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2019/20
mémentos
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Jean-Philippe Tricoit
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Jean-Philippe Tricoit
Maître de conférences HDR à l'université de Lille, il est l'auteur de plusieurs ouvrages
consacrés aux modes amiables de règlement des différends (médiation, conciliation,
transaction, etc.). Il rédige également une chronique annuelle sur cette thématique à la revue
de l'arbitrage depuis 2007. Il dirige le diplôme universitaire « Médiation et arbitrage des
conflits de l'entreprise ».
Par ailleurs, il assure la codirection de l'Institut des sciences du travail, département de la
faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de l'Université de Lille. Enfin, il est
membre du jury d'entrée à l'École du barreau pour l'IEJ de Lille depuis plusieurs années.
Contactez-nous gualino@lextenso.fr
2019/20
apprendRE UTile
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Jean-Philippe Tricoit
Droit de la
Médiation et des
Modes amiables
de règlement
1re
des différends
Préface de Charles Jarrosson
Cours intégral
et synthétique
mémentos
apprendRE UTile
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:714558545:88872837:196.200.176.177:1580219554
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effet, rien ne lui échappe : ni la médiation judiciaire, ni la médiation conven-
tionnelle, ni la médiation en matière civile, pénale, administrative, commu-
nautaire... Il ne se limite pas à la médiation, mais envisage toutes les formes
de conciliation (judiciaire, de justice, conventionnelle), ou encore la conven-
tion de procédure participative, la justice restaurative, le droit collaboratif...
Les modes amiables de règlement des différends sont analysés sous tous les
angles : celui des acteurs : qui en prend l’initiative ? qui les conduit ? mais
aussi celui de la chronologie : rédaction de clauses, préalables obligatoires,
rédaction et régime des actes constatant l’accord et analyse de l’efficacité
de ces accords. On aperçoit que la matière évolue sans cesse sur la ligne
de crête qui sépare le domaine conventionnel du domaine juridictionnel.
En effet, d’une part, une clause de conciliation peut être rédigée de telle
façon qu’elle aura une incidence sur la saisine ultérieure du juge, d’autre
part, une fois l’accord conclu, il peut revenir devant le juge homologateur.
Le lecteur se rendra compte de l’extraordinaire diversité, non seulement des
modes de règlement, mais de l’esprit qui les anime selon la matière envi-
sagée (familiale, pénale, civile, sociale, administrative) ou selon les modalités
de son utilisation (médiation en ligne, action de groupe, procédure collec-
tive, ou simples rapports individuels). Cette diversité rend nécessaire le
chapitre par lequel s’ouvre cet ouvrage et qui est consacré au « régime
commun aux procédés qualifiés de médiation » ce qui fournit l’occasion
d’un exposé bienvenu des « principes communs ».
L’utilisation de cet ouvrage est facilitée par un index développé qui
permettra au lecteur pressé de trouver l’information recherchée.
L’ouvrage appellera d’autres développements, car la matière est évolutive :
certaines médiations spécifiques disparaissent, tandis que d’autres se créent.
Les modes amiables de règlement des litiges, surtout en matière convention-
nelle, ne constituent pas une catégorie fermée, mais doivent leur dynamisme
à l’imagination des praticiens qui créent sur mesure des outils spécifiques aux
fins de régler au mieux les litiges particuliers que leur activité sécrète.
Autant dire que cette première édition sera certainement suivie d’autres. En
attendant, les lecteurs de celle-ci trouveront en l’auteur un guide très sûr
pour les accompagner dans les sentiers d’une matière passionnante et
encore en devenir.
Charles JARROSSON
Professeur à l’Université Panthéon-Assas (Paris II)
Directeur du Master 2 Contentieux, arbitrage et MARC
Présentation
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Préface 5
Présentation 7
Introduction 23
1 Engouement 24
A - Engouement généralisé 24
B - Engouement rationalisé 25
2 Égarement 26
A - Expressions et termes 26
1) Modes alternatifs et modes amiables 27
2) Résolution et règlement 27
3) Litiges, conflits et différends 27
B - Notions 28
3 Fondements 28
A - Droit de l’Union européenne 29
1) Règles générales 29
2) Matières spéciales 30
B - Droit français 30
1) Règles générales 30
2) Règles éparpillées 30
DE COURS
PARTIE 1
Procédés de règlement amiable avec tiers
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1 Champ d’application du régime juridique commun 35
A - Cadre 36
B - Conditions 36
1) Conditions pertinentes 36
2) Critères inopérants 38
2 Principes composant le régime juridique commun 38
PLAN
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F - Tribunal paritaire de baux ruraux 69
G - Règlement amiable devant la CEDH 70
1 Médiation judiciaire 73
PLAN
A - Mise en œuvre de la médiation judiciaire 73
1) Modalités de mise en œuvre de la médiation judiciaire 73
a) Champ d’application de la médiation judiciaire 73
b) Conditions d’application 75
2) Acteurs de la médiation judiciaire 75
a) Rôle du juge 75
b) Médiateur judiciaire 77
3) Résultats de la médiation judiciaire 79
4) Particularités de la médiation familiale 80
a) Divorce 80
b) Exercice de l’autorité parentale 80
B - Inscription sur la liste des médiateurs auprès des cours d’appel 82
1) Conditions d’inscription sur la liste 83
a) Conditions d’établissement de la liste 83
b) Conditions requises des personnes 83
c) Conditions de dépôt de la candidature 84
2) Conditions de retrait ou de radiation de la liste 86
3) Contestations 87
2 Conciliation déléguée à un conciliateur de justice 87
A - Organisation de la procédure par le juge 87
B - Mise en œuvre de la procédure par le conciliateur de justice 88
3 Médiation administrative à l’initiative du juge 89
A - Rôle du juge dans la procédure de médiation administrative
à l’initiative du juge 90
1) Organisation de la médiation 90
2) Rétribution du médiateur 91
B - Rôle du médiateur dans la procédure de médiation administrative
à l’initiative du juge 92
4 Procédures collectives 92
A - Procédure de conciliation du livre VI du Code de commerce 93
1) Déclenchement de la procédure de conciliation du livre VI
du Code de commerce 93
a) Conditions de déclenchement 94
b) Désignation du débiteur 94
DE COURS 2) Conséquences de la procédure de conciliation 96
a) Résultats de la conciliation 96
b) Effets de la procédure de conciliation 96
3) Exécution de la procédure de conciliation du livre VI du Code
de commerce 97
4) Efficacité de l’accord issu de la conciliation du livre VI
du Code de commerce 98
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a) Constat 98
b) Homologation 99
B - Règlement amiable agricole 100
1) Déroulement de la procédure de règlement amiable
agricole 101
2) Exécution de la procédure de règlement amiable agricole 101
5 Actions de groupe 103
PLAN
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1 Institutions ayant le règlement amiable pour objet 131
A - Commission nationale des inventions de salariés 131
B - Médiateur de La Poste 132
C - Médiateur du crédit aux entreprises et médiateur
des entreprises 132
D - Procédures de règlement des différends fiscaux 133
1) Commission nationale des impôts directs et des taxes
PLAN
sur le chiffre d’affaires 133
2) Commissions administratives des impôts 134
3) Commission départementale de conciliation 134
4) Autres tiers 135
E - Sécurité sociale 136
2 Institutions ayant le règlement amiable pour moyen 137
A - Harcèlement moral 137
B - Procédures de règlement des conflits collectifs de travail 138
C - CNOSF 138
D - Professions libérales et réglementées 139
PARTIE 2
Procédés de traitement des infractions pénales
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A - Modalités de conclusion 154
B - Domaine d’application 155
2 Effets de la convention 156
A - Effets juridictionnels 156
B - Résultats de la négociation 156
1) Réussite de la négociation 157
PLAN
PARTIE 4
Actes de règlement amiable
1 Mutisme 165
2 Bavardages 166
A - Acte de conciliation 166
B - Accord résultant de la conciliation menée par un conciliateur
de justice 166
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C - Particularités de la transaction en droit des assurances 177
D - Particularités de la transaction avec une personne morale de droit
public 178
1) Transaction avec l’État 180
2) Transaction avec une commune 180
3) Transaction avec une administration 181
PLAN
PARTIE 5
Actes négociés en matière pénale
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b) Conséquences de la transaction fiscale 201
F - Procédures négociées en cas de comportements économiques
abusifs 202
1) Composition administrative de l’AMF 202
2) Procédures négociées en droit de la concurrence 203
a) Procédures négociées par la Commission européenne 203
b) Procédures négociées de l’Autorité de la concurrence 205
PLAN
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A - Juridictions judiciaires 221
B - Juridictions administratives 222
2 Convention de procédure participative 223
A - Demandes d’homologation intéressant la convention
de procédure participative 223
1) Demande d’homologation de l’accord résultant
PLAN
d’une convention de procédure participative 223
2) Procédure d’homologation d’un accord partiel
et de jugement du différend résiduel 224
B - Demandes d’homologation d’un accord faisant suite
à la procédure de mise en état 225
Index 237
Bibliographie 241
Liste des principales abréviations
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A. Arrêté
ACPR Autorité de contrôle prudentiel et de résolution
Act. Actualité(s)
AFA Agence française anticorruption
AGS Association pour la gestion du régime de garantie des créances des salariés
AJ fam. Actualité juridique famille
AMF Autorité des marchés financiers
Ann. Annexe(s)
ARCEP Autorité de régulation des communications électroniques et des postes
Ass. Assemblée
BCO Bureau de conciliation et d’orientation
BICC Bulletin d’information de la Cour de cassation
BOCCRF Bulletin officiel de la concurrence, de la consommation et de la répression
des fraudes
BOMJ Bulletin officiel du ministère de la Justice
Bull. civ. Bulletin des arrêts des chambres civiles (Cour de cassation)
Bull. civ. ass. plén. Bulletin des arrêts des chambres civiles – Assemblée plénière (Cour de
cassation)
Bull. civ. ch. mixte Bulletin des arrêts des chambres civiles – Chambre mixte (Cour de cassation)
Bull. crim. Bulletin des arrêts de la chambre criminelle (Cour de cassation)
Bull. des lois Bulletin des lois
C. cinéma Code du cinéma et de l’image animée
C. civ. Code civil
C. com. Code de commerce
C. consom. Code de la consommation
C. défense Code de la défense
C. éduc. Code de l’éducation
C. élect. Code électoral
C. énergie Code de l’énergie
C. envir. Code de l’environnement
C. mon. fin. Code monétaire et financier
C. sport Code du sport
C. trav. Code du travail
C/ Contre
CA Cour d’appel
CAA Cour administrative d’appel
CASF Code de l’action sociale et des familles
Cass. 1re civ. Cour de cassation, première chambre civile
Cass. 2e civ. Cour de cassation, deuxième chambre civile
Cass. 3e civ. Cour de cassation, troisième chambre civile
Cass. ass. plén. Cour de cassation, assemblée plénière
Cass. ch. mixte Cour de cassation, chambre mixte
Cass. com. Cour de cassation, chambre commerciale
Cass. crim. Cour de cassation, chambre criminelle
Cass. req. Cour de cassation, chambre des requêtes
Cass. soc. Cour de cassation, chambre sociale
------------------------------------------------------------------------------------------
LISTE DES ABRÉVIATIONS 19
------------------------------------------------------------------------------------------
CCA Commission des clauses abusives
CCID Commission communale des impôts directs
CCOGDA Commission de contrôle des organismes de gestion des droits d’auteur et des
droits voisins
CIID Commission intercommunale des impôts directs
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CDAD Conseil départemental de l’accès au droit
CDAS Commission départementale d’aide sociale
CDC Commission départementale de conciliation
CDI Centre des impôts
CE Conseil d’État
CEC Centre européen des consommateurs
CECMC Commission d’évaluation et de contrôle de la médiation de la consommation
CEDH Cour européenne des droits de l’homme
CGCT Code général des collectivités territoriales
CGI Code général des impôts
CGSS Caisse générale de sécurité sociale
Ch. Chambre
CIDTCA Commission des impôts directs et des taxes sur le chiffre d’affaires
Cie Compagnie
