endodontie

Étanchéité
a p ic a
verétanchéitéle
sus coronaire (2e partie)

Ely Mandel
Rubrique CPEA animée par D. Martin et P. Machtou

Cas clinique
Nous avons discuté* du pronostic M. B.E., âgé de 28 ans
avait reçu un traitement
du traitement endodontique endodontique au niveau
et du rôle mineur que l’étanchéité de la dent n° 14 suite
à une nécrose pulpaire
coronaire y joue par rapport intervenue un an après
sa restauration
à la qualité de scellement coronaire au composite.
de l’obturation canalaire. Suite au traitement
endodontique, la dent
La santé des tissus périapicaux restait sensible à la
n’est pas assurée en présence mastication et
percussion et,
d’une obturation canalaire finalement, neuf mois
inadéquate et la présence d’une plus tard, elle a
occasionné un abcès
restauration coronaire de bonne traité par prescription
ou de mauvaise qualité ne change d’antibiotique.
Le patient est ensuite
en rien le pronostic défavorable référé au cabinet pour
du traitement. avis et éventuellement
le retraitement de la dent. L’observation clinique permet
de constater que la cavité d’accès coronaire est obturée de

V
oyons cela à travers de deux cas
d’échec thérapeutique dû à l’ap-
plication insuffisante de la triade
endodontique ; nettoyage, mise en forme et
obturation volumétrique du système cana-
laire.
*voir ID n° 4 du 23 janvier 2008
façon étanche à l’aide d’eugénate. Une radiographie
préopératoire (fig. A), prise le jour de l’examen permet
d’observer :
1. la bonne étanchéité coronaire de l’eugénate,
2. la présence d’une obturation endodontique
radiologiquement satisfaisante des deux canaux,
3. l’existence d’un troisième canal insuffisamment traité.

L’INFORMATION DENTAIRE n° 5 - 30 janvier 2008 181

endodontie
Le champ opératoire est
assuré, la cavité d’accès est
débarrassée de l’eugénate
et le plancher pulpaire est
observé sous microscope
opératoire.
Ce qui permet de noter :
1. la présence au niveau des
deux entrées de la gutta
percha enrobée de deux
formations circulaires de
couleur noire ; il s’agit du
Thermafil (fig. B),
2. le plancher pulpaire
décrit un arc de cercle,
3. à chaque extrémité de cet
arc se trouve une entrée
canalaire, matérialisée
par la présence du
Thermafil,
4. à mi-chemin des deux
extrémités il existe une
formation circulaire qui
semble représenter une
entrée canalaire
supplémentaire.
L’introduction de l’insert
Proultra 2 et 3 (Densply
Maillefer), au niveau de
l’entrée supplémentaire
permet d’ôter les surplombs
dentinaires (fig. B) et de
cathétériser le canal (fig. C).
La radiographie de
l’obturation du canal est
présentée en D.
182
Cas clinique n° 2
Mme A. P. s’est présentée pour avis,
munie d’un courrier de son praticien
traitant et d’une radiographie. Dans le
courrier, on pouvait apprendre que la
dent n° 46 était atteinte d’une
parodontite apicale (fig. A) et a été
retraitée avant la pose d’une nouvelle
couronne. À présent, 5 mois après son
retraitement endoprothétique, le
praticien trouve que la parodontite
apicale n’a pas tendance à guérir, d’où
une demande de consultation au
cabinet d’endodontie.
Une prise de radiographie le jour de la
consultation (fig. B), révèle la
présence :
1. d’un faux moignon coulé à tenon
radiculaire.
2. d’une obturation canalaire dont
l’image radiographique est tout à fait
satisfaisante.
De plus, on note une certaine
réduction de la taille de la lésion
apicale par rapport à celle que l’on
pouvait observer sur la radiographie
(fig. A) ; nous avons décidé d’adopter
une attitude expectative et de faire
une réévaluation du cas dans six mois.
Une nouvelle radiographie prise six
mois plus tard (fig. C) ne nous révèle
pas d’aggravation de l’image et en
absence de signes fonctionnels, nous
avons décidé de revoir la patiente un
an plus tard.
La patiente n’est revenue en examen
de contrôle que deux ans plus tard,
c’est-à-dire trois ans après le
retraitement. Une radiographie prise à
ce jour (fig. D) montre une aggravation
évidente de l’image radiographique.
Nous avons estimé alors qu’une
réintervention par voie chirurgicale
pour améliorer l’étanchéité apicale
devenait nécessaire. Mais la patiente
n’a pas accepté la proposition
d’endodontie chirurgicale.
L’INFORMATION DENTAIRE n° 5 - 30 janvier 2008
 Étanchéité coronaire ou apicale

