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Article 3 Bennis Ghita
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BENNIS GHITA
Docteure, Université de Rennes 1, CREM, Rennes, France
bennisghita@gmail.com
CHBAATTOU RHITA
Doctorante à l’Université Mohammed V de Rabat, Laboratoire de
Recherche en Management des Organisations, Droit des Affaires et
Développement Durable, Maroc
rhita.chbaattou@essec.edu
LANKAOUI LATIFA
Professeure de l’Enseignement Supérieur à l’Université Mohammed
V de Rabat, Laboratoire de Recherche en Management des
Organisations, Droit des Affaires et Développement Durable, Maroc
l.lankaoui@um5s.net.ma
Revue Internationale du Marketing et Management Stratégique, Volume 2, N°4, Octobre-Décembre 2020 Page 44
ISSN : 2665-7414, e-ISSN : 2665-7341
PERFORMANCE DU YIELD MANAGEMENT ET PROCESSUS STRATÉGIQUES : LES ENJEUX DE
LA MAITRISE DES COÛTS
RESUME
La déréglementation du secteur aérien et l’apparition de nouveaux acteurs sur le marché ont
contribué au développement du yield management. Il s’agit d’un outil stratégique permettant
d’optimiser les revenus des compagnies confrontées à une fluctuation de la demande. Nous
avons démontré dans des travaux précédents le lien positif entre la mobilisation de processus
stratégiques (combinaison de ressources stratégiques) à la fois délibérés et émergents et la
performance de la stratégie (Chbaattou et Lankaoui, 2020). Le yield management étant une
sorte de stratégie, un mix de processus stratégiques serait-il à l’origine de sa performance ? Si
oui, comment cette performance se manifeste-t-elle ? Pour répondre à cette problématique,
la méthode qualitative du cas unique consistant en une observation non participante a été
mise en place auprès d’une compagnie aérienne. L’étude empirique s’est basée sur les travaux
de Smith (1992), qui ont constitué une grille d’observation pour la recherche. L’objectif
principal de la recherche est de confirmer ou d’infirmer la proposition de recherche énonçant
que la performance du yield management est le résultat à la fois de processus délibérés et
émergents. Les résultats de la recherche ont révélé que toutes les thématiques composant la
grille et intervenant dans la mise en place d’un yield management performant nécessitent la
mobilisation de processus à la fois rationnels et émergents, mais également une bonne
maitrise des coûts. Toutefois, le concept de coût n’a pas pu être approfondie dans le cadre de
la recherche et offre des perspectives de recherche intéressantes.
ABSTRACT
The deregulation of the airline industry and the emergence of new market
players (low-cost airlines) contributed to the development of yield management.
It is a strategic tool that optimizes airline revenues. We have demonstrated in
previous work the positive link between the mobilization of strategic processes
(combination of strategic resources) both deliberate and emerging and the
performance of the strategy (Chbaattou & Lankaoui, 2020). Since yield
management is a kind of strategy, could a mix of strategic processes be the
source of its performance? If so, how does this performance manifest itself? To
answer this problematic, the qualitative method of the single case consisting of
a non-participating observation was set up with an airline company in this article.
The empirical study was based on the work of Smith (1992) which constituted an
observation grid for research. The main objective of the research was to confirm
or deny the research proposition stating that yield management performance is
the result of both deliberate and emerging processes. The research results
revealed that all the themes making up the grid and intervening in the
implementation of efficient yield management require the mobilization of both
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rational and emerging processes but also good cost control. However, the
concept of cost could not be developed further in the research and offers
interesting research perspectives.
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PERFORMANCE DU YIELD MANAGEMENT ET PROCESSUS STRATÉGIQUES : LES ENJEUX DE
LA MAITRISE DES COÛTS
INTRODUCTION
Face à l’intensification de la concurrence dans les différents tissus composant l’économie
mondiale et la nécessaire maîtrise des coûts, le yield management vient en réponse au besoin
des industries de service de maximiser les revenus en vue de faire face à la fluctuation de la
demande par une optimisation de l’offre en continu. Plus spécifiquement, la maîtrise des coûts
constitue un véritable élément de survie dans les industries de transport. Le défi consiste
également à suivre le comportement d’achat des clients en temps réel grâce à la technologie
du big data. Le yield management se base essentiellement sur les nouvelles technologies et
les modélisations pour anticiper l’offre et la demande et pour cibler différents types de clients.
