Chapitre 1 : L’évolution du concept de santé et modèles de santé Pour avoir envie de lutter pour sa santé, pour donner un sens à sa vie, il faut se projeter dans l'avenir et ne pas se laisser submerger par les difficultés du quotidien, la charte d'Ottawa (1986) va reprendre la définition de l’OMS (1946) pour prendre en compte cette relation avec l'environnement : « Pour parvenir à un état de complet bien-être physique, mentale et social, l'individu, ou le groupe, doit pouvoir identifier et réaliser ses ambitions, satisfaire ses besoins et évoluer avec son milieu ou s'y adapter ». Elle précise que la santé n’est pas une fin en soi, ni un objectif à atteindre mais elle est un moyen, parmi d’autres, qui participe à l’épanouissement des personnes ; elle doit être « perçue comme une ressource de la vie quotidienne, et non comme le but de la vie » (charte d'Ottawa, 1986). Chapitre 2 : Aperçu historique de l’éducation à la santé Chapitre 3 : Les fondements de l’éducation à la santé Définitions La nature des savoirs Les compétences psychosociales L’empowerment La nécessaire réflexion éthique 2- définitions «l'éducation à la santé est une éducation à la vie, des individus et des groupes humains, elle est l'apprentissage des façons dont nous pourrions rendre plus positives nos relations avec tout ce qui se trouve dans notre environnement, ainsi que les manières dont nous pourrions améliorer le fonctionnement de notre propre organisme » (Castillo, 1984, p.25) 2- La nature des savoirs 2.2- Des savoirs mouvants La difficulté en éducation à la santé provient du fait qu’elle repose sur des savoirs scientifiques qui ne sont pas toujours stabilisés. Sandrin Berthon (1997) de la position du bébé : « dans les années cinquante, on recommandait aux parents de coucher leur bébé alternativement sur le côté droit et sur le côté gauche. Quelques décennies plus tard, la position ventrale était présentée comme la plus sûre. Depuis peu, les spécialistes conseillent de faire dormir les bébés sur le dos. Les conseils sont toujours formulés en référence à l’état actuel des connaissances. Il n’est donc par surprenant qu’ils évoluent au fil du temps et que parfois ils se contredisent » Cependant, il convient de rappeler que certaines conduites ou certains produits font consensus auprès des professionnels de santé. Par exemple, en matière d’alimentation, on peut travailler à l’école autour de certaines notions validées : il est important de varier son alimentation, il vaut mieux éviter le grignotage, l’eau est la seule boisson indispensable, il est nécessaire de bouger et de se dépenser. 2.3- Des savoirs probabilistes Une autre difficulté apparait puisqu’il s’agit de savoirs statistiques, c’est-à-dire qu’ils sont de nature probabiliste, ce qui signifie qu’ils sont pertinents pour une population donnée mais pas forcément valables à l’échelle individuelle. « Le savoir médical ne constitue pas la Vérité. Il repose sur des statistiques. Ce qui est vrai en termes de probabilité ne l’est pas forcément pour un individu particulier » (Sandrin Berthon, 1997, p.19). « fumer tue » alors qu’en réalité, un individu peut fumer et ne rencontrer aucun problème de santé lié au tabac.
