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Château de Bonaguil
Château de Bonaguil
Protection [1]
Classé MH (18/04/1914)
Site Internet [2]
www.bonaguil.org
Coordonnées [3]
44° 32′ 18″ Nord 1° 00′ 51″ Est
Pays France
Région Aquitaine
Département Lot-et-Garonne
Présentation
Le château de Bonaguil est un des derniers châteaux forts construits. Il est bâti sur un éperon calcaire qui domine
d'une trentaine de mètres le confluent de deux étroites vallées, sur un affluent de la Thèze, appelée de trois noms : le
ruisseau de Caupenne[4] , la Petite Thèze et ruisseau de Bonaguil. Il détient la particularité de ne pas être sur une
position stratégique : le château ne défend pas une ville, ni le passage d'un fleuve, ni une vallée importante ou une
route commerciale.
Son érection débute au XIIIe siècle, puis il est entièrement repris à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle
par le baron Bérenger de Roquefeuil qui lui ajoute tous les perfectionnements défensifs du Moyen Âge finissant.
Merveille d’architecture militaire s'étendant sur 7500 m², véritable catalogue de la fortification depuis le XIIIe
jusqu'au XVe siècle, il intègre à partir de 1480 les derniers perfectionnements de la défense au moyen de l’artillerie
tant pour utiliser celle-ci que pour s'en prémunir : formidable barbacane couvrant l'accès au château, canonnières par
dizaines tant dans les tours que dans les courtines, chambres de tir casematées (« voûtées ») à l'abri des boulets
adverses et permettant des feux bas et rasants, « moineau » casematé interdisant toute circulation au fond du grand
fossé, terrasses d'artillerie étagées au pied du corps de place qui constituent autant d'enceintes successives à forcer,
aménagement à des fins défensives d'une grotte naturelle située sous l'éperon rocheux, etc.
À son achèvement vers 1510, il apparaît cependant obsolète dans son corset de pierre austère et guerrier. En effet, à
cette époque du début de la Renaissance, les grandes familles nobles ainsi que le roi et ses proches commencent à
construire les premiers châteaux de la Loire et, dans tout le royaume, de nombreuses forteresses médiévales de la
petite et moyenne aristocratie, même si elles conservent quelques dispositifs défensifs, sont peu à peu transformées
en résidences d'agrément par abattage d'une partie des tours et des courtines afin de les ouvrir sur la lumière et la
campagne.
Hormis la perte de ses charpentes pendant la Révolution Française, le château de Bonaguil est aujourd'hui dans un
état de conservation remarquable. Il n'eut jamais à subir d'attaque et fut habité jusqu'à la Révolution.
Origines
Le nom signifierait bonne aiguille[réf. nécessaire] et désigne le site défensif : un promontoire rocheux et escarpé de
calcaire urgonien, convenant parfaitement à l’établissement d’un château fort. Ce site est préféré aux éperons proches
de plus grande altitude par la présence d'un point d'eau. Il a été construit en hauteur pour apercevoir toute attaque.
Premier état
Un premier château de Bonaguil est construit après le milieu du
XIIIe siècle (entre 1259 et 1271 selon Jean Jacques Gardelle), sur un
éperon rocheux, probablement par Arnaud La Tour de Fumel. La seule
entrée du donjon, lui-même construit au-dessus d’une grotte naturelle,
est une porte à six mètres de hauteur, accessible à l’échelle.
La première mention dans un texte date de 1271, dans une charte qui
répertorie les biens du roi de France Philippe III le Hardi. À cette date,
Bonaguil est une seigneurie vassale du fief de Tournon et les
principaux bâtiments du château sont un donjon de forme polygonale
allongée et un logis rectangulaire, situé à l'ouest du donjon au-delà
d'une étroite cour intérieure large d'une dizaine de mètres. La forme
particulièrement oblongue (3 fois plus long que large, ainsi que ses Le château d'après Viollet-le-Duc
extrémités effilées) du donjon a été strictement dictée par les
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dimensions et la forme du support rocheux (calcaire campano-urgonien) sur lequel il s'élève. La pointe nord du
donjon, dont la maçonnerie épaisse de plus de trois mètres forme un angle d'environ 65°, est dirigée du côté probable
de l'attaque : l'étroite crête située immédiatement au nord de la forteresse.
Dans la cour du château, l’élargissement et le surcreusement d’une diaclase (faille verticale naturelle dans la roche
calcaire) a permis de forer un puits profond de 48 m. pour un diamètre de 2 m. Dès le début de son existence, le
château est donc approvisionné en eau.
