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AIDE MEMOIRE SUR LE CONCILE VATICAN II PAR A. de LASSUS Supplément aun? 221 Juin 2012 ISSN 0152 - 1977 QU’EST-CE QUE L’ACTION FAMILIALE ET SCOLAIRE ET D’ABORD : A QUI S’ADRESSE-T-ELLE ? Aux Frangais qui sont las des abandons, des concessions, des lachetés, des mensonges et qui gardent au cceur un vif amour de I’héritage chrétien de notre pays. A tous les péres et méres soucieux de l’épanouissement de intelligence, du coeur et de l’Ame de leurs enfants. Aux éducateurs, professeurs, directeurs d’établissements qui, dans le cadre de leurs compétences, veulent contribuer a la tache de formation et d’éducation des enfants de Franc Aux associations, organismes, mouvements, dont le but est de défendre la conception chrétienne de la famille et de la société, de promouvoir une authentique politique familiale et de mener le combat pour un statut scolaire conforme au droit naturel et chrétien. QUE PROPOSE-T-ELLE ? A tous, elle propose ses services ; son but est de les aider a mieux assumer leurs responsabilités et de faciliter leur action. Elle met a leur disposition les informations qu’elle rassemble et sélectionne. Elle fournit une argumentation et des éléments de jugement sur les grandes questions débattues. Elle rappelle, a occasion des événements de l’actualité, les bases doctrinales contenues dans l’enseignement de I’ Eglise. Elle assure la liaison entre personnes ou groupes animés d'une méme volonté d’action, en leur permettant de sortir de leur isolement. Elle organise et anime des rencontres, journées de réflexion, sessions, stages, en vue de lancer ou de développer des groupes de travail Elle propose des programmes de formation et des méthodes d’action. Le bulletin bimestriel de I’Action Familiale et Scolaire représente le support privilégié de cette action. II permet soit de donner des apergus - en général brefs - sur des sujets variés, soit de fournir - par ses suppléments - des études sur un sujet méritant un développement plus important. SUR QUELS SUJETS ? Sur le plan familial : - les lois destructrices de la famille et de la société ; (Suite : 3 page de couverture) Action Familiale et Scolaire Tél 01,46 22,33,32-Fax: 01.46.22.65.61 31, rue Rennequin 75017/PARIS hitp://afs.e-catho.com —_afs.a@wanadoo. fr CCP: 24.564.07-N Paris - BIC: PSSTFRPPPAR ~IBAN: FR 49 30041 00001 2456407N020 04 Abonnement d’un an A Ia Revue et & ses Suppléments - Ordinaire : $5 Euros; = de Soutien : 76€; - Etranger: 61 €; - Etranger par Avion : 69 € ~ Abonnement bis ou un tiers ; de Religicux, étudiants, difficultés économiques : ... 30€ ~ Abonnement pour deux ans (en une seule fois, au licu d'un an) : 10% de réduction Direeteur de ta publi ition : Philippe BEVILEARD = N°CPPAP; 1012 G82 175 Aide-mémoire sur le concile Vatican II Du fait du cinquantiéme anniversaire du concile Vatican II qui sera célébré le 11 octobre 2012, de nombreuses conférences se tiennent dans la plupart des diocéses pour faire I’éloge de ce Concile. Comment réagir 4 |’égard d’une telle promotion @un événement majeur de Vhistoire de 1l’Eglise ? Serait-il aussi bénéfique qu’on le prétend ? Pour répondre a la Seo les fidéles disposent d’une multitude d’études de fond ; mais ils trouvent le plus souvent que celles-ci, en général rédigées par des théologiens, ne sont pas vraiment a la portée du grand public. catholique qui dispose de peu de temps et dont les connaissances religieuses se limitent au catéchisme. D’ou Lutilité d’un document donnant, sur Vatican II, non pas lessentiel du sujet mais quelques aspects importants permettant de se faire un jugement. Tel est l’objet du présent aide-mémoire. | Mentionnons en particulier les actes des 9 congrés théologiques de Si Si No No et du Courrier de Rome qui se sont tenus entre 1994 et 2010 et les actes des deux symposiums de Paris sur le coneile Vatican II (octobre2002 et octobre 2003), En voici le sommaire : Chronologie du concile Vatican II. Historique du concile Vatican II Liste des textes conciliaires. Qualification de ces textes Caractéristiques de ces textes. La trilogie conciliaire: liberté religieuse, collégialité, cecuménisme. 