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pEs ScIENCES 77. A ASTRONOMIE. Du PASSAGE DE VENUS SUR LE SOLEIL} Annoncé pour Vannée 1761. Lirieiesst oberon defen paige, les Mémoires quil a occafionnés,, les Voyages quil a fait , Wappartiennent proprement quia THiltoire des amés 1759 & 1760. Mais puifque nous fommes, pour ain dre encore occupés de cet évenement, les détails qui y ‘ont mpport-ne peuvent étre qu’intéreffans pour Je Public, & uiles aux Savans qui fe propofent de faire des recherches & cet gud, "Académie a done cru ne pouvoir faire mieux, que de paler dis~a-prefent dans ce volume Jes pices qui ont été compofies dans Je temps quion difcutoit dans fes Affemblies mature & Futilié des Obfervations & des Voyages quil Sagilet de fire, nous allons en reprendre 'Hifloize d'un pew haut pour fa rendre plus intelligible. . pou P 8! Sifona totjours placé.au nombre des époques mémorables pour Thumanité celles des progr’s de Yefprit, rout ce qui doit Tous procurer des comnoiffances nouvelles, eft pour nous un évinement intéreffant & célébre. Tel étoit le paflage de Venus devant le difque du Soleil; prédit & attendu depuis plus d’un fale, il navoit jamais été obfervé depuis qu’on en connoiffoit Timportance ;c’étoit cependant dé toutes les obfervations aftro~ Domiques poffibles , ou du moins connues, celle dont on devoit efter a plus exacte determination des diftances & des volumes ds Panites;par le moyen de la parallaxe du Soleil. Mais avant de parler des ulages & des conféquences quion Pas tier dun puffage de Venus fur Je Soleil, il eft néceftaire Ki VelesMém. pages 43 & 232 Google $8 Histoire pe L’Acapémie Rovare de dire un mot de la chofe en elle-méme, & ind¢pendamment de toutes {es applications. Les plus anciens Aftronomes de I'F gypte avoient reconnu que Venus & Mercure tournoient autour du Soleil, il éoit difficile dene le pas reconnoitre pour peu qu'on obfervit Venus, forfquielle eft cans fon plus grand éclat; cette Plandte, le plus brillant de tous les Aflres, femble fixer tous fes yeux tantdt da bté du couchant, a entrée de fa nuit, tantdt avant le lever du Soleil & cla cdté du levant, jamais elle ne quitte fe Soleil, 8 ne.sen éloigne au dela de 4.5 degrés, jamais elle ne paroit oppofve au Soleil, & tout annonce aux Obfervateurs les moins inftruts, que le Soleil eft fe centre de fes mouvemens. Il y avoit trés-long-temps quiun Aftronome Arabe ayant confidéré plusattentivement Ja direétion & 'arrangement de ces orbites, cen tira cette conféquence affez naturelle, ce femble, & qui auroit da fe préfenter aux plus anciens Obfervateurs, fivoir que ‘Venus & Mercure devoient paffer quelquefois entre le Soleil & nous, de manitre 4 nous cacher une partie du Soleil ou du moins a y fuire une petite efpéce décliple, puifque Ia Lune quand elle eft nouvelle, & quelle paffe entre nous & Je Soleil, nous le cache totalement. En confiquence on sy étoit rendu attentif, on avoit cherché dans des jours de conjondion de Vénus & de Mercure, sil ne paroiffoit rien d'étranger fur le Soleil: on n'y avoit rien, apergu, & Yon étoit perliadé que kt petiteffe de ces Phandtes faffifoit feule pour tious empécher de es apercevoir fur tq ditque fumineux du Soleil. Lorfque Képler en 1627, eut dreffé, d'aprds les obferva~ tions de Tycho, fes fameules Tables Rudolphines qui repré fentoient avec une précifion infiniment plus grande quion ne Yavoit jamais fait, tous les mouvemens phnétaires, il fut trds= convaincu ae Vénus & Mercure devoient pafler quelquefois firr fe Soleil, & il (@ trouva méme en état daffigner les cir cconftances & Jes temps de ces fortes de phénoménes. Linven- tion des lunettes d'approche, qui depuis 1609 étoient connues de tout fe monde, rendoit Vobfervation tésailée; en conféquence Googl pes Sciences. 79 Képler publia en 1629 un petit Ouvrage latin pour avertir kes Aftronomes que Vénus devoit paroitre fur le Soleil en 1631 & en 1761. Il appeloit ces conjondlions des phéno- rmménes rares & furprenans, parce quien effet il voyoit ceut tuente ans d'intervalle entre un paflige & le fuivant, & que depuis plufieurs fidcles on ne fongeoit pas méme a la poffibilité dun pareil phénoméne. Ce grand homme mourut en 163 1, quelques jours avant fe patfige de Venus quil avoit annoncé; au relle, ce palfage mieut pas lieu cette année-Li, mais eulement en 1639, huit ans aprés. Un petit défaut de précifion dans les obfervations de Tycho & dans les Tables de Kepler, avoit écaité fon calcul de fa vérité; il trouvoit un paffige pour 1631, & il n'y en ext point;-il nen trouvoit point pour 1639, & il y en eut un: cette différence doit cependant trés-égére, car i tiie de 2 ou 3 minutes derreur dans fa latitude de Vénus, pour fire croire quelle toucheroit le bord du Soleil en 163 r, quoi- dans fe fait elle ne dat pas le toucher, de méme qu'il fuf- it de quelques minutes derreur, todjours du méme fens, pour faire trouver Vénus en 1639, un peu au dela du bord du Soleil, & par conféquent invifible. Gaffendi,un des plus célébres Philofophes de fon temps; oit 4 Paris en 1631, ob il rempliffoit une chaire de Pro- feffeur de Mathématiques au Collége royal de France; il s’oc- ‘eupoit quelquefois d’obfervations aftronomiques, & il ne négligea pss celle quion lui promettoit pour 163 1. Ceft dans une lettre 4 Schickardus,datée du mois de Décembre dela mémeannée, que Gaflendi raconte {es tentatives qu’il avoit faites pour cette ation, Suivant le calcul de Képler, cétoit pendant fa nuit que det voit arriver fa plus grande partie du paffage de Vénus fur le ‘Soleil; elle auroit commencé A y entrer un peu avant le couchee du Soleil, le 6 Décembre au foir, & en feroit fortie le 7 & deux heures du matin. Il n'y eut & Paris que quelques heures de beau temps pendant i journée du 7 Décembre 16315 Gaffendi en profita pour y chercher Vénus qui n'y parut point Goog le 80 Hisrorre ve vAcap£mre Rovare ni ce jour-la ni-le lendemain, & qui ne devoit point y pas roltre, quand méme le Soleil auroit été far Vhorizon , comme con {' reconnu depuis, Ce fut par un hafard eureux que les Aftronomes furent avertis du paffage qui arriva en. 1 63.9: Horoccius Aftronome anglois, qui pendant Teljace dune vie trés-courte, fit dans ¥ Aflronomie une multitude de trés-bonnes chofes, nayant alors fous fa main que les Tables de Lanfberge, avoit caleulé fur ces Tables une petite éphéméride des Mouvemens céleftess ces Tables de Lanfberge toient en général bien inférieures aux Tables Rudolphines de Kepler, il ny avoit pe méme de comparifon mais Lanfberge en avoit fait !4loge avec une efpéce d’impudence qui en impofoit encore plufieurs anndes aprés. Lierreur de ces Tables de Laufberge dwit de 1 6 usinutes far I lttode de Venus, mais cette ereur fe trouvoit dans un fens favorable, car elle faifoit trouver un paflige de Vénus précifément far le Soleil, au lieu qué les Tables de Kepler, beau- coup plus approchantes du vrai & ne sen écartant que de pea de minutes, sécartoient du cété du midi of b plus petite erreur fofffoit pour faire diparoitre le paffage de Venus. Les Tables de Lanfberge ayant done fait congoitre & Ho- roccius quil pouvoit y avoir un palfage de Vénus fur le Soleil le 4, Décembre 1639 au foir, il fe prépara a fobferver, & len donna avis a Crabirce fon ami qui doit & quelques lieues de fa. Les obfervations quiils firent Fun & Tautre ont été pu- Blides en 1662 par Hevelius, daprés un manuferit de Ho- xoccius qui étoit mort en 164.0; & M. de la Lande a inféré ces mémes obfervations dans la Connoiffance des Temps pour 11761, afin de fappléer & fa rareté des Ouvrages d'Hevelius. Le paige de Venus obfervé en 1639, fervit & ceux qui composérent des Tables aftronomiques dans fe dernier fice, & connojtre fe lieu du noeud de Venus, du moins a peu prés, & a déterminer auffi fi longitude pour ce jours on ne fone geoit point encore alors a en tirer dlautres avantages, : Ge fit M. Halley, le pls fivane Aftronome de Ange ferre, qui reconnut ea 169 1 un ufige important de ces fortes qui reconnut en 469 g¢ importans ctecnet Google pes ScrENCcES 81 Gobfervations, celui de trouver fa diftance du Sol a Terre, en nous faifant trouver fa parallaxe, Dans le Mémoire que ‘M. Halley publia a ce fajet dans les Tranfidtions philo- Gophiques de la Socicté royale de Londres, ace 169 1, il examine d’abord - Jes périodes des retours de Vénus fur le Soleil, tant dans fon neeud afcendant