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1- Rappel historique
Histoire de la scolarisation des filles (cf chronologie)
Au XIXe et première moitié du XXe : retard de la scolarisation des filles. Tandis
que l’école des garçons est obligatoire en 1833 pour les communes de plus de 500
habitants (Loi Guizot), l’école des filles ne le devient qu’en 1850 pour les
communes de plus de 800 habitants avec la loi Falloux. A ce moment là,
l’enseignement des filles est souvent confié à l’église et son contenu est
spécifique.
Victor Duruy, ministre de l’instruction publique = partisan de l’extension de
l’instruction primaire à tous et toutes. En particulier, il considère que s’agissant
de l’éducation des filles, « une partie des embarras actuels proviennent de ce
qu’on a laissé cette éducation aux mains de gens qui ne sont ni de leur temps ni
de leur pays.» En 1967, une nouvelle loi est promulguée qui oblige les communes
de 500 habtts à entretenir une école spéciale de filles.
A partir de 1879, les républicains laics (svt protestants) au pouvoir veulent
arracher les filles à l’influence de l’Eglise. A l’éducation différenciée se
substitue la séparation : écoles identiques (obligatoire, laïque et gratuite, ferry,
1881-82) mais séparées. Les programmes sont identiques sauf s’agissant des
travaux manuels et de la gymnastique.
Concernant l’enseignement secondaire, tandis que les lycées de garçon sont crées
en 1802 sous Napoléon 1er, les lycées de filles apparaissent en 1880, sous la IIIe
République avec la loi Camille Sée1. Les filles n’ont alors pas accès à
l’enseignement supérieur puisque dans leurs établissements, on ne prépare pas au
baccalauréat. A la fin du XIXe, des femmes (qui ??) se battent pour obtenir
l’autorisation de passer le bac et s’inscrire à l’université. C’est seulement en 1924
que les programmes des enseignements secondaires masculins et féminins sont
unifiés et que les filles peuvent préparer le bac dans leurs établissements (les
enseignements ne sont pas fusionnés pour autant).
Conclusion
Mais : La mixité n’est pas l’égalité : la co-présence des sexes ne garantit pas
l’égalité des chances. Nicole mosconi a expliqué qu’on a cru qu’il suffisait de
mettre ensemble les garçons et les filles pour produire l’égalité ». or, a-t-elle
nuancé, « si on les met ensemble sans y réfléchir et sans rien faire, on produit
les phénomènes d’inégalités ». Depuis les années 90, les recherches ont montré
que l’école participe au renforcement de la place asymétrique assignée aux deux
sexes par les normes sociales. Le masculin domine l’ensemble des relations
scolaires : « il s’agit d’un monde du « masculin neutre », neutre, parce que la
différence des sexes tend a y être déniée, mais masculin parce que le « genre
masculin » y reste dominant » (Mosconi, 1992, Egalité des sexes, mixité et
démocratie).
Pour ces raisons,, je reviendrai plus précisément, sur les mécanismes, des textes
officiels incitent à la prise en compte de la question de l’égalité fille/garçons.
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D’ailleurs, Le 3 juillet 1957 une circulaire organisant le fonctionnement des premiers établissements scolaires
mixtes notait déjà: « la crise de croissance de l’enseignement secondaire nous projette dans une expérience que
nous ne conduisons pas au nom des principes (par ailleurs fort discutés mais pour servir les familles au plus
proche de leur domicile » (circulaire de 1957)
Elle prévoit un ensemble de mesures pour améliorer la formation initiale,
l’orientation et l’insertion professionnelle des jeunes filles.
- Le 25 février 2000, pas moins de 5 ministres ont signé une 3ème
convention pour la promotion de l’égalité des chances entre les filles et les
garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif. Le constat
fait état que près de 60% des femmes exercent des métiers qui ne
représentent que 30% des emplois, et 80% d’entre elles ont des emplois à
temps partiel et à bas salaire. Ajouté à cela, les hommes ont un salaire en
moyenne 25% plus élevé que les femmes. Cette convention tente d’aller
plus loin que les deux précédentes en définissant une politique globale
d’égalité des chances, et ce « du préélémentaire à l’enseignement
supérieur, de la formation initiale à la formation tout au long de la vie ».