6. Ouverture au monde et fermeture au surnaturel. Le passage du théocentrisme 4 |’anthropocentrisme (autrement dit de la religion centrée sur Dieu a la religion centrée sur l’-homme). 7. Conceptions nouvelles de |’Eglise : le peuple de Dieu 8. Quelques jugements sur Vatican IT ULWNS 1. Chronologie du concile Vatican IP Le deuxiéme concile du Vatican s’est ouvert le 11 octobre 1962 et a été clos le 8 décembre 1965. I] a comporté quatre sessions : —1*° session : 11 octobre — 8 décembre 1962 —2°™ session : 29 septembre — 4 décembre 1963 —3*™* session : 14 septembre — 21 novembre 1964 — 4° session : 14 septembre — 8 décembre 1965 Vingt et uniéme concile de l’histoire de I’Bglise, le concile Vatican II réunissait 2250 évéques pour son ouverture et en moyenne 2400 pour chaque session. Sur ce sujet, voir article « Le Concile au jour le jour = Eléments pour une chronologie de Vatican Il » figurant dans les Actes du premier symposium de Paris sur le concile Vatican II (supplément au n°43 de la revue Le Sel de la Terre , Couvent de la Haye-aux-Bonhommes, 49240 Avrillé), Cet article de 63 pages contient, en plus de la chronologie, I’historique du Concile, 2. Historique du concile Vatican II 25 janvier 1959 - Annonce de |’ouverture d’un prochain concile par Jean XXIII, pape depuis trois mois. Ce fut une surprise ; en effet Pie XI en 1923 et Pie XII en 1958 avaient tous deux étudié puis refusé le projet d’un nouveau concile pour achever le concile Vatican I interrompu en 1870°. 1959 - Jean XXIII mandate dix commissions et deux secrétariats pour rédiger les schémas préparatoires du concile. La commission doctrinale est dirigée par le cardinal Ottaviani? 12 juin 1961 — Aprés deux ans d’activité intense, les commissions présentent 70 schémas. Leur nombre sera réduit 4 20. Ce travail de préparation était sérieux ; les schémas proposés par la Commission doctrinale étaient d’une clarté théologique excellente. Mais, déja, on constate, au sein de la Commission centrale préparatoire du concile, l’action de nombreux prélats néo- modernistes.” 11 octobre 1962 — Ouverture du concile 4 Rome. 13 octobre 1962 — Dés la premiére Congrégation générale, les prélats néo-modernistes d’Allemagne, d’Autriche, de France, de ? Interruption due a l’attaque puis 4 V’occupation de Rome par les troupes: piémontaises. * Pro-préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi ; prélat de trés bonne doctrine. * Le modernisme condamné par saint Pie X (encyclique Pascendi, 1907) a repris beaucoup de forces aprés la mort de ce pape. En 1961, de nombreux’ €piscopats manifestaient une tendance moderniste, Hollande agissent de fagon concertée (ils constituent ce que ls pére Ralph Wiltgen, dans son livre Le Rhin se jette dans le Tibre®, appelle Alliance européenne) et se manifestent de fagon spectaculaire. Avec leur appui, le cardinal Liénard demande et obtient que soit différé le scrutin devant désigner les membres des dix commissions conciliaires assurant le fonctionnement du concile, l’objectif étant que soient choisis pour ces commissions des Péres néo-modernistes de |’Alliance européenne de préférence aux Péres de bonne doctrine ayant eu une part active aux travaux préparatoires du concile. 20 octobre 1962 — L’Alliance européenne obtient 49 % des siéges des 16 commissions de 24 membres constituant l’armature du concile. L’Alliance européenne réussira a faire rejeter tous les schémas préparatoires, sauf celui sur la liturgie. Le travail remarquable de préparation effectué entre 1959 et 1962 était ainsi réduit a néant. 