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Antiquités africaines Antiquités africaines

53 | 2017
Table des matières 53 | 2017
53 | 2017
Khaled MARMOURI, Temple de Liber Pater ou Capitole ? L’apport des inscriptions à l’identification

L’Afrique du Nord
d’un lieu de culte de Lepcis Magna ........................................................................................................................5
Nathalie DE CHAISEMARTIN, Réflexions sur la « schola » du decumanus à Lepcis Magna
et son contexte urbain .......................................................................................................................................23

de la protohistoire
Hernán GONZÁLEZ BORDAS, Relire les manuscrits : nouveautés épigraphiques de Tabarka (Tunisie)
dans le journal de Francisco Ximenez ............................................................................................................53

Antiquités africaines
Ali CHÉRIF, Territoire assigné ou territoire laissé ? À nouveau sur le rapport entre Sufetula
(Sbeïtla, en Tunisie) et les Musunii ....................................................................................................................63
Mongi NASR, Les dépotoirs de céramiques de Thelepte : productions locales et productions régionales .......79
Nicolas LAMARE, La fontaine à cour et l’hydraulique tardive de Sbeïtla. Nouvelles observations............... 95
Angela KaLINOWSKI, A Mosaic of Daniel in the Lions’ Den from Borj el Youdi (Furnos Minus) Tunisia:
à la conquête arabe
The Iconography of Martyrdom and the Arena in Roman North Africa ..................................................... 115
Caterina MARIA COLETTI, Liliana GUSPINI, Gli itinerari terrestri della regione del Rif
(Marocco settentrionale) tra l’antichità e il medioevo: un’ipotesi di lavoro in base
ai documenti geografici di età moderna .......................................................................................................129

DOSSIER : « À L’ORIGINE DES AMPHORES ROMAINES D’AFRIQUES, III »


Imed BEN JERBANIA, La production des amphores ovoïdes de type « Africaine ancienne » à Utique,
avec une annexe de Claudio CAPELLI, Analyses pétrographiques ..............................................................175
Laurence BENQUET, Claudio CAPELLI, Les amphores africaines dans la région toulousaine
aux IIe et Ier s. av. n. è .........................................................................................................................................193
Séverine LEMAÎTRE, Claudio CAPELLI, Corinne SANCHEZ, Amphores africaines provenant du dépotoir
portuaire de Port-la-Nautique (fin Ier av. - Ier s. apr. J.-C.). Données archéologiques et archéométriques ....207

55€ prix valable en France


ISSN : 0066-4871
ISBN : 978-2-271-11767-0 Centre Camille Jullian
Histoire et archéologie de la Méditerranée et de l’Afrique du Nord
de la Protohistoire à la fin de l’Antiquité

Djemila, Algérie. Temple septimien.


Cliché CNRS/G. Réveillac -
Centre Camille Jullian et Recherches
www.cnrseditions.fr d’Antiquités africaines.

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53 2017

Antiquités
Africaines

CNRS EDITIONS
ANTIQUITÉS AFRICAINES

L’AFRIQUE DU NORD DE LA PROTOHISTOIRE


À LA CONQUÊTE ARABE

Les Antiquités africaines publient des études historiques et archéologiques intéressant l’Afrique du Nord
depuis la Protohistoire jusqu’à la conquête arabe.

Fondateurs
J. Lassus, M. Le Glay, M. Euzennat, G. Souville

Directeur de publication
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Directeur-adjoint
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Comité de Rédaction
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Ginette Di Vita-Évrard, Mohamed Faraj Al Fallos, Toufik Hamoum, Frédéric Hurlet, David Mattingly,
Jean-Paul Raynal, Jean-Christophe Sourisseau

Rédaction
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Les fascicules de la revue précédant les trois dernières livraisons, ainsi que plusieurs volumes de la collection
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ISBN : 978-2-271-11767-0
ISSN : 0066-4871

En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement


ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l’éditeur
ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20 rue des Grands Augustins, F – 75006 Paris.
Antiquités africaines, 53 | 2017

sommaire

Khaled Marmouri, Temple de Liber Pater ou Capitole ? L’apport des inscriptions à l’identification
d’un lieu de culte de Lepcis Magna................................................................................................................... 5
Nathalie de Chaisemartin, Réflexions sur la « schola » du decumanus à Lepcis Magna
et son contexte urbain........................................................................................................................................ 23
Hernán González Bordas, Relire les manuscrits : nouveautés épigraphiques de Tabarka (Tunisie)
dans le journal de Francisco Ximenez............................................................................................................ 53
Ali Chérif, Territoire assigné ou territoire laissé ? À nouveau sur le rapport entre Sufetula
(Sbeïtla, en Tunisie) et les Musunii................................................................................................................... 63
Mongi Nasr, Les dépotoirs de céramiques de Thelepte : productions locales et productions régionales...... 79
Nicolas Lamare, La fontaine à cour et l’hydraulique tardive de Sbeïtla. Nouvelles observations................. 95
Angela Kalinowski, A Mosaic of Daniel in the Lions’ Den from Borj el Youdi (Furnos Minus) Tunisia:
The Iconography of Martyrdom and the Arena in Roman North Africa................................................... 115
Caterina Maria Coletti, Liliana Guspini, Gli itinerari terrestri della regione del Rif (Marocco settentrionale)
tra l’antichità e il medioevo: un’ipotesi di lavoro in base ai documenti geografici di età moderna.....129

DOSSIER « À l’origine des amphores romaines d’Afrique, III ».................................................................... 171


Imed Ben Jerbania, La production des amphores ovoïdes de type « Africaine ancienne » à Utique,
avec une annexe de Claudio Capelli, Analyses pétrographiques..............................................................175
Laurence Benquet, Claudio Capelli, Les amphores africaines dans la région toulousaine
aux iie et ier s. av. n. è.........................................................................................................................................193
Séverine Lemaître, Claudio Capelli, Corinne Sanchez, Amphores africaines provenant du dépotoir portuaire
de Port-la-Nautique (fin ier av. - ier s. apr. J.-C.). Données archéologiques et archéométriques......... 207
Territoire assigné ou territoire laissé ?
À nouveau sur le rapport entre Sufetula
(Sbeïtla, en Tunisie) et les Musunii
Ali Chérif*

Mots-clés : Musunii ; Sufetula ; assignation ; bornage ; peuplement ; Keywords: Musunii; Sufetula; summons; boundary; settlement;
territoire. territory.
Résumé  : Des bornes territoriales, trouvées à diverses distances Abstract: Territorial boundary markers, found at various distances
à l’est de Sufetula, présentaient sur l’une de leurs deux faces to the east of Sufetula, presented on one of their two main faces the
principales le sigle PMSM. Ces lettres ont été différemment acronym PMSM. These letters have been interpreted in a number
interprétées. Nous reprenons ici l’examen de ces documents en vue of different ways. We present a review of these documents in order
de démontrer qu’il s’agit non pas d’un acte d’assignation de terres to demonstrate that they related not to an act of assignment of land
au profit des Musunii, mais plutôt d’une simple limitation entre le to the Musunii, but rather to a delimitation between the territory of
territoire de Sufetula Musuniorum, ville fondée comme municipe the Sufetula Musuniorum, founded as a Latin municipium on the
latin sur le domaine de ladite tribu, et des domaines privés. lands of this tribe, and private areas.

Les Musunii, essentiellement ceux de l’Africa plinienne1, cadre de cette étude de se livrer à une présentation détaillée
ont retenu ces dernières années l’attention des chercheurs2. de toutes les données d’ordre historique et géographique déjà
À l’origine de ce nouveau débat, une borne-limite découverte exposées. On se limitera seulement à discuter les analyses
par F. Bejaoui et publiée par M.  Khanoussi3. Celle-ci, un proposées par les deux historiens en vue d’avancer, après
peu différente de la série des bornes anciennement connues un réexamen de l’état de nos connaissances archéologiques
(le même texte mais plus développé), a été différemment et épigraphiques, une nouvelle interprétation du bornage
interprétée. Des questions majeures relatives à l’étendue effectué autour de Sufetula, essentiellement au niveau du
du territoire de cette natio, ses rapports avec l’autorité secteur oriental.
romaine et ses relations avec les cités des Hautes Steppes
tunisiennes, en particulier avec Sufetula, ont été alors
posées. L’interprétation du dossier documentaire disponible 1. Le dossier du bornage effectué autour
(sources littéraires et épigraphiques) en vue de répondre à
de Sufetula et son interprétation
ces multiples interrogations, a fait naître une problématique
fondamentale  : comment définir le rapport qui aurait pu 1.1. Présentation des bornes
exister entre les Musunii et Sufetula ? Différentes réponses
ont été apportées et on peut insister sur deux réflexions Il s’agit de sept bornes opisthographes trouvées dans
essentielles dues à M. Khanoussi et L. Naddari. des lieux différents à l’est, au nord-est et au sud-est du site
Nous avons eu l’occasion ailleurs de nous intéresser à archéologique de Sbeïtla5. En 1895, P.  Gauckler6 publie
la gens Musuniorum dans le cadre d’une notice consacrée 4 bornes découvertes à 4 km à l’est de cette ville (fig. 1). Les
aux Musunii Regiani4. Il ne s’agit naturellement pas dans le deux faces principales de chaque borne portaient le même
Antiquités africaines, 53, 2017, p. 63-77

texte7. D’après les indications des géomètres du service


* Institut National du Patrimoine, Tunis. Courriel :
alicherif.inp@gmail.com. 5. Deux autres bornes inédites portant également le sigle PMSM ont
1. Plin., nat., V, 30 (Desanges). été signalées par L. Naddari (2014b, p. 22, n. 3). Elles sont conservées
2. On citera surtout les travaux suivants  : Khanoussi 2004, dans les archives des brigades topographiques de l’Institut de France.
p. 1158-1165 ; 2008 ; 2010 ; 2014 ; Desanges 2010c ; Naddari 2014a ; 6. Gauckler 1895, p. 229-230. Voir aussi Gauckler 1897, p. 383.
2014b. 7. CIL VIII, 23222-23225. Dimensions des bornes  : H. 1,50 m  ;
3. Cf. infra, notes 13, 14 et 15. larg. 0,50 m ; ép. 0,12 m (une seule, la plus complète, est épaisse de
4. Chérif 2017, p. 251-283. 0,20 m) ; H. l. 0,04 m.
63
Sbeïtla). L’enquête menée par L. Naddari11 a permis de
situer les trouvailles près de Henchir Moussa et à Henchir
el-Hadia, respectivement à 9 et à 10 km à vol d’oiseau au
nord-est de Sbeïtla, non loin de la voie Sufetula-Masclianae.
Contrairement aux autres bornes, celles-ci ne semblent pas
avoir été découvertes en place12.
La 7e borne est publiée en 2004. Elle a été découverte « sur
la rive gauche de l’oued Sbeïtla près du pont moderne situé à
l’entrée nord-est de la ville moderne, à une distance d’environ
2,5 km au nord-est du site antique »13. M. Khanoussi nous a
assuré que la pierre fut trouvée en place. Elle ne semble donc
pas avoir été déplacée de son contexte originel, près de l’oued
Sbeïtla. Deux textes sont gravés sur les faces principales14 :

