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HAJAR BOUKHRAZ

La stratégie énergétique
Peu doté en ressources énergétiques conventionnelles, le Maroc importe 96 % de son
énergie, en outre son essor économique et sa croissance démographique augmente ses
besoins en énergie d’environ 7% par an. Pour sécuriser son approvisionnement énergétique
dans ce contexte de croissance soutenue de la demande, le royaume du Maroc a adopté
depuis 2009, une stratégie énergétique basé sur :
 La diversification du mix énergétique (de production de l’énergie électrique) autour de
choix technologiques fiables et compétitifs ;
 La montée en puissance des énergies renouvelables ;
 La promotion de l’efficacité énergétique ;

Cette stratégie a pour objectifs :

 Sécuriser l’approvisionnement en énergie ;


 Maîtriser la demande ;
 Préserver l’environnement ;

Ces objectifs ont été déclinés en plans et en objectifs chiffrés à porter 42% en 2020 et 52%
en 2030 la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national, et à réduire de
12% la consommation de l’énergie en 2020 et 15% en 2030 à travers une politique
d’efficacité énergétique, et pour atteindre ces derniers, Des acteurs dédiés se sont vu
confier, dès 2010, la mise en œuvre de cette stratégie énergétique dont Masen (Moroccan
Agency for Sustainable Energy), acteur central chargé de l’atteinte de ces objectifs en
tandem avec l’ONEE (Office National d’Eau et d’Electricité en charge du transport et de la
distribution) et avec le concours des acteurs du secteur privé. Masen a ainsi mis en place un
modèle intégré visant à instituer des écosystèmes viables et rentables pour atteindre les
objectifs nationaux fixés. En plus de la production d’électricité, Masen cherche également à
catalyser le développement d’un tissu économique compétitif, à encourager le
développement d’une R&D appliquée et pré-opérationnelle au service de projets industriels
tout en déployant une stratégie de développement local participant à l’équité territoriale et
à la croissance durable des régions accueillant les projets. Le complexe Noor Ouarzazate est
d’ailleurs doté d’une plateforme R&D dont l’objectif est de qualifier de nouvelles
technologies solaires et de créer un réseau d’échanges entre les industriels et les
institutionnels de la recherche. Cette plateforme accueille des projets de recherche et de
démonstration et offre également des services aux industriels. De nombreuses actions sont
également mises en œuvre avec le Cluster Solaire afin de soutenir le développement de la
filière solaire et d’accompagner les industriels du secteur, notamment à travers la mise en
œuvre de programmes de formation dédiés.
Dans le cadre de la vision déployée, de nombreux programmes de développement de projets
EnR intégrés ont été lancés. Plusieurs projets EnR sont d’ores et déjà opérationnels à travers
le Royaume, portant la capacité totale installée à plus de 3 500 MW répartis comme suit :
 Projets solaires : 700 MW de projets solaires sont actuellement en exploitation dont
la centrale Ain Beni Mathar (20 MW) et le complexe solaire Noor Ouarzazate (580
MW). La mise en exploitation du complexe Noor Ouarzazate a été concrétisée en
2018, faisant ainsi de Noor Ouarzazate le plus grand complexe solaire multi-
technologies au monde. Les centrales solaires PV Noor Laâyoune I et Noor Boujdour I,
d’une capacité totale cumulée de 100 MW, ont également été achevées et
connectées avec succès au réseau électrique national.
 Projets éoliens : 1 207 MW de projets éoliens sont actuellement en exploitation dont
les parcs éoliens d’Amougdoul (60 MW), Tanger I (140 MW), Koudia Al Baida (50
MW), Tarfaya (300 MW) et plus de 650 MW de projets privés.
 Projets hydrauliques : plus de 20 barrages répartis à travers le Royaume sont
actuellement en exploitation, portant la capacité installée de source hydraulique à
plus de 1 760 MW.
Dans la continuité des projets cités ci-dessus, d’autres projets EnR prévus à horizon
2020/2021 sont en cours de développement/construction :

