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Hallucination / [signé

Esquirol]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Esquirol, Étienne (1772-1840). Auteur du texte. Hallucination /
[signé Esquirol].

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HALLUCINATION.
(O '

A l'article Mie j'ai indiqué un fait très-remarquabled'halluci*


nation de l'ouïe avec impulsion au suicide; h l'articlede'mono-
"' manie j'ai rapporté plusieurs faits d'hallucination de l'ouïe et
de la vue, et même de l'ouïe, de l'odorat et du goût, Dans
les articles manie et mélancolie on trouvera encore des fait?
analogues, ainsi qu'aux mots vision, visionnaire.
De tous les faits on peut, conclure qu'il existe une certaine
forme de délire dans lequel les individus croient percevoir,
tantôt par un sens, tantôt par un autre, des sensations, tandis
que nul objet extérieur n'est présent pour exciter ces.sensations.
Ainsi un homme en délire entend parler, interroge, répond
tient une conversation suivie, distingue très-intelligiblement les
reproches, les injures, les menaces, les ordres qu'on lui adresse ;
il entend les harmonies célestes, le chant des oiseaux, un cqnT
cert, et personne ne lui parlé, et cependant nulle voix n'est
à sa portée, tout, autour de lui, est clans le plus profond
silence. Un autre voit le ciel ouvert, contemple Dieu face à
face, assiste au sabat, se réjouit de la vue d'un beau tableau,
d'un beau spectacle, de la présence d'un ami ; il s'effraie d'un
précipice, des flammes prêles à'le consumer, des serpens.prèts
a le dévorer; ce malheureux est dans l'obscurité la plus pro-
fonde; il est privé de la vue. Un aliéné croit voir un char.lu-
mineux qui va l'emporter au cjel ; il ouvre sa croisée, s'avance
gravement pour monter sur le char, et se précipite,. Darwin
raconte qu'un étudiant, qui'jusques là avait joui d'une bonne
santé, rentre chez lui, en assurant ses camarades qu'il mour-
ra dans trente-six heures. Hufeland_le guérit, et ce jeune
homme avoua qu'étant sorti la veille,,il avaty vu une tête de
mort et entendu une voix qui avait,dit: Tu mourras en trente-
six heures. Une fille très-préoccupée des malheurs du tçinps ,
voit Dieu sous la, forme d'un vieillard vénérable, ayant les
cheveux blancs, vêtu d'une robe blanche, qui lui dévoile
l'avenir et lui ordonne d'en informer le chef du gouvernement.
Nous avons a la Salpêtrière une femme à qui Jésus, Christ
apparaît tous les soirs sous la figure,d'un beau jeune homme
brun ; il a fait peindre sur les murs de sa. cellule des paysages,
des lointains ; toutes les nuits les plus belles étoiles viennentéclai-
rer sa demeure; elle sent le jasmin, l'orange, etc.;laJésus Christ
lui promet les plus.grandes prospérités pour France, et
une rente pour elle-même,
Celui-ci veut qu'on écarte des odeurs importunes,, ou bien
il savoure les odeurs les plus suaves, et cependant il n'est
à portée d'aucun corps odorant ; avant d'être malade il ;était
privé de l'odorat. Celui-là croit mâcher de la chair crue, broyer
de l'arsenic, dévorer de la terre ; le soufre embrase sà.bôuçhè ;
il avale le nectar et l'ambroisie. Un mélancolique voyait-sortir
,
(3)
continuellementdes abeilles de sa bouche, Un maniaque enteri-
dait gronder le tonnerre ; la foudre tombait sur sa tête sans
le blesser; il couchait avec plusieurs femmes, causant comme
si elles avaient été présentes, et parlant a chacune le langage
qu'il croyait convenir au caractère de chacune : tantôt il était
gai, souvent jaloux, quelquefois colère, En se promenant dans
un jardin, il croyait assister a un repas, il s'extasiait sur la
recherche et la variété des mets qu'il savourait, etc,
Il est des individus en délire qui sentent des aspérités, des
pointes, des armes qui les blessent et les déchirent, tandis qu'ils
sont couchés mollement; ils sont transportés au loin, ils croient
tenir dans leurs mains des corps qui n'y sont point, Quelques mé-
lancoliques quelques épiléptiques au début des accès, croient
,
qu'on les frappe, qu'on lèsW;-ils montrent leurs corps, qu'ils
prétendent être meurtris par les coups dont on les assomme.
Un général croyait tenir un voleur, et secouait violemment ses
bras, comme s il eut tenu quelqu'un qu'il ait voulu terrasser.
En sorte que ces malades croient voir, entendre, goûter,
sentir, toucher des choses qui ne peuvent avoir aucune existence
réelle, sinon en elles-mêmes, du moins pour eux ; leurs sens,
les extrémités sentantes ne sont pour rien dans leur délire ; ils
