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THINK LIKE EINSTEIN

I ) Les obstacles à la clarté de pensée

Penser clairement n’est pas facile. De nombreux mécanismes hérités du passé de l’humanité et de fâcheuses habitudes prises
inévitablement par chacun se mettent en travers du raisonnement.

Ces obstacles sont de quatre sortes :

inertie et paresse, logique incorrecte, perception incorrecte, rigidité de pensée.

L’inertie et la paresse sont les obstacles les plus communs, car l’homme tend naturellement à en faire le moins possible. Il cherche
automatiquement à résoudre un problème en fournissant le moins d’efforts possible. En agissant ainsi, il ne fait que contourner le
problème, il ne le résout pas sur le long terme. Comme un joueur d’échecs qui est content de lui, car il gagne contre un enfant, cette
manière de faire ne peut fonctionner face à des joueurs qualifiés : l’effort et la discipline sont dès lors nécessaires.

La logique incorrecte est le fait de s’appuyer sur un argument pour agir sans s’apercevoir que cet argument est en réalité inexact. Si
quelque chose semble logique et rationnel, alors l’homme agit comme si c'était réellement le cas, et malheureusement, les politiciens et
manipulateurs de tous bords usent abondamment de ce type de procédés. Pour prendre un exemple : "Voilà pourquoi cette salle de gym
doit être fermée." En utilisant la logique incorrecte, la réponse serait : "Vous êtes donc contre la santé et pour l'obésité dans ce pays ?" Ce
changement subtil d'argumentation (dans un cas la gym, dans l'autre la santé) est souvent difficile à percevoir et utilisé en l’absence de
contre-argument légitime. Cela finit souvent par devenir émotionnel et négativement exponentiel. Par exemple : "Et pourquoi ne pas fermer
aussi les hôpitaux, pendant qu'on y est ?"Autre exemple encore plus arbitraire: Les asiatiques ont les yeux bridé (fait) donc ils peuvent
moins bien voir (conclusion de logique incorrecte) .
Un autre mode de détournement indu d'argument est de contredire l’autre en prétextant en savoir plus long et en dénigrant l'argument
principal comme incomplet, ou en demandant des justifications impossibles.

La perception incorrecte ( comparaison) est un autre biais qui se traduit ainsi : - la mesure par contraste : tendance à se focaliser sur
le contraste plutôt que sur la valeur intrinsèque. Par exemple, en ne retenant que le pourcentage de réduction plutôt que la qualité
inhérente de l’objet, quel que soit son prix ; - le biais de simplicité : on préfère généralement ce qui est simple et directement
compréhensible, car cela semble mieux et plus vrai ; - l'erreur du joueur : c'est croire être capable de prévoir l'imprévisible et vouloir rendre
cohérent ce qui est issu du hasard.Ton frêre a été selectionné dans l’équipe regional de football ; il est donc bon dans ce domaine.
Ronaldo est pourtant bien meilleure que lui;comparé a Ronaldo ton frêre ne joue pas bien au foot ; ton frêre joue mal au foot.

La rigidité de pensée se traduit par le recours trop systématique aux stéréotypes, moyens commodes d’éviter de penser. Elle induit
aussi l’utilisation de schémas prédéterminés et très subjectifs, par exemple, se comporter automatiquement d’une certaine manière dans
un restaurant de luxe. À cet égard, le conditionnement social instaure des schémas très puissants et difficiles à combattre. En effet, la
société où vous avez été élevé depuis l’enfance implante des habitudes subconscientes tenaces. On le voit, réussir à raisonner clairement
n’est pas gagné d’avance. Apprendre à être conscient des obstacles qui entravent le raisonnement est le premier pas

II ) Trois structures de pensées


Il existe plusieurs mécanismes et structures de pensées efficaces qui permettent de mieux réfléchir, quel que soit le domaine.

En voici trois, parmi les plus connus.

Le modèle du professeur Peter Facione, qui liste six compétences contribuant à améliorer la réflexion :
1. Interprétation : “Qu’est ce que je suis en train de voir et est-ce que quelque chose m’échappe ?”
2. Analyse : “Qu’est ce que cela m’apprend, et pourquoi ?”
3. Déduction : “Quelle information est manquante et qu’est-ce que ce manque signifie ?”
4. Évaluation : “L’information est-elle valide, bonne et digne de confiance ?”
5. Explication : “Comment puis-je faire pour comprendre cette information ?”
6. Autorégulation : “Est-ce que j’ai vraiment compris ? Si non, comment faire pour corriger cela ?