que dans fon nocud defcendant, ces périodes font de huit, de dix-huit, de deux cents trente-cing, & de deux cents quarante-trois ans, mais fa atitade de Vénus qui eft tobjours un peu differente a la fin d'une pétiode de ce quelle étoit au commencement, fait que fouvent il n'y a point de paffige de Vénus far fe Soleil, méme a fa fin de ces périodes, Par exemple, Vénus au bout de huit ans moins deux jours & fept heures, revient en conjonétion vers fon noeud defcendant ; mais le point de la conjonétion n’arri- ‘vant pas tout-d-fait vers le méme point de lorbite & & fa mame diftance du noeud, il arrive que Venus eft plusau nord d’en- viron 20 minutes; or le Soleil n'a que 32 minutes de diamétre: fi donc la premigre conjonétion eft arrivée 4 19 minutes du bofd feptentrional du Soleil, la conjonétion fuivante arrivera huit ans aprés au dela de ce bord, & il n'y aura point de paffige de Venus fur Je difque du Soleil. Par Texamen de ces périodes, M. Halley détermina pour Pees fidcles les années ot il arriveroit des paffages de Venus ir fe Soleil, & méme celles oft il avoit di en arriver ancien- nement, que on auroit obfervés fi Yon s'y fit préparé, ow quon en edt &é averti, Les années de ces paffages calculés & peu-prés par M. Halley , font, 918, 1048, 1161, 1283, 1291, 1396, 1518, 11526, 1631, 1639, 1761, 1769, 184 1996, 2004, 2109, 21173 mais nous devons avertir que dans ce temps-la, M. Halley ne connoiffint pas encore, comme on Je connoit aujourd'hui, le mouvement du noeud de Vénus, if a pa inférer dans fa lifte, des années oft il n’eft pas fir quit doive arriver des paffages de Vénus; il conviendroit de rehire ces calculs fur les nouveaux élémens que lobfervation du paffige de 1761 a procurés aux Aftronomes, Fil. 1757. L Google 82 Hrstoire ve v'Acaptmie Rorare M. J alle; , cans le Mémoire de 1 Sot, fat une remarque porta .te quill n'a développée que plufieurs années apres; if aventffoit que fi Vintervalle de temps entre les deux contaés intériews de Venus & du Soleil, & fon entrée & 4 fa fortie pouvoit étre obferveé a une feconde pris, en deux endroita choifis & fort dloignés Yun de Pautre, on en conclurroit fa panllixe du Soleil & un cing centitme prés + nous verrons bien-tét quill y a quelque chofe & rabattre d'une fi. belle efpé- rance jmais ld’ éoit heureufe & digne dee grand Aftronome. Ce fut dans un autre Mémoire , compolé en 1716, que M. Halkyy développa cette méthode finguliére de déterminer la diflance du Soleil; ce Mémoire fut inte Tranfadtions philofophi & dans les Actes de Lei de quelle manitre il en propofoit Nexécution, Les Obfervateurs placés dans I'Inde. vers embouchiire du Gange, verront Venus, dit M. Halley, entrer fur le Soleil quatie heures avant midi, ou du ebté de PCrient, 8 la verront fortir A quatre heures. midi du cété de POckident; puifque 4a parallaxe de Venus fasputte beaucoup celle du Soleil, étane trois fois & demi auf grande que celle da Soleil quand Vénus eft dans fon périgée, la parallaxe retardera Ventre, & aceélérera Ja fortie. de Vémus, ainfi fa durée du paffage de Venus, fe temps quelle doit employer & traverer le difque du Solel era plus court que sil n'y avoit point de parallaxe, comme il arri- veroit, fi on pouvoit obferver cette durée en fe plasant au cenire de a Terre. M. Halley chercha de méme fur fa furface dela Terre, un point oi ka parallaxe dit produire un effet tout contraire,ceft- adie, oit la durce dit ére plus petite que celle qui auroit Jiew pour le cenue de fa Tere:il lui falloit un endroit plaeé far un méridien oppo, Ceft-i-dire, dans 'Amcrique, & fitué de manitre que fenuce de Vénus fur te Soleil arrivit le foir avant le coucher du Soleil, & la fortie le lendemain matin ay Jever du Soled, dés-lors\effet de a parallaxe devenoit contraire: en ubuillant Venus, elle devoit accélérer fon entrée, retarder f& Google | ee eee DES SCIENCES 83 fore, & augmenter par conféquent fa durce du patage. M. Halley doit obligé pour cet effet de fuppoler fon Oblervateur aunord de Amérique feptentrionale, vers la baie d'Hudfon, afin davoir le jour affez long, & fa nuit affez courte, pour que entrée de Venus pit arriver avant le coucher du Soleil, & h fortie aprés fe lever du lendemain matin, Cet Aflronome cclébre dans toutes les parties des Mathé rmatigues & de fa Phyfique, iluflré par les idées fes plus heu- reals & par les plus belles découvertes, fut malheureux dans cete partie: il commit une double erreur, foit dans le calcul, fit dns fa uppofition des élémens qu'il employoit en forte que {erdhitat dont nous venons de parler ¢toit abfolument fautif, 8 Yun des Voyages preferits par M. Halley abfolument inutile. Lapremitre faute de M. Halley confiftoit & avoir tran(pofé Ie cece de ha htitude, & & Favoir placé dans fa partie orien- tulede fa figure, au lieu de le placer dans fa partie occidentale, brie quil fiifoit de 24 2.2! Vangle de Yorbite de Vénus fir Véquateur, au lieu de 144 3.6! qu’il devoit avoir. Lafeconde faute confiftoit & avoir fiit fa latitude de Venus 1 conjonétion beaucoup plus petite qu’elle ne devoit étre, & aide nia été réellement; car M. Halley ta foppofe dans fon Kimoire de 4, minutes, au lieu de 9 minutes & démie quielle Sefttrouvé avoir ; on peut dire, pour fa jultification, qu'il navoit ps alors daffez. bonnes obfervations pour la bien determiner, ims il @oit effentiel & fon travail d'examiner fi Verreur qui cit poffible dans ces élémens, ne pouvoit pas déranger toute Yeconomie de fon projet, & rendre trés-ingrates, comme il eft aivé,ls pofitions qui lui paroiffoient trés-favorables. Ce quily a de Frguier dans cette méprife, ceft que M. Halky touchoit, pourainfi dire, fans sen apercevoir a la remar- ‘que effentielle; if examine dans fon Mémoire ce qui devroit aatver, fila gtitude de Venus venoit & fe trouver de 4. minutes hs petite, SM trouve que Vobfervateur de fa baie d'Hudfon rimauroit que plus davantage. Sil ett examiné fe cas oppofe,, tomme cela fembloit étre naturel, & confidérd cc qui devoit tnrver en fappofint Yerreur de fautre fens ,’& fa latiwude plus Lij Google 84 Historre pg vAcADEMre ROYALE grande de 4, minutes que dans fon calcul, il auroit trouvé-qué dns ce casi il falloit éviter la baie d’Hudfon, bien loin de fa regarder comme une flation des plus favorables, & quill falloit prefqu'en prendre les antipodes. Il n'y a ew performe pendant quarante ans qui ait fongé a examiner fa chofe dapr’s un_homme auffi exadt & auffi favant que M. Halley, pour qui Angleterre & fa France avoient une égale véngiation, & qui patioit méme en fat de caleul pour ne stire, tai Ise M. de'lile, aujourd'hui fe Doyen de tous les Aftronomes, & méme de toute l'Académie, & dont fe 2éle a Aé tant de fois utile au progrés de cette (cience, n'a jamais manqué aux approches des phénoménes intéreflans dans I'Aftronomie, de publicr des avcrtifiémens dans lefquels on pit trouver tes inftruétions néceires pour fe préparer & Tobfervation, pour choifir les meilleures méthodes & tes inftrumens les plus convenables; voyant approcher fe temps oi il falloit fe mettre en route pour profiter de cette belle circonftance, il fongea & racer une figure générale de tout le globe far laquelle chaque gays pit voir le degeé davantage quiil auroit dans cette obfervation; il conftruifit une mappemonde far laquelle il défigna par des cercles tracts fuivant une méthode qui Jui ¢toit parti- culigre, Pheure & la minute & laquelle chaque fiew de ba’Terre devoit voir Ventrée & la fortie de Vénus, en tenant compte de Fetfet des parallaxes. I] avoit deja. donné fexplication & les fondemens de f méthode & loccafion du paffige de Mer- cure anivé au mois de Mai 1753, quib-evoit annoncé par une femblable mappemonde & ‘avec hr méme étendue. Ontrouvera dans ce Volume (page 242) une mappemonde de cette efpece, tracée par M, de la Lande, pour fe patfage de 1769, avec lexplication & les fondemens de la méthode par laquelle on peut conftruire cette figure. 