3,20 € vendredi 8 avril 2022 le figaro - N° 24 145 - www.lefigaro.

fr - France métropolitaine uniquement Première édition

lefigaro.fr
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais

Palmarès réCIt
les PlUs BeaUx JardINs emmaNUelle maCrON,
de FraNCe séleCtIONNés Par les de la « start-UP NatION »
Le château d’Eyrignac (Dordogne).
leCteUrs dU « FIgarO » PAGES 30 Et 31 aU retOUr de l’état PAGE 17

Premier tour : l’abstention

LR
les républicains
cherchent à éviter

peut-elle tout changer ?

l’implosion PAGE 5
PS
les dissensions
étalées au grand
jour PAGE 5
L’hypothèse d’une participation historiquement basse, susceptible de faire basculer
jUSTicE
n
Yvan Colonna : les rapports de force ce dimanche, inquiète les états-majors des candidats à la présidentielle.
les enjeux d’une Lassitude des électeurs, incer- cher son niveau historique, di- 27,4 % des Français pourraient les sondeurs et analystes, qui connue qui plane sur le scru-
action contre l’état titude vis-à-vis de l’offre poli- manche, pour le premier tour ne pas se rendre aux urnes, peinent à mesurer les effets de tin, les équipes des candidats
PAGE 6 tique ou simple désintérêt à de l’élection présidentielle. une estimation proche du re- cette abstention sur les rap- jettent leurs dernières forces
l’issue d’une campagne terne… Selon les prévisions de l’insti- cord mesuré en 2002, à ports de force entre les candi- dans la bataille pour mobiliser
n
samuel Paty : L’abstention pourrait appro- tut Odoxa pour Le Figaro, 28,4 %. Un cauchemar pour dats. Conscientes de cette in- leur électorat.
des failles mais pas è La maLédIcTION des scRUTINs de RééLecTION, paR GUILLaUme TabaRd è VeRs UN NOUVeaU RecORd ? è À TOURcOING, des éLecTeURs eNTRe désINTéRêT
de responsables ? eT LassITUde è L’absTeNTION, maRqUeUR fORT des deRNIèRes éLecTIONs pAGes 2, 4 et l’édItORIAl
PAGE 6

UkRAiNE
des bourreaux
de Boutcha
Impôt sur le
identifiés PAGE 8 revenu : les
NEUROSciENcES nouveautés
l’évolution du
cerveau retracée Soldats, de la
sur toute la vie PAGE 13
médecins, déclaration
FOOTbALL secouristes... 2022
Benzema Ballon
d’Or, un rêve ces Français Bercy a lancé la dernière
campagne de déclaration des
accessible PAGE 14
aux côtés des revenus du quinquennat, en
VeroniqUe de VigUerie poUr Le Figaro

mettant en avant les nouvel-

DiSTRibUTiON
Comment auchan
Ukrainiens les dispositions permettant
d’alléger la facture des
contribuables. La plus im-
résiste à la pression portante concerne la revalo-
internationale pour risation de 10 % du barème
quitter la russie kilométrique pour les dépla-
cements professionnels, afin
PAGE 22
de compenser la hausse du
prix des carburants. L’exoné-
ration des frais professionnels
les tribunes
champs lIbRes

n
Ils s’appellent Taras, Edmond, Franck-Olivier ou Jade, ils étaient médecin, sportif ou professeur d’histoire et ils sont liés au télétravail est égale-
de Jean-louis partis aider l’Ukraine en guerre. Ici, Jade, 19 ans, porte le sac de Maria, 87 ans, dans le métro de Kharkiv. PAGES 8 À 12 ment reconduite. PAGE 24
Panné et de
Jean-Jacques
Urvoas édItOrIal par Yves Thréard ythreard@lefigaro.fr
n
le bloc-notes
d’Ivan rioufol
l’analyse Le mal abstentionniste

T
n

d’aziliz
le Corre outes les études l’annoncent,
PAGES 18 Et 19
l’abstention pourrait être, com-
me jamais auparavant, le premier
parti de France ce dimanche. Si
ment temporaire, réversible. La faible par-
ticipation constatée au premier tour
en 2002 (72,6 %) fut suivie, cinq ans plus
tard, par une mobilisation très élevée

@ FIGARO OUI
FIGARO NON
Réponses à la question
de jeudi :
La France doit-elle livrer
des chars à l’Ukraine,
comme le demande
Zelensky ?
NON
50 %
TOTAL DE VOTANTS : 237 408
Votez aujourd’hui
sur lefigaro.fr
3’:HIKKLA=]UXWUU:?a@o@a@i@k";
tel était le cas, de quoi serait-elle
le signe, de quoi serait-elle le nom ?
Les plus pessimistes y verront, bien sûr, le
symptôme d’une démocratie fatiguée. À
(84 %). Celle-ci ponctuait un débat qui fut
passionné et passionnant - en l’absence du
président sortant - entre Nicolas Sarkozy,
Ségolène Royal et François Bayrou. Carac-
force de ne pas tenir leurs promesses et de téristique que l’on
ne pas reconnaître leurs responsabilités, les À quarante- ne retrouve vrai-
politiques ont perdu l’attention de leurs ment pas cette an-
électeurs, qui pensent que leur vote ne sert huit heures née. Au terme d’une
à rien. Pas une des quatre consultations in- du scrutin, campagne perturbée
termédiaires de ce quinquennat (européen- par la crise sanitaire,
OUI nes, municipales, régionales, départemen- la donne puis par la guerre en
50 % tales) n’a enregistré une participation
supérieure à 50 % ! À ce rejet, prononcé
peut-elle Ukraine, plutôt ter-
ne sur le front des
dans les catégories populaires, s’ajoutent encore idées et dont il a été
peut-être chez les jeunes - où l’indifférence
au débat électoral grandit de façon vertigi-
changer ? longtemps dit que
l’issue était écrite à

neuse - le refus de l’autorité et le fait que l’avance, il n’y a rien d’étonnant à ce que
Approuvez-vous le choix
l’individualisme l’emporte aujourd’hui sur les sondages relèvent une démobilisation
de Nicolas Sarkozy
le collectif dans notre société. Génération certaine de la population.
M 00108 - 408 - F: 3,20 E

de rester silencieux avant abstention ? À quarante-huit heures du scrutin, la don-

le premier tour Le mal abstentionniste peut cependant être ne peut-elle encore changer ? Quels candi-
de la présidentielle ? analysé sous un jour moins sombre. Et être dats pourraient alors en bénéficier ? Un
observé comme un phénomène heureuse- suspense demeure. ■
skyme - François BoUCHon/
Le Figaro
A

AND : 3,90 € - BEL : 3,30 € - CH : 4,20 FS - D : 3,80 € - ESP : 3,90 € - GR : 3,40 € - DOM : 3,60 € - LUX : 3,30 € - PORT.CONT : 4,00 € - MAR : 25 DH - TUN : 8,00 DT ISSN 0182.5852
 vendredi 8 avril 2022 le figaro
2 l'événement
TAUX D'ABSTENTION
AU 1ER TOUR DES ÉLECTIONS
PRÉSIDENTIELLES, en %
2017 22,2 %
2012 20,5 %
2007 16 %
2002
1995 21,6 %
1988 18,7 %
1981 18,9 %
1974 15,8 %
1969 22,4 %
1965 15,3 %
Source : Ministère de l'Intérieur
Des panneaux électoraux à Évry
(Essonne) avec les affiches
des douze candidats à l’élection
présidentielle de 2022.
François Bouchon/Le Figaro
CONTRE-POINT
PAR GUILLAUME TABARD £@GTabard
La malédiction des scrutins de réélection
L
e record est annoncé, pas
glorieux celui-là. Dimanche,
l’abstention pourrait être la plus
forte pour une présidentielle.
Il y a à cela une raison structurelle.
La participation électorale a cessé d’être
une évidence pour un nombre croissant
de Français. Quelle que soit la nature
du scrutin, elle recule. Et même l’élection
reine - si l’on peut ainsi qualifier celle
qui doit désigner un président de la
République - n’y échappe pas. De plus
en plus de citoyens, et en particulier les
plus jeunes, considèrent que le bulletin
de vote n’est plus l’outil privilégié pour
changer le cours des choses, tandis
que d’autres modes de mobilisation,
des marches citoyennes pour le climat
aux « gilets jaunes », tiennent lieu
d’engagement de substitution. En dépit
de sa promesse fondatrice, ce
quinquennat n’aura pas réussi à répondre
à ce désenchantement démocratique et,
quel que soit l’élu ou l’élue, le chantier de
la refondation civique sera à reprendre.
Mais cette abstention prévue - autour
de 30 % - a aussi des causes plus
conjoncturelles. Le précédent record
remonte à 2002 : 28,4 % au premier tour.
Ce millésime présidentiel est resté célèbre
en raison de son verdict surprise du
21 avril. Mais la campagne elle-même
n’a pas laissé de grands souvenirs.
Pour tout dire, elle fut inintéressante.
Or, par certains aspects, 2022
ressemble à 2002. Avec une finale
annoncée identique à la précédente.
Durant la campagne elle-même,
personne n’imaginait une qualification
A
de Jean-Marie Le Pen, et le match retour
Chirac-Jospin, finalement tous deux
L’ombre de l’abstention
plane sur l’issue du scrutin
28,4 %
Face à cette donnée difficile à mesurer, candidats et sondeurs restent vigilants.
dinah cohen £@DinahCohen
« PRUDENCE ». Voilà le mot que se font
passer les équipes des candidats, dans
cette dernière ligne droite. Prudence à
ceux qui sont donnés favoris, prudence à
ceux qui ne le sont pas mais espèrent créer
la surprise, prudence à ceux qui croient
que les jeux sont faits. Car l’issue du scru-
tin reste menacée par une inconnue. Une
abstention imprévisible, potentiellement
massive et susceptible de faire basculer les
pronostics. Cinq ans après avoir marqué
le second tour de l’élection présidentielle,
et quelques mois après avoir bouleversé
les élections intermédiaires (lire page 4).
Cette menace, les candidats l’ont tous
en tête. Les sondeurs aussi, tant ils se sa-
vent attendus au tournant. « On ne va pas
se mentir, c’est le cas à chaque élection »,
sourit Frédéric Dabi, directeur général
opinion de l’Ifop. Lui rappelle qu’il n’y a
pas eu d’« erreur sérieuse d’appréciation
en 2017 », et que le souvenir amer laissé
par les derniers scrutins ne doit pas se
Macron s’est
inscrit dans
la lignée de
Giscard 1981,
Chirac 2002,
Sarkozy 2012,
ne parvenant
pas à
surprendre,
à inventer ou
à faire rêver
» tentative. Il n’y a à tout le moins pas
vieillis, usés et fatigués, ne passionnait
pas. L’autre point commun est la présence
sur la ligne de départ du chef de l’État
sortant, candidat à un second mandat.
Or, là encore, c’est une constante
dans l’histoire des présidentielles : les
campagnes de réélection passionnent
moins les électeurs que les campagnes de
première conquête parce que le principal
intéressé n’a pas le même élan ni la même
originalité que la première fois. Ce fut vrai
pour Valéry Giscard d’Estaing, qui a mené
une campagne éblouissante en 1974 et
décevante en 1981 ; pour Jacques Chirac,
combattant en 1995, mécanique en 2002 ;
pour Nicolas Sarkozy, créatif en 2007,
répétitif en 2012. Seul François Mitterrand
a su écrire un récit véritablement nouveau
en 1988, sept ans après sa victoire de 1981.
transformer en généralité. « L’abstention
reste le composant le plus difficile à déce-
ler », reconnaît-il toutefois. D’abord par-
ce qu’elle n’est pas toujours assumée par
les électeurs, ensuite parce que son fonc-
tionnement n’est pas figé. « On voit une
nouvelle abstention présentée comme un
acte politique, un symbole », explique ainsi
le spécialiste. Une option qui pourrait être
privilégiée notamment par les électeurs
de gauche (lire ci-dessous), déçus de voir
leur camp si fragmenté.
Pour limiter la casse, les sondeurs
prennent leurs précautions. Depuis plu-
sieurs semaines, seules les personnes ab-
solument certaines d’aller voter sont pri-
ses en compte dans la plupart des
instituts. « C’est un métier où l’on apprend
toujours des différentes expériences. On est
évidemment très vigilants », témoigne
Bernard Sananès, président de l’institut
d’études Elabe. Une prudence d’autant
plus de mise que l’année 2022 se résume
déjà comme étant un rendez-vous électo-
ral « atypique ». « Les sondés nous parlent
d’une campagne bizarre », assure-t-il.
Emmanuel Macron s’est inscrit dans
la lignée de Giscard 1981, Chirac 2002,
Sarkozy 2012, ne parvenant pas à
surprendre, à inventer ou à faire rêver.
S’y sont ajoutés une entrée en campagne
particulièrement tardive, un refus
surprenant des débats et des prestations
(meetings, émissions, déplacements)
strictement limitées. Cette campagne
service minimum n’a sans doute pas
aidé à la mobilisation. La responsabilité
n’en revient cependant pas au seul
président sortant. Même s’ils ont tous
les deux accompli une percée
spectaculaire dans les dernières
semaines, Marine Le Pen et Jean-Luc
Mélenchon en sont à leur troisième
d’effet nouveauté. Éric Zemmour a été
l’élément nouveau et perturbateur
de cette campagne, donc le plus original,
mais il n’a pas réussi à passer la vitesse
supérieure. Quant aux deux partis
autrefois au pouvoir, le PS et LR, leurs
candidates ont vécu un chemin de Croix,
leur camp ne cessant de se démobiliser.
Le suspense final, autour des chances
de victoire de Marine Le Pen
provoquera-t-il, dans tous les camps,
un sursaut de mobilisation ? ■
« Une abstention massive peut avoir des
effets totalement dévastateurs sur les ré-
sultats. Ça peut être la bérézina totale »,
souffle encore un sondeur qui préfère res-
ter discret, et signale le flou régnant
autour des conséquences d’un tel scéna-
rio. Le manque de mobilisation des classes
populaires, traditionnellement les plus
touchées, pourrait en effet affaiblir Jean-
Luc Mélenchon et Marine Le Pen, mais
l’abstention des jeunes et de certains ac-
tifs pourrait également faire du tort à Em-
manuel Macron.
Tractages et collages
« Si le peuple vote, le peuple gagne », mar-
tèle ainsi le candidat des Insoumis pour
convaincre son camp de se rendre dans les
urnes. « Il ne faut rien lâcher », complète
Jean-Philippe Tanguy, directeur de cam-
pagne adjoint de Marine Le Pen. « La bon-
ne nouvelle, c’est qu’on a de bons retours de
la ruralité et des villes populaires. Après,
qu’est-ce qu’ils vont vraiment faire ? On
ignore les raisons profondes de la participa-
tion aux municipales et aux régionales,
Vers un nouveau record ?
Le risque d’une abstention historique
au premier tour de l’élection présidentielle
27,4 %
ESTIMATION ODOXA DE L’ABSTENTION
72,6 %
ESTIMATION ODOXA DE LA PARTICIPATION
QUESTION : Vous personnellement,
vous intéressez-vous à l’élection
présidentielle de 2022 ?
Oui, beaucoup
Oui, un peu
Non, pas vraiment 13 %
Non, pas du tout 6%
Étude réalisée par Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro. Enquête réalisée auprès d’un échantillon de 1 005 Français
représentatif de la population française, âgée de 18 ans et plus dont 942 Français inscrits sur les listes électorales, interrogé par
internet les 5 et 6 avril 2022. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables
suivantes : sexe, âge, niveau de diplôme et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération.
Auprès de l’ensemble des Français, la marge d’erreur s’établit, selon le score visé, à plus ou moins 1,4 et 3,1 points.
MaRiUS BocQUeT £@MariusBocquet
L’abstention pourrait s’approcher de
son niveau historique pour le premier
tour de l’élection présidentielle. Selon
les prévisions de l’institut Odoxa pour Le
Figaro, 27,4 % des Français pourraient
ne pas se rendre aux urnes dimanche.
Une estimation proche du plus haut ni-
veau d’abstention pour un premier tour,
mesuré en 2002 à 28,4 %. Après un re-
gain de participation en 2007, l’absten-
tion n’a cessé de progresser lors des deux
présidentielles qui ont suivi, jusqu’à at-
teindre 22,2 % en 2017. Selon Odoxa,
l’abstention pourrait être la plus forte
donc on ne sait pas. Ce sont des ressorts tel-
lement compliqués », poursuit-il, alors que
le parti à la flamme avait été le plus touché
par l’indifférence des électeurs. Avant de
formuler un espoir : que la dynamique ac-
tuellement donnée dans les enquêtes
d’opinion crée un cercle vertueux. En
somme, que le suspense qui s’intensifie
incite à la mobilisation et au vote utile.
Un scénario redouté par la macronie,
alors que le président sortant, contraint
par la guerre en Ukraine, s’est parfois
contenté d’une campagne minimaliste.
« On est un peu déçus », reconnaît en privé
un jeune Marcheur, qui avoue ne pas
comprendre le choix d’Emmanuel Ma-
cron de ne pas participer à l’émission
« Élysée 2022 », mardi soir dernier, sur
France 2. « C’est le genre de moment qui
motive les militants et peut convaincre des
gens », regrette-t-il. Sur le terrain, il as-
sure ne pas ressentir un fort rejet, mais
plutôt un désintérêt. Alors pour contrer la
tendance, les militants s’activent jusqu’au
bout dans leurs opérations de tractage et
de collage. Mercredi soir, l’équipe de
campagne a également diffusé une vidéo
interactive d’une quinzaine de minutes
mettant en scène l’hésitation d’une jeune
femme à aller voter. « On ne sait pas ce que
ça va donner. On a une incertitude face à
nous qui est un peu vertigineuse », s’in-
quiète-t-on.
Derrière le trio de tête, l’on veut aussi
croire que la volatilité - particulièrement
forte pour ce scrutin - jouera un rôle.
« Moi, ce que je vois, c’est que les électeurs
sont perdus et que l’on peut avoir un scéna-
rio que personne n’a vu venir », se persuade
Guilhem Carayon, porte-parole de Valé-
rie Pécresse. « On ne peut pas être si bas, ce
n’est pas du tout le sentiment que donnent
les déplacements, notre courant politique a
un espace plus grand dans ce pays », abon-
de un proche d’Anne Hidalgo.
Au-delà du sort de leurs propres écu-
ries, les équipes s’entendent sur un point.
Un fort taux d’abstention ne serait vérita-
blement profitable à personne. Dans un
contexte de défiance grandissante, il en-
verrait plutôt un signal préoccupant, et
installerait finalement le « cataclysme »
des régionales comme un phénomène
durable. ■
Aux Français ayant l’intention certaine
de voter à l’élection présidentielle
QUESTION : Quelle est votre position
en ce qui concerne le premier tour
de l’élection présidentielle ?
Vous avez décidé pour quel(le) candidat(e)
vous allez voter et vous ne changerez pas d’avis
71 %
Vous souhaitez voter pour
un(e) candidat(e) mais vous
pouvez encore changer d’avis
38 % 22 % 29 %
43 % Vous ne savez pas encore
des Français ayant
l’intention certaine de voter
pour quel(le) candidat(e)
à l’élection présidentielle
ne savent pas encore
vous allez voter pour quel(le) candidat(e)
ils vont voter ou peuvent
7% encore changer d’avis
chez les sympathisants de gauche, à
commencer par ceux du PS (27,8 %), de
La France insoumise (27,5 %) et d’EELV
(20,6 %). Les électeurs proches de LREM
sont quant à eux les plus sûrs de se ren-
dre aux urnes (12,5 % d’abstentionnistes
estimés). L’autre enseignement de ce
sondage concerne la forte incertitude du
vote à trois jours du scrutin : 29 % des
Français qui se disent certains d’aller
voter ne savent pas encore pour qui ou
peuvent changer d’avis. Par ailleurs,
plus de six Français sur dix (62 %) ne
s’intéressent pas ou peu à ce scrutin. Fait
encore plus étonnant : selon Odoxa, 12 %
des Français ne savent pas que le pre-
mier tour se tient ce dimanche. ■
 #bornelectric

T H E
i4

100% ÉLECTRIQUE A 0g CO /km

B
C
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 vendredi 8 avril 2022 le figaro
4 l'événement
À Tourcoing, des électeurs
entre désintérêt et lassitude
La ville est l’une de celles qui se sont le plus abstenues lors du dernier scrutin présidentiel.
claire conruyt £@ClaireConruyt
EnvoyéE spécialE a Tourcoing (nord)
TOUT AU FOND de la brasserie L’Abbaye
de Leffe, située sur la grand-place de Tour-
coing (Nord), quatre amis sirotent leur café
du matin, et rient. De quoi ? Pas de la cam-
pagne présidentielle. « Les gens sont bla-
sés », lâche Pascale. Voilà bientôt vingt ans
qu’elle travaille dans ce petit bistrot du
centre-ville. « On fait partie des meubles,
maintenant. » Derrière le bar, Pascale s’af-
faire, range les tasses, adresse un sourire à
chaque client, un « bonjour » chaleureux
aux habitués. « T’es pas d’accord avec moi,
toi ? », lance-t-elle à Jacques, « ancien
flic » à la retraite et joyeux de la bande.
« Ah oui, ici, la politique, tout le monde s’en
fiche ! » Avant de renchérir : « Au pays des
promesses, les gens meurent de faim. » Dans
la commune, voilà des années que cette
défiance se traduit dans les urnes.
Comme Roubaix ou encore Haumont,
Tourcoing fait partie de ces villes ouvriè-
res du Nord à s’être le plus abstenues lors
de la dernière présidentielle, avec un taux
de près de 34 % au premier tour et de
37,4 % au second. Une démobilisation qui
se vérifie également au niveau départe-
mental : en 2017, 23,1 % des inscrits ne se
sont pas déplacés au premier tour.
Les promesses ? Celles de candidats en
qui ils ne croient plus. « Des guignols ! » ;
« C’est à celui qui dira le plus de conne-
ries ! » ; « Il y en a un qui propose l’aug-
mentation du smic à 1 500 euros par mois et
un autre, à 2000 ! Qui dit mieux ? C’est la
vente aux enchères ! » Personne n’est
épargné. Anne Hidalgo ? « Elle n’a pas la
classe d’une présidente », lâche Jacques.
Marc, son voisin, secoue la tête. « Ah non,
pas elle… » Éric Zemmour ? « Un arriviste,
il fait son cinéma ! », balaie Jacques.
Parmi les prétendants à l’Élysée, la
seule à trouver grâce aux yeux de Jacques
est Marine Le Pen. « Elle sort du lot… »,
souffle-t-il, sans grand enthousiasme. Ce
manque d’entrain, tandis qu’il faudra
bientôt glisser un nom dans l’urne,
Yoann, fleuriste de 38 ans qui depuis tou-
jours habite Tourcoing, le ressent aussi.
« On vote un peu par dépit. » À l’évocation
du taux d’abstention de sa ville, il hausse
les épaules. Ici, on n’y croit plus. « Voter
pour tel ou tel candidat, est-ce que ça va
changer la vie des gens ? » Si ce commer-
çant comme les premiers comptent aller
voter, c’est uniquement « par devoir ».
Dans le bar tabac PMU situé à l’inté-
rieur du centre commercial Saint-Chris-
A
tophe, Pierre* manipule un jeu à gratter…
en lambeaux. Aujourd’hui, la chance ne
lui a pas souri. « Il y a quinze jours, j’ai ga-
gné 500 euros », raconte l’homme de
63 ans qui a commencé à travailler dans le
textile dès l’adolescence. « Ma retraite, je
l’ai méritée. J’ai beaucoup travaillé »,
avance-t-il. « Et qu’est-ce que Macron a
fait pour ma retraite ? Rien du tout. » Pier-
re ira tout de même voter car sinon, « ça
ne sert à rien de critiquer ».
« Sujet épineux »
Attablé, une bière à la main, Christian, qui
fut l’un des facteurs de Tourcoing de 1984
à 2019, renchérit : « Je vais voter mais je ne
sais pas pour qui… Je ne leur fais pas
confiance à ces candidats. » Jean-Luc Mé-
lenchon, il s’en « méfie ». « Zemmour,
aussi. Il n’est jamais venu ici. Il ne nous
connaît pas » , tranche-t-il. « Quand vous
parlez de ghettos d’ouvriers et de chô-
meurs, et que vous dites qu’avec un appar-
tement de 100 mètres carrés à Paris, on
n’est pas riche, vous ne pouvez pas espérer
séduire les catégories populaires », observe
Jérôme Sainte-Marie, sondeur et polito-
logue. « Marine Le Pen manifeste une sorte
d’attention prioritaire aux catégories po-
pulaires. Éric Zemmour apparaît comme un
Parisien, appartenant à une forme d’élite et
dont le programme économique et social ne
s’adresse pas du tout à cet électorat. »
Marie-Chantal*, qui a voté Marine
Le Pen en 2017 et qui est « fière » de voir
l’ancien maire de sa ville, Gérald Darma-
nin, aujourd’hui ministre de l’Intérieur,
restera chez elle dimanche prochain.
« Macron va passer, de toute façon », ar-
gue cette petite dame de 78 ans. « Zem-
mour, je l’aimais bien au début, il me faisait
rire. Mais je ne sais pas si on vote pour un
candidat parce qu’il fait rire. Enfin, c’est
bien arrivé en Amérique avec Trump. »
Ce désintérêt pour la politique, la Mai-
son des associations de la ville, vieille de
63 ans et ayant vu deux de ses membres
élus maires, le constate à chaque élection.
L’abstention, marqueur fort
des dernières élections
Jean cittone £@JCittone
À CHAQUE scrutin, des bureaux de vote
de plus en plus déserts. Si elle menace
d’être particulièrement forte en 2022,
l’abstention a déjà lourdement pesé sur
les élections ces dernières années, au
point de parfois déjouer les pronostics.
Premières victimes de ce délaissement
accru des urnes, les élections municipa-
les de 2020. Le début de l’épidémie de
Covid-19 a profondément chamboulé ce
vote, initialement prévu les 15 et
22 mars. Avec la fermeture des lieux pu-
blics « non indispensables » le 15 mars et
la mise en place du premier confinement
le surlendemain, 55,25 % des Français ne
se sont pas rendus aux urnes au premier
tour, et lors du second, décalé au 28 juin,
l’abstention a atteint 58,6 %. « Quand un
rite est interrompu, la magie s’en va »,
explique à cet égard le politologue Jérô-
me Sainte-Marie, pour qui cette absten-
tion inédite acte une « rupture symboli-
que importante ».
Le risque d’attraper le Covid est en ef-
fet la raison pour laquelle 43 % des abs-
tentionnistes ne se sont pas rendus aux
bureaux de vote en 2020, selon un sonda-
ge Ipsos pour France Télévisions.
Une désaffection des urnes d’abord
liée au contexte épidémique, mais qui se
renouvelle également un an plus tard,
lors des élections départementales et ré-
gionales. Ces dernières sont d’ailleurs un
record en termes d’abstention : 65,31 %
des Français ont boudé les urnes au se-
cond tour, soit plus de 20 points supplé-
mentaires que lors du second tour du
même scrutin en 2015. Pour Jérôme
Sainte-Marie, cette abstention très forte
a permis de « resserrer l’électorat sur les
catégories les plus incluses », et égale-
ment de « renforcer les personnes les
mieux installées ».
Un bureau de vote à Tourcoing,
lors du premier tour des élections
régionales et départementales,
en juin 2021. PasCaL BoNNiere/
PHoToPQr/VoiX dU Nord/maXPPP
« Lors des dernières municipales (aux-
quelles seuls 25,4 % des électeurs ont
participé), on recevait chaque jour les can-
didats après leur avoir soumis une série de
questions », explique son président, Sté-
phane Nunes. « C’était ouvert au public et
on ne peut pas dire que ça ait mobilisé les
foules. » Un phénomène dont sont
conscients les élus locaux, soutient
Christophe Desbonnet, adjoint au maire.
PasCaL rossigNoL/reUTers
« On a du mal à l’expliquer. Nous avions
prévu de publier un article dans le journal
de la ville sur le vote… » Mais « c’est un su-
jet épineux qui n’a pas été évoqué dernière-
ment dans le conseil municipal », nuance
l’un de ses membres. Christophe Des-
bonnet se veut pourtant rassurant : « Pas
mal de personnes sont venues s’inscrire…
C’est plutôt bon signe. » ■
*Ce prénom a été modifié
Choisissez
en conscience
et convainquez
autour de vous
en conscience. (…)
C’est votre boulot
En effet, l’abstention aux régionales, pendant
plus marquée au sein de l’électorat popu-
laire, a porté nettement préjudice à un
parti pourtant donné en dynamique : le
trois jours
JEan-luc MélEnchon
»
Rassemblement national. Trois régions mardi soir, à LiLLe
étaient même susceptibles de tomber
dans l’escarcelle du parti à la flamme, se-
lon les sondages. Une éventualité totale-
ment démentie par les urnes. « Les son-
dages n’ont pas réussi à prendre en compte
l’abstention » survenue lors de ce scrutin,
explique Jérôme Sainte-Marie, pour qui
la sociologie de l’électorat RN rend le
parti « particulièrement vulnérable » à
l’abstention.
Abandon des urnes
séBasTieN soriaNo/Le Figaro
Le lendemain du second tour de ce scru-
tin régional et de l’échec du RN à obtenir
la moindre région, Marine Le Pen a elle-
même réagi à ce phénomène, en estimant
qu’il était temps de « réoxygéner la démo-
cratie française, au risque qu’elle devienne
une démocratie sans électeurs ». Dénon-
çant désormais un abandon des urnes qui
deviendrait «endémique » dans le pays,
Marine Le Pen souhaite que les Français
« conjurent l’abstention » en 2022, affir-
mant que si les électeurs se rendent aux Je ne veux
urnes, sa victoire serait assurée. ni l’arrogance
L’élection présidentielle, la reine des
élections, est d’ordinaire un scrutin qui ni le défaitisme
mobilise plus les Français que les élec-
tions intermédiaires. À noter toutefois
mais la
une exception en 2002, où l’abstention mobilisation
record (28,4 %) et la présence de seize
candidats ont mené à l’éviction surprise
de Lionel Jospin, et à la qualification de
générale
EMManuEl Macron
»
Jean-Marie Le Pen face à Jacques Chirac. Lors de soN meeTiNg
Malgré un regain de participation en à NaNTerre, Le 2 aVriL
2007, les deux élections suivantes ont
toutefois vu l’abstention à nouveau pro-
gresser, et un record est même attendu
cette année. La « rupture symbolique »
enclenchée en 2020 pourrait donc se
confirmer. ■

Politique
Les Républicains
cherchent
déjà à éviter
l’implosion
Le parti LR veut jouer l’apaisement
jusqu’au bureau politique de lundi.
emmanuel GalieRo egaliero@lefigaro.fr
Belleville-en-Beaujolais
Présidentielle La campagne de Valé-
rie Pécresse se poursuit mais pendant
qu’elle enchaîne les séquences de terrain,
comme jeudi en compagnie de Laurent
Wauquiez à Lyon, la température monte
chez Les Républicains et leurs alliés.
Beaucoup se retiennent d’interroger la
candidate de la droite sur ce qu’elle a pré-
vu de dire dimanche soir à la tombée des
résultats du premier tour de la présiden-
tielle. Quel message compte-t-elle
adresser aux Français ? « Difficile de lui
poser cette question alors qu’elle n’a pas
terminé sa course. Tout devrait s’éclaircir
samedi », explique un cadre du parti LR,
qui préfère ménager la candidate.
Jeudi matin, sur CNews, Valérie Pé-
cresse a répété qu’il ne fallait pas se fier
aux sondages, alors que l’Ifop du jour la
situait à 9 %, à égalité avec Éric Zem-
mour, en 4e position des intentions de
vote. Quelques heures plus tard, lors
d’une visite industrielle à Belleville-en-
Beaujolais, elle a promis de se battre
« jusqu’au dernier jour », en ajoutant :
« Ne vous laissez pas voler l’élection. Ma-
cron n’est pas de droite ! »
Sans attendre de connaître le choix de
Les dissensions au PS
étalées au grand jour
Un dîner secret organisé au Sénat par Anne Hidalgo,
sans Olivier Faure, met le feu aux poudres.
Sophie de Ravinel £@S2RVNL
Gauche À la fin d’une campagne « par
très très gros temps », comme elle l’a re-
connu jeudi lors de son dernier déplace-
ment de campagne à Rouen, la candidate
du PS, Anne Hidalgo, a-t-elle eu raison
d’organiser, mercredi, un dîner secret au
Sénat en petit comité de responsables so-
cialistes, sans convier le premier secré-
taire, Olivier Faure ? Le doute est autori-
sé. Le soir même, par le biais d’une
indiscrétion au journal Le Monde, la va-
gue est montée, étalant publiquement les
vives dissensions au sein du PS, à trois
jours d’un premier tour qui s’annonce
déjà cataclysmique.
Ils étaient moins d’une dizaine autour
de la table à la questure du Sénat. À l’in-
vitation d’Anne Hidalgo donc, avec le sé-
nateur Patrick Kanner en organisateur,
Martine Aubry, François Hollande, la
présidente de la région Occitanie, Carole
Delga, ou encore la maire de Nantes, Jo-
hanna Rolland, se sont retrouvés afin de
discuter des grandes lignes à lancer au PS
et dans un mouvement large pour
l’après-présidentielle, aux législatives en
particulier. Ont-ils évoqué entre eux une
possible mise à l’écart du premier secré-
taire, à la façon de 2017, lorsque Jean-
Christophe Cambadélis, alors patron du
PS, avait été remplacé après les légis-
latives par une direction collégiale ?
Mystère.
Critique cinglante
Bernard Cazeneuve était invité mais il a
prudemment décliné. Selon les informa-
tions du Figaro, l’ancien premier minis-
tre ne tenait pas à participer à cette
« tambouille » politique, selon le mot d’un
parlementaire socialiste proche de lui.
Présidente du groupe PS à l’Assemblée,
Valérie Rabault, s’est elle aussi félicitée de
cette absence. « Merci à Bernard Caze-
neuve dont la sagesse et la retenue sont
précieuses », a-t-elle réagi sur Twitter.
C’est sans doute d’Olivier Faure que la
le figaro vendredi 8 avril 2022
5
la candidate en cas d’échec dimanche, Les
Républicains veulent anticiper le message Sans attendre de connaître le choix de la candidate en cas d’échec dimanche, Les Républicains (ici, le 3 avril à Paris, avant le meeting
politique. On sait que Gérard Larcher ne de Valérie Pécresse) veulent anticiper le message politique. LUDOVIC MARIN/AFP
parlera pas avant lundi, jour du conseil
stratégique, immédiatement suivi d’un puisse créer un schisme et en demandant de là dès dimanche ? Les électeurs sont fu- racontée chaque fois, le même piège très
bureau politique. Éric Ciotti a été invité que les expressions de chacun restent les rieux. » Beaucoup à droite savent qu’une ancien », a-t-il souligné avant de dénon-
sur TF1 et Laurent Wauquiez, quant à lui, plus personnelles possible », explique un pression très forte s’exercera dès diman- cer le « petit théâtre de l’antifascisme »,
devrait miser sur l’apaisement. Il a parlementaire, assurant que cette appro- che soir sur Valérie Pécresse, quand tous décrypté par Lionel Jospin quinze ans plus
échangé avec le président des Républi- che est « très largement partagée » au sein les macronistes appelleront à faire barra- tôt. Bellamy a ajouté : « Si Marine Le Pen
cains, Christian Jacob, lundi dernier. du groupe LR à l’Assemblée. Si certains à ge à Marine Le Pen. « Ils seront prêts à est au second tour, Emmanuel Macron sera
droite attendent « la clarté absolue » à bondir sur le moindre silence qui sera aus- réélu, tout le monde le sait. D’ailleurs, la
« Toutes les grenouilles l’égard du RN, d’autres refusent de tom- sitôt interprété au mieux comme une ambi- dernière fois, il a fêté sa victoire au soir du
dans la brouette » ber « pieds joints » dans le « piège tendu guïté, au pire comme une complicité », premier tour. » En attendant, si la candi-
« On voit mal comment les lignes ne vont par Macron ». « Quarante ans après Mit- prévient un élu. date de la droite devait échapper à la qua-
pas diverger », grince un cadre LR. Selon terrand, ce piège horrible est encore utilisé Mardi soir, à Versailles, lors d’une réu- lification, un mot d’ordre circule déjà en
lui, le score de Pécresse et l’hypothèse mais les Français ne s’y laisseront pas nion publique organisée en soutien à Va- coulisses. Selon un député, cet élément de
d’un duel final entre Macron et Le Pen prendre », juge une élue en colère, en lérie Pécresse, François-Xavier Bellamy a langage aurait « l’avantage de n’exclure
auront un impact sur les positions de protestant contre le président sortant. « Il expliqué qu’il ne croyait absolument pas personne » tout en offrant à chacun la li-
chacun. Le clivage attendu n’est pas un a tout fait pour se retrouver face aux ex- aux spéculations sur la possible victoire de berté de le pratiquer à sa guise : « Aucune
mystère, entre ceux qui seront pressés trêmes et il va nous demander de le sortir Marine Le Pen. « La même histoire nous est voix aux extrêmes. » ■
d’appeler à voter Macron contre le RN et
ceux qui préféreront s’abstenir. Pour-
tant, on veut croire chez LR que ces lignes
pourront résister à la tempête présiden-
tielle et qu’il sera possible de « conserver
toutes les grenouilles dans la brouette »,
selon une formule attribuée au président
Jacob. Comment ? « Il suffirait d’admettre
de manière sereine que deux sensibilités Devenons l’énergie qui change tout.
s’expriment après ce premier tour et que
Les Républicains tolérants sont capables de
les faire coexister, sans considérer que cela
TIENS,
UNE
STATION-
critique la plus cinglante est venue. Le
député de Seine-et-Marne, en froid no-
toire avec la candidate, a publié une pho-
to de son propre dîner entouré de mili-
!
tants engagés comme lui dans la
campagne d’Anne Hidalgo. « Dîner public
Avec 6 000 nouvelles bornes de recharge par mois en Europe*,
avec ceux qui se démènent jusqu’au bout le groupe EDF contribue au développement de la mobilité électrique
dans le Finistère après une réunion publi-
que à Morlaix. » À l’entendre, les autres,
dans les territoires. Et ça, c’est mieux pour le climat.
ceux qui ont abandonné et sont déjà dans
les magouilles de l’après, sont au Sénat. À
en croire les proches d’Olivier Faure, les
boucles WhatsApp des militants ont cré-
pité jeudi au rythme de leur colère. « Je
balance mes derniers tracts dans le conte-
neur », se serait emporté l’un d’eux. Un
autre : « Je rêverais que nous passions nos
dernières soirées de la campagne prési-
dentielle à faire du porte-à-porte plutôt
qu’à comploter. » Un cadre socialiste s’est
interrogé sur le sens de la présence de Ca-
role Delga, plutôt positionnée jusque-là à
équidistance du clan Hidalgo et du clan
Faure, celui de Hollande étant mis à part.
« Mon rôle, c’est de rassembler, de
prendre le pouls, d’écouter les conseils », a
expliqué Anne Hidalgo jeudi pour tenter
de désamorcer cette affaire. « Il s’agit de
permettre d’avoir dans notre pays une op-
position républicaine de gauche, qui soit
forte à l’Assemblée nationale. Il va falloir
qu’on soit tous ensemble, il n’y a pas de
place pour les aventures individuelles », a-
t-elle assuré. Une rencontre entre Faure
et Hidalgo est prévue vendredi. Objectif ?
Tenter a minima d’avoir une expression
RCS PARIS 552 081 317
unie au soir du premier tour. Rien n’est
moins certain. Une réunion du comité de
campagne d’Anne Hidalgo est prévue en
fin d’après-midi, dimanche. Elle sera
suivie d’un bureau national du PS et chez
Faure, on espère que la candidate y parti-
cipera. L’un et l’autre pourraient-ils,
dans leurs réactions respectives, indiquer
des directions différentes pour la suite ?
L’énergie est notre avenir, économisons-la !
Selon nos informations, François Hollan-
de de son côté, pourrait attendre 24 heu- *Moyenne en 2021 sur le périmètre France, Angleterre, Belgique et Italie – source EDF. En savoir plus sur edf.fr/mobilite-electrique
res, voire plus, pour s’exprimer, histoire
A
de ne pas noyer sa voix d’ancien prési-
dent dans le maelstrom de la soirée… ■
 vendredi 8 avril 2022 le figaro

6 Société
Colonna : les enjeux d’une action contre l’État
« Le Figaro » s’est procuré la plainte déposée par sa famille, qui accuse l’administration d’être responsable de son décès.
antoine Giannini
Bastia
Justice Les membres de la famille
d’Yvan Colonna - ses enfants, sa
femme, ses parents, son frère et sa
sœur -, agressé mortellement au
sein de la maison d’arrêt d’Arles, le
2 mars dernier, « considèrent que
l’Administration pénitentiaire est ju-
ridiquement responsable de son dé-
cès », explique leur avocat Me Pa-
trice Spinosi. C’est pourquoi ils ont
saisi le tribunal administratif de
Marseille d’une action en responsa-
bilité contre l’État.
Ils se fondent sur plusieurs
points : « Les différents éléments
d’enquête rapportés par la presse et
les auditions parlementaires n’ont
fait qu’entretenir le soupçon selon le-
quel l’agression dont a été victime
Yvan Colonna est en lien direct avec
une série de dysfonctionnements ad-
ministratifs. Un tribunal indépendant
et impartial a désormais la charge de
juger des liens entre l’inaction de
l’État et la mort d’Yvan Colonna.
L’article 44 de la loi du 24 novembre
2009 prévoit que “l’Administration
pénitentiaire doit assurer à chaque
personne détenue une protection ef-
fective de son intégrité physique en
tous lieux collectifs et individuels”. »
280 caméras de surveillance
Dans la requête déposée par Me Spi-
nosi, que Le Figaro a pu consulter, la
famille Colonna fait référence à plu-
sieurs failles : « Yvan Colonna a été
laissé seul, sans surveillance, près
d’une dizaine de minutes avec son
agresseur, sans qu’aucun surveillant
n’intervienne malgré des appels à
l’aide répétés » ; il y avait une « in-
suffisance du nombre de surveillants
pour contrôler les activités des déte-
nus » et une « inefficacité » de la vi-
déosurveillance, dont « aucune ca-
méra ne diffusait en direct les images
de l’agression ». L’avocat fait réfé-
rence au rapport d’enquête du par-
quet antiterroriste, dont Le Figaro a
fait état (nos éditions du 30 mars).
Dans un rapport du 3 mars, au
lendemain de l’agression meurtriè-
re du nationaliste, la direction de
l’Administration pénitentiaire indi-
que que le poste de centralisation de
l’information (PCI) est tenu par
deux fonctionnaires, pendant les
violences. « Ni l’un ni l’autre n’a vu
l’agression en cours sur les caméras.
Il convient donc de se demander
pourquoi », souligne ce document
qui précise que la prison compte 280
caméras. Au moment des faits, les
surveillants voient défiler des ima-
ges des portes, des escaliers et des
palières du bâtiment où a lieu
l’agression mais pas de la salle de
cardio où se joue le drame : « Sur un
écran de vidéo à la demande sont pa-
ramétrés différents scénarios re-
Drapeau français brûlé, bâtiments publics attaqués
aux cocktails Molotov… les violences continuent en Corse
La violence n’en finit plus en Corse.
Mercredi soir, en marge
d’un rassemblement à l’appel
des mouvements indépendantistes
à Bastia, une cinquantaine
d’assaillants encagoulés ont lancé
plusieurs engins incendiaires contre
la préfecture, la Banque de France et
le commissariat. Un drapeau français
a été brûlé devant l’hôtel de police
par les manifestants, porteurs
de brassard orange ou vert,
abondamment équipés de cocktails
Molotov. Un jeune homme de 18 ans
groupant des zones de la détention
qui défilent sur un écran à 9 tuiles. Au
moment de l’incident, le gradé sur-
veillait un scénario qui comprend les
images des coursives, escaliers et pa-
lières du bâtiment A. Ledit scénario
ne comprend donc pas les images de
la salle dans laquelle s’est déroulée
l’agression », relate le directeur de
la prison.
a été gravement blessé à la jambe,
selon le service d’incendie
et de secours (SIS) de Haute-Corse.
Dans la nuit de mercredi à jeudi,
un incendie criminel a visé une
résidence secondaire de Canale-
di-Verde (Haute-Corse), déjà ciblée
par deux attentats. Un tag « Per
Yvan », en référence à Yvan Colonna,
a été découvert sur place. Par ailleurs,
une enquête pour violence avec arme
sur personne dépositaire de l’autorité
publique a été ouverte par le
procureur de la République d’Ajaccio,
Mi-mars, Laurent Ridel, qui cha-
peaute l’ensemble des établisse-
ments pénitentiaires de France, se
montre plus précis lors de son audi-
tion par la commission des lois de
l’Assemblée nationale, dans le cadre
de ce dossier. « Il est matériellement
très compliqué de faire son travail de
régulation, d’accès, et de visionner de
façon parfaite toutes les caméras.
Nicolas Septe, après les violences
nationalistes de dimanche à Ajaccio.
Il précise que « deux ogives » ont été
retrouvées dans le centre-ville,
laissant penser qu’une « arme de
poing » a été utilisée. L’enquête
« aura pour objectif, outre d’identifier
les auteurs de ces tirs, de déterminer
le calibre des armes utilisées et
les circonstances dans lesquelles
celles-ci ont été utilisées ». Autant
de signes d’une tension croissante,
à 48 heures du premier tour
de l’élection présidentielle. a. G.
Alors un scénario est choisi, chaque
matin. Et ce matin-là, le scénario
n’était pas celui de la surveillance des
salles d’activité, mais celui de la sur-
veillance de la mise en place de cours
de promenade, qui implique des mou-
vements en intérieur. C’est à l’occa-
sion de ces mouvements qu’il y a habi-
tuellement des risques d’agression sur
les autres détenus et le personnel… »
Un autre détail souligné par le
rapport interpelle. Le matin des faits,
une intervention informatique a
« nécessité de débrancher quelques
minutes l’ensemble des écrans » . Une
autre problématique est abordée par
l’enquête. Les deux détenus pou-
vaient-ils rester pendant quinze mi-
nutes dans une salle sans la présence
des fonctionnaires ? « La zone activi-
té, située au rez-de-chaussée des bâ-
timents n’est pas une zone dans la-
quelle les personnes détenues sont
sous surveillance constante de l’admi-
nistration. Le temps écoulé entre deux
passages du surveillant - quinze mi-
nutes - ne semble donc pas excessif »,
conclut le rapport.
Des signaux de dangerosité
La dernière problématique met en
exergue l’absence de réponse de
l’administration, malgré les signaux
Les obsèques de dangerosité rouge vif de Franck
d’Yvan Colonna, Elong Abé. Dix « commissions pluri-
le 25 mars à Cargèse disciplinaires uniques » se sont tenues
(Corse-du-Sud). entre le 17 octobre 2019, date de l’ar-
PASCAL POCHARD-
rivée du Camerounais à la maison
CASABIANCA/AFP
centrale d’Arles, et le 24 janvier
2022. Toutes ces commissions ont
systématiquement tiré le signal
d’alarme sur l’enracinement radical
du détenu Elong Abé, sur sa « dissi-
mulation », sur son « aura sur les
autres détenus », sur son « idée de
mourir en héros », et sur la nécessité
de l’évaluer en quartier d’évaluation
de la radicalisation (QER). Cette re-
commandation de plus en plus pres-
sante et systématique clôture la der-
nière synthèse. Elle est écrite en gras
et rappelle que le détenu n’a « Jamais
été étudié en QER. À préconiser ++».
Selon Me Spinosi, le tribunal ad-
ministratif de Marseille devrait se
prononcer « d’ici à la fin de l’année ».
Dans sa requête, il réclame
200 000 euros de dommages et inté-
rêts pour les ayants droit d’Yvan Co-
lonna et 100 000 euros pour chaque
membre de sa famille. Jeudi, le mi-
nistre de l’Intérieur, Gérald Darma-
nin, a commenté : « La plainte de la
famille ne me choque pas. Il faut qu’on
dise toute la vérité. » ■

Samuel Paty : des failles mais pas de responsables ?