Mme A.P. a été revue en

consultation d’urgence
deux ans plus tard atteinte
d’une cellulite. La patiente
a été mise immédiatement
sous antibiothérapie et à sa
demande, un rendez-vous
chez son praticien traitant est
convenu pour l’extraction de la
dent que le praticien traitant
nous a adressée (fig. E).
a b L’observation sous microscope
opératoire des apex de la
dent révèle (fig. F et G) :
1. au niveau de la racine
mésiale, une fracture
instrumentale au foramen
(flèche noire) et la présence
de multiples canaux latéraux
au niveau d’une plage
de résorption apicale (petites
flèches vertes) ;
2. au niveau de la racine
distale, trois foramina non
c atteints par l’obturation
d canalaire (flèches bleues).

e f g

L’INFORMATION DENTAIRE n° 5 - 30 janvier 2008 183

 endodontie

Revue de littérature
Dominique MARTIN & Sandrine DAHAN

Correlation of bone defect dimensions with healing outcome one year

Discussion
Les deux cas cliniques présentés ici
m o n t rent l’importance que revêt l’applica-
tion de la triade endodontique dans le
succès du traitement. Le nettoyage cana-
l a i re n’est assuré que par une mise en
forme adéquate du canal et, par voie de
conséquence, le compactage volumétri-
que de la gutta percha devient effectif. Ces
conditions permettent de retrouver et de
maintenir la santé des tissus périapicaux,
car rien de plus ne pourra changer l’évo-
lution favorable du cas vers le succès
escompté.
AUTEURS
Ely Mandel
Maître de Conférences Paris 7
63, avenue Francklin Roosevelt Paris 8e
Bibliographie intégrale de cet article sur
www.information-dentaire.com
after apical surgery. Von Arx T, Hänni S, Jensen SS. J Endod. 2007 Sep ;
33 (9) : 1044-8. Epub 2007 Jul 20.
La chiru rgie endodontique se prati-
que sur des dents présentant des
lésions persistantes ou inaccessibles
par d’autres voies. Comme pour le
traitement orthograde, de nombreu-
ses études s’intéressent à la corr é l a-
tion entre la taille de la lésion
évaluée radiographiquement et le
taux de succès de la chiru rgie endo-
dontique. Ici les auteurs cherchent à
mettre en relation l’importance du
défaut osseux mesuré en per- o p é r a-
t o i re avec le succès de l’intervention
chirurgicale.
L’étude est menée sur 215 dents et le
contrôle réalisé à un an. Les para-
m è t res étudiés sont mesurés après
c u retage de la lésion, ce sont : A) La
distance entre la jonction amélo-
cémentaire et la crête osseuse ; B)
La distance entre la crête osseuse et
la limite coronaire de la cavité; C)La
hauteur de la cavité (distance
corono-apicale) ; D) La largeur de
la cavité (distance mésio-distale) ; E)
La profondeur de la cavité et F) La
distance entre le canal et la surface
osseuse. De tous ces paramètre s
seuls A et B ne présentent pas de
différences significatives entre les
groupes succès et échec du traite-
ment, ceci rejoint les résultats de
d’autres études. En revanche, les
p a r a m è t res liés à la taille de la cavité
et la profondeur du canal dans la
cavité sont corrélés au succès du
traitement.
La taille de la cavité est significative-
ment plus importante et le canal est
situé significativement plus pro f o n-
dément dans le groupe échec de la
chirurgie.
Ceci peut s’expliquer par le fait que
le succès est évalué ici à un an post-
opératoire, or le délai de guérison
d’une lésion de grande taille est
souvent supérieur à cette période.
D ’ a u t repart, les auteurs ont montré
que la position profonde du canal
était corrélée à l’importance de la
taille de la cavité. On peut imaginer
que lorsque le canal est d’accès plus
d i fficile la cavité réalisée par le
chiru rgien est de plus grande taille.

Evaluation réponses en ligne sur notre site

1. Les conditions requises pour le succès du traitement endodontique sont nettoyage, mise en forme
et obturation volumétrique du canal. ■V ■F
2. Les conditions requises pour le succès du traitement endodontique sont nettoyage, mise en forme,
obturation volumétrique du canal et l’étanchéité coronaire. ■V ■F
3. Pour obtenir le succès du traitement endodontique il faut absolument assurer une parfaite étanchéité
coronaire. ■V ■F
4. On peut obtenir un succès du traitement endodontique en absence d’étanchéité coronaire ■V ■F
5. Dans le succès du traitement endodontique, on ne peut qu’accorder un rôle mineur à
l’étanchéité coronaire. ■V ■F

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