'M. de f'lile, en tracant cette: mappemonde (@ propoloit de pouvoir afligner & toutes les Nations qui pofsédent des co- Jones ou des habitations fort cloignées, les endroits ot il pouvoit Y avoir quelque utilité 4 obferver fe paffaye de Vénus, non Google pes Sciences 85 failement par Ja méthode de M. Halley , en comparant deux durées inégiles du paffige entier, obfervées en deux endroits différens, mais encore par une méthode quill avoit reconnue aire quelquefois préférable 4 Vautre. Voici en quoi elleconfitte, Lorfquun Obfervateur Voit entrer Venus far fe Soleil dans ha partie orientale du ciel, cefl-i-dire, avant midi, la parallaxe retarde cette entrée, & fa diffrence peut aller 47 ou 8 mi- nutes de temps. Si dans le méme inftant, un Obfervateur fort Gloigné de Vautre voit le Soleil prét a fe coucher, cett-a-dive, dans la partie occidentale du ciel, lx parallaxe accélére Ventre & la fait paroitre plus tt; In difference peut aller ayffi 4 8 minutes: ainfi le pays le plus oriental qui voit Vénus 3on cou- chant, verra entrée 16 minutes plus tOt que le pays fe plus occidental, indépendamment de la diffvrence des méridiens ou de {a fituation des liewx en longitude, qui fait quion comptera ept a huit heures dans Yun de plus que dans l'autre. Il ne sagit pas, dans cette méthode, de comparer fa durée du paffage obfervé en deux pays différens, ce qui fuppofe quatre obfervations qui folent toutes rigoureufement exactes , fivoir, Fentrée & la fortie dans les deux endroits; il ne sagit que de la ule entrée obfervée tout-i-la-fois dans les deux pays. En & contentant de ceci, Yon trouve une plus grande facifiré 2 choifir des pofitions avantageules; on peut mettre a profit des fituations qui auroient éé inutiles en sattachant & la mé thode de M. Halley. il eft vrai que bs méthode quy a fabltitué M. de Mffe, fippofe quion connoiffé fa différence des méridiens entre les deux obfervatoires. Toute Verreur commie fur cette difference des méridiens, tombe fur 1é réfultat que Yon tire des obfer- vations; mais ce feroit avoir beaucoup fait dans une circonftance auffi rare que de niavoir plus & connoitre qu'une longitude géographique dont on pourroit s'affurer & loifir dans tous tes temps: dailleurs on ne peut guére fé tromper de plus de 10” de temps far une longitude gcographique; or 10 fecondes fur 18 minutes ne font pas un centi¢me du total: on auroit donc parcene voie, en choififant les pofitions les plus avantageules, Lif Google 86 Histoire ve vAcapémie Royate Aun centiéme pres, la purallaxe du Soleil & fa diflance de toutes les Plandtes au Soleil: M, Halley efperoit cette determination & un cing centiéme és quil fappofoit une précifion dune feconde dans ‘chaque obférvation; inais cette precifion d'une feconde, qui eft {a plus grande poffible, {uppole toutes les circonflances favo- mables, Tair calme & ferein, le Soleil bien terminé, Vattention la plus fixe, les onganes les micux prépards, les Junettes {es "mieux ajuftées, fa fituation la plus commode, un filence profond; Je moindre inconvénient peut nous faire perdre cet extréme degré de précifion, & cependant il faut avoir quatre fois tout tentier pour efpxrer, comme fiifoit M. Halley, de connojtre 4 un cing centiéme la parallaxe du Soleil par cette obfervation. Nous nous bornons & croire qu'on devroit avoir cette pa- rallaxe 3 un centigme pris, & nous fuppofons méme pour cela quon connoitra fa diffrence des méridiens avec une précifion environ 10 fecondes jl faut pour cet effet au moins trente cobfervations, tant chi premier fitellite de Jupiter, que des Etoiles qui auront &é obfervées fort pris de fa Lune, & dont on aura determing fa diffirence dafcenfion droite avec cette Phanéte; il faudra peut-étre paffer bien du temps dans un pays étranger our obtenir un pareil nombre de bonnes obfervations, aux- quelles on puiffe efpérer d’en wouver de correfpondantes en ‘Europe, mais fans cela il faudroit abandonner Ja feconde mé- thode & recourir a celle de M. Halley, qui exige des fiewx ‘8 Yon puiffe avoir la durée toute emicre du paflage, ceft dire, Fentrée & la fortie de chaque cété; alors on eft affranchi ide la néceffité de connoitre la difference des méridiens, & Yoblervation feule du paflage de Vénus ta donne elle-méme avec toute la précifion poflible, En effet, lorqu'on connoit "heure de chacne des quatre obférvations avec ia latitude du fieu ot elle a €é faite, on trouve facilement Ja hauteur du Soleil, ta parallaxe de hauteur du Soleil, en fappofint connue la parallaxe horizontale, & Yon calcule {es temps qui répondent 4-ces parallaxes, ceft-a-dire, les corrections quiils exigent pour les réduire au centre de be Terre. Google DES SCIENCES 87 Si aps avoir fait ces quatre rédudtions, Yon trou dks dunées obfervée & réduite au centre de la Terre, diff de Tautre, on eft affuré que fa parallaxe du Soleil employée dus Je calcul eft pas exacte; & Von fait varier La fuppo- fon de cette parallaxe jufqu’a ce que les quatre comreétions ant appliquées aux obfervations pour les réduire au centre, on ait a méme durée de part & d'antre: on eft alors afluré de comnoitre la parallaxe du Soleil, S In diffrence entee les ux momens d’entrée ou tes deux momens de fortie, réduite weentre de la Terre, donne la différence des méridiens entre {es deux Obfervateurs. Ayant examing Yavantage qu'il y avoit dans chacune de ces + M. de File youlut mettre les Aftronomes 4 portée de profiter de Tune & de Mautre, & ce fut Fobjet ek mppemonde quill publia au mois d'Avril 1760. La difpoftion ingénieufe de cette Carte mérite bien qu'on s'y arréte tn moment, quoiqu’il fot top Jong dle donner ici une ide dss principes fur lefquels elle étoit conftruite, On voit dabord fur la mappemonde de M. de I'Ifle, que le premier de tous les lieux de fa Terre oft fon peut apercevoir tenurée de Venus far fe Soleil, eft fitué dans Je milieu de fa mer du Sud, fous le tropique du Capricome, vers deux cents ing degrés de longitude, affez pris des ifles viies par Quiros en 1605, appelées ifle Vefpera, ifle Aurore, ifle de Piques, Comme c'e(t au coucher du Soleil oit arrive cette Premiére entrée, il y auroit quelque rifque & fe tran{p ‘eaflement dans ce int unique defigné par le calcul, eae de point le plus avantageux, on craindroit qu’une Jégere erreur dus le calcul, ou Vobftacle phyfique des vapeurs de ‘horizon re rendit le Voyage inutile. Ls pays oft fon verra ce paffage deux minutes plus tard, font tous renfermés dans la mer du Sud, & préfentent une itude difles peu connues, mais oti il roit cependant tres Pofible de fe tranfporter. A4 minutes on tombe dans fa Californie: 4 6 minutes, as ks teres nuftrales de fa nouvelle Hollande & de fa now: Google 88 Hrsrorre pe vAcADEMTE ROYALE vyelle Guinée, & dans la nouvelle Albion au nord du nouveau ‘Mexique; 4 8 minutes, dans le nord du Canada vers fa baie d'Hodion, & fa terre d'Yeso prés du Kamt(chatka, extrémité i PAfie; i 10 minutes, on a le Japon & une partie ites, on trouve Batavia, Pckin, Yakoutsk en Sibrie & tous les déferts de cette vafte contrées 4 14 minutes, Torne’ en Lapponie, Tobolsk en Sibcrie, Pon dichery dans les Indes, 8 tous les pays intermédiaires de YAfie; enfin & 17 minutes plus tard, entre la Mecque & fe aire en Egypte, on trouve le dernier de tous fes points de ha Terre ois fe verra Lentrce de Venus fur le Soleil, & cela 3 fon lever. *- Ainfi deux Obfervateurs fitués Van & fle de Piques, & Yautre a fa Mecque, trouveroient une difference de 17 minutes dans le moment de Ventrée de Vénus, indépendamment de fa difference des méridiens qui eft de pris de douze heures, 8 ces deux flations rauroient pas été abfolument impraticables. On tronve nine fembluble diffrence pour la fortie de Vénns, en choififfint d'autres points. Le premier lieu de la Terre oft Yon verra la fortie, eft fitué dans la mer qui épare !’Afie de YAmeérique, au dela du Kamchatka; 2 minutes plus tard, cce fera au Japon & dans f Sibérie, a Nertfchinsk & a Yakoutsk; utes, on trouve fa nouvelle Guinée, Siam & “Lobolsk ie; 4 6 minutes, on a Batavia, Pondichéri, Mpahan & Berlin; & 8 minutes, on a Alep, Naples & fa plus grande partie de la France; 4 12 minutes, Ville de Bourbon, Mada- gricar, les ifles du Cap-verd; a 1.4. minutes, la cdte de Saint- Paal de Loanda en Afrique; & 15 minutes, le cap de Bonne- efpcrance & toute i céte occidentale de Afrique; enfin & 17 minutes, on trouve le cap des Terres auftrales, les ifles Alvarez & de Triflan fituces vers le premier meéridien, & go degrés de latitude méridionale, Ainii fon auroit encore une nouvelle difference de 17 mi- nutes entre deux Obfervateurs fitués Yun au Kamchatka, 8 Fautre au cap des terres auftrales, & une diffrence de 12 mix ules entre Tobobk en Sibérig & Lifle de Suime-Hdlene. Isen Google pes Sciences Ti sen faut beaucoup qu’on obtienne dlaufli grandes rences en sen, tenant 4 fa méthode de M. Halley qui n'em- ploie que les durées: il faut, pour trouver 12. minutes de difence, avoir un Obfervateur 4 Tobolsk, & un autre a faLoutt de fa nouvelle Hollande, pays inconnu & qui n’ett feéquemé aGtuellement par aucune Nation, Ainfi fe paflage 1761 promet autant davantages & une facilité beaucoup pls grande en sattachant & une feule phafe, pour avoir une diffrence de 16 4 17 mimutes entre {'Afie & fa mer du Sud pour fentrée, entre Je cap de Bonne-efpérance & Je nord eAle pour fa derniére phale. Cettainfi que M. de I'Ifle mit fous les yeux de!’ Académie 11760, h pitce fa plus décifive dans Ja queftion qu'on agit, un tableau far lequel il fafioit de jeter les yeux pour wir dun coup deel tous les pays oii il y avoit de Favantage Loblver, & la mefure de cet avantage dans toutes les mé- tindes & dans toutes les fuppofitions poffibles, M; le Gentil oit parti pour les Indes dés année 1759 3 ily avoit dans tous Jes’ cas un avantage manifefle i fe tranfporter en un lieu of Yon verroit certainement fa durée catitre de ce paffige, oft on trouveroit un terme de compa- nifon pour toutcs Ics autres obfervations, ob Jon verroit le rmilien du paffage arriver prefque au zénith, of Yon auroit ‘enfin plus d'une occafion de faire, pour !'Aftronomie & fa Glogrphie, d tiles obfervations. L’Academie impériale de Péterfbourg chargea, au mois de Mus 1760, M. Muller fon Secrétaire perpétuel, de demander i fAcadémie des Sciences de Paris, sil feroit poflible & quel- qlun de nos Aflronomes de fe tran(porter en Rutlie, pour alr, fous les aulpices de I'Impcratrice, oblerver le patfige de Vénus dans Tendroit quon eftimeroit fe plus convenable ‘entre tous les Gtabliffemens de la Sibérie. M. l'abbé de la Caille, qu M: Muller s'adrefia, en fit fa propofition a l'Académie; 1M. Pingré & M. Chappe témoignérent beaucoup dempreffe- sent i remplir les intentions de la Compagnie, fi Ton jugeoit fe voyage utile, Ils étoient les feuls Aftronomes qui n’suflent Hil 1752. M Google ‘Vi tesMéms p32 ‘90 | Hisrorré pe ’AcApEmre Rovare Pas encore voyagé pour I'tilité de 'A (tronomie; ils convinrent entr'eux que M. Yabbé Chappe iroit en Ruffie, od il devoit atre fecondé par les aftronomes de Péterfbourg, & que M. Pingré fe réferveroit pour un autre voyage dont nous allons parler. ‘Au mois de Mai 1760, M. de fa Lande fut un Mémoire for cette matizre, dans lequel il sétendit for Vavantage quit y auroit 4 placer un Obfervateur en Afrique far-tout & la cBte occidentale, appelée communément fur nos cartes fa céte de Cafrerie. Cette céte, far une éendue de plus de fix cents licues ; depuis te cap de Bonne-efpérance jufqu'a cap Nagre, éoit placée far un méme cercle de fortie dans la mappemonde de M. de Vlfle: ce cercle diffiroit de plus de 14 minutes de celui qui paffoit A Tobolsk, & de 9 minutes de celui de Pon- dicheri & du milieu dle Allemagne; ce qui offroit un avan- tage confidérable pour déterminer ta parallaxe au moyen de la fortie de Vénus: en fuppofant que les aftronomes Rules puflent pénéirer jufqu'au Kamtichatka, extrémité orientale du continent de f'Afie, comme on Vavoit projeté, on trouvoit prés de 1 5 minutes dont le moment de la fortie y devoit arriver plus t6t qua fa cdte d'Afrique. Diaprés toutes ces obfervations, M. de 4a Lande concluoit que le voyage d Afrique Git le pe ule de tous, que fans lui on perdroit prés des deux tage quil y avoit & efperer dans ces oblervations ils Sovak méme, en finiffant, contre findifference de ceux qui pour- roient négliger une circonftance 2uffi importane, autfi. pré- cieufe, auffi rare; un moment que le fitcle paffé nous envioit, & dont Favenir nous fauroit mauvais gré de n'avoir pas profité, Sur Ia propofition de ce voyage, M. Pingré soffrit de nouveau avec courage pour Hentreprendre, & il fut décidé won écriroit en Portugal & en Hollande, pour favoir laquelle Ue ces difftentes ftaions fot lx plus praticable, en fuivane e commerce ordinaire des deux Nations qui fréquentent ces pages ‘on recut divers avis qui annongoient, de part & ‘autre, bien des obftacles, Googl pes Screeners on Aw mois d’Aoit 1760, M. Pingré defirant Pavoir enfin une décifion du Miniftre & de Académie fur fon départ, & far le Tiew de fa deftination Académie chargea M. Vabbé de la Caille & M. de Chabert, tous deux Aftronomes & Navigateurs, trés-capables par conféquent de juger de la potfi bilité & de Votilité des différens voyages projetés, d’en indi- quer les moyens, & déen fixer le choix. 'M. de Chabert fit fon rapport le 20 Aoiit, & parut ine ‘diner pour fa céte de Guinée, oft les Hollandois ont de nora- breux_établiffemens; defirant néanmoins que on demandit 4 la Cour de Portugal fa permiffion doblerver dans fes éta- mens, pour le cas oit M, Pingré trouveroit quelque pofli~ bilité, lorfquiil feroit en Afrique, daller jufqu’a S.* Philippe de Benguela ou a S.' Paul de Loanda, En effet, M. de Chabert convenoit, auffi-bien que M. de ka Lande, que ces comptoirs Portugais, fitués & la.cdte occi- dentale d'Afrique, un peu plus haut que le cap de Bonne- efpérance, Goient les mieux placés pour obferver Venus, & que M. Pingré trouveroit des reffources & des ficilités con fidérables dans des établiffemens folides & fréquentés; mais if Goit difficile d'y aller fans patfer auparavant au Brefil, parce que ceft dela qu’on va fiire la traite des Négees en Afrique, M. de Chabert obferva de plus que Tair eft ids -maw far-tout 4 Benguela; ceux qui vont y faire la trate des Négres, y ourent le moins qui eft poffible, & ne couchent jamais 4 terre; un paflige fubit du froid au chaud, des brouillards Gais & des ‘vapeurs infeétes, des alimens mauvais, des ma- Jadies cruelles, en rendent le {jour affreux. & Jes approches redoutables, Ce n’eft pas que M. Pingré fat effrayé par kes dangers; il témoigna publiquement quiil foubaitoit que !Aca- démie ne fit entrer pour rien dans fa délibération Jes rifques qui lui feroient purement perfonnels, & ne s‘occupat que dia Bien de la chofe & du plus grand avantage de fobfervation ; mis il y a trop de connexion entre fa fanté du voyageur & le facets du voyage, pour qu'il fit poffible d’oublier la premiére, gqod méme Sbumanté& les fenimens pefonnels pow un j Google 92 Hisrorre pe w'Acapémre Rovace confrdre qui nous oit auffi cher, ne fe feroient pas oppofés un empreffément trop courageux, & une indifiérence trop philofophique pour les dangers. La céte de Guinée parut donc en effet devoir étre préferée; Jes yai(feaux Hollandois, qui partent au mois de Janvier, y arrivent au mois de Mars: M. Pingré y auroit eu le temps de fe préparer & fon obfervation, & peut-étre de revenir avant Pautomne par les vaiffeaux Hollandois, qui vont de 'Amérique ala cote de Guince faire fa traite des Nagres. Ss" George de la Mina, fitude 4 5 degrés de latitude nord, & 3 degrés A occident du méridien de Paris, donnoit 10 minutes de diffrence avec Tobolsk, quantité affez. contidé- rable pour trouver fa parallaxe 4 un quart de {econde prés 5 diailleurs M. de Chabert remarquoit futilité qu'il y auroit & diterminer fa longitude de quelques points du golfe de Guinée, comme Juida, l'fle du Prince ou l'fle S.'Thomé, pour fixer Ja pofition de ces parages, qui font uésfréquentés, & dont {a fituation eft encore mal connue: enfin fa faifon des pluies nirrive quau mois de Juillet fur la céte de Guinée; au fiew que plus bas, & du cété du cap de Bonne-efpérance, les pluies, {es ouragans & Jes brouillards y font fréquens au mois de Juin. Les difficultés qu'on ¢prouve dans un pays étranger, influent prefque todjours far fa nature des travaux qu’on y exécute, &, toutes chofes égales, un Francois doit fouhaiter de pouvoir obferver dans des établiffemens Francois, o§ Vautorité royale appuie & fotitient fes entreprifes, oft rien ne peut fui man- quer de tout ce qui contribue au faccts de fes recherches = FAcadémie confidéra que Yifle Rodrigues, fituce dans focén Ethiopique, 4 61423 Forient de Paris, ou 814 de longi- tude, & vers 194 2'de latitude méridionale, offrolt un avare tage de plus que les cbtes d'Afrique; on pouvoit efpérer d' voir Tentrée & la fonie de Venus, & par cette dare toale, trouver fa parallaxe du Soleil fans aucune fuppélition de Jongitude; on favoit auffi que le ciel a cofitume détre plus beau & fifle Rodrigues que fir fa cbte de Guinée dans le mois de Juin; de plus, cette ifle, quion