L’État, attaqué en justice par la famille, estime qu’il n’y a pas eu de dysfonctionnements, tandis que la plainte en recense beaucoup.
Caroline Beyer £@BeyerCaroline
Justice Des avocats au monde
politique, personne ne remet en
question la plainte déposée par les
parents, les deux sœurs, les ne-
veux et nièces de Samuel Paty,
professeur décapité, le 16 octobre
2020, par un terroriste islamiste.
« Je les comprends », a martelé ce
jeudi sur BFM le ministre de l’Inté-
rieur, Gérald Darmanin, au lende-
main du dépôt de plainte de la fa-
mille, auprès du procureur de la
République. Le motif : « non-em-
pêchement de crime et non-assis-
tance à personne en péril ».
« Je comprends la volonté de
connaître toute la vérité », a affir-
mé le ministre, ajoutant que l’État
n’avait « rien à cacher ». « Nous
avons appris de cet assassinat hor-
rible », a-t-il dit. Alors que la
plainte vise les services des minis-
tères de l’Intérieur et de l’Éduca-
tion nationale, et pointe des dys-
fonctionnements, Gérald
Darmanin « ne croi(t) pas » qu’il y
ait eu des failles, a-t-il ajouté.
« Nous n’avions pas les moyens de
connaître le passage à l’acte de ce
terroriste, qui ne donnait aucun si-
gne d’en vouloir à Samuel Paty »,
a-t-il justifié, évoquant le « djiha-
disme d’atmosphère » - l’autoradi-
A
L’entrée du collège
du Bois d’Aulne
à Conflans-Sainte-
Honorine, où enseignait
Samuel Paty,
quelques jours
après son assassinat.
SéBAStIeN SORIANO/Le FIgARO
cible. Ceux qui ont tué Samuel Paty,
ce sont les islamistes radicaux », a-
t-il ajouté. C’est sur cette ligne que
se situe Me Francis Szpiner, qui re-
présente le fils de Samuel Paty et sa
mère, l’ex-compagne du profes-
seur. « Elle considère que seule
l’idéologie salafiste est responsable
de la mort de Samuel Paty et que
l’État l’a toujours soutenue », a-t-il
souligné mercredi sur Twitter.
« Les familles des victimes ont
dans ce domaine. Malheureuse-
ment, en matière de terrorisme, on
apprend à chaque crime. Avec Sa-
muel Paty, il y a aujourd’hui un pré-
cédent. Il y a visiblement eu des dys-
fonctionnements, mais peut-on
parler de non-assistance à personne
en danger ? Le fait d’être stupide ou
mauvais fait-il de vous un délin-
quant ? ». La plainte déposée susci-
te plusieurs questions. Permettra-
t-elle de dire si l’attentat aurait pu
sente les plaignants ? Fera-t-elle
toute la lumière sur les dysfonc-
tionnements des services de
l’État ? En décembre 2020, un rap-
port de l’inspection générale de
l’Éducation nationale pointait déjà,
en creux, la minimisation de l’af-
faire impliquant ce professeur, qui
a fait étudier à ses élèves de 4e des
caricatures du Prophète, et un pa-
rent criant au blasphème et à la dis-
crimination d’élèves musulmans. À
la fois une minimisation opérée par
les agents du renseignement terri-
torial mais également la volonté,
du côté de l’académie de Versailles,
de calmer le jeu.
« Avoir des réponses »
Les agents des deux ministères,
qui ont traité la situation de Sa-
muel Paty, sont-ils pénalement
responsables ? C’est le sens de cet-
te plainte de 80 pages, que Le Fi-
garo a consultée. Elle souligne que
les agents du service départemen-
tal du renseignement territorial
des Yvelines avaient connaissan-
ce, le 12 octobre 2020, de « l’inter-
vention de trois personnes en lien
avec l’islamisme radical » et qu’ils
auraient dû, « décider a minima de
l’éloignement géographique de Sa-
muel Paty et demander son place-
ment sous protection policière ».
Côté Éducation nationale, la plain-
signalement fait par la principale
du collège, le 8 octobre, désigne
Samuel Paty comme « l’unique
responsable de la situation » ten-
due au collège du Bois d’Aulne,
après son cours, estime la plainte.
Ce signalement, dont le directeur
académique et le référent laïcité
sont « les véritables auteurs », re-
tient la discrimination dont
auraient été victimes les élèves
musulmans (au cours de sa séance,
le professeur a proposé aux élèves
susceptibles d’être choqués de
sortir). En outre, il passe sous si-
lence la contestation de l’ensei-
gnement pour des motifs religieux
par un parent d’élève, et la mise en
danger de Samuel Paty.
«L’objectif est aujourd’hui
d’avoir des réponses », résume
Me Le Roy, qui explique avoir
constitué, depuis un an et demi, un
dossier « très dense ». « Mais poin-
ter des manquements des services de
l’État peut aussi fournir des excuses
aux accusés », estime un avocat.
Dans l’enquête antiterroriste sur
l’assassinat du professeur, au
moins quinze personnes sont mises
en examen. Les investigations
pourraient être clôturées d’ici à la
fin 2022. Après cela, une commis-
sion d’enquête parlementaire
pourrait se saisir du sujet - comme
ce fut le cas pour le Bataclan et l’af-

calisation et le passage à l’acte ra- tous les droits, résume un avocat être évité, comme l’affirme Me Vir- te vise clairement le directeur aca- faire Merah - pour précisément se
pides. « Il ne faut pas se tromper de pour justifier les actions en justice ginie Le Roy, l’avocate qui repré- démique et le référent laïcité. Le pencher sur l’action de l’État. ■
 le figaro vendredi 8 avril 2022

Société 7

Un séminaire zoom
parcoursup : la date de

de « genre et
confirmation des vœux
repoussée de 24 heures
en raison de bugs
Sans doute en raison d’une

inclusions » à
trop forte affluence, des
bugs ont rendu inaccessible
le site d’inscription dans le
supérieur pour les étudiants
qui avaient normalement

l’IEP de Lyon
« Usage du terme patriarcat »,
« genre et économie » : des étudiants
contestent le caractère obligatoire
de ces cours.
Paul-henri Wallet £@phwallet
EnsEignEmEnt supériEur Du 2
au 6 mai, la théorie du genre, selon
laquelle l’identité sexuelle doit être
décorrélée de tout fondement bio-
logique, va faire l’objet, à Sciences
Po Lyon, d’un séminaire destiné
aux élèves de deuxième année. In-
titulé « genre et inclusions socia-
les », il est obligatoire. Au pro-
gramme : des cours de « genre et
économie », « usage du terme pa-
triarcat » ou encore « masculinité
dans le contexte américain ».
« Tout est parti du fait que des
étudiants de Sciences Po ont de-
mandé à être sensibilisés aux
grands enjeux écologiques et fémi-
nistes », explique Antoine, en
deuxième année. Accédant à cette
demande, l’IEP a ajouté ce sémi-
naire au programme, le rendant
obligatoire. Ce qui agace certains
étudiants. Ils ont accepté de té-
moigner, sous pseudonyme de
peur d’être stigmatisés.
Ces étudiants sceptiques au su-
jet des thèses abordées sont en
effet très minoritaires au sein de
l’école. « On nous enseigne la
théorie du genre comme une vérité
absolue alors que ces sujets ne font
absolument pas l’unanimité dans
la recherche scientifique », déplo-
re Claire, étudiante en deuxième
année.
L’incompréhension est d’autant
plus grande que ces thématiques
sont déjà proposées parmi les
cours à choisir en plus du tronc
commun. « En début d’année, ceux
qui le souhaitent peuvent choisir des
cours sur les minorités et sur l’éga-
lité professionnelle entre les hom-
mes et les femmes », affirme José-
phine, avant d’ajouter : « Il n’y
avait vraiment aucune raison de
l’imposer à toute la promotion ».
Antoine n’en revient pas que « les
cours soient évalués par un coeffi-
cient 2, autant qu’une matière com-
me le droit administratif ».
Des démêlés avec
leurs futurs coéquipiers
Lors de ce séminaire, plus de la
moitié de la semaine sera consa-
crée à des travaux de groupe et,
une fois n’est pas coutume, les
étudiants n’auront pas le droit de
choisir leurs camarades. Pour Jo-
séphine, l’objectif est clair : « Ils
veulent éviter que des groupes se
constituent par amitié politique »,
indique la jeune fille. « La majorité
des étudiants adhère aux théories
qu’on nous enseigne. Les récalci-
trants seront donc forcément mino-
ritaires et leur parole n’aura aucun
poids », regrette-t-elle. Certains
étudiants ont déjà eu des démêlés
avec leurs futurs coéquipiers. C’est
le cas de Jules, exclu de son groupe
avant même le début de la semai-
ne. Le jeune homme, qui se place
pourtant à gauche sur l’échiquier
politique, déplore le sectarisme de
ses camarades. « Je leur ai dit que je
voulais bien travailler sur le genre,
mais que je ne défendrai pas des
idées qui ne sont pas les miennes »,
jusqu’au 7 avril à minuit
pour la validation de leurs
vœux, la saisie des projets
motivés et celle des fiches
« avenir ». Ils n’ont donc
pas pu finaliser leur dossier.
Dans ces conditions,
la plateforme a laissé
un délai supplémentaire
de 24 heures, soit une date
limite fixée au 8 avril
à 23 h 59.
en bref
seine-saint-Denis :
un éboueur déclaré mort
revient à la vie
Ses collègues et les secours
le pensaient mort : un éboueur,
victime d’un malaise
cardiaque en mars lors de sa
tournée à Neuilly-sur-Marne
(Seine-Saint-Denis), est
revenu à la vie après avoir été
officiellement déclaré mort.
raconte le jeune homme avant À l’Institut d’études Une demi-heure après, « au
d’ajouter : « Ils m’ont tout suite de- politiques de Lyon, moment de la levée du corps,
mandé de changer de groupe ». l’incompréhension l’équipe des secours s’est rendu
Des problèmes logistiques ajou- est d’autant plus grande compte qu’il était encore en
tent à l’irritation des étudiants. À chez certains étudiants vie », a indiqué son employeur.
que les thématiques
deux semaines des partiels, les
abordées lors théo Luhaka et
deuxième année de Saint-Étienne du séminaire sont
devront se rendre tous les jours à ses frères condamnés
déjà proposées parmi pour escroquerie
Lyon. « Tous les Stéphanois vont les cours à choisir
être obligés de faire trois heures de en plus du tronc aux contrats aidés
transport pour assister aux commun. Le tribunal de Bobigny
cours », soupire Claire. « Norma- ScienceS Po Lyon a condamné jeudi pour
lement, c’est à l’intervenant, et non escroquerie trois frères dont
à l’ensemble des étudiants, de se Théo Luhaka, blessé lors
déplacer d’un campus à l’autre », d’une violente arrestation
ajoute la jeune femme. Contactée en 2017 en Seine-Saint-
par le Figaro, la direction de l’IEP Denis, pour avoir détourné
a fait savoir qu’elle n’était pas des subventions de contrats
disponible jeudi. ■ aidés fictifs.

Le siphonnage de l’or
noir sévit dans l’Ouest NOUVEAU VOLVO XC40 RECHARGE | 100% ÉLECTRIQUE
Les routiers sont les premiers à subir ces vols
d’essence, mais des particuliers ont aussi été visés.
thibault dumas £@ThibDumas
côté la gendarmerie nationale dans le
À PARTIR DE 515 € /MOIS (1)

nantes
sécurité Un vol de plus. Mi-mars un
des 50 camions des transports Rault
stationne en région parisienne. Alors
que le chauffeur dort pendant la nuit, le
bouchon de réservoir est cassé et
1 000 litres de gazole sont siphonnés ; un
préjudice d’environ 2 000 euros. « On a
porté plainte : on commence à avoir un
peu peur pour les chauffeurs. On leur dit
de ne surtout pas descendre du camion et
de klaxonner fort. Ces voleurs-là sont
prêts à tout vu les prix de l’essence », dé-
plore Claude Rault, 63 ans, à la tête de
cette PME familiale de Pontivy (Morbi-
han) depuis les années 1990. « Je n’ai ja-
mais connu une telle tension. C’est désa-
gréable pour nos salariés, comme pour
nos clients », ajoute-t-il. En trois mois,
en 2022, le montant des vols atteint en-
viron 8 000 euros ; un préjudice équiva-
lent à celui subi habituellement sur une
année entière.
Autre phénomène émergeant, la du-
plication frauduleuse des cartes de
paiement professionnelles (E.Leclerc,
AS24, DKV, etc.) « Des vols de carbu-
rant il y en a toujours eu, mais là ça de-
vient de plus en plus régulier, s’alarme
Magguy Hénaff, déléguée générale du
syndicat Otre (Organisation des trans-
porteurs routiers européens) Bretagne,
quand vous connaissez le volume des ré-
servoirs de poids lourds, ce sont des cof-
fres-forts roulant aujourd’hui. » Désor-
mais, la consigne est transmise aux
conducteurs de ne remplir que 20 à
30 % de leur réservoir tous les matins,
pour se garer à vide le soir.
« Stationnez votre véhicule dans des
lieux éclairés et non isolés et de façon à
rendre votre réservoir le moins vulnéra-
Morbihan où la Loire-Atlantique voisi- Sans apport après déduction bonus écologique de 5 000 €*.
ne, sans disposer de chiffres précis pour
l’heure. Localement, des gendarmeries
évoquent deux à trois vols par semaine.
En zone police, on ne relève « pas de
phénomène qui se répète sur nos trois
circonscriptions (Nantes, Saint-Nazaire
et La Baule), même depuis la hausse des
prix », précise au Figaro la direction
centrale de la sécurité publique de Loi-
re-Atlantique (DDSP). Pourtant, fin
mars, des vols quotidiens ont été signa-
lés autour du centre commercial d’At-
lantis, à l’ouest de la métropole nantai-
se. Deux adolescents ont aussi été
interpellés le 22 mars en flagrant délit
avec une vingtaine de bidons de 20 li-
tres sur le parking d’un hypermarché
de Rezé, plus au sud. « On ne reste plus
dormir à Nantes, peut-être que c’est de-
venu plus risqué que Paris ou Lyon » té-
moigne, anonymement, un routier, qui
explique que ses collègues comme lui
« ne déposent pas plainte pour des petites 3 ANS D’ENTRETIEN ET GARANTIE INCLUS (2)
quantités. C’est trop de temps perdu ». (1) Exemple de Location Longue Durée pour un VOLVO XC40 Recharge START neuf (hors option ou accessoire)
pour 30 000 km, *sans apport après déduction du Bonus écologique de 5 000 € (imputé sur 1er loyer), puis 35
Camions isolés visés loyers de 515 €. Offre réservée aux particuliers dans le réseau participant, valable jusqu’au 31/08/2022, sous
réserve d’acceptation par Arval Service Lease, 352 256 424 RCS Paris. N° ORIAS : 07 022 411 (www.orias.fr).
Dans le vignoble nantais, des maires de (2) Garantie constructeur 3 ans sans limite de kilométrage et entretien 3 ans/100 000 km inclus*.
*Conditions sur volvocars.fr. **Modèle présenté : VOLVO XC40 Recharge START neuf avec options, LLD sans apport
petites communes alertent aussi leurs
administrés. Les camions isolés sont
après déduction du Bonus écologique de 1 000 € (imputé sur 1er loyer), puis 35 loyers de
Cycle mixte WLTP : Consommation électrique (kWh/100 km) : 18.7 - 25.
671 € .
particulièrement visés dans cette zone Autonomie électrique : 400 - 422. Données en cours d’homologation. V O LVO C A R S . F R
de transit vers le Sud-Est et le Centre de
la France. Mais pas seulement. « Il y a eu
des vols chez des particuliers au moment
P e n se z à C ovoi t u r e r. # S e D é p l a ce r M o i n s P o l l u e r
des vacances de février, avec un véhicule
fracturé. Plus rien depuis », tempère
Jean-Marc Jounier, édile (divers droite)
de Mouzillon, 2 800 habitants. Dans la ABVV AUTOMOBILES BPM GROUP S.A. BIDAUD ELYSEE AUTOMOBILES
nuit du 7 au 8 mars, deux « siphon- 60 CHANTILLY - 03 44 57 73 74 28 CHARTRES - 02 37 91 25 30 91 ATHIS MONS - 01 69 38 81 81 75 PARIS 11e - 01 43 55 00 78
95 ROISSY - 01 39 87 08 44 45 ORLEANS - 02 38 65 31 31 77 AVON - 01 60 74 57 77
neurs » sont recherchés par les gendar- 95 ST OUEN L’AUMÔNE - 01 34 30 40 40 91 LES ULIS - 01 64 86 21 00 77 CESSON - 01 64 09 61 91
mes. Un seul est interpellé avec dix bi- 92 MONTROUGE - 01 46 57 53 54 77 MONTÉVRAIN (Marne la Vallée) - 01 64 77 33 10
dons de 20 litres de gazole et un tuyau. Il 94 CHENNEVIERES/MARNE - 01 45 93 04 00
a été condamné, en comparution immé-
A

ble possible. Verrouillez ou empêchez diate, à cinq mois de prison par le tribu-
l’accès au réservoir », répète-t-on du nal correctionnel de Nantes. ■
 vendredi 8 avril 2022 le figaro
8 La guerre en ukraine
Des bourreaux de Boutcha identifiés
InformNapal, un collectif ukrainien de veille sur internet, désigne des soldats de la 64e brigade de fusiliers
motorisés, basée dans l’Extrême-Orient russe, comme les coupables des viols et massacres en banlieue de Kiev.
Maurin Picard £@MaurinPicard
New York
IL S’APPELLE Mikhaïl Tkach, et il
n’a pas honte. Ce soldat russe de
20 ans, à la bouille ronde et au vi-
sage poupin, a été identifié parmi
les auteurs des atrocités commises
à Boutcha (quelque 340 morts) et
retrouvé sur le réseau social russe
VKontakte (VK) par le journaliste
ukrainien Andriy Tsaplienko. « Tu
es un criminel de guerre et un bour-
reau, l’apostrophe un internaute.
Sur tes mains, il y a le sang des ci-
vils exécutés à Boutcha. Tu rôtiras
en enfer ! » Mikhaïl Tkach répond
aussitôt sur VK, indiquant au pas-
sage que son unité, à peine retirée
des abords de Kiev, semble prête à
repartir au combat : « Je suis déjà
sur le chemin du retour, et je vais
bientôt vous niquer. Dès que je vous
retrouve, je vous couperai tous la
tête. »
Une telle violence verbale ré-
sonne en écho de celles, bien réel-
les, commises dans le paisible
bourg résidentiel qu’était Bout-
cha, durant 33 jours d’occupation
russe : exécutions gratuites, viols
collectifs, torture, pillage systé-
matique, à la manière de soudards
du Moyen Âge.
La technosphère ukrainienne,
bien aidée par la divulgation, le
3 avril, des coordonnées de
120 000 soldats russes par les
hackeurs du groupe Anonymous,
a permis d’identifier les responsa-
bles probables des crimes de guer-
re de Boutcha.
D’après InformNapalm, un col-
lectif ukrainien de veille en ligne
qui écume la toile et corrèle les in-
formations ouvertes, les premiers
coupables appartiennent à l’unité
51 460, correspondant à la 64 briga-
de de fusiliers motorisés de l’armée
de terre russe, basée à Kniazé-Vol-
konskoïé, un village à la frontière
chinoise, près du fleuve Amour et
de la cité de Khabarovsk. Ses effec-
Macron doit-il continuer
de parler avec Poutine ?
décryptage
isabelle Laserre
£@ilasserre
DEPUIS LE DÉBUT de la guerre,
Emmanuel Macron s’est entretenu
une dizaine de fois au téléphone
avec Vladimir Poutine, à chaque
reprise pendant au moins 1 heu-
re 15. Les entretiens sont tendus,
difficiles, parfois même désespé-
rants. Le président français doit
écouter les interminables monolo-
gues de son homologue russe, sup-
porter ses propos révisionnistes,
affronter ses mensonges, écouter
ses promesses de vengeance en-
vers un Occident qui l’aurait hu-
milié. Face à Vladimir Poutine,
Emmanuel Macron a tout essayé. Il
a fait preuve de patience, il a tenté
de le persuader qu’il se trompait, il
a voulu le dissuader avec des som-
mations. Mais tous ses efforts se
sont heurtés aux murs rouges du
Kremlin et à l’intransigeance de
son maître. En six semaines, le
président français n’a rien obtenu
de Vladimir Poutine, si ce n’est un
minicouloir humanitaire à Ma-
rioupol, pas même accompagné
d’un cessez-le-feu. Le reste ne fut
qu’une suite de mensonges et de
fausses promesses aussitôt trahies.
Alors, depuis le terrible carnage
découvert à Boutcha le week-end
dernier, avec ses centaines de ci-
vils tués, parfois d’une balle dans
la nuque et les mains liées, la ques-
tion se pose ouvertement : Emma-
nuel Macron doit-il encore parler
à Vladimir Poutine ?
A
Si l’on en croit le premier
ministre polonais, Mateusz Mora-
tifs, à en juger par les photos
régimentaires disponibles, sont
composés majoritairement de
Mandchous, un peuple toungouse
de l’Extrême-Orient russe. Son
commandant, le lieutenant-colo-
nel Azatbek Asanbekovich Omur-
bekov, est un officier trapu d’une
quarantaine d’années, photogra-
phié en novembre 2021, après avoir
été béni par le patriarche orthodo-
xe de Khabarovsk.
“
Des enfants gisaient
au-dehors, les mains
liées dans le dos.
Des enfants… Ils ont
ligoté des enfants,
et les ont abattus
comme des chiens
”
evgeNY spiriN, jourNaliste ukraiNieN
D’autres unités, de passage à
Boutcha, ont peut-être perpétré
certains des meurtres, mais elles
ne sont pas aussi précisément ci-
blées que la 64e brigade. Mercredi,
un officiel du Pentagone confiait
prudemment qu’il « serait possible
d’identifier les unités russes res-
ponsables des exactions », une tâ-
che ayant visiblement reçu la
« plus extrême priorité » pour
l’Administration Biden.
Les horreurs commises par les
hommes d’Omurbekov laissent
pantelant. « Des enfants gisaient
au-dehors, les mains liées dans le
dos. Des enfants… Ils ont ligoté des
enfants, et les ont abattus comme
des chiens », témoigne le journa-
liste ukrainien, Evgeny Spirin.
D’autres corps sont piégés. Un
autre a été décapité post-mortem.
Nombre de cadavres se sont dé-
composés durant des semaines,
sans que les assassins, maraudant
et pillant les maisons alentour, se
soucient de l’odeur, de la vermi-
ne, de leur propre hygiène. Pour-
wiecki, la réponse est non. « On
ne négocie pas avec les criminels,
on les combat. Monsieur le prési-
dent, combien de fois avez-vous
négocié avec Vladimir Poutine,
qu’avez-vous obtenu ? Iriez-vous
négocier avec Hitler, Staline,
Pol Pot ? », a-t-il lancé lundi. Em-
manuel Macron a dénoncé des
critiques « infondées » et « scan-
daleuses » du chef de gouverne-
ment polonais, rappelant sa pro-
ximité avec Marine Le Pen. Depuis
le début de la guerre, l’Élysée
considère qu’il faut « garder le
fil du dialogue » avec Vladimir
Poutine, même sans obtenir
de résultats. D’abord pour main-
tenir un lien avec le président
russe, qui pourra servir le jour où
il sera prêt à négocier. Car s’il res-
te au pouvoir et survit à la guerre
en Ukraine, il faudra bien parler
avec lui.
Les conflits se terminent sou-
vent par des compromis passés
avec des dictateurs ou des res-
ponsables de crimes de guerre.
En 1945, le troisième signataire de
la conférence de Yalta, aux côtés
de Franklin Roosevelt et de Wins-
ton Churchill, était Staline, l’un
des pires bourreaux du XXe siècle,
responsable de la mort d’environ
20 millions de personnes. Plus ré-
cemment, on a vu les Américains
négocier avec les talibans en
Afghanistan, et même leur rendre
le pouvoir. Cette paix de déshon-
neur restera sans doute comme un
échec de la politique étrangère
américaine, mais le fait est que
deux présidents successifs à la
Maison-Blanche ont considéré
qu’ils n’avaient pas le choix.
Quant à la France, si elle a vu fon-
quoi du reste l’auraient-ils fait,
alors que les cadavres de plus de
200 compatriotes parachutistes
lors de la bataille pour l’aéroport
de Hostomel, à 5 kilomètres de là,
n’ont eux-mêmes jamais été en-
terrés, ni rapatriés ?
Le lieutenant-colonel Membres d’une armée orphe-
Azatbek Asanbekovich line de sa « grandeur » de l’ère
Omurbekov (en haut), soviétique, connue pour ses vio-
chef de l’unité 51 460, lences internes et sa discipline
et Mikhaïl Tkach relative, ces jeunes soldats ont
(ci-dessus), l’un peut-être été dupés par les pré-
de ses hommes identifiés dictions du Kremlin, selon les-
comme auteurs
de crimes de guerre. quelles la population ukrainienne
captures russia 24
libérée des « néonazis » et des
« ultranationalistes » les accueille-
et slidstvo info
rait avec des fleurs. Au lieu de
cela, ils se sont retrouvés en butte
Au sein de l’Europe, dre son influence en Syrie, c’est
Emmanuel Macron est peut-être en partie parce qu’elle a
l’un des responsables refusé, au début de la guerre
politiques les mieux en 2011, de continuer à parler à
placés pour parler Bachar el-Assad, misant sur l’ef-
à Vladimir Poutine : fondrement du régime et la chute
en cinq ans, il rapide du dictateur. Onze ans
l’a rencontré plusieurs
fois et lui a souvent après, il est toujours au pouvoir et
parlé, comme ici par
visioconférence depuis
l’Élysée, le 26 juin 2020.
c’est avec Moscou et Téhéran qu’il
dialogue.
Au sein de l’Europe, Emmanuel
michel euler/pool afp Macron est l’un des responsables
politiques les mieux placés pour
parler à Vladimir Poutine, car il
connaît relativement bien le pré-
sident russe. En cinq ans, il l’a
rencontré plusieurs fois et lui a
souvent parlé au téléphone.
Leurs relations, jusqu’à la guerre,
ont toujours été assez « cordia-
les » et « franches ». Emmanuel
Macron assure en outre la prési-
dence tournante de l’Union et, à
ce titre, il a des responsabilités
particulières au sein de l’Europe.
à des civils hostiles et ont réagi
brutalement, en tuant, comme
à Boutcha, tous les hommes en
âge de se battre et en violant les
femmes. L’alcool, le désœuvre-
ment, l’absence de supérieurs
moralement impliqués, ont fait
sauter les derniers verrous du
monde civilisé.
À supposer qu’un tribunal in-
ternational se saisisse du cas de
Boutcha, la question de la pré-
méditation se posera pour les
suspects. « Je dirai juste que rien
qu’en observant les images, quand
vous voyez des gens ligotés, avec
une balle dans la tête, cela semble
terriblement planifié, prémédité ,
ajoute l’officiel du Pentagone, sous
Les intérêts de l’Union seraient-
ils aussi bien défendus si c’était,
par exemple, le président turc
Erdogan qui maintenait le lien
avec Vladimir Poutine ? On peut
en douter. Il faut aussi rappeler
“ Volodymyr Zelensky
a toujours voulu
s’appuyer
sur le président
Macron pour parler
à Vladimir Poutine
uNe source à l’ÉlYsÉe
” dialogue stratégique proposé à
que le président ukrainien a lui-
même demandé à Emmanuel Ma-
cron de conserver le fil du dialo-
gue avec Vladimir Poutine. Et
tout se fait en étroite coordina-
tion avec lui, de même qu’avec
les partenaires européens et
couvert de l’anonymat. Pour la
première fois de l’histoire, les
auteurs de crimes de guerre ne
sont plus anonymes. Leurs noms,
comme celui de Mikhaïl Tkach,
s’étalent sur de longues listes ac-
cessibles à tous.
Formellement identifiés, à la
différence de la plupart des bour-
reaux d’Oradour-sur-Glane, de
My Lai au Vietnam, de Vukovar en
Croatie, ou de Srebrenica en
Bosnie, ils seront traqués toute
leur vie, à moins que lors des com-
bats à venir, l’Ukraine ne devien-
ne leur tombeau. ■
+
» Lire aussi
page 18
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais
américains de la France. « Volo-
dymyr Zelensky a toujours voulu
s’appuyer sur le président Macron
pour parler à Vladimir Poutine. Et
à chaque fois le président s’assure
d’abord, avant de téléphoner à
Vladimir Poutine, que les messa-
ges et les besoins de l’Ukraine sont
bien identifiés. Tout se fait en
transparence », affirme une sour-
ce à l’Élysée. Après la dernière
conversation entre Poutine et
Macron, le 5 avril, Volodymyr
Zelensky a une nouvelle fois re-
mercié le président français pour
ses appels au Kremlin. Enfin, si
Emmanuel Macron ne parlait pas
à Vladimir Poutine, nul doute que
presque tous ses opposants le lui
reprocheraient. « Parler à Vladi-
mir Poutine à tout prix » : c’était la
rengaine de plusieurs courants
politiques bien avant la guerre.
Mais le dialogue n’empêche pas
l’examen critique. Et il faudra
bien qu’un jour les responsables
français fassent le bilan de leur
politique russe… À cet égard,
plusieurs des idées fixes d’Em-
manuel Macron ont volé en
éclats : sa certitude que la Russie
est européenne par essence et
qu’elle ne peut que rejoindre le
camp occidental ; sa volonté
d’avoir avec Vladimir Poutine un
« dialogue ferme et exigeant » ; et
surtout sa conviction qu’il faut
revoir « l’architecture de sécurité
européenne » en y associant la
Russie. La politique russe se joue
aussi à l’est du continent. Les
pays d’Europe centrale et orien-
tale n’avaient guère apprécié le
Vladimir Poutine au fort de Bré-
gançon en août 2019. Les récents
propos du premier ministre polo-
nais montrent que les incompré-
hensions envers la France, qui
comme l’Allemagne est souvent
accusée d’avoir été trop complai-
sante avec la Russie, ne sont pas
toutes levées. ■
 18% des Français renoncent
à des trajets essentiels à cause
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 vendredi 8 avril 2022 le figaro
10 La guerre en ukraine
Ces volontaires français
venus porter secours et
résister avec lesUkrainiens
Taras, le médecin ambulancier corse, Edmond, l’instructeur de tir,
Franck-Olivier, le combattant venu de Paris, Franck et Jade, les
« exfiltreurs » d’Aurillac, ont répondu à l’appel de Volodymyr Zelensky.
Margaux Benn £@B_Margaux
envoyée spéciale à Kiev et KharKiv
Guerre en ukraine Assis au
milieu d’un fouillis de cartons
remplis d’équipement médical, à
l’arrière de l’ambulance, Taras
Pierre Pankevych ne sait pas
exactement où il va, ni s’il va voir
des vivants ou des morts. Dans
l’ambulance conduite par le jovial
Sergueï au bonnet vissé sur la tête,
flanqué de la caustique infirmière
Victoria, l’as de la logistique, le
trio s’enfonce dans les faubourgs
dévastés de la région de Kiev. Vil-
lage après village, le véhicule jau-
ne fluo épouse les crevasses et les
débris, vestiges des combats qui,
voici encore une semaine, y fai-
saient toujours rage.
Les villes d’Irpin, Boutcha et
Borodyanka se succèdent. Quel-
ques jours auparavant, d’abomi-
nables charniers y ont été décou-
verts : des centaines de civils
semblent avoir été abattus à bout
portant, pour certains les mains
dans le dos, avec parfois des traces
de torture sur le corps. Les témoi-
gnages des survivants évoquent
pillages, enlèvements, viols et
autres abus. La plupart des bâti-
ments sont détruits, répandus en
marées de gravats. Devant l’un
des nombreux checkpoints qui
ponctuent la route, un pneu crève
sur un débris trop acéré. La petite
ambulance jaune en a vu d’autres ;
Taras aussi.
Cet ancien chirurgien militaire
ukrainien âgé de 56 ans, qui s’est
engagé dans la Légion étrangère
française au sein de la compagnie
d’infanterie à Orange en 1994
avant de reprendre la vie civile
pour exercer la médecine dans le
sud de la France, a essuyé de
nombreux bombardements russes
alors qu’il partait récupérer des
blessés au plus fort des combats. Il
est l’un des nombreux volontaires
français venus aider l’Ukraine que
nous avons rencontrés. « Parfois,
il fallait manger la terre ! » se rap-
pelle cet habitant de Penta-di-Ca-
sinca, une commune de Haute-
Corse où il s’est installé en 2010. Se
jeter, donc, à plat ventre pour évi-
ter les tirs de roquettes et de mor-
tiers qui s’abattaient tout autour.
Taras a quitté son village
corse pour devenir
secouriste autour de Kiev
Lorsque la Russie a envahi
l’Ukraine, le 24 février, Taras
Pankevych a tout de suite décidé
de partir pour aider le pays qui
l’avait vu naître. « J’ai averti les
patients de mon cabinet que je se-
rais absent. Mon épouse, qui
n’avait pas voulu que je m’aventure
dans la région séparatiste du Don-
bass en 2014, a vu à quel point je
bouillais d’être dans mon paradis
corse alors que tant d’Ukrainiens
souffraient. Elle a compris », ra-
conte cet homme un peu bourru
mais d’une gentillesse à toute
épreuve, qui se dit « amoureux de
(son) île de Beauté ». « Quel exem-
ple aurais-je montré à mes trois en-
fants si je n’avais pas mis mes apti-
tudes de soignant au service de mon
peuple qui en avait besoin ? », de-
mande-t-il. Alors, il a rassemblé
quelques affaires et a rejoint une
organisation locale de volontaires
qui vient en aide aux blessés de
guerre.
À présent que les troupes russes
viennent de se retirer de la région
de Kiev, les missions de Taras
Pankevych sont moins musclées
qu’auparavant. « Mais tout aussi
A
nécessaires », tient-il à souligner.
De nombreuses personnes, à cau-
se des combats ou parce que leur
village était occupé, n’ont pas eu
accès à des soins médicaux pen-
dant une longue période. Et, de-
puis quelques jours, Taras endosse
une responsabilité toute particu-
lière : le 5 avril, il a reçu un messa-
ge de la part du centre de crise du
ministère français des Affaires
étrangères, qui l’avait identifié en
tant que Français ukrainophone
sillonnant la région kiévienne
pour apporter de l’aide médicale.
« Alors, après m’avoir demandé
une copie de mon passeport, ils
m’ont chargé de partir à la recher-
che de citoyens français n’ayant
pas donné de nouvelles pendant la
guerre. »
Les messages sont anonymes.
« Je sais juste qu’au téléphone il y a
une femme qui parle d’un ton un
peu sec et qui a l’air très profes-
sionnelle ! » rit Taras Pankevych,
rangeant son téléphone portable
dans l’une des nombreuses poches
de sa veste, elle-même ceinte
d’un gilet pare-balles sur lequel
sont accrochés ciseaux, bandages
et autres matériels de premiers se-
cours. La veille, il a retrouvé trois
familles de Français dans un petit
village. « Enfin, plutôt deux, car la
troisième avait fui à l’ouest du
pays… Mais j’ai retrouvé leur tra-
ce ! », précise-t-il fièrement.
Ce 6 avril, la cellule de crise lui a
confié une nouvelle mission : re-
trouver une famille – dont on
pense que les membres se pré-
nomment Laurent, Carolina et
Claire – habitant la campagne de
Kiev. « On ne sait pas s’ils sont vi-
vants ou morts ou bien s’ils ont
quitté l’Ukraine », dit Taras. L’in-
terlocutrice du Quai d’Orsay, sur
WhatsApp, indique des coordon-
nées de géolocalisation : ce serait
là, dans le village de Velyki Lis,
qu’habiteraient les disparus.
L’équipée va de maison en mai-
son s’enquérir des « voisins fran-
çais ». Beaucoup de gens sont par-
tis. Mais une jeune femme donne
enfin quelques informations. Il
faut aller plus loin, longer le che-
min en terre jusqu’à la grande fer-
me, à un kilomètre de là. À l’arri-
vée, la propriétaire du domaine,
qui s’appelle en fait Olena, discute
avec quelques voisins. Sa fille
Claire, 5 ans, court autour du petit
groupe avec une amie du même
âge. Elle parle ukrainien mais,
lorsque apparaît son père, elle se
jette dans ses bras et passe aussitôt
à la langue française. Laurent, qui
ne souhaite pas que son nom de
famille soit divulgué, s’apprête à
fêter ses 62 ans le lendemain. Cet
ancien militaire, pilote de chasse
pendant dix ans avant d’entamer
une carrière de vingt-cinq ans
chez Air France, s’est installé en
Ukraine il y a six ans. « J’y venais
régulièrement depuis 2001, lors
d’escales, par exemple, en tant que
pilote de ligne », précise cet hom-
me originaire d’Ariège derrière
ses lunettes fumées. Avec Olena,
42 ans, il coule des jours heureux
dans « le plus beau des pays, où il
fait si bon vivre », explique-t-il.
Laurent et Olena tiennent une fer-
me pittoresque. Au fond du jardin,
quelque part entre les cinq petits
lacs qui s’étendent sur la proprié-
té, un sanglier domestique fait la
joie des enfants du village.
La famille, donc, se porte bien.
Il s’en est pourtant fallu de peu :
Taras s’apprête à écouter une his-
toire qui a tout d’un récit de la Se-
conde Guerre mondiale. Le villa-
ge, commence Laurent, n’était
depuis le début de la guerre qu’un
point de passage des chars russes,
et l’un des seuls des environs à ne
pas être ciblé par les bombarde-
BIÉLORUSSIE
Velykyi Lis
Kiev
POLOGNE
Borodyanka
Lviv
UKRAINE
MOLDAVIE
ROUMANIE
Odessa
Territoire contrôlé par les Russes
Infographie
ments. La présence russe se résu-
mait, assure-t-il, à une position
des Spetsnaz : un terme générique
qui désigne des unités d’élite de la
police ou des services secrets rus-
ses. « Ils avaient réquisitionné la jo-
lie maison verte que vous voyez
là », indique le père de famille,
désignant une habitation à envi-
ron 200 mètres de là. « Un jour, ils
ont capturé des ouvriers qui tra-
vaillaient sur notre ferme, les ont
embarqués dans le village d’à côté
où ils étaient majoritairement pos-
tés, et les ont interrogés. Ils vou-
laient savoir qui habitait dans la
maison. Puis, ils les ont relâchés
cinq kilomètres plus loin dans les
bois », explique-t-il. Les soldats
russes ne sont jamais venus. « Et
puis, le 26 mars, les Tchétchènes
sont arrivés. Des fous furieux ! Ils
étaient armés jusqu’aux dents », se
rappelle Laurent, qui est certain
d’avoir reconnu, à l’insigne en
forme de tête de mort de leurs
uniformes, des membres des Ka-
dyrovtsy, la sulfureuse garde rap-
prochée du président tchétchène
Ramzan Kadyrov, coupable des
pires crimes de guerre dans plu-
sieurs autres pays. « Après coup,
nous avons appris que ce serait un
habitant du village, à qui j’avais
plusieurs fois prêté du matériel de
jardinage, qui m’aurait vendu. Il
était pro-Poutine, affichait des
drapeaux russes devant chez lui et,
il y a quelques jours, des membres
du SBU (les services secrets ukrai-
niens, NDLR) sont venus l’arrêter
et ont trouvé chez lui une carte sur
laquelle il indiquait le chemin à
l’ennemi », soutient Laurent, qui
croit savoir que cet homme « en
aurait pris pour quinze ans de pri-
son ».
Les combattants tchétchènes
ont saisi « la BMW X3 de madame
et ma camionnette », s’insurge-t-
il, continuant son récit. Ils
auraient également pris les docu-
ments des véhicules, probable-
ment afin de les revendre. « Le
lendemain, ils sont revenus et m’ont
embarqué à mon tour dans leur vé-
hicule. Celui qui était à côté de moi
m’a dit : “Nous, les musulmans, on
n’aime pas les Français. Je vais te
tuer” », ajoute ce Français russo-
phone. Arrivés à un bois non loin
du village, ils l’auraient passé à ta-
bac avant de le tirer au-dehors.
« Ils m’ont mis à genoux, les mains
sur la tête, et l’un d’eux a aboyé :
“Donne-moi 300 000 dollars, sinon
je te tue !”, avant de tirer une balle
qui a sifflé juste à côté de mon
oreille. J’ai dit que je n’avais pas
autant d’argent, alors il m’a donné
un grand coup de crosse de Kalach-
nikov dans les côtes droites. Un
autre me donnait des coups de go-
dasse du côté gauche », se rappelle
200 km
RUSSIE
Kharkiv
Mer
d’Azov
Crimée
Annexée par
Mer Noire la Russie
en 2014
le sexagénaire. Voyant que leur
victime s’en tenait au même scé-
nario, ils l’ont à nouveau jetée
dans la voiture pour rentrer au
village, en insistant : « Où c’est
qu’il y a de l’argent et des voitu-
res ? » En vain : « Je leur ai dit que
l’argent était en ville, à Kiev. Ah ça,
ça les a énervés… L’un d’eux a
écrasé sa canette en aluminium vide
sur ma tête », poursuit-il. Le ra-
visseur aurait ensuite plaqué « un
grand couteau » contre la gorge du
Français, hurlant qu’il allait « le fi-
nir au couteau ». Et de faire une
embardée pour repartir vers le
bois.
« Une fois à nouveau dehors, ils
m’ont donné une pelle et ordonné :
“Tu creuses. La tombe, c’est pour
toi.” Ils m’ont aussi remis le cou-
teau sous la gorge et fait baisser les
enchères : ils voulaient à présent
100 000 dollars. » Pour se tirer
d’affaire, Laurent a donc acquies-
cé. Retour à la maison. Selon son
époux, Olena, une quadragénaire
« Le 26 mars, les Tchétchènes
sont arrivés. Des fous furieux
armés jusqu’aux dents !
laurent, ancien pilote de chasse et de ligne installé
en uKraine depuis six ans
menue, haute d’environ 1,55 m, a
tenu tête aux intrus armés, agres-
sifs et aux visages dissimulés par
des cagoules. « Elle a dit à celui qui
semblait être leur chef : “Arrête de
nous emmerder. La grosse voiture
que vous avez dérobée n’est pas à
mon mari, mais à moi. Et j’y ai mis
Edmond Huet (à gauche),
un Français de 63 ans
installé en Ukraine
depuis huit ans, a d’abord
été instructeur de tir
pour les nouvelles
recrues, avant de former
une unité spéciale
chargée de passer
les lignes ennemies
pour récolter
des renseignements.
toutes mes économies. Il ne me res-
te plus que 500 dollars. Dé-
brouillez-vous avec ça” », raconte
Laurent. Olena, elle, sourit timi-
dement : elle n’est pas du genre à
se vanter. Pour sa part, Laurent a
consenti à donner 20 000 gryivnas
ukrainiens, l’équivalent de
700 euros. « C’est la première fois
qu’ils voyaient de l’argent ukrai-
nien, ils pensaient peut-être avoir
écopé de millions ! » raille-t-il,
précisant que les pilleurs auraient
regardé sa montre à 8 000 euros
sans y prêter attention.
Chez eux, Laurent et son épouse
hébergeaient dix-sept Ukrai-
niens, dont cinq enfants, qui
avaient fui les combats et se ca-
chaient, les Russes les ayant aver-
tis de l’arrivée de « barbares
tchétchènes ». « C’est d’ailleurs
pour cela que je n’ai pas quitté le
pays malgré la guerre. Je n’aurais
pas pu me regarder dans le mi-
roir », confie-t-il. À une petite
fille, l’un des Kadyrovtsy aurait
lancé, évoquant
»
Laurent : « C’est
ton père ? Je vais te
faire cadeau de son
oreille ! » Olena
s’est, dit-il, inter-
posée. Le Tchét-
chène, interloqué,
lui aurait réclamé son numéro de
téléphone et averti qu’il revien-
drait un jour pour l’amener chez
lui. « Elle lui a répondu, l’air go-
guenard : “On va habiter où ?” »,
raconte Laurent, hilare.
Laurent s’en est sorti avec deux
côtes fêlées, mais n’a pas jugé bon

