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Résumé
Cet article porte sur la centralité de l’argument sur la "stigmatisation" dans le débat de presse
autour de la loi contre le voile intégral (2009-2010) qui a été mobilisé à la fois par les uns, pour
dénoncer et, par les autres, pour justifier la légitimité d’une telle loi. Dans une approche sémio-
pragmatique, centrée sur l’analyse du sens pragmatique des énoncés argumentatifs, ce travail
a pour but de comprendre les différentes appropriations et resignifications de l’argument sur la
stigmatisation opérées par les acteurs politiques et religieux inscrits dans ce débat, tel qu’il a
été saisi par les journaux Libération, Le Figaro et Le Parisien.
L’enchevêtrement de l’argumentation et la violence verbale qui caractérise la polémique
médiatique est notre principal axe d’analyse. Nous nous intéressons aux stratégies rhétoriques
mobilisées, ainsi qu’au fonctionnement sémantique et pragmatique des discours autour de la
stigmatisation et de la burqa, avec pour but de comprendre la construction linguistique des
violences verbales comme des actes de discours visant à porter atteinte à l’image public de
l’Autre musulman et à provoquer une perte de face, un mal-être.
With regard to the press debate on the full-face veil law (2009-2010), this article concerns
"stigmatisation" as an argument by which some denounced and others justified the legitimacy of
this law. By means of a semio-pragmatic approach centred on the pragmatic meaning of
argumentative utterances, this study intends to comprehend the way political and religious actors
appropriated and resignified the argument on "stigmatisation" in press debate about the full-face
veil as it was presented by the newspapers Libération, Le Figaro and Le Parisien.
Our main line of inquiry is the imbrication of verbal violence and argumentation which feature
media controversy. We are interested in rhetorical strategies used, as well as in the semantic and
pragmatic functioning of discourse on stigmatisation and full-face veil. Our aim is to understand
linguistic construction of verbal violence as speech acts likely to dammage the public image of the
Other (muslim) and to provoque the loss of face and unconfortable being.
Introduction
Le débat médiatique autour de la loi contre le voile intégral (2009-2010) a été lourdement marqué
par la centralité de l’argument sur la stigmatisation. Lorsque l’opposition politique et les
représentants religieux ont dénoncé les risques de stigmatisation de l’islam par la loi, le
gouvernement a inversé l’argument et a culpabilisé la burqa par la stigmatisation de l’islam. Dans
les deux cas, leurs discours se sont construits à travers des paroles violentes, investies de haine,
de colère et d’indignation, se performant donc comme des menaces, des actes de parole, ou
mieux des actes de discours (speech acts).
Adoptant une approche sémio-pragmatique, centrée sur l’analyse du sens pragmatique des
énoncés argumentatifs, l’objectif de ce travail est d’étudier les différentes appropriations et
resignifications de l’argument sur la stigmatisation dans ce débat médiatique, tel qu’il a été saisi
par les journaux Libération, Le Figaro et Le Parisien.
Le corpus de presse analysé, regroupe tous les reportages publiés par les journaux Libération, Le
Figaro et Le Parisien, entre le 01 juin 2009 et le 31 septembre 2010 1, comportant à la fois les termes
"stigmatisation" (ou "stigmatisé(e)" ou "stigmatiser") et "voile intégral" (ou "burqa" ou "niqab"). De
ce corpus, nous avons seulement relevé pour notre article les énoncés qui condensent le mieux la
problématique de l’étude. Dans une analyse lexicométrique, nous avons repéré 63 occurrences
du radical stigma sur un total de 154 reportages dans l’ensemble du corpus. L’expression – qui
1
Le 17 juin marque le début de la polémique médiatique en raison de la proposition présentée par André Gerin de créer
une commission d'enquête parlementaire sur le port de la burqa. Le 14 septembre, l'interdiction du port du voile intégral
dans tout l'espace public est approuvée au Sénat.
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depuis son origine grecque désigne les marques corporelles et attributs de race, ethnie et
religion devenues indices du statut moral réprouvé d’un individu 2 – est dans le corpus suivie des
citations suivantes : immigration (21 fois), amalgame (17), peur (14), racisme (7), islamophobie (5)
et, à titre de comparaison, islam (153).
L’usage répétitif du terme, fait de lui un objet textuel qui suscite des réflexions et des
interrogations : Comment, selon quels intérêts et avec quels effets, le terme est employé par les
acteurs concernés? Comme le suggère Butler, « mettre un terme en question […] c’est se
demander comment il joue, de quels investissements il fait l’objet, quels buts il accomplit, quels
changements il subit » (Butler 2004 : 140). Notre première hypothèse, consiste à dire que les
différentes valeurs et sens mobilisés autour du concept de stigmatisation se négocient et se
stabilisent au cours de l’échange discursif de type polémique, propre aux controverses politiques
et publiques dans la presse, dans lequel le but est non seulement de convaincre le public sur sa
thèse, mais aussi de dessiner les frontières entre le dicible et l’indicible, c’est-à-dire entre la
parole légitime et la parole violente. C'est justement entre celles-ci que s’érige la parole
insurrectionnelle et la redéfinition linguistique des sujets.