eft obligé de reconnoitre Google | . pes SCIENCES dans le voyage des Indes, minée; enfin on étoit fir d'y arriver’a temps {ar les vaitfeauxe de la Compagnie des Indes, fans ire obligé dattendre le i ficcis d'une négociation dans les Cours étrangtres. On fe ! détermin done enfin pour lifle Rodrigues cette petite ifle, fituée 4 Forient des ifles de France & de Bourbon, eft connue par le four que Léguat & fés compagnons y firent autrefois, & par fa defcription de Wolphert Hermanfen, rapportée dans . le premier volume des voyages de la Compagnie ; elle a &é appelée mal-i-propos par quelques auteurs. ifle de Diego Ro- digués : celle-ci eft une autre iflefituce beaucoup plus & Forient , aL degré de latitude fad, & A 9 1 degrés de longitude, * M, de Thury, dans le Mémoire 16 & la rentrée publique V. tes Mem. de PAcadémie, le 12 Novembre 1760, annonca le choix P- 325: que Académie avoit fait des Obfervateurs, & des licux de leur deftination: ceft~a-dire, le départ de, M. Chappe pour Tobolsk, & de M. Pingré pour lille Rodtigues. M. de Thury fit remarquer dans ce Mémoire, que Tobolsk eft une ville confidérable de lempire de Mofeovie, capitale de ka Sibérie, dont fe voyage eft facile, & dans laquelle on trouve toutes les commodités néceflaires pour Vavantage des obfervations, M. de I'lfle y alla en 741, & M. de fifle de h Croyére y étoit allé dea en 1734, dans Yefpace de ving cing jours, en traineau; tout cela annongoit beaucoup de faci= lié pour M. Yabbé Chappe, & juftifioit le choix qu’on avoit fit de cette ville pour y obferver le paflage de Venus. A Végard de tObfervateur, M. Tabbé Chappe s'étoit fait ,— eonnojtre avant fon entrée dans I'Académie, par un long tra~ wail g6ographique entrepris & exécuté par ordre du Roi, dans ss environs de Bitche; par une trés-bonne édition des Tables atlonomiques de M. Halley avec des additions, & méme pr des obfervations d'Hiftoire Naturelle. M. Pingré, plus ancien dans I'Académie, étoit encore plus ‘anciennement connu, par fes favans & pénibles calculs de Fetat du Ciel, ouvrage aftronomique quilla donné pendant plufieurs + Voyez le Ditionnaire géographique de la Mae au mot Me. ii Google po Histoire De vAcapémre Rovate depuis ce temps-li, une multitude d’ ‘obfervations 8 de Mémoires altronomiques donnés a !'Académie, un grand ‘Tiaité far les Cométes, dont on prépare limpreffion, avoient appris a !’Académie combien il eioit digne de la confiance da ‘Miniftere & du Public dans une affiire importante qui exigeoit un Aftronome hnborieux &-confommé. M." les Supérieurs * de la Congrégation de France ont bien voulu facrifier pour tun efpace de dix-huit mois, un confrére qui leur étoit trés- , on pourroit dire nécefliire, en ajottant que M. Pingré étoit, depuis plufieurs années, Bibliothécaire de fa maifon de Sainte-Genevieve a Paris; mais dans une Congregation pleine de fcience & de mérite, il cot difficile quune entreprife acad@mique, formée pour le progrés des Sciences, piit trouver des Sales po ' p Liifle Rodrigues pour laquelle M, Pingré partit au. mois OAobre 1760, eft une petite fle cultivée par vingt Nigres fous fe commandement dun Officier, on y ramatié ‘beaucoup de tortues de terre, & Yon y va fréquemment de Tifle de France & de l'ifle Bourbon. Suivant le calcul de M. de Thury, le conta intérieur de Venus a fon entrée fur le Soleil, a di'y arriver une demi-heure aprés le lever du Soleity ent forte que M. Pingré pouvoit efpérer davoir dans cette ifle une obfervation compléte, Ventrée & Ia fortie; & comme nous favons dit ,’éoit une des principales confidérations qui avoient déterminé fe choix de lifle Rodrigues. Une entreprife autfi pénible, auifi dangereule, auflirebutante, ne parut A M, Pingré wun voyage agréable; & il fe préparoit a partir feul fans lemander que perfonne allit partager fes travaux; 'Académie Je prévint,.& tofjours fecondée, fous le miniftére de M. de 8. Florentin, avec une générofité & une confiance dignes des fumizres qui environnent le tréne, elle obtint aifément que M, Pingré auroit pour adjoint M. Thuilier, qui s'exergoit depuis quelque temps aux obfervations aftronomiques, & qui folictoie et emploi comme une occalion de faire connoitre fes talens 8 fon zéle, M, deThury infiftoit aufli dans fon Mémoire, fur la néceffité Google Secremere 5 employer depart & dare dans ces obfervations des fanetcs deme grandeurs, afin de ne pas impliquer dans ladiffévence des phénoménes que Yon doit obferver, celle des lunettes différentes qu'on y feroit fervir; auflt M. Pg & M. Chappe emporterent des lunetts de five 3 di pt pieds, tandis que ls Attronomes fe propofoient d'obferver & Paris avec des fu- nettes pareilles pour que tout fat gil entreux, & fe pafSit dans une parfaite correfpondance, Dans le temps ot Ton parloit encore des premiers projets dun voyage en Afrique, il fut aufli beaucoup queftion de la mer du Sud oi il edt &é utile de pouvoir obferver le pallige de Venus, M. de la Lande infitta beaucoup a ce fajet dans y.tesatém. fon Mémoire du 14, Mai 1760, mais il avouoit que ces ifles p- 247+ vient fi mal connues & fi peu fréquentées, qu'on ne pouvoit efpérer que difficilement d'y placer un Obfervateur. CCependant favantage de la Geogr bie quielt trés-imparfaite jol ilité du paflage de Venus, ss éclairciffemens & ce {ujet. ifleaux du Roi, fappléoit alors em Fabfence de M. de Bompart, aux fonétions de Garde des journaux & plans de la Marine, i fut & portée de donner & intéreflantes, ties de ce magnifique V.tes Mém. depét, & en particulier de fa relation du voyage fait en 1595 P49 par le Général Alvaro Bendaiio de Neysa, qui commandoit quatre vaifleaux Efpagnols, équipés pour fa découverte des itles de la mer du Sud. Ce Général découvrit quatre ifles trés-agré- ables & trés-peuplées & onze cents lieues de Lima, a 10 degrés de latitude fud, & 136 degr’s A Foccident de Paris, ou 244 degrés de longitude géographique ordinaire, il trouva les btes trés-flres , les habitans doux & traitables un port commode, & tous les rafraichiflemens néceflaires, ces mémes ifles fe trou- vent fous le nom de Marguifes de’ Mondoga dans la carte qui accompagne [Hifloise des navigations aux terres auftrales,, Br M. le Prfident de Broffes. M. de Chabert fouhaitoit, auffi-bien que Académie, de Powoir obtenir de {'Elpagne une expidition aftronomique vers Google 96 Hisrorre pe v’Acapémre Rovare Guelques-unes de ces iffes, luieméme soffroit 3 aller dans Fifle de Chypre, oit il edt été avantageux avoir auffi une obfer- vation ; mais les deux voyages dont nous avons parlé, furent les feuls que le temps & {es circonftances permirent d'effeStuer. ‘Quatre Nations favantes imiterent Je zele de 1a France; Angleterre avoit deja annoncé dans les nouvelles publiques le depart d'un Obfervateur pour ! Amérique feptentrionale, lorfque la carte de M. de Ifle lui ayant appris l'inutlité de ce voyage, elle changes Gi deftination , & envoyaa lifle de Sainte-Hééne. Un Aftronome Anglois sembarqua auffi pour aller aux Indes, 4 Bencole ou Bencouly dans l'ifle de Sumatra; mais lesdangers de fa navigation en temps de guerre, que cette fitre nation croyoit ne pouvoir étre que pour nous, déconcertérent cette fois fon projet, le vaitfeau fut attaqué, defemparé de plufieurs agréts, & ne put arriver quau cap de Bonne-fpérance. L’Académie des Sciences de Stockolm, envoya des Aftro- nomes en Laponie, & en divers endroits du nord de ta Suéde, avec de bons inflrumens, le roi de Danemarck envoya a Drontheim en Norvége , & I’ Académie de Péterfbourg dépécha julque far les confins de fa Tartarie & de la Chine, od empire de Ruffie {¢ termine dans des foréts & des montagnes dont nous ne connoiffons prefque que Jes noms. ine nous refte plus qu’a parler del ufage & des conféquences ww’on doit tirer de ces obfervations ,c’eft-a-dire , de lutilité quion # propofe den tirer: nous avons dit en commengant que le paffige de ‘Venus far le Soleil, étoit de tous les phénomines céleftes, celui dont on devoit efpérer fa plus exadte determina- tion de la diftance du Soleila la Terre, prefque toute {’Aftrono- mie {uppole cette diftance connue. La grandeur des orbites de toutes les plandtes, fa théorie des éclipfes, la connoiffance des maffes, des volumes, des denfités, des diamétres de tous les corps ccleftes, tiennent & fa parallaxe du Soleil, & par conféquent & Yobfervation dont il sagit. Une des plus belles découvertes