d’aller se faire soigner. Taras,
charmé par la bravade de ce cou-
ple, ne propose pas de vérifier
l’état de santé de Laurent, qui af-
firme d’ailleurs qu’il n’en a pas
besoin. « Il lui faut juste du repos, le
temps de réparer les os ! » sourit le
médecin. Il salue la famille, prend
une photo-souvenir, et commen-
ce à écrire un message à l’atten-
tion de la cellule de crise avant de
se raviser : le réseau téléphonique
a depuis longtemps disparu, tout
comme la zone est dépourvu
d’électricité.
« Nous, les musulmans,
on n’aime pas les Français.
Je vais te tuer »
un tchétchène venu renforcer les troupes russes
Sur le chemin du retour, la petite
équipée passe par un bâtiment en
ruines autour duquel s’affairent
pompiers, démineurs et ouvriers
municipaux. À l’aide de pelles et
d’une grue, ils déblaient les dé-
combres. L’immeuble, à l’entrée
de la ville de Boutcha, qui avait été
fragilisé par des frappes pendant
les combats, vient de s’écrouler.
« Il y avait des gens qui vivaient là, à
qui nous amenions à manger depuis
quelques jours, souffle un volontai-
re civil. Alors, il faut déblayer les
décombres pour voir s’ils se trouvent
dessous. » Il se fait tard. Le couvre-
feu, qui débute à 21 heures, appro-
che. L’ambulance de Taras, Victo-
ria et Sergueï est la seule à être
passée par là depuis quelque temps,
et sûrement la dernière de la jour-
née. Alors, il faut attendre. Le trio,
que les aventures du dernier mois
ont lié d’une amitié solide, atten-
dra jusqu’à la tombée de la nuit et
l’arrêt des travaux. Le lendemain, à
la reprise du déblayage, une autre
ambulance prendrait le relais.
Edmond, instructeur de tir
Dans un autre district de la région
de Kiev, Edmond Huet, 63 ans,
n’est pas là. Ou, plutôt, les hom-
mes qu’il entraîne n’existent offi-
ciellement pas. Ce Français, ex-
pert en armement, qui réside en
Ukraine depuis huit
ans, s’est engagé
dans la Défense ter-
ritoriale, une orga-
nisation de volon-
taires civils armés
qui supplée les for-
ces ukrainiennes. « J’ai dû lutter
un peu pour me faire accepter, car
j’ai dépassé de deux ans l’âge limite
pour entrer dans la Défense territo-
riale », raconte-t-il. Mais cet
amoureux de l’Ukraine, où il s’est
marié et a travaillé notamment
dans le domaine de la construc-
tion, a su convaincre les recru-
teurs.
Officiellement, Edmond Huet
est instructeur de tir pour les nou-
velles recrues. « C’est en tout cas
ce que je faisais, au début », sourit-
il. Mais, voyant les progrès rapides
de ces recrues, il a attiré l’atten-
tion de ses responsables. Depuis, il
forme également une unité spé-
ciale qui n’a pas d’existence offi-
cielle, chargée de passer derrière
les lignes ennemies afin de récol-
La guerre en ukraine
ter des renseignements. « Les
Russes sont au courant, il ne faut
pas se leurrer », lance-t-il toute-
fois, préférant tout de même que
l’on ne donne pas sa position
exacte.
« Le travail avec cette unité est
extrêmement intéressant car,
contrairement aux jeunes débu-
tants que je formais jusqu’ici et qui
n’avaient jamais tenu une arme de
leur vie, mes élèves actuels ont des
bases bien plus solides », explique-
t-il. « De plus, l’objectif de leurs
missions n’est pas le combat. Le
moins ils auront tiré, le mieux ils
auront réussi. Mais je dois les for-
mer au tir de précision », ajoute ce
tireur sportif, arrivé quatrième
aux sélections du championnat
européen à la Tremblade, catégo-
rie Revolver IPSC en 2003, et qui
affirme avoir œuvré en tant
qu’expert en armement et four-
nisseur pour la gendarmerie et la
police entre 2005 et 2015.
La base de la Défense territoriale
est dans un grand espace couvert,
où des volontaires stockent des
vêtements donnés par des habi-
tants de Kiev à l’attention des
recrues, et ont érigé des tables de
bureau : il y a le département ad-
ministratif, où des bénévoles s’oc-
cupent des listes de recrues ou en-
core des finances ; le département
juridique ; la cantine. Des hommes
aux treillis dépareillés s’exercent
au maniement des armes dans ce
camp d’entraînement improvisé,
mais aussi au combat à mains nues.
L’entraînement dispensé par
Edmond s’effectue ailleurs.
Aujourd’hui, ses élèves appren-
nent à se déplacer discrètement
tout en portant leur fusil de ma-
nière à être le plus réactifs possi-
ble, et à pouvoir atteindre une ci-
ble survenue par surprise sans
avoir à viser. Et, alors que nombre
d’Ukrainiens craignent que Mos-
cou pourrait faire usage d’armes
chimiques, les membres de la Dé-
fense territoriale de cette région
proche de Kiev apprennent à
combattre parés de masques à gaz.
À quelques dizaines de mètres
du quartier général de la Défense
territoriale, M. Moroz, le fos-
soyeur, observe l’horizon gris en
fumant. Aujourd’hui, on lui a de-
mandé de creuser 17 tombes. Elles
accueilleront bientôt les dé-
pouilles de victimes des combats
provenant de villages alentours
comme Boutcha, où des centaines
de civils ont été découverts après
le départ des troupes russes.
M. Moroz, le regard embrumé par
des pensées qu’il ne souhaite pas
évoquer, nous salue : « Que le ciel
vous soit clément », murmure-t-il.
Pour l’heure, celui de la région de
Kiev s’est apaisé : les bombarde-
ments et autres tirs d’artillerie ont
cessé, alors que Moscou affirme
vouloir concentrer ses opérations
dans l’est du pays. Le temps est
photos : Véronique de Viguerie pour Le Figaro
aujourd’hui à l’enterrement des
morts, dont certains sont restés à
l’air libre, sans sépulture, pendant
des semaines entières.
Un professeur d’histoire
parisien rejoint la « légion
internationale »
À Lviv, dans l’ouest du pays,
Franck-Olivier était venu com-
battre. Ce professeur d’histoire
dans un lycée parisien, qui tra-
vaillait, il y a peu, dans un lycée
privé de Californie, a fait ses baga-
ges lorsqu’il a entendu l’appel du
président ukrainien Volodymyr
Jade (à droite), Zelensky peu après le début de
une Française de 19 ans l’invasion de son pays. L’homme
venue à Kharkiv d’État annonçait la création de la
avec Franck, Légion internationale, invitant les
son entraîneur sportif, étrangers qui le souhaitaient à ve-
cherche à faire évacuer
nir grossir les rangs des combat-
Maria (à gauche),
qui, à 87 ans, espère tants opposés aux soldats envoyés
rejoindre sa fille à Lviv, par Moscou. « J’ai aussi regardé
après quatre semaines une émission sur France 5, où l’un
passées dans le métro. des intervenants disait qu’on ne
pouvait pas ne rien faire en Ukrai-
ne. Et je me suis dit : “J’y vais !” »,
ajoute, au téléphone, cet homme
de 51 ans. Y aller, oui, mais pas
tout de suite : il a fallu s’occuper
de quelques formalités (faire son
testament, acheter des treillis et
des vêtements chauds, écrire des
lettres à ses proches expliquant
son projet). Passer du temps avec
sa fille cadette, Esther, âgée de 6
ans, dont il a, depuis son divorce,
la garde alternée.
Au bout de quelques semaines,
Franck-Olivier était prêt pour al-
ler à la guerre. Il a rejoint la Polo-
gne, et s’est dirigé tout droit vers
le centre de recrutement de la Lé-
gion internationale. Rapidement,
ses ardeurs ont été calmées :
« L’un des responsables auxquels
j’ai exposé mon projet, en arrivant,
m’a dit gentiment qu’il ne m’enver-
rait pas me battre car nous, les en-
seignants, nous sommes trop pré-
cieux. Que je pouvais me rendre
Jade et Franck
utile autrement », raconte-t-il. Il y
partagent le sort
des quelque a peu de chances que Franck-Oli-
700 Ukrainiens vier aille jamais combattre : on lui
qui ont trouvé refuge a attribué quelques tâches admi-
dans le métro nistratives, comme répondre aux
de Kharkiv pour appels des quelques étrangers qui
échapper aux bombes. souhaitent se renseigner sur la Lé-
gion internationale. Il apprend
aussi, lors de formations dispen-
sées aux nouveaux venus sans
aucune expérience de combat, les
bases des soins de premiers se-
cours et du maniement des armes.
Le quinquagénaire prend son sort
avec philosophie : « Être ici, c’est
aussi intéressant ! Je viens d’une fa-
mille où l’on partait en vacances,
donc je n’ai jamais été en colonie de
vacances, et n’ai jamais intégré les
scouts. Je n’ai jamais vécu au sein
d’un grand groupe de garçons, sauf
une fois, brièvement, dans un kib-
boutz en Israël ! » rit-il. « Je dé-
couvre une camaraderie franche-
ment sympathique. Et puis, on a
quand même un peu l’expérience de
la guerre, avec les sirènes qui nous
obligent régulièrement à foncer
dans des abris au cas où nous se-
rions bombardés, » continue-t-il,
tout en convenant avec humour
qu’à Lviv, « la situation est à peine
plus dangereuse que sur les pistes
cyclables à Paris ».
le figaro vendredi 8 avril 2022
11
Les raisons de son engage-
ment ? « Mon grand remords est de
ne pas avoir pris part aux combats
pendant la guerre en Bosnie »,
avoue-t-il. « À l’époque, je faisais
mon service militaire, mais ma
compagne de l’époque était encein-
te et n’avait pas voulu que j’aille à
la guerre », explique-t-il. Il
n’avait pas insisté. Aujourd’hui, il
voit en cet engagement « une ma-
nière de défendre la liberté et les
valeurs européennes, contre la bru-
talité et l’obscurantisme de Vladi-
mir Poutine », continue cet agrégé
d’histoire, féru de Marc Bloch et
de Raymond Aron.
Franck et Jade mènent
des « exfiltrations »
à Kharkiv
À Kharkiv, dans l’Est, Franck et
Jade ont arrêté leur petite ca-
mionnette verte dans le centre-
ville complètement dévasté. « Ça,
c’est notre maison ! » plaisante
Franck, 41 ans, désignant le vieux
fourgon avec lequel ils sont venus
depuis la France. En ce mois de
mars, le duo, originaire d’Aurillac,
est venu dans cette deuxième plus
grande ville d’Ukraine, l’une des
plus dévastées par les bombarde-
ments, pour « faire des exfiltra-
tions ». En d’autres mots : ac-
cueillir dans leur véhicule des
personnes qui souhaiteraient
quitter la ville autrement que par
leurs propres moyens.
Le train, à Kharkiv, ne s’est ja-
mais arrêté de fonctionner, et
permet de rejoindre Kiev ou Lviv
(à l’ouest du pays, préservé des
combats). « Nous pensons aux per-
sonnes à mobilité réduite, ou à des
personnes âgées qui ne pourraient
pas s’en sortir toutes seules », ex-
plique Franck.
Jade, une toute jeune femme de
19 ans à la moue boudeuse, parée
d’épais faux cils qui noircissent
encore son regard de jais, peine à
contenir son agacement lorsque,
en fin de journée, on les invite à
dormir plutôt dans une station de
métro. « Il y a une chance sur deux
pour qu’au réveil, vous trouviez vo-
tre véhicule écrasé ! » leur lance
Petro, un jeune policier qui ache-
mine les habitants dans la station
Heroiv Pratsi. Jade a un caractère
bien trempé et une volonté de fer.
Ancienne gymnaste (jeune ado-
lescente, elle est arrivée troisième
au championnat d’Europe en
équipe), elle a dû arrêter ce sport
après une blessure et a commencé
la boxe en 2017 ; Franck est son
entraîneur. L’adolescente brille
déjà dans son nouveau sport de
prédilection, et s’exerce aussi au
Krav Maga. Dans quelques mois,
elle passera son diplôme d’agent
de sécurité.
Franck et Jade avaient déjà fait
une première virée jusqu’à la capi-
tale ukrainienne, avant de déchan-
ter : « À regarder les informations
télévisées, on avait l’impression que
la ville était assiégée et sous les
bombes… Mais il n’en était rien ! Les
bombardements se cantonnaient
aux banlieues », raconte Franck. Le
duo a fait chou blanc : personne ne
voulait être « exfiltré », et ceux qui
le souhaitaient pouvaient aisément
quitter la capitale. Alors, ils ont dé-
cidé de partir « là où ça tape vrai-
ment ». Leur choix s’est arrêté sur
Kharkiv.
Dans la station de métro,
Franck obtient des responsables
de passer une annonce : « Quicon-
que souhaite rejoindre Lviv en voi-
ture peut se présenter demain ma-
tin à six heures devant le local des
policiers ! » Le lendemain, à
5 h 30, une vieille dame est déjà
sur place. Maria est octogénaire,
et se déplace avec difficulté. Son
appartement rendu inhabitable
par les frappes russes qui déchi-
rent la ville depuis le tout début de
la guerre, elle habite dans cette
station de métro, devenue un re-
fuge pour des centaines de per-
sonnes.
Ce sera la seule passagère du
couple : après avoir parcouru la
ville au petit matin et découvert
que la plupart des gens restés sur
place espèrent encore que la paix
arrivera, ou veulent braver la mort
plutôt que de quitter leur maison,
ils repartiront pour la frontière
polonaise. Leur expédition, finale-
ment, aura été moins flamboyante
qu’escompté… « Mais ce n’est pas
grave. On a sauvé Maria, et ça, ça
compte, pas vrai ? », sourit
Franck. ■
 vendredi 8 avril 2022 le figaro
12 La guerre en ukraine
Les Russes lancent la bataille du Donbass
Les soldats
ukrainiens
organisent
la défense et
tentent d’évacuer
les civils
de la zone.
Tanguy BerThemeT £@tanguyber
Les forces russes achèvent leur re-
trait ordonné du nord de Kiev et
des régions de Tchernihiv et Sou-
my. Jeudi, la plupart des troupes
d’invasion avaient quitté ces zones
et rejoint la Biélorussie. Si, selon
les experts, cette manœuvre a été
conduite de manière maîtrisée,
elle a engendré encore des pertes.
Ce départ avait été annoncé fin
mars par le Kremlin, tout comme
son intention de désormais
concentrer son effort sur l’est du
pays et plus particulièrement le
Donbass, en partie tenu de-
puis 2014 par des miliciens sépara-
tistes largement soutenus par
Moscou. Pour l’Otan, ce nouveau
plan est en réalité pour l’état-ma-
jor russe une « réécriture de son
narratif », afin de gommer la nette
défaite devant Kiev et d’afficher
rapidement une victoire, avant le
9 mai et l’anniversaire de la
« grande guerre patriotique ».
Un terrain favorable
aux blindés
Pour se faire, les observateurs,
tant américains que britanniques,
affirment que l’armée russe va
tenter une manœuvre classique :
prendre en tenaille les troupes
ukrainiennes défendant le Don-
bass. Une première étape en ce
sens a été atteinte, au nord, avec la
prise d’Izyoum le 1er avril, un im-
portant nœud ferroviaire. À partir
de cette ville, les forces russes
peuvent envisager une offensive
vers le sud-ouest, sur un terrain
relativement peu protégé et favo-
rable aux blindés, vers les villes de
Sloviansk et Kramatorsk, deve-
nues les « capitales régionales »
depuis la chute de Donetsk et Lou-
hansk aux mains des prorusses.
Jeudi, les Russes achevaient de
construire un pont provisoire sur
la Donets. « Les forces russes
continuent de se redéployer sur
l’axe Izyoum-Sloviansk ces derniè-
res 24 heures mais n’ont pas enre-
gistré d’avancées majeures », écrit
l’Institut américain pour l’étude
de la guerre (ISW).
Dans le même temps, les ar-
mées d’invasion multiplient les
La Russie suspendue
du Conseil des droits
de l’homme de l’ONU
marin Picard £@MaurinPicard
New York
L’ASSEMBLÉE générale des Na-
tions unies a voté jeudi à New
York en faveur de la suspension de
la Russie du Conseil des droits de
l’homme de l’ONU, dont le siège
est à Genève. 93 États membres
ont soutenu cette mesure, rejetée
par 24 autres, parmi lesquels la
Chine, l’Iran, la Syrie, la Biélorus-
sie, le Mali, la Centrafrique et l’Al-
gérie. 58 pays se sont abstenus,
dont l’Inde et le Brésil. Il s’agis-
sait, pour les auteurs du texte, de
rassembler les deux tiers des votes
fermes, « oui » ou « non », les
abstentions n’étant pas comptabi-
lisées.
Cette procédure a été déclen-
chée à la suite de la diffusion de
vidéos et de photos montrant les
massacres de civils perpétrés dans
plusieurs villes ukrainiennes par
A
l’armée russe, dont la ville de
Boutcha au nord-ouest de Kiev.
Des habitants de
Sievierodonetsk, dans
la région du Donbass,
prennent la fuite
mercredi, après
un bombardement
des forces russes.
Au quarante-troisième jour de l’invasion,
l’Ukraine s’attend à une vaste offensive
russe dans l’est du pays
SITUATION MILITAIRE
POLOGNE
LE 7 AVRIL AU MATIN
Les forces russes
Axes des offensives
Retrait russe depuis
la semaine dernière SLOV.
Agglomérations
assiègées
Blocus naval HONG.
Territoire contrôlé
par les Russes
Les forces ukrainiennes
Contre-offensives
Territoire repris
aux forces russes
depuis le 29 mars
et l’annonce du
redéploiement
de l’armée russe 200 km
Sources : Wikipédia, Graphicnews et agences
attaques sur Sieverodonetsk, un
saillant sur le front qui permet-
trait d’attaquer par l’ouest les
« capitales régionales ». « Des
combats féroces se déroulent dans
ce secteur », détaillait, jeudi, un
conseiller du président ukrainien.
Au sud, pour fermer la tenaille,
les forces russes se lanceraient
depuis Donetsk. Pour l’heure la
situation y est très calme. Mais cet
assaut se promet plus long et san-
glant que depuis Izyoum, ce front
Dans une déclaration commu-
ne, les ministres des Affaires
étrangères des pays membres du
G7, qui ont introduit la proposi-
tion de résolution à l’assemblée,
se disaient « convaincus que le mo-
ment est venu de suspendre l’adhé-
sion de la Russie au Conseil des
droits de l’homme ». En ouverture
des débats, le représentant adjoint
de la Grande-Bretagne avait aver-
ti qu’une « croix rouge », synony-
me de vote négatif, resterait
« gravée à jamais » et qu’elle re-
venait, citant Elie Wiesel, à « ap-
puyer sur la détente ».
« Je crois que c’était la chose à
faire, après toutes ces atrocités
commises et ces crimes de masse,
déclarait peu avant le vote le re-
présentant français à l’ONU,
Nicolas de Rivière sur CNN. L’heu-
re est venue de rendre des comptes.
Cette suspension s’impose, mais il
faut aussi que la communauté in-
ternationale fasse son travail, lance
une enquête et il va nous falloir être
présent, là aussi ».
Loutsk
Jytomyr
Lviv
Vinnytsia
MOLDAVIE
Transnistrie
Territoires contrôlés par les séparatistes
prorusses depuis 1991
ROUMANIE
étant fortement renforcé depuis
huit ans, par une série de lignes de
défense. « Il est opérationnelle-
ment logique pour les Russes de
presser au sud-ouest d’Izyoum
pour éviter les défenses bien pré-
parées (devant Donetsk) (…). Cela
créerait un vaste chaudron dans le
saillant de Sieverodonetsk que les
Russes pourraient réduire à l’artil-
lerie à moindre risque », souligne,
sur Twitter, « Jomini of the
West », un expert en stratégie.
Lors des votes
de la 11e session spéciale
d’urgence des Nations
unies, jeudi, à New York,
93 États membres
ont soutenu l’expulsion
de la Russie du Conseil
des droits de l’homme,
24 autres ont voté
contre et 58
se sont abstenus.
MICHAEL M. SANTIAGO/
GETTy IMAGES vIA AFP
BIÉLORUSSIE
Tchernihiv
Tchernobyl
Soumy
Boutcha
Irpin Kyiv (Kiev)
Kharkiv
Dnie
pr
UKRAINE
Dnipro
Zaporijjia
Enerhodar
Mykolaïv
Kherson
Odessa
Île des Serpents
Sébastopol
Mer Noire
L’état-major ukrainien semble
aussi s’y attendre. Depuis des
jours, des d’obstacles antichars et
des tranchées creusées au bulldo-
zer entourent les routes condui-
sant à Sloviansk et Kramatorsk
depuis Izyoum. Depuis mercredi,
les autorités, par la voix de la vice-
première ministre ukrainienne,
Iryna Verechtchouk, ont appelé la
population civile de ces régions,
dont celle de la grande ville de
Kharkiv, à « évacuer maintenant »,
Ce vote est « plus que symboli-
que, martelait la représentante
américaine à l’ONU, Linda Tho-
mas-Greenfield, dans une inter-
view à la radio publique NPR le
3 avril. Il poursuit la tâche que nous
avons commencée, qui consiste à
isoler la Russie et à la tenir respon-
sable de ses actes. Ce qu’elle fait
n’est pas normal. Elle va entendre
du monde entier que nous ne tolére-
rons pas sa désinformation, sa pro-
pagande, à l’ONU. »
En coulisses, au siège new-yor-
kais de l’ONU, la question se posait
pendant qu’il en est temps, sous
peine de « risquer la mort ». Près
de 15 000 civils ont déjà fui en
train.
Selon le ministère de la Défense
britannique, l’attaque peut pren-
dre un peu de temps. Les troupes
russes parties de Kiev, épuisées
par sept semaines de guerre ont
besoin de se reposer et d’être
réorganisées après avoir subi de
lourdes pertes. Le site Oryx Blog,
qui décompte les matériels dé-
truits, estime que la Russie a per-
du 74 aéronefs et 2 573 véhicules,
dont 450 chars. Un militaire
ukrainien de haut rang a expliqué
jeudi que les Russes déployaient
des « vieux chars », signe, selon
lui, des difficultés en matériels de
l’armée russe.
« Cela va prendre
du temps »
L’offensive n’est pas non plus
imaginable, estiment les stratèges,
sans la chute de Marioupol qui oc-
cupe toujours des milliers de sol-
FADEL SENNA/AFP
dats russes ou de ses supplétifs. Ce
port sur la mer d’Azov est depuis
plusieurs semaines férocement
assiégé, causant la mort de milliers
de civils. Mercredi, plusieurs
sources à Moscou avaient annoncé
RUSSIE
la prise de la ville. Mais jeudi
Édouard Bassourine, le repré-
sentant des forces séparatistes
Limites administratives
des deux oblasts du Donbass
prorusses, a admis que les combats
continuaient sur le site d’une vaste
revendiqués par les séparatistes usine sidérurgique, Azovstal,
prorusses des républiques
« une ville dans la ville », et dans le
populaires de Donetsk et
de Louhansk port où « 3 000 à 3 500 Ukrai-
niens » se battent encore. « Cela va
prendre du temps. »
Sloviansk Pour résister, le ministre ukrai-
Izyoum nien des Affaires étrangères,
Sievierodonetsk Dmytro Kouleba, a demandé « trois
Kramatorsk
choses - des armes, des armes, des
Louhansk
armes » -, lors d’une réunion avec
l’Otan à Bruxelles. « La bataille
Donetsk
pour le Donbass vous rappellera la
Seconde Guerre mondiale », avec
« des milliers de chars, de véhicules
Marioupol
Donbass blindés, des avions, de l’artillerie »,
Territoires contrôlés a-t-il prévenu.
par les séparatistes La paix semble, elle, plus loin-
Mer d’Azov
prorusses depuis taine que jamais. Le ministre turc
avril 2014 des Affaires étrangères, Mevlüt
Çavusoglu, a ainsi regretté, jeudi,
Infographie
Crimée que les « images honteuses et inac-
Annexée par la Russie
ceptables » des exactions commi-
depuis mars 2014 ses à Boutcha et Irpin aient « éclip-
sé » les pourparlers initiés entre la
Russie et l’Ukraine. Cependant,
« la Russie et l’Ukraine semblent
disposées à se réunir de nouveau à
Istanbul », a-t-il dit. Les discus-
sions s’annoncent très houleuses.
Dmytro Kouleba a en effet accusé,
dans la foulée, son homologue rus-
se, Sergueï Lavrov, d’être « com-
plice des crimes » commis par l’ar-
mée russe. Ce dernier a, pour sa
part, fustigé Kiev, dont le jeu serait
de « faire s’éterniser voire de faire
échouer les négociations ». ■
de la pertinence de la manœuvre,
dans la mesure où la Chine, le Ve-
nezuela, l’Érythrée, le Soudan font
aucune disposition n’est prévue à
cet effet dans la Charte.
Avant la Russie, seul un État
eux aussi partie du Conseil des
droits de l’homme et présentent
un bilan accablant en matière de
membre avait été exclu du Conseil
des droits de l’homme à l’issue
d’une procédure similaire : la
protection des libertés. « La Russie
devrait se conformer à une norme
plus élevée, estime Linda Thomas-
Libye du colonel Mouammar Kad-
hafi en 2011, pour les violences
perpétrées à l’encontre des oppo-
Greenfield. Elle est un membre per- sants à son régime.
manent du Conseil de sécurité. Elle Quel intérêt l’ONU présente-
porte la responsabilité de se condui- t-elle encore, face au drame
re comme un pays qui fait respecter ukrainien, au vu de son impuis-
la Charte des Nations unies et qui se sance face aux tragédies contem-
préoccupe des valeurs onusiennes. poraines en Syrie, au Yémen, en
À l’évidence, elle ne le fait pas. » Libye, en Birmanie ? « Il est dou-
ble », insiste Dominik Zaum, po-
Seul précédant, la Libye litologue à l’université de Rea-
Il s’agit d’une suspension, par ding. D’un côté son universalité,
définition temporaire, et non avec ses 193 États membres, de
d’une exclusion, définitive. Sur le l’autre les réunions régulières du
plan juridique, l’article 6 de la Conseil de sécurité « font de l’or-
Charte des Nations unies de 1945 ganisation un forum de discus-
énonce qu’un État membre vio- sions et de négociations formelles
lant de manière persistante les et confidentielles sans équivalent
principes de ladite charte peut au monde ». À terme, poursuit
bel et bien être exclu. Mais l’As- l’expert, l’Assemblée générale
semblée générale ne peut procé- « pourrait approuver les sanctions
bilatérales et celles de l’Union
der à un vote en ce sens que sur
recommandation du Conseil de européenne, soutenir les enquêtes
sécurité. Le veto russe rend la lancées par des États membres et
manœuvre impensable. Et la l’instruction des crimes de guerre
Russie ne peut être elle-même russes. Elle pourrait enfin lancer
exclue du Conseil de sécurité, un appel à tous ses États membres
comme l’exigent un nombre pour soutenir le droit de l’Ukraine
croissant d’observateurs, invo- à se défendre et la fourniture d’ar-
quant toutes sortes d’arguments : mes à Kiev. » ■
 le figaro vendredi 8 avril 2022

ScienceS 13

L’évolution
du cerveau
retracée sur
toute la vie

L’analyse de plus de 120 000 IRM
a permis de dessiner les premières
courbes de croissance de cet organe.
pauline fréour £@P_Freour
neurosciences À quoi ressem-
ble un cerveau qui se développe
normalement ? Il a fallu pas moins
de 120 000 IRM et 2 millions
d’heures d’ordinateur à l’équipe
du Britannique Richard Bethle-
hem (Université de Cambridge),
accompagné de nombreux autres
chercheurs internationaux dont
plusieurs Français, pour répondre
à la question. Ce travail inédit,
présenté mercredi dans Nature,
permet de disposer pour la pre-
mière fois de courbes de référence
sur la croissance d’un cerveau en
bonne santé, du fœtus de 15 se-
maines jusqu’aux 100 ans de
l’adulte.
Volume de la matière grise, de
la substance blanche, volume
ventriculaire, surface et épaisseur
corticales… : ce travail colossal
permet de disposer de référentiels
sur l’évolution non pathologique
des différents composants du cer-
veau, pour chacun des deux sexes.
Un peu à l’image des courbes de
taille, poids et périmètre crânien
utilisées en pédiatrie depuis deux
siècles, pour s’assurer qu’un en-
fant se développe normalement.
L’analyse des dizaines de mil-
liers d’IRM fournies par plus de
100 équipes à travers le monde a
permis d’identifier ou de confir-
mer des étapes clés du développe-
ment du cerveau humain. Il en
ressort que le volume de matière
grise (qui comprend les neurones)
croît rapidement chez le fœtus dès
la moitié de la grossesse, attei-
gnant un pic chez l’enfant de
6 ans, avant de décroître douce-
ment. Le volume de substance
blanche (qui transmet les signaux
des neurones) augmente aussi ra-
pidement chez le fœtus, l’enfant,
et parvient à son maximum juste
avant que l’individu n’ait 29 ans ;
le déclin s’accélère après 50 ans.
Le volume de matière grise sous-
corticale progresse jusqu’à 14 ans
et demi.
Ces courbes de croissance de-
vraient être utilisées, dans un
premier temps, à des fins de re-
cherche car leur manipulation
reste complexe, explique Richard
Bethlehem. À cette fin, l’ensemble
des données et le logiciel pour les
exploiter ont été rendus accessi-
bles gratuitement sur un site in-
ternet (www.brainchart.io). Il
permet, par exemple, de vérifier
dans quelle mesure le cerveau
d’une personne souffrant de schi-
zophrénie évolue différemment
de la « norme », après télécharge-
ment de son IRM. En effet, les ma-
ladies psychiatriques et les mala-
dies neurodégénératives se
révèlent de plus en plus résulter
d’un développement atypique du
cerveau. Les naissances prématu-
rées et les pathologies neurogéné-
tiques entraînent aussi des ano-
malies persistantes de la structure
cérébrale.
Diagnostics médicaux
Mais les auteurs espèrent aussi
que les versions ultérieures, inté-
grant encore davantage de don-
nées, pourront être utilisées pour
établir des diagnostics médicaux.
Actuellement, les images cérébra-
les sont analysées par les radiolo-
gues et les neurologues, qui ne
peuvent s’appuyer que sur leurs
propres connaissances et experti-
se pour évaluer une anomalie, re-
lève Richard Bethlehem. « Ces
courbes devraient permettre au
neurologue de répondre à la ques-
tion : “Cette zone est atypique, mais
dans quelle mesure ?” », explique-
t-il.
Dans la maladie d’Alzheimer
par exemple, la dégénérescence
des neurones conduit à leur mort.
Les personnes atteintes ont donc
des risques de présenter une perte
plus importante de tissu cérébral
que d’autres individus du même
âge en bonne santé. « On pourrait
imaginer utiliser les courbes pour
aider les médecins à identifier des
signes de neurodégénérescence en
« imaginer
comparant la vitesse à laquelle le
volume du cerveau du patient a
changé par rapport à ses pairs »,
explique Richard Bethlehem.
Hors norme à plus d’un titre, le
travail présenté dans Nature a né-
cessité l’analyse de près d’un pé-
taoctet de données, soit
1 000 000 000 000 000 octets.
« Cela aurait été impossible sans
l’accès au super calculateur de
Cambridge », souligne le Dr Jakob
Seidlitz (Lifespan Brain Institute,
Université de Pennsylvanie),
coauteur de l’étude. L’un des défis
majeurs auxquels ont été
confrontés les chercheurs est
l’homogénéisation des données.
Les images exploitées leur ont été
fournies par différentes équipes
de par le monde, dont les projets
de recherche préexistaient à ce-
lui-ci ; les paramètres techniques
de réalisation des IRM n’ont donc
pas pu être unifiés en amont, et un
psychoshadow/stock adobe
Un peu à l’image
des courbes de taille,
les chercheurs
disposent désormais
de référentiels sur
le cerveau permettant
de s’assurer qu’un enfant
se développe normalement.
gros travail statistique a dû être
effectué pour corriger cela.
« C’est une étude majeure, très
impressionnante, qui va devenir
une référence, estime Arnaud Ca-
chia, professeur de neurosciences
On pourrait cognitives (Université Paris Cité/
CNRS). C’est la première fois que
l’on a l’image complète du dévelop-
utiliser pement cérébral de la vie fœtale
les courbes jusqu’à la fin de vie. Cela permet
pour aider notamment de voir les périodes
d’accélération et de décélération du
les médecins développement, qui nous man-
à identifier quaient jusqu’à présent. » Le cher-
des signes cheur salue un nouvel outil qui
permettra peut-être de détecter
de neurodégé- les modifications du cerveau des
nérescence malades psychiatriques ou neuro-
en comparant dégénératives de façon « très pré-
coce », avant l’apparition des pre-
la vitesse miers symptômes. « L’enjeu est
à laquelle grand, car plus une maladie est
le volume prise en charge tôt, meilleur est le
pronostic », rappelle-t-il.
du cerveau En attendant, les auteurs de
du patient l’étude eux-mêmes soulignent
a changé quelques axes d’amélioration. No-
tamment élargir la provenance
par rapport géographique des données, car
à ses pairs »
RichaRd Bethlehem
pour le moment, les IRM exploi-
tées proviennent principalement
(UniveRsité d’habitants d’Europe ou d’Améri-
de camBRidge) que du Nord. ■

Les abeilles ne savent

pas voler sur l’eau
Les surfaces réfléchissantes perturbent leur vol. Un
effet qui peut expliquer des accidents d’hélicoptère…
Vincent BordenaVe £@bordenavev
Biologie Rien ne semble plus impertur-
bable qu’une abeille en plein vol. Quelles
que soient les conditions climatiques,
elle parviendra à se poser sur la fleur
qu’elle aura choisi de butiner. Pourtant,
si surgit une surface lisse réfléchissante,
comme une flaque d’eau, un étang ou
des panneaux photovoltaïques, elle
s’écrasera irrémédiablement sur le sol.
Une expérience étonnante a permis de le
démontrer, menée par une équipe fran-
çaise de l’Institut des sciences du mou-
vement Étienne-Jules Marey (CNRS/
Aix-Marseille Université) et du Centre
d’écologie fonctionnelle et évolutive
(Biology Letters, mars 2022).
« Il y a soixante ans, Herbert Heran, un
entomologiste autrichien, et Martin Lin-
dauer, un spécialiste allemand du com-
portement, avaient entraîné des abeilles à
voler au-dessus d’un lac, explique Julien
Serres, premier auteur de l’étude et maî-
tre de conférences à l’Université d’Aix-
Marseille. Ce n’est pas du tout naturel
pour ces insectes. Pour y parvenir, ils ont
dû construire une sorte de pont qui leur of-
frait un contraste visuel. » En fait,
l’abeille en vol contrôle son altitude grâ-
ce à la vitesse du défilement du sol. Plus
il est lisse et homogène, plus ses repères
disparaissent. « On a voulu comprendre à
quel point la surface perturbait les insectes
dans leur vol », continue Julien Serres.
Six années ont été nécessaires pour me-
ner à bien cette expérimentation, en ne
faisant travailler les insectes qu’en mai,
juin, septembre et octobre pour que les
températures soient assez clémentes pour
les insectes, mais que la floraison estivale
ne perturbe pas le dispositif. Les scientifi-
ques ont d’abord appris aux abeilles à tra-
crée. Après une quinzaine de passages,
« nous avons remplacé la surface basse de
notre parcours par un miroir, explique Ju-
lien Serres. Les abeilles ont toutes été atti-
rées vers le sol et se sont écrasées – sans
dommage pour elles. Elles sont désorien-
tées, perdues. Elles tombent. Les unes pour-
suivent leur chemin en marchant, les autres
rebondissent et tentent d’atteindre le bout
du tunnel de façon chaotique. » Les miroirs
leur font croire que le sol est deux fois plus
bas, ou que l’infini du ciel se répète. Ce
changement trouble les abeilles, qui per-
dent leurs repères.
« Régler avec de la pratique »
Mais les auteurs n’entendent pas se
contenter d’observer des insectes déso-
rientés. « On peut penser que les abeilles ne
sont pas les seules à être troublées par ce
type de surfaces homogènes ou réfléchis-
santes, explique le scientifique. L’acuité
visuelle humaine est 100 fois meilleure que
celle des abeilles, mais le survol de zones
désertiques ou enneigées peut provoquer
des effets comparables. Il est probable que
l’accident d’hélicoptère qui a coûté la vie à
Daniel Balavoine en 1986 ait été provoqué
par ce phénomène. » Inconsciemment, le
pilote peut se rapprocher du sol par man-
que de repère. « Je pense qu’une grande
partie de ce problème peut se régler avec
de la pratique, continue Julien Serres.
L’attention visuelle est quelque chose qui
se perfectionne. Je suis ainsi persuadé
qu’avec de l’entraînement on peut appren-
dre à une abeille à survoler un miroir, de la sont également publiées la vision d’ensemble et les 80 propositions
même manière qu’on peut former un pour la famille présentées par La Manif pour Tous aux candidats à la
conducteur de deux chevaux à manier une
Formule 1. » Décrire la façon dont l’abeille présidentielle et leurs soutiens tout le long des six mois de campagne.
capte son environnement visuel et quel-
les sont les informations optiques perti-
nentes pour son vol permettrait de déve-
lopper des solutions pour les dispositifs
A

verser un couloir étroit, en les attirant de de navigation ou d’assistance au pilotage

l’autre côté par du miel, puis de l’eau su- de drones, de robots et d’avions. ■
 vendredi 8 avril 2022 le figaro

14 Sport
Benzema Ballon d’Or, un rêve accessible
L’attaquant du Real n’a jamais semblé aussi fort cette saison. Au point de postuler à la récompense suprême.

11
Baptiste Desprez £@Batdesprez

FOOTBALL « K9 est Spiderman. K9

est Wolverine. K9 est le portier de
l’immeuble. K9 est ton meilleur ami.
K9 est ta grand-mère. K9 est le buts
président des États-Unis. K9 est ce cette saison en Ligue
moniteur avec qui vous sautez en des champions, total le plus élevé
parachute. K9 est ton ange gardien. depuis Just Fontaine en 1958-1959
K9 est Dieu. » Sans aucune demi-

37
mesure, mais avec une fraîcheur
singulière, Iker Casillas, gardien de
but légendaire du Real Madrid et
de l’Espagne, au CV long comme le
bras (1 Coupe du monde, 2 Euro,
4 Liga, 3 C1…), n’est pas passé par buts
quatre chemins pour commenter toutes compétitions confondues,
la prestation de Karim Benzema avec le Real, depuis le début
mercredi soir, après le triplé du de la saison, son meilleur score
Français contre Chelsea en quart
de finale de la Ligue des champions

(1-3). Des louanges de ce type, le
buteur madrilène en a reçu des
tonnes, de toute l’Europe. Signe
d’une nouvelle prestation magis-
trale d’un homme qui irradie de
tout son talent chaque semaine le
football. Et lui permet de croire à
une année fabuleuse - qui pourrait
se terminer par une victoire à la
Coupe du monde au Qatar - avec la
quête d’un premier Ballon d’Or.
Pour enfin endosser l’immense
costume des Zinédine Zidane
(1998), Jean-Pierre Papin (1991),
Michel Platini (1985, 1984, 1983) et
Raymond Kopa (1958), derniers
lauréats côté français.
La joie de l’attaquant
français du Real Madrid,
Karim Benzema,
après son deuxième but
marqué face à Chelsea,
en quart de finale
aller de la Ligue
des champions,
uUne empreinte fabuleuse
sur le jeu
Ce serait malhonnête de réduire
Karim Benzema au seul profil de la
machine à scorer. Froide et
chirurgicale. Il est bien plus que
tout cela, et ce depuis plusieurs
uCollectivement, le Real
peut encore tout rafler
Avec la refonte du Ballon d’Or
opérée en mars dernier (récom-
pense liée aux performances de la
saison et non plus de l’année ci-
vile, votes arrêtés à la fin de l’été)
demi-finales de la Ligue des
champions, les prochaines se-
maines pourraient être radieuses.
Individuellement et collective-
ment, il rayonne. Et son armoire
à trophées risque de se remplir
encore un peu plus d’ici la fin de
24
ans
que la France attend un successeur
à Zinédine Zidane, dernier Français
lauréat du Ballon d’Or
uBenzema peut regarder
ses concurrents dans les yeux
Il est bien beau d’évoquer la récom-
pense dont rêve chaque footballeur,
mais le Français, 4e en 2021, n’est
pas tout seul sur la ligne de départ.
Son compatriote Kylian Mbappé

uDes statistiques XXL

cette saison
D’un point de vue individuel,
puisque c’est de ça aussi dont il
s’agit dans la course à la récom-
pense suprême, « KB9 » coche
toutes les cases. Accrochez-vous
côté chiffres. Après son triplé face
aux Blues, Benzema a marqué
13 buts lors de ses sept derniers
matchs en club. À ce jour, il
compte 37 réalisations, soit son
meilleur total depuis qu’il est à
« deux
Madrid (13 saisons). En Ligue des
champions, il en est à 11, total le
plus élevé pour un Français depuis
Just Fontaine en 1958-1959. En
Liga, il est meilleur buteur et pas-
seur (24 buts, 11 passes décisives).
Que demander de plus ? Tout sim-
plement prodigieux. Gargantues-
que. Phénoménal. Ce qui a obligé
Thomas Tuchel a un petit aveu.
« J’ai dit, il y a deux ans, qu’il était
sans doute le joueur le plus sous-
coté dans le football mondial, ce
n’est peut-être plus le cas. »
mercredi soir, au stade
de Stamford Bridge,
saisons. À 34 ans, le natif de Bron a
gagné en maturité et n’a aucun
à Londres. problème à assumer le leadership
TONY OBRIEN/REUTERS au sein du plus grand club du
monde. Que ce soit en tant que
buteur, passeur ou leader d’équi-
pe, il répond à toutes les attentes
dans une formation qui compte
quelques sacrés clients comme
Modric, Kroos ou encore Cour-
J’ai dit, il y a
ans,
tois. « La façon dont il a assumé ses
responsabilités, le rôle primordial
qu’il joue comme capitaine, main-
qu’il était sans tenant, c’est très impressionnant »,
constate Tuchel, sous le charme.
doute le joueur Sentiment identique pour Carlo
le plus Ancelotti, bien conscient de déte-
sous-coté nir dans ses rangs l’un des
meilleurs footballeurs du monde
dans le football actuellement. « Karim s’améliore
mondial, tous les jours comme le bon vin, at-
ce n’est teste le technicien italien, aux an-
ges. Il est de plus en plus un leader
peut-être dans le groupe et je pense que c’est
plus le cas
Thomas Tuchel,
» la plus grande différence. Il montre
plus sa personnalité, c’est un
enTraîneur de chelsea exemple pour tous. »
et un verdict attendu à l’automne
prochain, Karim Benzema est
largement dans les clous. Avec un
Real Madrid largement en tête de
la Liga (12 points d’avance sur le
Barça à huit journées de la fin) et
plus que jamais en course pour les
ligue 1 : bagarre à distance pour le
podium et duels corsés pour le maintien
La course au maintien va rythmer
la 31e journée de Ligue 1,
avec notamment un duel de la peur
entre Lorient et Saint-Étienne
ce vendredi (21 h, Prime Video),
tandis que la bataille pour le podium
se poursuivra à distance entre
Marseille, Rennes, Strasbourg
et Nice. Douze points derrière
le PSG, qui se déplacera à Clermont
samedi (21 h, Canal+ Décalé), l’OM
(56 pts) entend conserver sa place
saison. Sans oublier ses rendez-
vous avec les Bleus en juin avec la
Ligue des nations, sachant que la
Coupe du monde (21 novembre-
18 décembre), objectif numéro
un de 2022, comptera pour le Bal-
lon d’Or 2023.
de dauphin contre Montpellier
dimanche (21 h). Mais Marseille reste
à portée du Stade rennais (53 pts),
en déplacement à Reims samedi
(17 h). Les Niçois (5es, 51 pts) auront
dimanche (17 h 05) un voyage
compliqué au stade Bollaert de Lens.
Juste devant l’OGCN, Strasbourg
(4e, 51 pts), invité surprise pour
le podium, recevra l’OL (9e, 45 pts)
dimanche (19 h). Week-end
mouvementé en perspective. B. D.
(éliminé… par le Real Madrid en 8e
de finale, avec un triplé de Benze-
ma) stratosphérique avec le PSG, le
Polonais du Bayern Munich Robert
Lewandowski (45 buts en
39 matchs) et l’Égyptien de Liver-
pool Mohamed Salah (28 buts en
37 matchs), s’avancent comme des
concurrents féroces, sachant que
Lionel Messi et Cristiano Ronaldo,
sept et cinq Ballons d’Or chacun,
semblent plus au crépuscule de leur
immense carrière. Une certitude,
en Europe, le jeu romantique et
presque désuet que développe Ben-
zema chaque semaine ne laisse per-
sonne indifférent. « Il est le meilleur
numéro 9 de la planète, reconnaît
Rio Ferdinand, ancien défenseur de
Manchester United, désormais
consultant pour BT Sport. Ce gars
en ce moment est d’un autre niveau.
Il ressemble à un meneur de jeu, mais
c’est un numéro 9 qui a marqué
37 buts. » Si le Français reste sur de
tels standards, difficile de ne pas
croire à un historique Ballon d’Or. ■

Le rugby découvre l’« aller-retour » avec excitation

Les huitièmes de finale de Coupe d’Europe se déroulent ce week-end dans un format inédit qui en modifie l’approche.
DaviD reyrat £@DavidReyrat
RUGBY « Ça ajoute du piment ! » Le
manager de l’UBB, Christophe
Urios, a résumé en une phrase l’état
d’esprit général avant l’inédit for-
mat des 8es de finale de Champions
Cup - la grande Coupe d’Europe -,
disputés ce week-end. Pour trouver
trace de ces confrontations aller-re-
tour qui font le quotidien continen-
tal des clubs de football, il faut
remonter à feu le Challenge
Yves du Manoir (disparu en 1996
pour cause de calendrier surchargé).
Et encore, le principe des deux man-
ches ne s’appliquait que lors des
premiers tours de ce qu’on pouvait
qualifier de Coupe de France…
Il y a donc forcément de la curio-
sité. Comment aborder ce nouveau
scénario ? Assistera-t-on à des
matchs retours complètement fous
si l’un des deux protagonistes a
creusé l’écart à l’aller ? Jusqu’où ira
le suspense, sachant que le règle-
ment de l’EPCR, l’organisme qui
gère la compétition, a prévu, en cas
d’égalité cumulée des deux scores,
de passer par une prolongation,
puis, si la parité persiste, de dépar-
tager les deux équipes au nombre
d’essais marqués lors des deux
A
8es de finale champions cup
CoNNaChT (iRL)
vendredi SaRaCeNS (aNg)
21h
BoRDeaux
samedi La RoCheLLe
14h
SaLe (aNg) - BRiSToL (aNg)
TouLouSe 16h15 Fr. 2 uLSTeR (iRL)
STaDe FRaNçaiS 18h30 RaCiNg 92
exeTeR (aNg) - MuNSTeR (iRL)
dimanche haRLequiNS
MoNTpeLLieR
14h (aNg)
CLeRMoNT 16h15 Fr. 2 LeiCeSTeR (aNg)
Les 8 rencontres en direct sur beiN Sports.
nouveauté qui ne fait cependant
pas l’unanimité. « J’aime bien les
phases finales sur un match sec,
couperet. Il y a un peu plus l’odeur du
sang. Là, il y a une part de calcul »,
regrette le capitaine du Racing 92,
Henry Chavancy.
« La gestion de cette double
confrontation rapprochée et élimina-
toire est un vrai sujet, confirme Ugo
Mola, interrogé par Le Figaro. Notre
principale inquiétude concerne notre
capacité à jouer deux fois de suite à
très haut niveau. Car on sait que pas-
ser à côté sur l’une des deux rencon-
tres serait rédhibitoire. » Le manager
du Stade Toulousain, tenant du titre
opposé samedi à la province irlan-
daise de l’Ulster, reconnaît cepen-
dant apprécier ce défi. « J’aime bien
tentant. Mais pas au point de jouer
trois fois de suite, comme certains. Ça
pousse le bouchon un peu loin… »
Il fait référence aux deux chocs
franco-français de ces 8es de finale
(Stade Français-Racing et UBB-Sta-
de Rochelais), transformés en trilo-
gie par le hasard du calendrier. Ces
deux affiches étaient en effet déjà au
programme en Top 14 le week-end
dernier. Avec une claque reçue par
le Stade Français, humilié (53-20)
par son rival francilien, et un court
revers à domicile pour les Bordelais
(15-16). Ce qui rend les retrouvailles
plus piquantes encore.
« Rester vigilant »
Christophe Urios avait d’ailleurs ba-
lisé le triptyque en amont. « Le pre-
mier match est le plus important, car il
aura un impact sur le second, qui aura
lui aussi un impact sur le troisième… »
On peut donc penser que les Borde-
lais, comme les Parisiens, seront
animés d’une grosse envie de revan-
che. Le manager de l’UBB prévenait
également sur les risques inhérents à
cette répétition. « On ne pourra pas
avoir la même approche sur chaque
rencontre. Je souhaitais d’ailleurs que
l’on joue l’un des deux au Matmut (le
stade des voisins du football) pour
changer de décor. Jouer deux matchs
fait jamais et ce n’est pas facile. Il faut
trouver des arguments, des artifices,
une atmosphère et je trouvais que le
changement de stade était top… »
Proposition toutefois rejetée.
Large vainqueur en champion-
nat, le Racing 92 assure se méfier de
ces retrouvailles. Réfute avoir pris
un ascendant psychologique sur son
adversaire. « Le résultat du premier
match n’augure pas de ceux des deux
suivants, pose le manager des Ciel et
Blanc, Laurent Travers. Au contrai-
re, même, car, automatiquement, il y
a de la revanche dans l’air. Il nous
faut donc absolument rester vigilant.
Le Stade Français
a été humilié (53-20)
par son rival francilien
le Racing 92, lors
du match de Top 14,
dimanche dernier,
à Nanterre. Les deux
clubs français vont
se retrouver les deux
prochains week-ends
lors des 8es de finale
aller-retour
de Champions Cup.
lAHAllE PIERRE/PRESSE
SPORTS
prendre que le premier match est fini
et qu’un autre débute. Ce n’est pas la
même compétition, pas les mêmes
arbitres, pas tout à fait les mêmes
joueurs… Ce ne sera donc pas le
même match. »
Le pilier du Stade Rochelais et du
XV de France, Uini Atonio, ne sait
pas trop, lui non plus, par quel bout
prendre cette triple confrontation.
« C’est bizarre. Du jamais-vu. Af-
fronter trois fois de suite la même
équipe, je ne crois pas qu’on puisse
utiliser la même formule à chaque
fois… » Trouver des leviers de moti-
vation différents. Imaginer de nou-
velles stratégies pour parvenir à sur-
prendre encore l’adversaire. « La
question est : “Qu’est-ce qu’on va être
capables de proposer dans des condi-
tions différentes ?” On ne peut pas
être dans la continuité, insiste Lau-
rent Travers. Il y a eu cette semaine
un travail différent sur la stratégie
qu’on veut mettre en place. Après, on
ne va rien inventer non plus… »
Sans oublier le risque collatéral
d’un pétage de plombs individuel.
Des petites tensions - chambrage,
mauvais gestes… – peuvent survenir
au sortir des duels. Le délai entre
deux retrouvailles en Top 14 permet
très souvent de les dissiper. Là, ce
sera encore frais. Urticant. Avec le

manches, voire, en ultime recours, ce côté stratégique et tactique à éta- consécutivement dans ton stade La priorité des priorités a été de vite danger d’un règlement de comptes
via une séance de tirs au but ? Une blir d’une rencontre à l’autre. C’est contre le même adversaire, ça ne se évacuer pour basculer, de bien com- sanctionné par l’arbitre… ■
 le figaro vendredi 8 avril 2022

Sport 15

Jo-Wilfried Tsonga, il ne lui a manqué qu’une marche…

Au terme d’une riche carrière, mais sans Grand Chelem à son palmarès, le Manceau n’est pas parvenu à faire oublier Yannick Noah.
brillent également une Coupe Davis hauts (élimination de Federer en
Jean-Julien ezvan (2017) et une médaille olympique quarts à Wimbledon en 2011, après
£@JeanJulienEzvan
(l’argent du double, avec Michaël avoir été mené 2 sets à 0 ; revanche
Llodra, à Londres, en 2012). arrachée en 5 sets contre Djokovic
tennis À quelques jours de ses en quarts de l’Open d’Australie en
37 ans, Jo-Wilfried Tsonga, tombé à Une demi-finale de rêve 2010 ; finale du Masters en 2011).
la 220e place mondiale et dont les ap- contre rafael Nadal Il posera le point final à Roland-
paritions étaient sporadiques (3 vic- Parmi les temps forts de sa carrière Garros. Pas sur sa meilleure surface

« ditMa: «têteTu me
peux
toires en 17 matchs lors des trois
dernières saisons), a annoncé sa
tournée d’adieu. Avant de laisser
se détache la demi-finale de rêve
survolée contre Rafael Nadal (6-2,
6-3, 6-2) lors de l’Open d’Australie
mais à l’endroit où se sont ébauchés
ses rêves d’adolescent et où il a tou-
jours tout donné (vivant un quart de

jouer toute défiler le générique de fin, il partici-
ta vie », mais pera au tournoi de Monte-Carlo, à
partir de dimanche, puis jouera à
mon corps Aix-en-Provence et Lyon, avant de
me dit : partager avec émotion la dernière
« Tu n’es plus séquence à Roland-Garros (22 mai-
5 juin), pour une quinzième et ulti-
capable d’aller me participation aux Internationaux
plus loin de France. Au terme d’un long
que ce que voyage, entre coups d’éclat et éclip-
je te donne »
Jo-Wilfried tsongA
» ses, le colosse aux coups droits fou-
droyants et aux services canon, a
trop souvent dû composer avec une
kyrielle de blessures.
« Ma tête me dit : “Tu peux jouer
toute ta vie”, mais mon corps me dit :
“Tu n’es plus capable d’aller plus loin
que ce que je te donne”. Avant, c’est ce
que je faisais tous les jours. Depuis
plusieurs années il y a un moment dans
Jo-Wilfried Tsonga (ici, à Lille en 2018) prendra sa retraite après Roland-Garros.
la journée où je me dis : “Pourquoi je
me fais du mal comme ça, est-ce qu’il
y a encore une raison à ce que je fasse
tous ces efforts ?” », a raconté dans
une vidéo celui qui affiche, après
Yannick Noah, le plus beau palmarès
français de l’ère Open.
Jo-Wilfried Tsonga, profession-
nel depuis 2004 (467 victoires-
235 défaites sur le circuit), a rem-
porté 18 tournois (23 pour Noah),
dont deux Masters 1000 (Paris-Ber-
tHiBaULt CamUS/ap
cy en 2008 et Toronto en 2014). Il a,
au fil des ans, collectionné 45 victoi-
res contre des joueurs du top 10
(dont 3 contre le numéro 1 mondial)
et compte au moins deux victoires
contre chacun des membres du
« Big 4 » (Federer, Nadal, Djokovic,
Murray). Sa constance en Grand
Chelem (une finale, cinq demi-fina-
les, neuf quarts de finale) lui vaut de
détenir le record français du genre
(121 victoires). Dans son palmarès
en 2008. Rarement l’Espagnol aura,
durant sa carrière, été secoué de la
sorte. Sa légendaire détermination
d’airain a été écrasée par les upper-
cuts d’un puncheur sur un nuage. La
France découvre un tigre au jeu
spectaculaire, au sourire facétieux,
lumineux. La presse internationale
s’empare du personnage charisma-
tique, le compare à Mohamed Ali.
Lui s’amuse. Depuis le début de ce
tournoi qui fera date, il ponctue ses
succès de petits sauts avec les pou-
ces dans le dos. Il lui manquera juste
la dernière marche, dominé en
4 sets par Novak Djokovic…
La danse des pouces lancée du-
rant cet inoubliable Open d’Austra-
lie l’accompagnera tout au long
d’une carrière qui connaîtra des
finale et deux demi-finales). En
2015, après avoir battu le Japonais
Kei Nishikori en 5 sets, au comble de
l’émotion, il avait, comme Gustavo
Kuerten en 2001, écrit sur la terre
« Roland-Garros, je t’aime ». Le
temps d’une dernière valse, le
monstre sacré sera fêté. Le tennis
français savait qu’il devait se prépa-
rer à tourner la page de ses « nou-
veaux Mousquetaires », comme ils
avaient été appelés en octobre 2008
lors de leur accession dans le Top 20
mondial. Gaël Monfils (35 ans ;
22e mondial), Richard Gasquet
(35 ans ; 86e mondial) et Gilles Simon
(37 ans ; 136e mondial) voient, avec
ce départ, une partie de leur jeunes-
se définitivement s’envoler avant de
suivre la même trace… ■

Alexis Pinturault : « Je ne suis pas mort,

juste très fatigué… »
Le skieur tire le bilan de la « pire saison »
de sa carrière et espère vite rebondir
avant les Mondiaux en France.
ProPos reCueillis PAr
cédric callier ccallier@lefigaro.fr
sKi Le sourire retrouvé et déguisé
en panthère rose : tel est apparu
Alexis Pinturault lors du Super Sla-
lom disputé le week-end dernier à
La Plagne. Loin des larmes de Pé-
kin, où son rêve de devenir cham-
pion olympique s’est évaporé. À
l’image d’une saison, « la pire de
(s)a carrière », sans la moindre vic-
toire au compteur, ce qui ne lui
était plus arrivé depuis sa décou-
verte de la Coupe du monde, en
2010-2011. Un an après avoir
conquis le gros globe de cristal, ré-
compensant le vainqueur du clas-
sement général, la chute a été très
douloureuse. Mais le skieur de
Courchevel a déjà pris le temps de
l’analyser, et d’en comprendre les
raisons pour mieux relever la tête…
LE FIGARO. - Avez-vous pris
le temps de faire le bilan
de cette saison et de l’analyser ?
Alexis PINTURAULT. - Le bilan a
été fait très rapidement. J’avais
identifié le problème ou, en tout
cas, ce que j’avais ressenti. Je me
suis trouvé psychologiquement très
fatigué et je sentais que la réaction
nerveuse de mes muscles n’était pas
aussi bonne qu’elle l’était par le
passé. J’ai traîné ça tout l’hiver. Et
forcément, quand on aborde la sai-
son très fatigué, on la finit éreinté.
Est-ce aussi la motivation
qui vous a manqué ?
À la fois oui et non. Non, car,
consciemment, j’étais très motivé.
puter une course en donnant le
meilleur de soi-même, tout en sa-
chant que son meilleur n’est pas là.
J’ai bien appris cette saison que le
mental faisait une différence énor-
me entre être premier et être sep-
tième ou dixième. J’étais donc dans
une situation où il était difficile
pour moi d’être pleinement présent
psychologiquement, et pour autant
il fallait que je le sois, car, à ski, la
blessure, potentiellement grave,
arrive très vite.
Avez-vous été blessé
par certaines critiques ?
Je pense que la société actuelle a la
mémoire très courte. On se sou-
vient de belles choses pendant
deux semaines et après c’est déjà
oublié. Cela ne m’a pas forcément
trop dérangé, car ça fait partie du
jeu. Quand on est athlète de haut
niveau, on sait qu’on est exposé
médiatiquement, vis-à-vis de tous
nos supporteurs, mais aussi de nos Passer de votre meilleure Tirez-vous une fierté « À Pékin, j’espérais
détracteurs. Mais, le premier qui
était critique et dérangé par la si-
à votre pire saison vous fait-il
envisager la suite différemment ?
de ne jamais vous être dérobé ?
Je pense que c’était le meilleur
créer la surprise,
je m’accrochais
en bref
tuation, c’était moi. Je n’étais pas Oui, automatiquement. Avec la sai- moyen pour moi de rebondir et à l’idée que je pouvais
content de mes résultats, encore son que j’ai vécue, je ne peux pas d’avancer. Les psychologues ont y retrouver mon meilleur Football : les Bleues
moins aux Jeux, qui ont été, hélas, dire que je vais revenir et que je vais souvent dit que la première phase niveau, mais ce n’est jouent leur qualification
la continuité de l’hiver. À Pékin, tout claquer. Je sais que j’ai besoin de la rémission était l’acceptation.
pas arrivé », déclare L’équipe de France féminine
Alexis Pinturault.
j’espérais créer la surprise, je de temps pour moi, pour récupérer. Pour moi, cela a été très important F. BoUCHoN/Le Figaro
pourrait assurer sa place
m’accrochais à l’idée que je pou- Physiquement, je sais que mon d’accepter la situation dans laquelle pour le Mondial 2023
vais y retrouver mon meilleur ni- corps est bien, que dans ce domaine j’étais pour pouvoir l’évacuer, met- en signant un match nul face
veau, mais ce n’est pas arrivé. je fais partie des meilleurs. Mais, à tre des mots dessus et ensuite passer au pays de Galles, ce vendredi
Quand on n’est pas à 100 % sur ce l’inverse, mon esprit a besoin de à autre chose. Et puis je fais partie (20 h 45), à Llanelli.
type d’événement, et même quand temps, et celui-ci n’est pas quanti- des gens qui peuvent être fiers de
on n’est pas à 100 % durant tout fiable. C’est la difficulté pour un réussir, et qui ne vont pas prétendre Réforme du fair-play
l’hiver, il n’y a jamais de bonne athlète. Et je suis prêt à prendre le être quelqu’un d’autre quand la financier
surprise à la fin. Pour en revenir à temps nécessaire avant de retour- réussite n’est plus là. Je fais un sport L’UEFA a modifié son fair-
votre question, j’ai été agréable-
ment étonné de voir la compré-
hension des gens de mon milieu,
ner sur les entraînements.

