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Troubles psychiatriques :

comment les repérer

Pour reconnaître les troubles psychiatriques et d'un professionnel. De même si votre patient ne
arriver à un diagnostic différentiel, vous devrez parle pas français, vous aurez besoin d'un inter-
conduire une approche systématique pour prète professionnel.
écouter l'histoire clinique et mener l'examen de Les patients présentant des troubles psychia-
l'état mental. triques n'admettent pas immédiatement et faci-
lement leurs problèmes. En effet, ils seront
parfois silencieux; il pourra alors être utile d'ob-
• INTERROGER LE PATIENT tenir des informations à partir d'autres sources
comme:
La section A (chapitres 1 à 3) explique comment • la famille;
interroger les patients ayant des problèmes • le médecin traitant du patient;
médicaux généraux et chirurgicaux, mais vous • d'autres professionnels travaillant près de lui,
devez apprendre certains points additionnels comme des travailleurs sociaux, des infirmiers
pour mener un interrogatoire psychiatrique. psychiatriques, le personnel des centres de jour
Tout d'abord, mettez votre patient à l'aise et ou des psychologues;
encouragez-le à parler ouvertement de ses pro- • le contenu d'un dossier médical ou psychia-
blèmes. Il est préférable, particulièrement au trique antérieur.
début de l'interrogatoire, d'utiliser des questions Enfin, ayez toujours à l'esprit les problèmes de
ouvertes, comme: « Comment vous sentez-vous sécurité, car le patient peut parfois devenir sou-
du point de vue psychologique? » plutôt que des dainement violent, par exemple après avoir
questions fermées (comme « Est-ce que vous entendu des voix (hallucinations auditives). Les
sentez déprimé? ») qui ne donnent au patient points suivants ont une importance particulière:
aucune chance d'élaborer une réponse. Pendant • Soyez toujours assis plus près de la porte
les cinq premières minutes, encouragez votre que votre patient;
patient à parler sans interruption du (es) pro- • Assurez-vous qu'il y a toujours quelqu'un qui
blème(s) qui le soucie (nt).
sache où vous êtes et avec qui vous vous entre-
Quand, pour la première fois, vous recueillerez
tenez;
les antécédents psychiatriques ou que vous
• Assurez-vous de savoir où sont situés les
mènerez un examen mental, vous pourrez vous
dispositifs de sécurité, comme les alarmes et les
sentir mal à l'aise en interrogeant le patient sur
systèmes d'appel, et comment ils fonctionnent;
ses antécédents psycho-sexuels ou ses pensées
• Rappelez-vous que vous ne pourrez pas tou-
suicidaires. En pratique, vous vous rendrez
jours calmer un patient violent en parlant avec
compte que certains patients ne sont pas surpris
lui.
par ces questions. En particulier, ne craignez pas
de donner à un patient l'idée de se suicider juste
en l'interrogeant sur ses pensées suicidaires: il
n'y a aucune preuve que ceci pourrait arriver. • ANTÉCÉDENTS PSYCHIATRIQUES
Si votre patient est sourd, mais comprend le lan-
Les antécédents psychiatriques permettront de
gage des signes, vous devez vous faire assister
recueillir les détails suivants:
Troubles psychiatriques: comment les repérer ?

M o t i f de la consultation. Comment et Antécédents médicaux


pourquoi le patient a été adressé.
Antécédents psychiatriques. La nature et
Plaintes. Enregistrez-les avec les mots du la durée de la maladie, les services hospitaliers
patient, en incluant la durée d'évolution de cha- ou de consultation où le patient a été suivi, les
cune d'entre elles. traitements reçus, la médication actuelle et ses
effets secondaires.
Histoire de la maladie actuelle. Pour
chaque symptôme, donnez la chronologie de Utilisation de substances psychoactives
son développement, les facteurs déclenchants, et Alcool:
les conséquences sur les autres aspects de la vie • consommation alcoolique quotidienne;
du patient, son intégration sociale par exemple. • antécédents de symptômes de sevrage;
• score au questionnaire alcoolisme (Point de
Histoire familiale. Détails sur les parents et révision 8.1 : CAGE) qui peut être évalué en rou-
la fratrie. tine;
• antécédents de maladie physique, de bles-
Histoire psychiatrique familiale. Détails sures (accident sur la voie publique), de pro-
de tous les antécédents familiaux de troubles blèmes légaux (délits au volant) ou de difficultés
psychiatriques (suicide inclus) ou neurologiques. professionnelles (retards réguliers au travail
conduisant à des sanctions) pouvant résulter
Histoire personnelle. Détails de l'enfance d'une consommation excessive d'alcool.
(date et lieu de naissance), des problèmes surve-
nus avant la naissance (pendant la grossesse, en
particulier s'ils ont causé un accouchement pré-
maturé) ou pendant les premières étapes du
développement; la santé dans l'enfance, y com-
Deux réponses positives ou plus aux quatre
pris les antécédents de « problèmes nerveux » et questions suivantes orientent vers des conduites
les premiers chocs émotionnels, comme les d'abus d'alcool :
deuils. N'avez-vous jamais pensé que vous devriez arrêter
• Relevez les détails de la scolarité, les relations de boire?
avec les camarades et les professeurs, les diffi- Est-ce qu'on ne vous a jamais ennuyé en raison de
cultés survenues à l'école comme l'absentéisme, votre consommation d'alcool?
les diplômes obtenus et le niveau d'éducation Ne vous êtes-vous jamais senti coupable de votre
acquis; consommation d'alcool ?
• Le parcours professionnel, en incluant les N'avez vous jamais pris un verre avant toute chose,
le matin au réveil, pour calmer vos nerfs ou pour
promotions et les rétrogradations;
vous débarrasser d'une sensation de manque?
• Les antécédents psycho-sexuels (chez une
femme, l'âge des premières règles, les troubles
menstruels, l'histoire des grossesses et l'âge de Autres:
la ménopause, si c'est pertinent), les tendances • type et quantité de tabac fumé, ou de pro-
sexuelles, les antécédents d'abus sexuels/phy- duits contenant de la nicotine, et toute histoire
siques et l'histoire sexuelle et maritale ; de tabagisme antérieur;
• Les détails sur tous les enfants; • utilisation actuelle ou passée de drogues illi-
• La situation sociale actuelle, avec qui le cites, quantités absorbées, voies d'administra-
patient vit; le statut marital, la profession et la tion et conséquences.
situation financière, le mode d'habitation et les
commodités, les hobbies et intérêts sociaux. Histoire médico-légale. Antecedents de
délinquance et de délits criminels, historique des
sanctions et condamnations infligées.
Comprendre les différents appareils

