pEs ScIENCES
77.
A
ASTRONOMIE.
Du
PASSAGE DE VENUS SUR LE SOLEIL}
Annoncé pour Vannée 1761.
Lirieiesst oberon defen paige,
les Mémoires quil a occafionnés,, les Voyages quil a fait
, Wappartiennent proprement quia THiltoire des
amés 1759 & 1760. Mais puifque nous fommes, pour
ain dre encore occupés de cet évenement, les détails qui y
‘ont mpport-ne peuvent étre qu’intéreffans pour Je Public, &
uiles aux Savans qui fe propofent de faire des recherches & cet
gud, "Académie a done cru ne pouvoir faire mieux, que de
paler dis~a-prefent dans ce volume Jes pices qui ont été
compofies dans Je temps quion difcutoit dans fes Affemblies
mature & Futilié des Obfervations & des Voyages quil
Sagilet de fire, nous allons en reprendre 'Hifloize d'un pew
haut pour fa rendre plus intelligible.
. pou P 8!
Sifona totjours placé.au nombre des époques mémorables
pour Thumanité celles des progr’s de Yefprit, rout ce qui doit
Tous procurer des comnoiffances nouvelles, eft pour nous un
évinement intéreffant & célébre. Tel étoit le paflage de Venus
devant le difque du Soleil; prédit & attendu depuis plus d’un
fale, il navoit jamais été obfervé depuis qu’on en connoiffoit
Timportance ;c’étoit cependant dé toutes les obfervations aftro~
Domiques poffibles , ou du moins connues, celle dont on devoit
efter a plus exacte determination des diftances & des volumes
ds Panites;par le moyen de la parallaxe du Soleil.
Mais avant de parler des ulages & des conféquences quion
Pas tier dun puffage de Venus fur Je Soleil, il eft néceftaire
Ki
VelesMém.
pages 43 &
232
Google$8 Histoire pe L’Acapémie Rovare
de dire un mot de la chofe en elle-méme, & ind¢pendamment
de toutes {es applications.
Les plus anciens Aftronomes de I'F gypte avoient reconnu
que Venus & Mercure tournoient autour du Soleil, il éoit
difficile dene le pas reconnoitre pour peu qu'on obfervit Venus,
forfquielle eft cans fon plus grand éclat; cette Plandte, le plus
brillant de tous les Aflres, femble fixer tous fes yeux tantdt da
bté du couchant, a entrée de fa nuit, tantdt avant le lever du
Soleil & cla cdté du levant, jamais elle ne quitte fe Soleil, 8
ne.sen éloigne au dela de 4.5 degrés, jamais elle ne paroit
oppofve au Soleil, & tout annonce aux Obfervateurs les moins
inftruts, que le Soleil eft fe centre de fes mouvemens. Il y
avoit trés-long-temps quiun Aftronome Arabe ayant confidéré
plusattentivement Ja direétion & 'arrangement de ces orbites,
cen tira cette conféquence affez naturelle, ce femble, & qui
auroit da fe préfenter aux plus anciens Obfervateurs, fivoir que
‘Venus & Mercure devoient paffer quelquefois entre le Soleil
& nous, de manitre 4 nous cacher une partie du Soleil ou du
moins a y fuire une petite efpéce décliple, puifque Ia Lune
quand elle eft nouvelle, & quelle paffe entre nous & Je Soleil,
nous le cache totalement.
En confiquence on sy étoit rendu attentif, on avoit cherché
dans des jours de conjondion de Vénus & de Mercure, sil
ne paroiffoit rien d'étranger fur le Soleil: on n'y avoit rien,
apergu, & Yon étoit perliadé que kt petiteffe de ces Phandtes
faffifoit feule pour tious empécher de es apercevoir fur tq
ditque fumineux du Soleil.
Lorfque Képler en 1627, eut dreffé, d'aprds les obferva~
tions de Tycho, fes fameules Tables Rudolphines qui repré
fentoient avec une précifion infiniment plus grande quion ne
Yavoit jamais fait, tous les mouvemens phnétaires, il fut trds=
convaincu ae Vénus & Mercure devoient pafler quelquefois
firr fe Soleil, & il (@ trouva méme en état daffigner les cir
cconftances & Jes temps de ces fortes de phénoménes. Linven-
tion des lunettes d'approche, qui depuis 1609 étoient connues
de tout fe monde, rendoit Vobfervation tésailée; en conféquence
Googlpes Sciences. 79
Képler publia en 1629 un petit Ouvrage latin pour avertir
kes Aftronomes que Vénus devoit paroitre fur le Soleil en
1631 & en 1761. Il appeloit ces conjondlions des phéno-
rmménes rares & furprenans, parce quien effet il voyoit ceut
tuente ans d'intervalle entre un paflige & le fuivant, & que
depuis plufieurs fidcles on ne fongeoit pas méme a la poffibilité
dun pareil phénoméne.
Ce grand homme mourut en 163 1, quelques jours avant
fe patfige de Venus quil avoit annoncé; au relle, ce palfage
mieut pas lieu cette année-Li, mais eulement en 1639, huit
ans aprés. Un petit défaut de précifion dans les obfervations de
Tycho & dans les Tables de Kepler, avoit écaité fon calcul
de fa vérité; il trouvoit un paffige pour 1631, & il n'y en
ext point;-il nen trouvoit point pour 1639, & il y en eut
un: cette différence doit cependant trés-égére, car i tiie
de 2 ou 3 minutes derreur dans fa latitude de Vénus, pour
fire croire quelle toucheroit le bord du Soleil en 163 r, quoi-
dans fe fait elle ne dat pas le toucher, de méme qu'il fuf-
it de quelques minutes derreur, todjours du méme fens,
pour faire trouver Vénus en 1639, un peu au dela du bord
du Soleil, & par conféquent invifible.
Gaffendi,un des plus célébres Philofophes de fon temps;
oit 4 Paris en 1631, ob il rempliffoit une chaire de Pro-
feffeur de Mathématiques au Collége royal de France; il s’oc-
‘eupoit quelquefois d’obfervations aftronomiques, & il ne négligea
pss celle quion lui promettoit pour 163 1. Ceft dans une lettre
4 Schickardus,datée du mois de Décembre dela mémeannée,
que Gaflendi raconte {es tentatives qu’il avoit faites pour cette
ation,
Suivant le calcul de Képler, cétoit pendant fa nuit que det
voit arriver fa plus grande partie du paffage de Vénus fur le
‘Soleil; elle auroit commencé A y entrer un peu avant le couchee
du Soleil, le 6 Décembre au foir, & en feroit fortie le 7 &
deux heures du matin. Il n'y eut & Paris que quelques heures
de beau temps pendant i journée du 7 Décembre 16315
Gaffendi en profita pour y chercher Vénus qui n'y parut point
Goog
le80 Hisrorre ve vAcap£mre Rovare
ni ce jour-la ni-le lendemain, & qui ne devoit point y pas
roltre, quand méme le Soleil auroit été far Vhorizon , comme
con {' reconnu depuis,
Ce fut par un hafard eureux que les Aftronomes furent
avertis du paffage qui arriva en. 1 63.9: Horoccius Aftronome
anglois, qui pendant Teljace dune vie trés-courte, fit dans
¥ Aflronomie une multitude de trés-bonnes chofes, nayant alors
fous fa main que les Tables de Lanfberge, avoit caleulé fur
ces Tables une petite éphéméride des Mouvemens céleftess
ces Tables de Lanfberge toient en général bien inférieures
aux Tables Rudolphines de Kepler, il ny avoit pe méme
de comparifon mais Lanfberge en avoit fait !4loge avec une
efpéce d’impudence qui en impofoit encore plufieurs anndes
aprés. Lierreur de ces Tables de Laufberge dwit de 1 6 usinutes
far I lttode de Venus, mais cette ereur fe trouvoit dans un
fens favorable, car elle faifoit trouver un paflige de Vénus
précifément far le Soleil, au lieu qué les Tables de Kepler, beau-
coup plus approchantes du vrai & ne sen écartant que de pea
de minutes, sécartoient du cété du midi of b plus petite
erreur fofffoit pour faire diparoitre le paffage de Venus.
Les Tables de Lanfberge ayant done fait congoitre & Ho-
roccius quil pouvoit y avoir un palfage de Vénus fur le Soleil
le 4, Décembre 1639 au foir, il fe prépara a fobferver, &
len donna avis a Crabirce fon ami qui doit & quelques lieues
de fa. Les obfervations quiils firent Fun & Tautre ont été pu-
Blides en 1662 par Hevelius, daprés un manuferit de Ho-
xoccius qui étoit mort en 164.0; & M. de la Lande a inféré
ces mémes obfervations dans la Connoiffance des Temps pour
11761, afin de fappléer & fa rareté des Ouvrages d'Hevelius.