n'ont rien a démêler avec le monde extérieur; ils sont dans un
état d'hallucination.
Ce phénomène ne ressemble point à ce qui arrive lorsqu?un
homme en délire ne perçoit pas les sensations comme il les per-
cevait avant d'être malade, et Comme les perçoivent les autres
hommes. Les notions relatives aux propriétés et aux qualités
des choses et des personnes, lui échappent; il prend un mou-
lin a vent pour un homme, un trou pour un précipice, les
nuages pour un corps de cavalerie. Un ancien militaire croit
qu'un jardinier, occupé h remplir ses tonneaux pour arroser son
jardin, est l'une des Danaïdes. Dans ce dernier cas, les percep-
tions sont erronées ; lès idées et les sensations actuelles se lient
mal ensemble. Dans le premier, il n'y a ni sensation ni-për-
ceçtion , pas plus que dans les rêves et le somnambulisme,
Euisque les objets extérieurs n'agissent plus sur les sens. Mille
allucinations se jouent de la raison humaineet Y égarent,
L'homme le plus raisonnable, s'il veut s'observer soigneuse-
t
ment; trouve souvent dans son esprit les images, les idées les
Elus extravagantes, et associées de la manière la plus bizarre
>es occupations ordinaires de la vie, une forte application de
l'esprit, distraient de ces idées et de ces images.,
Mais celui qui est en délire, celui qui rêve, ne pouvant com-
mander a son attention ; ne peut la diriger ni la détourner, sur
d'autres objets; il reste livré à des hallucinations. L'habitude
de ne séparer jamais une sensation de l'objet qui la sollicitées
la provoque, fait prêter de la réalité aux produits de l'ima-
gination ou de là mémoire, et persuade que ce que l'on éprouve
actuellement ne saurait avoir lieu sans la présence des
qui provoquent ordinairement sa sensation. Les prétenduescorps sen-
sations des hallucinés sont des images, des idées, reproduites par
la mémoire, associées par l'imagination, et personnifiées par
l'habitude. L'homme donne alors un corps aux produits de
son entendement ; il rêve tout éveillé ; mais chez celui qui
rêve, les idées de la veille se continuent pendant le sommeil;
tandis que celui qui est en délire achève son rêve après qu'il
est éveillé. Les rêves, comme les hallucinations, reproduisent
toujours des idées anciennes. Comme dans le rêve, la série des
images et des idées est quelquefois régulière, plus souvent les
images et les idées se reproduisent dans le plus grand désordre,
et offrent les associations les plus étranges. Comme dans le rêve,
ceux qui. ont des hallucinations ont quelquefois la conscience
qu'ils sont dans le délire ou qu'ils rêvent, sans pouvoir déga-
ger leur esprit. Celui qui rêve, celui qui a des hallucinations,
n'est jamais étonné ni surpris des idées, des images qui le
préoccupent, tandis qu'elles eussent excité tout son étonne-
ment, s il eut été éveillé ou s'il n'eût pas déliré. Ce phéno-
mène, dans les deux circonstances, est causé pai l'absence de
toute idée accessoire, de toute image, avec laquelle celui qui
rêve ou celui qui est halluciné puisse comparer l'objet de son
rêve ou de son délire.
Les hallucinations diffèrent du somnambulisme, en ce que,
dans le plus grand nombre de cas, les hallucinés se rappellent
toutes les idées qui ont troublé leur esprit, tandis que les som-
nambules ne se souviennent de rien.
Leshallucinations diffèrent de l'extaseetde l'enthousiasme^en
ceci seulement que ces deux derniersétals de la faculté pensante
sont produits touj ours par un très-grand effortde l'attention fixée
sur un seul objet sur lequel s'exerce toujours l'hallucination des
extatiques et des enthousiastes s c'est une sorte d'état tétanique
du cerveau. Tandis que, dans les hallucinations ordinaires, il
suffit de l'action augmentée du centre de la sensibilité,il n'y a pas
le moindre effort d attention.
La conviction des hallucinés est si eùtière, si franche, qu'ils
raisonnent, jugent, et se déterminent en conséquence de leurs
hallucinations, indépendamment de toute sensation, de toute
idée, de tout raisonnement.
Dans le temps où l'on brûlait les sorciers et les possédés, on
en a vu se jeter dans le bûcher plutôt que de nier qu'ils eus-
sentassistéausabal. J'ai connu des hallucinés qui, après leur ma-
ladie, me disaient: j'ai vu, j'ai entendu aussi distinctement qM
Vous vois et que je vous entends, Plusieurs racontent lcur\ision
avec uii sang-froid qui n'appartient qu'à la conviction la plus
intime. De là le langage et'les actions les plus singuliers ; car
1

