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Le secret est en outre ce qui définit désormais l'art lui-même (« l'art avec
ses secrets » (p. 426) ; « Périssent l'art et tous ses secrets » (p. 429)) ; l'œuvre est
devenue, par essence, mystère, et c'est faute de pouvoir avouer son nouveau
statut.
La nouvelle, productrice du mythe, tente de masquer l'inavouable. Mais
elle est pour cela contrainte de faire apparaître, d'une certaine manière, ce qu'elle
s'emploie à travestir. Aussi offre-t-elle une représentation de ce moment
mystérieux où le statut du peintre dans la société, comme celui de son œuvre, change.
Tout bascule avec Mabuse : ce peintre de Cour, qui a pour « maître » (p. 427)
Charles Quint, relève encore de l'ancien régime du mécénat royal ; mais il s'en
affranchit en faisant entrer l'art dans son ère « libérale ». Il apparaît alors —
bien que ce soit cela qu'il s'agisse de dissimuler — que tous les peintres après
lui produiront pour le marché.
De la même manière, pour prétendre l'œuvre d'art hors de prix, le texte
ne cesse de poser la question, incontournable, de ce qu'elle vaut. Il rend ainsi
patent l'acte de dénégation sur lequel repose l'idéologie romantique. En même
temps que le récit concourt à l'élaboration du mythe, il procède, donc aussi, à
sa démystification.
La nouvelle repose sur le secret, mais tout secret possède une dynamique
qui le fait tendre vers son dévoilement19 : or la révélation que prépare
l'ensemble du récit ne saurait être que celle d'un échec. L'entreprise de Frenhofer ne
peut aboutir qu'au paradoxe d'un art qui se nie lui-même. Sa recherche d'une
équivalence impossible entre l'œuvre peinte et la réalité l'incite à vouloir abolir
des oppositions irréductibles20 ; il s'acharne, en particulier, à vouloir inscrire
dans l'espace plan du tableau les trois dimensions de la nature. Ambition qu'il
faut prendre à la lettre : la « perspective » réalisée par Porbus, bien que parfaite,
n'est pas pour lui une « profondeur » (p. 417). Dans l'œuvre d'art véritable, la
surface est donc censée posséder un dessous21 : « Chez moi », affirme le
peintre, « la blancheur se révèle sous l'opacité de l'ombre la plus soutenue » (p. 424).
Pour affiner son art, Frenhofer a d'ailleurs « analysé et soulevé couche pour
couche les tableaux du Titien » (ibid.). La recherche du secret de l'Art (de ses « plus
intimes arcanes », p. 420), se confond ainsi entièrement avec cette recherche,
perdue d'avance, du dessous (du dedans). Admettons cependant, comme le
personnage, qu'un tel secret puisse être atteint : sera niée alors la matérialité de la
toile22: «ce n'est pas une toile, c'est une femme» (p. 431); l'œuvre d'art, du
même coup, sera atteinte : « Ma peinture n'est pas une peinture [...] » (ibid.) ; et,
enfin, l'Art lui-même : « Où est l'art ? perdu, disparu ! » (p. 435). Ce que
Frenhofer salue par ces derniers mots comme une victoire, est en réalité une défaite :
pour trouver l'art il a été contraint de le faire disparaître. Le discours du narrateur
souligne cet échec : Catherine Lescault, de « femme » qu'elle était, devient «
semblant de femme » (p. 434), puis, pour finir, « prétendu tableau » (p. 436).
Soucieux de peindre un tableau qui soit une femme, l'artiste a finalement échoué
à réaliser l'un comme l'autre. Est-il dès lors vraiment possible d'être Artiste ?
Dans un moment de lucidité, le vieux peintre a l'intuition de sa situation
réelle : « Je ne suis plus qu'un homme riche qui, en marchant, ne fait que
marcher. Je n'aurais donc rien produit ! » (p. 438). Comment sortir du cercle
vicieux ? L'artiste crée pour se dissimuler sa dépendance à l'égard des puissances
d'argent ; mais l'argent est précisément ce qui empêche de créer23. Frenhofer
résume en une seule figure l'antinomie acheter / produire. Il est à la fois un
créateur et un marchand, un représentant du monde d'argent qui spécule sur la
création (le « protecteur » de Mabuse, p. 426). Il est l'expression même de la situation
contradictoire de l'Artiste.
