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Fiabilité des constructions et

fondements des Eurocodes

Jean-Armand Calgaro
Ingénieur Général honoraire des
Ponts et Chaussées
Ancien président du CEN/TC250 « Eurocodes »
Un grand nombre de très
beaux ponts ont été conçus
et construits par le passé
sans l’aide des Eurocodes …
Coalbrookdale Bridge
Pont en bois de
U.K. 1779
Bassano
(Palladio 1569) Viaduc du Viaur

F - 1902
Bien sûr …
On peut ignorer
les Eurocodes
Ou on peut limiter le
volume du trafic et
l’intensité des charges
Mais …
Un projet de pont avec les
Eurocodes, c’est mieux …
Commençons par un peu
d’histoire
Préhistoire et histoire récente des Eurocodes
La « sécurité » des constructions en béton armé en 1906

Jusqu’en 1906, les constructeurs se fiaient seulement à leur


expérience, s’efforçant d’atteindre le meilleur compromis entre
hardiesse et sens des responsabilités, guidés par quelques épures
de statique pour la descente des charges et par les « règles de l’art »
le plus souvent transmises de bouche à oreille par l’apprentissage.

La mise au point de la Circulaire de 1906 s’avéra fort difficile en


raison des divergences de vue qui apparaissaient au sein de la
commission de rédaction et, dès cette époque, la fixation de
coefficients dits de sécurité s’effectua de façon empirique.

Dans son rapport, à propos du « taux de travail admissible », le


président de la commission (Charles Rabut, 1852-1925, directeur de
l’Ecole des Ponts et Chaussées) déclarait : «  … la Commission,
après discussion sur le point de savoir si l’on prendrait le tiers ou le
quart de la résistance à l’écrasement, s’est finalement décidée sur le
coefficient 0,28 … » soit 1/3,5. Un splendide compromis entre 1/3 et
1/4 !
L ’approche probabiliste de la sécurité
des constructions
Congrès de Liège de l’AIPC en 1948

 Identifier les phénomènes (états-limites) et les


situations à éviter.

 Estimer la gravité des risques liés à ces phénomènes.

 Choisir, pour une construction, des dispositions


telles que la probabilité de chacun de ces
phénomènes soit limitée à une valeur assez faible
pour être acceptée.
La signification des probabilités

 1,5.10 7 par heure


d ' activité pour 100 h / an

38
 1 
   6,37.10  58 1 8
 32   10 12
6
 7 ,15 .10
C 49
Le format semi-probabiliste
de vérification des constructions

La démarche semi-probabiliste se traduit par des règles, en


partie forfaitaires, qui introduisent la sécurité par :

des valeurs représentatives des diverses grandeurs


aléatoires (actions et résistances),

des coefficients partiels,

des marges, plus ou moins apparentes, dans les divers


modèles (modèles des actions, des effets des actions et
des résistances).
Que représentent les états-limites ?
Principes généraux des Eurocodes

Résistance, sécurité

Aptitude auservice

Durabilité

Robustesse
Exemple d’état-limite ultime de résistance
(accidentel ?)
Situation sismique
(L’Aquila, 2009)

13
PIANURA EMILIANA-PADANA - MAI/JUIN 2012
Liquéfaction du sol
Boumerdès –21mai 2003
NF EN 1990 – Annexe C - Base pour la méthode des
coefficients partiels et l'analyse de la fiabilité
Méthodes déterministes Méthodes probabilistes

Méthodes historiques FORM Intégralement


Méthodes empiriques (Niveau II) probabilistes (Niveau III)

Calibration Calibration Calibration

Méthodes semi-
probabilistes (Niveau I)

Méthode c

Méthode a Méthode b
Calcul aux
coefficients partiels
PROBABILITES ASSOCIEES AUX ETATS-LIMITES

Code modèle CEB 78 : valeurs cibles des probabilités de


défaillance en 50 ans (ELU) pour la calibration des codes
NF EN 1990 - Eurocode : Bases de calcul des structures
Annexe B - Définition des classes de conséquences
Unexemple
R
Coefficient central de sécurité  
E
Coefficients de
variation
 
R E
R E
V V

R 
E

k µ
E EkE
E

k µ
R RkR
R

Coefficient
caractéristique
de sécurité


R


k
k

1


kV
RRR RR
k
E 
k
k 1
kV
EEE EE
pf ()
µ  
 Z R E
Z 2
R2
E
Indice de fiabilité 





1
RE


f
()
V
 
2 2
V
RE
2 2
E
2
R

Vérification aux coefficients partiels


R
 E  k
   
Fk
M
F M k

Démarche



(,)
/
k FMFMk
E
E P point Frontière du domaine
de calcul de défaillance
Ed
E k E m  k E E E
Cd i ndi
de fi
ceabil i
E

E
F Df  R
Ck Rd  k
Cm
M
Em
E
Ds Ed FEk
M Rm
R

Rd R
R R
Rk
 F Ek 
R k R m  k R R
R

R
M
Interprétation des coefficients partiels pour les actions
permanentes
gG,sup = 1,35 gG,inf = 1,00

