Vous êtes sur la page 1sur 24

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

LA VALORISATION DE LA RECHERCHE PUBLIQUE À L’ÉCHELON


DES RÉGIONS FRANÇAISES : QUELS ENJEUX, QUELS LEVIERS
D’ACTIVATION ?
Nathalie Schieb-Bienfait, Jean-Claude Boldrini

Management Prospective Ed. | « Management & Avenir »

2016/1 N° 83 | pages 165 à 187


ISSN 1768-5958
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
http://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2016-1-page-165.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

!Pour citer cet article :


--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Nathalie Schieb-Bienfait, Jean-Claude Boldrini, « La valorisation de la recherche publique à
l’échelon des Régions françaises : quels enjeux, quels leviers d’activation ? », Management &
Avenir 2016/1 (N° 83), p. 165-187.
DOI 10.3917/mav.083.0165
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour Management Prospective Ed..


© Management Prospective Ed.. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des
conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre
établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière
que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en
France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

La valorisation de la recherche publique à l’échelon


des Régions françaises1 : quels enjeux, quels leviers
d’activation ?2
Nathalie SCHIEB-BIENFAIT3
Jean-Claude BOLDRINI4

Résumé
Cet article interroge les modalités de rencontre et d’interfaçage
pour développer la valorisation de la recherche publique au niveau
régional. À partir des cadres théoriques de l’économie régionale et
de la gestion de l’innovation nous étudions les formes de couplage
entre une université pluridisciplinaire et les acteurs présents sur
le territoire. Après la présentation des enjeux de la valorisation –
sur le plan théorique et pratique -, nous analysons les principales
problématiques identifiées lors de notre recherche accompagnement.
Puis, nous discutons des leviers d’activation possibles à l’échelle
régionale : à savoir, une gouvernance réticulaire et des plates-formes
ouvertes à la recherche pour soutenir une logique de projet innovant
et un travail d’exploration collaboratif.

Abstract
This article aims to analyse the modalities of developing the
valorisation processes of French public research on regional scale.
Based on the theoretical foundations of the regional economy and

1 Cette recherche a débuté en 2011. Des premiers résultats ont fait l’objet d’une présentation
dans le cadre de la conférence de l’AIMS en juin 2013. Boldrini J.-C., Schieb-Bienfait N., Cadiou J.-C.
(2013), « Vers de nouvelles voies de rapprochement entre recherche universitaire et PME. Etude de cas
à partir d’un dispositif organisationnel innovant », X XII e Conférence de l’Association Internationale de
Management Stratégique, Clermont-Ferrand, 10-12 juin.
2 Une version préliminaire de ce texte a été présentée à la 11ème Conférence annuelle "Terri-
toires, Espaces et Politiques Publiques" à Nantes (44) les 25 et 26 septembre 2014.
3 Nathalie SCHIEB-BIENFAIT : Université de Nantes – IEMN-IAE – LEMNA -
Nathalie.Schieb-Bienfait@univ-nantes.fr
4 Jean-Claude BOLDR INI : Université de Nantes – IEMN-IAE – LEMNA -
Jean-claude.boldrini@univ-nantes.fr

165
N°83 - Février 2016

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
the management of the innovation we study the forms of articulation
and collaboration between a multidisciplinary university and the
regional organizations and institutions. After the presentation of
the theoretical stakes and the dominant practices of valorisation, we
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

analyze the key issues identified during our longitudinal research.


Then, we discuss some possible activation levels on the regional scale
particularly, a reticular governance and some open platforms dedicated
to support a project logic and a collaborative work of exploration.

Comment mieux valoriser la recherche publique à l’échelle des territoires ? Au cours


des quinze dernières années, les Régions et les instances françaises de la recherche
(universités, écoles et laboratoires) ont expérimenté de nouvelles modalités de ren-
contre et d’interfaçages avec les milieux socio-économiques au travers de dispositifs
organisationnels inédits. Les systèmes régionaux d’innovation sont ainsi devenus un
terrain et un objet d’investigation (Cooke et al., 1997, 1998 ; Cooke, 2001, 2002 ; Asheim
et Coenen, 2005 ; Mc Adam et al., 2012 ; Hajek et al., 2014). Les travaux théoriques ont
montré les effets positifs de la proximité, notamment spatiale et cognitive (Boshma,
2005 ; Uzunidis, 2010 ; 2013 ; Depret et al., 2010), sur les coopérations entre cher-
cheurs, entreprises, acteurs institutionnels, investisseurs… et leurs incidences sur les
dynamiques d’innovation.

Dans ce contexte, les Régions se mobilisent désormais, et de plus en plus, autour de la


valorisation académique. Depuis le 7ème programme de l’Union Européenne (UE), elles
consacrent des moyens financiers importants à l’appui au transfert de technologie, au
financement des projets de recherche, notamment pour les PME, et à l’accompagnement
d’entreprises innovantes. La recherche et l’innovation constituent ainsi le ferment d’un
nouveau modèle de développement. Elles contribuent à une « croissance intelligente,
durable et inclusive » comme le stipule le 8ème programme cadre de l’UE (dit « Horizon
2020 ») pour 2014-2020. Dans un paysage régional en profonde mutation5, cette pro-
blématique s’est considérablement affirmée avec le 3ème volet de la décentralisation6
(2014). Le renforcement des compétences des Régions révèle de nouveaux enjeux au
moment où apparaissent de nouveaux acteurs tels que les SATT (Société d’Accéléra-
tion du Transfert de Technologies) et les IRT (Instituts de Recherche Technologique).

La valorisation ne se résume pas à un « simple » transfert des résultats des laboratoires


de recherche universitaire vers les entreprises. Elle recouvre de multiples activités
aux périmètres plus au moins définis (détection des savoirs valorisables, soutien de
programmes de pré-valorisation, stimulation et orientation des collaborations entre
univers public et privé, soutien au transfert technologique, gestion et valorisation
de portefeuilles de brevets, accompagnement à la création d’entreprise innovante,
diffusion de la culture scientifique et technique…). Le modèle linéaire (science push)
persiste bien qu’il ne soit plus pertinent. Plusieurs recherches plaident en faveur d’un

5 Avec notamment les pôles de compétitivité, les programmes d’investissement d’avenir, la


création des SATT et les IRT.
6 Le premier projet de loi (55 articles) qui redéfinit la clause de compétence générale des dé-
partements et des régions instaure les régions chefs de file pour le développement économique et l’or-
ganisation des transports.

166
La valorisation de la recherche publique à l’échelon des Régions
françaises : quels enjeux, quels leviers d’activation ?

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
processus interactif intégré, tourbillonnaire (Akrich et al., 1988). Ce modèle requiert
une communication et une collaboration intenses qui impliquent un large ensemble
d’acteurs à l’échelle régionale (universités, centres d’innovation, entreprises…) (Tödtling
et Trippl, 2005).
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

Alors que le territoire régional est désormais reconnu comme le périmètre d’action
pertinent pour l’innovation, notre article interroge les modalités de rencontre et d’in-
terfaçage pour y valoriser la recherche publique. À partir des propositions théoriques
de l’économie régionale (Cooke, 2001, 2002) et de la gestion de l’innovation (Latour,
1989 ; Callon, 1989 ; Callon, 1999 ; Mustar et Laredo, 2002 ; Aggeri et Hatchuel, 2003 ;
Aggeri et al., 2007), nous nous sommes intéressés aux formes de couplage possibles
entre une université pluridisciplinaire et les acteurs présents sur le territoire. Notre
objectif est d’identifier leurs caractéristiques, de repérer les principales difficultés
rencontrées pour déployer les processus d’innovation et de valorisation de cette uni-
versité. L’article est structuré en trois parties : dans un premier temps, nous exposerons
les enjeux théoriques et les pratiques de la valorisation de la recherche publique à
l’échelle régionale pour mieux en cerner les problématiques. Dans un second temps,
nous présenterons notre méthodologie de travail et les premiers constats dégagés de
la recherche accompagnement mise en œuvre. Enfin, nous exposerons les difficultés
majeures et nous discuterons des leviers susceptibles d’être activés face aux enjeux
identifiés. Nous préconisons une gouvernance réticulaire et des plates-formes ouvertes
à la recherche pour soutenir une logique de projet innovant et un travail d’exploration
collaboratif.

1. Les enjeux de la valorisation de la recherche publique

Par leurs relations multiples et ambivalentes, les dynamiques de valorisation ne sont


pas simples à aborder sur le plan théorique. La méso-analyse des recherches relatives
à l’économie de l’innovation, et plus particulièrement celles sur les systèmes régionaux
d’innovation (Cooke, 2001), rend difficilement compte des formes organisationnelles
de l’action collective et de la diversité de ses régimes.