Circ. Circulaire
CJA Code de justice administrative
CJCE Cour de justice des Communautés européennes
CJIP Convention judiciaire d’intérêt public
CJM Code de justice militaire
CJUE Cour de justice de l’Union européenne
CMRA Commission médicale de recours amiable
CNHJ Chambre nationale des huissiers de justice
CNI Commission nationale des impôts directs et des taxes sur le chiffre d’affaires
CNIS Commission nationale des inventions de salariés
CNOSF Comité national olympique et sportif français
CNUDCI Commission des Nations unies pour le droit commercial international
COJ Code de l’organisation judiciaire
Comm. Commentaire
Cons. const. Conseil constitutionnel
Conv. EDH Convention européenne des droits de l’homme
CPC Code de procédure civile
CPC exéc. Code des procédures civiles d’exécution
CPCE Code des postes et des communications électroniques
CPI Code de la propriété intellectuelle
CPP Code de procédure pénale
CRA Commission de recours amiable
CRFPA Centre régional de formation professionnelle d’avocats
CRPA Code des relations entre le public et l’Administration
CSBP Cahiers sociaux du barreau de Paris
CSE Comité social et économique
CSP Code de la santé publique
CSS Code de la sécurité sociale
D. Décret
D. Recueil Dalloz
DDPP Direction départementale de la protection des populations
DGCCRF Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression
des fraudes
------------------------------------------------------------------------------------------
20 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
------------------------------------------------------------------------------------------
DGDDI Direction générale des douanes et droits indirects
DGFiP Direction générale des finances publiques
Dir. Directive
DIRECCTE Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation,
du travail et de l’emploi
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ENM École nationale de la magistrature
EPCI Établissement public de coopération intercommunale
Esp. Espèce
FPU Fiscalité professionnelle unique
GAJ civ. Grands arrêts de la jurisprudence civile
Gaz. Pal. Gazette du Palais
HALDE Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité
IFI Impôt sur la fortune immobilière
INAVEM Institut national d’aide aux victimes et de médiation
INPI Institut national de la propriété industrielle
JAF Juge aux affaires familiales
JCP JurisClasseur Périodique La Semaine juridique
JCP E JurisClasseur Périodique édition entreprises
JCP G JurisClasseur Périodique édition générale
JEX Juge de l’exécution
JO Journal officiel de la République française
JOCE Journal officiel des Communautés européennes
JOUE Journal officiel de l’Union européenne
JSL Jurisprudence sociale Lamy
L. Loi ou partie législative du Code cité
L. org. Loi organique
Lebon Recueil des décisions du Conseil d’État ou Recueil Lebon
Lebon T. Tables du Recueil des décisions du Conseil d’État ou Recueil Lebon
LPF Livre des procédures fiscales
MARD Modes amiables/alternatifs de règlement des différends
MINEFI Ministère de l’Économie et des Finances chargé de l’économie et des finances
MNE Médiateur national de l’énergie
OPJ Officier de police judiciaire
Ord. Ordonnance
PACS Pacte civil de solidarité
RD rur. Revue de droit rural
Rec. CJCE Recueil de la Cour de justice des Communautés européennes
Rec. Duvergier Recueil Duvergier
Recomm. Recommandation
Règl. Règlement
Rép. min. Réponse ministérielle
Rép. pén. Dalloz Répertoire de droit pénal et de procédure pénale Dalloz
RGPD Règlement général sur la protection des données
RJ éco. sport Revue juridique et économique du sport
RLL Règlement en ligne des litiges
RLLC Règlement en ligne des litiges de consommation
RPVA Réseau privé virtuel des avocats
SA Société anonyme
SADJAV Service de l’accès au droit et à la justice et de l’aide aux victimes
SNE Service national des enquêtes de la DGCCRF
SPF Service de la publicité foncière
T. com. Tribunal de commerce
------------------------------------------------------------------------------------------
LISTE DES ABRÉVIATIONS 21
------------------------------------------------------------------------------------------
T. confl. Tribunal des conflits
TA Tribunal administratif
TASS Tribunal des affaires de sécurité sociale
TCI Tribunal du contentieux de l’incapacité
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TFUE Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne
TGI Tribunal de grande instance
TI Tribunal d’instance
TJ Tribunal judiciaire
TPS Travail et protection sociale
UE Union européenne
URSSAF Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations
familiales
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Introduction
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1. Présentation générale. Notre époque a soif de justice mais elle ne parvient pas à
l’étancher avec le procédé traditionnel qu’est le jugement. Le juge ne peut pas tout. En
dépit des nombreuses qualités attachées à l’office du juge, le recours à ce dernier est
ressenti comme insatisfaisant par nature. Le bon sens dicte de l’éviter. La pensée popu-
laire traduit cette idée par la formule selon laquelle un mauvais accord vaut mieux
qu’un bon procès. Déjà, l’ancien droit disait « accord vaut mieux que plaid ». Cette
volonté d’éviter le procès est partagée par de nombreuses cultures et sociétés humaines.
Tant les écrits philosophiques (Épictète et Aristote avec l’Éthique à Nicomaque) que reli-
gieux les plus anciens et les plus suivis (Bible et Coran) privilégient la balance de la négo-
ciation au glaive tranchant de la justice. De même, la faveur dont jouit l’arrangement
amiable se manifeste par la pratique traditionnelle de la palabre en de nombreux
endroits d’Afrique noire et de la conciliation systématique sur le continent asiatique.
Il serait vain de tenter de retracer une histoire complète de ces méthodes. Elles ont
toujours existé. Là où il y a une société, il y a des différends. Là où il y a des différends,
il y a des modes de règlement des différends. Traditionnellement, sont présentés comme
alternatifs à la justice étatique l’arbitrage, la médiation, la conciliation et la transaction.
Avatar médiatisé de la justice consensuelle – ou négociée ou conventionnelle –, panacée
de la déjudiciarisation et de la déjuridicisation, la médiation dispose de ce caractère
magique dont toutes les institutions juridiques ne peuvent se prévaloir. Appartenant à
la catégorie des modes alternatifs de règlement des différends, dont la terminologie est
affectée par un flottement certain (v. infra), la médiation est parée de toutes les vertus
pour éviter le procès. C’est pourquoi la médiation suscite un engouement continu
depuis quelques décennies (1), ce qui emporte un égarement (2) quant aux notions qui
composent le droit de la médiation et des modes amiables de règlement des différends.
On peut affirmer l’existence de ce droit au vu des fondements qui lui sont désormais
consacrés (3).
24 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
1• ENGOUEMENT
2. Caractéristiques. L’engouement pour la médiation est généralisé tant au niveau
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:714558545:88872837:196.200.176.177:1580219554
international et européen qu’au niveau interne. Cependant, le temps passant, cet
enthousiasme devait finir par être rationalisé.
A - Engouement généralisé
3. International. Concernant le niveau international, différents organismes ont mani-
festé leur intérêt vis-à-vis de la justice conventionnelle. Les relations internationales
entre États et les traités qui les régissent contiennent des procédés propres à parvenir à
un arrangement amiable. Par exemple, le chapitre VI de la charte des Nations unies est
relatif au règlement pacifique des différends. L’article 33 de cette charte prévoit que
« les parties à tout différend dont la prolongation est susceptible de menacer le maintien
de la paix et de la sécurité internationales doivent en rechercher la solution, avant tout,
par voie de négociation, d’enquête, de médiation, de conciliation, d’arbitrage, de règle-
ment judiciaire, de recours aux organismes ou accords régionaux, ou par d’autres
moyens pacifiques de leur choix ». Pour les relations internationales privées, plusieurs
textes adoptés par la Commission des Nations unies pour le droit commercial interna-
tional (CNUDCI)1 portent sur les différentes techniques de règlement amiable. On peut
citer à titre d’illustration une loi type sur la conciliation commerciale internationale de
2002, les Notes techniques sur le règlement des litiges en ligne publiées en 20172 ou
encore la convention de Singapour relative à la médiation adoptée définitivement le
20 décembre 2018 et ouverte à signature à compter du 7 août 2019.
4. Europe. Concernant l’Europe, les diverses organisations que sont le Conseil de
l’Europe et l’Union européenne montrent régulièrement leur attachement à promouvoir
le recours aux modes alternatifs de règlement des différends.
5. Conseil de l’Europe. Du côté du Conseil de l’Europe, plusieurs recommandations ont
trait à la médiation et à la conciliation, notamment en matière administrative3, en
matière pénale4, ainsi qu’en matière familiale5 et civile6.
Dans le même mouvement, aux termes de plusieurs décisions, la Cour européenne des
droits de l’homme (CEDH) encourage le recours à ce genre de processus. Sur la base de
l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme (Conv. EDH), la Cour
européenne des droits de l’homme a soutenu que « l’existence [d’un dispositif de
médiation familiale] aurait été souhaitable en tant qu’aide à une telle coopération à
l’ensemble des parties au litige »7. Dans une optique identique, sur le fondement des
——
1. Ou United Nations Commission on International Trade Law (UNCITRAL).
2. ONU, Documents officiels de l’Assemblée générale, LXXIe session, suppl. nº 17 (A/71/17), § 217.
3. Recomm. nº Rec(2001)9, 5 sept. 2001 sur les modes alternatifs de règlement des litiges entre les auto-
rités administratives et les personnes privées ; recomm. nº R(86)12, 16 sept. 1986 relative à certaines
mesures visant à prévenir et réduire la surcharge de travail des tribunaux.
4. Recomm. nº R(99)19 sur la médiation en matière pénale.
5. Recomm. nº R(98)1 sur la médiation familiale.
6. Recomm. nº Rec(2002)10 sur la médiation en matière civile.
7. CEDH, 6 déc. 2011, nº 16192/06, Cengiz Kiliç c/ Turquie.
INTRODUCTION 25
garanties au procès équitable (Conv. EDH, art. 6, § 1er), il a été jugé qu’un préalable obli-
gatoire de médiation ou de conciliation ne constitue pas un obstacle disproportionné à
l’accès au juge8.
6. Union européenne. Du côté de l’Union européenne, dès octobre 1999 à Tampere,
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:714558545:88872837:196.200.176.177:1580219554
le Conseil européen invite les États membres de l’Union européenne à créer des « procé-
dures de substitution extrajudiciaires ». Les institutions de l’Union européenne mettent
encore à l’honneur les modes alternatifs de règlement des conflits en 2000 et en 2002
dans un Livre vert qui y est consacré. Le législateur européen n’a pas tardé à investir le
champ en fonction de ces domaines de compétence avec l’adoption d’une directive
fondamentale en date du 21 mai 20089, dénommée usuellement « directive Média-
tion ». À cet égard, l’Union européenne a réussi à imposer ses conceptions du règlement
amiable, notamment en ce qui concerne la notion de médiation (v. infra). La Cour de
justice de l’Union européenne (CJUE) a, elle aussi, développé une approche favorable
aux modes alternatifs de règlement des différends10.
7. France. En France, l’enthousiasme pour les procédés amiables ne tarit pas. Les
premières constitutions de la période révolutionnaire consacrent une ferveur certaine
pour l’amiable. Dès 1804, la transaction fait son entrée dans le Code civil. De même, le
Code de procédure civile introduit la conciliation comme préalable pour certains litiges.
De nombreuses réformes ont eu lieu depuis un peu plus d’une décennie. À l’adoption
du statut du conciliateur de justice en 1978 (v. infra) et de la loi du 8 février 1995
(v. infra), plusieurs réformes se sont ensuivies, qui ont progressivement modelé le
paysage français du règlement amiable.
Par ailleurs, les institutions françaises y attachent un intérêt toujours renouvelé. Le
Conseil d’État le démontre avec ses rapports annuels pour 1993 (« Régler autrement
les conflits : conciliation, transaction, l’arbitrage en matière administrative »), pour
2008 (« Les recours administratifs préalables obligatoires ») et pour 2010 (« Développer
la médiation dans le cadre de l’Union européenne »).