Les seigneurs du lieu combattent dans le parti du roi d’Angleterre pendant la guerre de Cent Ans. Le château est pris
plusieurs fois, incendié et abandonné, bien que toujours propriété de la famille de Fumel.
Le 11 novembre 1380, Jean de Fumel-Pujols, baron de Blanquefort et propriétaire du château, épouse l’héritière de la
puissante famille languedocienne des Roquefeuil (cf.Maison de Roquefeuil-Blanquefort), Jeanne Catherine de
Roquefeuil, et abandonne son nom pour celui -plus prestigieux- de son épouse. Leur fils Antoine hérite les
importants biens des deux familles. Le fils de ce dernier, Jean de Roquefeuil épouse Isabeau de Peyre. Le couple
aura neuf enfants, dont Bérenger qui naît en 1448 au château de Flaugnac. Jean et son épouse résident
épisodiquement à Bonaguil (à l'instar de tous les nobles fortunés qui possédaient plusieurs châteaux) ce qui l'incitera
à réaliser quelques aménagements dans l'austère forteresse de ses ancêtres maternels.
Des quatre fils -sur neuf enfants- de Jean, c’est le troisième, Bérenger, surnommé 'Bringon', qui survit aux autres et
hérite en 1483, de tous les biens de ses parents. Auparavant, Bérenger a fréquenté la cour du roi de France Louis XI
où son père l'avait probablement fait entrer comme page. En 1477, il épouse Anne du Tournel au Château Royal
d'Amboise. Il appartient sans doute au cercle des personnages de la cour assez proches de Louis XI car ce dernier,
réputé pour sa pingrerie, lui octroie néanmoins une confortable pension. Revenu de la cour après la mort de son père,
Bérenger de Roquefeuil vivra quelques années entre son château de Castelnau-Montratier à une trentaine de
kilomètres de là et un de ses autres châteaux, Blanquefort. Il possède désormais en tout une vingtaine de châteaux et
près de trente baronnies (il en fait d'ailleurs état quelques années plus tard dans une lettre adressés à Louis XII) Et
c'est vers 1495 que Bérenger va s'installer à Bonaguil dont il fait sa résidence principale, non sans y avoir engagé,
une dizaine d'années auparavant, d'importants travaux qui vont transformer, agrandir et renforcer considérablement
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Première enceinte
Le principal danger à la fin du XVe siècle
vient des progrès de l’artillerie. Celle-ci, née
depuis plus d'un siècle, n'a cessé de
s'améliorer, tant en puissance, qu'en
précision et qu'en régularité de tir. Pour s'en
prémunir, il faut donc tenir le plus éloignés
possibles les canons de l’assaillant, tenant
compte que ceux-ci, en cette fin du
XVe siècle, doivent être, pour être efficaces,
mis en batterie à une distance comprise
entre 50 et 100 m. des murailles à détruire.
Au-delà, leur tir perd de sa puissance et,
plus près, les servants de pièces s'exposent
dangereusement à la riposte des défenseurs.
Tenant compte de ces impératifs techniques, une enceinte externe, d’une longueur de 350 m, est ajoutée au château.
Elle est constituée de courtines basses remparées (retenant à leur revers une masse de terre dont la partie supérieure
forme une terrasse défensive) Ce système appelé également fausse braie) permet d'amortir partiellement, grâce aux
importantes masses de terre, les vibrations destructrices des impacts de boulets contre les maçonneries. Cette
enceinte extérieure de Bonaguil est renforcée de tours basses qui ne dépassent pas le niveau des fausses-braies et
équipée de canonnières à tir rasant, ce qui est la deuxième innovation de cette reconstruction : la prévision de
l’emploi massif d’artillerie pour la défense du château, avec un total de 104 embrasures aménagées pour les bouches
à feu.
On a donc une prise en compte des derniers progrès de l’armement : d'une part on repousse le tir de l’assaillant en
obligeant ce dernier à positionner ses canons bien plus loin qu'il ne le souhaiterait et, d'autre part, on lui rend difficile
l’approche de son infanterie à cause des multiples canonnières tirant quasiment au ras du sol et tous azimuts. Enfin,
les canons de fort calibre de la défense sont installés de préférence en hauteur, soit sur les terrasses des fausses-braies
entourant le château, soit dans les casemates situées à mi-hauteur des tours, ceci afin de battre au loin les positions de
l'assaillant. Bonaguil offre donc des niveaux de défense étagés en hauteur, technique qui perdurera plusieurs siècles :
les tirs lointains (tirs courbes, dits "paraboliques") sont effectués à partir des parties hautes de la forteresse, les tirs
d'interdiction de l'approche (tirs tendus et rasants) opérés à partir des parties basses. Ces multiples possibilités
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d'utilisation de l'artillerie à des fins défensives sont renforcées par l'usage des armes portatives individuelles, tant à
jet (arcs et arbalètes qui servirent jusqu'au XVIe siècle) qu'à feu (arquebuses), toutes parfaitement utilisables à partir
des anciennes archères des XIIIe et XIVe siècles siècles dont nombre sont conservées.
