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Relations internationales

08/10/2014

Introduction
Première période : 1815-1870.

Seconde période : 1870-1914. Cette phase est caractérisée par la suppression


du système de Vienne et la mise en place d'alliances antagonistes. L'Europe est
désormais régulée par ce système d'alliance dont un des débouchés est la
première guerre mondiale.

Troisième phase : l'entre-deux guerre non européen. Formation du Moyen


Orient. Effets de cette première tentative de régulation de la SDN.

Quatrième phase : la guerre froide

Cinquième phase : la période post guerre froide, le monde « apolaire » comme


l'a appelé Badie.

Examen de deux heures, plusieurs sujets au choix (répondre à 2 des 3


questions posées), répondre sous forme de petites dissertations analytiques.
L'an dernier :
1. Le rôle des instances et organisations internationales (19 et 20ème)
2. La globalisation est-elle un facteur de pacification des relations
internationales ?
3. Les effets pacificateurs des alliances (19ème/20ème)

I. « Relations internationales » et « vie internationales »

Les phénomènes qui caractérisent notre monde sont-ils les vecteurs


d'une capacité à entrer en raisonnance avec le monde extérieur et la réalité
internationale ? A partir de quand, et pour quelle raison, le monde a-t-il
commencé à vivre cette phase d'unification que nous vivons à notre époque ?
La globalisation est-elle due aux réseaux sociaux, aux médias et à la langue
anglaise ? Il faut relativiser très fortement cette idée d'unification.

Le système international a plusieurs significations. Il part de l'idée que


les relations entre les acteurs de l'international construisent un système. Ce
système n'est pas toujours pacifique : entre 1870 et 1914, se créent des
systèmes d'alliances défensifs voire même offensifs. Un système international
ne tend pas toujours vers la paix mais vers une régulation de la vie
internationale.

Il y a un danger auquel les relations internationales dans la science


politique n'échappent pas : la téléologie. La téléologie est le fait pour une
discipline des sciences sociales qui explique un état présent à partir des
éléments antérieurs qui y mènent de façon déterministe. Autrement, c'est
partir d'un résultat et l'expliquer en opérant une sélection dans les événements
antérieurs, sélection qui va laisser de coté tout ce qui va à l'encontre du
résultat et qui sélectionne ce qui va dans le sens du résultat. Par exemple, dire
que la première guerre mondiale est le résultat des systèmes d'alliance.

II. Comment étudier l'international ? De l'Histoire diplomatique au


« constructivisme »

Le fait d'étudier l'international n'est pas nouveau. Bien avant que les
sciences sociales ne naissent, que l'Histoire au sens de la discipline
académique n'apparaisse,les entourages politiques des souverains, des chefs
d'Etat, ont répertorié, consigné l'action des Etats pour lesquelles ils
travaillaient. Ils ont donc consigné les faits et gestes, les actions du souverain
dans le cadre de la principauté, du royaume, mais aussi dans les relations
entre les différents Etats. Dans cette première configuration, la tendance
dominante était ce que l'on peut appeler une « chronique » (chronos = le
temps) c'est le fait de marquer sur une échelle de temps l'acte, la survenance
d'un phénomène. Ces personnages que l'on appelait les « historiographes »
privilégiaient les déplacements des souverains (quand ils se rendaient en
ambassade), les mariages, les naissances, tous les éléments de la vie princière
et royale ont été fondamentales. Ces historiographes tenaient la chronique,
chronique d'autant plus simple que c'était la vie quotidienne des souverains qui
menaient la vie politique.

Dans ce cadre là, on estime que c'est à partir du 15ème siècle que naît la
diplomatie moderne. La diplomatie moderne, c'est le fait qu’un Etat envoie des
représentants permanents dans un autre Etat pour le représenter.
Contrairement à une vision sociologique allemande, cette vision est née en
Espagne et en Italie. Ce sont les premiers Etats qui ont inventé la diplomatie
moderne.Il y a une remontée de cette modernité diplomatique et les pays
protestants vont adopter cette diplomatie moderne. Cette diplomatie moderne
est relativement ancienne en 1815. Dans cette configuration, les
historiographes vont se mettre à tenir la chronique des déplacements du
souverain mais de plus en plus ils vont tenir la chronique de ceux qui sont
désormais les représentants permanents. On passe de la diplomatie
personnelle et temporelle du prince à une diplomatie abstraite et permanente.
L'historiographe tient chronique de l'ambassadeur qui représente le prince et
incarne l'Etat. Ce sont des actes écrits que les Etats signent les uns auprès des
autres, ces actes sont signés par les ambassadeurs en général. C'est ceci qui
tisse l'international. Les historiographes font l'Histoire des actes que les Etats
signent entre eux. Ces actes s'appellent les « diplômes »,c'est pourquoi on les
appelle des diplomates. Les historiographes écrivent donc l'Histoire
diplomatique.

Dans cette phase qui va jusqu'au 19ème siècle, la période diplomatique


de l'international (15ème-19ème) est une science. Les Nations Unis ont hérité
de cette fonction de diplomatique. Lorsque les sciences sociales se sont
intéressées à ce qui faisait les relations internationales, elles se sont focalisées
en premier lieu sur ces documents. C'est la raison pour laquelle le premier
regard sur l'Histoire internationale a été sur l'Histoire diplomatique. Cela a été
comme cela jusque dans les années 1960 où les universitaires de la Sorbonne,
sous l'influence de la science politique américaine, ont commencé à
s'intéresser à autre chose que les documents écrits.

Il y avait un glissement fort qui était opéré sous l'influence de la science


politique américaine. Pierre Renouvin et Jean Baptise Duroselle ont pensé
l'analyse des RI était axées autour de deux éléments : ce qu'ils appellent
« l'homme d'Etat » (c'est à dire le « décideur ») et ce qu'ils appellent « les
forces profondes ». Pour eux, le fonctionnement des RI était une tension
dialectique, un rapport permanent de force entre ces deux éléments qui étaient
en quelque sorte encastrés. L'analyse des RI ce n'est plus la succession des
rapports écrits mais cette tension entre ces deux éléments. Cela est articulé
autour de l'ide que l'homme d'Etat peut, ou ne peut pas, s'imposer, maîtriser
les forces profondes. Les forces profondes renvoient à 4 réalités :
● La géographie
● La démographie : facteur décisif et caractéristique centrale des forces
profondes
● L'économie
● L'opinion publique
Pour eux, c'est l'assemblage représenté par ces 4 réalités qui constitue un
environnement qui s'impose, ou pas, au décideur. Pour eux, il faut prendre
dans le passé toute une série de crises ou d'événement internationaux pour
voir comment ces deux éléments s'affrontent. Cette vision a fondé une école
qui est celle de « l'école de la décision ».

Aujourd'hui, les historiens et politistes ont depuis une 20 aine d'années


pris du champs avec l'école de la décision, et désormais, valorisent tout ce qui
est dépassement des Etats, valorisant le transnational, non gouvernemental,
rôle des acteurs privés à l'international ainsi que toute la dimension culturelle.
Cependant, ils oublient le rôle majeur du religieux dans le transnational. Cette
troisième phase a été marquée par un élargissement direct de l'approche des
relations internationales. Lorsque Duroselle étudie les relations internationales,
il s'intéresse à l'organisation de l'Etat, à l'économie mais pas aux acteurs.

La quatrième évolution est le regard que portent les politistes et certains


théoriciens. Il y a deux approches dominantes chez les internationalistes
théoriciens : ils voient la réalité internationale au travers d'un prise où il y a les
réalistes et les constructivistes. Il y a là deux paradigmes dominants.
Les réalistes abordent les RI comme le lieu où s'affrontent principalement
les intérêts particuliers et les soifs de puissance des Etats. Ils estiment que les
Etats primes, encore aujourd'hui.
Les constructivistes considèrent à l'inverse que les Etats ne sont pas les
éléments les plus importants et qu'il faut étudier les objets ou les phénomènes
immatériels, ce que l'on peut appeler en sociologie « des faits sociaux ». Les
faits sociaux doivent être étudié dans une perspective transnationale
(indépendamment des Etats). Cette approche est très intéressante et au delà
des phénomènes, ils mettent l'accent sur les croyances, les perceptions des
acteurs.

Les façon d'appréhender les relations internationales sont donc très


variées, mais il n'y a pas une façon mieux qu'une autre. Pour les réalistes et
les constructivistes, l'école de la décision est une vieillerie qu'ils ont mise de
côté. Seule une vision globale qui récapitulerait tout ceci serait à même
d'approcher ce qu'est la réalité internationale.

III. Les trois grandes séquences du XIX siècle international : 1815-


1850/1850-1870/1870-1914
Chapitre 1 : Vienne 1815 : la naissance du « concert
européen », stabiliser la vie internationale
I. 1815 : une victoire des peuples européens contre Napoléon ?

La France à cette époque est l'objet de deux défaites militaires


successives qui sont la victoire de troupes coalisées (des coalitions se sont
formées en Europe contre Napoléon). Ces victoires n'ont pas seulement été les
victoires des armées des souverains. En effet, ces victoires ont été
l'aboutissement d'un processus long d'une durée de deux décennies qui ont vu
les peuples européens se mobiliser face aux invasions françaises (qui ont
débuté au milieu des années 1790 lorsque la République française entend
poter la révolution en Europe). A l'apogée de l'extension de la France en
Europe, elle compte 130 départements. A cette France du premier empire, il
faut ajouter les Etats vassaux : Espagne, Italie, Allemagne Occidentale. En
Espagne et en Italie, Napoléon Premier a placé ses frères ou ses cousins, en
Allemagne Occidentale il s'est allié avec des princes. L'un des effets
paradoxaux de la Révolution française a été que cela a généré des réactions
nationalistes dans des pays où cette idéologie nationaliste n'existait pas. La
première phase de l'occupation française était à but révolutionnaire. Ensuite, la
poursuite des guerres a entraîné des réactions nationalistes extrêmement
vigoureuses : Allemagne, Espagne, Russie.

En 1806, l'armée prussienne est battue. C'est un traumatisme national


car toute la structure du royaume prussien était articulé autour de la puissance
militaire. Cette défaite de Yena est à l'origine d'un mouvement de réformes, de
réaction de l'Etat mais aussi d'éveil national. Il y a une double réaction : une
de nature politique (l'Etat tente de se réformer) mais aussi un éveil des
différents peuples germaniques. Le phénomène le plus emblématique de cet
éveil réside dans une série de conférences réalisées par un philosophe appelé
Johann Fichte. Il va élaborer une vision nouvelle de ce que doit être la nation
allemande. Ses conférences sont ensuite publiées sous le titre de Discours à la
nation allemande qui reste un grand classique de la vision de l'Allemagne
future. A l'époque, la capitale de la Prusse était Berlin. Fichte exalte non pas la
Prusse, mais le peuple allemand. Pour lui, ce peuple allemand existe déjà c'est
ce qu'il appelle le urvolk. Pour lui, les structures politiques de son temps ne
correspondent pas à la réalité culturelle qui est l'existence d'un peuple
allemand avec une identité culturelle très forte qui a été polluée, parasitée.
Pour lui, ce urvolk doit se débarrasser des influences étrangères. C'est dans le
cadre de la Prusse que la nation allemande a été pensée. Ce discours et le
grand acte fondateur du nationalisme allemand. Le second sera l'unification de
l'Allemagne en 1871. Cette vision du peuple allemand s'insère dans un cadre
politique et géographique d'immense morcellement.

L’Espagne en 1808 est conquise par Napoléon. Il place à la tête du


royaume Joseph Bonaparte, son frère. Cette intervention française va
provoquer une réaction nationaliste. En mai 1808, il y a un soulèvement à
Madrid et c'est le début d'une guérilla. C'est une guerre dans laquelle les
populations espagnoles vont se mobiliser. La dynastie espagnole y trouve un
renfort de légitimité mais cette guerre témoigne surtout d'une adhésion
populaire à la nation.

L'intervention armée extérieur provoque de la mobilisation sociale


intérieure.

La campagne de Russie en 1812 déclenche tout un mouvement de réaction de


la part de la paysannerie russe qui déclenche une guérilla contre la grande
armée. C'est un moment de cristallisation nationale que la structure de la
monarchie russe va utiliser comme un renfort de légitimité.

A la suite de ces événements, les souverains européens font former une


coalition contre Napoléon en menant une propagande très active contre la
France. Entre 1812 et 1815, les principaux souverains vont présenter les
combats contre le souverain français comme des guerres d'indépendance. C'est
dans ce contexte qu'à lieu en octobre 1813 l'affrontement entre les troupes
françaises et une coalition de prussien, autrichiens, russes et suédois. La
propagande de la coalition met en avant qu'il s'agit d'un soulèvement des
peuples contre l'invasion et les désastres causés en Europe à cause de
Napoléon Premier : c'est la bataille des Nation (=Völxerschlacht)

II. Les négociations de Vienne (1814-1815) : un nouvel ordre européen ?

Après la défaite française, les puissances victorieuses se réunissent à


Vienne. Les souverains en personne vont s'y rendre et à cette occasion
émergent des personnalités très fortes qui vont incarner la nouvelle diplomatie
et la nouvelle vision du monde européen : Castlereagh et Wellington pour les
Anglais, Metternich pour l'Australie, Hardenberg pour la Prusse, Nesselrode
pour la Russie et Talleyrand pour la France. La conférence va durer plus de 8
mois et sera une négociation globale. L'objectif est de mettre un terme à 20
années de guerre ainsi que de rebâtir un système international pacifique et
stable. L'acte final de Vienne est signé le 9 juin 1815.

Le premier effet de cette conférence est un redécoupage des frontières


entre les pays européens. D'autre part, les négociateurs souhaitent réorganiser
les relatons entre les Etats sur de nouvelles bases. Ils souhaitent revenir à des
principes d'équilibre. C'est ainsi qu'à Vienne est mis en place un nouveau
système européen qui va s'appeler le « concert européen ». Cette métaphore
musicale est utilisée car un concert est le résultat d'un travail fait par un
orchestre qui travaille en harmonie.

Trois éléments caractérisent ce « concert européen ».


● Le premier principe est celui d'équilibre des puissances. C’est l'idée
qu'aucune puissance ne doit avoir d'avantage ou de gains territorial ou
militaire qui soit manifeste ou manifestement supérieur par rapport aux
autres. Il doit y avoir une forme de proportion de puissance, proportion
territoriale, proportion militaire. Dans les négociations, les puissances
vont prendre garce à s'accorder des gains mutuels ce qui est un principe
absolument novateur. C'est un équilibre entre les puissances victorieuses
ainsi qu'avec la France.
● Le second élément est la volonté de créer des structures de négociation
et des procédures de négociation. La diplomatie était juste les usages
des Etats entre eux. Les négociateurs inventent des processus, des lieux,
des formes de discussion totalement innovants.
● Le troisième point est que les signataires reconnaissent des valeurs
communes qui sont censées inspirer la nouvelle diplomatie. L'une de ces
valeurs est l'identité de l'Europe : le Christianisme. Un autre héritage
sera reconnu, qui s'est idéologiquement confronté au Christianisme, c'est
les pensées des lumières.

L'Europe de 1815 est réactionnaire : c'est une réaction idéologique et


politique qui revient à l'Ancien Régime. Cependant, Vienne est quelque chose
de nouveau qui n'a rien à voir avec Westphalie. Le système de Vienne a fasciné
les diplomates et les grands politologues aux Etats Unis lors de la Guerre
Froide. En 1954, Kesinger écrit une thèse sur le système de Vienne.

III. La nouvelle carte de l'Europe et les intérêts géopolitiques des


grandes puissances

Le pays qui a su le mieux faire prévaloir ses intérêts est la Grande


Bretagne. La Grande Bretagne a un talent durable de la diplomatie : sans
continuité territoriale et présence physique sur le continent Européen, une
diplomatie active est très difficile mener et la Grande Bretagne y arrive malgré
tout.

Le Premier Ministre britannique William Pitt formule en 1804 les objectifs


de politique étrangère britannique. Ils vont demeurer en partie des objectifs en
1815. Il faut restreindre la puissance française, ramener la France à ses limites
antérieures à la Révolution. Les territoires que la France allait restituer,
notamment eux du Rhin, devaient former une barrière neutralisée afin
d’empêcher une nouvelle expansion territoriale. Enfin, l'idée d'un accord
général de garantie et de sécurité, qui serait signé entre toutes les parties
prenantes pour garantir les nouvelles frontières et la stabilité : c'est Vienne. Il
est le premier à l'avoir publiquement formulé.

Tous ces principes sont ratifiés un an avant Vienne. L'origine de la


Hollande et de la Belgique, Etats-croupion, vient de cette volonté de former
une barrière neutralisée. Créer une confédération germanique regroupant les
territoires allemand, afin d'éviter l'émiettement de la population allemande.
Proposer une structure politique des pays germanique. La création d'une
confédération Suisse.