Personnalité p r é m o r b i d e . Personnalité du
patient avant le début de la maladie psychia-
trique: Discours et pensées circonstanciés
• l'attitude envers les autres, dans ses relations Les pensées apparaissent lentes avec incorporation
sociales, familiales et sexuelles; de détails inutiles et non significatifs. Le but de la
pensée est cependant atteint.
• l'attitude envers soi et le caractère;
• les croyances religieuses et les critères Écholalie
moraux; Il s'agit d'une imitation automatique, par le patient,
• l'humeur habituelle; du discours d'une autre personne. Ceci survient
même si le patient ne comprend pas le sens des
• les activités de loisirs et les centres d'intérêts;
paroles.
• la vie fantasmatique;
• la réaction habituelle face au stress. Fuite des idées
Le discours devient un flux de pensées accélérées
avec des changements brutaux de thèmes et sans
aucune idée centrale. Les relations entre les
• EXAMEN DU STATUT MENTAL pensées peuvent être basées sur :
- des relations aléatoires;
Ce paragraphe couvre la symptomatologie psy- - des associations hasardeuses ;
chiatrique (les signes de la maladie) telle qu'elle - des stimuli distracteurs;
apparaît au moment de l'interrogatoire. De plus, - des associations verbales, par exemple
allitérations et assonances.
on peut obtenir des informations par d'autres
sources, comme les observations des infirmières Néologisme
chez les patients hospitalisés; ces sources doi- C'est un mot nouveau construit par le patient, ou
vent également être utilisées, car le malade ne un mot de tous les jours utilisé de manière
particulière par le patient.
reconnaît pas toujours ses symptômes psycho-
pathologiques. Par exemple, un patient dont Réponses à côté
l'équipe d'infirmières a observé qu'il présentait Les réponses aux questions, bien que clairement
des hallucinations auditives peut nier, pendant incorrectes, démontrent que les questions sont
comprises. Par exemple, quand on demande « De
un entretien structuré, ses troubles de percep-
quelle couleur est l'herbe? », le patient peut
tion. Les critères suivants peuvent être recher- répondre « Bleue ».
chés lors d'un examen de l'état mental :
Persévération
Dans les persévérations (d'expressions et de
mouvements) les opérations mentales continuent
Apparence et comportements au-delà de ce qui est nécessaire. Les types
caractéristiques de persévération du langage sont :
• Présentation générale ; - la palilalie : le patient répète un mot avec une
• Posture et mouvements; fréquence croissante;
- la logoclonie : le patient répète la dernière
• Niveau de contact visuel;
syllabe du dernier mot.
• Niveau d'activité;
• Comportement social ; Barrages
• Comportement relationnel. Il s'agit d'une interruption soudaine d'une
association d'idées, avant qu'elle soit complète,
laissant un « blanc ». Après une période de silence,
le patient ne pourra plus se rappeler ce qu'il vient
de dire ou voulait dire.

(D'après Puri BK, Laking DJ, Treasaden IH Relâchement d'association (trouble formel de la
(1996): Textbook of psychiatry. Edinburgh: pensée)
Il survient particulièrement dans la schizophrénie.
Churchill Livingstone.)
Troubles psychiatriques: comment les repérer ?

Discours • Obsessions: pensées répétitives qui s'impo-


• Débit; sent au sujet, mais que le patient reconnaît
• Quantité; comme étant irrationnelles et auquel il ne peu!
• Articulation; pas résister efficacement (Point de révision 8.4)
• Forme: la manière dont le patient s'exprime. On demandera aux patients: « Est-ce que vous
Des exemples de troubles formels du discours conservez certaines pensées qui n'ont pas de
sont donnés dans le Point de révision 8.2; sens bien que vous ayez essayé de les chasser
• Éventuels néologismes (Point de révision de votre esprit? »;
8.2);
• Si le discours est perturbé, rapportez par écrit
un exemple illustratif.
Les thèmes obsessionnels comprennent:
La peur de faire du mal à autrui.
Humeur La saleté et la contamination.
L'agressivité.
• Évaluation objective (basée sur les antécé-
Des thèmes à contenu sexuel.
dents, l'apparence, le comportement et la tenue) ;
Des thèmes à contenu religieux.
• Évaluation subjective. Demandez à votre
patient « Comment vous sentez-vous? », et
« Dans quel état d'esprit vous trouvez-vous? »;
• Anxiété;
• Humeur et émotion (Point de révision 8.3).