La relation positive entre le Yield Management et la performance a été abordée par plusieurs
auteurs (Barth, 2002 ; Gorin et Belobaba, 2004 ; Lieberman et Raskin, 2005) et validée
empiriquement, notamment dans le secteur aérien, le secteur de l’hôtellerie et le secteur de
la location de voiture. La performance peut être définie comme la capacité d’une entreprise à
atteindre ses objectifs de manière efficace et efficiente. Esse (2003) met en lien le concept de
yield management et celui de la performance. L’auteur considère le yield management
comme un outil de création de valeur à travers le ciblage des clients à haute contribution. Ceci
s’est confirmé pour la compagnie American Airlines dont le Yield Management a permis une
augmentation annuelle de ses revenus de $500 millions. L’outil été la clé pour sa survie suite
à la déréglementation du secteur de l’aérien en 1979 et sa confrontation à un environnement
fortement concurrentiel (Smith et al, 1992). La théorie des ressources et des compétences
développées par Penrose (1959) puis Barney (1991) constitue le pilier de notre cadre
théorique. Cette théorie pose le cadre permettant d’identifier les ressources et les conditions
auxquelles celles-ci doivent obéir en vue de détenir un avantage concurrentiel durable et de
créer de la valeur à long terme. Dans cette recherche, les processus stratégiques constituent
une combinaison de ressources qui permettent à l’entreprise d’être compétitive dans un
environnement complexe, changeant et assujetti à des perturbations constantes. En effet,
Lorino et Tarondeau (2015) ont permis de dresser le lien entre performance et processus
stratégiques et recommandent la nécessité de combiner les processus rationnels et
émergents pour réaliser une performance. Ils définissent les processus stratégiques comme
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1. LA REVUE DE LITTERATURE
Selon Prahalad et Hamel (1990), « Les compétences fondamentales traduisent la capacité
particulière d’une entreprise à déployer des ressources stratégiques de façon organisée. Une
compétence fondamentale résulte toujours d’un assemblage et d’une coordination de
ressources spécifiques ou uniques ». Et cette combinaison spécifique de ressources permet
justement de construire des processus stratégiques uniques et créateurs de valeur. D’où, le
lien entre processus stratégiques et performance, développé dans la revue de littérature qui
suit.
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Les processus stratégiques sont définis comme des « ensembles d’actions ou d’activités
organisées en réseau, mobilisant des ressources et des compétences pour créer de la valeur »
(Lorino et Tarondeau, 2015). Ils permettent la réalisation de la stratégie de l’entreprise et «la
finalisation des intentions de l’entreprise à travers des actions. » (Lorino et Tarondeau, 2015).
Une ressource peut être une force ou une faiblesse pour l’entreprise. Pour Wernerfelt (1984),
les ressources font référence à tout actif tangible ou non tangible de la firme comme la
technologie, l’image de marque ou encore la compétence des employés. Quant aux ressources
stratégiques appelées également ressources clés, elles représentent, selon Amit et
Schoemaker (1993), « l’ensemble des ressources et capacités difficiles à échanger et à imiter,
rares, appropriables et spécialisées, qui fournissent des avantages concurrentiels à la firme ».
Selon la Théorie des ressources (Barney, 1991 ; Wernefelt, 1984), les ressources peuvent être
d’ordre financier (capacité d’endettement), humain (compétences des salariés),
organisationnel (certification), technologique (brevet) ou encore réputationnel (notoriété).