Comment fait-on pour soigner

Mais oui, car, inconsciemment,
lorsqu’on est très fatigué, on a ten-
dance à être davantage amorphe et
cela se ressent sur la niaque, la mo-
tivation. Cela devient aussi plus dif-
ficile de mettre toutes les petites
pensées négatives de côté. Quand la
tête ne va pas, elle a tendance à en-
traîner tout le reste vers le bas.
D’une certaine façon, vous êtes
donc passé d’un moment de paix
intérieur à une sorte de guerre
avec vous-même pour retrouver
votre niveau de la saison dernière…
C’est exactement ça. Il a fallu que je
me fasse la guerre, car j’étais dans
cette situation et je ne voulais pas
que ce soit mes partenaires ou ceux
qui me soutiennent. J’ai eu le senti-
ment que beaucoup comprenaient
que, après dix ans de carrière à me
battre pour décrocher des titres et
ce gros globe, je puisse avoir une
saison moins bonne. Sans compter
que je ne me suis jamais dérobé. J’ai
toujours dit d’où venait le problè-
me et affirmé que je n’étais pas ca-
pable de jouer aux avant-postes.
Cette saison est peut-être la pire…
(Il coupe.) C’est la pire depuis dix
ans, avec seulement trois podiums
dans l’hiver. Je termine quand
même cinquième du classement en
géant, ce qui est très correct. Sauf
son mental, son esprit ?
Je pense que nous sommes tous
confrontés à ce moment où l’on se
dit qu’on a besoin de couper tota-
lement. Simplement, je crois que
mes vacances devront être plus
longues que seulement deux ou
trois semaines pour pouvoir me
dire, à la fin, que cela m’a réelle-
ment fait du bien. C’est là qu’il
faudra que je sois à l’écoute de mes
sensations. L’énervement, la fati-
gue, le fait d’être dans son lit et de
ne pas vouloir en sortir sont autant
de signes qu’il faut prendre en
considération. Ce sont des alertes
qu’il faut savoir entendre. Mon
vrai but est d’aborder la saison
individuel, car cela m’a toujours plu
de pouvoir me battre avec moi-mê-
me autant que face à mes adversai-
« unJe fais
sport
play financier, qui permet
aux clubs européens
un déficit accru tout en
res, mais aussi d’assumer quand individuel, leur interdisant de flamber
cela fonctionne moins bien. J’ai tous leurs revenus en salaires
toujours été quelqu’un d’honnête. car cela m’a et indemnités de transfert,
toujours plu avec l’introduction d’un
Êtes-vous déjà pressé d’aborder de pouvoir contrôle du coût des équipes.
la prochaine saison ?
Oui, j’ai très envie de repartir. Et j’ai me battre Voile : 138 marins,
retrouvé cette envie de me battre avec moi- dont Gabart, inscrits
avec les meilleurs. Et c’est cette en- pour la Route du rhum
même autant
vie-là que je veux entretenir toute Nouveau record pour
la saison prochaine, et aussi pour que face à mes la mythique transatlantique :
plusieurs années. adversaires, 138 bateaux ont été retenus
mais aussi pour prendre le départ,
Alexis Pinturault le 6 novembre, de Saint-
n’est donc pas mort… d’assumer Malo. François Gabart devra
Non, il est juste très fatigué. (Souri- quand cela fournir un certificat de jauge
re.) Mais il n’est pas mort. Tant que fonctionne de son trimaran ou espérer
je suis là, toujours debout, j’entends
moins bien » le changement d’un point
A

mettre en danger mon intégrité que ce n’était pas du tout à la hau- prochaine en étant rechargé psy- bien me battre pour renouer avec la de règlement pour pouvoir
physique. C’est compliqué de dis- teur de ce que j’espérais. chologiquement à 100 %. victoire… ■ Alexis PinturAult s’élancer.
vendredi 8 avril 2022
16 LE CARNET DU JOUR
Les annonces sont reçues
avec justification d’identité
du lundi au vendredi
de 9h à 13h et de 14h à 18h
(excepté les jours fériés)
et tous les dimanches
de 9h à 13h.
Elles doivent nous parvenir
avant 16 h 30
pour toutes nos éditions
du lendemain,
avant 13 h les dimanches.
Courriel
carnetdujour@media.figaro.fr
Téléphone
01 56 52 27 27
sur notre site
carnetdujour.lefigaro.fr
naissances
M. Philippe BAIJOT
et Mme, née
Catherine Vankemmelbeke,
ont la joie
d'annoncer la naissance de
Georges
le 22 janvier 2022, chez
Enguerrand et Bruna
BAIJOT-DECONTO
Pia
le 23 mars 2022, chez
Olivier et Aliénor
SEGUINEAU de PRÉVAL
Reims.
Martine METTON
laisse à Manon le bonheur
d'annoncer la naissance
de sa petite sœur
Margaux
le 29 mars 2022, chez
Marine et Julien
DOUDET METTON
à Dives-sur-Mer.
recherches
Au sens de l'article 558 CC,
les héritiers légaux inconnus
absents de
Odette Marie Jeanne
BRÜLHART
née le 24 février 1928,
de Saint-Sylvestre (Suisse),
décédée le 9 octobre 2021,
domiciliée avant son décès
à Chapfweg 15,
5612 Villmergen (Suisse),
sont informés publiquement
que la testatrice a établi
deux pactes successoraux
qui ont été ouverts
le 18 octobre 2021,
devant la présidence
du tribunal de Bremgarten.
L'original est déposé au greffe
du tribunal de Bremgarten
où il peut être consulté.
Bremgarten, le 25 mars 2022.
Présidence du tribunal 1,
Bremgarten,
canton d'Argovie (Suisse).
Dans le cadre de la succession
de
René Albert INAUEN
né le 17 mai 1947
et décédé le 18 novembre 2021,
d'Appenzell, anciennement
domicilié à Untere Rebgasse 22,
4058 Bâle (Suisse),
l'Office des successions
de Bâle-Ville recherche
les descendants du cousin
de ce dernier du côté maternel,
Raymond Léon Breuss,
né le 2 mars 1930,
originaire de Saint-Gall
et Wittenbach, qui s'est fait
naturaliser français
le 19 octobre 1954.
Les personnes qui déduisent
leur succession de la parenté
évoquée ci-dessus sont par
la présente invitées à se faire
connaître jusque un an après
la date de publication, auprès
de l'office soussigné avec leurs
justificatifs généalogiques
(actes de famille, certificats
d'hérédité et autres documents
similaires) aux fins
de la succession.
Bâle, le 8 avril 2022.
Office des successions
de Bâle-Ville,
Rittergasse 10, Postfach,
CH-4001 Bâle.
Dossier numéro :
NL 2021 1791/T2/FUC
deuils
Lyon. Paris.
Mme Jacqueline Bonche,
son épouse,
Mme Catherine Molly-Mitton
et son époux,
M. Pierre Bonche
et son épouse,
ses enfants,
Agathe, Clément, Juliette,
Louis et Mathilde,
ses petits-enfants,
ont l'immense tristesse
de vous faire part du décès de
M. Noël BONCHE
chevalier
de la Légion d'honneur,
chevalier dans l'ordre
national du Mérite,
survenu le 5 avril 2022,
dans sa 91e année.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le jeudi 14 avril, à 15 heures,
en l'église Saint-Augustin,
Lyon (4e).
L'inhumation aura lieu
dans l'intimité familiale.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Paris (17e).
Annick Coquelin de Lisle,
Yves Coquelin de Lisle,
ses enfants,
ont la douleur
de faire part du décès de
Netty COQUELIN de LISLE
née Lopez,
survenu le 31 mars 2022,
à l'âge de 95 ans, à Paris.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
en l'église Sainte-Odile,
2, avenue Stéphane-Mallarmé,
à Paris (17e),
ce vendredi 8 avril, à 10 h 30.
142, boulevard Péreire,
75017 Paris.
Mme Gilles de Vilmorin,
sa sœur,
le comte François de Guitaut
et la comtesse, née
Frédérique de Vilmorin,
sa nièce et son époux,
et leurs enfants,
Alexandre et Laure,
ont la tristesse
de vous faire part
du rappel à Dieu de
Ariane DESOUCHES
le 5 avril 2022,
à Morges (Suisse).
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le mardi 12 avril, à 10 h 30,
en l'église Saint-Jean-Baptiste,
à Neuilly-sur-Seine.
Jacques Fricker et Laïla Bain,
ses filleuls, et leurs familles,
Rose Dumont,
Christian Benoit,
Priscaline Kali,
ses proches,
font part du rappel à Dieu de
Mme Monique DREYFUS
dite Loiseau
le 1er avril 2022, à son domicile,
dans sa 95e année.
Yvoy-le-Marron
(Loir-et-Cher).
En union avec
Antoine
Bernard de Lavernette (†)
et Jean Gilbert de Gourville (†),
M. et Mme
Jean-Philippe Sergent,
M. et Mme Yves de Sonis,
M. et Mme
Philippe de Gourville,
le général et Mme
Jean Gouvart,
M. et Mme
Emmanuel de Maintenant,
ses enfants et leurs conjoints,
ses petits-enfants,
ses dix arrière-petits-enfants
font part du rappel à Dieu de
Bernadette
GILBERT de GOURVILLE
née Champeaux de la Boulaye,
le 6 avril 2022, à l'âge de 94 ans.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
en l'église Saint-Caprais,
à Yvoy-le-Marron,
le samedi 9 avril 2022,
à 15 heures.
Christian, Marc, Anne, Antoine
Dumontier,
ses enfants,
Sylvie Carmès,
Laurence Falleur,
Sean Bandarkar,
ses belles-filles et son gendre,
ses petits-enfants
et ses arrière-petits-enfants
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
M. Paul DUMONTIER
chevalier
de l'ordre national du Mérite,
survenu le jeudi 24 mars 2022,
à son domicile,
dans sa 92e année.
Famille Dumontier,
16, rue Henri-Barbusse,
78380 Bougival.
Mme Christian
Gilbert de Boisroger,
son épouse,
Laure et Bruno Allard,
sa fille et son gendre,
Aude et Pierre Marcheux
et leurs enfants,
Thaïs, Augustin et Gabrielle,
Guillaume Allard (†),
Sybille Allard,
Florence Allard,
ses petits-enfants
et arrière-petits-enfants,
Henri et Marie-Noël Legrand
et leur enfants,
Savina Legrand
et Emmanuel Eggermont,
leurs enfants et petit-enfant,
Benoît et Séverine Legrand,
leurs enfants et petit-enfant,
ses beaux-enfants
et leurs familles,
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
Christian
GILBERT de BOISROGER
époux en premières noces de
Anne de Mython d'Harcelines
époux en secondes noces de
Anne de Halleux
né à Paris le 8 juin 1928
et endormi
dans la Paix du Seigneur
à Montigny-le-Tilleul,
le 4 avril 2022.
Un service religieux aura lieu
en l'église Saint-Martin
de Landelies (Belgique),
ce vendredi 8 avril, à 14 h 30.
La cérémonie des funérailles,
suivie de l'inhumation,
sera célébrée
en l'église Saint-Martin,
à Drucat (Somme),
le lundi 11 avril, à 9 h 30.
Réunion à l'église.
La famille remercie de tout
cœur l'équipe des soignants
pour leur gentillesse
et leur dévouement.
Lyon.
Mme Henri Giroud,
née Thérèse de Lagrevol,
son épouse,
Blandine et Hubert Seguin,
Régis et Zoé Giroud,
Bernard et Armelle Giroud,
ses enfants,
et ses petits-enfants
ont la tristesse
de faire part du décès de
M. Henri GIROUD
survenu le 4 avril 2022,
à l'âge de 92 ans, à Lyon.
La cérémonie religieuse
sera célébrée en la cathédrale
Saint-Jean, à Lyon (5e),
le samedi 9 avril 2022,
à 11 heures.
Elle sera suivie
de l'inhumation à 16 h 30,
au cimetière du Puy-en-Velay.
Mme Dominique Neveu,
née Marie-Pierre Soudée,
son épouse,
Solène, Marine, Paul,
Benoît, Clément,
ses enfants,
M. Pierre Soudée,
son père,
Christophe et Marie-Hélène
Radenac,
Marie-Noëlle Soudée,
Guillaume et Catherine
Vaudevire,
Brigitte Neveu,
François et Odile Neveu,
Michel et Isabelle Duvaltier,
ses sœurs, beaux-frères
et belles-sœurs,
ses neveux, nièces,
petits-neveux et petites-nièces
ont la douleur de faire part
du décès accidentel de
M. Dominique NEVEU
le 4 avril 2022,
dans sa 60e année.
La messe d'A-Dieu
sera célébrée en l'église
Sainte-Marie-Madeleine
de Vendôme (Loir-et-Cher),
le mercredi 13 avril, à 14 h 30.
Ni fleurs ni couronnes.
Lyon. Saint-Germain-en-Laye.
Bois-Colombes. Saint-Etienne.
M. et Mme Thierry Goyet,
Mme Sylvaine Goyet
et M. Bernard Santini,
ses enfants,
Emeline et Mario Mitri,
Maxence et Isabelle Caillard,
François Goyet
et Delfina Gaspari,
Louis Goyet,
Marion Goyet,
ses petits-enfants,
Gabriel et Giulia Mitri,
Ella Caillard,
ses arrière-petits-enfants,
ont la très grande tristesse
de vous faire part du décès de
Me Michel GOYET
notaire honoraire,
ancien président
de la chambre des notaires
de la Loire (1992-1993),
croix de la Valeur militaire,
croix du Combattant,
survenu le 5 avril 2022,
à l'âge de 89 ans.
La cérémonie religieuse
sera célébrée
le lundi 11 avril, à 14 heures,
en l'église
de l'Immaculée-Conception,
à Lyon (3e), suivie
de l'inhumation au cimetière
de Charlieu (Loire).
La famille remercie toutes
les personnes qui s'associeront
à sa peine et rappelle
à votre souvenir son épouse,
Monique Goyet
née Orband,
décédée le 24 juillet 1998.
Bernard Guérin et son épouse
Michèle Dupré la Tour,
leurs filles et fils,
Anne-Claire, Isabelle, Marion,
Bénédicte, Grégoire, Alix,
Michel Guérin et son épouse
Véronique Bonnet-Eymard,
leurs fils et fille,
Alexis, Vincent, Benoît-Rémi,
Marilys,
Jean-Louis Guérin
et son épouse Bénédicte Worbe,
leurs filles et fils,
Charlotte, Amélie, Merri, Cyril,
Sixtine,
Bertrand Guérin et son épouse
Béatrice de Rivaz,
leurs filles et fils,
Constance, Raphaël, Gabriel,
Violaine, Bérengère, Axel,
Catherine Guérin et son époux
Humbert de Rivaz,
leurs fils et fille,
Silvère, Maïeul (†), Floriane,
Baudouin, Irénée,
Jacqueline Guérin et son époux
Alfred Petsch,
leurs fils et fille,
Daniel, Lisa, Yannis,
ses enfants et beaux-enfants,
ses petits-enfants,
avec ses
50 arrière-petits-enfants
vous font part
du rappel à Dieu de
Hélène GUÉRIN
née Valentin-Smith,
veuve de
Henry Guérin
le 5 avril 2022,
dans sa 102e année, à Lyon (5e).
La cérémonie religieuse
sera célébrée en la basilique
Saint-Martin-d'Ainay,
à Lyon (2e),
le samedi 9 avril 2022, à 8 h 30.
Maria Niewiarowski,
sa femme,
et ses petits-enfants
font part du décès de
Zygmunt NIEWIAROWSKI
ancien responsable financier
de banques à Londres, Paris,
Varsovie, Chicago,
Émirats-Unis,
survenu le 11 mars 2022,
dans sa 95e année,
en Occitanie.
Ses cendres reposeront
dans la paroisse polonaise
à Londres.
Mme Béatrice Osio,
M. et Mme Bertrand Osio,
Anne Alexis et Emmanuelle,
Stéphanie,
Olivia et Marin,
Amédée et Anne-Laure,
Egide et Laetitia,
Charles, Louis,
Camille, Clémence, Aymeric,
Juliette, Armand,
Eloi et Stanislas,
Gautier, Maxime, Hippolyte,
Hortense, Athénaïs, Mathilde,
Wandrille, Etienne,
Suzanne et Madeleine
ont la tristesse
de faire part du décès de
Mme Jean OSIO
née Anne Huftier,
leur mère, grand-mère
et arrière-grand-mère,
survenu le 2 avril 2022,
à l'âge de 99 ans.
Le culte d'action de grâce
aura lieu ce vendredi 8 avril,
à 15 h 30, en l'église protestante
unie de Passy,
19, rue Cortambert, Paris (16e).
On nous prie d'annoncer
le décès de
Mme Etienne PELLE
née Georgette Le Gall,
survenu le 26 mars 2022,
à Saint-Maur-des-Fossés. La culture de la liberté depuis 1826
Carantec (Finistère).
Neuilly-sur-Seine.
Le Seigneur a rappelé
près de Lui
M. Yves
de RODELLEC du PORZIC
Libre de
le 5 avril 2022,
dans sa 82e année.
De la part de
s’informer.
Mme Yves
de Rodellec du Porzic,
née Agnès Ravier, son épouse,
M. et Mme Yann
de Rodellec du Porzic,
Mlle Anne-Flore
de Rodellec du Porzic,
ses enfants,
Aymeric et Thibaud
de Rodellec du Porzic,
ses petits-fils,
ses sœurs, beaux-frères,
belles-sœurs
et toute la famille.
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La cérémonie religieuse
sera célébrée ses magazines le week-end.
le samedi 9 avril, à 16 heures,
en l'église de Carantec. Accédez aux versions numériques
du journal, des magazines et
Est remercié tout le personnel
soignant qui lui a été dévoué. des hors-séries culturels ainsi qu’à
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son fils, 6 mois
Béatrice Rollier-Muret,
sa belle-fille,
Charles, Hélène,
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ses petits-enfants,
et toute sa famille
ont la tristesse
de vous faire part du décès de
M. Claude ROLLIER
survenu le 4 avril 2022,
à l'âge de 84 ans, à Paris.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Alexis Rollier,
6, rue Edmond-Valentin,
75007 Paris.
remerciements
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emmanuel macron, au palais de l’Élysée, en avril 2021, lors d’un entretien avec Le Figaro, où il défendait son bilan.
De la « start-up nation » au grand
retour de la planification d’État
Anne de Guigné
adeguigne@lefigaro.fr
William Plummer
wplummer@lefigaro.fr
A
«
lors oui, pouvons-nous être
vraiment les mêmes qu’il y a
cinq ans ? » Pour incarner son
mantra de la continuité dans
le changement, Emmanuel
Macron a lancé un pont, lors
de son discours fleuve de sa-
medi dernier à la Paris la Défense Arena, entre sa
candidature actuelle, aussi poussive qu’évidente,
et la tension conquérante qui l’avait porté au pou-
voir en 2017. « Le monde de marche en avant conti-
nue du progrès que nous avions fini par croire iné-
branlable, tout cela semble se défaire sous nos
yeux », a reconnu le président-candidat, sacrifiant
même à l’inévitable « retour du tragique dans l’His-
toire ». Une note inquiète, bien éloignée du ton
triomphant, affiché il y a cinq ans. « Je crois à l’es-
prit des Lumières qui fait que notre objectif est bien
l’autonomie de l’homme libre, conscient et critique »,
avançait alors un Emmanuel Macron obsédé par
l’idée de donner à chacun les moyens de son éman-
cipation. Libéral, le jeune président assumait un
retour à la pensée des révolutionnaires de 1790,
fondé sur la responsabilité des individus. Citant
Sieyès et Mirabeau, il promettait devant le Congrès
réuni à Versailles de s’attaquer « aux forces de
l’aliénation » qui entravent la société française.
Sur le volet économique, la « start-up nation »
incarnait cette ambition d’autonomie. À peine élu,
Emmanuel Macron déclarait ainsi vouloir faire de
la France « un pays de licornes, le pays des géants
de demain » et s’enthousiasmait pour les autoen-
trepreneurs. Une vision que le président s’appli-
qua ensuite lui-même à caricaturer au rythme de
ses fameuses petites phrases, du prosaïque « je
vous trouve un travail en traversant la rue », jus-
qu’au lapidaire « il y a ceux qui ont réussi et ceux
qui ne sont rien ». Las, de crise en crise, « gilets
jaunes », Covid, Ukraine…, la réussite ne structure
plus la pensée macroniste. L’horizon des rêves
d’émancipation est désormais collectif. Absorbant
tous les chocs, l’État est devenu omnipotent dans
l’économie, au point que, fin 2021, les dépenses
publiques représentaient près de 60 % de la ri-
chesse nationale. La souveraineté et les relocalisa-
tions rythment désormais les discours présiden-
tiels, en réponse à l’effroi des Français découvrant
au printemps 2020 que la production nationale
était incapable de les fournir en équipements mé-
dicaux les plus simples. « J’assume d’avoir une vo-
lonté de planification » pour les secteurs stratégi-
ques, avançait même le candidat, lors de son
premier discours de campagne.
Le premier acte de ce changement de ton sur-
vient fin 2018. Après une année hyperactive toute
dédiée aux réformes, l’exécutif est soudain rattrapé
par un mouvement qu’il n’avait pas vu venir, la co-
lère des « gilets jaunes », ces désormais fameux ha-
bitants de la « France périphérique ». La contesta-
champs libres
récit
François BoUCHon/Le Figaro
Le jeune président tion née sur les ronds-points exprime un rejet radi-
cal du projet présidentiel de responsabilisation de
libéral, qui s’était
tous et, en corollaire, une demande virulente d’un
État toujours plus protecteur. La France se déchaî-
engagé en 2017
ne. Les symboles de la République - Arc de triom-
phe, ministères… - sont attaqués, la préfecture de
Haute-Loire est la proie aux flammes. Au Puy-en-
sur un programme
Velay, en décembre 2018, Emmanuel Macron se
retrouve lui-même, quelques jours après l’incen-
d’émancipation die, pris pour cible par des manifestants. La violen-
ce de la contestation fait vaciller les certitudes du
et d’autonomie des chef de l’État. Il promet « un changement de métho-
de », s’engage à construire « l’État-providence du
citoyens, a, sous la XXIe siècle » et à réinventer « le partage social ». La
« start-up nation » a vécu.
contrainte des crises Sous la pression sociale, Emmanuel Macron signe
un chèque de 17 milliards d’euros, premier d’une
– des « gilets jaunes » longue série, afin d’apaiser les esprits. Il baisse les
impôts sur le revenu des classes moyennes, s’enga-
ge à geler les prix de l’énergie et à élargir la prime
à la guerre en Ukraine d’activité. Plus de 1 million de foyers supplémen-
taires percevront cette prestation. « Le gouverne-
en passant par la ment est venu financer une partie du revenu des plus
modestes. C’est un geste extrêmement intervention-
pandémie – organisé niste sous teinte d’un pragmatisme contraint », ana-
lyse le sociologue et spécialiste de la protection so-
au contraire l’expansion ciale, Julien Damon. Dans l’urgence, l’exécutif
concède aux contestataires que l’État a les moyens,
de l’État dans l’économie. du moins sur le court terme, de répondre aux maux
socio-économiques du pays. Le sémillant ministre
de l’Économie de François Hollande qui, pour pro-
voquer son camp, estimait en 2015 qu’on ne pou-
vait pas « tout attendre de l’État », s’est rangé.
Retour aux recettes traditionnelles
À l’occasion de cette inflexion, Emmanuel Macron
assume de s’affranchir de la règle européenne limi-
tant le déficit à 3 % du produit intérieur brut (PIB).
« Un vrai changement de matrice s’est opéré dé-
but 2019, concède un ancien conseiller gouverne-
mental. On avait auparavant un œil averti sur les
dépenses, mais depuis notre regard s’est complète-
ment décomplexé. » La promesse de lutte contre les
inégalités de destin, axe fort du macronisme, sem-
ble aussi passer au second rang. Le gouvernement
assume, le temps de ces crises, un retour aux recet-
tes traditionnelles françaises du saupoudrage des
aides. Les priorités données à l’école et à la santé
pour la campagne 2022 expriment toutefois le net
souhait de revenir, pour un éventuel second man-
dat, sur cette ligne.
Le dossier de la réforme de l’assurance-chômage
témoigne encore des ambiguïtés du président
autour de sa vision de l’État-providence. La refonte
du système passe par un durcissement des condi-
tions d’éligibilité des chômeurs, une baisse de leur
indemnisation mais aussi une ouverture du régime
On avait auparavant un œil averti sur
les dépenses, mais depuis notre regard
»
s’est complètement décomplexé
un ancien conseiller gouvernemental
vendredi 8 avril 2022
le figaro
17
aux démissionnaires et aux travailleurs indépen-
dants. Elle semble ainsi acter la conversion du mo-
dèle assurantiel traditionnel français vers un systè-
me anglo-saxon, dit de filet de sécurité. En plaçant
tout le monde sous la protection de la puissance
publique, la réforme assume aussi un mouvement
d’étatisation aux dépens des corps intermédiaires,
jusqu’ici en charge de la gestion de l’assurance
pour perte d’emploi. « Se cache derrière cette em-
prise l’idée que la haute administration défend l’inté-
rêt général et qu’elle le fait mieux que quiconque.
L’État ne fait pas confiance aux citoyens, aux parte-
naires sociaux et aux entreprises. Le problème c’est
que ça coûte “un pognon de dingue” et que ça ne
fonctionne pas », alerte un économiste, écouté dans
les couloirs des ministères.
Socialiser les chocs
Le Covid va définitivement emporter les subtilités
du « en même temps » macronien. Face à l’épidé-
mie, l’État français, comme tous ses pairs occiden-
taux, ouvre grand les vannes des dépenses pour
contrer le risque d’effondrement de l’économie.
Fonds de solidarité, chômage partiel, prêts garantis
par l’État, plan jeunes… Pour soutenir les entrepri-
ses comme les particuliers, Bercy met les moyens.
Au total, pendant cette longue année qui s’écoule,
de confinements en restrictions, plus de 120 mil-
liards sont dépensés. Ces aides massives permet-
tent aux Français de surmonter le choc mais ne
s’attaquent en rien aux faiblesses structurelles du
pays. Ainsi, en sortie de crise, il apparaît que les
personnes les plus fragiles n’ont jamais été aussi
loin de la réinsertion. Alors que le taux d’emploi
des Français atteignait un record fin 2021, celui des
non-diplômés était au point bas. De quoi offrir de
nouvelles marges de manœuvre pour étendre la
solidarité de l’État. En début d’année, le gouverne-
ment a ainsi lancé le contrat d’engagement jeunes :
une aide de 500 euros, conditionnée au suivi d’un
parcours d’insertion, destiné à tous « les invisibles »
qui n’ont plus de lien avec les services publics. Dis-
positif qui pèsera, chaque année, plus de 2,6 mil-
liards d’euros.
La fin du mandat sera marquée par les questions
de pouvoir d’achat liées à l’inflation galopante pro-
voquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et,
plus tôt, par la rapide reprise économique post-Co-
vid. Au total, depuis l’automne, près de 30 mil-
liards d’euros d’aides ont été annoncés pour sup-
porter le choc. Tous les conducteurs bénéficient
ainsi déjà de la très populaire remise à la pompe. La
facture devrait continuer à gonfler. De nouvelles
aides ayant été promises par tous les candidats, et
singulièrement Emmanuel Macron, pour soutenir
le revenu des Français dans les prochains mois. En
trois ans, semble ainsi s’être imposé le principe que
le coût de tout choc externe subi par le pays doit
être socialisé et pris en charge par la collectivité,
c’est-à-dire, au final, via la dette, par les futures
générations. Ainsi, de crise en crise, le jeune prési-
dent libéral qui voulait replacer le principe de res-
ponsabilité au cœur de la vie politique aura basculé
dans un étatisme triomphant. Un nouveau para-
A
digme qui s’est imposé apparemment sans mal à
cet ancien haut fonctionnaire. ■
 vendredi 8 avril 2022 le figaro
18 champs libres
Débats
Ukraine : la mémoire du goulag concourt
à l’esprit de résistance contre les Russes
L
+ » Lire aussi pages 8, 10, 11 et 12
a vaillance des Ukrainiens
face à l’agression russe fait
« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais
l’admiration de beaucoup de
nos concitoyens. Cet esprit de
résistance vient de loin. Non
seulement l’Ukraine a subi la
« famine programmée » par Staline,
l’Holodomor (nos éditions des 12 et
13 mars), mais les Ukrainiens ont fait
l’objet de répressions répétées de la part
du pouvoir soviétique, obsédé par
l’édification d’une société « socialement
pure ».
Avec la collectivisation des terres, ce
sont des dizaines de milliers de paysans
ukrainiens qui furent déportés au goulag
dès 1930, le système concentrationnaire
prenant alors son essor avec les camps de
redressement par le travail (ITL). La
résistance générale des paysans fut
réprimée violemment : les morts sur
place se comptèrent par milliers. Pour la
période 1930-1938, l’historien Viktor
Zemskov a établi que 400 000 Ukrainiens
ont été déportés hors de l’Ukraine. La
part des Ukrainiens parmi les détenus des
camps soviétiques est estimée à 13 % en
1939 (environ 1,3 million de détenus), à
20 % en 1951 (2,5 millions de détenus).
De nouvelles vagues de déportations
frappèrent l’Ukraine occidentale lorsque
l’Armée rouge entra dans cette région qui
faisait alors partie de la Pologne, le
17 septembre 1939, en vertu des clauses
secrètes du pacte germano-soviétique.
Fut particulièrement visé le
mouvement nationaliste ukrainien,
notamment l’OUN (Organisation des
nationalistes ukrainiens), créée en 1929,
qui avait pu s’organiser - non sans
difficultés - face à l’État polonais. De
nouvelles déportations
eurent lieu en 1944
Jean-Louis Panné avec le retour de
l’Armée rouge – dans
sous l’ère soviétique, déjà, les ukrainiens se les rangs de laquelle
distinguaient par leur combativité et leur combattaient d’ailleurs
attachement à la liberté. La persistance de maquis des centaines de
plusieurs années après 1945, le rôle des déportés milliers d’Ukrainiens.
L’OUN et l’Armée
ukrainiens lors des épisodes de révoltes dans insurrectionnelle
les camps, puis la détermination des dissidents ukrainienne (UPA),
ukrainiens l’attestent, raconte l’historien*. qui poursuivit la lutte
Jamais le Parlement n’a été aussi abaissé
Q
uelle sera la participation
aux législatives des 12
et 19 juin ? En 2017, seuls
48 % des électeurs s’étaient
déplacés au premier tour
et 42 % au second. Seront-
ils plus nombreux dans deux mois ?
En l’état, rien ne peut l’accréditer.
Non seulement depuis l’adoption
du quinquennat les législatives se sont
vidées de leur enjeu propre, se réduisant
à une élection de confirmation
du scrutin présidentiel. Mais de surcroît,
le quinquennat qui se termine s’est
caractérisé par une dévitalisation
de l’institution parlementaire en raison
de l’indifférence constante manifestée
par Emmanuel Macron vis-à-vis des
représentants de la nation.
Sa première victime fut la
délibération. Dans son allocution du
14 juin 2020, le chef de l’État résumait
explicitement la place laissée à
l’Assemblée : « Le premier ministre
et le gouvernement ont travaillé
d’arrache-pied, le Parlement s’est réuni,
l’État a tenu, les élus de terrain se sont
engagés. » Tout est dit, l’unique
vocation du Parlement est de se réunir,
pas de délibérer, pas de représenter, pas
de voter. Un rôle clairement formel.
On aura bien compris que le président
Macron voulait magnifier le rôle central
DESSINS CLAIREFOND
de l’exécutif et son action de terrain face
à la crise sanitaire, et que son évocation
de la réunion du Parlement devait
s’entendre comme un mérite
supplémentaire à placer à son crédit,
d’avoir voulu « quoi qu’il en coûte »
maintenir le fonctionnement
des institutions de
la République. En
Jean-Jacques urvoas réalité, il exprimait
une approche qui a
si le pouvoir législatif a toujours été limité sous matricé le mandat.
la ve république, l’assemblée nationale a atteint, Les prochaines
durant le quinquennat qui s’achève et par la volonté statistiques de la
législature auront
constante d’emmanuel Macron, un état beau faire état de
A
d’insignifiance aussi pénible que dangereux, records en termes
s’inquiète l’ancien garde des sceaux*. de nombre de
antisoviétique (les derniers partisans
déposant les armes au début des années
1950), furent la cible privilégiée du NKVD
et des services de l’Armée rouge. Des
milliers de paysans soupçonnés d’avoir
hébergé des militants de ces
organisations sont alors raflés,
condamnés à vingt-cinq ans de travaux
forcés pour « trahison de la patrie » et
déportés. Toute la population est passée
au « crible » : membre de l’OUN, Anna
Mikhaïlevitch a rapporté que les officiers
du NKVD procédaient à un examen des
carnets scolaires d’avant-guerre pour
« Lors des révoltes de détenus
politiques dans des camps soviétiques, vie et de travail. Ils
les témoins insistent sur le rôle
de premier plan des ukrainiens, ce que
les archives confirment » 23 d’entre eux
décider de l’arrestation des élèves les plus Rechtlag, un tiers des prisonniers firent
doués, susceptibles de devenir des
opposants au nouveau régime
(M. Craveri, N. Formozov, revue
Communisme, numéro 42-45, 1995).
C’est une constante de la politique
soviétique que de détruire les élites des
pays dont elle entend prendre un
contrôle absolu.
En 1948, le ministère de l’Intérieur
soviétique décida de créer des camps à
« régime spécial » pour les prisonniers
politiques considérés comme
particulièrement dangereux. Les
Ukrainiens déportés, mais aussi les
Lituaniens, fort d’une expérience
analogue de résistance aux Soviétiques,
avaient réussi à constituer des réseaux de
solidarité à l’origine de grèves et de
quasi-insurrections. Ces réseaux
œuvraient à l’élimination de
« mouchards » et s’opposaient aux droits
communs qui avaient acquis, avec la
mansuétude des autorités, la gestion des
camps. L’expérience de la lutte
clandestine armée, d’abord contre les
Allemands puis contre les Soviétiques, se
révélait alors fort utile. Au Rechtlag, nom chars qui intervinrent le 26 juin, écrasant
de l’ensemble des camps (lag comme
séances ou d’heures passées dans
l’hémicycle comme en commission,
l’Assemblée s’est limitée à être le bras
législatif
de la présidence de la République.
Comme le disait Edgar Faure, elle ne fut
qu’une « entreprise de scrutins doublée
d’une société de conférences ».
Mieux, pour la première fois depuis
la naissance du régime, le droit produit
n’a pas été majoritairement issu de la loi. réglementaires adoptées par le
Contre 180 lois promulguées,
les gouvernements ont pris
291 ordonnances (au 25 juin 2021), dont
91 seulement directement liées à la
pandémie du Covid-19 (les ordonnances,
prévues par l’article 38 de la Constitution,l’épidémie.
permettent à l’exécutif, sur autorisation
« Pour la première fois depuis la
naissance du régime, le droit produit
n’a pas été majoritairement issu de la loi, Ainsi, pour la
mais des ordonnances » création de la
du Parlement, de prendre des décisions
qui relèvent normalement de la
compétence du législateur, NDLR). Le
solde reste en défaveur de la délibération soit aux votes du Parlement, soit
parlementaire et impose la conclusion :
plutôt que de confier la production
de la norme au débat contradictoire,
ce quinquennat a fait écrire la loi par
ses administrations.
L’exercice de contrôle a été sacrifié.
Certes, par essence les gouvernements
ne l’apprécient guère, le considérant
comme une inutile entrave, ou pire, y
suspectant de malveillantes intentions.
Cependant la révision voulue par Nicolas
Sarkozy avait permis aux chambres de
mieux l’exercer et, pendant dix ans, les
parlementaires ont pu démontrer qu’il
était possible - et utile - de s’intéresser Enfin, il restera la décision très
aux dysfonctionnements de l’État sans
que l’exécutif ne l’interprète
immédiatement comme une tentative
de censure. Pourtant, de l’étouffement
de la commission d’enquête sur l’affaire
lager) de la région de Vorkouta,
les détenus disposaient de radios qui leur
permettaient de capter les radios
occidentales, d’apprendre la mort
de Staline (5 mars 1953) mais aussi
l’insurrection des ouvriers de Berlin-Est
(17 juin 1953).
En mai 1953, au Gorlag, les camps
autour de la ville d’au-delà du cercle
polaire de Norilsk, les trois quarts des
prisonniers (environ 20 000) se mirent
en grève pour protester contre les
mauvais traitements que les escortes
policières leur faisaient subir. Ils
revendiquaient une
amélioration de
leurs conditions de
résistèrent aux
gardes et aux soldats
mais au moins
furent tués.
En juillet 1953, au
grève pour les mêmes raisons, sous la
direction d’un comité constitué de
représentants des différentes nationalités
dont les Ukrainiens. Le témoignage,
en 1954, de Joseph Scholmer sur la grève
précise que, dans sa section du camp, sur
3 500 détenus, 1 800 étaient Ukrainiens
et que 60 % à 70 % venaient d’Ukraine
occidentale. Au sein du comité de grève,
les Ukrainiens étaient majoritaires. Des
dizaines de détenus seront tués lors de
l’assaut des troupes du MVD (ex-NKVD),
selon les documents officiels.
Au Steplag, nom de l’ensemble
des camps de la région de Karaganda
(Kazakhstan), près de village de Kenguir,
en mai 1954, 5 000 détenus ont fait grève
pendant quarante jours sous l’autorité
d’une commission élue de treize
membres, avec en sous-main un centre
clandestin qui avait pris la direction
du camp où près de la moitié des
20 000 détenus étaient ukrainiens.
Anna Mikhaïlevitch, évoquée plus haut,
a joué un rôle dans cette révolte.
La répression fut féroce : ce furent les
les grévistes, roulant sur les baraques
Benalla durant l’été 2018, après quatre
petits jours d’auditions, à la dissolution
imposée de la mission d’information
sur la crise du Covid-19 en janvier 2021,
le bilan frôle l’étisie. Même au moment
de la création du régime juridique
de l’état d’urgence sanitaire, le Sénat
a dû batailler pour obtenir l’adoption
d’un amendement garantissant l’accès
des parlementaires aux mesures
gouvernement. Inversement, jamais la
majorité ne s’est intéressée au caractère
de nécessité des certaines mesures
restrictives des droits et libertés
adoptées au nom de la lutte contre
Cette anémie a été entretenue tant
le président
a régulièrement
cherché
à contourner le
pouvoir législatif.
conférence
citoyenne pour
le climat, Emmanuel Macron s’engageait
le 25 avril 2019 à ce que les propositions
élaborées soient « soumises sans filtre
à référendum, soit à application
réglementaire ». Ensuite, dans une
étonnante annonce en novembre 2020
Jean Castex confiait à une « commission
indépendante » composée autour du
président de la CNCDH une « nouvelle
écriture » de l’article 24 de la
proposition de loi « Sécurité globale »
dont le contenu était alors contesté.
Encore, le chef de l’État installait le
25 juin 2020 une « mission indépendante
nationale sur l’évaluation de la gestion
de la crise Covid-19 » confiée
à un professeur de médecine suisse.
discutable de placer le Conseil
de défense sanitaire comme outil
de pilotage des politiques publiques liées
à la gestion de la crise sanitaire :
ses travaux étant couverts par le secret-
avec les gens dormant à l’intérieur. Par la
suite, six membres de la commission
furent exécutés. L’agitation ne cessa pas
pour autant dans les différents camps :
un rapport signale en juin 1954 que les
détenus ukrainiens transférés du Gorlag
en transit dans la prison de Sverdlovsk
préparaient d’autres grèves.
Dans tous ces épisodes tragiques,
notamment au Rechtlag et au Gorlag, les
témoins insistent sur le rôle de premier
plan des Ukrainiens, ce que les archives
confirment.
L’histoire des répressions contre les
Ukrainiens ne s’interrompt nullement
dans les années 1950. Jusqu’à la chute
de l’URSS, les nationalistes ukrainiens
et toutes sortes d’opposants furent
pourchassés. La situation bloquée poussa
à des gestes tragiques : Vassyl Makoukha
se suicida par le feu en novembre 1968
au cri de «Vive l’Ukraine libre ! ».
Après la conclusion des accords
d’Helsinki (1972) devait naître en
novembre 1976 le Groupe social
ukrainien pour le respect des accords
d’Helsinki, qui fut l’un des plus actifs.
D’autres réseaux, religieux, culturels,
apparurent également.
S’il est impossible ici de faire toute
l’histoire de cette dissidence nationale,
du lien entre les années du goulag
et l’Ukraine d’aujourd’hui, il faut
cependant rappeler, comme un symbole,
la mort du poète Vassyl Stous
le 4 septembre 1985, sous Gorbatchev.
Condamné à quinze ans de camp en tant
que membre du Groupe de surveillance
du respect des accords d’Helsinki,
il était le quatrième de ce groupe à périr
dans les geôles de l’Union soviétique.
La résistance ukrainienne
d’aujourd’hui plonge ses racines
dans cette longue histoire de drames
et d’espoirs. ■
* Ancien éditeur, Jean-Louis Panné est
l’auteur d’une remarquable biographie,
« Boris Souvarine. Le premier désenchanté
du communisme » (Robert Laffont, 1993),
et l’un des coauteurs du « Livre noir du
communisme. Crimes, terreur, répression »
(Robert Laffont, 1997), dirigé par Stéphane
Courtois, qui a fait événement.
défense, ils sont exempts de tout
contrôle parlementaire.
Ce contournement érigé en système
en vient à contester la fonction
de représentation de la « nation
assemblée », pour reprendre la belle
formule de Mirabeau.
Enfin, il existe une dernière fonction
que doit remplir l’Assemblée : celle
d’animation du débat public, nécessaire
à toute démocratie. Et à nouveau
l’atrophie sonne comme un aveu.
Un exemple récent l’illustre avec éclat.
Le 8 mars, la Chambre des communes
a vécu un moment historique. Alors que
les dirigeants étrangers n’ont pas le droit
de s’exprimer depuis Westminster,
à la demande de son speaker,
Volodymyr Zelensky est intervenu
en visioconférence. Par sa capacité
d’initiative et sa réactivité, le Parlement
démontrait ainsi, douze jours seulement
après le début de la guerre, l’unité
du Royaume-Uni au côté de l’Ukraine
agressé. En France, il a fallu attendre
le 23 mars pour que l’Assemblée finisse
par organiser une telle démonstration.
Bien après le Congrès américain,
le Parlement européen, le Bundestag,
les Chambres suisse, israélienne
et italienne. Encore a-t-il fallu que
ce soit une sollicitation des diplomates
ukrainiens. Ainsi jamais en cinq ans
l’actualité politique ne s’est écrite
à l’Assemblée.
À bas bruit, s’abîmant durablement
au gré des renoncements, le Parlement
s’est ainsi effacé. Il est inexistant dans
la campagne présidentielle, témoignant
qu’il ne pèse plus dans le
fonctionnement institutionnel.
Symboliquement mais logiquement,
à l’inverse les candidats au mandat
suprême rivalisent d’engagements
sur le référendum.
Dans la monocratie d’Emmanuel
Macron, l’Assemblée n’aura été
qu’un tabernacle vide. ■
* Président (PS) de la commission des lois
de l’Assemblée nationale de 2012 à 2016.
Maître de conférences en droit public.
 vendredi 8 avril 2022

champs libres
le figaro

OpiniOns 19

Le bLoc-noteS
Ivan Rioufol
irioufol@lefigaro.fr
La présidentielle face au front « antisystème »

D
blog.lefigaro.fr/rioufol
imanche soir,
les « antisystèmes »
pourraient bien être les
vainqueurs du premier
tour. L’addition des
abstentions et des votes
de rupture (de Jean-Luc Mélenchon
à Marine Le Pen en passant par Éric
Zemmour) s’annonce majoritaire.
Emmanuel Macron a d’ailleurs
pressenti ce risque, potentiellement
révolutionnaire : samedi, lors de son
unique meeting parisien, le président-
candidat a accusé à plusieurs reprises
le « système » en le rendant coupable
d’entraver sa politique. En réalité, s’il est
un dirigeant qui symbolise le pouvoir
établi, c’est lui. Les sondages le donnent
en tête dimanche et gagnant in fine.
Toutefois, la fronde électorale demeure
une réalité indomptable. Le chef de l’État
redoute ce « populisme » contre lequel
il a construit son mandat. Depuis, ce
courant « dégagiste » a pris de l’ampleur.
Les Français se révolteront-ils,
comme le souhaite Valérie Pécresse
(LR) ? Le somnambulisme apparent
de l’opinion est un terrain qu’entretient
Macron. Son salut viendra d’une
démobilisation des mécontents. Le
président sortant s’emploie à dépolitiser
les enjeux, en les réduisant à des priorités
d’évidence : l’égalité hommes-femmes,
la protection de l’enfance, l’éducation,
la santé. Le recours à la diversion
est l’autre méthode pour détourner les
regards : la perpétuation de la guerre
en Ukraine donne l’occasion au candidat
de se présenter en président habité par
sa mission d’« éviter la paix… la guerre,
hébété : il n’est plus à la hauteur des
enjeux existentiels. Ceux-ci ne peuvent
se réduire à des « chèques énergie »,
des ristournes sur les carburants,
des soutiens aux « mamans solos »,
des « quoi qu’il en coûte » renouvelés.
Craindre la perspective d’un grand
remplacement civilisationnel, vouloir
que la France reste ce qu’elle est,
défendre la distinction entre le citoyen et
l’étranger sont des aspirations légitimes.
Elles ne peuvent être assimilées à des
attitudes racistes ou antisémites, ou au
retour de la peste brune. C’est pourtant
ce que soutient le Système, soucieux
de préserver sa rente par ses fatwas.
Il se prépare à nouveau à appeler,
au second tour, à « faire barrage »
au candidat non homologué. Toutefois, le
« tout sauf Macron » pourrait contrarier
sa victoire annoncée.
fausse. Elle veut faire croire que les
nations et les peuples auraient fait
leur temps, tout comme les héritages
et les traditions. Or c’est le phénomène
inverse qui, partout, s’observe.
Une révolution conservatrice est à
l’œuvre. Elle va à rebours de l’idéologie
liquide du grand mélangisme et
de l’indifférenciation des cultures
comme des sexes. Dimanche, en
Hongrie, c’est ce courant réactif, honnis
par l’Union européenne et la macronie,
qui a remporté pour la quatrième fois
les législatives en donnant à nouveau
la victoire à Viktor Orban (53,3 %),
bête noire de la bien-pensance.
De nombreux « progressistes » se sont
empressés de mettre en doute ces
résultats qui osent les défier. L’UE, dès
mardi, a déclenché contre le pays rebelle
une procédure pour violation de l’État

@
pardonnez-moi » (lapsus, sur TF1,
100 000 citations
et proverbes sur evene.fr ENTRE GUILLEMETS mercredi soir). Enfin, l’usage de la
diabolisation de l’adversaire est l’ultime
méthode retenue par le pouvoir
8 avril 2013 : mort de Margaret pour rejouer le duel Macron-Le Pen :
Thatcher, première ministre du le « danger extrémiste » sera, pour
Royaume-Uni de 1979 à 1990. la macronie, l’argument du pauvre.
Mais la corde est usée.
Disons-le : ce cirque est navrant. Ceux
qui cherchent à endormir les électeurs
Les Chemins par des sirops consensuels s’adonnent
à des tricheries qui se voient.
du pouvoir. Les cuisines politicardes ne suffiront plus
à embrouiller les plus lucides. Le choix de
Mémoires II Macron de qualifier d’« extrême droite »
Notre politique ceux qui parlent de la survie de la nation
dévoile l’indifférence, sinon le mépris,
n’est pas fondée qu’il porte à la France et à sa cohésion.
sur la jalousie En mimant ce manichéisme pour
Jean-Christophe MarMara / Le Figaro
Idée fausse
Le « progressisme » macronien
a su garder son socle de fidèles. Mais la
courbe de ses sondages est à la baisse.
Sa réserve de voix s’est asséchée par
rapport à 2017. De fait, l’indifférence
portée aux plus modestes n’encouragera
pas, cette fois, les ralliements de la
gauche. Il n’est pas sûr d’obtenir non
plus ceux de la droite la plus sensible
à la question identitaire. La vision
aseptisée de la société que promeut
Macron lui fait dire des légèretés.
Alors qu’il commentait le geste d’un
agriculteur qui, craignant pour son
enfant, avait mortellement blessé au fusil
de chasse un cambrioleur qui s’était
introduit chez lui, avec des complices,
de droit. La Hongrie n’est pas la France.
Mais un même mouvement populaire
y a ses assises. Il rejette pareillement
les donneurs de leçons et les convertis
au mondialisme. Orban, au-delà
des défauts de son régime illibéral,
symbolise l’utile mise en cause des
idéologues de l’immigrationnisme,
du multiculturalisme, des minorités
LGBT. Ce sont eux qui imposent leur État
de droit, qui n’a jamais obtenu l’aval des
citoyens. Parce que ce monde s’éloigne
de la démocratie, il est menacé.
L’heure des comptes
Face aux carences de l’« État
protecteur », les Français demandent
des comptes. Mercredi, la famille
du professeur Samuel Paty, décapité par

les nuls, Pécresse applique le logiciel
ou sur la haine, doctrinal des macronistes qu’elle dit
mais sur la liberté combattre. Jamais élection n’a été aussi
capitale si l’on admet qu’un choix
individuelle de civilisation est à faire : poursuivre la
de l’homme dilution des nations dans des structures
ou de la femme » postnationales, ou revenir à la protection
des peuples et de leurs identités. Une
victoire de Macron le 24 avril accélérerait
le déracinement national.
Il y a quelque chose de pourri dans
la démocratie française. La vacuité des
débats est l’effet d’un monde politique
durant la nuit, il a déclaré : « Je suis
opposé à la légitime défense. » L’Élysée
a précisé que le président voulait dire :
« Opposé à la présomption de légitime
défense. » Il n’empêche : cette incapacité
de Macron à mesurer l’état d’insécurité
dans lequel vivent des Français est liée
à sa déconnexion des réalités. L’irritation
qu’il suscite tient à sa morgue. Macron
se croit porté par l’histoire. À tort : celle-
ci s’écrit chez ceux qui protestent.
Depuis 2017, ce quinquennat
européiste poursuit une même idée
un islamiste, a attaqué deux ministères.
La famille d’Yvan Colonna, assassin
du préfet Érignac, poursuit l’État
après son meurtre en prison par un
autre djihadiste. Quant à la famille
de Jérémie Cohen, jeune juif handicapé
qui a été happé par un tram à Bobigny
en fuyant des racailles, elle a dû alerter
Zemmour pour briser l’omerta.
Macron, lui, a mis en garde contre
les « manipulations politiques ».
Surtout, ne pas « faire le jeu de l’extrême
droite »…

anaLySe
Aziliz Le Corre
alecorre@lefigaro.fr
Un « délit de non-partage des tâches
domestiques », est-ce bien sérieux ?

