Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Bertrand MASQUELIER
1
Trinidad fut découverte par Christophe Colomb lors de son troisième
voyage. Faiblement peuplée depuis sa découverte, l’île a vu sa population
croître de façon significative à partir de 1783, grâce à l’arrivée, à l’invitation
du roi d’Espagne, de planteurs catholiques français et créoles euro-antillais,
et de leurs esclaves d’origine africaine. L’île passera aux mains des
britanniques en 1797 ; elle sera administrée directement de Londres, avec le
statut de Crown Colony, jusque dans les années 1920, sous l’autorité de
gouverneurs successifs. Avec Tobago Trinidad accède à l’indépendance, en
1962.
2
Pour une perspective d’ensemble sur les transformations musicales du
calypso au XXeme siècle voir Guilbault (2007), et Rohlehr (1990) pour une
Dire et sous-entendre. Parler, chanter, écrire : les ruses de la parole
Micheline LEBARBIER (textes réunis par)
2016, Paris, Karthala
98 DIRE ET SOUS-ENTENDRE
3
Cette expression idiomatique est trinidadienne. Elle décrit « l’activité à
laquelle les Trinidadiens s’adonnent lorsqu’ils se rendent dans les lieux où
sont présentés les calypsos de la saison. » (Masquelier, 2011 : 111)
100 DIRE ET SOUS-ENTENDRE
4
Les Andrews Sisters, euro-américaines, blanches, originaires du centre des
États-Unis, sont les interprètes de Rum and coca cola. Enregistrée en 1944
par Decca, la chanson des Andrews Sisters est dérivée, de fait plagiée, d’un
calypso composé en 1943 par un Trinidadien du nom de Lord Invador. La
composition originale porte sur la prostitution générée par la présence des
troupes américaines en garnison à Trinidad durant la Seconde Guerre
mondiale.
102 DIRE ET SOUS-ENTENDRE
5
Traduction libre : « Quand les lieux de spectacle de calypsos ouvrent […]
nous nous y rendons pour rire, nous divertir, nous offusquer, participer aux
moqueries énoncées à l’encontre d’autrui, et pour entendre parler des sujets
du moment, présentés si possible avec un brin humour ». Dans la suite de cet
essai les textes des chansons ne sont pas traduits ; ils sont longuement
commentés, souvent ligne par ligne. Ce choix est linguistique. La
compréhension de ce que ces chansons énoncent, qui serait facilitée sans
doute par le détour d’une traduction, en est retardée. Mais il semble
important pour l’analyse, et dans l’esprit de notre argumentation, de
confronter le lecteur à quelque chose de la matérialité de l’anglais
vernaculaire trinidadien, du moins dans la variété et le style choisis par les
chanteurs pour s’exprimer.
ACTE LOCUTOIRE ET DOUBLE-ENTENDRE (TRINIDAD, CARAÏBES) 103
s’énonce sur scène (to be scandalized and to take part in… and
to listen to).
Toutefois, l’événement de la performance ne se limite pas au
seul chronotope (l’unité espace-temps) d’une représentation.
Les performances de calypsos s’inscrivent dans le contexte plus
large de l’espace public, à l’échelle de l’ensemble de la « cité »
que forme Trinidad (et Tobago). Ceux qui composent l’auditoire
d’une performance occupent la position du tiers (Masquelier,
2011). Ils sont les actants, parmi d’autres, d’un trope communi-
cationnel6, un contexte d’échanges auquel tout un chacun est
invité à participer, pour se scandaliser, commenter, rapporter.
Les relais sont constitués par les conversations que les gens
tiennent ici et là, sur la place du marché ou dans les bars à rhum,
mais aussi par la radio et la presse écrite.
Les chansons de calypso se présentent sous la forme de brefs
récits. Certains prennent le tour du commentaire politique sur
les événements locaux, parfois internationaux. D’autres plus
légers ne font que divertir. Mais tous les calypsos s’inscrivent
dans le même cadre de référence. On peut tirer des leçons de
leurs descriptions de la conduite humaine. Ils énoncent,
directement ou indirectement, avec ironie, sarcasme et humour,
une opinion (à caractère moral) sur les comportements humains,
les événements.