Projets Solaires :
 Noor Tafilalet : projet PV d’une capacité totale de 120 MW réparti sur trois sites
distincts, Noor Arfoud, Noor Zagoura et Noor Missour. Le projet Noor Tafilalet est en
cours de construction et sa mise en service est prévue au premier trimestre 2019.
 Programme Noor PV II: 9 sites à haut potentiel ont été identifiés pour développer le
programme Noor PV II, à savoir les sites de Boujdour II, Laâyoune II, Taroudant, Kelaa
Sraghna, Sidi Bennour/Lkhtaba, Bejaad, Lhajeb, Guercif et Ain Beni Mathar. Ce
Programme, dont la configuration des puissances par site est en cours de finalisation,
sera développé en vue d’atteindre une puissance installée allant entre 800 MW et 1
000 MW à horizon 2020.
 Noor Midelt Phase I : la première phase du complexe Noor Midelt, pour laquelle
l’évaluation des dossiers d’Appel d’Offres est en cours de finalisation, est composée
de deux centrales hybrides CSP / PV avec stockage d’une capacité comprise entre 150
MW et 190 MW chacune pour la composante CSP. La mise en service du projet Noor
Midelt Phase I est prévue pour 2021.
Projets éoliens :
 PEI 850 : le programme éolien PEI 850 est réparti sur 5 sites distincts : PEI 850 Midelt,
PEI 850 Boujdour, PEI 850 Jbal Lahdid, PEI 850 Tiskrad et PEI 850 Tanger II. La mise en
exploitation de l’ensemble des sites est prévue à horizon 2020.
 Repowering Koudia Al Baida : le repowering du parc éolien de Koudia Al Baida, prévu
à horizon 2020, permettra de porter la capacité du parc éolien existant à 120 MW à
horizon 2020.
 Projet Eolien de Taza : le Parc Eolien de Taza est un parc éolien développé en deux
phases d’une capacité totale de 150 MW dont la mise en service est prévue à horizon
2020.

Cette stratégie n’a pas tardé à porter ses fruits en ce sens que le Maroc a occupé la 7ème place
à l’échelle mondiale dans l’indice de performance du changement climatique en 2016, en
étant le premier pays non européen à figurer dans le top 20 de ce classement.

Pour accompagner cette stratégie prometteuse, un arsenal juridique moderne a été élaboré,
en l’occurrence la loi 13/09 sur les énergies renouvelables, la loi 47/09 relative au
développement de l’efficacité énergétique et la loi 16/09 portant création de l’Agence
nationale pour le développement des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique en
tant qu’établissement public.

Aujourd’hui, le Maroc est à un carrefour en matière de stratégie énergétique, 12 ans après


son lancement et les objectifs ne sont pas atteints, et en termes d’efficacité énergétique,
peu de choses ont été réalisées. Pour ce qui est des énergies renouvelables, le bilan est tout
aussi mitigé. Car, ce qui était jusqu’en 2018 une réussite s’est transformé, aujourd’hui, en
échec cuisant notamment sur la partie solaire. Fin 2020, la puissance électrique installée est
de 10.557MW, avec une part des énergies renouvelables (EnR) d’environ 36,8%, assure
l’ONEE dans un bilan de ses réalisations publié en janvier 2021.

Cependant, il y a d'autres points de cette stratégie ambitieuse qui méritent que l'on s'y
attarde.

 La libéralisation de la production des énergies renouvelables qui bute sur des


obstacles réglementaires, condamnant l'auto-production à rester un concept sur
papier ;
 La stratégie gazière, composante essentielle de la feuille de route énergétique, lancée
et relancée sans cesse depuis des années mais qui continue d'accuser des retards ;
 La situation du principal acteur du secteur et unique acheteur de cette énergie
produite, à savoir l'ONEE. Un office à la situation financière fragile qui porte
d'importants projets et sur lequel repose la sécurité énergétique du pays ;
 La question de la distribution dans le secteur énergétique qui pose de sérieuses
interrogations sur l'avenir de cette branche ;
 La gouvernance du secteur, notamment le rôle de chaque acteur et opérateur à leur
tête l'Autorité Nationale de Régulation de l'Electricité (ANRE) qui vient de compléter
ses organes il y a quelques mois à peine ;
 Le poids des engagements internationaux du Maroc en matière de transition
énergétique.

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