B - Engouement rationalisé
8. Origines. Les raisons expliquant l’engouement sont nombreuses et divergent selon la
position que l’on adopte.
9. Institutions. Du côté des institutions, force est de constater que la présence dans les
législations nationales et internationales offre quantité d’avantages :
– premièrement, pour les institutions juridictionnelles étatiques, cela présente l’intérêt
de réduire le volume du contentieux et de pouvoir consacrer le juge pleinement à
son office désormais unique : trancher les litiges. Mais dans le même temps, cela
retranche une mission essentielle et traditionnelle de l’office du juge : concilier ;
——
8. CEDH, sect. 1, 26 mars 2015, nº 11239/11, Momcilovic c/ Croatie.
9. Dir. nº 2008/52/CE du PE et du Cons., 21 mai 2008 sur certains aspects de la médiation en matière
civile et commerciale : JOCE nº L 136, 24 mai 2008, p. 3.
10. Par ex., CJUE, 4e ch., 18 mars 2010, nos C-317/08 à C-320/08, Rosalba Alassini et al. c/ Telecom Italia
SpA – CJUE, 3e ch., 27 juin 2013, nº C-492/11, Ciro Di Donna c/ Società imballaggi metallici Salerno
Srl – CJUE, 1re ch., 14 juin 2017, nº C-75/16, Livio Menini et Maria Antonia Rampanelli c/ Banco Popo-
lare Società Cooperativ.
26 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
– deuxièmement, pour les acteurs du monde juridique, cela ouvre certaines perspec-
tives pour leur activité, car les MARD constituent un marché économique sur lequel
se positionnent avocats, médiateurs et conciliateurs de tout genre et en tout
domaine, notaires et huissiers de justice.
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10. Particuliers. Du côté des particuliers, trois raisons peuvent également être mises en
exergue :
– premièrement, les parties en conflit maîtrisent le temps consacré à leur différend et
ne sont plus soumises au calendrier juridictionnel – souvent considéré comme trop
lent. Tandis que le recours à une médiation/conciliation conventionnelle suspend
les délais de prescription, une médiation réalisée dans un cadre contentieux offre
l’avantage de chercher un terrain propice à l’amiable en même temps que l’instance
se déroule ;
– deuxièmement, même si cela n’est pas vrai pour tous les dispositifs, le caractère
gratuit – ou avec des frais très modérés – des procédures de médiation et de conci-
liation est largement plébiscité et répandu. Par exemple, le recours au conciliateur
de justice est gratuit (D. nº 78-381, 20 mars 1978, art. 1er, al. 2). De même, la
médiation familiale est prise en charge totalement ou partiellement par les caisses
d’allocations familiales. La médiation des litiges de consommation est gratuite et
n’engendre aucuns frais pour le consommateur (C. consom., art. R. 612-1). Pour
autant, tous les mécanismes ne sont pas gratuits, notamment pour la médiation
judiciaire ou conventionnelle, dont les frais sont à la charge des parties (L. nº 95-
125, 8 févr. 1995, art. 22-2) ;
– troisièmement, le grand intérêt des MARD est d’entourer ces dernières du halo du
secret. Les échanges et les résultats de la médiation sont en principe placés sous les
bons offices du principe de confidentialité. Aucune partie ne pourra se prévaloir des
éléments et documents issus de la médiation/conciliation.
2• ÉGAREMENT
11. Position du problème. La lecture des ouvrages, des articles et des dispositions
législatives et réglementaires laisse pensif le profane. Qu’on y songe : successivement
et alternativement, termes et expressions sont employés sans nuance et sans rigueur.
A - Expressions et termes
12. Évanescence. Dans la réglementation récente, sont utilisées indifféremment les
expressions « règlement amiable des litiges »11, « résolution amiable des différends »
(CPC, art. 1528 et s. ; C. trav., art. R. 1471-1 et s.), « règlement amiable »12, « modes
alternatifs de résolution des litiges »13, « modes alternatifs de règlement des différends »
——
11. Dir. nº 2008/52/CE du 21 mai 2008.
12. Par ex., C. rur., art. L. 351-1 et s. ; anc. L. nº 84-148, 1er mars 1984 relative à la prévention et au règle-
ment amiable des difficultés des entreprises.
13. Par ex., D. nº 2016-514, 26 avr. 2016 : JO nº 100, 28 avr. 2016, texte nº 17.
INTRODUCTION 27
(L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016 de modernisation de la justice du XXIe siècle, art. 4 et 4-1
et s.), « règlement extrajudiciaire »14, ou encore « modes alternatifs de règlement des
litiges » (ex. : C. consom., art. R. 212-2 ; C. comm. pub., art. L. 2512-5). Enfin, l’arrêté
du 17 octobre 2016 fixant le programme et les modalités de l’examen d’accès au
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centre régional de formation professionnelle d’avocats (CRFPA)15 fait la distinction
entre modes amiables de résolution des différends et modes alternatifs de règle-
ment des différends. Tâchons d’expliciter quels sont les expressions et termes les plus
pertinents.
2) Résolution et règlement
14. Distinction. En ce qui concerne le règlement et la résolution, même si les expres-
sions sont proches, elles n’ont pas la même portée symbolique et la même signification
juridique. La résolution est une technique de droit des contrats qui se définit comme
l’annulation, en principe rétroactive, d’un contrat synallagmatique en raison de l’inexé-
cution de ce contrat. En revanche, le règlement porte en lui la marque des MARD. Plus
que la résolution, le règlement évoque l’apaisement et non pas la négation. Régler un
conflit, c’est vivre avec et le dépasser. Résoudre un conflit sous-entend l’effacer à
jamais. Pour cette raison, il est préférable de conserver le terme « règlement ».
——
14. Par ex., dir. nº 2013/11/UE, 21 mai 2013 ; ord. nº 2015-1033, 20 août 2015 ; C. mon. fin., art. L. 621-19.
15. JO nº 243, 18 oct. 2016, texte nº 6.
16. Timsit J., « La médiation : une alternative à la justice et non une justice alternative », Gaz. Pal. 15 nov.
2001, nº 14, p. 53.
28 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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B - Notions
16. Arbitrage. Qu’est-ce qui différencie arbitrage et médiation ? Comment identifier la
nature de la mission de l’intercesseur ? Tandis que l’arbitre exerce un pouvoir de nature
juridictionnelle, le médiateur exerce un pouvoir de nature conventionnelle. L’arbitre
tranche par la volonté des parties ; le médiateur rapproche la volonté des parties.
17. Conciliation. Comment différencier la médiation de la conciliation ? Beaucoup
d’auteurs se sont focalisés sur l’activité du tiers comme critère de distinction. Tantôt
certains arguent du rôle actif du médiateur par rapport au conciliateur, pensant que ce
dernier ne ferait que procéder à un rapprochement entre les parties ; tantôt d’autres
auteurs soutiennent l’inverse. Si, dans ce cadre, le médiateur est pris pour conciliateur
et le conciliateur est pris pour le médiateur, cela signifie que ce critère est incorrect.
En vérité, l’explication de la distinction entre médiation et conciliation est d’abord histo-
rique, car la conciliation est – au moins pour les deux derniers siècles qui se sont
écoulés – la notion la plus ancienne et la plus utilisée. En résumé, ce qui distingue la
conciliation et la médiation relève du domaine de l’être : la conciliation a une nature juri-
dictionnelle alors que la médiation est purement conventionnelle.
Pourtant, ces dernières décennies, la frontière s’est estompée entre conciliation et
médiation. Ainsi le juge a-t-il délégué une partie de son office au conciliateur de justice.
Cette explication est gommée au profit de critères plus concrets :
– le conciliateur se contenterait de trouver une solution, de constater l’accord et de
trouver une solution ;
– le médiateur effectuerait un travail plus profond en ce qu’il s’attacherait au rela-
tionnel et à rebâtir les liens sociaux.
18. Transaction. Enfin, parfois sont confondues médiation et transaction. De manière
indéniable, la médiation et la transaction sont liées intimement mais sans qu’elles coïnci-
dent : la médiation est un processus dont le meilleur des résultats serait une transaction.
La première est un procédé alors que la seconde est l’acte final.
3• FONDEMENTS
19. Sources premières. Les sources d’influence du droit de la médiation et du règle-
ment amiable sont désormais connues (v. supra). Cependant, certaines de ces sources
sont plus contraignantes que d’autres. Quelles sont-elles ? Le « noyau dur » du droit de
la médiation et des modes amiables de règlement des différends s’appuie sur deux
——
17. Jeammaud A., « Conflit, différend, litige », Droits 2001, nº 34, p. 17.
INTRODUCTION 29
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20. Règles. Classiquement, l’Union européenne a posé les règles générales et les règles
spéciales applicables aux mécanismes de médiation et de règlement amiable.
1) Règles générales
21. Union européenne. En la matière, la norme fondamentale est une directive Média-
tion du 21 mai 200818, qui précise les définitions de la médiation et du médiateur. Elle
prévoit également les règles applicables à tout procédé pouvant être qualifié de
« médiation » au sens de cette directive. La directive a fait l’objet en France d’une trans-
position morcelée et progressive, avec d’abord une ordonnance de 201119, puis l’adop-
tion de différents textes réglementaires en 201220 et en 201521. Les réformes ne sont
pas achevées, et de nombreuses expérimentations sont menées par les autorités fran-
çaises en tout domaine, notamment en matière familiale (v. infra) et en matière
administrative (v. infra).
Plusieurs remarques doivent être effectuées sur la transposition de la directive pour
souligner le génie des institutions européennes :
– premièrement, la directive européenne a normalement un champ d’application très
limité car, dans le cadre des compétences de l’Union européenne, cette directive ne
pouvait réglementer que les litiges transfrontaliers (dir. nº 2008/52/CE, art. 1er, § 2 ;
v. la définition, art. 2). Cependant, le législateur français ne tient plus compte de
cette limitation et applique les principes de la directive de 2008 aux litiges internes
et non plus uniquement transfrontaliers ;
– deuxièmement, toujours en ce qui concerne son champ d’application, la directive ne
concerne que les matières civiles et commerciales22. Elle ne s’applique notamment ni
aux matières fiscale, douanière ou administrative, ni à la responsabilité de l’État
pour des actes ou des omissions commis dans l’exercice de la puissance publique
(« acta jure imperii »). Là encore, les autorités françaises font une concession gigan-
tesque aux institutions européennes puisque les règles prévues par la directive de
2008 inspirent très largement la réforme opérée en 2016 qui instaure la médiation
administrative en France23, balayant ainsi les dispositions antérieures adoptées en
201124 ;
– troisièmement, la directive européenne transforme à jamais la notion de médiation
ainsi que les rapports qu’elle entretient avec sa cousine, la conciliation. La directive
——
18. Dir. nº 2008/52/CE, préc.
19. Ord. nº 2011-1540, 16 nov. 2011 : JO nº 266, 17 nov. 2011, p. 19286.
20. D. nº 2012-66, 20 janv. 2012 relatif à la résolution amiable des différends : JO nº 19, 22 janv. 2012,
p. 1280.
21. D. nº 2015-282, 11 mars 2015 : JO nº 62, 14 mars 2015, p. 4851.
22. Ibid.
23. L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016 de modernisation de la justice du XXIe siècle : JO nº 269, 19 nov. 2016,
texte nº 1.
24. Ord. nº 2011-1540, 16 nov. 2011, préc.
30 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
2) Matières spéciales
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22. Consommation. En matière de droit de la consommation, a été adoptée la directive
relative au règlement extrajudiciaire des litiges de consommation, dite « directive
REL »26.
23. Médiation en ligne. Plusieurs normes européennes fixent le régime juridique des
règlements extrajudiciaires en ligne. En l’occurrence, il s’agit d’un règlement européen
du 21 mai 2013 relatif au règlement en ligne des litiges (RLL) de consommation27.