L
e privé est politique. » Dans les faits, le sondage nous indique culturelles ou religieuses des personnes. de mettre en œuvre les moyens de leur
C’est ce qu’a déclaré que seuls 14 % des personnes en couple Il ne peut donc pas, non plus, interférer épanouissement, en intervenant jusque

« Sandrine Rousseau le 21 mars

dernier dans l’émission
Twitch « La présidentielle
selon Madmoizelle ».
Elle a ajouté qu’elle souhaitait instaurer
un « délit de non-partage des tâches
domestiques » qui permettrait de
sanctionner le conjoint qui ne prend pas sa
part des tâches ménagères ou parentales.
Selon une enquête Ifop pour Consolab
parue le 7 avril 2022, aussi étonnant que
cela puisse paraître, une femme interrogée
sur deux (50 %, contre 44 % des hommes)
se dirait aujourd’hui favorable
à l’instauration de ce délit.
pourraient y avoir recours, ce qui
représente cependant un potentiel
dans la gestion des tâches domestiques.
Mais ne faut-il pas penser, comme
dans la vie du foyer. Chacun renonce ainsi,
pas à pas, à ses libertés pour satisfaire
d’un million de plaintes, si l’on extrapole Sandrine Rousseau, que la séparation ses passions : celle de l’égalité et celle du
le pourcentage de personnes « certaines » qu’opère la modernité entre homme public bien-être, du confort matériel, ses « petits
d’y avoir recours (sur la base des et homme privé est une illusion ? Selon et vulgaires plaisirs », écrit l’auteur de
30 millions de personnes vivant Marx, « l’émancipation humaine » ne peut La Démocratie en Amérique.
actuellement en couple). Cette irruption se réaliser « que lorsque l’homme a reconnu Contre cette insertion d’un État
du politique dans la sphère privée romprait et organisé ses propres forces comme forces tout puissant, mû par des intentions
avec la distinction philosophique et sociales et ne sépare donc plus de lui la force bienveillantes et égalitaires, dans la vie
juridique d’espaces privé et public, héritéesociale sous la forme de la force politique ». intime des citoyens, une des exigences
Autrement dit, essentielles de la politique contemporaine
« La reconnaissance d’une sphère
publique et d’une sphère privée permet le lieu politique
de limiter la puissance de l’État-
on ne peut scinder

des éléments
qui l’engendrent
est de maintenir un espace qui protège
l’intimité des individus.

Le slogan, que la membre du parti EELV
reprend à son compte, est emprunté
à l’activisme du féminisme radical
des années 1970. Selon ces militantes,
le sexisme était d’abord une affaire
personnelle et la vie privée, le lieu
privilégié de la « domination masculine ».
La part importante des sondés adhérant
à l’instauration de ce délit pose question.
Certes, il soulève l’absence d’équité dans
la division sexuelle du travail domestique :
la majorité des Françaises (57 %) déclarent
toujours en faire « plus » que leur
conjoint, contre 37 % qui disent en faire
« à peu près autant » et seulement 8 % qui
se prévalent d’en faire « moins » que lui.
Mais, pour la majorité des personnes
favorables à cette infraction,
celle-ci serait avant tout symbolique.
Léviathan et de se prémunir contre (conditions sociales,
les rencontres
l’extension incontrôlée de tout pouvoir
des Lumières. Selon la tradition libérale,
» appartenances
religieuses et
communautaires…), sinon la politique du figaro
le « public » désigne l’État, les pouvoirs se prive des moyens d’agir efficacement
publics et leurs représentants au service sur la société, estime-t-il. Ce serait donc,
du bien commun, quand le « privé » au contraire, en tenant compte des
relève de la vie personnelle des individus. particularismes des individus que le
La reconnaissance d’une sphère politique pourrait réellement transformer
publique et d’une sphère privée permet la vie des citoyens. Ce raisonnement sera
de limiter la puissance de l’État-Léviathan à l’origine de la pensée des mouvements
et de se prémunir contre l’extension activistes des années 1960 et 1970.
incontrôlée de tout pouvoir. Pour séparer Au XIXe siècle, Tocqueville nous mettait SYLVAIN TESSON
ces deux sphères, les penseurs libéraux du déjà en garde contre cette tendance, qu’il ET RÉGIS DEBRAY
contrat social ont élaboré la théorie d’une nommait le « despotisme démocratique ». le lundi 9 mai à 20 h, salle gaveau.
communauté politique neutre. Ainsi, En confiant progressivement chaque tarif : 25 €.
la vie publique préserve la dimension parcelle de leur intimité à l’État,
universelle de l’individu, et en exclut les individus déposent entre ses mains réservations : 01 70 37 18 18
les particularismes, comme les traditions l’intégralité de leur vie. L’État est sommé ou www.lefigaro.fr/rencontres.

“Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge

“Sans flatteur”
la liberté Beaumarchais
de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais

Dassault Médias
Dassault Médias SOCIÉTÉ DU FIGARO
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 vendredi 8 avril 2022 le figaro

20
Le romancier, ancien
grand reporter, revient
dans un livre sur les
erreurs commises par Jean-Pierre Perrin :
les responsables politiques
et militaires américains. « L’échec
en Afghanistan « C’est la guerre la plus

RENCONTRE
Isabelle Lasserre asymétrique qu’on ait

est plus grave que

ilasserre@lefigaro.fr jamais vue : moins de
100 000 talibans contre

François Bouchon / Le Figaro

300 000 hommes pour

D
l’armée afghane plus les
forces de l’Otan et leur

celui du Vietnam »
ans son nouveau livre, Kaboul. équipement ultramoderne.
L’humiliante défaite (Éditions Équa- Tout était en défaveur
teurs), le spécialiste de l’Afghanis- des talibans, sauf
tan Jean-Pierre Perrin, ancien la géographie. Et pourtant
grand reporter à Libération et ro- ils ont gagné. »
mancier, estime que l’échec améri-
cain est un désastre qui aura des conséquences à
long terme pour les pays de la région, mais aussi
pour les États-Unis et l’Europe. d’autre choix que de continuer la lutte. La deuxième On peut d’abord leur reprocher une profonde igno- Quelles sont les conséquences de cet échec
erreur de Bush fut de retirer le meilleur des troupes rance du pays. Aveuglés par une sorte d’hubris, car, pour les États-Unis ?
LE FIGARO. - Les États-Unis ont-ils fait preuve d’Afghanistan pour l’envoyer en Irak. Barack Oba- en 2001, ils ont écrasé très vite les talibans, ils n’ont C’est une guerre que les Américains n’auraient
d’amateurisme en Afghanistan ? ma, lui, a annoncé le retrait américain alors que rien voulu apprendre de leurs échecs que quand il était jamais dû perdre, car elle a fait l’objet d’un
Jean-Pierre PERRIN. - Ils ont fait preuve d’ama- ne le justifiait sur le terrain. Les talibans ont alors trop tard. Par ailleurs, la doctrine de contre-insur- consensus extraordinaire. Même la Russie et la
teurisme, d’incompétence, de cynisme et de lâche- considéré qu’ils avaient gagné. Sa deuxième erreur rection n’était pas applicable à l’Afghanistan. Les Chine ne s’y étaient pas opposées. Même
té. Il y a d’abord eu les erreurs commises par les fut d’avoir ordonné un « surge », un renforcement objectifs de guerre n’ont jamais vraiment été définis Jean-Paul II et le Pakistan l’avaient approuvée. Je
hommes politiques. Chaque président américain, de des troupes, en même temps qu’il annonçait le re- et les bavures de l’armée, à qui il arrivait de pense que l’échec en Afghanistan est plus grave
George Bush à Joe Biden, a ajouté ses propres er- trait. Quant à Donald Trump, il a négocié le retrait confondre des mariages avec des rassemblements que celui du Vietnam. Les Vietnamiens ont gagné
reurs aux précédentes. George Bush voulait alléger des troupes en annonçant sa date dès le début des de talibans, ont érodé un crédit qui, au départ, était grâce à l’appui colossal de la Chine et de l’URSS,
l’empreinte américaine, mais il a refusé la main négociations de Doha ! Puis il a tout cédé aux tali- très grand. Les militaires ont misé sur les « sei- alors que les talibans l’ont emporté avec la seule
tendue par les talibans. Les propositions de paix fai- bans. Enfin, Joe Biden a aggravé le problème en di- gneurs de guerre », alors qu’ils faisaient partie du aide du Pakistan, qui est loin d’être une superpuis-
tes par le mollah Omar après la défaite ont été refu- sant qu’il ne remettait pas en cause ces accords, problème. Leurs offensives ont été contre-produc- sance… C’est la guerre la plus asymétrique qu’on
sées par les Américains, qui considéraient que les alors que les promesses n’étaient pas tenues… tives, car les talibans ressurgissaient là où on ne les ait jamais vue : moins de 100 000 talibans contre
complices du 11 Septembre étaient aussi responsa- attendait pas. Il faut aussi ajouter la faiblesse du 300 000 hommes pour l’armée afghane plus les
bles que les coupables (al-Qaida). Les talibans n’ont Il y eut aussi, dites-vous, des erreurs commises renseignement et le manque de coordination entre 100 000 hommes de l’Otan et leur équipement ul-
pas été invités à la conférence de Bonn. Ils n’ont eu par les militaires ? les quarante-cinq pays membres de la coalition. tramoderne. Tout était en défaveur des talibans,
sauf la géographie. Et pourtant ils ont gagné.

Comment expliquez-vous que l’armée afghane

se soit si rapidement effondrée ?
L’armée afghane avait été entièrement formatée
par les États-Unis. Le jour où ils se sont retirés de
Bagram, sans même l’avertir, elle qui dépendait
entièrement des sources d’approvisionnement
américaines s’est retrouvée nue, orpheline. Par
ailleurs, les talibans n’ont pas peur de mourir. Ils
forment, en quelque sorte, l’armée du Prophète.
Pour certains soldats afghans, les combattre pou-
vait relever du sacrilège.

Quelles leçons tirer de l’échec afghan ?

L’armée américaine a été battue par une bande de
guerriers irréguliers et faiblement armés. Sa
crédibilité est donc atteinte. Elle a négocié avec Si-
rajuddin Haqqani, un taliban dont la tête est mise à
prix pour 10 millions de dollars : c’est une marque
de faiblesse. Enfin, les Américains s’étant retirés
sans consulter leurs alliés, et notamment l’Allema-
gne, qui avait misé gros sur l’Afghanistan, cela a
laissé des traces. La crédibilité des États-Unis est
affaiblie. Le monde a découvert que l’Amérique,
obsédée par la Chine, n’était plus capable de se
battre sur plusieurs fronts. Tout cela se produit
dans un contexte où de nombreux pays (Chine,
Russie, Pakistan, Iran…) veulent se débarrasser des
Américains et des Occidentaux dans la région. Ce
camp a gagné.

Qui sont les principaux vainqueurs ?

Si tous les pays, globalement, se félicitent du

« lesÀ cetalibans
jour,
départ américain dans la région, certains sont dans
une position attentiste. La Chine, d’abord. Bien
sûr, elle se frotte les mains après la déroute améri-
caine. Mais elle aimerait que ses investissements
n’ont marqué soient rentabilisés. Or, cela risque de ne pas être le
aucun point. cas avant longtemps car les talibans sont incapa-
Aucun pays bles de former une administration, et le clan
Haqqani, idéologiquement proche d’al-Qaida,
ne les a encore conserve sans doute un agenda djihadiste. Le Pa-
reconnus, kistan, de son côté, s’inquiète d’un afflux de réfu-
contrairement giés à cause de la famine et d’un possible retour des
à 1996 »
Jean-Pierre Perrin
djihadistes pakistanais. Même la Russie est déçue
par les talibans, car ils n’ont pas respecté leur pro-
messe d’établir un gouvernement inclusif. Ce qui
prouve qu’ils ne se couchent devant personne. Ils
n’ont pas renvoyé l’ascenseur après l’aide diplo-
matique apportée par la Chine et la Russie et même
par les Américains, qui les ont reçus. Pourtant, on
s’achemine vers leur reconnaissance : le Conseil de
sécurité a approuvé, le 17 mars, une résolution éta-
blissant une relation formelle et durable avec eux,
ce qui ne les a pas empêchés d’interdire l’accès des
collèges aux jeunes filles. La Russie a accrédité leur
ambassadeur et l’on voit des discussions s’ouvrir
avec les pays de la région. Pourtant, ils n’ont rien
donné en échange.
* RÈGLEMENT ET CONDITIONS DE PARTICIPATION SUR RFM.FR / © ADOBE STOCK

Et l’Europe, en quoi est-elle concernée ?

Le problème américain va devenir européen avec
la question des réfugiés. L’échec afghan pose aussi
une question civilisationnelle. Nous avions pro-
mis aux Afghans les valeurs occidentales de dé-
mocratie et de liberté, l’émancipation des fem-
mes, et nous n’avons pas tenu nos promesses. Les
Américains n’ont pas compris, quand ils négo-
ciaient avec les talibans à Doha, que la question
des femmes était essentielle. Aux yeux des autres,
nous avons cessé d’être un modèle. C’est l’acte fi-
nal du modèle universaliste que nous représen-
tions. En plus, la tragédie ukrainienne va faire
que nous allons détourner les yeux de l’Afghanis-
A

tan. Les talibans pourront donc faire ce qu’ils

veulent. ■
 vendredi 8 avril 2022 le figaro - N° 24 145 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

> FOCUS
lefigaro.fr/economie Le pétroLe
repasse
sous Les
CeNter parCs teChNoLogie 100 DoLLars
La pépite De pierre & vaCaNCes aLerte sur Les Est-ce un effet de l’annonce sur le
veut aCCéLérer faiLLes De séCurité marché de volumes de pétrole tirés
soN expaNsioN page 26 DaNs Le CLouD page 27 des réserves américaines ? Ou du
ralentissement de la demande
chinoise, aux prises avec l’épidémie

économie
de Covid ? Difficile de trancher. Tou-

Déclaration de revenus :
jours est-il que le baril de pétrole
brent est passé jeudi sous la barre
symbolique des 100 dollars pour la
première fois depuis le 16 mars.
À 98 dollars, il a retrouvé sa valeur

tout ce qui change en 2022

de la veille de l’invasion russe de
l’Ukraine. Les craintes de rupture
d’approvisionnement des hydro-
carbures russes avaient alors pro-
pulsé l’or noir proche de 140 dollars,
Bercy a présenté une revalorisation du barème kilométrique pour tenir compte de non loin du record historique de
147 dollars de l’été 2008. Il a ensuite
la hausse des prix du carburant. L’exonération des frais de télétravail est maintenue. oscillé - tel des montagnes russes -
au gré des rumeurs sur des négo-
Cela reste un exercice obligatoire Pour le lancement de cette der- quelques avantages dont les mé- l’Éducation nationale, doit aussi
ciations entre Kiev et Moscou et
malgré la mise en place du prélè- nière campagne du quinquennat, nages pourraient profiter. permettre d’améliorer le taux de
des menaces de sanctions plus ou
vement à la source (PAS) il y a le ministère de l’Économie, qui se Bercy propose par exemple un recours aux bourses scolaires. Se-
quatre ans : tous les contribuables félicite de voir les foyers s’appro- nouvel outil pour calculer au lon le département de résidence,
moins sévères.
vont devoir adresser la déclara- prier la réforme « et prendre en mieux ses frais professionnels. Un les contribuables devront remplir Jeudi, l’Agence internationale de
tion de leurs revenus perçus main leur impôt tout au long de simulateur, mis en place en colla- en ligne et envoyer leur déclara- l’énergie a confirmé que ses États
en 2021 à l’administration fiscale. l’année », a tenu à mettre en avant boration avec le ministère de tion entre le 24 mai et le 8 juin. membres allaient mettre sur le
marché 120 millions de barils puisés
èla retenue à la source fait ses preuves Page 24 dans leurs réserves. En ajoutant les
engagements unilatéraux des
États-Unis, premier producteur de

Auchan face brut du monde, « environ 240 mil-

lions de barils » provenant des « ré-

à la pression serves d’urgence » seront mis à la

disposition du marché mondial pen-
dant six mois. Soit « bien plus de
pour quitter 1 million de barils par jour » sur cette
durée d’un semestre, indique

la russie l’agence. Autrement dit, environ 1 %

de la demande mondiale, de quoi
détendre un peu le marché. Ce re-
Présente des deux cours « sans précédent » dans l’his-
Erin Scott/rEUtErS - MEtzEl Mikhail/taSS/aBaca - cEntEr ParcS

côtés de la ligne toire de l’AIE, créée sous le parapluie

américain au lendemain du choc pé-
de front, l’enseigne trolier de 1973 pour coordonner les
explique qu’elle pays consommateurs, « reflète la
détermination des pays membres à
contribue à nourrir protéger l’économie mondiale » du
les populations russe choc provoqué par « l’agression
russe contre l’Ukraine », souligne
et ukrainienne. Malgré l’agence dans un communiqué.
les appels au boycott, Si les pays européens finissaient
le groupe nordiste par se mettre d’accord sur un em-
bargo du pétrole russe que Paris et
n’envisage pas de Varsovie, entre autres, poussent, le
sortir de son troisième baril pourrait repartir à la hausse. Le
marché reste très nerveux depuis le
marché, où il s’est déclenchement de l’offensive mili-
implanté en 2000. taire de Vladimir Poutine. F. N.-L.

page 22

le PLUS du l'histoire Warren Buffett prend

FIGARO écO
Internet
Malgré l’échec de Diem, Meta revient 11 % du capital d’hp,
Le casse-tête avec d’autres monnaies virtuelles le spécialiste des pC

M
de l’interopérabilité
eta a dû abandonner son la devise du futur métavers de Meta : plutôt Le milliardaire et investis- Cette entrée du milliardaire
des messageries projet de cryptomonnaie que d’acheter des tenues pour son avatar en seur, Warren Buffett, s’est survient alors que le mar-
page 28 Diem ? Cela n’a pas euros, on les achèterait en « Zuck Bucks ». offert 11 % d’HP, le numéro ché des PC est particulière-
totalement douché ses Le groupe californien souhaite aussi deux mondial du marché ment atone, tiré vers le bas
ambitions dans la finance. récompenser ses utilisateurs les plus actifs des ordinateurs et impri- par la crise des semi-con-
LA SÉANCE Le Financial Times a mis la main sur des et les plus méritants avec des « jetons », mantes. Cette prise de parti- ducteurs et sa conséquence,
DU JEUDI 07 AVRIL 2022 documents de travail esquissant comment et permettre à certains influenceurs cipation a été faite par l’inflation.
CAC 40 le géant des réseaux sociaux pourrait d’Instagram de créer leur propre monnaie le biais de son fonds La semaine dernière, les
6461,68 -0,57% lancer des monnaies virtuelles. Il ne s’agira fictive. Là encore, l’utilité n’est pas très claire, d’investissement Berkshire- cours de Bourse d’HP et Dell
pas de cryptomonnaie - l’opposition mais cela pourrait être un moyen de retenir Hathaway, qui détient dé- connaissaient une mauvaise
DOW JONES des régulateurs est trop forte. les utilisateurs et les influenceurs face à la sormais 121 millions d’ac- passe, perdant respective-
34300,37 -0,57% Cela ressemblera plus à ce qui existe concurrence féroce d’autres réseaux sociaux tions de Hewlett-Packard. ment 8 % et 11 %. Les inves-
dans la sphère des jeux vidéo : des comme TikTok. La vente de « Zuck Bucks » Selon les documents publiés tisseurs craignent un ralen-
ONCE D’OR monnaies fictives, mais achetées contre ouvrirait aussi une nouvelle ligne de revenus jeudi, la transaction atteint tissement de la demande
1917,80 (1911,05) les 4,2 milliards de dollars. d’ordinateurs personnels
de véritables pour le groupe,
Cette arrivée de l’investis- après le boom connu au plus
euros. Un peu très dépendant
PÉTROLE (lond) seur émérite a été très favo- fort de la crise sanitaire,
comme les de la publicité. rablement reçue en Bourse. comme le projette une ana-
99,390 (101,740) V-bucks du jeu « Nous sommes Dès l’ouverture de Wall lyse de Morgan Stanley.
EUROSTOXX 50 en ligne Fortnite. concentrés Street, le titre HPQ grimpait Warren Buffett est tradition-
3800,02 -0,65% Les « Zuck sur la construction de plus de 15 % et atteignait nellement frileux à l’idée
Bucks », du métavers, son sommet historique. Le d’investir dans les valeurs
FOOTSIE comme les ont et cela comprend constructeur y voit, lui aus- technologiques. Il avait déjà
7551,81 -0,47% surnommés les paiements et si, un signal positif : fait une première entorse à
les salariés en services financiers « Berkshire Hathaway est l’un sa règle, en 2016, lors de
NASDAQ référence à leur associés », des investisseurs les plus res- l’achat d’actions Apple. Il en
14371,64 -0,88% patron Mark a commenté pectés au monde et nous lui détient environ 5,5 % et es-
Zuckerberg, Meta. ■ souhaitons la bienvenue chez time qu’il s’agit de l’une des
NIKKEI pourraient être chloé woitier HP », loue un porte-parole quatre valeurs piliers de son
A

26888,57 -1,69% de l’entreprise à Bloomberg. portefeuille.

 vendredi 8 avril 2022 le figaro
22 l'événement
marie bartnik £@mariebartnik
distribution « Renault, Auchan,
Leroy Merlin et autres doivent cesser
d’être les sponsors de la machine de
guerre de la Russie. Ils doivent arrê-
ter de financer le meurtre d’enfants et
de femmes, le viol. Les valeurs valent
plus que les bénéfices. » Deux semai-
nes après le sermon du président
ukrainien, Volodymyr Zelensky,
devant les parlementaires français,
le 23 mars, l’Association familiale
Mulliez (AFM), qui détient Auchan
et Leroy Merlin, résiste à la pression.
Peu importe que d’autres groupes
français, à commencer par Renault,
aient annoncé dès le lendemain ré-
fléchir à quitter la Russie. Peu im-
porte que les réseaux sociaux et
certains candidats à la présidentiel-
le, dont Anne Hidalgo, entretien-
nent la pression. Peu importe que
Dmytro Kouleba, le ministre ukrai-
nien des Affaires étrangères, ait ap-
pelé sur Twitter, le 27 mars, au boy-
cott d’Auchan partout dans le
monde. « Apparemment, les pertes
d’emplois en Russie sont plus impor-
tantes que les morts en Ukraine, a-t-
il twitté. Si Auchan ignore les 139 en-
fants ukrainiens assassinés pendant
ce mois d’invasion russe, ignorons
Auchan et tous ses produits. »
Le lendemain, Yves Claude, le
PDG d’Auchan, s’est adressé par vi-
déo aux salariés de l’enseigne. Cer-
tains sont désarçonnés par les ap-
pels au boycott ; quelques-uns, à
Auchan comme chez Leroy Merlin,
ont même été pris à partie par des
clients. « On souffre d’entendre son
entreprise pointée du doigt pour sa
présence en Russie », souligne Gilles
Martin, délégué syndical central
CFDT d’Auchan.
Que ce soit pour les salariés, les di-
rigeants ou les actionnaires familiaux
d’Auchan et de Leroy Merlin, tous
habitués à une grande discrétion, ces
accusations sont difficiles à encais-
ser. Auchan est l’une des plus gran-
des entreprises françaises présentes
en Russie, avec 30 000 salariés, 231
magasins et 3,2 milliards d’euros de
chiffres d’affaires. Leroy Merlin y est
encore plus gros, avec 45 000 sala-
riés, 113 magasins et 4 milliards
d’euros de chiffre d’affaires.
Paradoxe essentiel pour appré-
hender à la fois la complexité de ce
dossier et le refus des Mulliez de cé-
der à la pression de quitter la Russie :
ces deux enseignes sont présentes
des deux côtés de la ligne de front.
Auchan est un important distribu-
teur alimentaire en Ukraine, et Le-
roy Merlin un leader du bricolage.
«Cette situation est extrêmement
compliquée, car certains de nos colla-
borateurs sont en guerre les uns contre
les autres, explique un dirigeant.
Mais nous ne sommes ni une armée ni
un État. Nous sommes une entreprise :
ce que nous faisons, c’est d’abord res-
pecter scrupuleusement les sanctions,
ensuite prendre des décisions à la fois
morale et efficaces. » La direction
d’Auchan a d’ailleurs rencontré le
gouvernement ukrainien pour lui
expliquer les efforts qu’elle déploie
pour maintenir ouverts et approvi-
sionnés ses 43 magasins dans le pays.
Si Leroy Merlin y a fermé les siens
depuis l’invasion russe, Auchan fait
tout pour continuer à nourrir les
Ukrainiens.
“ Nous fabriquons
dans nos magasins du
pain frais tous les jours
pour les Ukrainiens
et pour les Russes
yves clauDe, pDg D’auchan
”
« La raison d’être de notre ensei-
gne, c’est d’être utile où que nous
soyons, expliquait Yves Claude, le
PDG du groupe, dans le Journal du
dimanche le 27 mars. Nous fabri-
quons dans nos magasins du pain
frais tous les jours pour les Ukrai-
niens et pour les Russes. » L’activité
d’Auchan en Ukraine légitime son
maintien en Russie.
Au siège mondial d’Auchan, à
Croix (Nord), les réunions de la cel-
lule de crise dédiée à l’activité du
groupe en Ukraine rythment depuis
un mois le quotidien de la direction,
PDG compris. Chaque jour, la di-
rectrice générale ukrainienne y fait
le décompte des magasins ouverts
ou fermés en fonction des combats,
des difficultés d’approvisionne-
ment à résoudre ou des salariés à
rapatrier. « Quand une alerte aux
A
bombardements retentit, la directri-
ce ukrainienne interrompt la réunion
Comment Auchan résiste
à la pression internationale
pour quitter la Russie
Pointée du doigt par le président ukrainien, l’enseigne y maintient
sa présence. Elle reste aussi active en Ukraine, malgré la guerre.
pour aller s’abriter », témoigne un
participant. La moitié des 6 000 sa-
lariés ukrainiens d’Auchan tra-
vaillent en zone de guerre. À Kiev,
dans un quartier limitrophe d’Irpin,
un magasin vient de rouvrir suite au
recul de l’armée russe.
Chaque jour amène son lot de dif-
ficultés à résoudre et de solutions à
trouver, parfois grâce au système D.
Lorsque les magasins ukrainiens
ont commencé à manquer de pro-
duits à vendre, les filiales polonai-
ses, hongroises et roumaines ont
pris le relais pour leur en faire par-
venir. Des bananes, le fruit préféré
des Ukrainiens, attendent dans des
chambres de mûrissement polonai-
ses, de passer la frontière. Lorsque
la vente d’alcool a été interdite dans
certaines régions d’Ukraine, la le-
vure des brasseries d’Auchan a été
reconvertie pour faire du pain.
De l’autre côté de la ligne de
front, en Russie, la poursuite de
l’activité est moins compliquée à
gérer. Mais elle est aussi l’objet de
toute l’attention de la direction du
groupe. Les filiales russes de Leroy
Merlin et d’Auchan sont désormais
coupées du reste du groupe et fonc-
tionnent en autarcie. Les trois
quarts de l’approvisionnement de
Leroy Merlin s’y font localement,
95 % pour Auchan. Les flux finan-
ciers sont taris avec la France, du
fait des sanctions. Mais les liens ne
sont pas coupés. À Auchan, une
réunion de coordination quotidien-
ne permet de s’assurer que la filiale
russe respecte à la fois les sanctions
européennes et les directives, par-
fois contradictoires, des autorités
russes. Un ministère lui avait ainsi
demandé de rationner les produits,
de telle sorte que les clients ne stoc-
kent pas des denrées amenées à
s’apprécier du fait de l’inflation…
avant qu’un autre ne l’interdise.
Continuer à communiquer avec
les salariés russes n’est pas aisé
quand l’emploi du mot « guerre » les
expose à quinze ans de prison. « Cer-
tains salariés d’Auchan ont peur de
travailler pour une entreprise françai-
se », relève une source proche du
distributeur. Auchan justifie
d’ailleurs son maintien en Russie par
sa volonté de protéger ses salariés lo-
caux et leur famille. Selon la loi russe,
si l’enseigne partait, les patrons de sa
filiale seraient menacés de six ans de
prison pour faillite frauduleuse.
Quand il le faut, les autorités rus-
ses savent pourtant se montrer
conciliantes. Leroy Merlin s’est vu
proposer de reprendre les actifs
d’un concurrent ayant plié bagage.
Mais l’enseigne s’y est refusée.
À mesure que s’éloigne la pers-
pective d’un retour à des relations
Renault, normalisées entre l’Occident et la
Auchan, Russie, le choix d’Auchan et Leroy
Merlin d’y rester implantés peut
Leroy Merlin être compliqué à assumer. Mais
doivent quitter le pays serait bien plus dou-
cesser d’être loureux pour ces enseignes que
pour des géants comme Danone,
les sponsors qui y songe, ou Ikea, qui y a fermé
de la machine ses magasins. L’Association fami-
de guerre liale Mulliez (AFM) a investi beau-
de la Russie » coup en Europe de l’Est. L’AFM y
est un grand propriétaire immobi-
voloDymyr ZelensKy, lier. New Immo Holding, sa fonciè-
présiDent uKrainien,
Devant les re, y détient 132 sites (galeries mar-
parlementaires chandes, centres commerciaux…),
français, le 23 mars soit un tiers de ses emplacements
dans le monde. L’agence de nota-
tion S&P estime qu’ils ne pèsent pas
plus de 5 % de la valeur des actifs et
des loyers perçus par la foncière.
Les enseignes, en revanche, sont en
grande partie propriétaires de leurs
magasins. Le risque de se les faire
confisquer par l’État russe est réel.
Plus que pour les finances, c’est
pour le symbole qu’un retrait serait
difficile. Les enseignes de l’AFM ont
été des pionnières dans l’ex-bloc
soviétique. Auchan est l’un des
premiers distributeurs à avoir saisi
le potentiel de la Russie, au début
Apparem- des années 2000. Sous l’impulsion
de Jean Mailly, alors directeur de la
ment, la Pologne, une petite équipe part vi-
destruction vre six mois chez l’habitant pour
des emplois s’imprégner des besoins des
consommateurs russes. Cette im-
en Russie mersion paie. Le premier hyper
est plus ouvert à Mytischi, dans la banlieue
importante de Moscou, rencontre un franc
succès. Il y propose des prix bas
que celle tous les jours sur le modèle du dis-
des vies count, quand les Russes étaient ha-
en Ukraine
Dmytro Kuleba,
» bitués à faire leurs courses dans de
petites boutiques. « Les municipali-
tés ont accueilli Auchan à bras
ministre Des affaires
étrangères uKrainien, ouverts, se souvient Philippe
qui appelle
au boycott D’auchan Goetzmann, consultant et ex-cadre
sur twitter, d’Auchan. Elles étaient ravies de
le 27 mars voir s’implanter un groupe ayant pi-
gnon sur rue, qui permettait de sortir
Chez Auchan, une réunion
de coordination a lieu une
fois par jour pour s’assurer
que la filiale russe (ici, un
supermarché de l’enseigne
à Moscou) respecte bien
les sanctions, de même
que les directives
parfois contradictoires
des autorités russes.
A. GeodAkyAn/TAss/ABACA
La russie
marché clé
du marché noir et de structurer les ■ Auchan
filières de production. » 10 % du chiffre d’affaires
L’installation précoce d’Auchan mondial réalisé en Russie :
en Russie lui permet de rafler les 3,2 milliards d’euros en 2021.
meilleurs emplacements. Son dé- Parc en Russie :
part ferait les affaires de ses rivaux 231 magasins.
russes, désireux de les reprendre. Nombre de salariés russes :
Longtemps, cette filiale a été la 30 000.
« machine à cash » du distributeur,
remontant d’importants bénéfices à ■ Leroy Merlin
la maison mère, jusqu’à ce que son
modèle s’enraye. À partir de 2016,
Auchan se retrouve dépassé par des
concurrents gérant des magasins
plus petits et faisant des promo-
tions. Le distributeur affronte des
problèmes de corruption. Mais la
situation commerciale et financière
s’est éclaircie l’an passé. Troisième
marché d’Auchan derrière la Fran-
ce et l’Espagne, la Russie pesait 10 %
des ventes et une part plus faible de
18 % du chiffre d’affaires
mondial réalisé en Russie :
JAnek skARZynskI/AFP, Xose BoUZAs/HAns LUCAs/AFP, PoCHUyev MIkHAIL/TAss/ABACA, sHARIFULIn vALeRy/TAss/ABACA
sa rentabilité. « Mais, aujourd’hui, soit 4 milliards d’euros.
nous n’y gagnons plus d’argent », Parc en Russie :
précise le distributeur. Cette année, 113 magasins.
une partie des dividendes du grou- Nombre de salariés russes :
pe seront reversés à un fonds de so- 45 000, contre 28 000
lidarité destiné aux Ukrainiens. en france.
Le succès d’Auchan en Russie a
entraîné ceux de Decathlon (qui a
annoncé la semaine dernière la fer-
■ Decathlon
meture de ses magasins, faute de
pouvoir les approvisionner) et de
Leroy Merlin. Le marché russe est
une aubaine pour l’enseigne de bri-
colage, car l’immense majorité des
Russes y sont propriétaires. Elle
réalise dans le pays, son deuxième
marché, 18 % de son chiffre d’affai-
res, et y emploie plus de salariés
qu’en France. « Le mode de fonction- Parc en Russie :
nement des magasins russes est très 60 magasins.
différent des magasins français, ex- Nombre de salariés
plique Jean-Marc Cicuto, délégué en Russie :
syndical central chez Leroy Merlin. 2 500 salariés, qui continuent
Un magasin emploie 500 à 700 sala- d’être payés depuis que
riés contre 300 en France, mais les Decathlon a suspendu
produits y sont beaucoup moins ses activités dans le pays.
chers. Avec les familles, 100 000 per-
sonnes dépendent de Leroy Merlin en ■ New Immo Holding
Russie. Créer un nouveau front de Nombre de sites détenus
misère n’aurait pas de sens. » par la foncière en Russie :
L’image de Leroy Merlin et d’Au- 132, sur 390 au total.
chan souffrira-t-elle de leur déci-
sion de rester en Russie ? Les appels
au boycott ont d’ores et déjà un im-
pact sur les ventes de l’enseigne de
bricolage en Pologne, mais pas en
France. Leroy Merlin et Decathlon
étaient, avant la guerre, les deux
enseignes préférées des Français. ■
 le figaro vendredi 8 avril 2022

économie 23

La Pologne met la pression sur les sanctions

Varsovie faisait
durer, jeudi,
les discussions
sur le nouveau
train de mesures
contre la Russie.
Anne RovAn £@AnneRovan
Correspondante à Bruxelles
EuropE Après une première réu-
nion jeudi matin, les ambassadeurs
de l’UE ont repris, en fin de journée,
leur discussion sur le cinquième pa-
quet de sanctions contre la Russie.
En fin de journée, nombre de parti-
cipants s’attendaient à une levée de
l’obstacle. Sans pour autant en être
certains puisque l’unanimité est re-
quise. « Pour le moment, 26 États
membres sont d’accord. Mais il y a un
pays qui juge insuffisant ce paquet.
C’est la Pologne », confiait un di-
plomate européen.
Varsovie aurait proposé de rame-
ner à deux ou trois mois le délai de
mise en œuvre totale de l’embargo
sur le charbon russe alors que l’Alle-
magne avait su convaincre nombre
d’États qu’il en fallait quatre. La ques-
tion des bateaux russes - qui ne pour-
ront plus jeter l’ancre dans les ports
de l’UE - a aussi été débattue. La Po-
logne aurait plaidé pour qu’une défi-
nition maximaliste s’applique quand
Chypre souhaitait une approche plus
restrictive. Il semble que Varsovie ait
eu gain de cause sur ce point.
Sauf surprise, l’équilibre général
de ce cinquième train de mesures
devrait être proche de celui proposé
mardi par la Commission. Il étend le
champ des interdictions d’exporta-
tion (pour un montant estimé à
10 milliards d’euros) et d’importa-
tion (5 milliards), ferme pour la
première fois le marché unique aux
transporteurs routiers russes et bié-
lorusses, gèle les avoirs de banques
déjà coupées du système de paie-
ment Swift et s’attaque aux énergies
fossiles russes en commençant par
le charbon (4 milliards d’euros de
recettes en 2021).
S’ajoutent à cela de nouveaux
individus sanctionnés, dont les
deux filles adultes de Vladimir Pou-
tine, des oligarques proches du pré-
sident russe et des dirigeants du
secteur des médias.
La Pologne ainsi que les pays Bal-
tes militent depuis le début de la
guerre en faveur de sanctions très
fortes contre la Russie. « L’Europe
restera-t-elle les bras croisés face
aux viols, à la torture et aux fosses
communes ? Les tragédies du
XXe siècle ne nous ont-elles rien ap-
pris ? Nous devons utiliser tout l’ar-
senal de mesures pour arrêter le gé-
nocide », twittait mardi le premier
ministre polonais, Mateusz Mo-
rawiecki. Dimanche déjà, alors que
les Occidentaux découvraient les
atrocités commises à Boutcha par
l’armée russe, il enjoignait à ses ho-
mologues européens de réagir de
manière radicale. « Fini les
manœuvres et les faux gestes. As-
sez ! Les sanctions ne fonctionnent
pas. Coupez l’oxygène du génocide
russe ! », exhortait-il, en pointant
les importations d’énergies fossiles.
D’autres pays se montrent beau-
coup plus prudents. « Depuis le dé-
but, certains pensent que les sanc-
tions peuvent arrêter la guerre.
D’autres, comme moi, estiment
qu’elles ne l’arrêteront pas »,
confiait vendredi matin un haut
diplomate de l’UE.
Le pétrole visé
Au-delà de la Pologne, la pression
monte pour inciter l’UE à aller plus
loin. Dans une résolution votée jeu-
di au Parlement européen, l’écra-
sante majorité des eurodéputés (513
pour, 22 contre et 19 absentions)
s’est prononcée en faveur d’un em-
bargo « total et immédiat » de tou-
Le premier ministre tes les énergies fossiles et du com-
polonais, Mateusz bustible nucléaire russes. Les élus
Morawiecki, le 6 avril, Rassemblement national n’ont pas
à Wola Karczewska. pris part au vote.
mAtEUSZ WLODARCZyK/
Le haut représentant de l’UE
NURPhOtO/AFP
pour les Affaires étrangères, Josep
Borrell, rappelait cette semaine que
l’UE avait fourni 35 milliards
d’euros à la Russie depuis le début
de la guerre via ces achats d’éner-
gie. Selon plusieurs diplomates, le
pétrole devrait figurer dans le pro-
chain train de sanctions. ■

La lutte antipollution de l’europe

braque industriels et éleveurs
De nouvelles mesures « vertes » présentées par
la Commission concernant 50 000 sites suscitent un rejet.
leonoR HubAut £@Leonor Hubaut
Bruxelles
EnVironnEmEnT Malgré une ac-
tualité centrée sur l’agression russe
contre l’Ukraine, la Commission
européenne n’oublie pas son ambi-
tieux pacte vert. Elle a présenté
mardi des mesures pour s’attaquer
davantage aux émissions polluantes
des sites industriels et agricoles. En
faisant de nombreux mécontents.
Une proposition qui « ne tient pas
compte de la réalité de nos élevages »,
a fustigé le ministre français de
l’Agriculture, Julien Denormandie.
Pour les 50 000 installations (en-
viron 30 000 sites industriels et
20 000 fermes d’élevage) concer-
nées par le règlement actuel, la
Commission propose de durcir les
autorisations, d’encourager l’inno-
vation ainsi qu’une utilisation plus
économe des ressources mais aussi
d’introduire des garanties en faveur
des citoyens pour l’obtention de ré-
parations en cas de dommage sur la
santé. Le patronat européen, repré-
senté par Business Europe, a expri-
mé de « profondes inquiétudes »,
craignant que les changements ne
rendent « les activités industrielles
plus complexes ».
Mise « en danger »
de l’élevage
Bruxelles propose aussi d’élargir le
champ d’application de ces régle-
mentations. Du côté industriel, se-
raient concernées les mines, tout
comme le secteur en pleine croissan-
ce des usines de production de batte-
ries. Cela toucherait quelque 1 500 si-
tes dans l’ensemble de l’Union.
Pour l’élevage, l’impact serait
plus conséquent. Le texte propose
d’abaisser nettement les seuils de
déclenchement de la directive, pour
ne plus se limiter aux grosses ex-
ploitations intensives. Tout éleveur
ayant plus de 150 têtes de gros bé-
tail, 10 000 poules ou 500 porcs de-
vra se soumettre aux règles. Et, pour
la première fois, les élevages inten-
sifs de bovins sont également pris en
compte, avec un seuil de 100 têtes.
La Commission estime à 165 000 le
nombre d’exploitations nouvelle-
ment couvertes. « Environ 13 % des
exploitations agricoles commerciales
européennes sont responsables de
60 % des émissions d’ammoniac et de
43 % de celles de méthane dans
l’UE », justifie la Commission.
« Ce n’est pas une proposition
contre les éleveurs. Elle concerne
toutes les installations les plus pol-
luantes », a précisé Frans Timmer-
mans, vice-président de l’exécutif.
Tout en ajoutant que les agricul-
teurs bénéficieront d’une procédu-
Du côté industriel,
le secteur des batteries
serait notamment
concerné. Ci-dessus :
une ligne de montage
de véhicules électriques
dans l’usine Volkswagen
de Zwickau, en 2020,
en Allemagne. SEAN
GALLUP/GEtty ImAGES/AFP
re d’autorisation allégée, d’obliga-
tions tenant compte de la taille des
exploitations et de la densité du
cheptel, de soutiens financiers via la
PAC et d’une période de transition
spéciale permettant de se préparer
avant une pleine application des
nouvelles règles entre 2030 et 2034.
Flexibilités qui ne suffisent pas
pour gagner l’adhésion des organi-
sations agricoles. La présidente de la
FNSEA, Christiane Lambert, dénon-
ce un manque de transparence et de
concertation de la Commission. La
syndicaliste alerte sur une mise « en
danger » de l’élevage. Même son de
cloche de la Copa-Cogeca, regrou-
pant organisations syndicales et
coopératives agricoles dans l’UE, qui
s’alarme de voir les fermes familiales
ciblées par le projet de texte. Plus de
90 % de la production française de
porc, de bœuf et de lait tomberaient
sous le coup de la législation, selon
l’organisation.
La balle est désormais dans le camp
du Parlement européen et des États
membres. Et la bataille s’annonce
difficile. À quelques jours de l’élection
présidentielle, Julien Denormandie
promet de se « battre » pour « remet-
tre de la raison dans ce texte ». ■

en bref
Londres mise sur le nucléaire et l’éolien en mer 1er mai : appel
à la mobilisation
Boris Johnson revoit sa stratégie énergétique pour réduire la dépendance au gaz russe. £ La CGT, l’Unsa, la FSU
et Solidaires, appellent
à « un 1er mai revendicatif » quel
Étonnamment, le plan dévoilé mis d’exploitation des gisements de tique des foyers, a provoqué stupé- que soit le résultat de l’élection
AmAndine AlexAndRe par Boris Johnson ne contient aucu- gaz et de pétrole situés en mer du faction et colère.
£@AmandinLondon présidentielle. Salaires, services
londres ne mesure susceptible d’assurer ra- Nord. Une ambition en porte-à- Le député travailliste Ed Mili- publics, protection sociale
pidement une plus grande autono- faux avec les engagements climati- band, chargé des questions énergé- et transition écologique sont les
mie énergétique aux Britanniques, ques pris par Londres l’an dernier. tiques dans le cabinet fantôme de mots d’ordre de la mobilisation.

« aurait
le plan
dû
royaumE-uni Six semaines après
l’invasion de l’Ukraine par la
Russie, le premier ministre Boris
contenir Johnson a présenté, jeudi, sa feuille
des mesures de route pour réduire la dépendan-
ce énergétique du Royaume-Uni,
de court terme gros importateur de gaz et d’élec-
susceptibles tricité. En 2021, les importations de
de doper gaz avaient notamment augmenté
de 30 % par rapport à 2020.
l’autonomie Même si le pays n’importe que
énergétique
Juliet phillips,
» 8 % de gaz russe - il se fournit
surtout en gaz norvégien - la guerre
du think-tank conduit le gouvernement conser-
environnemental e3G vateur à revoir sa stratégie. Début
mars, Londres avait en effet annon-
cé qu’il mettrait fin aux importa-
ni de réduire leurs factures de gaz et
d’électricité, qui viennent de bondir
d’au moins 54 %. Le chef du gou-
vernement conservateur mise sur la
construction de nouvelles centrales
nucléaires - qui permettraient de
tripler la production d’énergie nu-
cléaire d’ici à 2050 - et l’accéléra-
tion de l’installation d’éoliennes en
mer afin de produire 50 GW d’ici
à 2030, soit une augmentation de
25 % par rapport à l’objectif qui
prévalait jusqu’à présent.
Boris Johnson ambitionne égale-
ment de multiplier par 5 la produc-
tion d’énergie solaire d’ici à 2035,
de doper le développement de l’hy-
Mesures « inadéquates »
Ces annonces ont été jugées « ina-
déquates », à la fois par l’opposition,
les ONG environnementales et les
spécialistes du secteur. « Le plan
aurait dû contenir des mesures de
court terme susceptibles de doper
l’autonomie énergétique. (…) Le
gouvernement a échoué à faire face
au défi du moment et à répondre à la
demande de la population », a com-
menté Juliet Phillips, du think-tank
environnemental E3G.
L’absence de mesures favorisant
l’isolement des logements britanni-
ques, qui permettraient de réduire
Keir Starmer, a également critiqué
l’absence de mesures facilitant
l’installation d’éoliennes terrestres. liban : accord
Depuis 2015, celles-ci ne peuvent pour un prêt du Fmi
être installées qu’à condition
£ Le Fonds monétaire
qu’aucun habitant concerné ne s’y
oppose. Cette disposition instaurée
international (FMI) a annoncé
jeudi être parvenu à un accord
par David Cameron a beaucoup
de principe avec les autorités
freiné le développement des éolien-
libanaises pour un plan d’aide de
nes onshore, dont l’installation ne
prend que deux ans contre quatre à
3 milliards de dollars sur quatre
cinq ans pour les éoliennes offshore.
Le ministre de l’Énergie, Kwasi
ans. Il doit encore être approuvé
par la direction et le conseil
d’administration du fonds.
Kwarteng, a reconnu hier que les
mesures annoncées ne réduiraient
pas le coût de l’énergie des Britanni-
ques avant trois ou quatre ans et que, +@ » Ces villes où les marges
de négociation immobilière
A

tions de gaz russe d’ici à la fin de drogène (10 GW d’ici à 2030) mais les besoins énergétiques du pendant ce temps-là, le pays subi- ont le plus progressé
l’année. aussi de délivrer de nouveaux per- Royaume-Uni et la facture énergé- rait la volatilité des prix du gaz. ■ www.lefigaro.fr/economie
 vendredi 8 avril 2022 le figaro

24 économie

Impôt sur le revenu : ce qui change en 2022

Bercy veut encourager les ménages à utiliser la revalorisation exceptionnelle de 10 % du barème kilométrique.
pour l’abattement forfaitaire de
Manon Malhère £@ManonMalhere 10 %, il obtiendra une déduction
de 2 800 euros de son revenu im-
fiscalité Pas question de faire posable. S’il choisit la déduction
de vagues, bien au contraire. À de « frais réels », et bénéficie donc
quelques jours du premier tour de de la revalorisation de 10 % du ba-
l’élection présidentielle, Bercy a rème kilométrique, il aura une ré-
lancé jeudi la dernière campagne duction de 4 880 euros.
de déclaration de revenus du Pour s’assurer que les contri-
quinquennat - qui reste une obli- buables optent pour la meilleure
gation pour tous malgré le pré- option, la DGFiP a mis en ligne un
lèvement à la source - et n’a pas simulateur dédié au calcul des
hésité à mettre en avant les nou- frais kilométriques et autres frais
velles dispositions qui peuvent professionnels. Plus surprenant,
permettre d’alléger un peu la fac- le fisc s’engage même à appliquer
ture des contribuables. automatiquement l’option la plus
Cette année, c’est plus spécifi- avantageuse pour les ménages qui
quement l’application de la reva- se tromperaient…
lorisation exceptionnelle de 10 %
du barème kilométrique qui de- Frais de télétravail
vrait être regardée de près par un Autre mesure mise en avant : le
certain nombre de ménages. Ceux crédit d’impôt pour les ménages
qui subissent de plein fouet l’ex- qui ont installé une borne de re-
plosion des prix des carburants. charge de véhicule électrique
Annoncée en janvier dernier par le dans leur logement. Plus spécifi-
gouvernement pour justement at- quement, cet avantage fiscal cor-
ténuer le coût des prix à la pompe, respond à 75 % du montant des
cette mesure prévoit plus spécifi- dépenses engagées l’an dernier
quement de revaloriser de façon dans la limite de 300 euros par
« exceptionnelle » - de 10 %, donc - système de charge, précise l’ad-
le barème kilométrique. Celui-ci ministration fiscale.
permet aux ménages de déduire du L’exécutif a par ailleurs décidé Pour s’assurer que les
revenu imposable, chaque année,
des dépenses liées à l’utilisation de
leur véhicule pour des déplace-
de reconduire en 2021 l’exonéra-
tion des frais professionnels liés
au télétravail. Cette mesure avait
contribuables optent
pour la meilleure option,
la Direction générale
La retenue à la source fait ses preuves
ments professionnels. Il est déter- été mise en place pour l’année des finances publiques
a mis en ligne
miné selon le type de véhicule et 2020 au cours de laquelle de C’est certainement ce qui retient le compréhension, d’autant que le pouvaient alors moduler leur taux
un simulateur dédié
les kilomètres parcourus. nombreux salariés ont travaillé à au calcul des frais plus l’attention. Avec le prélève- calcul même de l’impôt reste, lui, d’imposition en ligne.
Seulement voilà, pour bénéfi- leur domicile en raison des confi- kilométriques et autres ment à la source (PAS), en place illisible. Mais le PAS s’adaptant da- Inciter les contribuables à actua-
cier de ce coup de pouce non né- nements et des restrictions pour frais professionnels. depuis quatre ans après des vives vantage à la situation financière liser leur situation est d’ailleurs le
gligeable du fait de la revalorisa- lutter contre le coronavirus. LiLiAn cAZABeT/HAns résistances et oppositions, « les des contribuables, en temps réel, défi majeur de l’administration fis-
tion, les ménages doivent opter Dans le détail, cette exonération LucAs viA AFP gens ne vivent plus avec une épée de le système a tout de même été cale, pour qui les résultats sont en-
pour la déduction des frais réels et est plafonnée à 2,50 euros par Damoclès », selon Jean-Yves simplifié. courageants. L’an dernier, 6,1 mil-
donc renoncer à l’abattement for- journée de télétravail, 55 euros Mercier, membre du Cercle des fis- lions d’actions ont été menées via le
faitaire de 10 % qui s’applique par mois et 580 euros par an, soit calistes. En permettant de prélever Appropriation service « Gérer mon prélèvement à
automatiquement. Ce qui n’est un peu plus que les 550 euros l’impôt directement sur les reve- Le PAS « réagit plus rapidement » à la source », comme la modulation
pas gagné d’avance tant cette op- prévus en 2020. nus chaque mois, le PAS évite aux la conjoncture, estimait récem- du taux ou le changement de situa-
tion « frais réels » peut être jugée Enfin, le fisc se mobilise avec le ménages un décalage d’un an entre ment la Cour des comptes, selon tion de famille. « Les Français se
plus complexe. ministère de l’Éducation nationa- le versement des revenus et leur laquelle le dispositif est plus large- sont approprié le PAS. Ils prennent
« Pas mal de personnes ont inté- le pour améliorer le taux de re- imposition. ment une « réussite opérationnel- en main leurs impôts tout au long de
rêt à basculer en frais réels, il faut cours aux bourses scolaires, qui Certes, la déclaration annuelle le ». La crise du coronavirus en est l’année », a estimé Jérôme Fournel,
qu’elles se saisissent de cet outil », est jugé « insuffisant ». Les foyers des revenus au printemps reste une parfaite illustration : le disposi- directeur général des finances pu-
a insisté Jérôme Fournel, le direc- qui ont des enfants scolarisés au une obligation, et peut mener à des tif a incontestablement joué le rôle bliques, jeudi. Plus largement, pour
teur général des finances publi- collège ou au lycée pourront ainsi régularisations en septembre. d’amortisseur, ne cesse de rappeler la Cour des comptes, le PAS partici-
ques. C’est le cas, par exemple, vérifier leur droit en la matière à Certains foyers trop prélevés cha- l’exécutif. Lorsque les salaires ont pe à une « modernisation d’ensemble
d’un célibataire de 30 ans dont le la fin de leur déclaration de reve- que mois l’année précédente ob- diminué en raison du ralentisse- de la gestion de l’impôt ». À voir… Le
revenu net imposable pour 2021 nus en ligne, via un simulateur. tiennent ainsi des rembourse- ment ou de l’arrêt de l’activité, les dispositif a en tout cas ouvert la voie
est de 28 000 euros, qui parcourt Cette année, les dates limites pour ments quand d’autres ont la ménages ont ainsi pu constater une au versement mensualisé - et non
50 km chaque jour pour se rendre remplir les déclarations en ligne mauvaise surprise de devoir ver- baisse automatique du montant de l’année suivante - du crédit d’im-
à son travail. Selon les calculs de la s’étalent du 24 mai au 8 juin selon ser un reliquat. Des situations qui la retenue à la source. Quant à ceux pôt pour l’emploi à domicile. Une
DGFiP, si cette personne opte le département. ■ entretiennent une certaine in- qui ont vu leurs revenus chuter, ils première étape. ■ M. M.