Le paige de Venus obfervé en 1639, fervit & ceux qui
composérent des Tables aftronomiques dans fe dernier fice,
& connojtre fe lieu du noeud de Venus, du moins a peu prés,
& a déterminer auffi fi longitude pour ce jours on ne fone
geoit point encore alors a en tirer dlautres avantages,
: Ge fit M. Halley, le pls fivane Aftronome de Ange
ferre, qui reconnut ea 169 1 un ufige important de ces fortes
qui reconnut en 469 g¢ importans ctecnet
Googlepes ScrENCcES 81
Gobfervations, celui de trouver fa diftance du Sol a Terre,
en nous faifant trouver fa parallaxe, Dans le Mémoire que
‘M. Halley publia a ce fajet dans les Tranfidtions philo-
Gophiques de la Socicté royale de Londres, ace 169 1, il
examine d’abord - Jes périodes des retours de Vénus fur le
Soleil, tant dans fon neeud afcendant que dans fon nocud
defcendant, ces périodes font de huit, de dix-huit, de deux
cents trente-cing, & de deux cents quarante-trois ans, mais fa
atitade de Vénus qui eft tobjours un peu differente a la fin d'une
pétiode de ce quelle étoit au commencement, fait que fouvent
il n'y a point de paffige de Vénus far fe Soleil, méme a fa
fin de ces périodes, Par exemple, Vénus au bout de huit ans
moins deux jours & fept heures, revient en conjonétion vers
fon noeud defcendant ; mais le point de la conjonétion n’arri-
‘vant pas tout-d-fait vers le méme point de lorbite & & fa mame
diftance du noeud, il arrive que Venus eft plusau nord d’en-
viron 20 minutes; or le Soleil n'a que 32 minutes de
diamétre: fi donc la premigre conjonétion eft arrivée 4 19
minutes du bofd feptentrional du Soleil, la conjonétion fuivante
arrivera huit ans aprés au dela de ce bord, & il n'y aura point
de paffige de Venus fur Je difque du Soleil.
Par Texamen de ces périodes, M. Halley détermina pour
Pees fidcles les années ot il arriveroit des paffages de Venus
ir fe Soleil, & méme celles oft il avoit di en arriver ancien-
nement, que on auroit obfervés fi Yon s'y fit préparé, ow
quon en edt &é averti,
Les années de ces paffages calculés & peu-prés par M. Halley ,
font, 918, 1048, 1161, 1283, 1291, 1396, 1518,
11526, 1631, 1639, 1761, 1769, 184 1996,
2004, 2109, 21173 mais nous devons avertir que dans
ce temps-la, M. Halley ne connoiffint pas encore, comme on
Je connoit aujourd'hui, le mouvement du noeud de Vénus, if
a pa inférer dans fa lifte, des années oft il n’eft pas fir quit
doive arriver des paffages de Vénus; il conviendroit de rehire
ces calculs fur les nouveaux élémens que lobfervation du paffige
de 1761 a procurés aux Aftronomes,
Fil. 1757. L
Google82 Hrstoire ve v'Acaptmie Rorare
M. J alle; , cans le Mémoire de 1 Sot, fat une remarque
porta .te quill n'a développée que plufieurs années apres; if
aventffoit que fi Vintervalle de temps entre les deux contaés
intériews de Venus & du Soleil, & fon entrée & 4 fa fortie
pouvoit étre obferveé a une feconde pris, en deux endroita
choifis & fort dloignés Yun de Pautre, on en conclurroit fa
panllixe du Soleil & un cing centitme prés + nous verrons
bien-tét quill y a quelque chofe & rabattre d'une fi. belle efpé-
rance jmais ld’ éoit heureufe & digne dee grand Aftronome.
Ce fut dans un autre Mémoire , compolé en 1716, que M.
Halkyy développa cette méthode finguliére de déterminer la
diflance du Soleil; ce Mémoire fut inte
Tranfadtions philofophi
& dans les Actes de Lei
de quelle manitre il en propofoit Nexécution,
Les Obfervateurs placés dans I'Inde. vers embouchiire du
Gange, verront Venus, dit M. Halley, entrer fur le Soleil
quatie heures avant midi, ou du ebté de PCrient, 8 la verront
fortir A quatre heures. midi du cété de POckident; puifque
4a parallaxe de Venus fasputte beaucoup celle du Soleil, étane
trois fois & demi auf grande que celle da Soleil quand Vénus
eft dans fon périgée, la parallaxe retardera Ventre, & aceélérera
Ja fortie. de Vémus, ainfi fa durée du paffage de Venus, fe
temps quelle doit employer & traverer le difque du Solel era
plus court que sil n'y avoit point de parallaxe, comme il arri-
veroit, fi on pouvoit obferver cette durée en fe plasant au
cenire de a Terre.
M. Halley chercha de méme fur fa furface dela Terre, un
point oi ka parallaxe dit produire un effet tout contraire,ceft-
adie, oit la durce dit ére plus petite que celle qui auroit
Jiew pour le cenue de fa Tere:il lui falloit un endroit plaeé
far un méridien oppo, Ceft-i-dire, dans 'Amcrique, & fitué
de manitre que fenuce de Vénus fur te Soleil arrivit le foir
avant le coucher du Soleil, & la fortie le lendemain matin ay
Jever du Soled, dés-lors\effet de a parallaxe devenoit contraire:
en ubuillant Venus, elle devoit accélérer fon entrée, retarder f&
Google|
ee eee
DES SCIENCES 83
fore, & augmenter par conféquent fa durce du patage. M.
Halley doit obligé pour cet effet de fuppoler fon Oblervateur
aunord de Amérique feptentrionale, vers la baie d'Hudfon,
afin davoir le jour affez long, & fa nuit affez courte, pour
que entrée de Venus pit arriver avant le coucher du Soleil,
& h fortie aprés fe lever du lendemain matin,
Cet Aflronome cclébre dans toutes les parties des Mathé
rmatigues & de fa Phyfique, iluflré par les idées fes plus heu-
reals & par les plus belles découvertes, fut malheureux dans
cete partie: il commit une double erreur, foit dans le calcul,
fit dns fa uppofition des élémens qu'il employoit en forte que
{erdhitat dont nous venons de parler ¢toit abfolument fautif, 8
Yun des Voyages preferits par M. Halley abfolument inutile.
Lapremitre faute de M. Halley confiftoit & avoir tran(pofé
Ie cece de ha htitude, & & Favoir placé dans fa partie orien-
tulede fa figure, au lieu de le placer dans fa partie occidentale,
brie quil fiifoit de 24 2.2! Vangle de Yorbite de Vénus
fir Véquateur, au lieu de 144 3.6! qu’il devoit avoir.
Lafeconde faute confiftoit & avoir fiit fa latitude de Venus
1 conjonétion beaucoup plus petite qu’elle ne devoit étre, &
aide nia été réellement; car M. Halley ta foppofe dans fon
Kimoire de 4, minutes, au lieu de 9 minutes & démie quielle
Sefttrouvé avoir ; on peut dire, pour fa jultification, qu'il navoit
ps alors daffez. bonnes obfervations pour la bien determiner,
ims il @oit effentiel & fon travail d'examiner fi Verreur qui
cit poffible dans ces élémens, ne pouvoit pas déranger toute
Yeconomie de fon projet, & rendre trés-ingrates, comme il eft
aivé,ls pofitions qui lui paroiffoient trés-favorables.
Ce quily a de Frguier dans cette méprife, ceft que M.
Halky touchoit, pourainfi dire, fans sen apercevoir a la remar-
‘que effentielle; if examine dans fon Mémoire ce qui devroit
aatver, fila gtitude de Venus venoit & fe trouver de 4. minutes
hs petite, SM trouve que Vobfervateur de fa baie d'Hudfon
rimauroit que plus davantage. Sil ett examiné fe cas oppofe,,
tomme cela fembloit étre naturel, & confidérd cc qui devoit
tnrver en fappofint Yerreur de fautre fens ,’& fa latiwude plus
Lij
Google84 Historre pg vAcADEMre ROYALE
grande de 4, minutes que dans fon calcul, il auroit trouvé-qué
dns ce casi il falloit éviter la baie d’Hudfon, bien loin de fa
regarder comme une flation des plus favorables, & quill falloit
prefqu'en prendre les antipodes.
Il n'y a ew performe pendant quarante ans qui ait fongé a
examiner fa chofe dapr’s un_homme auffi exadt & auffi favant
que M. Halley, pour qui Angleterre & fa France avoient
une égale véngiation, & qui patioit méme en fat de caleul pour
ne stire, tai Ise
M. de'lile, aujourd'hui fe Doyen de tous les Aftronomes,
& méme de toute l'Académie, & dont fe 2éle a Aé tant de
fois utile au progrés de cette (cience, n'a jamais manqué aux
approches des phénoménes intéreflans dans I'Aftronomie, de
publicr des avcrtifiémens dans lefquels on pit trouver tes
inftruétions néceires pour fe préparer & Tobfervation, pour
choifir les meilleures méthodes & tes inftrumens les plus
convenables; voyant approcher fe temps oi il falloit fe mettre
en route pour profiter de cette belle circonftance, il fongea &
racer une figure générale de tout le globe far laquelle chaque
gays pit voir le degeé davantage quiil auroit dans cette
obfervation; il conftruifit une mappemonde far laquelle il défigna
par des cercles tracts fuivant une méthode qui Jui ¢toit parti-
culigre, Pheure & la minute & laquelle chaque fiew de ba’Terre
devoit voir Ventrée & la fortie de Vénus, en tenant compte
de Fetfet des parallaxes. I] avoit deja. donné fexplication &
les fondemens de f méthode & loccafion du paffige de Mer-
cure anivé au mois de Mai 1753, quib-evoit annoncé par
une femblable mappemonde & ‘avec hr méme étendue.
Ontrouvera dans ce Volume (page 242) une mappemonde
de cette efpece, tracée par M, de la Lande, pour fe patfage de
1769, avec lexplication & les fondemens de la méthode par
laquelle on peut conftruire cette figure.