Acrophobie : peur de l'altitude.


Contenu de la pensée Agoraphobie : littéralement, peur de la place
publique. Il s'agit d'un syndrome s'accompagnant
• Préoccupations (idées morbides et inquié- d'une grande anxiété, ou de conduite d'évitement,
de lieux ou de situations desquelles il serait difficile
tude);
ou embarrassant de s'échapper, ou dans lesquelles
une aide peut s'avérer impossible dans le cas d'une
attaque panique ou de symptômes voisins. La peur
peut être occasionnée par :
- les foules ;
- les espaces ouverts et fermés ;
- les grands magasins ;
- certaines situations sociales ;
- les transports en commun.
L'affectivité est l'ensemble des comportements
observables qui sont l'expression d'un état perceptif, Algophobie : peur de la douleur.
vécu, subjectif (émotion) et variable dans le temps, Claustrophobie : peur des espaces fermés.
en réponse à des états émotionnels changeants. Phobies de stimuli internes : comprend des phobies
Affect émoussé obsessionnelles ou des phobies de certaines
L'expressivité émotionnelle est grandement réduite. maladies, ce qui recoupe l'hypocondrie.
Athymhormie - Apathie Phobie sociale : peur des relations interpersonnelles
C'est une absence totale ou quasi totale en public, comme:
d'expressivité émotionnelle. - parler en public ;
Affect inapproprié - manger en public;
C'est un affect inapproprié à la pensée ou à la - rencontrer des gens.
parole qui l'accompagne. Phobie spécifique (simple) : peur de situations ou
Labilité affective d'objets (par exemple, des serpents) particuliers.
La perception externe et labile n'est pas en Xénophobie : peur des étrangers.
relation avec les stimuli externes ou le contexte. Zoophobie : peur des animaux.
Comprendre les différents appareils

• Phobies, telles que celles décrites dans le • Idées délirantes, comme celles présentées
Point de révision 8.5. Une phobie est une peur dans le Point de révision 8.6. Un délire est une
irrationnelle et persistante d'une activité, d'un fausse conviction personnelle basée sur l'infé-
objet ou d'une situation, qui conduit à l'évite- rence d'une réalité extérieure, fermement soute-
ment. La peur est hors de proportion avec le nue en dépit des opinions des autres, et ce
danger réel et irraisonnée, étant au-delà du malgré des preuves irréfutables et évidentes du
contrôle volontaire; contraire. Cette conviction n'est pas celle habi-
• Idées suicidaires. Commencez à les évaluer tuellement acceptée par les autres membres de
par une question comme « Vous est-il arrivé de sa culture ou sous-culture (par exemple, ce n'est
penser que la vie n'était pas digne d'être pas un point de croyance religieuse) ;
vécue? » ; • Idées surévaluées. Une telle idée est une vive
• Idées d'homicide. Vous demanderez à votre préoccupation déraisonnable, soutenue avec une
patient: « Vous est-il arrivé d'éprouver le souhait intensité délirante. L'idée ou la conviction soute-
de faire du mal à quelqu'un? ». nue est manifestement fausse, tranche fortement
avec celles du groupe culturel du patient, et il y a
un investissement émotionnel très intense;
Croyances et interprétations • Perception délirante. Une signification nou-
velle et délirante est attribuée à une perception
anormales des événements
réelle et habituelle, sans aucune raison logique.
• Notez leur contenu, leur début et leur degré
d'intensité;

Thème du délire Conviction délirante


De persécution Le patient est persécuté.
De pauvreté Le patient est pauvre, ruiné.
De référence Le comportement des autres, les objets et les événements (comme des reportages
radio, télévisés ou des articles de journaux) ont une signification particulière pour le
patient. Lorsque de telles idées sont tenues avec moins de conviction délirante, elles
sont appelées idées de référence.
D'auto-accusation Le patient est coupable.
Erotomanie Une autre personne est intensément amoureuse du patient (survient surtout chez
les femmes envers un homme de rang social souvent plus élevé).
D'infidélité (jalousie Le conjoint ou l'amant du patient est infidèle.
pathologique ou délirante)
De grandeur Le patient croit exagérément en sa propre puissance et son importance.
De dédoublement Une personne connue du patient a été remplacée par un double.
Syndrome de Fregoli Une personne proche du patient a pris différentes apparences et est reconnue en
d'autres personnes.
Nihilisme Les autres, le patient lui-même ou le monde n'existent pas, ou sont en passe de
cesser d'exister.
Somatique Croyance délirante se rapportant au fonctionnement du corps du patient.
Bizarre Croyance totalement improbable ou bizarre.
Systématisé Série d'idées délirantes réunies par un thème commun, ou idée délirante avec de
multiples elaborations.
D'après Puri BK, Laking PJ, Treasaden IH (1996): Textbook of psychiatry. Edinburgh: Churchill Livingstone.
Troubles psychiatriques: comment les repérer ?