Prenant appui sur les études des couplages entre science et innovation (Kline et
Rosenberg, 1986 ; Etkowitz et al., 2000 ; Etkowitz et Leydesdorff, 2000 ; Fromhold-
Eisenbit, 2007 ; Aggeri et al., 2007), notre analyse, à l’échelle régionale, révèle plusieurs
niveaux de problématiques. Ils sont dus à la diversité et à l’évolution des mécanismes,
incitatifs et organisationnels, produits par les politiques publiques ainsi qu’à la cohabi-
tation des logiques qui les ont fondées. L’aptitude des politiques régionales à instaurer
ces couplages – notamment dans l’équilibre entre recherche planifiée et recherche
« libre » – constitue une question critique pour la dynamique scientifique et écono-
mique d’un territoire.

1.1. Deux approches théoriques en tension


La sociologie des sciences, dans ses analyses sur la « science en train de se faire »
(Latour, 1989 ; Callon, 1989), avait ouvert des perspectives nouvelles pour aborder
l’activité scientifique et sa valorisation. La science y est décrite comme un processus

167
N°83 - Février 2016

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
incertain et chaotique fait d’allers et retours permanents. Selon ces auteurs, la diffu-
sion des recherches dépend moins de leurs qualités intrinsèques que des capacités
des acteurs (notamment des scientifiques) à opérer des traductions, pour enrôler des
alliés et ainsi étendre leurs réseaux de porte-parole. Cette approche suppose, pour
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

être mobilisable dans l’étude des dynamiques de valorisation à l’échelle régionale,


d’être capable d’identifier et de suivre de manière fine et systématique la formation
des réseaux et leur déploiement autour d’objets scientifiques et techniques ou d’objets
frontières (Star et Griesemer, 1989). C’est cette posture méthodologique que nous
avons privilégiée pour étudier des projets dans le cadre de partenariats d’exploration
(Segrestin, 2006).

Cette posture s’opère toutefois au détriment d’une analyse contingente et historique


des formes d’action collective de l’activité des scientifiques (Aggeri et Hatchuel, 2003).
Une théorie plus large de l’action collective, comme celle développée par Hatchuel
(2001a)7, permet d’examiner les couplages historiques entre processus de production
des connaissances scientifiques et techniques d’une part, et les formes d’organisation
contingentes de l’action collective, d’autre part. De multiples espaces d’action collective,
fondés sur des régimes spécifiques de normativité et de coopération, sont alors mis en
évidence, rendant stérile le débat récurrent opposant recherche académique et recherche
finalisée avec l’exemple de la recherche dans l’agriculture (Aggeri et Hatchuel, 2003).
Ces auteurs montrent qu’il ne s’agit pas de concilier deux logiques universelles de la
recherche qui auraient toujours été là ou de penser une science académique devant
s’ouvrir aux partenariats. La question centrale est de rendre compatibles la production de
connaissances finalisées – qui implique le détour par des travaux « fondamentaux » – et
des formes d’action collective drainant des projets d’innovation aux critères multiples.

1.2. Les défis de la valorisation versus la complexité et l’instabilité des


dispositifs
La diversité des dispositifs régionaux et nationaux de valorisation, mobilisables par une
université pluridisciplinaire, ne favorise pas la transition vers « l’université entrepre-
neuriale » (entrepreneurial university) (Clark, 1998 ; Etzkowitz et al., 2000). Avec les
réformes successives et les mutations institutionnelles, dans l’enseignement supérieur
et la recherche8, ont émergé de nouveaux enjeux, notamment politiques, économiques,
humains et financiers. Ces enjeux ont fait évoluer les logiques sous-tendant les dé-
marches de valorisation.

Malgré le nombre et le rythme des réformes, Beylat et Tambourin (2013) soulignent


que d’importantes réformes sont encore à engager pour améliorer l’environnement
de l’innovateur et favoriser les dynamiques de transfert. Doit-on parler de réformes

7 Selon Hatchuel, la cible d’un processus d’innovation est de développer un champ d’innova-
tion, c’est-à-dire un domaine où l’on exerce un travail de conception innovante.
8 Depuis 2004, le système français de la recherche et de l’enseignement supérieur a connu
d’importantes restructurations, sous l'effet de plusieurs réformes et de la création de nouvelles ins-
tances, dispositifs (ANR, AERES, Institut Carnot, pôles de compétitivité, crédit impôt recherche, Loi
LRU, réforme du CNRS, création des PRES, alliance entre organismes, opération Campus, Investisse-
ment d’Avenir, IRT, Idex, Labex, Equipex, création des SATT, crédit impôt innovation…).

168
La valorisation de la recherche publique à l’échelon des Régions
françaises : quels enjeux, quels leviers d’activation ?

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
à engager ou plutôt de pratiques collectives à faire évoluer ? S’agit-il principalement
d’opérer des transferts ou le transfert n’est-il que la dernière étape du processus de
valorisation ?
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

Les dispositifs actuels de valorisation de la recherche donnent l’impression d’un sys-


tème de moins en moins lisible que ce soit pour les chercheurs ou pour les acteurs
socio-économiques. L’organisation des processus de valorisation est répartie entre
une multiplicité d’acteurs et de structures para-publiques agissant avec des zones
de recouvrement. Cette nébuleuse d’acteurs est co-financée par divers organismes,
publics ou privés, et par des collectivités territoriales, dont les Régions. En raison de
la complexité des démarches de valorisation, des acteurs variés couvrent un large
périmètre de missions (sensibilisation, détection, maturation, financement, soutien
aux transferts, ingénierie de projet et/ou de création d’entreprise innovante, projets
collaboratifs…), qui font l’objet d’investigations spécifiques (Poncet, 2006), notamment
juridiques (Corbel et al., 2011 ; Corbel et Simoni, 2012).

1.3. Les problématiques associées aux dynamiques régionales


Ces dernières années, le territoire étudié a vécu un renouvellement organisationnel
important avec un nombre croissant d’acteurs et de structures travaillant à la pro-
duction, à la diffusion de connaissances scientifiques et techniques auprès du monde
socio-économique : des centres techniques, des plates-formes technologiques, des
pôles de compétitivité ont été créés, ainsi qu’un IRT et une SATT interrégionale. Une
antenne du CEA est également venue s’implanter sur le territoire en 2013.

L’action régionale se déploie donc dans un contexte déjà riche de dispositifs institution-
nels impulsés par l’Etat. L’ensemble participe de la formation d’un système régional
d’innovation (Cooke et al., 1998 ; Cooke, 2001) c’est-à-dire un ensemble d’acteurs
et de ressources qui interagissent efficacement et permettent, entre autres, « d’op-
timiser les transferts des compétences et les collaborations entre les différents acteurs
du développement régional »9. La caractérisation de ce système doit être menée pour
mieux en appréhender les formes de couplage, mais aussi pour distinguer les formes
d’action collective selon les acteurs et l’univers disciplinaire académique10. Selon les
régions, la situation peut être très différente et le maillage avec la recherche encore
insuffisant11. Beylat et Tambourin (2013) invitent précisément à intensifier la création
et le développement d’écosystèmes locaux d’innovation, rappelant que l’innovation
naît lors d’interactions entre acteurs hétérogènes.

Lors de précédents travaux (Boldrini et al., 2011 ; Boldrini et al., 2013), nous avons
identifié plusieurs problématiques dont le caractère étroitement imbriqué souligne la

9 Commission Européenne, "Les stratégies et actions innovatrices : principaux résultats de


quinze années d’expérimentation régionale", octobre 2006.
10 Les dynamiques de valorisation ne présentent pas les mêmes problématiques si elles s’adossent
à des découvertes scientifiques.
11 D’après les études de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique
(OCDE), la recherche française est peu orientée vers l’aval de la chaîne de l’innovation.

169
N°83 - Février 2016

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
complexité et l’instabilité mais aussi les nombreuses incertitudes posées par l’activité
de la valorisation à l’échelle régionale :

• Un véritable « millefeuille » d’acteurs et de dispositifs, avec des acteurs géné-


Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

ralistes (BPI-OSEO, les incubateurs…) et des acteurs spécialistes (tels que les CRITT,
les pôles de compétitivité…), qui relèvent de régimes spécifiques de normativité et de
coopération (Aggeri et Hatchuel, 2003). Rappelons notamment que l’Université doit
développer son autonomie financière et renforcer ses capacités budgétaires propres ;
soulignons également que la SATT (qui présente la particularité d’être inter-régio-
nale) repose sur le modèle économique du secteur commercial avec une rentabilité
exigée. Quelles conséquences cela va-t-il entraîner dans le choix des thématiques de
recherche, dans l’arbitrage des soutiens entre les projets régionaux, dans le choix des
secteurs susceptibles de générer des brevets financièrement intéressants ? Ainsi se
profilent autant d’enjeux de pouvoir et des difficultés de définition des périmètres de
responsabilité et d’action ; de plus les missions de l’IRT sont encore peu discernées
par les acteurs régionaux.

