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Master 2 - Droit Privé Fondamental

Droit des personnes

ACTUALITE JUDICIAIRE ET VIE


PRIVEE

1
SOMMAIRE

INTRODUCTION...........................................................................................................................3

I. LA VOLONTE LEGISLATIVE DE PROTECTION DE LA VIE PRIVEE FACE AU DROIT A

L’INFORMATION SUR L’ACTUALITE JUDICIAIRE ......................................................................7

A – LA PROTECTION LEGISLATIVE DE LA VIE PRIVEE DURANT L’INSTRUCTION ...............8

Le secret de l’instruction.- les publications interdites.- Les actes de procédure.- Les


publications liées à l’identité de la personne.- L’image de la personne.-

B - LA PROTECTION LEGISLATIVE DE LA VIE PRIVEE A LA PHASE DU JUGEMENT.........11

Le principe de la publicité des débats.- Les exceptions.- L’interdiction de l’enregistrement


des débats.- Le compte rendu des débats par la presse.- La diffamation.- Les dispositions civiles,
protectrices de la vie privée.- Originalité de l’article 9 du Code civil.- Le terrain de protection
de l’article 9.-

II. LA PREVALENCE JURISPRUDENTIELLE DU DROIT D’INFORMATION DE L’ACTUALITE

JUDICIAIRE SUR LA VIE PRIVEE ...............................................................................................15

A’- L’AFFAIBLISSEMENT DE LA VIE PRIVEE FACE A LA SUPERRIORITE DU DROIT A

L’INFORMATION.......................................................................ERREUR ! SIGNET NON DÉFINI.

La différenciation évidente entre personne publique et personne privée.-Réflexion sur la


portée du droit à l’oubli.- Le revers de la supériorité du droit à l’information.-

B’- LE RESPECT DE LA DIGNITE HUMAINE, ULTIME GARDE- FOU?..................................20

La notion de la dignité humaine, un droit fondamental.- Un « rempart face aux


débordements de la liberté d’expression. ».- Plasticité de la notion de dignité humaine, un
risque de perte de substance.- Un « garde- fou » apparemment insuffisant, renchéri par
l’avènement de la notion de « débat de société ».

CONCLUSION.............................................................................................................................25

BIBLIOGRAPHIE........................................................................................................................26

2
INTRODUCTION

A la fin du XVI ème siècle le poète Florian achevait sa fable du Grillon par un vers dont la
connaissance de tous traduit son application contemporaine : « Pour vivre heureux, vivons
cachés  »1. Si cette image n’échappe pas aux excès de la caricature, elle exprime néanmoins la
nécessité réelle, pour l’individu, de pouvoir soustraire une part de sa vie aux indiscrétions de
ses concitoyens.

Cette nécessité de préservation d’une intimité de l’individu n’est pourtant pas une donnée
naturelle. Les écrits du XVII ème siècle ne relatent- ils pas le lever du roi, le déjeuner du roi,
le coucher du roi…l’accouchement de la reine ? Certaines peintures du XVIII ème siècle
n’ont-elles pas immortalisé des parisiens se baignant nus dans la Seine ? Il semble donc que
cette volonté de soustraire à la curiosité des tiers une partie de sa propre vie ne se soit
développée qu’à partir du XIXème siècle, comme la conséquence de la montée de
l’individualisme caractéristique de cette époque.

Cette coexistence chez chaque individu d’une vie publique, vécue au grand jour, et d’une vie
privée, affranchie du regard extérieur, a fait naître de nouvelles problématiques. La première
d’entre elles n’est autre que celle de la délimitation de son contenu dont on comprendra
qu’elle a une vocation au changement en fonction de l’évolution des mœurs. La seconde est
celle de sa protection contre les intrusions dont elle pourrait être victime et qui sont facilitées
par le développement des médias et des moyens de communication.

La vie privée n’a reçu, en France, aucune définition législative, et l’on doit bien avouer que
les législations étrangères ne nous sont pas d’un grand recours en ce domaine. Au-delà de la
définition universellement valable se résumant à la tautologie selon laquelle la vie privée est
tout ce qui ne constitue pas la vie publique, il nous faut nous en remettre à la jurisprudence
pour en déterminer les contours ce qui, à y bien réfléchir, constitue peut être la moins
mauvaise des solutions. Il eût été en effet peut être dangereux, si tant est que cela fut possible,
de figer notre conception de la vie privée par une définition législative.

Pour autant, et cela peut paraître assez paradoxal, ce n’est pas parce qu’il n’existe pas de
définition légale de la vie privée que le législateur n’est pas intervenu pour en assurer la

1
J.-P. Claris de Florian, Le Grillon, Rec., Fables.

3
protection. En effet à l’instar de certain de ses homologues européens2, il a adopté, en 19703,
une loi générale consacrant à l’article 9 de notre Code civil, le droit de chacun au respect de sa
vie privée. Ainsi, alors que la réparation des atteintes à la vie privée devaient être auparavant
réparées sur le fondement de l’article 1382 du Code civil, le citoyen français s’est vu doté, par
cette loi, d’un véritable droit subjectif dont la seule violation entraîne la sanction
correspondante.

Pourtant n’y- a- t’il pas des limites à la protection de la vie privée ? Il ne fait aucun doute que
les intrusions dans celle-ci se doivent d’être sanctionnées lorsqu’elles sont la manifestation
d’un voyeurisme exacerbé ou d’un sensationnalisme dont on connaît les vertus lucratives.
Cependant il est tout à fait possible que la révélation de la vie privée réponde à un impératif
d’intérêt général. Ce conflit entre le droit au respect de sa vie privée et la nécessaire
information des citoyens trouve son paroxysme concernant l’information sur l’actualité
judiciaire, c'est-à-dire l’information sur les affaires pendantes devant les tribunaux civils,
administratifs ou pénaux. Dans une démocratie où la justice est rendue au nom du peuple
français il paraît tout à fait cohérent que chaque citoyen puisse être informé des personnes
traduites devant ces tribunaux ainsi que les raisons qui en sont la cause. Le principe de la
publicité des débats en est d’ailleurs la manifestation la plus flagrante.

Nous en arrivons donc au problème suivant qui est celui de la nécessaire protection de deux
principes antagonistes. Nous avons vu que chacun à droit au respect de cette part de sa vie que
constitue sa vie privée mais que d’un autre côté tout citoyen a droit d’être informé sur les
affaires dont les tribunaux ont à traiter. Or, nous ne pouvons que constater que toute
information sur l’actualité judiciaire revient nécessairement à divulguer des informations
quant à la vie privée de la personne ayant affaire à la justice de son pays. La question est alors
de savoir si l’information des citoyens permet de légitimer les atteintes au droit de chacun au
respect de sa vie privée, ou si ce dernier droit implique une limitation du droit à l’information
sur l’actualité judiciaire. En fait nous aurons compris que la question essentielle est celle de la
relation entre le droit au respect de la vie privée de la personne et le droit à l’information des
citoyens sur l’actualité judiciaire. Doit-on faire prévaloir l’un sur l’autre ? Ou une conciliation
est- elle possible ?

2
La protection civile de la vie privée est garantie par un texte législatif en France et en Espagne (loi
de 1982), elle est principalement l’oeuvre de la jurisprudence en Allemagne et en Italie alors que le
droit anglo-saxon ne réprouve que certaines atteintes à la vie privée.
3
Loi. n° 70-643 du 17 juill. 1970.

4
Les principaux auteurs qui traitent des rapports entre le droit au respect de la vie privée et le
droit à l’information mettent en avant la valeur constitutionnelle des deux principes et la
nécessaire conciliation que le Conseil constitutionnel est amené à opérer entre eux. En effet la
valeur constitutionnelle du droit au respect de la vie privée a été explicitement consacrée dans
une décision du Conseil de 1999 et rattachée à l’article 2 de la Déclaration des Droits de
l’Homme et du Citoyen4. Concernant la liberté de communication, cette dernière a été
consacrée sur le fondement de l’article 11 de la même déclaration mais il est intéressant de
noter qu’alors que cette liberté visait à l’origine à protéger l’informateur contre tout risque de
censure, le Conseil Constitutionnel n’a pas hésité à étendre cette liberté au profit de
l’informé5.

Toutefois, sans négliger l’importance de cette reconnaissance d’un point de vue doctrinal il
semble pour autant que concernant le cadre spécifique de la conciliation du droit au respect de
la vie privée avec le droit à l’information sur l’actualité judiciaire l’échelon constitutionnel ne
soit pas celui sur lequel nous devons nous attarder.

En effet les textes fondateurs qui protègent la vie privée ou la liberté d’information en matière
d’actualité judiciaire sont souvent assez anciens, telles la loi de 1881 sur la liberté de la presse
ou celle de 1970 sur la vie privée. Or le Conseil constitutionnel ne s’est reconnu la faculté de
contrôler la constitutionnalité des lois à l’aune des principes fondamentaux que par sa
décision bien connue du 16 juillet 19716. De plus la consécration de la valeur constitutionnelle
du droit au respect de la vie privée n’a été explicite, nous l’avons rappelé, que par une
décision du 23 juillet 1999. Enfin lorsque les lois lui ont été effectivement déferrées, le moyen
tiré de la violation de l’un de ces droits (étant entendu que nous ne parlons que de la violation
du droit de l’information dans le cadre de l’actualité judiciaire) n’a jamais été soulevé. Ainsi
la majorité des lois intéressant la vie privée ou l’information sur l’actualité judiciaire, n’ont
pas été l’occasion pour le juge constitutionnel d’élaborer une ''jurisprudence''  sur leur
conciliation ou sur la prévalence de l’un sur l’autre.