Toutes les variétés de chansons sont habituellement
présentées au programme qui est proposé au public par les
organisateurs d’un « spectacle » de chansons ou par les
directeurs des salles. L’auditoire est invité à écouter plusieurs
chanteurs. Ils se succèdent sur scène tour à tour, parfois rivaux,
pour présenter leurs chansons : sérieuses pour certaines, d’autres
poignantes, ou comiques. Les chanteurs sont longtemps apparus
sur scène sous la bannière d’une équipe et plusieurs de ces
équipes ont joué un rôle notoire dans l’histoire du calypso au
cours du XXe siècle.
Les enregistrements des productions annuelles de calypso
sont généralement centrés sur le répertoire de chaque chanteur ;
ils ne présentent que rarement la diversité d’un programme type
6
L’expression est de Kerbrat-Orecchioni, 1994.
104 DIRE ET SOUS-ENTENDRE
7
Ce n’est que dans les dernières décennies du XXe siècle que les chanteurs
auront été en mesure d’enregistrer avec régularité leurs compositions
annuelles et de les commercialiser ainsi plus facilement.
8
Jusque dans les années 1970-1980 tous les chanteurs de calypso (c'est-à-
dire calypsonians selon la terminologie locale) portaient un nom de scène ou
un sobriquet (dans la terminologie trinidadienne). Ce même nom identifiait
l’un des personnages représenté dans le récit des chansons (voir Masquelier,
2011). L’une des ruptures dans l’histoire musicale du calypso intervient dans
les années 1980 avec l’abandon du sobriquet par quelques chanteurs. David
Rudder est l’un de ceux qui est à l’origine de ce schisme, comme l’un des
inventeurs de nouveaux styles de calypso dans le dernier quart du XX e siècle.
ACTE LOCUTOIRE ET DOUBLE-ENTENDRE (TRINIDAD, CARAÏBES) 105
9
Voir l’étude consacrée à ce chanteur par Louis Régis (2007).
106 DIRE ET SOUS-ENTENDRE
10
J’identifie chaque texte de chanson, ou l’extrait qui en est donné, comme
correspondant au récit d’une situation (S) numérotée selon l’ordre de son
apparition (par ex., S1) ; à cette formule s’ajoutent le nom de scène du
chanteur, la date de « publication » de la composition, et son titre.
11
Différentes variétés de l’anglais parlé à Trinidad sont représentées dans les
compositions de calypso. Les exemples cités dans ce texte illustrent les
formes (au plan du lexique et des constructions grammaticales) du créole
anglophone populaire. Dans cette variété le pronom my (my fans, ligne 1 par
exemple) est prononcé me (me fans). La transcription, plus ou moins codifiée
par l’usage en cours à Trinidad, est à son tour variable : par exemple, me, mi
ou mih. Il y a bien d’autres écarts avec l’anglais « standard » parlé à Trinidad
influencé par les variétés de l’anglais américain et britannique. Plusieurs
variétés de l’anglais sont ainsi parlées à Trinidad (Winer, 2007) ; mais la
situation linguistique est bien plus complexe qu’il n’y paraît, car il faudrait
encore distinguer, au sein de chaque grand ensemble, des styles de parole
distincts (ways of speaking) qui définissent des pratiques interlocutives
étroitement liées aux situations sociales et aux réseaux de relations (speech
networks) qui les accueillent.
ACTE LOCUTOIRE ET DOUBLE-ENTENDRE (TRINIDAD, CARAÏBES) 107
12
Les règles de censure étaient détaillées dans le Theatre and Dance Hall
Ordinance : une ordonnance législative votée en 1934, amendée en 1951.
Raymond Quevedo, alias Atilla the Hun (sic), l’un des grands chanteurs des
années 1930, élu comme membre du conseil législatif en 1950, réussit
quelque peu à obtenir, en 1951, un assouplissement des règles en vigueur, et
dont l’application, dans les pires moments, obligeait les chanteurs à obtenir
jour après jour l’autorisation de chanter leur répertoire (Quevedo, 1983).
13
Le pouvoir colonial a encouragé malgré lui un certain esprit de résistance.
Contre l’interdiction de jouer du tambour traditionnel à membrane tendue,
c’est dans cette même période (années 1930) qu’a été inventé ce nouvel
instrument de percussion qu’est le steel-drum (Stuempfle, 1995).
14
Implication (en anglais) est l’expression de Lodge (1992).
