix
politique plutôt qu’une qualité inhérente du bien.

Bien entendu, tout ceci change radicalement la nature du débat donc la nature de la coopération
internationale puisqu’il s’agit désormais de définir et d’appliquer au cas par cas l’intérêt général
mondial.
C’est le cas par exemple de la culture et de l’éducation, c'est-à-dire des biens que les citoyens ne sont
pas forcément prêts à acquérir sur un marché. Il en est également ainsi pour des biens et services
essentiels tels que l’accès aux soins, l’accès à l’eau, etc.

Beaucoup craignent donc que le bien public mondial devienne une notion « fourre tout » qui
mélangerait tous les concepts ( efficacité économique, justice sociale, etc .).

A cet égard, les orientations du groupe de travail international mandaté par la France et la Suède sur
les biens publics mondiaux ont été très critiquées car ce groupe de travail en est resté à une définition
très restrictive de la notion de bien public mondial.

« Parallèlement à cette approche libérale, le contenu du rapport présente une vision très restrictive
des biens publics mondiaux. On pouvait espérer que la perspective des Objectifs du millénaire pour le
développement encouragerait à plus de volontarisme et d’ambition pour améliorer la coopération
internationale en vue de résoudre les grands défis mondiaux. Mais là encore, le lecteur du rapport est
déçu. Ainsi, le thème de la santé se limite à la “ lutte contre les maladies transmissibles ”. “ Le risque
d’un passage de ces maladies dans le monde développé n’est pas du tout négligeable, comme en
témoigne la propagation internationale du SRAS (symptôme respiratoire aigu sévère) et de la grippe
aviaire. (…) On voit bien aussi qu’il faut aider les pays qui sont le « maillon faible » de l’ensemble des
systèmes de soins, pour renforcer ceux-ci car c’est là manifestement une action relevant de l’intérêt
général international (…) ” Les gouvernements des pays riches ne seraient-ils prêts à s’investir dans
un cadre multilatéral que s’ils perçoivent directement leur propre intérêt à canaliser un risque
potentiel ? Que deviennent les Objectifs du millénaire pour le développement de réduction de la
mortalité infantile et d’amélioration de la santé maternelle, repris dans le dernier rapport de
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ? Sans parler des questions de santé publique telles que le
diabète, les maladies cardio-vasculaire ou encore l’augmentation alarmante des cancers à l’échelle
mondiale. Notons d’ailleurs que si les cancers ne sont pas des affections transmissibles, leur
développement est alimenté par la prolifération de substances cancérigènes qui, elles, n’ont pas de
frontières. »

Source Marie Laure Urvoy Shangare - http://www.institut-gouvernance.org/fr/analyse/fiche-analyse-


34.html

III – La notion de bien public mondial fait apparaître la nécessité


d’une nouvelle articulation entre la sphère marchande et la
sphère publique.

Les questions non résolues sont nombreuses.

Quelles sont les priorités en terme de financement public ?

Les cadres des négociations actuelles sont-ils bien adaptés ? par exemple « L'expérience du Sommet
mondial du développement durable à Johannesburg démontre que les accords obtenus dans
l'enceinte officielle des négociations ne sont bien souvent que le reflet du "plus petit dénominateur
commun" des parties prenantes et restent fortement marqués par la suspicion mutuelle, les
asymétries de pouvoir, la poursuite des intérêts nationaux et l'hégémonie de la justification
économique. » Sophie Toyer

Faut-il centraliser ou décentraliser les processus de décision et les négociations ?


Il est certain que les préférences locales seraient mieux respectées dans le cadre d’une
décentralisation. D’un autre coté l’obtention de consensus à un niveau centralisé serait l’idéal ,
utopique peut être, mais idéal.

En fait, il n’existe pas de recette miracle dans la mesure ou chaque bien public mondial nécessite une
recherche de combinaison optimale entre des solutions centralisées et décentralisées.

L’exemple de l’accès aux soins illustre assez bien cette question :

« Si l'accès aux soins essentiels est reconnu comme un bien public mondial, alors certes la création
d'un fonds mondial pour la santé, qui financerait la recherche sur les maladies orphelines et qui
gérerait les campagnes de vaccination, devrait être envisagée. Mais les solutions s'orientent aussi
aujourd'hui vers un meilleur partenariat avec le secteur privé des industries pharmaceutiques par le
biais d'une réforme de la structuration des marchés et des droits de propriété intellectuelle. Elles
exigent donc que certaines règles existantes du commerce mondial puissent être renégociées et
aménagées. » Sophie Toyer

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