3 juin et 21 juin 1963 — Mort de Jean XXIII et Election de Paul VI. Octobre 1963 — Commence 4 se former une résistance organisée a Alliance européenne. Elle sera fondée puis dirigée énergiquement par Mgr Lefebvre, avec comme principaux collaborateurs Mgr de Proenga Sigaud et Mgr Carli. Elle prendra le nom de Coetus Internationalis Patrum. Le concile Vatican II, a partir de 1964, est ainsi caractérisé par un conflit entre un groupe nombreux de prélats néo-modernistes et un groupe minoritaire de prélats de bonne doctrine. Livre trés important, sous titré « Le Concile inconnu », en vente A D.P.F. BPI, 86190 Chiré-en-Montreuil ' 29 octobre 1963 — La question suivante est soumise au vote des péres conciliaires : « Plait-il aux péres conciliaires que le schéma sur la trés Sainte Vierge, Mére de I’Eglise, soit révisé de maniére a devenir le chapitre 6 du schéma sur I’Eglise ? » La réponse est « oui ». En voici la conséquence, selon l’abbé Berto! : «Le funeste vote (du 29 octobre 1963) apostasiant ’Evangile des noces de Cana, loin @’inviter la sainte Vierge, lui avait signifié son congé. Elle encombrait ! La Vierge Marie encombrait le Concile qui Vinvitait & sortir. Oh! Elle ne se Vest pas fait dire deux fois ! La terre n’a pas tremblé, la foudre n’est pas tombée sur Saint-Pierre. Elle est sortie discrétement, dans un profond silence ; seulement si discrétement qu’Elle n’a pas dit "Vinum non habent ” (ils nont plus de vin) ; et les destins de la deuxiéme session ont été scellés. »* 30 octobre 1963 — Autre question soumise au vote des Péres conciliaires : faut-il réviser le schéma sur l’Eglise de maniére a préciser que le pouvoir plein et supréme sur |? Eglise universelle appartient — de droit divin — au Collége des évéques unis a son chef? Le résultat est une victoire pour les libéraux: 1717 oui contre 408 non. 16 novembre 1964 — Paul VI fait ajouter une « note explicative préliminaire »° au schéma sur I’Eglise (mais sans que le schéma lui-méme soit rectifié). 7 Fondateur de la Congrégation des Dominicaines du Saint Esprit (Pontcallec) ; expert au concile Vatican II. ® Lettre de l’abbé Berto de 1963, citée dans le Sel de la Terre n°6, p. 169 ° Sur ce sujet, voir le § sur la collégialité, ci-dessous p. 16 21 novembre 1964 — Cléture de la troisigme session. Dans son allocution de cléture, Paul VI attribue a la Vierge Marie le titre de Mére de I’Eglise. 9 novembre 1965 — Une lettre-pétition de Mgr Carli en vue de faire condamner le communisme recoit le soutien de 450 Péres conciliaires. Malgré plusieurs efforts, cette demande n’est pas suivie d’effet. 7 décembre 1965 : Vote définitif pour l’adoption du schéma sur la liberté religieuse : 2308 voix l’approuvent, 70 le refusent. Dans le conflit entre l’Alliance européenne (prélats néo-modernistes) et le « Coetus Internationalis Patrum », les néo-modernistes sortent vainqueurs. 8 décembre 1965 : Cléture du Concile. 3. Liste des textes conciliaires Voici la liste des seize textes promulgués par le concile Vatican Il avec les abréviations utilisées : e¢ 4 constitutions 1. Constitution dogmatique Lumen gentium (LG) : VEglise. 2. Constitution dogmatique Dei Verbum (DV): la Révélation divine. 3. Constitution Sacrosanctum concilium (SC) : la liturgie. 4. Constitution pastorale Gaudium et spes (GS) : I’Eglise dans le monde de ce temps. e = 9 décrets 1. Christus Dominus (CD) : la charge pastorale des évéques. 2. Presbyterium ordinis (PO) : le ministére et la vie des prétres. 3. Perfectate caritatis (PC) : la rénovation et |’adaptation de la vie religieuse. 4. Optatam totius Ecclesiae renovationem (OT) : la formation des prétres. 5. Apostolicam actuositatem (AA) : l’apostolat des laics. 6. Ad Gentes (AG) : l’activité missionnaire de I’Eglise. 7. Orientalium Ecclesiarum (OE): les Eglises orientales catholiques. 8. Unitatis redintegratio (UR) : ’cecuménisme. 9. Inter mirifica (IM) : les moyens de communication sociale. e 3 déclarations 1. Dignitatis humanae (DH) : la liberté religieuse. ‘ 2. Nostra aetate (NA): les relations avec les religions non chrétiennes. ¢ 3. Gravissimum educationis momentum (GE): \’éducation chrétienne. 