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Université Ibn Zohr.

Agadir

Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales.
Agadir
Droit International Public
Pr Reda El Fellah
DLF. Semestre 2 . 2020-2021

Chapitre 4 : Le Règlement pacifique des différends

Chapitre 4 : Le Règlement pacifique des différends


Il s’agit de l’objectif principal du droit international : tout d’abord, "la paix par la loi"
et en second lieu, « la guerre hors la loi", qui sont complémentaires. En vertu de la
Charte des Nations Unies, le recours à des procédures pacifiques pour le
règlement des différends est devenu une nécessité u indispensable.
Après la première moitié du XXe siècle, marquée par deux guerres mondiales, la
Charte des Nations Unies a été adoptée en 1945. L’article 33 souligne le principe
du règlement pacifique des différends et du libre choix des moyens de règlement :
négociation, enquête, médiation, conciliation, arbitrage et règlement judiciaire.
• Classification des moyens de règlement pacifique des différends
En tenant compte des moyens mentionnés à l’article 33 de la Charte des Nations
Unies, il existe deux types fondamentaux des méthodes de règlement pacifique des
différends: Les voies diplomatiques et les voies judiciaires
✓ Voies diplomatiques  : L’objectif est de concilier les points de vue des parties
au conflit en vue de trouver des solutions politiques mutuellement acceptables.
Elles peuvent avoir lieu dans un cadre Ad hoc ou dans le cadre d’organisations
internationales (par exemple, les Nations Unies), ou dans le cadre des contacts
diplomatiques entre les Etats.
- Négociation  : La Charte des Nations Unies souligne le devoir des États
membres de répondre à l’appel à la négociation, et le devoir de négocier est
devenu une règle de droit international général. Il ne s’agit pas nécessairement de
l’obligation de trouver une solution, mais plutôt de l’obligation de répondre et de
participer aux négociations avec bonne foi.
- Bons offices et médiation  : Les deux diffèrent des négociations car elles
impliquent l’intervention d’une partie tierce dans la tentative de règlement. Le rôle
de celui qui conduit les bons offices dans l’élaboration des propositions comme
base de négociation est limité, tandis que le médiateur propose une solution et
participe directement aux négociations pour "concilier les positions antagonistes
des parties au différend" et pourrait aller jusqu’à contribuer à la définition des
modalités du règlement.
- L’enquête est la conciliation: L’enquête est menée par des commissions
techniques ou politiques mises en place à cet effet. Leurs missions consiste en la
vérification des faits sur le terrain. Les enquêtes sont devenues une pratique
courante au sein des organisations internationales et concernent des domaines
variés : les droits de l’Homme, la protection de l’environnement et le contrôle du
désarmement.
Il convient de rappeler ici que l’envoi de commissions d’enquête et de conciliation
est soumis au consentement de l’État concerné.

- Règlement des différends dans le cadre de la diplomatie multilatérale :