Face A : (Terminus fundi) Fulciniae Sabinae


Face B : Pub(lica) munic(ipii) Suf(etulensium) Mus(uniorum)15
Fig. 1 : Emplacement approximatif des bornes publiées
par P. Gauckler et M. Khanoussi (A. Chérif et R. Smari). Ces bornes, outre qu’elles posent un sérieux problème
d’interprétation, présentent également une difficulté de
topographique français, «  ces bornes décrivent un arc de datation. Faut-il les traiter comme un ensemble homogène,
cercle au nord de la piste de Djilma »8, ville moderne située ou être plutôt tenté de dissocier la borne publiée par
à 26 km à vol d’oiseau à l’est de Sbeïtla. P. Gauckler a bien M. Khanoussi du reste du groupe vu sa rédaction partielle-
vérifié l’information qui lui a été transmise par le service ment développée ?16
topographique à propos de l’emplacement de ces bornes,
elles étaient toutes « encore fichées en terre »9.
En 1901, R. Cagnat publie deux autres bornes10. Les lieux 1.2. Le débat sur le rapport entre Sufetula
de découverte n’ont pas été correctement donnés par l’éditeur et les Musunii 
(l’une à 3,5 km et l’autre à 4,5 km environ au nord-est de
1.2.1. Première approche : la Sufetula des Musunii
8. Gauckler 1897, p. 383. Voir aussi Duval 1989, n° 221, p. 474.
9. Gauckler 1895, p. 229. Cependant, bien qu’il soit certain que les Cette première lecture est due à M.  Khanoussi. Dans
bornes ont été découvertes en place, un problème se pose : l’orien- une série d’articles consacrés à la natio des Musunii et au
tation des faces inscrites telle qu’elle a été donnée par P. Gauckler, fait urbain dans les Hautes Steppes tunisiennes17, l’auteur a
nous a semblé peu convaincante. Comment admettre par exemple, surtout abouti aux résultats suivants :
pour les bornes 3 et 4, que dans un intervalle de 180 mètres puissent
-- Sufetula doit être définitivement rangée parmi les municipes
s’étendre à la fois le territoire signalé par les initiales PMSM et le
domaine de MIRSOV (corrigé par L. Naddari en MIRSCV, cf. infra, africains ;
note 89)  ? Cette situation est la même entre les bornes 2 et 3, ce -- la ville n’a pas été fondée à l’origine comme un castellum
qui signifie qu’entre la face nord de la borne 2 et la face nord de militaire qui aurait obtenu par la suite le statut municipal. Elle
la borne  3, portant toutes les deux les initiales MIRSOV, se trouve a plutôt été déduite  en tant que municipe pour «  accueillir
intercalé le territoire de l’entité PMSM indiqué par la face sud de la une population formée d’autochtones »18 ;
borne 2. De même, entre la face sud de la borne 3 et la face sud de la
-- Sufetula est dénommée Suf(etula) Mus(uniorum). L’emploi
borne 4, toutes deux inscrites avec le sigle PMSM, se trouve intercalé
le domaine de MIRSOV indiqué par la face nord de la borne 4. Le du génitif pluriel Mus(uniorum) laisse supposer qu’une partie
schéma de cette disposition ne semble pas être conforme à la réalité de la population de la tribu a été intégrée dans le peuplement
antique, d’autant plus qu’il s’agit d’une succession de bornes sur une de la ville et que celle-ci fut fondée à l’intérieur du territoire
même ligne et séparées par une faible distance. D’après notre lecture de la gens Musuniorum ;
de l’ensemble du dossier relatif à ce bornage, les faces inscrites
avec les initiales PMSM devraient regarder vers l’ouest, donc vers
Sufetula, et les autres faces vers l’est. Cette correction ne signifie
absolument pas que les bornes ont été déplacées, puisque P. Gauckler 11. Naddari 2014b, p. 23, fig. 1.
Antiquités africaines, 53, 2017, p. 63-77

a affirmé qu’elles étaient encore fichées en terre. La solution qui 12. N. Duval (1989, p. 474, n° 222) a d’ailleurs bien noté que la borne
nous paraît la plus probable est que ces bornes ont été seulement CIL VIII, 23220 n’a pas été trouvée en place.
détournées et bougées dans des circonstances que nous ignorons,
13. Khanoussi 2004, p. 1158-1159.
tout en restant fixées dans leurs lieux originels.
14. AE 2004, 1672. Pierre calcaire qui présente les dimensions
10. CIL VIII, 23220-23221 = AE 1901, 106 et 106a. Cagnat 1901,
suivantes : H. 0,52 m ; larg. 0,52 m ; ép. 0,20 m ; H. l. 0,04 m.
p.  116  ; Duval 1989, p.  474, n° 222-223. Dimensions  : (CIL VIII,
23220) H. 0,50 m  ; larg. 0,42 m  ; H. l. 0,06 m - 0,08 m (ép.  non 15. Khanoussi 2004, p. 1160 et 1164 ; 2008, p. 76-77.
fournie). Elle porte sur une face PMSM, sur l’autre P AELI MACRI/ 16. On reviendra sur la question de la chronologie des bornes dans le
NI ; (CIL VIII, 23221) larg. 0,44 m ; H. l. 0,05 m - 0,07 m. Les autres travail signalé à la note 107.
mesures n’ont pas été indiquées. La borne porte sur une face PMSM, 17. Cf. supra, note 2.
sur l’autre HM. 18. Khanoussi 2008, p. 78.
64
-- le territoire des Musunii est très vaste. En plus de la région 2. Critique de l’hypothèse de l’assignation
de Sufetula, il s’étend au nord jusqu’à Sufes et atteint vers le
sud-ouest la ville de Thelepte. Cette critique concernera trois données essentielles :
De cette première lecture, il convient de retenir une -- tout d’abord l’absence du terme Musuniorum dans la titula-
donnée essentielle : Sufetula a été établie au cœur du terri- ture de Sufetula. Pour comprendre ce fait, on devra examiner
toire du grand peuple des Musunii. Cette idée capitale aura de près  la chronologie des inscriptions jusqu’ici connues et
des conséquences sur le sens que donna M.  Khanoussi à mentionnant ce toponyme21 ;
l’opération de bornage qui nous occupe ici19. -- ensuite, on observera les inscriptions africaines qui attestent
indubitablement une assignation de terre, pour vérifier si le
terme adsignatus, dans sa connotation technique, pourrait
1.2.2. Deuxième approche : les Musunii établis être parfois sous-entendu ;
sur les publica de Sufetula -- en troisième lieu, on examinera la répartition spatiale des
différents domaines signalés par les bornes de Sufetula,
Un deuxième essai d’explication a été tout récemment y compris celui supposé avoir été assigné aux Musunii.
avancé par L. Naddari, qui a repris l’étude de l’ensemble du Il est important de vérifier si nos bornes, pour opistho-
dossier relatif à cette opération de bornage autour de Sufetula. graphes qu’elles soient, pourraient démarquer plus que
Sa critique de l’interprétation donnée par M.  Khanoussi se deux domaines à la fois ou non. On prendra comme exemple
résume en trois points essentiels20 : la borne publiée par M. Khanoussi.
-- il est « difficile de retenir le double toponyme proposé »
par M. Khanoussi, c’est-à-dire Suf(etula) Mus(uniorum). La Examinons maintenant ces différents points.
cause essentielle mise en avant par L. Naddari pour contester
cette appellation est l’absence de celle-ci dans les différentes
sources évoquant le toponyme Sufetula ; 2.1. Chronologie des inscriptions comportant
-- l’auteur opte pour le datif pluriel à la place du génitif le toponyme Sufetula
pluriel ; il préfère développer les initiales PMSM en Pub(lica)
munic(ipii) Suf(etulensium) (adsignata) Mus(uniis), soit Les textes épigraphiques mentionnant le toponyme
«  Terres du domaine public du municipe de Sufetula Sufetula22 peuvent être divisés en trois ensembles  : les ins-
[assignées] aux Musunii » ; criptions découvertes à Sbeïtla, les inscriptions de Lambèse
-- ces «  bornes limites seraient l’expression d’une opération où sont mentionnés des militaires qui pourraient être origi-
de bornage entre des propriétés privées et des portions de naires de Sufetula, et enfin un document trouvé en Pannonie
terres prises sur l’ager publicus municipii Sufetulensis, et inférieure. Sont donnés ci-après les textes classés chronologi-
assignées collectivement aux Musunii ». quement au sein de chaque groupe, avec un essai de datation.
Il découle de cette nouvelle lecture deux faits importants :
-- la mention de la tribu n’est plus à mettre en rapport avec
l’appellation de la ville ; celle-ci n’a jamais été dite Suf(etula) 2.1.1. Les inscriptions de Sbeïtla
Mus(uniorum) ;
-- les Musunii sont évoqués ici en tant que bénéficiaires d’une a. CIL VIII, 11346. Duval 1989, p.  437, n° 57.  Trouvée
assignation de terres sur les publica de la ville de Sufetula. remployée dans l’amphithéâtre.

Ṃ(arco) Magnio / Sẹụẹro, fl(amini) p(er)p(etuo), / cịụị incom/


pạṛabili / ọb meritạ / sp lenḍidissiṃus
̣ ordo / Ṣụfetulensis. /
19. Le développement Suf(etula) Mus(uniorum) a d’ailleurs été accepté
par J. Desanges (2010c, p.  5156). Voir aussi  Desanges et alii 2010, D(ecreto) d(ecurionum) p(ecunia) p(ublica)
p. 218. Il a également été admis par J.-M. Lassère (2015, p. 437-438)
où on lit : « Malgré les nécessaires réserves faites plus haut, il semble Datation : l’inscription n’a été datée ni par M. S. Bassignano23,
indubitable que les céréales et le bétail ont cédé une grande partie de ni par N. Duval24, ni encore par Th. Belkahia Karoui25. Le
leur domaine à l’olivier. La conséquence obligée est le recul des grands critère paléographique (capitales allongées) ne permet de
troupeaux et de la vie nomade, et la sédentarisation des populations, proposer qu’une fourchette assez large. M.  Khanoussi et
attestée, dans la Haute Steppe, par la fondation du municipe de
Suf(etula) Mus(uniorum), mentionné sans contestation possible dans
S.  Aounallah, que nous avons consultés à propos de ce
Antiquités africaines, 53, 2017, p. 63-77

une inscription récemment découverte qui nous prouve que la gens


fixée au sol reçut un cadre urbain de plan orthogonal ». S. Aounallah 21. Les autres types de sources (littéraires, cartographiques, listes
(2010, p.  203, n. 325) préfère plutôt l’ablatif-locatif Mus(uniis) qui conciliaires…) où apparaît le nom de la ville sont tous tardifs (au-delà
signifie que la ville est fondée sur le territoire de la gens. Il écrit : « À du milieu du iiie siècle) par rapport à la problématique ici traitée.
Mus(uniorum), on préférera l’ablatif-locatif Mus(uniis) et comprendre 22. Comme on le verra en détail plus loin, le toponyme est, dans
que Sufetula fut installée sur le territoire des Musunii ». Comme on le certains cas, abrégé (SV, SVF, SVFI, SVFE) ce qui signifie que le
verra plus loin, le choix de l’ablatif-locatif ne renvoie pas à la fraction document traité peut ne pas concerner notre cité et doit donc être
tribale qui constitue une partie intégrante de la population de la ville attribué à Sufes.
nouvellement fondée. 23. Bassignano 1974, p. 66.
20. Naddari 2014b, p. 26 (référence commune pour les trois citations 24. Duval 1989, p. 436, fig. 32.
qui suivent). 25. Belkahia Karoui 2008, p. 72 ; 2009, p. 531, n° 328.
65
texte26, nous ont proposé deux chronologies assez proches : M(arco) Ael[io ---] Candidia[no], / c(larissimo) u(iro),
le premier la deuxième moitié du iie siècle, le second la pr[--- con]sulari, pa/tro[no ---, or]d(o) splendidis/[simus
période qui va de Marc Aurèle jusqu’à la fin des Sévères. rei publicae Su]fetulensium / [ob insignem a]morem in
/ [ciues(?) ---] memoriae / [---]VLE / [---] Seuerus, u(ir)
b. CIL VIII, 11340 = ILS, 6835. Duval 1989, p. 431, n° 48. e(gregius), fl(amen) p(er)p(etuus), / [curator] rei publicae
Trouvée remployée dans l’amphithéâtre. statuam de suo / fecit

L(ucio) Caecilio, L(ucii) f(ilio), Athe/naeo, aedilicio, IIuirali, / Datation : fin iiie siècle – première moitié du ive siècle29.
iuueni munerario, fl(amini) p(er)p(etuo), / eq(uiti) R(omano),
a militiis, proc(uratori) / Aug(usti) n(ostri) ab [epistulis f. CIL VIII, 233 = 11327 = ILTun, 352. Duval 1989, p. 480,
(?) uel studiis] / ob insignem morum / clementiam et erga n° 238.
singulos / uniuersosq(ue) ciues liberalitatem / et adminis-
trationem IIuiratus / innocuam et singularem uo/luptatem Imp(erator) Caesar Aug(ustus) / [---] / [---] / Sufetulentium /
editionem obque / fili(i) eius Caecili Donati Aufidia/ni, hanc (a)edificarunt / et d(ecreto) d(ecurionum) p(ecunia)
fl(aminis) p(er)p(etui) honorem, splendidis/simus ordo et p(ublica)
uniuersus popul(us) / curiarum col(oniae) Sufetulensis /
aeternum gratiarum / suarum testimonium po/suit idemque Cette inscription est considérée par A. Merlin comme
dedicauit ayant un « caractère suspect »30 ; elle est classée par N. Duval
parmi les « Inscriptions fausses ou suspectes » et « inventée
Datation : Sévère Alexandre (ou le iiie siècle)27. par Peyssonnel »31. Il faut donc éviter toute utilisation de ce
document.
c. CIL VIII, 11343 = ILTun, 353. Duval 1989, p. 435, n° 52.
Trouvée remployée dans l’amphithéâtre.
2.1.2. Les inscriptions de Lambèse (listes militaires)
Splendidissimus / Sufetulensis ordo, / M(arco) Valgio,
M(arci) f(ilio), Quir(ina), / Aemiliano, eq(uiti) r(omano), g. AE 1989, 876.
/ tribuno n(umeri) Pal/murenorum, / ob eximiam in rem /
publ(icam) suam liberali/tatem, titulum hac / aeternitate Ligne 7 : Terentius Marce[llus ?], SVF(---)
signauit
Datation  : la liste militaire date probablement du règne
Datation : première moitié du iiie siècle28. d’Hadrien32, mais comme l’a noté Y. Le Bohec, « on hésite
entre Sufes et Sufetula »33.
d. ILTun, 370. Duval 1989, p. 419, n° 30. Trouvée remployée
dans une piscine du grand frigidarium des grands thermes. h. AE 1987, 1063 = AE 1989, 882 = AE 1992, 1867a.