L'équilibre des puissances est appliqué à Vienne. La Russie et la Prusse


ont eu des ambitions expansionnistes, et les autres pays (Autriche et Grande
Bretagne) leur accorde des biens territoriaux car pour eux cela ne crée pas de
déséquilibre.
La Russie avait acquis la Finlande en 1807 et la Baie Sarabie. Vienne est
un congrès chrétien. La Russie souhaitait aussi recevoir l'intégralité de la
Pologne. De son coté, la Prusse souhaitait que soit reconnu par ses partenaires
à Vienne son ascendant dans la zone balkanique (où il y a influence russe et
autrichienne) et dans la future confédération germanique. Le royaume de
Prusse est bientôt la puissance dominante.

La France est admise au nom du principe d'équilibre des puissances. Cela


signifie qu'il n'y a pas de volonté d'humilier. Ceci est dû à la modération des
puissances victorieuses mais aussi au talent de Talleyrand d’être un bon
diplomate puisqu'il va négocier avec l'Autriche et la Grande Bretagne pour
obtenir une place qui n'était pas prévue et pour modérer les appétits russes
sur la Pologne. Il parvient à convaincre l'Autriche et la Grande Bretagne que le
danger pour l'Europe ne viendra plus de la France mais de la Prusse et de la
Russie à cause de leurs soif d’expansion.

Une conférence comme Vienne c'est 5 visions du monde totalement


différentes, mais qui débouche sur des accords et un nouvel ordre
international.

La Prusse acquiert à Vienne la reconnaissance qu'elle souhaitait. Elle


reçoit une petite partie de la Pologne et un bout de l'Allemagne (la Saxe). Elle
obtient à Vienne de participer au cordon sanitaire (la barrière neutralisée), ce
qui est un gage de sécurité. La première armée en Europe est l'armée
prussienne. Cette négociation à Vienne est donc très lourde de conséquences
pour la structuration de l'Europe.

L'Autriche voit qu'il y a un concurrent dans l'espace germanique (la


Prusse). Le renouveau de l'armée prussienne, sa bonne diplomatie, sa
participation dans la chute de Napoléon, amènent l'Autriche à composer avec
cette essor de la Prusse.

La création d'un nouvel ensemble territorial (carte 2) et d'une


confédération germanique où se trouvent deux dominants : la Prusse au Nord
(Est et Ouest aussi) et au Sud l'Autriche. En 1815, il y a deux puissance
tutellaires sur la confédération germanique. Néanmoins, cette confédération
germanique est un progrès : il y avait 400 Etats au 18ème siècle. L'effet des
guerres a simplifié la carte germanique et a permis de réunifier un peu et il ne
reste qu'une trentaine d'Etats en 1815. Cette confédération n'a pas de pouvoir
véritable mais c'est une simplification de la carte européenne.

L'Italie a été totalement transformée par l'occupation française et Vienne


ne va pas revenir sur les acquis de l'occupation française qui a permis de
simplifier la géographie de l'Italie. En Italie sont maintenus 4 grands
ensembles : au Sud le royaume de Naples qui est une monarchie absolue ; le
royaume de Sardaigne (Sardaigne + Piémont + Savoie et Nice) confié à la
dynastie de Savoie ; les Etats du Pape qui état un prince italien (Rome et
autour, Etats pontificaux), le pape avait perdu ces Etats sous Napoléon ; puis le
royaume Lombard-Vénitien qui sera totalement sous influence autrichienne.
Cette redéfinition des frontière et cet équilibre des puissances ont été
activement mis en œuvre par les dispositions qui ont été prises. Cet Acte de
Vienne est un ensemble de multiples traités. Parmi ces traités, il y avait
également une série de dispositions qui vont totalement innover et expliquer
que ce système est nouveau. Ces désitions sont immédiatement exécutoires.

La condamnation pour la première fois de l'esclavage qui date du 8


février 1815.
Une recommandation afin que l'ensemble des communautés juives aient
l'égalité des droits.
S'inscrire dans un héritage culturel et spirituel : Christianisme et les
Lumières.
D'autres textes ont des aspects plus techniques mais qui touchent à ce
dont les relations internationales sont quotidiennement tissées. D'abord, la
réglementation sur l'usage en Europe (et dans l'ensemble du monde) des voies
d'eau. Ce sont des axes économiques très importants. Ces voies d'eau étaient
l'objet de conflits et l'accord sur leur partage est donc réglementé à Vienne. Il
y a aussi le règlement de mars 1815 sur le rang et les statuts des agents
diplomatiques. L'objet était de moderniser la diplomatie car avant tout était
coutumier. Cela fait franchir un cap à ce statut diplomatique. Enfin, vont être
mis en place par les 4 puissances dominantes des réunions régulières entre ces
4 puissances. Ces réunions sont presque mensuelles : on convient du principe
de réunions périodiques entre diplomates. Ces rencontres vont faire vivre les
acquis de Vienne. Enfin, une commission des ambassadeurs alliés est créée à
Paris et aura pour charge de faire respecter l'occupation alliée en France.

On voit la dimension novatrice de ce congrès de Vienne. Est-ce que cela


signifie que l'on entre dans une nouvelle ère au cours de laquelle les intérêts
propres des Etats ne seraient plus rendus apparents et que la société
internationale serait en train de naître ? Ce n'est pas le cas. Cela a un
caractère novateur mais cela ne fait pas basculer la société internationale dans
une optique où les Etats n'auraient plus de poids. Au contraire, les Etats vont
avoir une fonction structurante. Aucun acteur étatique ne pourrait imposer quoi
que ce soit au système international. La puissance des Etats est nécessaire à
l'évolution. Nous sommes dans une situation de diplomatie multilatérale (4+1).
Ce groupe va discuter, mais la diplomatie bilatérale ne disparaît pas pour
autant. Cette diplomatie multilatérale s'ébauche, sans que disparaisse la
bilatérale et le pouvoir des Etats. Néanmoins, dans un certain nombre de
décisions prises à Vienne, on observe que les souverains et leurs diplomates
ont tenu compte de leurs forces profondes. Il y a aussi des Etats qui font une
grande politique sans pour autant avoir ces forces profondes : le Qatar,
Singapour, la Suisse, par exemple.

Malgré Vienne, les intérêts des Etats, leur appétit de puissance ont
persisté. Avec Vienne, le monde n'entre pas dans une ère pacifiée : le monde a
connu le plus petit nombre de conflits au 19ème et 20ème siècles. Ce monde
c'est la conjonction entre d'une part, un système international neuf, des
principes généraux et les intérêts des Etats.
La Russie persiste tout au long du 19ème siècle et va très tôt écorné le
contrat signé à Vienne en maintenant des ambitions de puissance, bien qu'elle
a joué un rôle considérable lors de ce congrès. Elle a pris le rôle de défenseur
des populations slaves et orthodoxes en Europe (les tchèques sous domination
autrichienne, les serbes sous domination ottomane, bulgares et roumains).
Depuis son début d'expansion dans le Caucase elle cherche un accès à la mer
Méditerranée. La mer Noire est totalement dominée par la Russie. Cet accès
vers la mer Méditerranée est aussi un moyen de challenger la puissance
ottomane et d'avoir un regard sur Bizanse (première capitale orthodoxe). En
Europe continentale qui est un monde aux débouchée de la plaine polonaise,
c'est une frontière que la Russie n'a jamais franchie. Dans cette zone, sa
politique n'est pas à l'expansion mais au contentement, diviser pour mieux
régner.

L'Autriche est face à des intérêts essentiellement continentaux par sa


position géographique, elle est une terre balkanique. L'Autriche de l'époque est
bien moins occidentale et plus danubienne et va plus vers la Moldavie et
l'Arabie Saoudite que celle d'aujourd'hui. Elle est une terre de limes. C'est une
frontière vive, contestée. C'est une zone de partage entre l'Europe Occidentale
(l'Autriche touche la Suisse), l'Europe centrale et l'Europe méridionale. Elle
cherche à conserver une influence sur la confédération germanique, elle est à
armes égales avec la Prusse. La Prusse va s'avérer plus puissante
économiquement. L'empire d'Autriche est multi ethnique et multi
confessionnelle.C'est à la fois une frontière de chrétienté (souverain chrétien)
et islamique. C'est une terre fragile car ses populations slaves et orthodoxes
sont sous protection russe, l'empire ottoman se délite de l'intérieur, il y a tout
un éveil national : éveil des tchèques et des hongrois.

Le Royaume Uni est dans une situation originale. C'est une puissance
européenne qui a un petit point d'appui en Europe continentale à Gibraltar qui
est la porte d'entrée de la Méditerranée. Sa politique européenne est très
simple : il s'agit de neutraliser les puissances européennes qui dépasseraient le
seuil de puissance incompatible avec l'équilibre des puissances. Ils changent
souvent d'alliance. Son deuxième principe est la maîtrise des mers car elle est
essentielle pour le commerce. L'industrie est née en Grande Bretagne. Cette
maîtrise des mers est dans le monde entier mais aussi la mer Méditerranée qui
est très important car elle assure la transition entre l'Occident et l'Orient,
l'Occident et l'Afrique, et elle permet une ouverture avec les Indes. Ils vont
acquérir Malte, Chypre et des territoires grecques tout au long du 19ème siècle
pour que leurs bateaux puissent faire des escales. Cette politique
méditerranéenne la met en conflit potentiel avec la Russie qui veut conquérir la
mer méditerranée. La Russie et la Grande Bretagne vont donc avoir des
affrontements importants.

La Prusse a une place dans la zone germanique et a une position géo-


centrale. Elle se maintient dans une paix armée avec la Russie. La Pologne est
un véritable problème pour la Russie orthodoxe et l'Allemagne prussienne
protestante.
La petite France est ramenée à ses frontières pré révolutionnaires. Elle
ne possède pas encore d'aspiration à jouer un rôle dans l'Europe. Son premier
objectif est sur les rangs. Après le retour de Napoléon, le crédit français baisse
un peu et c'est pourquoi Louis XVIII va mener une diplomatie discrète et active
pour reconquérir la confiance des autres puissances.
Chapitre 2 : La remise en cause du système de
Vienne par la contestation libérale et nationalitaire
(1815-11850)
I. L’œuvre diplomatique des premiers congrès internationaux issus de
Vienne

Vienne est portée par cet héritage du christianisme et des lumières. Les
4 puissances victorieuses vont réaffirmer ceci lors de la signature du Traité de
la Sainte alliance en septembre 1815. Cette Sainte Alliance est composée de la
Russie, l'Autriche et la Prusse. Le Royaume Uni c'est tenu en retrait de la
signature de ce traité car le souverain britannique trouvait ce texte trop
abstrait et d'esprit trop religieux. En effet, les trois souverains affirmaient qu'ils
étaient des souverains chrétiens et se plaçaient sous la protection divine et
indiquaient qu'ils souhaitaient que les principes chrétiens soient les principes
directeurs des relations entre les Etats et des décisions que les princes
prendraient à l'égard de leur peuple. La Grande Bretagne n'est pas sur la
même ligne que les trois autres puissances. La Grande Bretagne n'est par
exemple pas une monarchie absolue. Le texte de ce Traité évoque très
clairement « les souverains se prêteront en toute occasion et en tout lieu
assistance, aide et secours ». Il y a au delà du caractère religieux, une entente
des trois puissances. La Sainte Alliance est une ligue internationale
politiquement conservatrice défendant le modèle de la monarchie absolue.

Le concert a fonctionné. Les rencontres permanentes ont lieu et vont


permettre d'éprouver dans la réalité le système de Vienne.
1818 : la Russie profite du congrès pour renforcer la Sainte Alliance et
veut en faire un véritable directoire européen qui garantirait une totale stabilité
en Europe Occidentale. La Russie était très en faveur de la multilatéralité. Le
projet de la Russie est de susciter un véritable directoire. Le projet va échouer
lors des discussion à Aix La Chapelle. La Russie voulait que la France rejoigne
la Sainte Alliance mais les britanniques ont refusé.10/10/2014

En 1820, une deuxième réunion à Troppau a eu lieu. Il y a eu accord


pour une intervention militaire dans les territoires pour rétablir un ordre
contesté. Depuis 1820, le régime en Italie remis en place en 1815 est remis en
cause. Par la suite, les principes de Troppau vont être mis à l’œuvre.

Une troisième réunion a eu lieu en 1821 à Laybach au cours de laquelle


le troisième congrès donne au chancelier italien une autorisation pour
intervenir militairement et mettre un terme au soulèvement italien. L'Autriche
avait un droit de regard par sa tutelle sur la péninsule et a donc l'autorisation à
intervenir militairement, ce qui durera un siècle. Nous sommes là dans l'esprit
de Vienne car ce n'est pas une intervention unilatérale : les puissances
interviennent avec le consentement des autres puissances. Ce sont toutes des
puissances réactionnaires.

Congrès de Vérone en 1822, les puissances du congrès donnent mandat


à la France d'intervenir militairement en Espagne qui entrait dans les guerres
carlistes (tendances politiques absolutistes vs tendances politiques libérales).
Cela manifeste la réintégration de la France dans le « concert des nations » et
ce concert repose désormais sur la multilatéralité des nations.

La Grande Bretagne n'avait pas signé ce traité et ne va pas être d'accord


avec cette « police » militaire réactionnaire en Europe. Elle est dans une
situation d'extériorité, marginale. Elle ne participe pas à l'idéologie dominante
au pouvoir et est donc en retrait par rapport à un certain nombre de décisions
politiques.

Dans cette phase, c'est l'entente entre Russie, Prusse, Autriche et France
qui permet d'assurer une sorte de « gouvernement collégial » à l'Europe.

II. La contestation libérale et nationaliste du système de Vienne

Vienne n'avait pas tenu compte des aspirations populaires. Cette carte
(2) de l'Europe est un retour de l'Europe de 1789. Les transformations de
l'occupation française sont balayées. Les congressistes n'ont pas tenu compte
de certaines aspirations populaires car l'occupation française avait produit de la
réaction populaire et nationaliste, mais aussi de l'adhésion populaire dans la
décennie 1790. La convention vote une déclaration de paix dans le monde en
1792. Une partie des populations limitrophes de la France ont adhéré des
comités révolutionnaires de soutien à l'occupation française. Cette adhésion au
projet révolutionnaire et son rejet a provoqué une prise de conscience
nationale d'identité nationale. L'effet de cette présence française est complexe
et ambivalent : il va favoriser des aspirations nationales : leg nationalitaire.

« nationalitaire » caractérise le fait pour un peuple d'aspirer à la


formation d'une nation unie et indépendante. Ces aspirations émergent dans
des pays multi culturels etc ou occupés par une puissance étrangère. La
principale caractéristique du 19ème siècle est la formation de nations à travers
l'Europe : Italie, Allemagne, Hongrie, Autriche, Pologne, Belgique, Grèce.

Cette aspiration nationalitaire est en germe, essentiellement dans la


partie occidentale de l'Europe grâce à 20 ans d'occupation française. Tout au
long de la période 18110/10/2014

En 1820, une deuxième réunion à Troppau a eu lieu. Il y a eu accord


pour une intervention militaire dans les territoires pour rétablir un ordre
contesté. Depuis 1820, le régime en Italie remis en place en 1815 est remis en
cause. Par la suite, les principes de Troppau vont être mis à l’œuvre.

Une troisième réunion a eu lieu en 1821 à Laybach au cours de laquelle


le troisième congrès donne au chancelier italien une autorisation pour
intervenir militairement et mettre un terme au soulèvement italien. L'Autriche
avait un droit de regard par sa tutelle sur la péninsule et a donc l'autorisation à
intervenir militairement, ce qui durera un siècle. Nous sommes là dans l'esprit
de Vienne car ce n'est pas une intervention unilatérale : les puissances
interviennent avec le consentement des autres puissances. Ce sont toutes des
puissances réactionnaires.

Congrès de Vérone en 1822, les puissances du congrès donnent mandat


à la France d'intervenir militairement en Espagne qui entrait dans les guerres
carlistes (tendances politiques absolutistes vs tendances politiques libérales).
Cela manifeste la réintégration de la France dans le « concert des nations » et
ce concert repose désormais sur la multilatéralité des nations.

La Grande Bretagne n'avait pas signé ce traité et ne va pas être d'accord


avec cette « police » militaire réactionnaire en Europe. Elle est dans une
situation d'extériorité, marginale. Elle ne participe pas à l'idéologie dominante
au pouvoir et est donc en retrait par rapport à un certain nombre de décisions
politiques.