Au niveau mondial, nous nous arrêtons sur le rôle primordial des Nations Unies
dans sa mission fondamentale de maintien de la paix et de la sécurité
internationales.
Le chapitre VI de la charte des Nations Unies autorise le Conseil de sécurité et
l’Assemblée générale à jouer un rôle actif dans le règlement pacifique des
différends entre États. Par conséquent, le Conseil de sécurité pourrait faire une
recommandation énonçant les moyens et les procédures de règlement du conflit, et
pourrait demander au secrétaire général de nommer des envoyés spéciaux pour
faire face à une situation qui pourrait constituer une menace pour la paix et la
sécurité internationales. Concernant l’Assemblée générale, tout État membre de
l’Organisation peut la saisir pour une situation ou un différend qui menace la paix et
la sécurité internationales. L’AG est habilitée par l’article 14 de la Charte des
Nations Unies à recommander des mesures pour assurer le règlement pacifique de
toute situation qui met en danger les relations entre nations.
L’Article 14 de la charte des Nations Unies stipule:
«  Sous réserve des dispositions de l'Article 12, l'Assemblée générale peut
recommander les mesures propres à assurer l'ajustement pacifique de toute
situation, quelle qu'en soit l'origine, qui lui semble de nature à nuire au bien général
ou à compromettre les relations amicales entre nations, y compris les situations
résultant d'une infraction aux dispositions de la présente Charte où sont énoncés
les buts et les principes des Nations Unies »
Le Conseil de sécurité, sur la base de la Charte des Nations Unies, exhorte les
États à résoudre les différends pacifiquement par un premier recours aux
conventions et organisations régionales, mais le recours aux instruments régionaux
est régie par l’article 103 de la Charte des Nations Unies  :"Si les obligations des
États membres conformément aux dispositions de la Charte des Nations Unies
sont incompatibles avec toute autre obligation internationale, la priorité sera
accordée aux dispositions de la Charte. »
Au niveau régional, les conventions et organisations régionales ne concourent que
de manière limitée au règlement pacifique des différends, à l’exception des
institutions de l’Union européenne.
✓ Règlement judiciaire des différends (Voies judiciaires)
Les conflits sont portés devant la justice internationale, après épuisement des
moyens diplomatiques.
- Distinction entre les moyens judiciaires et les moyens diplomatiques :
Tout d’abord, les moyens diplomatiques sont de nature politique, tandis que les
moyens judiciaires sont fondées sur le droit international.
Ensuite, les moyens diplomatiques mènent à des solutions de compromis
mutuellement acceptables, alors que les décisions judiciaires peuvent ne pas être
acceptables pour une ou plusieurs parties.
Enfin, le règlement diplomatique est conditionné par le consentement des parties,
et les décisions judiciaires sont rendues par un organe judiciaire et sont donc
obligatoires pour toutes les parties.
Les moyens de règlement judiciaire se divisent en deux grandes formes : l’arbitrage
international et la justice internationale.

- l’Arbitrage international :
L’arbitrage trouve sa base juridique dans la libre volonté des États concernés et il
est défini comme "un moyen de résoudre un différend entre deux ou plusieurs
sujets de droit international par un jugement d’un arbitre ou d’un groupe d’arbitres
choisis par les États concurrents."
L’arbitrage international prend trois formes différentes  : contrat ou compromis
d’arbitrage, clause compromissoire d’arbitrage, traité d’arbitrage permanent.
- Contrat ou compromis d’arbitrage : Lorsque deux États conviennent de
désigner une cour d’arbitrage pour régler un différend existant.
- Clause compromissoire d’arbitrage  : Doit être incluse dans le traité,
indiquant que tout différend potentiel entre les Etats contractants relatif à
l’interprétation du traité serait soumis à une cour d’arbitrage,.
- Traité d’arbitrage : Traité par lequel les parties contractantes s’engagent à
renvoyer tout ou une partie de leurs différends devant une cour d’arbitrage.
Les parties au différend peuvent recourir à la Cour permanente internationale
d’arbitrage (compétence facultative) instituée par les Conventions de La Haye de
1899 et de 1907, composée d’arbitres choisis par les États signataires pour une
période de six ans.

Il est d’usage pour une commission d’arbitrage d’être composée de cinq arbitres
(chaque État choisit deux arbitres et les quatre choisis désignent un cinquième
arbitre).

- Compétence de la cour d’arbitrage et le droit applicable


La cour d’arbitrage ne peut passer outre la compétence qui lui est conférée par un
contrat ou une clause compromissoire d’arbitrage approuvé par les parties. La Cour
statue d’abord sur sa compétence, puis examine l’affaire sur la base des règles
juridiques établies par les parties. Mais il lui incombe certainement de fonder son
jugement et d’appuyer son argumentation juridique sur la base des principes
généraux du droit, en particulier les règles reconnues comme normes impératives
(jus cogens).
- Force obligatoire du jugement
Le jugement dispose de la force obligatoire selon le principe de l’autorité de la
chose jugée. Les parties doivent donc le respecter et l’exécuter. La décision
arbitrale est définitive, en ce sens qu’elle ne peut faire l’objet d’un appel, mais elle
peut être révisée si de nouveaux faits inconnus avant la prononciation du jugement
surviennent et qui auraient rendu la décision différente.