ACTE LOCUTOIRE ET DOUBLE-ENTENDRE (TRINIDAD, CARAÏBES) 109
15
Traduction libre : « Heureux [Keith] de vous voir démontrer auprès des
critiques ce qui fait la beauté du calypso. Heureux de vous voir démontrer
aux jurys [des compétitions de calypso] ce qui fait la beauté d’une bonne
grivoiserie et de l’humour […]. Mais Keith, à moins d’être à la page en
matière de figures de discours personne ne peut apprécier la beauté d’un bon
calypso, et la plupart des juges ne connaissent pas la différence entre ironie,
métaphore, comparaison, antithèse et onomatopée ».
16
Titulaire d’un doctorat en anthropologie sociale, Hollis Liverpool est un
ancien universitaire.
ACTE LOCUTOIRE ET DOUBLE-ENTENDRE (TRINIDAD, CARAÏBES) 111
17
Les versions des chansons citées en S2 et S3 correspondent aux textes
proposés par Hollis Liverpool pour illustrer son argumentaire envoyé à Keith
Smith et publié comme tel dans l’éditorial intitulé double trouble de ce
dernier le 27 janvier 2003.
18
Traduction libre : «J’ai mis au tableau le texte de ce calypso [par le
Mighty Sparrow], c’était à [l’université] Michigan, et j’ai demandé aux
étudiants de lui donner un titre. Les intitulés qu’ils m’ont donnés parlaient de
Napoléon et de révolution française. Aucun d’entre eux n’avait la moindre
idée de ce que Sparrow énonçait. Ci-joint “the Bird” […] quand il chante le
#$% (mais bon, Keith, tu sais [de quoi il s’agit]) ». Il faut noter que les
signes diacritiques #$%, choisis par Liverpool dans son commentaire,
signifient l’indicible et l’informulable pour des raisons de bienséance. Nous
reviendrons sur ce point par la suite.
112 DIRE ET SOUS-ENTENDRE
19
Comme je l’ai déjà indiqué, Bomber est aussi le nom de scène du
chanteur.
ACTE LOCUTOIRE ET DOUBLE-ENTENDRE (TRINIDAD, CARAÏBES) 115
20
Pour deux analyses de calypsos en situation de performance scénique voir
Masquelier (2012a, 2012b).
21
A quelques exceptions près, il est rare de rencontrer un spectateur
trinidadien qui n’a pas saisi sur-le-champ l’implicite d’une chanson.
116 DIRE ET SOUS-ENTENDRE
22
Traduction libre : « un nouveau balai balaie bien ». Ce proverbe est cité,
dans sa forme créole anglophone de Trinidad, par Cassie, l’un des
personnages fictifs de Crown Jewel, roman de Ralph de Boissière (1952).
L’intrigue a pour arrière-plan les grèves des ouvriers des sites pétroliers de
Trinidad, tout particulièrement celles de 1937. La fin des années 1930 à
Trinidad est marquée par l’émergence d’un mouvement syndical fort qui en
vient à contester vigoureusement l’ordre colonial britannique. Ralph de
Boissière est aussi l’auteur de Rum and Coca Cola, un roman (1956) qui
dépeint les conséquences sociales et culturelles de la présence militaire
américaine à Trinidad durant la Seconde Guerre mondiale.
ACTE LOCUTOIRE ET DOUBLE-ENTENDRE (TRINIDAD, CARAÏBES) 117
23
Pour les besoins de mon argumentation, je ne cite ici qu’un premier
ensemble (noté S4 I) de seize lignes. Le second ensemble (noté S4, II), cité
plus loin dans notre discussion, complète ce calypso.
118 DIRE ET SOUS-ENTENDRE
Pragmatique de l’écoute
qui en est faite. Et de découvrir qu’il n’y pas de sens littéral qui
correspondrait à un contexte zéro :
« Je voudrais […] mettre en question […] l’idée que, pour
toute phrase, le sens de la phrase peut être interprété comme le
sens qu’elle a quand elle est prise hors de tout contexte ».
