Vous êtes sur la page 1sur 7

Terminologie juridique Farid OUABRI / Rym HADDADI / Sabrina CHERIF / Fella

MAHCHAM
Faculté de droit / Université d’Alger 1 / 2020-2021 Sections 5 et 6
Section 2
Les caractères de la règle de droit

En effet, la règle de droit est une rège qui se distingue des règles morales, religieuses et éthiques
par plusieurs caractéristiques qui sont les suivantes :

1. La règle de droit est une règle étatique

La règle de droit est une règle qui émane de l’autorité de l’État, soit du Parlement ou du pouvoir
exécutif. Mais, au sens large, la règle de droit n'est pas nécessairement une règle écrite, comme
c’est le cas des coutumes et des usages qui sont aussi es normes qui organisent les relations
sociales.

2. Le caractère général et impersonnel de la règle de droit

La règle de droit est aussi une règle générale, c’est-à-dire qui s’applique à tous les individus de
la société sans distinction. De même, elle est impersonnelle, parce qu’elle ne désigne aucune
personne spécifiquement1. Cette caractéristique se voit nettement à travers les termes même de
la loi dont voici quelques exemples :

Article 78 de la Constitution : « Nul n’est censé ignoré la loi » ;


Article 28 du Code civil : que « Toute personne doit avoir un nom et un ou plusieurs
prénoms » ;
Article 150 du Code pénal : « Quiconque détruit, dégrade ou souille les sépultures, par quelque
moyen que ce soit, est puni d’un emprisonnement de six (6) mois à deux (2) ans et d’une amende
de 20.000 à 100.000 DA ».

1
Voir par exemple, Deleuze N., Bertrand-Mirkovic A., Introduction générale au droit, Levallois-Perret (Haut-de-
Seine) : Studyrama, Coll. Panorama du droit, 2005, pp. 48-55.
1
Art. 153 de l’ordonnance n° 03-05 du 19 juillet 2003 relative aux droits d'auteur et aux droits voisins : « Le
coupable du délit de contrefaçon d'une œuvre ou d'une prestation, tel que prévu aux articles 151 et 152 ci-
dessus est puni d'un emprisonnement de six (6) mois à trois (3) ans et d'une amende de cinq cent mille (500
000 DA) à un million (1.000. 000 DA) de dinars que la publication ait lieu en Algérie ou à l'étranger ».
Terminologie juridique Farid OUABRI / Rym HADDADI / Sabrina CHERIF / Fella
MAHCHAM
Faculté de droit / Université d’Alger 1 / 2020-2021 Sections 5 et 6
Les termes « Nul », « Toute personne », « Quiconque », confère en effet à la règle de droit un
caractère général et impersonnel.

Cependant, cela ne veut pas dire que la règle de droit s’applique à toutes les personnes
indifféremment, mais signifie simplement qu’elle s’applique à une catégorie particulière de
personnes et qui se trouvent dans la situation visée par elle. La règle de droit s'applique dès lors
que les conditions de son application sont établies. Ainsi, les règles du Code de commerce ne
s’appliquent en principe qu’aux commerçants seulement ou à ceux qui effectuent des actes de
commerce. Il en est de même du Code de la route qui s’applique aux conducteurs de véhicules
ou du Code de justice militaire qui ne s’applique qu’aux militaires.

La règle de droit, étant donc une règle générale et impersonnelle se distingue d’une décision
individuelle établie par l’Administration (nomination d’une personne à une fonction, octroi
d’un permis de conduire ou d’un permis de construire), mais aussi d’une décision judiciaire.
Ainsi, un jugement qui tranche un litige, n’édicte pas une règle de droit à vocation générale
(Excepté dans certains systèmes juridiques, notamment anglo-saxon, où les décisions du juge
sont considérées comme des règles de droit).

La règle de droit est une règle générale et impersonnelle pour garantir la protection des individus
contre l’injustice et contre la discrimination et l’arbitraire.

3. Le caractère abstrait et permanent de la règle de droit

La règle de droit est une règle abstraite. C'est-à-dire, qu'elle procède de quelque chose qu'il est
difficile de se représenter mentalement. La règle de droit ne vise personne en particulier, mais
s’applique à l’égard de tout le monde ou à des situations générales. La règle de droit est aussi
une règle permanente parce qu'elle a une application constante pendant toute la durée de son
existence, jusqu'à son abrogation.