I ̣m ̣p ̣(eratori) Ca ̣e ̣s ̣a ̣r ̣i, / M ̣(arco) A ̣u ̣r ̣e ̣l ̣i ̣o ̣ / C ̣a ̣r ̣i ̣n ̣o ̣, c ̣o ̣n ̣/ Ligne 21 : C(aius) Iulius Saturninus d(iscens) s(igniferorum)34 ,
s ̣u ̣l ̣i ̣ e ̣t ̣ ṇọḅ[i/lis]ṣ[i]mo] C ̣(a)e ̣s ̣(ari), / [r]es publica / SVFI(---) uel SVFE(---)
Sufetul[ens/i]s colon[iae / d]euot[a nu/m]ini [maiest]/
atiqu[e eius]. / D(ecreto) d(ecurionum) [p(ecunia) p(ublica)] D’après la photo donnée par X. Dupuis35, la quatrième
lettre apparaît clairement dans la transcription du nom de la
Datation : règne de Carin, 283-285.

e. AE 1954, 59. Duval 1989, p. 424, n° 40. Trouvée près des 29. Picard 1954, p.  121, n° 31 (l’inscription est très vraisemblable-
ment de l’époque de Constantin ou peu postérieure)  ; Bassignano
fortins au sud de la ville. 1974, p. 65, n° 5 et p. 67, n° 6 ; PLRE 1975, « Candidianus 4 », p. 179 ;
Lepelley 1981, p. 311 (où on lit, note 5, « Le fait que le curateur est
un notable de la cité (flamine perpétuel), de même que l’absence de
26. Qu’ils trouvent ici l’expression de ma reconnaissance la plus
tribu et de filiation, impliquent une datation assez tardive (au plus tôt,
sincère.
dernier tiers du iiie siècle)  »)  ; Aounallah 2001, p.  111 (première
27. Pflaum 1960, p. 824-826, n° 319 (Sévère Alexandre) ; Bassignano moitié du iiie siècle) ; Belkahia Karoui 2009, p. 537, n° 337 (fin du
Antiquités africaines, 53, 2017, p. 63-77

1974, p.  65, n° 4 et p.  66-67 (Sévère Alexandre)  ; Devijver 1976, iiie ou du ive siècle).
C 7, p. 191 (Sévère Alexandre) ; Aounallah 2001, p. 111 (début du
30. ILTun, 352.
iiie siècle ?) ; Belkahia Karoui 2008, p. 71 (iiie siècle) ; 2009, p. 519,
n° 308 (iiie siècle). 31. Duval 1989, p. 480, n° 238. Dans une autre étude, N. Duval (1965,
p. 134) conclut qu’il « ne faut donc tenir aucun compte des inscriptions
28. G. Ch. Picard (1944, p. 108) date l’inscription de Sévère Alexandre.
qu’il est le seul (c’est-à-dire Peyssonnel) à avoir copiées ».
Voir aussi Devijver 1977, V 45, p.  836 (238/244  ?)  ; Y. Le Bohec
(1989c, p. 128) propose le début du iiie siècle (pour l’auteur, « l’expres- 32. Le Bohec 1989b, p. 75, n° 9 (voir aussi note suivante).
sion splendidissimus ordo ne saurait être antérieure de beaucoup à cette 33. Le Bohec 1989a, p. 210 et 311.
datation, et la mention de la tribu empêche de trop abaisser la chrono- 34. Développement proposé par Y. Le Bohec (1989a, p.  218). X.
logie ») ; Aounallah 2001, p. 111 (début du iiie  siècle ?) ; Belkahia Dupuis (1992, p. 127) propose de développer d(i)s(cens).
Karoui 2008, p. 71 (iiie siècle ?) ; 2009, p. 524, n° 314 (iiie siècle). 35. Dupuis 1992, Tafel XI, b.
66
ville, c’est une haste nettement verticale qui n’a été repro- D(iis) M(anibus). / M(arco) Granio / Dato, uet(erano)
duite ni par Y. Le Bohec36, ni par les différentes éditions de leg(ionis)  / II Ad(iutricis), domo / Africa Sufe/t(u)la,
l’AE. S’agit-il d’un E ou d’un I  ? Si c’est un E, les lectures Granii / Martinus et / Felix liberti / uiuo patrono / optimo,
Sufe(s) et Sufe(tula) conviennent toutes les deux ; si c’est un I, pecun(ia) / sua t(itulum) f(aciendum) c(urauerunt)44
on devrait plutôt conjecturer le développement Sufi(bus).
L’état de la pierre ne permet pas de trancher37. Datation  : aucune date n’a été proposée par N. Duval.
Datation : Y. Le Bohec datait cette liste du « troisième quart J.-M.  Lassère propose le iie ou le iiie siècle45. Le Bohec
du IIe s.  »38. L’analyse des statuts municipaux de certaines préfère le iie siècle, mais sans justification46. La legio II
villes figurant dans l’inscription a permis à X. Dupuis de la Adiutrix, constituée par Vespasien en 70, est connue durant
situer à une date « antérieure à Commode et peut-être même toute l’époque romaine.
à Marc Aurèle »39.
Au terme de la revue de toutes ces inscriptions, il y a
i. CIL VIII, 2567. lieu de constater que sur les douze documents recensés, neuf
sont relativement bien datés. Cependant, dans ce groupe de
Ligne 29 : L. Petronius Motthun, SV(---) neuf, les textes sont d’inégale importance pour notre propos.
Il faut tout d’abord rayer du dossier l’inscription signalée par
G. Wilmanns hésite entre Sufetula et Sufes. Y. Le Bohec, J.-A. Peyssonnel (texte 2.1.1. f) considérée comme fausse ou
dont la lecture diffère de celle du Corpus (SVFI et non SV), suspecte. Pour ce qui est des cinq inscriptions de Lambèse,
préfère lire Sufï(bus). L’attribution de ce soldat à Sufetula il est difficile d’affirmer que les militaires mentionnés sont
n’est donc pas certaine. originaires de Sufetula, à l’exception probable de P. Aelius
Datation : Septime Sévère – Caracalla40. Tauriscus. Toutefois, même dans ce cas où il est possible
de lire Sufet(ula), on ne doit pas s’étonner de l’absence d’un
j. CIL VIII, 2569. second nom de la ville qui aurait réellement fait partie de sa
dénomination officielle. Un seul exemple suffira à le prouver.
Fragment a, ligne 14 : L. Faonius Ianuarius, SVFI(---) Dans une liste militaire, provenant également de Lambèse47,
sont mentionnés trois soldats originaires d’Hippo. De quelle
G. Wilmanns a lu Sufes ; pour Y. Le Bohec, « La patrie Hippo s’agit-il, Regius ou Diarrhytus ? On ne saurait le dire.
est Sufes ou Sufetula »41. Enfin, pour les textes 2.1.1. a et 2.1.3. l, la fourchette chro-
Datation : Septime Sévère – Caracalla42. nologique est forcément assez large vu l’absence de critères
de datation plus précis. Au total, ce sont donc quatre inscrip-
k. CIL VIII, 2586 = ILS, 2381. tions seulement qui seront mises à contribution pour essayer
de retracer l’histoire de la dénomination de notre cité.
Ligne 50 : P. Aelius Tauriscus, SVFET(---) Ces précisions d’ordre chronologique sont indispensables
pour toute démonstration qui tente d’étudier l’évolution du
Malgré le caractère encore plus développé de l’origo, toponyme Sufetula. Toutefois, de telles précisions ne figurent
SVFET au lieu de SVF, Y. Le Bohec, hésite encore entre pas dans le tableau récapitulatif du « toponyme Sufetula dans
Sufes et Sufetula. On pourra admettre ici avec l’auteur du la littérature antique et médiévale » donné par L. Naddari 48.
Corpus le développement Sufet(ula).
Datation : Élagabal – Sévère Alexandre43. En effet, la plus ancienne inscription où figurait assurément
le nom de Sufetula et où la date est relativement bien précise,
n’est pas antérieure à Sévère Alexandre (texte 2.1.1. b).
2.1.3. L’inscription de Törökbálint, l’antique Aquincum Elle accorde à la cité le statut de colonie. Il est dès lors
(Pannonie inférieure) légitime de se poser une question : pourquoi le nom de la cité
ne se rencontre guère, du moins d’une manière assurée, avant
l. CIL III, 3680. Duval 1989, p. 477, n° 235. ce règne  ? Entre l’inscription mentionnant les empereurs
flaviens49 et Sévère Alexandre, on constate un silence de la
documentation qui se poursuit sur environ un siècle et demi,
ce qui est intrigant à première vue. Deux raisons expliquent
36. Le Bohec 1989a, p. 218.
ce silence trompeur et apparent  : d’une part, le fait que les
Antiquités africaines, 53, 2017, p. 63-77