À la différence des situations d’interactions discursives de face à face, le débat polémique dans la
presse met en confrontation des points de vue divergents référents à des actants, le Proposant et
l’Opposant, qui peuvent être des instances comme, dans notre cas, le gouvernement et
l’opposition – face à un troisième actant – le Tiers qui est ici le musulman. Comprenant avec
Amossy et Burger (2011 : 6) la polémique comme « le traitement verbal du conflictuel effectué (…)
au sein d’une entreprise de polarisation et de dichotomisation visant à discréditer l’adversaire »,
notre intérêt est d’étudier la dispute autour de l’orientation argumentative, et donc du sens,
conféré à l’expression "stigmatisation" dans les discours véhiculés par la presse.
L’approche sémio-pragmatique que nous proposons consiste à combiner la théorie de la
philosophie pragmatique des actes de langage – héritière d’Austin (1962) et Searle (1985) – à la
théorie de la polyphonie développée par Ducrot (1984), centrée sur l’analyse sémiotique du sens
des énonciations. Dans ce cadre conceptuel, la perspective pragmatique est celle qui nous permet
de saisir le sens des énoncés en fonction des relations que ceux-ci établissent entre leur
énonciation et un certain nombre de ses prolongements "juridiques", donc en fonction d’une
supposée performativité purement linguistique et d’une altérité externe. À celle-ci, nous
proposons d’ajouter ce que Ducrot appelle altérité interne, c’est-à-dire, tout ce qui concerne
l’apparition de l’énoncé, ses conditions d’avènement, son énonciation, son dire. Cette perspective
sémiotique vient compléter la pragmatique avec la possibilité d’envisager le sens des énoncés
comme un ensemble d’indications sur l’énonciation, comme une sorte de "dialogue cristallisé",
inscrit dans l’énoncé même, qui porte la description, la qualification et les images de l’énonciation
qui permettent de la comprendre comme un acte. Ainsi, l’approche sémio-pragmatique proposée
conçoit la performativité des actes de discours d’abord à partir du sens performé par
l’énonciation elle-même.
Notre perspective est donc de considérer les actes de langage à l’œuvre dans ce débat comme
des « unités sémiotiques avant d’être des actions », pour reprendre les termes de Kerbrat-
Orecchioni. Les énoncés n’agissent que par le biais d’un processus de sémiotisation, souligne
l’auteur, une « insulte blesse indirectement, via le sens que véhicule l’énoncé » (Kerbrat-
Orecchioni 2004 : 32). Le problème est donc de savoir dans quelle mesure on peut « modifier un
état de choses X en produisant un sens Y » (Kerbrat-Orecchioni 2004 : 30). À cette question, nous
pouvons répondre que la violence verbale repérée dans les discours de notre corpus modifie : (1)
les dispositions affectives des destinataires et l’état des relations sociales entre eux, (2) crée des
obligations pratiques, obligeant les destinataires à répondre ou ne pas répondre, à obéir ou ne
pas obéir, et le locuteur à s’engager à son dire.
Pour cet article, nous avons fait le choix méthodologique de considérer les différentes formes de
violence verbale relevées de notre corpus dans l’ensemble – sans les classer en tant qu’insultes,
injures, moqueries, offenses ou diffamations – d’abord parce que dans les textes de presse, ces
2
Signe de ce que Goffman (1975) appelle ‘stigmaphobie’ sociale, la répétitivité signifiante de cette expression, nous
comprenons avec lui, est révélatrice des activités de stéréotypages, classement normatifs et contrôle social. La déviance et
les échecs de la société incarnés par les groupes minoritaires – dans notre cas, religieux – impliquent un danger par sa
visibilité publique et par le refus de leur place sociale.
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catégories se croisent, mais aussi parce qu’elles présentent des buts similaires : menacer l’image
publique de l’Autre musulman et provoquer une perte de face 3, un mal-être. Dans cette
perspective plus large, il est intéressant d’analyser les usages de qualifications péjoratives, dont
les traits axiologiques, appréciations subjectives et jugements de valeurs, servent non seulement
à déprécier l’Autre, mais également à le menacer, c’est-à-dire, à affirmer un pouvoir et un
contrôle sur lui avec pour but de le rendre physiquement invisible et de le nier, voire de
l’éliminer, symboliquement. Notre objectif ici est donc de saisir cette violence verbale à partir des
actes de langage repérables et analysables dans une perspective sémio-pragmatique, centrée sur
le sens des argumentations mobilisées.