2
Art. 153 de l’ordonnance n° 03-05 du 19 juillet 2003 relative aux droits d'auteur et aux droits voisins : « Le
coupable du délit de contrefaçon d'une œuvre ou d'une prestation, tel que prévu aux articles 151 et 152 ci-
dessus est puni d'un emprisonnement de six (6) mois à trois (3) ans et d'une amende de cinq cent mille (500
000 DA) à un million (1.000. 000 DA) de dinars que la publication ait lieu en Algérie ou à l'étranger ».
Terminologie juridique Farid OUABRI / Rym HADDADI / Sabrina CHERIF / Fella
MAHCHAM
Faculté de droit / Université d’Alger 1 / 2020-2021 Sections 5 et 6

4. Le caractère obligatoire de la règle de droit


La règle de droit est une règle obligatoire ; elle doit être soit respectée et appliquée2. La règle
de droit, ordonne, défend ou interdit, elle permet, récompense ou punit. La règle de droit est
même obligatoire pour le juge qui doit l’appliquer aux conflits qui se posent devant lui.
Toutefois, le caractère obligatoire de la règle de droit n’est pas absolu. En effet, on distingue
traditionnellement entre deux types de règles de droit : les « règles impératives » et les « règles
supplétives ».

1. Les règles impératives

Les règles impératives sont des règles obligatoires, c’est-à-dire que les individus n’ont pas le
droit de les écarter par quelque convention que ce soit. Ce sont des règles d’ordre public et qui
visent à garantir l'intérêt général.

Les règles juridiques du Code pénal par exemple sont toutes des règles impératives, aucun
individu, même le juge ne peut déroger aux règles de ce Code.

2. Les règles supplétives

Au contraire, les règles supplétives sont des règles auxquelles on peut déroger par une
convention, un accord ou une clause contraire. Autrement dit, les individus peuvent écarter les
règles supplétives par convention, à condition qu'ils le prévoient préalablement, sinon, c'est la
règle supplétive qui s'applique.

Par exemple, l'article 368 du Code civil énonce que « Si l’objet vendu doit être expédié à
l’acheteur, la délivrance n’a lieu, à moins de convention contraire, que lorsque l’objet lui sera
parvenu ». Dans cet exemple, les parties, vendeur et acheteur, peuvent en effet préciser dans le
contrat de vente que la délivrance de l’objet de la vente soit considérée comme accomplie
lorsque cet objet sera expédié non pas à l'acheteur lui-même, c'est-à-dire à son domicile mais à

2
Leroy Y., « La notion d’effectivité du droit », Droit et société, 3/2011, n° 79, pp. 715-732.
3
Art. 153 de l’ordonnance n° 03-05 du 19 juillet 2003 relative aux droits d'auteur et aux droits voisins : « Le
coupable du délit de contrefaçon d'une œuvre ou d'une prestation, tel que prévu aux articles 151 et 152 ci-
dessus est puni d'un emprisonnement de six (6) mois à trois (3) ans et d'une amende de cinq cent mille (500
000 DA) à un million (1.000. 000 DA) de dinars que la publication ait lieu en Algérie ou à l'étranger ».
Terminologie juridique Farid OUABRI / Rym HADDADI / Sabrina CHERIF / Fella
MAHCHAM
Faculté de droit / Université d’Alger 1 / 2020-2021 Sections 5 et 6
une autre adresse, celle de son frère ou de son ami par exemple. Mais, en cas d'absence de clause
prévoyant la délivrance de l'objet à un destinataire autre que l'acheteur, c'est la règle supplétive
qui s'applique, c'est-à-dire que la délivrance doit être faite dans ce cas à l'acheteur lui-même.

5. Le caractère contraignant de la règle de droit

La règle de droit est aussi une règle contraignante, c’est-à-dire qu’elle est coercitive, qu’elle
exerce une pression ou qu’elle force ou oblige à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose.
C’est le cas de l'article 28 du Code civil qui dispose que « Toute personne DOIT avoir un nom
et un ou plusieurs prénoms ». En cas de non respect de la règle de droit, la loi prévoit des
mesures pour la faire respecter (police, gendarmerie, justice) qui peuvent user de la force
publique en cas de nécessité.

6. Le caractère spécifique de la règle de droit : la sanction étatique

Enfin, la règle de droit est une règle assortie de sanction étatique. Autrement dit, pour obtenir
le respect de la règle de droit, des sanctions pénales, civiles ou disciplinaires sont prévues par
la loi3. Par exemple, si un automobiliste "grille" un feu rouge par exemple, il risque de subir
une contravention, une amende, donc une sanction de la part de l’agent de police. Autre exemple
que nous avons déjà cité, l’article 150 du Code pénal énonce que « Quiconque détruit, dégrade
ou souille les sépultures, par quelque moyen que ce soit, EST PUNI d’un EMPRISONNEMENT
de six (6) mois à deux (2) ans et d’une amende de 20.000 à 100.000 DA ». Dans cet exemple,
les sanctions sont de nature pénale. Et, cette sanction est bien évidement étatique, c’est-à-dire,
qu’elle est prononcée et exécutée par les organes de l’État, tribunaux et établissements
pénitentiaires.