les hallucinations comme les sensations actuelles, provoquent


chez l'aliéné, le plaisir Ou la douleur, l'amour ou la haine.
Ain»i, l'un se réjouit, rit aux éclats et se.trouve le plus heu-
reux des hommes, bercé par lé rêve d'un bonheur d'autant plus
vif, d'autant plus pur, que privé de toute idée accessoire,"il
ne Voit point de bornes à son bonheur, et il ne peut penser qu'il
puisse jamais finir. L'autre s'attriste, s'afflige, se désespère ,
accablé par le poids des idées qui l'obsèdent ; son désespoir est
d'autant plus violent, que ne liant à rien l'état affreux où il se
trouve, il n'entrevoit aucune compensation à sa douleur, et ne
peut lui supposer aucun terme. Aussi quelques mélancoliques
croient que rien ne saurait les retirer de 1 état affreux dans lequel
ils gémissent nuit et jour; plusieurs croient qu'ils ne mourront
jamais. 11 y a une femme à la Salpctrièrc qui demande à être
coupée à morceaux, parce qu'elle ne sait ce qu'elle deviendra
lorsque tout le monde étant mort, elle restera seule sur la terre.
Mais les hallucinations n'ont pas toujours le caractère d'une
idée fixe, ou d'une passion dominante ^quelquefois elles s'éten-
dent à tous les objets propres à agir sur nos sens, et elles im-
priment au délite un caractère de versatilité qui détermine la
plus grande incohérence dans les propos et les aclions. C'est
ce qui arrive dans quelques manies et dans le délire fébrile.
l^es hallucinations ne sont donc ni de fausses sensations
ni des illusions des sens ni des perceptions erronées, ni,
, organique,
des erreurs de la sensibilité comme dans l'hypo-
condrie. Car il ïie faut pas confondre les hallucinations avec
les fausses perceptions des hypocondriaques. Ces dénomina-
tions supposent la présence des objets extérieurs ou la lésion
,
des extrémités sentantes, tandis que dans les hallucinations
il n'y a pas d'objets extérieurs agissant actuellement sur les,
sens. Souvent même les sens ne jouissent pas de leurs facul-
tés. J'ai donné des soins à un ancien ^négociant qui, après
une vie très - active , fut frappé de goutte-sereine vers 1 âge
de quarante-un aus. Quelques années après il devint mania-
que ; il était très-agité, parlait à haute voix avec des person-
nes qu'il croyait voir et entendre ; il voyait les choses les plus
singulières ; souvent ses visions le jetaient dans le plus vif eii-

chantement. Il y avait à la Salpêtrièrc, en 1816, une juive
âgée de trente-huit ans ; elle était aveugle et maniaque ; elle,
Voyait les choses les plus-étranges, des personnes de sa connais-
sance ; elle est morte subitement. J'ai trouvé les deux nerfs
optiques atrophiés depuis leurentrecroisement jusques à leur en-
trée dans le globe de 1oeil. Certainement ici il n'y a pas de sen-
satiou actuelle. 11 est des sourds qui croient entendre parler.
Nous avons en ce moment à la Salpêtrière, doux femmesabso-,
lument sourdes qui n'ont d'autre délire que celui d'entendre
diverses personnes avec qui elles se disputent nuit et jour; sou-,
vent même elles en déviennent furieuses. C'est ce qui arrive,
\

dans le somnambulisme et pendant le sommeil, avec cette dif-.