Mais l’on sait qu’elles devraient être

Le « PGE résilience » nettement moins nombreuses que les

700 000 TPE et PME qui ont souscrit
un PGE de première génération (pour

plus généreux 147 milliards d’euros), à des taux at-

tractifs. Les banques seront au pre-
mier plan. « Le PGE résilience témoi-

que prévu
gne de notre volonté commune de
continuer à soutenir notre économie et
de celle de rechercher les solutions ap-
propriées pour chaque situation », a
Lancé ce vendredi, le nouveau prêt indiqué jeudi Nicolas Théry, le prési-
dent de la Fédération bancaire fran-
garanti par l’État est destiné çaise (FBF). Reste à savoir si les ré-
seaux seront plus sélectifs que
aux entreprises les plus fragilisées pendant la pandémie : à l’époque, les
banques n’ont refusé que de 2,9 %

par la guerre en Ukraine. des PGE demandés. Ce qui est peu.

ainsi emprunter jusqu’à 15 % de leur
Danièle Guinot £@danieleguinot chiffre d’affaires annuel moyen,
calculé sur les trois dernières an-
EntrEprisEs Le gouvernement nées, et non 10 % comme annoncé
va ouvrir un peu plus grand le robi- le 16 mars par le gouvernement, lors
net pour soutenir les entreprises de la présentation du « plan rési-
fragilisées par la guerre en Ukraine. lience » pour l’économie française.
Le prêt garanti par l’État (PGE), Ce dispositif s’ajoute au PGE mis en
baptisé « PGE résilience », qui doit place au printemps 2020, au plus
leur permettre de faire face à des fort de la crise sanitaire, et dont le
difficultés de trésorerie, sera en effet plafond d’emprunt représente 25 %
un peu plus généreux que prévu, a du chiffre d’affaires. Les entreprises
annoncé jeudi le ministère de l’Éco- détentrices d’un prêt garanti par
nomie. Les entreprises pourront l’État « classique », pourront donc
COTATIONS HEBDOMADAIRES
Nom du Fonds
Date de valorisation : 05/04/2022
AFER ACTIONS EURO
Aviva Investors France AFER-SFER
AFER PATRIMOINE
14 Rue Roquépine 75008 Paris A. DIVERSIFIE DURABLE
Tél. : 01 76 62 90 00 / 01 76 62 91 01 AFER ACTIONS MONDE
A
« Le taux de refus pourrait être plus
important, car les entreprises suscep-
tibles de souscrire ce PGE ne sont pas
les mêmes », concède un observateur.
« Soutenir notre
emprunter au total jusqu’à 40 % de tement affectées par le choc de l’in- Jean Castex et Bruno économie »
leur chiffre d’affaires. Ce qui n’est vasion russe de l’Ukraine et ses Le Maire présentent, La Commission européenne a rendu
pas anecdotique. conséquences sur l’économie pour- lors d’une conférence possible l’accès au PGE résilience
Toutefois, ce prêt de trésorerie ront y accéder. Il pourra s’agir de de presse, un plan de jusqu’à la fin de l’année. Il sera donc
n’est pas ouvert à toutes les entre- PME ou d’entreprises de taille résilience économique lancé vendredi. Mais, dans un pre-
et sociale, à Paris,
prises. « Il est beaucoup plus ciblé moyenne confrontées à des pertes mier temps, il ne sera accessible que
le 16 mars.
que le PGE classique », explique-t- de débouchés dans ces pays, ou THomAs sAmson/AFP
jusqu’à fin juin, tout comme le PGE
on à Bercy. De fait, seules les entre- bien pénalisées par une forte hausse classique. Il faudra ensuite modifier
prises qui pourront justifier auprès des coûts des matières premières ou la loi pour le prolonger. Ce qui relè-
de leur banque qu’elles sont direc- des difficultés d’approvisionne- vera de la responsabilité de la pro-
ment. Les modalités de rembourse- chaine majorité issue des élections.
ment du PGE résilience resteront Pour l’heure, le remboursement
les mêmes qu’avec le PGE classique. des PGE classiques se déroule plutôt
L’emprunt est remboursable sur sans difficulté. Près de la moitié
Valeur a la Valeur Valeur cinq ans à partir de l’échéance de la (48 %) des entreprises ont déjà
Vocation première année (aucune mensualité remboursé tout ou partie de leur
création précédente liquidative
demandée la première année). Les prêt. Pour les autres, Bercy s’attend
entreprises les plus fragiles de- à ce que nombre d’entre elles com-
ACTIONS ZONE EURO 76,00 161,13 159,73 vraient aussi avoir la possibilité mencent à rembourser leurs em-
DIVERSIFIÉ 15,00 71,71 70,85
DIVERSIFIÉ 500,00 563,91 563,71 d’étaler, jusqu’à dix ans, le rem- prunts dans les semaines qui vien-
DIVERSIFIE 500,00 785,59 779,39 boursement de leur emprunt. nent. « Les PGE ne sont pas différents
ACTIONSINTERNATIONALES 500,00 1392,75 1384,37
Le gouvernement ne donne pas des autres prêts de trésorerie », indi-
d’estimation sur le nombre de socié- que-t-on à la Banque de France, qui

PROCHAINE PARUTION : 15/04/2022

tés potentiellement concernées par s’attend à ce que 3,1 % d’entre elles
(1) Dédoublé 2 fois. (2) divisée par 2. (3) divisée par 8. (4) divisée par 30. (5) divisée par 100. (6) divisée par 10. (7) divisée par 5. (8) divisée par 6. *Ou dernier cours connu. ce dispositif d’aide exceptionnel. n’honorent pas leur dette. ■
 le figaro vendredi 8 avril 2022

EntrEprisEs 25

L’espagnol ACS et Benetton prêts à se déchirer pour Atlantia

Le groupe d’autoroutes italien pourrait faire l’objet d’une bataille boursière entre deux projets de reprise.
ACS a vendu à Vinci fin
décembre sa divion
services industriels
pour 4,9 milliards
d’euros et dégagé
un profit de 720 millions
d’euros en 2021. ACS
jean-yves guérin £@jyguerin
infrastructures Côté cour,
Florentino Pérez est le président
heureux du Real Madrid qui a
étrillé mercredi (3-1) Chelsea en
quart de finale de la Ligue des
champions à Londres. Côté jardin,
il dirige le géant espagnol du BTP et
des autoroutes, ACS, qui envisage
une énorme opération. « En rela-
tion avec l’information publiée par
un média spécialisé sur le possible
intérêt d’ACS pour Atlantia, nous
pouvons confirmer qu’ACS a un ac-
cord exclusif avec deux grands
fonds d’investissement internatio-
naux (GIP et Brookfield) dans le ca-
dre duquel ACS rachèterait la majo-
rité de la division de concessions
autoroutières », indique le groupe.
ACS a les poches pleines : il a ven-
du à Vinci fin décembre sa division
« services industriels » pour
4,9 milliards d’euros. Hors résultats
exceptionnels, le groupe a dégagé
un profit de 720 millions en 2021. Et
Atlantia constitue une cible de
choix. Ce groupe italien qui emploie
30 000 personnes dans le monde
exploite cinquante concessions
autoroutières et cinq aéroports
(Nice, Rome…). Mais il est fragilisé
depuis l’effondrement en août 2018
du viaduc de Gênes qu’il gérait.
Bonnes perspectives
À la suite de ce drame qui a provo-
qué la mort de 43 personnes, l’État
a obligé Atlantia à vendre à la Cais-
se des dépôts italienne en 2021 ses
88 % dans Aspi, l’exploitant des
autoroutes transalpines. Et s’il a
renoué avec les bénéfices l’année
dernière, Atlantia n’a pas effacé ses
pertes de 2020 (1,2 milliard). Mais
ses perspectives sont plutôt bon-
nes : il s’attend à une augmentation
du trafic sur ses autoroutes de 4 %
cette année par rapport à 2019.
Du coup, d’autres acheteurs
pourraient être sur les rangs. Les
Benetton qui possèdent 33 % d’At-
lantia n’ont pas l’intention de ven-
dre leur paquet d’actions, bien au
contraire. « Atlantia est et restera
un actif stratégique à long terme
pour Edizione, le holding de Benet-
ton », affirme une source proche de
la famille. En fait, les Benetton étu-
dient avec le groupe de capital-in-
vestissement Blackstone une con-
tre-proposition afin de racheter le
groupe et de le sortir de la cote.
Une bataille boursière n’est
donc pas à exclure. Les protago-
nistes se connaissent bien. ACS et
Atlantia détiennent ensemble le
groupe espagnol d’autoroutes
Abertis actif en France au travers
de la Sanef (A1, A13…). Avant
qu’Aspi tombe dans l’escarcelle de
la Caisse des dépôts italienne, ACS
avait envisagé de faire une offre de
rachat. Si cette fois-ci l’Espagnol
lance les hostilités, tout le monde
comprendra pourquoi. Pour les
analystes de Banca Akros, un rap-
prochement entre ACS et Atlantia
« entraînerait des synergies sup-
plémentaires au niveau des activi-
tés latino-américaines (détenues
directement par Atlantia et via
Abertis) ». ■

Mariage franco-allemand dans la pharmacie

Novasep et PharmaZell créent un champion européen de la sous-traitance qui générera 500 millions de ventes.
Keren Lentschner £@Klentschner
pharmacie Un champion euro-
péen de la pharmacie vient de
voir le jour. Sept mois après être
entrés en négociations exclusives,
le français Novasep et l’allemand
PharmaZell ont scellé leur maria-
ge. Ensemble, ils créent un spé-
cialiste des principes actifs (la
substance qui confère au médica-
ment ses propriétés thérapeuti-
ques) et de la sous-traitance
pharmaceutique. Le nouvel en-
semble, qui sera détenu par Phar-
maZell (contrôlé par le fonds bri-
tannique Bridgepoint), générera
près de 500 millions d’euros de
chiffre d’affaires. Il emploiera
plus de 2 000 salariés sur dix sites
de production et de R & D, dont
sept en Europe, deux en Inde et
un aux États-Unis.
« Cette fusion est une réelle op-
portunité pour développer davan-
tage notre offre, en proposant un
mentarité des deux entreprises. utilisés dans nos médicaments
PharmaZell est un acteur de viennent d’Inde et de Chine.
premier plan des principes actifs L’industrie pharmaceutique
avec un portefeuille de plus de avait massivement délocalisé
70 produits. L’offre de Novasep leur production dès les an-
comprend, elle, des services de nées 1970.
développement de procédés, des Il s’agit aujourd’hui d’un mar-
équipements, des services de fa- ché porteur (70 milliards d’euros
brication sous contrat ainsi que de chiffre d’affaires, 6 à 7 % de
des molécules complexes croissance annuelle), en raison de
s’adressant aux secteurs phar- la bataille que se livrent les labos
maceutiques, aux biotechs, à la en matière d’innovation et parce
chimie fine ainsi qu’aux marchés que de nombreux laboratoires
des ingrédients alimentaires et s’efforcent de rapatrier une partie
fonctionnels. L’industriel fabri- de leur production, notamment
quera sur son site de Mourenx sur le Vieux Continent. C’est l’une
(Pyrénées-Atlantiques) le prin- des conditions pour permettre à
cipe actif de l’antiviral de Pfizer, la France et à l’Europe de retrou-
le Paxlovid, à partir du troisième ver leur souveraineté sanitaire.
trimestre 2022. Face au suisse Lonza, numéro
un mondial du secteur, d’autres
Souveraineté sanitaire acteurs émergent. Parmi eux fi-
Après plusieurs années de res- gure Sanofi, qui a scindé son acti-
tructuration, Novasep a recentré vité de principes actifs pour en
son activité l’an passé en cédant faire une entreprise indépendan-
sa filiale belge au géant américain te, baptisée Euroapi, qui sera in-
Thermo Fisher, ainsi que ses troduite en Bourse le mois pro-
novASep

ensemble plus large de technolo-
gies, une présence industrielle
mondiale et une gestion globale
du cycle de vie du produit », dé-
clare Sylke Hassel, directrice
générale de PharmaZell, qui
prendra les rênes du nouveau
groupe. Ce mariage franco-alle-
mand bénéficiera de la complé-
équipements de laboratoire à Ste-
dim Biotech. Ce qui a contribué à
son désendettement. Il a par
ailleurs effectué plusieurs inves-
tissements dans ses sites, dont
deux soutenus par le plan de re-
lance : 6,5 millions d’euros à
Chasse-sur-Rhône (Isère) et
6,1 millions à Mourenx.
Le groupe français
Novasep a investi
6,5 millions d’euros
dans son site de Chasse-
sur-Rhône, en Isère.
Le timing de cette opération
n’est pas un hasard. Le Covid a
sans doute accéléré les discus-
sions. La pandémie, qui a provo-
qué des pénuries de molécules,
notamment dans les services de
réanimation, a, en effet, mis au
jour la dépendance des pays oc-
cidentaux à l’égard de l’Asie : les
trois quarts des principes actifs
chain. Cette nouvelle entité, qui
compte 200 principes actifs en
portefeuille (corticoïdes, hormo-
nes…) et fournit plus de
500 clients à partir de ses six usi-
nes en Europe, sera le numéro
deux mondial du marché. Elle
vise 1 milliard d’euros de chiffre
d’affaires en 2022. ■

Thérapie génique : Gensight subit un nouveau contretemps

La biotech française envisage de reprendre fin 2022 la production de son traitement permettant de retrouver la vue.
pharmacie Nouveau coup dur de certaines étapes de production et à miter à six mois le retard sur son mettrait de viser une autorisation de tion est une phase délicate. Les bio-
pour Gensight. La biotech française l’amélioration des contrôles ». Il lui calendrier initial, a vu son cours mise sur le marché au troisième tri- techs ont rarement les moyens
accuse un retard supplémentaire faudra aussi réaliser des lots pilotes. plonger de 33 %, à 2,24 euros, sur mestre 2023 », déclare Bernard d’avoir leur propre usine : en théra-

dans la production du Lumevoq, son
traitement de la neuropathie optique
héréditaire de Leber, une maladie
dégénérative. Cette thérapie géni-
que a permis à 250 patients de re-
trouver la vue après une seule injec-
tion dans le cadre des essais cliniques
et de traitements compassionnels.
Des « difficultés opérationnelles »
dans la phase de culture des cellules
ont contraint le sous-traitant de
Gensight, l’américain ThermoFisher,
à interrompre la fabrication des pre-
miers lots commerciaux. Elle devrait
reprendre au quatrième trimestre, le
temps pour la biotech et son parte-
naire de procéder à des « ajustements
Le nouveau directeur technique de
Gensight sera basé à Boston afin de
superviser la production.
En attendant, faute de stock,
Gensight a dû suspendre l’adminis-
tration de son traitement. « Nous
sommes sincèrement désolés des
conséquences pour les patients, dé-
clare Bernard Gilly, cofondateur de
Gensight. Nous espérons reprendre
l’administration du traitement dès le
début 2023. Ce retard ne remet pas
en question l’efficacité du Lumevoq.
Nous avons maintenant près de huit
ans de recul depuis les premières in-
jections. » Conséquence de cette
annonce : la biotech, qui espère li-
Euronext.
Parcours d’obstacles
Ces problèmes sont intervenus lors
de la fabrication de trois lots com-
merciaux dont les résultats étaient
attendus pour compléter le dossier
du Lumevoq auprès de l’Agence
européenne des médicaments
(EMA). La jeune société avait dé-
marré la soumission de sa demande
d’autorisation de mise sur le marché
fin 2020. Gensight espère que l’EMA
acceptera de poursuivre l’examen
des aspects cliniques et techniques
de son dossier en attendant la « par-
tie » production. « Cela nous per-
Gilly, dont l’entreprise a été créée
en 2012 sur la base de travaux de
l’Inserm. En France, le Lumevoq
était administré depuis deux ans
grâce à une autorisation temporaire
d’utilisation, une procédure qui
permet aux patients d’avoir un accès
précoce à un traitement innovant.
Ce nouveau revers de Gensight il-
lustre le parcours d’obstacles auquel
sont soumises les biotechs avant de
parvenir à mettre sur le marché un
traitement. Il faut au moins une di-
zaine d’années pour développer un
médicament. Mais plus de la moitié
des essais en phase 3 débouchent
sur un échec. En outre, la produc-
250
pie génique, il faut compter 80 à
100 millions d’euros d’investisse-
ment. Dans le cas du Lumevoq, la
production d’un lot de 300 doses
nécessite deux mois et demi.
patients À l’heure où l’État a fait de la
ont recouvré la vue création de filières de production
après une seule de médicaments made in France -
injection du Lumevoq, notamment en thérapie génique et
dans le cadre cellulaire - une priorité, Gensight
des essais cliniques espère tourner la page au plus vite.
et de traitements « Nous sommes la première entre-
compassionnels prise française, et une des premières
en Europe, à nous rapprocher aussi
près de la commercialisation d’une
thérapie génique », déclare
Bernard Gilly. K. L. ■
A
 vendredi 8 avril 2022 le figaro

26 EntrEprisEs

Center Parcs veut accélérer son expansion

Le 29e domaine l’année ; 80 % des réservations sont
réalisées en direct, une performan-
de la pépite de ce dans un secteur très dépendant
des agences en ligne comme Boo-
Pierre & Vacances king. « C’est notre activité la plus
rentable. 60 % de notre clientèle est
ouvrira en mai fidèle et vient au moins une fois par
an », se félicite Franck Gervais.
dans les Landes. Avant la crise, Center Parcs repré-
sentait plus de 55 % du chiffre d’af-
Le groupe vise une faires du groupe créé par Gérard
Brémond, et les deux tiers de sa
nouvelle ouverture marge. L’objectif est de faire enco-
re mieux dans les années qui

tous les 12 à viennent.

18 mois en Europe.
Mathilde visseyrias
£@MVisseyrias
À Beauziac (Lot-et-Garonne)
tourisme Sur 85 hectares, au
cœur des Landes de Gascogne, Cen-
ter Parcs ouvrira le 23 mai son 29e
domaine d’Europe et le 7e en Fran-
ce. Avec 401 cottages en bois, une
vingtaine de maisons dans les ar-
bres et à la ferme, un espace aquati-
que géant, deux restaurants et des
dizaines d’activités (ferme pédago-
gique, jardins potagers, bowling…),
la nouvelle adresse fait déjà le plein
cet été. « Plus haut de gamme et plus
petit que les autres, ce domaine illus-
tre ce que nous voulons faire de Cen-
ter Parcs, explique Franck Gervais,
directeur général du groupe Pierre
& Vacances Center Parcs. À l’avenir,
il y aura moins de tourisme interna-
tional pour des raisons sanitaires et
écologiques, et plus de voyages près
de chez soi. Center Parcs correspond
plus que jamais à la montée en puis-
sance d’un tourisme de proximité, au
cœur des territoires. »
L’activité la plus rentable
Après trois années de chantier et
200 millions d’euros d’investisse-
ments (financés essentiellement
Intérieur par des institutionnels et des col-
d’un appartement lectivités, propriétaires des cotta-
du nouveau domaine ges pour les uns et des équipe-
Center Parcs, ments pour les autres), le domaine
Les Landes de Gascogne. Center Parcs Les Landes de
CEntEr parCs
Gascogne compte accueillir
300 000 personnes par an. À
80 %, ce seront des Français, ha-
bitant dans un rayon de trois heu-
res en voiture, qui débourseront
en moyenne 1 000 euros par
famille pour une semaine.
Racheté à 100 % en 2003 par
Pierre & Vacances, Center Parcs est
la pépite d’un groupe davantage
connu pour être le leader européen
des résidences de tourisme. Né en
1967 aux Pays-Bas, ce concept de
vacances en pleine nature avec fo-
rêt, services et activités (tir à l’arc,
accrobranche, club de poney…) n’a
pas d’équivalent dans le monde.
Ouvert 365 jours par an, son taux
d’occupation dépasse les 75 % à
Le trio d’actionnaires (Alcentra,
Fidera et Atream) qui vient de
prendre le contrôle de l’entreprise
(nos éditions du 11 mars) doit per-
mettre d’accélérer. Atream connaît
très bien Center Parcs, puisqu’il en
possède déjà quatre. « Entre 2018 et
2023, près de 1 milliard d’euros
auront été investis, à 90 % par les
propriétaires institutionnels, pour la
rénovation de tous les Center
Parcs », rappelle Franck Gervais.
En plus de profiter d’un parc remis
au goût du jour, le groupe a des
projets d’ouvertures qui concerne-
ront de nouveaux pays, comme le
Danemark en 2024. « L’objectif est
d’ouvrir un Center Parcs tous les 12 à
18 mois en Europe », précise Franck
Gervais. L’expansion se fera avec
des risques limités, Pierre & Va-
cances se contentant à l’avenir
d’être l’exploitant des domaines
- sur le modèle de l’hôtellerie -,
sans se charger de la commerciali-
sation immobilière. ■

Sa retraite de Russie coûtera jusqu’à 5 milliards à Shell

La major britannique est beaucoup moins exposée que BP et TotalEnergies au pays de Vladimir Poutine.
GuillauMe Guichard
£@guillaume_gui
Énergie Quatre à cinq milliards de
dollars. La major britannique Shell
Nous a précisé jeudi la facture liée aux
pensons dépréciations d’actifs et charges à la
suite de son départ du pays de Vla-
que les dimir Poutine, annoncé dans la
entreprises foulée de l’invasion de l’Ukraine. Le
tenant groupe avait estimé auparavant
cette charge à 3,4 milliards de dol-
un discours lars. Mercredi, l’action a perdu 2 %
flou sur en Bourse. Shell avait indiqué, dé-
leur avenir but mars, vouloir se retirer « gra-
duellement » du pétrole et du gaz
en Russie russes pour « s’aligner avec les nou-
continueront velles directives du gouvernement »
d’être britannique. Sa compatriote BP a
fait de même, mettant fin, de fait, à
pénalisées une coopération de trente ans avec
par les la société d’État Rosneft. Ce n’est
marchés
LeS anaLySteS
de jefferieS
» pas le cas de la major française
TotalEnergies, qui a indiqué vouloir
conserver ses investissements rus-
ses, réalisés bien plus récemment.
Shell est la moins exposée à la
Russie parmi ses consœurs euro-
péennes. Elle en tire 5 % de sa pro-
duction d’hydrocarbures. Le pays
représenterait 6 milliards de dollars
d’actifs (essentiellement sa coen-
treprise avec Gazprom), soit 2 % de
sa valorisation, estiment les analys-
tes de Jefferies. Pour BP et Total-
Energies, le problème se révèle
d’une tout autre ampleur. Le bri-
tannique y tirait avant la guerre
d’Ukraine 28 % de sa production de
pétrole et de gaz, et le français 16 %.
Les 20 % du capital de Rosneft déte-
nus par le britannique, ainsi que ses
participations dans des projets rus-
ses, pèsent 46 milliards de dollars.
Soit un quart de la valeur du groupe,
d’après les calculs de Jefferies. Les
19,4 % de TotalEnergies dans Nova-
tek, ainsi que ses participations
dans des sites et projets gaziers en
Sibérie, valent 41 milliards, selon les
mêmes analystes, soit 20 % de la
valeur de la major française.
Les investisseurs ont bien
conscience de ces différents degrés
de dépendance. Le titre de Shell a
certes fait le yo-yo ces dernières
semaines, mais il est déjà revenu à
son niveau de début février. Celui
de ses deux concurrents, non.
Après avoir fortement chuté de-
puis le début des hostilités, l’action
BP n’a pas rattrapé son retard. La
baisse de la capitalisation du grou-
pe dépasse même, selon Jefferies,
les majors pétrogazières relancent
les investissements en 2022
Le nombre de nouveaux
projets d’investissements
dans les hydrocarbures
devrait être aussi important
en 2022 qu’en 2020 et 2021
réunis, ressort-il d’une étude
du cabinet spécialisé Wood
McKenzie publiée jeudi.
Le nombre de projets lancés
cette année retrouverait
ainsi le niveau de 2019
après deux ans de creux dus
notamment à la crise du Covid.
Les prix du pétrole et du gaz
la valeur de ses parts dans Rosneft.
TotalEnergies souffre également de
sa forte exposition et, paradoxale-
ment, de sa volonté de conserver
ses positions dans le pays. « Nous
pensons que les entreprises tenant
un discours flou sur leur avenir en
ont en effet chuté très bas
en 2020. En réaction, les majors
avaient largement réduit
leurs investissements. Avec
le rebond des prix de l’énergie
depuis la mi-2021, les budgets
se sont étoffés.
Les projets qui devraient être
validés cette année émettront
bien moins de CO2 que les
champs exploités actuellement,
soit 15 kilos de CO2 par baril,
contre une moyenne
de 25 kilos actuellement. G. G.
Russie continueront d’être pénali-
sées par les marchés », ajoutent les
analystes de Jefferies.
Des cessions complexes
« Me retirer, c’est donner les mil-
liards d’investissements réalisés
par TotalEnergies à des Russes,
pour zéro car personne ne peut les
acheter », s’est défendu récem-
ment le PDG du groupe, Patrick
Pouyanné. Les observateurs ju-
gent en effet compliqué toute ces-
sion des actifs détenus par les ma-
jors dans ce pays. « La vente des
avoirs en Russie sera complexe, car
il ne s’agira sûrement pas de négo-
ciation d’affaires, plutôt de discus-
sions d’État à État, prévoient les
analystes de RBC. Si une major
chinoise s’intéressait à la part de
BP dans Rosneft, il faudrait pour
conclure l’affaire l’assentiment des
capitales. » Certains s’attendent
toutefois à ce que BP, qui a appro-
ché des groupes chinois et
moyen-orientaux à ce sujet, puis-
se tirer quelque argent de la vente
de sa participation dans Rosneft. ■

À Nantes, des entreprises en passe de partager leur siège social

La start-up Whome ouvrira en juin un espace de « bureaux opérés » pouvant accueillir jusqu’à 220 salariés.
thibault duMas
Saint-HerBLain
immobilier « Ni flipper, ni billard,
ni baby-foot, nous voulons d’abord
que ça fasse hyper professionnel. »
Sébastien Renaud, fondateur de la
start-up Whome, va inaugurer en
juin prochain à Saint-Herblain, en
périphérie de Nantes, un premier
bâtiment. 2 300 m² et 85 bureaux
privés qui accueilleront chacun
d’un à dix salariés, soit 220 person-
nes en tout sur le site, appartenant à
des entreprises différentes.
« L’idée est de faire émerger pour
les entreprises une troisième option
dans l’immobilier de bureau, entre le
siège social qu’on loue ou qu’on fait
construire, et le télétravail », pour-
suit ce quadragénaire nantais, qui
injecte 4 millions d’euros dans cette
A
CDE Invest. On trouvera sur le site
une conciergerie, une salle de sport,
un espace de restauration ou encore
un salon de massage en commun en
plus des bureaux fermés, isolés
phonétiquement les uns des autres
et ultrasécurisés sur le plan infor-
matique, et des salles de réunion.
Les entreprises paieront un
« contrat de service », et non pas un
bail. Un contrat qui inclura à la fois
les prestations de service (restaura-
tion, salle de sport…) mais aussi une
tarification au mètre carré par poste,
qui ira de 400 à 700 euros par mois –
pour un coût moyen de 550 euros à
Saint-Herblain. Le nombre de mè-
tres carrés loués sera en outre mo-
dulable au cours du temps. À la dif-
férence d’un espace de coworking,
le site n’est pas constitué d’open
space, et n’accueille pas d’entrepre-
neurs indépendants. « Notre contrat
à un bail classique qui court sur trois,
six ou neuf ans », estime Sébastien
Renaud.
Le bâtiment de Whome devrait
attirer les start-up, mais aussi des
PME locales, voire quelques grou-
pes nationaux cotés. Avec un bémol
cependant : « Dans les PME, le fon-
dateur de l’entreprise a souvent l’ha-
bitude de créer sa SCI (société civile
immobilière) pour être propriétaire
Vue d’artiste
du siège social. » Pour l’heure, ces
du bâtiment,
qui accueillera, « bureaux opérés » ne représentent
en juin prochain, que 3 % des locations d’entreprises
différentes entreprises, dans l’Hexagone, contre 25 % au
à Saint-Herblain, Royaume-Uni par exemple.
en périphérie
de Nantes. WhomE Une vingtaine de projets
L’offre est très majoritairement en
région parisienne qui concentre
250 lieux (étude annuelle d’Ubiq).
Mais la tendance des entreprises à
déconcentrer les lieux de travail
hors de Paris - en installant par
exemple un service ou quelques per-
sonnes dans des capitales régionales
ou des villes moyennes - devrait
porter leur diffusion. Whome a donc
de grandes ambitions. La start-up a
150 millions de projets dans ses car-
tons, pour ouvrir une vingtaine de
lieux analogues en France d’ici à
Pour l’heure, 15 % des espaces
que Whome possède à Saint-Her-
blain ont été loués. « Notre modèle
économique est similaire à l’hôtelle-
rie, viable à partir de 60 à 65 % de
taux d’occupation. C’est sur la re-
facturation des services à chaque en-
treprise que nous gagnons de l’ar-
gent », rapporte Sébastien Renaud,
qui n’est pas tout à fait un précur-
seur. Il existe déjà à Saint-Herblain,
depuis 2013, quatre bâtiments de la
société Euptouyou. Cependant, ils
sont davantage dédiés au cowor-
king – on peut y réserver un box in-
dividuel à la journée. En réalité, la
plus grande concurrence vient des
pépinières d’entreprises à loyers
modiques, car financées par les col-
lectivités locales. Nantes Métropole,
via une structure parapublique, la
Samoa, héberge par exemple
220 entreprises dans 16 000 m² de

première opération en partenariat de service signé pour six mois apporte 2030, notamment en périphérie bureaux et ateliers d’artistes rien
avec l’investisseur immobilier local 10 % à 20 % d’économies par rapport d’Angers, Rennes, Paris ou Lyon. que sur l’île de Nantes. ■
 le figaro vendredi 8 avril 2022

Tech 27

le cloud, talon d’achille de la cybersécurité

Dans cet environnement complexe, la mauvaise maîtrise des technologies peut avoir de graves conséquences.
trices et sont malheureusement sou- à traiter alors que la surface et le ni- usages numériques souvent mal complexité de la situation. Ces der-
IngrId Vergara £@Vergara_i vent oubliées ! C’est un point majeur veau des attaques s’intensifient. maîtrisés tels que le cloud à des fins niers mois ont montré que des vul-
pour la sécurité des nouvelles appli- « Les mauvaises configurations ont lucratives et d’espionnage », souli- nérabilités inconnues découvertes
cyber La digitalisation à marche cations » ajoute Gérôme Billois, as- aussi des conséquences plus impac- gnait l’Agence nationale de sécurité dans certaines briques technologi-
forcée des entreprises vers le cloud, socié du cabinet Wavestone, auteur tantes dans un environnement des systèmes d’information (Anssi) ques, comme celles du très répandu
accélérée par la crise du Covid-19, d’un récent rapport sur la maturité cloud » ajoute David Hatfield, co- dans son récent panorama de la petit module Log4j, pouvaient fra-
s’accompagne d’un paradoxe de cyber des grandes entreprises fran- PDG de Lacework, une autre licor- menace informatique. giliser tout un édifice et rendre ca-
taille. Alors que la multiplication çaises. Près d’une sur deux (47 %) ne américaine de cybersécurité. En février dernier, la Cnil avait duques certaines postures de sécu-
des cyberattaques a érigé la sécuri- compte uniquement sur les alertes L’erreur ne pardonne pas car une choisi de pointer les risques de vio- rité traditionnelles (lire ci-dessous).
té des applications et des données de sécurité de son fournisseur fois un point d’entrée identifié, il lations associés aux défauts de « La course contre la montre avec les
en priorité des organisations, de cloud. Conscients du problème, est ensuite possible de se déplacer configuration des espaces de stoc- attaquants nécessite de l’innovation
multiples études convergent vers certains fournisseurs accompa- assez facilement au sein d’un systè- kage dans le cloud public. « Dans ce pour améliorer l’approche opéra-
un même constat : le cloud est l’un gnent leurs clients pour mieux les me d’information. Les attaquants modèle , devenu majoritaire, la sour- tionnelle et amener de la disrup-
des environnements technologi- sensibiliser via des équipes de sécu- l’ont bien compris depuis long- ce d’une fuite de données personnel- tion », indique Zeina Zakhour, di-
ques pour lequel les équipes de sé- rité dédiées. Mais le partage des Dans une étude menée temps et ont appris à détecter par- les n’est souvent pas due à une faille rectrice des nouvelles technologies
fin 2020, la société
curité sont le moins préparées. responsabilités est clair et il incom- fois en quelques secondes ces bana- matérielle ou logicielle des systèmes big data et cyber chez Atos. Pour
Palo Alto Networks
Plusieurs erreurs de configuration, be bien in fine aux entreprises de a détecté, en quatre les erreurs de configuration. gérés par les fournisseurs de cloud, faire face à ces problèmes comple-
des serveurs non ou très mal proté- veiller au bon paramétrage des mois, 2 100 instances L’ampleur du problème inquiète mais bien à une mauvaise configura- xes et au manque de ressources hu-
gés ont permis de retentissantes at- outils qu’ils utilisent. cloud non sécurisées et les autorités qui veulent accélérer la tion de ces outils par les clients eux- maines, les entreprises attendent
taques ou fuites. Dans une étude facilement accessibles. prise de conscience au sein des en- mêmes », souligne le régulateur. de la cybersécurité à la fois plus
menée fin 2020, la société Palo Alto trouver les bonnes Who is Danny/ treprises. « Les attaquants ont éga- Pourtant, ces failles logicielles d’automatisation et plus de simpli-
Networks avait détecté, en seule- compétences shutterstock lement su tirer profit des nouveaux sont aussi réelles et ajoutent à la cité d’utilisation. ■
ment quatre mois, 2 100 instances Les entreprises doivent donc gérer
cloud non sécurisées et facilement des environnements cloud de plus
accessibles. en plus complexes, souvent multi-
« Migrer dans un environnement ples, qui évoluent vite, et sans avoir
cloud est une tâche lourde et comple- toujours une vue parfaitement clai-
xe pour les organisations, qui prend re de leurs différents flux de don-
des mois. Il est facile de faire quel- nées ou de qui peut accéder à quoi.
ques erreurs simples ou de laisser la Parmi les multiples causes au
configuration par défaut en place » problème, le cruel manque de res-
explique Wendi Whitmore, direc- sources bien formées en matière de
trice d’Unit 42, l’unité de recherche cybersécurité des entreprises. « Les
en cybersécurité de la société Palo bonnes compétences sont le problè-
Alto Networks. « De manière ins- me numéro un des entreprises » esti-
tinctive, on pense que le cloud est sé- me Milan Patel, chief operating of-
curisé. C’est vrai pour ce qui est de la ficer de BlueVoyant, une des
responsabilité des fournisseurs, mais licornes mondiales de la cybersé-
beaucoup d’actions restent de la res- curité. Résultat : des équipes de sé-
ponsabilité des organisations utilisa- curité débordées, saturées d’alertes

IA et automatisation,
nouvelles clés de la sécurité
« Le cloud a changé le paradigme tions en temps réel, qui sont ana-
du monde de la cybersécurité » es- lysées par une intelligence artifi-
time Milan Patel, chief operating cielle. Le système sait détecter,
officer de Blue Voyant. Cette analyser et neutraliser toute atta-
start-up fait partie des nouvelles que sans action humaine », expli-
licornes mondiales du secteur- quait Elena Poincet, la présidente
ces sociétés non cotées valorisées et cofondatrice de la société fran-
plus de 1 milliard de dollars - de- çaise Tehtris lors du Think Tech
puis sa levée de fonds de 250 mil- Summit en mars. Le temps où les
lions de dollars en février der- antivirus suffisaient à protéger pas. sans trop de faux positifs. curité de nouvelle génération qui ce dont une entreprise a besoin
nier. Confrontées à l’impératif les organisations est révolu. Ces « L’objectif est d’identifier les se développent très rapidement. pour opérer sa transformation di-
d’innover toujours plus vite et à derniers fonctionnent sur la base comportements anormaux en « Notre croissance au cours des 36 gitale, avec une simplicité d’utili-
la multiplication d’attaques plus de signatures présentes dans les temps réel, être capables de les derniers mois reflète la douleur sation équivalente à celle d’iPhone
sophistiquées, les entreprises ré- virus qu’ils peuvent reconnaître. corréler et les neutraliser sans né- qu’endurent de nombreuses entre- pour un particulier », explique
clament à la fois une offre de sé- Or les rançongiciels par exemple cessiter d’intervention humaine », prises lorsqu’elles tentent de navi- Shlomo Kramer, son cofonda-
curité technologiquement à la sont des menaces inconnues. précise David Hatfield, co-PDG guer dans le cloud à l’aide de pro- teur. L’entreprise, qui compte
pointe et plus simple à orches- de Lacework. Sa société, fondée duits de sécurité qui ne sont tout aujourd’hui quelque 1 100 clients
trer. L’automatisation et le re- Détecter un en 2017, a levé 1,3 milliard de simplement pas conçus pour aux États-Unis et en Europe,
cours à l’intelligence artificielle comportement anormal dollars en novembre dernier cela ,» ajoute David Hatfield. songe à une entrée en Bourse
sont les points communs de l’ap- Le recours à l’intelligence artifi- portant sa valorisation à 8,3 mil- Autre licorne mondiale du sec- d’ici 2 ans.
proche proposée par les sociétés cielle s’appuie sur une tout autre liards de dollars. Début 2021, elle teur, Cato Networks a doublé sa En France, Tehtris revendique
de cybersécurité « de nouvelle logique. Il s’agit pour le système avait déjà levé 525 millions de valorisation en une année, pour aussi une belle croissance, mais
génération ». d’ingérer les flux de données dollars, pour une valorisation de atteindre 2,5 milliards de dollars, regrette le manque de soutien de
« La détection des menaces passe circulant au sein d’une entrepri- 1 milliard. après une levée de fonds de la commande publique, alors
par l’implantation, dans les systè- se et de son environnement pour Des chiffres qui démontrent 200 millions de dollars en octo- que la France veut créer des
mes d’information à protéger, de comprendre ce qui est habituel l’intérêt grandissant des investis- bre dernier. « Notre ambition est champions nationaux de la
capteurs remontant les informa- et savoir détecter ce qui ne l’est seurs pour ces entreprises de sé- de pouvoir regrouper à terme tout cybersécurité. ■ I. V.

la séance du jeudi 7 avril

LE CAC JOUR %VAR. +HAUTJOUR +BAS JOUR %CAP.ECH 31/12 JOUR %VAR. +HAUTJOUR +BAS JOUR %CAP.ECH 31/12 LES DEVISES MONNAIE 1 EURO=
L’OR JOUR VEILLE 31/12
AUSTRALIE ................................................................................
DOLLAR AUSTRALIEN 1,4578 AUD
AIR LIQUIDE ........................... 160,24 +0,05 163,12 160,06 0,152 +4,51 MICHELIN ..............................................
116,1 -1,36 119,3 115,8 0,395 -19,46 Cotation quotidienne assurée par Loomis FxGS - CPOR Devises
CANADA ................................................................................
DOLLAR CANADIEN 1,3704 CAD www.loomis-fxgs.fr
AIRBUS .............................................. 101,98 -1,75 105,32 101,72 0,191 -9,24 ORANGE ..............................................10,86 +0,07 11,004 10,832 0,262 +15,37 GDE BRETAGNE ................................................................................
LIVRE STERLING 0,8345 GBP
ALSTOM ..............................................19,7 -2,67 20,54 19,65 0,51 -36,9 PERNOD RICARD ...........................197,65 -0,75 200,6 196,7 0,155 -6,55 HONG KONG ................................................................................
DOLLAR DE HONG KONG 8,5554 HKD
LINGOT DE 1KG ENV .....................................................
57360 56970 +10,86
JAPON ................................................................................
YEN 135,32 JPY
NAPOLEON ..................................................... 348,9 346,9 +12,95
ARCELORMITTAL SA ........................... 27,73 -1,03 28,27 27,29 0,336 -1,47 PUBLICIS GROUPE SA ..................... 54,32 -0,55 55,28 54,24 0,289 -8,24 PIECE 10 DOL USA .....................................................
1010 1010 +10,02
AXA .............................................. 25,485 -0,88 26,015 25,44 0,221 -2,67 RENAULT .............................................. 21,93 -0,86 23 21,895 0,563 -28,2 SUISSE ................................................................................
FRANC SUISSE 1,0185 CHF PIECE 10 FLORINS .....................................................
360 360 +12,54
ETATS-UNIS ................................................................................
DOLLAR 1,0916 USD PIECE 20 DOLLARS .....................................................
1800 1825 +1,41
BNP PARIBAS ACT.A ........................... 46,56 -1,55 47,65 46,53 0,422 -23,38 SAFRAN ..............................................100,72 -0,38 103,3 100,46 0,184 -6,45
TUNISIE ................................................................................
DINAR TUNISIEN 3,241 TND PIECE 20F TUNISIE .....................................................
340 340 +7,26
BOUYGUES ..............................................30,44 +0,23 31,03 30,38 0,262 -3,33 SAINT GOBAIN ........................... 50,01 +0,11 50,93 49,615 0,397 -19,17 MAROC ................................................................................
DIHRAM 11,103 MAD PIECE 5 DOL US (H) .....................................................
440 440 -
CAPGEMINI ..............................................
190,65 -1,17 195 190,4 0,159 -11,53 SANOFI ..............................................99,91 +1,56 100,8 98,76 0,276 +12,79 TURQUIE ................................................................................
NOUVELLE LIVRE TURQUE 16,0929 TRY PIECE 50 PESOS MEX .....................................................
2199,75 2179,75 +6,78
CARREFOUR ..............................................
19,775 +1,96 19,85 19,39 0,476 +22,79 SCHNEIDER ELECTRIC ..................... 143,86 -0,19 146,56 143,62 0,178 -16,58 EGYPTE ................................................................................
LIVRE EGYPTIENNE 20,0323 EGP PIECE FR 10 FR (H) .....................................................
199 198 +11,8
CREDIT AGRICOLE ........................... 9,887 -1,78 10,176 9,887 0,355 -21,22 SOCIETE GENERALE ........................... 21,475 -1,99 22,41 21,475 0,689 -28,9 CHINE ................................................................................
YUAN 6,9448 CNY PIECE SUISSE 20F .....................................................
340,2 340,5 +10,85
INDE ................................................................................
ROUPIE 82,951 INR
PIECE LATINE 20F .....................................................
340,2 340,2 +9,04
DANONE ..............................................51,6 +1,88 52,12 51,12 0,257 -5,48 STELLANTIS NV ........................... 13,538 -1,21 14,09 13,538 0,139 -18,83 SOUVERAIN ..................................................... 433,2 430,5 +12,55
DASSAULT SYSTEMES ........................... 43,565 -1,08 44,305 43,38 0,082 -16,72 STMICROELECTRONICS ..................... 35,25 -1,01 36,485 35,105 0,265 -18,72 ALGERIE ................................................................................
DINAR ALGERIEN 156,9953 DZD KRUGERRAND .....................................................
1939,75 1950 +11,87
ENGIE .............................................. 11,544 -1,79 11,882 11,474 0,35 -11,3 TELEPERFORMANCE ........................... 336,7 +1,14 341,1 333,9 0,208 -14,11
ESSILORLUXOTTICA ........................... 162,9 -0,24 166,1 162,55 0,139 -12,1 THALES ..............................................118 +0,47 118 116,25 0,219 +57,75
VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS (OU EN DEVISES), HORS FRAIS
EUROFINS SCIENT. ...........................98,4 +3,34 100,2 94,8 0,367 -9,56 TOTALENERGIES ...........................44,91 -1,62 45,91 44,73 0,243 +0,63 VALEUR DATE DE
HERMES INTL ........................... 1277 -1,01 1313,5 1276,5 0,058 -16,86 UNIBAIL-RODAMCO-WE ..................... 67,35 +0,4 69,5 67,24 0,505 +9,3
retrouvez
LIQUID. VALORISAT.
Cybèle Asset Management
KERING ..............................................548,4 -1,56 562 545,9 0,173 -22,42 VEOLIA ENVIRON. ...........................27,12 -2,55 28,14 26,98 0,402 -15,93 37 av. des Champs-Elysées
75008 Paris

L'OREAL ..............................................367,2 +0,22 372,55 366,6 0,079 -11,93 VINCI .............................................. 87,04 +0,85 89,09 86,56 0,291 -6,32 Tel. : 01 56 43 62 50

LEGRAND ..............................................83,22 +1,46 83,28 80,84 0,342 -19,13 VIVENDI SE ........................... 11,635 -0,04 11,84 11,625 0,185 -2,14 BETELGEUSE ................................................
49,53 04/04/22
BELLATRIX C ................................................
351,67 04/04/22
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le spécialiste des Jeux en ligne 888 obtient un rabais pour le rachat partiel de William hill hrousseau@lefigaro.fr

La société britannique de jeux en ligne noncé en septembre dernier. Une partie mentaire » ainsi que les risques « liés au quent les deux sociétés. En particulier, L’américain avait alors précisé être in-
888 Holdings a obtenu, auprès de du montant pouvant atteindre « jusqu’à processus d’évaluation, actuellement « l’examen en cours par le gouverne- téressé essentiellement par les activi-
l’américain Caesars Entertainment, une 100 millions de livres » est différée en cours par les autorités britanniques, ment britannique de la loi sur les jeux tés américaines de l’entreprise. Il avait
baisse de prix sur le rachat des activités à 2024 et dépendra du résultat opéra- de la licence de William Hill ». d’argent pourrait entraîner une régle- d’ailleurs rapidement mis en vente les
(hors États-Unis) de William Hill. Le prix tionnel du groupe à cette date, expli- Après l’engouement pour les jeux en mentation plus contraignante dans le activités européennes de William Hill,
se situera finalement dans une four- quent par ailleurs 888 Holdings et Cae- ligne pendant la pandémie de Covid-19, secteur des paris et des jeux au Royau- concentrées principalement au Royau-
chette allant de 1,95 milliard de livres à sars. Cette baisse de prix reflète « plusieurs pays ont adopté ou sont en me-Uni ». Caesars avait annoncé il y a me-Uni. Ces conditions plus favorables
A