37. Le Bohec 1989a, p.  220. Les rédacteurs de l’AE (1987, 1063 et
1989, 882) ont retenu le développement Suf(etula), ce qui n’est pas du
inscriptions publiques ne mentionnent pas systématiquement
tout évident.
38. Le Bohec 1989b, p. 76, n° 29 ; 1989a, p. 219. 44. Sur ce texte, voir Schober 1923, p.  113, n° 248  ; Toutain
39. Dupuis 1992, p. 128. 1946‑1949, p. 196-199.
40. Le Bohec 1989b, p. 77, n° 55. 45. Lassère 1977, p. 637.
41. Le Bohec 1989b, p. 318. 46. Le Bohec 1989b, p. 510.
42. Le Bohec 1989b, p. 77, n° 58. 47. CIL VIII, 18068.
43. Le Bohec 1989b, p. 223. Benseddik 2010, p. 136, n° 45 (l’auteur 48. Naddari 2014b, p. 25-26.
développe « Sufet(ula) »). 49. CIL VIII, 23216. Duval 1989, p. 411, n° 10.
67
le nom de la cité et, d’autre part, l’état actuel des découvertes en 1982, mais rédigé en 1975-1976, est toujours valable.
épigraphiques. A Sbeïtla, plusieurs hommages rendus aux Certaines publications plus récentes de F. Bejaoui, également
Antonins et aux Sévères ainsi qu’à leurs familles se terminent connaisseur incontesté de l’antique Sufetula, confirment cet
par la formule habituelle DD PP sans mention du nom de la état des choses57. L’aménagement du site en parc archéolo-
cité50. Mais dans le corpus épigraphique de telle ou telle gique a sans doute contribué à assurer une meilleure conser-
cité, il arrive de trouver un certain nombre d’inscriptions qui vation des ruines et la reprise des travaux de dégagement
n’affichent pas le nom de celle-ci51. De plus, pour certaines et de restauration. Cependant, les résultats des investiga-
cités ayant un nom composé, le second élément peut tions menées par F. Bejaoui ont révélé essentiellement des
quelquefois faire défaut52. vestiges d’époque chrétienne et les traces d’une occupation
Dans la présentation des inscriptions de Sbeïtla, nous musulmane58. D’autre part, aucune fouille permettant d’at-
avons tenu à indiquer le lieu de chaque découverte. Nous teindre les couches archéologiques les plus anciennes n’a été
constatons qu’aucune inscription n’a été trouvée en place pratiquée dans le cœur de la ville, c’est-à-dire dans le noyau
et à la suite d’une fouille méthodique. N’a-t-on pas dit que cadastré où on s’attendrait le plus à des découvertes relatives
«  l’épigraphie ne saurait se passer de l’archéologie  »53  ? aux débuts de la cité (fig. 2)59.
En fait, pour souhaiter un apport quelconque de ce lot
d’inscriptions à l’hypothèse défendue (absence de l’épithète Ce bilan d’ordre archéologique permet de remarquer
ethnique Musuniorum dans la titulature de Sufetula), il faut qu’aucune nouvelle inscription à caractère municipal et
bien tenir compte du contexte archéologique des découvertes datant du Haut-Empire n’a été découverte au cours des
épigraphiques et de la recherche archéologique à Sbeïtla cinq  dernières décennies60. Une évidence devrait être tout
d’une façon générale. de suite soulignée : il est absolument hasardeux d’essayer de
Revenons sur cette question. N. Duval, connaisseur incon- retracer l’histoire du toponyme Sufetula, surtout durant les
testable de Sbeïtla et de ses inscriptions, a noté à plusieurs premiers temps de son apparition, sans avoir recours à une
reprises que le site n’a pas bénéficié de campagnes de fouilles documentation épigraphique suffisamment fournie. Mais
systématiques et que bon nombre de découvertes épigra- celle-ci, on vient de le dire, fait totalement défaut ou presque.
phiques étaient le résultat d’une exploration en surface ou du Il nous a donc semblé plus raisonnable de considérer,
hasard des interventions : « l’ensemble d’inscriptions que j’ai dans l’état actuel des recherches archéologiques et des décou-
présenté ici succinctement est dû au hasard des trouvailles : vertes épigraphiques, qu’il est tout à fait risqué d’affirmer
fouille d’églises […], dégagements fortuits sur le site, travaux que Sufetula n’a jamais été dite Sufetula Musuniorum. À ce
agricoles aux environs  »54. La même remarque concerne stade de nos connaissances, encore largement lacunaires,
une série d’inscriptions byzantines  : «  Ces neuf  épitaphes et en l’absence du toponyme lui-même durant les périodes
dont la découverte est due au hasard des sondages et des flavienne et antonine (exception faite des sept bornes-
nettoyages … »55. Concernant les recherches archéologiques limites), il importe de se garder de tirer des conclusions
à Sbeïtla, le même savant a précisé en 1982 que les « ruines catégoriques du manque de témoignages.
de Sufetula ont été fouillées essentiellement de 1907 à 1922,
puis, plus sporadiquement, de 1942 à 1966. Actuellement, les
déblaiements sont arrêtés et on n’a effectué récemment que
quelques travaux de restauration. […] La connaissance de la des fouilles, accompagnée cette fois des nécessaires sondages
topographie est donc très incomplète. Seul le réseau de rues a stratigraphiques, permettant de préciser l’évolution de l’urbanisme et
fournissant les repères chronologiques qui manquent encore ».
été mis au jour dans le centre de la ville […]. Aucune insula
57. Cf. note suivante. La notice consacrée à Sufetula dans Desanges
n’a été totalement fouillée. De même, aucun relevé topo- et alii 2010, p. 217-220, ne contient pas de nouvelles données concer-
graphique précis n’a été effectué…  »56. Ce constat, publié nant les traces de la présence romaine dans la ville durant le Haut-
Empire.
58. Bejaoui 1994, p. 7-9 ; 1996 (les nouvelles données archéologiques
50. Voir les exemples dans les listes dressées par Aounallah 2001,
présentées par l’auteur proviennent du secteur sud-est du site) ; 1998
p. 110-111 et Belkahia Karoui 2008, p. 67 et 69.
(il s’agit d’une nouvelle église d’époque byzantine) ; 2010, p. 58-69.
51. On le voit à titre d’exemple à Auitta Bibba (CIL VIII, 798), à
59. Le niveau archéologique de l’époque de la fondation se situe cer-
Mustis (AE 1968, 589, 600) etc.
tainement sous une couche de remblai relativement épaisse. En effet,
52. On donnera à titre indicatif les exemples suivants  : AE 1957, 90 les sondages effectués par F. Bejaoui dans une maison fortifiée située
(Hippo Regius), où on lit «  ciui Hipponiens(i)  »  ; ILTun, 674 = AE dans le faubourg sud, à 320 mètres environ au sud-est de la porte
1998, 1535 (Auitta Bibba), où on lit « municipium Auitta » ; CIL VIII,
Antiquités africaines, 53, 2017, p. 63-77

du forum (Bejaoui 1996, p.  38 et plan du site, p.  48, près du n° 2),
12018 = ILS, 4454 (Sidi Amor Jdidi), où on lit « coloniae Zamensis » ; ont révélé un niveau d’occupation plus bas que le dallage de la voie.
CIL VIII, 11845 (Makthar), où on lit « (domo) Zama » ; AE 1918, 98 L’auteur pense que ces traces sont antérieures à la construction de l’arc
= ILAlg, I, 1286 (Thubursicu Numidarum), où on lit « ordo et populus de la tétrarchie.
Thubursicensium » … etc.
60. La découverte la plus récente mentionnant un empereur et en
53. Expression empruntée à Y. Le Bohec (1992, p. 108). relation avec un monument date de 1963 et a été publiée en 1970.
54. Duval 1970, p. 309. Il s’agit d’une dédicace mutilée à Septime Sévère et à Caracalla,
55. Duval 1971, p. 443. remployée dans la basilique IV. Voir Duval 1970, p. 291-292, n° 33 ;
56. Duval 1982, p. 597-598. Le même auteur conclut dans une autre 1989, p. 416, n° 24 (d’où AE 1989, 797). On ne compte pas une dédicace
étude (1990, p. 526) qu’il « faudrait tout autre chose pour enrichir de religieuse à Neptune rex pelagicus (AE 2004, 1671) qui n’ajoute rien,
manière significative la documentation  : une extension considérable malgré son importance, à l’histoire municipale de la cité.
68
Fig. 2 : Vue partielle des insulae non encore fouillées, situées juste derrière les trois temples (Cliché A. Chérif, pris de l’ouest).

2.2. L’emploi du terme adsignatus 


dans les inscriptions africaines b. AE 1957, 175 = ILAlg, II, 2,  6252 (3 km au nord-ouest
d’Aïn el-Borj, l’antique Tigisis64). 
L’épigraphie africaine a livré neuf textes qui témoignent
incontestablement d’un acte d’assignation de terres à des tribus [Ex auctoritate / Imp(eratoris V]es(pasiani) Caesar[is]
ou à des colons. Voici, par ordre chronologique, ces inscrip- / Aug(usti), agri pu(b]/lici Cirt(ensium) adsi[g]/(nati) /
tions qui serviront de base, par la suite, à notre commentaire61. Nicibibus et S/uburburibus / Regi(anis) per Tulliu(m) /
Pomponianu(m) / Capitone(m), / leg(atum) Aug(usti) 65
a. AE 1955, 202 = ILAlg, II, 2, 4226  (Ksar Mahjiba, en
Numidie62). c. AE 1969-1970, 696 = ILAlg, II, 2, 4343 (Mechta Oueld
Gouam, à 7 km à l’ouest d’Aïn Abid66).
Imp(eratore) Caesare August[o] dei[ui f(ilio)] VII[I], /
T(ito) Statilio Tauro iterum co(n)s(ulibus), / L(ucius) Iulius Ex au(c)torit(ate) / Imp(eratoris) Vespasia(ni) / Cae(saris)
Arrenus IIuir, / agros ex d(ecreto) d(ecurionum) / coloneis Aug(usti), agr(i) / pub(lici) Cir(tensium) ad(signati) Sub/
Antiquités africaines, 53, 2017, p. 63-77

adsign(auit)63 urb(uri)b(us) Reg(ianis) et / Nicibibus per / Tul(l)ium Pom-/


ponianum / Capitonem, / leg(atum) Aug(usti) 67

61. Contrairement à ce qui a été fait pour les textes de Sufetula,


on n’insiste pas ici sur la date des inscriptions qui ne compte pas
beaucoup pour notre propos, outre qu’elle est suffisamment claire. 64. AAA, f. 17 – Constantine au 1/200.000e, n° 339.
62. AAA, f. 17 – Constantine au 1/200.000e, n° 172. 65. Lancel 1955, p. 290.
63. Piganiol, Pflaum 1953. Sur le haut de la pierre rectangulaire, on 66. AAA, f. 17 – Constantine au 1/200.000e, n° 186.
lit : s(inistra) d(ecumanum) / d(extra) d(ecumanum) / ul(tra kardinem). 67. Berthier 1968, p. 295.
69
d. AE 1904, 144 = ILS, 9380 = ILAlg, II, 3, 7529 (limite nord D(omino) n(ostro) / Imp(eratore) Cae(sare) M(arco) Au/relio
de Chott el-Beïda68). Seuero Ale/xandro / Pio Felice / Aug(usto), terminac(io)
[a]/grorum defeni/cionis Matidiae ad/signantur colo/nis
Ex auctoritate / Imp(eratoris) Caesaris, di/ui Neruae f(ilii), Kas(telli) Turrensi(s), / iussu u(iri) e(gregii) Axi Ael/iani
Neru[ae] / Traiani Optimi / Aug(usti), Germ(anici), Dac(ici), proc(uratoris) Aug(usti) r(ationis) p(riuatae), / per Cae(lium)
/ [P]arthici, fines / adsignati gen[ti] / Suburburum pe[r Martiale(m) / agrimensore(m)
T(itum)] / Sabinium Barba[rum], / leg(atum) Aug(usti) pro
pr(aetore) Tous les documents ici recensés attestent clairement
l’emploi du mot adsignatus  pour désigner la distribution des
e. AE 1904, 144 = ILS, 9381 = ILAlg, II, 3, 7534 (8,5 km à terres qui a eu lieu. Dans un contexte d’assignation, il est
l’est de la borne précédente69). complètement inadmissible de concevoir l’absence du seul
terme technique qui désigne cette opération. Le débat impose
Ex aucto[ritate] / Imp(eratoris) Caes(aris), diui [Neruae de revenir sur une idée démontrée par M. Khanoussi et qu’il
f(ilii)], / Neruae Traiani O[ptimi] / Aug(usti), Ger(manici), faut définitivement accepter : Sufetula occupait une partie du
Dacic(i), Part[hici], / [fi]nes adsignati gent[i / S]uburburum domaine traditionnellement possessionné par les Musunii.
per T(itum) Sa[bi]/nium Barbarum, leg(atum) / Aug(usti) pro Ceci étant désormais une réalité, qui n’a rien d’ailleurs ni
pr(aetore) de surprenant ni d’exceptionnel75, il est tout à fait impossible
d’admettre que des terres ont été assignées aux Musunii,
f. CIL VIII, 8813  (El-Guerria, à 5 km environ à l’ouest de puisqu’ils sont tout simplement chez eux, sur leur territoire.
Borj Bou Arririj. Maurétanie Césarienne70). Il est plus simple, et plus logique même, de dire qu’après la
fondation de Sufetula, la gens a conservé une partie de son
[E]x indulgenti[a] / [I]mp(eratoris) Caes(aris) Traia[ni] / territoire traditionnel : c’est un territoire laissé aux Musunii et
Hadriani Ang(usti), / fines adsigna/ti genti Numida/rum, per non point assigné. Ce territoire laissé à la tribu n’est pas signalé
C(aium) Pet[ro]/nium Celerem / proc(uratorem) Aug(usti) par nos bornes, mais en faisant appel aux témoignages des
prol[inc(iae)] (sic) / Mauretaniae Cae[sa]/r(i)e(n)sis sources littéraires qui attestent la présence des Musunii dans
la province d’Africa (Pline l’Ancien et Ptolémée76), on se rend
g. CIL VIII, 8814 = ILS, 5960  (même endroit que la borne aisément compte que des terres ont effectivement été laissées
précédente). à la gens après la déduction de Sufetula et l’organisation de
nombre de domaines privés et impériaux. Le dossier de la tribu
Ex indulgen/tia Imp(eratoris) Caes(aris) Had/riani Aug(usti), voisine des Musulames, bien fourni et étudié77, montre qu’on
fines / adsignati gen/ti Numidarum, / per C(aium) Petroni/ distingue trois types de terres : les terres colonisées (domaines
um Celerem / proc(uratorem) Aug(usti) pr[ou(inciae) / impériaux et privés), les terres attribuées à des agglomérations
M(auretaniae) C]aes[ariensis] (Ammaedara …) et les terres laissées à la tribu78. Ce type
de rapport entre Rome et cette gens est parfaitement valable
h. AE 1946, 38 (Bled Goursi el-Tahtani, au sud du Chott pour le cas qui nous concerne ici, et rien ne justifie la suppo-
el-Hodhna71). sition d’un schéma incompatible aussi bien avec la politique
impériale à l’égard des tribus, qu’avec les particularités de
Ex auctoritate Imppp(eratorum) / Caes(arum) L(ucii) l’histoire de la présence tribale dans ce secteur occidental de
Septimi(i) Seueri et / M(arci) Aurelii Antonini et P(ublii) la future province de Byzacène.
Sep/timi(i) Getae, Auggg(ustorum trium), agri et / pascua Un territoire assigné veut dire qu’il a été prélevé sur un
et fontes adsi/gnata [sunt ---] MA / [---], curantibus Epag/ autre territoire qui est, selon l’hypothèse que nous discutons,
atho et Manilio Caeci/liano, corniculario / praef(ecti), iussu
Anici Fa/usti, leg(ati), co(n)s(ulis, -aris  ?)72 , per M(arcum) 75. Le meilleur exemple est celui de la colonia Flauia Augusta
Gennium / Felicem, euocatum / leg(ionis) III Aug(ustae)73 Emerita Ammaedara établie au cœur du territoire des Musulames
« aux dépens duquel la pertica de la ville fut probablement prélevée »,
selon J.-P. Laporte et A. M’Charek (2010, p. 5150).
i. CIL VIII, 8812 = ILS, 5965 (à 6 km environ au sud d’El-
76. Cf. supra note 1 et infra note 84.
Guerria74).
77. Sur les Musulames, voir en dernier lieu, Laporte, M’Charek 2010.
78. M. Bénabou (1976, p.  431) a noté que l’autorité romaine «  n’hésite
Antiquités africaines, 53, 2017, p. 63-77

