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Publié le 26 mars 2009(Mise à jour le 21/11)

Par Samuel Sahagian

Si le grain ne meurt
Jean 12,20-33.

« Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il
porte beaucoup de fruit », dit Jésus à ses disciples quelques jours avant sa mort.
Dans cette parabole du grain de blé, ce qui est étrange, c’est que la mort est
racontée principalement comme un processus de vie, une production de vie. Il y a
donc un évangile pour nous, une bonne nouvelle, une promesse de vie dans cette
parabole.

Un évangile étrange, certes, paradoxal, difficile, qui conteste notre incrédulité.


Bien sûr, Jésus parlait de lui-même. Car le grain de blé, c’est lui ; c’est sa vie et sa
mort. Une mort offerte, comme sa vie a été offerte. Vivre, pour Jésus, c’est être
semé en terre, se laisser entamer, ouvrir, éclater. Dépenser sa vie sans compter,
sans économiser, sans se protéger. Vivre, pour Jésus, c’est, comme pour le grain
de blé qui meurt pour vivre, se laisser travailler, imprégner, habiter, éclater par
les forces de vie qui le sollicitent lorsqu’il tombe en terre. L’évangile du grain de
blé est donc d’abord et avant tout un appel à vivre plus généreusement, à
dépenser notre vie, à ne pas l’économiser par égoïsme, par peur de la mort, par le
calcul du temps si court de vivre. Justement, le temps est court, vivez à plein, à
fond, nous dit Jésus. Eclatez-vous comme le grain de blé. Faites le pari de la vie
victorieuse, de la vie éternelle plus forte que la mort. Ouvrez vos cœurs, vos
portefeuilles, vos maisons. Vivez pour les autres. Faites le pari de la foi, de la
confiance en la fidélité éternelle du Dieu qui vous aime.

Nous sommes appelés à suivre Jésus sur ce chemin d’offrande de la vie. Le


mystère de chacune de nos vies n’est autre que le mystère de Jésus. La mort
même de Jésus est devenue un grain de vie pour nous. Et la résurrection de Jésus
notre résurrection déjà sur cette terre, déjà en notre vie. La vie est un don de
Dieu. Nous sommes appelés à suivre, sur ce chemin d’offrande de la vie, notre
Maître, notre Seigneur Jésus-Christ. Nous sommes appelés par l’apôtre Paul, en
Philippiens 2, à suivre le Christ : « Comportez-vous comme on le fait en Jésus-
Christ, dit Paul, lui qui s’est dépouillé, qui s’est vidé jusqu’à la mort. C’est
pourquoi Dieu l’a élevé. »

L’évangile de la parabole du grain de blé me rappelle à la fois que c’est de la vie


de Jésus que je vis aujourd’hui, et à la fois qu’il y a une grande espérance
prononcée sur ma propre vie. Nous qui sommes tombés en terre, nous portons
beaucoup de fruit, à notre insu, mystérieusement, alors même que nous mourons,
alors même que notre vie se consume. La croix de Jésus devient le passage vers
notre résurrection. Jésus s’est donné à nous et nous appelle à notre tour à vivre
autrement.L’Esprit de Dieu nous aide à recevoir cet appel comme un évangile qui
nous nourrit, mais aussi qui nous interpelle : Si le grain ne meurt…

Décryptages

/Donner sa vie par amour/. En annonçant sa mort prochaine à ses disciples,


Jésus annonce ici sa victoire sur la mort, la promesse de sa résurrection.
L’évangile de Jean utilise souvent le mot de glorification à propos de cette mort
de Jésus. Avant de parler du grain de blé qui meurt pour porter beaucoup de fruit,
Jésus dit en effet à ses disciples : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit
être glorifié. » Glorification, car la mort de Jésus sera un passage vers sa
résurrection, vers notre résurrection, vers sa victoire sur la mort, pour lui et pour
chacun de nous : « Celui qui croit à la vie éternelle… il est passé de la mort à la
vie. » (Jean 5,24). Ce qui est sous-entendu constamment ici, c’est que la mort de
Jésus sur la croix est un don de vie pour nous, un don d’amour créant la vie, la vie
pour l’éternité. Dans sa vie comme dans sa mort sur la croix, Jésus nous donne de
vivre, comme le grain de blé meurt pour donner sa vie, et porter beaucoup de
fruit. En recevant cette vie d’amour en nos vies, nous pourrons alors aimer nous
aussi et donner cette vie reçue aux autres : « Nous avons connu l’amour, en ce
qu’il a donné sa vie pour nous ; nous aussi, nous devons donner notre vie pour les
frères. » (1 Jean 3,16).
S. SA.

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