L 'artiste ou l'imposture 49
ou tard il s'apercevra qu'il n'y a rien sur sa toile » p. 437), qui brise le secret qui
garantissait l'existence de l'Art. Le voilà pris, de ce fait, dans la même
catastrophe que le vieillard.
Tout se passe donc comme si le « modèle -Frenhofer » ne pouvait produire
que Poussin, c'est-à-dire sa propre dénonciation (et c'est pourquoi l'initiation
s'accompagne de réticences) : ce dernier ne reçoit à peu près que des
qualifications négatives (mensonge, coquetterie, vilenie, sottise...). Plus nettement encore
que le vieux peintre, il représente l'impossibilité d'être Artiste.
Il est pourtant, en deux endroits du texte, un artiste possible : sur le seuil
de l'atelier de Frenhofer, où il possède encore un « noble enthousiasme » une
« jeune passion » un « vrai mérite », du « talent », une « timidité première », une
« pudeur indéfinissable » (p. 414) ; et dans le moment d'hésitation qui précède
la conclusion du marché avec Gillette, où, « au sein de sa misère il possèd[e] et
ressent d'innombrables richesses du cœur » (p. 428). A cet instant précis, il est
l'antithèse exacte de Frenhofer (l'homme riche à la nature pauvre). Mais cet
artiste-là ne trouvera jamais à se réaliser ; ses « espérances se heurtent à la
médiocrité de ses ressources » {ibid.) : la compromission est inévitable. La
contradiction ainsi posée est insoluble : on ne peut être à la fois artiste et riche, non plus
qu'artiste et pauvre34. Poussin, donc, laissé à sa gloire factice, disparaît de la
nouvelle en même temps que Frenhofer35.
Seul reste en scène, pour finir, Porbus, celui précisément dont les premières
lignes prédisaient la mise à l'écart ; mais dont le rôle, dans le jeu du secret, est
loin d'être négligeable. C'est par lui qu'est posée l'énigme (qu'est indiqué le
« mystère », p. 42636) et qu'advient le dévoilement. Acteur et spectateur tout à
la fois, regard lucide, il est celui qui fait voir : à Poussin le tableau de Frenhofer,
à Frenhofer la réalité de son œuvre (« Voyez », p. 437). Les règles du jeu, c'est
lui qui les possède, ou du moins qui les découvre : il comprend la nécessité de
la transaction pour accéder au chef-d'œuvre inconnu et fixe les termes du
marché. Éliminé dans une première phase par le choix de Poussin, il ne sort donc
pas pour autant du triangle formé par les trois peintres, qui se modifie
simplement au cours du récit. Il entre aux côtés du jeune homme dans sa quête du secret
et tous deux se trouvent alors, par rapport à Frenhofer, dans une relation de
symétrie (que souligne la similitude de leurs initiales) : « Porbus et Poussin se
tenaient immobiles chacun d'un côté de la toile, plongés dans la plus véhémente
contemplation » (p. 421) ; « Tous deux, dans l'ombre et debout, ressemblaient
ainsi à deux conspirateurs attendant l'heure de frapper un tyran » (p. 434). Mais
Porbus est aussi un aîné, plus averti (« J'ai déjà tenté l'assaut du mystère », p.
426), un conseiller dissuasif (« Ne l'imitez pas », p. 427) et persuasif, tout à la
fois, puisque Poussin prend à l'écouter la décision inverse, scellant du même
coup leur nécessaire association : « Nous y pénétrerons » {ibid.).
Aucun des deux en effet ne peut percer seul le mystère : Poussin par
incompétence et aveuglement, Porbus, dont la curiosité est restée intacte malgré ses
échecs précédents, par souci de rester extérieur à une aventure à ses yeux
hasardeuse. Poussin, qui possède en la personne de Gillette la monnaie d'échange qui
lui fait défaut, va lui fournir l'occasion de profiter du marché sans rien y
engager : « Mon cher maître, s'il consent à vous la prêter, au moins faudra-t-il nous
laisser voir votre toile. » (p. 431). Il sera, de ce fait, le seul à n'y rien perdre. Loin
d'être un simple adjuvant de Poussin, il utilise ce dernier dans sa quête propre,
dont la finalité est sensiblement différente de celle du néophyte : Poussin a intérêt
à la possession du secret de Frenhofer, Porbus au déchiffrement de l'énigme que
pose le personnage lui-même, et dont il donne la formulation : « Frenhofer
52 Chantai Massol-Bédoin
était-il raisonnable ou fou ? » (p. 432) C'est à lui que revient par conséquent le
rôle du « démystificateur ».