'M. de f'lile, en tracant cette: mappemonde (@ propoloit
de pouvoir afligner & toutes les Nations qui pofsédent des co-
Jones ou des habitations fort cloignées, les endroits ot il pouvoit
Y avoir quelque utilité 4 obferver fe paffaye de Vénus, non
Googlepes Sciences 85
failement par Ja méthode de M. Halley , en comparant deux
durées inégiles du paffige entier, obfervées en deux endroits
différens, mais encore par une méthode quill avoit reconnue
aire quelquefois préférable 4 Vautre. Voici en quoi elleconfitte,
Lorfquun Obfervateur Voit entrer Venus far fe Soleil dans
ha partie orientale du ciel, cefl-i-dire, avant midi, la parallaxe
retarde cette entrée, & fa diffrence peut aller 47 ou 8 mi-
nutes de temps. Si dans le méme inftant, un Obfervateur fort
Gloigné de Vautre voit le Soleil prét a fe coucher, cett-a-dive,
dans la partie occidentale du ciel, lx parallaxe accélére Ventre
& la fait paroitre plus tt; In difference peut aller ayffi 4 8
minutes: ainfi le pays le plus oriental qui voit Vénus 3on cou-
chant, verra entrée 16 minutes plus tOt que le pays fe plus
occidental, indépendamment de la diffvrence des méridiens ou
de {a fituation des liewx en longitude, qui fait quion comptera
ept a huit heures dans Yun de plus que dans l'autre.
Il ne sagit pas, dans cette méthode, de comparer fa durée
du paffage obfervé en deux pays différens, ce qui fuppofe quatre
obfervations qui folent toutes rigoureufement exactes , fivoir,
Fentrée & la fortie dans les deux endroits; il ne sagit que
de la ule entrée obfervée tout-i-la-fois dans les deux pays.
En & contentant de ceci, Yon trouve une plus grande facifiré
2 choifir des pofitions avantageules; on peut mettre a profit
des fituations qui auroient éé inutiles en sattachant & la mé
thode de M. Halley.
il eft vrai que bs méthode quy a fabltitué M. de Mffe,
fippofe quion connoiffé fa différence des méridiens entre les
deux obfervatoires. Toute Verreur commie fur cette difference
des méridiens, tombe fur 1é réfultat que Yon tire des obfer-
vations; mais ce feroit avoir beaucoup fait dans une circonftance
auffi rare que de niavoir plus & connoitre qu'une longitude
géographique dont on pourroit s'affurer & loifir dans tous tes
temps: dailleurs on ne peut guére fé tromper de plus de 10”
de temps far une longitude gcographique; or 10 fecondes fur
18 minutes ne font pas un centi¢me du total: on auroit donc
parcene voie, en choififant les pofitions les plus avantageules,
Lif
Google86 Histoire ve vAcapémie Royate
Aun centiéme pres, la purallaxe du Soleil & fa diflance de
toutes les Plandtes au Soleil:
M, Halley efperoit cette determination & un cing centiéme
és quil fappofoit une précifion dune feconde dans
‘chaque obférvation; inais cette precifion d'une feconde, qui eft
{a plus grande poffible, {uppole toutes les circonflances favo-
mables, Tair calme & ferein, le Soleil bien terminé, Vattention
la plus fixe, les onganes les micux prépards, les Junettes {es
"mieux ajuftées, fa fituation la plus commode, un filence profond;
Je moindre inconvénient peut nous faire perdre cet extréme
degré de précifion, & cependant il faut avoir quatre fois tout
tentier pour efpxrer, comme fiifoit M. Halley, de connojtre
4 un cing centiéme la parallaxe du Soleil par cette obfervation.
Nous nous bornons & croire qu'on devroit avoir cette pa-
rallaxe 3 un centigme pris, & nous fuppofons méme pour cela
quon connoitra fa diffrence des méridiens avec une précifion
environ 10 fecondes jl faut pour cet effet au moins trente
cobfervations, tant chi premier fitellite de Jupiter, que des Etoiles
qui auront &é obfervées fort pris de fa Lune, & dont on aura
determing fa diffirence dafcenfion droite avec cette Phanéte;
il faudra peut-étre paffer bien du temps dans un pays étranger
our obtenir un pareil nombre de bonnes obfervations, aux-
quelles on puiffe efpérer d’en wouver de correfpondantes en
‘Europe, mais fans cela il faudroit abandonner Ja feconde mé-
thode & recourir a celle de M. Halley, qui exige des fiewx
‘8 Yon puiffe avoir la durée toute emicre du paflage, ceft
dire, Fentrée & la fortie de chaque cété; alors on eft affranchi
ide la néceffité de connoitre la difference des méridiens, &
Yoblervation feule du paflage de Vénus ta donne elle-méme
avec toute la précifion poflible,
En effet, lorqu'on connoit "heure de chacne des quatre
obférvations avec ia latitude du fieu ot elle a €é faite, on
trouve facilement Ja hauteur du Soleil, ta parallaxe de hauteur
du Soleil, en fappofint connue la parallaxe horizontale, & Yon
calcule {es temps qui répondent 4-ces parallaxes, ceft-a-dire, les
corrections quiils exigent pour les réduire au centre de be Terre.
GoogleDES SCIENCES 87
Si aps avoir fait ces quatre rédudtions, Yon trou
dks dunées obfervée & réduite au centre de la Terre, diff
de Tautre, on eft affuré que fa parallaxe du Soleil employée
dus Je calcul eft pas exacte; & Von fait varier La fuppo-
fon de cette parallaxe jufqu’a ce que les quatre comreétions
ant appliquées aux obfervations pour les réduire au centre,
on ait a méme durée de part & d'antre: on eft alors afluré
de comnoitre la parallaxe du Soleil, S In diffrence entee les
ux momens d’entrée ou tes deux momens de fortie, réduite
weentre de la Terre, donne la différence des méridiens entre
{es deux Obfervateurs.
Ayant examing Yavantage qu'il y avoit dans chacune de ces
+ M. de File youlut mettre les Aftronomes
4 portée de profiter de Tune & de Mautre, & ce fut Fobjet
ek mppemonde quill publia au mois d'Avril 1760. La
difpoftion ingénieufe de cette Carte mérite bien qu'on s'y arréte
tn moment, quoiqu’il fot top Jong dle donner ici une ide
dss principes fur lefquels elle étoit conftruite,
On voit dabord fur la mappemonde de M. de I'Ifle, que
le premier de tous les lieux de fa Terre oft fon peut apercevoir
tenurée de Venus far fe Soleil, eft fitué dans Je milieu de fa
mer du Sud, fous le tropique du Capricome, vers deux cents
ing degrés de longitude, affez pris des ifles viies par
Quiros en 1605, appelées ifle Vefpera, ifle Aurore, ifle de
Piques, Comme c'e(t au coucher du Soleil oit arrive cette
Premiére entrée, il y auroit quelque rifque & fe tran{p
‘eaflement dans ce int unique defigné par le calcul, eae
de point le plus avantageux, on craindroit qu’une Jégere erreur
dus le calcul, ou Vobftacle phyfique des vapeurs de ‘horizon
re rendit le Voyage inutile.
Ls pays oft fon verra ce paffage deux minutes plus tard,
font tous renfermés dans la mer du Sud, & préfentent une
itude difles peu connues, mais oti il roit cependant tres
Pofible de fe tranfporter.
A4 minutes on tombe dans fa Californie: 4 6 minutes,
as ks teres nuftrales de fa nouvelle Hollande & de fa now:
Google88 Hrsrorre pe vAcADEMTE ROYALE
vyelle Guinée, & dans la nouvelle Albion au nord du nouveau
‘Mexique; 4 8 minutes, dans le nord du Canada vers fa baie
d'Hodion, & fa terre d'Yeso prés du Kamt(chatka, extrémité
i PAfie; i 10 minutes, on a le Japon & une partie
ites, on trouve Batavia, Pckin,
Yakoutsk en Sibrie & tous les déferts de cette vafte contrées
4 14 minutes, Torne’ en Lapponie, Tobolsk en Sibcrie, Pon
dichery dans les Indes, 8 tous les pays intermédiaires de
YAfie; enfin & 17 minutes plus tard, entre la Mecque & fe
aire en Egypte, on trouve le dernier de tous fes points de
ha Terre ois fe verra Lentrce de Venus fur le Soleil, & cela 3
fon lever.
*- Ainfi deux Obfervateurs fitués Van & fle de Piques, &
Yautre a fa Mecque, trouveroient une difference de 17 minutes
dans le moment de Ventrée de Vénus, indépendamment de fa
difference des méridiens qui eft de pris de douze heures, 8
ces deux flations rauroient pas été abfolument impraticables.
On tronve nine fembluble diffrence pour la fortie de Vénns,
en choififfint d'autres points. Le premier lieu de la Terre oft
Yon verra la fortie, eft fitué dans la mer qui épare !’Afie de
YAmeérique, au dela du Kamchatka; 2 minutes plus tard,
cce fera au Japon & dans f Sibérie, a Nertfchinsk & a Yakoutsk;
utes, on trouve fa nouvelle Guinée, Siam & “Lobolsk
ie; 4 6 minutes, on a Batavia, Pondichéri, Mpahan
& Berlin; & 8 minutes, on a Alep, Naples & fa plus grande
partie de la France; 4 12 minutes, Ville de Bourbon, Mada-
gricar, les ifles du Cap-verd; a 1.4. minutes, la cdte de Saint-
Paal de Loanda en Afrique; & 15 minutes, le cap de Bonne-
efpcrance & toute i céte occidentale de Afrique; enfin &
17 minutes, on trouve le cap des Terres auftrales, les ifles
Alvarez & de Triflan fituces vers le premier meéridien, &
go degrés de latitude méridionale,
Ainii fon auroit encore une nouvelle difference de 17 mi-
nutes entre deux Obfervateurs fitués Yun au Kamchatka, 8
Fautre au cap des terres auftrales, & une diffrence de 12 mix
ules entre Tobobk en Sibérig & Lifle de Suime-Hdlene.