que la connoiffance de Yattraétion ait procurée aux Aftronomes eft celle des denfités intéricures de toutes es Planties; nous favons, par exemple, que Google pes Scrences 97 que les dentfités ou les pefanteurs {pécifiques du Soleil 8 ‘de Jupiter font égales, tandis que Sauume, plus poreux & plus ger, a une denfité beaucoup moindre, leur rapport eft a peu prés celui du bois avec Yeau; la Terre, au contiaite, eft plus denfe que le Soleil, 4 pew-prés cofnme Lantimoine felt plus que l'eau. Ces calculs dont l'objet femble placé fi loin de la portce de nos recherches , nous font connoitre les mafles & les forces de toutes les Planétes, mais ils font fondés fur fa parallaxe du Soleil, c'eft-a-dire, qu’ils dépendent de fa diftance; on fait par exemple, que la Terre a cent foixante-dix mille fois moins dematizre, moins de force que le Solel; mais ceft en fuppofant ka parallaxe du Soleil de 1.0 fecondes comme ona cru jufquiici; fifon diminuoit feulement de 2 fecondes cette parallaxe, il fauhvit di Ja waffle de la Terre d'une toute cutive. A quelles erreurs n’aurions-nous pas été expofés, en calculant Jes derangemens des Planites, & leurs attractions réciproques , fans cette méthode exacte pour trouver fa vraie diflance du Soleil, que fourniffoit le ‘moment du paffage de Venus? Que ne devoit-on pas entreprendre & la vide d'un événement fi rare dont les avantages néyligés une fois, ne pouvoient plus étre compenfés ni par les efforts du génie, ni par fa conftance des travaux, ni par la magnificence des plus grands Rois? Aprésavoir écrit lhiftoire du patfige de Vénus, on exigera fans doute que nous faffions fentir d'une maniére fimple & ee de tout calcul, quelle ctoit la néceffité davoir des ol teurs fi Cloignés , & de quelle maniére leurs obfervations nous conduifent a connoitre {a diflance du Soleil: voici done en peu de mots fa marche qui conduit & cee utile déter- ‘mination. Lorfque Vénus paffant entre le Soleil & fa Terre, fe trouve phoée de fagon quelle nous paroiffe toucher exactement le bord du Soleil, le moment de ce contact des deux bords peut soblerver avee beaucoup plus de précifion, & environ trente feis plus exaétement quaucune diftance & quaucune autre poltion de Venus dans fe ciel. ‘Au moment ob Ie filet de lumizxe qui féparoit les dewx Hie 1757. Bs Google 8 Histone pe vAcapEmie Rovace fords vient & difarotre, on eft affiré du contact, & fon ne peut guére sy tromper de 2 fecondes, fi toutes les circon tances font fivorables & toutes les précautions bien prifes. Tel eft donc favantage unique de cette circonflance, celt qualors on obferve avec la précifion de fa dixigme partie d'une feconde de degré, une diflance far laquelle on pourroit dans tout autre ‘as fe tromper de pluficurs fecondes. Lorfu'un Obfervateur voit & Paris fe bord de Vénus ré pondre exactement fur fe bord du Soleil, & le toucher celui qui eft placé dans une autre partie du monde, y apergoit né- ceffiirement un petit intervalle, parce que le Soleil étant plus loigné de nous, & par-deli Venus de plus de dix millions de licues, le rayon qui paffe par les deux bords des plandtes , & qui paffe auffi 4 Paris dans Je moment oii jes deux bords y puroiffent fe toucher, ne pale point dans les aunres parties ‘du monde, Nous remarquons fort fouvent dans les campagnes, tune tour femble en toucher une autre qui eft beaucoup au as fi nons formes fitucs dans leur alignement; mais pour peu qu’on séearte & droite ou & gauche, on commence a les voir {éparces Hune de Fautre: cet effet, qui f€ nomme la paral daxe, a tien également dans le ciel; & comme il eft dautant plus confidérable que Yun des objets eft plus pres de nous, une parallaxe plus ou moins fenfible, toutes chofes dailleurs. égiles, eft trés~propre & nous faire juger de la diftance de Febje qe prow. Ainfi ta feule opération quion ait a faire pour connottre Tdoignement de Vénus, eft de chercher combien Vénus a para ttre encore diflante du bord du Soleil pour les pays lointains, dans le moment oi elle le touchoit exactement, vie de Paris ou, ce qui revient encore au méme, il faffit de favoir combien de temps il seft écoulé entre le moment oi ce contact eft arrivé & Paris, & le moment of il a paru dans un pays trés- Soigné, mais’ dont fa diflance eft connue. La diference de temps a di étre de prés de 17 minutes, comme nous 'avons dit plus haut, entre deux points antipodes ou diamétralement coppofés, Vifle de Paques dans la mer du Sud, & Ja Meoque Google pes Screeners. 99 tm Anbie, Si au lew de 17 minutes que nous trouvons d'in- tevale, en foppofint fa parallaxe da Mieil'de ro fcondes, on vouvoit, par obfervation, quil n'y a eu que 13 minutes, cekit une preave que fa parallixe du Soleil nef pas de 10 fronds, mais fulement de 8 fecondes; car 17 eft a 10 comme 13 eft A 8, a peu pris: la paralaxe devenant plus pai, fa difance f trouveroit plus grande, & celle de toutes sates Plandtes & proportion. Nous difons que les diftances de toutes les autees Plantes Alpendent de celles’ du Soleil, parce qu‘en effet nous con- rwifns trés- bien les rapports que confervent entrelles ces dines; nous favons que Satume eft dix fois plus dloigné dh Sokil que a Terre, c'eft-icdire que, quand nous comnoitrons h diftance du Soleil & fa, Terre, nous connojtrons auffi celle de Sturne au Soleil, en décuplant la premiére. Nous ayons de mime toutes les autres diftances fur une femblble échelles mus il nous manguoit la grandeur abfolue de cette échelle, éidhiire & mefure en licues ou en toifes; on la connoit & un cinguitme pres; fe paflage de Vénus fur fe Soleil, obfervé aver précilion & dang des circonflances favorables, doit la donner & ua centiéme, c'efla-dire que nous devons connoitre ke diflance du Soleil, fins nous tromper de trois cents mille Jews far trente millions, comme nous avons celle de la Lune 4 cng lives pres fur quare-ving-ix mille, qui et difance moyemg & a Terre. * DU PASSAGE DE VENUS SUR LE SOLEIL, | Qui s‘objervera en 1769. L tytn: on sot at ongtemps dns Ac démie an fujet du patlage de Vénus, prédit pour 1761, awa donné occaion de parler plufieurs fois de celui de 1765. M. Halley Yavoit annoncé, fans en Spicer les sirontances i! ne fafoit pas ailleurs de be a quelle * Min ae Paced. 1752, Google too Histoire pe VACADEMIE ROYALE heure arriveroit ce paffage de 1769 ; il falloit calculer Veffet des parallaxes pour les différens points de la Terre, & trouver ainfi le degré d'avantage qu'on pourroit obtenir ce jour-li pour fa determination de fa parallixe du Soleil, dans les pays ob if efl poffible Wobferver. 'M, de la Lande fe chargea de ce travail, & promit de mettre dans peu de temps fous les yeux de LAcadémie, toutes les circonflances & tous les détails du paffage de 1769 pour tous les pays du monde; enfin de conftruire une mappemonde femblable & celle dont nous avons parlé ci-devant, que M. de 'Ifle avoit publide pour 1761. Les Aftronomes ayant peu écrit fur cette matitre, & M. de I'Ifle Iui-méme n’ayant pas indiqué fa route par laquelle il étoit parvenu & conftruire & mappemonde, il sagiffoit d'abord de fe former une méihode aftronomique pour ce nouveau genre d'opérations. M. de fa Lande fentit bien quiil ne s'agiffoit pas de calculer {€parément pour une multitude de lieux particuliers les circon tances du paffage; ces détails immenfes rauroient pi sexécuter affez tt pour objet que Ton fe propofoit; if filloit une adre(fe de calcul ou une maniére générale de confidérer le globe ter~ reftre, qui pat déterminer a fa fois un grand nombre de points , fans exiger, pour chacum, des calculs féparés. Il parvint en effet @ trouver Tun & fautre; il rendit compte dans fon Mémoire, foit de fes méthodes, foit de fes réfultats. Si Yon confidére Je cOne de lumigre qui eft formé par des rayons partis du centre du Soleil & qui environnent fa Terre, fon verra que la projedtion ou Ia fettion de ce céne, fur un plan perpendiculaire a {'écliptique, & paffant par Vénus, qui paroit fous un angle de 22 fecondes, peut repréfenter le globe de fa Terre au milieu du difque folire, & Yon trace fur cette projection le paratiéle décrit par chaque pays de fa Terre; ce Paralldle y paroit fous fa forme d'une ellipie. Lorbite de Vénus étant auffi tracée fur la méme figure , on marque avec un feul trait de compas fur Je petit cercle qui repent le gle del Tere, is les pays qu doivent vot 3 un méme inftant fentrée de Vénus