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Journal de la sobriété

Je voudrais commencer ce journal avec quelques commentaires à propos de l’écriture et la


sobriété d’écrire dans une langue inconnue pour moi : écrire dans une langue étrangère peut
faire quelque chose très révolutionnaire, parce que nous sommes obligés pour écrire très
simple, de sorte que tout le monde nous comprend. Ainsi écrire devine un exercice plein de
gestes et d’intensités. C’est-à-dire que, pour ceux qui ne sont pas natives, est très difficile
décorer les mots. Je pense que la décoration des mots nous fait oublier le monde matériel.
C’est pourquoi l’écriture dans une langue étrangère est révolutionnaire.

Ces jours j’ai lu quelques textes de Frank Kafka et j’ai réussi comprendre que, malgré la
traduction à l’espagnol, la sobriété de l’écriture de celui-ci est un jeûne avant la langue
allemande que nous permet lire ses gestes et ses intensités. C’est beau. Kafka est un auteur
dont le sujet d’énonciation et d’énoncé habitent l’absurde. Cependant, je ne pense pas qu’il
y a dans l’œuvre de Kafka un fatalisme. Au contraire. Si les personnages de Kafka habitent
l’absurde, c’est pour montrer notre absurde et le détruire en créent d’autres mondes.

L’écriture de Kafka est matérielle. Quand nous lisons à Kafka, je pense qu’il faut prendre
les gestes des musiciens. Par exemple, malgré que la musique soit associé à l’audition, je
crois que celle-ci est aussi tactile et visuel. Alors quand nous disons « nous écoutons le
Do », nous ne pouvons pas dire que ce Do est la même chose en Glenn Gould, Bach,
Chopin, etc. parce que tous eux jouent le piano avec des rythmes et des intensités différents.
Donc, en Kafka la même chose s’applique, chaque mot n’a pas un sens, mais une intensité
propre. Or beaucoup de psychanalystes veulent voir dans l’œuvre de Kafka l’histoire de sa
vie, mais celui-ci en se moque. Dit-il : « Cette cruche déjà était brisée avant aller à la
source »

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