Dans cette phase, c'est l'entente entre Russie, Prusse, Autriche et France
qui permet d'assurer une sorte de « gouvernement collégial » à l'Europe. Cette
idéologie nationale connaît les déclinaisons en Europe, mais c'est la Révolution
française qui la fait naître. Cette idéologie va être le ciment de la formation en
Europe et la carte contemporaine en est son héritage. Cette idéologie est par
ailleurs doublée, renforcée, appuyée, par une idéologie politique qui est le
libéralisme politique. C'est un point essentiel de comprendre que ces idéologies
sont différentes mais complémentaires : idéologie nationalitaire n'a pas de
programme politique à l'origine hors mis celui de fonder la nation et d'amener
une rencontre entre Etat et nation et va trouver ce programme politique dans
l’idéologie du libéralisme. Il y a une adhésion à l'idéologie libérale (qui a plus
d'un siècle à cette époque). Elle est fondée sur une idée principale : la critique
radicale de la forme dominante de l'Europe qui est la monarchie absolue. Karl
Schmitt dit en 1820 que « fondamentalement, le libéralisme politique est une
critique radicale du pouvoir ». Le libéralisme politique d'aujourd'hui n'est pas
celui de l'époque et il anticipe à 150ans d'écart sur le libéralisme économique,
cette idéologie est née en Grande Bretagne.

Certains veulent défaire l'ordre de Vienne sur un fond politique et


entendent également à mettre un terme au maintien de ces tutelles
monarchiques qui ne reconnaissent pas la diversité des peuples et des nations
en formation. La carte créée du premier empire était plus conforme aux désirs
de certains groupes nationaux en formation. Les aspirations politiques libérales
et nationalitaires se rejoignent. Il y a une contestation très forte de ce double
héritage de Vienne. L’intervention militaire ne fait que réprimer ces
contestations libérales, mais aussi libérales et nationalitaires.

Ces contestations débutent avec la Grèce. La Grèce en 1815 n'existe pas


et est occupée par l'empire Ottoman. A l'époque, le chef ottoman est un
Khalife. Il domine l'ensemble de la méditerranée. L'affrontement entre l'empire
Ottoman et les puissances européennes a aussi un sens religieux. L'Europe de
la Sainte Alliance est plus petite que l'empire Ottoman. En Grèce, les
populations sont européennes et orthodoxes. La contestation nationale grecque
appelée « hellène » forge son identité sur l'orthodoxie car il y a une majorité
d'orthodoxes. Attention, ce n'est aucunement une guerre religieuse, c'est une
guerre politique et militaire classique dans laquelle la religion joue un rôle
d'unificateur. Les nationalistes grecques vont profiter de ce climat général : ils
profitent du fait que le traité de la Sainte Alliance s'est placée sous la religion.
D'autre part, ils vont bénéficier d'un très fort courant de sympathie dans
l'Europe Occidentale. Les peuples en phase d'aspiration nationale vont trouver
des interlocuteurs en accord avec leur aspiration. C'est une conquête de
l'opinion éclairée. La Grèce est tout de même le berceau pré chrétien de la
culture européenne : « on ne ferme pas la porte à Platon » (phrase prononcée
pour l'entrée de a Grèce en Europe). Les nationalistes grecques s'organisent et
forment une société secrète appelée hétairie qui va être le berceau du
nationalisme grecque. Les grecques obtiennent facilement le soutien des
responsables de l'Eglise orthodoxe russe ce qui va être un appui majeur pour
soutenir ce soulèvement grecque. Les autorités religieuses grecques jouent un
rôle central en 1821 : appel à un soulèvement contre l'occupation ottomane et
en 1822 un congrès nationale grecque clandestin proclame l'indépendance de
la Grèce. Il y a une répression sévère de la part des ottomans et l'un des
vassaux ottomans, le vassal égyptien, va activement participer à la répression.
Le centre de la puissance économique et militaire de la puissance ottomane
était l'Egypte. Il y a une reconquête féroce de la Grèce. La forme que prend
cette répression suscite une adhésion supplémentaire à la cause grecque. En
1827, 5 ans après un soulèvement devenu très fragile, le Royaume Uni, la
France et la Russie décident une opération maritime et terrestre. ; L'armée
ottomane qui est très faible perd rapidement et en 1829, le traité d'Andrinople
est signé. Par ce traité, le sultan ottoman reconnaît l'indépendance de la
Grèce, il reconnaît à la Serbie (peuple slave, puissance orthodoxe) un statut
d'autonomie. Il y a un véritable programme politique russe dans cette zone.
L'indépendance de la Grèce est reconnue en 1830 internationalement.

Tout au long du 19ème, il y a une succession de conflits pour gagner


l'indépendance. Cela veut dire que la Russie, GB et France ont fait le choix
d'une petite Grèce bien en dessous de la réalité ethnique et culturelle. On
retrouve malgré la guerre un esprit de modération. Il faut un souverain en
Grèce et les puissances imposent sur le trône de Grèce un souverain allemand.
Il n'y a pas de dynastie grecque, la seule structure du nationalisme grecque est
l'Eglise orthodoxe. C'est donc une monarchie très artificielle comme la
monarchie hollandaise ou belge. La dynastie qui va régner sur la Grèce sera
donc de culture allemande. Cela a des effets diplomatiques dans l'avenir.

La Belgique était sous occupation française pendant 20ans (carte 1). En


1815, une Belgique est reconstituée mais sera liée à la Hollande (carte 2).
L'organisation du royaume est très fortement inégale en les belges et les
bataves (populations hollandaises). Il y a aussi un grand conflit linguistique
entre les populations, l'hostilité entre les deux communautés ne cesse de
croître ce qui va provoquer la révolution en France en 1830 (révolution
libérale) qui dépose le souverain pour y mettre un prince d’Orléans. L'idéologie
politique de ce nouveau souverain est libérale. Il y a un effet immédiat du
soulèvement qui va mettre en place la monarchie de juillet ce qui fait éclater
une révolution en Belgique : révolution libérale et nationalitaire. Les
nationalistes belges francophones se soulèvent contre la dynastie étrangère
hollandaise qui n'est pas un régime libéral. L'armée hollandaise se retire
rapidement et le 4 octobre, l'indépendance de la Belgique est proclamée, en
décembre a lieu une conférence internationale à Londres reconnaît la
séparation d e a Belgique et de la Hollande (carte 7). Il faut un souverain à ce
nouveau pays, et il se produit le même phénomène qu'en Grèce. Le concert
européen choisi un prince allemand à nouveau.

La Pologne, sous l'effet de la Révolution française de 1830 et celle de la


Belgique, va se révolter. Il y a une insurrection à Varsovie. Ce soulèvement
fonctionne relativement bien, l'armée russe n'arrive pas à y mettre un terme.
En 1831, une diète (assemblée nationale polonaise) se forme et reconnaît un
authentique polonais comme roi de Pologne. Le mouvement est rapidement
réprimé puis totalement abattu. La Pologne n'accède pas à l'indépendance et
n'a pas bénéficié de l'aide du concert européen.

En Italie, l'émergence nationalitaire s'est faite différemment. Il y a un


double héritage : le premier est le mouvement des Lumières. Dans le
vocabulaire politique italien, ce long 19ème siècle qui va aboutir à l'unité
Italienne en 1870, cette longue accession à l'indépendance est qualifiée de
« Risorgimento » par Adolfi. L'Italie en 1815 est véritablement sous influence
autrichienne (carte 2). L'Autriche se voit reconnaître à Vienne la péninsule
italienne comme étant une zone d'influence. C'est l'acteur principal du destin
de l'Italie. C'est raison pour laquelle, avec un souverain, le chancelier
autrichien qualifie l'Italie en 1815 comme étant « une expression
géographique ». Il dit que l'Italie est une péninsule italienne sans sens
politique. Il y a un courant libéral porté par la bourgeoisie italienne plutôt dans
le Nord, favorable à l'unité ; il y a un mouvement qui sociologiquement touche
des couches de la société moins bourgeoise de Mazzini, versant démocratique
du projet unitaire en Italie là où le courant libéral est bourgeois ; il y a un
mouvement qui appelle à la formation d'une nation italienne derrière le Pape,
qui n'est pas un courant religieux en soit mais politique et qui défend l'idée que
seule le Pape par sa double autorité unifier la nation. C'est au Sud que
commencent les difficultés en Sicile avec les premières contestations. A
Naples, un soulèvement militaire d'une société secrète appelée les carbonari a
lieu. Cette société secrète va être le principal support du projet national et
libéral en Italie. Ils sont très souvent composés de libéraux (en Italie à
l'époque ce sont des gens radicalement hostiles à l'Eglise catholique, ils
défendent une idéologie laïque) et ce sont des militaires,des officiers. En
Allemagne, France, Italie, un des principaux supports sociologiques des idées
libérales sont des officiers. Dans l'empire ottoman c'est pareil. Ce ne sont pas
des soulèvements populaires, mais des élites sociales. Ce nouveau souverain a
pour premier acte de prêter serment et fidélité à la constitution : c'est un
cadre libéral. Nous sommes dans un cadre de souveraineté nationale :
l'assemblée qui est élue incarne cette souveraineté, ce n'est pas le souverain.
En Italie, le souverain devient souverain en accord avec l'Assemblée. C'est le
signe, l'incarnation que l'on passe d'une monarchie absolue à un cadre
politique libéral dans lequel le souverain est reconnu comme tel par la volonté
nationale incarnée dans une assemblée. Le libéralisme s’épanouit dans des
formes monarchiques : le modèle de référence est la monarchie britannique.
La répression est très rapide : intervention des troupes autrichiennes. En
1830/1831, il y a de nouveau des manifestations, qui ne sont plus menée par
des officiers, mais des étudiants. Les idées libérales vont se diffuser. Il y a
toute une circulation de ces idéologies.

En Espagne,d ans le cadre de ce soulèvement anti français de 1808, les


espagnoles trouvent un alliés chez les britanniques. Les britanniques vont
armer l'Espagne mais aussi favoriser et diffuser des gens. Ils adoptent une
constitution. C'est l'incarnation de la volonté de défaire les pouvoirs
absolutistes qui n'ont pas de charte ou de constitution. Ces officiers Cadix sont
très fortement soutenus par GB. Puis les français sont défaits, la constitution
est abolie par l'ancien régime qui revient. Puis, début des coups d'Etat
successifs avec renversement du souverain tout au long du 18ème siècle.
L'Espagne devient un point de fixation du rôle des officiers. Ce qu'il se passe en
Italie est absolument calqué de ce qu'il se passe en Espagne. L'influence
libérale est diffusée grâce au soft power britannique. Ce n'est pas un hasard
car nous sommes dans la zone méditerranéenne.

Même situation au Portugal. Cependant, il y a le début du déclin du


Portugal et de l'Espagne du à la perte de leur empire. En 1820-1830 :
disparition de leur empire en Amérique latine. Ces pays entrent donc dans un
grand déclin à partir du 19ème siècle car ils perdent leur source de
rayonnement et de richesse. Ils sont soumis à des guerres internes et civile en
même temps.

La partie septentrionale de l'Europe est le Nord. Dans cette zone, le


nationalisme est aussi présent. Il y a la question de l'Irlande. En 1801, une loi
d'union avait renforcé l'intégration de l'Irlande dans l'UK. Mais, dans ce pays,
c'est un phénomène assez analogue à la Belgique et la Hollande. Il y a une
forte inégalité (économique et politique) qui double l'affrontement entre
protestants et catholiques. Le premier nationaliste irlandais Daniel Occonel
crée une structure comme support du nationalisme irlandais la catholic
association. Il défend l'idée que le catholicisme est l'élément principal de
l'Irlande. Une loi est votée la Catholic relief act qui accorde un droit de vote
aux catholiques au suffrage censitaire : il fixe un niveau d’impôt très élevé et
ceux qui ne peuvent s'en acquitter ne peuvent pas voter. Cette mécanique
fiscale vide totalement la loi de son sens. Les ouvriers agricoles irlandais sont
dans un état de misère profonde et ne paient pas l’impôt et ne peuvent pas
payer. La réforme est vécue comme un échec par les catholique et le
nationalisme d'Occonel qui était modéré, non violent, est en perte de vitesse et
c'est le début de la radicalisation du gouvernement irlandais qui va basculer un
peu plus tard dans le terrorisme. Un conflit de 60/70 ans va s'en suivre.

Les idée libérales et nationalitaires avancent : signe de maturation des


peuples (souvent la bourgeoisie libérale). L'Europe réactionnaire de Vienne est
fortement contestée.

« Le printemps des peuples » entre 1848 et 1850. Avec ces deux années,
on observe l'apogée de la contestation libérale et nationalitaire. Les
mouvements dont l'Italie, la Hongrie, l'Allemagne et la Pologne vont être d'une
plus grande ampleur. Cela va durablement déstabilisé l'ordre de Vienne. Ces
contestations étaient accompagnée ou contrôlée par Vienne ce qui n'est
désormais plus le cas. On trouve à l'origine des phénomènes révolutionnaires
des phénomènes sociaux et idéologiques. C'est un contexte de profonde crise
économique en 1847 qui va déclencher ces contestations. Ces crises se
traduisent par le fait que les individus sont dans un état de misère qui fait que
les gens survivent pas. Cette crise crée un climat de tension politique extrême.
« Le printemps des peuples » se traduit par la mobilisation des peuples. Cela
crée un climat révolutionnaire. La traduction la plus célèbre de cette crise est u
texte politique révolutionnaire appelé Le manifeste des partis communistes de
Marx et Engels. Ce manifeste est un texte très court qui paraît sous forme
d'article dans une revue. C'est un texte destiné à produire de la mobilisation,
car rédigé dans ce climat de crise économique. Le manifeste anticipe sur « le
printemps des peuples » et est publié en décembre 1847. Phrase très célèbre
« un spectre hante l'Europe : le spectre du communisme », achevé par le
slogan « prolétaires de tous les pays, unissez vous ! ». Le manifeste n'a pas
pour objet d'appeler à un soulèvement national. La perspective marxienne
(celle de Marx) est totalement hostile à l'aspiration libérale (bourgeoisie) et
nationalitaire : pour lui c'est une création de la bourgeoisie pour maintenir son
pouvoir. Marx va être très surpris par l'émergence des classes moyennes, par
la montée du nationalisme. Le manifeste est la traduction de la crise
économique. Il y a une forme de coïncidence entre le manifeste et les
événement de Vienne, de Paris, de Milan.

Les événements de 1848 mêlent aspirations politiques libérales contre les


régimes monarchiques et aspirations nationalitaires. La persistance, la stabilité
de la carte de l'Europe de Vienne a fonctionné jusque là. Le mouvement débute
dans l'Italie absolutiste où l’Autriche fait la « police » de Vienne ; Dans
l'Histoire italienne, cette phase est célébrée comme la première guerre
d'indépendance (il en faudra trois pour que Rome devienne la capitale de
l'Italie d'aujourd'hui). Dans les trois soulèvements qui auront lieu au Piémont,
en Toscane, dans les Etats du pape, sont des soulèvements liés au refus de la
part des souverains de l'évolution libérale, cela débute à la fin de l'année de
1847. En janvier 1848, dans le royaume des deux Sicile à Naples a lieu une
véritable révolution. Un mois après, une constitution est proclamée en février
1848. Au nord, le roi du Piémont cède aux aspirations libérales et proclame
une constitution appelée « lo statuto ».

Le mouvement se poursuit en France : trois journée parisiennes de


février 1848. Contestation, demande de réformes libérales, refus du régime qui
demeure sur des positions très conservatrices, cela provoque un mouvement
révolutionnaire avec une mobilisation sociale plus large. C'est ensuite
l'instauration d'un régime nouveau : la République. C'est l'entrée de la
démocratie et la fin de la monarchie en France.

A Vienne un soulèvement à lieu en février mars 1848 pendant lequel


Metternich quitte le pouvoir.
Les troupes autrichienne quittent Milan et Venise. La dynastie de Savoie,
Charles Albert de Piémont, souverain du royaume Piémont-Sardaigne, décide
en mars 1848 face à l'affaiblissement de Vienne, Milan et Venise d'entrer en
guerre contre l’Autriche. C'est un acte politique très fort car il décide de se
mettre à la tête des libéraux et nationalistes italiens. Charles Albert se converti
brutalement à cette idéologie et va prendre la tête du mouvement, il fait un
acte fort en déclenchant la guerre à l'Autriche, principal obstacle à cette
idéologie. Débute la première guerre d'indépendance. Il s'attire la sympathie
de l'ensemble des bourgeoisies italiennes. La situation s'est radicalisée en Italie
car même à Rome, des démocrates se sont emparés de Rome. Pape a du
quitter Rome et la République y est proclamée. Le régime républicain italien à
Rome dure peu de temps jusqu'à ce que des troupes française (seconde
république) en 1849. La république française va rétablir le Pape dans son
pouvoir temporel.