Notre axe d’analyse est justement l’enchevêtrement entre argumentation et violence verbale, qui
caractérise la polémique médiatique. Notre deuxième hypothèse, c’est que la visée persuasive 4
des stratégies argumentatives dans les controverses publiques repose non seulement sur des
composantes traditionnelles de la rhétorique 5 – telles que l’ethos (l’image de soi) et le pathos
(effets émotionnels sur l’auditoire) – mais aussi sur de mécanismes sémantico-discursifs et
pragmatico-discursifs (Galatanu 2007) qui édifient la violence verbale comme un acte de parole
menaçant. Ritualisées dans une forme rhétorique, les qualifications péjoratives portent de
marques linguistiques – subjectivèmes affectifs et évaluatifs (Kerbrat-Orecchioni 2009 : 79) – de
son fonctionnement sémantique et pragmatique qui sont aussi nos objets d’analyse.
Contexte politique
Légiférer ou pas ? La question directrice dans la bataille rhétorique autour de la légitimité d’une
loi contre le voile intégral a traversé les six mois de travail de la commission d’enquête
parlementaire et toute l’année des débats médiatiques agités autour du sujet. Le récit médiatique
qui naît avec le fait divers nommé "Niqab au volant" 6 – devenu affaire nationale en fonction du
contexte politique – n’est clos qu’avec l’approbation de la loi contre ce signe religieux. Au long de
ce processus, l’élaboration de la loi, terme par terme, a été dévoilée à travers le débat politique
saisi par la presse. Le concept "d’espace public" qui risquait d’être considéré inconstitutionnel a
été finalement maintenu. Le terme "voile intégral" a été substitué par celui de "dissimulation du
visage".
Si les acteurs engagés étaient tous contre le voile, ils n’étaient pas d’accord sur la pertinence de
créer une loi pour bannir ce signe religieux de la visibilité publique. Un consensus droite-gauche
au sein de la commission étant impossible vu que les prises de position transcendent largement le
clivage droite-gauche, la question a enflammé et divisé internement les partis : alors qu’à la
majorité, ses représentants se sont ralliés au président Nicolas Sarkozy, selon qui « La burqa n’est
pas la bienvenue sur le territoire de la République », le PCF s’est montré hostile, les Verts plus
douteux et le PS a vécu un déchirement interne. Les représentants religieux musulmans ont
souligné que le voile intégral n’est pas une obligation de l’islam, mais l’interdire serait un risque
et une menace aux droits de l’homme.
Dans cette perspective, nous observons que la polarisation entre, d’un côté, le gouvernement en
faveur de la loi et, de l’autre, les partisans de gauche et représentants religieux contre cette
même loi, n’est pas plate ou homogène, mais elle illustre une tendance très nette qui se dégage
de leur rhétorique. Dans un choix méthodologique, nous nous sommes autorisés à analyser
l’argumentation de ces acteurs en fonction d’une grille de lecture opposant représentants de la
majorité et leurs adversaires, tout en sachant que quelques représentants de la gauche se sont
ralliés au positionnement de la majorité gouvernementale.
3
Selon Goffman (1974), la face c’est l’image de soi, une valeur sociale positive, revendiquée au cours des interactions.
4
Amossy (2006 : 1) différencie visée argumentative (faire adhérer à une thèse) de dimension argumentative (infléchir de
façons de voir et de sentir).
5
Sur les éléments de la rhétorique, voir Perelman (1970).
6
Le 2 avril 2010 Sandrine Moulères reçoit une amende pour port du voile intégral au volant.
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p. 4
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J) Nicolas Sarkozy : la burqa, ce n’est pas la France et la France n’en veut pas. (« La communauté
de France amère », Le Parisien, 1 décembre 2009)
Les traits axiologiques négatifs soulignés dans les exemples de D à H attestent d’un lexique
péjoratif sur la burqa adressé à un destinataire collectif puisqu’il inclut d’abord les musulmans –
dont il s’agit de disqualifier la face –, mais aussi tous les Français potentiellement concernés par le
débat. La récurrence signifiante de ces contenus propositionnels dépréciatifs, des mécanismes
sémantico-discursifs (Galatanu et al. 2012), produit un jugement de valeur qui guide
axiologiquement le débat médiatique autour de la pertinence d’une loi contre le voile intégral.
Suivant Butler (2004), selon qui les noms injurieux ont une histoire inscrite et arrêtée dans le nom
lui-même, nous pouvons suggérer que l’historicité des termes qui se répètent ici – "prison" et
"idéologie" – évoquent l’image du barbare, sauvage, croyant fanatique, qui est historiquement
liée à l’Autre des européens.