Ainsi l’impact de la reconnaissance constitutionnelle des deux principes étudiés doit être
relativisée dans le cadre du sujet qui est le notre et en l’absence de nouvelle législation

4
Certains auteurs font remonter cette consécration à une décision CC n°76-75 DC du 12 janvier 1977
concernant la fouille de véhicules, opinion que nous ne partageons cependant pas. Sur ce point voir
L. Favoreu, « Le conseil constitutionnel et la protection de la liberté individuelle et de la vie privée »,
Etudes offertes à Pierre Kayser, PUAM, 1979, p.411.
5
Pour une manifestation du droit de l’information protégeant l’informé : CC 10 oct. 1984, Rec. p. 78.
6
Déc. 71-44 DC du 16 juillet 1971, Liberté d’association, Rec., p.29.

5
susceptible de permettre au Conseil constitutionnel de se prononcer sur ce point7. Il paraît
donc plus important de s’attacher à la manière dont le législateur et le juge ont appréhendé ces
deux objectifs que sont le respect de la vie privée d’une part, et le droit à l’information sur
l’actualité judiciaire d’autre part.

Il ressort de l’étude des dispositions législatives que leur auteur semble attaché au respect de
la vie privée. Le législateur a en effet élaboré un ''arsenal législatif'' permettant d’en assurer la
protection et de la faire souvent prévaloir sur le droit des citoyens à l’information sur
l’actualité judiciaire (I). Pourtant c’est le sentiment inverse qui se dégage de l’étude de la
jurisprudence. Paradoxalement il semble que le juge n’utilise que bien rarement les outils que
le législateur a mis à sa disposition pour protéger la vie privée des justiciables (II).

7
Notons tout de même que le juge judiciaire a la faculté d’opérer un contrôle de la conventionalité
d’une loi au regard de la Convention Européenne de Sauvegarde des Droits de L’homme et des
Libertés Fondamentales, laquelle protège, dans son article 8, le droit de chacun au respect de sa vie
privée et familiale. Voir sur ce point la décision de la Cour de Cassation de 1975 Société Jacques
Vabres.

6
I. LA VOLONTE LEGISLATIVE DE PROTECTION DE LA VIE PRIVEE
FACE AU DROIT A L’INFORMATION SUR L’ACTUALITE
JUDICIAIRE

Chaque ordre juridique organise de façon autonome l’indispensable conciliation du droit


au respect de la vie privée avec le droit à l’information du public. S’agissant en réalité de
résoudre un conflit direct entre deux principes également reconnus, l’enjeu essentiel est
d’effectuer une balance des intérêts en présence8. Par conséquent, une prise de position en
faveur de l’un de ces droits est indéniable.

Dans le contexte particulier de l’actualité judiciaire, la solidité du « mur de la vie privée » 9


face à l’information du public, variera en fonction du droit positif en vigueur dans l’Etat
concerné.

Le législateur français a souhaité faire prévaloir le respect de la vie privée, ce qui justifie que
notre système juridique est souvent perçu comme en étant l’un des plus protecteurs 10. Il est
vrai qu’un véritable arsenal législatif a été élaboré pour combattre les atteintes excessives qui
lui sont portées par la liberté d’information du public. Dans les affaires judiciaires, ce droit à
l’information du public est consacré à travers le principe fondamental de publicité de la
justice11. Sans négliger sa valeur et sa portée, le législateur a souhaité la conditionner en
fonction des différentes étapes et de la qualité du procès.12

Que ce soit lors de l’instruction judiciaire (A) ou à la phase du jugement (B), cet encadrement
législatif de la liberté d’information donne la garantie d’une protection concrète et efficace du
respect de la vie privée.

8
Selon l’expression du doyen GENY, Des Droits sur les lettres missives, Sirey, 1911, T. I, p. 198.
9
Expression employée initialement par Royer-Collard en 1819, disant lors de la discussion sur la loi
de la presse, «  voilà donc la vie privée murée ». cf. LINDON (R.), « La presse et la vie privée », JCP,
1965, I, 1887.
10
Une loi espagnole de 1982, élabore aussi une protection civile à l’intimité personnelle et familiale.
A contrario, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, c’est la liberté de la presse qui constitue le
principe fondamental.
11
Il s’agit d’un Principe Général de Droit : CE Ass.plén., 4 Octobre 1974, Dame David, Rec. CE, p.464.
12
Il faut distinguer le procès civil du procès pénal, du fait de leur finalité propre.

7
A- La protection législative de la vie privée durant l’instruction

L’instruction correspond à la phase préparatoire du procès. La presse lui porte un très vif
intérêt du fait qu’elle est source de révélations attrayantes, donc favorables à la vente 13. Cette
idée s’illustre tout particulièrement dans le cadre d’affaires criminelles, pour lesquelles la
curiosité et le voyeurisme de l’opinion publique sont à leur apogée14.

A l’inverse, pour la police et les magistrats il s’agit d’une période de discrétion vis-à-vis de
l’avancement de l’enquête. En effet, la finalité de l’instruction étant la découverte de la vérité,
c’est une étape très délicate. Il est alors indispensable de protéger la vie privée de toutes les
personnes concernées par l’affaire.

Le secret de l’instruction. Les magistrats du parquet et les juges d’instruction étant soumis au
secret de l’instruction, ne fournissent alors aucun renseignement sur l’avancée de l’enquête 15.
Dans ce sens, l’article 11 du Code de procédure pénal impose que « […] la procédure au
cours de l’enquête et de l’instruction est secrète ». Cependant, du fait de l’acharnement de la
presse en faveur de l’information du public, sa capacité d’intrusion dans la justice reste
puissante. Par conséquent, ce principe du secret de l’instruction peut avoir des effets pervers,
préjudiciables au respect de la vie privée. En effet, le risque est la transmission par la presse
d’informations fausses ou erronées, dans le but de manipuler l’opinion publique. Une
rectification se révèle alors indispensable. Elle permet à la fois de préserver la vie privée des
personnes directement ou indirectement16 concernées par l’affaire en cours d’instruction, et de
protéger l’ordre public. Dans ce sens, l’alinéa 2 de l’article 11 précité, prévoit une dérogation
au secret de l’instruction. Il est ainsi énoncé qu’afin « d’éviter la propagation d’informations
parcellaires ou inexactes ou pour mettre fin à un trouble à l’ordre public, le procureur de la
République peut, d’office et à la demande de la juridiction d’instruction ou des parties,

13
Ce propos est valable pour tous types de médias.
14
La presse profite de toute affaire criminelle pour nourrir la curiosité de l’opinion publique. Des
affaires surmédiatisées telles que Seznec, Dils, Dutroux et plus récemment Outreau, en sont une
illustration parfaite.
15
Dans ce sens, l’article 58 CPP exige le secret des documents provenant d’une perquisition.
16
C’est le cas de parents d’une étudiante assassinée, profondément heurtés par la publication dans
un magazine de photographies, illustrant le corps affreusement mutilé de leur fille. Ayant eu lieu
pendant la phase d’instruction, il y a violation du secret de celle-ci (TGI Paris, réf. ,30 nov.1983),
Dalloz Sirey, 1984, p.111.

8
rendre public des éléments objectifs tirés de la procédure ne comportant aucune appréciation
sur le bien fondé des charges retenues contre les personnes mises en cause. ».

Cette initiative permet une certaine libéralisation de l’information, dans l’unique dessein de
recadrer celle préalablement transmise au public par la presse. Cette volonté de conditionner
l’information, justifie l’importance donnée au premier communiqué du procureur. On
pourrait alors se demander s’il ne serait pas finalement plus favorable pour le respect de la vie
privée, de libérer totalement l’information d’éléments objectifs intégrant la phase
d’instruction. Il est délicat de répondre positivement à cette question, puisque la procédure
pénale française applique le modèle inquisitoire. Le secret de l’instruction reste alors la base.

Les publications interdites. Lors d’un évènement judiciaire, le droit à l’information est
primordial. Cependant, tout ne peut pas être donné à la connaissance du public. C’est
pourquoi, la publication de certains éléments est prohibée, soit totalement, soit tant que le
procès n’a pas été tranché au fond.

Il est intéressant de noter que la plupart des dispositions législatives prévues sur ce point, ont
été intégrées dans la loi du 29 Juillet 188117 relative à la liberté de la presse. Cela souligne
encore une fois cette volonté de poser des limites au droit à l’information, au profit du respect
de la vie privée.

Les actes de procédure. Dans cette optique, l’article 35 quater de ladite loi, interdit toute
reproduction des circonstances d’un crime ou d’un délit portant gravement atteinte à la dignité
d’une victime. Dans le même sens, l’article 38 al premier proscrit la publication d’un acte
d’accusation et de tous autres actes de procédure18, avant que ceux-ci aient été lus en audience
publique. En effet, le service public de la justice est seul détenteur de ces actes jusqu’à l’issue
du procès. C’est d’ailleurs pourquoi, la responsabilité de l’Etat pourra être engagée s’il est
publié dans la presse un rapport du ministère public, non versé au dossier d’une affaire
judiciaire19. En encadrant l’utilisation par la presse des divers éléments de procédure, le
législateur cherche à atténuer l’atteinte pouvant être portée au respect de la vie privée. Ceci
est d’autant plus vrai concernant les procès civils. En effet, les pièces de procédure relatives à
la filiation, aux actions à fins de subsides ou encore aux actions en divorce20, ne peuvent pas

17
Loi n° 1881-07-29, Bulletin Loi n° 637p.125.
18
Issus d’une affaire criminelle ou correctionnelle.
19
En vertu de l’article 781-1 Code de l’organisation judiciaire.
20
L’article 39 de la loi du 29 Juillet 1881 donne la liste des domaines dans lesquels la publication des
pièces de procédure est interdite.

9
faire l’objet d’une publication. Cette interdiction est clairement justifiée par le fait que ce type
de procès résout uniquement des conflits d’intérêts privés. L’information du public est donc
moins légitime que pour un procès pénal, dans lequel l’ordre public est atteint.