Intégrer information de manienere personnelle

Le modèle RÉD. Est-ce que je dispose de toute les informations


nécessaires pour comprendre
Quelle que soit la situation ou l’information donnée, on peut la faire passer au crible suivant :
1) Reconnaître les hypothèses. C’est-à-dire, faire la différence entre ce qui est une hypothèse et ce qui est un fait établi.
2) Évaluer l’information. Est-elle fiable ? connotée émotionnellement pour l’interlocuteur ou soi-même ? Quels sont les buts sous-
jacents ?
3) Dresser des conclusions et analyser sa propre objectivité.

Le modèle de Paul-Elder, de Richard Paul (directeur de recherche du centre de pensée critique) et Linda Elder (psychologue).
Ce modèle est également en trois étapes. Il sert essentiellement à apporter plus de profondeur et de créativité à son raisonnement en le
décomposant en parties plus petites

1) Éléments de pensée : Quel est le problème ? la question ? Quel type de pensée est utilisée ? Les hypothèses ? Les données et
évidences ? L’interprétation ? Quels sont les concepts utilisés ? Quelles sont les conséquences ? Où ce raisonnement conduit-il ? -
2) Standards intellectuels universels : Comment peut-on être plus clair ? plus précis ? plus sûr ? plus pertinent ? moins complexe ?
Y a-t-il un autre point de vue possible ? Tout est-il cohérent ? Qu’est-ce qui est le plus important ? Quelles sont les influences externes ? -
3) Traits intellectuels : il faut les cultiver dans leur dimension intellectuelle, que ce soit au niveau de l’humilité, du courage, de
l’empathie, de l’autonomie, de l’intégrité, de la persévérance, de l’objectivité.

Ces trois modèles mettent en évidence la nécessité de réfléchir comme un scientifique (question, hypothèse, expérimentation, analyse,
conclusion) pour tout ce qui touche au raisonnement. Ils permettent par ailleurs d’améliorer cette compétence grâce à la restructuration de
la pensée.

III) La resoltion des problêmes de façon créative


La majorité des personnes qui souhaitent améliorer leur façon de réfléchir cherchent avant tout à trouver des solutions créatives à leurs
problèmes, c’est-à-dire découvrir comment sortir de l’impasse en fournissant le minimum d’efforts. Trouver une solution créative, fort
heureusement, ne veut pas forcément dire avoir des idées que seuls les génies ont. Il s’agit plutôt de rapprocher des concepts
apparemment sans liens entre eux ou d’en découvrir des sous-jacents, menant à la solution.

Voici les techniques pour y arriver :

1) Changer de perspective : la première chose à faire est simplement de changer la description du problème. Plus le point de vue
sur le problème changera, et plus il sera facile de trouver de nouvelles solutions ; -
2) Trouver l’origine du problème : se demander quels seront les bénéfices de la résolution du problème. Par exemple, si vous
voulez acheter une nouvelle voiture, l’essence du problème n’est pas quelle voiture choisir, mais quel mode de transport est le plus adapté
à votre situation ; -
3) Chercher une solution identique dans un domaine différent : le problème posé n’est probablement pas nouveau et de
nombreuses personnes y ont déjà réfléchi autrement. Il suffit d’élargir sa réflexion à des domaines différents, afin de voir si les solutions
sont transposables ; -
4) Choisir une option et l’approfondir : très souvent, approfondir un aspect du problème pour trouver une solution est plus efficace
que de tenter superficiellement plusieurs options en même temps. Même si l’option choisie se révélera en définitive fausse, les
compétences acquises serviront à l’expérimentation d’un autre aspect. En effet, les compétences développées pour une option unique
peuvent servir en cours de route à une autre : on ne pouvait pas le savoir avant, puisqu'elles n'étaient pas développées. Thomas Edison,
par exemple, a déposé 1 093 brevets.
5) Combiner des concepts qui n’ont rien à voir entre eux : par exemple, lors de la conception d’un nouveau fauteuil, se demander
s’il ne serait pas possible d’y adjoindre des ustensiles de cuisine. Serait-ce utile, et si non, pourquoi ? On peut également faire usage de
métaphores qui évoquent le problème et ajouter “à l’exception” ou “parce que” à la fin : “Ce problème induit la même chose que lorsqu’il
faut laver ses vêtements, exception faite de…” ou “parce que…” ; -
6) Imaginer des hypothèses improbables et audacieuses : par exemple, faire comme s’il n’y avait pas de gravité, se demander s’il
est possible de se nourrir uniquement d’aliments gratuits ou d’aller au travail à 11h, sans que personne s’en aperçoive. Comment vous y
prendriez-vous pour y parvenir ; -
7) Jouer un rôle : s’imaginer être Sherlock Holmes ou un psychologue, par exemple, car porter différentes casquettes incite à
raisonner différemment ; -
8) Ne pas être pressé : la créativité a besoin de temps, de divagations mentales apparemment sans liens entre elles, et d’un
environnement favorable.