De la même manière, les assertions évaluatives soulignées dans les phrases A, B et C s’inscrivent
dans un schéma binaire du type vrai\faux avec pour but de nier la compatibilité de ce signe de
l’islam avec les valeurs de la République. Nous notons encore, que les objets référentiels choisis
pour décrire la burqa – "prison", "cercueil" – fonctionnent comme « lieux de cristallisation
idéologique » (Kerbrat-Orecchioni 2009 : 84) faisant référence aux droits et à la liberté de la
femme en Occident, des valeurs "à nous" (exemple C) qui seraient intouchables et incompatibles
avec ceux de l’islam. À ce propos, Kerbrat-Orecchioni souligne que les traits axiologiques
fonctionnent comme de "praxèmes", c’est-à-dire, qu’ils « connotent, les différentes "praxis" [...]
caractéristiques de la société qui les manipule, et qu’ils charrient toutes sortes de jugements
interprétatifs “subjectifs” inscrits dans l’inconscient linguistique de la communauté ». « Utiliser
axiologique c’est parler de soi » (Kerbrat-Orecchioni 2009 : 79, 82), résume-t-elle.
Affectivisant le discours, ces catégories de "subjectivèmes", unités sémantiques signifiantes,
favorisent l’adhésion du public à l’interprétation proposée et donc du sens, lequel peut être
compris comme un mode d’action sur autrui. Suivant à la fois les perspectives de Ducrot – selon
qui le sens global de tout énoncé se compose de valeurs à la fois sémantiques et pragmatiques –
et celle de Kerbrat-Orecchioni – selon qui les traits axiologiques sont des propriétés sémantiques
qui permettent aux unités lexicales de fonctionner pragmatiquement –, nous pouvons affirmer que
les subjectivèmes relevés de ces discours orientent l’interprétation de l’acte illocutoire performé
comme une offense, une injure. Cette violence verbale menace la face positive de l’Autre
musulman et suppose une intention de le blesser, d’où la matérialité de la violence du langage
dont parlent Lecercle et Butler. Cette dernière, décrit le lien entre violence verbale et blessure
physique comme un lien entre « vulnérabilité physique et vulnérabilité linguistique » (Butler 2004 :
24). Dans une conception de l’existence sociale du corps, Butler remarque que l’adresse à l’Autre
est un rituel social qui définit, par exclusion et violence, les conditions linguistiques de la
formation de sujets viables.
En effet, nous observons que la production de la violence verbale repérée dans ces discours, est à
la fois investie du rejet envers la burqa et du désir d’affirmer l’identité laïque française, à travers
des mécanismes discursifs qui dévaluent l’Autre musulmans « par un effet de stéréotypisation et
d’assignation identitaire essentialisantes » (Moïse 2009 : 208). L’attribution pour un tiers d’un
jugement de valeur négatif, vise à produire un effet sur l’interlocuteur, d’identification ou
d’opposition. Ces énoncés axiologiques ont donc une force illocutoire (blesser), voire un effet
perlocutoire (provoquer une réaction). Le fait d’exprimer un état psychologique du locuteur
(déplorer), nous permet de les caractériser comme des actes de discours expressifs, selon les
catégories générales établies par Searle (1972) ou alors comme des actes de discours
comportatifs, selon Austin (1962), puisqu’ils concernent des attitudes, des comportements sociaux
et notamment la conduite d’autrui.
Les énoncés impératifs des exemples I et J, cristallisent aussi une performativité, mais cette fois-ci
de nature menaçante : le voile intégral sera banni de la France. L’existence d’une source investie
d’autorité – gouvernement – et d’une cible – l’Autre musulman – sont des qualifications,
descriptions et images de l’énonciation qui constituent son sens : un rappel à l’ordre. L’autorité est
« dûment inscrite dans le mot d’ordre lui-même », illustre Lecercle (1996 : 256), selon qui « le but
final de la bataille verbale est gagner du terrain, forcer l’adversaire à reconnaître la revendication
d’un statut supérieur émise par le locuteur ». Dans cette perspective et en se basant sur le dire de
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Ducrot – selon lequel « le sens de l’énoncé c’est ce que l’énoncé oblige » (Ducrot 1984 : 183) –,
nous pouvons affirmer que les effets de ces deux énonciations, leur force perlocutoire, résident
dans le fait qu’elles modifient la situation juridique de ces destinataires, les incitant à agir de
certaine manière – enlever la burqa ou disparaître de la visibilité publique – ou à répondre à
travers un contre-discours qui sera notre objet d’analyse dans la deuxième partie de cette étude.