La guerre entre piémont et Autriche se poursuit. Il se forme un embryon


d'unité italienne contre l’Autriche. La coalition piémontaise est défaite en mars
1849 et il y a un traité de paix de signé. Echec militaire, politique
(indépendance non acquise) et victoire morale car Charles Albert s'est imposé
comme l'homme qui conduira l'unité. Les autorités autrichiennes se réinstallent
à Milan et à Venise. Le Pape revient en 1850 et rétablie la monarchie
pontificale. L'Italie de 1850 redevient celle d'avant la révolution. Cependant, lo
statuto demeure, l’idée unitaire a trouvé son champion, son symbole et l'idée
unitaire déborde des couches de la bourgeoisie. L'Italie n'est pas née m&ais est
en germe et a trouvé tous les cadres de l'unité.

Deux jours après le départ du chancelier, la Hongrie, qui était une


composante de l'Autriche, rend publique une proclamation revendiquant des
réformes libérales et un aménagement de son statut au sein de l'empire
autrichien. La Hongrie est gigantesque et essentielle. La nation magyare est la
nation hongroise. La situation est telle que l’empereur est contraint d'accorder
qu'en mars 1848 l'autonomie de la Hongrie. Dans la foulée, les croates
proclament leur indépendance à l’égard de la Hongrie (la Croatie fait partie de
la Hongrie à cette époque). Une assemblée se met en place, elle vote une
constitution libérale et cette nation hongroise forme une armée nationale
appelée « honved ». L'Autriche s'est ressaisie et a résisté à l'armée italienne.
Sur son flanc sud-ouest, le problème est donc résolu. Au Nord, il y a eu
également un soulèvement qui est slave de la part des tchèques à Prague. La
structure autrichienne réagi et parvient à reprendre le contrôle de Vienne. Elle
reprend ensuite le contrôle de la Boeme et de Prague, elle intervient avec
succès en Croatie et montre sa puissance militaire aux hongrois. L'Autriche 'ose
pas affronter l'armée hongroise. Mi subsiste cette Hongrie autonome. La
solution qui s'impose est l'appel à la Russie au nom de la Sainte Alliance, de la
stabilité européenne et demande aux russes d'intervenir. Les troupes russes
balayent avec une efficacité remarquable la Hongrie en 1849-1850. La Sainte
Alliance fonctionne. Le pouvoir autrichien est rétabli : l’Autriche de 1850 est
celle de 1815.
En Allemagne, les événements ont pris des formes différentes. La
première phase du « printemps des peuples » en Allemagne en 1848 sont des
mouvements révolutionnaires dans le royaume de Prusse et dans un certain
nombre d'Etat de la confédération germanique. En mars 1848, le soulèvement
gagne Berlin à tel point que le souverain prussien doit retirer les troupes de
Berlin. Frédéric Guillaume était le souverain prussien. Il est contraint de
promettre la libéralisation du régime avec l'octroie d'une constitution. Il va
accepter de discuter avec les libéraux et les fait même entrer dans son
gouvernement. La situation est relativement stabilisée dans le royaume de
Prusse grâce à ces concessions. Dans le reste de la confédération germanique
c'est différent. Les ressortissants germanique se réunissent à Francfort dans
une assemblée qui se constitue comme une assemblée nationale qui s'appelle
« vorparlament » qu est un pré parlement réuni en 1848 sera le forum de leur
débat. En octobre 1848, il vote une motion en faveur de la « petite
Allemagne » (formation de l'unité allemande par l'unification de tous les
territoires de langue et culture germanique avec le royaume de Prusse). Les
populations de la confédération germanique font le choix de la Prusse et non
de l'Autriche. Il va plus loin, à la fin de 1848, il vote une déclaration des droits
fondamentaux du peuple allemand. La configuration générale change lorsqu'en
Prusse il y a une radicalisation par la gauche du mouvement révolutionnaire
(c'est à dire les démocrates allemands qui veulent aller plus loin que les
libéraux et veulent une démocratie). Face à cela, e souverain réactionnaire qui
avait passé un compromis avec les libéraux ne peut ps le faire avec les
démocrates et cela donne une excuse au souverain de lancer une répression
militaire. En mars 1849, l'ordre règne avec un gouvernement entièrement
conservateur : les démocrates réprimés et les libéraux écartés. En mars 1849,
la situation de l'Allemagne redevient celle de 1815. Après la motion, la
déclaration, l'assemblée adopte une constitution pour l'empire allemand et
entend créer cet empire allemand et le 29 mars 1849, l'incarnation de la
souveraineté allemande propose la couronne au souverain de Prusse. Empire
libéral créé. Pas de réaction du souverain Prusse à cet instant. Après le vote de
cette constitution, des mouvements populaires se prononcent tous pour la
solution prussienne. Ces mouvements évoluent et deviennent démocratiques et
ceci va offrir un argument au souverain de Prusse qui refuse l'offre du
vorparlament (il tient sa couronne de Dieu et non pas d'un peuple) et il
accompagne ce refus d'une répression militaire pour mettre un terme aux
expériences démocratiques et rétablir les régimes anciens. L'armée se rend à
Francfort et disperse l'assemblée.

L'Autriche a vacillé. Elle n'a pu être restaurée dans son pouvoir que grâce
à l'intervention de l'armée russe. L'empire autrichien croit être rétabli dans sa
puissance, mais non car sa fragilité est démontrée à tous et ils ne veulent pas
voir l'ascendant de la Prusse sur l'Allemagne.
Chapitre 3 : Aux marges de l'Europe : le déclin de
l'Empire ottoman et les hésitations de la Russie
I. La Russie entre Europe et Orient : la formation de jsais pas quoi

Nous sommes dans la partie orientale de l'Europe. Elle est une puissance
d'Europe orientale qui depuis le 14ème siècle s'est progressivement étendue
vers l'Ouest. C'est un mouvement qui commence réellement au 15ème
jusqu'au 18ème. Vers l'Est, la Russie s'est aussi étendue vers l'Asie Centrale,
les Indes, Afghanistan. C'est assez étrange car la route de la Russie vers cette
Asie Centrale est tout sauf un couloir de passage, ce sont des conditions
climatiques, géographiques, qui sont par nature des obstacles à tout
franchissement. Projet d'expansion de puissance. Cette acquisition de l'Asie
Centrale est un fait. La limite de l'empire russe en 1725 montre facilement que
le choix de l’expansion occidentale a été privilégiée sans pour autant que les
gins territoriaux l'aient amenée à progresser fortement là as. C'est en fait à la
fin du 18ème que commence à se déplacer le centre de gravité de la puissance
russe. La Russie s'étend en Biélorussie et trouve un accès à la mer Baltique,
s'étend en Ukraine, en Crimée (annexée en 1779). Entre Crimée et Ukraine, la
Russie tend à s'étendre ers la Bessarabie. C'est le grand conflit avec l'empire
ottoman : 6 ans de guerre qui débouchent sur le traité de Kütchük qui met fin
à la première grande guerre entre la Russie et l'empire ottoman (grande
défaite ottomane) et cela marque le début d'un siècle de déclin politique,
géographie et militaire de l'empire ottoman. Avec ce traité, les russes
parviennent à débuter la pénétration vers les détroits. Pour son expansion vers
les Balkans, l’obstacle est l'empire ottoman. L'affrontement est inévitable et
durable. Empire ottoman est obstacle pour l’entrée dans le Caucase qu est a
voie ouverte vers la perse,a Afghanistan et indes. La Russie occupe tout
l'espace laissé libre et se diffuse partout comme un gaz et va même au nord
pour devenir une puissance scandinave puisqu'il intègre la « grande Finlande ».
c'est l'acquisition d'une grande partie de la Pologne à vienne qui l'a fait
progresser en Europe. La Russie devient un interlocuteur de la Prusse et de
l’Autriche avec une proximité dans l’espace centre européen. C'est donc entre
la fin du 18ème et le congrès de vienne, en une trentaine d’années, que se
forme la vision géostratégique de la Russie : méditerranée, lutte contre la
religion musulmane etc Le soutien de la Russie aux grecques orthodoxes a
permis un peu plus le déclin de l'empire ottoman. La Bessarabie est intégré à
la Russie. La Moldavie et la Valachie ont un statut d'autonomie. A partir des
années 1830 s'engage un grand débat en Russie. Il va parcourir la Russie et ce
débat est celui de la position de l'avenir de la Russie : occidentale et européen
ou oriental ? Vision slavophile vs vision occidentaliste. Débat récurrent du
19ème siècle. Ce débat renaît dans les années 1990.

II. La décomposition de l'empire ottoman : le renforcement européen dans


les Balkans et la méditerranée

Cette puissance séculaire est non chrétienne qui est présente sur le
territoire européen. Le sultan règne sur plusieurs millions d'européens
chrétiens (roumains, bulgares etc) qui vont revendiquer leur nationalisme et
contester cette domination ottomane. A l'extérieur de cette sphère, trois pays
sont intéressés par le déclin et le retrait ottoman : Russie, Autriche, France et
GB. Empire ottoman prise dans un étau. Carte 22 : géographie de l'empire
ottoman. Le cœur géographique et politique de l'empire ottoman c'est le
plateau anatolien (la Turquie d'aujourd'hui). C'est un empire féodal. Gorchakov
a caractérisé l'empire ottoman « d'homme malade de l'Europe ». « la question
d'orient » se sont toutes les difficultés et problèmes posés par ce déclin de
l'orient et l'effet que c a eu sur les pays européens.

L'empire ottoman perd la Serbie, la « petite Grèce ». dès 1830, l'empire


ottoman perd un nouveau territoire : l’Algérie. Louis Philippe d'Orléans se lance
à la conquête de l’Algérie.

Le pouvoir du sultan est largement fictif. L'empire ottoman est


multiconfessionnel (juifs, chrétiens, musulmans) et multiethnique (sultan et
structure centrale sont turkmènes, il y a les arabes, en Tunisie et en Algérie ce
sont les berbères, en Égypte on trouve une diaspora grecque etc). Cette
multiconfessionnalité est une source de fragilité.Le commandeur des croyants
c'est à dire le sultan gouverne par système féodal, il ne transpose pas son
système administratif et politique. C'est un système archaïque. Le sultan a pu
s'appuyer dans sa lutte contre les occidentaux sur Mehemet Ali. Mehemet Ali
était albanais, chef militaire qui a migré vers l’Égypte et deviendra gouverneur
de l’Égypte. Il est le chef de la principale principauté de l'empire ottoman, il est
au cœur de la structuration et de la géographie de l'empire ottoman. Mehemet
Ali vient au secours de l'armée ottomane contre France, Grande Bretagne et
Russie à propos de la Grèce. Peu de temps après l'indépendance de la Grèce,
l'entrée des troupes françaises en Algérie, Mehemet Ali se révolte contre
l'empereur, écrase l'armée de l'empereur et s'empare de la Syrie (Syrie
actuelle + Liban). Markmoud, nouveau sultan, s'en prend à Mehemet Ali et
perd encore une fois. Il faut une conférence internationale (signe d'humiliation
supplémentaire) qui réuni les acteurs du concert des nations pour mettre un
terme à l'affrontement. C'est le Traité de Londres de 1840 où on est dans une
situation paradoxale : l'empire ottoman est placé sous la protection de la
Russie, Autriche, Prusse et GB. Ce traité de Londres va restituer la Syrie à
l'empire ottoman, et va donner à Mehemet Ali le droit de créer une dynastie.
L’Égypte sort de l'empire ottoman et Mehemet Ali devient un souverain créant
une dynastie qui va régner jusqu'en 1950. Le territoire ottoman est garanti par
les puissances occidentales et l’Égypte devient la grande puissance du bassin
orientale. La Mecque et Medine sont sous la tutelle ottomane ce qui lui donne
un avantage économique et symbolique.

17/10/2014

Ce qui ressort à l'occasion de cette crise, c'est le rôle considérable que le


Royaume Uni acquiert : l'empire ottoman est affaibli, l'Egypte émerge mais la
Russie n'a pas réussi à emporter son objectif. Le Royaume Uni s'est affirmé
comme une puissance en méditerranée. Les deux décennies qui suivent sont
exceptionnelles : 1840-1860 sont une pause. Une pause dans le
démembrement de l'empire Ottoman. Les puissances européennes
commencent à réaliser les dangers de la poussée russe. Ceci est illustré par la
fin de la décennie au cours de laquelle un conflit éclate entre la Russie et la
Sublime Porte (=pouvoir du khalife) en 1853. Ceci ne remet pas en cause que
ce sont des années de pause car dans cette guerre qui s'annonce très
déséquilibrée, les occidentaux vont intervenir à front renversé, c'est à dire que
la France et la Grande Bretagne, soutenues par l'Autriche, décident d'intervenir
militairement afin de défendre le sultan. C'est sans précédent : le scandale est
médiatisé par la Russie qui ne s'attendait pas à ce que deux puissances
chrétiennes soutiennent politiquement et militairement le sultan. La Crimée est
le théâtre des combats : elle voit intervenir aux côtés des ottomans la France
et la Grande Bretagne. La faiblesse de l'armée ottomane est telle que face aux
russes, il y a les troupes françaises et britanniques. C'est une véritable guerre
contre la Russie. C'est un indice que le système de Vienne ne fonctionne plus.
C'est aussi un renversement d'alliance : la France et la Grande Bretagne
s'aperçoivent des dangers de laisser trop de place à la Russie à l'embouchure
de la méditerranée. La Russie essuie une défaite et il y a un traité signé à
Paris : véritable retour en arrière pour la Russie en 1856 car elle perd les
avantages qu'elle avait obtenu après le traité d'Andrinople. La Russie est
défaite militairement, défaite face à une coalition avec l'empire Ottoman et elle
perd ses avantages : véritable défaite politique, militaire et morale. Les
occidentaux ne cherchent pas à acquérir des territoires, ils enlèvent les acquis
du précédent traité pour la Russie. La Sublime Porte est comme les conflits
avec l'Egypte l'avaient montré, elle est placée sous la garantie des puissances :
les puissances qui signent s'engagent à ce que la puissance mise sous garantie
ne soit pas à nouveau attaquée et que le texte du traité ne soit pas violé. Ce
n'est pour autant pas une puissance défensive/offensive. Ce traité de Paris fait
des puissances occidentales celles qui vont protéger le nouvel ordre décidé à
Paris.

La mer noire, qui a toujours été partagée entre la Russie et l'empire


ottoman, la Russie en avait acquis à Vienne le contrôle. Au traité de Paris, c'est
un retour en arrière, cette zone se voit démilitarisée. Les navires de guerre
russes ne peuvent plus opérer aussi librement qu'ils l'avaient fait jusque là.
D'autre part, la liberté de navigation (acquis de Vienne) de l'entrée du Danube
est désormais sortie de la zone d'influence russe acquise en 1829 à Andrinople.
C'est non seulement l'espace de cette mer noire qui est démilitarisée mais en
plus, les russes ne contrôlent plus l'accès commercial sur le Danube. Sur sa
frontière immédiate du Sud Ouest, la Russie perd des positions non
négligeables. La guerre ce Crimée marque un coup d'arrêt à 80 ans de poussée
russe, qui a commencé à la fin du 18ème siècle et qui s'était incarnée dans le
traité de Kutchuk.

Désormais, l'empire ottoman paraît stabilisé mais ça n'arrête en rien son


déclin. Le coup d'arrêt porté à la Russie ne remet pas en cause la dégradation
interne. L'empire ottoman est amené à faire le constat qu'il a été sauvé par la
France et la Grande Bretagne contre la Russie : cependant les puissances n'ont
pas décidé de sauver cet empire ottoman. D'ailleurs, ces deux pays ont
parfaitement compris l'intérêt qu'il y avait pour eux à s'intéresser à ce pays
pivot de l'empire ottoman qu'est l'Egypte. Les deux pays vont désormais
apporter un soin considérable à développer une influence auprès de l'Egypte.
C'est un pays qui est un bloc qui va jusqu'au Soudan et qui a presque ses
frontières actuelles. Ce pays est tout simplement à la charnière entre l'Afrique
et le Moyen Orient. D'autre part, il gouverne l'accès à la mer rouge (qui n'a
aucun intérêt à l'époque, sauf pour le pèlerinage à la Mecque où les navires
accostent à la Mer Rouge). Malgré cela, il forme un bloc qui occupe cette
situation de charnière. La France et la Grande Bretagne vont se disputer
l'influence autour de l'Egypte. Pour renforcer cela, ils ne vont cesser de faire
jouer les antagonismes entre les minorités ethniques et religieuses dans
l'empire ottoman. C'est sous la pression de la France et de la Grande Bretagne
que le sultan doit accorder en 1861 une autonomie complète au Liban. Le
Liban contemporain est détaché de la Syrie à l'époque et accède à l'autonomie.
La Crète (Gibraltar, malte) est, à la suite d'une révolte très encouragée par les
britanniques, autonome par la suite. La Serbie, qui était autonome depuis
1829, a revendiqué une autonomie plus forte et devient indépendante en
1867. Ce grignotage externe continu. La France et la Grande Bretagne vont
prendre en 1860 pied en Egypte : ils s'imposent, non pas contre l'empire
ottoman, ils imposent leur tutelle. C'est un point très important. Ils prennent
appui en Egypte, tout en respectant l'apparence d'un pouvoir autonome, mais
c'est un appui économique. Toutes ces monarchies vont s'endetter
considérablement (Maroc, Tunisie, Egypte) et c'est ce qui va être le levier de la
fin de leur indépendance. L'entrain publique va être un levier de ce que l'on
qualifiera « l'impérialisme ». Finalement, c'est avec l'Egypte que commence cet
impérialisme européen : dépendance financière à l'égard de ces deux
puissances.