Selon l’article 1er de ce règlement, celui-ci a pour objectif, en assurant un niveau élevé
de protection des consommateurs, de contribuer au bon fonctionnement du marché
intérieur, et notamment de sa dimension numérique, par la mise en place d’une plate-
forme européenne de RLL facilitant le règlement indépendant, impartial, transparent,
efficace, rapide et équitable, par voie extrajudiciaire, des litiges en ligne entre consom-
mateurs et professionnels.
B - Droit français
24. Règles. En droit français, si un socle de règles générales existe, les règles composant
le droit de la médiation sont malgré tout très éparpillées.
1) Règles générales
25. Loi du 8 février 1995. La seconde source principale du droit de la médiation est la
récipiendaire de la première, à savoir la loi du 8 février 1995. Cette dernière a été modi-
fiée de nombreuses fois depuis son adoption. En son dernier état, la loi du 8 février 1995
comporte les règles générales que tout procédé répondant aux éléments constitutifs de
la médiation doit respecter (v. infra). Elle est aussi l’une des sources de la médiation
judiciaire (L. nº 95-125, 8 févr. 1995, art. 22 et s.). Elle connaît aussi quelques
prolongements, avec la loi du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du
e 28
XXI siècle, dite « loi J 21 » , rénovée en 2019 avec la mise en place d’une
réglementation sur la médiation en ligne.
2) Règles éparpillées
26. Transformations. L’intronisation de la directive de 2008 et les transformations
apportées au droit français n’ont pas fait disparaître l’opposition entre médiation et
conciliation. D’ailleurs, les différentes modifications ont eu tendance à renforcer cette
distinction, et à forger une identité propre aux médiateurs et aux conciliateurs de
justice. À l’origine, dès le Code de procédure civile de 1806, la conciliation devant le
juge de paix était en effet si importante qu’elle en était impérative (CPC de 1806,
——
25. L. nº 95-125, 8 févr. 1995, art. 21.
26. Dir. nº 2013/11/UE, 21 mai 2013 : JOUE nº L 165, 18 juin 2013, p. 63.
27. Règl. (UE) nº 524/2013, 21 mai 2013 : JOUE nº L 165, 18 juin 2013, p. 1-12.
28. L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, préc.
INTRODUCTION 31
art. 48). Elle était alors une prérogative juridictionnelle. L’article 21 du Code de procé-
dure civile en est l’un des vestiges. Progressivement, cette compétence du juge s’est
transmise à des tiers spécialisés. En droit positif, l’aboutissement arrive en 2015,
lorsque la conciliation peut être déléguée au conciliateur de justice (D. nº 2015-282,
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11 mars 2015, art. 20).
27. Conciliation. Du côté de la conciliation, se signale particulièrement le conciliateur
de justice, qui dispose d’un statut propre depuis 197829, rénové en 201830. Il dispose
également d’un champ d’action double, partagé entre :
– le cadre judiciaire, avec la conciliation déléguée régie par les articles 129-2 à 129-6
du Code de procédure civile ;
– la conciliation menée par ses bons soins, telle que prévue aux articles 1536 à 1541
du même Code.
Outre les conciliateurs de justice existe une myriade de conciliateurs et de procédures de
conciliation, dont il serait vain d’établir une liste exhaustive31. Chacun dispose de son
propre corps de règles spéciales.
28. Médiation. Du côté de la médiation, il est difficile de trouver une notion avec des
règles plus disparates et éparpillées les unes que les autres.
Sur la médiation judiciaire, il convient de combiner – ce qui reste raisonnable – les règles
énoncées par la loi du 8 février 1995, les dispositions du Code de procédure civile, le
décret de 201732 ainsi que l’article 4 de la loi du 18 novembre 2016 telle que modifiée
par la loi du 23 mars 2019.
Sur la médiation conventionnelle, doivent être mobilisées la loi du 8 février 1995, les
dispositions du Code de procédure civile (CPC, art. 1530 et s.), celles du Code civil
(C. civ., art. 2238), étant entendu qu’il existe des médiations conventionnelles spéciales
(par ex. la médiation des litiges de la consommation, C. consom., art. L. 611-1).
Ce sont là les deux principales formes de médiation. Cependant, la médiation est
partout. On peut citer – sans être exhaustif – quelques médiateurs dont on ne parlera
pas ou peu dans cet ouvrage :
– le médiateur de l’enseignement agricole technique et supérieur (C. rur., art. D. 810-2) ;
– le médiateur de la coopération agricole (C. rur., art. L. 528-1) ;
– le médiateur de la musique (CPI, art. L. 214-6) ;
– le médiateur de santé-pair (CASF, art. D. 312-154-3) ;
– le médiateur des affaires étrangères (A., 4 sept. 201733) ;
– le médiateur des normes applicables aux collectivités territoriales (D. nº 2014-309,
7 mars 201434) ;
– le médiateur des relations commerciales agricoles (C. rur., art. 631-1) ;
——
29. D. nº 78-381, 20 mars 1978 relatif aux conciliateurs de justice : JO 23 mars 1978, p. 1265.
30. D. nº 2018-931, 29 oct. 2018 : JO nº 252, 31 oct. 2018, texte nº 9.
31. Par ex. : CPCE, art. R. 1-2-10, concernant la régulation des activités postales ; C. sport, art. L. 141-4 qui
énonce que le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) constitue une conférence des
conciliateurs ; CSP, art. R. 4234-35 concernant les règles de discipline au sein de la profession de phar-
macien ; C. envir., art. R. 121-18 relatif à la désignation par la Commission nationale du débat public
d’un conciliateur, etc.
32. D. nº 2017-1457, 9 oct. 2017 : JO nº 238, 11 oct. 2017, texte nº 9.
33. JO nº 217, 16 sept. 2017, texte nº 20.
34. JO nº 58, 9 mars 2014, p. 5031.
32 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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29. Critères. Cette présentation générale ne met pas en avant toute la variété des
instruments existants pour parvenir à un règlement amiable, ni pour déterminer tous
les critères de distinction.
À ce sujet, un premier critère est susceptible de rendre compréhensibles les mécanismes
dans leur ensemble tant dans leur essence que dans leur portée, et, partant, d’établir
une cartographie efficace des modes amiables de règlement des différends. Ce critère
est la présence d’un tiers. Certains procédés impliquent l’intervention d’un tiers, qui
peut d’ailleurs adopter plusieurs figures (partie 1). A contrario, la logique veut qu’il
résulte de ce critère que d’autres procédés partagent la même finalité, mais sans qu’un
tiers soit invité à rechercher avec les parties en cause une solution à l’amiable (partie 2).
Le second critère peut éventuellement porter sur la finalité. Dans un cadre civil, l’entente
sera recherchée entre les litigants. En revanche, dans un cadre pénal, retisser les liens
entre l’auteur de l’infraction et l’éventuelle victime commande l’instauration de
procédés de traitement spécifiques des infractions pénales (partie 3).
Une fois les procédés passés en revue, qu’ils appellent la désignation d’un tiers ou non,
un acte juridique est nécessaire pour formaliser l’accord amiable en cas de réussite de la
mise en œuvre du procédé (partie 4). Évidemment, les actes négociés en matière pénale
comportent des particularités (partie 5). L’acte de règlement amiable étant conclu,
encore faut-il recueillir l’approbation de l’autorité légitime pour que cet acte soit
pourvu de l’efficacité nécessaire à sa mise en œuvre (partie 6).
PARTIE 1
Procédés
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de règlement
amiable
avec tiers
Chapitre 1 Régime juridique commun aux procédés qualifiés de médiation. 35
Chapitre 2 Préalables à la saisine du juge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Chapitre 3 Procédés réalisés par le juge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Chapitre 4 Procédés mis en œuvre sous l’égide du juge . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
Chapitre 5 Procédés conventionnels de règlement amiable . . . . . . . . . . . . . 107
Chapitre 6 Procédés institutionnels de règlement amiable . . . . . . . . . . . . . . . 131
30. Annonce. Les procédés de règlement amiable avec tiers relèvent de régimes
différents selon le tiers désigné. Dans un premier temps, il convient de tracer le
cadre dans lequel réside le régime juridique commun aux procédés correspondant
à la qualification de médiation (chapitre 1). Le but de toute médiation est d’éviter
le contentieux. La saisine du juge étant devenue progressivement un ultime
recours, les parties doivent montrer que leur tentative de règlement amiable est
demeurée vaine. Ainsi, les préalables à la saisine du juge se multiplient ces derniers
temps (chapitre 2).
Pour autant, la recherche d’un arrangement amiable ne va pas cesser avec la saisine du
juge, car ce dernier a à sa disposition de nombreux procédés pour amener les parties à
34 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
trouver un accord. Ces procédés sont soit réalisés par le juge (chapitre 3), soit mis en
œuvre sous son égide (chapitre 4).
Cela étant, dans un second temps, les parties en conflit – les plus prévoyantes – dispo-
sent de la faculté de se départir des procédures mises à disposition dans le cadre juridic-
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tionnel pour leur préférer des procédés conventionnels de leur propre création
(chapitre 5) ou pour privilégier des procédés institutionnels (chapitre 6).
CHAPITRE 1
Régime juridique
commun aux procédés
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qualifiés de médiation
——
1. L. nº 95-125, 8 févr. 1995 relative à l’organisation des juridictions et à la procédure civile, pénale et
administrative : JO nº 34, 9 févr. 1995, p. 2175.
2. Ord. nº 2011-1540, 16 nov. 2011, art. 1er.
3. L. nº 2019-222, 23 mars 2019 : JO nº 71, 24 mars 2019, texte nº 2.
4. Dir. nº 2008/52/CE du 21 mai 2008, préc.
36 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
choisi par elles ou désigné, avec leur accord, par le juge saisi du litige » (L. nº 95-125,
8 févr. 1995, art. 21). Cette définition fixe le cadre et les conditions qui déterminent les
procédés de règlement amiable, qui se voient appliquer les règles du régime commun.
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A - Cadre
33. Exclusion du champ d’application. Le champ d’application de la médiation tel
qu’envisagé par la loi de 1995 vise uniquement les litiges civils (ex. : conflits familiaux,
relations de travail, relations commerciales, consommation, etc.). Par conséquent, les
principes de la médiation, tels qu’énoncés par les articles 21 à 21-5 de la loi de 1995,
ne sont pas applicables aux procédures pénales (L. nº 95-125, 8 févr. 1995, art. 23) et,
corrélativement, à la médiation pénale (CPP, art. 41-1). L’article 23 de la loi de 1995
l’affirme expressément : les dispositions traitant de la médiation – et, par extension, de
la médiation judiciaire – « ne sont pas applicables aux procédures pénales ». Dès lors,
selon la jurisprudence5, cela signifie que « les dispositions de l’article [23] de la loi du
8 février 1995 visent uniquement la conciliation et la médiation judiciaire en matière
civile ».
34. Champ d’application positif. De cette définition ressortent quatre conditions
pertinentes délimitant le champ d’application de la loi de 1995. Dès lors que ces quatre
conditions sont réunies, le procédé de règlement amiable en cause est subordonné aux
principes prévus par la loi de 1995. Dans la mesure où la loi de 1995, après sa modifica-
tion en 2011, contient le fruit de la transposition de la directive Médiation de 2008,
l’interprétation du champ d’application de la loi de 1995 peut être recherchée dans
cette directive.
B - Conditions
35. Typologie. Certaines conditions ont plus de pertinence que d’autres, qui sont de
peu d’importance et inopérantes.
1) Conditions pertinentes
36. Énoncé. Les critères pertinents sont égrenés par la loi de 1995 : un processus struc-
turé ; la présence d’un tiers désigné pour remplir cette mission ; la recherche d’un accord
pour apaiser un différend ; l’accord des parties.