Pour être considéré comme stratégique et spécifique, Barney (1991) considère qu’un
processus doit justement avoir pour inputs ces ressources stratégiques ou VRIN (de Valeur,
Rares, Inimitables et Non substituables) afin de les fédérer de manière optimale (Lorino et
Tarondeau, 2015). D’ailleurs, selon Penrose (1959) : «la performance est liée à l’agencement
des ressources plus qu’à leur volume. ». Enfin, les processus stratégiques peuvent être
délibérés, en étant le fruit de raisonnements logiques et réfléchis maitrisés par l’entreprise,
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Performance
Processus Objectifs
Ressources Valeur
stratégiques stratégiques
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PERFORMANCE DU YIELD MANAGEMENT ET PROCESSUS STRATÉGIQUES : LES ENJEUX DE
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En créant de la valeur, les processus créent de nouvelles connaissances. Mais, quels types
de processus permettent de contribuer au mieux à la performance ? La réponse à cette
question a été développée par Miller (1987, 1994) et Cardinal (1994) ainsi que (Chbaattou et
Lankaoui, 2020) qui ont mis en évidence la nécessité d’une combinaison de ressources à la fois
délibérées et émergentes pour aboutir à une performance. Le modèle conceptuel suivant
schématise cette conclusion :
Combinaison de
Processus
ressources
stratégiques
stratégiques
délibérés
délibérées
Création de
valeur durable + Performance
Combinaison
avantages
Combinaison de concurrentiels
Processus
ressources
stratégiques
stratégiques avantages
émergents
émergentes concurrentiels
Miller (1987, 1994) et Cardinal (1994) ont déjà souligné cette nécessaire combinaison de
processus délibérés et émergents pour réaliser de la performance. Dans le cas des petites
entreprises, il y a selon eux, de nombreuses interactions individuelles (processus émergents)
qui se combinent aux démarches rationnelles (processus délibérés) pour réaliser de la
performance. Dans le même sens, plusieurs études menées lors de ces dernières années ont
révélé un effet peu concluant de la planification stratégique rationnelle à elle seule sur la
performance. C’est le cas par exemple de la méta-analyse réalisée par Pearce et al. (1987) qui
a regroupé 18 études ou encore Shrader et al. (1984) ou Boyd (1991). Plusieurs auteurs ont
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critiqué cette démarche stratégique purement rationnelle pour performer tels que Robinson
& Pearce (1983) ; Bresser et Bishop (1983) ; Kukalis (1991) ou encore Mintzberg (1994) qui ont
abouti à la conclusion que la planification stratégique rationnelle empêche toute créativité
dans un environnement complexe et incertain, où l’innovation et l’adaptation seraient sources
de réussite. Ceci nous amène à nous demander quels types de processus stratégiques
permettent la performance pour des entreprises de transport aérien telles qu’American
Airlines et AA2. Nous allons voir que pour les deux cas étudiés, la performance du yield
management est le résultat d’un mix de processus délibérés et émergents.
1.2. Yield management et performance chez American Airlines
L’une des principales raisons derrière la réussite du yield management chez American est
le caractère précurseur de la compagnie en matière de développement de modèles
sophistiqués, à la pointe de la technologie et d’une grande précision permettant
d’accompagner la mise en place de son Revenue Management. Ces outils technologiques et
stratégiques constituent des processus délibérés et permettent la gestion des réservations,
des itinéraires de vol et des différents tarifs proposés (Smith et al, 1992). Pour chaque vol,
l’objectif d’American Airlines est d’établir un niveau de surréservation optimal et un mix
tarifaire optimal respectant l’équilibre offre-demande en vue de maximiser les profits et la
performance tout en veillant à garder une qualité de service pour ne pas perdre ses clients.
Parallèlement à ces processus rationnels, American a fait appel aussi à des processus
émergents et plus subjectifs en ce qui concerne la tarification, la segmentation de ses clients
et la prévision des réservations en dressant les profils des consommateurs et en étudiant leurs
préférences et leurs habitudes d’achat (Smith et al, 1992). Et pour cela, la compagnie
américaine a complété ses outils rationnels par des éléments plus intuitifs et moins
maitrisables telles que l’expérience, la remontée des données clients en temps réel et des
données environnementales liées à la concurrence et au contexte (événements, vacances,
fêtes…). American Airlines a été précocement consciente que la logique future ne sera plus le
revenu par siège mais plutôt le revenu par consommateur. Ainsi, la performance du yield
management d’American serait le résultat d’un mix de processus délibérés et émergents, ce
qui valide la proposition émise au départ. Cette proposition sera également validée à l’issue
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de la discussion des résultats d’une étude qualitative réalisée chez AA2 et concrétisée par
plusieurs entretiens semi-directifs. En plus des données primaires récoltées à travers les
entretiens, nous avons également pu récolter des données secondaires qui nous ont permis
de compléter notre analyse.
2. LE YIELD MANAGEMENT CHEZ AA21 : UN CAS DE NON MAITRISE DES COUTS
Le cas d’American Airlines et la revue de la littérature constituent une illustration de
l’impact positif d’un système de yield management sur la performance financière de
l’entreprise. La compagnie a utilisé des outils de gestion de prix et de prévision des
réservations dans le cadre de processus délibérés. Aussi, l’analyse rigoureuse du
comportement d’achat des voyageurs tient compte d’éléments qualitatifs en termes de
segmentation dans le cadre de processus émergents. C’est donc un mix de processus délibérés
et émergents qui ont permis la performance du yield management d’American, cette
conclusion a permis de valider notre proposition de départ. Notre deuxième étude de cas est
celui d’une compagnie aérienne AA2. L’étude empirique permettra d’établir le lien entre la
performance commerciale et la maîtrise des coûts.