Expériences anormales
• Distorsions sensorielles. Modifications d'in-
tensité, de qualité (par exemple distorsions Différentes modalités sensorielles
visuelles) ou de forme spatiale. Hallucinations auditives : elles peuvent survenir
• Illusions. Une illusion est une perception pendant une dépression (hallucinations
fausse d'un stimulus externe réel. désobligeantes, à la seconde personne du singulier)
et dans la schizophrénie (hallucinations à la troisième
• Hallucinations, cf. Point de révision 8.7. Une
personne et commentaires détaillés).
hallucination est une perception sensorielle
Hallucinations tactiles : elles prennent habituellement
fausse en l'absence de stimulus externe réel. Elle
le masque de sensations sur ou juste sous la peau,
est perçue comme étant bien localisée dans l'es- par exemple sensation d'insectes rampant sous la
pace, ayant les mêmes qualités de réalité que les peau (formication).
perceptions normales, et elle n'est pas soumis à Hallucinations visuelles : elles orientent souvent vers
des manipulations conscientes. un syndrome cérébral organique.
• Les pseudo-hallucinations sont une forme
Autres types particuliers d'hallucinations
d'imagerie survenant dans le champ intérieur
Hallucinose: hallucinations (habituellement auditives)
subjectif de la conscience, qui n'a pas la sub- survenant en pleine conscience, habituellement au
stantialité des perceptions normales et n'est pas cours d'une intoxication alcoolique chronique.
soumise à des manipulations conscientes; Réflexe : une stimulation dans une modalité
• Troubles de la conscience de soi (troubles de sensorielle donnée provoque une hallucination dans
l'ego): ils incluent la dépersonnalisation, dans une autre modalité sensorielle. Par exemple, un
schizophrène pourra ressentir une douleur vive dans
laquelle le patient ressent qu'il est changé ou
la jambe chaque fois qu'un autre patient l'appelle par
irréel d'une certaine façon, et la déréalisation,
son nom, et il croira que la voix du patient est la
dans laquelle l'environnement externe ne semble cause de sa douleur.
pas réel. Dépersonnalisation et déréalisation
Fonctionnelle : le stimulus provoquant l'hallucination
peuvent toucher les personnes normales, en est ressenti simultanément à l'hallucination elle-
période de grande fatigue par exemple. même. Par exemple, une schizophrène pourra
entendre des voix faisant des commentaires à son
propos chaque fois qu'elle tire la chasse d'eau des
toilettes.
Fonctions supérieures cognitives Autoscopie (aussi appelée image du miroir
fantôme) : le patient se voit lui-même et sait qu'il
• Si l'on suspecte une désorientation, on éva- s'agit de lui.
luera l'orientation dans le temps et dans l'espace Extracampine : l'hallucination survient en dehors du
en demandant au patient l'heure, la date, l'en- champ sensoriel du patient: un schizophrène croit
droit où il vit, et en l'interrogeant sur son nom et voir Adolf Hitler debout derrière lui, au coin de son
son identité; champ visuel, mais dès qu'il se retourne, celui-ci
disparaît.
• On évaluera l'attention et la concentration en
Phénomènes rampants : des objets en mouvement
soumettant le patient au test des séries de sept:
sont vus comme une série d'images particulièrement
demandez-lui de soustraire 7 de 100, et de discontinues. Ils surviennent habituellement après la
poursuivre la soustraction du chiffre 7 du prise d'hallucinogènes.
nombre restant, le plus rapidement possible. On Hypnopompique : les hallucinations (habituellement
notera le temps mis pour atteindre un chiffre visuelles ou auditives) apparaissent lors du réveil ;
inférieur à 7. Si le test est trop difficile, utilisez le elles peuvent survenir chez les personnes normales.
chiffre 3 ou demandez au patient de réciter à Hypnagogique : les hallucinations (habituellement
rebours les noms des jours de la semaine ou des visuelles ou auditives) apparaissent lors de
mois de l'année; l'endormissement; elles peuvent survenir chez les
personnes normales.
• La concentration étant une attention soute-
nue, commencez par le test des séries de sept;
(D'après Puri BK, Laking PJ, Treasaden IH (1996) : Textbook
s'il est réalisé de manière adéquate, il n'est pas of psychiatry. Edinburgh : Churchill Livingstone.)
nécessaire de vérifier l'attention séparément. Les
Comprendre les différents appareils