Les publications liées à l’identité de la personne. La presse trouve parfois utile d’apporter à
la connaissance du public des informations précises concernant les personnes liées à l’affaire.
Cependant, le législateur considérant dans certains cas que l’atteinte à la vie privée serait
excessive, en interdit la publication. Ainsi, il n’est pas permis de diffuser des renseignements
sur l’identité d’une personne victime d’une agression ou d’une atteinte sexuelle21. Cela
pourrait en effet avoir des répercutions péjoratives sur sa vie privée. Il en est de même de
l’identité des fonctionnaires de police intervenant dans l’affaire judiciaire22, ou encore de celle
d’un mineur délinquant23.

L’image de la personne. Celle-ci ne doit pas non plus subir d’atteinte excessive par la liberté
d’information. En effet, la Cour de cassation a rattaché le droit à l’image à la protection
exercée en faveur de la vie privée24. Une application particulière en est faite dans le cadre de
l’actualité judiciaire. Dans ce sens, l’image de la victime d’une atteinte ou d’une agression
sexuelle, quand celle-ci est identifiable, est prohibée, sauf accord de cette dernière25. Du côté
de la défense, l’image d’une personne mise en cause dans une procédure pénale mais n’ayant
pas fait l’objet d’un jugement de condamnation, est aussi limitée. Elle ne devra pas illustrer
une personne portant des menottes ou entraves, ou encore placée en détention provisoire.
Cette extension de la protection de la vie privée à l’image, est une réponse à l’évolution
croissante de la diffusion de l’information.

Comme on a pu le constater tout au long de ce développement, l’instruction est une phase


judiciaire propice à de nombreuses immixtions des médias, réalisées sous couvert du droit à
l’information du public d’un évènement d’actualité judiciaire. Cependant, de par sa finalité, il
est nécessaire que soit garantie en son sein, une protection accrue du respect de la vie privée
des personnes liées à l’affaire. Au regard des multiples incriminations élaborées par le
législateur, il semble que celui-ci ait atteint son objectif. Par ailleurs, cette ambition se veut
tout aussi présente au stade du jugement.

21
En vertu de l’article 39 quinquies de la loi du 29 Juillet 1881.
22
Art. 39 sexies de la loi du 29 Juillet 1881.
23
En vertu de l’article 14al3 de l'ordonnance n° 45-174 du 2 Février 1945, relative aux mineurs
délinquants.
24
Cass. civ. 1re, 13 Janvier 1998, Bull.civ. I, n°14.
25
Art.39 quinquies, précité.

10
B- La protection législative de la vie privée à la phase du jugement

Le principe de la publicité des débats. C’est au stade du jugement que la publicité de la


justice prend toute son ampleur. En effet, comme l’impose le fameux article 6§1 de la
Convention Européenne des Droits de l’Homme, toute personne a droit à être entendue
«publiquement». Ainsi dans tout procès, qu’il soit pénal ou civil, l’audience est en principe
publique. L’article 22 du Nouveau code de procédure civile affirme en ce sens que « les
débats sont publics  ». Il en est de même concernant les différentes instances répressives, en
vertu des articles 306 et 400 du Code de procédure pénale 26. Cette publicité des débats semble
être un moyen efficace de garantir la transparence de la justice, le public étant alors ''le juge
du juge''.

Les exceptions. Dans des cas particuliers pour lesquels la protection de la vie privée se doit
d’être renforcée, le principe de la publicité des débats ne s’applique pas. Concernant la
matière civile, l’article 435 du Nouveau code de procédure civile prévoit expressément que
« le juge peut décider que les débats auront lieu ou se poursuivront en chambre du conseil
s’il doit résulter de leur publicité une atteinte à l’intimité de la vie privée, ou si toutes les
parties le demandent ». Cette dérogation au principe est claire et s’explique encore une fois
par la finalité des procès civils, soit, trancher un conflit d’intérêts privés.

La publicité des débats semble plus légitime en matière pénale puisque l’ordre public est
concerné. Il n’empêche que certains jugements sont rendus à huis clos. Il en est ainsi, en vertu
de l’article 14 al 2 de l’Ordonnance du 2 février 1945, des débats concernant les mineurs
délinquants, pour lesquels un nombre restreint de personnes peut y assister 27. De même, s’il
existe un danger pour la dignité de la personne, le juge pourra décider là encore que les débats
auront lieu à huis clos28. Une disposition dans ce sens est clairement illustrée à l’article 306 al

26
L’article 306 Code de procédure pénale concerne la Cour d’assise et l’article 400 Code de
procédure pénale, le tribunal correctionnel.
27
Sont admis à assister aux débats la victime, les témoins de l’affaire, les proches parents ou encore
le tuteur.
28
En vertu de l’article 400 al 2 du Code de procédure pénale.

11
3 du Code de procédure pénale. En effet, pour les victimes de viol ou de tortures et actes de
barbarie accompagnés d’agressions sexuelles, le huis clos est de droit. Cette surprotection de
la vie privée se justifie par la situation difficile dans laquelle se trouve la personne.

Cependant, aux fins d’une bonne administration de la justice, le jugement lui-même, soit, la
décision rendue au fond par le juge à la suite des débats, est lu en audience publique.

On ressent bien ici cette volonté de conciliation entre le respect de la vie privée et la liberté
d’information.

L’interdiction de l’enregistrement des débats. C’est la seconde limite imposée à la publicité


des débats au profit de la vie privée. En ce sens, l’article 38 ter de la loi du 29 Juillet 1881 29
interdit dès l’ouverture de l’audience « l’emploi de tout appareil permettant d’enregistrer, de
fixer ou de transmettre la parole ou l’image ». Seules des prises de vue faites avant le début
des débats peuvent être autorisées par le président du tribunal, à la condition que les parties ou
le représentant du ministère publique soient consentants.

Le seul cas exceptionnel pour lequel l’enregistrement des débats est autorisé, est l’intérêt
d’archives historiques de la justice30. Le procès de Klaus Barbie en 1987 ou encore celui de
Maurice Papon en 1997 ont été filmés à cette intention. Cependant, la diffusion au public
n’est en principe possible que vingt ans après le procès.

Le compte rendu des débats par la presse. Il se doit de reproduire fidèlement les débats et
d’être honnête. Malgré ces exigences, le compte rendu demeure interdit en certaines matières.
Il s’agit là encore des débats relatifs à la filiation, au divorce, à la séparation de corps ou aux
actions à fins de subsides31. Cette restriction semble légitime puisque l’opinion publique n’a
pas l’utilité de connaître de tels sujets intéressant uniquement des personnes privées. Cela
justifie alors la capacité octroyée aux cours et tribunaux, d’interdire le compte rendu du
procès dans toute affaire civile32. Le dispositif de la décision rendue est quant à lui épargné,
et pourra donc toujours faire l’objet d’une publication dans la presse ou autres médias.

29
Issu de la loi n°54-1218 du 6 Décembre 1954, interdisant la captation des débats judiciaires,
modifiée par la loi n°81-82 du 2 Février 1981, renforçant la sécurité et protégeant la liberté des
personnes.
30
En vertu de la loi n° 85-699 du 11 Juillet 1985, tendant à la constitution d’archives audiovisuelles de
la justice.
31
En vertu de l’article 39 de la loi du 29 Juillet 1881.
32
En vertu de l’article 39 al 3 de ladite loi.

12
Concernant les affaires pénales, il est plus rare que la publication d’un compte rendu
d’audience ne puisse se faire33. Ainsi, même si le débat a eu lieu à huis clos, le compte rendu
du procès reste admis, sauf volonté contraire du juge. En effet, la réponse apportée à
l’infraction commise par l’accusé ou le prévenu, peut intéresser l’opinion publique. Le
compte rendu des débats est utile et revêt par la même occasion un aspect éducatif auprès des
citoyens. Néanmoins, lors d’un procès en diffamation dont l’imputation concerne la vie
privée de la victime, le compte rendu est interdit.

Il est certain que toutes les dispositions législatives développées précédemment, œuvrent en
vue d’une finalité précise. Elle consiste en la préservation des fondements du mur de la vie
privée, face aux assauts de la liberté d’information, dans le contexte spécifique de l’actualité
judiciaire.

Cependant, si la presse ou tous autres médias venaient à violer l’une de ces prescriptions
législatives, il est octroyé à la victime plusieurs fondements protecteurs sur lesquels elle
pourra établir sa prétention et l’exposer au juge.

La diffamation. Cette action fondée sur la loi du 29 Juillet 1881, est exercée devant la
juridiction pénale. Elle consiste en l’allégation ou l’imputation d’un fait heurtant l’honneur ou
la considération d’une personne. L’atteinte à la vie privée est considérée comme une forme de
diffamation, et est donc incriminée par l’article 29. De plus, dans ce cas précis de diffamation,
l’auteur de l’affirmation ne pourra pas prouver la véracité des faits 34. Par ailleurs, la courte
prescription de l’article 6535 ne s’appliquera pas pour une demande en réparation fondée sur
l’atteinte au respect dû à la vie privée36. Ce fondement n’est cependant pas le plus efficace au
vu des faibles mesures prévues pour faire cesser ladite violation37. Il semble au final plutôt
soutenir la liberté de la presse. C’est pourquoi, il serait plus opportun pour la victime de se
fonder sur des dispositions civiles, beaucoup plus protectrices de la vie privée.

Les dispositions civiles, protectrices de la vie privée. Du fait de l’absence de hiérarchie des
textes, la victime d’une atteinte à la vie privée est libre d’agir sur le fondement de son choix.
Elle peut donc décider de mettre en œuvre une action uniquement sur la base de dispositions
civiles. Il y en existe plusieurs mais l’une se distingue, voire même se substitue aux autres, de
33
Mise à part le compte rendu des délibérations intérieures (jurys, cours et tribunaux) ce qui semble
logique du fait de l’indépendance de la justice.
34
En vertu de l’article 35al 2.a de la loi du 29 Juillet 1881.
35
Soit trois mois à partir du premier acte de publication.
36
Dans ce sens, Cass. civ.2e, 26 nov. 1975, D.1977, p.33
37
L’article 51 prévoit uniquement la saisie de quatre exemplaires.