68. AAA, f. 16 – Sétif au 1/200.000e, n° 472. donc pas à déposséder certaines tribus d’une partie plus ou moins grande
69. AAA, f. 16 – Sétif au 1/200.000e, n° 473. de leurs terres. Les terres ainsi aliénées sont, soit intégrées dans le terri-
toire dépendant d’une colonie, soit confiées à des grands propriétaires, soit
70. AAA, f. 15 – Akbou au 1/200.000e, n° 78.
constituées en domaines impériaux ». Dans le même sens, J.-P. Laporte
71. Sur le lieu imprécis de cette découverte, voir en dernier lieu et A. M’Charek (2010, p. 5151) écrivent : « Le bornage matérialisait en
Le  Bohec 1989b, p.  397. L’endroit devrait appartenir au territoire fait la séparation de zones de statuts juridiques différents. On distinguait
couvert par la feuille 36 de Bou Saada, dans l’AAA. d’un côté des territoires appartenant à des Romains (empereurs, sénateurs,
72. Sur ces deux développements, voir Le Bohec 1992, p. 115, n. 47. grands latifundiaires et colons vétérans d’Ammaedara), de l’autre des
73. Leschi 1948 (= 1957, p. 75-79). villes ou communautés civiques d’origine musulame mais maintenant
74. Poulle 1876-1877, p.  625-626  ; AAA, f. 15 – Akbou au romanisées qui possédaient leur propre territoire. Restaient enfin les ter-
1/200 000e, n° 82. Le lieu de provenance de la borne est dit « El-Meheris ». ritoires de fractions restées fidèles à leur mode de vie traditionnel… ».
70
l’ager publicus de Sufetula. Cependant, plusieurs données décision a crée une situation juridique totalement différente
confortent l’idée que cette ville est une création romaine, c’est- de celle qu’il faudrait supposer si ce verbe n’était pas employé.
à-dire qu’elle-même a été bénéficiaire d’une concession terri- Prenons un exemple : dans la borne CIL VIII, 8813 trouvée
toriale indispensable pour les besoins de la nouvelle fondation. à El-Guerria, on lit fines adsignati genti Numidarum. Si l’on
Une question  se pose  : comment l’autorité romaine qui, conjecture la lecture fines genti Numidarum, donc l’absence
dans un premier temps, octroya un territoire au municipium de l’expression adsignati, on comprendra alors que la borne
Sufetulensium, décida par la suite d’en assigner une partie aux ne délimite plus les terres assignées à la gens Numidarum
Musunii ? On s’attendrait à ce que le territoire relevant de cette mais plutôt celles qui constituent déjà son assise territoriale.
cité connaisse plutôt des phases d’extension dues au dévelop- Ce bornage (en supposant l’absence du terme adsignatus) tra-
pement économique et démographique, et non le contraire. duirait seulement la volonté de l’autorité romaine de contrôler
L. Naddari parle d’un document non encore retrouvé79 cette tribu au moyen de cet acte de délimitation. Or sur la
qui aurait constitué la déclaration officielle de l’assignation. borne d’El-Guerria est bien précisée la nature de l’opération,
Si l’on suppose avec l’auteur qu’un tel document a pu réel- c’est une adsignatio et non une simple limitatio83.
lement exister, on ne comprend pas le développement qu’il
donne des faces inscrites avec PMSM : Pub(lica) munic(ipii) L’hypothèse de l’assignation se heurte également aux
Suf(etulensium) (adsignata) Mus(uniis). Pourquoi l’inclusion informations livrées par la Géographie de Ptolémée au
du terme «  adsignata  », alors qu’il devrait normalement sujet de notre tribu. On sait que les Musunii de l’Africa sont
figurer dans le supposé document qui contient la déclaration relativement bien localisés par cette source. Le géographe
de l’assignation ? alexandrin84 nous dit que des Mousouni sont situés au sud
des Miaidii, qu’il faudrait corriger en Mididii85, eux-mêmes
À notre avis, ce document n’a jamais dû exister et l’hypo- localisés au sud des Midēni86. La tribu des Mididii devrait
thèse proposée par L. Naddari devrait être complètement se trouver dans les environs de Mididi, l’actuel Henchir
inversée. S’il y a un document à rechercher, c’est celui qui Mided, à 12 km au sud-ouest de Makthar87. Le territoire de
atteste le prélèvement territorial ayant été fait aux dépens ces Mousouni, qui correspondent sans doute à nos Musunii,
des terres anciennement détenues par les Musunii80 . Avec s’étend donc au sud de cette ville, c’est-à-dire dans le secteur
les progrès de la conquête et de la colonisation, une partie de Sbiba-Sbeïtla, et à l’est et au sud-est du territoire des
de ce territoire a été attribuée à Sufetula et à des particu- Musulames. La borne publiée par M. Khanoussi, dont le texte
liers. Faut-il rappeler que les bornes, objet de notre présente mentionnant le municipe de Sufetula est plus explicite que
enquête, ainsi que d’autres documents, signalent l’existence celui des autres bornes, est venue confirmer cette localisa-
autour de Sufetula de nombre de domaines privés81 et tion. On sait, d’autre part, que la documentation africaine de
impériaux82, constitués sans doute aussi aux dépens du terri- Ptolémée est contemporaine de Trajan, plus précisément entre
toire tribal, exactement comme chez les voisins Musulames. 100 et 110 ou 117 apr. J.-C.88 Il est donc certain qu’à cette date,
les Musunii occupaient une partie des Hautes Steppes.
Les inscriptions ci-dessus examinées comportent néces- L’identification de l’un des propriétaires fonciers par
sairement le participe passé adsignatus  car celui-ci traduit L.  Naddari, après une correction du texte, «  le clarissime
une décision administrative de l’autorité romaine. Une telle M. Iunius Rufinus Sabinianus, consul ordinaire de l’année 155
et proconsul d’Afrique en 173 »89, l’a conduit à « placer cette
opération de bornage durant la seconde moitié du iie siècle de
79. Naddari 2014b, p.  27, n. 19  :  «  À l’instar des bornes révélant
une assignation des portions de terres aux Suburbures regiani et aux
Niciues, il faut placer à l’origine de cette assignation des terres aux 83. On sait que tout acte d’assignation est suivi d’une délimitation
Musunii un premier document indispensable, pas encore retrouvé. Il (sauf pour l’ager adsignatus per professiones), mais une limitatio
constitue une déclaration officielle, marquée du sceau impérial … ». n’appelle pas nécessairement une adsignatio. Voir sur ces définitions,
Chouquer, Favory 2001, p. 407-408 et 441.
80. Ce document devait être conservé dans les Commentarii diuisio-
num et assignationum, cf. Chouquer, Favory 2001, p. 418. 84. Ptol., Geog., IV, 3, 6 (Müller).
81. On signale les domaines de Fulcinia Sabina, de P. Aelius Macrinus, 85. Desanges 1962, p. 114 ; 2010a.
et probablement aussi de M(arcus) I(unius) R(ufinus) S(abinianus). La 86. Ces Midēni seraient vraisemblablement, selon J. Desanges (1962,
borne découverte à Henchir Metkidès (AE 1989, 827 = AE 2007, 1715), p.  114) «  des montagnards de Khoumirie  », c’est-à-dire de la partie
à 12 km à vol d’oiseau à l’ouest de Sufetula, marque la limite, d’après septentrionale de l’actuelle Tunisie. Voir aussi Desanges 2010b.
un déchiffrement d’A. Beschaouch (2003), entre un domaine privé, 87. AAT II, f. 36 - El Ala au 1/100.000e, n° 4. Voir, à propos de cette
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propriété de P. Ramius Badius, et une propriété impériale. cité, Ben Baaziz 2000, p. 213-259 et 281-283.
82. Rappelons que Sufetula est considérée comme le siège d’une sub- 88. Desanges 1964, p. 40-41 ; Gascou 1972b, p. 139-140 ; Desanges
division interne à la procuratelle d’Hadrumète dirigée par un affranchi et alii 2010, p. 17.
impérial, ce qui suppose l’existence de domaines impériaux dans ses 89. Naddari 2014b, p.  22. Nous lisons dans la note 5 de la même
parages. Lire sur cette question, Christol 1999, p.  81-82  (= 2005, page : « L’identification du nom de ce clarissime vient de la correction
p. 120-121) ; 2008, p. 2060-2063 ; 2009, p. 107. Le domaine impérial que nous proposons pour les sigles MIRSOV qui apparaissent sur la
identifié par la borne de Henchir Metkidès, dépend peut-être de cette face B de quatre bornes de la série qui nous occupe ici (CIL VIII,
circonscription interne à la regio Hadrumetina, plutôt que de la regio 23222-23225). Cette correction touche uniquement l’avant-dernière
Theuestina (Henchir Metkidès est à 80 km à vol d’oiseau à l’est de lettre O que nous corrigeons en C pour donner MIRSCV = M(arcus)
Theueste). De celle-ci dépendent surtout les domaines impériaux I(unius) R(ufinus) S(abinianus) C(larissimus) V(ir)  ». Voir aussi
constitués plus à l’ouest (autour de Timgad et de l’Aurès). Naddari 2014a, p. 735-744.
71
l’ère chrétienne »90 . Peut-on accepter l’idée qu’un territoire a la seule cité en Afrique aux dépens de laquelle l’autorité
été assigné à cette date aux Musunii alors qu’un demi-siècle romaine a ordonné le prélèvement de terrains domaniaux
auparavant ils étaient possessionnés d’un territoire relative- pour le bénéfice de deux gentes, les Suburbures Regiani et
ment vaste  ? On voit que l’hypothèse ne s’accorde ni avec les Niciues. Cette seule exception s’explique par l’immense
la politique impériale, qui n’a jamais cherché à effacer les étendue de l’ager publicus de cette colonie93, et par l’ori-
tribus de la carte administrative de la province d’Afrique pro- ginalité de l’organisation de sa pertica94 . Peut-on dès lors
consulaire91, ni avec le signalement des sources qui assurent comparer la modeste cité qu’était Sufetula avec la grande
la présence de notre tribu au sud-ouest de l’Africa, depuis colonie de Cirta qui domine seule une «  sorte d’Etat dans
l’époque d’Auguste au moins. la province d’Afrique  »95  ? Certainement non. Si des rudes
agri subsistaient encore sur le domaine de Cirta à l’époque
Le dossier épigraphique précédemment instruit permet, de Vespasien, cet état de fait n’est pas du tout vraisemblable
à nos yeux, d’ajouter une autre donnée non moins impor- en ce qui concerne Sufetula au iie siècle.
tante qui pourrait anéantir l’idée de l’assignation. En effet, Il faut donc se rendre à l’évidence. Imaginer une assi-
l’examen de la répartition géographique des assignations de gnation de terres aux dépens de l’ager publicus de Sufetula
terres connues nous montre une concentration de ces actes au profit des Musunii, c’est donner une image inversée de la
autour de deux grandes cités, Cirta et Sitifis. De plus, l’assi- réalité. Les Musunii sont connus comme une natio disposant
gnation d’une portion de l’ager publicus d’une cité au profit d’un territoire suffisamment vaste96, ce qui fait que Sufetula,
d’une communauté tribale n’est attestée dans l’ensemble de implantée à l’intérieur de celui-ci, ne peut aucunement avoir
l’Afrique que pour Cirta. Cela est-il le fait d’un hasard  ? disposé de limites débordant celles de la gens. D’ailleurs, à
Nous ne le pensons pas. Dans l’état actuel de la documen- l’intérieur du territoire des Musulames, on trouve les publica
tation, trois assignations sur les neuf connues ont été faites de plusieurs cités dont la grande pertica d’Ammaedara, ce
aux dépens du territoire cirtéen, les autres (dans la région qui fait que primitivement le domaine traditionnel de la
de Sétif) au détriment sans doute des domaines impériaux tribu était trop étendu pour pouvoir englober les territoires
ou des propriétés privées du prince92. Cela fait de Cirta de plusieurs cités. Le territoire de ces gentes constitue, à
l’origine, pour les Musunii comme pour les Musulamii,
90. Naddari 2014b, p. 22. un «  tout  » sur lequel l’autorité romaine a implanté des
91. Encore une fois, on fait appel à l’exemple de la gens Musulamiorum «  parties  » (territoires municipaux, domaines impériaux,
que l’autorité romaine, et notamment Trajan, n’a jamais cherché à domaines privés). Il est donc inconcevable que la « partie »
refouler vers d’autres régions. Son territoire traditionnel a certainement puisse donner par assignation au « tout ». On peut logique-
rétréci, mais la tribu n’a point été victime d’une expropriation totale ment conclure qu’en dehors du cas spécifique de Cirta, le cas
de ses terres. Malgré la colonisation romaine, un territoire lui a été présumé des Musunii établis sur l’ager publicus de Sufetula
tout de même laissé. Pour concilier l’hypothèse de L. Naddari avec
serait un unicum sans parallèle pour l’instant en Afrique.
le signalement de Ptolémée, il faut supposer que les Musunii ont été,
dans un premier temps, refoulés de leur territoire originel, et que par
la suite, c’est-à-dire «  durant la seconde moitié du iie siècle de l’ère
l’existence en ce lieu de colons impériaux. Une borne-limite (AE 1951,
chrétienne  », ils ont récupéré à nouveau une partie de ce territoire à
la suite d’une assignation. L’auteur (Naddari 2014b, p.  29) reconnaît 49) trouvée à l’ouest de Mopth(---) porte sur une face le texte Terminus
que l’«  opération de délimitation des terres ne doit pas être perçue coloniae Neruianae Sitif(ensium), sur l’autre l’indication Caesaris nostri.
comme une politique de refoulement ou de cantonnement forcé Cela prouve l’existence d’un domaine impérial. Sur la documentation
des Musunii  », mais l’interprétation qu’il propose ne peut que nous épigraphique relative aux domaines impériaux de la région de Sétif, voir
conduire vers cette idée qui a été récemment combattue, à juste Lassère 1977, p. 330, n° 216 ; Cortés Bárcena 2015.
titre, pour le cas des Musulames, par J.-P. Laporte et A. M’Charek 93. D’après la carte publiée par J. Gascou (1983, p. 178), le territoire de
(2010, p.  5153) où nous lisons  :  «  Pour toutes ces raisons, il semble la Confédération cirtéenne s’étend suivant l’axe nord-sud sur 100 km
souhaitable de cesser à l’avenir de parler de Musulames nomades, environ et selon l’axe est-ouest sur près de 90 km.
refusant la romanisation, et en conséquence refoulés et cantonnés ». La 94. Les trois textes (2.2. a, b, c) qui concernent Cirta sont datables
notion de refoulement, qui ne doit pas non plus être appliquée aux d’avant la mise en place de la Confédération cirtéenne survenue à
Musunii, a été légitimement remise en cause par d’autres historiens  : l’époque de Trajan (Gascou 1972a, p. 113-115 ; 1982, p. 177-178). Or,
voir par exemple Lassère 1977, p.  358-361  ; 1982, p.  420-421. on sait que le domaine de Cirta est fort vaste, même après la création
92. Les inscriptions étudiées par P.-A. Février (1966  et 1967) montrent de la colonie de Cuicul. Il reprend les limites de l’État de P. Sittius
l’importance des domaines impériaux dans les hautes plaines au sud et correspond à l’éphémère province de Numidia Cirtensis, créée
de Sitifis. Une inscription (CIL VIII, 8810) découverte à Borj Mejana au début du ive siècle. Les trois cités contribuées à Cirta, Chullu,
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(3 km au nord-est d’El-Guerria, d’où proviennent les textes 2.2. f et Rusicade et Mileu, sont des colonies fictives dépourvues de toute
g), mentionne un procurateur anonyme de la ratio priuata. Un autre autonomie et, par conséquent, ne possèdent en propre ni territoire, ni
trésor public, ni magistrats (Veyne 1959, p. 571-575). On consultera
document (AE 1896, 34), en plus du texte 2.2. i donné supra, se rapporte
aussi sur la Confédération cirtéenne, outre les différents travaux de
également à Q. Axius Aelianus procurator rationis priuatae de la F. Bertrandy, Gascou 1983, p.  175-207  ; Briand-Ponsart 2006,
province de Maurétanie Césarienne au temps de Sévère Alexandre (notice p. 105-122 ; Jacques 2012, p. 60-63.
sur le personnage dans Pflaum 1960, p. 851-853, n° 328). Il mentionne 95. Expression empruntée à J. Gascou (1972a, p. 114).
les col(oni) uici Aug(usti) n(ostri), ce qui est l’indice de la présence 96. La signification des termes natio et gens a été récemment réexa-
d’un domaine impérial. A Aïn Zada, à 17 km environ à l’ouest de Sétif minée par Chr. Hamdoune (2015). On lit à la p. 1015 : « Le mot natio
(AAA, f. 16 – Sétif au 1/200.000e, n° 319), deux inscriptions (CIL VIII, renvoie ainsi à un peuple occupant un territoire (concept géogra-
8425  [Pertinax] et CIL VIII, 8426  = ILS, 6890 [Caracalla]) attestent phique) et non à ses structures (concept socio-politique) ».
72
Il convient d’insister à la fin de ces remarques sur le été fait le prélèvement  ? Faut-il penser que le domaine de
caractère très invraisemblable de l’idée d’une opération Fulcinia Sabina est intercalé entre les terres assignées aux
d’assignation de terres pour le compte des Musunii. Musunii et les publica Sufetulensium  ? Une borne opis-
Les réserves que nous venons de formuler apportent, pen- thographe peut-elle sous-entendre la délimitation de trois
sons-nous, un démenti à l’hypothèse de l’assignation. Le sens domaines différents à la fois ?
que L. Naddari voulait donner à ce bornage est difficilement On entrevoit que cette lecture suscite des difficultés plus
conciliable aussi bien avec la nature des inscriptions qu’avec qu’elle ne contribue à éclaircir le sens de ces bornes.
l’utilisation permanente dans toute distribution de terres du L’auteur, en excluant les publica Sufetulensium  de ce
terme technique adsignatus. Les assignations révélées par bornage, donne à penser qu’il considère peut-être que
les textes épigraphiques et par les traités gromatiques, usent ce territoire n’est pas limitrophe des terres supposées
toujours de ce terme97. assignées aux Musunii, ou alors, que d’autres bornes,
non retrouvées, marqueraient la limite entre les terres
assignées à la tribu et le territoire de Sufetula. En réalité,
2.3. La répartition spatiale des différents domaines la comparaison avec les véritables assignations effectuées
délimités par les bornes entre autres aux dépens de Cirta, oblige à lire autrement la
répartition spatiale des différents domaines délimités par
Notre objectif dans cette rubrique est de vérifier si l’hypo- notre série de bornes. On a présenté plus haut deux ins-
thèse d’une assignation territoriale au profit des Musunii criptions, trouvées l’une près de Tigisis, l’autre à Mechta
est compatible avec la nature des bornes qui, rappelons- Oueld Gouam, comportant l’indication suivante  : agri
le, sont inscrites sur deux faces principales, c’est-à-dire publici Cirtensium adsignati, au profit de deux commu-
qu’elles ne devraient pas normalement délimiter plus que nautés tribales, les Niciues et les Suburbures Regiani. La
deux domaines. On a dit plus haut que cette répartition allait situation géographique des deux lieux de provenance et
être étudiée à partir d’un exemple, celui de la borne publiée la connaissance des entités juridiques environnantes ne
par M. Khanoussi. Les résultats obtenus de cet examen sont laissent aucun doute sur le fait que les terrains assignés à
nécessairement applicables à toutes les autres bornes. ces deux tribus sont limitrophes des terres publiques des
La borne AE 2004, 1672 marque la limite entre un Cirtéens99. Revenons à notre borne. Il est inconcevable
domaine privé propriété de Fulcinia Sabina et les publica du que le monument puisse délimiter trois domaines en
municipe de Sufetula Musuniorum. Cependant, L. Naddari même temps : celui de la cité, celui assigné à la gens et la
pense que ces «  bornes limites seraient l’expression d’une propriété de Fulcinia Sabina. Pour une telle limitation, on
opération de bornage entre des propriétés privées et des devrait procéder comme dans l’une des bornes relatives
portions de terres prises sur l’ager publicus municipii aux Musulames100 et inscrire le texte sur une seule face
Sufetulensis, et assignées collectivement aux Musunii  »98. avec l’emploi de la formule « inter … et … et … ».
L’auteur n’a certes pas dit que les bornes délimitent plus que Il est donc difficile d’admettre que les publica de
deux domaines, mais le schéma qu’il propose pose à vrai Sufetula n’ont pas été concernés par cette limitation
dire tant de problèmes : où sont les publica Sufetulensium ? effectuée avec des bornes toutes opisthographes. La nature
Comment admettre leur absence dans le texte  ? Peut-on de ces documents est parfaitement inconciliable avec une
supposer que les terres assignées aux Musunii n’étaient pas prétendue répartition spatiale en trois entités territoriales
contiguës au territoire de la ville, aux dépens de laquelle a différentes dont l’une est le supposé terrain assigné aux
Musunii. Opisthographes, ces bornes ne peuvent, par
conséquent, délimiter que deux  propriétés seulement  ;
97. Dans le Liber coloniarum par exemple, qui nous renseigne sur
elles devraient normalement porter sur leurs deux faces,
les territoires des cités de l’Italie centro-méridionale, on remarque
l’emploi permanent du terme adsignatus lorsqu’il s’agit d’une assigna- conformément à celles de la région de Cirta, d’une part la
tion de territoire, lire par exemple Chouquer et alii 1987, p.  65-78. mention des bénéficiaires de l’assignation (ici, les Musunii),
Dans l’ouvrage magistral de J.-M. Lassère (1977), où l’ensemble de nos et d’autre part une indication de l’entité aux dépens de
connaissances concernant le peuplement et la colonisation en Afrique laquelle a été opéré le prélèvement (ici, les publica de
antique ont été méthodiquement rassemblées et commentées, on ne Sufetula). Mais cet ordre des choses ne se retrouve pas ici
trouve pas de document épigraphique qui ait été interprété comme puisque des particuliers sont concernés par ce bornage. En
faisant référence à une assignation en l’absence même du terme
technique adsignatus. Les historiens usent souvent de ce mot dans des
fait, l’opération de délimitation effectuée autour de Sufetula
nous a semblé plus simple et de type très courant. Les
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contextes de colonisation en supposant la distribution de terres à des