En même temps, la France et la Grande Bretagne font du commerce avec


l'Egypte. Le rôle le plus important que ces deux puissances vont réaliser c'est
le percement du canal de Suez. Jusqu'en 1867 (fin en 1869), la méditerranée
est un cul de sac. Après cette date, on peut le traverser, on peut contourner
l'Afrique (40 jours de navigation en moins). Ils créent une espèce de société
dont ils sont les actionnaires pour ce percement du canal de Suez. La
compagnie du canal de Suez est privée. Elle sera nationalisée par la suite. Cet
événement bouscule totalement la géopolitique de la méditerranée et les
déséquilibres : l'Afrique représente un intérêt différent. Pour les britanniques,
cela va permettre d'instaurer une route courte jusqu'aux Indes. Cela va les
rapprocher. Les Indes c'est une dimension considérable pour la promotion de
l'empire britannique et tout l'effort en terme de sécurité des britanniques vise
à raccourcir le temps de navigation entre la métropole et les Indes et à
protéger toutes les voies d'accès aux Indes. Le contrôle sur le canal va être
conservé de façon durable. Cela est désormais une route maritime essentielle.
60 % du fret mondial aujourd'hui passe par ce canal de Suez. Aujourd'hui, ce
n'est pas l'avion le mode principal du fret mais bien sur la navigation (90 % du
fret mondial). Les voies maritimes sont essentielles. Suez, ça explique
l'investissement britannique. Pour la France, c'est une façon de prendre pied en
méditerranée orientale : elle a des intérêts car depuis François Premier elle
s'est posée en garante des populations chrétiennes du Moyen Orient et elle a
poussé le Liban à l'indépendance en 1861. Donc, ces deux décennies sont des
années de pause dans le déclin de l'empire ottoman avec le maintien de
l'influence très forte des puissances orientales.

En 1870, la poussée russe reprend, suite à l'humiliation nationale du


traité de Paris. Cette poussée reprend sous Alexandre II qui va déclencher un
nouveau conflit avec l'empire ottoman. C'est une défaite ottoman suivi du
traité de San Stefano de 1878. A ce congrès, l'empire ottoman se voit imposer
des conditions extrêmement drastiques : il n'y a plus de modération. C'est la
disparition totale du système et de l'esprit de Vienne. Donc, les russes
emportent une victoire et imposent des conditions très fermes. L'empire
ottoman voit la presque totalité des territoires qu'il possédait être retirés.
(carte 3 du milieu) : le territoire ottoman se réduit considérablement. La carte
des Balkans est recomposée et la Roumanie et la Bulgarie accèdent à
l'indépendance. Une partie de l'Arménie est donnée aux russes et par ailleurs,
l'île de Chypre (qui a une position extraordinaire) est donnée aux britanniques.
Les britanniques ont Gibraltar, malte, Chypre et le canal de Suez. La mer
méditerranée est une mer sous influence britannique dès la fin du 19ème
siècle. Les puissances européennes vont parachever le délitement de l'empire
ottoman en Afrique du Nord. En 1881, la France impose un protectorat en
Tunisie. En 1882, les britanniques, au terme d'un coup de force qui va
surprendre les français, s'emparent de l'Egypte. Le canal de Suez ne suffit plus
à l'appétit britannique qui a un projet colonial : tisser une route qui va au Sud
du Cap (Afrique du Sud) et qui remonte tout le long de l'océan indien jusqu'au
Caire, c'est un désir de conquête de l'Afrique orientale. Le changement de
projection de puissance est considérable : la Grande Bretagne décide de
devenir une puissance coloniale en Afrique et pour se faire, elle a deux points
d'appui assez anciens en Afrique du Sud et a mis le pied à Suez et va
s'emparer de l'Egypte pour tisser ensuite vers le Soudan, le Kenya pour avoir
un empire colonial. L'Egypte est définitivement perdue pour l'empire ottoman,
la Tunisie et l'Algérie aussi. L'Italie, dont le projet colonial émerge de la
réminiscence de l'empire romain, se lance dans la conquête dans les années
1870/1880 et va prendre ce qui demeure : la Libye. C'est une guerre en 1911
entre l'empire ottoman et l'Italie qui se conclu par une défaite ottoman et le
sultan Mehemet 5 cède la Libye et les îles du Dodécanèse. Si on regarde la
carte 22, on peut supprimer toute la partie du Nord de l'Afrique, Chypre, le
petit Liban de l'empire ottoman. L'empire ottoman possède encore, entre
autre, la Thrace qui a été amoindrie eu traité de San Stefano. En 1914,
l'empire ottoman ne conserve qu'une petite partie de la Thrace entre
Constantinople et Andrinople (voir carte 3, à droite). La Grèce, la Serbie et la
Bulgarie se sont agrandi au détriment de l'empire ottoman.

Il y a eu une transformation politique majeure dans l'empire ottoman : le


khalife a été déposé et un groupe de jeunes officiers, appelés les « jeunes
turques », ont pris le pouvoir. Ils entendent rompre à terme avec le khalifat
(séparer l'autorité politique et l'autorité religieuse) en 1908. Remettre en cause
le khalifat est une mesure extrêmement radicale. Ils vont mettre en place une
philosophie totalement étrangère au monde islamique : la laïcité. Il y a eu
deux puissances laïques en Europe : la France et la Turquie. Ces jeunes
turques ont un projet politique et religieux révolutionnaire. La première partie
c'est donc transformer les structures politiques et religieuses de l'empire
ottoman. Le second projet est extrêmement nationaliste : ils ont une vision qui
n'est plus la vision ottomane, mais une vision d'une petite Turquie repliée sur
sa base ethnique originelle, qui est une terre turque, ce qui suppose une
position et un positionnement d'exclusion à l'égard de deux minorités :
arméniens chrétiens et les kurdes. Rien de tout cela n'est préparé, mais tout
ceci est pensé. Ce projet nationaliste et ethnique est dans le programme
politique des jeunes turques : attention ce n'est pas un projet génocidaire
(malgré le génocide arménien).

La diplomatie occidentale dans cette zone a toujours été de contenir la


poussée russe. Aujourd'hui, la politique autour de l'Ukraine est une série de
malentendus : la notion d'élargissement de l'OTAN a était très grave, l'Ukraine
est une ancienne terre russe, dès lors que ce pays dont la Russie ne conteste
pas l'indépendance doit intégrer l'UE et l'OTAN est quelque chose qui sur la
projection russe d'inacceptable. C'est un double malentendu de la part des
européens et les interventions occidentales dans toute cette zone.
Chapitre 4 : Le déclin du système de Vienne après
1850
I. Les facteurs de contestation viennois après 1850

En apparence, les puissances européennes réactionnaires de 1850 l'ont


emporté : refus du roi de Prusse de prendre la couronne de l'empire
d'Allemagne.

En Italie, le processus unitaire en faveur de l'unité et de l'indépendance à


l'égard de Vienne, malgré la défaite de la première guerre d'indépendance, a
beaucoup progressé. Le piémont qui avait accepté une réforme politique
importante et qui était devenu une puissance libérale, a montré à tous les
patriotes italiens qu'il pouvait prendre la tête du processus unitaire. Une
puissance directrice a émergé. La défaite militaire face à l'Autriche ne l'a pas
remise en question. Dans l'empire autrichien, la sécession de la Hongrie a
montré la faiblesse du pouvoir autrichien. Enfin, dans la confédération
germanique, qui est un champ clos d'affrontement entre Prusse et Autriche, la
Prusse s'est imposée. Les parlementaires allemands se sont tournés vers la
Prusse, vers la solution de la petite Allemagne, et non vers l'Autriche. On voit
bien que le Piémont est la puissance italienne de facto dominante au Sud, la
Prusse est la puissance germanique dominante au Nord, dans l'ensemble
autrichien, il y a une forte poussée nationaliste hongroise.

Dans la période 1850-1870, la carte de l'Europe est profondément


remise en cause dans un esprit différent de celui de Vienne, au nom de
principes, sur des idées qui sont distinctes de la vision réactionnaire de
l'Europe. Cette carte de l'Europe est remise en cause en raison de trois
puissances :
● Prusse : mener à son terme le processus unitaire allemand tel qu'elle
l'entend. L'unité viendra du choix de la forme et du tempo de la part de
l'empire allemand. La Prusse, puissance victorieuse de Vienne et
puissance réactionnaire, va remettre en cause cet ordre de Vienne. On
voit là la désagrégation interne de Vienne.
● Piémont : persister dans sa volonté d'Italie unitaire.
● France : elle a élu pour la première fois un président de la République
en décembre 1848, Bonaparte, qui va rester au pouvoir dans le cadre
d'un empire jusqu'en 1870. Pendant 22 ans, il va appliquer un
programme de politique extérieure qui a la force de la continuité. Il a
été élu avec un programme de politique extérieure très net. Il a
ouvertement, en raison de son lien familial avec Napoléon Premier, fait
connaître son désir de remettre en cause les traités de 1815. « Je vais
restaurer la grandeur ». Le programme de politique extérieure de
Bonaparte s'appelle « le révisionnisme », il entend réviser les traités de
1815. D'ailleurs, Bonaparte portera le nom de Napoléon 3. Le
révisionnisme suppose la restauration de la France dans des frontières
plus larges mais aussi une plus forte présence de la France dans la
politique internationale car de 1815 à 1848 elle a été relativement
effacée. Les projets de grandeur renaissent à partir de la seconde
République.

Le résultat de la projection de puissance de la part de ces trois là va leur


donner un rôle nouveau accompagné par un effacement relatif des trois autres
puissances dans la conduite des relations internationales :
● La Russie va demeurer absente de la politique internationale en Europe
Occidentale après 1850. Elle avait pourtant beaucoup pesé auparavant.
● La Grande Bretagne n'a pas su s'opposer à la croissance de la Prusse.
Il y a eu un problème de la perception de la poussée prussienne et les
britanniques, occupés dans la constitution de leur empire, sont restés
très en retrait et n'ont pas voulu s'opposer à la croissance de la Prusse.
Ils ne sont pas non plus intervenus en Italie.
● L'Autriche connaît une période de profond affaiblissement en particulier
en 1860-1870. Elle va être battue par l'Italie et la Prusse, débordée par
la Prusse en confédération germanique, devra quitter l'Italie et affaiblie à
l'intérieur même de son territoire par la Hongrie. L'empire d'Autriche
connaît le processus qu'a connu l'empire ottoman : délitement interne et
externe.

II. La politique extérieure révisionniste de la France

Tout au long de la période 1848-1850, Bonaparte commence à appliquer


un programme de politique extérieure qui ne concerne pas seulement la
France. Tout au long de cette période, il s'est très souvent exprimé sur la
question des nationalités. Il a tenu un discours disant que son oncle avait été
un investigateur de l'émergence des nationalités. Il s'est posé comme le
responsable politique européen le plus ardent pour défendre la cause des
nationalités opprimées qui veulent devenir indépendantes. Il y a une véritable
popularité de Bonaparte hors des frontières de la France. La constitution de
1848 lui offre la possibilité de mener cette politique extérieure.

Il a été un politique très habile. Il a une vision qui ne reprend pas l'idée
de Vienne : il est hostile à Vienne. En revanche, il ne cherche pas à un retour à
la forme d'insertion de la puissance française telle que sous le premier empire,
il est une sorte de directoire des grandes puissances dans lequel la France
retrouverait pleinement sa place. Lors du congrès de Vienne en 1815, la France
pèsera le moins. Ce que veut donc Bonaparte, c'est promouvoir une vision de
ce directoire européen dans lequel la France serait pleinement rétablie dans sa
capacité d'influence. Il est très habile car il va essayer de promouvoir une
alliance avec la Grande Bretagne. Il a bien compris que la Grande Bretagne
était de plus en plus absorbée dans ce projet de conquête maritime et ne
pouvait de fait pas être à fond dans les questions occidentales. Il va aussi jouer
habilement sur les rivalités entre la Grande Bretagne et la Russie. La
manifestation de ce rapprochement avec la Grande Bretagne est la guerre de
Crimée : il engage la France dans la lutte contre la Russie aux côtés de la
Grande Bretagne. Cela se traduit donc par une alliance ponctuelle militaire. Le
traité de Paris de 1856 manifeste d'ailleurs la restauration totale de la France
dans le jeu international.
Le traité de Paris innove aussi. Par exemple, la protection des sujets
chrétiens dans l'empire ottoman de la part des puissances occidentales et
notamment de la France ; les règles de navigation sur le Danube seront
transformées ; la neutralisation de la mer noire. L'alliance militaire et la
victoire relance le regain français. Bonaparte ne s'en contente pas et propose
des solutions. Il y a une forme de cohérence chez lui car il s'adapte à l'air du
temps, tout le système d'internationalisation et de garantie qui est une forme
nouvelle de multilatéralité et de multilatéralisme est portée par lui. L'esprit de
Vienne flotte à nouveau mais cette fois ci dans un sens qui est celui des
intérêts de la France. L'empereur français veille à ne pas humilier le souverain
russe et tente de s'entendre avec lui lors du traité de Pairs, engageant des
discussions longues qui vont déboucher sur une entente relative entre les deux
hommes.

Napoléon 3 avait vécu en exile avant. Il a vécu assez jeune à Rome, est
italophone et italophile, et a joué un rôle mineur dans des événements
politiques italiens : 1830 il prend part à un complot contre l'Autriche. C'est la
raison pour laquelle il signe en 1859 une alliance avec Victor Emmanuel,
souverain du Piémont. Cet accord va cristalliser l'alliance entre la France et le
Piémont qui va déboucher sur la seconde guerre d'indépendance de l'Italie.
Soutien militaire au Piémont contre l'Autriche. Il est alors ne pleine cohérence
avec ses discours antérieurs. C'est un authentique soutien des nationalités bien
au-delà d'une quelconque sphère d'influence française. Pour des raisons
linguistiques et culturelles, Napoléon 3 souhaite aider la Roumanie : il favorise
sa naissance en 1859 contre la volonté de la Russie et de l'Autriche. Il va
réussir à imposer aux ottomans de laisser à cette première petite Roumanie
une plus forte autonomie. De même, il va appuyer deux autres nationalités : la
Serbie et le Monténégro. La France impériale va être le relais de presque
toutes les nationalités en Europe. Ce n'est pas seulement une vison de soutien
aux nationalités dans la mesure des intérêts de la France, mais aussi un
soutien aux nationalités très éloignées. Napoléon 3 a probablement été l'un de
ceux les plus clairvoyants sur les transformations en Europe à cette époque,
bien que cela se soit stoppé avec la Prusse car il n'a pas vu la poussée de la
Prusse qui a surpris l'ensemble de l'Europe.

La politique française et l'unité allemande et italienne ont combiné à la


sortie du système viennois.