37. Processus structuré. Le premier critère de distinction est relatif à l’existence d’un
processus structuré. Qu’est-ce qui est structuré et qu’est-ce qui ne l’est pas ? La
réponse dépend d’une savante casuistique. Les débats n’intéressent pas que l’applica-
tion des principes prévus par la loi de 1995 ; ils portent régulièrement sur l’application
d’autres dispositions faisant appel à la notion de médiation/conciliation, notamment
s’agissant de la suspension de la prescription telle que prévue par l’article 2238 du
Code civil (v. infra). Dans cette optique, l’évidence veut que soit qualifiée de médiation
au sens de la loi de 1995 celle diligentée par l’ancienne Haute Autorité de lutte contre
——
5. Cass. soc., 2 déc. 2009, nº 07-45698, inédit.
CHAPITRE 1 – Régime juridique commun aux procédés qualifiés de médiation 37
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présenté comme médiateur »8 n’équivaut pas à une mesure de médiation.
38. Tiers. La seconde condition est celle de la présence d’un tiers. Par nature, ce dernier
est étranger aux intérêts des parties. Peu importe le cadre et le mode de désignation de
ce dernier, à condition que celui-ci résulte du commun accord des parties. De manière
parfaitement évidente, entrent notamment dans cette catégorie les procédures de
médiation/conciliation conventionnelle, la médiation judiciaire et la conciliation délé-
guée au conciliateur de justice (C. civ., art. 1530 et 1531). Pour autant, la question
fondamentale demeure : qu’est-ce qu’un tiers ? En un sens large, le tiers est un interces-
seur. Plus précisément, l’article 3 de la directive Médiation de 2008 énonce qu’est
médiateur « tout tiers sollicité pour mener une médiation avec efficacité, impartialité et
compétence, quelle que soit l’appellation ou la profession de ce tiers dans l’État membre
concerné et quelle que soit la façon dont il a été nommé pour mener ladite médiation ou
dont il a été chargé de la mener ». Là encore, la définition posée par la directive est
applicable dans un sens très large ; peu importe l’appellation du tiers ou encore sa
profession de base.
39. Absence de tiers. Au contraire, en l’absence de tiers, la transaction seule ainsi que
les pourparlers transactionnels sont exclus du champ d’application de la loi du 8 février
1995. De même, en est écartée la convention de procédure participative dans la mesure
où cette dernière nécessite l’assistance d’avocats. Ces derniers ne sont pas vus comme
des tiers puisqu’ils défendent les intérêts respectifs des parties en cause.
40. Identité du tiers. Par ailleurs, l’article 3 de la directive Médiation de 2003 inclut
dans ce champ d’application « la médiation menée par un juge qui n’est chargé
d’aucune procédure judiciaire ayant trait au litige en question. Elle exclut les tentatives
faites par la juridiction ou le juge saisi d’un litige pour résoudre celui-ci au cours de la
procédure judiciaire relative audit litige ». En d’autres termes, le juge peut se faire
médiateur ou conciliateur s’il sort de son office. Par exemple, une ordonnance de média-
tion judiciaire peut désigner un magistrat en qualité de médiateur judiciaire si ce dernier
n’est pas chargé du contentieux. Par contre, lorsque la conciliation ou la médiation est
intégrée dans le cursus juridictionnel, ce dispositif sort du champ d’application de la loi
de 1995, comme semble l’indiquer une lecture téléologique. Il s’agirait notamment de la
conciliation prud’homale ou de la conciliation mise en œuvre par le tribunal judiciaire
(v. infra).
41. Finalité du processus. La troisième condition tient à la finalité de la démarche
entreprise par le médiateur : les parties doivent tenter de parvenir à un accord réglant
leur différend. Si la finalité de la démarche est d’une autre nature (constat, simple avis,
relevé technique, etc.), la procédure ne sera pas régie par la loi de 1995. Le critère
tenant à la finalité du processus ne va pas de soi, car une même personne ou un même
organisme est susceptible de jouer de nombreux rôles. Tel est le cas pour le conciliateur
——
6. CA Caen, 2e ch. civ. et comm., 15 juin 2017, nº 15/03452, inédit.
7. CA Aix-en-Provence, 8e ch. A, 28 sept. 2017, nº 15/05209, inédit.
8. CA Paris, pôle 4, ch. 5, 29 mars 2017, nº 15/20015, inédit.
38 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
désigné dans le cadre du livre VI du Code de commerce, dont les missions sont
mouvantes (v. infra). Inversement, certaines entités – malgré leur dénomination de
médiateur ou de conciliateur – peuvent ne pas remplir une mission de recherche d’un
accord à l’amiable. Par exemple, le médiateur du quotidien Le Monde, créé en 1994,
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s’apparente plutôt à un intermédiaire explicitant les pratiques du journalisme. De
même, le contrat « adulte-relais » (C. trav., art. L. 5134-100 et s.) a pour objet de
confier à des adultes-relais des missions de médiation sociale et culturelle de proximité.
À proprement parler, ces missions de médiation ne correspondent pas à des missions de
règlement amiable des différends.
42. Accord des parties. Enfin, la quatrième condition est celle de l’accord des parties.
Par deux fois, l’article 3 de la directive Médiation de 2008 et la loi de 1995 énoncent
celle-ci pour la qualification du procédé de règlement amiable. Manifestant le fonde-
ment conventionnel de toute médiation, l’accord des parties est requis tant pour le prin-
cipe du recours à ce processus que pour entériner le résultat auquel il peut aboutir.
2) Critères inopérants
43. Critères inopérants. En revanche, d’autres conditions sont écartées : la dénomina-
tion du processus et le mode de désignation du tiers.
44. Dénomination. Premièrement, l’appellation importe peu. Que le procédé soit
dénommé, à tort ou raison, conciliation ou médiation, cet aspect est indifférent. En
pratique, il arrive régulièrement que médiation et arbitrage soient confondus. Il en est
de même pour ce qui est de l’expertise de la médiation. L’intérêt est évident : à la quali-
fication juridique est attaché un régime juridique. C’est le cas pour ce qui concerne
l’article 2238 du Code civil relatif à la suspension de la prescription extinctive, qui ne
vaut que pour les processus de médiation/conciliation9.
45. Mode de désignation. Deuxièmement, peu importent le cadre et le mode de dési-
gnation du tiers chargé de parvenir à un accord en vue de la résolution amiable de leurs
différends. Selon l’article 3 de la directive Médiation de 2008, le processus « peut être
engagé par les parties, suggéré ou ordonné par une juridiction ou prescrit par le droit
d’un État membre ». Dès lors, qu’il s’agisse d’une médiation/conciliation convention-
nelle, d’une médiation judiciaire ordonnée par un juge après accord des parties sur
proposition ou injonction de ce même juge, ou encore du recours à un conciliateur de
justice, l’ensemble de ces procédures est saisi par les dispositions de la loi de 1995. En
revanche, que le médiateur soit désigné ou choisi, le fondement essentiel est celui de la
volonté des parties. Ces dernières doivent donner leur accord pour légitimer la média-
tion dans son principe et, le cas échéant, dans son résultat.
——
9. Cass. 1re civ., 9 juin 2017, nº 16-12457, publié ; Cass. 2e civ., 24 janv. 2019, nos 17-31389 et 17-31710,
inédit.
CHAPITRE 1 – Régime juridique commun aux procédés qualifiés de médiation 39
47. Concours. Les procédés de médiation sont très nombreux. En cas de concours entre
les règles générales de la loi de 1995 et d’autres règles spéciales, ce sont ces dernières
qui l’emportent. Effectivement, par application de l’article 25 de la loi du 8 février 1995,
« la médiation est soumise à des règles générales qui font l’objet de la présente section,
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sans préjudice de règles complémentaires propres à certaines médiations ou à certains
médiateurs ».
48. Principes. Ces trois principes portent respectivement sur les qualités requises du
tiers, sur la confidentialité entourant les procédés de résolution amiable et le respect
des règles d’ordre public. À ces principes impératifs s’ajoute une faculté. Selon
l’article 21-5 de la loi du 8 février 1995, l’accord auquel parviennent les parties peut
être soumis à l’homologation du juge, qui lui donne force exécutoire.
——
10. V. CASF, art. R. 451-66 à R. 451-72, ainsi que A., 19 mars 2012 relatif au diplôme d’État de médiateur
familial : JO nº 76, 29 mars 2012, p. 5709.
40 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
B - Principe de confidentialité
53. Signification. La confidentialité relève de l’essence de la médiation ; elle lui est
consubstantielle. C’est pourquoi, quand bien même ce caractère de confidentialité
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n’aurait aucun fondement juridique, la jurisprudence a reconnu son existence11. Il n’est
donc guère étonnant que la loi de 1995 proclame que « la médiation est soumise au
principe de confidentialité » (L. nº 95-125, 8 févr. 1995, art. 21-3, al. 1er). La confidentia-
lité consiste pour le médiateur à conserver par-devers lui les renseignements dont il aura
eu connaissance à l’occasion de son entreprise avec chacune des parties prises séparé-
ment ou globalement. Du point de vue des textes, les prescriptions de la loi de 1995
rejoignent celles de la directive de 2008. Ceci étant écrit, l’article 7 de la directive de
2008 offre l’opportunité aux États membres d’appliquer des mesures plus strictes en
vue de préserver la confidentialité de la médiation.
54. Champ d’application. La procédure de médiation en cas de harcèlement moral
instituée à l’article L. 1151-6 du Code du travail12 entre dans le champ d’application de
l’article 21-3 de la loi de 1995 et est soumise au principe de confidentialité.
55. Conséquences de la confidentialité. Le principe de confidentialité développe ses
effets sur le terrain probatoire et sur les informations que peut divulguer le médiateur.
Tout d’abord, il en résulte notamment que « les constatations du médiateur et les décla-
rations recueillies au cours de la médiation ne peuvent être divulguées aux tiers ni invo-
quées ou produites dans le cadre d’une instance judiciaire ou arbitrale sans l’accord des
parties » (L. nº 95-125, 8 févr. 1995, art. 21-3, al. 2). Par exemple, contrevient à la confi-
dentialité la comparution du médiateur en qualité de témoin lors de débats judiciaires13.
56. Exceptions au principe de confidentialité. Trois exceptions font entorse au prin-
cipe de confidentialité. Deux groupes se forment sur la base, tout d’abord, de la volonté
de se départir de ce principe et, ensuite, de circonstances qui imposent la transparence.
57. Volonté des parties. La première hypothèse où la confidentialité est réduite à néant
est celle de l’« accord contraire des parties » (L. nº 95-125, 8 févr. 1995, art. 21-3, al. 1er).
D’un commun accord, les parties disposent de la faculté d’écarter le secret couvrant le
processus de médiation et de faire primer une certaine transparence sur leurs pourparlers
et échanges.
58. Ordre public. La deuxième hypothèse est garante de la protection d’intérêts supé-
rieurs qui dépasse l’intérêt particulier qu’il y a de conserver le secret sur la médiation. Dès
lors, le principe de confidentialité n’est pas applicable « en présence de raisons impé-
rieuses d’ordre public ou de motifs liés à la protection de l’intérêt supérieur de l’enfant
ou à l’intégrité physique ou psychologique de la personne » (L. nº 95-125, 8 févr. 1995,
art. 21-3, al. 3, a). Sur ce point, il convient de souligner que l’article 7 de la directive de
2008 évoque « la protection des intérêts primordiaux des enfants ».
59. Utilité. Enfin, la confidentialité ne doit pas constituer un obstacle au processus de
médiation lui-même. Par conséquent, les renseignements marqués du sceau de la confi-
dentialité sont dévoilés « lorsque la révélation de l’existence ou la divulgation du
——
11. TGI Paris, réf., prem. prés., 18 janv. 1999, nº 50.395/98, SNECMA c/ Ségui et al., inédit.
12. CA Nancy, 2e ch. soc., 21 oct. 2016, nº 15/00076, inédit.
13. CA Paris, pôle 4, 8e ch., 25 juin 2015, nº 14/25024, inédit.
CHAPITRE 1 – Régime juridique commun aux procédés qualifiés de médiation 41
contenu de l’accord issu de la médiation est nécessaire pour sa mise en œuvre ou son
exécution » (L. nº 95-125, 8 févr. 1995, art. 21-3, al. 3, b).