colons (civils ou militaires). Il s’agit là d’un raisonnement logique qui deux  faces de l’ensemble des bornes précisent les limites
n’est cependant pas toujours fondé sur des documents explicites. Dans
Lassère 1977, les assignations évoquées sont celles qui sont attestées
par les inscriptions ici présentées (p.  255, 270, 359), ou connues par 99. Voir par exemple la « carte des bornes et des principales inscrip-
des sources littéraires (les assignations de C. Gracchus, de Marius, tions de la région située au sud-est de Cirta », publiée par P.-A. Février
p.  112, 117), ou encore celles qui sont envisagées à la suite d’une (1990, p. 80, fig. 45). On lira aussi Gascou 1983, p. 186-189, à propos
réflexion historique d’ordre général (p. 133, 139, 146, 202, 304 [n. 89], des limitations autour de Tigisis et de Sigus et les différentes catégo-
297). J.-M. Lassère n’a jamais supposé une assignation de terre à des ries des terres. Sur toute la série des bornes, voir Logeart 1939.
tribus, à part les distributions connues aux dépens de Cirta. 100. ILAlg, I, 2939b (Khanguet Nasser) où on lit à la fin  :  «  inter /
98. Naddari 2014b, p. 26. Aug(ustum) et Amedere(nses) / et Musul(amios) ».
73
entre cette ville, qualifiée de Musuniorum, et des propriétés de Thubursicu Numidarum103, de Digdida municipium
privées constituées au fur et à mesure de l’avancée de la Selorum104 et de Macomades Selorum105.
colonisation101. D’autre part, l’objection formulée par L. Naddari contre
le développement Suf(etula) Mus(uniorum) en raison de
l’absence de cette dénomination dans les différentes sources
3. L’évolution de la dénomination de la cité durant toute l’histoire du toponyme, n’emporte pas la
conviction. Il est certes vrai que la cité est toujours appelée
depuis sa création jusqu’à la promotion
dans les sources post-sévériennes Sufetula sans être suivie
coloniale d’une épithète. Mais une hypothèse, non dénuée de vrai-
semblance à notre avis, pourrait expliquer cette absence  :
Il convient tout d’abord de rappeler rapidement les princi- la dénomination Suf(etula) Mus(uniorum) n’a été en usage
pales critiques faites à la thèse de L. Naddari : que pour un laps de temps qui ne couvre pas toute l’histoire
-- il n’est pas du tout démontré que Sufetula n’a pas été de Sufetula durant l’Antiquité. Une chose est certaine : une
nommée Sufetula Musuniorum. La chronologie des inscrip- cité peut modifier sa dénomination officielle avec l’ajout de
tions mentionnant le nom antique de la cité est relativement certains noms ou la suppression d’autres. Ce changement
basse, ce qui n’autorise pas, par conséquent, à rejeter l’idée est généralement lié à un événement insigne dans l’histoire
d’un nom composé dont le second élément revoie à la gens de la cité, notamment un privilège fiscal ou territorial ou
Musuniorum ; encore une promotion juridique106. La dénomination de
-- il est en outre difficile d’accepter l’idée d’une assignation Sufetula semble avoir connu ce type d’évolution. Certains
effectuée aux dépens du territoire de Sufetula au profit des indices semblent suggérer que le conditor coloniae de cette
Musunii. On a pu constater plus haut que le verbe adsignare cité correspondrait probablement à Sévère Alexandre107. Si
est toujours mentionné sur les inscriptions et jamais sous- on est en mesure d’accepter cette date, ce qui constitue le
entendu. terme d’un processus de romanisation juridique, institution-
nelle et culturelle, on pourra alors s’interroger sur la déno-
Il nous a paru donc difficile, voire impossible, au terme mination double de la ville  : celle-ci a-t-elle cessé d’être
de cette critique, d’admettre l’interprétation avancée par qualifiée de Musuniorum après cette promotion ? Parvenant
L.  Naddari à propos des liens qui ont pu exister entre à ce statut juridique, les membres issus de la communauté
Sufetula et la gens Musuniorum. Ce constat négatif permet tribale qui avaient été jadis intégrés dans le peuplement de
de revenir à la première lecture proposée par M. Khanoussi. la cité au moment de sa création, réussirent, après environ
En effet, le choix du génitif pluriel Musuniorum,  de 150 ans, à se transformer et à s’intégrer pleinement dans la
préférence au datif pluriel et à l’ablatif-locatif, permet romanité. On connaît d’ailleurs certaines tribus ayant com-
d’expliquer les deux principaux faits qui caractérisent le plètement changé leur appellation après la municipalisation.
rapport entre Sufetula et les Musunii. En effet, Sufetula On peut invoquer ici les exemples suivants :
est établie sur le territoire des Musunii et, par conséquent, -- la gens Bacchuiana attestée à Bou Jlida au temps d’Antonin
une fraction de la population tribale a été incorporée dans le Pieux108, est devenue plus tard le municipium Miz[eo]t[e]r109 ;
le peuplement de la ville au moment de sa création, d’où
la décision d’associer le nom de la gens à celui de la cité
103. Sur les étapes de l’évolution juridique de Thubursicu Numidarum,
dans une même nomenclature : Suf(etula) Mus(uniorum)102. lire en dernier lieu Bertrandy 2007.
Ce n’est pas du tout étrange, on  connaît déjà les cas 104. Tab. Peut., segment VIII, 1-2. Cette localité est appelée Digdica
dans l’Itinéraire d’Antonin, 65 et Digdiga par Corippe dans sa
Johannide (II, 119). Voir sur ces différentes graphies et sur le témoi-
gnage de Corippe, Modéran 2003, p. 298-299. Une natio Selorum est
mentionnée par la Table de Peutinger, segment VII, 5.
101. C’est d’ailleurs l’avis déjà formulé par A. Caillemer et
R. Chevallier (1957, p. 284), qui notent que « ces termini définissent 105. Tab. Peut., segment VIII, 1. Desanges 1962, p. 133.
sans doute des limites de propriétés appartenant au municipe et à 106. Les exemples sont fort nombreux, voir par exemple les travaux
des particuliers, et non des limites de territoires », et par T. Kotula de J. Gascou sur la vie municipale des cités africaines mentionnés dans
(1967, p. 216) où on lit : « les quatre bornes trouvées à l’est de la cité la bibliographie.
se rapportent au m(unicipium) S(ufetulensium) dont l’ager publicus 107. H.-G. Pflaum (1960, p.  826), en commentant l’inscription
voisinait avec les biens des propriétaires privés ». S. Aounallah m’a CIL  VIII, 11340 qui donne le cursus de L. Caecilius Athenaeus
Antiquités africaines, 53, 2017, p. 63-77