13
par son originalité et son efficacité de protection. Avant 1970, les actions avaient lieu sous le
visa de l’article 1382 du Code civil, appliquant le régime général de la responsabilité
délictuelle. Il était donc indispensable pour le demandeur de prouver à la fois la faute, le
préjudice et le lien de causalité. Par ailleurs, des actions en référé peuvent être exercées sur la
base des articles 808 et 809 du Nouveau code de procédure civile38, en prévention d’un
dommage ou pour faire cesser un trouble. La victime a cependant la charge de démontrer à la
fois l’urgence, l’absence de contestation sérieuse ou du moins, le caractère manifestement
illicite de l’atteinte. Ces exigences créent une difficulté probatoire en défaveur de la personne
dont la vie privée est excessivement heurtée.

C’est pour parer à cette entrave que le législateur, par une loi du 17 Juillet 1970 insère au
Code civil un article 9, spécialement conçu pour protéger la vie privée. En son alinéa 2, il est
alors prévu que « les juges peuvent, sans préjudice de la réparation du dommage subi,
prescrire toutes mesures, telles que séquestre, saisie et autres, propres à empêcher ou faire
cesser une atteinte à l’intimité de la vie privée ; ces mesures peuvent, s’il y a urgence, être
ordonnées en référé ».

Originalité de l’article 9 du Code civil. Les dispositions prévues par cet article sont
extrêmement favorables au demandeur puisque la charge de la preuve est allégée. En effet, la
simple démonstration de l’atteinte à l’intimité de la vie privée fait présumer à la fois
l’urgence39, le préjudice et la faute. Ainsi, aux exigences des dispositions précédemment
évoquées se substitue l’unique preuve de l’atteinte à ce droit subjectif qu’est la vie privée. Il
est donc beaucoup plus intéressant pour le demandeur d’agir sur ce fondement.

Le terrain de protection de l’article 9. Dès qu’est constatée l’atteinte à l’intimité de la vie


privée, un droit à réparation est ouvert40. Dans cette perspective, le juge dispose de
prérogatives importantes. Dans une action au fond, il devra allouer des dommages et intérêts à
la victime, modulés en fonction des faits et de leur gravité. De plus, il aura la capacité
d’ordonner diverses mesures dans le but de faire cesser l’atteinte 41. Il peut s’agir d’une
injonction de supprimer ou d’occulter des passages, ou encore, de la destruction de livre, de
retour, ou de la publication de la décision au frais de l’auteur 42. Si besoin, ces mesures
pourront être imposées sous astreinte. La saisie est aussi envisageable mais elle reste la
38
CEDH, 26 Mars 1987, Leander c/ Suède, Séries A, n°/ 116 : admet la restriction de la liberté de la
presse par ces dispositions règlementaires.
39
En ce sens, Cass. civ.1e, 12 déc. 2000, Bull.civ. I, n°321.
40
Dans ce sens, Cass. civ.1e, 5 nov. 1996, Bull.civ. I, n° 378.
41
Dans ce sens, Cass. civ.1e, 17 nov.1987, Bull.civ I, n° 301.

14
mesure ultime, soit quand aucune autre disposition ne paraît de nature à protéger la personne.
Ce caractère exceptionnel de la saisie souligne cette volonté de conciliation avec la liberté
d’information.

S’il y a urgence, ces mêmes mesures pourront être prises dans le cadre d’un référé, selon la
gravité de l’atteinte et l’efficacité des mesures prévues, pour l’arrêter. Dans l’optique d’une
plus grande efficacité, le juge pourra en plus de l’astreinte, désigner un huissier de justice
pour s’assurer de la bonne exécution des mesures.

Le législateur semble avoir fourni au juge des outils législatifs solides pour protéger la vie
privée, droit subjectif reconnu à tout être humain. C’est en effet le juge qui en a la maitrise,
puisque c’est lui qui les mettra en application lors d’un litige. Il semble néanmoins que celui-
ci aurait tendance à faire pencher la balance des intérêts en faveur de la liberté d’information.

Il se dégage donc un fort contraste entre les textes législatifs élaborés et leur utilisation
pratique (II).

II. LA PREVALENCE JURISPRUDENTIELLE DU DROIT DE L’INFORMATION


DE L’ACTUALITE JUDICIAIRE SUR LA VIE PRIVEE

Le législateur a mis en place un certain nombre d'outils à la disposition du juge afin que celui-
ci soit à même de trancher un conflit d'intérêts entre les deux notions juridiques. Le magistrat
va avoir recours de manière assez traditionnelle au principe de proportionnalité afin de faire
prévaloir l'un ou l'autre des deux principes à savoir, la vie privée ou le droit à l'information.
Au vu de la jurisprudence, une nette tendance consistant à faire prévaloir le droit à
l'information au détriment du respect de la vie privée (A’) semble se dégager. Mais cette
prévalence du droit d'informer se trouve contrecarrée par un autre intérêt qui pourrait être
qualifié de supérieur id est le respect de la dignité de la personne humaine (B’).

A’- L’affaiblissement de la vie privée face à la supériorité du droit à


l’information

42
Pour protéger une image, la mesure peut consister en une injonction de restituer le négatif d’une
photo attentatoire à la vie privée, Cass. civ. 2e., 18 Déc.2003, Bull.civ, II, n°403.

15
Le droit à l'information répond à un besoin, à une nécessité, à savoir l'information du public,
qui devient de ce fait primordiale. Nul ne peut « nier l'utilité sociale d'une presse, d'une
littérature ou encore d'un art libres » 43. Toutefois, une distinction peut être établie compte
tenu de la matière juridique qui est concernée par la divulgation, c'est- à- dire selon que
l'affaire relève du droit pénal ou du droit civil. En effet, cette distinction tient compte des
intérêts en conflit puisqu’en matière civile, ne sont concernés que des intérêts privés,
particuliers alors qu’en matière pénale, au contraire, l'intérêt général, la société sont mis en
cause. La diffusion habituelle des crimes et délits commis est manifeste et c'est donc une
distinction somme toute justifiée qui apparaît, eu égard à notre qualité de citoyen résidant à
être informé des affaires portant atteinte à l'ordre dans notre société.

Et c'est surtout un but préventif qui va dès lors, légitimer cette diffusion de l'information, afin
que chacun réalise ce à quoi il peut s'exposer en adoptant tel ou tel comportement ; ici la
publicité de la justice trouve un écho particulier pour justifier le fait que celle- ci a été rendue.
Il apparaît donc que tout est fait pour que le droit à l’information puisse s’exprimer le plus
largement possible. En effet, c’est une application à son exact opposé qui est faite de l’article
9 du Code civil, article qui se voulait très largement protecteur de la vie privée, quelque soit
l’atteinte. En d’autres termes, c’est une acception très large que le législateur souhaitait
accorder à la vie privée. Cependant, les juges en ont fait une application pour le moins
restrictive, en ne retenant que le respect à l’intimité de la vie privée. Cette notion d’intimité
de la vie privée a un domaine plus limité que celle de vie privée, ce qui permet aux juges de
légitimer le droit à l’information. Nous assistons une fois de plus à un recul de la protection
de la vie privée face à un droit à l’information toujours plus influent44.

La différenciation évidente entre personne publique et personne privée. Une autre


distinction appelle à être réalisée selon qu'est mise en cause une personne dite publique ou un
simple particulier. Il faut savoir que dans les deux cas, les affaires pénales en cours seront
révélées. La distinction porterait dès lors plutôt en matière civile.

L'exemple du divorce du particulier n'a guère d'importance pour tout un chacun, or, il en va
tout autrement pour ce qui est de l’homme public. Pour ce dernier en effet, la prévalence du
droit à l'information se justifie par ''le caractère public de sa vie privée'', bien que ces deux

43
COSTAZ (C.), « Le droit à l’oubli », Gaz. Pal., 27 juillet 1995, doctr. P. 966.
44
Cass. civ.1e, 4 octobre 1989, Bull. civ. I, n° 307 pour un recours à la procédure de référé : l’intimité
de la vie privée n’englobe pas les renseignements d’ordre purement patrimonial, exclusifs de toute
allusion à la vie et à la personnalité de l’intéressé

16
adjectifs soient antagonistes. Il faut bien reconnaître que le domaine réservé
traditionnellement à leur vie privée est très restreint, pour ne pas dire inexistant, en
comparaison de celui dont dispose le citoyen ordinaire 45. Cette prédominance s’explique par la
fonction même des hommes politiques, élus ou autres candidats à quelque élection que ce soit.
Il est donc question d'un droit à l'information du public, des électeurs vis- à- vis de ceux qui
sont ou seront amenés à assumer des fonctions lourdes. Dans cette hypothèse, finalement
quelques aspects de leur vie privée pourront être à même de révéler défauts ou qualités46 de
ces personnes publiques. A ce titre, l’impact de la divulgation en faveur du public est
également à prendre en considération, notamment dans le cas où, par exemple, un homme
d’affaire connu serait mis en cause dans une affaire de corruption.

Ladite affaire suscitera nécessairement plus d’intérêt qu’un chef d’entreprise anonyme,
intéressant dès lors les ventes, et augmentant à cet effet le chiffre d’affaire du journal qui a
publié l’information.

La divulgation de l'information reste néanmoins limitée à ce qui sera nécessaire pour parvenir
à cette appréciation subjective opérée au cas par cas. Cette casuistique est malaisée étant
donné qu’elle ne met pas la personne victime de la divulgation en mesure de connaître par
avance l’étendue de son droit, étendue on ne peut plus réduite face au droit à l’information.