2.1. LES PROCESSUS STRATEGIQUES ET LA PERFORMANCE CHEZ AA2 : LA
METHODOLOGIE ET LES RESULTATS DE LA RECHERCHE
Sur le plan organisationnel, la fonction pricing est rattachée à la direction programme, réseau
et yield management. Cette direction est composée de deux services. Le premier est
responsable de l’offre2 en termes de fréquence de vol, de sièges disponibles et du programme
des vols. Le deuxième service est responsable du yield management. Cette activité est
tributaire de la stratégie commerciale, de l’offre et des données rattachées à la concurrence.
L’étude empirique ayant servi à la recherche suit une méthodologie qualitative et présente les
résultats d’une étude de cas unique.
1
Le nom de la compagnie a été rendu anonyme. Toutes les données à caractère confidentiel ne figurent pas dans
l’étude.
2
L’établissement de l’offre est issu de l’activité des services chargés de l’architecture réseau. Ils ont pour
missions : l’optimisation de la flotte, de la connectivité et du programme des vols. L’offre est caractérisée par le
parcours, le type d’appareil et le nombre de sièges disponibles sur une période donnée.
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Les axes de recherche issus de cette grille d’observation sont les suivants : la tarification, le
yield management, la réservation et la performance. Contrairement aux études quantitatives
3
Les entretiens exploratoires sont non directifs. Réalisés dans l’objectif de comprendre le fonctionnement de
l’activité, ils n’ont pas été retranscrits. Ils nous ont aidés à établir le guide d’entretien.
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qui visent à aboutir à une généralisation théorique, l’étude de cas suit un objectif de
généralisabilité au sens de Miles et Huberman (2003). Aussi, compte tenu des spécificités
d’AA2, nous avons eu recours à un cas unique ou cas polaire au sens de Jugdev (2010) pour la
validation empirique de notre cadre conceptuel.
2.3. LA TARIFICATION : UNE COMBINAISON ENTRE PROCESSUS DELIBERES ET
EMERGENTS
2.3.1. LE MODELE DE TARIFICATION (FCO4).
L’activité de tarification consiste à définir les prix et les conditions tarifaires propres à
chaque route selon des modalités bien précises. Elle dépend du modèle FCO et de l’indicateur
QSI. « Le benchmark permet de fixer le tarif d’appel ou tarif le plus bas puis le modèle FCO
détermine les autres niveaux de tarifs avec des gaps entre chacun » (E05). Le modèle FCO est
chargé de l’optimisation des classes tarifaires. Il s’agit d’une fonction polynomiale ayant pour
but de maximiser la valeur créée en proposant des tarifs en fonction de la distance parcourue
et de la contribution au réseau. L’indicateur QSI dépend d’éléments exogènes : contexte
concurrentiel, perception et image de marque : « Le modèle FCO permet de déterminer une
classe pivot. Une fois que le pivot est déterminé et en fonction des gaps, les autres montants
sont fixés. Le modèle n’est pas rigide. Il y a le min. le max. Le mid. » (E02). Le tarif d’appel est
le point de départ de la grille tarifaire. La détermination de celui-ci est tributaire de processus
émergents : l’ajout ou du retrait d’un concurrent, de l’évolution de la demande ou de la
modification du niveau de l’offre : « Et puis il faut voir l’environnement, la concurrence. La
grille de l’Europe ce n’est pas celle de l’Afrique. En fonction de la concurrence les grilles vont
différer. Je n’ai pas toutes les classes, tout dépend du modèle concurrentiel. » (E02). Des
processus de nature délibérée influent également sur la détermination du tarif d’appel à
travers l’analyse de l’historique de tarification et la mise en place d’un benchmark
concurrentiel selon l’indicateur QSI5 : « Cet indicateur me permet de savoir ce que vaut mon
produit par rapport au concurrent en face. L’indicateur permet de comparer le produit AA par
rapport à celui du concurrent sur la base du produit (fréquence, type d’appareil), perception et
image de marque, prix, promotions. Cet exercice de comparaison permet de générer les tarifs
4
Fare Classe Optimization
5
Quality service index
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6
Aller simple ou Aller-retour
7
Round trip
8
Par exemple un passager souhaitant acheter un parcours entre Dakar et NYC avec possibilité de modification
sans frais en classe économique payera 1000$ dans la classe Y dans la base tarifaire WAORAFFA donnant une
option de transporter deux bagages.