suggéré la possibilité que les bornes puissent délimiter des portions (texte 2.1.1. b), propose de la dater du règne de Sévère Alexandre
de terres dépendant des publica de Sufetula et qui ont été louées qui « paraît avoir coïncidé avec l’apogée de cette cité de Byzacène ».
par la cité. Mais là aussi on se trouve devant la difficulté de savoir Sur l’histoire municipale de Sufetula et ses rapports avec l’extension
qui sont ces locataires. Il ne peut s’agir des Musunii qui détiennent territoriale de la cité durant le Haut-Empire, voir Chérif, à paraître.
toujours une partie de leur territoire traditionnel, ni de particuliers 108. CIL VIII, 12331 = ILS, 4440  : Saturno Achaiae Aug(usto)
qui sont mentionnés sur les faces opposées à celles qui portent les sacr(um). / Pro sal(ute) Imp(eratoris) Caes(aris) Antonini Aug(usti)
lettres PMSM. Le fait d’exclure les Musunii et les particuliers nous Pii, p(atris) p(atriae), / gens Bacchuiana templum sua pec(unia)
ramène, me semble‑t‑il, à l’interprétation que nous proposons ici. fecerunt id(emque) dedic(auerunt). / Candidus Balsamonis fil(ius) ex
102. Nombre des individus originaires de la tribu correspondraient XI pr(imis) amplius spatium in quo templum fieret / donauit.
probablement à certains pérégrins attestés par des épitaphes datables 109. AE 1979, 651  : ---] / municipium [---] / Felix Miz[eo]t[e]-
de la deuxième moitié du ier siècle. d[euotum] / Numin[i maiestatique eius / p(ecunia) p(ublica)] d(ecreto)
74
-- la respublica gentis Suburburum, sise à Aziz Ben Tellis110, permet, à notre avis, d’expliquer l’absence de cette épithète
prit après sa transformation juridique le nom d’Idicra111. Dès dans les différentes sources post-sévériennes.
le iiie siècle, les sources ne parlent plus que d’Idicra et non
point des Suburbures112 ;
-- des Nυγβηνοί sont mentionnés par Ptolémée113 dans le Conclusion
pays de Nefzaoua, au Sud du Chott el-Fejej114. Cette tribu fut
peu à peu intégrée dans un cadre civique d’où l’apparition Les résultats acquis à l’issue de notre enquête nous per-
d’une ciuitas Nybgeniorum dont le territoire fut délimité mettent à présent de tenter d’apporter une réponse à la question
par Trajan115. Avec la promotion municipale à l’époque posée dans l’intitulé de cette étude  : peut-on admettre, avec
d’Hadrien, la cité devint Turris Tamalleni, aujourd’hui L. Naddari, que les Musunii étaient véritablement les béné-
Telmine116. Postérieurement au iiie siècle, seul le toponyme ficiaires d’une assignation de terres aux dépens de l’ager
Turris Tamalleni est resté en usage alors que le substrat tribal publicus de Sufetula  ? La mise en série des documents
a complètement disparu des sources117. relatifs aux actes d’assignation, indispensable pour bien saisir
la politique romaine à la fois à l’égard des cités et des
On peut donc constater à travers ces quelques exemples, communautés tribales, me semble récuser une telle hypothèse.
que le fond tribal tend à disparaître progressivement sous La fondation de Sufetula sur le territoire de la gens
l’effet de la romanisation. Cet effacement graduel justifie, Musuniorum devrait être définitivement acceptée. Lorsque
à ce qu’il nous semble, le changement apporté à la dénomi- Pline l’Ancien nous disait que ces Musunii constituaient une
nation de ces gentes. L’obtention de nouveaux privilèges, natio, cela voulait dire qu’ils détenaient, au tout début de
surtout d’ordre juridique, peut quelquefois entraîner la trans- l’époque impériale, un vaste territoire dépourvu de cités. La
formation de la dénomination aussi bien des tribus que des mainmise réelle du pouvoir romain sur l’espace provincial,
cités fondées sur un territoire tribal et partiellement peuplées surtout à partir du règne de Vespasien, n’a pas entraîné de
de membres de la tribu. C’est ainsi que nous pensons, dans refoulement des grandes nationes de l’Africa, en l’occur-
le cas de Sufetula, qu’après l’achèvement de la romanisation rence les Musulamii et les Musunii. Ces anciens ayants droit
de la population et des institutions au début du iiie siècle, il ont certes été dépouillés d’une partie de leurs terres, mais
ne soit plus nécessaire de conserver dans la titulature de la maintenus sur d’autres portions. De ce fait, le territoire tribal
ville le déterminant Musuniorum. Cet ethnonyme rappelait a été périodiquement amputé par la constitution de proprié-
jusque-là la composante tribale et pérégrine dans le peuple- tés privées et impériales et l’agrandissement des territoires
ment de la cité, mais une fois que celle-ci accéda à la haute municipaux. Mais à l’issue de cette colonisation, les terres
dignité municipale, c’est le nouvel intitulé, que nous ignorons encore conservées par les Musunii devaient être qualifiées de
encore faute de documentation, qui s’imposa : la ville cessa « territoire laissé » à la gens. C’est dans ce sens que devrait
d’être désignée par le nom de Sufetula Musuniorum, ce qui être interprété le bornage effectué autour de Sufetula. Les
bornes marquent les limites entre les nouveaux ayants droit
d(ecurionum). Il s’agit à notre avis d’une tribu plutôt que d’une sodalité (le municipe et les particuliers) établis sur une portion du
religieuse. Voir Chérif 2016, p. 42, n. 42. Nous avons eu l’occasion domaine tribal.
dans cet article, de discuter brièvement les différentes interprétations
de ce terme dans la région de Bou Arada et la question de l’existence
Cette conclusion de base apporte désormais plus de
tribale dans l’arrière-pays de Carthage. Nous pensons, contraire- cohérence au schéma de l’organisation territoriale dans cette
ment à d’autres opinions, que Bou Jlida était le chef-lieu d’une tribu région de l’Africa (autour d’Ammaedara et de Sufetula). Le
dénommée Gens Bacchuiana. rapport entre Rome et les deux tribus (Musunii et Musulamii)
110. AE 1917-18, 45 = ILAlg, II, 3, 7578  ; ILAlg, II, 3, 7577. Pour a dû évoluer de la manière suivante :
l’ensemble du dossier épigraphique relatif à la municipalisation de
cette gens, voir Chérif 2017, p. 285-292.
Événement Chronologie
111. AE 1917-18, 46 = ILAlg, II, 3, 7582.
112. Idicra est mentionnée dans l’Itinéraire d’Antonin (28, 4) comme Musunii et Musulames disposant Époque pré-flavienne
station entre Mileu et Sitifis. La localité est aussi un évêché représenté de vastes territoires
à la conférence de Carthage de 411 (Lancel 1991, p. 1397). Le siège Début de l’intervention du pouvoir Vespasien
est également indiqué par la Notitia de 484 (Num., 16). romain
113. Ptol., Geog., IV, 3, 6 (Müller). Organisation municipale Époque flavienne
114. Cagnat 1909, p. 568-579 ; Desanges 1962, p. 129. et domaniale aux dépens et post-flavienne
du territoire tribal
Antiquités africaines, 53, 2017, p. 63-77