Ce sont donc des actes de discours exercitifs, selon la taxonomie d’Austin (1970), renvoyant à
l’exercice de pouvoirs et de droits, tout en formulant un jugement sur ce que doit être l’ordre du
visible en France. « Les mots d’ordre interviennent activement dans la conjoncture linguistique et
historique, ils en font partie intégrante », illustre Lecercle (1996 : 235).
Selon lui, la violence verbale doit être analysée en termes de places conquises : la fonction de la
force illocutoire est « d’assigner une place dans un système social de places » (Lecercle 1996 :
259). En affirmant que le principe de l’affrontement consiste à se battre avec des mots pour
obliger l’autre à accepter l’image de soi-même, Lecercle décrit avec précision ce qu’illustre notre
corpus de presse et touche la question de l’image de soi (Goffman) qui est notre objet d’analyse
dans la partie qui suit.
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comme le souligne Ducrot, « l’argumentation est un acte public, ouvert, qui ne peut s’accomplir
sans se dénoncer comme tel » (Ducrot 1984 : 185).
Dans les exemples de E à G, il est intéressant d’observer que les connecteurs argumentatifs
(parce que, pour, car, d’autant plus) construisent une justification qui veut se présenter comme
une constatation évaluative, c’est-à-dire une description des faits portant un jugement de valeur
avec pour but de changer l’opinion, convaincre, et faire adhérer à la thèse de la nécessité et de la
pertinence d’une loi contre la burqa. Puisqu’ils font le lien entre le discours et son contexte socio-
politique de réception et circulation (supposée "montée du fondamentalisme", "1900 femmes en
burqa") nous pouvons suggérer que ces connecteurs argumentatifs, fonctionnent comme de
mécanismes pragmatico-discursifs (Galatanu 2007). Ducrot (1984) renforce cette analyse puisque,
selon lui, les connecteurs ont une signification instructionnelle, c’est-à-dire qu’ils demandent, à
ceux qui devront interpréter un énoncé, de chercher dans la situation de discours tel type
d’information et de l’utiliser de telle manière pour reconstruire le sens.
Nous pouvons comprendre le sens pragmatique des argumentations construites à travers ces
énoncés, à partir de l’idée des actes de langage indirects de Searle (1982). Ces actes reposent
essentiellement sur la verbalisation du motif qui se trouve à la source de la production de
l’énoncé, effectuant ainsi « un déplacement, de l’acte lui-même, à l’une ou l’autre de ses
conditions de félicité » (Kerbrat-Orecchioni 2008 : 41), qui ici repose sur la nécessité de
contourner le risque de stigmatisation de l’islam. Corrélativement, dans la quête du sens de ces
énoncés, nous devons « remonter du dire à la cause du dire » (Kerbrat-Orecchioni 2008 : 41) :
préserver l’image de soi, préserver sa face.
Pour conclure cette première partie de l’article, nous soulignons que la stratégie rhétorique ici
étudiée s’inscrit dans des enjeux de reconnaissance et de protection de faces (Goffman 1974) et
vise à amorcer la force de la violence verbale analysée avant et assurer que le mot d’ordre –
invisibilité de la burqa – soit accompli d’abord par le fait de convaincre les allocutaires de la
pertinence de l’acte en question. Puisque la violence verbale est un acte menaçant les faces
positive (image publique) et négative (l’indépendance, territoire) des interlocuteurs, il s’agit ici,
pour l’énonciateur, à travers cette stratégie argumentative, de persuader et de défendre son
territoire à la fois.
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ne pas porter également un message contre la burqa au nom de la seule atteinte à la dignité de
la femme. (« Hervé Morin met la Société au centre », Libération, 19 janvier 2010)
B) Mahmoud Doua : Une telle loi ne serait pas pédagogique. En cas d'oppression caractérisée,
des services sociaux existent. Il y a en outre là un risque de stigmatisation de la communauté
musulmane. (« La burqa provoque des tensions entre musulmans », Le Figaro, 9 juillet 2009)
C) François Brottes : La méthode Copé pose problème à tout le monde […] Quand on confond
législation et stigmatisation de l'islam, on est dans l'erreur. (« Burqa : la gauche réclame un
projet de loi », Le Figaro, 16 avril 2010)
D) Benoît Hamon : Mais que pour cela on fasse une loi et que pour cela, à nouveau, on ait une
politique systématique de stigmatisation de celles et ceux qui ont fait le choix d'une religion, je
pense que c'est assez dangereux. (« La burqa est une prison [...]. Mais que pour cela on fasse
une loi et que pour... », Libération, 30 décembre 2009)
E) Mohammed Moussaoui : Nous avons émis dès samedi une réserve sur l’opportunité de créer
une commission d’enquête parlementaire sur un phénomène extrêmement marginal, qui risque
de stigmatiser les musulmans de France. (« Je ne suis pas favorable au port du voile intégral »,
Le Parisien, 24 juin 2009)
F) Mohammed Moussaoui : s'est dit « choqué » par ce débat, sur un « phénomène marginal.