IV) La méthode socratique


Cette ancienne méthode de raisonnement nous vient de la Grèce antique et de Socrate. Elle force à une pensée discursive en interrogeant
avec une apparente agressivité celui qui doit défendre l’argument, en mettant en lumière tous ses points faibles et erreurs de
raisonnement.
Par exemple, si quelqu’un affirme que le ciel est bleu sans avoir une connaissance scientifique du phénomène, la méthode socratique le
poussera dans ses derniers retranchements et il finira par se rendre compte que malgré les apparences, il ne sait pas pourquoi le ciel est
bleu.

Cette méthode ne fonctionne pas avec tout le monde, car elle met l’interlocuteur sur la défensive et par conséquent, peut sembler très
désagréable. R.W. Paul, directeur de recherche au Centre pour la pensée critique, a explicité les questions à se poser dans le cadre de
cette méthode :

1. Intérêt de la question : à quoi bon savoir si le soleil est bleu ? -


2. Mise en cause de l’hypothèse : est-ce vraiment du bleu ? Quel genre de bleu ? Tout le monde le voit-il de manière identique ? -
3. Pourquoi ce point de vue et pas un autre : le ciel pourrait-il être rouge ? -
4. Quelles conclusions cela implique quant à la couleur de l’océan ?

Platon insiste en rappelant que regarder un doigt n’éveille pas l’intelligence. Un doigt est un doigt mais, si on observe le pouce et l’index on
remarquera que l’index est un grand doigt parce qu’il est comparativement plus grand que le pouce. Si ensuite on regarde l’index et le
majeur, on en concluera que l’index est un doigt petit parce qu’il est plus petit que le majeur. à première vue, il est impossible de
comprendre que l’index puisse être à la fois grand et petit.

«La route qui monte et qui descend est une seule et unique route.» Cette formule d’Héraclite

l’harmonie des contraires. La méthode socratique rejette toute forme d’exclusion ou de séparatisme. Elle assume la loi naturelle de polarité
qui régit l’univers : jour et nuit, froid et chaleur, masculin et féminin. Grâce à sa logique d’inclusion, elle transforme les paires d’opposés en
union des contraires.

La dialectique n’est pas le savoir mais la méthode qui permet d’y parvenir. Socrate nous donne le courage d’affronter nos propres
ignorances en jalonnant le chemin. C’est le dialogue qui s’instaure dans le chemin qui fera apparaître la vérité. À travers la pratique de la
dialectique, Socrate nous invite à participer à un véritable processus alchimique. Comme l’œuvre alchimique, la dialectique connaît trois
phases : l’exhortation, la réfutation et la maïeutique ou naissance à soi-même.

Ces trois phases indiquent un processus évolutif en spirale, illustré par l’ascension du fameux mont Hélicon, au sommet duquel résident les
neuf Muses, et dont la finalité est le retour de l’âme à la lumière de l’origine. Dans le quotidien, les trois phases constituent un cycle de
renouvellement et de perfectionnement qui nous permet de devenir chaque jour meilleur. Chaque jour, nous pouvons donner naissance à
un nouvel aspect de nous-mêmes. Chaque jour, nous pouvons inventer, comprendre, créer quelque chose de nouveau.

L’exortation
L’exhortation est une véritable sonnerie de clairon pour la conscience. Socrate invente l’examen de conscience : la reconnaissance de
l’ignorance. L’examen sincère de soi permet de reconnaître et d’assumer ses idées erronées, ankylosées, l’orgueil de son ego, les
véritables obstacles qui empêchent d’avancer sur le chemin. Il nous conduit à constater nos ignorances.