• La reconnaissance progressive d’une acception plus large de la valorisation.


Elle renvoie à une diversité de champs de production de connaissances et des canaux
de transmission de celle-ci entre l’université et l’économie. Elle suppose également
de nouvelles formes d’action collective. Quatre grandes catégories de canaux sont
repérables (Lester, 2005) : la mission de base de formation initiale et permanente,
la contribution à l’augmentation du stock de connaissances codifiées, l’augmenta-
tion de la capacité locale à traiter des questions scientifiques et techniques (par le
transfert de technologies, les spin-offs, les contrats de recherche, le consulting, l’accès
des entreprises locales aux équipements scientifiques), des rencontres privilégiées
entre chercheurs et entreprises pour discuter d’idées nouvelles.

• L’engagement dans une articulation entre les démarches et outils d’intervention


entre l’Etat, les collectivités territoriales (notamment les Régions), les Chambres
consulaires (les CCI). Au-delà des alternances politiques et des changements dans la
gouvernance des universités et des autres acteurs institutionnels, la définition des
dispositifs organisationnels et de leurs règles requiert un travail de concertation et
d’organisation d’autant plus complexe que ces sphères d’acteurs (privés et publics,
aux tutelles différentes) se connaissent encore insuffisamment et qu’il peut y avoir
des conflits d’objectifs ; la durée de leurs mandats respectifs fragilise le développe-
ment de relations pérennes et l’instauration de la confiance.

• Il existe des difficultés à se saisir et à décliner des approches susceptibles de


mieux articuler la recherche et l’innovation, comme les méthodes de conception
innovante (Hatchuel et Weil, 2002, 2003, 2008 ; Le Masson et al., 2006 ; Gillier, 2010)
ou les approches Projets fondées sur les sciences de la conception (Perrin, 2001 ;
Forrest et al., 2005). Paradoxalement, les chercheurs semblent disposer de peu de
cadres et d’outils méthodologiques relatifs à la valorisation « amont » leur permettant
d’engager des démarches d’exploration sur les enjeux marchés. Les chercheurs sont
plus accompagnés sur les développements aval d’un projet de recherche. Enfin, la
valorisation est encore trop souvent abordée sous l’angle des problématiques de
court terme, dans une perspective plus individuelle que collective, en rapport avec

170
La valorisation de la recherche publique à l’échelon des Régions
françaises : quels enjeux, quels leviers d’activation ?

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
les questions de transfert, sous l’angle juridique et financier. Pourtant, la valorisation
recouvre aussi d’autres engagements du (des) chercheur(s) en raison de son exper-
tise, de son savoir-faire mais aussi de ses réseaux (notamment le développement
de la culture scientifique et technique, la critique sociale…).
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

Dans ce contexte particulièrement instable et potentiellement sujet à des controverses


quant au statut de la recherche et du chercheur (Philpott et al., 2011), nous avons étudié
les constructions locales, les tentatives « d’ordres contingents » que les acteurs locaux
conçoivent, à travers l’analyse des dispositifs organisationnels et des micro-pratiques
des acteurs sur un périmètre régional donné. Face aux évolutions nationales et aux
défis européens et mondiaux (classement de Shanghai), les Régions expérimentent
des dispositifs organisationnels pour soutenir leurs dynamiques de valorisation, dans
lesquels les universités jouent au rôle croissant.

2. La recherche accompagnement comme choix méthodologique

Pour ce travail, nous sommes engagés, depuis quatre ans, dans une recherche accompa-
gnement (Bréchet et al., 2014) auprès des acteurs de la valorisation de notre université.
Parallèlement, nous avons conçu un dispositif expérimental – la plate-forme RIF12 –
pour prendre part à des démarches d’accompagnement proposées par des acteurs de
la valorisation (comme l’espace Entreprises de l’Université, sa filiale de valorisation,
l’incubateur, les pôles de compétitivité du territoire et son Réseau de développement
de l’innovation).

La présente recherche s’appuie sur différents terrains d’étude : (1) ceux conduits avec
la filiale de valorisation, à partir de l’analyse d’études de cas (que nous avons accom-
pagnés) et qui sont relatives au développement d’activités entrepreneuriales fondées
sur des travaux de chercheurs (ou de collectifs de chercheurs), d’une série d’entretiens
auprès des acteurs directement impliqués dans la stratégie partenariale pour déve-
lopper l’innovation entre l’université et les acteurs socio-économiques (CCI, Agence
régionale de l’innovation, incubateur) ; (2) par plusieurs expérimentations menées dans
le cadre de la plate-forme RIF. La collecte de données s’est traduite par une quinzaine
d’entretiens individuels ou collectifs semi-directifs, la participation à des réunions de
travail interne avec la DRPI (direction de la recherche, des partenariats et de l’innova-
tion) de l’université, sa filiale de valorisation, l’agence régionale d’innovation, la CCI et
par l’analyse de sources secondaires (schéma de développement régional, diagnostic
stratégique, cartographies des filières régionales…). Un exemple de projet, suivi sur
deux années, décrit succinctement les caractéristiques ainsi que les problématiques
posées par la démarche de valorisation (tableau 1).

12 Plateforme RIF : Recherche Innovation Formation, Site : http ://www.univ-nantes.fr/iemn-


iae/plateforme-rif

171
N°83 - Février 2016

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
Tableau 1 - Un exemple de problématiques liées à une démarche de
valorisation
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

Objectif
Développer - au sein de la filiale de valorisation - une cellule de compétence fondée sur l’ex-
pertise scientifique acquise par des chercheurs dans le traitement de matériaux composites
ou métalliques pour résoudre les problématiques industrielles de traitement de surface (dans
l’aéronautique, l’emballage, l’agroalimentaire…) ; cette cellule peut valoriser les activités
de recherche et développement de ces chercheurs et de leur laboratoire (spécialisé dans le
génie des matériaux et procédés) dans de nombreux domaines industriels ; ces chercheurs
sont de plus en plus sollicités par les industriels pour des prestations d’ingénierie de R&D,
de la sous-traitance de production pour des petites séries, de la recherche collaborative avec
d’autres secteurs industriels et d’autres domaines de recherche. Il est envisagé à moyen terme
la commercialisation de produits annexes.

Problématiques relatives à la démarche de valorisation


Ce projet de valorisation porte sur des solutions innovantes en traitement de surface dont
les usages peuvent être effectifs mais aussi émergents. Il pose des problématiques marché :
comment cerner la nature des besoins selon les univers industriels (outilleurs-moulistes,
fabricants de machines outils pour l’industrie pharmaceutique, agroalimentaire…) ? Comment
identifier les différentes prestations et les applications possibles ? De nombreuses questions
portent sur les applications industrielles envisageables. Une démarche d’exploration doit être
menée pour identifier les acteurs industriels, pour réaliser des essais, pour mieux identifier de
possibles marchés, cerner les besoins de traitement de surface des futurs clients industriels,
les usages potentiels, mais aussi les comportements d’achat industriel. Le champ d’investiga-
tion à explorer est vaste et gagnerait à être combiné avec d’autres recherches scientifiques et
univers industriels. Parallèlement, se posent des questions sur la nature des collaborations à
mettre en œuvre, sur la brevetabilité éventuelle, sur la démarche de mobilisation à déployer
auprès d’acteurs socio-économiques (CCI, pôles de compétitivité, clusters, grandes entreprises
et PME du territoire).

Les acteurs engagés dans la démarche


Les chercheurs, la cellule de compétence intégrée à la filiale de valorisation, animée par un
ingénieur R&D, l’ingénieur valorisation du laboratoire universitaire (docteur en chimie),
le directeur de la filiale de valorisation, la chargée marketing de la filiale de valorisation, la
DRPI de l’université, les entreprises sollicitées pour les essais, les animateurs de différentes
filières industrielles auprès des CCI.

3. Un foisonnement de structures d’action collectives

À partir d’une approche contingente et historique, nous avons choisi d’exposer de


manière synthétique les formes de couplages impulsées par la Région (3.1.) et par
l’université (3.2.).

3.1. Les structures d’action collective impulsées par la Région

Depuis plusieurs années, le territoire étudié a cherché à structurer son système régio-
nal d’innovation autour d’acteurs bien identifiés. Ce système s’est considérablement

172
La valorisation de la recherche publique à l’échelon des Régions
françaises : quels enjeux, quels leviers d’activation ?