Toutefois, parmi tous les caractères que l'on vient d'examiner, il faut retenir que la sanction
étatique constitue le seul caractère spécifique qui distingue la règle de droit des autres
règles qui régissent la vie en société. Le non-respect d’une règle morale ou religieuse comme
s'abstenir de faire la prière n’est pas sanctionné par la loi. De la même manière, ne pas dire

3
Hartani A.-Kh., Terminologie juridique, op. cit., p. 20.
4
Art. 153 de l’ordonnance n° 03-05 du 19 juillet 2003 relative aux droits d'auteur et aux droits voisins : « Le
coupable du délit de contrefaçon d'une œuvre ou d'une prestation, tel que prévu aux articles 151 et 152 ci-
dessus est puni d'un emprisonnement de six (6) mois à trois (3) ans et d'une amende de cinq cent mille (500
000 DA) à un million (1.000. 000 DA) de dinars que la publication ait lieu en Algérie ou à l'étranger ».
Terminologie juridique Farid OUABRI / Rym HADDADI / Sabrina CHERIF / Fella
MAHCHAM
Faculté de droit / Université d’Alger 1 / 2020-2021 Sections 5 et 6
« bonjour », qui est une règle de politesse, n’est pas également sanctionné par la loi. Les règles
religieuses, morales ou de politesse concernent l’individu lui-même, et seulement lui-même,
c'est-à-dire sa propre conscience, sa relation avec la divinité, Dieu. Cependant, cette même
personne peut encourir d’autres sanctions non étatiques : blâme, réprobation de la société,
regret, etc.

--------------------------------------------------------------------------------------

Lexique des termes juridiques

Règle de droit ‫ ﻗﺎﻋدة ﻗﺎﻧوﻧﯾﺔ‬: Règle de conduite sociale, générale, impersonnelle et obligatoire,
assortie de sanction qui est assurée par l’autorité publique.

Pouvoir exécutif ‫ ﺳﻠطﺔ ﺗﻧﻔﯾذﯾﺔ‬: Compétence accordé au Chef de l'État et au Chef du


Gouvernement pour diriger la nation, assurer l'exécution des lois et la politique générale du
pays.

Constitution ‫ دﺳﺗور‬: Ensemble de règles écrites qui détermine la forme de l'État, la dévolution
et l'exercice du pouvoir.

Règle impérative ‫ ﻗﺎﻋدة آﻣرة‬: Règle qui ne peut être écartée par celui auquel elle s'applique.

Règle supplétive ‫ ﻗﺎﻋدة ﻣﻛﻣﻠﺔ أو ﻣﻔﺳرة‬: Règle qui ne s'impose à un individu qu'à défaut de
manifestation de volonté contraire de sa part.

Responsabilité civile ‫ ﻣﺳؤوﻟﯾﺔ ﻣدﻧﯾﺔ‬: Obligation de réparer le préjudice résultant soit de


l'inexécution d'un contrat, soit de la violation du devoir général de ne causer aucun dommage à
autrui.

Norme juridique ‫ ﻗﺎﻋدة ﻗﺎﻧوﻧﯾﺔ‬: Synonyme de règle de droit. Cf. définition de règle de droit.

Coercitif ‫ ردﻋﻲ‬: Caractère de ce qui est contraignant, oppressif ou astreignant.

Erga omnes ‫ إﺗﺟﺎه اﻟﻐﯾر‬: Locution latine qui signifie "à l'égard de tous".

Infraction ‫ ﺟرﯾﻣﺔ‬: Acte ou omission incriminés et sanctionnés par la loi pénale.

Peine ‫ ﻋﻘوﺑﺔ‬: Sanction infligée à une personne en rétribution des infractions qu'elle a commise.

Mesures de sûreté ‫ ﺗداﺑﯾر أﻣﻧﯾﺔ‬: Sanction à caractère préventif et dépourvue de but rétributif ou
afflictif. Elle est fondée sur la constatation d'un état dangereux et peut consister en une
neutralisation, un internement judiciaire ou un placement judiciaire.

5
Art. 153 de l’ordonnance n° 03-05 du 19 juillet 2003 relative aux droits d'auteur et aux droits voisins : « Le
coupable du délit de contrefaçon d'une œuvre ou d'une prestation, tel que prévu aux articles 151 et 152 ci-
dessus est puni d'un emprisonnement de six (6) mois à trois (3) ans et d'une amende de cinq cent mille (500
000 DA) à un million (1.000. 000 DA) de dinars que la publication ait lieu en Algérie ou à l'étranger ».
Terminologie juridique Farid OUABRI / Rym HADDADI / Sabrina CHERIF / Fella
MAHCHAM
Faculté de droit / Université d’Alger 1 / 2020-2021 Sections 5 et 6

Égalité juridique ‫ ﻣﺳﺎواة ﻗﺎﻧوﻧﯾﺔ‬: Principe qui prescrit que tous soient traités de la même manière
devant la loi, avec la même dignité, qu'ils disposent des mêmes droits et soient soumis aux
mêmes devoirs.