Réflexion sur la portée du droit à l’oubli. Une question peut se poser quant à l'étendue de
cette supériorité reconnue du droit à l'information. Le droit à l'information justifie- t-il que la
divulgation soit perpétuelle? Il s’agit d’aborder la question du droit à l'oubli. Ce dernier
pourrait- il s’intégrer aux droits de la personnalité, tout comme le droit au respect de la vie
privée, le droit sur l’image47 ? Prenons l’exemple tiré d’une décision de justice, où une
personne a été mise en cause dans une affaire (relevant de la matière pénale ou civile), celle- ci a
été condamnée ou acquittée, mise hors de cause. L'information peut-elle être à nouveau
évoquée dans un but artistique par exemple, comme pour la création d'une oeuvre littéraire ou
encore pour celle d'un jeu?

Il a été jugé que le rappel dans un jeu de faits anciens commis par une personne ayant obtenu
sa réhabilitation et exerçant la profession de psychiatre était fautif dans la mesure où, la

45
CEDH, sect. III, 26 février 2002, Krone Verlag c/ Austria  : requête n° 34315  : la qualité d’homme
politique fait entrer celui qui l’assume dans la sphère de la vie publique, avec les conséquences que
cela comporte.
4636
VOGEL (G.), Le droit de la presse, Promocultures, 2000, p. 172.
47
COSTAZ (C.), op cit., p. 962.

17
justification de la divulgation par l'actualité de l'affaire et les besoins de l'information faisaient
défaut48.

En effet, l’on peut semble t’il légitiment penser qu’il n'y a plus à proprement parler de droit à
l'information du public puisque cette affaire ne relève plus de l'actualité judiciaire, la limite de
l'information du public tient ici au fait que ce rappel aura certainement pour conséquence de
nuire à la réputation du médecin et par là même à sa réinsertion. Cette solution peut
s’expliquer dans la mesure où l’objectif du droit à l’oubli est de permettre à un individu « de
s’opposer à l’exhumation de faits appartenant à un épisode de sa vie que le temps a rendu au
secret  » 49.

Notons tout de même que ce cas relève du domaine de l'exception, puisque la Cour de
cassation n’a jamais consacré un tel droit à l’oubli, droit qui suscite en cela un débat en
doctrine50.

Le droit à l'information du public reste en définitive le principe, puisque la jurisprudence va


même jusqu'à retenir le droit au rappel de faits anciens à la condition que ceux-ci aient tout de
même été licitement révélés par le passé51. Il convient tout de même de tempérer cette
affirmation eu égard au contexte dans lequel cette révélation a lieu. En effet, il s’avère
nécessaire de distinguer selon que la divulgation a eue lieu dans le cadre d’une procédure
judiciaire où il apparaît que le droit à l’oubli est écarté. Toutefois, lorsque la révélation résulte
du fait volontaire de l’individu concerné, le droit à l’oubli tend alors à jouer52. Cette dernière
remarque est encore à nuancer puisqu’il conviendrait d’opérer le distinguo selon que la
''redivulgation'' est le fait de l’intéressé ou d’un tiers. Le droit à l’oubli trouvera à jouer si c’est
un tiers qui, de lui-même, sans autorisation, révèle à nouveau les faits 53, or, si c’est un motif
d’intérêt légitime qui motive cette ''redivulgation'', le droit à l’oubli ne saurait en fin de

48
Trib. Grande Inst., Paris, 25 mars 1987, D., 1988, somm. 198.
49
COSTAZ (C.), op cit., p. 963.
50
En faveur de la reconnaissance d’un droit à l’oubli, J. RAVANAS, voir note sous Cass. 1 e civ. 20 nov.
1990, JCP, 1992, II, 219908, voir aussi : J.- L., HEBARRE cité par l’avocat général CABANNES dans ses
conclusions à propos de l’affaire Jean Ferrat, Dalloz 1970, p. 466 qui intègre le droit à l’oubli dans le
principe de protection de la vie privée. Contra, R. LINDON, note sous Trib. gr. Inst. Paris, 13 oct. 1981,
Dalloz, 1983, p. 420.
51
Cass. civ. 1e, 20 novembre 1990, JCP., 1992, I, 21908.
52
Cass. civ.1e, 14 novembre 1975, D., 1976, 421, noteEDELMAN : « le fait qu’une personne ait elle-
même livré au public des renseignements relatifs à sa vie privée n’autorise pas l’éditeur d’un
périodique à décider de son chef la redivulgation de certains de ces faits et à déterminer lui-même les
conditions dans lesquelles il les présente. »
53
En ce sens, Cass. civ. 2e, 14 novembre 1975.

18
compte être opposé54.

Mais il faut remarquer qu’en tout état de cause, le droit à l'information prime vu la cause
d’exonération qui en est ainsi posée, à savoir la divulgation licite antérieure. En effet, les faits
avaient été révélés à l'occasion des comptes rendus des débats judiciaires, et c'est finalement
au nom de la publicité de la justice que le rappel avait été autorisé.

En outre, c'est encore le droit à l'information du public qui vient justifier la constitution
d'archives historiques, lorsque les faits relatés revêtent une réelle importance pour l'institution
judiciaire. L’histoire constitue donc le fondement des atteintes qui sont portées « à la vie
privée des personnages historiques» 55  mais aussi à leur famille et proches.

De même, le droit à l’image tend à être écarté au profit du droit à l’information du public, par
exemple lorsque est publiée la photographie d’un témoin d’un attentat, photographie montrant
son visage apeuré, alors même que l’intéressé n’avait pas donné son consentement à cette
publication56. Ces remarques paraissent paradoxales suivant le point de vue sous lequel nous
nous plaçons.

La conception belge retient le droit à l’oubli en tant que principe, tout comme le droit au
respect de la vie privée. Ainsi, le rappel des faits anciens est donc une exception, cette
dérogation devant par là même être appréciée strictement par le juge compétent, au cas par
cas, par une analyse qui se veut objective57.

La jurisprudence française a, quant à elle, opté pour une solution favorable à la presse,
reconnaissant un domaine très étendu au droit à l’information.

Le revers de la supériorité du droit à l’information. Cette supériorité admise du droit à


l'information a certainement de nombreuses conséquences néfastes. Pour ce qui est du droit à
l'oubli, il conviendrait de se demander si ce n'est pas une appréciation de fait qui est opérée
par la Cour de cassation, eu égard à la nature de l'information révélée et des conséquences de
ce rappel. Remarquons que le rappel d'une liaison illégitime semble porter moins gravement
atteinte à la réinsertion de l'individu que celui de faits délictuels ou criminels 58. Mais au-delà
de cette éventuelle appréciation de fait, c'est sur la décision même du tribunal qu'il convient
54
TGI Paris, 4 février 1988, J. C. P. 1988, II, 21107, note AGOSTINI.
55
COSTAZ (C.), op cit., p. 967.
56
Trib. Grande Inst., Paris, 30 juin 1997, Légipresse, 1997, I, 100 : la publication de ladite
photographie a été jugée licite eu égard au droit à l’information du public.
57
VOGEL (G.), op cit., p. 172.
58
Voir Cass. civ. 1e, 20 novembre 1990 et Trib. Grande Inst., Paris, 25 mars 1987, op cit.

19
de se demander si la publicité de la justice ne conduit pas, parfois, à des décisions trop sévères
au regard des faits en cause. Il n'est pas rare en effet d'entendre des avocats critiquer
l'exemplarité de la condamnation prononcée ou encore de les voir jouer sur la médiatisation
de l'affaire afin de prévenir une peine trop élevée.

Trop sévère ou trop laxiste, telle est la question de l'influence des médias sur la décision qui
sera prise par le tribunal, influence nécessairement nocive dans tous les cas face au risque de
partialité. Cette critique relative à la partialité peut être également hissée si l’on considère le
recours par le juge à la proportionnalité, consistant en une appréciation au cas par cas afin de
faire prévaloir un droit sur un autre. Mais ce parti pris tend aujourd'hui à s'effacer au profit
d'un intérêt qui serait, semble t’il, supérieur à tous autres, à savoir, le respect de la dignité de
la personne humaine (B’). Dès lors, la supériorité reconnue du droit à l’information n’est a
priori nullement absolue59.

B’- Le respect de la dignité humaine, ultime garde- fou ?

La notion de la dignité humaine, un droit fondamental. Le respect de la dignité de la


personne humaine a été consacré en tant que principe à valeur constitutionnelle, et ce, à
plusieurs reprises. En effet, dès 199460, le juge constitutionnel estima que la dignité de la
personne humaine contre toute forme d’asservissement et de dégradation est un principe
constitutionnel. Par la suite, la consécration de ce principe fut inscrite dans l’article 16 du
Code civil61 qui dispose notamment que « la loi assure la primauté de la personne, interdit
toute atteinte à la dignité de celle- ci et garantit le respect de l’être humain dès le
commencement de sa vie. »

De son côté, le juge administratif s’inscrivit dans ce même sillage, puisque par un arrêt de
199562, il condamna ''l’attraction du lancé de nain'' au nom du respect de la dignité de la
personne humaine, et ce, en dépit du fait que la personne en question ne s’en soit jamais
plainte. Ainsi, l’on se rend compte que d’un point de vue interne, le droit au respect de la
dignité humaine fait l’objet d’une protection qui se veut large, en ce que juges et législateur
59
LAPP (V. ), op cit., p. 6
60
Cons. Const., 27 juill. 1994, n° 94- 343, 94- 344 DC, Lamyline. Confirmé par Cons. Const.,19 janv.
1995, n° 94- 359 DC, Lamyline.
61
Issu de la loi n° 94- 653 du 29 juill. 1994 relative au respect du corps humain.
62
CE, 27 oct. 1995, Commune de Morsan- sur- Orge, RDF adm., 1995, p. 1204, concl. P.FRYDMAN.

20
veillent à assurer son observation. De plus, notons que cette notion est retrouvée en droit
international, si l’on s’en rapporte notamment à l’article 10 alinéa 2 de la Convention
Européenne de Sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales, qui, de
manière implicite la sous- entend63.

La protection du respect de la dignité humaine est donc très largement garantie, notamment si
l’on l’observe dans la balance des intérêts, face à celle de la liberté de la presse.