Dans une population, diminuer la proportion de fumeurs a un impact
sur la prévalence du cancer du poumon ; à l’échelon individuel, ne pas fumer ne permet pas d’être protégé de ce cancer ( 2.4- Des savoirs sous influence Les savoirs en matière de santé sont influencés par la politique de l’état, les lobbies en particulier les associations de défense de personnes porteuses de handicap ou de prévention des conduites addictives et les groupes industriels. 3 Expertise collective, INSERM, Cannabis, p. 325 l’exemple à travers l’alimentation, il existe des motivations économiques ; de nombreux conseils nutritionnels résultent d’une collusion entre les multinationales de l’agroalimentaire et les instances gouvernementales comme le montre T. Souccar 24 et I. Robard (2004) à propos des produits laitiers. Les auteurs donnent comme exemple le mini guide de la calcium du plus jeune au plus âgé » Fédération française de cardiologie intitulé Le bon mangeur où il est écrit que «consommer à chaque repas un produit laitier […] c'est la seule façon de couvrir le besoin en calcium du plus jeune au plus âgé » remarque
Nous venons de voir que la nature des savoirs pouvait constituer un
obstacle, en termes d’efficacité, à tout projet d’éducation à la santé qui s’appuierait uniquement sur la transmission de connaissances, sans s’intéresser au développement des compétences psychosociales qui peuvent être considérées comme des « facteurs de protection », c’est-à-dire « des ressources internes et externes protégeant la santé des personnes et des populations » ((Broussouloux & Houzelle- Marchal, 2006, p.114). 3- Les compétences psychosociales « les compétences psychosociales sont la capacité d'une personne à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne. C'est l'aptitude d'une personne à maintenir un état de bien-être mental, en adaptant un comportement approprié et positif, à l'occasion des relations entretenues avec les autres, sa propre culture et son environnement. Les compétences psychosociales ont un rôle important à jouer dans la promotion de la santé dans son sens le plus large, en termes de bien-être physique, mental et social. Plus particulièrement quand les problèmes de santé sont liés à un comportement, et quand le comportement est lié à une incapacité à répondre efficacement au stress et aux pressions de la vie, l'amélioration de la compétence psychosociale pourrait être un élément important dans la promotion de la santé et du bien- être, puisque les comportements sont de plus en plus impliqués dans l'origine des problèmes de santé. » OMS − savoir résoudre les problèmes, savoir prendre des décisions avoir une pensée créative, avoir une pensée critique ; − savoir communiquer efficacement, être habile dans ses relations interpersonnelles ; − avoir conscience de soi, avoir de l’empathie pour les autres ; − savoir gérer son stress, savoir gérer ses émotions. 4- L’empowerment il repose sur le fait que les personnes ne sont pas complètement libres de leur choix en matière de comportements liés à la santé, car ils sont limités par les conditions sociales et environnementales. Pour Gibson (1991) « l’empowerment est un processus social de reconnaissance, de promotion et d’augmentation des capacités des personnes à rencontrer leurs propres besoins, résoudre leurs propres problèmes et pouvoir mobiliser les ressources nécessaires de manière à avoir l’impression de contrôler leurs propres vies » 5- La nécessaire réflexion éthique 5.1- La responsabilité en éducation éduquer consiste à intégrer l’individu dans un ensemble social et en même temps, éduquer consiste à permettre à l’individu de s’affranchir de cette tutelle sociale. Il s’agit donc d’éduquer sans modeler l’individu et de le libérer sans le déraciner. Ce qui est vrai pour l’éducation en général l’est pour l’éducation à la santé en particulier. Il s’agit de permettre à l’élève de s'impliquer dans un projet dont il percevra les enjeux ; il va alors découvrir ce qui est bon pour lui et, à travers des activités, se confronter à la norme et ainsi construire ses propres normes par rapport à celles de la société. L’éducation à la santé, une éducation aux valeurs ? Pour P. Meirieu (1993), « c’est au coeur de chaque activité éducative que peuvent s’éprouver et- peut-être - se transmettre les valeurs » (Meirieu, 1993, p.146). Chapitre 4 : Education et santé : une modélisation d’ensemble les théories pédagogiques et les modèles de santé 1.1. Le béhaviorisme
L'enseignant devra permettre à l'élève de
répondre correctement à des stimuli en créant des situations adéquates. La réponse adaptée et le comportement souhaité deviennent les objectifs à atteindre. Plusieurs principes de base du béhaviorisme ont eu des conséquences sur l'enseignement. Pour qu'il y ait apprentissage, la réponse associée au stimulus pertinent doit être produite et celle-ci sera observable. L'enseignant doit permettre à l'apprenant de discriminer des stimuli pertinents de ceux qui ne le sont pas. L'activité doit être répétée afin que le comportement soit renforcé positivement pour qu'il se reproduise. Ainsi, c'est le renforcement positif qui permettra au comportement attendu de s'installer. 1.2. Le constructivisme Dans cette théorie, le processus d'apprentissage est perçu comme une succession d'équilibres précaires en réponse aux sollicitations et contraintes de l'environnement, à travers deux processus, l'assimilation et l'accommodation. 1.3. Les approches cognitivistes