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
renforcé avec la formation des pôles de compétitivité13, la création d’une agence ré-
gionale de l’innovation et d’un réseau de développement de l’innovation (RDI). En
2014, la Région étudiée héberge neuf pôles de compétitivité labellisés par l’Etat. Ces
acteurs ont commencé à tisser des liens (à la fois sur le plan social, industriel scien-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

tifique, politique) selon un mode plutôt décentralisé, interactif, réticulaire, et surtout


davantage tourné vers les PME et les start-up. Présente dans la gouvernance de ces
pôles, la Région les soutient financièrement et son agence régionale peut mettre à leur
disposition des experts filières.

Par ailleurs la région a formalisé un parcours de l’innovation dans l’écosystème régional,


avec les CCI (Tableau 2). Les acteurs de l’innovation sont regroupés au sein du RDI –
réseau de développement de l’innovation – qui rassemble environ 230 collaborateurs
d’une soixantaine de structures différentes. Ce réseau accompagne les entreprises dans
le domaine du développement économique et/ou de l’innovation. Depuis sa création,
il a développé des outils (comme, par exemple, « Etincelle Innovation » dispositif pour
les primo-innovants) ainsi que des temps de rencontre pour favoriser les interactions
(Journée Innov’Dia). Plutôt orienté vers des actions aval, ce réseau s’interroge sur les
modalités d’articulation avec l’université et ses laboratoires.

Tableau 2 - Repérage des acteurs du parcours de l’innovation


régionale

Exemple de dis-
Acteurs -
Type positifs d’accom-
animateur ou Activités Objectifs
d’organisation pagnement ou de
gestionnaire -
financement
Agence régionale Agence de la Coordonner les Inciter les en- Journée régionale de
d’Innovation région assurant structures du sou- treprises non l’innovation
la coordination tien à l’innovation innovantes et
globale primo-innovantes Soutiens aux filières
à s’engager dans et pôles
une démarche
d’innovation Fonds régional et BPI
CCI Acteurs généra- Accompagner le Travailler à la Déclic Innovation
listes et acteurs développement mise en réseau et
de terrain des entreprises à la conception / Tremplin Innovation
mise en œuvre
d’outils contri- Dinamic Innovation
buant au parcours
d’innovation

13 « Un pôle de compétitivité se définit comme la combinaison, sur un espace géographique


donné d'entreprises, de centres de formation et d'unités de recherche publiques ou privées, engagés dans
une démarche partenariale destinée à dégager des synergies autour de projets communs au caractère
innovant ». Extrait de l'appel à projets de Pôles de Compétitivité de Novembre 2004.

173
N°83 - Février 2016

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
Exemple de dis-
Acteurs -
Type positifs d’accom-
animateur ou Activités Objectifs
d’organisation pagnement ou de
gestionnaire -
financement
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

Plate-forme ré- Différentes Favoriser la mu- Entreprises, Offres de services,


gionale d’innova- plates-formes tualisation d’équi- chercheurs d’expertise technique
tion (PRI) par univers pements entre
d’activité (robo- des entreprises, Acteurs
tique, alimenta- au service de leur institutionnels
tion, numérique, développement
gérontologie…) économique et
de celui de leur
territoire
Pôles de Neuf pôles Soutenir les Entreprises et Accompagnement et
compétitivité présents sur le actions partena- laboratoires soutiens aux diffé-
territoire riales et projets rents appels à projet
collaboratifs

Paradoxalement, en 2014, l’articulation des plates-formes régionales d’innovation


avec l’univers de la recherche universitaire est encore très modeste. Les missions
de ces plates-formes présentent une certaine hétérogénéité ; peu connues des cher-
cheurs et des entreprises, elles demeurent peu mobilisées par l’univers académique.
Parallèlement, les CCI participent à cette offre d’accompagnement à l’innovation, mais
les dispositifs sont faiblement articulés aux activités de recherche déployées dans les
laboratoires régionaux.

La Région constate, à l’issue du diagnostic réalisé, en 201314, sur son système régional
d’innovation, que bien qu’elle ait fait « le choix d’accorder une priorité forte au soutien à
la recherche et au développement technologique »… « cette mobilisation n’a pas permis
d’opérer le saut qualitatif et quantitatif » attendu. Elle est soucieuse de rattraper son
retard structurel (par rapport au niveau national), qu’elle explique notamment par un
déficit d’investissement en faveur de la recherche et du développement technologique
(présence historiquement faible des organismes nationaux de recherche). Ce diagnostic
souligne également les limites d’une action publique fondée sur une recherche que
nous pourrions qualifier de « planifiée ».

Dans le schéma régional 2014 - 2020, plusieurs axes de progrès structurants sont mis
en évidence : (1) poursuivre la structuration régionale du « triumvirat » enseignement
supérieur, recherche et innovation ; (2) favoriser les effets d’entraînement des dyna-
miques collaboratives avec la création d’un IRT (Institut de Recherche Technologique) ;
(3) soutenir le développement prometteur de certaines filières émergentes (dont les
énergies marines renouvelables et le numérique) ; (4) amplifier les dynamiques thé-
matiques associant Recherche-Formation-Innovation15 - RFI - (Tableau 3).

14 Ce diagnostic s’est effectué en trois étapes : (1) une analyse des forces et faiblesses du système
régional d’innovation ; (2) un diagnostic des 22 filières économiques régionales ; (3) une démarche
d’investigation des champs académiques d’intérêt pour la région.
15 Extrait du rapport Fonds européens 2014-2020 : Stratégie Régionale d’innovation pour une
spécialisation intelligente, janvier 2014.

174
La valorisation de la recherche publique à l’échelon des Régions
françaises : quels enjeux, quels leviers d’activation ?

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
Tableau 3 - Les démarches Recherche - Formation - Innovation
(extrait du rapport sur la stratégie régionale, p.21)
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

Principes et objectifs :
– décloisonner les mondes de la recherche, de la formation et de l’innovation afin d’encourager
des synergies et de bâtir des stratégies cohérentes de développement.
– accompagner ces stratégies par le développement à moyen terme de pôles de compétences
reconnus et connectés au territoire.

Comment ?
Par une réflexion collective permettant de : (1) consolider le diagnostic et le positionnement
relatif des acteurs régionaux par rapport à leurs concurrents français et internationaux ; (2)
renforcer les liens avec les entreprises ; (3) définir l’ambition du projet et le positionnement
cible à moyen terme (5 à 7 ans) et la feuille de route à mettre en œuvre pour : (a) un soutien
à la recherche (au ressourcement et à l’émergence de compétences nouvelles) ; (b) un déve-
loppement de l’offre de formation ; (c) l’accompagnement de la diffusion de l’innovation, (d)
l’appui à l’internationalisation, (e) le renforcement de fonctions supports.

À partir de ce constat partagé, et pour une meilleure connaissance réciproque entre


les activités de recherche et les missions des chargés de filière de la CCI, un travail
conjoint a été engagé autour de neuf filières prioritaires figurant dans le schéma de
développement régional (devenu le cadre commun de référence de l’Université et
des instances consulaires (CCI)). Les enjeux de la valorisation de la recherche s’ins-
crivent donc désormais dans le projet de construire des dynamiques collaboratives
entre les établissements d’enseignement supérieur et les entreprises au sein de ces
neuf filières économiques. L’objectif est de « stimuler la performance et l’innovation
dans les entreprises en utilisant les ressources et les compétences existantes au sein des
établissements16 » avec « une stratégie d’innovation qui s’appuie sur l’excellence de la
recherche »17. Dans ces propos, on décèle la prégnance de stratégies très « push » et « high
tech », qui peuvent faire peur aux PME et tendre à exclure les entreprises « low tech »
c’est-à-dire précisément celles qui auraient le plus besoin de dispositifs de soutien et
d’accompagnement (Hassink, 1996).

Derrière cette stratégie affirmée depuis l’année universitaire 2013 - 2014, les res-
ponsables et les acteurs de terrain des CCI et de l’université commencent à identifier
ensemble les voies de dialogue qui permettront de mener ultérieurement des actions
concertées. À cet effet, pour chaque filière, un travail de cartographie des compétences
en matière de recherche des laboratoires de l’université doit être engagé18, en parallèle
d’un diagnostic économique mené par les CCI.

16 Extrait d’un document interne de travail relatif à la collaboration CCI / Université – mars
2013.
17 Extrait d’un document interne sur l’accompagnement de l’innovation et des relations entre-
prises – mars 2013.
18 L’université a choisi de désigner des correspondants par filière (désignés comme ingénieur
filière) pour mener ce travail et animer ces interfaces. La situation financière contrainte de l’université
a ralenti ce projet (environ 12 mois pour mettre en place cette organisation).

