« C’était un jour d’avril froid et lumineux et les pendules sonnent 13 :00. Winston Smith, qui rentre le cou dans les épaules pour échapper au vent aigre, se glisse à toute vitesse par les portes vitrées de la Résidence de la Victoire, pas assez vite tout de même pour empêcher une bourrasque de poussière gravillonneuse de s’engouffrer avec lui. »
2. La montagne magique, Thomas Mann - 1922
« Un simple jeune homme se rendait au plein de l’été, de Hambourg, sa ville natale, à Davos- Platz, dans les Grisons. Il allait en visite pour trois semaines. Mais de Hambourg jusque là-haut, c’est un long voyage ; trop long en somme par rapport à la brièveté du séjour projeté. On passe par différentes contrées, en amont et en aval, du haut plateau de l’Allemagne méridionale jusqu’au bord de la mer souabe, et, en bateau, sur ses vagues bondissantes, par-delà des abîmes que l’on tenait autrefois pour insondables. »
3. La mort est mon métier, Robert Merle - 1952
« Je tournai l’angle de la Kaiser-Allee, une bouffée de vent et de pluie glaciale cingla mes jambes nues, et je me rappelai avec angoisse qu’on était un samedi. Je fis les mètres en courant, je montai les cinq étages quatre à quatre, et je frappai deux petits coups. »
4. Eugénie Grandet, Honoré de Balzac
« Il se trouve dans certaines villes de province des maisons dont la vue inspire une mélancolie égale à celle que provoquent les cloîtres les plus sombres, les landes les plus ternes ou les ruines les plus tristes. Peut-être y a-t-il à la fois dans ces maisons et le silence du cloître et l’aridité des landes et les ossements des ruines : la vie et le mouvement y sont si tranquilles qu’un étranger les croirait inhabitées, s’il ne rencontrait tout à coup le regard pâle et froid d’une personne immobile dont la figure à demi monastique dépasse l’appui de la croisée, au bruit d’un pas inconnu. »