Porbus est assurément le seul personnage pourvu d'une compétence
herméneutique dans la nouvelle. A ce titre, il a une fonction privilégiée. Le lecteur,
qu'il guide le long du parcours de l'énigme, se reconnaît en lui, et fait sien son
déchiffrement.
L' elucidation du mystère du temps présent se fait donc curieusement au
bénéfice de l'homme du passé. L'homme du futur, disqualifié, est lui purement
et simplement effacé du texte. Si l'Artiste n'existe pas et n'a donc pas d'avenir,
grande est en effet la tentation du refuge dans le temps révolu : le choix de
l'époque historique à laquelle est située la nouvelle témoigne sans conteste chez
Balzac d'un regret de l'ancien statut social des artistes, sur qui s'exerçait la
protection royale.
Il n'est pas possible en définitive de « refouler » Porbus. C'est lui qui
maintient dans le texte la présence de ce que veulent ignorer les deux autres
personnages : le travail (« Travaillez ! les peintres ne doivent méditer que les brosses à la
main » p. 427). L'oubli du travail en effet va de pair avec l'intégration de l'œuvre
d'art au circuit des échanges marchands. La valeur d'échange n'est-elle pas
« l'aspect sous lequel est considérée une marchandise dans le cadre d'une
production pour le marché et d'échanges généralisés, donc abstraction faite de
l'utilité qu'elle peut avoir et du travail concret qui y a été investi »37 ? La résurgence
de cette notion effacée vient jeter un doute sur la légitimité de la distinction entre
arts mécaniques et arts libéraux que la nouvelle tendait initialement à établir et
à justifier. C'est, bien au contraire, le procès même de la domination de la valeur
d'échange sur la valeur d'usage (producteur de cette distinction) qui finira par
être mis en évidence, en même temps que se manifestent (à travers le personnage
de Porbus) de nettes réticences face à cette évolution jugée néfaste : si Frenhofer
prétend « avoir travaillé dix ans » (p. 438), il ne faut pas s'y tromper, il ne désigne
de la sorte qu'un faux labeur, l'activité d'un « faiseur de rien »38 ; au « créer »,
mensonger, de l'artiste s'oppose le « faire », productif, de l'artisan39.
Aussi Porbus est-il chargé dès le départ de perpétuer le passé dans une
époque qui se définit essentiellement comme destructrice : son tableau (sa Marie
égyptienne) « par ce temps de troubles et de révolutions, était déjà devenu
célèbre », et visité par « quelques-uns de ces entêtés auxquels on doit la conservation
du feu sacré pendant les jours mauvais » (p. 416)40.
Mais le retour en arrière est, lui aussi, exclu. Cette Marie égyptienne sur
laquelle se fixe « exclusivement » (ibid.) l'attention de Poussin, nous en savons
déjà le devenir bien qu'elle n'ait pas encore quitté l'atelier du peintre. Exécutée
pour Marie de Médicis et commanditée par elle, elle est pourtant destinée,
devenue denrée monnayable, à changer de propriétaire41 : «Ce chef-d'œuvre,
destiné à Marie de Médicis, fut vendu par elle aux jours de sa misère » (p. 416).
Emblématique de toute œuvre à venir ce tableau, le premier de la nouvelle (il
représente, comme Catherine Lescault, une courtisane), fait figure
d'avertissement : l'évolution est irréversible ; et Porbus, « peintre d'Henri IV » dans les
premières pages, devient de manière significative par la suite « le peintre de la Marie
égyptienne» (p. 434).