Cela revient à stigmatiser l'islam et les musulmans de France ». (« Polémique sur l'interdiction
de la burqa », Le Figaro, 19 juin 2009)
G) Mohammed Moussaoui : Les musulmans de France sont stigmatisés et s'inquiètent de cette
stigmatisation. (« La droite s'empêtre dans le niqab », Libération, 27 avril 2010)
H) Mohammed Moussaoui : Cela pourrait faire naître un sentiment d'injustice, même parmi les
musulmans hostiles au voile intégral. (« Burqa : les représentants de l'islam hostiles à une loi »,
Le Figaro, 15 octobre 2009)
I) Luc Ferry : Une telle loi donnerait le sentiment que le seul but de ce débat était de
stigmatiser l’islam. Or l’immense majorité des musulmans est respectueuse de la République et
de ses lois. (« La droite va prendre une tôle aux élections régionales », Le Parisien, 10 janvier
2010)
Dans l’analyse de la contre-argumentation mobilisée par l’opposition pour délégitimer la loi, nous
avons relevé de nombreux marqueurs de négation du type "ne doit pas" qui portent un caractère
d’impératif catégorique au sens kantien du terme – comme l’illustrent si bien les exemples A et B –
et aussi une forte inscription subjective des énonciateurs, comme dans les exemples D, E et F, où
des déictiques tels que "je pense", "nous avons émis", "choqué" témoignent de leur identité.
Encore, des expressions telles que "on est dans l’erreur" et "c’est assez dangereux" marquent une
interprétation moralement dévaluative, et surtout normative, de la politique gouvernementale.
Catégoriquement négative et subjective à la fois, cette argumentation s’inscrit dans un dispositif
délocutif (Charaudeau 1992) qui vise à rapporter, nommer et qualifier la violence des paroles
menaçantes contre la burqa. Cette violence verbale étant interprétée comme dangereuse, la loi
qu’elle veut défendre se trouve automatiquement destituée de légitimité, ainsi que la thèse
gouvernementale concernant la prudence face au risque de stigmatisation.
Force est de constater que sous couvert d’argumentation, les marqueurs de négation mobilisés
dans le contre-discours de l’opposition, établissent, eux aussi, un rapport direct et immédiat avec
le public qui est proche de l’intimidation et est, en ultime, un acte illocutoire. Visant à provoquer
un mal-être chez le gouvernement, ces énoncés l’accusent de mener une politique
discriminatoire, au même temps qu’ils prétendent l’obliger, par la parole même, à ne pas
légiférer contre la burqa. Il s’agit donc d’un mot d’ordre, un acte de discours exercitif selon Austin
(1970).
Il est encore intéressant de noter dans les exemples G, H et I que les énonciateurs, pour défendre
les musulmans, se montrent comme des porte-paroles de leur communauté. Nous pouvons
suggérer que cette argumentation reflète ce que Goffman appelle la « stigmaphilie » : c’est à dire,
une solidarité sociale envers le sujet stigmatisé qui est produite quand celui-ci fait éclater un
événement, comme enfreindre une loi, dit Goffman (1975) ou une rumeur qui partage les opinions
de manière binaire, comme dans le débat sur la loi contre la burqa. Nous comprenons qu’à travers
une telle solidarité rhétorique, ces acteurs veulent aussi défendre leur face positive et construire
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leur ethos discursif. Comme remarque Amossy (2006), l’image de soi est dans le discours et pas
dans la personne, elle est dans le sujet de l’énonciation. L’ethos sert ici l’efficacité de
l’argumentation (identification avec le public), au même temps qu’il est le résultat obtenu par la
force du discours : l’image de soi est valorisée en tant qu’alternative politique et identitaire,
opposée à celle du gouvernement.
Dans cet aménagement de faces, l’opposition joue entre la stigmaphilie, qui valorise sa face
positive, et la dénonciation des amalgames, qui nuit à l’image de la majorité gouvernementale.
Cette dernière est notre deuxième objet d’analyse ici.
7
Sur les idées reçues, voir Amossy (1991).
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À propos des idées reçues, Amossy (1991 : 45) souligne qu’elles s’enracinent dans les tensions du
système social et remplissent une fonction idéologique et politique évidente : « toute analyse
critique de l’image préfabriquée opère une démythification destinée à saper les fondements de la
discrimination ». En s’appuyant sur Jean-François Bayart (1996) qui présente l’identité comme une
construction culturelle, politique et idéologique – donc historique –, nous pouvons suggérer que la
critique portée par l’opposition met en question non seulement les amalgames et stéréotypes
mobilisés, mais aussi et surtout les hiérarchies socio-politiques sous-jacentes.