4. Qualification des textes conciliaires Les constitutions sont évidemment plus importantes que les décrets et ceux-ci que les déclarations. Ces documents ont-ils des: qualifications théologiques différentes ? Le secrétaire général du concile, quand on lui demanda quelle était la qualification théologique de la doctrine exposée dans le schéma De Ecclesia (qui deviendra la Constitution sur l’Eglise Lumen gentium), ne répondit pas a la question et se contenta de citer la déclaration du 6 mars 1964 de la Commission doctrinale du Concile : « Compte tenu de l’usage des conciles et du but pastoral du Concile. actuel, celui-ci ne définit comme devant étre tenus par I’Bglise que les seuls points concernant la foi et les moeurs qu’il aura clairement déclarés tels. Quant aux autres points proposés par le Concile, en tant qu’ils sont Venseignement du magistére supréme de I’Eglise, tous et chacun des fidéles doivent les recevoir et les entendre selon lesprit du Concile lui-méme qui ressort soit de la matiére traitée, soit de la maniére dont il s’exprime, selon les normes de I’interprétation théologique »."° Or il n’existe aucun point nouveau concernant la foi et les moeurs que le Concile ait clairement défini comme devant étre tenu par toute |’Eglise. La volonté d’obliger étant absente des textes conciliaires, le pape, en les promulguant, n’a pas engagé son _privilége d’infaillibilité. L’enseignement de ces textes doit done étre référé au magistére constant (ce qui a été enseigné partout, toujours et par tous). C’est ce qu’a indiqué Jean-Paul II le 5 novembre 1979, quand, parlant de la « doctrine intégrale du concile », il précisait : Voici deux autres textes affirmant que le concile Vatican II n’a défini aucun dogme nouveau : «Btant donné le caractére pastoral du Concile, il a éyité de prononcer d’une manigre extraordinaire des dogmes comportant la note d’infaillibilité, mais il a muni ses enseignements de I'autorité du magistére ordinaire supréme. »'! «La vérité est que le Concile lui-méme n’a défini aucun dogme et a tenu a se situer 4 un niveau plus modeste, simplement comme un concile pastoral. Malgré cela, nombreux sont ceux qui Pinterprétent ® Voir les notifications faites par le Seerétaire général du Concile le 16 novembre 1964 ; leur texte figure dans les Actes du Concile et est en général reproduit 4 la fin de la Constitution Lumen gentium, Paul VI, 16 novembre 1964. comme s'il s’agissait d'un «super-dogme» qui seul a de limportance. »'* 5. Caractéristiques des textes conciliaires DES TEXTES AMBIGUS C’est ce que souligne le pére Calmel dans son livre Bréve apologie pour l’Eglise de toujours, ol, parlant des textes conciliaires pris dans leur ensemble, il écrivait : « On sait depuis longtemps que ce sont des textes de compromis. On sait encore qu'une fraction modemisante youlait imposer une doctrine hérétique. Empéchée d'aboutir, elle est quand méme parvenue a faire adopter des textes non formels 3 ces textes présentent le double avantage pour le moderniste de ne pouvoir ire taxés de propositions carrément hérétiques, mais cependant de pouvoir étre tirés dans un sens oppos¢ @ la foi. Nous attarderons- hous a les combattre directement ? Un moment nous y avions pensé, La difficulté c'est quils ne donnent pas prise a l'argumentation ; ils sont trop mous. Lorsque Vous essayez de presser une formule qui vous parait inquiétante voici que, dans la méme page, vous en trouvez une autre entiérement irréprochable. Lorsque vous cherchez a étayer votre prédication ou votre enseignement sur un texte solide, impossible & tourner, propre a transmettre a votre auditoire le contenu traditionnel de la foi et de la morale, vous vous apercevez bient6t que le texte que yous avez choisi au sujet par exemple de la liturgie, ou du devoir des sociétés a l'égard de la vraic Religion, ce texte est insidieusement affaibli par un second texte qui, en réalité, exténue le premier alors quill avait l'air de le compléter. Les décrets succédent aux constitutions et les messages aux déclarations sans ee 2 Ajlocution du cardinal Ratzinger devant la conférence épiscopale chilienne, 13 juillet 1988 (Itinéraires n°330, février 1989, p. 4). donner a esprit, sauf exception rarissime, une prise suffisante»."