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Depuis les années 90, les Projets Intégrées de Conservation et Développement ont été
présentés comme des modèles fonctionnels de développement durable pour un site spécifique
dans une perspective de projet. Ils veulent intégrer les objectifs biologiques de la conservation
aux objectifs sociaux et économiques du développement. Le bilan des résultats pratiques de ces
stratégies montre qu’elles n’ont pas toujours été capables d’intégrer la conservation et le
développement.
Dans des contextes naturellement hétérogènes et dynamiques, la planification ne peut
plus être un outil statique mais doit évoluer au rythme de la nature et des sociétés. Dans ce sens,
l’approche de gestion des communautés et biotopes, basée sur les conditions spécifiques locales
et sur la dynamique de la communauté, la gestion et le suivi constant des communautés et
biotopes pour mieux les préserver. La prise en compte du savoir écologique traditionnel des
communautés locales est d’une importance vitale pour assurer le bon fonctionnement des
stratégies voulant intégrer cet outil de gestion. Dans le contexte africain, cette approche pourrait
aussi permettre d’obtenir l’engagement des acteurs locaux, à travers leur participation à des
projets précis et ce, dans une perspective d’apprentissage et de bonne gouvernance
environnementale à long terme.
V.1. Délimitation, typologie et caractéristiques des communautés et biotopes
V.1.1. La communauté, les réseaux trophiques et biotopes
Une communauté (ou une biocénose) concerne les populations de différentes espèces
vivant dans un environnement donné et qui présentent des interactions entre elles, formant
ensemble un système vivant avec ses propres composition, structure, relations
environnementales, développement et fonctions (Whittaker, 1975 ; Price, 1984).
Un exemple pourrait être l’ensemble des espèces présentes dans les hêtraies du Bois de
Lauzelle. En d’autres termes, il s’agit de l’ensemble des êtres vivants d’un même biotope,
autrement appelé biocénose.
Les niveaux trophiques représentent des sous-ensembles d’espèces qui acquièrent leur
énergie de façon similaire, tels que les producteurs primaires, herbivores, carnivores primaires,
décomposeur,…etc.
Les chaînes ou réseaux trophiques décrivent les relations de matière et d’énergie à
l’intérieur des communautés.
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Chapitre V. La gestion des communautés et biotopes
Le biotope est un lieu de vie délimité géographiquement dans lequel les conditions
environnementales sont homogènes (sol, température, humidité…) comme une forêt de hêtres,
une prairie pâturée, un champ de colza.
Le terme habitat se réfère exclusivement aux espèces animales, ce concept plus flou
désigne l’ensemble des biotopes nécessaire pour réaliser le cycle de vie (nourriture, abri,
reproduction). Ainsi l’habitat pour la cigogne noire englobe à la fois des ruisseaux et prairies
humides pour se nourrir (surtout de batraciens) et des forêts à arbres d’envergure pour nidifier.
V.1.2. Délimitation
L’étude des biocénoses s’est souvent limitée à l’étude des végétaux, vu qu’ils
constituent l’essentiel de la biomasse et qu’ils imposent au paysage un aspect caractéristique,
de plus les végétaux sont des organismes plus faciles à inventorier et à délimiter que les animaux
ou les microorganismes, c’est pour cette raison que les premiers travaux sur la délimitation des
biocénoses ont été réalisés par des botanistes pour délimiter les différentes phytocénoses. Pour
la délimitation des zoocénoses la tâche est plus complexe vu que ces dernières peuvent avoir
des caractéristiques spécifiques qui compliquent ce travail de délimitation car en effet les
zoocénoses peuvent être périodiques et n’apparaissent que durant une période donnée, elles
peuvent aussi être constituées d’organismes capables de se déplacer d’un endroit à un autre.
Pour délimiter les phytocénoses le premier travail à effectuer consiste à rechercher des
milieux homogènes dans lesquels un inventaire des diverses espèces est réalisé, et ainsi on peut
établir plusieurs indices
1- L’indice d’abondance dominance correspond à l’importance de l’espèce sur le terrain.
Les botanistes utilisent souvent une échelle approximative pour décrire l’abondance en
attribuant un indice.
2- L’indice de sociabilité rend compte du degré de groupement des individus de 1 pour
les individus isolés à 5 pour les individus très fortement groupés.
3- La fréquence correspond au pourcentage des individus d’une espèce par rapport au
total des individus de toutes les espèces. Cet indice est divisé en cinq classes, la classe I
renferme les espèces dont la fréquence est entre 0 et 20% et la classe V celle dont la fréquence
est comprise entre 80 et 100%.