175
N°83 - Février 2016

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
3.2. Les structures d’action collective impulsées par l’université
La stratégie de l’université n’a pas toujours été très lisible quant à la préservation de
sa force de recherche académique et au développement d’une valorisation efficace et
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

pérenne visant à combler les lacunes existantes entre ses laboratoires de recherche
et les centres de R&D des grandes entreprises, et plus encore à propos des relations
insuffisantes entre ses laboratoires et les PME. La volonté politique de l’université
et l’engagement dans de nouvelles formes d’action sont désormais présents dans les
dispositifs rhétoriques (comme le nouveau projet d’établissement de l’université) et
dans des initiatives organisationnelles (telles que le renforcement de sa filiale de valo-
risation ou la création d’un service Relations Entreprises), mais avec, en toile de fond,
les nouvelles contraintes financières résultant du passage de l’université à l’autonomie.

Si, pendant plusieurs décennies, l’université étudiée, à l’instar d’autres universités,


s’est dessaisie des problématiques de valorisation au profit d’acteurs extérieurs (no-
tamment l’incubateur, le CNRS, mais aussi des associations de valorisation régionales),
elle souhaite désormais être plus impliquée dans les dispositifs existants et participer
activement à de nouvelles formes d’action avec notamment l’agence régionale, les CCI
et les pôles de compétitivité. Elle s’appuie sur sa filiale de valorisation. Région et CCI
ont été sollicitées pour rentrer dans le capital de cette filiale.

Depuis 2010, cette filiale déploie une stratégie de développement de cellules de com-
pétences (pour aider les chercheurs engagés dans la valorisation à travailler avec les
PME et en mettant en place des personnes interfaces de profil ingénieur technico-com-
mercial ou ingénieur recherche). On assiste à la fois à une forme de re-internalisation,
par l’université, des problématiques de valorisation, tandis qu’une externalisation de
certaines pratiques est imposée avec la création de la SATT inter-régionale19 (notam-
ment pour les activités de maturation et transfert). Dans la mesure où le périmètre
des activités relevant de la maturation est encore approximatif, la vice-présidence à
l’innovation cherche à bien cadrer la SATT et ses missions, d’autant qu’elle ne faisait pas
partie de sa gouvernance en début 2014. Ces acteurs se découvrent progressivement
et apprennent à travailler ensemble bien qu’ils déplorent un défaut de connaissances
des missions et des outils de leurs partenaires. Les chercheurs demandent de « clarifier
les rôles respectifs de la SATT, des cellules de valorisation de la filiale de valorisation de
l’université et de la technopole. Définir également un protocole d'interactions avec les
(directions des) laboratoires de recherche ». Les acteurs socioéconomiques souhaitent
« combiner l’offre d’accompagnement en matière d’innovation avec l’offre de ressources
et de compétences de l’Université…. Identifier des têtes de réseau capables de porter les
attentes des entreprises et favoriser leur implication » (entretiens et réunions collectives
avec les responsables Filières CCI et la DRPI, 2014).

Progressivement l’université a pris également conscience que le spectre de la valori-


sation peut significativement s’élargir (Tableau 4).

19 Créée dans le cadre du programme d’investissement d’avenir, la SATT interrégionale doit


contribuer à une dynamique de mutualisation des activités de transfert pour deux universités régionales
et les activités de recherche. Elle doit faire preuve de son efficacité, par l’atteinte d’une masse critique
et le professionnalisme de son équipe.

176
La valorisation de la recherche publique à l’échelon des Régions
françaises : quels enjeux, quels leviers d’activation ?

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
Tableau 4 - Questionnements conduisant à l’extension de la notion de
valorisation académique
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

• contribuer au développement social, économique, technologique, sociétal

• générer de nouvelles sources de revenus pour l’université

• développer la notoriété et la visibilité de la recherche académique et de ses


acteurs
Pourquoi
valoriser ? • assurer des débouchés professionnels à des docteurs, des ingénieurs R&D,
des étudiants

• contribuer à l’utilité sociale / sociétale en diffusant et en partageant la


connaissance

• faire connaître de nouveaux points de vue, de nouvelles approches


• une expertise de chercheur, de docteur, de doctorant

• un savoir-faire via les formations initiales, en alternance et continues

Quoi • des résultats de recherche fondamentale ayant un degré de maturité techno-


valoriser ? logique plus ou moins élevé (brevets, cessions de licences, démonstrateurs…)

• des prototypes en vue d’applications industrielles

• des équipements coûteux et/ou rares non utilisés à plein temps


• publications académiques ou grand public

• transfert technologique par dépôt de brevets ou cessions de licences

• création de spin off ou de joint-ventures

Comment • contrats de recherche, conventions de partenariat, projets de recherche


valoriser ? collaborative

• consultance, prestations de conseil ou de service

• conférences, tables rondes, ateliers débats, discussions informelles

• mobilité des chercheurs et/ou des étudiants alternants ou stagiaires


• entreprises (grands groupes, ETI, PME à faible ou haute capacité technologique,
start-up innovantes…)

Vers qui • structures collectives telles que pôles de compétitivité, clusters, consortiums, GIE
valoriser ?
• associations, fondations, syndicats, média

• citoyens

Cette présentation des structures d’action collectives souligne à la fois la complexité et


l’instabilité du paysage régional en matière de valorisation. Si cette complexité et cette
instabilité sont bien perçues par les protagonistes rencontrés, que ce soit du côté des
chercheurs ou des acteurs socio-économiques, la recherche appliquée peine toutefois

177
N°83 - Février 2016

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
à s’articuler et à pénétrer le tissu économique régional, notamment auprès des PME
et des ETI (Boldrini et al., 2013). Quant à la recherche fondamentale, les modalités
d’articulation et d’interactions entre le monde académique et les politiques d’innova-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

tion sont d’autant plus complexes qu’elles relèvent d’une gouvernance multi-niveaux,
multi-acteurs. La prégnance d’une logique descendante (top-down) liée aux incitations
et aux mesures politiques européennes et nationales et à leurs dispositifs associés
(pôles, SATT…) favorise la persistance d’un modèle linéaire des processus d’innovation.

La Figure 1 illustre la complexité du paysage, à la fois par le nombre d’acteurs et les


périmètres d’action multi-niveaux.

Figure 1 - Une diversité d’acteurs aux niveaux régional, national et


supranational

4. Les leviers d’interfaçage entre univers académique et socio-


économique

Après avoir mis en exergue la diversité et l’hétérogénéité des formes d’action col-
lective, nous constatons que la dynamique de valorisation de la recherche publique,
à l’échelle régionale, est dans une période charnière et critique avec, d’une part, des
Régions souhaitant fonder leur développement sur leurs universités et sur des disposi-

178
La valorisation de la recherche publique à l’échelon des Régions
françaises : quels enjeux, quels leviers d’activation ?

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
tifs d’innovation et, d’autre part, des universités cherchant à s’articuler à la dynamique
économique régionale, ceci dans un contexte budgétaire contraint.

Selon Aggeri et al. (1998), les connaissances et les capacités de recherche gagnent à
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

être davantage distribuées qu’auparavant, dans la mesure où les questions posées à


la recherche sont plus diversifiées et qu’elles s’opèrent à des niveaux beaucoup plus
décentralisés et de manière contingente. À cet effet, ils identifient cinq conditions de
couplage entre science et innovation : une durée longue des partenariats, une qualité
et une continuité des relations interpersonnelles, une complémentarité des compé-
tences mobilisées par les partenariats, une capacité des acteurs à générer au cours du
temps de nouvelles questions de recherche et de nouveaux projets d’innovation, une
capacité des acteurs à construire à partir de ces projets singuliers de nouveaux champs
d’innovation et de recherche.

Aussi pour construire de nouveaux champs de recherche et d’innovation, Aggeri et


Hatchuel (2003) préconisent de développer des capacités d’intervention fondées sur
une démarche de conception collective (Hatchuel, 2001b) combinant trois logiques : une
logique de l’acceptabilité ou de construction de la valeur sociale (à partir de contre-ex-
pertises, de débats, de reconstruction de l’intérêt général), une logique de projet collectif
(à partir de modes de gouvernement, de jalons, de participants et de règles) et une
logique de recherche associée (à partir d’explorations, d’expérimentations).

Toutefois, Aggeri et Hatchuel (2003) mettent en garde quant à la transposition de


« dispositifs universaux plus ou moins dérivés de la gestion de projet industriel ». L’enjeu
consiste à « proposer des dispositifs contingents aux processus d’action collective considérés,
prenant en compte leur spécificité et se déployant dans une durée suffisamment longue
pour favoriser des apprentissages croisés et les retours d’expérience ». Les partenariats
régionaux, visant à identifier des champs de recherche plus fédérateurs, sont évoqués
par les auteurs, comme des voies possibles pour construire des cadres de coopération
plus pérennes (Sebillote, 2001).