* On retrouve ici l’un des caractéristiques des textes modernistes ainsi définie par saint Pie X : «Telle pa de leur ouvrage pourrait étre signée par un catholiq tournez la page, vous croyez lire un rationaliste. Ecrivent-ils histoire : nulle mention de la divinité de Jésus- Christ; montent-ils dans la chaire sacrée, ils la proclament hautement. Historiens, ils dédaignent Péres et Conciles ; catéchistes, ils les citent avec honneur ».'* UNE AMBIGUITE VOULUE L’ambiguité en cause ne résulte pas d’une négligence mais dune volonté délibérée. Comme |’a remarqué Jean Madiran : «... les textes conciliaires ont été complétés (dans le cas de la Nota praevia'’) ou méme rédigés d'une maniére suffisamment traditionnelle pour pouvoir étre votés par une quasi-unanimité, et cependant d'une maniére suffisamment astucieuse pour permettre, comme la suite I'a montré, des développements ultérieurs qu’a I'époque les péres conciliaires auraient refuusés ».'6 © RP. Calmel, 04 diffusion D.P.P, ie Eneyelique Pascendi sur le modernisme, § 20 « Nota praevia » : note explicative préalable relative au troisiéme chapitre de la « constitution dogmatique de I’ Bglise » (Lumen Gentium) du coneile Vatican II. (Voir ci-dessus, p. 6) Le concile en question, p. 63 ~ édition D.M.M. Breve apologie pour | lise de toujours, p. 35-36, 10 DES VERITES PRESENTEES AVEC UNE MENTALITE MODERNISTE Monseigneur Gherardini'’ explique ainsi cette caractéristique importante des textes conciliaires : « Ine faut pas s*imaginer qu’il y ait eu un bouleversement général, Vatican II n’a pas innové sur l'ensemble des vérités contenues dans le Credo et définies par les conciles précédents. Le probléme ne réside pas dans la quantité mais dans la qualité (...) La Rupture, avant de porter sur des matieres déterminées, a porté sur linspiration de fond. On avait décrété un certain type d'ostracisme, mais pas envers l'une ou l'autre des vérités révélées et proposées comme telles par l'Eglise. Ce nouvel ostracisme s'attaquait a une certaine fagon de présenter ces vérités. N attaquait donc une méthodologie théologique, celle de la scolastique, que Yon ne tolérait plus. Avec un acharnement particulier contre le thomisme, considéré par beaucoup comme dépassé et désormais trés éloigné de la sensibilité et des problématiques de "homme moderne. On n'avait pas pergu, ou pas voulu croire, que rejeter saint ‘Thomas d'Aquin et sa méthode allait entrainer un effondrement doctrinal. Lrostracisme avait débuté en se faisant subtil, pénétrant, enyeloppant. II ne mettait 4 la porte personne, ni auciinesthese théologique, et encore moins certains dogmes. Ce qu’il évingait, c’est la mentalité qui en son temps avait défini et promulgué ces dogmes.(...) nt deux livres sur le concile Vatican Il, Le débat a ouvrir et Le concile Vatican I], un ™” Prélat romain qui éerivit récemmet concile aecuménique Vatican II un déb in’ jeu, Voir A leur sujet les articles « Une critiques officelle lébat qui n’a pas eu lieu. Voir i 2010) et 218 (décembre du concile et du postconcile » dans les n°209 (jul 2011) de PAFS Je me demande si vraiment tous les Péres conciliaires se rendaient compte qu’ils étaient objectivement en train de s’arracher a cette mentalité pluriséculaire qui jusqu’alors avait exprimé la motivation de fond de la vie, de la priére, de l’enseignement et du gouvernement de I’Eglise. Somme toute, ils proposaient 4 nouveau la mentalité moderniste'®, celle contre laquelle saint Pie X avait pourtant pris une position trés nette en exprimant son intention de " instaurare omnia in Christo, restaurer tout dans le Christ "» (Eph 1, 10)" 6. La trilogie conciliaire” Il s’agit de trois erreurs — liberté religieuse, collégialité, cecuménisme — exposées dans les documents de Vatican II DV, DH, LG, UR, NAE, ayant entre elles une certaine unité qui rappelle la trilogie révolutionnaire liberté-égalité-fraternité. '8 Mentalité moderniste ainsi définie par Mer Gherardini : « Car cette Constitution (Gaudium et spes) est attentive & homme, comme on Vétait autrefois 4 Dieu. Elle remplace presque l'adoration