Qu’ai-je cru vrai qui est faux ? Qu’est-ce que je crois faire bien que je fais mal ? En quoi est-ce que je commets des erreurs ? Car ces
dernières proviennent d’une ignorance que je dois assumer pour découvrir mes manques. L’exhortation de la conscience permet d’illuminer
les zones erronées, pour les assainir, les assumer, les constater et comprendre qu’il nous manque quelque chose. La constatation de
l’ignorance conduit à l’amour ou à la quête de ce qui nous manque.
Un double chemin se présente à nous : celui qui consiste à ne pas assumer nos erreurs, nos ignorances, à rester pédant, égocentrique et
à nous justifier, en voulant prouver quelque chose, ou celui qui consiste à accepter ce que nous sommes et à décider qu’il faut faire
quelque chose pour avancer.
Au début, cette prise de conscience s’exprime comme une souffrance devant l’absence d’une dimension supérieure dont nous avons la
nostalgie. L’introspection à laquelle nous amène l’exhortation nous conduit au fond de nous-mêmes, à la découverte socratique que nous
savons seulement que nous ne savons rien mais aussi à la découverte de notre besoin d’aimer et de chercher la sagesse. C’est cette re-
connaissance qui nous conduit à sortir de notre ignorance. C’est la constatation de ce qui nous manque qui permet de faire naître l’amour.
Cette nouvelle inquiétude nous mène de l’ignorance à la philosophie ou amour de la sagesse. L’ignorance, selon Socrate, ne consiste pas
à ne pas savoir mais à continuer d’ignorer ce que nous savons que nous ignorons. On ne peut ignorer l’ignorance sous peine de ne pouvoir
apprendre. Ignorer l’ignorance, pour Socrate, est la plus terrible des maladies. Notre véritable ennemi intérieur est ce qui nous pousse à
nous résigner à l’ignorance avec fatalisme, à renoncer à développer un profond besoin de changement intérieur, à renoncer à toute volonté
de transformation : «Je suis comme ça ! qu’y faire ? je n’y peux rien !» Pour Socrate, renoncer à sa propre capacité de transformation, c’est
être déjà mort.

La réfutation ou purification
Nous devons apprendre à nous purifier de nos ignorances parce que celles-ci dissimulent notre sagesse. Comme est purifié le métal, une
fois dissoute la gangue qui l’entoure de ses sels minéraux au fond de la mine, nous devons nous purifier de notre ignorance en nous
libérant de nos préjugés, de nos pseudo-connaissances, des idées mal comprises, du sophiste enfin qui nous habite.

La purification est une voie pour nous débarrasser de nos idées erronées, par le dialogue ou l’ascension de la conscience. Celle-ci, à
travers un interrogatoire précis, se «purge» des erreurs intellectuelles et affectives qui lui cachent la vision de la vérité. À travers la
confrontation initiée par le dialogue, nous prenons conscience de notre responsabilité en affrontant nos doutes et nos peurs, en accédant à
des pensées toujours plus claires et plus pures. La philosophie telle que l’enseigne Socrate mène à une discipline de vie qui conduit elle-
même à la simplicité.
La première antichambre, celle de l’ignorance, fait naître l’amour et la seconde conduit à la volonté, à la force d’ascension ou de
dépassement de soi, à la pratique de l’exigence et de la rigueur. Cette ascension s’effectue à l’intérieur de soi, comme face aux obstacles
de l’environnement, ce qui oblige à se simplifier et à se sentir toujours plus léger. Ce premier vestibule conduit de la connaissance
intellectuelle à la vision, à la contemplation des choses, à l’intuition.

Comment distinguer les vraies inspirations et intuitions, obtenues en songes ou reçues de son daimon ou voix intérieure, des simples
spéculations ou projections ? Pour Socrate, la méthode dialectique est l’outil de cette mise à l’épreuve.
En effet, si l’intuition est la saisie immédiate d’une vérité, sans l’aide du raisonnement, si elle est un outil précieux d’information et
d’inspiration, pour qu’elle devienne compréhensible, transmissible et utilisable, il lui faut passer au crible de la raison. C’est cette
confrontation qui permettra d’éprouver sa consistance et de savoir si elle est une simple vue de l’esprit, une illusion ou si elle est au
contraire porteuse d’une information authentique, neuve et utile.
Lorsqu’Archimède, en faisant déborder son bain à Syracuse, s’exclame «Euréka» (j’ai trouvé), il a l’intuition du principe de la densité. Mais
c’est parce qu’il a traduit cette intuition dans une loi exprimable par une formule que tous ont pu avoir accès à la compréhension et à
l’utilisation de ce principe. En mettant en formule son intuition, il l’a validée et son expérience subjective est devenue objective,
compréhensible et exploitable par tous. De même, l’œuvre d’art est la traduction, dans le plan mental puis dans le monde sensible, d’une
inspiration.
C’est le rôle de la dialectique de faire de l’intuition une connaissance, intégrée à notre conscience. Elle permet de la vérifier et de la
traduire.
Socrate n’est ni athée ni agnostique. C’est dans le plan spirituel que la dialectique joue un rôle majeur. Pour la première fois, il devient
possible de traduire en termes clairs le vécu spirituel. La dialectique exerce, dans la dimension spirituelle, une double purification. Non
seulement elle purifie des illusions de la fantaisie et de la tyrannie de la subjectivité, comme on vient de le voir, mais elle purifie également
la religion de la superstition et du fanatisme, ce que ne supporteront pas les détracteurs de Socrate.
Si Socrate s’est approprié l’outil intellectuel, c’est d’abord en vue d’une meilleure efficacité dans le domaine de l’action concrète, en se
prémunissant contre la subjectivité, l’impulsivité, la passion. La méthode dialectique est un moyen. Elle n’est pas la finalité qu’en a fait
souvent la modernité. Socrate n’enferme ni le monde ni l’individu dans une méthode car ce qui est capital est le contact avec la partie
supérieure ou divine qui est en chacun.
On se trouve là face à un autre type de dialogue, celui qui permet la véritable transformation intérieure, celui qui préside à la maïeutique ou
naissance à soi-même. Non plus le dialogue entre deux personnes qui réfléchissent ensemble mais un dialogue intérieur entre une
intuition, une inspiration, et une intelligence qui met à sa disposition un canal pour qu’elle puisse trouver son aboutissement dans une
œuvre, action ou objet.