À partir de ces propositions, nous avons choisi de discuter de certains leviers suscep-
tibles d’améliorer voire d’accélérer l’interfaçage entre les univers académique et socio-­
économique. Dans les formes conjointes d’action collective présentées, la question de
la gouvernance d’acteurs et des logiques à privilégier constituent des leviers décisifs de
clarification et d’activation pour mettre en œuvre des dispositifs participant du modèle
interactif, non linéaire et contingent de la valorisation. Conjuguer la logique de projet
innovant collectif et la logique de recherche associée (Aggeri et Hatchuel, 2003) suppose
de concevoir, face aux enjeux régionaux, de nouvelles réponses organisationnelles et
de nouvelles modalités de régulations.

4.1. Une gouvernance régionale, réticulaire et collaborative


Si le territoire régional a hérité d’un système d’innovation dirigiste (Cooke, 2004), il
est en train d’évoluer vers une forme plus réticulaire en s’appuyant sur les acteurs
de la valorisation de la recherche et de l’innovation. En quête de nouvelles modalités
d’action collective, ses acteurs découvrent l’importance de mieux se connaître et d’ins-

179
N°83 - Février 2016

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
taurer un climat de confiance afin d’être en mesure de concevoir des règles partagées
d’organisation, de gestion, d’évaluation de la dynamique de valorisation régionale.

La mise en place d’une gouvernance globale20 est une première étape dans la formation
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

de cette réelle dynamique des savoirs et des relations (Hatchuel, 2001b). Le travail
important de connaissance mutuelle et de concertation doit être poursuivi entre d’une
part les responsables universitaires chargés de la recherche, les acteurs de l’innovation
et, d’autre part, les acteurs et instances politiques et économiques régionales. En com-
prenant mieux leurs contraintes et leurs logiques respectives, ils acceptent progres-
sivement la latitude requise pour engager des démarches de recherche collaborative
plus ouverte et moins appliquée.

Pour soutenir ces dispositifs d’action collective, cette forme de gouvernance régionale
constitue la condition préalable, propice à un travail de conception participatif et ité-
ratif d’un positionnement régional concerté. Il est susceptible d’être ensuite déployé
/ relayé au plus près du terrain. Outre les débats sur les possibles controverses (choix
des filières, investissements prioritaires, modes d’animation…), ce travail permet de
favoriser la capacité collective à explorer conjointement les enjeux scientifiques et éco-
nomiques (March, 2008). Il favorise une montée en compétences (à différents niveaux
d’action), conditions d’un apprentissage accéléré à l’échelle du territoire. La redéfini-
tion des objectifs et des moyens n’est pas simple à mener dans ce contexte de nœud
d’interactions. Ainsi, la mise en cohérence des actions des acteurs suppose d’intégrer
et de relier : (l) les axes stratégiques inscrits dans les feuilles de route des pôles de
compétitivité ; (2) les thématiques prioritaires des commissions du CCRRDT ; (3) les
études réalisées dans le cadre des démarches Recherche-Formation-Innovation ; (4) la
démarche prospective 2040 menée par la Région ; (5) les stratégies adoptées à l’échelle
européenne ; (6) les conventions signées entre la Région, les clusters et filières régio-
nales ; (7) les contributions des 22 filières régionales prioritaires en termes d’innovation
et spécifiques à la SRI-SI ; (8) les champs d’innovation et des enjeux mis en avant lors
d’ateliers thématiques dédiés aux spécialisations et aux projets identifiés ou futurs.

Pour soutenir cette gouvernance réticulaire et collaborative, Paquet (2014) invite


à passer du leadership régional au stewardship, de manière à s’appuyer sur l’effort
de chacun pour mobiliser toutes les connaissances et énergies disponibles. Il s’agit
d’encourager l’action du plus grand nombre d’acteurs impliqués dans les processus
de valorisation. Cette posture requiert un double travail de mobilisation pour : (1)
définir les enjeux critiques à l’échelle régionale et diffuser l’information susceptible de
motiver le plus grand nombre d’acteurs et de réseaux de l’innovation ; (2) d’apporter
un support à la collaboration, avec la mise en place de réelles plates-formes où ces
acteurs puissent précisément travailler ensemble, développer de nouvelles relations,
et être ainsi encouragés à l’exploration de nouveaux champs d’innovation.

C’est précisément sur la conception et la mise en place de ces plates-formes que nous
souhaitons revenir, dans la mesure où elles constituent des maillons clefs pour conju-

20 Notamment la CREED (Conférence Régionale de l’Economie et de l’Emploi Durable), le


CCRRDT (Comité Consultatif Régional de la Recherche et du Développement Technologique), le
CRI (Commission Régionale de l’Innovation).

180
La valorisation de la recherche publique à l’échelon des Régions
françaises : quels enjeux, quels leviers d’activation ?

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
guer la logique de projet innovant collectif et la logique de recherche associée (Aggeri
et Hatchuel, 2003). Ces plates-formes supposent d’élargir le champ des activités à
valoriser, de manière à permettre un travail continu de renouvellement des processus
collectifs d’exploration, mais aussi l’introduction d’acteurs tiers (Geindre, 2005). Cette
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

forme de gouvernance peut favoriser une plus grande capacité à explorer des enjeux
scientifiques et économiques toujours changeants. Elle s’expose aussi au risque d’en-
traver la capacité à apprendre si elle devient trop formalisée.

4.2. Diversifier le champ des activités à valoriser


La diversification des activités à valoriser et des cibles bénéficiaires/destinataires
constitue un levier majeur de la dynamique. La démarche de valorisation d’une uni-
versité peut toutefois être soumise à des tensions contradictoires. Les injonctions ins-
titutionnelles à valoriser les résultats de recherche auprès des PME sont, par exemple,
contraires aux recommandations de la littérature. Il y est préconisé de commencer
plutôt par des activités modestes, et donc peu rémunératrices avec ces entreprises aux
ressources limitées, afin de faciliter les phénomènes d’acculturation et les capacités
d’absorption des connaissances. Mais pour les universités, il est nécessaire, de dégager
rapidement des revenus.

Si l’on récuse une acception étroite de la valorisation, qui serait réduite au transfert de
technologie, se pose alors la question du périmètre de la valorisation (acteurs concernés,
objets des transactions, domaines d’activité). Comment dépasser ces limites ? La figure
2 représente, sur une carte mentale, des pistes de valorisation obtenues à l’issue d’une
séance de créativité21 avec les membres de la filiale de valorisation.

Figure 2 - Des modes alternatifs de valorisation de la recherche

De nombreuses activités, hors transfert technologique, peuvent être valorisées comme


l’illustre la figure 2, soulevant la question des finalités de la valorisation, mais aussi
celle des destinataires, des ressources et compétences en jeu, sans oublier les risques

21 Lors d’une réunion de travail, entre les auteurs, la conversation a dérivé vers la valorisation.
Des alternatives au seul transfert technologique ont été évoquées au cours d’une digression de 30 mn.
La carte mentale a été établie rétrospectivement à partir des notes prises.

181
N°83 - Février 2016

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
de dévalorisation. Selon que l'université cherche à contribuer au développement écono-
mique régional ou à générer des revenus, la stratégie différera. Des boucles vertueuses
peuvent être enclenchées. Une interview remarquée d'un chercheur, dans un média
réputé, par exemple, contribuera à la notoriété de son université. Elle peut déboucher
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

sur des contrats de recherche, au service du développement économique, sur un ver-


sement de taxe d’apprentissage ou sur le financement de chaires. Les connaissances
valorisables économiquement ne se bornent pas au seul domaine technologique ni
aux seules entreprises. Des auditeurs en formation continue ou permanente peuvent
montrer une réelle appétence pour les avancées de la connaissance dans les arts, les
lettres ou les sciences humaines. La personne clé, dans la valorisation de la recherche,
est souvent, de manière implicite, le chercheur ou l'enseignant-chercheur. Les per-
sonnels BIATSS ont également des compétences, scientifiques, technologiques, ad-
ministratives, juridiques… susceptibles d'être valorisées. Les étudiants, par le biais
des stages, des projets industriels, tutorés ou des missions en alternance, contribuent
aussi à la diffusion des connaissances. Ils ont une crédibilité parfois supérieure à celle
d'un expert, aux yeux d’un dirigeant de PME, non pas du fait de leur savoir-faire mais
parce qu'ils sont considérés comme neutres vis-à-vis des enjeux de pouvoir et n’ayant
pas d’intérêts personnels, hors réussite universitaire, dans les démarches utilisées.
Outre les connaissances et technologies, les équipements rares et coûteux, dont le taux
d'utilisation serait limité, pour les seuls usages de l'enseignement et de la recherche,
pourraient être mieux valorisés22. Enfin, des pistes de valorisation peuvent aussi émerger
en cherchant à faire exactement l'inverse (critique d’une technologie par un lanceur
d’alerte, promotion des controverses scientifiques). Au-delà, le rôle de critique sociale
assuré par l'université est une puissante fonction de transfert des connaissances vers
la société (Grimaldi et al., 2011). Il permet, le cas échéant, de révéler les limites, voire
les dangers, d’une technologie ou les obstacles épistémologiques d’une théorie.