fér'encè que, pendant le sommeil, les sens fermés ne se,prêtent,
point à l'impression des objets extérieurs, tandis que dans le
délite, les sens externes, quoique ouverts, se refusent aux
dans les deux cas, les effets sont les mêmes. ,'"''
impressions externes', les repoussent en quelque sorte. Mais
Le siège des hallucinations n'étant pas .dans,les extrémités
de l'organe sensitif, il doit être dans le centre de la sensibi-
lité ; en effet, on ne peut concevoir l'existence de ce symp-
tôme, qu'en supposant le cerveau mis en action par une cause
quelconque. Le cerveau peut être mis en action par une im-
pression subite et violente, par une forte contention d'esprit,
par une véhémente passion ; le cerveau est mis en action sym-
pathiquement par l'état particulier de certains organes plus ou
moins éloignés, comme il arrive dans les fièvres, les phlegma-
sics, et par la présence de certains poisons.
Darwin dit que les hallucinations proviennent vraisembla-
blement de l'origine du nerf d.e la sensation, qui est plus sus-
ceptible d'être attaquée d'inflammation.
Le cerveau est mis en action par une impression violente qui
l'ébranlé fortement. Cet ébranlement peut déterminer un état
tétanique de cet organe qui produit la fixité des idées ; cet
ébranlement peut déterminer aussi un état convulsif du cerveau
qui produit les hallucinations les plus multipliées et les plus,
fugitives. Ces idées, ces images sont ordinairement relatives aux
occupations de corps et d'esprit auxquelles se livrait l'hallu-
ciné ou bien elles se lient à la nature de la cause même qui a
,
Sroduit l'ébranlement du cerveau. Un homme est arrêté, jeté,
ans les cachots ; rendu peu après à la liberté, il voit, il en-
tend partout des dénonciateurs, des ageus de police prêts à l'ar-
rêter de nouveau. Une femme est préoccupée du sabat où elle
doit assister, elle s'y voit transportée, elle e?t témoin de toutes
les pratiques dont elle s'était entretenue avant sa vision.. Une
dame lit, dans un journal, la condamnation d'un criminel.
Elle voit partout une iête ensanglantée,séparée du tronc, revêtue
d'un crêpe noir. Cette tête fait saillie audessus de l*oeil gau-
che inspire à la dame une horreur inexprimable, et lui fait
,
tenter plusieurs moyens pour se détruire,
Les hallucinations peuvent dépendre encore des répétitions
volontaires ou forcées des mouvemeus du cerveau, mouvemens
qui ont été souvent el nécessairement répétés pour acquérii quel-
1

que connaissance ou pour approfondirquelque sujet. L'habitude


tend facilçs et même involontaires ces mouvement comme elle
rend plus (Ucile et quelquefoifinvolontaire l'action de certains
organes; l'action du cerveau prévaut sur celle des sens ex-
ternes, ce qui détruit l'effet des impressions actuelles,. ce .qui
fait prendre les effets de: la mémbire pour dès sensations ac-
tuelles. Dès lors est brisée la marche naturelle de l'ëntèndc-
înent humain, dès lors il ;y à délire., Il s'établit uiie spf,tè. d'à
comme il "s'en,'établît quel-
.
parte chez ceux qui Soht.en délire,raisonnables' 1

quefois chez les hommes les plus> qiii sont très?


occupés ou absorbes.par quelque profonde »
méditation. '
Dans ces deux cas ce sont les'idées/qui prédominent et prof
voquent lès aflèctions et les déterminations,•tandis,que,dan»
le suivant une forte passion s'emparaïil de toute là faculté pen-
sante, absorbe toute là sensibilité. L'homme dont le délire a
pour caractère Une passion exaltée, né Sent plus rien ; ilVoit,
il entend, mais ces sensations ne vont pas au centre de. la sen-
sibilité : l'esprit ne réagit point sur elles ; il est tout à'ia pas**
siôri qui l'absorbe, l'entraîné, lémet hors dèlui. Tout ce qui
n'appartient pas à là série des idées, des affections propres à sa
passion est nul pourlui; ce qui lui est propre est sans cesse présent
àson espriti Ici, c'est la; passion qui anime le déliré, modifie les ..