L’éperon sur lequel est établi le château est isolé du plateau par un large et profond fossé creusé dans le roc. Une
imposante barbacane est établie en ouvrage avancé au-delà du fossé, sur le rebord extérieur de celui-ci, appelé
"contrescarpe". Ce colossal ouvrage contrôle l'unique accès à la forteresse. Il peut aussi fonctionner comme un sas en
cas de période d’insécurité : on laisse pénétrer dans la barbacane les entrants suspects, puis on relève le pont-levis
extérieur derrière eux. Puis après contrôle de leur identité, on abaisse pour eux l'un des deux ponts-levis qui donnent
accès au château. La forme arrondie de cette barbacane, ainsi que ses murs épais de quatre mètres, font office de
bouclier protecteur pour la face nord du château, la plus vulnérable car légèrement dominée par la crête située au
nord. Cet ouvrage extérieur est ceint de son propre fossé, large de quatre mètres environ et profond de cinq. Mais le
rôle de cette barbacane n'est pas que passif : si l'épaisseur de ses murs lui confère un rôle de très solide bouclier, elle
se défend aussi de façon active grâce à de multiples canonnières interdisant à l'ennemi d'en approcher. Le plan de tir
de ces embrasures ne laisse d'ailleurs subsister aucun angle mort. Sur le flanc est de la barbacane, du côté de sa porte,
deux tours permettent d'effectuer des tirs de flanquement tandis que sur son flanc ouest, la fonction de flanquement
est dévolue à une aile saillante de la muraille. La porte de la barbacane est de plus située dans le flanc de celle-ci qui
domine l'abrupt, à l'est. Un pont dormant, non rectiligne car formant un coude de quatre-vingt-dix degrés vers la
droite, franchit le fossé de la barbacane et s'achève, devant la muraille de celle-ci, par un pont-levis. Le virage formé
ce pont fixe rendait très difficile, voire impossible, l'utilisation d'un bélier aux fins de défoncer la porte. De plus, la
position de celle-ci dans un flanc de la barbacane non visible ("défilé") aux vues de l'assaillant, empêchait celui-ci de
la détruire au canon faute de pouvoir y parvenir au bélier. La barbacane est reliée au château par deux ponts
dormants qui franchissent le grand fossé. Ces ponts sont posés sur des piles hautes de dix mètres (soit la profondeur
du fossé) Le premier pont, large de 2,50 mètres environ, mène au cœur du château résidentiel. L'autre, parallèle, plus
étroit, est situé à une dizaine de mètres à sa gauche. Il donne accès à une basse-cour et à des bâtiments de servitude
situés au pied est du donjon, légèrement en contrebas du château. Ces deux ponts jetés sur le grand fossé s'achèvent
par une coupure large de quatre mètres qui ne peut être franchie qu'en abaissant un pont-levis. Le pont-levis menant
au château résidentiel est double : un petit, assez étroit, de la largeur d'une passerelle, dessert une porte piétonnière
tandis que le pont-levis le plus large dessert une porte charretière. Pour l'accès aux communs, un seul pont relevable,
de largeur intermédiaire.
Toujours dans ce but de ne laisser subsister aucun emplacement à l'abri des tirs de la défense, un moineau est
aménagé dans le fond du grand fossé, au pied de l'escarpe rocheuse. Ce petit ouvrage est une casemate basse
couverte d'un toit épais en dalles et moellons et qui repose sur une solide voûte. On ne peut y accéder à ce moineau
que par une grotte naturelle prolongée en couloir qui, s'ouvrant dans l'escarpement rocheux au sud du château, passe
de part en part sous celui-ci. Ce moineau est un ouvrage militaire typique de la seconde partie du XVe siècle. Situé
en fond de fossé, armé de cinq canonnières, il est totalement protégé des tirs de canon de l'assaillant et permet
d'effectuer des tirs rasants dans le fossé, interdisant à l'assaillant qui aurait réussit à y descendre à utiliser le fond du
fossé comme voie de progression (Les moineaux ont subsisté, sous l'appellation de "caponnières" et dans une
variante modernisée, jusque dans la fortification du début du XXe siècle). D'autres canonnières, situées en partie
basse des tours, viennent renforcer l'action défensive du moineau. Un singulier poste de tir pour défendre le fossé est
également aménagé dans la pile du pont menant à la basse-cour. Cette pile en maçonnerie, haute d'une dizaine de
mètres, de section carrée d'environ deux mètres sur deux, est creuse sur les huit dixièmes de sa hauteur. En haut de la
pile et au beau milieu du passage, une trappe recouvre un trou d'homme dans lequel on descend au moyen d'une
échelle. Au bas de ce puits étroit et profond de plus huit mètres, des meurtrières percées dans les parois de la pile,
permettent de donner des tirs rasant directement dans le fossé. Mais étant donné l'exiguïté de ce petit poste de tir, un
seul homme peut le servir et uniquement muni d'une arme individuelle (arquebuse ou arbalète, cette dernière ayant
été en usage jusqu'au milieu du XVIe siècle).