Isen
Googlepes Sciences
Ti sen faut beaucoup qu’on obtienne dlaufli grandes
rences en sen, tenant 4 fa méthode de M. Halley qui n'em-
ploie que les durées: il faut, pour trouver 12. minutes de
difence, avoir un Obfervateur 4 Tobolsk, & un autre a
faLoutt de fa nouvelle Hollande, pays inconnu & qui n’ett
feéquemé aGtuellement par aucune Nation, Ainfi fe paflage
1761 promet autant davantages & une facilité beaucoup
pls grande en sattachant & une feule phafe, pour avoir une
diffrence de 16 4 17 mimutes entre {'Afie & fa mer du
Sud pour fentrée, entre Je cap de Bonne-efpérance & Je nord
eAle pour fa derniére phale.
Cettainfi que M. de I'Ifle mit fous les yeux de!’ Académie
11760, h pitce fa plus décifive dans Ja queftion qu'on
agit, un tableau far lequel il fafioit de jeter les yeux pour
wir dun coup deel tous les pays oii il y avoit de Favantage
Loblver, & la mefure de cet avantage dans toutes les mé-
tindes & dans toutes les fuppofitions poffibles,
M; le Gentil oit parti pour les Indes dés année 1759 3
ily avoit dans tous Jes’ cas un avantage manifefle i fe
tranfporter en un lieu of Yon verroit certainement fa durée
catitre de ce paffige, oft on trouveroit un terme de compa-
nifon pour toutcs Ics autres obfervations, ob Jon verroit le
rmilien du paffage arriver prefque au zénith, of Yon auroit
‘enfin plus d'une occafion de faire, pour !'Aftronomie & fa
Glogrphie, d tiles obfervations.
L’Academie impériale de Péterfbourg chargea, au mois de
Mus 1760, M. Muller fon Secrétaire perpétuel, de demander
i fAcadémie des Sciences de Paris, sil feroit poflible & quel-
qlun de nos Aflronomes de fe tran(porter en Rutlie, pour
alr, fous les aulpices de I'Impcratrice, oblerver le patfige
de Vénus dans Tendroit quon eftimeroit fe plus convenable
‘entre tous les Gtabliffemens de la Sibérie. M. l'abbé de la Caille,
qu M: Muller s'adrefia, en fit fa propofition a l'Académie;
1M. Pingré & M. Chappe témoignérent beaucoup dempreffe-
sent i remplir les intentions de la Compagnie, fi Ton jugeoit
fe voyage utile, Ils étoient les feuls Aftronomes qui n’suflent
Hil 1752. M
Google‘Vi tesMéms
p32
‘90 | Hisrorré pe ’AcApEmre Rovare
Pas encore voyagé pour I'tilité de 'A (tronomie; ils convinrent
entr'eux que M. Yabbé Chappe iroit en Ruffie, od il devoit
atre fecondé par les aftronomes de Péterfbourg, & que M.
Pingré fe réferveroit pour un autre voyage dont nous allons
parler.
‘Au mois de Mai 1760, M. de fa Lande fut un Mémoire
for cette matizre, dans lequel il sétendit for Vavantage quit
y auroit 4 placer un Obfervateur en Afrique far-tout & la
cBte occidentale, appelée communément fur nos cartes fa céte
de Cafrerie.
Cette céte, far une éendue de plus de fix cents licues ;
depuis te cap de Bonne-efpérance jufqu'a cap Nagre, éoit
placée far un méme cercle de fortie dans la mappemonde de
M. de Vlfle: ce cercle diffiroit de plus de 14 minutes de
celui qui paffoit A Tobolsk, & de 9 minutes de celui de Pon-
dicheri & du milieu dle Allemagne; ce qui offroit un avan-
tage confidérable pour déterminer ta parallaxe au moyen de la
fortie de Vénus: en fuppofant que les aftronomes Rules puflent
pénéirer jufqu'au Kamtichatka, extrémité orientale du continent
de f'Afie, comme on Vavoit projeté, on trouvoit prés de 1 5
minutes dont le moment de la fortie y devoit arriver plus t6t
qua fa cdte d'Afrique. Diaprés toutes ces obfervations, M. de
4a Lande concluoit que le voyage d Afrique Git le pe ule
de tous, que fans lui on perdroit prés des deux
tage quil y avoit & efperer dans ces oblervations ils Sovak
méme, en finiffant, contre findifference de ceux qui pour-
roient négliger une circonftance 2uffi importane, autfi. pré-
cieufe, auffi rare; un moment que le fitcle paffé nous envioit,
& dont Favenir nous fauroit mauvais gré de n'avoir pas profité,
Sur Ia propofition de ce voyage, M. Pingré soffrit de
nouveau avec courage pour Hentreprendre, & il fut décidé
won écriroit en Portugal & en Hollande, pour favoir laquelle
Ue ces difftentes ftaions fot lx plus praticable, en fuivane
e commerce ordinaire des deux Nations qui fréquentent ces
pages ‘on recut divers avis qui annongoient, de part &
‘autre, bien des obftacles,
Googlpes Screeners on
Aw mois d’Aoit 1760, M. Pingré defirant Pavoir enfin
une décifion du Miniftre & de Académie fur fon départ,
& far le Tiew de fa deftination Académie chargea M. Vabbé
de la Caille & M. de Chabert, tous deux Aftronomes &
Navigateurs, trés-capables par conféquent de juger de la potfi
bilité & de Votilité des différens voyages projetés, d’en indi-
quer les moyens, & déen fixer le choix.
'M. de Chabert fit fon rapport le 20 Aoiit, & parut ine
‘diner pour fa céte de Guinée, oft les Hollandois ont de nora-
breux_établiffemens; defirant néanmoins que on demandit
4 la Cour de Portugal fa permiffion doblerver dans fes éta-
mens, pour le cas oit M, Pingré trouveroit quelque pofli~
bilité, lorfquiil feroit en Afrique, daller jufqu’a S.* Philippe
de Benguela ou a S.' Paul de Loanda,
En effet, M. de Chabert convenoit, auffi-bien que M. de
ka Lande, que ces comptoirs Portugais, fitués & la.cdte occi-
dentale d'Afrique, un peu plus haut que le cap de Bonne-
efpérance, Goient les mieux placés pour obferver Venus, &
que M. Pingré trouveroit des reffources & des ficilités con
fidérables dans des établiffemens folides & fréquentés; mais if
Goit difficile d'y aller fans patfer auparavant au Brefil, parce
que ceft dela qu’on va fiire la traite des Négees en Afrique,
M. de Chabert obferva de plus que Tair eft ids -maw
far-tout 4 Benguela; ceux qui vont y faire la trate des Négres,
y ourent le moins qui eft poffible, & ne couchent jamais
4 terre; un paflige fubit du froid au chaud, des brouillards
Gais & des ‘vapeurs infeétes, des alimens mauvais, des ma-
Jadies cruelles, en rendent le {jour affreux. & Jes approches
redoutables, Ce n’eft pas que M. Pingré fat effrayé par kes
dangers; il témoigna publiquement quiil foubaitoit que !Aca-
démie ne fit entrer pour rien dans fa délibération Jes rifques
qui lui feroient purement perfonnels, & ne s‘occupat que dia
Bien de la chofe & du plus grand avantage de fobfervation ;
mis il y a trop de connexion entre fa fanté du voyageur & le
facets du voyage, pour qu'il fit poffible d’oublier la premiére,
gqod méme Sbumanté& les fenimens pefonnels pow un
j
Google92 Hisrorre pe w'Acapémre Rovace
confrdre qui nous oit auffi cher, ne fe feroient pas oppofés
un empreffément trop courageux, & une indifiérence trop
philofophique pour les dangers.
La céte de Guinée parut donc en effet devoir étre préferée;
Jes yai(feaux Hollandois, qui partent au mois de Janvier, y
arrivent au mois de Mars: M. Pingré y auroit eu le temps
de fe préparer & fon obfervation, & peut-étre de revenir avant
Pautomne par les vaiffeaux Hollandois, qui vont de 'Amérique
ala cote de Guince faire fa traite des Nagres.
Ss" George de la Mina, fitude 4 5 degrés de latitude nord,
& 3 degrés A occident du méridien de Paris, donnoit 10
minutes de diffrence avec Tobolsk, quantité affez. contidé-
rable pour trouver fa parallaxe 4 un quart de {econde prés 5
diailleurs M. de Chabert remarquoit futilité qu'il y auroit &
diterminer fa longitude de quelques points du golfe de Guinée,
comme Juida, l'fle du Prince ou l'fle S.'Thomé, pour fixer
Ja pofition de ces parages, qui font uésfréquentés, & dont
{a fituation eft encore mal connue: enfin fa faifon des pluies
nirrive quau mois de Juillet fur la céte de Guinée; au fiew
que plus bas, & du cété du cap de Bonne-efpérance, les pluies,
{es ouragans & Jes brouillards y font fréquens au mois de Juin.