idées et provoque les déterminations.' Et, comme, de toutes*


les pâssions( l'amour et la religion sout celles qui exercent;sur -
l'homme l'empire le plus absolu et le plus général, puisqu'elles
s'exercent à' là lois et sur son esprit et sur spn/coeur, il il est pas
étonnantque les mélancolies religieuse el éroUquésoïent signalées
par les hallucinationsles plus bizarres et tes plus fréquentes.
Les hallucinationssont un des éiéméns de^deh'requ'ônrëtrpiive
le plus fréquemmentdans la mante, la mélancolie, la mbnbmanie,
dans,l'extaSe, la catalepsie, l'hystérieV le délire fébrile./Sur
cent aliénés, quatre-vingts, au moins, ont des hallucinations.
Quelquefois ce symptôme à lieu longtemps avantque le dé*
lire soit manifeste pour ceux qui entourent les malades. Souvent
ceux-ci luttent contre ces hallucinations avant de se plaindre,
avant d'avoir commis aucun désordre. "
,.'
Quelquefois au début dé la maladie, les hallucinations sont
.

fugaces et confuses ; aVec les progrès dû mal elles deviennent


^
aussi distinctes, aussi complettcs que les sensations actuelles
cl/elles sont permanentes.
-
Au milieu du délire le plus général, dans une conversation
très-atiimée, tout h coup 1 aliéné s'arrête pour contempler i'oh-
jet qu'il croit frapper'ses yeux, ou pour écouter et répondre
àUx personnes qufl croit entendre. i.\':\v-.
Ce symptôme peut être observé chez, presque tous ce\ix qui
sont en délire ; néanmoins les individus qui avant d'être ma-
îades étaient dominés par Une passion, par Une forte contoh-
.,'. .'' w
tion d'esprit, y sont plus, exposés, surtout si l'esprit s'applique
a des études abstraites, et spéculatives. Si lé plus souvent les
hallucinations sont *le partage des esprits faibles les hommes
,
les plus-remarquables par la capacité de leur intelligence,
la profondeur de leur .raison,et la force de leur esprit ne, sont par
pas toujours à l'abri de ce symptôme.
Tantôt les hallucinations semblent ne dépendre que de la
lésion d'un sens externe, tantôt] elles paraissent tenir à la le;sion
de deux et même de trois sens. Quelquefois; tous les sens.pa-
raissent simultanémentet successivement concourir à.produire,
entretenir le déliré. C'est ce que prouvé.I'observatibn. Quel-
ques faits prouvent que les hallucinations caractérisent seules un
état particulier de déliré, qui a fait prendre ces hallucinés, pour
des inspirés; mais observés de près, ces. individus trahissent
bientôt là véritable'causé de leur état. L'Allemagne est inon-
dée de ces voyons.
Les idées dépendantes,des impressions reçues par le goût et
l'odorat, sont reproduites fréquemmentau début des folies. Mais
celles qui appartiennent à la vue et à l'ouïe plus souventetplu?
généralement se montrent dans tous les délires. Les hallucina-
tions de la'vueétant plus fréquentes, reproduisent des objets qui
intéressent plus généralement et qui font plus d'impressionsur la
multitude; on leur adonnéun nom, on les a appelées visions ;
ce nom né convient qu'à un mode d'haijucination, il manque un
ternie générique. Qui oserait dire lés, visions de l'ouïe;, les visions t
du goût, les visions de l'odorat ? et cependant les .images, les
idées efrohées, les notions dérangées qui semblent appartenir •

à l'action de ces trois sens, se présentent à l'esprit avec fe même


caractère, sont provoquées par les mêmes causes, se manifes-
tent dans les mêmes maladies que celles qui semblent appar-
tenir à la vue, c'est-à-dire aux visions. Je propose iemot«a«u-
cinatioti comme n'ayant^as d'acception déterminée, et .comme
pouvant convenir par conséquent à toutes les variétés du délire,
qui supposent la présence d uriobjet propre à exciter l'un des
5

sens, quoique ces objets ne soient pas à leur portée. ,


Les hallucinations n'étant qû*un symptôme du délire, pou-
vant convenir à plusieurs maladies de 1 entendement, soit ai-
guës, soit chroniques, n'exigent pas un traitement particulier.
Elles sont un sîgue peu favorable pour la guérisondans lesvér
sanics ; elles doivent entrer en grande considération dans.les vues
de traitement que doit se proposer le médecin qui veut; appeler
à son secours les passions de ses malades.

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