- Convention de 2006 (cf photocopie)
Reprend en le raccourcissant le texte de 2000. L’égalité fille-garçon est
une mission de l’école : Une action délicate car elle agit sur des archaïsmes
sociaux et psychologiques. Elle doit être menée dans la continuité et la
durée avec l’ensemble des acteurs. Trois axes de la convention :
- Une orientation scolaire et professionnelle libre des stéréotypes de
genre : le choix des filières relève plus d’une soumission aux normes
sexuées qu’au libre choix d’un métier
- L’égalité entre les filles et les garçons : ils et elles doivent prendre
conscience de leur rôle stéréotypé
- L’éducation doit être fondée sur un respect mutuel des deux sexes :
éducation à la citoyenneté, prévention des violences sexistes, éducation à
la sexualité et vie scolaire. Comités d’éducation à la santé et à la
citoyenneté et heure de vie de classe
Nous allons a présent aller plus au fond dans la compréhension des mécanismes à
l’œuvre dans la construction de l’inégalité filles/garçons et hommes/femmes
dans la société.
II- Le genre
Mythe de l’égalité des sexes dans les sociétés occidentales appuyé sur l’autorité
de la science avec l’ADN, chaque enfant reçoit la moitié de chaque parents ; une
égalité intégrée à la loi et règlement, dans les médias et les récits. Et pourtant
cette égalité ne correspond pas au vécu réel des individus. Ainsi les femmes
reçoivent deux messages opposés : les hommes et les femmes sont égaux,
évidemment les femmes sont inférieures aux hommes. Exemple : les tâches de
femmes sont aussi importantes que celles des hommes mais en même temps
beaucoup d’hommes trouvent les tâches féminines dégradantes
(repassage/bricolage). Parfois les deux messages sont délivrés en même temps :
dans un magazine féminin une publicité fera l’éloge de la liberté des femmes à
choisir leur apparence en l’illustrant d’une photo de mannequin au corps parfait.
Le concept de genre permet de mieux comprendre ces injonctions paradoxales
(auquel a largement recours le gvt…)
1- Définitions
Les prejugés
A partir de ces stéréotypes peuvent se construire des préjugés :
Les préjugés : attitudes négatives envers un groupe ou ses membres. Le
caractère injustifiable de ces attitudes négatives réside dans le fait qu’elles
imposent des généralisations défavorables envers chacun des individus qui sont
les membres d’un groupe.
Par exemple : donc j’aime pas les jeunes ; j’ai pas confiance quand ma femme
conduit;
La discrimination
La discrimination : comportement négatif à l’égard d’un exogroupe envers lequel
nous entretenons des préjugés (Dovidio & Gaertner, 1986).Inégalité de
traitement fondée sur un critère prohibée par la loi (origine, sexe, handicap, ..)
ou dans un domaine visée par la loi (emploi, logement, éducation, …).
Par exemple : j’empêche les jeunes de sortir ; je donne pas ma voiture a une
femme
Dans les sociétés occidentales la discrimination est indirecte (la discrimination
directe est puni par la loi), elle se base sur une série de principe « allant de soi »
(ilina lowy) qui s’appuient sur des stéréotypes, au bout du bout.
- L’hétérogamie : une femme cherchera un homme de statut égal ou
supérieur au sien, l’homme égal ou inférieur.
- L’érotisation du pouvoir mâle et de la masculinité hégémonique, la
subordination de la femme se mue en source de plaisir
- La perception des femmes comme dotée d’une capacité innée au care
(prise en charge du bien être psychologique et physique des autres)
- Une possibilité asymétrique de s’approprier les attributs et rôles du sexe
opposé (vêtements, métiers, …) : les femmes peuvent très bien
s’approprier des métiers ou des vêtements d’hommes mais il n’y a pas de
symétrie, là-dessus : l’inverse est plutôt pas très bien vu.
- L’inégalité esthétique des deux sexes, les hommes sont jugés selon des
critères physiques moins restrictifs
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NQF, Sabrina Sinigaglia-Amadio
- Affirmation de la notion de masculin neutre qui est un déni de la différence
des sexes et organise la prédominance subtile des valeurs et du pouvoir masculin
- Les garçons sont normalement indisciplinés, les filles anormalement
- Au niveau de l’évaluation, plus de remarques aux garçons, pour les filles un
travail soigné est normal car maîtrise supposée supérieure de la langue écrite.