9
L’entreprise est ainsi amenée à s’adapter à des événements externes (la concurrence, de mouvements
sociaux, d’événements sportifs, culturels ou commerciaux.)
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2.3.3. LA SEGMENTATION
La segmentation constitue le point de départ de la stratégie de tarification. Elle permet
d’allouer le quota de siège correspondant à chaque classe de réservation. L’activité de
segmentation est issue de processus délibérés et émergents. Ainsi les processus délibérés
impliquent une analyse des données historiques relative au comportement d’achat de la
clientèle : Coefficient de Remplissage (CR), le niveau d’engagement, % d’annulations, des
délais de réservation. Ils tiennent également compte des différentes réductions négociées
avec des parties tierces. Les processus émergents dépendent des connaissances du capital
humain par rapport aux routes, la saisonnalité, les données concurrentielles et les éléments
contextuels : « Les événements externes peuvent être la survenue d’une guerre, le décalage de
saisonnalité. Ici, l’intervention humaine est indispensable pour corriger le décalage des
dates. » (E04). Les principaux segments définis par la compagnie sont : le segment touristique,
le segment corporate, le trafic diaspora10. La compagnie réalise une activité de segmentation
opérationnelle qui dépend d’éléments quantitatifs et qualitatifs. Les éléments qualitatifs
dépendent des remontées terrain des opérationnels en contact direct avec les clients. Les
éléments quantitatifs sont établis en fonction de la durée du séjour, du délai de réservation,
des lignes et de la règle du samedi. La segmentation joue un rôle crucial dans la maximisation
de la valeur : « On doit garantir la bonne place de l’avion, pour le bon client, au bon prix, au
bon moment, via le bon canal. » (E04). Le segment touristique est défini par une durée de
séjour élevée, un délai de réservation supérieur à 30 jours et un séjour incluant le samedi. Le
segment corporate est caractérisé par un achat tardif, un séjour n’incluant pas la journée du
samedi et une courte durée.
10
Personnes originaires d’un pays (pays de destination) et résidantes dans un autre pays (pays d’émission et
d’origine du coupon)
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11
Pricing et revenue management
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Personnes ne se présentant pas au comptoir d’enregistrement dans la durée impartie.
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13
Achat d’un billet sur une autre compagnie pour acheminer le passager vers la destination prévue.
14
Coefficient de remplissage qui équivaut au rapport entre le trafic et l’offre disponible en sièges.
15
Recette moyenne par coupon qui correspond au chiffre d’affaires divisé par le nombre de billets vendus.
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RASK 16 qui connaît une progression lente entre 2017 et 2018 de 5%, une MCD 17 qui est
négative sur 75% des lignes analysées avec une variation négative moyenne de -20% sur la
période analysée. Les coûts directs sont composés du coût passager18, du coût opérationnel19
et du coût avion20. D’ailleurs, les coûts opérationnels ont augmenté de 2% entre 2017 et 2018
en raison notamment d’une hausse des dépenses énergétiques et de l’investissement dans
une qualité de service alignée aux standards internationaux21, ce qui a augmenté le déficit. Le
maintien des lignes déficitaires est justifié par les acteurs interrogés par leur participation à
réduire le déficit général du réseau pris dans sa globalité. Ces lignes permettent de capter un
trafic supplémentaire principalement composé de passagers en correspondance. Il ressort de
cette étude empirique qu’un système de yield management ne suffit pas à garantir une
performance organisationnelle à long terme. La maîtrise des coûts constitue un axe majeur
pour garantir la pérennité de la compagnie.
Tableau N°3 : La synthèse des résultats de la recherche
Les processus délibérés Les processus émergents
- La construction de grilles tarifaires sur La mise en place d’une stratégie
la base du modèle FCO. réactive en fonction de la
- La mise en place d’une stratégie concurrence ou d’événements
La tarification
proactive via des promotions selon un contextuels.
planning des ventes.
- La segmentation opérationnelle.