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Enfin, des boulevards terrassés sont aménagés sur les flancs est, sud et ouest du château. Ces boulevards sont
renforcés par des tours basses casematées. Le boulevard arrondi qui contourne le pied de l'angle sud-est du château
renferme un long couloir semi-circulaire qui dessert huit canonnières qui prennent les pentes est, sud et nord sous
leurs feux. Ce couloir-casemate est couvert d'une remarquable voûte. On y descend par une rampe située à l'une de
ses extrémités. Cette pente aménagée permet ainsi un accès aisé pour le portage de canons de petit calibre. À l'autre
extrémité, un escalier à vis remonte près de l'entrée de la grotte-couloir menant au moineau du grand fossé nord. Le
boulevard implanté à l'angle sud-ouest du château communique avec l'extérieur au moyen d'un passage en chicane
ménagé au cœur une tourelle basse couverte d'un toit de lauzes. D'apparence anodine, banale, l'accès réalisé dans
cette tourelle est en réalité un redoutable piège : deux portes épaisses à forcer, l'une pour pénétrer dans la tourelle,
l'autre pour pouvoir en ressortir. Entre ces deux fermetures : un étroit couloir en zig-zag interrompu par une porte
intermédiaire, elle-même prise sous les tirs d'enfilade d'une meurtrière intérieure.
Donjon
Grosse tour 14 m 35 m 4m
Tour rouge
Tour carrée
Charles, le fils de Béranger de Roquefeuil dilapide (semble-t-il pour sa belle épouse Blanche de Lettes) la fortune de
son père, et ses fils Honorat et Antoine héritent d’une fortune bien amoindrie. Au cours des guerres de Religion, les
deux frères combattent dans les camps opposés, et le château est pris en 1563. Une première restauration a lieu en
1572. Endetté, Antoine doit remettre au sire de Pardhaillan la forteresse en 1618, avant de pouvoir la racheter
quelques années plus tard.
Son fils Antoine-Alexandre est marquis, mais laisse à sa seule fille Marie-Gilberte, un château en mauvais état et des
coffres vides. Mariée dès la mort de son père le 9 juillet 1639 (à treize ans) au marquis de Coligny-Saligny,
lieutenant des gendarmes de la Reine, elle se consacre au relèvement et à l’entretien du château. Elle se remarie en
1655 avec Claude-Yves de Tourzel, marquis d’Allègre, dont elle a une fille qui épouse Seignelay, ministre de la
famille de Colbert.
François de Roquefeuil, parent éloigné qui avait quelques droits sur le château, en prend possession en 1656, après
avoir enlevé de force le château de Flaugnac, les conserve près d’un an, et n’abandonne Bonaguil que pillé.
Marie-Gilberte réside à Paris les dernières années de sa vie, et laisse à l’abandon le château de Bonaguil, jusqu’à sa
mort en 1699. Il passe ensuite aux Montpeyroux (François-Gaspard de Montpeyroux, qui, soldat, n’y habita presque
jamais) puis à sa sœur qui le vend en 1719 à Jean-Antoine de Pechpeyrou-Beaucaire. Le fils de celui-ci vend le
château à Marguerite de Fumel, veuve d’Emmanuel de Giversac, en 1761, qui y fait quelques travaux de confort.
Notes et références
[1] Classement du château de Bonaguil (http:/ / www. culture. gouv. fr/ public/ mistral/ merimee_fr?ACTION=CHERCHER& FIELD_1=REF&
VALUE_1=PA00084226), sur la base Mérimée, ministère de la Culture. Consulté le 24 août 2009
[2] http:/ / www. bonaguil. org
[3] Coordonnées vérifiées sur Géoportail et Google Maps
[4] SANDRE, « Fiche ruisseau de caupenne (O8540550) (http:/ / sandre. eaufrance. fr/ app/ chainage/ courdo/ htm/ O8540550.
php?cg=O8540550) ». Consulté le 7 novembre 2009
Sources et contributeurs de l’article 9
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