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60. Disponibilité. Le troisième principe relève de l’évidence. L’ordre public doit être
préservé : « l’accord auquel parviennent les parties ne peut porter atteinte à des droits
dont elles n’ont pas la libre disposition » (L. nº 95-125, 8 févr. 1995, art. 21-4). La distinc-
tion est délicate entre droits disponibles et droits indisponibles. Outre les hypothèses où
le législateur a qualifié lui-même une règle comme ayant un caractère d’ordre public14,
la notion d’ordre public en question est celle dont le respect est porté par l’article 6 du
Code civil. Aux termes de cette disposition, « on ne peut déroger, par des conventions
particulières, aux lois qui intéressent l’ordre public et les bonnes mœurs ». De même,
l’article 1102 du Code civil prévoit que « la liberté contractuelle ne permet pas de
déroger aux règles qui intéressent l’ordre public ». La négociation ne doit pas avoir
pour résultat d’écarter des règles fondamentales organisant la vie en société. Le consen-
tement ne peut pas tout. Par exemple, aucune stipulation du contrat d’assurance obliga-
toire ne peut avoir pour effet de subordonner la mise en œuvre des garanties à des
conditions que la loi ne prévoit pas15. Pour certaines matières, très imprégnées de
règles d’ordre public, le départage peut s’avérer d’une très grande complexité, notam-
ment en droit du travail ou en droit de la consommation.
61. Contrôle du juge homologateur. Dans ce cadre, l’accord auquel parviennent les
parties peut être soumis à l’homologation du juge, qui lui donne force exécutoire
(L. nº 95-125, 8 févr. 1995, art. 21-5). Selon une jurisprudence traditionnelle, cela
amène le juge homologateur à exercer « son contrôle [sur l’accord, qui] ne peut porter
que sur la nature de la convention qui lui est soumise et sur sa conformité à l’ordre
public et aux bonnes mœurs »16.
62. Contestation. Enfin, on peut considérer que, malgré la conclusion d’un accord sous
l’égide d’un médiateur, cet accord pourra être contesté en cas de violation d’une règle
d’ordre public, y compris si l’accord a reçu homologation.
3• MÉDIATION EN LIGNE
63. Attrait. La médiation en ligne ne cesse de se développer avec la bénédiction du
législateur, grâce à l’adoption de la loi de programmation 2018-2022 et de réforme
pour la justice du 29 mars 201917. Cette dernière a modifié les dispositions de la loi
——
14. Pour des exemples, v. C. civ., art. 1388 sur les devoirs et les droits résultant pour les époux du
mariage ; C. civ., art. 16-9 sur le respect du corps humain ; C. civ., art. 1104, qui énonce que « les
contrats doivent être négociés, formés et exécutés de bonne foi ».
15. Cass. 1re civ., 11 janv. 2017, nº 15-28301, publié.
16. Cass. 2e civ, 26 mai 2011, nº 06-19527, publié, à propos de l’homologation fondée sur l’ancien
article 1441-1 du Code de procédure civile ; v. infra.
17. L. nº 2019-222, 23 mars 2019 : JO nº 71, 24 mars 2019, texte nº 2.
42 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
J 21 du 18 novembre 2016. En ses articles 4-1 et suivants, cette loi organise les moda-
lités de fonctionnement de la médiation en ligne.
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64. Fondements juridiques. Le droit de la médiation en ligne connaît une lente consti-
tution. A priori, dès leurs débuts, en dépit de l’absence de textes spécifiques, on pouvait
considérer que les dispositifs de médiation/conciliation en ligne entraient dans le champ
d’application de la loi du 8 février 1995, sous réserve de répondre aux éléments consti-
tutifs de la définition de la médiation posée par cette loi.
Par la suite, lentement mais sûrement, le droit de la médiation en ligne s’est formé par la
conjonction de règles à différents niveaux :
– en premier lieu, dès 2010, la CNUDCI a réuni un groupe de travail (groupe de
travail III dédié au règlement des litiges en ligne) chargé d’entreprendre des travaux
dans le domaine du règlement des litiges en ligne. Ses travaux ont abouti en
201618. Ont ainsi été établies des Notes techniques sur le règlement des litiges en
ligne publiées en 201719. Ces notes posent plusieurs principes pour le bon fonction-
nement des procédures de règlement en ligne20 ;
– en second lieu, en matière de litiges de consommation, les institutions de l’Union
européenne ont adopté un règlement européen le 21 mai 201321, qui est subor-
donné à la directive Médiation22, et transposé en France en 201523. Concrètement,
la Commission développe une plateforme de règlement des litiges en ligne (RLL) et
est responsable de son fonctionnement, y compris de toutes les fonctions de
traduction nécessaires, ainsi que de sa maintenance, de son financement et de la
sécurité des données24 ;
– en dernier lieu, le 23 mars 2019 a été promulguée la loi de programmation 2018-
2022 et de réforme pour la justice25, qui a reçu l’onction du juge constitutionnel26.
Cette loi a inséré au sein de la loi du 18 novembre 201627 les articles 4-1 à 4-7, qui
organisent les services en ligne de conciliation ou de médiation. Le législateur a
conçu ces dispositions comme un embryon de règles fondamentales applicables
quel que soit le domaine en cause. Elles sont entrées en vigueur le 25 mars 2019.
Jusqu’où iront les sites de médiation en ligne ? Depuis 1998 déjà, différentes plate-
formes – comme Cybersettle, un site créé aux États-Unis dans le domaine des assu-
rances – s’appuient sur l’intelligence artificielle et l’automatisation des algorithmes de
——
18. Résolution adoptée par l’Assemblée générale le 13 décembre 2016.
19. ONU, Documents officiels de l’Assemblée générale, LXXIe session, suppl. nº 17 (A/71/17), § 217.
20. V. le § 7 : équité, transparence, respect des garanties procédurales et responsabilité.
21. Règl. (UE) nº 524/2013 du PE et du Cons., 21 mai 2013 relatif au règlement en ligne des litiges de
consommation : JOUE nº L 165, 18 juin 2013, p. 1-12.
22. Règl. (UE) nº 524/2013, préc., art. 3.
23. Ord. nº 2015-1033, 20 août 2015 relative au règlement extrajudiciaire des litiges de consommation :
JO 21 août 2015.
24. Règl. (UE) nº 524/2013, art. 5.
25. L. nº 2019-222, 23 mars 2019 : JO nº 71, 24 mars 2019, texte nº 2.
26. Cons. const., 21 mars 2019, nº 2019-778 DC.
27. L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, préc.
CHAPITRE 1 – Régime juridique commun aux procédés qualifiés de médiation 43
négociation pour régler à l’amiable des différends. Dans les contrées françaises, on peut
mentionner Médicys, créé à l’initiative de la Chambre nationale des huissiers de justice
(CNHJ).
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:714558545:88872837:196.200.176.177:1580219554
B - Fonctionnement de la médiation en ligne
65. Acteurs. Aux termes de l’article 4-1 de la loi du 23 mars 2019, par souci de cohé-
rence, la médiation en cause, même si elle résulte d’un service en ligne, est celle définie
à l’article 21 de la loi du 8 février 1995. Les services de conciliation/médiation en ligne
sont mis à disposition, indifféremment, par des personnes physiques ou des personnes
morales. Ces propositions de service en ligne de conciliation ou de médiation donnent
lieu ou non, tout aussi indifféremment, à rémunération.
66. Obligations. Ces prestataires de services de médiation/conciliation en ligne sont
soumis, parce qu’il s’agit de dispositif de médiation, aux obligations communes, ce que
rappelle surabondamment l’article 4-1 de la loi modifiée du 18 novembre 2016 pour la
confidentialité requise durant la médiation, sauf accord des parties. Il en est de même
pour l’article 4-6 de la même loi, qui impose d’accomplir la mission de médiation « avec
impartialité, indépendance, compétence et diligence » (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016,
nouvel art. 4-6, al. 1er), réitérant des impératifs déjà présents dans la loi du 8 février
199528.
Au titre des obligations spéciales, les prestataires à titre onéreux ou à titre gratuit de
service de médiation/conciliation en ligne sont tenus des obligations relatives à la protec-
tion des données à caractère personnel. On pense notamment au règlement général sur
la protection des données (RGPD)29. En outre, le service en ligne délivre une information
détaillée sur les modalités selon lesquelles la résolution amiable est réalisée (L. nº 2016-
1547, 18 nov. 2016, nouvel art. 4-1).
67. Humanisation. Les services en ligne mentionnés aux articles 4-1 et 4-2 de la loi
modifiée du 18 novembre 2016 ne peuvent avoir pour seul fondement un traitement
algorithmique ou automatisé de données à caractère personnel. Lorsque ce service est
proposé à l’aide d’un tel traitement, les parties doivent en être informées par une
mention explicite et doivent expressément y consentir. Les règles définissant ce traite-
ment ainsi que les principales caractéristiques de sa mise en œuvre sont communiquées
par le responsable de traitement à toute partie qui en fait la demande. Le responsable de
traitement s’assure de la maîtrise du traitement et de ses évolutions afin de pouvoir
expliquer, en détail et sous une forme intelligible, à la partie qui en fait la demande la
manière dont le traitement a été mis en œuvre à son égard (L. nº 2016-1547, 18 nov.
2016, nouvel art. 4-3).
——
28. L. nº 95-125, 8 févr. 1995, art. 21-2. Deux remarques sont nécessaires : premièrement, la qualité
d’indépendance est ajoutée par rapport à la loi du 8 février 1995 ; deuxièmement, le champ d’applica-
tion de l’article 4-6 est large, puisqu’il vise « les personnes physiques ou morales qui concourent à la
fourniture ou au fonctionnement des services en ligne », et non pas uniquement les prestataires de
médiation/conciliation en ligne.
29. Règl. (UE) nº 2016/679, 27 avr. 2016 : JOUE nº L 119, 4 mai 2016, p. 1-88, dit « règlement général sur
la protection des données » (RGPD).
44 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
68. Restrictions d’activités. Des restrictions sont apportées aux activités des presta-
taires de services de médiation/conciliation en ligne. Ces derniers ne peuvent réaliser
des actes d’assistance ou de représentation contrevenant au monopole dont bénéficient
les avocats conformément aux conditions prévues à l’article 4 de la loi du 31 décembre
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197130. Elles ne peuvent donner des consultations juridiques ou rédiger des actes sous
seing privé qu’à la condition de respecter les obligations résultant de l’article 54 de la
même loi (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, nouvel art. 4-5). Les dispositions de cet
article édictent les conditions nécessaires pour réaliser des consultations juridiques (ex. :
être titulaire d’une licence en droit, etc.) ou rédiger des actes sous seing privé.
69. Secret professionnel. Spécialement, les prestataires de services de médiation/
conciliation en ligne sont expressément tenus par le secret professionnel. L’article 226-
13 du Code pénal leur est applicable (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, nouvel art. 4-6,
al. 2). À défaut, ils encourent une sanction pénale. Selon l’article 226-13 du Code
pénal, la révélation d’une information à caractère secret par une personne qui en est
dépositaire soit par état ou par profession, soit en raison d’une fonction ou d’une
mission temporaire, est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende.
70. Certification facultative. Les services en ligne fournissant des prestations de conci-
liation, de médiation, telle que définie à l’article 21 de la loi du 8 février 1995 précitée,
peuvent faire l’objet d’une certification par un organisme accrédité (L. nº 2016-1547,
18 nov. 2016, nouvel art. 4-7, al. 1er).
71. Demande de certification. En principe, la certification n’est pas automatique. Elle
est demandée et examinée. Ainsi cette certification est-elle accordée au service en ligne
qui en fait la demande, après vérification du respect des exigences mentionnées aux arti-
cles 4-1 à 4-6 de la loi modifiée du 18 novembre 2016 (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016,
nouvel art. 4-7, al. 2).
72. Certification de plein droit. Par exception, la certification est accordée de plein
droit aux conciliateurs de justice, aux médiateurs inscrits sur la liste prévue à
l’article L. 615-1 du Code de la consommation au titre de leur activité de médiation de
consommation ainsi qu’aux personnes inscrites, dans le ressort d’une cour d’appel, sur la
liste des médiateurs prévue à l’article 22-1 A de la loi du 8 février 1995 précitée
(L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, nouvel art. 4-7, al. 3).