Quelle issue, alors ? Le secret ayant dévoilé son néant, il ne reste plus qu'à
en construire un autre, à faire croire encore à un « dessous » du « rien » : « Nous
nous trompons, voyez [...]. Il y a une femme là-dessous, s'écria Porbus en faisant
remarquer à Poussin les diverses couches de couleurs que le vieux peintre avait
successivement superposées en croyant perfectionner sa peinture » (p. 436). Le
« pied vivant », ce « fragment échappé à une incroyable, une longue destruction »
L'artiste ou l'imposture 53
(ibid.) voilà qui peut être donné à voir (le « voyez » de Porbus est ici équivoque)
comme le vestige du secret à nouveau enfoui dans la toile, dissimulé par la
« muraille de peinture », toujours — et cette fois définitivement — inaccessible.
Il n'est d'autre solution pour le démystificateur au bout du compte que de
réactiver tant bien que mal le mythe. Faute de pouvoir résoudre la contradiction qu'il
a lui-même fait surgir, le texte referme sur elle, une dernière fois, le voile du
mystère.
Qu'a donc gagné Porbus ? Il est le seul à avoir acquis une véritable
connaissance : non celle du secret, mais celle de la nature du secret. La nouvelle fait en
somme le partage entre deux sortes de postulants à l'initiation : ceux qui, comme
Poussin, croient que le secret est une « chose » (une information) cachée et se
laissent prendre à son mensonge ; et ceux qui sont, comme Porbus, dans le secret
du secret et ont compris que celui-ci n'est qu'une « enveloppe vide »42. Par
définition, en effet, le secret ne saurait être qu'absence de contenu : il n'a d'autre
existence que celle des actes métalinguistiques (R. Barthes les a recensés dans
S/Z) qui le font surgir, qui signalant « il y a là mystère » ou « énigme » dessinent
les contours de cette absence. Il ne trouve à se formuler ici que dans les
expressions indéfinies : « quelque chose » (« quelque chose de divin », p. 423 ;
« apercevez-vous quelque chose ? », p. 435) et « je ne sais quoi » (« ce je ne sais
quoi qui est l'âme peut-être», p. 423, «je ne sais quelle touche de pinceau»,
p. 414), auxquelles se substitue encore, précisément, le mot «rien» («Qu'y
manque-t-il ? Un rien, mais ce rien est tout », p. 419). Fondamentalement le
secret n'est qu'un «simulacre»43.
Porbus est ainsi le seul véritable initié du texte44 et partant le seul
initiateur possible : c'est autour de lui que se constituera la société secrète, celle des
lecteurs de la nouvelle.
le rien : « A celui qui [...] n'a pas vivement palpité en se présentant devant un
maître, il manquera toujours une corde dans le cœur, je ne sais quelle touche
de pinceau, un sentiment dans l'œuvre, une certaine expression de poésie» (p.
414).
La figure de l'Artiste-écrivain éprouve donc quelques difficultés à se
construire. Le modèle auquel le romancier a choisi de s'identifier est problématique ;
lui-même se trouve, naturellement, atteint par le renversement qui affecte
l'image de Frenhofer ; pris également dans les contradictions dont la nouvelle
n'a pu éviter de faire état, et dans la tension qui s'établit au fil du texte entre
un pôle-artiste et un pôle-artisan : si Balzac, c'est un peu Frenhofer, on sait qu'il
se reconnaît aussi (que l'on pense seulement aux nombreuses pages de sa
correspondance consacrées au travail) en Porbus. Plus directement encore, le
romancier est touché par le vide que recouvre la notion de poésie : l'art de l'écrivain
serait-il, lui aussi, un art du rien ?
Il faut bien constater que le texte de Balzac, comme l'art de Frenhofer,
joue du secret : qu'il se propose de même de s'adresser à des initiés, promettant
à ses lecteurs la délivrance d'un savoir que ceux-ci n'obtiendront que par le livre.
Comme le chef-d'œuvre de la nouvelle, les récits balzaciens (l'emploi de la
structure-énigme en est un trait quasi constant) feignent de détenir un secret
qu'ils dissimuleraient, mais pourraient produire au grand jour, dans un rapport
de contenant à contenu en quelque sorte : le texte serait ainsi dépositaire d'une
vérité extérieure à lui, enfouie au fond de la narration ; il serait semblable à une
enveloppe qu'il faudrait percer pour accéder à une intériorité du récit, à un sens
profond. Profondeur aussi fausse que celle de la toile de Frenhofer. Le texte énig-
matique n'a pas plus de « dedans » que le tableau n'a de « dessous ».