Un «  rempart face aux débordements de la liberté d’expression.  64» Il est des cas où certains
médias utilisés pour faire part aux citoyens de ce qui relève, pour ce qui nous intéresse ici, de
l’actualité judiciaire, se voient limités dans leur sacro- sainte liberté d’expression. Tel est le
cas notamment de la diffusion par l’audiovisuel. En effet, l’article 1er de la loi du 30
septembre 1986 sur la liberté de communication, énonce que les services de l’audiovisuel
doivent respecter la dignité humaine65.

Toutefois, il n’existait aucun équivalent pour ce qui touchait à la presse.

En cela, cette lacune du droit fut résorbée par la jurisprudence intervenue suite à l’assassinat
du préfet Claude Erignac. En l’espèce, deux hebdomadaires avaient publié outre le récit du
crime, une photographie du cadavre. Le cliché « représentait la victime ensanglantée, gisant
sur la chaussée, le visage gravement endommagé par la chute du corps. »66 La Cour de
cassation rejeta le pourvoi formé par les maisons éditrices qui avaient notamment argué que la
portée nationale exceptionnelle de l’assassinat légitimait de faire passer l’information par le
texte et par l’image, avant l’intimité de la vie privée de certaines personnes, si respectable
soit leur douleur. Or dans cet arrêt du 20 décembre 200067, la première chambre civile
semblait moins avoir relevé une atteinte à la vie privée des proches que l’outrage infligé à la
dignité de la personne décédée. Alors que le respect de la vie privée cesse avec le décès de la
personne, l’arrêt Erignac nous montre que la dignité humaine, elle, survit à la mort de celle-
ci.

63
V. aussi : Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne du 18 déc. 2000 n° 2000/634/01
proclamant la dignité humaine comme la première des « valeurs indivisibles et universelles ».
64
BAKOUCHE (D.), « Liberté de la presse et dignité de la personne humaine. », JCP, 2004, II, 10186, p.
2259.
65
HASSLER (T.), « Le droit à l’information du public confronté aux droits des victimes. », LPA, 17 déc.
1997, p. 8.
66
GRIDEL (J.- P.), « Retour sur l’image du préfet assassiné : dignité de la personne humaine et liberté
de l’information d’actualité. », Dalloz, 2001, p. 872.
67
Cass. civ. 1e, 20 déc. 2000, Dalloz, 2001, p. 885.

21
De ce fait, elle s’ancre dans la liste des quelques attributs extra- patrimoniaux, qui ne
s’évanouissent pas avec le décès de la personne68. Mais il semble que le second apport
essentiel de l’arrêt soit qu’une violation manifeste de la dignité humaine justifie une limite à
la liberté de l’information journalistique quant à l’actualité. En l’espèce, il apparaît que le
respect de la dignité humaine ait été enfreint par la représentation au premier plan de la
dépouille et du visage meurtris, facilement identifiables. La photographie prise et publiée était
donc attentatoire au respect de la dignité humaine au vu de ces circonstances, puisqu’elle
aurait semble t’il eu pour principal effet de « flatter des pulsions perverses, [ou] au moins [de]
''faire fonctionner le ressort émotionnel du public, générateur de profit.'' »69.

Les juges ont ainsi fondé leur décision en recourant à la combinaison des articles 10 de la
Convention Européenne des Droits de l’Homme et 16 du Code civil. Dès lors, il semble que
l’intérêt général ne cède finalement qu’en présence de cet intérêt particulier supérieur qu’est
le respect de la dignité humaine. C’est en cela que par un arrêt de 2001, la Cour de cassation a
sous forme cette fois- ci de principe, énoncé que « la liberté de communication des
informations autorise la publication d’images des personnes impliquées dans un événement,
sous la seule réserve du respect de la dignité de la personne humaine. »70 

Cependant, dans cette affaire, la Haute juridiction n’a pas retenu contre la maison éditrice une
atteinte à la dignité humaine, et ce, au visa des articles 10 de la Convention sus- énoncée,
ainsi que 16 et 9 du Code civil estimant que le cliché litigieux 71 était dépourvu de recherche
de sensationnel et de toute indécence. Malgré le fait que la reconnaissance de ce principe soit
louable, une incertitude latente semble planer selon nous quant à la mise en œuvre de cette
solution, puisque comment reconnaître que telle ou telle image porte atteinte au respect de la
dignité humaine ? En effet, vu la jurisprudence Erignac et celle de 2001 relative à l’attentat de
1995, l’on peut légitimement se demander, à l’instar de François Courtray 72 si la photographie
d’une dépouille - fût- elle celle d’un haut fonctionnaire - méritât davantage protection que
celle d’une personne encore vivante.
68
Id est : la dignité de l’article 16 Code civil, ou encore le droit de réponse à des injures ou
diffamation post mortem de l’article 34 al. 2 de la loi du 29 juill. 1881.
69
GRIDEL (J.- P.), art. préci., p. 876 citant lui- même (J.- P. Ancel, Protection de la personne  : image et
vie privée. La protection judiciaire civile, Gaz. Pal. 1994, 2, Doctr. p. 988).
70
Cass. Civ. 1e, 20 févr. 2001, Dr. et Patr., 2001, n° 94, p. 96.
71
En l’espèce il s’agissait d’une photographie prise par un hebdomadaire d’une victime de l’attentat
du RER à Paris en 1995.
72
COURTRAY (F.), « Publication de la photographie d’un cadavre : du respect de la vie privée à la
dignité humaine, ou les premières conséquences de la loi sur la présomption d’innocence. », RJPF,
2001, n°3, p. 11.

22
Plasticité de la notion de dignité humaine, un risque de perte de substance. Le principe du
respect de la dignité humaine n’est- il pas finalement qu’ « un principe à tout faire, ferment
de perturbation du droit positif »73 ? Cette notion de ''dignité'' est en effet, difficile à
appréhender, de sorte que lorsque le juge aura à trancher dans sa pesée des intérêts en
présence, sa décision dépendra de sa conception relative à la dignité humaine. Une sorte
d’aléa judiciaire74semble donc s’installer. En cela, il incombe aux juges de redoubler de
vigilance afin de ne pas élargir de manière trop exponentielle cette protection. Or, depuis peu,
il semble que la jurisprudence se soit au contraire placée à contre- courant de cette extension
qui pouvait être présagée quant au principe du respect de la dignité humaine. Rappelons en
effet que l’arrêt du 20 décembre 2001 a retenu que l’atteinte au dit principe supposait une
recherche du sensationnel et une certaine indécence. De plus elle a posé comme principe la
liberté de communication des informations et comme seule exception l’atteinte au respect de
la dignité de la personne humaine. Dès lors, il semble que la liberté de la presse, « dans le
conflit qui l’oppose à la protection de la personne »75 semble en définitive dégagée, ou
presque, de toute limite.

Un « garde- fou »76 apparemment insuffisant, renchéri par l’avènement de la notion de


« débat de société ». Les conditions dégagées par l’arrêt de 2001, semblaient déjà très (trop ?)
strictes dans le dessein de limiter l’emprise de la liberté de la presse 77 sur la dignité humaine.
L’arrêt rendu le 4 novembre 200478 par la Cour de cassation semble quelque peu illustrer le
recul de ce garde- fou. En l’espèce, un magazine avait publié un article assorti d’une
photographie d’un jeune homme inerte, étendu à demi dévêtu sur un brancard, le visage
ensanglanté sous- titrée par la légende suivante  « il faisait la course en scooter. Il avait
16ans. Les médecins ne pourront le ranimer. » Les circonstances sont très similaires à celles
de l’arrêt Erignac, en cela, la cour d’appel avait retenu l’atteinte à la dignité de la victime en
se fondant notamment sur le fait que la photographie publiée l’avait été sans précaution
d’anonymat de l’intéressé, au visage maculé de sang, au corps inanimé sur un brancard. Mais

73
MOLFESSIS (N.), « La dignité de la personne humaine en droit civil », in PAVIA (M.- L.), La dignité de
la personne humaine, (sous la dir. Th. Revet), Economica 1999, p. 111 in note de bas de page de
l’article de BAKOUCHE (D.), note. précit., p . 2259.
74
LOISEAU (G.), « La dignité de la personne humaine : un concept à usages multiples. », Dr. et Patr.,
n° 94, 2001, p. 97.
75
BAKOUCHE (D.), note. précit., p. 2259.
76
Ibid, p. 2257.
77
BAKOUCHE (D.), « Le droit à l’image et la liberté de communication des informations. », JCP, 2004,
II, 10160, p. 1913.
78
Cass. civ 2e, 4 nov. 2004, JCP, II, 10186, note D. BAKOUCHE.

23
son arrêt fut cassé par la deuxième chambre civile au motif que le principe de la liberté de la
presse implique le libre choix des illustrations d’un débat général de phénomène de société
sous la seule réserve du respect de la dignité de la personne humaine. A ce titre, les conseillers
de la Haute juridiction reprochaient aux juges d’appel de n’avoir pas recherché si
l’information des lecteurs justifiait la publication du cliché en cause, ni même d’avoir
caractérisé l’atteinte portée par celui- ci à la dignité de la personne humaine. L’image publiée,
choquante, semblait pourtant réunir les conditions posées en 2001 relatives à l’indécence et à
la recherche du sensationnel, recherche quelque peu diluée il est vrai, puisque le but était a
priori d’illustrer un débat de société. Or, telle n’a pas été l’approche de la Cour de cassation
qui, selon nous illustre quelque peu un recul par rapport à sa jurisprudence antérieure déjà
sévère79. Il est en effet difficile de comprendre pourquoi en 2000 l’atteinte au respect de la
dignité humaine est constituée, et qu’en 2004 elle ne le soit pas alors que les faits sont pour le
moins identiques. En outre, par cette décision, les magistrats élargissent le domaine de la
liberté d’information allant même jusqu’à en consacrer une fois encore sa primauté, mais cette
fois- ci sur le respect de la dignité humaine, et ce par le recours à l’illustration d’un débat de
société. Nous ne pouvons donc que déplorer un tel déclin quant à l’appréciation de la dignité.