115. Sur le dossier épigraphique relatif à la délimitation du territoire


des Nybgenii, voir en dernier lieu Boussetta 2016. Amputation continue Époque antonine
116. Gascou 1972a, p. 134-135 ; 1982, p. 189. L’identification de la au domaine tribal et postérieurement
ciuitas Nybgeniorum avec la Turris Tamalleni est depuis longtemps
admise, voir par exemple sur ce sujet Cagnat 1909, p. 577 ; Toutain Après la promotion coloniale survenue, selon nous, à
1912, p.  292  ; Gascou 1972a, p.  134-135 et 219  ; Trousset 1974,
l’époque de Sévère Alexandre, le nom faisant référence à la
p. 43-46 ; Desanges et alii 2010, p. 274-275.
117. Itin. Anton. 63, 4-5 et 74, 3. Un siège nommé Turris
tribu n’a pas été conservé dans la dénomination de la cité.
Tamalluma ou Turris Tamalleni est attesté par les documents Les anciens membres de la gens, assimilés depuis longtemps
de l’Église (Lancel 1991, p.  1508-1509). Un praepositus limitis dans le municipe, ont manifesté leur volonté d’affirmer leur
Tamallensis est aussi connu par la Notitia Dignitatum (occ., XXV, 3, 21). romanité aux dépens de leur origine ethnique.
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la fin de la dynastie des Sévères (146 a. C. – 235 p.  C.), Paris Trousset P. 1974, Recherches sur le limes Tripolitanus du Chott
(Études d’Antiquités africaines). El-Djerid à la frontière tuniso-libyenne, Paris (Études
Lassère J.-M. 1982, « L’organisation des contacts de population dans d’Antiquités africaines).
l’Afrique romaine, sous la République et au Haut-Empire  », Veyne P. 1959, « Contributio : Bénévent, Capoue, Cirta », Latomus
ANRW II, 10/2, p. 397-426. 18, 3, p. 568-592.
Antiquités africaines, 53, 2017, p. 63-77

77
Antiquités africaines

Note aux auteurs concernant la présentation des manuscrits

Les manuscrits doivent être envoyés à la Rédaction (adresse ci-dessous) au format numérique avant le 30 novembre. Les articles,
saisis ou composés sous Word, seront enregistrés dans un fichier au format RTF, formaté comme suit : corps du document en style
standard, police de caractères Times 12 pts, double interligne, sans césures manuelles des mots  ; notes de bas de page insérées et
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L’auteur joindra à son article un résumé (10 lignes maximum) en français et en arabe, et dans la langue de l’article si celle-ci est
autre, ainsi qu’une liste bi-/trilingue de mots-clefs précisant la localisation géographique (pays, province romaine, ville), le thème, la
datation… Pour les auteurs non arabophones, la traduction sera assurée par la rédaction.
Dans le cas où des caractères spéciaux sont utilisés – textes comportant du grec, du libyque, de l’arabe… –, il est indispensable
de fournir les polices employées et d’indiquer clairement sur l’épreuve papier la présence de chacun de ces caractères. Les polices de
caractères seront au format TrueType (fichier TTF), OpenType (fichier OTF) ou Postscript (fichier PFM).

Notes bibliographiques
Abrégées, elles doivent être présentées de la façon suivante : le nom de l’auteur en petites majuscules, la date de publication
et, éventuellement, le(s) numéro(s) de la(des) page(s), de la(des) figure(s) et planche(s) (ex : Le Glay 1961, p. 219, fig. 6, pl. XIX).

Bibliographie
Elle est regroupée par ordre alphabétique, puis chronologique, des auteurs, en fin de manuscrit.
Pour un volume : Le Glay M. 1961, Saturne africain. Monuments, I, Paris.
Pour un article : Lassus J. 1971, « La salle à sept absides de Djemila-Cuicul », AntAfr 5, p. 193-207.
Les normes bibliographiques sont consultables en ligne à l’adresse : http://ccj.cnrs.fr/spip.php?article781

Illustrations
Toutes les illustrations seront fournies libres de droits pour l’édition papier et pour l’édition en ligne. Lorsqu’un détourage est
nécessaire, il sera effectué par l’auteur.
Les figures au trait seront fournies sur calque ou numériques (préciser les formats et logiciels employés). Lorsque celles-ci
comportent du texte, la (ou les) police(s) de caractères utilisée(s) devront être inclues (cocher l’option « Inclure les polices dans le
document » lors de l’enregistrement du fichier).
La liste des légendes sera regroupée sur fichier séparé et mentionnera précisément la provenance ou l’auteur de l’illustration.
Les fichiers sources des illustrations (photographies, cartes et schémas) seront enregistrés dans l’un des formats suivants :
.tif, .png, .bmp, .eps, .svg, .ai ou .psd, à une taille et à une résolution suffisantes pour une utilisation sans agrandissement et pour
l’impression, à savoir :
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Sont absolument à proscrire : les illustrations et graphiques directement insérés dans un document Word ; les illustrations en
basse résolution (inférieur à 300 ppp ou dpi) ; les formats de compression destructrice (notamment, les images au format .jpg).

L’auteur mentionnera son nom, l’adresse et l’organisme scientifique auquel il est rattaché, ainsi que son adresse mail officielle,
en tête des notes. Il indiquera également la date qu’il souhaite voir figurer au bas de son article. Dans son envoi, il précisera son
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Trois ans après la parution, la revue est disponible en ligne sur le portail des revues françaises en SHS, Persée. Pour cela, les
auteurs doivent s’assurer de posséder les autorisations nécessaires pour toutes leurs illustrations. Après acceptation de l’article par le
Comité de lecture, la rédaction demandera à l’auteur de signer une autorisation de mise en ligne, valable aussi pour les illustrations.

Revue Antiquités africaines


Centre Camille Jullian - M.M.S.H.
5, rue du Château de l’Horloge - B.P. 647
13094 Aix-en-Provence Cedex 2
tél.: 04 42 52 42 77 - fax: 04 42 52 43 75
courriel : antafr@mmsh.univ-aix.fr
ANTIQUITÉS AFRICAINES

ISBN 2-222-01014-4 Tome 1 - 1967


ISBN 2-222-01068-3 Tome 2 - 1968
ISBN 2-222-01184-3 Tome 3 - 1969
ISBN 2-222-01267-8 Tome 4 - 1970
ISBN 2-222-01360-7 Tome 5 - 1971
ISBN 2-222-01441-7 Tome 6 - 1972
ISBN 2-222-01576-6 Tome 7 - 1973
ISBN 2-222-01689-4 Tome 8 - 1974
ISBN 2-222-01793-9 Tome 9 - 1975
ISBN 2-222-01698-3 Tome 10 - 1976
ISBN 2-222-02083-2 Tome 11 - 1977
ISBN 2-222-02211-8 Tome 12 - 1978
ISBN 2-222-02306-8 Tome 13 - 1979
ISBN 2-222-02357-2 Tome 14 - 1979, Hommages à Jean Lassus, 1
ISBN 2-222-02610-5 Tome 15 - 1980, Hommages à Jean Lassus, 2
ISBN 2-222-02645-8 Tome 16 - 1980, Hommages à Jean Lassus, 3
ISBN 2-222-02853-1 Tome 17 - 1981
ISBN 2-222-03075-7 Tome 18 - 1982
ISBN 2-222-03291-1 Tome 19 - 1983
ISBN 2-222-03422-1 Tome 20 - 1984
ISBN 2-222-03590-2 Tome 21 - 1985
ISBN 2-222-03697-6 Tome 22 - 1986
ISBN 2-222-03894-4 Tome 23 - 1987
ISBN 2-222-04084-1 Tome 24 - 1988
ISBN 2-222-04231-3 Tome 25 - 1989
ISBN 2-222-04435-9 Tome 26 - 1990
ISBN 2-222-04573-8 Tome 27 - 1991
ISBN 2-222-04718-8 Tome 28 - 1992
ISBN 2-271-05041-3 Tome 29 - 1993
ISBN 2-271-05160-6 Tome 30 - 1994
ISBN 2-271-05359-5 Tome 31 - 1995
ISBN 2-271-05431-1 Tome 32 - 1996
ISBN 2-271-05508-3 Tome 33 - 1997, Hommages à Georges Souville, 1
ISBN 2-271-05579-2 Tome 34 - 1998, Hommages à Georges Souville, 2
ISBN 2-271-05676-4 Tome 35 - 1999
ISBN 2-271-05777-9 Tome 36 - 2000
ISBN 2-271-06061-3 Tome 37 - 2001, Peuplement et mouvements de population en Afrique du Nord antique
et médiévale
ISBN 2-271-06151-2 Tome 38-39 - 2002-2003
ISBN 2-271-06342-7 Tome 40-41 - 2004-2005
ISBN 2-271-06526-1 Tome 42 - 2006
ISBN 2-271-06700-5 Tome 43 - 2007
ISBN 2-271-06947-4 Tome 44 - 2008
ISBN 978-2-271-07157-6 Tome 45 - 2009
ISBN 978-2-271-07137-6 Tome 46-48 - 2010-2012
ISBN 978-2-271-07974-9 Tome 49 - 2013
ISBN 978-2-271-08263-3 Tome 50 - 2014
ISBN 978-2-271-08833-8 Tome 51 - 2015
ISBN 978-2-271-09352-3 Tome 52 - 2016

Pour tout achat de la revue Antiquités africaines ou de la collection Études d’Antiquités africaines,
s’adresser à CNRS Éditions : http://www.cnrseditions.fr/
Antiquités africaines Antiquités africaines

53 | 2017
Table des matières 53 | 2017
53 | 2017
Khaled MARMOURI, Temple de Liber Pater ou Capitole ? L’apport des inscriptions à l’identification

L’Afrique du Nord
d’un lieu de culte de Lepcis Magna ........................................................................................................................5
Nathalie DE CHAISEMARTIN, Réflexions sur la « schola » du decumanus à Lepcis Magna
et son contexte urbain .......................................................................................................................................23

de la protohistoire
Hernán GONZÁLEZ BORDAS, Relire les manuscrits : nouveautés épigraphiques de Tabarka (Tunisie)
dans le journal de Francisco Ximenez ............................................................................................................53

Antiquités africaines
Ali CHÉRIF, Territoire assigné ou territoire laissé ? À nouveau sur le rapport entre Sufetula
(Sbeïtla, en Tunisie) et les Musunii ....................................................................................................................63
Mongi NASR, Les dépotoirs de céramiques de Thelepte : productions locales et productions régionales .......79
Nicolas LAMARE, La fontaine à cour et l’hydraulique tardive de Sbeïtla. Nouvelles observations............... 95
Angela KaLINOWSKI, A Mosaic of Daniel in the Lions’ Den from Borj el Youdi (Furnos Minus) Tunisia:
à la conquête arabe
The Iconography of Martyrdom and the Arena in Roman North Africa ..................................................... 115
Caterina MARIA COLETTI, Liliana GUSPINI, Gli itinerari terrestri della regione del Rif
(Marocco settentrionale) tra l’antichità e il medioevo: un’ipotesi di lavoro in base
ai documenti geografici di età moderna .......................................................................................................129

DOSSIER : « À L’ORIGINE DES AMPHORES ROMAINES D’AFRIQUES, III »


Imed BEN JERBANIA, La production des amphores ovoïdes de type « Africaine ancienne » à Utique,
avec une annexe de Claudio CAPELLI, Analyses pétrographiques ..............................................................175
Laurence BENQUET, Claudio CAPELLI, Les amphores africaines dans la région toulousaine
aux IIe et Ier s. av. n. è .........................................................................................................................................193
Séverine LEMAÎTRE, Claudio CAPELLI, Corinne SANCHEZ, Amphores africaines provenant du dépotoir
portuaire de Port-la-Nautique (fin Ier av. - Ier s. apr. J.-C.). Données archéologiques et archéométriques ....207

55€ prix valable en France


ISSN : 0066-4871
ISBN : 978-2-271-11767-0 Centre Camille Jullian
Histoire et archéologie de la Méditerranée et de l’Afrique du Nord
de la Protohistoire à la fin de l’Antiquité

Djemila, Algérie. Temple septimien.


Cliché CNRS/G. Réveillac -
Centre Camille Jullian et Recherches
www.cnrseditions.fr d’Antiquités africaines.

Couv-Antaf-53_BAT.indd 1 21/11/2017 16:57

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