La maieutikè

Le mot maïeutique dérive du grec maieutikè, l’art de faire accoucher, mot qui vient lui-même de maia, la sage-femme. En analogie avec le
travail de sa mère, Socrate se faisait appeler «l’accoucheur d’Athènes», qui faisait naître à la lumière de l’esprit des centaines de citoyens
athéniens. À travers ses interrogatoires, Socrate essaie d’extraire des âmes de ses interlocuteurs et de révéler ce qu’ils savent sans le
savoir, comme cela arriva au célèbre Ménon qui, le bec cloué par les questions de Socrate, découvrit progressivement sa connaissance
inconsciente du théorème de Pythagore. Découvrir ce qu’on sait, savoir qui on est, connaître sa valeur intrinsèque, son Être, telle est la
finalité de la maïeutique.
On ne peut donner le jour à ce qu’on ne possède pas ou à ce qu’on n’est pas. Socrate ne peut apporter qu’une aide, comme une sage-
femme à une parturiente. La lumière qui naît, la sagesse qui se révèle ne sont pas celles de Socrate mais celles de celui qui se donne le
jour. On ne peut donner à l’autre ce qu’il ne possède pas. On peut néanmoins l’aider à exprimer ce qu’il est.
À travers la dialectique, nous accédons à une connaissance que nous possédons, selon Socrate, depuis l’origine du monde mais que nous
avons oubliée à cause de l’impact de l’incarnation de l’âme dans la matière. Tout véritable savoir pour Socrate est une réminiscence, un
rappel de l’âme qui se souvient. C’est la purification et le besoin de retourner à la lumière qui confère à l’âme la capacité d’utiliser à
nouveau la pensée pure, de se rappeler et d’exprimer l’Être.
La maïeutique est la science de soi ; elle fait de la connaissance la force qui dirige l’activité spirituelle et concrète. La sagesse socratique
consiste à se vaincre soi-même, l’ignorance à être vaincu par soi-même. Cette sagesse se met en pratique à travers la vertu qui conduit à
la véritable félicité ou eudaimonia, laquelle consiste à faire le bien sans chercher de récompense.

Socrate nous apprend par son exemple qu’un homme en paix avec sa conscience est un sage. Le sage pourra affronter avec calme, à
chaque instant, le mystère de la mort et en même temps vivre pleinement.

Ces quelques questions ne sont que des exemples. Les possibilités d’interrogation et de remise en cause des raisonnements sont
nombreuses, mais le but reste de s’attaquer à l’affirmation par tous les angles possibles, jusqu’à ce qu’elle se révèle inexacte, ou au
contraire, assez solide pour être acceptée. Cette méthode peut sembler inapplicable aux sujets triviaux, et pourtant, c’est le cas. Elle se
rapproche des interrogations et demandes de clarifications innocentes des enfants. Pour l’appliquer, adoptez un ton curieux plutôt que
soupçonneux. Si l’interlocuteur se met sur la défensive, c’est probablement que vous avez trouvé une faille dans son raisonnement. Bien
entendu, la meilleure utilisation reste sur soi-même, car elle permet une remise en question de ses croyances et raisonnements en jouant
l’avocat du diable, jusqu’à trouver les arguments les plus solides possible en jouant l’avocat du diable, jusqu’à trouver les arguments les
plus solides possible.