En cela, si la dignité humaine paraît être une limite intrinsèque à la liberté de la presse, celle-
ci ne peut être entendue de façon trop extensive, ni de manière trop limitative80.

79
T. (E.), « Liberté de la presse et dignité de la personne humaine. », JCP, I, 143, p. 1063.
80
Ibid, p. 1064.

24
CONCLUSION

L’actualité judiciaire, notamment pour nous juristes, est essentielle, en ce qu’elle nous permet
de réaliser, et de comprendre comment sont mis en œuvre les ''matériaux'', le droit de manière
plus générale, que nous étudions. Toutefois, il ne doit pas s’agir de n’importe quelle actualité,
en ce sens que celle- ci, par l’intermédiaire de la liberté de communication des médias, ne
pourrait être constitutive d’atteinte à la vie privée de la personne. C’est à ce titre, que lors de
nos développements précédents nous avons pu constater que le législateur a développé tout un
arsenal juridique conséquent en la matière, et ce d’autant plus, face à une montée en puissance
des médias, voire même du phénomène de sur- médiatisation. En dépit de cela, les juges en
pratique ne se sont pas moins éloignés du dessein promu par le législateur, en faisant
davantage pencher la balance des intérêts en présence en faveur de la liberté de la presse. Le
constat est on ne peut plus éclatant au vu de la jurisprudence. C’est en cela que certaines
décisions par le recours à un autre principe de même valeur, ont incorporé un troisième intérêt
dans ladite balance, celui de la dignité humaine. Toutefois, il semble que l’avenir de celui- ci
soit quelque peu incertain, mais il nous incombe de faire part de prudence face à une
jurisprudence qui paraît être en pleine construction. Ce qui reste néanmoins certain, est le fait
que « l’essor de la liberté de la presse […] ne doit pas se faire sans limites »81, et en cela, il
nous importe que presse, et tous autres médias, fassent preuve de responsabilité dans
l’information relative à l’actualité judiciaire qu’il délivre, et de la manière dont il la livre82.

81
T. (E.), art., précité, p. 1064.
82
Notons à cet effet l’expression de Catherine COSTAZ qui estime que « la multiplication des moyens
de communication, de diffusion de l’information […] présente un danger certain pour la liberté des
individus et le secret de leur vie […] » in article précit., p. 961.

25
BIBLIOGRAPHIE

I- OUVRAGES GENERAUX (MANUELS TRAITES COURS)

• CARBONNIER (J.), Les Personnes, Thémis, droit privé, PUF, 17ème éd., 2000.

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1989.

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2005.

II- OUVRAGES SPECIAUX

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image, thèse, Paris, LGDJ, 1978.

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• (Sous la direction de : je sais pas comment ça s’indique) DUPEUX (J.-Y.)


LACABARATS (A.), Liberté de la presse et droits de la personne, Actes du colloque
organisé le 20 Juin 1997 par le Tribunal de grande instance de Paris et l’Ordre des avocats à
la Cour de Paris, Dalloz, 1997.

26
III- ARTICLES ET CHRONIQUES

• ANCEL (J.- P.),

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 « La protection des droits de la personne dans la jurisprudence récente de la Cour de


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• AUVRET (P.),

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 « L’équilibre entre la liberté de la presse et le respect de la vie privée selon la Cour


européenne des droits de l’homme. », Gaz. Pal., n° 102, p. 2.

• BADINTER (R.), « Le droit au respect de la vie privée. », JCP, 1968, I, 2136.

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• BLIN (H.), « Publication des décisions de justice et atteinte à l’intimité de la vie privée »,
JCP, 1972, I, 2469-2470.

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d’innocence. », RJPF, mars 2001, p. 9.

• FAVOREU (L.), « Le conseil constitutionnel et la protection de la liberté individuelle et de


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droit positif français », Dalloz, 2005, p. 391.

27
• HASSLER (T.),

 « Les progrès de la liberté de l’image des personnes en 2004. », Dalloz, 2005, p.


739.

 « Le droit à l’information du public confronté aux droits des victimes. », LPA, 17
déc. 1997, p. 6.

• HASSLER (T.), LAPP (V.), « Le droit à l’information du public confronté aux droits des
victimes », LPA, 17 Décembre 1997, p.6.

• HAUSER (J.),

 « Vie privée et nécessités de l’information (suite) », RTDC, 2001, p. 329.

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 « Le droit à l’image. », in Mélanges Roubier, 1961, p. 73.

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 « Les pouvoirs du juge des référés civil à l’égard de la liberté de communication et


d’expression. », Dalloz, 1989, chron. 11.

• LACABARATS (A.), « Le traitement judiciaire des atteintes à la liberté d’expression.


Propos introductifs. », Gaz. Pal., n° 138- 139, p. 29.

• LEVASSEUR (G.), « Protection de la personne, de l’image et de la vie privée », Gaz .Pal.,


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• NERSON (R.), « Personnes et droit de la famille », RTDC, 1966, p.66.

• PEUKERT (W.), « Les libertés individuelles face à la liberté de la presse. », Gaz. Pal.,
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• RAVANAS (J.),

28
 « Liberté d’expression et protection des droits de la personnalité. », Dalloz, 2000, p.
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• S. MARSH (N.), « La protection de la vie privée par le droit anglais. », Gaz. Pal., 1994, p.
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• T (E.), « Liberté de la presse et dignité de la personne humaine. », JCP, 2005, I, 143.

• VILLA- NYS (M.- C.), « Affaire judiciaire en cours : mode d’emploi pour une chronique
de presse honnête. », RJPF, juillet- août 2001, p. 10.

IV- NOTES DE JURISPRUDENCE

• BAKOUCHE (D.)
 Civ. 2e, 30 juin 2004, JCP, 2004, II, 10160.

 Civ. 2e, 4 nov. 2004, JCP, 2004, II, 10186.

• EDELMAN (B.)
Civ. 1e, 1er févr. 1995, D. 1995, p. 569.

• LOISEAU (G.)
Civ. 1e, 20 févr. 2001, Dr. et Patr., 2001, p. 96. (la dignité de la personne humaine)

• RAVANAS (J.)
 Civ. 1e, 20 nov. 1990, JCP, 1992, II, 21908.

 Civ.1e, 5 nov. 1996, JCP, 1997, II, 22805.

 Civ. 1e, 20 févr. 2001, JCP, 2001, II, 10533.

 Civ. 1e, 7 mars 2006, communication commerce électronique n°9, sept. 2006, comm.
133.

V- SITES INTERNET

• http://www.echr.coe

• http://www.legifrance.gouv.fr (Loi n° 1881-07-29, Bulletin Loi, n° 637, p. 125)

• http://www.senat.fr

29
• http://www.lexisnexis.fr (JurisClasseur Communication/ fasc.3420 : Publications interdites/
II-Protection de la justice et des justiciable, 1er Août 2001.)

DROIT DES PERSONNES

CHAPITRE 1 – ACTUALITE JUDICIAIRE ET VIE PRIVEE


 Droit patrimonial et extrapatrimonial PLAN
- Extrapatrimonial :  personnalité, préjudice
moral (art. 9 C. Civ.) I – Vie privée au service de l’actualité
- Patrimonial :  manque à gagner, réparation judiciaire
du préjudice matériel sur le fondement de
l’art. 1382 A) Droit à l’information du public
 Droit organisateur, préventif, a priori ET curratif,
sanctionnateur, a posteriori
 Droit à l’information : liberté d’expression, liberté
de la presse, actualité et histoire Cass. 25 nov. 2004  : décès d’un enfant
 Naissance du droit au respect de la vie privée dont les parents se rejetaient la

30
- Secret de la procédure d’instruction (secret de responsabilité pénale. Faits de la phère
la vie privée et présomption d’innocence) intime, objet de l’affaire policière, procès
- Cass. 14 juin 2007, Erignac  : population doit devient un événement judiciaire d’actualité
avoir accès car Préfet de la République,
qui peut être porté à la connaissance du
homme public + que la photo d’un cadavre
ensanglanté public.
- Cass. 4 nov. 2004, Scooter  : Homme en prise
 critère du « fait réellement l’objet du
en photo par la presse. Aucune atteinte à la
dignité au nom de l’intérêt général débat judiciaire » arbitraire !
- Doctrine de l’équilibre des droits, CEDH  :
atteinte à la vie privée
o Consentement
Cass. Civ. 1ère 12 juill. 2005  :
o Image, événement nécessaire % droit
Détournements de fonds publics dont les
au public à l’information, pertinente
avec l’actualité judiciaire et le débat éléments de privée sont divulgués. Les
d’intérêt général relations de l’intéressé avec sa femme ne
o Atteinte à la dignité : Erignac (oui), relèvent pas de la théorie du débat
policiers en service, veuve epleurée judiciaire.
(non), scooter (non)
- Affaire Telethon  : un photo dans un manuel
scolaire. Action sur art. 9 = aucune atteinte à
la vie privée MAIS identification aurait pu être Panorama de la Personnalité, Dalloz 2007
évitée (pixélisée, + floue) p. 2771
- Sites Webs Délateurs  : photo de l’épouse d’un
magistrat ancienne prostituée. Pixélisée donc
non reconnue. Aucune identification donc
aucune atteinte. Civ. 1ère 24 oct. 2006  : CADIG (contribution
aux débats d’intérêt général), label €. Elu
d’une municipalité faisant partie de la
franc-maçonnerie. Inauguration du label
CADIG. Révélation justifiée par
l’information du public sur un débat
d’intérêt général (et non plus sur l’intérêt
légitime du public).

Affaire Paul Touvier, JCP 2005 II 22547   : De


l’histoire à la mémoire = procès télévisé.
Devoir de mémoire = droit de la
personnalité.

