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© Lavoisier | Téléchargé le 30/09/2021 sur www.cairn.info via Université de Strasbourg (IP: 130.79.246.180)
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Suite au Pacte écologique de Nicolas Hulot, le candidat Sarkozy s’est engagé
pendant la campagne des présidentielles en avril 2007 à faire « un Grenelle de
l’environnement » auquel seraient invitées notamment les associations de pro-
tection de la nature et de l’environnement (dont FNE, Greenpeace, WWF, FNH).
Le 22 juillet 2007, FNE et ses associations membres, notamment la Ligue ROC
et la Ligue de protection des oiseaux (LPO), mettaient sur la table un cahier de
propositions 1 pour le Grenelle, relançant un processus qui paraissait très
compromis.
Le Grenelle de l’environnement s’est concrétisé par six groupes de travail et des
comités opérationnels (des groupes complémentaires, sur les déchets et les OGM,
ont été créés dans un second temps), auquel FNE a bien sûr activement participé.
Pour FNE, ce Grenelle a été un événement majeur. Il a permis la rencontre entre
des acteurs qui ne se parlent pas souvent ou peu, un processus de négociation
multi-acteurs qui a abouti à un consensus partagé et validé par les acteurs,
malgré le constat de divergences sur certains sujets (le nucléaire notamment).
Cela a également abouti à une meilleure reconnaissance de FNE comme inter-
locuteur crédible : une force de propositions. Il faut souligner que pour le Gre-
nelle et les projets de loi qui en ont découlés, FNE s’est jointe à la LPO, la Ligue
ROC et la Fondation Nicolas Hulot au sein d’une « veille commune », plateforme
qui a permis à ces quatre organismes d’élaborer des positions communes pour
accroître leurs poids.
1. http://www.fne.asso.fr/cahierdepropositionfnegrenelle.pdf
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Dès le projet de loi, on retrouve pourtant un certain nombre d’idées que FNE
avait poussées lors du Grenelle. On peut citer notamment le réseau écologique
national, baptisé Trame verte et bleue (art. 120 et s. de la loi Grenelle 2), le
label agricole HQE, devenu la certification Haute Valeur Environnementale
(art. 109 de la loi Grenelle 2), la prise en compte de l’air intérieur (art. 180 de
la loi Grenelle 2), la taxation des plus-values immobilières liées à la réalisation
d’axes de transports en commun (art. 64 de la loi Grenelle 2) ou encore l’obli-
gation de bandes tampons le long de tous les cours d’eau (art. 138 de la loi
Grenelle 2).
LE TRAVAIL PARLEMENTAIRE :
DU PROJET DE LOI AUX CINQ « PETITES LOIS »
Pour FNE, cette loi était une étape majeure. La fédération a donc eu à cœur de
participer à toutes les étapes de la construction de la loi.
Pour cela, elle a participé à de nombreuses auditions, par les commissions par-
lementaires saisies au fond et pour avis et par l’ensemble des rapporteurs, par
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les groupes politiques, par une dizaine de sénateurs et une trentaine de députés
et enfin par le cabinet du ministère de l’Ecologie, par certains services ministé-
riels et par la coordinatrice gouvernementale du projet de loi.
Afin de faire évoluer le texte, FNE s’est lancé dans la rédaction de plus de
200 amendements. Elle a échangé sur ces amendements avec les parlementai-
res et le ministère de l’Ecologie.
Mais consciente que d’autres lobbies en faisaient autant, avec peut-être plus de
poids, FNE a également procédé à une analyse des amendements déposés (ils
sont mis en ligne avant les débats), afin de repérer les plus dangereux et d’alerter
les parlementaires. Elle a également envoyé suite à cette analyse des amende-
ments rectificatifs, des contre-amendements et des sous-amendements.
Afin de voir le résultat de ces efforts et de pouvoir réagir très rapidement dans
la presse si nécessaire, les salariés et bénévoles de FNE ont suivi les débats
parlementaires lors de l’examen devant les différentes commissions et en séance
publique.
Les médias sont un outil de lobbying crucial pour les associations, car défendant
l’intérêt général, elles ont tout intérêt à la transparence. Des communiqués de
presse réguliers ont ainsi permis à FNE de montrer son soutien à des amende-
ments positifs et à dénoncer des amendements négatifs, ce qui peut influencer
les débats suivants.
Par ailleurs, consciente que l’union fait la force, FNE a collaboré sur des sujets
communs avec des acteurs sociaux avec qui elle a habituellement peu d’inte-
raction, comme par exemple avec le monde agricole sur la question de la pré-
servation de l’espace rural (comme la FNSEA pour le retour de l’application de
la loi Littoral aux lacs de montagne de 1 000 hectares).
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Ceci a prouvé une réelle capacité d’une association à porter de nouvelles idées
au Parlement et à ouvrir de nouveaux débats. Comme exemple de suggestions
de FNE non reprises mais débattues, on peut citer la reconnaissance des sols,
les espaces de continuité écologique, le suivi des actions correctrices des étu-
des d’impact, l’amélioration de l’efficacité de la loi Littoral et la majoration des
péages en zones sensibles. Il est à espérer que ces débats entamés lors de
l’examen de la loi Grenelle 2 trouveront une conclusion dans d’autres textes.
Plusieurs amendements importants de FNE ont été repris dans la loi. Le droit de
l’affichage publicitaire construit par les associations, l’extension de l’obligation
de bilan des émissions de GES, la répression de la publicité illicite pour les
produits phytopharmaceutiques et la publicité des condamnations liées, les
sanctions administratives pour l’élimination des déchets de produits phytophar-
maceutiques, l’information sur le dossier de demandes d’autorisation de mise
sur le marché, l’interdiction de l’épandage aérien, la répression de la tentative
d’atteinte à une espèce protégée, l’extension de la verbalisation en matière de
loisirs motorisés, la prise en compte des macrodéchets dans la définition de la
pollution marine, la possibilité pour les APNE de poursuivre en justice les publi-
cités trompeuses et les pratiques environnementales déloyales. Ces avancées
sont loin d’être négligeables.
Globalement, on peut noter qu’une association telle que FNE a un vrai poids en
tant que force de proposition, mais qu’il lui est nettement plus difficile de peser
dans la balance lors de conflits, de contrebalancer l’influence d’autres lobbies
quand les intérêts de ces derniers sont en jeu.
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œuvré en ce sens mais n’a obtenu qu’un résultat mitigé. Le retour de l’application
de la loi Littoral autour des lacs de montagne de plus de 1 000 hectares est un
succès considérable, qui permettra de lutter contre l’urbanisation galopante de
ces zones 2.
Cependant, l’interdiction de construire dans la bande des 100 mètres reste tou-
jours inapplicable sur les rives des chenaux et étiers, voies de pénétration des
eaux marines à l’intérieur des terres 3.
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