On a tendance à féliciter les garçons pour leur performance intellectuelle, les
filles pour leur respect des directives (Mosconi 1999)
- Les interactions sont 1/3 pour les filles, 2/3 pour les garçons (règle des deux
tiers)
- Les questions posées sont différentes : aux garçons des questions complexes
aux filles des questions fermées ou à choix multiples
- bulletin : registre du don
2- Quelques pistes
Le but n’est donc pas d’imposer des contre stéréotypes mais de faire vivre
pleinement aux élèves la richesse des valeurs, des idées, des opinions et de la
gestualité indépendamment des contraintes de genre, car fondamentalement, ce
sont des potentialités qui sont empêchées de s’exprimer du fait de ces
stéréotypes. Mieux se connaître, ne pas se sentir frustré-e, empêché-e est
essentiel et permet sans aucun doute de s’estimer davantage. Cette estime
comme conscience de sa valeur personnelle va lui permettre une prise de risque
dans le faire et l’apprendre qui en peut se faire que dans la sérénité.
Il s’agit d’abord de faire la chasse à toute remarque sexiste, d’être vigilante a
des tous petits riens, combattre toute forme de violence… Recenser dans les
manuels les stéréotypes liés au sexe et sanctionner toute atteinte à l’égalité.
Utiliser des albums contre-stéréotypés, par exemple. De mesurer la place
accordée à l’oral doit interroger le type de rapport au monde qu’elle induit,
favorise ou conteste. Questionner les contenus des apprentissages, les méthodes
d’enseignement, les consignes, les critères de passage etc…
3- A l’école maternelle
Le travail de Leila Acherar a permis de montrer l’occultation de la dimension du
genre dans l’enseignement préélémentaire, rendant compte de l’influence des
schémas de genre dans les représentations des enseignantes et de leur tendance
à la transmission d’un conformisme social à travers leurs pratiques pédagogiques.
EM a un fort impact sur les représentations que les enfants se font des rôles de
genre. Que ce soient les coins jeux, les jouets, le rappel de l’identité de sexe par
l’enseignant.e (les petits garçons/les petites filles). La fréquence de la
séparation des sexes peut avoir des conséquences sur l’acquisition des
stéréotypes sexués. Les cours de récréation sont un lieu de différenciation
(occupation de l’espace différente, type de jeux différent : calmes et
symboliques pour les filles, moteurs, physiques et compétitifs pour les garçons).
Deux exemples sur lesquels a travaillé Leila Acherar :
1-Interactions
De fait, les garçons sont à la fois beaucoup plus souvent partie prenante des
interactions, mais aussi plus souvent sollicités. A plusieurs reprises les petites
filles actives ou « bavardes » sont sommées de se faire plus discrètes, voire de
se taire.
2-Langue
Le travail sur le langage et les échanges qu’il nécessite oblige à composer avec le
sexisme ordinaire de la langue française. A de nombreuses reprises, pour ne pas
dire systématiquement, les enfants et en particulier les petites filles
interrogent la représentation inéquitable des hommes et des femmes dans les
textes et les discours.
4- Les difficultés
Gael Pasquier, chercheur travaillant sur la façon dont certaines enseignantes
mettent en œuvre des enseignements non stéréotypés note : « L’objectif
d’égalité entre les sexes peut temporairement entrer en conflit avec le désir de
développer une bonne qualité relationnelle entre les élèves »=> en prenant garde
aux interventions des filles les garçons peuvent se sentir frustrés et les
enseignant-e-s prennent le risque de se faire bordeliser. » Il explique alors qu’en
recherchant l’égalité, les enseignants peuvent avoir recours à des stratégies qui
« présupposent des différences de comportements et d’attitudes en fonction du
sexe de l’élève. » et eventuellement la mise en avant des filles et des garçons :
puisqu’on essaye de développer l’alternance, par exemple, on rend visible deux
groupes…
Conclusion : où en est-on ?
Des efforts mais les progrès sont lents malgré l’action porté depuis 2000 par
l’IUFM