La psychologie cognitive s'attache à
comprendre la manière dont l'être humain perçoit son environnement, recueille les données, les interprète, les modifie, les traite, les emmagasine et la manière dont il les prend en compte pour déterminer sa conduite et prendre des décisions. 1.4. La psychologie sociale et le socio- constructivisme Le développement de l’individu repose sur la relation sociale, Il y a d'abord une action d'échange avec un groupe, soutenue par l'adulte et ensuite, lors d'une activité individuelle, l'enfant incorpore la fonction intellectuelle découverte qui devient une propriété intériorisée de sa pensée. Cette médiation de l'adulte favorisant l'apprentissage est appelée interaction de tutelle par J. Bruner (1998) qui a aussi développé le concept d'étayage. En effet, grâce à un dispositif d'aide et de soutien approprié, l’étayage, l'enfant peut dépasser ses découvertes spontanées et aller plus loin dans la prise de conscience et pour résoudre un problème seul. 1.5. Le modèle allostérique Proposé par A. Giordan (1994)
apprendre se conçoit comme une
rencontre entre les potentialités d'un sujet, enracinée dans son histoire personnelle et sociale, et un environnement » (Berger & Jourdan, 2005, p.34). les théories et les modèles de l éducation à la santé qui se construisent à partir des modèles de santé et des théories pédagogiques. les travaux de J. Fortin (2004) 2. Les modèles psychologiques d'éducation à la santé 2.1. Le modèle rationnel repose sur une pédagogie où le savoir est dispensé par le maître à l'élève, de manière descendante. Il s'agit d'une éducation à la santé basée sur un apport de connaissances objectives qui seront à l'origine de conduites appropriées pour éviter tout dommage Il se rapproche du modèle biomédical que l’on a vu précédemment, où le pouvoir est donné aux professionnels Dans ce modèle, la connaissance des risques suffirait à permettre l'adoption de comportements responsables et toute autre attitude que celle prescrite est considérée comme une erreur ou un manquement qui conduit à la maladie. participe à la construction de ses savoirs auxquels il rajoute son vécu et son expérience. Les désirs, les émotions et les perceptions de la personne sont pris en compte. Il s'appuie sur la définition de la santé de l'OMS de 1946 (l'état de complet bien-être physique, psychique et social) et vise le développement de compétences, de savoir-être et l'accomplissement de soi à travers des valeurs. La personne peut alors adapter son mode de vie et modifier ses comportements pour les rendre conformes aux recommandations et prescriptions. La menace d'un risque est considérée comme facteur motivationnel du fait de l'augmentation de la peur du risque. Cependant, cette démarche est principalement efficace sur les populations les moins concernées par le risque alors que les autres luttent contre leur angoisse par une augmentation de la consommation à effet anxiolytique. De plus, ce modèle pose la question de la liberté individuelle notamment lorsque certaines conduites vont «jusqu'au refus de soins, jusqu'au refus de vivre » (ibid., p.60). 2.3. Le modèle de la dialectique sociale questionne les rapports de l'homme à son environnement tout en l’interrogeant sur son degré de liberté au sein du groupe social. Dans un monde sous l'emprise des médias qui cherchent à apeurer les personnes, à glorifier la sécurité et à infantiliser les gens, ce modèle s'intéresse à la capacité de l'homme à maîtriser son existence et à exercer un contrôle sur son environnement. Ce modèle s'inspire de modèles sociocognitifs en prenant en compte le rapport de la personne avec son environnement humain à travers des conduites d'imitation. Dans ce modèle, on peut inclure le concept d'empowerment (Tones & Tilford, 1990) qui n'est pas spécifique du champ de la santé et qui repose sur la prise de pouvoir par les personnes et les groupes sociaux, à travers l'acquisition de savoirs et le développement de compétences, pour leur permettre d'accéder à une plus grande maîtrise de leur existence. 2.4. Le modèle écologique s'intéresse à la personne dans sa globalité, c’est-à- dire en prenant en compte à la fois les dimensions cognitive, émotionnelle et sociale. Il s'intéresse également aux interrelations de celle-ci avec les différents milieux (écosystème). Il s'agit de permettre à la personne de se développer de façon optimale en fonction de l'ensemble de ses potentialités tout d'abord identifier les conceptions des élèves qu’ils se sont construites à partir de connaissances incomplètes ou erronées et des pratiques sociales issues du milieu familial. Les élèves pourront apprendre à se mettre en situation d'acteurs à travers des jeux de simulation qui leur permettront de devenir des protagonistes afin de discuter d’attitudes et de valeurs. Les enseignants pourront guider l'apprentissage à travers une réflexion qui favorise l’exploration de questions et l'explicitation des valeurs sous-jacentes, afin d’orienter ou de renforcer les comportements. En replaçant les pratiques scolaires dans leur contexte social et culturel, la didactique des sciences humaines ou des sciences dites "dures" pourrait alors permettre de mieux appréhender les difficultés des situations d'apprentissage qui nécessitent un apprentissage pluridisciplinaire, holistique et systémique, et une participation active des élèves Situation intégrative