IV) Prendre de meilleures décisions


L’indécision n’est pas un problème à prendre à la légère. La paralysie qu’elle génère s’étend à tous les domaines, et espérer obtenir plus
de données pour décider ou que quelqu’un décide à sa place est du temps perdu. La raison fondamentale de l’indécision réside dans le fait
qu’on ne veut pas être jugé négativement.
C’est donc un problème de confiance en soi. Les techniques pour y remédier sont nombreuses, à vous de trouver celle qui vous convient le
mieux. En voici quelques-unes.
1) Dans une certaine mesure, chaque décision est réversible. Tenter quelque chose et suivre son évolution est souvent plus utile
que de réfléchir de manière abstraite. Cela permet de recueillir plus d’informations et donc, d’affiner sa décision. Par exemple, si l’on hésite
à vivre à New York ou au Texas, le mieux est d’essayer directement l’une des deux destinations ! Cette technique peut aussi être appliquée
en cas d’urgence : choisir mentalement et dans l’immédiat une option par défaut et poursuivre l'analyse des autres possibilités. Si, dans un
délai raisonnable, vous ne trouvez pas de solution de rechange, il faut se contenter de l'option par défaut. Dans cette optique, apprendre à
tolérer l’imperfection est fondamental, car le mieux est l’ennemi du bien.
2) La loi de Pareto nous dit que 20% des efforts apportent 80% de satisfaction. Rechercher 100% de satisfaction est donc
improductif et fatigant. Il faudrait déployer 80% d’efforts en plus pour seulement 20% de gain supplémentaire. De plus, cela peut aboutir à
une quête de l’impossible. Par exemple, chercher à obtenir 100% de satisfaction en allant au restaurant est illusoire. Si une chose vous
satisfait à au moins 70%, n’hésitez plus ! Le simple fait d’avoir décidé rapidement fera passer votre satisfaction à 80%. Aussi, savoir se
contenter de l’“assez bon” ou du “suffisant” est une habitude utile à acquérir : elle libère beaucoup de temps et d’énergie. Pour donner un
dernier exemple concret : Le medecin soigne 80 % de sont temps 20 % des maladies existentent. Donc de ce bias si l’on pouvait éliminer
de manière définitive ces 20 % le medecin aurait 80 % de temps en plus !
3) Penser en extrêmes et voir les choses en noir ou blanc est une méthode surprenante, mais efficace. Contrairement à un
jugement réfléchi, elle permet de décider rapidement, puisqu’elle simplifie la situation en ne faisant ressortir que les éléments extrêmes.
Par exemple, imaginez que vous ayez le choix entre trois restaurants. L’un fait des burgers, mais pas que. Le second est cher, mais
propose aussi des plats bon marché. Le dernier est loin, mais acceptable, s’il n’y a pas trop de circulation. Pour prendre une décision, il
convient de réduire les critères à : burgers, cher, loin. Le choix est ainsi vite fait

V) Différents types d’intelligences


Il existe de nombreuses autres formes d’intelligence en dehors de la plus connue, que l’on peut qualifier d’intellectuelle et de scolaire. Un
athlète ou un musicien, par exemple, n’a peut-être pas le QI d’un universitaire, mais peut tout aussi bien connaître le succès. Howard
Gardner, un psychologue américain, a listé huit différentes formes d’intelligence :

1) L’intelligence verbale et linguistique : vous savez bien écrire, raconter des histoires, faire des mots croisés, convaincre, expliquer,
apprendre de nouvelles langues. Votre vocabulaire est riche et vous êtes considéré comme amusant ;
2) L’intelligence logique et mathématique : vous êtes bon en maths, apprenez vite, êtes attiré par l’abstraction et les énigmes, les
jeux de stratégie. Vous êtes efficace et productif, patient et précis ;
3) L’intelligence spatiale (être capable d’estimer les espaces et distances) : vous êtes doué en navigation, savez lire les cartes,
jouer aux échecs et faire des puzzles. Vous êtes capable de reproduire ce que vous avez vu, vous estimez correctement les distances,
tailles, et aimez l’architecture et la sculpture. Vous avez une mémoire visuelle rapide et précise ;
4) L’intelligence corporelle (contrôle du corps et coordination) : vous êtes doué en sports et en danse. Vous apprenez en essayant
et en faisant, vous parlez et travaillez avec vos mains, vous ne pouvez rester assis longtemps ;
5) L’intelligence musicale : vous avez un bon sens du rythme, lisez facilement les partitions, vous apprenez vite à jouer des
instruments, parfois même tout seul. Vous chantez, connaissez la différence entre une bonne et une mauvaise musique, et vous rappelez
facilement les paroles des chansons que vous n’avez pas écouté depuis longtemps ;
6) L’intelligence interpersonnelle (capacité de communication avec les autres et de compréhension) : vous pouvez anticiper ce que
les autres vont dire ou ressentir et leurs motivations. Vous aimez être entouré, faites preuve d’empathie et savez résoudre les problèmes
des autres, comprenez les signaux de communication verbaux et non verbaux ;
7) L’intelligence intrapersonnelle (capacité d’analyse et de contrôle de soi-même) : vous n’avez aucun problème à rester seul, êtes
direct et franc et avez une profonde connaissance de vous-même. Vous êtes conscient de vos émotions, avez un sens des valeurs ou de la
morale, un but dans la vie, une bonne intuition, vous avez un esprit analytique, et aimez ne pas faire comme tout le monde ;
8) L’intelligence naturaliste (compétences en extérieur) : vous savez vous débrouiller avec peu, avez un sens écologique
développé, comprenez immédiatement les changements de la nature, préférez la campagne à la ville et les activités en extérieur.