L’historique des réservations Le recours aux remontées terrain
conditionne les prévisions des provient des représentants et des
La réservation
réservations. opérationnels en contact avec les
clients.
Le recours à une comptabilité analytique
La performance
pour le suivi des KPI.
16
Revenue per available seat kilometer ou revenu au siège kilomètre correspond au rapport entre le chiffre
d’affaires sur l’offre en siège multipliée par la distance parcourue.
17
La marge sur coût direct (MCD) correspond à la différence entre le chiffre d’affaires et les coûts directs associés
à chaque ligne. Ils correspondent au coût passager, au coût opérationnel et au coût avion.
18
Le coût passager correspond à la somme des coûts associés à la restauration, irrégularités, assurance, frais de
réservation et de promotion
19
Le coût opérationnel correspond au coût de balisage, stationnement, atterrissage, approche, survol, carburant,
assistance, maintenance et du coût du personnel navigant.
20
Le coût avion correspond à l’amortissement, l’assurance avion, les charges financières, les frais de location et
les coûts contractuels.
21
L’organisme Skytrax détermine un référentiel de service du transport aérien et évalue celui-ci au sein de
chaque compagnie aérienne.
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Les indicateurs CR, chiffres d’affaires, trafic, RASK, MCD, Parts de marché, QSI
clés de vitesse d’engagement, RMC (Recette
performance moyenne par coupon).
(KPI) Parts d’offre22, parts de marché23, QSI
- La comptabilité analytique : Rapports - L’outil de benchmark tarifaire
de gestion relatifs à la rentabilité des permettant de comparer les
lignes, écarts tarifaires en comparaison
- Le décisionnel commercial : gère la avec ceux de la concurrence.
performance commerciale - L’outil de veille concurrentiel
- Les systèmes de revenu permettant d’indiquer la part de
management. marché et le trafic d’AA2 en
- La solution d’analyse des données comparaison avec la
Les outils de
issues de la tarification permettant le concurrence.
gestion
paramétrage des tarifs. - L’outil de veille concurrentielle
- Le système de gestion des passagers : relatif à l’offre en termes de
pour le suivi des réservations. capacité de transport issue
- La revue d’engagement : suivi des d’éléments historique et
réservations effectuées avant la date prévisionnels.
du vol.
- Les systèmes de revenue management : permettant de tenir compte de
l’historique des données et d’éléments exogènes.
L’étude empirique réalisée chez AA2 révèle un yield management performant grâce à un mix
de processus délibérés et émergents et concrétisé à travers plusieurs indicateurs (RMC, CR,
CA…). En revanche, la performance financière de la compagnie est négative du fait de la non
maîtrise des coûts. Le schéma suivant permet de synthétiser les principaux apports de la
recherche.
Figure N°4 : Le yield management et la maîtrise des coûts au service de la performance
22
Offre d’AA/Offre totale du marché
23
Part de marché correspond au chiffre d’affaires de la compagnie par rapport au marché.
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LA MAITRISE DES COÛTS
DISCUSSION ET CONCLUSION
Les résultats de l’étude permettent de souligner le rôle significatif des variables de
contingence dans la performance opérationnelle de l’entreprise. En effet, bien que la théorie
de la contingence fasse l’objet de critiques pour son rôle « mécaniste et déterministe »
(Germain, 2004), elle permet d’apporter des éléments nouveaux de compréhension
concernant la mesure de performance au sein de l’entreprise. En effet, cette théorie permet
de mettre en évidence les liens existants entre le contexte organisationnel et la performance
de l’entreprise. Parmi les auteurs ayant traité du rôle catalyseur de ces variables, on peut citer
les travaux de Ferreira et Otley (2009) qui les considèrent qu’à titre indicatif parmi les facteurs
de performance. Cependant, dans le cas d’AA2, ces variables constituent une composante
indispensable des stratégies de tarifications ce qui permet à la compagnie de maximiser ses
revenus. En effet, d’après les résultats apportés par l’étude, la concurrence, le macro-
environnement ainsi que la perception des clients influent fortement sur la stratégie de
tarification de l’entreprise ce qui permet à celle-ci de maximiser la valeur créée. A travers
l’indicateur QSI, la compagnie a pu s’inscrire dans une approche instrumentale pour mesurer
ces éléments exogènes.