troubles de l'attention se manifestent lorsque


l'attention du patient est trop fréquemment atti-
rée vers des stimuli extérieurs sans importance L'amnésie est une incapacité à se rappeler des
ou distracteurs; expériences passées.
• Mémoire (cf. chapitre 7) : L'hypermnésie est une faculté de rétention et de
- Le rappel immédiat peut-être évalué en rappel exagérée.
demandant aux patients de répéter immé- La paramnésie est un rappel erroné conduisant à
diatement une séquence de chiffres énon- une falsification de la mémoire, par exemple :
cés (habituellement, il se situe entre 5 et 9 - confabulation : les trous de mémoire sont
inconsciemment compensés par des faux
chiffres avec une moyenne de 7) ;
événements, comme dans le syndrome
- L'apprentissage peut être évalué en don- amnésique (de Korsakoff).
nant au patient un nom et une adresse et - déjà vu : le sujet a l'impression que la situation
en lui demandant de les répéter. Notez les actuelle a déjà été vue ou vécue auparavant.
erreurs; - déjà entendu: illusion d'une reconnaissance
auditive.
- La mémoire à court terme peut être évaluée
- déjà pensé : illusion de reconnaître une
en demandant aux patients de répéter, cinq nouvelle pensée.
minutes plus tard, le nom et l'adresse don- - jamais vu : illusion de ne pas reconnaître une
nés lors de l'évaluation de l'apprentissage. situation familière.
Notez les erreurs ; - falsification rétrospective : de faux détails sont
ajoutés au rappel de faits réels par ailleurs.
- La mémoire des faits récents peut-être éva-
luée en demandant aux patients de citer les (D'après Puri BK, Laking PJ, Treasaden IH (1996): Textbook
of psychiatry. Edinburgn: Churchill Livingstone)
nouvelles importantes des deux jours pré-
cédents ;
- La mémoire à long terme peut être évaluée
plus formellement, en demandant au Autocritique*
patient de donner sa date et son lieu de
naissance; Si le patient a des troubles psychiatriques, son
- Les troubles de la mémoire sont présentés degré d'introspection, d'« insight », peut-être
dans le Point de révision 8.8. évalué en lui demandant s'il se considère comme
• Les connaissances générales peuvent être éva- malade, s'il accepte le fait d'avoir une maladie
luées en demandant au patient de nommer des psychiatrique et qu'un traitement est nécessaire.
personnalités connues, les couleurs du drapeau
national et cinq capitales d'un continent donné;
• On jugera cliniquement si l'intelligence du
SYNDROMES PSYCHIATRIQUES
patient se situe dans une moyenne habituelle sur
la qualité des réponses qu'il fera aux questions FRÉQUENTS
de culture générale, sur les réponses aux ques-
tions lors de la prise d'antécédents et de l'examen • SCHIZOPHRÉNIE
mental, et sur le niveau d'éducation atteint (à par-
tir de l'anamnèse). La démence est un déficit glo- Le tableau de la schizophrénie comprend un ou
bal et organique des fonctions intellectuelles plusieurs des signes cliniques caractéristiques
sans troubles de la conscience, alors que la suivants:
pseudo-démence ressemble cliniquement à la • modifications de la pensée;
démence mais n'a pas d'origine organique; • modifications de la perception;
• On retrouvera dans les chapitres 7 et 13 de ce • affectivité émoussée ou inappropriée;
livre des évaluations supplémentaires de l'état • fonctionnement social réduit.
cognitif, qu'il faudra mettre en œuvre si l'on sus-
pecte un trouble mental organique comme la
démence. * Insight, le terme anglais est aussi utilisé [NdT|.
Troubles psychiatriques: comment les repérer ?

Passivité
Les fonctions cognitives sont habituellement
intactes au début de la maladie. Le patient a l'impression d'être le réceptacle pas-
sif de sensations somatiques ou corporelles
issues d'un agent extérieur.
Symptômes de premier rang
Perception délirante
de Schneider
Une perception réelle est suivie d'une interpréta-
En l'absence de pathologie cérébrale organique, tion erronée et délirante de cette perception.
la présence de symptômes de premier rang de
Schneider non pathognomoniques oriente vers
une schizophrénie. Autres symptômes
Hallucinations auditives Voici des symptômes souvent décrits comme
Elles peuvent être de plusieurs types : ayant une importance particulière dans le dia-
• les voix entendues peuvent répéter tout haut gnostic de la schizophrénie, mais qui ne sont
les pensées du patient au moment où celui-ci les pas pathognomoniques:
émet, juste après qu'elles aient été émises, ou par
anticipation, juste avant qu'elles ne le soient; A u t r e s idées délirantes comme une identité
• les voix peuvent discuter avec le patient en religieuse ou politique, des capacités et des pou-
parlant de lui à la troisième personne; voirs surhumains.
• les voix peuvent faire un commentaire sur le Hallucinations persistantes de toutes modali-
patient. tés, lorsqu'elles sont accompagnées soit d'idées
délirantes éphémères ou à demi-formées, sans
Intrusion dans les pensées contenu affectif clair, soit d'idées surinvesties
Le patient croit que ses pensées sont sous le persistantes, ou lorsqu'elles surviennent tous les
contrôle d'un système externe, ou que d'autres jours, pendant des semaines. Une idée surinves-
participent à ses pensées. Les types suivants tie est une préoccupation irraisonnée soutenue
d'intrusions dans les pensées sont des symp- sans conviction totale délirante; l'idée ou la
tômes de premier rang: croyance est manifestement fausse et n'est pas
• le patient peut croire que des pensées exté- partagée par d'autres personnes de la même
rieures (étrangères) ont été insérées en lui ou par culture. Elle est fortement empreinte d'émotion
un intermédiaire extérieur (intrusion dans la et associée à une adhésion exagérée,
pensée) ; Troubles au c o u r s de la pensée diffluente et
• le patient peut croire que ses pensées ont été relâchement des a s s o c i a t i o n s peuvent mener
retirées de son esprit par un agent extérieur (vol à un discours incohérent ou h o r s de p r o p o s .
de pensées) ; Ils peuvent également être responsables des
n é o l o g i s m e s , où le patient construit de nou-
• le patient peut croire que ses pensées sont
veaux mots ou emploie des mots de tous les
lues par d'autres comme si elles leur étaient
jours de façon inhabituelle.
transmises (devinement de la pensée).
C o m p o r t e m e n t catatonique. Les symptômes
Émotions, impulsions et actions forcées comprennent la stupeur catatonique dans
laquelle le patient ne répond plus, est akinétique,
Le patient a le sentiment que son libre arbitre ne
mutique et pleinement conscient, et une a g i t a -
lui appartient plus et qu'un agent extérieur
t i o n ; le patient peut passe d'un état à l'autre. Les
contrôle ses :
autres symptômes sont l'adoption par le patient,
• émotions (émotions et pensées imposées) ;
pendant une longue période, d'une posture
• impulsions (impulsions forcées);
bizarre, une flexibilité cireuse (connue égale-
• actions (actes imposés).
ment sous le nom de cerea flexibilitas), dans
laquelle on peut modifier la position longue-
Comprendre les différents appareils