Déterminez quels types d'intelligence prévalent chez vous afin de les développer. De cette façon, vous êtes sûr de réussir, quand bien
même le système éducatif ne vous correspondrait pas. Les meilleurs dans leur domaine sont ceux qui ont découvert leur type d’intelligence
et comment l’exploiter. Il est aussi important de travailler sur ces points forts pour développer son aspect unique et devenir brillant. Si l’on
développe uniquement ses faiblesses et si l’on arrive à amener tout ces différents types sur une moyenne ; on ne sera que moyen.
Il faut donc développer ses points forts pour devenir le meilleur dans un domaine (un génie)

VI) Déchiffrer les données


La plupart des gens ne font pas l’effort de déterminer si les données et informations qu’elles perçoivent sont valides et dignes de confiance.
Pourtant, avoir un regard critique sur toute donnée à traiter est absolument essentiel, car bien des choses dépendent de la qualité de cette
opération.

Voici quelques erreurs de traitement de données, parmi les plus flagrantes.

1) La corrélation n’est pas la cause : deux évènements peuvent être liés d’une certaine manière, sans pour autant que l’un cause
l’autre, même si cela semble plausible. Par exemple, si le même jour à la plage vous constatez une augmentation des ventes de glaces en
même temps qu’une multiplication du nombre de noyades cela n’implique évidement pas l’un avec l’autre.

2) Le biais de sélection : la qualité des données dépend directement de la manière dont elles sont sélectionnées. Si cette technique
est inexacte, les données fournies seront, au mieux, partiellement justes. Par exemple, les critères de notations des restaurants sont
subjectifs, inconnus et variables.Il faut se demander : Qui juge ses paramètre ? Qui les publient ? Ces notes sont reflètent t’elle une vérité
ou dépandent t’elle juste d’un ensemble d’éléments circonstenciel ?
3) La marge d’erreur : la plupart du temps, la marge d’erreur, par exemple dans les sondages, quantifie plutôt l’erreur possible au
sein de l’échantillon choisi, que la marge d’erreur quant au résultat absolu. Autant dire qu’elle ne sert pas à grand-chose. Parfois,
l’imprécision des termes mène également à des erreurs. Il ne faut pas confondre, par exemple, précision et justesse, moyenne et médiane.
Il est également important de faire la différence entre une statistique significative au sens des probabilités (5% de différence, par exemple)
et entre une statistique significative en termes de praticité (dans la plupart des cas, 5% de différence ne justifie pas de passer à l’action).
En termes usuels, on peut matérialiser cet exemple par l’inutilité de payer une assurance supplémentaire pour un risque aussi bas.
Exemple concret : 90 % des français mange des frites

VII) Machine à idées


Il est difficile d’avoir plus d’idées de meilleure qualité et plus créatives, car personne n’apprend comment faire, notamment comment arriver
à en matérialiser quelques-unes. Il est toutefois possible de s’améliorer dans ce domaine.
Préférez, lors de vos sessions de brainstorming, la quantité à la qualité.
Pour ce faire, ne censurez rien et notez les idées comme elles viennent, sans penser à leur qualité dans le cadre de ce problème. Bien
souvent, le subconscient suit des voies détournées pour trouver des solutions et commencer par des idées absurdes permet de préparer le
terrain aux idées vraiment efficaces. Visez au minimum 100 idées par problème. Si 100 vous semble impossible, utilisez les lettres de
l’alphabet : à chaque lettre doit correspondre une idée. Encore une fois, visez les idées absurdes, hors de propos, exagérées. Ce sont
elles qui permettent de sortir du carcan trop conventionnel dans lequel est enfermé le problème, et ce sont elles qui ouvriront la voie aux
autres, plus utiles. Enfin, décidez d’une limite de temps, par exemple 10 minutes, pour trouver ces 100 idées. Cela permet d'empêcher le
cerveau de se censurer et lui donne rapidement l'habitude de "sprinter intellectuellement".