4.3. Mieux que transférer : opérer de multiples traductions entre


chercheurs, entreprises et acteurs de valorisation
La confiance initiale est une condition sine qua non pour parvenir à des coopérations
université – entreprises efficaces (Bruneel et al, 2010). Des freins persistent si le transfert
n’est qu’unidirectionnel, de l'université vers l'entreprise. La relation « client - fournis-
seur » ne permet pas de développer une connaissance mutuelle des logiques respectives
ni d’engager une démarche de co-construction des projets.

Toutefois, la richesse du système régional d’innovation invite à dépasser cette lecture


bi-polaire, pour privilégier un périmètre plus large d’acteurs à mobiliser. La prise
en compte des interactions entre acteurs et le développement d’interfaces (de type
plate-forme) souligne le besoin de mettre en place des « opérateurs » de traduction.
Outre des outils (tels que des plaquettes communes de présentation des acteurs de
la valorisation, la mise en place d’un portail avec un numéro d’appel unique…), ces
opérations de traduction requièrent la présence d’acteur tiers (Geindre, 2005) ou de
« marginal sécant » (au sens de Friedberg, 1993) qui puissent agir à l’interface de ces

22 Le cyclotron Arronax, par exemple, l'accélérateur de particules propriété de l'université est


utilisé prioritairement par des chercheurs mais il est également ouvert aux industriels.

182
La valorisation de la recherche publique à l’échelon des Régions
françaises : quels enjeux, quels leviers d’activation ?

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
différents univers. Ces acteurs, à la fois dépositaires et animateurs d’une dynamique de
savoirs et de relations seraient alors parties prenantes de ces systèmes d’action (que
sont l’université, la filiale de valorisation, les CCI, les structures d’appui et d’interface
à l’innovation…). Ces acteurs peuvent, de ce fait, jouer un rôle indispensable d’inter-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

médiaire et d’interprète entre ces différents univers, leurs logiques d’action parfois
différentes, voire contradictoires. Comme le souligne Genet (2007), à la suite des so-
ciologues de la traduction, pour un mode de production-diffusion des connaissances
fondé sur l'exploration collective, il faut un processus de traduction-adaptation des
connaissances échangées à trois moments : 1) la problématisation, afin que les acteurs
aient une compréhension commune du problème à résoudre, 2) l'intéressement et
l'enrôlement, pour déterminer les intérêts réciproques et, 3) la mobilisation, pour
démultiplier les activités de valorisation au-delà des acteurs de la première heure.

Notre analyse a permis de repérer de réels leviers avec la mise en place de cellules
de compétences articulées autour d’équipes chercheurs / ingénieurs d’étude (au sein
de la filiale de valorisation) ou des ingénieurs filières au sein de la DRPI. Ces acteurs
cherchent des voies de dépassement dans une multi-directionnalité des échanges pos-
sibles du fait de leur forte implication sur le terrain et des contacts nombreux avec les
chercheurs, les entreprises et les structures d’innovation territoriales. La réalisation
de cartographies des compétences et des projets des équipes de recherche permet par
exemple aux ingénieurs filières de l’université d’être des agents facilitateurs assurant
cette fonction de traduction auprès des CCI. Les commentaires et explications donnés
sur ces cartographies des compétences de laboratoires de recherche (associés aux
projets déployés) sont aussi l’occasion de préciser aux acteurs socio-économiques
l’état d’avancement de certains travaux de recherche, les processus d’essais / erreurs
repérés, les démarches de valorisation abouties. Ces rencontres renforcent la capacité
de traduction, au sens de la sociologie de la traduction, pour intéresser des partenaires
économiques et institutionnels potentiels et enrôler les bons porte-parole au service
de la valorisation.

Conclusion

Nous avons vu que le territoire régional connaît un renouvellement organisationnel


important avec un nombre croissant d’acteurs et de structures impliqués dans la va-
lorisation de la recherche. La complexité et l’instabilité de ce système régional d’inno-
vation suscitent l’émergence de nouvelles problématiques, qui interrogent l’aptitude
des politiques régionales à instaurer ces couplages – notamment dans l’équilibre entre
recherche planifiée et recherche « libre » – pour favoriser la dynamique scientifique et
économique du territoire. À travers l’analyse des dispositifs organisationnels et des
micro-pratiques des acteurs sur un périmètre régional donné, nous constatons la di-
versité et l’hétérogénéité des formes d’action collective, que les Régions expérimentent
pour soutenir leurs dynamiques de valorisation et dans lesquels les universités sont
amenées à jouer un rôle croissant. Cette richesse du système régional d’innovation
invite à dépasser une lecture bi-polaire, pour privilégier à la fois un champ plus large
des activités à valoriser et un périmètre plus ouvert d’acteurs à mobiliser. De nouvelles
modalités d’articulation et d’interactions entre le monde académique, les acteurs de

183
N°83 - Février 2016

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
l’innovation et les entreprises (notamment les PME) sont donc à concevoir, autour d’une
gouvernance multi-niveaux, multi-acteurs. Le développement de ces interactions entre
acteurs repose sur de réelles interfaces de savoirs et de relations, qui requièrent la
mise en place d’« opérateurs » de traduction. Il convient de poursuivre cette recherche
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

longitudinale pour étudier comment ces acteurs sont des leviers d’activation, propices
à un travail de conception participatif et itératif - associant chercheurs et entreprises
- afin d’encourager le renouvellement continu des processus collectifs d’exploration.

Bibliographie
AGGERI F., HATCHUEL A. (2003), « Ordres socio-économiques et polarisation de
la recherche dans l’agriculture : pour une critique des rapports science / société »,
Sociologie du travail, n° 45, p. 113-133.
AGGERI A., LE MASSON P., BRANCIARD A., PARADEISE C., PEERBAYE A. (2007),
« Les plates-formes technologiques dans les sciences de la vie : politiques publiques,
organisations et performances », Revue d’Economie industrielle, n°120, 4e trimestre,
p. 21-40.
AKRICH M., CALLON M., LATOUR B. (1988), « À quoi tient le succès des innova-
tions », Gérer et Comprendre, Annales des Mines, juin et septembre 1988, p. 4-17 et 14-29.
ASHEIM B.-T., COENEM L. (2005), "Knowledge bases and regional innovation sys-
tems : comparing nordic cluster", Research Policy, Vol. 34, n° 8, p. 1173-1190.
BEYLAT J.-L., TAMBOURIN P. (2013), L’innovation un enjeu majeur pour la France,
dynamiser la croissance des entreprises innovantes, Rapport ministériel.
BOLDRINI J.-C., SCHIEB-BIENFAIT N., CHÉNÉ E. (2011), "Improving SMEs’ guidance
within public innovation supports", European Planning Studies, vol. 19, n° 5, p. 775-793.
BOLDRINI J.-C., SCHIEB-BIENFAIT N., CADIOU J.-C. (2013), « Vers de nouvelles voies
de rapprochement entre recherche universitaire et PME. Etude de cas à partir d’un
dispositif organisationnel innovant », XXIIe Conférence de l’Association Internationale
de Management Stratégique, Clermont-Ferrand, 10-12 juin.
BOSHMA R. (2005), "Proximity and innovation : a critical Assessment", Regional,
Studies, Vol. 39, n° 1, p. 61-74.
BOUTILLIER S., DJELLAL F., UZUNIDIS D. (2013), L’innovation, Analyser, anticiper,
Agir, PIE, Peter Lang, Bruxelles.
BRÉCHET J.-P., EMIN S., SCHIEB-BIENFAIT N. (2014), « La recherche-accompagne-
ment : une pratique légitime ? », Revue Finance Contrôle Stratégie, Vol. 17, n° 2, p. 25-46.
BRUNEEL J., D’ESTE P., SALTER A. (2010), "Investigating the factors that diminish
the barriers to university-industry collaboration", Research Policy, Vol. 39, n° 7, p.
858-868.
CALLON M. (Ed.), (1989), La science et ses réseaux. Genèse et circulation des faits
scientifiques. La Découverte, Paris.

184
La valorisation de la recherche publique à l’échelon des Régions
françaises : quels enjeux, quels leviers d’activation ?