III. La réalisation de l'unité italienne

1859 : alliance France et Piémont. L'Autriche débute une offensive peut


après et la France entre en guerre. Les armées autrichiennes sont battues et
c'est ce que les italiens appellent la deuxième guerre d'indépendance. La
guerre est brève et la paix arrive vite dès juillet 1859. L'Autriche cède à l'Italie
la Lombardie. I ne reste que la région autour de Venise sous influence
autrichienne. La paix est venue très vite et la France s'est retirée de l'alliance
très tôt. Le Piémont pensait que Napoléon 3 mènerait un combat permettant
une unité sur l'ensemble de la péninsule mais ce n'est pas le cas car il y a eu
de grosses pertes du coté français. Le Piémont va susciter des soulèvements
dans les principaux Etats du centre de l'Italie (carte 6) dans des territoires
certes indépendants mais sous influence autrichienne. Ces soulèvements vont
se traduire par des revendications ouvertes au rattachement du Piémont. Au
Nord, il y a donc une guerre contre l'Autriche, au Centre des soulèvements
contre l'influence autrichienne. Victor Emmanuel va aider dans le royaume des
deux Siciles, il va donner son appui à Garibaldi qui est républicain. Garibaldi,
depuis la Sicile, déclenche un soulèvement qui lui permet de remonter vers
Naples et va atteindre Naples avec quelques milliers de combattants et va
parvenir à abattre le royaume des deux Siciles. Garibaldi, bien que républicain,
va offrir cette victoire au Piémont. Pour répondre au soulèvement dans tout le
centre de l'Italie, en 1860 des plébiscites sont organisés. C'est un type de
formation d'unité : soulèvements, quelques affrontements militaires puis c'est
un vrai processus démocratique où les individus sont amenés à se prononcer.
Dans toute l'Italie centrale sont organisés ces plébiscites sur la question du
rattachement au Piémont. Successivement, on va voter positivement en faveur
de ce rattachement. Très rapidement et presque sans combat, l'Italie
commence à se former et ceci débouche sur l'acte fondateur du 14 mars
1861 : Victor Emmanuel de Savoie proclame la naissance du royaume d'Italie
dont il devient le souverain. Ce qui demeure en dehors de ce royaume est
Rome, les Etats pontificaux et le reste de la tutelle autrichienne sur la Vénétie.
En moins de deux ans, l'Italie est unifiée. L'unité italienne s'achève lors d'une
troisième guerre d'indépendance qui débute en 1866. Il s'agissait
principalement, militairement, d'affronter l'Autriche. Il était inenvisageable de
demander l'aide française, la seule solution était de s'allier avec la Prusse. Le
gouvernement italien s'allie secrètement à la Prusse en avril 1866. Ils
préparent une offensive commune et concertée et l'Autriche est battue au Sud
et au Nord à sa frontière avec la Prusse. En 1866, est signé le traité de Vienne
dans lequel l'Autriche cède la Vénétie. Rome est protégée par une garnison
française, la France entre en guerre contre la Prusse en 1870 et ne peut
maintenir ses troupes qu'elle rapatrie en août permettant l'entrée de l'armée
royale italienne à Rome. Rome est alors intégrée au royaume italien et en
devient la capitale, même si le Pape ne reconnaît pas sa défaite et se considère
comme prisonnier dans sa capitale.

IV. La réalisation de l'unité allemande 1850-1870

Après 1850, la Prusse se trouve face à l'Autriche à propos de la


confédération germanique. Le roi de Prusse fait le choix de conduire l'unité de
la petite Allemagne.

(carte 7)Les deux puissances ne sont pas sur le même pied. La Prusse
est dominante démographiquement et économiquement et va jouer un rôle
majeur au sein de l'union douanière (zollverein). La Prusse va prendre la
domination sur cette union douanière qui va être un outil de la formation de
l'unité allemande. Dès 1816, la Prusse supprime les douanes intérieures au
sein de son royaume. Elle met à ses frontières extérieures un tarif douanier
très faible afin d'encourager le commerce et les échanges avec ses voisins
germaniques. Enfin, à partir de 1820, elle va signer des accords bilatéraux
avec les petits royaumes de la confédération germaniques, accords par
lesquels la Prusse et ces petits Etats abolissent leurs frontières douanières.
L'objectif est de parvenir à ce qu'au 1er janvier 1834 naisse cette union
douanière. Avec cette politique, la Prusse a donné une force considérable à son
projet unitaire qui repose sur un socle économique. L'union douanière n'est pas
complète en 1834 et d'autres Etats germaniques vont rejoindre ce grand
ensemble jusqu'en 1837. Seule l'Autriche n'a pas voulu y participer.

La force de la Prusse c'est qu'elle a su faire cette première forme d'unité


économique, mais elle a également réussi à intégrer les puissances catholiques
du Sud (en plus des protestants) alors que ces puissances catholiques
germaniques étaient naturellement plus disposées à entretenir des liens avec
l'Autriche qui était aussi catholique. Mais c'est aussi le résultat de la guerre
cette unité allemande.

La Prusse s'allie à l'Autriche au début contre les danois et en 1864


l'alliance remporte des victoires militaires dans le début de la péninsule
danoise. Mais, la Prusse en 1864 a quasiment achevé l'union douanière va
décider d'affronter militairement l'Autriche pour créer l'union politique
allemande. Elle bénéficie de l'alliance avec l'Italie qui attaque au Sud en
Vénétie. La victoire de Sadowa montre la puissance de la Prusse.

Le résultat de cette guerre : esprit de tempérance, l'Autriche ne perd pas


de territoire mais se retire de la confédération germanique et un nouvel
ensemble géographique est créé : la confédération de l'Allemagne du Nord en
1866.

Le souverain autrichien rencontre d'autres difficultés. Tout au long de


1860, l'empereur d'Autriche négocie avec les nationalistes hongrois qui veulent
l'autonomie. Ceci abouti un texte de compromis en 1867 entre la partie
hongroise et la partie autrichienne. Parc e compromis, la personnalité politique
et administrative est reconnue aux hongrois, une constitution est adoptée
(celle de 1848 qui avait été abrogée), un pouvoir législatif à deux branches est
instauré. C'est une grande Hongrie par la taille qui renaît, composée de trois
ensembles : territoire de peuplement hongrois, la Croatie et la Transylvanie
(région roumaine). L'armée est reformée (la honved). Le royaume de Hongrie
est reconnu comme existant, indépendant mais il est unie à l'Autriche. Uni
symboliquement et réellement dans la personne de François joseph, empereur
de l'Autriche. Il va venir se faire couronner à Budapest en 1867. C'est la raison
pour laquelle on parle de « double monarchie » ou « d'empire austro-
hongrois » pour qualifier cet ensemble.

Napoléon 3 était habile jusqu'à ce qu'il e voit pas la poussée prussienne.


Napoléon 3 va donner au roi de Prusse, président de la confédération de
l’Allemagne du nord, le dernier motif pour permettre l'unité complète de
l'Allemagne. La France entre en guerre contre la Prusse en juillet 1870. Le roi
de Prusse met sur pied une armée : Prusse et aussi Allemagne du Nord.
L'armée impériale française est battue en septembre 1870. Cela a pour résultat
que Guillaume Premier, roi de Prusse, décide de choisir Versailles pour
proclamer l'unité de l'Allemagne. L'ensemble des souverains allemands
acclament Guillaume Premier et le font empereur d'Allemagne. La
confédération de l'Allemagne du Nord est terminée et apparaît le Reich.

Il ne reste plus rien de Vienne, l'Autriche est très affaiblie et la puissance


de la Prusse apparaît, puissance dominante économiquement et militairement.
Chapitre 5 : L'Europe hors l'Europe : l'expansion
coloniale et l'impérialisme
Quand on regarde les frontières actuelles de l'Afrique, 70 % de ces
frontières ont été définies entre 1885 et 1910. Cette période de l'Histoire de
l'Afrique est une phase importante. L'argument utilisé très souvent par les
pouvoirs politiques africains pour expliquer leur instabilité et faiblesse est que
ce sont des frontières imposées par des colonisateurs. Michel Fouchet a mené
tout un programme au sein de l'OUA et montre que les peuples africains et les
régimes politiques africains se sont totalement accaparé ces anciennes
frontières coloniales et il n'y a désormais presque plus de litige frontalier
depuis une 15aine d'années. Il subsiste tout de même les problèmes
ethniques.

Le système international est profondément transformé par le phénomène


de la colonisation. Non seulement parce que c'est à ce moment là que le
système international va réguler en dehors de l'Europe et ces puissances
européennes ne délimitent pas leurs relations de pouvoir uniquement sur le
continent européen et vont se projeter ailleurs. Ce phénomène de la
colonisation n'est pas neuf, cela ne date pas du 19ème siècle. Mais, les formes
prises par la colonisation sont nouvelles et s'inscrivent dans une chronologie
circonscrite qui est le premier tiers du 19ème siècle. Le monde en 19914, ce
sont trois continents qui sont pleinement indépendants : Europe, Amérique du
Nord, Amérique Latine. Puis, il y a deux ensembles continentaux : Afrique et
ses prolongements en Moyen Orient et Océanie tout ça qui se sont fait
coloniser.

I. La première vague de colonisation et de décolonisation

La conquête européenne du monde ne commence pas au 19ème siècle


mais au 15ème siècle, après la découverte par Christophe Colomb de
l'Amérique. Il travaillait pour le compte de l'Espagne et il va lui apporter le
début de l'accession à un empire. A l'origine, le projet de Colomb est de
trouver les Indes et non pas de faire un empire. Ensuite, au long du 16ème
siècle, deux petits royaumes européens, le Portugal et l'Espagne, vont devenir
puissants par la colonisation et vont conquérir l'Amérique centrale et
l'Amérique Latine. Puis, d'autres acteurs européens vont apparaître : la
Hollande, la Grande Bretagne et la France. A la fin du 18ème siècle, il y a une
suprématie navale anglaise : première puissance navale, commerciale,
assurance, marché financier etc

La situation au début du 20ème siècle est celle de la disparition des deux


plus anciens et plus grands empires coloniaux de l'époque : l'Amérique Latine
connaît une grande vague de décolonisation. L'Espagne et le Portugal se
retirent de cette zone. L'Amérique Latine devient indépendante, sauf un
territoire qui est Cuba et qui demeure une colonie espagnole tout au long du
19ème siècle. D'autres territoires s'intègrent aux territoires français (Antilles
par exemple) mais ne sont plus des colonies.
II. Aux origines de la nouvelle conquête coloniale

On ne peut pas isoler une cause plus importante que d'autres. D'abord,
le progrès technique et notamment le progrès des transports maritimes. Le
progrès technique et technologique se traduisent par « plus vite, plus vite »,
l'accélération des vitesse et la capacité d'atteindre des territoires plus
éloignés : transport pour le fret, augmentation de capacité de tonnage des
navire, innovations comme le percement du canal de Suez. L'industrialisation
de l'Europe doit être sans cesse alimentée, elle n'est possible que si les pays
européens se procurent des matières primaires en abondance qu'elle va
trouver dans les pays qu'elle va coloniser. Sur le plan industriel, l'équipement
de territoires vierges va offrir des débouchés aux compagnies en Afrique et en
Asie. Enfin, le territoire africain est particulièrement riche en minerai précieux,
or, argent et diamant et va susciter les appétits européens et la prédation
européenne.

Le rendement en Europe des investissements s’essouffle sur le


continent : les marchés financiers et le système industriel produisent des
intérêts financiers moindres qu'auparavant. Donc, les placements financiers
dans des valeurs, titres de bourse, actions, emprunts, vont se centrer autour
des sociétés qui font du commerce ou qui développent les infrastructures dans
les colonies qui elles ont des rendements plus élevées qu'en Europe. Les
placements financiers relatifs aux colonies vont constituer un nouveau
débouché particulièrement rentable.

Les aspects psychologiques et politiques ne sont pas les moins


importants. Il y a une volonté de domination. A l'époque, c'est un stade de
maturation et de développement de nationalisme. Ce nationalisme peut être
qualifié de « nationalisme de puissance » (expression de rené Girault,
historien). Il montre que l'ensemble des puissances y compris des jeunes
nations comme l'Italie et l'Allemagne, le projet n'est pas achevé après l'unité.
La fierté est telle qu'elle se traduit par une volonté de dominer à l'extérieur du
continent européen. C'est un contexte culturel de la pensée de la supériorité
du monde blanc sur tous les autres et sur l'émergence d'idéologies raciales et
racistes qui pensent que la diversité des races et hiérarchie des races. Cela a
un double effet qu'il faut imposer à ces peuples une domination naturelle et il y
a une mission naturelle des peuples occidentaux et blancs à civiliser ce monde
considéré comme inférieur.

Désormais, l'ensemble des puissances d'Europe occidentale ont soit une


volonté et un besoin économique, soit une volonté de puissance qui est telle
qu'elle amène à ces conquêtes coloniales. Ainsi, en Grande Bretagne,
Allemagne, Italie, France, Bel, une partie de l'identité nationale se nourri de la
domination coloniale. La possession d'un domaine colonial devient ensuite un
facteur de rivalité. Cela va avoir un effet sur l'équilibre européen. C'est un
signe que les rivalités très importantes vont naître entre la France et la Grande
Bretagne à propos de l'Afrique.

III. Les conquêtes du 19ème siècle


Deux époques distinctes apparaissent. Jusqu'aux années 1880,
l'expansion coloniale est lente. Après, il y a une véritable course pour acquérir
de nouveaux territoires : c'est là où l'Italie et l'Allemagne entrent dans le jeu
des colonisations.

Puis, l'ensemble du monde est conquis ou sous domination européenne.


La seconde colonisation est en partie le résultat d'actes de guerre et de
violence, menée par des flottes et des armées, mais aussi par d'autres acteurs
coloniaux comme les commerçants, les géographes, parfois des savants, des
explorateurs, aventuriers ou encore missionnaires.

La puissance la plus précoce dans cette seconde colonisation est la


Grande Bretagne qui a maintenu une intégrité de son empire colonial. Elle
possède au Canada, Antilles, Jamaïque, cote des Indes, des comptoirs
commerciaux. L'empire britannique est un confetti de petits territoires qui
correspond parfaitement à ses rapports avec le reste du monde.Les
possessions coloniales britanniques sont généralement des îles ou des
territoires sur les cotes. Les traités de 1814-1815 vont attribuer un certains
nombres de colonies qui étaient à la France à la Grande Bretagne : Malte, une
partie de la Guyane et des Antilles. Par ailleurs, elle enlève aux hollandais le
Cap en Afrique du Sud et Sélan dans L'océan indien. La stratégie de
colonisation britannique est adaptée à celle d'une puissance navale et
commerciale. Dès l'effondrement des empires espagnols et portugais, la
Grande Bretagne devient la première puissance coloniale mondiale. Elle est
challengée par la France mais elle garde sa position. Ce royaume va poursuivre
tout au long du 1çème en Océanie, Afrique son expansion garce à ses deux
flottes. Elle poursuit tout d'abord sa conquête des lieux d'escale dans les mers.
1819 ils acquièrent Singapour, Hong Kong en 1841 (carte 10). Ils vont passer
de ce projet ancien de la maîtrise de la méditerranée à un projet colonial qui
va reposer sur la possession de territoires : Afrique de l'Est. L'idée est d'avoir
une continuité territoriale (du Cap au Caire). Le cœur de l'empire britannique,
autant sur le plan symbolique que sur le plan de la puissance, est le royaume
des Indes. Lors du traité de Paris de 1763, qui met fin à la guerre de 100 ans,
la France perd la presque totalité de ses colonies. A partir de cette date, la
Grande Bretagne demeure le rival de la France dans le sous continent indien.
L'extension de la possession britannique dans les Indes commence par le
Bengale et va s'étendre sur près d'un demi siècle. En 1877, la reine Victoria
devient Impératrice des Indes. Ce que l'on peut voir sur la carte 10, c'est que
l'empire britannique s'organise sur cette centralité. D'où l'idée de la maîtrise de
la route des Indes par la mer (méditerranée, suez, océan indien). Ils
souhaitent aussi protéger la route terrestre. Il s'agissait que l'empire ottoman,
perse et Afghanistan soient des zones d'influence britannique : posséder de
l'influence politique et économique pour que ces territoires permettent route
maritime ET terrestre afin de continuer à faire du négoce et d'acheminer des
garnisons. Ceci a été un motif supplémentaire de rivalité avec la Russie (les
deux vont d'ailleurs échouer en Afghanistan). L'influence terrestre britannique
va donc aussi s'étendre. Il fallait aussi protéger les frontières orientales des
Indes et c'est pourquoi ils sont partis en conquête de la Birmanie et d'une
partie de la Malaisie. L'objectif était d'en faire une zone tampon face à de
potentielles influences chinoises.

La France, à l'inverse de la Grande Bretagne, a vu ses autorités


politiques manifester une méfiance envers la conquête coloniale. L'empire est
revendiqué seulement à l'entre-deux-guerres. Les nationalistes français sont
parmi les plus radicaux contre la colonisation. Il y a une majorité de contre
dans les formations politiques à cette colonisation. Cela a comme effet que la
possession et la conquête coloniale est à la fois le résultat d'accident de
conquête et de stratégie. Ce sont souvent des décisions sur le terrain qui ont
mis paris sur le fait accompli. Si on laisse de coté l'Algérie, aussi bien en
Afrique qu'en Asie, l'essentiel de la conquête coloniale française a lieu après
1880. La France conquiert tardivement son empire colonial africain et
asiatique. L'expansion est menée prioritairement en Afrique et en
méditerranée. La France commence par le Maghreb. En Afrique de l'Ouest en
Afrique Centrale, elle va constituer deux grands ensembles coloniaux contigus
(du Sénégal au Tchad : Afrique occidentale française ; puis Afrique équatoriale
qui comprend Gabon et Congo septentrionale). La France est aussi présente en
Egypte jusqu'à ce que GB s'en empare. Océan Indien puis Madagascar. Enfin,
en Asie (carte 10), à la fin des années 1880, elle va procéder à l'union de ses
trois colonies : Tonkin, Nam et Cochinchine deviendront l’Indochine. Enfin, la
France demeure fortement présente dans les Antilles et en Océanie (à cette
époque, la nouvelle Calédonie est française, on peut y ajouter des chapelets
d’îles). Le résultat, c'est qu'aujourd'hui la France n' a plus de colonies mais des
territoires d'outre mer → deuxième domaine maritime au monde.