Une autre technique est celle de la boule de neige, qui permet de donner de l’ampleur à une idée prometteuse. Il faut ajouter à cette idée
de départ au moins sept éléments de causalité et d’implications générés par elle. Face au résultat ainsi obtenu, ne garder que les meilleurs
éléments, c’est-à-dire ceux pouvant être mis en pratique, et recommencer le processus. (voir exemples technique booule
de neige)
Cette technique fonctionne également très bien si plusieurs personnes participent à alimenter la boule d’idées.

Il est aussi utile de prendre de la distance psychologiquement. Comme vous aideriez un ami empêtré dans ses problèmes sentimentaux ou
professionnels, un regard extérieur est souvent plus objectif et sûr. Pour cela, le plus efficace est de placer la situation dans un autre
espace-temps. Imaginez votre problème en Grèce antique ou en Californie par exemple, changez le lieu, le temps, l’environnement pour
vous retrouver dans des contextes peu familiers.

Par ailleurs, s’isoler totalement du monde extérieur, que cela soit en s’immergeant dans un caisson de flottaison, grâce à des écouteurs
ou bouchons d’oreilles, permet de générer le flux de pensées nécessaires à une plus grande créativité.

Enfin, adaptez les idées déjà existantes. Il est rare de créer des idées “ab nihilo”, et il est plus facile de modifier légèrement les bonnes
idées déjà trouvées. Par exemple, si la livraison expresse de nourriture existe, les niches faisant usage de cette idée sont innombrables :
nourriture asiatique, gastronomique, glaces, etc. Demandez-vous quelle serait la forme parfaite d’exécution de cette idée.

VIII) Améliorer la qualité de son jugement


Rares sont ceux qui analysent correctement une situation. La plupart renoncent à analyser l’ensemble des faits et préfèrent décider en
suivant leur instinct, leurs émotions, car c’est un moyen plus rapide et facile de trancher.

En effet, faire preuve de jugement nécessite expérience et connaissance, qui sont longues et difficiles à acquérir. Voici quelques
techniques qui permettent néanmoins de développer sa capacité d’analyse rapidement :

1) Garder un bon équilibre entre attention aux détails et vue d’ensemble. Tout déséquilibre sur ce point entraînera des erreurs de
jugement. Demandez-vous, lorsque vous vous intéressez aux détails, s’ils sont conformes au résultat ultime recherché et si vous
maîtrisez tous les détails nécessaires lorsqu’un projet naît dans votre esprit. En d'autres termes : gardez à l'esprit le général
lorsque vous vous focalisez sur le particulier, et le particulier lorsque vous vous focalisez sur le général ;

2) S'entraîner à la déduction. Observez et décelez les détails clés afin d’échafauder en toute objectivité une hypothèse plausible.
Le personnage de Sherlock Holmes illustre cette méthode de raisonnement : elle permet de connaître la vérité, sans preuve
manifeste ;

3) Devenir sceptique. Tout ce qui est dit, même par des proches, doit être filtré et éviter d’être pris pour argent comptant. Ce n’est
pas être méfiant, mais avoir le réflexe intellectuel de vérifier par soi-même ce qui a probablement été déformé par les autres,
même inconsciemment. Cherchez les preuves de leurs affirmations, recoupez les informations, interrogez leurs motivations
profondes, fiez-vous aux faits et aux évidences uniquement. Réfléchissez de manière purement scientifique ;

4) Reconnaître ses propres biais cognitifs. Reconnaître que votre histoire personnelle, votre éducation, influencent vos décisions, et
par conséquent, devenir conscient de vos automatismes permet de corriger vos biais cognitifs. Pour y arriver, cherchez ce qui
vous rend heureux ou malheureux, ou qui éveille certaines émotions bien précises : ce sont des indices de fonctionnements
cognitifs automatiques. Par exemple, si vous ne supportez pas que quelqu’un coupe la queue au guichet, cela peut vouloir dire
que vous avez tendance à privilégier les règles sociales. Cela signifie aussi que vous avez tendance à ne pas prendre en
considération d’éventuels autres facteurs, expliquant ce comportement incivil.

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