Vide législatif ‫ ﻓراغ ﻗﺎﻧوﻧﻲ‬: Expression métaphorique signifiant absence de loi pour régir telle
ou telle situation juridique.

Litige ‫ ﻧزاع أو ﺧﺻوﻣﺔ‬: Désaccord sur un fait ou un droit, donnant lieu à un arbitrage ou à un
procès.

Jurisprudentiel ‫ ﻗﺿﺎﺋﻲ‬: Relatif à la jurisprudence, c'est-à-dire l'ensemble des décisions de


justice, des tribunaux.
Convention ‫ إﺗﻔﺎﻗﯾﺔ‬: Accord de volonté destiné à produire des effets de droit.

Clause ‫ ﺷرط‬: Disposition particulière d'un acte juridique.

Puissance publique ‫ ﻗوة ﻋﻣوﻣﯾﺔ‬: Désigne les moyens qu'un État se donne pour assurer sur son
territoire l'ordre public, la sécurité de ses citoyens ainsi que le respect des lois et règlements.

Ordre public ‫ ﻧظﺎم ﻋﺎم‬: Ensemble de règles impératives régissant l'organisation politique,
économique et sociale d'un État ainsi que les droits et les libertés fondamentales.

Références bibliographiques
Constitution du 28 novembre 1996 révisée.
Code civil, Berti Editions, 2018, 2019.
Code pénal, Berti Editions, 2018, 2019.
Bencheneb A., Une introduction à la règle de droit en Algérie, Éditions AJED, 2013.
Bennadji Ch., Vocabulaire juridique. Éléments pour un dictionnaire des termes officiels,
Office des Publications Universitaires, Alger, 2006.
Cornu G. (ss. dir.), Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 2007.
Deleuze N., Bertrand-Mirkovic A., Introduction générale au droit, Levallois-Perret (Haut-de-
Seine) : Studyrama, Coll. Panorama du droit, 2005.
Duvert C., « Droit et religion(s) : genèse et devenir d’un rapport méconnu », Revue de la
recherche juridique. Droit prospectif, 1996, pp. 737-785.
Franck A., (ss. dir.), Dictionnaire des sciences philosophiques, Tome II, Paris, Librairie
Hachette, 1845.
Garram I., Terminologie juridique dans la législation algérienne, Palais des livres, Blida,
1998.
Guinchard S., Montagnier G., (ss. dir.), Lexique des termes juridiques, éd. Dalloz, 22ème éd.,
2014.
Hartani A.-Kh., Terminologie juridique, Performance Éditions, 2010.
Leroy Y., « La notion d’effectivité du droit », Droit et société, 3/2011, n° 79, pp. 715-732.
Najjar I., Badaoui A.-Z., Chellalah Y., Dictionnaire juridique. Français-Arabe, éd. Librairie
du Liban, 10ème éd., 2011

6
Art. 153 de l’ordonnance n° 03-05 du 19 juillet 2003 relative aux droits d'auteur et aux droits voisins : « Le
coupable du délit de contrefaçon d'une œuvre ou d'une prestation, tel que prévu aux articles 151 et 152 ci-
dessus est puni d'un emprisonnement de six (6) mois à trois (3) ans et d'une amende de cinq cent mille (500
000 DA) à un million (1.000. 000 DA) de dinars que la publication ait lieu en Algérie ou à l'étranger ».
Terminologie juridique Farid OUABRI / Rym HADDADI / Sabrina CHERIF / Fella
MAHCHAM
Faculté de droit / Université d’Alger 1 / 2020-2021 Sections 5 et 6
Sami A. Aldeeb Abu Sahlieh, Droit musulman et modernité : diagnostiques et remèdes,
Éditions Centre de droit arabe et musulman, 2014.
Terré F., Introduction générale au droit, Dalloz, 9ème éd., 2012.
Velaers J., Foblets M.-C., « L’appréhension du fait religieux par le droit – À propos des
minorités religieuses », Revue trimestrielle des droits de l’Homme, n° 30, 1997, pp. 273-307.

7
Art. 153 de l’ordonnance n° 03-05 du 19 juillet 2003 relative aux droits d'auteur et aux droits voisins : « Le
coupable du délit de contrefaçon d'une œuvre ou d'une prestation, tel que prévu aux articles 151 et 152 ci-
dessus est puni d'un emprisonnement de six (6) mois à trois (3) ans et d'une amende de cinq cent mille (500
000 DA) à un million (1.000. 000 DA) de dinars que la publication ait lieu en Algérie ou à l'étranger ».

Vous aimerez peut-être aussi