2,05 milliards, contre 2,2 milliards de li- notamment « l’évolution de l’environ- train d’adopter une approche plus stric- un an et demi le rachat de William Hill ont propulsé, jeudi, le cours de Bourse
vres prévus lorsque l’accord a été an- nement macroéconomique et régle- te de la protection des clients » expli- pour près de 3 milliards de livres. de 888 Holdings de 16,5 % sur le LSE. ■
 vendredi 8 avril 2022 le figaro
28 médias et publicité
« La Provence »:
Xavier Niel
reprend
la main face
à CMACGM
La justice lui redonne le droit
de s’opposer à l’arrivée d’un nouvel
actionnaire.
clAUDiA coheN £@ClaudiaECohen
PrESSE Le pouvoir vient de
changer de camp dans le sud-est
de la France. Jeudi, la cour d’ap-
pel d’Aix-en-Provence a redon-
né à Xavier Niel, qui détient à
travers sa holding NJJ 11 % de La
Provence (La Provence, Corse-
Presse), la possibilité de s’oppo-
ser à l’arrivée d’un nouvel ac-
tionnaire au capital du groupe de
presse. Ce « droit d’agrément »
(ou droit de veto), dont il dispose
en tant qu’actionnaire minoritai-
re dans les statuts de La Proven-
ce, avait été suspendu début jan-
vier par le tribunal de commerce
de Marseille.
Le fondateur de Free revient
donc dans le jeu face à Rodolphe
Saadé, patron de l’armateur mar-
seillais CMACGM, jusqu’ici favori
pour la reprise des 89 % de parts
que détenait le Groupe Bernard
Tapie (GBT) dans La Provence.
« L’état de trouble évoqué par les
liquidateurs de GBT, qui deman-
daient la suspension du droit de
veto, est hypothétique », a conclu
la cour d’appel d’Aix-en-Pro-
vence. Après cette décision en
référé, Xavier Niel se retrouve à
la fois joueur et arbitre. Elle re-
Le casse-tête de l’interopérabilité des messageries
Imposée par le Digital Markets Act pour favoriser la concurrence, cette obligation fait débat.
chloé woitier £@W_Chloe
régulation Les utilisateurs de
messageries instantanées le savent
bien : à moins de convaincre l’en-
semble de leur carnet d’adresses de
faire de même, il est très difficile de
basculer sur un autre service. Un
utilisateur de Signal ne peut pas dis-
cuter avec un ami qui est sur What-
sApp ou ses parents restés fidèles à
Facebook Messenger. Mais tout cela
devrait prochainement changer.
Le règlement européen Digital
Markets Act instaure en effet l’inte-
ropérabilité des messageries. Plus
exactement, les « gatekeepers », ces
géants de la tech utilisés par au
moins 45 millions d’Européens et
dont la valorisation dépasse les
75 milliards d’euros, devront
« ouvrir » leurs messageries aux
concurrents qui le souhaitent. Sont
concernés WhatsApp, Facebook
Messenger et Instagram Direct
(Meta), iMessage (Apple), Skype
(Microsoft), Google Chat… qui
pourraient demain être compatibles
avec Telegram, Signal, Snapchat,
Viber et des messageries plus confi-
dentielles comme Threema, Skred
ou Wire, si elles le désirent.
L’objectif des autorités européen-
nes est de réinjecter de la concur-
rence sur ce marché en supprimant
le principal obstacle à la liberté de
choix du consommateur. Dans l’es-
prit des législateurs, il est illogique
que les messageries fonctionnent en
silo, alors que les e-mails ou les SMS
sont interopérables.
Voilà pour le principe. L’applica-
A
tion technique, elle, s’annonce plus
ardue. Bruxelles en est conscient.
distribue une nouvelle fois les
cartes de ce dossier qui agite la
Cité phocéenne depuis six mois.
Déterminé à s’offrir ses pre-
miers actifs dans la presse, Ro-
dolphe Saadé avait mis 81 mil-
lions d’euros sur la table pour
racheter les parts de Bernard Ta-
pie. Soit deux fois plus que la va-
lorisation la plus élevée de La
Provence (selon une expertise),
et quatre fois plus que les 20 mil-
lions d’euros promis par Xavier
Niel. Ce dernier, également ac-
tionnaire du groupe Nice-Matin,
avait choisi de ne pas jouer le jeu
de la surenchère face à Rodolphe
Saadé, car il savait qu’il pouvait
compter sur le potentiel rétablis-
sement de son droit d’agrément.
Parmi les points phares de son
projet, Xavier Niel compte
construire dans le Var une im-
primerie commune aux quoti-
diens La Provence et Nice-Matin
d’ici à 2024.
Une nouvelle imprimerie
Déclarée favorite, c’est-à-dire
mieux-disante, par les liquida-
teurs du tribunal de commerce de
Bobigny (en charge du dossier de
reprise), l’offre de CMACGM avait
reçu il y a deux semaines un avis
favorable des CSE (comités so-
Seuls les échanges entre deux inter-
nautes devront être interopérables ;
les autorités laissent un délai de
deux ans pour les discussions de
groupe, et de quatre ans pour les
appels audio et vidéo. Mais même la
première étape pose son lot de défis.
Comment faire communiquer des
applications qui n’utilisent pas les
mêmes protocoles informatiques ?
La question n’est pas problématique
entre les services non-sécurisés
(Instagram Direct et Messenger
sont déjà interopérables). Mais elle
est brûlante pour les messageries
chiffrées comme WhatsApp, qui
ont fait de la sécurité des échanges
le cœur de leur promesse marke-
ting. Cette dernière pourra-t-elle
encore être tenue ?
Levée de boucliers
Une levée de boucliers a eu lieu aux
États-Unis, où le DMA est accusé de
signer la fin des conversations sé-
curisées. « Il est impossible de faire
fonctionner ensemble deux architec-
En difficulté, ciaux d’entreprise) des six filiales
La Provence a mis du groupe La Provence, interro-
son siège marseillais gés à titre d’une procédure
en vente. Florian d’information-consultation. Au-
EscoFFiEr/aBaca
delà du prix de rachat, le groupe
maritime compte investir 35 mil-
lions d’euros, et prévoit une en-
veloppe supplémentaire de 12 à 20
millions d’euros pour construire
une imprimerie à Marseille.
Désormais, avec le rétablisse-
ment de son droit d’agrément,
Xavier Niel a l’obligation d’étu-
dier dans les prochains jours les
modalités de l’offre de CMACGM,
afin de décider de l’agréer ou de
ne pas l’agréer. Dans ce dernier
cas de figure, Xavier Niel se verra
alors offrir la possibilité de for-
muler de son côté une nouvelle
offre de reprise. Elle devra ensui-
te être soumise aux différentes
parties du dossier, qui rendront
un avis consultatif.
Si l’offre n’est finalement pas
acceptée par les liquidateurs ju-
diciaires Me Xavier Brouard et
Me Marc Sénéchal, la justice de-
vra saisir un nouvel expert, afin
tures de chiffrement », a affirmé le
chercheur en sécurité informatique
Steven Bellovin. Sans surprise, les
attaques les plus virulentes sont ve-
nues de Meta. « Est-ce que cela va
mettre fin à la confidentialité des
échanges, ou sérieusement la dimi-
nuer ? », a déclaré à la newsletter
Platformer le patron de WhatsApp.
Will Cathcart prédit aussi une vague
« d’informer
La clé, c’est
de spams et une explosion de la vi- clairement
ralité de la désinformation. « Les l’internaute
régulateurs européens ont-ils
consulté suffisamment d’experts en que le
sécurité informatique ? », fait-il chiffrement
mine de s’interroger. sera cassé s’il
L’interopérabilité des message-
ries est-elle « destinée à échouer », communique
comme l’a titré le magazine améri- vers une
cain Wired ? Pas si sûr, affirme la messagerie,
fondation européenne Matrix. Cette
et lui laisser
organisation a créé un protocole de
chiffrement open source qu’elle
aimerait voir devenir un standard.
le choix »
AmAndine Le PAPe,
Si tout le monde utilise le même confondAtrice
protocole sécurisé, l’interopérabili- de mAtrix
té devient facile. « Mais ça va être
L’objectif des autorités
européennes
est de réinjecter
de la concurrence
sur ce marché
en supprimant
le principal obstacle
à la liberté de choix
du consommateur.
PixiEME/stock.adoBE.coM
qu’il se prononce une nouvelle
fois sur la valorisation de La Pro-
vence. L’un des objectifs des li-
quidateurs, qui cherchent à rem-
bourser à l’État la dette de plus
de 400 millions d’euros laissée
par feu Bernard Tapie, est d’ob-
tenir un très bon prix.
Incertitude des salariés
Après ce énième rebondisse-
ment, les 850 salariés de La Pro-
vence, au milieu de ce bras de
fer, s’inquiètent de voir ce dos-
sier de reprise s’enliser dans de
multiples recours judiciaires. Se-
lon le calendrier de la procédure
d’appel d’offres, une décision fi-
nale doit être prise au plus tard le
4 juillet 2022. « C’est l’inquiétude
qui prédomine aujourd’hui, car
nous pensons que le calendrier ne
sera pas respecté, confie Audrey
Letellier, déléguée syndicale SNJ
de La Provence. Si l’offre de
CMACGM n’est pas agréée, nous
souhaitons que Xavier Niel s’ali-
gne sur les garanties que nous avi-
ons réussi à obtenir auprès de l’ar-
difficile de voir Apple et Meta bascu-
ler du jour au lendemain », reconnaît
Amandine Le Pape, cofondatrice de
Matrix. Elle propose une autre solu-
tion : créer des « ponts » entre les
messageries. « Un message chiffré
venu de WhatsApp va être déchiffré
sur ce pont, puis être rechiffré selon
les protocoles de l’autre message-
rie », poursuit-elle. Ces technolo-
gies existent déjà « mais il n’y avait
pas encore d’incitation industrielle à
vraiment les développer. Le DMA va
changer cela ». Pour les experts en
sécurité informatique, les ponts ne
sont pas une option envisageable :
les messages qui y sont déchiffrés
deviennent vulnérables. Matrix le
reconnaît. « Mais la clé, c’est d’in-
former clairement l’internaute que le
chiffrement sera cassé s’il communi-
que vers une messagerie, et lui laisser
le choix », souligne Amandine Le
Pape. Cette dernière déplore « l’hy-
pocrisie de WhatsApp » qui suppri-
me déjà le chiffrement des conver-
sations quand un internaute
échange avec une entreprise.
Reste une inconnue : combien de
messageries voudront être intero-
pérables avec WhatsApp ou Mes-
senger ? Par le passé, Signal s’est
prononcé contre cette idée au nom
de protection du chiffrement. « Si
on fait cela, on se tire une balle dans
le pied », ajoute Thomas Baignères,
directeur de la messagerie Olvid,
qui affirme être la plus sécurisée du
marché. « Contrairement à What-
sApp ou Signal, nous n’avons pas
d’annuaire centralisé de nos utilisa-
teurs. Et nous ne voulons pas com-
promettre leurs données ni prendre le
risque que WhatsApp récupère des
informations sur eux. » ■
mateur, à savoir le montant des
investissements, le remplacement
de toutes les clauses de cession et
un engagement à ne pas toucher à
nos acquis sociaux. »
D’autres scénarios pourraient
par ailleurs se dessiner. Car Xa-
vier Niel pourrait profiter du ré-
tablissement de son pouvoir pour
engager des négociations avec
Rodolphe Saadé. L’idée étant de
connaître le prix auquel l’homme
d’affaires franco-libanais serait
prêt à lui racheter ses 11 % de
parts. Les deux hommes pour-
raient également s’entendre sur
une participation minoritaire de
CMACGM au capital du groupe.
Le quotidien La Provence, dont
les ventes dévissent depuis des
années, est en mauvaise posture
financière. En 2020, les pertes
de La Provence s’élevaient à
7 millions d’euros. Pour rem-
bourser ses dettes, le journal a
récemment vendu son siège à
Marseille pour 35 millions
d’euros. La rédaction doit plier
bagage avant 2024. ■
eN bref
PubLicis : Arthur
sAdoun A subi
une intervention
chirurgicALe
£ Le président du directoire
de Publicis a adressé une vidéo
interne à tous les salariés
du groupe, dans laquelle
il indique avoir été opéré
il y a quinze jours pour retirer
une petite tumeur cancéreuse
au niveau du cou. Il précise
que l’opération s’est bien passée
et qu’il suivra un traitement
complémentaire de sécurité
qui le retiendra à Paris pendant
les mois de mai et juin. De retour
à son bureau, où il assure
l’ensemble de ses fonctions,
il présentera jeudi prochain les
résultats financiers de Publicis
pour le premier trimestre 2022.
LA F1 sur cAnAL+
jusqu’en 2029
£ Diffusée depuis 2013,
la Formule 1 restera à l’antenne
de Canal+ jusqu’en 2029.
Maxime Saada a annoncé
mercredi le renouvellement
du contrat unissant les deux
parties qui devait, à l’origine,
arriver à son terme en 2024.
« Le Monde » LAnce
un site en AngLAis
£ Le quotidien Le Monde
a annoncé jeudi le lancement
d’une version anglaise
de son site d’actualité. Il espère
ainsi agréger des utilisateurs
anglophones aux États-Unis,
au Canada ou en Australie,
dans le but d’atteindre la barre
symbolique du million
d’abonnés (papier et web)
d’ici à 2025.
 vendredi 8 avril 2022 le figaro - N° 24 145 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

STYLE muSiquE
Marques d’outdoor pointues, produits chanson ou opéra, les enfants
authentiques, clientèle rajeunie… le Vieux ont désorMais leurs stars
caMpeur Marche Mieux que jaMais Page 35 et leurs spectacles Pages 32 et 33

Les 10 jardins préférés du « figaro »

GARNIER ThomAs ; Au VIEux CAmpEuR Au pRINTEmps ; sTEfAN BRIoN

à L’occaSion dE La SorTiE du guidE vErT michELin dES parcS ET jardinS,

noS LEcTEurS onT révéLé LEurS coupS dE cœur Pages 30 et 31

LE chorégraphE ThiErrY maLandain L’ART DE L’INGÉNIERIE.

rEçu SouS La coupoLE CONÇU EN ALLEMAGNE.

aprèS BLanca Li, LE dirEcTEur du BaLLET dE BiarriTz EnTrE à Son Tour danS La 9E SEcTion
dE L’académiE. SuivronT caroLYn carLSon ET angELin prELjocaj.
landain, qui devait être intronisé le pre- Un danseur basque exécute une impecca-
AriAne BAvelier £@arianebavelier
mier, est finalement venu en second. ble chaconne. Le chorégraphe reste muet

C
ertains créateurs plastronnent.
D’autres jouent les passeurs.
C’est le cas de Thierry Ma-
landain. Cet homme timide a
cependant assez de génie pour
s’être fait repérer. Ses œuvres parlent
pour lui. Et ses danseurs aussi, rayon-
nants, musicaux, si sensibles qu’un fris-
son saisit ceux qui les voient sur scène. Le
Étrennant l’habit vert de Jean Carzou re-
mis à sa taille par des couturiers en appren-
tissage, le chorégraphe affichait un regard
lointain tandis que Laurent Petitgirard, chef
d’orchestre et compositeur, déclinait son
éloge. Comme si l’exercice le gênait aux en-
tournures. Petitgirard a bien compris
Malandain. « Un saint François d’Assise en
habit vert », dit-il, un homme de partage,
qui respecte l’intégrité des œuvres musica-
sur ses conquêtes, ses doutes, son chemin.
Il faut le cueillir dans son intimité pour
qu’il confie les moments où il a cru voir
son art changer le cœur des hommes.
Mouvement perpétuel
En guise d’épée, il a voulu un bâton. « Ce-
lui du maître de ballet et celui du pèlerin »,
dit Catherine Pégard, présidente du Ballet
de Biarritz, qui le lui remet avec des mots
L’ART DE L’INGÉNIERIE DEPUIS 1898

Ballet de Biarritz, qu’il a créé en 1998, est
l’une des compagnies françaises qui tour-
ne le plus au monde.
Lorsque Laurent Petitgirard a voulu
créer une 9e section de l’Académie pour
que la chorégraphie soit représentée sous
la Coupole, le nom de Malandain est vite
apparu parmi les quatre qui défendraient
les, et qui ne serait qu’un humble parmi les
humbles s’il n’était habité par une foi fu-
rieuse et illuminée dans la danse.
Malandain, dans son discours de réponse,
s’indigne que cet art « vieux comme le mon-
de, soit souvent tenu pour une jeune fille sans
cervelle ». Et qu’en France on pense qu’« on
danse avec ses pieds tandis qu’en Russie, on
d’une grande tendresse. Il est, comme le
makila, en bois de néflier « qui a autant de
nœuds que Malandain a créé de ballets et
qu’il y a de souffrance dans le corps des
danseurs ». Le manche figure un escargot,
allégorie du mouvement perpétuel. En
dessous sont gravés les noms de treize
chorégraphes que Malandain tient pour
*

Terpsichore. Le Covid a mis quelques fan-
taisies dans leur ballet d’entrée. Blanca Li
a ouvert le bal en octobre, Carolyn Carlson
prendra la suite en juin, Angelin Preljocaj
sait bien qu’on danse avec son âme ».
Malandain est ainsi fait. Au discours
d’accueil de Petitgirard, il répond par une
histoire de la danse où chaque paragraphe
ses pairs. Un autre danseur basque s’élan-
ce, plie son béret, exécute l’Aurresku,
danse d’honneur au pays, au son du tam-
bourin. Sa danse solitaire resplendit. INGENIEURSKUNST SEIT 1898*
A

est attendu pour la rentrée. Thierry Ma- plaide pour la reconnaissance de cet art. Terpsichore passe sous la Coupole. ■
 vendredi 8 avril 2022 le figaro

30 l'événement
Alyette DebrAy-MAuDuy
adebray@lefigaro.fr

Avec la crise sanitaire, le rapport des

Français à la nature a profondément
évolué et leur appétence pour les parcs
et les jardins n’a cessé de grandir. « Il y
a une immense envie de verdure et de li-
berté, explique Philippe Orain, le di-
recteur des guides de voyage Michelin.
Pour la satisfaire, l’offre touristique de
jardins est allée crescendo, dans toutes
les régions. Ces lieux sont une ode à la
beauté de la nature façonnée par l’hom-
me. On n’imagine pas tout ce qui peut
exister. » D’où l’idée du Guide vert Mi-
chelin de réinventer ses ouvrages
consacrés à cette thématique avec une
édition enrichie de belles photos et de
portraits de jardiniers d’hier et
d’aujourd’hui (lire ci-contre). « Maniè-
re d’ajouter de l’authentique et du vécu à
nos contenus », ajoute-t-il. La sortie de
Visiter les parcs & jardins de France,
aujourd’hui en librairie, a été l’occa-
sion pour Le Figaro de demander à ses
internautes quel est leur jardin préféré,
celui qui leur procure une vraie émo-
tion, où ils aiment se promener, se pré-
lasser. Ils ont voté pendant quinze
jours, choisissant parmi 30 lieux sélec-
tionnés en collaboration avec le Guide
vert Michelin. Parmi eux, des incon-
tournables comme Versailles ou Vil-
landry, mais aussi des adresses plus
confidentielles, comme le jardin de
Flaugergues, surprenant second de ce
sondage, ou le jardin botanique du
Kestellic, également plébiscité par nos
7 926 votants. Voici le top 10 de ce clas-

1
sement.
3
Le château de Versailles
(Yvelines)

Le paLmarès « Le Figaro » des

Une surprise, cette pre-
mière place ? « Pas vrai-
ment, rétorque Alain Ba-
raton, le jardinier en chef
du parc le plus fréquenté de France

plus beaux jardins de France

(10 millions de visiteurs par an avant la
pandémie ; 2,5 millions aujourd’hui).
Les gens ont voté pour un symbole. Ver-
sailles est le jardin de tous les Français, il
a une place à part dans leur cœur. On y a
tous un souvenir d’enfance et son histoi-
re est régulièrement liée à l’actualité. En
mars, Macron y a encore réuni les chefs
d’États européens pour évoquer la guer-
re en Ukraine. » En 1661, Louis XIV fait Pendant quinze jours, de l’amour, aux formes évocatrices, et
un jardin des croix. La visite se pour-
appel à Le Nôtre pour créer un jardin à
la française qui serait l’incarnation de les lecteurs du Figaro.Fr suit par un jardin d’eau, recréé comme
le parc à la française du XVIIIe siècle de
son pouvoir. Les travaux sont titanes-
ques pour le concevoir dans les règles
de l’art, là où il n’y a que bois, prairies
ont voté Pour leur Parc ce château. Au quatrième niveau, la
dernière création de Villandry, le jar-
din du soleil, imaginé en 2008 par les
et marécages. « Des broderies en buis
visibles depuis les fenêtres du château,
PréFéré Parmi une sélection paysagistes Louis Benech et Alix
de Saint Venant, est une composition
des allées bordées de charmilles, de la
symétrie, une perspective. Tout y est »,
de trente adresses. bien plus contemporaine. À cela il faut
ajouter un jardin de simples et un
précise Alain Baraton. Louis XV appor-
tera un jardin botanique au Trianon ri- voici les résultats. labyrinthe, qui font de Villandry une
étape incontournable dans les châteaux
che de 4 000 variétés différentes. de la Loire.
En 1774, Louis XVI offre ce dernier à
5 3, rue Principale, 37510 Villandry.

4
Marie-Antoinette, qui le transforme en Tél. : 02 47 50 02 09 ; chateauvillandry.fr
un parc anglais où elle plante des espè-
ces rares, comme des sophoras du Ja- Les jardins
pon ou des cèdres du Liban. « Même si, de Claude Monet
au fil des siècles, plusieurs bosquets ont à Giverny (Eure)
évolué avec les modes, la tempête Plus de 250 peintures
de 1999 est passée par là, Versailles est s’inspirent de l’étang
resté le symbole de la grandeur de la fleuri de nénuphars de
France », estime Alain Baraton. cette propriété où le peintre impres-
Place d’Armes, 78000 Versailles. sionniste habita pendant près de qua-
Tél. : 01 30 83 78 00 ; chateauversailles.fr rante ans. Léguée par le dernier fils de
Monnet à l’Académie des beaux-arts,
celle-ci est recréée à l’identique par
Gérald Van der Kemp - ancien conser-
vateur en chef du château de Versailles
- et ouverte au public en 1980. Aujour-
d’hui, son jardin s’articule autour de
deux espaces : le Clos normand, devant
la maison, et ses 50 000 espèces de
fleurs offrant une impressionnante pa-
lette de couleurs, en toute saison et à
toute heure de la journée ; l’étang fleuri
de nénuphars et aménagé de son pont
japonais, de l’autre côté de la route. Un
paysage que Monet avait aménagé de
2 4 toutes pièces comme source d’inspira-

2 3
tion pour ses toiles. Onze jardiniers en-
tretiennent ces espaces, deuxième lieu
Le château parc se divise en cinq espaces : un jar- Le château le plus visité de Normandie après le
de Flaugergues din « franco-italien persan d’inspira- de Villandry Mont Saint-Michel.
(Hérault) tion française », précise ce dernier, (Indre-et-Loire) 84, rue Claude-Monet, 27620 Giverny.
Cette folie du XVIIe siè- comptant plus de 10 000 buis ; un C’est à Joachim Carval- Tél. : 02 32 51 28 21 ;

cle - en plein centre de
Montpellier - et ses
30 hectares de jardin en terrasses sont
bel et bien la surprise de notre classe-
ment. Ils reflètent pourtant l’air du
temps. Celui d’une nature humaniste
et responsable, conçue comme un lieu
de cohabitation entre les plantes, la
biodiversité et les humains. Ce domai-
ne s’est bâti au fil des siècles, sous
l’impulsion de ses différents proprié-
taires : Étienne de Flaugergues, à la fin
du XVIIe siècle, puis Charles-Joseph
de Boussairolles et sa descendance
A
espace botanique qui doit sa richesse
aux Brachychiton, bambous, agrumes
- ramenés par des marins hollandais
au XIXe siècle - et aux 700 palmiers
plantés par Henri de Colbert ; un
potager collaboratif en permaculture
et 20 hectares de vigne. Soixante es-
pèces d’oiseaux mais aussi des écu-
reuils, des hérissons vivent dans cet
écosystème où des abris en pierre sè-
che ont été aménagés pour préserver
la biodiversité.
1744, avenue Albert-Einstein,
Quartier Millénaire, 34000 Montpellier.
lo que l’on doit la réha-
bilitation du parc en-
tourant ce château Renaissance du
XVIe siècle. Ce dernier rachète le do-
maine en 1906, se plonge alors dans des
archives en tout genre (livres, plans,
cadastres) et consacre sa vie à redon-
ner sa superbe au jardin qui offre
aujourd’hui six espaces répartis sur
quatre niveaux de terrasses. En bas, le
potager décoratif où plants de salades,
de tomates, de carottes paysagent cet
aménagement géométrique en damier.
Devant les pièces de réception s’étale
5
fondation-monet.com
Le parc floral
d’Apremont-sur-Allier
(Cher)
Ici, pas de jardin clos,
mais un dédale de natu-
re qui s’étire dans l’in-
tégralité de ce bourg de 70 habitants
ayant pris des allures de village médié-
val à l’entre-deux-guerres, sous l’im-
pulsion d’Eugène Schneider. Le parc
floral est créé dans les années 1970 par
son petit-fils, le paysagiste Gilles

jusqu’à Henri de Colbert, qui veille au Tél. : 04 99 52 66 37 ; un parc d’ornement où les buis et les de Brissac. Il plante alors plus de mille
grain depuis plus de cinquante ans. Le flaugergues.com massifs de fleurs composent un jardin espèces de fleurs et d’arbres. Des iris,

des roses, du pavot mais aussi des hê-
tres pleureurs, des érables cannelle.
« Le spectacle démarre dès le printemps
avec la voûte de glycine, en fleurs de fin
avril à fin mai. En juin, ce sont les rosiers
grimpants, présents sur la plupart des
façades, qui prennent le relais avant que
les érables japonais, les ginkgos, les li-
quidambars n’offrent une explosion de
couleurs à l’automne », explique Louise
Hurstel, la directrice des lieux.
18150 Apremont-sur-Allier.
Tél. 02 48 77 55 06 ;
6
apremont-sur-allier.com
Le château
d’Eyrignac
(Dordogne)
Cette propriété à 13 ki-
lomètres de Sarlat,
plongeant sur les colli-
nes du Périgord noir et classée mo-
nument historique, appartient à la
même famille depuis 22 générations
(500 ans). Le jardin à la française n’est
réalisé qu’à partir de 1965, par Gilles
Sermadiras. Avec ses charmes et ses
buis taillés comme de véritables sculp-
tures végétales, il résonne comme un
hymne à l’art topiaire. Depuis, son fils
Patrick et sa femme, Capucine, n’ont
eu de cesse de réinventer le lieu. Ils ont
créé une roseraie blanche dans laquelle
sont organisés chaque lundi de l’été des
pique-niques dansants avec feux d’ar-
tifice, où le dress code « blanc » est de
rigueur. Ces derniers réunissent cha-
que semaine 500 personnes aux pre-
mières loges pour admirer le coucher
de soleil. Ils ont ajouté à cela un pota-
ger, un verger, des sentiers botaniques,
des parterres de fleurs blanches, un
jardin de l’ivresse présentant tous les
cépages français, un jardin flamboyant
Alex Agnès
Lutz Jaoui Herzi
8 6
7 9
planté de 50 érables… Ce petit bijou ac-
cueille 80 000 visiteurs par an.
24590 Salignac-Eyvigues.
7
Tél.05 53 28 99 71 ; eyrignac.com
Les jardins suspendus
de Marqueyssac
(Dordogne)
Ici, les 150 000 pieds de
buis centenaires mou-
tonnants au-dessus de la
vallée de la Dordogne font écho aux
collines environnantes. Ce paysage sai-
sissant est l’œuvre de Julien de Serval,
qui aménagea au XVIIe siècle un jardin
d’inspiration italienne. Abandonné, ce
dernier a ensuite été restauré par Klé-
ber Rossillon, qui racheta la propriété
en 1996. La balade dans les 22 hectares
du parc se fait sans quitter des yeux
les villages et les châteaux alentour
- La Roque-Gageac, Castelnaud-la-
Chapelle, Fayrac. Elle se termine par
un belvédère que l’on rejoint en em-
pruntant une grande allée ou de petits
sentiers boisés de chênes verts, de pins
parasols, de cyprès. Tous les jeudis
soir, en été, Marqueyssac organise une
soirée aux chandelles, pendant laquelle
le parc est éclairé à la bougie et ponctué
d’orchestres et de spectacles de danse.
24220 Vezac. Tél. : 05 53 31 36 36 ;
8
marqueyssac.com
Le parc et le festival
de Chaumont-sur-
Loire (Loir-et-Cher)
Ce domaine doit sa re-
nommée à son Festival
international des jar-
dins qui accueille chaque année pendant
six mois (depuis trente ans), les créa-
tions éphémères de grands architectes
paysagers. « Les Allemands nous consi-
Hafsia Veerle Marie Fatima
Baetens Berto Berriah Najder
dèrent comme le Festival de Cannes du
jardin, d’autres estiment que nous som-
mes un observatoire des dernières ten-
dances, précise Chantal Colleu-Du-
mond, la directrice du domaine. Nous
sommes dans l’inventivité permanente,
aux avant-postes sur l’esprit du jardin
contemporain. » Cette année, du 5 mai
au 6 novembre, trente paysagistes ré-
pondront à la thématique « Qu’est-ce
qu’un jardin idéal ? » « Est ce un lieu
esthétique, écologique, nourricier ? »,
ajoute-t-elle. Mais Chaumont-sur-Loi-
re ne se résume pas à ces 3 hectares
d’exposition. Son parc de 32 hectares,
créé au XIXe siècle et réinventé par
Louis Benech en 2010, est classé remar-
quable. Il abrite des cèdres exception-
nels, plus de 1 000 bulbes de fleurs blan-
ches (tulipes, narcisses…), des végétaux
aux tons de mauve ou de rose pâle. De-
puis 2012, il consacre également un es-
pace aux grandes civilisations du jardin
- le Japon, la Chine, l’Angleterre…
41150 Chaumont-sur-Loire.
Tél. : 02 54 20 99 22 ;
9
domaine-chaumont.fr
Le domaine
de Kestellic
(Côtes-d’Armor)
Surplombant la rivière
Jaudy et le port de Tré-
guier, ce jardin tout en
dénivelé se distingue pour ses 2 000 es-
sences provenant du monde entier -
Australie, Chine, Japon… Il possède
l’une des plus hautes forêts de fougères
arborescentes d’Europe mais aussi
d’impressionnants Ginkgo biloba et ar-
bres aux mouchoirs centenaires. Cette
propriété est créée à la fin du XIXe siè-
cle par Aristide Talibart. Celui-ci trace
les premiers contours du parc, mais
Chanter pour se libérer !
Anna
l'Ombre
LE 13 AVRIL
l'événement
10
c’est grâce à Yann de Kerouartz, un
passionné de botanique qui rachète le
domaine en 1957, qu’il est paysagé avec
d’étonnantes variétés de plantes exoti-
ques. Classé monument historique, ce
jardin romantique serpente autour
d’un beau manoir néobreton.
La Montagne, 22220 Plouguiel.
10
Tél. : 06 60 83 66 05 ; kestellic.fr
Le Désert
de Retz
(Yvelines)
À Cham-
bourcy, en-
tre les forêts
de Saint-Germain-en-Laye et de Mar-
ly, ce jardin anglo-chinois - imaginé
François-Nicolas-Henri Racine de
Monville entre 1774 et 1789 - est pour le
moins atypique. À l’origine, cet aristo-
crate acquiert 38 hectares de terrain
pour y construire une vingtaine de
fabriques - très en vogue à l’époque -
se référant à différentes civilisations
(mongole, chinoise, égyptienne…).
Dans le parc, il plante plus de 4 000 es-
sences différentes. « L’histoire raconte
que celles-ci ont d’abord transité chez le
jardinier du roi, à Versailles, qui aurait
déclaré “Cet homme est fou, il ne doute
de rien” », raconte Pierre Morange, le
maire de Chambourcy. Aujourd’hui, le
parc ne s’étend plus que sur 20 hecta-
res et ne plus compte que 7 fabriques.
La plus étonnante : la Colonne détruite
- un monument de 25 mètres de haut
et de 15 de diamètre, éclairé par une
verrière et aménagé d’un escalier héli-
coïdal - où résida Monville pendant un
temps.
Allée Frédéric-Passy,
78240 Chambourcy.
Tél. : 01 30 87 20 63 ; ledesertderetz.fr
A
des
filles
Un film de
ÉtienneComar
le figaro vendredi 8 avril 2022
31
un Trophée
pour
leS JardinS
Lancé en 2012 par Le Figaro
Magazine, le Grand Trophée de la
F. Paillet ; chaumont-sur-loire ; eric sander ; les Jardins de marqueyssac ; le Kestellic ; nicolas Vercellino/mairie de chambourcy ; Parc Floral aPremont-sur-allier ; château de Flaugergues ; maison et Jardins claude monet giVerny ; michelin
plus belle restauration a été
rebaptisé en 2021 Grand Trophée
Dassault Histoire et Patrimoine.
À cette occasion, et pour
la première fois, trois prix ont été
décernés : le Coup de cœur
du jury, le Grand Trophée des
monuments et le Grand Trophée
des jardins. Ce dernier distingue
un propriétaire privé ayant
réalisé au sein d’un jardin ou d’un
parc historique un programme
exemplaire de restauration.
Ce prix a été attribué, en octobre
dernier, au château d’Ainay-le-
Vieil (Cher), propriété de Marie-
Sol de La Tour d’Auvergne, géré
par sa fille Arielle Borne
et son mari, Hervé. Ce parc
paysager réputé pour ses arbres
séculaires et sa roseraie de roses
anciennes fera l’objet
d’un reportage dans Le Figaro
Magazine en juin prochain.
Le jury de ces Trophées, présidé
par Marie-Hélène Habert-
Dassault et Alexis Brézet, était
composé de personnalités
de l’architecture et du
patrimoine comme Stéphane
Bern ou Jacques Garcia.
Les appels à candidature
sont ouverts pour l’édition 2022
qui dévoilera son nouveau
palmarès en octobre prochain.
legrandtropheedassaulthistoi-
reetpatrimoine.fr
Suivez le guide
Cent quatre-vingts adresses
sont à l’honneur dans le nouveau
Guide vert Visiter les parcs
& jardins de France. Elles ont été
minutieusement choisies pour
proposer tous types de créations
- historiques, botaniques,
contemporaines -, dans toutes
les régions. On y retrouve
de grands jardins, auréolés
de 3 étoiles, mais aussi des lieux
plus discrets, plus originaux.
Plus qu’un guide, cette édition
se feuillette comme un livre
avec ses belles photos et
ses portraits de paysagistes.
22,90 € ; editions.michelin.com
A
 vendredi 8 avril 2022 le figaro

32 Culture
Chanteurs pour enfants :
un genre désormais exigeant
OLIvIER NUC £@oliviernuc Loin des ChantaL Goya Aldebert ne se destinait pas initiale-
ment à la chanson pour enfants. Lors-

À
tout seigneur, tout hon-
neur. Aldebert est depuis
quelques années la star pré-
férée des enfants, mais aussi
de leurs parents et grands-
parents. Le chanteur est en train de
battre tous les records de popularité
avec le nouveau volet - le quatrième -
de ses Enfantillages. Champion du
streaming et des ventes de disques,
l’auteur-compositeur-interprète, qui
s’apprête à remplir une cinquantaine de
Zénith, est tranquillement devenu la
référence d’un genre peu documenté.
« Nous ne sommes pas nombreux dans ce
style », explique le quadragénaire. Al-
debert a enregistré le premier volume
de ses Enfantillages en 2008, sans pen-
ser aux conséquences. « Ça s’est fait
naturellement. Je cherchais quelque cho-
se de subversif et d’alternatif, sans imiter
mes prédécesseurs. »
Venu de la chanson et du rock ten-
dance métal, Aldebert incarne une
nouvelle manière de s’adresser aux en-
fants. On est loin des niaiseries des an-
nées 1980 interprétées par Dorothée,
Chantal Goya ou Douchka avec une
nouvelle génération de chanteurs qui
considère le jeune public avec la même
exigence que les adultes. Quitte à abor-
der des thèmes de société. Mercredi
soir, à La Seine musicale, dans le cadre
du Festival Chorus des Hauts-de-Seine,
Aldebert a chanté Double papa en duo
avec Calogero. L’histoire d’une petite
fille élevée par un couple constitué de
deux hommes (« L’important, tu sais ma
fille, ce n’est pas toujours/ De donner la
vie, mais de donner l’amour »). « Il fallait
trouver le bon ton pour aborder ce sujet,
qui m’a été inspiré par l’expérience de
certains copains. » On est loin de « Ce
matin, un lapin a tué un chasseur » de
Jean-Jacques Debout avec cette chan-
son ancrée dans le présent, qui ne
prend pas les enfants pour des idiots.
« La jeunesse est un public naturellement
exigeant, confirme Aldebert. Il faut
maintenir l’attention pendant l’heure et
demie que dure le spectacle. Il s’agit pour
nous de redoubler d’inventivité. »
« Un public sincère »
Sur scène, les chanteurs « jeune public »
se doivent désormais de recourir à la
technologie afin de proposer plus qu’un
tour de chant. Le bricolage et les décors
et dorothée des années 1980, qu’il a lancé le premier volume d’Enfan-
tillages, en 2008, le chanteur ne pensait
aLdebert ou PasCaL Parisot pas en faire une carrière. C’est cette an-
inCarnent une nouveLLe née-là que Pascal Parisot a sorti son
premier disque jeune public, après une
manière de s’adresser poignée d’albums remarqués au début
du siècle. « C’est une éditrice de chez Mi-
aux jeunes. tous Les thèmes lan Music qui m’a contacté pour le faire
soCiétaux sont désormais parce qu’elle aimait le côté ludique de
mon écriture, explique-t-il aujourd’hui.
abordés et en ConCert Ça ne m’intéressait pas d’écrire pour les
enfants, mais j’ai essayé, et ça m’a plu. »
La sCénoGraPhie est réGLée Le quinquagénaire est désormais une
au Cordeau. déCryPtaGe valeur sûre de la chanson « jeune pu-
blic », même s’il réfute cette appella-
d’un Phénomène aLors tion. « J’ai tendance à considérer que la
qu’henri dès, Le modèLe chanson pour enfants n’existe pas. Dans
l’absolu, il y a la chanson, point. »
de toute une Génération, L’auteur-compositeur-interprète à la
déjà riche discographie considère son
sort un disque… public avec autant d’égard que s’il était Aldebert : « Il faut
Pour aduLtes. constitué d’adultes. « Beaucoup de gens
se sont mis à écrire des chansons pour les
maintenir l’attention
pendant l’heure
enfants en pensant que c’était plus facile. et demie que dure
Croyez-moi, ce n’est pas le cas, assure- le spectacle.
t-il. Quand on écrit des chansons, on es- Il s’agit pour nous
saie juste qu’elles soient bonnes ! » de redoubler
d’inventivité. »
Beaucoup de noblesse JOEL SAGET/AFP
Pascal Parisot déplore l’indifférence gé-
nérale de la part de la critique et des ins-
titutions vis-à-vis de sa discipline. « Il n’y
a même pas de catégories pour nous aux
Victoires de la musique. Seule la Sacem ré-
compense nos productions à travers un
prix annuel. La chanson pour enfants reste
un sous-genre. » Il y a pourtant beaucoup
de noblesse dans les productions actuel-
les. Et certains arrangements dépassent,
par leur originalité et leur audace, ceux
de certains albums destinés aux adul-
tes. La génération qui produit ces
disques a grandi avec les Beatles et
l’audace mélodique de la pop anglaise
autant qu’avec les chansons françaises
haut de gamme de Nino Ferrer ou Henri
Salvador, que Pascal Parisot entendait
enfant dans la cuisine de ses parents.
L’homme suit avec intérêt les développe-
ments de la littérature de jeunesse. « Il y a
des idées complètement dingues, ça explo- La joyeuse troupe de Robert le cochon et les kidnappeurs, un opéra-fantaisie créé
se, c’est très inspirant. » En attendant de en 2014 sur la scène de l’Opéra Comique et qui reprend cette semaine Salle Favart,
développer une collaboration avec un dans le cadre de la quatrième édition de Mon premier festival d’opéra. Stefan Brion
« Il y a des idées complètement auteur du genre, Parisot multiplie les
dingues, ça explose, aventures collectives, notamment avec
c’est très inspirant », l’illustrateur Charles Berberian, dans le
juge Pascal Parisot. lola roSSi cadre de concerts dessinés. ■

henri dès : « je n’ai jamais

en carton-pâte d’hier ont cédé la place à
des scénographies réglées au cordeau
afin que les enfants ne décrochent pas…
et leurs parents non plus ! « Il s’agit du
public le plus sincère qui soit. Si on les
saoule, on va le sentir tout de suite. Quant
aux parents, l’enjeu est qu’ils ne restent
pas en dehors de la salle ou ne passent pas
la représentation à consulter leur télé-
phone portable », avoue Aldebert. Père
de famille lui-même, Aldebert ressent
une responsabilité particulière à
s’adresser à des adultes en devenir, sans
s’imposer de tabou. « On doit pouvoir
aborder la mort, la séparation ou la ma-
ladie et les questions existentielles dans
les chansons. Mais lorsque l’on dispose
d’une telle tribune, on se doit de faire at-
tention à ce que l’on dit. »
CherChé à être un modèLe »
À
81 ans, le chanteur suisse
publie un disque pour adul-
tes, son premier depuis près
de cinquante ans. S’il conti-
nue à défendre le répertoire
jeune public qui a fait de lui une idole, il
n’exclut pas de privilégier les grandes
personnes désormais.
LE FIGARO. – Autrement est un album
surprenant de votre part…
L’Inde,
pays
invité
Henri DÈS. – C’est le fruit du hasard, il
est arrivé comme ça. Entre mars et no-
vembre 2019, j’étais réveillé tous les
matins à 4 heures. J’ouvrais mon iPho-
ne et je notais quelques idées, qui al-
laient dans une direction différente de
mon travail habituel. J’y abordais des
thèmes pas du tout destinés aux en- « J’avais fait le choix d’être dans la marge, mais celle-ci a grandi et a fini par devenir
fants. J’ai d’abord pensé à les donner à la page entière », se souvient Henri Dès. alain WaSSer
mon fils, Pierrick, je n’osais pas trop les
chanter moi-même. Il m’a encouragé en me disant : « Tu n’as rien à prouver, m’aperçois aujourd’hui qu’une qua-
ne les laisse pas dans un tiroir. » Alors je trième génération de public assiste à
les ai enregistrées en studio avec un bon mes spectacles. Je me produis dans des
guitariste. salles de 1 300 à 1 500 personnes rem-
plies aux deux tiers d’adultes qui sont
L’exercice a-t-il été déstabilisant les enfants d’avant venus réentendre
pour vous ? mes chansons.
Non, pas sur le moment. C’est mainte-
nant que ça me pose un problème : il va Quelles étaient vos références
m’être compliqué d’incorporer ces ti- en matière de chanson pour enfants
tres dans un éventuel spectacle. Les quand vous avez débuté ?
gens savent que je chante pour les pe- Il n’y avait pas grand monde à part
tits, ils viennent en famille. Je réfléchis Anne Sylvestre. C’est dans cette direc-
PLE SIRET 908 002 942 00013 - DESIGN : LAURIN / MEERLOO / PAULOVICH - ILLUSTRATION © SIMON LANDREIN

à la meilleure manière de présenter ces
chansons.
Avez-vous l’impression de prendre
un risque avec ce disque ?
22-23-24 AVRIL 2022 Oui. Pas parce que je pense que les gens
pourraient m’en vouloir, mais parce
GRAND PALAIS ÉPHÉMÈRE que cela pourrait ne pas marcher du
ENTRÉE GRATUITE tout. Je n’aurais jamais pu écrire ces
textes à l’âge de 30 ans, ils sont proches
Inscription en ligne obligatoire de personnes qui ont vécu jusqu’à mon
âge. J’ai eu une carrière de chanteur
fe st i val d u l i v re d e pa ri s . f r pour adultes pendant une dizaine d’an-
PLACE JOFFRE - PARIS 7 e - LIGNE 8 > ÉCOLE MILITAIRE nées, mais, depuis 1977, je me consa-
LIGNE 6 & 10 > LA MOTTE-PICQUET GRENELLE crais exclusivement au jeune public.
Avez-vous le sentiment d’être
un modèle du genre ?
A
tion que je voulais aller. Ensuite, on m’a
mis en concurrence avec des gens com-
me Chantal Goya, Dorothée ou Douch-
ka. Les journalistes voulaient me faire
dire du mal d’elles. J’avais fait le choix
d’être dans la marge, mais celle-ci a
grandi et a fini par devenir la page en-
tière.
Vous n’avez pas levé le pied ?
En novembre 2019, j’ai été mort pen-
dant une seconde avant que ma compa-
gne me sauve la vie. Depuis, je me suis
pris en main physiquement. Je continue
d’avoir envie de faire des choses. J’ai
des dates prévues jusqu’en 2023. Il se
peut que je fasse plus de spectacles pour
adultes et que je freine les spectacles

On me le dit, mais je n’ai jamais cherché pour enfants.