fur te Soleil il n’eft plus Google pes Sciences. rot qeeftion que de calculer par la Trigonometsie trois points de ee cercle, pour étre en état de Je tacer fur un ylobe terreltre, & de voir tous enfemble les pays qui ont un’ gal avantage pour cette obfervation, Le diamétre du cercle de projection, que nous avons fuppofé de 22 fecondes, reft conn qu’hypotétiquement, parce qu'il dépend de la parallaxe du Soleil que Yon cherche; aufli M. de k Lande, pour traiter cette queftion rigoureufement & d'une manire géométrique, donne dabord a ce cercle une expreftion indéterminée, & exprime, fans le fecours des nombres, toutes kes quantités que Yon peut defirer de connoitse; il a'méme conduit cette forme algeriquejau'aux demier Glas mais comme ce langage auroit pi ne puritre au commun des Leéteurs quune bizarrerie, il a {uppofé enfuite a parallaxe de 10 fecondes, pour pouvoir donner en temps les ‘eff de bs prrllxe en différens pays du monde, I trouve, par exemple, que dans cette fuppofition de fa panllaxe du Soleil, on verra entrée de Venus fur le Solel 1 5 rninutes plus t6t en Allemagne que dans la mer du Sud, vers des terres auftrales, & la fortie 1 5 minutes plus tard en Arabie que dans les ifles de fa mer da fad, dont nous avons parle 3 Toccafion du Mémoire de M. de Chabert; quand nous difons 15 minutes, il faut entendre que nous mettons & part la diff rence des méridiens ou des longitudes de ces difftiens licuxs cee difference fait que Yon compte dix 4 douze heures de plus dans fes uns que dans les autres & un feul & méme inftant mais il ne sagt pas ici dune fimple différence dans la mani eompter, il ya de plus une diférecewllede 16 minutes ‘tre les momens oii paroitra fe faire le contact des deux bords de Venus & du Soleil. ‘Aprés avoir indiqué la maniére de calculer les cercles qui oivent marquer far le globe les temps ol chaque pays oblervera Yentrée & [a fortie de Vénus, M. de la Lande dome une méthode beaucoup plus ex; & plus prompte de trouver tous ces cercles} cette méthode eft fi abrégee, grid rédit & quelques ite de compas Topiction gy ij Google 1oz Histoire De wAcapémie RovaLe fembloit etre une des plus difficiles & des plus longues de toute I'Aftronomie. Suppofons que fa figure dont on sett fervi pour fa projettion foit un cercle d'un rayon égal 4 celui du globe terreftre, far Jequel on veut marquer les nombres qui conviennent chaque pays, & il faffit que ce foit un globe de 6 pouces de dia mitre, on partage le diamétre du cercle de projection en quinze pavties cgales, par quatorze lignes paralléles, ces lignes marquent Je nombre de degrés quil fut prendre avec un compas & porter far fe globe pour décrire le cercle de tous les pays qui Képondent chaque minute de temps. : Le globe terreftre dant monté fur fon pied, & for pole boréal élevé de 22 degrés, qui eft la déclinaifon du Soleil pour ce jour-li du cdté du nord; fi fon toume ce globe de manire que Paris (oit éloigné du méridien de 7» 20° du cété rient, ou, ce qui revient au méme, fi fon met fous le méridien les pays qui ont 270 degrés de longitude, on pourra Yariéter dans cette fituation , & confidérer tous les pays du monde oit fe Soleil fera levé, & tous ceux qui feront dans. les ténebres. Puifque ceft 4.7 20' quiarrivera Yemrée du premier bord de Venus fur le Soleil, fuivant le calcul de M. de fa Lande; les pays placés au deffus de Thorizon feront les feuls qui pourront voir fentrée de Vénus ou fe commencement du pal On pourroit done tracer fur le globe arrété dans cette po- fition un cercle qui marqueroit du cété de 'Orient tous les Pegs gh Henne para au coucher du Solel, & da ce de cident ceux oit elle paroitra au temps du Soleil levant. Ces deux demi-cercles que M. de fa Lande a tracts fur fa map- monde, forment le ceri dillminaron pour le moment de entrée: ce cercle paffe dans fa partie orientale de la France 8 dans Ja mer Bahique; il traverle fe nord de la Sibérie, de la i send en Afie julquia la terre d’Yeco, entre dans la mer du Sud prés des ifles Marianes, va rejoindre Amérique mé- ridionale vers fe détroit de le Maire, I'Affique vis-a-vis da Cap-verd, & enfin Ja France d’oi: nous étions partis. Google pes ScreNces 103 Pour faire fur la fortie de Vénus une femblable opération , il faut placer de méme le globe 4 13" 44’, qui eft le temps de fa fortie, ceft-a-dire, éloigner Paris du méridien de fa valeur de 13 4.4, ou mettre fous le méridien les pays qui ont 17.4. degrés de longitude; car fous fa longitude de 17 4. ‘on compte midi lorfquiil eft Paris 13" 44’, ou du matin, Le globe dant arrété dans cette pofition, on confidérera tous les pays de la Terre qui font dans horizon, & on tracera, fiton veut, un cercle qui en fatfé tout le tour, il pafiera fur 1a nie dHudfon, enfuite dans fe Mexique , & dans fa mer du Sud, & du edté de Foccident, il traverfera la Norvege, kt Turquie, h Perle & !’Arabie; Ja partie de ce cercle qui eft & Vorient, défigne Jes pays qui fe couchent, & qui verront fa fortie de ‘Venus au coucher du Soleil, fa partie occidentale marque {es pays qui fe event, & qui commengant A voir paroitre le Soleil, verront Vénus fe quitter. Ces pays qui fe févent & 134 44’, la Norvige, la Mer , fe golfe Perfique, tes ifles Maldives, ou plufldt ceux qui étant un peu plus occidentaux ne font pas encore levé tels que la Grice, la Mer rouge, l'ifle de France, étoient dj couchés 4 74 20', car dans Tefpace de 6" 24', il n'y a que des pays trés -feptentrionaux qui puiffent parcourir leur arc nodumne, ce(t-i-dire, n’avoir que 6" 24! de nuit; ainfi tous ces pays ne verront rien du pallage de Vénus,& ilen eft de méme de ceux qui font encore plus 4 foccident, ceft-a-dire, toute l'Afrique, jufqu'a fa rencontre du cercle dillumination won avoit tracé pour le moment de Senteée, qui paffe pris Cap-verd,, traverfe une portion de l'Afrique par le royaume Alger, & qui defignoit Fentrée au coucher du Soleil. La portion commune aux deux cercles diillumination eft allée & reconnoitre ,aprés qulon a décrit les deux cercles dont ous venons de parler, Ja plus grande partie de ! Amérique feptentrionale & de fa mer dis Sud eft dans ce cas-la, & You y verra Ventre & la fortie de Venus. Eneffet ifon a un globe fous les yeux, & quon fe tienne & 1 Google 104 Histoire DE VACADEMIE ROYALE dans fa pofition que nous avons indiquée pour 7* 20" , on verra que toute ’Amérique eft au-deflus de !hotizon; mais 6 heures 2.4’ plus tard faifant tourner le globe de 1 54 par heure, eft dire en tout de 96 degrés du cbté de Orient comme tourne fa Terre, on verra {@ coucher toute Ia partie orientale de l'A~ miérique, & il ne reftera fur Vhorizon que’ partie occidentale, Je Mexique, la baie de Baffins, une portion de la Louifiane ; de tous les pays qui ctoient levés fix heures auparavant, il n'y aura donc que ces demniers qui ayant vii entrée, verront encore a fortie, ce font ceux que M, de I'Ifle avoit fait enluminer en rouge dans fa carte du paflage de 1761. Ceft ainfi qu’on trace fur Je globe les deux cercles dillu- mination; & légard des autres cercles que M. de la Lande appelle cercles d'entrée & de fortie, nous avons tiché de donner plus haut une idée de fa maniére de les tracer, au moyen de leurs quatre poles, dont f'un tombe en Bohéme, & Yautre en Arabie jau-deffous de Mafcate & du détroit d’Ormus; & dans les points oppolés, nous avons dit qu'on divioit le diamétre d'un cercle pris de méme grandeur que le globe en ‘quinze parties égales, en’ fuppofant 15 minutes de différence pour entrée & pour la fortie, entre deux points diamétralement oppotts. Les cordes tirées par ces points de divifions, inter- ant desares de 114 30, 364 52’, 534 8’, 784 30%, fi Yon fe conteine de prendre des intervalles d'une minute & demie, au lieu de les prendre de minutes en minutes: on prend ‘done fur le globe,avec le compas, un arc de 364 52’, & partant de Mafcate en Arabie comme centre ou plus t6t comme pole du cercle, on décrit ce cercle fur le globe; on voit que ce cercle puffed Sumatra dans les Indes, a la Chine, en Norvége, quil coupe équateur a 25 degrés de longitude vis-a-vis de la céte de Guinde ; tous les pays fitués fur cette grande circonfé rence verront fh fortie de Vénus 3 minutes plus tt que Maleate, cefta-dire, 134 48' comptées fur le méridien de Paris. Il feroit inutile de marquer Ja circonférence entiére de ces fees en, ut Gviderment Js bomer au ays ge Google