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
CALLON M. (1999), « Le réseau comme forme émergente et comme modalité de
coordination : le cas des interactions stratégiques entre firmes industrielles et labo-
ratoires académiques », in Callon M., Cohendet P. et al. (dir), Réseau et Coordination,
Economica, Paris.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

CLARK B. (1998), Creating Entrepreneurial Universities : Organisational Pathways


of Transformation, IAU Press, Surrey.
COOKE P. (2001) "Regional innovation systems, clusters, and the knowledge eco-
nomy", Industrial and Corporate Change, Vol. 10, n° 4, p. 945–974.
COOKE P. (2002), "Regional Innovation systems: general findings and some new
evidence from biotechnology clusters", Journal of Technological transfer, Vol. 27, n°
1, p.133-145.
COOKE P., URANGA M. G., ETXEBARRIA G. (1998), "Regional systems of innovation:
an evolutionary perspective", Environment and Planning A, Vol. 30, issue 9, p. 1563-1584.
COOKE P., GOMEZ URANGA M., EXTEBARRIA G. (1997), "Regional Innovation
Systems: institutional and organizational dimensions", Research Policy, Vol. 26, n°
4-5, p. 475-491
COOKE P. (2004), « Les régions comme laboratoires de développement axés sur la
connaissance ; qu’est-ce qui a changé depuis 1995 ? », Géographie, économie, société,
Vol. 6, n° 2, p. 153-161
CORBEL P., SIMONI G. (2012), « Innovation et partage des connaissances », Revue
Française de Gestion, Vol. 2, n° 221, p. 71-75.
CORBEL P., CHOMIENNE H., SERFATI C. (2011), « L’appropriation du savoir entre
laboratoires publics et entreprise, la gestion des tensions au sein d’un pôle de com-
pétitivité », Revue Française de Gestion, n° 210, p. 150-163.
DEPRET M.-H., HAMDOUCH A., PONCET C. (2010), « Politiques d’innovation, espace
régional et dynamique des territoires : un essai de caractérisation dans le contexte
français », Innovations, Vol. 3, n° 33, p. 85-104.
ETZKOWITZ H., WEBSTER A., GEBHARDT C., TERRA B. (2000), "The future of the
university and the university of the future : evolution of ivory tower to entrepreneurial
paradigm", Research Policy, Vol. 29, n° 2, p. 313–330.
ETZKOWITZ H., LEYDESDORFF L. (2000), "The dynamics of innovation : from
National Systems and 'Mode 2' to a Triple Helix of university–industry–government
relations", Research Policy, Vol. 29, p. 109-123.
FORREST J., MÉHIER C., MICAËLLI J.-P. (2005), Pour une science de la conception,
UTBM, Belfort-Montbéliard.
FRIEDBERG E. (1993), Le pouvoir et la règle, Seuil, Paris,
FROMHOLD-EISENBITH M. (2007), "Bridging Scales in Innovation Policies: How
to link Regional, National and International Innovation Systems", European Planning
Studies, Vol. 15, n° 2, p. 217-233.

185
N°83 - Février 2016

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
GEINDRE S. (2005), « Le rôle de l’acteur tiers dans la construction d’un réseau
stratégique », Revue française de gestion, n° 154, p. 75-91.
GENET C. (2007), « La diffusion, des connaissances vers les PME : vers un modèle
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

d’exploration collective », Revue Internationale P.M.E., Vol. 20, n° 1, p. 91-119.


GILLIER T. (2010), « Comprendre la génération des objets de coopération inte-
rentreprises par une théorie des co-raisonnements. Vers une nouvelle ingénierie des
partenariats d’exploration technologique », Thèse de doctorat en Génie des Systèmes
Industriels, Institut National Polytechnique de Lorraine.
GRIMALDI R., KENNEY M., SIEGEL D.-S., WRIGHT M. (2011), "30 years after
Bayh-Dole: Reassessing academic entrepreneurship", Research Policy, Vol. 40, n° 8,
p. 1045-1057.
HAJEK P., HENRIQUES R., HAJKOVA V. (2014), "Visualising components of regional
innovation systems using self-organizing maps – Evidence from European regions",
Technological Forecasting and Social Change, n° 84, p. 197-214
HASSINK R. (1996), "Technology transfer agencies and regional economic deve-
lopment", European Planning Studies, Vol. 4, n° 2, p. 167-184.
HATCHUEL A. (2001a), « Quel horizon pour les sciences de gestion ? Vers une
théorie de l’action collective », in David A., Hatchuel A., Laufer R. (Eds.), Les nouvelles
fondations des sciences de gestion, Vuibert, Paris, p. 21–45.
HATCHUEL A. (2001b), « Agir public et conception collective : l’expertise comme
processus démocratique », in Prospective et gouvernance (II), Colloque de Cerisy,
Éditions de l’Aube, La Tour-d’Aigues.
HATCHUEL A., WEIL B. (2002), « La théorie C-K, fondements et usages d’une théo-
rie unifiée de la conception », International Conference « The Sciences of Design », Lyon
(France), March p. 15-16.
HATCHUEL A., WEIL B. (2003), "A new approach of innovative design : an intro-
duction to C-K theory", International Conference on Engineering Design, Stockholm,
August, p. 19-21.
HATCHUEL A., WEIL B. (2008), « Entre concepts et connaissances : éléments d’une
théorie de la conception », in Hatchuel A., Weil B., Les nouveaux régimes de la concep-
tion. Langages, théories, métiers, Vuibert, Paris, p. 115-131.
KLINE S.-J., ROSENBERG N. (1986), "An overview of innovation", in Landau R.,
Rosenberg N. (Eds), The Positive Sum Strategy. Harnessing Technology for Economic
Growth, Academy of Engineering Press, Washington D. C., p. 275-305.
LATOUR B. (1989), La science en action, Introduction à la sociologie des sciences,
La découverte, Paris.
LATOUR B. (2006), Changer de société – Refaire de la sociologie, La Découverte, Paris.
LE MASSON P., WEIL B., HATCHUEL A. (2006), Les processus d’innovation. Conception
innovante et croissance des entreprises, Hermès Lavoisier, Paris.

186
La valorisation de la recherche publique à l’échelon des Régions
françaises : quels enjeux, quels leviers d’activation ?

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.
LESTER R.-K. (2005), Universities, Innovation and the Competitiveness of
Local Economies, a Summary Report from the Local Innovation Systems Project,
Massachusetts Institute of Technology Industrial Performance Center, Working Paper,
n° 05-010.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Institut national de la recherche agronomique - - 147.100.66.219 - 08/03/2016 09h27. © Management Prospective Ed.

MARCH J. (2008), Explorations in Organizations, Standford Business Books.


MCADAM R., MILLER K., MCADAM M., TEAGUE S. (2012), "The development of
University Technology Transfer Stakeholder relationships at a regional Level: lessons
for the future", Technovation, Vol. 32, p.57-67.
MUSTAR PH., LAREDO PH. (2002), "Innovation and Research Policy in France
(1980-2000) or the disappearance of the colbertist state", Research Policy, Vol. 31,
n° 1, p.55-72.
PAQUET G. (2014), « Gouvernance », in TANNERY et alii, Encyclopédie de la stratégie,
Vuibert, Paris, p. 645-656.
PONCET C. (2006), « De l’académie vers le marché », Revue Française de gestion,
n° 161, p. 13-33.
PERRIN J. (2001), Concevoir l’innovation industrielle, méthodologie de conception
de l’innovation, CNRS éditions, Paris.
PHILPOTT K., DOOLEY L., O’REILLY C., LUPTON G. (2011), "The entrepreneurial
university: Examining the underlying academic tensions", Technovation, Vol. 31, n°
4, p.161-170.
SEBILLOTTE M. (2001), « Les fondements épistémologiques de l’évaluation des
recherches tournées vers l’action », Natures, Sciences, Société, Vol. 9, n° 3, p. 8–15.
SEGRESTIN B. (2006), Innovation et coopération interentreprises : comment gérer
les partenariats d’explorations, CNRS, Paris.
STAR S.-L., GRIESEMER J. (1989), “Institutionnal ecology, ’Translations’, and
Boundary objects: amateurs and professionals on Berkeley’s museum of vertrebate
zoologie, 1907-39”, Social studies of science, Vol. 19, n° 3, p. 387-420.
TANNERY F., DENIS J.-P., HAFSI T., MARTINET A.-C. (2014) (coordination),
Encyclopédie de la stratégie, Vuibert.
TÖDLING F., TRIPPL M. (2005), "One size fits all ? Towards a differenciated regional
innovation policy research", Research Policy, Vol. 34, n° 8, p. 1203-1219.
UZUNIDIS D. (2010), « Innovation et proximité. Entreprises, entrepreneurs et mi-
lieux innovateurs », Revue des Sciences de gestion, Vol. 241, n° 1, p. 13-22.
UZUNIDIS D. (2013), « Systémique locale d’innovation : proximité et entrepreneu-
riat », in Boutillier S., Djellal F., Uzunidis D., L’innovation, Analyser, anticiper, Agir, PIE,
Peter Lang, Bruxelles, p. 289-308.

187

Vous aimerez peut-être aussi