à l’être, ça s’est trouvé comme ça. Je PROPOS RECUEILLIS PAR O. N.

quanD l’opéra
Devient un jeu D’enfants
thierry hillériteau £@thilleriteau
C’est un joyeux tintamarre aux airs de
grand dépotoir. Un grand casse d’influen-
ces : du lyrique à la danse, des musiques
klezmer à la comédie musicale, en passant
par le jazz… La polyphonie vocale s’y épa-
nouit sur fond de folklore instrumental.
Des ambiances évoquant aussi bien Ravel
ou Messiaen que Prokofiev ou Stravinsky.
Cette partition aussi colorée qu’une bande
dessinée, c’est celle de Robert le cochon et
les kidnappeurs. Un opéra-fantaisie créé
en 2014 sur la scène de l’Opéra Comique, et
qui reprend cette semaine Salle Favart,
dans le cadre de la quatrième édition de
Mon premier festival d’opéra, quinze jours
de programmation exclusivement dédiée
aux familles et à l’initiation des plus jeunes
à l’art lyrique.
Pour l’occasion, le compositeur musico-
graphe Marc-Olivier Dupin et l’écrivain-
metteur en scène Ivan Grinberg n’ont pas
hésité à remettre leur ouvrage sur le mé-
tier. À en polir l’orchestration pour treize
musiciens des Frivolités parisiennes. Mais
aussi l’écriture dramatique et vocale, pour
un aéropage de jeunes voix qui incarnent la
relève du chant français : du ténor Sahy
Ratia à la soprano Faustine de Monès, en
passant par la mezzo Marie-Andrée Bou-
chard-Lesieur (nommée aux dernières
Victoires de la musique classique). Ces
derniers s’en donnent à « chœur joie »
pour donner corps aux héros de cet opéra
pour enfants : Robert le cochon, Nouille la
grenouille ou la vile Trashella, reine dé-
chue des déchets. Au point que Marc-Oli-
vier Dupin l’avoue : « Lorsque je dirige, je
ne peux m’empêcher, parfois, de piquer un
fou rire ! »
N’allez pas croire qu’il ne prenne son
public au sérieux. Au contraire. « On dit
parfois que les enfants constituent le public
le plus exigeant. Ce qui est sûr, c’est
qu’avec eux, on ne peut pas se contenter de
faire de la démagogie ou d’être dans une
posture, reconnaît-il. Il faut un récit qui
ait du sens, et soit accroché à la musique de
manière extrêmement naturelle.
D’ailleurs, ce n’est pas un hasard s’ils sont
plus réceptifs au genre de l’opéra- comi-
que. Il y a dans l’alternance du chanté et du
parlé quelque chose qui leur est familier.
Est plus proche de leur univers immédiat
que les airs interminables d’un grand opéra
à la Meyerbeer, par exemple. » Un avis
partagé par Sarah Koné, directrice de la
Maîtrise populaire de l’Opéra Comique.
Cette dernière proposera lors de Mon
premier festival d’opéra deux nouvelles
productions : un pastiche baroque pour
les tout-petits, Les Pontikis (dès 6 ans). Et
une version de l’iconique opéra pour en-
fants L’Enfant et les sortilèges, de Ravel.
« Ce dernier est toujours interprété par des
adultes. Ici, nous faisons chanter tous les
personnages par les enfants de la Maîtrise,
ce qui change totalement la perception des
enfants dans le public, explique-t-elle. Le
plus souvent, les jeunes spectateurs sont
le figaro vendredi 8 avril 2022
Culture 33
le paD paris profite Du boom
Des arts Décoratifs
De retour au jarDin
Des tuileries, après Deux
ans De panDémie, ce salon
séDuit toujours autant
les parisiens qui multiplient
les achats plaisir.
Béatrice de rocheBouët
bderochebouet@lefigaro.fr
P
aris a toujours été une place
majeure pour les arts décora-
tifs et le design – le vintage
comme le contemporain – par
la force de ses créateurs, dé-
corateurs et marchands adulés à l’inter-
national. La pandémie l’a privé de sa-
lons pendant deux ans, alors que les Le stand de Pierre Passebon au PAD.
ventes aux enchères dans ce domaine Galerie du PassaGe, Pierre Passebon Cr Pad Paris 2022
ont prospéré de manière spectaculaire.
Preuve en est, à l’automne dernier, la Face au retard des commandes chez les Ufan, dont la fondation va ouvrir à Arles
collection de Daniel Lebard (31,6 mil- grands de la décoration avec le Covid, le (80 000 à 120 000 euros).
lions d’euros, le double de ce qui était client a préféré du vintage, car il en avait Dans ce parcours assez sage et répé-
espéré, chez Christie’s) ou celle de Do- besoin tout de suite. » titif par ses objets et meubles de pure
rothée Lalanne, fille de François-Xavier décoration, certains se détachent. Pier-
et Claude (80 millions d’euros, près de Un parcours assez sage re Passebon, avec le mobilier de feu
six fois l’estimation, chez Sotheby’s). Cette envie d’achat plaisir était palpable Pierre Le-Tan ayant échappé à la vente
Jamais les amateurs n’ont eu autant au fil des deux immenses allées, obli- de sa succession chez Sotheby’s en
l’envie de se sentir bien dans leurs inté- geant le visiteur à un aller et retour dont 2021, et les drôles de céramiques ou
rieurs – les effets du confinement sans on ne veut plus mais impossible à chan- bronzes animaliers de Clémentine de
doute ! –, quitte à acheter au prix fort ger du fait du format de la tente en lon- Chabaneix, petite-fille des Lalanne
des pièces qu’ils ne retrouveront sans gueur accueillant 69 exposants, dont (38 000 euros, la paire de crocodiles).
doute jamais. Dès que possible, ils se 18 nouveaux. À commencer par Lau- Maria Wettergren, avec son installation
sont remis à dépenser, souvent plus rence Bonnel, épouse du chef étoilé muséale de tout petits objets de récupé-
qu’avant. Yannick Alléno, de la galerie Scène ration par Gjertrud Hals (26 000 euros)
Dans ce contexte, le retour du PAD ouverte, qui a fait un carton avec ses dans un stand au design très pur. Fran-
assez gênés par l’image très caricaturale aux Tuileries a été applaudi par une fou- lampes champignons à rayures roses ou çois Laffanour avec son mobilier natu-
de l’enfant que leur renvoie la chanteuse le compacte, mercredi soir, lors du ver- jaunes de la trentenaire Léa Mestres (à raliste du Coréen Choi Byung-hoon (de
adulte. Là, ils adhèrent beaucoup plus faci- nissage. « J’ai vendu tout mon stand. partir de 14 000 euros). Ou le jeune Flo- 60 000 à 120 000 euros). Ou encore
lement, et le récit de Ravel et Colette n’en D’un côté, la salle à manger avec sa mo- rian Daguet-Bresson, de Ceramics le duo des Carpenters avec les assises
prend que plus de profondeur. » Pas ques- numentale table en verre aux pieds à spi- NOW (en association avec Raphaëlla Ri- en béton de couleur rose et verte
tion pour autant de lésiner sur l’aspect rale de l’atelier romain Claudio Lazzarini boud-Seydoux de la galerie italienne), du Français Martin Laforêt (18 000 à
scénique. « Même si nous donnons l’œuvre et Carl Pickering. De l’autre, le salon qui confronte des émergents à succès 24 000 euros). On adore ou pas… ■
avec pour seul accompagnement deux pia- avec son immense canapé italien en de- comme Alice Gavalet, formée auprès PAD Paris, dans le jardin des Tuileries
nos, nous avons tenu à faire figurer toutes mi-cercle à structure bois, non signé, ob- d’Élisabeth Garouste (5 000 euros), et (Paris 1er), jusqu’au 10 avril.
les musiques de ballet, et à les faire danser serve la Milanaise Rossella Colombari. des valeurs sûres comme le Coréen Lee www.padesignart.com
par les enfants de la Maîtrise, poursuit la
jeune chef. Pour le jeune public, la dimen-
sion corporelle est capitale. » Confirma-
tion auprès de Marc-Olivier Dupin, qui a
fait des rythmes de danses l’un des langa-
ges constitutifs de son opéra. « Cela fait
partie du cahier des charges de tout opéra
pour enfants. Des formes musicales cour-
tes, qui ont un rapport au corps et à la dan-
se évident. »
« Un genre très ouvert »
Un cahier des charges auquel s’intéressent
de plus en plus de compositeurs. Et pour
cause : « L’opéra pour enfants s’est beau-
coup démocratisé en France ces dernières
décennies », affirme Sarah Koné. Comme
l’Opéra Comique, de nombreuses maisons
d’opéra, à Paris ou en région, proposent
désormais une programmation spécifique-
ment tournée vers le jeune public, avec
plusieurs productions par an dont des
créations. « Et ces dernières touchent dé-
sormais à tous les styles. » Les Pontikis, in-
terprétés par les plus jeunes choristes de la
Maîtrise et la Pré-Maîtrise, en sont un bon
exemple. « Il s’agit d’un collage de pièces
signées Rameau, Lully ou Purcell, avec l’en-
semble baroque de Justin Taylor, Le Consort.
Ce dernier a imaginé une histoire de souris
magiques perdues dans la bibliothèque de
l’abbaye de Royaumont, et qui pour se sortir
de ce labyrinthe dévorent des pages de musi-
ques anciennes. »
Une rencontre entre le pastiche baro-
que et l’opéra pour enfants qui n’aurait
sans doute pas été imaginable il y a vingt
ans, « où le genre ne paraissait pas assez
sérieux pour intéresser le monde baroque.
Or ça fonctionne parfaitement. Au point que
cette œuvre n’a pas vocation à n’être inter-
prétée que par la Maîtrise, mais sera aussi
diffusée auprès des enseignants du CM1 à la
6e, pour qu’ils puissent la reprendre avec
leurs propres élèves », se réjouit la chef.
Car c’est là tout l’intérêt de l’opéra pour
CONTES DU HASARD
enfants : « Comme les jeunes spectateurs
n’ont aucun a priori musical, c’est un genre
qui reste extrêmement ouvert, et permet de
flirter sans complexe avec quantité de sty-
&
les », renchérit Marc-Olivier Dupin. Ce-
lui-ci travaille à deux nouveaux opus, qui
prendront la forme de comédies musica-
les : une suite de Robert le cochon, Robert à
AUTRES FANTAISIES
Broadway… Et Coup de balai, créé en juin à
la Salle Gaveau : l’adaptation, pour le
chœur d’enfants Sotto Voce, d’une pièce
de Marivaux, La Colonie, qui raconte la
prise de pouvoir des femmes sur une île
déserte ! ■
A
Mon premier festival d’opéra, à l’Opéra Comique
(Paris 2e), jusqu’au 17 avril. www.opera-comique.com
 vendredi 8 avril 2022 le figaro
Style
34
L’écLosion des bijoux
VeVer au PrintemPs
Le grand magasin du bouLevard Haussmann, à Paris,
accueiLLe La Première boutique de ce nom mytHique
de La joaiLLerie française reLancé récemment
Par deux membres de La famiLLe.
Élodie Baërd ebaerd@lefigaro.fr
E
lles ont toutes les deux le
même objectif : réveiller la
Belle au bois dormant. Mais
chacune a sa Belle. Dans le
cas de Camille Vever, il s’agit
de ramener à la vie une marque por-
tant son nom, restée dans les annales
de l’histoire de la joaillerie grâce à son
arrière-arrière-grand-oncle, Henri
Vever, un des maîtres du style Art
nouveau. Quant à Laurence Nicolas,
directrice générale du Printemps de-
puis tout juste un an, elle aspire « à se-
couer la vieille dame qu’est ce grand
magasin parisien emblématique où en-
trent en moyenne 50 000 personnes
chaque jour » avec un plan stratégique
déployé depuis ce mois-ci.
Soulignons que les deux institutions
sont nées à la même époque (dans la
deuxième moitié du XIXe siècle), dans
le même quartier de Paris, et partagent
un goût commun notable pour l’inno-
vation, l’audace, la flore et la féminité.
Après quelques années à Metz, Vever
s’installe en 1872 rue de la Paix, et
prend son envol grâce à la troisième gé-
nération, sous l’impulsion de Paul et
Henri, deux frères visionnaires et com-
plémentaires : le premier est polytech-
nicien et s’occupe de la partie commer-
ciale, quand le second est diplômé des
Beaux-Arts, grand érudit (auteur de
La Bijouterie française au XIXe siècle, qui
reste une référence aujourd’hui dans le
milieu) et ultracréatif. Les deux s’ins-
crivent en rupture du classicisme de
l’époque et décrochent quatre prix aux
Expositions universelles.
Deux enfants
du quartier de l’Opéra
Le premier grand magasin de la rive
droite, lui, est né d’une histoire
d’amour entre un chef de rayon du Bon
Marché, Jules Jaluzot, et une de ses fi-
dèles clientes, Augustine Figeac, actrice
à la Comédie-Française et dotée de
moyens financiers qui permettent au
couple de concrétiser un projet qui leur
tient à cœur : ouvrir leur propre grand
magasin dans un quartier alors en plei-
ne effervescence avec les travaux en-
trepris par le baron Haussmann et la
construction de l’Opéra de Paris. Ils se-
raient les premiers à avoir ritualisé les
soldes, à chaque fin de saison, pour
laisser place à la nouveauté, à avoir
construit une façade métallique appa-
rente (juste avant l’édification de la
tour Eiffel), à éclairer entièrement à
l’électricité l’intérieur de ce bâtiment
public… « C’est aussi là que les premiers
escalators furent installés, ajoute Lau-
rence Nicolas. Le Printemps est le grand
magasin des premières fois. Ses liens his-
toriques avec les Parisiens et l’histoire de
la ville ont toujours été forts, mais ils se
sont distendus ces dernières décennies,
notamment en misant beaucoup sur les
touristes. Or, je sais que les vrais Pari-
siens qui habitent le quartier adorent ce
2 3
A
1
Camille Vever (2)
fait revivre depuis
quelques mois, avec
son frère Damien,
la marque familiale
avec des collections
en or recyclé
et diamants
de synthèse
où le thème floral
domine. À l’instar
des bagues
Gingko (1)
et des boucles
d’oreilles Elixir
figurant une tige
lieu et regrettaient qu’on ne s’adresse s’enroulant
plus vraiment à eux. Nous voulons res- sur le lobe (3).
susciter le style rive droite. » Fred Cresseaux,
Pour y parvenir, l’entreprise passe VeVer
par un nouveau logo et une identité vi-
suelle rafraîchie, un site internet neuf,
mais aussi une offre revue mettant en
LE FIGARO 357x336 FIREPLACE B - MSM SP 3 FRANCE - On sale date: 8 AVRIL - Material due date: 6 AVRIL
avant la création et la nouveauté, à
l’image du slogan d’origine : « Au prin-
temps tout est nouveau, frais et joli com-
me son titre : Au Printemps. » Dans ce
cadre, Laurence Nicolas, qui connaît
bien le marché de la joaillerie pour
avoir notamment passé dix-sept ans
auprès de Victoire de Castellane chez
Dior Joaillerie, a été séduite par l’initia-
tive de Camille Vever.
Des diamants de laboratoire
La renaissance du joaillier colle en effet
avec ce qu’aime l’époque, c’est-à-dire
une histoire, un concept, des engage-
ments et une stratégie digitale. Après de
grandes heures au début du XXe siècle,
et des parures Art nouveau en émail qui
atteignent des records de nos jours en
salle des ventes, Vever a piqué du nez
autour des années 1980. Mais il est resté
tout ce temps entre les mains de la fa-
mille fondatrice. Camille Vever et son
frère triplé Damien (le troisième est
avocat) ont décidé l’an dernier de faire
revivre cette illustre signature. Ils
s’inscrivent dans le sillage esthétique de
ses aïeux avec des collections où le thè-
me floral domine, à l’instar des poéti-
ques pièces Ginkgo en or recyclé ou des
bagues ouvertes et boucles d’oreilles
Elixir figurant une tige s’enroulant sur
le doigt ou le lobe. Quant à l’audace
disruptive emblématique de la maison,
ils la déploient à travers des engage-
ments encadrés et audités par le statut
particulier d’« entreprise à mission »,
excluant les pierres de mines et prônant
une fabrication 100 % française. Tous
les diamants utilisés sont donc des
gemmes de laboratoire.
L’aventure est repartie au printemps
dernier, avec une stratégie axée sur le
digital, et le soutien d’investisseurs
comme Luximpact. « Nous avons reçu
un accueil très encourageant dès le dé-
but, raconte Camille Vever. Les gens
nous suivent sur les réseaux sociaux,
achètent en ligne ou au showroom. Le di-
gital est un outil formidable pour rayon-
ner, échanger avec les clients, mais,
contrairement à nos prévisions, nous
avons réalisé que rien ne remplace un
point de vente physique pour faire vivre
une marque. Outre les affinités qui nous
liaient au Printemps, leur proposition
d’ouvrir un stand à l’étage joaillerie est
une étape importante pour nous. En deux
semaines à peine, la visibilité qu’il nous
apporte est incroyable. » En 1898, Henri
Vever disait : « La nature me fait monter
les larmes aux yeux. » Aujourd’hui,
c’est l’immense affiche Vever posée de-
puis mardi dernier sur la façade du
grand magasin boulevard Haussmann,
sous le logo du Printemps en mosaïque
de style Art nouveau, qui a fait monter
les larmes aux yeux de Camille Vever. ■
A LA POURSUITE DU RÊVE

La seconde jeunesse du Vieux campeur
Le magasin Parisien fondé
en 1941 dans Le siLLage
des congés Payés ne s’est
jamais aussi bien Porté.
cLients Historiques
et jeunes adePtes
de La grimPe en saLLe,
de La rando, du Longe-côte
ou du wingfoiL s’équiPent
rue des écoLes et Pour
La Première fois rive droite,
au PrintemPs Haussmann.
HÉlène Guillaume hguillaume@lefigaro.fr
R
ares sont les magasins pari-
siens à avoir traversé les muta-
tions du commerce depuis la
moitié du XXe siècle. Alors
comment expliquer la longé-
vité de l’enseigne d’outdoor incarnée par
le légendaire randonneur à barbe blanche
et béret, grimpant avec son bâton de mar-
che, à la force du mollet ? Malgré le boom
des enseignes à petits prix type Decathlon
et des e-shops des spécialistes du sport, Au
Vieux Campeur reste non seulement la ré-
férence des activités en plein air mais re-
crute aussi désormais une nouvelle géné-
ration d’urbains en quête de nature,
d’équipements dernier cri et de marques
pointues vendues nulle part ailleurs. C’est
ici qu’on vient acheter la AMK L6 Hima-
layan de The North Face (« la meilleure
doudoune qu’on ait jamais vue sur terre »,
selon les mots du directeur général, Ay-
meric de Rorthays) et les sacs à dos « gé-
niaux » de la marque française Samaya. Ici
qu’on trouve le plus large choix de chaus-
sons de grimpe (« Depuis deux ans, les ven-
tes sont spectaculaires, à l’image des salles
d’escalade, qui font un carton en France »),
les combinaisons étudiées spécifiquement
pour le longe-côte d’Ocean Step, le maté-
riel pour le ski nordique (« On a assisté à
un incroyable engouement il y a un an, et à
une redécouverte par nos clients de la mon-
tagne sauvage »), le top des stand-up pad-
dles et des planches de wingfoil gonflables
qui se rangent dans un sac à dos…
En revanche, vous n’achèterez pas au
Vieux Campeur de ballons de foot, de
maillots de basket, de chaussures d’athlé-
tisme ou de kimonos de judo. Comment
sont sélectionnées les activités qui ont
droit de cité ? « Mon grand-père, Roger de
Rorthays, qui venait du scoutisme, a com-
mencé en 1941 avec le matériel de camping.
Mon père, Jacques-Yves de Rorthays, a dé-
veloppé le côté exploration et notamment le
kayak à partir des années 1960. De nos
jours, nous nous qualifions de magasin
d’outdoor, répond Aymeric de Rorthays.
Mais pour être plus précis, je dirais que nous
équipons toutes les pratiques qui se font sans
règles. Nous n’avons jamais aimé les règles,
les ordres, dans la famille (rires). Les gens
qui viennent chez nous ont envie d’être li-
bres. Alors ne cherchez pas un maillot pour
nager dans les couloirs d’une piscine chauf-
fée, mais vous aurez les combinaisons pour
pratiquer la nage en eau libre dans un lac ! »
le figaro vendredi 8 avril 2022
style 35
Au Vieux Campeur, au 48, rue des Écoles,
(Paris 5e). À gauche, Roger de Rorthays
et son épouse, en 1946. au Vieux Campeur
À voir la clientèle ces jours-ci et les vi-
trines des 25 magasins Au Vieux Campeur,
tous autour de la rue des Écoles, dans le
5e arrondissement (ainsi qu’une dizaine
d’adresses en province), on est loin du cli-
ché du prof randonneur baba cool ou du
baroudeur de l’extrême. « On s’adresse à
un public très large et effectivement forte-
ment rajeuni ces dernières années. Parce
que si on visait uniquement les gens qui font
des treks au Népal, on n’aurait pas beau-
coup de clients… On veut par exemple tou-
cher les 8 millions de randonneurs hexago-
naux, et aujourd’hui nous en équipons
400 000. Nous représentons 80 % du mar-
ché des produits de rando en France mais
nous avons donc encore de la marge. En re-
vanche, on ne vient pas chez nous pour un
premier prix. Nous sommes spécialisés dans
le très beau produit, résistant, authentique,
durable, et donc réparable, de marques na-
turellement écologiques. Et il n’y a pas que
Patagonia - qui est chez nous depuis trente
ans - dans ce registre. Une marque comme
Klean Kanteen a vraiment renouvelé le
monde de la gourde avec des matériaux et
des designs propres pour l’environnement et
non toxiques pour les utilisateurs. Si les
clients recherchent des produits si “quali”,
c’est aussi parce qu’ils savent qu’ils pour-
ront les revendre en seconde main, notam-
ment chez nous, où c’est un service, Seconde
Vie, que nous avons mis en place il y a des
années. »
au Vieux Campeur
“
Nous sommes
spécialisés dans
le très beau
produit, résistant,
authentique et durable
”
Aymeric de rorthAys, directeur générAl
C’est ce choix de marques historiques
(comme Rossignol ou le spécialiste de la
tente Trigano, fournisseur du magasin de-
puis toujours) et de petits labels dénichés
par les équipes sur internet ou via la prati-
que des sports, ce sont ces expertises uni-
ques en France et sans doute en Europe, ces
valeurs authentiques, qu’est allé chercher
le Printemps. Le grand magasin du boule-
vard Haussmann accueille désormais, à
l’étage inférieur, l’institution du Quartier
latin ainsi qu’un mur d’escalade. Première
incursion rive droite ? « Oui, même si tout a
commencé pour mon grand-père lorsqu’il
était en charge du rayon camping à La Sa-
maritaine, à la fin des années 1930, donc rive
droite. Mais lorsqu’il s’installe à son compte,
c’est effectivement déjà dans le Quartier la-
tin, au 48, rue des Écoles. » Si l’ancien scout
avait le produit dans le sang, il n’avait pas
nécessairement les codes du bon commer-
çant - « C’était à la bonne franquette ».
C’est son fils qui a fini par déposer l’ensei-
gne en 1962 et ses petits-fils, le nom Au
Vieux Campeur, en 2000, lorsqu’il s’est agi
de créer le site internet.
Aujourd’hui, Aymeric de Rorthays est
intarissable sur l’affaire familiale, sur les
400 employés, dont 80 % sont des ven-
deurs, et sur les problèmes de recrute-
ment - « Les jeunes pensent qu’on n’em-
bauche que des types hyper pointus, mais
pas du tout, on veut des passionnés que l’on
va former.» Il sourit en évoquant l’impro-
bable stock de l’enseigne, qui représente
50 millions d’euros, soit un tiers du chiffre
annuel. S’inquiète des difficultés liées au
prix du papier des micro-éditeurs de to-
poguides d’escalade. Et s’enthousiasme de
la librairie (« Première librairie du voyage
en France, on ne le dit pas assez ! »), où l’on
trouve même un guide touristique de la
Corée du Nord. « Et nous sommes particu-
lièrement heureux des ventes inouïes des
cartes IGN ces derniers mois. Parce
que quand vous ouvrez une carte de-
vant vous, vous êtes déjà un peu
parti. » ■
Chaussons
d’escalade Boreal.
au Vieux Campeur
 vendredi 8 avril 2022 le figaro

36 Télévision
À la recherche des décors impressionnistes perdus
RenoiR, PissaRRo, Monet, Caillebotte et MêMe Cézanne :
un doCuMentaiRe inédit MontRe que Cette généRation adePte
du Plein aiR et de la PeintuRe de Chevalet a égaleMent aiMé
oRneR ses deMeuRes ou Celles de ses CoMManditaiRes.
puis vendus et revendus au fil du temps,
Éric BiÉtry-rivierre de tels ensembles ne s’apprécient plus
ebietryrivierre@lefigaro.fr
désormais que comme tableaux autono-

L
es cigales chantent à Aix-en-
Provence. On les entend même
de l’intérieur du Jas-de-Bouf-
fan. Marie-Christine Courtès
évoque la bastide du temps de
Cézanne, quand les décors qu’il y avait
peints y étaient encore. Car, oui, comme
tous les autres impressionnistes, le maître
de la Sainte-Victoire n’a pas été qu’un
peintre de chevalet. Jeune, de 1859
à 1899, il avait orné d’un cycle des quatre
saisons le salon familial qui était devenu
son atelier. Des allégories tout à fait clas-
siques quoique dans un style encore lar-
gement naïf, et qu’il avait, mi par farce mi
par défi, signé Ingres…
L’imagerie de synthèse permet de réin-
tégrer virtuellement dans son lieu d’ori-
gine cet ensemble aujourd’hui dispersé
dans les grands musées
du monde et les collec-
tions privées. Cela
l’éclaire. Par la disposi-
tion des ouvertures on ○○○¡
23.10
comprend que ces pan-
neaux jouaient avec la lumière extérieure,
la ligne d’horizon, la vie environnante…
Monet a, lui, peint des dindons au raz
de la luzerne dans le parc de son mécène.
C’était pour un motif original, fantaisiste,
joyeux. Avec une scène de chasse, des
sous-bois, un étang, il entendait égayer
les murs de Montgeron, propriété de son
ami, premier acquéreur d’Impression So-
leil Levant. Pareillement démontés, dé-
coupés, remontés sur châssis, encadrés
mes. Le documentaire inédit Quant les
impressionnistes voulaient peindre les
murs, de Marie-Christine Courtès, re-
vient aux sources, montre qu’ils sont
autant de chapitres décousus d’un livre
originel, négligé.
Caillebotte, par exemple, avait
enchanté son domaine du Petit-Genne-
viliers. La maison de ce passionné
d’horticulture et de régates autant que
de peinture, qui aujourd’hui n’existe
plus, semblait par ses décors le reflet
complet du bord de Seine voisin, du jar-
din et de sa serre.
La décoration, un art négligé
Des marguerites all over et japonisantes
couvraient certaines cloisons. Elles ne
subsistaient plus qu’en une vingtaine de
morceaux épars. Ceux-ci ont été ras-
semblés comme un
puzzle par des restaura-
teurs et, actuellement, à
Paris dans l’exposition
du Musée de l’Orange-
rie consacrée à ce thème L’imagerie de synthèse permet parisiens. Puis, la notoriété venant, il est ment. Autant que possible la caméra re-
du décor impressionniste (jusqu’au de réintégrer virtuellement passé aux hôtels particuliers. Ce faisant, vient sur place, là où parfois il n’y a plus
11 juillet), ils se trouvent même accom- les décors peints à l’époque celui qu’on considérait alors comme un que ruines. Elle y hume le souvenir de
pagnés de portes couvertes de capuci- par Cézanne dans le salon familial de ces agitateurs modernes s’inscrivait fastes. Il faut imaginer ces murs décrépis
nes et d’orchidées. de la bastide du Jas-de-Bouffan, dans la tradition classique. Celle des saturés de couleurs, de campagnes, de
à Aix-en-Provence.
Le principe de la décoration renvoie fresquistes de la Renaissance, d’un scènes heureuses : lectures avec les en-
Les FiLms Du tamBour De soie
aux arts mineurs, aux arts appliqués Charles Brun créateur de grandes gale- fants, récoltes, baignades, promenades…
plutôt qu’aux beaux-arts. C’est pour ries ou d’un Hubert Robert embellisseur Un paradis voulu, qui exista un temps, et
cela qu’il a tant été négligé par les histo- de châteaux et de palais. dont seuls ces tableaux qui étaient au dé-
riens du mouvement. Pourtant, un Pissarro, qui a eu encore plus besoin part des dessus de cheminée, des hauts de
Renoir du temps des vaches maigres a que Renoir de nourrir sa famille, est allé porte ou des caissons d’armoire conser-
travaillé à égayer une vingtaine de cafés jusqu’à peindre des stores d’apparte- vent le souvenir. ■

« sans un bRuit 2 » ou l’aPoCalyPse silenCieuse

aveC la suite de « a quiet PlaCe », soRtie en 2020, le RéalisateuR John KRasinsKi PaRvient à faiRe enCoRe Mieux. ChaPeau bas !
matérialisée par des créatures dotées pose toujours sur le concept de l’odyssée (Cillian Murphy, impérial), le suspense
olivier delcroix £@Delcroixx d’une oreille absolue. Soudain, dans une silencieuse et survivaliste d’une famille gagne en humanité, en fragilité aussi.

Emily Blunt reprend son rôle dans cette
suite décomplexée du thriller horrifique.
Jonny Cournoyer/Paramount PiCtures
D
epuis le gros succès surprise
en 2018 de son premier
thriller horrifique A Quiet
Place (titre original qu’on
pourrait traduire par « Un
endroit paisible »), l’acteur-réalisateur
John Krasinski a compris qu’il tenait un
sacré bon filon. Non seulement Sans un
bruit 2, diffusé pour la première fois sur
Canal+, est une suite décomplexée, mais
elle est peut-être même plus profonde
que le film originel.
Car c’est avant tout un long-métrage
qui s’écoute. Le principe de la saga est
simple : le monde voit soudain fondre
sur lui une menace terrifiante, invisible,
Vendredi 8 avril
nation hurlante où toutes les voix ont
pris l’habitude d’être tonitruantes, le si-
lence est d’or. Pour survivre, les hu-
mains sont obligés de baisser d’un ton,
de réduire tous les sons qu’ils émettent
ordinairement à tue-tête. Une Améri-
que subitement contrainte au silence,
condamnée à écouter le murmure des
autres, l’allégorie sous-cutanée était as-
tucieuse et surprenante…
Odyssée survivaliste
Dans le premier film, rythmé et tendu,
Emily Blunt incarnait Evelyn Abbott, une
mère de famille qui défendait les siens,
tous cloîtrés dans leur maison transfor-
mée en fort Laramie. Sans un bruit 2 re-
américaine. Tout simplement parce que
Krasinski étend son univers et étoffe l’in-
trigue. Avec un budget multiplié par
trois, le réalisateur réussit à ne pas perdre
pied. Si le sacrifice était au cœur du pre-
mier film, l’abnégation occupe le deuxiè-
me. Dans le premier, l’intrigue restait
circoncise à une demeure prise d’assaut.
Ici, la famille qui s’est agrandie part
chercher de l’aide sur les routes.
Le film prend de l’ampleur comme
l’allégorie qu’il sous-tend. En réinjectant
une figure paternelle
telle que celle du voisin
Emmett, père brisé mé-
tamorphosé en Robin-
○○○¡
21.10
son Crusoé misanthrope
Pour affronter les monstres mysté-
rieux qui commencent à pulluler dans un
monde à l’arrêt où la nature a repris ses
droits, les héros ne pourront compter
que sur leur capacité d’entraide. Et ce
n’est pas gagné… Film d’atmosphère,
dont la mise en scène habile permet une
tension maximale, Sans un bruit 2 doit se
voir avec le volume du son au maximum.
Car de la même façon que les protagonis-
tes deviennent méticuleux jusque dans
les moindres gestes de la vie quotidienne,
nous autres téléspecta-
teurs devenons attentifs
à la moindre variation de
la bande-son… Suspense
et sursauts garantis ! ■

MOTS CROISÉS Par Vincent Labbé MOTS MÉLANGÉS

Barrez dans la grille tous les mots proposés. Cherchez-les horizontalement, verticalement ou
1 2 3 4 5 6 7 8 6 1 3 5 7 9 2 4 8
PROBLÈME N° 5947 diagonalement. Il ne vous restera alors que les lettres formant le mot mystérieux.
HORIZONTALEMENT 1 ACCU CSARDAS HAILLON MÉDIUM TISSER
9 8 4 3 2 1 7 6 5
1. A la conscience tranquille. - 2. Offre des courbes 2 5 7 6 4 8 3 1 9
généreuses. - 3. Fait sortir le troupeau. Décision royale. 2 AMPLE DATURA INCISÉ OPOSSUM TWEED 3 7 2 1 8 5 4 9 6
SOLUTION DU N°3959

- 4. S’oppose à l’ordre. Rouge de la réserve. - 5. Pesant 5 6 1 4 9 2 8 3 7

en verlan. À l’est d’Éden. - 6. Vide l’entrée du palais. - 7. 3 CALE-PIED ENFUIR INCULTE PÉNOMBRE USAGE
8 4 9 7 6 3 5 2 1
Petite mesure. Présente une faille. - 8. Impôts payés sur
le tabac ou l’alcool. - 9. Zeus en est sorti. Prénom 4 CENS ESSE LAMBOURDE PUSTULE 1 3 8 2 5 6 9 7 4
abrégé. - 10. Charge de canon. Roi qui réunit tous les 4 9 6 8 3 7 1 5 2
5 CHEF FAISCEAU LÉSINER RETENUE
cardinaux. - 11. Entrées en bois. Note. - 12. Fait partie des 7 2 5 9 1 4 6 8 3
survivants. COPTE FRACTURE LIMON SCHÉMA
6
VERTICALEMENT 7 COURSIER HABITACLE LUPIN SHERPA 3 4 1 8 7 6 9 5 2
1. Donne un parfum épicé au littoral breton (deux mots). 6 8 2 5 9 4 3 7 1
- 2. Se divise profondément et mutuellement. - 3.
Toujours parfaite. Tableaux d’un repas de dernière
8 E E E S N E C E A E E E S S E 9 7 5 2 3 1 8 6 4
1 2 6 3 8 9 7 4 5
SOLUTION DU N°3960

communion. - 4. A tout quitté. Remit en mains sûres. 9

En l’espèce. - 5. Coule en Albion. Montaient la tente dans
L D D O I O N O R L R A C C U 4 3 8 7 1 5 6 2 9
les canyons. Agence très spatiale. - 6. Resté à payer en 10 7 5 9 4 6 2 1 3 8
reliquat. Ses palmeraies n’en finissent pas de s’étendre, C E E R P F N B U U D I H A N 5 9 7 1 4 3 2 8 6
hélas. - 7. Elle va d’une lisière à l’autre. Fait un boulot 11
tordant. - 8. Moulu et pas fraîchement. Un bagage pour A I S T U O M T T R T N E O E 8 1 4 6 2 7 5 9 3
2 6 3 9 5 8 4 1 7
qui est censé n’en avoir aucun. 12
T P E I L O S E A I S C M G T
SOLUTION DU PROBLÈME N° 5946 I E R L N U B S D O S I A W E
HORIZONTALEMENT 1. Amusette. - 2. Vaniteux. - 3. Animiste. - 4. Lit. etuM. - 5. Apeure. - 6. Nu. NS. Il. B L I E P E C M U I L S E R R
- 7. Clés. Pré. - 8. Hat. Lao. - 9. Étalonné. - 10. Uélé. Dit. - 11. Suédoise. - 12. Errantes.

VERTICALEMENT 1. Avalancheuse. - 2. Manipulateur. - 3. Unité. Étaler. - 4. SIM. Uns. Léda. - 5. Étiers. A A P D H M R N A M U E E R F SOLUTION DU MOTS À MOT
A

Les mots sont :

Lô. On. - 6. Testé. Pandit. - 7. Tutu. Ironise. - 8. Exemple. Étés.
H C H E F S A F I L D M E R R PEOPLE - ALITER - BLINDÉ.
 le figaro vendredi 8 avril 2022

télévision Tous les programmes

dans TV Magazine et sur l’appli TV Mag météo par 37
À LA DEMANDE ÉPHÉMÉRIDE Ste-Julie
Soleil : Lever 07h12 - Coucher 20h32 - Premier quartier de Lune

21.10 21.10 21.10 MATIN

Mask Singer Capitaine Marleau 3h10 pour Yuma Room 104 4
Divertissement Série. Policière Film. Western 50
5
4 4 5
5 6
5 7
9
8 8 7
6
9
12 10 8
11
Prés. : Camille Combal. 2h35. «Mask Fra. 2022. Avec Corinne Masiero. EU. 2007. Réal. : James Mangold. Série. « Room 104 » raconte
Singer» effectue son retour pour une Morte saison. Inédit. Qui a tué la jeune 2h02. Avec Russell Crowe, Christian le destin et les tribulations des 70 11
nouvelle saison après deux premières Magali ? L’enquête plonge Marleau Bale. Un fermier au bord de la faillite occupants successifs d’une 11
11
éditions plus que réussies et couron- dans une station balnéaire hors sai- escorte un dangereux bandit. La même chambre d’hôtel, à diffé- 10
nées de succès. Camille Combal est son, où tout le monde soupçonne une prime offerte pour cette mission rentes époques. Drame, comédie, 12 11
aux manettes avec de nombreuses patronne de restaurant endeuillée. risquée doit lui permettre de sauver science-fiction et même horreur 12 16
surprises au programme. son ranch. s’enchevêtrent dans ce décor 13
22.45 Capitaine Marleau. Série. 11 11
unique, qu’on pourrait croire mau-
23.45 Mask Singer, l’enquête Policière. La nuit de la lune rousse - 23.25 Nevada. Film. Drame. 14 16
dit après 4 saisons et 48 épisodes
continue. Divertissement. L’homme qui brûle. Avec Matthias Schoenaerts. Inédit.
tournés dans un climat sombre 12 50
et oppressant. Le frères Jay et
Mark Duplass, à l’origine du projet, 10
se sont fait connaître pour leurs APRÈS-MIDI
films d’épouvante minimalistes
21.08 20.55 21.10 (« Creep ») et leurs comédies
60
7
Sans un bruit 2 De l’air The Rookie désabusées (la série « Together-
5
Film. Horreur TV Film. Dramatique Série. Policière ness »). Ici, ils nous proposent
une vision ironique de la nature 4 5 7
5 10
humaine, sans oublier de nous
10 11
divertir, comme avait su le faire 10
autrefois Rod Serling dans 13 13 13
11
« La Quatrième Dimension ». 13
13 14 13
13

EU. 2020. Réal. : John Krasinski. 1h37. All. 2021. Réal. : Jophi Ries. 1h29. Avec EU. 2021. Saison 3. Avec 13 17
Avec Emily Blunt. Inédit. Alors que Eva Meckbach. Inédit. Une célèbre Nathan Fillion. La Fiera. Inédit. Aujourd’hui, 100 14 16
des extraterrestres semblent avoir actrice allemande atteinte de la L’agent John Nolan reçoit la visite vendredi 8 avril, 16 15
décimé toute l’espèce humaine, une mucoviscidose tombe enceinte. Sa inattendue de sa mère, ce qui ne sur lefigaro.fr 20 23
famille tente de survivre sans faire de famille et les médecins sont inquiets. va pas tarder à compliquer son 18
bruit et tombe sur des survivants. Son corps tiendra-t-il ? quotidien. Le sergent Grey, proche 18 20
de la retraite, songe à se retirer. ➜ 12 heures : « Le BuzzTV » 16
22.43 The Suicide Squad. Film. Action. 22.25 Serviteur du peuple. Série. 21
Avec Margot Robbie. Humoristique. 4 épisodes. 21.55 The Rookie. Série. 5 épisodes. (avec TV Magazine) 20 50
– Invitée : Chloé Jouannet,
comédienne dans Derby Girl, 16
sur france.tv slash.
Interviewée par Damien T (en °c)
Canivez et Nathalie Chuc. <-10 à 0 0 à 10 10 à 20 20 à 30 30 à >40
20.36 TPMP week-end. 19.50 Les Marseillais au Mexique. 20.10 Quotidien. Div. Inédit.
Série. Téléréalité. Inédit. ➜ 18 heures : « Point de vue :
21.17 Les années Sébastien 21.15 Les experts : Miami
Divertissement. Prés. : Patrick 20.35 Football : Qualification Série. Policière. EU. 2006. Saison 5. spéciale présidentielle », 12/21 5/9 13/22
ALGER AMSTERDAM ATHÈNES
Sébastien. 2h08. Inédit. Le présen- pour la Coupe du monde 2023 Avec David Caruso. Un quartier pas si avec l’Institut Thomas More,
présentée par Vincent Roux. BARCELONE 11/22 BELGRADE 7/21 BERLIN 5/10
tateur revient sur des moments Groupe I : Pays de Galles – France. tranquille. Un cadavre en décomposi-
marquants de ses émissions dont En direct. tion est retrouvé dans une villa qui fait Sur le thème de la famille BERNE 8/12 BRUXELLES 4/7 BUDAPEST 10/15
il propose une version remontée. partie d’un groupe de maisons dont et de l’éducation. COPENHAGUE 3/7 DUBLIN 1/9 LISBONNE 13/17
22.40 Enquête d’action. Magazine. Avec Jean-Thomas Lesueur, LONDRES 5/10 MADRID 6/17 PRAGUE 6/10
les occupants ont été expropriés.
23.25 Enquête sous haute tension. Motards de Paris : à la poursuite DG de l’Institut Thomas More, RABAT 11/18 ROME 11/19 TUNIS 12/24
Rixe, vol, délit de fuite : 100 jours des chauffards. - Toulouse : les 22.00 Les experts : Miami. Série. Agnès Leclair, journaliste
avec la police de Fréjus. Inédit. gendarmes mènent l’enquête. Policière. 3 épisodes. au service société du Figaro,
et Sophie de Tarlé, rédactrice SAMEDI DIMANCHE LUNDI
en chef du Figaro étudiant.
2/10 0/11 3/15
20.00 C à vous la suite. Talk-show. 20.48 Direct Quinté. Mag. Sportif. 20.15 Historiquement Show. Mag. ➜ Chaque mardi à 20 heures, 1/13
3/11 3/9 0/10 7/17 0/15
retrouvez « Le Club Le Figaro
21.00 Spotlight 21.10 Les secrets 20.50 Les Balkans Présidentielle », animé par 3/11 0/13
Film. Drame. EU. 2015. Réal. : de Fort Boyard à feu et à sang Yves Thréard, directeur adjoint 4/19
Tom McCarthy. 2h09. Avec Mark Doc. Fra. 2022. 0h52. Totalement Doc. All. 2019. La poudrière. - L’effon- de la rédaction, entouré 7/13 10/15 3/18 6/16 9/22 8/15
Ruffalo. En 2001, des journalistes abandonné pendant près d’un siècle, drement - Les ruines. Cette série de journalistes du Figaro
commencent à enquêter sur des Fort Boyard a été réaménagé grâce à documentaire s’intéresse à la désin- et d’un expert invité.
affaires de pédophilie qui entachent le une émission de jeu télévisé connue tégration de l’ancienne république
clergé de Boston. dans le monde entier. Mais pourquoi fédérative socialiste de Yougoslavie. lachainemeteo.com
a-t-il été construit ? Par téléphone : LIVE 24/24 Sur L’APPLI
23.10 Quand les Impressionnistes 23.30 Albert Kahn : reflets d’un
GRATUITE
voulaient peindre les murs. Doc. 22.10 Les forteresses maritimes. Doc. monde disparu. Documentaire. 2,99 €/appel La Chaîne Météo

MOTS FLÉCHÉS DU FIGARO N°3179

NAVIRES CHIFFRES PETIT NE SONT CHEVROTE LIGUE CE QUE L’IF ANSE
DE PÊCHE ROMAINS VÉHICULE PAS BIEN MAISON DE PAS RESTÉ DES USA EST SACOCHE NE PLUS NIPPONNE SILLON DES
VIEUX FILETS DE PROVENCE VACANT TOUJOURS DE FAIRE LE CHEMINS
ANNEAU ARROSE VILLE CEINTURE POIDS FIGURE SUR
GRAVÉ VÉRIFIÉE BERNE IDEM LUMIÈRE SYRIENNE ATTACHER DES SKIS
ABATTU METTRE
PRESSERA DE CÔTÉ
À LA ŒUVRE
LINGERIE MUSICALE
SYMBOLE DOUBLES RÉVEILLE- ALLEZ, LA IL EST
DE PRIS MATIN MESSE VOISIN DE
L’ASTATE COMME BARRE DE EST DITE LA
MODÈLE PORTE FUTILITÉ
SÉDUIRE MOBILES PALOURDE
A LA AUTANT DÉBUT SUR
DÉMENS GOUTTE QUE UNE
AU CORPS BIZARRE PLAQUE
ABSURDE
TOUR ÉCORCE POMME (D’)
AVION COUSINES RÉPARER INHA-
DE LA BITUELLE
FÊLANT CORBEAUX DÉCHIRURE BÊTE
LA GLACE SPOLIAI VENTILER LENTE
ARTÈRE PAIN
ÉMISSIONS JAPONAIS UN REPÈRE
HISTOIRE DE GAZ POUR LE
MULTI- GOLFEUR
DE FAMILLE PLICATEUR
CAPTIVER AMARRE
L’ATTEN- VENUS COEFFI-
TION APRÈS CIENT DE ANIMAL DE
NEUF MOIS MATHS LA CRÈCHE
GUIDES
ARTICLE MESURE DE SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT
INDÉFINI ET VER DES RADIATION A G B G O I I P A S D A P
NOMBRE SABLES
MILLILITRE A C C E N T U A T E N A I L L E R C R I A N T E
PREMIER
T E L E S P E C T A T R I C E A C H E M I N E R
GRATTÉ DIRIGÉS
SUR LE DO PAR MET UN T U R I N A L L O U E R D U C R E V E R E N D

LE PER- POINT E F F E T S O M R O C T A T A M I B E T A
ALCALOÏDE FINAL
TOXIQUE SONNEL N L I S O S T A T S H O R T M A G M A E N
C E M A T I N A L E B E A T E O G U E T
A

D J E R B A A L E S E U S E L E S E R
NIVELÉES PLANTE AU
SUC AMER E P E T E N D S U R S C A T P E
D U E G N E D E V E R S E E N U B I E
 vendredi 8 avril 2022 le figaro

38
comme à la fin des années 1990 avec les
Rebond le comédien est entré dans l’inconscient collectif films de Laurence Ferreira Barbosa. »
en interprétant le praticien de la série en « thérapie », Ce Normand, à qui on donne d’abord
des rôles de provinciaux, vit sur les pla-
dont la deuxième saison vient de démarrer, jeudi, sur arte. teaux mille vies. Il tourne au Burkina
Faso, au Rwanda, en Érythrée. Se perd
dans le désert de l’Atacama en ramas-

FRédéRic PieRRot,
sant des cailloux. Hanté par la guerre
d’Espagne depuis sa participation à
Land and Freedom, de Ken Loach, il
gravite, quand il le peut, vers les rôles

le psy de la nation
Constance Jamet
£@constancejamet
engagés comme Capitaines d’avril où
Maria de Medeiros revisite la révolution
portugaise des œillets. Au mitan des
années 1990, il foule les planches qui lui
apportent une satisfaction particulière :
« À la télé ou au cinéma, une fois la scène
tournée, le texte est oublié. Au théâtre, il
Dayan, ébranlé, se retrouve en posture se sédimente, on le réinvente, on le redé-
de patient. Aveuglé par son complexe couvre chaque soir. »
de sauveur, il défend des positions à la
limite de l’éthique. « Il fallait bien mar- Une nomination aux César
quer qu’il déconnait », note le comédien Sur En thérapie, il insiste pour à cha-

S
ous l’égide d’Éric Toleda-
no et Olivier Nakache,
dont il n’était pourtant
pas le premier choix, Fré-
déric Pierrot a plus fait
pour la psychanalyse que
n’importe quelle campa-
gne de prévention. Prati-
cien posé, réfléchi et inébranlable
d’En thérapie, son Dr Philippe Dayan a
pris le pouls d’une France marquée par
les attentats de 2015 et qui retournait
en confinement. Ses sessions l’ont fait
rentrer dans l’inconscient collectif. La
seconde saison qu’a lancée, jeudi, Arte
braque à nouveau ce grand discret sous
les feux des projecteurs.
« Je ne crois pas aux personnages
construits par des acteurs. C’est le spec-
de 61 ans. que prise jouer toute la séance du
S’il partage avec le psy de la série son Dr Dayan. « C’est en la refaisant qu’on
regard scrutateur et une propension à découvre les lignes de faille, les opposi-
chercher ses mots avec soin, Frédéric tions », souligne celui qui a appris à
Pierrot part dans de grands éclats de travailler avec une oreillette. « Chaque
rire à la Gargamel qui trahissent sa fai- épisode équivaut à quarante-cinq pages
blesse pour la nicotine. Ce natif du pays de texte, impossible de tout retenir.
de Caux, « un endroit pas facile », avoue Avoir les répliques dans l’oreille permet
avoir vécu le succès d’En thérapie pres- d’être à l’écoute de ses partenaires,
que sous un rocher : « Je ne suis pas sur d’être attentif et de rebondir au moindre
les réseaux sociaux. Je vois que les gens accident. »
sont bienveillants avec moi. Mais j’ai peur Une nomination au César du meilleur
qu’on me voie trop. Un acteur doit dispa- second rôle pour Polisse de Maïwenn,
raître sous le personnage », pointe celui en 2011, lui apporte la liberté de choisir
qui sera abordé par plusieurs passants à les projets qui le font vibrer. Il apparaît
la terrasse de café du 11e arrondissement dans la série Les Revenants, La guerre
parisien où il nous reçoit. Second rôle à est déclarée, de Valérie Donzelli, Hors
la filmographie impressionnante sur le normes, de Toledano et Nakache.
petit et le grand écran, ayant collaboré Est-ce qu’En thérapie affinera les
avec Tavernier, Blier, Godard ou Loach, propositions ? Frédéric Pierrot reste
Frédéric Pierrot n’a jamais cessé de prudent : « Je ne vois pas d’effet En thé-

tateur qui leur donne corps. Je regarde
peu les séries et n’avais jamais vu la ver-
sion originale israélienne de Hagai Levi.
J’avais l’espoir qu’En thérapie touche-
rait les gens qui connaissent mal le tra-
vail psychanalytique et avaient des réti-
cences », confie celui qui fréquente le
divan depuis des décennies et craignait
la réaction de son médecin : « J’avais
peur d’avoir franchi des lignes. Il m’a dit
que j’avais été juste sur sa profession et
que j’avais peut-être contribué à éclairer
certaines choses. » Cette même exigen-
ce l’a fait batailler sur ces nouveaux
épisodes où son personnage, Philippe
tourner depuis des débuts peu conven-
tionnels en 1986 dans le court-métrage
de Jacques Nolot, Le Manège.
« Je n’imaginais pas devenir acteur.
C’était un désir inconscient nourri par les
séances du cinéma de notre village, entre
Dieppe et Rouen, où j’ai découvert Bour-
vil, Ben Hur », se souvient ce fils de vé-
térinaire qui s’est retrouvé à 9 ans à
New York, en plein milieu du tournage
du Cerveau, avec un Jean-Paul Belmon-
do suspendu à la statue de la liberté.
Lors d’un autre voyage en 1979 aux
États-Unis, il rencontre de nombreux
artistes, rédige des poèmes. Impossible
de se reconnecter aux maths de sa pré-
pa d’ingénieur. Pour ne pas inquiéter
ses parents, pour qui ce rêve de cinéma
est «un peu timbré », il s’engage à
travailler derrière la caméra. Électrici-
té, décors, puis machiniste. « Je voulais
devenir réalisateur. Pour cela, je voulais
comprendre le métier d’acteur. »
Frédéric Pierrot intègre l’atelier de
N
Manuel Moutier
Christian de Tillière. « Les participants
n’étaient pas professionnels, tra-
vaillaient au tri postal, étaient assistants
de direction. » Mais le virus du jeu
s’empare de l’observateur.
Maurice Pialat veut lui donner son
premier rôle dans l’un de ses films mais
le projet capote finalement. En 1989,
Frédéric Pierrot se fait cependant re-
marquer dans le téléfilm et drame fami-
lial Retour à Malaveil, de Jacques Ertaud.
Il y partage l’affiche avec Françoise Fa-
bian et une Géraldine Pailhas débutante.
« Cela a enclenché le mouvement mais
rapie. On a tourné non stop, c’est difficile
à détecter », note le patriarche de qua-
tre enfants (un comédien, un maçon,
une directrice littéraire et une benjami-
ne en charge des actions du Théâtre de
la Ville). De quoi son avenir sera-t-il
fait ? Il n’y aura, à l’entendre, plus
d’autres consultations du Dr Dayan. Cet
automne, il sera sur les planches avec
Les Enfants, de Lucy Kirkwood. La suite
sera sans doute composée de cinéma.
L’écriture l’occupe aussi – « Mais ce que
je produis est très bric-à-brac », pré-
vient-il. Une certitude : il savoure le
bonheur d’être grand-père.« À l’heure
où une guerre commence en Europe, je
m’imagine me promener avec cet enfant.
Cela fait bien longtemps que je n’ai pas
tenu la main d’un bambin », conclut-il.
Et, en attendant que le nourrisson mar-

pendant longtemps, il n’y a rien eu che, il revoit avec une de ses filles les
O

d’énorme, plutôt de brefs frémissements, films de Fellini . ■

UV
EA
U

UN derNier mot
edemontety@lefigaro.fr
Par étienne de Montety

Renard (re-nar-d’) n. f.
Peut-être tué, même par un poulet.

U
n renard a semé l’émoi au Capitole, avant d’être abattu.
Le mot vient du francique Reginhart, qui a donné Reinhart :
ce nom de personne fut donné à l’animal qu’on appelait jadis le goupil.
C’est le succès du Roman de Renart qui a réalisé la substitution de ce mot à l’ancien.
Même aux États-Unis, un goupil n’est pas réputé pour ses mains rouges,
pourtant sa présence dans l’enceinte parlementaire américaine a semé l’émoi.
Un goupil, ce n’est quand même pas une grenade dégoupillée.
Qu’est-ce que celui-ci avait reniflé au Capitole : des oies ?
Pourtant, les lieux doivent comporter une jolie faune, et sûrement de vieux renards
- au moins sur quelques manteaux argentés. Reste que sa présence a fait sensation.
Le renard est réputé et redouté pour sa ruse.
Visiblement, il est moins doué que l’homme.
Car l’étonnement général s’est transformé en rage. Qu’on en juge :
le renard a été tué, simplement pour vérifier qu’il ne l’avait pas. ■

FIGARO-CI ... FIGARO-LÀ

Michel Pébereau
votera Emmanuel Macron
L’ancien PDG de BNP Paribas et de la Fondation
ARC pour la recherche sur le cancer a fait parvenir
au chef de l’État un message de soutien
SébaStien Soriano/le Figaro

à titre personnel. Selon lui, Emmanuel Macron

a su faire preuve de « leadership européen »
face au Covid et à la guerre en Ukraine,
mais aussi stimuler le dynamisme et l’attractivité
économique de la France. Il aura à ses yeux
« l’inventivité et l’audace » pour mener à bien
les réformes dont le pays a besoin.
En 2002, Michel Pébereau avait apporté son soutien
CAMILLA à Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen.

La future reine de Grande-Bretagne Le conflit russo-ukrainien crée des remous à l’Unesco

La maîtresse détestée d’hier règnera au côté de Charles.
Retour sur son parcours et la façon dont elle a réussi
à retourner l’opinion à son avantage.
Actuellement chez votre marchand de journaux et sur www.figarostore.fr
A
La directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, a symboliquement protesté
jeudi contre l’ambassadeur russe auprès de l’organisation. Alors qu’il remettait
en doute la mort de civils dans la ville ukrainienne de Boutcha, l’ancienne
ministre socialiste a déposé son oreillette de traduction sur la table, s’est levée
et a quitté la séance du Conseil exécutif des États membres. Un geste inédit dans

l’histoire récente de l’organisation onusienne, dont le siège se trouve à Paris.