Les conditions de délivrance et de retrait de la certification ainsi que les conditions dans
lesquelles est assurée la publicité de la liste des services en ligne de conciliation, de
médiation ou d’arbitrage seront précisées par décret en Conseil d’État (L. nº 2016-
1547, 18 nov. 2016, nouvel art. 4-7, al. 4).
——
30. L. nº 71-1130, 31 déc. 1971 portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques : JO
5 janv. 1972, p. 131.
CHAPITRE 2
Préalables à la saisine
du juge
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73. Évolutions. Ces derniers temps, l’accès à la voie contentieuse se referme régulière-
ment. De plus en plus, les préliminaires se multiplient. De plus en plus, les parties doivent
justifier de leurs efforts avant de saisir le juge. De manière générale, les parties sont tenues
de faire figurer dans les actes introductifs d’instance les diligences en vue de parvenir à un
arrangement à l’amiable (1). De manière spéciale, c’est-à-dire pour certains types de
contentieux, les parties ont à leur charge d’entreprendre les démarches pertinentes pour
s’accorder, et ce, en ayant recours à un mécanisme de règlement amiable existant (2).
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time tenant à l’urgence ou à la matière considérée, en particulier lorsqu’elle intéresse
l’ordre public, l’assignation précise également les diligences entreprises en vue de
parvenir à une résolution amiable du litige ».
78. Requêtes et déclarations. La même information figure également au sein de la
requête et de la déclaration envisagées à l’article 58 du Code de procédure civile.
79. Sanction. Le défaut de mention n’est pas sanctionné par l’irrecevabilité de la
demande, car « en tout état de cause, cette mention n’est pas prévue à peine de
nullité »2. La jurisprudence d’appel confirme cette approche3. Dernièrement, la Cour de
cassation a cassé un jugement qui déclare irrecevable une requête en annulation d’un
protocole préélectoral et d’élections professionnelles au motif que le requérant ne
mentionne pas les diligences accomplies en vue de parvenir à une résolution amiable
du litige et ne justifie pas davantage d’un motif légitime le dispensant de l’accomplisse-
ment de ces diligences4.
Cela étant, le défaut de mention n’est pas sans conséquences. Ainsi, cette lacune
emporte l’application des dispositions de l’article 127 du Code de procédure civile. Ce
dernier dispose que « s’il n’est pas justifié, lors de l’introduction de l’instance et confor-
mément aux dispositions des articles 56 et 58 [du Code de procédure civile], des dili-
gences entreprises en vue de parvenir à une résolution amiable de leur litige, le juge
peut proposer aux parties une mesure de conciliation ou de médiation ». Ici, le juge
dispose simplement « de la possibilité de proposer aux parties une mesure de concilia-
tion ou de médiation [...]. Il ne s’agit là que d’une faculté pour le juge, qui appréciera
de l’opportunité de proposer de telles mesures, en particulier au vu de la nature du
litige »5.
80. Diligences. Quelles sont les diligences au sens des articles 56 et 58 du Code de
procédure civile ? Selon un arrêt de la cour d’appel de Douai6, la mise en place de
délais de paiement entre les parties constitue des diligences entreprises en vue de
parvenir à une résolution amiable du litige au sens de l’article 56 du Code de procédure
civile. À l’inverse, dans une décision du 24 mai 20187, la deuxième chambre civile de la
Cour de cassation statue sur une demande d’annulation de la réclamation par un avocat
soumise au bâtonnier dans le cadre d’une procédure de contestation d’honoraires8. Ce
——
1. D. nº 2015-282, 11 mars 2015 relatif à la simplification de la procédure civile à la communication élec-
tronique et à la résolution amiable des différends : JO nº 62, 14 mars 2015, p. 4851.
2. Circ., 20 mars 2015, de présentation du décret no 2015-282 du 11 mars 2015 relatif à la simplifica-
tion de la procédure civile, à la communication électronique et à la résolution amiable des différends,
BOMJ 2015, p. 6.
3. Par ex., TGI Paris, 3e ch., 4e sect., 8 juin 2017, nº 16/02842, inédit ; v. aussi Cayenne, ch. civ., 6 mars
2017, nº 16/00051, inédit.
4. Cass. soc., 19 déc. 2018, nº 18-60067, FS-P+B.
5. Circ., BOMJ, p. 6-7 ; pour une application, Douai, 2e ch., 1re sect., 14 sept. 2017, nº 16/04503, inédit.
6. CA Douai, 2e ch., 1re sect., 9 mars 2017, nº 16/05160, inédit.
7. Cass. 2e civ., 24 mai 2018, nos 17-18458 et 17-18504.
8. Pour le détail de la procédure, D. nº 91-1197, 27 nov. 1991 organisant la profession d’avocat,
art. 175.
CHAPITRE 2 – Préalables à la saisine du juge 47
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procédure civile ».
81. Exceptions. Successions. Au principe énoncé par les articles 56 et 58 du Code de
procédure civile s’oppose l’article 1360 de ce même Code, qui traite de l’assignation en
partage en matière de successions. Dans cette dernière hypothèse, si l’assignation est
muette sur les diligences de résolution amiable, l’irrecevabilité de l’action est retenue
car le manquement à cette exigence constitue une fin de non-recevoir9. Dans un arrêt
du 4 janvier 201710, il a été jugé qu’« à peine d’irrecevabilité, l’assignation en partage
contient un descriptif sommaire du patrimoine à partager et précise les intentions du
demandeur quant à la répartition des biens ainsi que les diligences entreprises en vue
de parvenir à un partage amiable ». En revanche, dans une décision du 13 janvier
201611, il a été jugé que les dispositions de l’article 1360 du Code de procédure civile
n’étaient pas applicables à l’action oblique en partage.
B - Divorce
82. Transformations. En ce qui concerne le divorce, la loi de programmation 2018-
2022 a modifié certaines dispositions (L. nº 2019-222, 23 mars 2019).
83. Divorces. Dans tous les autres cas de divorce que celui par consentement mutuel
judiciaire (C. civ., art. 250), l’époux qui introduit l’instance en divorce peut indiquer les
motifs de sa demande si celle-ci est fondée sur l’acceptation du principe de la rupture
du mariage ou l’altération définitive du lien conjugal. Hors ces deux cas, le fondement
de la demande doit être exposé dans les premières conclusions au fond (C. civ.,
art. 25112).
84. Mentions. Par ailleurs, la demande introductive d’instance comporte le rappel des
dispositions relatives :
– à la médiation en matière familiale et à la procédure participative ;
– à l’homologation des accords partiels ou complets des parties sur les modalités
d’exercice de l’autorité parentale et les conséquences du divorce (C. civ., art. 252,
al. 113).
La demande introductive d’instance comporte également, à peine d’irrecevabilité, une
proposition de règlement des intérêts pécuniaires et patrimoniaux des époux (C. civ.,
art. 252, al. 214).
——
9. Cass., avis, 13 févr. 2012, nº 11-00008 : Bull. civ. avis nº 1.
10. Cass. 1re civ., 4 janv. 2017, nº 15-25655, publié.
11. Cass. 1re civ., 13 janv. 2016, nº 14-29534, publié.
12. Applicable à une date fixée par décret en Conseil d’État, et au plus tard le 1er septembre 2020 ;
v. L. nº 2019-222, 23 mars 2019, art. 109, VII.
13. Ibid., pour l’entrée en vigueur.
14. Ibid., pour l’entrée en vigueur.
48 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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85. Régime antérieur. Dans le but de favoriser les modes alternatifs de règlement des
différends (MARD), le législateur, à l’article 4 de la loi J 21, avait prévu le recours obliga-
toire à une tentative de conciliation menée par un conciliateur de justice avant toute
saisine du tribunal d’instance. Ce préliminaire impératif n’était écarté que dans trois cas
de figure :
– soit lorsque l’une des parties au moins sollicite l’homologation d’un accord ;
– soit lorsque les parties justifient d’autres diligences entreprises en vue de parvenir à
une résolution amiable de leur litige ;
– soit lorsque l’absence de recours à la conciliation est justifiée par un motif légitime.
86. Fondements juridiques. L’article 4 de la loi J 21 a été remanié en 2019 (L. nº 2019-
222, art. 3, II) en tenant compte de la fusion des tribunaux d’instance avec les tribunaux
de grande instance au profit de ces derniers (v. infra, no 110). Cet article 4 conserve le
principe d’une tentative de règlement amiable préalable à la saisine du tribunal judiciaire
pour certains types de litiges, à peine d’irrecevabilité (v. infra). En somme, cet article
pose une condition de recevabilité préalable à un recours contentieux. Cela étant, dans
une décision du 21 mars 2019, le Conseil constitutionnel a considéré que cette disposi-
tion ne méconnaît ni la liberté contractuelle, ni la liberté individuelle, ni aucune autre
exigence constitutionnelle, ni aucune discrimination injustifiée entre les justiciables, ni
au droit à un recours juridictionnel effectif15. Ces dispositions entrent en vigueur le
1er janvier 2020.
A - Champ d’application
87. Juridiction visée. L’article 4 de la loi J 21 vise la saisine du tribunal judiciaire et non
plus celle du tribunal d’instance.
88. Domaines d’application. Ce préliminaire impératif est circonscrit à deux hypo-
thèses, notamment lorsque la demande tend au paiement d’une somme n’excédant
pas un certain montant ou lorsque la demande est relative à un conflit de voisinage
(L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, art. 4, al. 1er).
89. Exclusion du préalable obligatoire. Le recours obligatoire à un mécanisme de
règlement amiable avant toute saisine du tribunal judiciaire est écarté dans quatre hypo-
thèses, mentionnées expressément par le nouvel article 4 de la loi du 18 novembre
2016 :
– « si l’une des parties au moins sollicite l’homologation d’un accord ;
– lorsque l’exercice d’un recours préalable est imposé auprès de l’auteur de la
décision ;
——
15. Cons. const., 21 mars 2019, nº 2019-778 DC, Loi de programmation 2018-2022 et de réforme pour la
justice, § 15 à 24.
CHAPITRE 2 – Préalables à la saisine du juge 49
– si l’absence de recours à l’un des modes de résolution amiable [...] est justifiée par
un motif légitime, notamment l’indisponibilité de conciliateurs de justice dans un
délai raisonnable ;
– ou encore si le juge ou l’autorité administrative doit, en application d’une disposi-
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tion particulière, procéder à une tentative préalable de conciliation ».
In fine, le nouvel article 4 de la loi du 18 novembre 2016 prévoit aussi que l’obligation de
règlement amiable « ne s’applique pas aux litiges relatifs à l’application des dispositions
mentionnées à l’article L. 314-26 du Code de la consommation »16. Concrètement, les
litiges portant sur le crédit à la consommation ou le crédit immobilier ne donnent pas
lieu à la recherche préalable d’un arrangement amiable avant la saisine du tribunal
judiciaire.
——
16. En l’occurrence, cela intéresse les dispositions des chapitres II et III (« Crédit à la consommation et
crédit immobilier ») et des sections 2 à 7 du chapitre VI (« Regroupements de crédits » ; « Sûretés
personnelles » ; « Délai de grâce » ; « Lettre de change et billets à ordre » ; « Règle de conduite et
rémunération » ; « Formation du prêteur et de l’intermédiaire » ; C. consom., art. L. 314-24 à L. 314-
25) du titre Ier (« Opération de crédit ») du livre III (« Crédit ») du Code de la consommation.
50 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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du tribunal judiciaire. Bien que déclaré conforme à la Constitution17, l’article 4 n’est
applicable que sous une réserve d’interprétation formulée par le Conseil constitutionnel.
Ce dernier a considéré qu’« il appartiendra au pouvoir réglementaire de définir la notion
de “motif légitime” et de préciser le “délai raisonnable” d’indisponibilité du conciliateur
de justice à partir duquel le justiciable est recevable à saisir la juridiction, notamment
dans le cas où le litige présente un caractère urgent ».