Les difficultés qu'on ¢prouve dans un pays étranger, influent
prefque todjours far fa nature des travaux qu’on y exécute,
&, toutes chofes égales, un Francois doit fouhaiter de pouvoir
obferver dans des établiffemens Francois, o§ Vautorité royale
appuie & fotitient fes entreprifes, oft rien ne peut fui man-
quer de tout ce qui contribue au faccts de fes recherches =
FAcadémie confidéra que Yifle Rodrigues, fituce dans focén
Ethiopique, 4 61423 Forient de Paris, ou 814 de longi-
tude, & vers 194 2'de latitude méridionale, offrolt un avare
tage de plus que les cbtes d'Afrique; on pouvoit efpérer d'
voir Tentrée & la fonie de Venus, & par cette dare toale,
trouver fa parallaxe du Soleil fans aucune fuppélition de
Jongitude; on favoit auffi que le ciel a cofitume détre plus
beau & fifle Rodrigues que fir fa cbte de Guinée dans le mois
de Juin; de plus, cette ifle, quion eft obligé de reconnoitre
Google| .
pes SCIENCES
dans le voyage des Indes,
minée; enfin on étoit fir d'y arriver’a temps {ar les vaitfeauxe
de la Compagnie des Indes, fans ire obligé dattendre le
i ficcis d'une négociation dans les Cours étrangtres. On fe
! détermin done enfin pour lifle Rodrigues cette petite ifle,
fituée 4 Forient des ifles de France & de Bourbon, eft connue
par le four que Léguat & fés compagnons y firent autrefois,
& par fa defcription de Wolphert Hermanfen, rapportée dans .
le premier volume des voyages de la Compagnie ; elle a &é
appelée mal-i-propos par quelques auteurs. ifle de Diego Ro-
digués : celle-ci eft une autre iflefituce beaucoup plus & Forient ,
aL degré de latitude fad, & A 9 1 degrés de longitude, *
M, de Thury, dans le Mémoire 16 & la rentrée publique V. tes Mem.
de PAcadémie, le 12 Novembre 1760, annonca le choix P- 325:
que Académie avoit fait des Obfervateurs, & des licux de
leur deftination: ceft~a-dire, le départ de, M. Chappe pour
Tobolsk, & de M. Pingré pour lille Rodtigues.
M. de Thury fit remarquer dans ce Mémoire, que Tobolsk
eft une ville confidérable de lempire de Mofeovie, capitale
de ka Sibérie, dont fe voyage eft facile, & dans laquelle on
trouve toutes les commodités néceflaires pour Vavantage des
obfervations, M. de I'lfle y alla en 741, & M. de fifle de
h Croyére y étoit allé dea en 1734, dans Yefpace de ving
cing jours, en traineau; tout cela annongoit beaucoup de faci=
lié pour M. Yabbé Chappe, & juftifioit le choix qu’on avoit
fit de cette ville pour y obferver le paflage de Venus.
A Végard de tObfervateur, M. Tabbé Chappe s'étoit fait
,— eonnojtre avant fon entrée dans I'Académie, par un long tra~
wail g6ographique entrepris & exécuté par ordre du Roi, dans
ss environs de Bitche; par une trés-bonne édition des Tables
atlonomiques de M. Halley avec des additions, & méme
pr des obfervations d'Hiftoire Naturelle.
M. Pingré, plus ancien dans I'Académie, étoit encore plus
‘anciennement connu, par fes favans & pénibles calculs de Fetat
du Ciel, ouvrage aftronomique quilla donné pendant plufieurs
+ Voyez le Ditionnaire géographique de la Mae au mot Me.
ii
Google
poHistoire De vAcapémre Rovate
depuis ce temps-li, une multitude d’ ‘obfervations 8
de Mémoires altronomiques donnés a !'Académie, un grand
‘Tiaité far les Cométes, dont on prépare limpreffion, avoient
appris a !’Académie combien il eioit digne de la confiance da
‘Miniftere & du Public dans une affiire importante qui exigeoit
un Aftronome hnborieux &-confommé. M." les Supérieurs
* de la Congrégation de France ont bien voulu facrifier pour
tun efpace de dix-huit mois, un confrére qui leur étoit trés-
, on pourroit dire nécefliire, en ajottant que M. Pingré
étoit, depuis plufieurs années, Bibliothécaire de fa maifon de
Sainte-Genevieve a Paris; mais dans une Congregation pleine
de fcience & de mérite, il cot difficile quune entreprife
acad@mique, formée pour le progrés des Sciences, piit trouver
des Sales po ' p
Liifle Rodrigues pour laquelle M, Pingré partit au. mois
OAobre 1760, eft une petite fle cultivée par vingt
Nigres fous fe commandement dun Officier, on y ramatié
‘beaucoup de tortues de terre, & Yon y va fréquemment de
Tifle de France & de l'ifle Bourbon. Suivant le calcul de M. de
Thury, le conta intérieur de Venus a fon entrée fur le Soleil,
a di'y arriver une demi-heure aprés le lever du Soleity ent
forte que M. Pingré pouvoit efpérer davoir dans cette ifle une
obfervation compléte, Ventrée & Ia fortie; & comme nous
favons dit ,’éoit une des principales confidérations qui avoient
déterminé fe choix de lifle Rodrigues. Une entreprife autfi
pénible, auifi dangereule, auflirebutante, ne parut A M, Pingré
wun voyage agréable; & il fe préparoit a partir feul fans
lemander que perfonne allit partager fes travaux; 'Académie
Je prévint,.& tofjours fecondée, fous le miniftére de M. de
8. Florentin, avec une générofité & une confiance dignes des
fumizres qui environnent le tréne, elle obtint aifément que
M, Pingré auroit pour adjoint M. Thuilier, qui s'exergoit depuis
quelque temps aux obfervations aftronomiques, & qui folictoie
et emploi comme une occalion de faire connoitre fes talens 8
fon zéle,
M, deThury infiftoit aufli dans fon Mémoire, fur la néceffité
GoogleSecremere 5
employer depart & dare dans ces obfervations des fanetcs
deme grandeurs, afin de ne pas impliquer dans ladiffévence
des phénoménes que Yon doit obferver, celle des lunettes
différentes qu'on y feroit fervir; auflt M. Pg & M. Chappe
emporterent des lunetts de five 3 di pt pieds, tandis que
ls Attronomes fe propofoient d'obferver & Paris avec des fu-
nettes pareilles pour que tout fat gil entreux, & fe pafSit dans
une parfaite correfpondance,
Dans le temps ot Ton parloit encore des premiers projets
dun voyage en Afrique, il fut aufli beaucoup queftion de la
mer du Sud oi il edt &é utile de pouvoir obferver le pallige
de Venus, M. de la Lande infitta beaucoup a ce fajet dans y.tesatém.
fon Mémoire du 14, Mai 1760, mais il avouoit que ces ifles p- 247+
vient fi mal connues & fi peu fréquentées, qu'on ne pouvoit
efpérer que difficilement d'y placer un Obfervateur.
CCependant favantage de la Geogr bie quielt trés-imparfaite
jol ilité du paflage de Venus,
ss éclairciffemens & ce {ujet.
ifleaux du Roi, fappléoit alors
em Fabfence de M. de Bompart, aux fonétions de Garde des
journaux & plans de la Marine, i fut & portée de donner &
intéreflantes, ties de ce magnifique V.tes Mém.
depét, & en particulier de fa relation du voyage fait en 1595 P49
par le Général Alvaro Bendaiio de Neysa, qui commandoit
quatre vaifleaux Efpagnols, équipés pour fa découverte des itles
de la mer du Sud. Ce Général découvrit quatre ifles trés-agré-
ables & trés-peuplées & onze cents lieues de Lima, a 10 degrés
de latitude fud, & 136 degr’s A Foccident de Paris, ou
244 degrés de longitude géographique ordinaire, il trouva les
btes trés-flres , les habitans doux & traitables un port commode,
& tous les rafraichiflemens néceflaires, ces mémes ifles fe trou-
vent fous le nom de Marguifes de’ Mondoga dans la carte
qui accompagne [Hifloise des navigations aux terres auftrales,,
Br M. le Prfident de Broffes.
M. de Chabert fouhaitoit, auffi-bien que Académie, de
Powoir obtenir de {'Elpagne une expidition aftronomique vers
Google96 Hisrorre pe v’Acapémre Rovare
Guelques-unes de ces iffes, luieméme soffroit 3 aller dans Fifle
de Chypre, oit il edt été avantageux avoir auffi une obfer-
vation ; mais les deux voyages dont nous avons parlé, furent les
feuls que le temps & {es circonftances permirent d'effeStuer.
‘Quatre Nations favantes imiterent Je zele de 1a France;
Angleterre avoit deja annoncé dans les nouvelles publiques le
depart d'un Obfervateur pour ! Amérique feptentrionale, lorfque
la carte de M. de Ifle lui ayant appris l'inutlité de ce voyage,
elle changes Gi deftination , & envoyaa lifle de Sainte-Hééne.
Un Aftronome Anglois sembarqua auffi pour aller aux Indes,
4 Bencole ou Bencouly dans l'ifle de Sumatra; mais lesdangers
de fa navigation en temps de guerre, que cette fitre nation
croyoit ne pouvoir étre que pour nous, déconcertérent cette fois
fon projet, le vaitfeau fut attaqué, defemparé de plufieurs agréts,
& ne put arriver quau cap de Bonne-fpérance.
L’Académie des Sciences de Stockolm, envoya des Aftro-
nomes en Laponie, & en divers endroits du nord de ta Suéde,
avec de bons inflrumens, le roi de Danemarck envoya a
Drontheim en Norvége , & I’ Académie de Péterfbourg dépécha
julque far les confins de fa Tartarie & de la Chine, od empire
de Ruffie {¢ termine dans des foréts & des montagnes dont
nous ne connoiffons prefque que Jes noms.
ine nous refte plus qu’a parler del ufage & des conféquences
ww’on doit tirer de ces obfervations ,c’eft-a-dire , de lutilité quion
# propofe den tirer: nous avons dit en commengant que le
paffige de ‘Venus far le Soleil, étoit de tous les phénomines
céleftes, celui dont on devoit efpérer fa plus exadte determina-
tion de la diftance du Soleila la Terre, prefque toute {’Aftrono-
mie {uppole cette diftance connue. La grandeur des orbites de
toutes les plandtes, fa théorie des éclipfes, la connoiffance des
maffes, des volumes, des denfités, des diamétres de tous les corps
ccleftes, tiennent & fa parallaxe du Soleil, & par conféquent &
Yobfervation dont il sagit.