Butler renforce cette idée quand elle affirme, que loin de redoubler les structures sociales, le
discours de la haine leur fait subir une déstructuration du fait de leur réitération, répétition et
reformulation. Dans ce « projet linguistique de resignification » et « territorialisation subversive »
de l’ordre social, décrit Butler (2004 : 204), les mots menaçants, loin d’être sous le contrôle du
locuteur, ouvrent, au contraire, la possibilité linguistique de la puissance d’agir, c’est-à-dire, d’un
contre-discours, d’une autonomie radicale chez l’interlocuteur. « La puissance d’agir est un effet
du pouvoir » (Butler 2004 : 188), écrit-elle.
Ce qui est en question dans cette contre-argumentation, c’est la frontière normative entre les
pratiques discursives licites et illicites, les règles du débat politiquement correct et l’accusation
de leur violation. Comme le suggère Claire Oger, « on voit se dessiner des normes […] qui
dessinent des conceptions de la parole politique et s’organisent tout particulièrement autour de la
place que peut y occuper la conflictualité » (Oger 2012 : 3). « La violence verbale ne peut être
sanctionnée que dans l’ordre auquel elle appartient, l’ordre des énoncés et non par le biais de la
justice » (Moïse et Auger 2008 : 13), insiste encore Moïse.
En analysant les expressions investies axiologiquement telles que « climat malsain »,
« islamophobie galopante » et « pointer du doigt le hijab et le voile facial » – qui sont aussi
violentes dans l’accusation – nous comprenons qu’elles sont ancrées dans leur contexte socio-
politique d’énonciation, d’où elles retirent leur force critique. Fonctionnant comme des
mécanismes pragmatico-discursifs de construction du sens, faisant le lien entre l’acte et son
contexte (Galatanu et al. 2012), elles dessinent ainsi le rapport entre la sémantique et la
pragmatique des actes de langage. Au même temps qu’elles interprètent les actes menaçants
contre la burqa comme inadéquats, elles réalisent un acte de discours accusatoire : le
gouvernement mène une politique discriminatoire.
Pour conclure l’analyse de ce contre-discours, la question reste de savoir si la mésappropriation
de la performativité des paroles contre la burqa peut être l’occasion de « mettre au jour les formes
dominantes de l’autorité et l’exclusion sur laquelle elles reposent » (Butler 2004 : 209), c’est-à-dire
si elle peut inverser l’effet d’autorité de la menace.
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Revue Signes, Discours et Sociétés, n°9 La force des mots : les mécanismes sémantiques de production et d’interprétation...
B) Fadela Amara : La burqa n’a rien à voir avec l’islam, ce n’est pas un signe religieux. Moi qui
suis musulmane, je combats cet asservissement. (« Il est bon de savoir ce qui fait qu’on est
français », Le Parisien, 9 avril 2010)
C) Brice Hortefeux : Ce n’est pas un principe religieux : les femmes en pèlerinage à La Mecque
doivent être découvertes ! Cela pose un problème de dignité, d’égalité et de sécurité. (« Face
aux lecteurs – Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur… », Le Parisien, 12 mai 2010)
D) Jean-François Copé : la question du voile intégral n'est pas religieuse, ni liée à l'immigration.
Elle touche « d'abord [au] respect de la dignité humaine » et se fonde « sur l'impératif d'ordre
public ». (« Ministres en mission sur le voile », Libération, 17 décembre 2009)
E) Brice Hortefeux : le niqab n'est pas une prescription coranique, dans le but assumé de ne pas
stigmatiser une religion […] C'est une volonté de rupture avec le mode de vie occidental […]
Ce communautarisme radical n'a pas sa place en France. (« Voile intégral : vers une loi
d'interdiction dans les services publics », Le Figaro, 17 décembre 2009)
F) Andre Gerin : La France doit d'autant moins redouter d'interdire la burqa ou le niqab, et
même de stigmatiser le voile comme fantasme sexuel imposé par des machistes, que l'islam
radical qui inspire ces marques d'asservissement est en train de se faire désavouer par les
Iraniens eux-mêmes. (« Pourquoi il faut interdire la burqa en France », Le Figaro, 26 juin 2009)
G) Michèle Alliot-Marie : Notre pays n’est pas le seul à s’engager dans cette voie. Des États
islamiques ont, eux aussi, banni cette pratique. C’est même interdit à La Mecque.(« Des États
islamiques l’ont aussi bannie », Le Parisien, 19 mai 2010)
Nous constatons que le rejet de la nature religieuse du voile intégral est renforcé (1) par
l’explicitation de la subjectivité de l’énonciateur (« Moi qui suis musulmane, je ») ; (2) par des
formes exclamatives qui, comme dans l’exemple C, explicite et renforce la relation avec le
public ; (3) par des termes qui charrient tout jugement de valeur sur cette pratique religieuse, tels
que "asservissement", "communautarisme" et "problème de dignité, d’égalité et de sécurité", et
encore (4) par des expressions verbales violentes telles que "fantasme sexuel imposé par des
machistes". La négation polémique se trouve ici de nouveau mobilisée dans les exemples de A à E
(voir souligné), s’agissant de nier le caractère religieux du voile intégral qui serait en principe
une évidence partagée.