B) Transparence du procès : publicité des


débats

II – Actualité juridique limitée par la vie

31
privée

A ) Faits non soumis au débat judiciaire

B) Le Huis Clos

32
CHAPITRE 2 – ARTICULATION ART. 9 ET 1382 C. CIVIL AVEC LOI DE LA PRESSE

I – PROTECTION SPÉCIALE DES DROITS EXTRAPATRIMONIAUX DE LA PERSONNE

B – PROTECTION PENALE DE L’HONNEUR A – PROTECTION CIVILE DE LA VIE PRIVEE

 Loi 1881 exclusive de 1382 C. Civ. :  Art. 9, droit autonome de l’art. 1382 C. Civ.
Cass. 12 juill. 2000  : faits dont la révélation est CA Paris, 12 mai 2OOO  : régime général de
constitutive d’une atteinte à la réputation ou à responsabilité civile qu’aucun texte n’exclut en
l’honneur doivent être jugés en application de la matière de presse ne peut s’appliquer lorsque
loi de 1881 et excluent l’art. 1382. les faits ne relèvent pas des dispositions
spéciales de la loi de 1881.
 Loi 1881 exclusive de l’art. 9 C. Civ. :
La loi de 1881 exclut l’art. 9 C. Civ. par la nature Application de l’art. 9 indépendante de 1382 C.
de l’atteinte  Civ.

- respect de la vie privée : art. 9


- à l’honneur / la considération : Loi 1881
 intérêt  prescription (30 ans civil – 3 mois
presse)

CA Toulouse, 22 juill. 2004  : atteinte à la vie


privée et à la réputation ne peut échapper à la
prescription de 3 mois prévue par la loi 1881. Art.
9 + Loi 1881 n’ont pas un rapport de droit
commun à droit spécial mais concourent à la
protection de la personnalité face à la presse.

Civ. 1ère 5 juill. 2005  : fourgon blindé, image du


policier constatant le drame. Seule la loi de 1881
protégeant certaines catégories de personnes et
de policiers était applicable en l’espèce.

TGI Paris, 22 juill. 2004  :pour échapper à la loi


1881 (prescription), aucune atteinte à la vie
privée ne peut être invoquée sans éléments
distincts de ceux poursuivis à l’infraction LEG sur
la presse.

33
II – SURVIE DE LA PROTECTION GENERALE DE LA PERSONNALITE

A – PROTECTION DE L’IMAGE # VIE PRIVEEE B – REPARATION DU PREJUDICE MORAL SUR


1382

 Droit à l’image autonome ?


-  SI aucune élément intime révélé par  Tout préjudice moral non spécifique + tout
l’image manque à gagner
-   SI image = support humain TGI Paris 28 sept. 2006  : % des recettes de
d’extériorisation de la vie privée, atteinte Réservoire Prod’ à l’occasion de l’exploitation
à la vie privée (art. 9)
de l’image d’Evelyne Thomas.
 Art. 1382 applicable (F + D + LC)
CA Toulouse, 24 mai 2005  : respect du à la vie
privée + respect du à l’image = droits distincts.

 Civ. 1ère 10 mai 2005 : réparation sur 1382 si


l’image provoque un manque à gagner.

 P. Kayser, Droit de la responsabilité /


personnalité, D 2006 page 2702 2705.
 J. Hallyday  : contrat d’image / Laposte :
concurrence déloyale + manque à gagner

 Evelyne Thomas  : rediffusion des émissions


sans son accord : manque à gagner (art. 1382)

 TGI Paris 28 sept 2006  : les parties ont


entendu conférer une valeur d’ordre patrimonial
étrangère aux prévisions de l’art. 9 non en cause
ici., Art. 1382 

34
CHAPITRE 3 – HISTOIRE ET VIE PRIVEE

 Délit de captation : écoutes téléphoniques, fouilles SI non autorisées par le JJ, garant des libertés
fondamentales
 Secret Partagé :
- Arrêt Plon : éditeur du Grand Secret
- CEDH 8 juill. 2004  : droit au secret médical est limité dans le temps : « laps de temps »
(parfois 20 ans)
- Arrêt Hachette- Filipacchi
 Droit à l’information : actualité (présent) + histoire (passé)
 Droit à l’oubli : droit de s’opposer à divulguer des faits déjà divulgués.
- réputation, honneur, intégrité morale de la personne
- nécessité historique privée de ce droit à l’oubli (juridiquement acceptable)
- nécessité historique ? une fois l’information divulguée, celle-ci est libre extrapatrimoniale
et non patrimonial  sinon art. 9 + 1382 C. civ.

I – L’HISTORIEN, CONFRONTE DES II – L’HISTORIEN FACE AUX VIVANTS


PERSONNAGES DEFUNTS

A – « FIN DU MUR DE LA VIE PRIVEE » P. Kayser


A – SECRET PARTAGE

Cass. 10 oct. 1995, Pouillit  : la veuve ne peut


s’opposer à la divulgation d’éléments  CEDH, 18 mai 2004, Gubbler
CEDH, 8 juill. 2004 Plon
autobiographiques de son défunt mari livrés de
.son vivant

 1 limite : période lointaine |e| secret /


révélation
B – DEVOIR D’OBJECTIVITE ET DE PRUDENCE

CA Aix, 31 oct. 2001  : journaliste %


Affaire TSF  : Omission de citer l’inventeur affaire jugée. Viol suivie d’un décès de la
victime mineure. Délai de 2O ans = non
atteinte à la vie privée des proches

B – IMMUNITE DE L’HISTORIEN

 Un droit à l’oubli ?
- pas de droit à l’oubli juridiquement

35
- moralement néfaste à l’individu
- droit à une 2° chance ! IG > à
l’intérêt individuel à une deuxième
chance
 Licéité du rappel
- mesure de grâce après
condamnation oubliée
- CA Aix, 31 oct. 2001  : contours de la
licéité

36
CHAPITRE 4 – LA PROTECTION DE LA VIE PRIVEE DU DEFUNT

I – PROTECTION RESERVEE AU SEULS VIVANTS II – DIGNITE : FONDEMENT DE LA RENAISSANCE


D’UNE PROTECTION INDIRECTE

A –VIE PRIVEE DU DEFUNT : UN MYTHE A – CONSECRATION D’UN DROIT A LA DIGNITE

Protection de la vie privée suppose la vie Affaire Erignac  : fondement = art. 16 C. Civ.
OR la mort est la fin de la vie DONC pas vie
après la mort DONC pas non + de Arrêts 4 nov. 2004, Scoote
protection de la vie privée du défunt  SAUF 16 mai 2006 > Droit à l’information
préjudice par ricochet des survivants prévaut sur
(héritiers)
7 mars 2006 la dignité.
B – RJp : une protection des vivants

- Solution conforme à la nature


juridique du droit de la personnalité B – PRIMAUTE DE LA DIGNITE ?
- Solution confirmée et étendue du droit
à l’image. - Contour de la dignité
Civ. 1ere 14 déc. 1999
TGI Paris 9 mai + 25 juin 2007  : Absence du
ème
Civ. 2 , 8 juill. 2004  : révélation caractère indécent. non humiliante ni dégradante,
d’une histoire de famille Rue de Paris. Ne prévaut pas sur le droit à
l’information
Civ. 1ère 15 fév. 2005  : extension à
l’image, arrêt sur le terrain patrimonial CEDH, 14 juin 2007, Hachette Filipacchi  : abs
du droit au respect de la vie privée

- Concept de dignité : consentement SINON


utilité ? + notion de contribution à
l’informaiton
Eléments qui se rattachent / contribuent
(nécessaires au droit à l’information
uniquement) au droit à l’information

Arrêt Teleton  :identification de la


personne nécessaire pour contribution au
droit à l’information uniquement.

37
CHAPITRE 5 – DROIT A LA MORT

I – DROIT SUBJECTIF A LA MORT II – DROIT D’ORDRE PUBLIC A LA VIE

A- Dignité A – Interdiction de l’euthanasie


Témoignages (ADMD, site internet), débat
pluridisciplinaire

- art. 2 Cedh
- Arrêt Pretty c/ RU
B- Limité aux personnes concernées - Leg° d’Etats voisins

- 1500 à 2000 actes / an et 5000 demandes / an


- refus parce que minorité mais droit des
minorités et droit à la différence ? B – Aménagement de l’euthanasie passive
- 6 raisons de légiférer, respect de la vie
humaine
o idéal républicain : pas de violation
- Loi 22 avr. et 4 mars 2005
sans sanction !
o existence de l’euthanasie
o contrôle réel et combat contre
euthanasie
o coût économique
o justice sociale
o démocratie, responsabilité collective
sinon de l’Etat ?

CHAPITRE 6 – LA VIE PRIVEE DU SALARIÉ

I – UN DROIT AU RESPECT DE LA VIE PRIVEE ETENDU : HORS DE L’ENTREPRISE

A – Dans la limite du droit de tout individu

B – Dans le respect de l’intérêt de l’entreprise

II – UN DROIT LIMITE : DANS L’ENTREPRISE

A – Contour du droit

Arrêt Nikon, Soc. 2 oct. 2001 -

Cass. Soc. 17 mai 2005 -

38
B – Limites du droit

accès aux fichiers non personnels par l’employeur -

fichiers personnels, deux limites cumulatives -

transparence ¤

.risque particulier pour l’entreprise. Sécurité de l’entreprise ¤

Urgence justifiant l’absence de contradictoire. Affaire M6 : ouverture des sac des
salariés justifiée par les menaces d’attentat

CHAPITRE 7 – VIE PRIVEE ET INTERNET

I – ATTEINTES SPECIFIQUES A INTERNET

A – Données personnelles

B – Les images

? II – EFFICACICE DE LA PROTECTION : TRANSPARENCE OU RESPECT DE L’INDIVIDU

A – Loi informatique et libertés : critiques, loi plus une déclaration qu’efficace

.B – Protection de l’article 9 C. Civ

réparation toujours possible -

protection affaiblie de l’art. 9 face à un monde du web illimité -

39

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