4- La constance exprime sous la forme de pourcentage le rapport entre le nombre de
relevés contenant l’espèce et le nombre total de relevés. Les espèces constantes se trouvent dans
plus de 50% des relevés ; les espèces accessoires dans 25 à 50% des relevés et les espèces
accidentelles dans moins de 25%.
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Chapitre V. La gestion des communautés et biotopes
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Chapitre V. La gestion des communautés et biotopes
par le MEER. Les résultats de ces études ont permis d’améliorer sensiblement le niveau de
connaissances sur ces habitats spécifiques, notamment la description et la caractérisation, la
cartographie des habitats clés, l’identification des espèces patrimoniales, les pressions et les
menaces et des recommandations de gestion sont formulées dans ces documents d’analyse.
Dans de nombreux cas cependant, les ressources à disposition ne permettent pas
d’entreprendre une description aussi précise, qui peut donc être remplacée par une approche
consistant à se référer à une typologie des principaux biotopes, basée sur la classification des
milieux naturels.
Quant aux communautés animales, elles sont délimitées de différentes manières, par
exemple en fonction :
- De critères taxonomiques (communauté de papillons),
- De critères fonctionnels (oiseaux insectivores),
- De critères d’habitat et d’appartenance à un réseau trophique (faune d’un étang,
insectes coprophages).
Contrairement au cas des communautés végétales, pour lesquelles des méthodes de
classification et de cartographie standard ont été développées, les communautés animales sont
caractérisées par une multiplicité des approches et une absence de typologie.
La seule constante dans l’approche des communautés animales est que celles-ci sont
généralement décrites par des listes d’espèces, des distributions d’abondances et des indices de
diversité (Shannon, Simpson, nombres de Hill) ou d’équitabilité.
Selon l’approche, les nombres d’espèces seront également groupés par fonction
trophique (détritivores, phytophages, prédateurs) ou selon d’autres critères pertinents pour
l’analyse envisagée (classes de sensibilité à la pollution,…etc.).
A titre d’exemple l’étude mené par (FARHI et BELHAMRA) en 2012 sur la typologie et
la structure de l’avifaune des Ziban (BISKRA,ALGERIE), Le suivi de l’Avifaune des Ziban
durant 05 années successives de 2006 à 2010, a permis d’inventorier 136 espèces réparties en
18 ordres et 44 familles.
Du point de vue statut phénologique, l’avifaune des Ziban compte 47 espèces nicheuses
sédentaires, 56 visiteuses de passage, 19 espèces hivernantes, 13 espèces migratrices nicheuses
et une espèce nicheuse accidentelle. Le statut biogéographique est dominé par les éléments
paléarctiques (42 espèces), il est suivi par les espèces éthiopiennes (17 espèces). Par contre,
l’avifaune strictement méditerranéenne est représentée par seulement 07 espèces. La transition
entre le domaine méditerranéen et le saharien de la région de Biskra est confirmé par la présence
de 11 espèces sahariennes sur les 24 espèces notées en Algérie.
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Chapitre V. La gestion des communautés et biotopes
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Chapitre V. La gestion des communautés et biotopes
biotopes dans un certain état ou encore à favoriser des processus naturels (inondation, feux,
successions végétales,…etc.). Par contre, les processus évolutifs (variabilité génétique,
spéciation,…etc.) ainsi que la plupart des processus écologiques (effets climatiques, cycles
biogéochimiques,…etc.) ne peuvent être soumis à une gestion ponctuelle.
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Chapitre V. La gestion des communautés et biotopes
En dehors des marges de manœuvre décrites ci-dessus, les autres facteurs influençant la
diversité, par contre, ne sont guère maîtrisables. Dès lors, la biodiversité à l’échelle locale ne
peut être que partiellement contrôlée. La conséquence de ce constat est qu’il est prioritaire de
maintenir autant que possible les processus naturels et le potentiel évolutif qui en découle.
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Les indicateurs de pression expriment le degré de menace qui pèse sur la biodiversité
en mesurant le changement de niveau de différents facteurs de menace ou de pression. Pour
cette catégorie aucun indicateur de la diversité génétique n’a été retenu pour l’instant.
Les indicateurs de réponse mesurent l’intensité des mesures prises en faveur de la
préservation de la biodiversité. Ici également, aucun indicateur génétique n’a été retenu. D’autre
part, comme pour les indicateurs de pression, les indicateurs relatifs à la diversité spécifique et
des biotopes tendent à se confondre dans cette catégorie.
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