Nous comprenons que ce qui est en question ici c’est une dispute autour de la signification de la
burqa. Comme le souligne Kerbrat-Orecchioni, les axiologiques sont de dénotateurs illocutoires,
porteurs d’une subjectivité objectivisée avec pour but de persuader que « la nature même » –
dans notre cas, du voile intégral – « est stigmatisée et pas à travers l’énonciation » (Kerbrat-
Orecchioni 2009 : 92). Suivant Galatanu qui décrit la resignification comme un phénomène
sémantico-discursif de déconstruction-reconstruction du système de valeurs, dans lequel « ce qui
est touché n’est pas seulement un système de valeurs et la culture qui les porte, mais la
signification même des mots, dans leurs possibles argumentatifs » (Galatanu 1999 : 50), nous
pouvons suggérer que le glissement sémantique des expressions telles que "asservissement" et
"communautarisme" associées à la burqa finit par changer le sens même de celle-ci : il ne s’agit
pas d’un signe religieux, mais d’extrémisme et de sujétion.
Comme conséquence de cette resignification, l’inversion de l’argument sur la stigmatisation se
trouve automatiquement légitimée : la burqa est politiquement radicale et donc responsable de la
stigmatisation de l’islam. Ce pouvoir changeant, cette réappropriation argumentative de la
stigmatisation pour d’autres buts, signalent selon Butler, sa performativité discursive. Dans une
« chaîne rituelle de resignifications », elle décrit, « l’intervalle qui sépare différentes occurrences
d’un même énoncé rend non seulement possible la répétition et la resignification de cet énoncé,
mais indique de plus comment les mots peuvent, avec le temps, être […] recontextualisés sur des
modes plus positifs » (Butler 2004 : 36), que dans notre cas, sont des modes plus légitimes à la
politique gouvernementale.
Tous les éléments linguistiques relevés dans cette troisième partie et qui axiologisent le discours
politique sur la burqa s’inscrivent dans une forme de violence verbale et physique jugée
nécessaire pour maintenir « l’impératif d’ordre public ». La description des règles juridico-
sociales dans d’autres pays musulmans, comme l’Iran et l’Arabie Saoudite, qui comporte en elle-
même une évaluation, un jugement des faits, veut aussi renforcer cette argumentation qui se
dessine moralement comme un rappel à l’ordre.
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Revue Signes, Discours et Sociétés, n°9 La force des mots : les mécanismes sémantiques de production et d’interprétation...
La force illocutoire de cette rhétorique dépendra, enfin, du partage d’un système axiologique
entre les interlocuteurs, ainsi que d’une opération d’identification avec l’intention signifiante de
l’énonciateur. À cet égard, nous pouvons avancer que l’idée d’un extrémisme religieux incarné
par la burqa, qui se trouve à la base du contrat énonciatif établi avec l’interlocuteur, sera objet
d’une négociation avec celui-ci. Ce lecteur visé pourra, selon ses compétences (linguistiques,
pragmatiques, culturelles) et son monde de référence, interpréter la reconfiguration de cette
argumentation et la transformer encore une fois avant de construire son sens.
Conclusion
L’analyse sémio-pragmatique des discours argumentatifs et paroles menaçantes mobilisés dans le
débat autour de la loi contre le voile intégral nous permet de comprendre la burqa comme un
objet dont la signification est au centre d’un conflit de pouvoir social et politique, qui se dit dans la
langue, dans des rhétoriques particulières et demandent une approche sémiotique. C’est la
multiplication de sens autour de la burqa qui légitime les réappropriations subversives de
l’argument sur la stigmatisation par le gouvernement et l’opposition.
Menaces, accusations, dénonciations, mots d’ordre, autant d’actes de discours repérés dans notre
corpus que des réactions et subversions aux mêmes. L’efficacité de leur force illocutoire et leur
effet perlocutoire est justement le moteur pragmatique qui permet leur mise en question. Si les
mots ont donc un pouvoir c’est parce qu’ils suscitent leur propre transgression linguistique et
rhétorique, mais également sociale et politique.
Références bibliographiques
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concept d’action, Cahiers de Linguistique Française, n° 26, 27-43.
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OGER, C. (2012) : « La conflictualité en discours : le recours à l'injure dans les arènes publiques »,
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