Après ces deux puissances viennent la Hollande (avec l'Indonésie), la


Belgique (le grand Congo) et l'Italie (une partie de la Libye) et Allemagne
(Mozambique et Anamibie).

24/10/2014

Dans cette période, ce sont principalement des compagnies privées qui


vont être les artisans de la colonisation. La situation change dans les années
1880 dans la mesure où la forme de la colonisation devient différente. D'abord,
les intérêts se multiplie et ont voit des acteurs nationaux sur le territoire
africain. Certains de ces intérêts nationaux se heurtent à propos de l'Afrique et
en Afrique. Ces heurts sont parfois violents. C'est la raison pour laquelle les
chefs d'Etats européens acceptent en 1884 une initiative de l'Allemagne pour
se rencontrer à propos des enjeux coloniaux. Cette initiative allemande traduit
l'émergence de la puissance allemande sur le continent. A l'époque,
l'Allemagne n'a pas d'ambition coloniale, elle ne s'est pas encore rendue sur le
territoire africain, mais elle est le pivot des alliances continentales et est en
situation d'imposer à l'ensemble des puissances européennes une discussion
sur les modalités de la conquête. C'est ainsi que de novembre 1884 à février
1885 se tient à Berlin une conférence au cours de laquelle des règles sont
fixées entre les Etats européens pour la conquête coloniale de l'Afrique :
l'objectif est d'imposer l'Allemagne sur une problématique qui ne la concerne
pas directement et manifester sa puissance acquise. Les principes reconnus
lors de cette conférence sont la validation des éléments géostratégiques qui
témoignent une fois encore que Vienne est terminé. Le principe dominant
reconnu pour justifier l'implantation de telle et telle puissance sur le continent
africain est le principe d'influence : le premier arrivé sur un territoire se voit
reconnaître la légitimité de l'occupation. Cette conférence qui était faite pour
éviter des tensions en Afrique va manquer son objectif car ce principe
dominant va encourager à la conquête. Ce principe dominant est tempéré par
des éléments plus techniques : règles de navigation sur les fleuves africains,
règles pour le commerce.

IV. L'impérialisme et les formes spécifiques d'expansion en Chine et au


Japon

L'expansion de l'Europe hors de l'Europe ne se résume pas à la conquête


et à la possession de territoires. Il y a une autre forme de domination que l'on
peut qualifier « d'impérialisme » au sens marxiste. Le point commun entre le
colonialisme et l'impérialisme c'est qu'il existe un rapport de force qui est
favorable à un pays européen qui lui permet d'imposer sa tutelle à un territoire
étranger. La forme de ce rapport de force est pour autant différente :
bénéfique pour les pays européens mais mesuré.

L'impérialisme ne se traduit pas par la conquête de territoire, ils 'agit


d'une domination financière et économique d'un Etat européen sur un Etat
étranger. C'est ainsi que la France, la Grande Bretagne et l'Allemagne ont
utilisé l'arme financière (le prêt) comme un levier pour conquérir des
territoires. C'est principalement de l'argent publique, principalement en
méditerranée : Maroc, Egypte et Empire Ottoman. Ces pays ne sont pas
solvables et ce sont des coures royales où la dépense est le signe de la
puissance et dans cette configuration ces coures empruntent de plus en plus
sans que les capacités de remboursement soient à la hauteur des emprunts,
l'endettement croît à des taux élevés et passé un certain seuil d'endettement,
les pays européens peuvent exiger des contre parties financières, politiques ou
ouverture de marchés économiques. La dette est l'origine de la perte
d'indépendance. C'est ainsi que cette gestion de la dette au Maroc et en Egypte
a amené les Etats européens de s'emparer d'une partie de la gestion de ces
Etats. Petit à petit, des pans progressifs de l'économie de ces pays tombent
sous la gestion des pays européens. Le stade d'après est la négociation de
contre parties politiques : dans le cas de l'Egypte les créanciers britanniques
imposent à l'Egypte une situation de tutelle en 1882 (c'est le condominium) et
pour le Maroc, la France impose au Maroc en 1912 un protectorat (traité de
droit international très courant au 19ème siècle). Dans le cas de l'Empire
Ottoman, les prêts de allemand ont débouché sur une forte domination
économique allemande notamment dans les infrastructures ferroviaires ou
portuaires. En 1914, pour des raisons financières et économiques, les
allemands n'auront pas de difficulté à convaincre l'empire ottoman à entrer
dans une alliance avec elle et l'Autriche.

En Chine et au Japon, on retrouve une forme d'influence européenne qui


est de l'ordre de l'impérialisme. On peut considérer que depuis la fin du 18ème
siècle, la Chine s'est totalement fermée aux occidentaux. Le grand acteur
économique occidental en Asie est une compagnie britannique : la compagnie
britannique des Indes. Elle souhaite toucher les côtes de Chine afin d'y
exporter l'opium. Le colonisateur britannique a fortement développé la culture
du pavot dans les Indes mais la consommation d'opium ne se réalise pas pour
des raisons religieuses aux Indes et il faut y trouver un débouché : c'est à la
Chine que les fonctionnaire du Foreign Office pensent. Les britanniques mènent
donc deux conflits contre la Chine : ce sont les deux guerres de l'opium en
1839 et en 1842. C'est le début de l'ouverture contrainte de la Chine. Ces deux
guerres se soldent par une victoire britannique. Il y a un traité qui sera signé
en 1842, le Traité de Nankin. C'est le début de l'ère des traités inégaux et de
l'ouverture de la Chine. La Chine a l'obligation d'ouvrir 5 de ses ports aux
navires britanniques, elle doit céder Hong Kong, elle accorde aux britannique la
clause de la nation la plus favorisée. Cette clause signifie que c'est une
disposition de droit international commercial par laquelle un pays A qui
l'accorde à un pays B, s'engage à ne pas accorder à un pays C d'avantages
économiques qui ne seraient automatiquement accordé au pays B. Cela va
favoriser l'extension d'accord de libre échange et la formation de zones de libre
échangisme. L'ère de « traités inégaux » débute : ces traités se traduisent par
une relation disproportionnée entre les pays occidentaux et les pays non
occidentaux.

Les Etats-Unis, d'avant la guerre de sécession, ont compris assez tôt


qu'ils avaient un destin en Asie Pacifique. Pour un pays aussi rural, se projeter
comme dans une capacité de tisser des liens avec une puissance aussi éloignée
est assez stupéfiante (à l'époque, on navigue encore à la voile). Après le Traité
de Nankin, les Etats-Unis se lancent eux aussi dans un procédé d'ouverture
avec la Chine. En 1844, le Traité de Wanghia sera signé et leur accordera les
mêmes clauses que le Traité de Nankin. Les occidentaux vont, après avoir
affronté la dynastie de Chine, aider cette dynastie qui fait face à une révolte
interne : la révolte Taïping. A cette occasion, les occidentaux, en récompense à
l'aide apportée à l'empereur de Chine, se voient accorder des droits
économiques supplémentaires. Aucune des puissances européennes n'a de
volonté de pénétrer dans les territoires, ils veulent juste avoir des comptoirs.

La fermeture de l'île du Japon aux occidentaux datait de la première


moitié du 17ème siècle. Ce qui y met un terme est un coup de force des Etats-
Unis : une flotte américaine commandée par Perry en 1853 débarque sur les
côtes japonaises (le Japon était un empire sur des structures féodales à
l'époque) par la force et il demande l'ouverture de l'île au commerce avec les
Etats-Unis. C'est la politique de la porte ouverte qui repose sur l'idée qu'il faut
simplement commercer, bien qu'il y ait derrière cela des projets d'impérialisme.
Les japonais cèdent et signent le Traité de Kanagawa en 1853, il est plus
modeste que les traités avec la Chine puisque deux ports seulement sont
ouverts avec cette clause de la nation la plus favorisée. La même année, les
britanniques arrivent et obtiennent un traité identique à celui de Kanagawa.
L'année suivante, les japonais accordent aux russes les mêmes avantages. En
1858, ce sera le tour de la France. Face à cette pression, le souverain japonais
est contraint en 1866 d'abaisser considérablement ses lois de douanes et donc
à ouvrir les îles japonaises au commerce avec l'occident. Nous sommes dans
une période d'extension du libre échange en Europe.
Chapitre 6 : Les Etats-Unis d'Amérique : la
formation d'une puissance continentale et impériale
Cartes 12 et 13.

Les Etats-Unis sont indépendants depuis 1783 (signature du Traité de


Paris qui met fin au conflit). Les Etats-Unis de 1783 sont un 8ème des Etats-
Unis actuels. Les européens sont encore présents sur le reste du territoire et
les nouveaux Etats-Unis sont un pays purement rural, de culture plutôt que
d'élevage : rien ne laisse penser à cette époque que 50 ans plus tard, les
Etats-Unis représenteront ce qu'ils sont aujourd'hui. Cette conquête qui va
prendre un demi siècle est donc absolument stupéfiante.

Outre la formation du territoire américain, il y a de façon très précoce


une élaboration d'une politique étrangère et une projection au-delà des limites
du territoire américain.

I. Des treize colonies aux Etats-Unis contemporains : la conquête de


territoires

C'est un pays de petite taille : du Maine à la limite Nord de la Floride.


C'est un pays peu peuplé (moins de 4 millions d'habitants). La formation de la
puissance des Etats-Unis doit beaucoup à la croissance de sa population. Cette
population croît au rythme d'un tiers tous les 1à ans. En 1820 il y a 10 millions
d'habitants, en 1940 il y en a 17 millions et en 1860 il y en a près de 32
millions. A cette époque, l'immigration représente un chiffre relativement
important mais nous sommes dans la première phase d'immigration
européenne aux Etats-Unis : il y a 5 millions d'immigrants européens qui
viennent s'installer aux Etats-Unis. La seconde vague est plus importante et a
lieu après la guerre ce sécession. A cette époque, l'augmentation de la
population est plus due à l'accroissement naturelle qu'à l'immigration. A cette
époque, les immigrants sont pauvres et ruraux, ils arrivent sur la côte Est et
vont y demeurer : ils ne partent pas à la conquête de l'Ouest. C'est une
population qui va créer de grands ensembles urbains : les grandes métropoles
de la côte Est apparaissent à cette époque. Ces centres urbains vont être les
lieux de fixation des immigrés. Le peuplement par la suite des Etats-Unis,
l'évolution et la répartition dans l'espace de sa population, va accompagner la
progression des Etats-Unis qui se fait dans deux direction : l'Ouest et le Sud-
Ouest. Pour mener à bien cette progression vers l'Ouest, au-delà du Mississipi,
les Etats-Unis doivent se confronter aux trois puissances qui possèdent encore
la majorité du territoire : la France, la Grande Bretagne et l'Espagne. Malgré sa
défaite en 1783, la Grande Bretagne qui est présente au Nord au Canada, au
Nord Est dans l'Orégon, au Sud dans les Antilles, entend conserver une
certaine influence sur le territoire américain.

Le premier événement qui va accroître le territoire des Etats Unis a lieu


en 1803 : Napoléon Premier vend la Louisiane. Les Etats-Unis vont pénétrer
considérablement sur le territoire. La Floride est à l'époque une terre
espagnole. C'est un territoire important car en l'absence de la Floride, les
Etats-Unis n'ont pas d'accès direct au Golf du Mexique. Ils entrent en conflit
pour ce territoire avec l'Espagne qui se traduit par la victoire des Etats Unis par
le Traité d'Adams-Onis et l'Espagne cède la Floride aux Etats-Unis. Tout au long
de cette période, les Etats-Unis tentent aussi d'atteindre les côtes du Pacifique.
De garnde expéditions sont lancées et en 1804, la première expédition atteint
la côte du Pacifique (San Francisco est atteint). La situation change lorsque
l'empire espagnol disparaît et que le Mexique devient indépendant : le Mexique
a la main sur la Californie, le Texas.

Dans ce lent mouvement de progression qui se mène par achats, petites


guerres, explorations, la période 1812-1814 est très importante car les Etats-
Unis repartent en conflit avec la Grande Bretagne. Cette guerre est appelée
« la seconde guerre d'Indépendance ». Son origine tient dans des ambitions
nationales et nationalistes. Les Etats-Unis déclarent la guerre et elle s'achève
avec des effets psychologiques sur la société des Etats-Unis : elle renforce
l'idée que les Etats-Unis ont un destin américain et qu'il faut conquérir les
territoires américains. On voit l'apparition du nationalisme américain. Le
second effet de cette guerre c'est l'amélioration des relations avec la Grande
Bretagne : les britanniques prennent conscience qu'il faut rechercher l'alliance
des Etats-Unis. C'est aussi à partit de ce moment là que plus aucune puissance
européenne ne conteste aux Etats-Unis sa capacité à dominer l'ensemble du
Nord du continent.

II. Les principes fondateurs de la politique extérieure américaine

Les Etats-Unis, à l'époque dans la première décennie du 19ème siècle, ne


pensent leur destin que dans la conquête du territoire américain. Le territoire
conquis n'est en aucun cas maîtrisé : il faut le peupler, l'occuper et le valoriser.
La notion de « nation américaine » naît au moment de la seconde guerre
d'Indépendance est une notion en formation. La puissance américaine est
assez relative : c'est un pays rural, peu peuplé et qui en est à ses débuts.

Malgré cela, il faut constater qu'il existe un certain nombre de principes


généraux, de déclarations et de discours qui ont inspiré les responsables
américians en matière de politique extérieure. Le texte majeur est le discours
d'adieu que le président Gorge Washington adresse le 17 septembre 1796 dans
lequel il fait toute une série de recommandation : il recommande de demeurer
uni ; de demeurer à l'écart des querelles européennes (début de l'ascension
militaire et politique de Bonaparte en Italie du Nord, contexte de guerres en
Europe du fait de la Révolution française). Ce texte est un message
simplement mais extrêmement isolationiste : il n'est pas question pour
Washington de projeter un destin en dehors du territoire. C'est le texte
fondamentale qui défini l'isolationiste américain.

La base de la vision du monde américaine est ce discours d'adieu. Avec


la transformation des Etats-Unis, la montée des Etats-Unis est une lente prise
de distance avec ce discours isolationiste. En permanence, ils sont travaillés
par le vaste monde et le replis. L’État de puissance qu'ils ont aujourd'hui ne
leur permet plus ce replis depuis 1941.

Le retrait des puissances européennes (France et Espagne) met face aux


Etats-Unis des mexicains et des amérindiens. Il y a un rapport de domination
avec ces populations qui ressort. Ceci est cristallisé dans un discours en 1823
au congrès de Monroe. Monroe s'adresse au-delà des membres du congrès : il
s'adresse aux puissances européennes et au Tzar russe (Alaska est aux
russes). Monroe, dans le climat du début de processus de décolonisation,
indique aux puissances européennes, aux puissances de la Sainte Alliance, de
se garder de toute intervention en Amérique Latine : il n'est pas question que
d'autres puissances européennes succèdent à la puissance espagnole en
Amérique Latine. Il dit que le continent américain doit être aux américains.
Monroe complète Washington d'un certain point de vue. Finalement, il dit que
les Etats-Unis ne se mêleraient pas des querelles européennes pour peu que
les puissances européennes ne se mêlent pas aux histoires américaines. Il
revendique le droit de peser sur le sort des pays en voie d'indépendance. C'est
une vision qui va fortement évoluer, notamment avec les croissances et
extensions successives du territoire américain. Cela va être cristallisé avec
John O'Sullivan (journaliste) qui, en 1845, écrit dans un journal new yorkais
« il existe un droit de notre destinée manifeste de nous étendre sur tout le
continent que la providence nous a donné, et d'en prendre possession pour
développer la grande expérience de la liberté et du gouvernement fédéral
qu'elle nous a confiés ». La vision de domination du monde blanc, ajoutée à
cette vision divine d'apporter le gouvernement fédéral au monde est un projet
de vaincre toutes les résistances. Il y a là une vision universaliste poussée par
Dieu qui a une application politique : c'est le fondement de toutes les politiques
extérieures américaines. Cette projection de puissance est très originale : ce
n'est pas pour la gloire, c'est une mission de Dieu que d'apporter la liberté et
le gouvernement fédéral au monde. Ce Manifest Destiny est quelque chose de
bien plus important pour comprendre la politique extérieure américaine que le
discours d'adieu de Washington.