Par ailleurs, l’étude empirique nous a permis d’approcher le concept de performance
spécifiquement au secteur d’AA2. Aussi dans les travaux de Lorino (1997) et dans ceux de
(Oubrahim et Benlahcen, 2019) il a été souligné que la performance est la traduction de
l’atteinte des objectifs stratégiques. La stratégie de la compagnie en 2018 est
multidimensionnelle et porte sur une volonté de proactivité commerciale, de productivité et
de réduction des coûts. La proactivité commerciale s’accompagne par l’ouverture de
nouvelles lignes aériennes, de l’augmentation du trafic de passagers à travers un yield
management compétitif et par le développement du programme de fidélisation. Cette
stratégie s’est traduite par une performance commerciale à travers la croissance du chiffre
d’affaires, de l’amélioration du CR et de la RMC ainsi que de l’augmentation du nombre de
clients fidélisés. En revanche, les objectifs stratégiques relatifs à la productivité et à la
réduction des coûts qui se traduisent par l’amélioration de la rentabilité, la maîtrise des ratios
financiers et la maîtrise des coûts ont relevé une performance financière négative. Ce constat
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Correspondent aux coûts fixes payés par la compagnie aux fournisseurs de services
technologiques comprenant : les systèmes de revenue management, les solutions d’analyse de données et le
système de gestion des passagers. Ces coûts sont propres aux compagnies régulières et ne sont pas supportés
par les compagnies lows costs dans une optique de réduction des coûts.
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de trier et analyser rapidement une quantité élevée de données en temps réel sur les
consommateurs actuels et potentiels. Deplus, disposer d’un capital humain compétent est
désormais une condition indispensable pour assurer sa compétitivité. Une technologie sans
compétences humaines ou inversement ne permet d’assurer la pérennité de la firme. Par
ailleurs, la recherche est confrontée à des limites sur le plan théorique, managérial et
méthodologique. Sur le plan théorique, la théorie des parties prenantes aurait pu constituer
un cadre théorique alternatif pour l’analyse de l’aspect multidimensionnel de la performance
dans le secteur du transport aérien (Freeman, 1984). Les aspects liés aux facteurs de
contingence pour l’analyse des processus émergents auraient pu d’avantage être développés
sous l’angle de théorie néo-institutionnelle (Hurwicz, 1987 ; Ménard, 2003). Sur le plan
méthodologique, en vue d’assurer la validité externe des résultats de recherche, une étude
quantitative sur un échantillon plus large nous permettrait d’obtenir une représentativité des
résultats obtenus. Cela permettrait de transformer le modèle conceptuel exposé en marge de
cet article en modèle explicatif. Par ailleurs, la difficulté d’accès aux données concernant les
coûts de survente et leur évolution a constitué un frein pour la connaissance détaillée de cet
élément dans le cadre du processus de réservation. En effet, il apparait d’après l’étude réalisée
que contrairement à American Airlines, AA2 ne fait pas un suivi systématique des coûts de
survente. Les acteurs concernés estiment que son coût est négligeable. Les coûts liés à
l’insatisfaction des passagers, considérés comme des coûts cachés, ne sont pas pris en
compte. Nous recommandons dans ce sens à AA2 de développer des outils de mesure liés à
cet aspect significatif dans la perception des clients. Ainsi, l’analyse de la performance
commerciale à travers des réalisations qualitatives visant à assurer une pérennité avec le client
(El Fakir et al., 2020) constitue une piste de recherche qu’il serait intéressant d’explorer. Aussi,
l’impossibilité d’accéder à des données récentes en termes d’indicateurs de performance
nous a contraint d’exploiter dans notre étude seulement les données entre 2017 et 2018. Par
conséquent, ces limites constituent des perspectives de recherche intéressantes pour l’étude
des différences sectorielles relatives au cadre conceptuel étudié dans le cadre de cette
recherche. En effet, on pourrait éventuellement mobiliser la méthode des cas multiples dans
plusieurs secteurs d’activité et procéder à l’analyse des interactions existantes entre les
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différents éléments du cadre conceptuel en vue d’aboutir à une généralisabilité des résultats
au sens de Miles et Huberman (2003). Cette étude permettrait de mettre en perspective les
pratiques organisationnelles relatives au pilotage de la performance dans le cadre d’un
système de yield management. Enfin, en vue d’approfondir le concept de coûts, la théorie des
coûts cachés pourrait constituer un apport majeur pour la recherche et permettrait
d’approfondir les résultats obtenus (Savall, 1975).
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