Une des plus belles découvertes que la connoiffance de
Yattraétion ait procurée aux Aftronomes eft celle des denfités
intéricures de toutes es Planties; nous favons, par exemple,
que
Googlepes Scrences 97
que les dentfités ou les pefanteurs {pécifiques du Soleil 8 ‘de
Jupiter font égales, tandis que Sauume, plus poreux & plus
ger, a une denfité beaucoup moindre, leur rapport eft a
peu prés celui du bois avec Yeau; la Terre, au contiaite, eft
plus denfe que le Soleil, 4 pew-prés cofnme Lantimoine felt
plus que l'eau. Ces calculs dont l'objet femble placé fi loin de la
portce de nos recherches , nous font connoitre les mafles & les
forces de toutes les Planétes, mais ils font fondés fur fa parallaxe
du Soleil, c'eft-a-dire, qu’ils dépendent de fa diftance; on fait
par exemple, que la Terre a cent foixante-dix mille fois moins
dematizre, moins de force que le Solel; mais ceft en fuppofant
ka parallaxe du Soleil de 1.0 fecondes comme ona cru jufquiici;
fifon diminuoit feulement de 2 fecondes cette parallaxe, il
fauhvit di Ja waffle de la Terre d'une toute cutive.
A quelles erreurs n’aurions-nous pas été expofés, en calculant
Jes derangemens des Planites, & leurs attractions réciproques ,
fans cette méthode exacte pour trouver fa vraie diflance du
Soleil, que fourniffoit le ‘moment du paffage de Venus? Que
ne devoit-on pas entreprendre & la vide d'un événement fi rare
dont les avantages néyligés une fois, ne pouvoient plus étre
compenfés ni par les efforts du génie, ni par fa conftance des
travaux, ni par la magnificence des plus grands Rois?
Aprésavoir écrit lhiftoire du patfige de Vénus, on exigera
fans doute que nous faffions fentir d'une maniére fimple &
ee de tout calcul, quelle ctoit la néceffité davoir des
ol teurs fi Cloignés , & de quelle maniére leurs obfervations
nous conduifent a connoitre {a diflance du Soleil: voici done
en peu de mots fa marche qui conduit & cee utile déter-
‘mination.
Lorfque Vénus paffant entre le Soleil & fa Terre, fe trouve
phoée de fagon quelle nous paroiffe toucher exactement le
bord du Soleil, le moment de ce contact des deux bords peut
soblerver avee beaucoup plus de précifion, & environ trente
feis plus exaétement quaucune diftance & quaucune autre
poltion de Venus dans fe ciel.
‘Au moment ob Ie filet de lumizxe qui féparoit les dewx
Hie 1757. Bs
Google8 Histone pe vAcapEmie Rovace
fords vient & difarotre, on eft affiré du contact, & fon ne
peut guére sy tromper de 2 fecondes, fi toutes les circon
tances font fivorables & toutes les précautions bien prifes. Tel
eft donc favantage unique de cette circonflance, celt qualors
on obferve avec la précifion de fa dixigme partie d'une feconde
de degré, une diflance far laquelle on pourroit dans tout autre
‘as fe tromper de pluficurs fecondes.
Lorfu'un Obfervateur voit & Paris fe bord de Vénus ré
pondre exactement fur fe bord du Soleil, & le toucher celui
qui eft placé dans une autre partie du monde, y apergoit né-
ceffiirement un petit intervalle, parce que le Soleil étant plus
loigné de nous, & par-deli Venus de plus de dix millions
de licues, le rayon qui paffe par les deux bords des plandtes ,
& qui paffe auffi 4 Paris dans Je moment oii jes deux bords
y puroiffent fe toucher, ne pale point dans les aunres parties
‘du monde, Nous remarquons fort fouvent dans les campagnes,
tune tour femble en toucher une autre qui eft beaucoup au
as fi nons formes fitucs dans leur alignement; mais pour
peu qu’on séearte & droite ou & gauche, on commence a les
voir {éparces Hune de Fautre: cet effet, qui f€ nomme la paral
daxe, a tien également dans le ciel; & comme il eft dautant
plus confidérable que Yun des objets eft plus pres de nous,
une parallaxe plus ou moins fenfible, toutes chofes dailleurs.
égiles, eft trés~propre & nous faire juger de la diftance de
Febje qe prow.
Ainfi ta feule opération quion ait a faire pour connottre
Tdoignement de Vénus, eft de chercher combien Vénus a para
ttre encore diflante du bord du Soleil pour les pays lointains,
dans le moment oi elle le touchoit exactement, vie de Paris
ou, ce qui revient encore au méme, il faffit de favoir combien
de temps il seft écoulé entre le moment oi ce contact eft
arrivé & Paris, & le moment of il a paru dans un pays trés-
Soigné, mais’ dont fa diflance eft connue. La diference de
temps a di étre de prés de 17 minutes, comme nous 'avons
dit plus haut, entre deux points antipodes ou diamétralement
coppofés, Vifle de Paques dans la mer du Sud, & Ja Meoque
Googlepes Screeners. 99
tm Anbie, Si au lew de 17 minutes que nous trouvons d'in-
tevale, en foppofint fa parallaxe da Mieil'de ro fcondes,
on vouvoit, par obfervation, quil n'y a eu que 13 minutes,
cekit une preave que fa parallixe du Soleil nef pas de 10
fronds, mais fulement de 8 fecondes; car 17 eft a 10
comme 13 eft A 8, a peu pris: la paralaxe devenant plus
pai, fa difance f trouveroit plus grande, & celle de toutes
sates Plandtes & proportion.
Nous difons que les diftances de toutes les autees Plantes
Alpendent de celles’ du Soleil, parce qu‘en effet nous con-
rwifns trés- bien les rapports que confervent entrelles ces
dines; nous favons que Satume eft dix fois plus dloigné
dh Sokil que a Terre, c'eft-icdire que, quand nous comnoitrons
h diftance du Soleil & fa, Terre, nous connojtrons auffi celle
de Sturne au Soleil, en décuplant la premiére. Nous ayons
de mime toutes les autres diftances fur une femblble échelles
mus il nous manguoit la grandeur abfolue de cette échelle,
éidhiire & mefure en licues ou en toifes; on la connoit &
un cinguitme pres; fe paflage de Vénus fur fe Soleil, obfervé
aver précilion & dang des circonflances favorables, doit la
donner & ua centiéme, c'efla-dire que nous devons connoitre
ke diflance du Soleil, fins nous tromper de trois cents mille
Jews far trente millions, comme nous avons celle de la Lune
4 cng lives pres fur quare-ving-ix mille, qui et
difance moyemg & a Terre. *
DU
PASSAGE DE VENUS SUR LE SOLEIL,
| Qui s‘objervera en 1769.
L tytn: on sot at ongtemps dns Ac
démie an fujet du patlage de Vénus, prédit pour 1761,
awa donné occaion de parler plufieurs fois de celui de
1765. M. Halley Yavoit annoncé, fans en Spicer les
sirontances i! ne fafoit pas ailleurs de be a quelle
* Min ae
Paced. 1752,
Googletoo Histoire pe VACADEMIE ROYALE
heure arriveroit ce paffage de 1769 ; il falloit calculer Veffet
des parallaxes pour les différens points de la Terre, & trouver
ainfi le degré d'avantage qu'on pourroit obtenir ce jour-li pour
fa determination de fa parallixe du Soleil, dans les pays ob if
efl poffible Wobferver.
'M, de la Lande fe chargea de ce travail, & promit de
mettre dans peu de temps fous les yeux de LAcadémie, toutes
les circonflances & tous les détails du paffage de 1769 pour
tous les pays du monde; enfin de conftruire une mappemonde
femblable & celle dont nous avons parlé ci-devant, que M. de
'Ifle avoit publide pour 1761. Les Aftronomes ayant peu
écrit fur cette matitre, & M. de I'Ifle Iui-méme n’ayant pas
indiqué fa route par laquelle il étoit parvenu & conftruire &
mappemonde, il sagiffoit d'abord de fe former une méihode
aftronomique pour ce nouveau genre d'opérations.
M. de fa Lande fentit bien quiil ne s'agiffoit pas de calculer
{€parément pour une multitude de lieux particuliers les circon
tances du paffage; ces détails immenfes rauroient pi sexécuter
affez tt pour objet que Ton fe propofoit; if filloit une adre(fe
de calcul ou une maniére générale de confidérer le globe ter~
reftre, qui pat déterminer a fa fois un grand nombre de points ,
fans exiger, pour chacum, des calculs féparés. Il parvint en effet
@ trouver Tun & fautre; il rendit compte dans fon Mémoire,
foit de fes méthodes, foit de fes réfultats.
Si Yon confidére Je cOne de lumigre qui eft formé par des
rayons partis du centre du Soleil & qui environnent fa Terre,
fon verra que la projedtion ou Ia fettion de ce céne, fur un
plan perpendiculaire a {'écliptique, & paffant par Vénus, qui
paroit fous un angle de 22 fecondes, peut repréfenter le globe
de fa Terre au milieu du difque folire, & Yon trace fur cette
projection le paratiéle décrit par chaque pays de fa Terre; ce
Paralldle y paroit fous fa forme d'une ellipie.