- Justice internationale permanente :


La justice internationale est définie comme "un moyen de résoudre un différend
entre deux ou plusieurs sujets de droit international public par un jugement d’un
organe permanent composé de juges indépendants et élus."

- Comparaison entre l’arbitrage international et la justice internationale.

Tout d’abord, en ce qui concerne leurs points de ressemblance : Les deux sont des
instruments juridiques pacifiques pour le règlement des différends internationaux,
les deux sont des moyens pour le règlement des différends entre des sujets de
droit international et les deux rendent des jugements contraignants et définitifs.
Les points de divergence sont les suivants : - Le système judiciaire est permanent,
et préexiste au litige, tandis que la commission arbitrale est provisoire, sa mission
se termine avec la résolution du différend ; - Le pouvoir judiciaire est composé de
juges indépendants des parties antagonistes, tandis que les membres de la cour
d’arbitrage sont choisis par ces parties; enfin, la jurisprudence judiciaire est
permanente, stable et plus homogène, alors que la jurisprudence arbitrale est
intermittente et considérée comme incohérente.

- Distinction entre la justice internationale à compétence spéciale (limitée) et


la justice internationale à compétence générale
Une distinction doit être faite entre la justice internationale ayant une compétence
spéciale limitée et la justice internationale ayant une compétence générale. Le
pouvoir judiciaire international compétent examine les différends qui ont pour objet
un domaine réglementé par le droit international public. Par exemple, le domaine
des droits de l’homme a récemment connu la création de tribunaux spéciaux
concernant la protection des droits de l’homme, notamment à un niveau continental
et régional (Cour européenne des droits de l’homme, Cour américaine des droits de
l’homme). Dans le domaine du droit de la mer, la Convention de Montego Bay de
1982 a établi le Tribunal international du droit de la mer dont la compétence est
limitée aux différends relatifs au droit maritime international comme par exemple
ceux qui portent sur la délimitation des frontières maritimes. Le domaine le plus
important du développement des tribunaux spéciaux concerne la responsabilité
pénale des individus, avec la création de la Cour pénale internationale par le Traité
de Rome, qui a été conclu en 1998 et est entré en vigueur en 2002. Le Cour pénale
internationale est compétente pour la poursuite et le jugement des personnes
responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, ainsi que des
crimes de génocide.

- La Cour internationale de justice


La Cour internationale de justice est l’organe judiciaire des Nations Unies mise en
place en 1945 après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et la Charte de la Cour
internationale de justice fait partie intégrante de la Charte de l’Organisation des
Nations Unies.
Compétence de la Cour internationale de justice : La Cour internationale de justice
exerce deux types de compétences : la compétence contentieuse et la compétence
consultative.
— La compétence contentieuse : Elle ne peut être approuvée par les Etats qu’à
travers une clause judiciaire appelée "LA CLAUSE FACULTATIVE DE
JURIDICTION OBLIGATOIRE  ». Cette clause permet aux Etats d'accepter la
compétence de la Cour internationale de justice pour trancher les différends les
opposant à d'autres Etats acceptant la même obligation. En conséquence, toutes
les décisions de la Cour sont obligatoires et doivent être exécutées.
— La compétence consultative  : Les organes des Nations unies et les
organisations et institutions spécialisés relevant du système des Nations Unies ont
le droit de demander un avis consultatif à la Cour internationale de justice. Les
États ne peuvent pas directement demander un avis consultatif. Toutefois, cela ne
les empêche pas d’exprimer leurs arguments et de soutenir leurs positions par tous
les moyens juridiques à leur disposition.
Bien que l’avis consultatif de la Cour internationale de justice ne soit pas
obligatoire, il possède une force morale considérable qui s’impose aux parties
concernées.

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