Pour Searle
« notre compréhension du sens de ces phrases serait
impossible sans un ensemble d’assomptions d’arrière-plan
déterminant dans quels contextes chaque phrase trouve une
énonciation appropriée. » (Searle, 1979 : 167)
Cette problématique sur le rapport entre littéralité d’un dire et
sens énoncé peut s’éclairer à partir d’une distinction introduite
par Jean-Louis Siran dans quelques-uns de ses travaux sur
l’énonciation proverbiale en situation d’interlocution (Siran,
1987, 1993, 1994, 2000). Siran distingue entre signification (du
proverbe) et (son) sens, pour rendre compte du sens spécifique
que prend un proverbe énoncé dans l’ici et maintenant d’un
échange verbal entre des interlocuteurs participants d’une même
situation. Par exemple, la demande, énoncée par A adressée à B,
d’une cigarette ; la réponse de B à A, qu’il ne dispose que de
cigarettes de piètre qualité ; l’acceptation par A, adressée à B,
d’en accepter une, acceptation énoncée sous la forme d’un
proverbe qui dit « littéralement » : « Même si tu n’es que fléché
au doigt, c’est une blessure de guerre » (Siran 1994). Quelques
remarques24 : dans ce modèle, la signification du proverbe
correspond à la traduction qui est donnée de sa formule initiale
en langue vouté, du Cameroun, la scène se déroulant en effet
dans cette partie du monde. C’est une manière de souligner
qu’une telle signification (elle est en effet de l’ordre du code,
d’une mise en syntagme d’un ensemble de signes) ne peut rien
nous dire à moins de contextualiser le proverbe énoncé dans la
situation de son énonciation. Un processus dialectique qui noue
indissociablement ce qui est énoncé, à son énonciation en
situation. Le locuteur qui énonce ce proverbe fait bien un choix
pertinent, de circonstances, approprié avec la situation : sa
demande d’une cigarette et son acceptation d’une offre
24
Les travaux de Cécile Leguy (2000, 2001) sur l’énonciation proverbiale
chez les Bwa du Mali portent sur un très large échantillon de proverbes, et
confirment la pertinence de la distinction proposée par Siran.
122 DIRE ET SOUS-ENTENDRE
qualifiée. Une cigarette qui n’est pas une des meilleures, n’en
est pas moins une cigarette. Une réalité que nomme l’analogie
d’échelle entre petite et grande blessure de guerre.
« C’est en ce sens que l’énoncé interprète la situation : en
invitant à rechercher dans la situation ce qui relève de sa mise
en forme, il prélève sur elle telle ou telle de ses composantes
qu’il réélabore du même coup selon le schème qu’il propose. »
(Siran, 1994 : 115)
Ce qui est énoncé dans l’énonciation proverbiale invite à
repérer par analogie quelques-unes des composantes de la
situation. Il faut en passer par le schème induit par ce qui est
énoncé pour établir ce rapport et rendre possible la saturation de
ce qui est énoncé : « L’énoncé interprète donc la situation et la
situation l’énoncé. » (Siran 1994 : 116)
Dans le langage courant des anthropologues, ce qui est
proposé ici correspond au leitmotiv qui affirme qu’il n’y a de
sens qu’en contexte. Mais le modèle de Siran nous en dit bien
davantage. Il montre que par l’énonciation d’un énoncé sa
signification prend une valeur de sens particulière, selon le
schème qui est véhiculé par l’énoncé et qui permet d’identifier
quelques-uns des traits pertinents de la situation spécifique
auxquels l’énoncé fait référence. La poursuite de l’échange
repose sur la compréhension de la situation qui est ainsi intitulée
par le proverbe. Le travail de l’énonciation proverbiale consiste
ainsi à mettre en relation l’énoncé d’un schème conceptuel et
certains des traits d’une situation extralinguistique : les
circonstances particulières, l’épisode ou l’événement, à propos
desquels le locuteur a jugé bon d’énoncer un proverbe plutôt
qu’un autre. Mais dès lors que l’on distingue (1) la signification
d’un texte du (2) sens de l’énoncé qui survient dans (3)
l’énonciation située, on voit bien que le texte s’efface, qu’il
n’est qu’un artefact, et que ce qui importe, c’est ce qui est
énoncé dans l’énonciation qui esquisse quelque chose de la
situation au sein d’un univers de discours. Pour la suite, nous
préférons souligner que ce qui est énoncé est contextualisé dans
l’énonciation. A charge de l’entendre, pour celui auquel ce qui
est communiqué est adressé. A la différence du proverbe – qui
en situation d’énonciation prélève, toujours semble-t-il, quelque
chose de la situation extralinguistique du moment – la chanson
de calypso contextualise, dans le récit ou le commentaire qu’elle
ACTE LOCUTOIRE ET DOUBLE-ENTENDRE (TRINIDAD, CARAÏBES) 123
25
Voir les usages modérés des maximes pragmatiques de Paul Grice dans
certains des travaux ethnographiques sur les situations d’interlocution au
Lacito (Masquelier, 1988 ; Siran, 1994).