du Créat de la créature. Trés soucicuse de lexaltation de la dignité presque infini personne humaine, elle confond la valeur fondatrice avec la valeur fondée. » (Le coneile Vatican II ; un débat qui n'a pas eu liew , p. 33) « Cest comme si le programme adopté par saint Pic X, a partir de la formule de saint Paul «instaurare omnia in Christo», avait &é irréductiblement inversé en « instaurare omnia in homine » aussi bien par le concile azcuménique Vatican II que par le postconcile. » (Le coneile Vatican II ; un débat qui n’a pas eu liew , p. 95-96) Mer Gherardini, Le concile Vatican II, un débat qui n’a pas eu lieu, p. 31 Sur ce sujet, voir la conférence « Vatican II synthétisé en trois points »» figurant dans les Actes du deuxigme Symposium de Paris La conscience dans la religion de Vatican I] ~ octobre 2003, édités par le Sel de la Terre, couvent de la Haye-aux-Bonhommes, 49240 Avrillé. 12 LA LIBERTE RELIGIEUSE La doctrine conciliaire sur la liberté religieuse, figurant dans la déclaration Dignitatis Humanae (DH), traite de la liberté civile et sociale en matiére religieuse, c'est-a-dire de la liberté civile ~ de poser des actes religieux en public individuellement ou collectivement. e Résumé de la doctrine conciliaire —La liberté de poser des actes religieux publics individuellement ou collectivement serait un droit pour toutes les religions ; droit trés important puisqu'il est considéré comme le fondement de tous les autres droits. — L'Btat devrait respecter et faire respecter cette So pour toutes les religions et en limiter éventuellement lore en fonction des exigences soit de I'«ordre public juste» (oéelai ee conciliaire), soit du bien commun (Catéchisme de iglise Catholique). Ce respect de la liberté religieuse conduit a donner liberté politique, culturelle, médiatique aux ee religieux de toutes les religions. Cf. l'article déclaration conciliaire : «La liberté religieuse demande en outre que is SS ere soient pas empéchés de manifester librement lefficacit i Pan de leur doctrine pour organiser la société et vivifier toute humaine. » — L’Etat devrait s’abstenir de toute discrimination pour motif el 2\ Par liberté civile, il faut entendre limmunité de co PBtat. ntrainte de la part de religieux.” ° Opposition entre doctrine conciliaire et doctrine traditionnelle Elle se manifeste, en particulier, sur les deux points suivants : —Premiére opposition : sur le droit a la liberté religieuse : Selon la doctrine conciliaire La liberté religieuse (liberté de poser des actes religieux publics individuels ou collectifs) est un droit de la personne, quelle que soit sa religion. Ce droit doit étre inscrit dans la loi. Selon la doctrine traditionnelle? La liberté religieuse (pour les fausses religions) ne doit jamais €tre considérée comme un droit, encore moins étre inscrite dans la loi comme un droit ; mais elle peut faire l'objet d'une tolérance. — Deuxiéme opposition : sur le réle de P’Btat : Selon la doctrine conciliaire L’Etat ne doit pas privilégier la vraie religion (car il ne doit pas établir de discrimination pour motif religieux). ie he elk Lg eae ” Cf. ce passage de l'article 6 de la D Pouvoir civil doit veiller & ce que Méealité juridique des citoyens, qui releve elle-méme du bien commun de la société, ne soit jamais lésée, de maniere ouverte ou occulte, pour des motifs religieux, et quientre eux aucune discrimination ne soit faite (...) », éclaration conciliaire : «Enfin, le ® Voir en particulier Veneyclique Mirari Vos de Grégoire XVI, Peneyclique Quanta Cura et le Syllabus de Pie IX, les eneycliques Immortale Dei de Léon XIII et Quas Primas de Pie XI. Il ne doit pas réprimer les fausses religions (I'ordre public juste étant sauf). Selon la doctrine traditionnelle L'Etat doit privilégier la vraie religion . \ Il doit réprimer les fausses religions (dans la mesure ot le permet la prudence politique). e¢ — Conséquences de Ia doctrine conciliaire Elle a introduit le libéralisme dans Penseignement de VEglise™. C’est ce qu’a constaté, a I’époque, un