Lorbite de Vénus étant auffi tracée fur la méme figure , on
marque avec un feul trait de compas fur Je petit cercle qui
repent le gle del Tere, is les pays qu doivent vot
3 un méme inftant fentrée de Vénus fur te Soleil il n’eft plus
Googlepes Sciences. rot
qeeftion que de calculer par la Trigonometsie trois points de
ee cercle, pour étre en état de Je tacer fur un ylobe terreltre,
& de voir tous enfemble les pays qui ont un’ gal avantage
pour cette obfervation,
Le diamétre du cercle de projection, que nous avons fuppofé
de 22 fecondes, reft conn qu’hypotétiquement, parce qu'il
dépend de la parallaxe du Soleil que Yon cherche; aufli M. de
k Lande, pour traiter cette queftion rigoureufement & d'une
manire géométrique, donne dabord a ce cercle une expreftion
indéterminée, & exprime, fans le fecours des nombres, toutes
kes quantités que Yon peut defirer de connoitse; il a'méme
conduit cette forme algeriquejau'aux demier Glas mais
comme ce langage auroit pi ne puritre au commun des
Leéteurs quune bizarrerie, il a {uppofé enfuite a parallaxe de
10 fecondes, pour pouvoir donner en temps les ‘eff de bs
prrllxe en différens pays du monde,
I trouve, par exemple, que dans cette fuppofition de fa
panllaxe du Soleil, on verra entrée de Venus fur le Solel 1 5
rninutes plus t6t en Allemagne que dans la mer du Sud, vers
des terres auftrales, & la fortie 1 5 minutes plus tard en Arabie
que dans les ifles de fa mer da fad, dont nous avons parle
3 Toccafion du Mémoire de M. de Chabert; quand nous difons
15 minutes, il faut entendre que nous mettons & part la diff
rence des méridiens ou des longitudes de ces difftiens licuxs
cee difference fait que Yon compte dix 4 douze heures de
plus dans fes uns que dans les autres & un feul & méme inftant
mais il ne sagt pas ici dune fimple différence dans la mani
eompter, il ya de plus une diférecewllede 16 minutes
‘tre les momens oii paroitra fe faire le contact des deux bords
de Venus & du Soleil.
‘Aprés avoir indiqué la maniére de calculer les cercles qui
oivent marquer far le globe les temps ol chaque pays
oblervera Yentrée & [a fortie de Vénus, M. de la Lande
dome une méthode beaucoup plus ex; & plus prompte
de trouver tous ces cercles} cette méthode eft fi abrégee,
grid rédit & quelques ite de compas Topiction gy
ij
Google1oz Histoire De wAcapémie RovaLe
fembloit etre une des plus difficiles & des plus longues de
toute I'Aftronomie.
Suppofons que fa figure dont on sett fervi pour fa projettion
foit un cercle d'un rayon égal 4 celui du globe terreftre, far
Jequel on veut marquer les nombres qui conviennent chaque
pays, & il faffit que ce foit un globe de 6 pouces de dia
mitre, on partage le diamétre du cercle de projection en quinze
pavties cgales, par quatorze lignes paralléles, ces lignes marquent
Je nombre de degrés quil fut prendre avec un compas &
porter far fe globe pour décrire le cercle de tous les pays qui
Képondent chaque minute de temps. :
Le globe terreftre dant monté fur fon pied, & for pole
boréal élevé de 22 degrés, qui eft la déclinaifon du Soleil
pour ce jour-li du cdté du nord; fi fon toume ce globe de
manire que Paris (oit éloigné du méridien de 7» 20° du cété
rient, ou, ce qui revient au méme, fi fon met fous le
méridien les pays qui ont 270 degrés de longitude, on pourra
Yariéter dans cette fituation , & confidérer tous les pays du
monde oit fe Soleil fera levé, & tous ceux qui feront dans. les
ténebres. Puifque ceft 4.7 20' quiarrivera Yemrée du premier
bord de Venus fur le Soleil, fuivant le calcul de M. de fa
Lande; les pays placés au deffus de Thorizon feront les feuls
qui pourront voir fentrée de Vénus ou fe commencement du
pal
On pourroit done tracer fur le globe arrété dans cette po-
fition un cercle qui marqueroit du cété de 'Orient tous les
Pegs gh Henne para au coucher du Solel, & da ce de
cident ceux oit elle paroitra au temps du Soleil levant. Ces
deux demi-cercles que M. de fa Lande a tracts fur fa map-
monde, forment le ceri dillminaron pour le moment de
entrée: ce cercle paffe dans fa partie orientale de la France 8
dans Ja mer Bahique; il traverle fe nord de la Sibérie, de la
i send en Afie julquia la terre d’Yeco, entre dans la mer
du Sud prés des ifles Marianes, va rejoindre Amérique mé-
ridionale vers fe détroit de le Maire, I'Affique vis-a-vis da
Cap-verd, & enfin Ja France d’oi: nous étions partis.
Googlepes ScreNces 103
Pour faire fur la fortie de Vénus une femblable opération ,
il faut placer de méme le globe 4 13" 44’, qui eft le temps
de fa fortie, ceft-a-dire, éloigner Paris du méridien de fa
valeur de 13 4.4, ou mettre fous le méridien les pays qui
ont 17.4. degrés de longitude; car fous fa longitude de 17 4.
‘on compte midi lorfquiil eft Paris 13" 44’, ou
du matin,
Le globe dant arrété dans cette pofition, on confidérera
tous les pays de la Terre qui font dans horizon, & on tracera,
fiton veut, un cercle qui en fatfé tout le tour, il pafiera fur 1a
nie dHudfon, enfuite dans fe Mexique , & dans fa mer du
Sud, & du edté de Foccident, il traverfera la Norvege, kt Turquie,
h Perle & !’Arabie; Ja partie de ce cercle qui eft & Vorient,
défigne Jes pays qui fe couchent, & qui verront fa fortie de
‘Venus au coucher du Soleil, fa partie occidentale marque {es
pays qui fe event, & qui commengant A voir paroitre le Soleil,
verront Vénus fe quitter.
Ces pays qui fe févent & 134 44’, la Norvige, la Mer
, fe golfe Perfique, tes ifles Maldives, ou plufldt ceux
qui étant un peu plus occidentaux ne font pas encore levé
tels que la Grice, la Mer rouge, l'ifle de France, étoient dj
couchés 4 74 20', car dans Tefpace de 6" 24', il n'y a que
des pays trés -feptentrionaux qui puiffent parcourir leur arc
nodumne, ce(t-i-dire, n’avoir que 6" 24! de nuit; ainfi tous
ces pays ne verront rien du pallage de Vénus,& ilen eft de
méme de ceux qui font encore plus 4 foccident, ceft-a-dire,
toute l'Afrique, jufqu'a fa rencontre du cercle dillumination
won avoit tracé pour le moment de Senteée, qui paffe pris
Cap-verd,, traverfe une portion de l'Afrique par le royaume
Alger, & qui defignoit Fentrée au coucher du Soleil.
La portion commune aux deux cercles diillumination eft
allée & reconnoitre ,aprés qulon a décrit les deux cercles dont
ous venons de parler, Ja plus grande partie de ! Amérique
feptentrionale & de fa mer dis Sud eft dans ce cas-la, & You
y verra Ventre & la fortie de Venus.
Eneffet ifon a un globe fous les yeux, & quon fe tienne
&
1
Google104 Histoire DE VACADEMIE ROYALE
dans fa pofition que nous avons indiquée pour 7* 20" , on verra
que toute ’Amérique eft au-deflus de !hotizon; mais 6 heures
2.4’ plus tard faifant tourner le globe de 1 54 par heure, eft
dire en tout de 96 degrés du cbté de Orient comme tourne
fa Terre, on verra {@ coucher toute Ia partie orientale de l'A~
miérique, & il ne reftera fur Vhorizon que’ partie occidentale,
Je Mexique, la baie de Baffins, une portion de la Louifiane ;
de tous les pays qui ctoient levés fix heures auparavant, il n'y
aura donc que ces demniers qui ayant vii entrée, verront encore
a fortie, ce font ceux que M, de I'Ifle avoit fait enluminer en
rouge dans fa carte du paflage de 1761.
Ceft ainfi qu’on trace fur Je globe les deux cercles dillu-
mination; & légard des autres cercles que M. de la Lande
appelle cercles d'entrée & de fortie, nous avons tiché de
donner plus haut une idée de fa maniére de les tracer, au
moyen de leurs quatre poles, dont f'un tombe en Bohéme, &
Yautre en Arabie jau-deffous de Mafcate & du détroit d’Ormus;
& dans les points oppolés, nous avons dit qu'on divioit le
diamétre d'un cercle pris de méme grandeur que le globe en
‘quinze parties égales, en’ fuppofant 15 minutes de différence
pour entrée & pour la fortie, entre deux points diamétralement
oppotts. Les cordes tirées par ces points de divifions, inter-
ant desares de 114 30, 364 52’, 534 8’, 784 30%,
fi Yon fe conteine de prendre des intervalles d'une minute &
demie, au lieu de les prendre de minutes en minutes: on prend
‘done fur le globe,avec le compas, un arc de 364 52’, &
partant de Mafcate en Arabie comme centre ou plus t6t comme
pole du cercle, on décrit ce cercle fur le globe; on voit que
ce cercle puffed Sumatra dans les Indes, a la Chine, en Norvége,
quil coupe équateur a 25 degrés de longitude vis-a-vis de
la céte de Guinde ; tous les pays fitués fur cette grande circonfé
rence verront fh fortie de Vénus 3 minutes plus tt que
Maleate, cefta-dire, 134 48' comptées fur le méridien de
Paris.