En général (simplification): Gk = Gm

Gd ,sup  Gm (1  0,7 V )
Gd ,sup
 G ,sup   Sd   Sd (1  0,7  V )
Gm

  3.8  Sd  1.20 V  0.05


avec:
Gd ,sup  1.20(1  0.7  3.8  0.05)Gm  1.36Gm

Lorsqu’elle est favorable, une action permanentes est


assimilable à une résistance. Ainsi:
Gd ,inf  1.20(1  0.8  3.8  0.05)Gm  1.02Gm  Gm
Interprétation des coefficients partiels pour les actions variables
(bâtiments)

gQ = 0 ou 1,50

Qk est évaluée sur la base d’une période de retour de 50 ans (actions


climatiques et charges d’exploitation sur les planchers de bâtiments). En réalité,
la période de retour réelle est plutôt de l’ordre de 100 ou 200 ans si l’on tient
compte des marges de sécurité introduites dans les modèles.

En tout état de cause, il fut largement admis que les valeurs de calcul des
actions dominantes, Sd exclus, correspondent à une période de retour d’environ
4000 ans (en fait, période de retour de 1.4xk comprise entre 1000 et 10 000 ans).

Exemple: X suit une loi de Gümbel (maxima annuels). Coefficient de variation: V


Valeur caractéristique : xk avec F(xk) = 0,98 (période de retour T(xk) = 50 ans)
Période de retour T(1.4xk) = 5720 ans pour V = 0,15
2433 ans pour V = 0,20
1457 ans pour V = 0,25
Finalement:
Q = 1,50 = q  Sd =1,40 x1,10 = 1,54  1,50
Interprétation des coefficients partiels pour le béton
Interprétation traditionnelle (CEB)

C = 1,5 = 1,10 x 1,10 x 1,24

• 1,24 : transformation du fractile caractéristique 0,05 (5%) en fractile 0,005


(0,5%) pour un coefficient de variation de l’ordre de 0,15 avec une
dispersion Gaussienne et d’environ 0,23 pour une dispersion log-normale ;

• 1,10 : valeur moyenne du coefficient de conversion (en général compris entre


1,0 et 1,20) entre la résistance sur échantillons et la résistance effective
mesurée sur le béton de la structure (coefficient ) ;

• 1,10 : couvre les incertitudes qui ne peuvent être prises en compte d’une
manière purement probabiliste (incertitudes liées aux modèles de calcul de
résistance, incertitudes liées à l’exécution de la structure, plus
particulièrement écarts affectant la position théorique des armatures en acier,
etc.).
Interprétation des coefficients partiels pour l’acier
Interprétation traditionnelle (CEB)
Armatures passives et précontrainte dans le béton
S = 1,15 = 1,05 x 1,05 x 1,05

· 1,05 : transformation du fractile caractéristique 0,05 (5%) en fractile (0,5%),


pour un coefficient de variation de l’ordre de 0,05 ;
· 1,05 : petite perte de section résistante due à la corrosion à long terme ;
· 1,05 : couvre les incertitudes sur la résistance en flexion d’un élément, dues à
la position réelle des armatures.
Acier structural

M0 = 1,0 : Sections de poutres susceptibles d’atteindre la plastification


M1 = 1,1 : Sections de poutres dont la résistance est limitée par instabilité locale.

Les modèles de résistance des structures métalliques, en particulier pour le calcul


des assemblages, sont généralement plus précis que les modèles de résistance
pour les structures en béton.
Interprétation des coefficient partiels pour la résistance des matériaux
Interprétation basée sur les méthodes fiabilistes
(loi log-normale)

Rk  exp(kV f )
M  
Rd  exp( R VR )
k  1,645   3,8  R  0,8
Vm coefficient de variation de l’incertitude de modèle
VG coefficient de variation de l’incertitude sur la géométrie
Vf coefficient de variation de l’incertitude sur la propriété (résistance)

VR  Vm2  VG2  V f2
Rk
M     exp(3,04VR  1,645V f )
Rd
Coefficients partiels relatifs aux résistances
Interprétation basée sur les méthodes fiabilistes

Matériau Vm VG Vf VR conv M

Béton 0,05 0,05 0,15 0,166 1,15 1,49


Armatures 0,05 0,05 0,05 0,087 1 1,20
Acier 0,03 0,03 0,03 0,052 1 1,115
structural
Et que dire des ponts malades ? …
Acharnement thérapeutique
Attention, l’intensité des
charges de trafic augmente
aussi bien sur les routes
que sur les voies ferrées
(en particulier à cause des
effets dynamiques induits
par les trains à grande
vitesse)
Charges ferroviaires
traditionnelles

Modèles pour
trains à grande
vitesse et
interaction
dynamique train-
pont
Le projet des ponts (y compris les projets de réparation) avec les
Eurocodes est recommandée: les charges de calcul couvrent
correctement les charges réelles actuelles, leurs règles sont modernes
et fiables.
Merci pour votre attention

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