catholique liberal influent, M. Prélot, sénateur du Doubs : « Nous ayons lutté pendant un siécle et demi pour faire oo nos opinons a l’intérieur de I’Eglise et ze nee a Enfin est venu Vatican II et nous avons (tio! . rm théses et les principes du catholicisme libéral sont définitivement acceptés et officiellement par la sainte Eglise ». doctrine sur la royauté 1 é i-élimination de la ae jon Tesla Aun catholicisme sans Sociale de Notre-Seigneur ; on aboutit ainsi Christ-Roi. p ‘ De ce fait disparurent les Etats catholiq encore au moment du concile Vatican II d’Espagne, d’Italie et de Colombie). ues qui subsistaient (en particulier ceux aw ' 2: Voir la brochure ARS Gonnaissance elemental di ~ Le catholicisme libéral (1969) ; cité p. 134 par Mer aw catholiques perplexes. libéralisme = Lefebvre /Letire ouverte LA COLLEGIALITE Le mot collége signifie « réunion de personnes ayant la méme dignité, la méme fonction » ; le mot collégial signifie « exercé par un college — Exemple : Direction collégiale » (Dictionnaire Le Robert). Par collégialité, on désigne habituellement un mode de gouvernement de I’Eglise : gouvernement assuré par le Corps des Evéques, en union avec le pape, son chef (c’est le point culminant de la Constitution dogmatique Lumen Gentium). ° Doctrine traditionnelle sur le gouvernement de I’F-glise Doctrine définie lors du concile Vatican I (1870) et ainsi résumée dans le catéchisme de saint Pie X (premiére partie, chap.X, §4) : Qu’est ce que le Pape ? Le Pape que nous appelons aussi le Souverain Pontife ou encore le Pontife Romain, est le successeur de saint Pierre sur le si¢ge de re le Vicaire de Jésus-Christ sur la terre et le chef visible de Eglise. Pourquoi fe Pontife Romain est-il le chef visible de I'Eglise 2 Le Pontife Romain est le chef visible de I’Eglise parce qu’il la dirige visiblement avec ’autorité méme de Jésus-Christ qui en est le chef invisible. Quelle est done la dignité du Pape ? La dignité du Pape est la plus grande de toutes les dignités de la terre, et elle lui donne un pouvoir supréme et immédiat sur tous les Pasteurs et les fidéles, Dans quel but Diew a-t-il coneédé au Pape le don de linfaillibilité ? Dieu a coneédé au Pape le don de I’infaillibilité afin que nous soyons tous srs et certains de la vérité que I’glise enseigne, Quand fut-il défini que le Pape est infaillible ? L’infaillibilité du Pape fut définie par I’Eglise au premier concile du Vatican, et si quelqu’un osait contredire cette définition, ill serait hérétique et excommunié. Quand le Pape est-il infaillible ? Le Pape est infaillible seulement lorsque, en sa qualité de Pasteur et de Docteur de tous les chrétiens, en vertu de sa supréme autorite apostolique, il définit, pour étre tenue par toute I’Bglise, une doctrine concernant la foi et les mozurs. Le concile Vatican I (Constitution Pastor Aeternus) a précisé que l’infaillibilité est une « prérogative que le Fils unique de Dieu a daigné joindre a la fonction pastorale supreme ». En bref, il y a dans I’Eglise une seule autorité supreme, celle du pape, elle seule bénéficie de la prérogative de l’infaillibilite. ive d’infaillibilité soit seul, soit érogati Le pape peut exercer sa prerogs ant son en associant les évéques @ l’acte qu’il pose en cna infaillibilité ; PEglise * — Doctrine conciliaire sur le gouvernement de PEglis Elle figure principalement aux articles 22 et 24 de la Constitution dogmatique Lumen Gentium : « De méme que saint Pierre et les autres poe ae cine de par Hinstitution du Seigneur, un seul col a0 oe ies semblablement le Pontife romain, SUCCeSSSR OT évéques successeurs des apétres forment oe anes Le Pontife romain a sur I'Eglise, en vertu desi CT du Christ et de Pasteur de toute MBslises un BT supréme et universel quill peut toujours a ae dans lem des évéques qui succdde au college aposto ia i i ns lequel, et le gouvernement pastoral, a ae one na : i constitue, lui , enw wee le corps apostolique, a raereetes romain, son chef, et jamais ©

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