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UN RENOUVEAU DANS LA COMMUNION DES SAINTS. Et si les saints de


l’Afrique noire avaient aussi quelque chose à nous dire !

Preprint · April 2022


DOI: 10.13140/RG.2.2.20699.64802/1

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Adéchina Samson Takpé


Vinzenz Pallotti University
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Adéchina Samson Takpé

UN RENOUVEAU DANS LA COMMUNION DES SAINTS. Et si les saints de l’Afrique


noire avaient aussi quelque chose à nous dire ! (Réflexion publiée sur le forum du Noyau National
Elargi du RCC Bénin, 08.04.2022)

L’objectif de cette publication se trouve au niveau du sous-titre « troisième réaction ».

1. La préoccupation

• Evénement déclencheur : « la sainteté n’est pas noire! »

Il y a quelques mois, un ancien clip de l’artiste congolais Verckys Kiamuangana, interprété


par sa fille Ancy Kiamuangana, a refait surface sur les réseaux sociaux. Le clip intitulé
Nakomitunaka disait : « Je me demande où sont nos ancêtres noirs ! ». L’artiste plaignait le
« malheureux sort » de l’Afrique dont les églises seraient peuplées de statues de saints blancs,
parce qu’il n’y aurait pas de saint noir. Sur les plateformes internationales où les discussions
ont abordé le sujet, on a pu lire des phrases comme : « la sainteté n’est pas noire », « les
cultures de l’Afrique noire ne favorisent pas la sainteté », etc. Alors, ceux qui connaissaient
les saints martyrs de l’Ouganda et sainte Joséphine Bakhita ont crié á l’ignorance. Mais
quand on leur a demandé de citer d’autres saints noirs, le débat a pris fin, parce qu’ils n’en
connaissaient plus.

• Première réaction : un site web dédié aux saints noirs.

Comme première réaction, j’ai pris sur moi de constituer une liste de saints noirs, de
rassembler sur internet des textes hagiographiques les concernant puis de créer un site
spécifiquement dédié aux saints noirs où j’ai publié ces textes.

• Deuxième réaction : des articles à La Croix Africa.

Comme deuxième réaction, j’ai demandé à publier des articles sur les saints noirs au journal
La Croix Africa. Ici, il ne s’agissait plus de collecte de textes existant déjà sur internet mais
de vraies recherches, même si l’option de presse web limite les indices bibliographiques.
Depuis lors, La Croix Africa publie un article sur les saints africains chaque semaine.

• Troisième réaction : faire connaître les saints noirs.

Je me dis qu’il ne suffit pas d’avoir rassemblé des textes, d’avoir fait des recherches et publié
des articles. L’objectif ne serait pas atteint si l’on ne faisait pas davantage connaître ces
saints à travers des enseignements. C’est dans ce sens que je voudrais solliciter chaque
membre de ce forum. Or, vu que le forum n’est pas un « forum d’hagiographie », il peut
sembler qu’on est hors sujet. Pourtant, il n’en est rien. Je m’explique.

1
2. Les caractéristiques du Renouveau Charismatique Catholique

• Le Renouveau Charismatique que vit l’Eglise depuis le début du vingtième siècle a


toujours eu un moteur catholique. Car, même si l’histoire retient que Agnès Ozman fut la
première à recevoir le baptême du Saint-Esprit (1er janvier 1901), telle que connue dans le
« Renouveau Charismatique moderne », suite à la prière du pasteur évangélique Charles
Parham, l’histoire enseigne aussi que cette grâce fut le fruit d’une inspiration reçue par la
bienheureuse Elena Guerra à la fin du dix-neuvième siècle, inspiration suite à laquelle le
pape d’alors, Léon XIII, avait consacré le vingtième siècle au Saint-Esprit par le chant
solennel de Veni Creator Spiritus1.

• Par la suite, lorsque le saint pape Jean XXIII voulut ouvrir le concile Vatican II en
1962, il commença à prier ainsi : « Seigneur, renouvelle tes merveilles en notre temps,
comme pour une nouvelle Pentecôte2 ». On comprend donc que ce qui s’est passé le
weekend du 17-18 février 1967 à l’université de Duquesne (USA), déclenchant un nouveau
courant de grâces dans l’Eglise3, est le fruit de tout ce qui précède. Il est important de noter
que l’effusion de l’Esprit à Duquesne a eu lieu devant le Saint-Sacrement tout comme la
première pentecôte apostolique eut lieu dans la même salle où Jésus avait célébré la Sainte
Cène. C’est cela la première marque du Renouveau Charismatique Catholique : il jaillit de
l’Eucharistie. De la même manière, la nouvelle Pentecôte que nous attendons partira du
Tabernacle.