ment maintenue des membres du patient, et un • diminution marquée de la libido;


négativisme, dans lequel le patient résiste à • aménorrhée.
toutes les instructions et à toutes les incitations
à la mobilisation.
Des s y m p t ô m e s négatifs surviennent typique- Examen de l'état mental
ment dans la schizophrénie chronique. Ils com-
prennent une apathie profonde, une pauvreté du Voici les signes remarquables au cours de l'exa-
discours, une avolition, des affects abrasés, men de l'état mental :
émoussés ou inappropriés. Ils conduisent le plus
souvent à un retrait et à un appauvrissement des L'apparence
capacités sociales. Lorsque l'on identifie des Typiquement, un visage dépressif comprend un
symptômes négatifs, il faut éliminer d'autres regard triste, une chute des commissures
causes possibles d'une telle symptomatologie, labiales et un front plissé, avec la présence d'un
comme la dépression ou un traitement par neu- pli vertical entre les sourcils. En général, il y a peu
roleptiques. de contacts visuels avec l'interlocuteur. Il peut
Un changement significatif et p r o f o n d de exister des signes directs de perte de poids, avec
certains aspects de la personnalité se manifeste un patient d'apparence émaciée, voire déshy-
par une perte d'intérêt, un apragmatisme, une draté. Des signes indirects d'une perte de poids
indifférence, une attitude renfermée sur soi et un récente peuvent se manifester par des vêtements
retrait social. trop amples. Il peut y avoir des signes de négli-
gence personnelle, comme une apparence négli-
gée, une mauvaise hygiène corporelle et des
• ÉPISODE DÉPRESSIF habits sales.

C'est une dépression de l'humeur, une perte Comportement


d'intérêt et du plaisir (anhédonie), une énergie Typiquement, un ralentissement psychomoteur
réduite (conduisant à une asthénie et à une acti- apparaît.
vité réduite), une attention et une concentration
amoindries, des idées de culpabilité et d'inutilité Discours
et un appauvrissement de l'estime de soi. Les Le patient s'exprime lentement et il a un temps
symptômes peuvent entraîner un sentiment de de latence avant de répondre aux questions.
perte d'espoir et la conviction que la vie ne vaut
pas la peine d'être vécue, ce qui mène à des Humeur
idées suicidaires. L'humeur est typiquement triste et s'accompagne
d'un sentiment marqué de désespoir. Peuvent s'y
associer une anxiété, une irritabilité et une agita-
Symptômes biologiques tion. Le patient peut se plaindre d'un manque
d'énergie et d'entrain, ainsi que d'une impossibi-
Les modifications somatiques ou physiolo- lité à ressentir du plaisir (anhédonie). Ceci s'ac-
giques suivantes surviennent fréquemment: compagne d'une perte d'intérêt pour ses
• diminution de l'appétit avec perte de poids; activités normales et pour ses hobbies.
• constipation;
• insomnie avec réveil matinal au moins deux Pensées
heures avant l'heure habituelle (réveil matinal Le patient a des idées pessimistes concernant
précoce) ; son passé, son présent et son futur, ainsi que
• variation diurne de l'humeur. L'humeur du des idées délirantes de pauvreté et de maladie.
réveil est souvent très déprimée, s'améliorant au Recherchez d'éventuelles idées suicidaires. Des
cours de la journée pour être meilleure le soir. Ce velléités d'homicide peuvent également être pré-
cycle diurne peut se répéter tous les jours ; sentes.
Troubles psychiatriques: comment les repérer ?

Perceptions • MANIE
Dans les cas sévères, le patient peut avoir des
hallucinations auditives congruentes à l'humeur, L'humeur est exagérément amplifiée, ce qui peut
perçues à la seconde personne et au contenu conduire soit à une euphorie, soit à une irritabi-
désobligeant. lité et à de la colère. On constate également une
énergie accrue, une hyperactivité, un discours
Fonctions cognitives très rapide, un sommeil réduit, une perte des
Un problème de concentration peut faussement inhibitions sociales et sexuelles, une attention et
faire croire au patient qu'il a aussi des troubles une concentration amoindries. Pendant l'épisode
de la mémoire. Chez le patient senescent, la pré- maniaque, le patient peut devenir très dépensier
sentation peut ressembler à celle d'une démence (prodigalité), entreprendre des projets irréalistes,
(cf. chapitre 13). avoir une conduite sexuelle débridée et, s'il est
irritable et en colère, être inutilement agressif.
Dans la manie sévère, il peut développer une
activité physique et une agitation très intenses et
• DEGRÉ
durables, qui peuvent conduire à un comporte-
D'INTENTIONNALITÉ SUICIDAIRE ment agressif et violent. Des négligences alimen-
DANS LE PARASUICIDE taires (nourriture et boisson) et d'hygiène
Après un acte de parasuicide (auto-agressivité personnelle peuvent conduire à des états graves
volontaire), c'est-à-dire un acte autonome réa- de déshydratation et d'autonégligence.
lisé délibérément qui ressemble à un acte suici-
daire mais qui ne mène pas au décès, il est
important d'évaluer l'importance de l'intention- Examen de l'état mental
nalité suicidaire au moment de l'acte. Un certain
nombre de questions doivent être posées pour Voici les signes à repérer lors de l'examen :
évaluer précisément cette disposition d'esprit:
• Quelles sont l'explication, la(es) raison(s) pro- Apparence
bables) et le(s) but(s) d'une telle tentative? Le patient peut porter des vêtements extrava-
• Est-ce que le patient souhaite toujours mourir? gants et bigarrés. Dans des cas sévères, il peut y
• À quels problèmes est confronté le patient? avoir des signes de négligence, et le patient
• Souffre-t-il d'une maladie psychiatrique, et si apparaît débraillé et déshydraté.
c'est le cas, en quoi est-elle liée à la tentative?
• Le patient a-t-il les ressources pour s'en sor- Comportement
tir et quels sont ses soutiens? L'hyperactivité est caractéristique : il peut être dif-
• Quel type d'aide pourrait être approprié? Le ficile de convaincre le patient de s'asseoir tran-
patient souhaite-t-il cette aide? quillement pour l'interroger.