Il feroit inutile de marquer Ja circonférence entiére de ces
fees en, ut Gviderment Js bomer au ays ge
Googlepes ScrENcESs 105
Soleil fera evé dans ce moment la, ceft-i-dire, qu‘on doit les
terminer aux cercles d’illumination dont nous avons parlé ci-
deffus, ainfi fe cercle de 13% 48° eft coupé, foit dans fa mer
glaciale au-deffus de la Norvége, foit dans la mer des Indes
‘vers les terres auftrales par fa ligne marquée ainfi, Sortie au
tever du Soleil. Wetit &é inutile de fe prolonger far l'Afrique &
Toccident de cette ligne, puifque ces pays n’étant pas encore
evés, ne verront point cette pI
Nous avons cru devoir une explication un pen diétaillée de
cette opération pour que chacun puiffe Pexécuter avec plus de
déail que M. de la Lande n'a pu en mettre dans fon Mémoires
comme les options ‘griphiques font a a portée de tout fe
monde, il fflitd’en bien entendre le procédé, pour les pratiquer
& les étendre a volonté.
Les conféquences que M. de la Lande a tirées de (On travail
fir le patfige de 1766 , font trés-favorables & !'Aftronomie,
if trouve qu’a Péterfbourg entrée de Vénus arrivera 7: minutes
plas t&t que pour fe centre de fa Terre ,8 fa fortie 5 minutes
plus tard, en forte que la dure y era augmentée de 1 2 minutes.
Diun autre cété 4 Mexico, capitale des établiffemens de
VEfpagne dans {Amérique feptentrionale, la fortie arrivera
6 minutes plus tt quelle ne paroitroit vie du centre deda
Terre; Yentrée arrivera au méme inftant , & ne fera aucunement
affeétce de fa parallaxe, ainfi fa durée du paffage 4 Mexico fera
plus petite de 6 minutes que la durée vie du centre de fa
Terre, & plus courte de 18 minutes que la durée obfervée
‘en Raffie; on ne fauroit guére trouver une plus grande diffé-
rence pour effet de fa parallaxe, ni une ocaafion plus favorable
\ de la déterminer: il eft probable que les Efpagnols fe diftingue-
\ ront alors , & feront quelque chofé pour lebien de 'Aftronomie;
gan 4 l'Académie impériale de Péterfbourg, on a éprouvé
ile pour oblervation de 1761, de maniére & nous faire
attendre pour 1769 tout ce que ’Aftronomie peut defirer. Il
ct vrai que ce ne fera pas afféz d'obferver 4 Péterfbourg,
fon courroit rifque de voir Vénus trop prés de horizon, & ces
‘obfervations ne feroient pas affez. fies , mais dew ou trois degrés
Ail. 1757. °
Googlero6 Historre pe vAcapEmig RoraLe
au nord de cette capitate, fuffiront pour obtenir tout ‘ce que
Yon fouhaite. Le roi de Danemarck qui a fignalé de méme
fon goat pour les Sciences, en envoyant des Aitronomes en
Norvége pour le patfige de 1761, fera A portée de nous
procurer le méme avantage que la Ruffie, sil fe trouve dans
fes Etats des Obfervateurs affez. bien exercés, & munis d'affez
bons inftrumens pour faire cette grande obfervation avec uné
précifion faffifante. .
Nous verions’ de voir pour fa durée du paffage de 1769,
de quelle manigre on parviendra a fair la difference fa plus
fenfible -voyons auffi ce quill faudroit faire, fuppofé que Yon
voulit fe procurer encore un pareil avantagg tant fur entrée
que fur la fortie, A Kégard de entrée, nous aurons en Europe
prefque toute la France, I'Allemagne, I'E(pagne & {"lalie qui
ferviront de terme de comparaifon, inais il fandroit chercher
Je terme oppok dans les ifles de la mer du Sud, vers 220 degrés
de longitude, & 40 degrés de latitude fud: dans cet endroit
de 1a mer Pacifique, il y a une étendue de pays de plus de
huit cents fees of: 'on he connoit abfolument rien , pas fe plus
Jeger veftige difles ni de continens ce feroit peut-éire une
‘occafion de rappeler Lattetion des Souverains vers cette partie
de la Geographic.
A légard de la fortic, on trouve duh cbté Ia Perle,
PArabie & tes Indes, oli Fentrée fera retardée de 7 minutes
& demic; de autre les ifles de la mer du Sud of elle fera
accélérde dantant, en forie quon trouvera 15 ‘mi
difference entre 'Inde & 1a mer du Sud, Ui era aifé a.1’Angles
terre & & la France d’envoyer des Obfervateurs dans les Indes
oi le Commerce entretient une correfpondance perpétuelles
mais il refte toijours & defirer que Ton veuille toumer {es
vies du cbté de fa mer du Sud. Les ifles vies par Quirros, &
dont i fait Veluge Je plus pompeux daw ke relativa de fou
voyage , rempliflent a peu de chole prés tout ce que Yon auroit
a defirer de ce cété-la, tant pour Fentrée que pour la fortie,
& {Académie ne fiuroit inviter d'une maniére trop preflante
Jes Puiffinces maritimes & commersantes a faire dans ces mers
. Googlepes ScrENCES. 107
qpelques tentatives en faveur de l’Aftronomie & de fa Géo-
sgaphie; le Commerce ne pourroit manquer d'y trouver auffé
» des avantages.
En parkant du paffage de 1761, quiil auroit éé 4 fouhaiter
de pouvoir obferver aufli dans la mer Pacifique, nous avons
npponté, daprés M. de Chabert, ce que difoit le Genéral Al
van Bendafio de Neyra, qui en 15.95 découvrit quatre ifles
abondintes, agréables & peuplées par des hommes affubles: on
trouve dans !Ouvraye que M. le Préfident de Broffes a publié
fir les Terres auftrales, un grand nombre de faits aufhi inté-
reins & afi propres a ranimer les experiences des Navigateurs,
des Compagnies commergantes & des Rois proteéteurs duu
Commerce, de fa Navigation & de la Phyfique.
Le Mémoire de M. de la Lande contient encore plufieurs
réfexions utiles pour prouver que fe contadt intérieur des bords
du Sokil 8 de Vénus peut sobferver a 2 ou: 3 fecondes prés.
Cate queftion avoit été ayitée dans 'Académie, & il y avoit
de put & dautre des autorités.refpectables; M. Halley, en
anongant le paflage de Venus, avoit été davis quion ne pou-
voit tromper d'une feconde dans cette obfervation. M. labbé
deh Caille dans favertiflement quill publia en 17 50, avant
fon départ pour le cap de Bonne-lpérance, faifoit ‘entrevoir
La pollbiité d'une erreur vingt fois plus grande; il eft vrai
que dans cet avertiffement. M. labbé de fa Caille avoit en vie
danimer les autres Aftronomes a faire pendant fon {éour au
Cap, de concert avec lui, toutes les obfervations de Mars &.
fervaion du patlage de Vénus pour cette recherche, M. de fa
Caille doit louable d'en peindre au contraire tes difficultés 8
kes rifques,, pour que [es Aftronomes n’atendiffent pas avec
une aeugle confiance 'année 1761 pour des recherches que
Ton pouvoit entreprendre déslors avec queue avai
Duss cete idée, M. Labbé de fa Caille failoit remarquer
far les paffages de Mercure fur fe Soleil, obfervés jufquiators,
combien on avoit vi Jes Aftronomes différer he pour
y
Google‘V. es Mém.
B97
108 Historre pe vAcADEmie RoraLE
Finftant d'une méme obférvat ‘étoit leur montrer que les
Circonflances n'étoient pas todjours affez favorables pour que
chacun pit saffurer de fon obfervation avec fa précifion de
2 ou 3 fecondes; mais la queftion étoit de fivoir ft en pre-
rant toutes les précautions pofibles, en fe fervant de lunettes
de méme ongueur, de verres également noircis; fi cant &
Yabri da vent & dans une fituation commode, fi en y appor-
tant enfin Jes organes Jes mieux prépar’s & ka plas forte atten
tion, on pouvoit encore fe tromper de 12 ou 15 fecondes.
Ciatoit Tavis pour lequel certains Aftronomes paroifloient ine
dliner, & que M. de la Lande refute dans fon Mémoire,
(p. 248) quoiquavec la modération’& les égards néceffaires:
il étoit convaincu, (oit par fa propre experience dans le pallige
de Mercure quill avoit obfervé en 17 5 3, foit par fa compa-
raifon de plufieursautres obfervations choifies, qu’avecde grandes
précations il ne devoit pas y avoir 2 ou 3 fecondes d’erreur
4 craindre, & que Fobfervation en elleméme doit fulceptible
de la précifion d une feconde, comme M. Halley Yavoit penfé,
SUR LA COMETE
Obfervie das les mois de Septembre & d Ofobre 1757.
A célebre Comite de 1 682, dont fe retour étoit anrmoncé
pour +757 ou 1758, a donné lieu a a découverte de
plufieurs autres Comeies que Yon ne cherchoit pas. On ne fait
pas précifment quel a été le premier qui apercut celle du
mois de Septembre 1757, & qui en donna connoiffances
quoi quil en foit, les nouvelles publiques Yayant fait connoitre
en Allemagne, & de-la en Hollande, M. Klinkemberg, Attro-
nome de la Hie, & Correfpondant de fAcadémie, fut fe
premier qui lobferva exaétement, & deétermina fa pofition fe
16 Septembre au matin; elle étoit alors au deflis de fa cont
tellaion des Gemeaux, un peu phis occidentale que les deux.
belles dtoiles appelées Cajlor & Poll, & fur leur paralléles:
bien-tdt elle fut obfervée aufli par Pautres Aflzonomes, Me