126 DIRE ET SOUS-ENTENDRE
26
Dans ses écrits tardifs Goffman distingue entre deux types de contraintes
« communicationnelles » : les unes (dont certaines des maximes de Paul
Grice) relèvent de la communication comme système, les autres, rituelles,
relèvent des rapports entre personnes. La condition de félicité sous-tend toute
interaction.
ACTE LOCUTOIRE ET DOUBLE-ENTENDRE (TRINIDAD, CARAÏBES) 127
27
Les calypsos grivois ont souvent un caractère énigmatique en raison de
l’intrigue qui noue les relations entre les personnages représentés de la
chanson. Cependant, ils ne se présentent jamais à l’auditeur comme un
exercice de devinette.
128 DIRE ET SOUS-ENTENDRE
28
Ce point mériterait une explication plus ample (que l’espace de cet essai
ne permet pas) d’autant que le cas empirique discuté ici conforte l’orientation
des pragmatiques néo-gricéennes. Celles-ci accordent leur attention au travail
d’interprétation des interlocuteurs en position d’allocutaires, et affaiblissent
l’importance généralement attribuée à la détermination du sens par la
médiation de la reconnaissance de l’intentionnalité du locuteur (Levinson,
2000). S’il y a bien une économie dans la production textuelle et musicale du
calypso, il y a aussi une économie de l’écoute et de la participation à son
audition. C’est cette dernière que nous tentons d’esquisser dans ces pages.
Un argument, explicitement radical, est celui de Donald Davidson qui
affirme que « les métaphores signifient ce que les mots, dans leur
interprétation la plus littérale, signifient, et rien de plus » (Davidson, 1993 :
350).
ACTE LOCUTOIRE ET DOUBLE-ENTENDRE (TRINIDAD, CARAÏBES) 129
29
Mes remerciements vont à Angela Wells-Lavoy pour sa connaissance du
monde musical afro-américain et caribéen (voir discographie), la découverte
du blues d’Ethel Waters, et les interprétations qu’en livre Alberta Hunter.
130 DIRE ET SOUS-ENTENDRE
Conclusion
30
Nous faisons référence ici au modèle du code qui a longtemps dominé en
linguistique, et à la conception de la communication comme transfert
d’information.
31
Voir Goffman (1974, 1981, 1987).
32
Notre tripartition n’est en rien originale. Dès lors que le phénomène
interlocutif devient un objet d’attention, elle semble s’imposer, sous
différentes formulations, aussi bien en philosophie qu’en linguistique de
l’énonciation.
33
Le concept d’intertextualité est commode. Il s’inscrit comme on le sait
dans la filiation des travaux de Bakhtine sur le dialogisme. Dans le
vocabulaire de l’anthropologie linguistique, ce concept pointe désormais vers
un ensemble d’opérations : celle de la « mise en texte » (entextualisation) en
est une, mais elle est indissociablement liée aux opérations de
décontextualisation et recontextualisation du texte (decontextualisation,
recontextualisation) ; des opérations qui sous-tendent la « mise en texte »
d’une situation communicationnelle à une autre, ou bien, parfois, les
séquences d’une même situation.
132 DIRE ET SOUS-ENTENDRE
34
Voir plus haut ce que Lovelace rapporte de l’expérience du going to the
tents.
ACTE LOCUTOIRE ET DOUBLE-ENTENDRE (TRINIDAD, CARAÏBES) 133
BIBLIOGRAPHIE
AUSTIN John, 1962, How to Do Things with Words, Oxford,
Clarendon Press.
BERRENDONNER Alain, 1981, Éléments de pragmatique
linguistique, Paris, Éditions de Minuit.
BILMES John, 1988, “The Concept of Preference in
Conversation Analysis”, Language in Society, Vol. 17,
No. 2, pp. 161-181.
BOISSIERE Ralph de, 1952, Crown Jewel, Great-Britain, Picador
by Pan Books Ltd (First published in Australia, 1981).
— 1956, Rum and Coca Cola, Melbourne, Australasian Book
Society.
DAVIDSON Donald, 1978, “What Metaphors Mean”, Sheldon
Sacks (ed.), On Metaphor, Chicago, The University of
Chicago Press, pp. 29-45.
— 1993, Enquêtes sur la vérité et l’interprétation, Nîmes,
Éditions Jacqueline Chambon (1ère éd., 1984).
35
Ce texte fait partie d’un ensemble de manuscrits intitulé La Prose du
Monde, textes présentés par Claude Lefort (Merleau-Ponty, 2010).
134 DIRE ET SOUS-ENTENDRE
Discographie
Résumé