pes ScrENcESs 105 Soleil fera evé dans ce moment la, ceft-i-dire, qu‘on doit les terminer aux cercles d’illumination dont nous avons parlé ci- deffus, ainfi fe cercle de 13% 48° eft coupé, foit dans fa mer glaciale au-deffus de la Norvége, foit dans la mer des Indes ‘vers les terres auftrales par fa ligne marquée ainfi, Sortie au tever du Soleil. Wetit &é inutile de fe prolonger far l'Afrique & Toccident de cette ligne, puifque ces pays n’étant pas encore evés, ne verront point cette pI Nous avons cru devoir une explication un pen diétaillée de cette opération pour que chacun puiffe Pexécuter avec plus de déail que M. de la Lande n'a pu en mettre dans fon Mémoires comme les options ‘griphiques font a a portée de tout fe monde, il fflitd’en bien entendre le procédé, pour les pratiquer & les étendre a volonté. Les conféquences que M. de la Lande a tirées de (On travail fir le patfige de 1766 , font trés-favorables & !'Aftronomie, if trouve qu’a Péterfbourg entrée de Vénus arrivera 7: minutes plas t&t que pour fe centre de fa Terre ,8 fa fortie 5 minutes plus tard, en forte que la dure y era augmentée de 1 2 minutes. Diun autre cété 4 Mexico, capitale des établiffemens de VEfpagne dans {Amérique feptentrionale, la fortie arrivera 6 minutes plus tt quelle ne paroitroit vie du centre deda Terre; Yentrée arrivera au méme inftant , & ne fera aucunement affeétce de fa parallaxe, ainfi fa durée du paffage 4 Mexico fera plus petite de 6 minutes que la durée vie du centre de fa Terre, & plus courte de 18 minutes que la durée obfervée ‘en Raffie; on ne fauroit guére trouver une plus grande diffé- rence pour effet de fa parallaxe, ni une ocaafion plus favorable \ de la déterminer: il eft probable que les Efpagnols fe diftingue- \ ront alors , & feront quelque chofé pour lebien de 'Aftronomie; gan 4 l'Académie impériale de Péterfbourg, on a éprouvé ile pour oblervation de 1761, de maniére & nous faire attendre pour 1769 tout ce que ’Aftronomie peut defirer. Il ct vrai que ce ne fera pas afféz d'obferver 4 Péterfbourg, fon courroit rifque de voir Vénus trop prés de horizon, & ces ‘obfervations ne feroient pas affez. fies , mais dew ou trois degrés Ail. 1757. ° Google ro6 Historre pe vAcapEmig RoraLe au nord de cette capitate, fuffiront pour obtenir tout ‘ce que Yon fouhaite. Le roi de Danemarck qui a fignalé de méme fon goat pour les Sciences, en envoyant des Aitronomes en Norvége pour le patfige de 1761, fera A portée de nous procurer le méme avantage que la Ruffie, sil fe trouve dans fes Etats des Obfervateurs affez. bien exercés, & munis d'affez bons inftrumens pour faire cette grande obfervation avec uné précifion faffifante. . Nous verions’ de voir pour fa durée du paffage de 1769, de quelle manigre on parviendra a fair la difference fa plus fenfible -voyons auffi ce quill faudroit faire, fuppofé que Yon voulit fe procurer encore un pareil avantagg tant fur entrée que fur la fortie, A Kégard de entrée, nous aurons en Europe prefque toute la France, I'Allemagne, I'E(pagne & {"lalie qui ferviront de terme de comparaifon, inais il fandroit chercher Je terme oppok dans les ifles de la mer du Sud, vers 220 degrés de longitude, & 40 degrés de latitude fud: dans cet endroit de 1a mer Pacifique, il y a une étendue de pays de plus de huit cents fees of: 'on he connoit abfolument rien , pas fe plus Jeger veftige difles ni de continens ce feroit peut-éire une ‘occafion de rappeler Lattetion des Souverains vers cette partie de la Geographic. A légard de la fortic, on trouve duh cbté Ia Perle, PArabie & tes Indes, oli Fentrée fera retardée de 7 minutes & demic; de autre les ifles de la mer du Sud of elle fera accélérde dantant, en forie quon trouvera 15 ‘mi difference entre 'Inde & 1a mer du Sud, Ui era aifé a.1’Angles terre & & la France d’envoyer des Obfervateurs dans les Indes oi le Commerce entretient une correfpondance perpétuelles mais il refte toijours & defirer que Ton veuille toumer {es vies du cbté de fa mer du Sud. Les ifles vies par Quirros, & dont i fait Veluge Je plus pompeux daw ke relativa de fou voyage , rempliflent a peu de chole prés tout ce que Yon auroit a defirer de ce cété-la, tant pour Fentrée que pour la fortie, & {Académie ne fiuroit inviter d'une maniére trop preflante Jes Puiffinces maritimes & commersantes a faire dans ces mers . Google pes ScrENCES. 107 qpelques tentatives en faveur de l’Aftronomie & de fa Géo- sgaphie; le Commerce ne pourroit manquer d'y trouver auffé » des avantages. En parkant du paffage de 1761, quiil auroit éé 4 fouhaiter de pouvoir obferver aufli dans la mer Pacifique, nous avons npponté, daprés M. de Chabert, ce que difoit le Genéral Al van Bendafio de Neyra, qui en 15.95 découvrit quatre ifles abondintes, agréables & peuplées par des hommes affubles: on trouve dans !Ouvraye que M. le Préfident de Broffes a publié fir les Terres auftrales, un grand nombre de faits aufhi inté- reins & afi propres a ranimer les experiences des Navigateurs, des Compagnies commergantes & des Rois proteéteurs duu Commerce, de fa Navigation & de la Phyfique. Le Mémoire de M. de la Lande contient encore plufieurs réfexions utiles pour prouver que fe contadt intérieur des bords du Sokil 8 de Vénus peut sobferver a 2 ou: 3 fecondes prés. Cate queftion avoit été ayitée dans 'Académie, & il y avoit de put & dautre des autorités.refpectables; M. Halley, en anongant le paflage de Venus, avoit été davis quion ne pou- voit tromper d'une feconde dans cette obfervation. M. labbé deh Caille dans favertiflement quill publia en 17 50, avant fon départ pour le cap de Bonne-lpérance, faifoit ‘entrevoir La pollbiité d'une erreur vingt fois plus grande; il eft vrai que dans cet avertiffement. M. labbé de fa Caille avoit en vie danimer les autres Aftronomes a faire pendant fon {éour au Cap, de concert avec lui, toutes les obfervations de Mars &. fervaion du patlage de Vénus pour cette recherche, M. de fa Caille doit louable d'en peindre au contraire tes difficultés 8 kes rifques,, pour que [es Aftronomes n’atendiffent pas avec une aeugle confiance 'année 1761 pour des recherches que Ton pouvoit entreprendre déslors avec queue avai Duss cete idée, M. Labbé de fa Caille failoit remarquer far les paffages de Mercure fur fe Soleil, obfervés jufquiators, combien on avoit vi Jes Aftronomes différer he pour y Google ‘V. es Mém. B97 108 Historre pe vAcADEmie RoraLE Finftant d'une méme obférvat ‘étoit leur montrer que les Circonflances n'étoient pas todjours affez favorables pour que chacun pit saffurer de fon obfervation avec fa précifion de 2 ou 3 fecondes; mais la queftion étoit de fivoir ft en pre- rant toutes les précautions pofibles, en fe fervant de lunettes de méme ongueur, de verres également noircis; fi cant & Yabri da vent & dans une fituation commode, fi en y appor- tant enfin Jes organes Jes mieux prépar’s & ka plas forte atten tion, on pouvoit encore fe tromper de 12 ou 15 fecondes. Ciatoit Tavis pour lequel certains Aftronomes paroifloient ine dliner, & que M. de la Lande refute dans fon Mémoire, (p. 248) quoiquavec la modération’& les égards néceffaires: il étoit convaincu, (oit par fa propre experience dans le pallige de Mercure quill avoit obfervé en 17 5 3, foit par fa compa- raifon de plufieursautres obfervations choifies, qu’avecde grandes précations il ne devoit pas y avoir 2 ou 3 fecondes d’erreur 4 craindre, & que Fobfervation en elleméme doit fulceptible de la précifion d une feconde, comme M. Halley Yavoit penfé, SUR LA COMETE Obfervie das les mois de Septembre & d Ofobre 1757. A célebre Comite de 1 682, dont fe retour étoit anrmoncé pour +757 ou 1758, a donné lieu a a découverte de plufieurs autres Comeies que Yon ne cherchoit pas. On ne fait pas précifment quel a été le premier qui apercut celle du mois de Septembre 1757, & qui en donna connoiffances quoi quil en foit, les nouvelles publiques Yayant fait connoitre en Allemagne, & de-la en Hollande, M. Klinkemberg, Attro- nome de la Hie, & Correfpondant de fAcadémie, fut fe premier qui lobferva exaétement, & deétermina fa pofition fe 16 Septembre au matin; elle étoit alors au deflis de fa cont tellaion des Gemeaux, un peu phis occidentale que les deux. belles dtoiles appelées Cajlor & Poll, & fur leur paralléles: bien-tdt elle fut obfervée aufli par Pautres Aflzonomes, Me

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