POINT PRATIQUE Discours


Une intentionnalité suicidaire importante se Une logorrhée est caractéristique: le flux et
manifeste par les signes suivants : l'abondance de la parole sont grands, et il peut
L'acte a été planifié auparavant. être difficile d'interrompre le patient.
Des précautions ont été prises pour le dissimuler.
Le patient n'a recherché aucune aide après coup. Humeur
Une méthode dangereuse a été utilisée comme
l'usage d'une arme à feu, la noyade, la pendaison Le patient peut être euphorique, ou bien irritable
ou l'électrocution. et colérique.
Il y a eu un acte final comme faire un testament
ou laisser une lettre Pensées
Il y a eu une importante préméditation. Le patient peut surestimer ses qualités, son
Le patient admet une intention suicidaire.
importance, et avoir des opinions surévaluant
Comprendre les différents appareils

ses actes. La fuite des idées est fréquente dans Phobie sociale
les cas sévères avec une tachypsychie (idées qui
changent brutalement de thèmes, passant du Les phobies sont centrées autour de la peur
coq à l'âne sans direction générale). Dans la d'être observé par d'autres, dans des groupes
manie sévère, les idées grandioses peuvent tour- relativement restreints. En conséquence, le
ner au délire, l'irritabilité et la suspicion au délire patient évitera les situations sociales comme
de persécution. manger en public, parler en public ou rencontrer
quelqu'un du sexe opposé.
Perceptions
La perception des couleurs peut devenir particu-
lièrement vive, l'attention est exagérément prêtée Phobie spécifique (isolée)
aux petits détails de surface et de texture avec
une sensibilité exacerbée aux sons (hyperacou- Les phobies sont restreintes à des situations très
sie). Dans les cas graves, des hallucinations peu- particulières comme:
vent apparaître; elles sont auditives (et • la proximité d'animaux;
confirment par exemple les délires mégaloma- • l'altitude.;
niaques du patient: « Vous êtes la personne la • le tonnerre;
plus importante du monde ») ou visuelles (le • l'obscurité;
patient peut, par exemple, se voir assis sur un • le voyage en avion ;
trône, ou dans un décor religieux). • les espaces clos;
• certaines nourritures;
Fonctions supérieures
• les soins dentaires.
L'attention et la concentration sont réduites.
De plus, il peut exister une peur d'être exposé à
Jugement et auto-critique des maladies particulières comme:
L'autocritique est absente dans un épisode • le sida;
maniaque. Après l'accès aigu, la restauration du • les troubles liés aux radiations (surtout les
discernement et, en particulier, la prise de rayons X).
conscience du comportement lors de la phase
aiguë, peuvent plonger le patient dans un état
dépressif. Troubles paniques

Ce sont des attaques d'anxiété importantes


• TROUBLES NÉVROTIQUES (panique) qui ne sont pas propres à certaines
LIÉS AU STRESS situations et qui sont donc imprévisibles. Les
symptômes sont les suivants :
ET TROUBLES SOMATOFORMES • une tachycardie soudaine;
• une douleur thoracique;
Agoraphobie • une boule dans la gorge;
Elle regroupe un certain nombre de phobies • un accès de vertiges;
génératrices d'angoisse (Point de révision 8.5) • des sudations;
incluant la peur de: • des tremblements;
• quitter son domicile; • une dépersonnalisation;
• se mêler à la foule; • une déréalisation.
• se trouver sur une place publique;
• voyager seul dans les transports en commun. Il peut en résulter une peur secondaire de mou-
rir ou de devenir fou. Les accès ne durent en
En conséquence, le patient peut rester cloîtré à général que quelques minutes.
domicile.
Troubles psychiatriques: comment les repérer ?