Il n'est que le résultat d'indissociables activités de cryptage et de
décryptage, de l'enchevêtrement sur une même ligne d'un mouvement d'avancée vers
un dévoilement, et d'un mouvement conjoint de résistance fait de leurres, de
blocages, de réponses suspendues. Le mystère n'a donc pas d'autre existence que
textuelle ; il est une pure production du livre qui le crée, l'épaissit, l'étend, en
même temps qu'il se dispose à en venir à bout ; il n'est qu'une mystification
visant à accréditer l'idée d'un pouvoir du romancier.
A la différence de la plupart des récits balzaciens, qui tendent à préserver
cette illusion de lecture45 dont ils tirent leur effet, Le Chef-d'œuvre inconnu la
dénonce. L'attitude de Frenhofer, qui en est emblématique, est sévèrement
sanctionnée : cherchant le secret à l'intérieur de l'œuvre, le peintre trouve la mort
au terme de cette démarche46. Le récit, qui à travers les activités de
déchiffrement des différents personnages met en scène ses différentes lectures possibles,
prescrit implicitement celle de Porbus. Le leurre sur lequel tout repose est révélé :
la nouvelle fait attendre le secret au lecteur pour lui avouer qu'il se réduit à
« rien ». Ce qu'avoue peut-être aussi la fameuse dédicace de 1846 figurant un
espace vide :
A un lord,
1845
L 'artiste ou l'imposture 55
NOTES
(1) Cité par R. Guise dans son Introduction au Chef-d'œuvre inconnu, « Pléiade», t. X, p. 395.
C'est à cette édition, qui reproduit la version de 1847, que renverront toutes nos références à la
nouvelle.
(2) II ne s'emploie couramment, substantive et opposé au mot « artisan », que dans la seconde moitié
du XVIIIe siècle.
(3) Mais qui, étoffé en 1837, deviendra, selon la formule de P. Laubriet, un véritable
«catéchisme esthétique» {Un catéchisme esthétique, Le Chef-d'œuvre inconnu de Balzac, Didier,
1961).
(4) «Des Artistes», La Silhouette, 25 février, 11 mars et 22 avril 1830.
(5) En ce qui concerne, en tous cas, la littérature française. Nathalie Heinich, « Le Chef-d'œuvre
inconnu ou l'artiste investi », dans Autour du Chef-d'œuvre inconnu de Balzac, École Nationale
Supérieure des Arts Décoratifs, 1985, p. 76.
(6) Sur ce point voir les commentaires de R. Guise, «Pléiade», p. 411.
(7) Porbus n'est désigné comme artiste qu'une seule fois, dans un passage qui met en
parallèle les deux « maîtres » (p. 423 « dans la compagnie de deux grands artistes pleins de
bonhomie »).
(8) Porbus, c'est un effet de l'anachronisme de l'histoire, relève de deux statuts historiquement
différents (l'institution académique n'existe pas en 1612), mais qui représentent tous deux l'époque —
passée — où le peintre est dans la dépendance du pouvoir.
(9) « Ce procès se caractérise par une prise de distance à l'égard des instances (politiques, religieuses,
morales), qui peuvent prétendre légiférer en matière de biens symboliques, et, en contrepartie, par
l'affirmation d'une légitimité interne au champ [...] ». J. Dubois, L'Institution de la littérature,
Nathan, 1978, p. 26-27.
(10) Se reporter à A. Lévy, « Évaluation étymologique et sémantique du mot secret ». Nouvelle
Revue de Psychanalyse, n° 14, automne 1976.
(11) Comme dans les citations suivantes, c'est nous qui soulignons.
(12) On peut supposer que c'est essentiellement la valeur signifiante de ce nom qui a incité Balzac
à placer Jean de Mabuse à l'origine de cette filiation imaginaire.
(13) C'est, de ce fait, par Yabus justement que va se définir la « nature artiste, [...] cette nature folle
à laquelle tant de pouvoirs sont confiés, et qui trop souvent en abuse [...] » (p. 426).
(14) P. Laubriet, à ce sujet, remarque que les techniques évoquées par Frenhofer sont vieilles déjà
— en 1612 — de plus de cinquante ans, et qu'elles n'ont rien, par conséquent, de bien secret (puvr.
cité).