Les années 1840 sont caractérisées par une deuxième phase


d'expansion. Ce territoire de l'Orégon, disputé plusieurs fois entre les
britanniques et les Etats-Unis, va être de nouveau un sujet de tension et de
discussion. C'est une territoire particulièrement fertile, exploité par des colons
américains qui vivaient sous administration britannique. Ils vont faire pression
sous Washington qui va commencer des négociations avec Londres et la
Grande Bretagne va céder la presque totalité de ce territoire aux Etats-Unis. Le
Texas était une colonie espagnole, devenu indépendant en 1821 et demeurant
sous tutelle du Nouveau Mexique. Les américains vont s'y établir et vont
pousser à ce que Washington entre en discussion pour faire entrer cet Etat
dans la fédération américaine. Il y a un affrontement armé et l'indépendance
du Texas est proclamée par les colons en 1836, la répression mexicaine est
assez ferme. Les Etats-Unis interviennent en 1844 et en mars 1845, ils
annexent le territoire. C'est désormais une guerre ouverte des Etats-Unis
contre le Mexique qui va durer deux ans et qui va s'achever par un traité à
Mexico, Traité de Guadalupe. Ce traité est très important car non seulement le
Mexique cède aux Etats-Unis le Texas, mais aussi la haute Californie et le
Nouveau Mexique. Ils acquièrent ainsi une frange nouvelle de côtes Pacifique,
le fleuve du Sud, le Rio Grande, est désormais la frontière avec le Mexique.

En 1853, les Etats-Unis vont acheter au Mexique une bande de territoires


situés au Sud de l'Arizona. Vec cet achat, on considère que s'achève la
formation de l'unité territoriale des Etats-Unis qui a débuté en 1783.

III. Au delà des mers : les débuts de la formation de l'empire


américain

Au moment de l'achèvement de la guerre de sécession, de 1861 à 1865,


le territoire a déjà trouvé sa forme presque définitive. La guerre n'a pas eu
d'effet d'un point de vue territorial mais va avoir un effet très important sur la
formation de l'empire américain : cela va créer un sentiment de nation
américaine. Ce pays fait le choix de l'industrie et du protectionnisme. C'est un
pays pour lequel la guerre met un terme à 20 ans de conflits internes. A la
faveur de la guerre, pour les nécessités de la guerre, le Nord va voter un
certain nombre de mesures qui va renforcer l’État fédéral. C'est ainsi qu'en
1862 est voté le Homestead Act qui dispose que l’État donne à chaque pionnier
qui s'installe à l'Ouest une portion de terre. Ce genre de disposition est
évidemment un attrait considérable pour des populations propres. Cela va
encourager la colonisation des territoires de l'Ouest et conforter l’État sur une
politique publique d'expansion. La reconstruction d'après la guerre a pu se
faire principalement grâce à l'immigration : nous entrons dans la seconde
phase d'immigration qui va comporter 14 millions d'immigrants de 1860 à
1890. L'immigration et la colonisation sont encouragées, mais 10 ans après le
début de la grande vague d'immigration, le congrès vote des lois restreignant
l'ouverture au vaste monde du territoire des Etats-Unis. Ils vont adopter une
politique qui restreint l'immigration des non blancs : Restriction Act exclu les
asiatiques. En 1882, c'est le Chinese Exclusion Act interdit pour 10 ans l'entrée
sur le territoire aux chinois. 10 ans plus tard, en 1892, le Geary Act interdit
définitivement l'entrée des chinois sur le territoire.

Les Etats-Unis sélectionnent très tôt les immigrés. On voit bien que ce
pays qui se reconstruit est un pays qui entre aussi dans une phase de
nationalisme, dans laquelle il y a une partie de xénophobie. L'expansion des
Etats-Unis, dans cette configuration nouvelle, reprend. Désormais, les Etats-
Unis passent dans une perspective impérialiste dès le territoire continental
unifié en 1853. Par ailleurs, ils achètent l'Alaska à la Russie. Avec cette
disposition, les Etats-Unis acquièrent un territoire détaché du continent. A
l'époque, l'exploitation du pétrole commence et les Etats-Unis ne pensaient pas
que l'Alaska disposait de telles ressources énergétiques. C'est plutôt la volonté
de se hisser au niveau de la latitude de la Russie, une volonté d'expansion qui
n'est pas très raisonnée à l'époque, c'est la volonté de prendre des gains
territoriaux partout où il est possible d'en prendre. Le pays s'étend dans une
logique impérialiste en Alaska, en Asie et en Afrique.

Les Etats-Unis vont envoyer une flotte sur les côtes de la Corée
(indépendante en 1876 de la Chine) en 1882 et vont signer un traité d'amitié
et de commerce. Ils s'implantent donc aussi en Corée. A la fin des années
1880, les ports japonais, chinois et coréens sont ouverts aux Etats-Unis.

L'expansion se poursuit également dans le Pacifique et cette expansion


va prendre une forme beaucoup moins impérialiste mais beaucoup plus
coloniale. L'île de Midway en 1867 est occupée, Hawaï en 1898 (sous tutelle
des Etats-Unis depuis 1815). Les Etats-Unis se rapprochent des côtes de
l'Australie et en 1878, ils vont acheter une base navale dans les îles Samoa. On
voit donc (carte 14) que le Pacifique devient une mer américaine et les Etats-
Unis vont faire des efforts considérables pour se doter d'une flotte. La force
militaire et l'impérialisme américain s'appuie sur une flotte considérable et
aujourd'hui c'est la première flotte au monde. L'accès à la puissance maritime
commence très tôt pour les Etats-Unis afin de maîtriser cette mer. Cette jeune
puissance industrielle fait un effort considérable pour mettre au point cette
flotte. L'espace Asie-Pacifique est un espace stratégiquement pivot. Les Etats-
Unis commencent à devenir une puissance maritime (c'est une thalassocratie).

Depuis l'achèvement de la conquête de territoire, les relations avec les


puissances européennes se sont améliorées. La seule puissance qui subsistait
était l'Espagne dans l'espace mésoaméricain puisqu'elle possédait encore Cuba
et les Philippines. Les Etats-Unis vont profiter d'une révolte cubaine contre
l'Espagne pour intervenir et en 1898, il y a une conflit entre les deux flottes. A
Paris est signé le traité de paix et l'Espagne perd ses dernières possessions
coloniales : île de Guam, Porte Rico, les Philippines. Ces territoires deviennent
des territoires dépendants des Etats-Unis. Cuba devient indépendante mais
sous protectorat des Etats-Unis. C'est à partir de ce moment que s'ouvre une
nouvelle page dans l'Histoire des Etats-Unis : toute cette zone devient une
« arrière cours américaine » (expression d'Arthaud). Cet ensemble Golf du
Mexique-Mer des Antilles est souvent qualifiée de « méditerranée américaine ».
Les Etats-Unis vont y développer une politique de puissance et c'est ainsi qu'ils
parviennent à faire accepter un amendement à la Constitution cubaine,
l'amendement Platt, qui fait que les Etats-Unis ont un droit d'intervention
militaire en cas de trouble. C'est le début d'un corps spécialisé d'intervention :
les marins. Ils interviennent en 1906 et 1912 pour un maintien de l'ordre. Les
Etats-Unis s'aperçoivent que cette méditerranée n'est viable si elle n'est pas
ouverte : ils reprennent le projet de canal débuté par la France. A l'époque, le
Panama est sous la dépendance de la Colombie. Ils y suscitent une révolte et
vont encourager les nationalistes panaméens et vont créer une nation
artificielle (le Panama) qui débuche sur la proclamation de l'indépendance et
peu de temps après, la République du panama confie aux Etats-Unis une bande
de terrains en vue d'aménager un canal. Dans la constitution du panama, ils
vont avoir le même droit d'intervention qu'à Cuba et vont intervenir en 1906,
1912 et 1918. Enfin, ils veulent créer un deuxième canal. Ils ont pour projet de
creuser un canal au Nicaragua en 1914 et vont négocier. Un traité va être signé
et le Nicaragua cède des bases navales aux américains ainsi qu'une bande de
territoires en vue d'y aménager un deuxième canal, canal qui ne verra jamais
le jour.

On voit que les Etats-Unis ont achevé leur conquête territoriale


continentale, ont mis en valeur ce territoire, ont formé un empire américain
avec une influence maritime et politique qui est entre impérialisme en Asie et
néocolonialisme dans le Pacifique. Il y a une maîtrise de l'espace grâce à leur
conquête en Europe des mers et des détroits. Les Etats-Unis jouent de cette
façon un rôle international puissant qui s'affirme de plus en plus (guerre contre
l'Espagne) et dans ce contexte, il n'est pas surprenant qu'ils participent à La
Haye à la première conférence internationale pour la paix.
Chapitre 7 : Les relations économiques
internationales
I. Le mercantilisme et le protectionnisme dominants

Dans l'Histoire des échanges économiques mondiaux, la tendance


dominante a été celle de la protection des économies nationales. Les intérêts
personnels des souverains se mêlaient très étroitement avec ceux des Etats à
la tête desquels ils se trouvaient. Le promotion de l'économie nationale était
fortement conservée par les Etats dont les outils en matière économique à
l'époque étaient très simples mais tout à fait puissants. C'était principalement
des formes de protectionnisme par l'attribution de privilèges royaux
(monopoles) et une multiplicité de taxes, d'impôts qui étaient utilisés pour se
prémunir de toute influence étrangère économique excessive. Les idées
dominantes sont le mercantilisme et le protectionnisme.

Le mercantilisme est la pensée dominante sous l'Ancien Régime. Elle est


fondée sur la richesse. Cela joue un rôle important de l'enrichissement des
nations. Les mercantilistes sont des réalistes qui veulent voir la richesse. Pour
ce faire, les Etats doivent adopter des politiques protectionnistes (protéger
l'économie nationales qui découragent l'entrée de marchandises étrangères et
valoriser leurs biens pour l'exportation à l'étranger). Ils doivent donc tisser des
liens commerciaux avec les autres Etats.

L'ensemble des pays est protectionnistes et sont abrités derrières des


défenses douanières élevées. Cela ne stimule pas les échanges économiques et
le volume des échanges marchands est modeste. Dans un cas de
protectionnisme, les échanges ont un coût : le droit de douane.

Le protectionnisme et le mercantilisme sont étendus aux colonies.


L'ensemble de l'économie mondiale en est marqué. Pour les puissances
coloniales, c'est le système dit de « l'Exclusif » qui régit les relations entre la
métropole coloniale et les territoires ultra-marins. L'économie de la colonie est
fermée aux marchés autres que celui de la métropole, elle est pensée et
dirigée comme complémentaire de celle de la métropole. Elle ne peut vendre et
acheter qu'à sa métropole de tutelle et elle ne produit que des matières
premières et des produits alimentaires. Elle importe donc les produits
transformés de la métropole. On voit donc que les principes organisateurs du
commerce de l'époque sont fondé sur les intérêts des Etats et non pas sur ceux
des économies privées. Les acteurs économiques privés doivent se conformer
aux volontés de leur souverain.

II. L'invention britannique du libre échange et ses progrès très mesurés

Un économiste écossais est à l'origine de la pensée économique : c'est


Adam Smith. Il écrit un ouvrage célèbre publié en 1776 Recherche sur la
nature et les causes de la richesses des nations. Il part de la base de la pensée
économique de son temps et va déplacer le regard et remettre en cause les
fondamentaux du mercantilisme. Smith montre que le libre échange, c'est à
dire un échange non entravé par des tarifs douaniers ou par des règles
juridiques, est bénéfique pour les deux partenaires de l'échange. C'est une
nouvelle vision des échanges : l'échange n'est pas fondé sur le gain d'une
partie sur l'autre, mais sur le gain des deux parties. Il renverse le rôle
dominant des Etats et les encourage à baisser leurs barrières douanières. La
vision des libre échangistes est celle d'un espace économique caractérisé par
l'absence d'obstacle : vision totalement nouveau. Ce lieu de confrontation
entre l'offre et la demande s'appelle le marché. l’État est par nature absent du
marché, il ne doit pas intervenir autrement qu'en favorisant ce qui va faire
naître ce marché. Adam Smith, et plus tard Ricardo, ne deviennent pas des
idées dominantes du jour au lendemain. La situation de la Grande Bretagne au
19ème siècle illustre les paradoxes des acteurs économiques privés. Les
personnes possédant l'essentiel de ces richesses y sont hostile car à l’abri des
barrières du protectionnisme, ils pouvaient vendre leurs biens. Le
protectionnisme leur offre une rente de situation qui garantie leurs revenus
dans la durée sans effort particulier. Les consommateurs payent beaucoup plus
cher ces biens.

C'est contre cette situation qu'un économiste britannique d'origine


modeste, Richard Cobden va lutter. Il forme un groupe avec des industriels qui
formule une réflexion économique. Ce groupe va se vouer à faire une
campagne d'influence, à convaincre l'opinion éclairée de mettre en place une
économie libre échangiste. Autour de cette cause libre échangiste, se trouvent
les nouveaux acteurs économiques portés par la révolution industrielle. Pour
eux, le libre échange est la capacité d'ouvrir les exportations et les marchés
étrangers. Ils remettent en cause toute une série de lois votées depuis 1815,
notamment sur les blés (Corn Laws) et réclament la supprésion des monopoles
royaux. Ils sont également convaincus que les monopoles se traduisent par le
maintien des prix élevés et sont un obstacle au libre échange. En 1839, la Anti
Corn Laws League va mener une campagne pour sensibiliser l'opinion et les
gouvernement : instauration du libre échange et expulsion des aristocrates
hors de l’État sont deux points clés de leur programme. C'est la remise en
cause de multiples privilèges. En quelques années, une partie de la classe
politique (notamment les Tories) va être convertie à ces idées nouvelles et le
soutien aux aristocrates va être abandonné. En 1841, les conservateurs
reviennent au pouvoir avec la volonté d'abroger progressivement les lois sur
les blés. Peel va abroger une de ces loi en 1846, ce qui se traduit par une
baisse des prix pour les consommateurs. Peel va faire abroger ensuite les lois
de navigation (votées au 17ème siècle) qui étaient la base du système de
l'exclusif. Le commerce avec les colonies britanniques s'ouvre à l'étranger. Les
britanniques ont inventé le libéralisme politique, le capitalisme et le libre
échange.

La troisième mesure des Tories va être la signature d'un Traité de Libre


Echange avec la France en 1860 : c'est le Traité Cobden. C'est le premier traité
de libre échange au monde. Ce sont à l'époque des accords bi-latéraux.
III. Les progrès du libre échange à l'intérieur de l'espace germanique :
le Zolferein

Dans l'espace germanique, c'est une autre modalité d'accès à la


libéralisation des échanges. Le libre échange interne à l'espace germanique va
être utilisé comme un outil par le royaume de Prusse. La Prusse abroge toutes
les barrières douanières intérieures et met en place un tarif extérieur qui est
un tarif modéré (10%) pour l'époque. C'est une volonté de faire entrer les
marchandises étrangères germaniques.

Un économiste nationaliste, List, partisan de l'unité allemande, va publier


Système national des économies politiques où il plaide en faveur de l'union
douanière entre les Etats allemands. Ce projet est en fait un libre échange à
l'intérieur et un fort protectionnisme à l'extérieur. List va mener une campagne
de conquête d'opinion et crée l'Association Générale pour diffuser ses idées
auprès des différentes autorités. Il acquiert une forte influence et va préparer
le terrain pour que les gouvernements de la confédération germanique
acceptent l'idée prussienne. Cela abouti à la signature de convention entre les
Etats afin de rendre libre le trafic sur les grands fleuves allemands. Le premier
accord va entraîner les autres Etats à nouer des accords entre eux. Se tissent
et se signent donc des accords qui vont former cette union douanière et la
Prusse a le leadership et va signer des accords avec tous les Etats de la
confédération germanique. Elle est rendue publique le 1 er janvier 1884.

(carte 7) Il existe au coeur de l'Europe un marché de 25 millions


d'individus, marché unifié qui va ensuite adopter une monnaie prussienne, le
Thaler, qui adopte un code de commerce commun et même un parlement
douanier qui va trancher les litiges commerciaux. Lorsque la Prusse signe les
accords de libre échange avec d'autres pays, elle amène avec elle tout le
Zollverein.

IV. Les accords de libre échange des années 1860 en Europe et les effets
bénéfiques sur le volume des échanges

La France et la Grande Bretagne ont donné le signe de l'ouverture du


libre échange. Les principales dispositions de cet accord sont donc un traité de
commerce qui supprime toutes les prohibitions ; elle exempte les matières
premières et les produits alimentaires ; fixation pour les articles manufacturés
d'un droit maximum de 25 % ; les deux pays s'accordent mutuellement la
clause de la nation la plus favorisée. Cela va se traduire par une progressive
diminution partout en Europe des droits de douane.

V. bla

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