Troubles d'anxiété généralisée • TROUBLES DU


COMPORTEMENT ALIMENTAIRE
Une angoisse généralisée et persistante peut
survenir et être présente à tout moment, sans Anorexie mentale
forcément être favorisée par une situation parti-
culière. Voici les symptômes typiques : Le caractère principal est la perte de poids déli-
• une sensation permanente de nervosité; bérée, provoquée et/ou entretenue par le patient.
• un tremblement; La perte de poids est auto-provoquée par
• une tension musculaire; diverses stratégies:
• des sudations; • en évitant les nourritures « grasses »;
• une sensation de tête vide; • en provoquant des vomissements;
• des palpitations; • par la prise de purgatifs;
• des vertiges ; • par un exercice excessif;
• une bouche sèche; • par un abus de diurétiques;
• une pesanteur abdominale; • par un abus d'anorexigènes.
• une fréquente et pressante envie d'uriner;
• des troubles du sommeil. Les signes et symptômes sont les suivants :
• apparence maigre et émaciée (avec une
masse corporelle 15 % en dessous de la masse
Troubles obsessionnels compulsifs attendue, ou un indice de masse corporelle infé-
2
rieur à 17,5 kg/m );
Ce sont des idées récurrentes et obsessionnelles • distorsion de l'image corporelle avec peur de
et/ou des actes compulsifs que le patient recon- l'obésité ;
naît comme les siens et auxquels il ne peut pas • aménorrhée chez la femme (malgré la prise
résister (bien que dans des cas très durables, il de contraception orale, des saignements vagi-
existe une résistance certaine). Les idées obses- naux occasionnels peuvent survenir) ;
sionnelles ont habituellement un effet anxiogène • diminution de la libido et des fonctions érec-
(Point de révision 8.4); elles peuvent être, par tiles chez l'homme;
exemple, des idées: • signes de déshydratation ;
• violentes; • gonflement des glandes salivaires;
• obscènes; • caries dentaires;
• blasphématoires; • défaut de développement de la poitrine chez
• insensées. les jeunes filles lors de la croissance prépuber-
taire;
Le patient peut également être déprimé. • défaut de développement génital chez les
hommes lors de la croissance prépubertaire;
• lanugo (souvent sur le visage et le dosj ;
Stress post-traumatique • pilosité axillaire et pubienne présente (alors
qu'elle est absente ou rare dans l'hypopituita-
Il constitue la réponse retardée et/ou prolongée risme);
d'un événement stressant ou d'une situation de • mauvaise circulation périphérique.
nature exceptionnellement menaçante ou catas-
trophique, comme un viol ou une torture. Le Les symptômes psychiatriques les plus habituel-
patient revit le traumatisme de façon répétée lors lement associés à l'anorexie mentale sont:
de flash-backs, ou fait des rêves dans un tableau • des comportements obsessionnels-compul-
persistant où coexistent une torpeur, des émo- sifs, comme un lavage des mains et un contrôle
tions émoussées, une anhédonie, une mise à du poids;
distance des autres et l'évitement de tout ce qui • l'anxiété, particulièrement en rapport avec la
peut rappeler le traumatisme. nourriture et l'alimentation ;
Comprendre les différents appareils

• des troubles de l'humeur: épisode dépressif L'utilisation du questionnaire « CAGE » pour éva-
et humeur labile. luer l'importance de la consommation du patient
a été présentée page 142. D'autres signes de la
dépendance alcoolique sont présentés dans le
Boulimie Point pratique ci-dessous.

Les signes caractéristiques comprennent des POINT PRATIQUE


crises de boulimie et une préoccupation exces- Certains aspects de la dépendance alcoolique :
sive pour le contrôle du poids, avec une peur Compulsion à boire (désir insatiable).
morbide de l'obésité conduisant à l'adoption de Tolérance croissante (de plus en plus d'alcool est
mesures extrêmes afin d'atténuer les effets nécessaire pour obtenir les mêmes les mêmes
effets).
« grossissants » de la nourriture ingérée, par
Symptômes de sevrage (tremblements matinaux et
exemple en se faisant vomir et en abusant de delirium tremens).
laxatifs, d'anorexigènes, d'extraits thyroïdiens ou
de diurétiques. Voici les symptômes et les
signes: Dans le comportement familial, la dépendance
• masse corporelle dans les limites de la nor- physique et psychologique à l'alcool provoque
male (cf. anorexie mentale) ; toute une série de conséquences sociales,
• cycle menstruel normal chez les femmes légales, affectives et familiales. Se surajoutent
(cf. anorexie mentale) ; ainsi de nombreuses complications physiques,
• gonflement des glandes salivaires; qui sont présentées ailleurs dans le livre.
• œdème facial ou périphérique intermittent; A l'hôpital, il y a deux situations dans lesquelles
• caries dentaires ; l'alcool peut poser de sérieuses difficultés. La
• symptômes et signes de troubles électroly- première est celle du patient intoxiqué, confus,
tiques (par exemple: faiblesse musculaire, aryth- largement perturbé et difficilement contrôlable,
mie cardiaque, insuffisance rénale, crises qui se présente aux urgences avec des complica-
épileptiques, infections urinaires et crises de tions graves comme un traumatisme crânien. La
tétanie). seconde est celle d'un patient se révélant alcoo-
lique alors qu'il consulte pour une autre maladie,
comme une pneumonie, et qui présente des
• INTOXICATION ALCOOLIQUE symptômes de sevrage comme des tremble-
ments et des sudations. Cette situation évolue en
C'est l'un des problèmes psychiatriques les plus deux à quatre jours vers un delirium tremens
fréquents, et donc le plus susceptible d'être ren- avec confusion, désorientation et crises épilep-
contré par les étudiants ou les jeunes médecins. tiques.

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