• Une autre caractéristique est que le Renouveau charismatique catholique (catholique


= universel) s’enrichit de la communion des saints dans une profonde harmonie du Corps
Mystique du Christ, rassemblé autour de Marie. Marie était en effet là dans la chambre
haute avec les disciples (cf. Ac 1, 14). A Duquesne, elle était aussi présente. En témoignent
ces éloquentes lignes de Patti Gallagher Mansfield : « Souvent on me demande quelle impression
on retire d’avoir participé à ces tout débuts et de voir ce qui s’est passé depuis. Ma réponse est que je me
sens très proche de Marie, introduite dans le mystère de Marie et dans sa réponse à Dieu : un ‘oui’ qui
peut tout changer ! Marie a dit oui quand l’Esprit Saint l’a couverte de son ombre. Et vous savez ce qui
s’est passé ? Jésus est né ! Quand le Saint Esprit nous couvre de son ombre, c’est que nous avons dit oui
à Dieu et, d’une certaine manière, nous concevons Jésus. Maintenant, nous avons la mission de
l’apporter au monde4. » De la même manière que Marie était là avec les disciples au cénacle et
avec les retraitants de Duquesne, de même elle est aussi avec nous et prie avec nous pour
chaque effusion de l’Esprit. La communion des saints rassemble l’Eglise militante
universelle dans sa plénitude œcuménique5, l’Eglise triomphante et l’Eglise souffrante. Mais

1
Cf. Damian Stayne, Renouvelle tes merveilles. Des dons spirituels pour aujourd’hui, Paris, Éditions de l’Emmanuel,
2019, p. 49.
2
Humanae Salutis 23.
3
Cf. Patti Gallagher Mansfield, Comme une nouvelle pentecôte, dans : Collection « Il est vivant », Le Groupe de
Prière. Quand deux ou trois…, Paris, Éditions de l’Emmanuel, 1995, p. 17-25, ici : p. 17.
4
Ibid., p. 24-25.
5
Le Concile Vatican II dit : « Il ne faut pas non plus oublier que tout ce qui est accompli par la grâce de l’Esprit
Saint chez nos frères séparés peut contribuer à notre édification… tout cela peut contribuer à pénétrer toujours
plus parfaitement le mystère du Christ et de l’Église. » Unitatis Redintegratio 4.

2
je me concentre ici sur l’aspect qui m’intéresse le plus, à savoir que les saints noirs africains
ont aussi leur rôle à jouer dans ce Renouveau.

3. L’apport des saints noirs africains

• Lorsque j’ai commencé mes recherches sur les saints noirs, je me suis rendu compte
qu’il y en avait parmi eux qui furent de très grands charismatiques, thaumaturges et
mystiques. Pour n’en citer que quelques-uns j’évoque la mystique ghanéenne Teresa
Chicaba, Saint Benoît l’Ethiopien, le bienheureux libyen Antoine de Barqa et le
bienheureux malgache Raphaël-Louis Rafiringa dont le corps est encore intact. Leurs
biographies sont remplies de témoignages rapportés lors de leurs procès de béatification ou
de canonisation, témoignages qu’en tant qu’évangélisateurs, « forces d’élite au service de Sa
Parole » (Ps 103/102, 20. TOB), nous pouvons utiliser pour enrichir nos prédications et
enseignements. Ce faisant, nous relevons un triple défi : 1) nous honorons la communion
des saints et la Tradition 2) nous prêchons de façon plus concrète 3) nous proposons aux
chrétiens noirs africains des modèles qui leur parlent davantage.
• C’est avec bonheur que j’ai constaté, lors de mes recherches en hagiographie, que
Dieu donne aussi les charismes en fonction de l’environnement culturel. Saint Martin de
Porrès (métis dont la maman est noire) exerçait des charismes qui s’accordent parfaitement
avec l’univers culturel africain : traverser les murs, se rendre invisible, raccourcir les
distances, disparaître et réapparaître, bref, toutes choses dont notre imaginaire culturel
africain est plein. De tels témoignages dans la vie des saints ne manqueraient pas de parler
aux chrétiens africains dans la fine pointe de leur être culturel. De fait, l’Esprit Saint veut
nous assumer intégralement, c’est-à-dire, aussi dans notre être culturel.
• Au total, proposer des saints africains et des saints noirs aux fidèles du Christ en
Afrique noire, ce n’est pas manquer au rendez-vous de l’universel ou de la catholicité, c’est
proposer un christianisme incarné et enraciné. L’un des problèmes de la foi chrétienne chez
nous, c’est justement ce problème d’enracinement. Lors des prédications et campagnes
d’évangélisation, on est tout feu tout flamme, mais on se rend bien vite compte qu’il s’agit
de « gens d’un moment », de gens « qui manquent de racine » (Mt 13, 21). Naturellement,
proposer des saints noirs en exemples ne constitue pas toute la solution aux maux de la foi
chez nous, mais c’est un pas. Au moins, il rend manifeste que le christianisme n’est pas
qu’européen et que la sainteté n’est pas que blanche (comme veulent nous le faire croire
certains « débats d’intellectuels »), le christianisme est aussi africain et la sainteté est aussi
noire. Que les saints africains et tous les saints intercèdent pour nous. Amen !

Adéchina Samson Takpé


Vallendar, 08.04.2022

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