94. Sanction. La sanction est expressément indiquée par l’article 4 de la loi J 21. Le
manquement à cet impératif a pour conséquence l’« irrecevabilité [de la demande en
justice] que le juge peut prononcer d’office ». Dès lors, à défaut de satisfaire au
préalable de la tentative de règlement amiable, les parties encourent l’irrecevabilité de
leur action en justice. En vue de renforcer l’efficacité de cette mesure, il est prévu que
le juge « peut prononcer d’office » l’irrecevabilité (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016,
art. 4, al. 1er). Cela semble devoir n’être qu’une simple faculté pour le juge.
——
17. Cons. const., 21 mars 2019, nº 2019-778 DC, § 20.
CHAPITRE 3
Procédés réalisés
par le juge
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95. Annonce. Les procédés de règlement amiable réalisés par le juge lui-même – et non
pas un médiateur ou un conciliateur désigné à cet effet – résultent de l’office du juge lui-
même en ce qu’est attribuée au juge une fonction conciliatrice générale (1) – outre sa
fonction de jurisdictio. Cette mission essentielle du juge connaît de nombreuses déclinai-
sons selon la matière en cause et correspond à toute une variété de procédures spéciales
de conciliation, plus ou moins appropriées à chaque juridiction (2).
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Cette mission a lieu à tout moment et perdure tant que l’instance n’a pas trouvé d’issue.
En ce sens, « il entre toujours dans la mission du juge de concilier les parties ou de cons-
tater leur conciliation ».
100. Rôle du juge. Enfin, le juge peut adopter différentes postures dans la mise en
œuvre de son office. Il peut se montrer passif en ce sens que « la nature particulière
des faits constituant la matière litigieuse et l’importance qui s’attache à un nécessaire
apaisement des esprits, compte tenu des relations professionnelles qui continuent
d’unir les parties, conduisent le tribunal à proposer à l’attention de ces mêmes parties
le texte d’un protocole dont l’acceptation serait de nature à mettre fin au litige et sur
lequel elles devront donner leur avis à une audience ultérieure, en comparaissant en
personne ou par l’intermédiaire de leurs conseils respectifs »2. À l’inverse, le juge peut
se montrer actif dans la recherche d’une solution amiable. Par exemple, un tribunal
d’instance – compétent en la matière avant la fusion avec le TGI – reste dans le cadre
de la mission de conciliation confiée à tout juge par l’article 21 du Code de procédure
civile lorsque ce dernier, ayant justement observé que l’organisation légale des élections
des représentants du personnel dans une entreprise ne faisait pas obstacle à la négocia-
tion d’un accord entre les partenaires sociaux ainsi que le prévoit le Code du travail,
cherche, dans une mesure qui n’est pas contraire à l’ordre public, à provoquer entre
eux un nouveau dialogue en vue d’aboutir à un accord3.
101. Impartialité. En revanche, le juge n’est ni une arme, ni un aiguillon, ni un moyen
de pression pour forcer les parties à négocier et à conclure un accord amiable. Le risque
pour le juge est de faire défaut à son obligation d’impartialité d’ouvrir la voie à une
requête en suspicion légitime à son égard (CPC, art. 341 et 356). En ce sens, une telle
requête est accueillie favorablement lorsque le juge indique « certains des éléments de
la décision qui serait adoptée en cas d’échec de la tentative de conciliation menée par
l’un des magistrats de la formation de jugement »4. Plus largement, est frappé du
sceau de la partialité le magistrat5 qui compose la formation de jugement alors qu’il
exerçait les fonctions de vice-président de l’Institut national d’aide aux victimes et de
médiation (INAVEM).
——
1. Cass. 1re civ., 27 févr. 1985, nº 84-10129 : Bull. civ. I, nº 78, p. 72.
2. TGI Paris, 10 mai 1978 : Gaz. Pal. 1978, 2, Somm., p. 397.
3. Cass. soc., 22 avr. 1982, nº 81-60903 : Bull. civ. V, nº 258 ; étant entendu qu’en matière d’élections
professionnelles des représentants du personnel, aucun accord ne peut porter atteinte aux règles
d’ordre public, v. Cass. soc., 19 déc. 2018, nº 18-60067, FS-P+B.
4. Cass. 2e civ., 15 mars 2012 : Bull. civ. II, nº 54.
5. Cass. crim., 13 janv. 2015, nº 12-87059.
CHAPITRE 3 – Procédés réalisés par le juge 53
façon que ce soit à un tiers. Il a fallu beaucoup de doigté et de temps pour que soit
acceptée la mise en œuvre de missions de médiation sous l’égide du juge.
103. Modalité d’application de l’office du juge. En l’absence de texte spécifique,
l’idée était de fonder la faculté pour le juge de désigner un médiateur sur l’article 21 du
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Code de procédure civile. Selon un arrêt de la cour d’appel de Paris du 17 décembre
19876, « la médiation, qui permet d’assurer, sous le contrôle du juge qui l’ordonne et
en présence d’une personnalité ayant sa confiance, la confrontation des points de vue
respectifs des parties à un litige, en vue de la négociation préliminaire d’un protocole
d’accord, constitue une modalité d’application de l’article 21 ; elle est une mesure
d’administration judiciaire relevant de l’office du juge et de son devoir de veiller au règle-
ment par voie amiable ou imposée des différends qui lui sont soumis ; une bonne admi-
nistration de la justice impose que ne soient pas tranchés, dans l’immédiat, les points
litigieux, à peine de gêner la recherche de la solution amiable et il convient donc de
surseoir à statuer sur la compétence du juge saisi et sur la qualité pour agir du deman-
deur jusqu’au terme prévu de l’opération de médiation ».
Selon un autre arrêt des juges parisiens, « l’institution prétorienne de la médiation n’est
pas contraire à la loi dès lors que, conçue comme une modalité du processus de conci-
liation, et non comme une délégation des pouvoirs du juge, elle permet d’assurer seule-
ment, sous le contrôle de celui-ci et en présence d’une personnalité ayant sa confiance,
la confrontation des points de vue respectifs des parties à un litige et d’entamer la
négociation »7. La Cour de cassation entérine cette approche avec une formule plus
ramassée dans un arrêt prononcé en 19938. Elle y précise que « la médiation, dont
l’objet est de procéder à la confrontation des prétentions respectives des parties en vue
de parvenir à un accord proposé par le médiateur, est une modalité d’application de
l’article 21 du nouveau Code de procédure civile tendant au règlement amiable des
litiges, et, par voie de conséquence, exclusive de tout pouvoir juridictionnel, dont le
juge ne peut être investi par les parties que par la volonté commune exprimée en ce
sens de manière certaine dans les termes des articles 12 et 58 du nouveau Code de
procédure civile ».
104. Évolution. Depuis cette époque pionnière, le recours à la nomination d’un tiers
aux fins d’apporter une solution amiable est devenu monnaie courante. D’ailleurs, peu
de personnes s’émeuvent du fait que la conciliation peut être désormais déléguée à un
conciliateur de justice.
105. Interdiction de délégation au technicien. Le caractère exclusif et l’interdiction
de déléguer sa prérogative de conciliation apparaissent au détour de quelques disposi-
tions du Code de procédure civile intéressant la nomination d’un tiers par le juge. Le
juge ne peut donner au technicien mission de concilier les parties (CPC, art. 2409). Si
l’interdiction est absolue, elle ne fait pas obstacle à tout aménagement. Ainsi, l’inter-
vention du technicien peut être subordonnée à l’absence de conciliation entre les
parties. Échappe ainsi à la prohibition prévue par l’article 240 l’hypothèse selon laquelle
——
6. CA Paris, 17 déc. 1987 : D. 1988, IR, p. 27 ; Gaz. Pal. 1988, 1, p. 206.
7. CA Paris, 16 mai 1988 : D. 1988, Somm., p. 328, obs. Langlois P.
8. Cass. 2e civ., 16 juin 1993, nº 91-15332 : Bull. civ. II, nº 211, p. 114 ; cf. aussi CA Paris, 28 mars 1991 :
Rev. arb. 1991, p. 470, note Jarrosson C.
9. Pour une application, CA Versailles, 4 déc. 1991 : D. 1992, IR, p. 77.
54 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
le tribunal a seulement donné mission à l’expert de déposer son rapport au cas où les
parties ne parviendraient pas à se concilier10.
Cette même interdiction vaut pour l’expert. En pratique, cela ne signifie pas que le tech-
nicien ou l’expert ne réalise pas de facto un rapprochement entre les parties. C’est pour-
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quoi, dans le cadre d’une expertise (CPC, art. 263 et s.), l’aboutissement positif d’une
conciliation met un terme à celle-ci. L’article 281 du Code de procédure civile prévoit
que si les parties viennent à se concilier, l’expert constate que sa mission est devenue
sans objet ; il en fait rapport au juge. En outre, l’interdiction de donner à l’expert la
mission de concilier les parties n’a pas pour effet de frapper de nullité l’accord transac-
tionnel intervenu entre elles sans initiative de l’expert.
La jurisprudence est relativement souple avec la prohibition posée à l’article 240 du
Code de procédure civile. Si le juge ne peut donner à l’expert mission de concilier les
parties, l’expert peut constater l’accord intervenu entre celles-ci sur son avis11. Enfin,
sur un plan probatoire, la constatation de l’expert est par elle-même insuffisante à
établir l’existence d’un accord entre les parties12.
——
10. Cass. 2e civ., 21 mars 1979 : Bull. civ. II, nº 91.
11. Cass. 2e civ., 21 juill. 1986 : Bull. civ. II, nº 131.
12. Cass. 1re civ., 11 mars 2003, nº 00-17532, publié.
CHAPITRE 3 – Procédés réalisés par le juge 55
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2• PROCÉDURES JUDICIAIRES DE CONCILIATION
109. Juridictions. Les procédures spéciales de conciliation (ou de règlement amiable)
sont organisées au cas par cas par le Code de procédure civile. Elles visent le tribunal
judiciaire, le tribunal de commerce, le conseil de prud’hommes, le contentieux de la
sécurité sociale, la saisie des rémunérations, le tribunal paritaire des baux ruraux ainsi
que la CEDH.
——
13. Cons. const., 21 mars 2019, nº 2019-778 DC.
14. L. nº 2019-222, 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice : JO nº 71,
24 mars 2019, texte nº 2.
15. L. org. nº 2019-221, 23 mars 2019 relative au renforcement de l’organisation des juridictions : JO
nº 71, 24 mars 2019, texte nº 1.
56 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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Article 830. – La demande aux fins de tentative préalable de conciliation est formée par décla-
ration faite, remise ou adressée au greffe.
Le demandeur indique les nom, prénoms, profession et adresse des parties, ainsi que l’objet de
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sa prétention.
Le demandeur qui s’oppose à ce que la conciliation soit déléguée à un conciliateur de justice le
signale dans sa déclaration.
La prescription et les délais pour agir sont interrompus par l’enregistrement de la demande.
Section I : La conciliation déléguée à un conciliateur de justice
Article 831. – En l’absence d’opposition du demandeur dans sa déclaration, le juge peut délé-
guer à un conciliateur de justice la tentative préalable de conciliation.
Le greffier avise le défendeur par lettre recommandée avec demande d’avis de réception de la
décision du juge et de la faculté qui lui est ouverte de refuser la délégation. L’avis précise les
nom, prénoms, profession et adresse du demandeur et l’objet de la demande.
Le défendeur peut refuser la délégation de la tentative de conciliation. Le refus est exprimé par
déclaration faite, remise ou adressée au greffe dans les 8 jours suivant la notification qui lui est
faite de la décision du juge. En ce cas, le juge procède lui-même à la tentative de conciliation.
Article 832. – À défaut de refus de la délégation par le défendeur dans le délai prévu par
l’article 831, le demandeur et le conciliateur de justice sont avisés par tout moyen de la décision
du juge. Une copie de la demande est adressée au conciliateur.
Le conciliateur de justice procède à la tentative de conciliation comme il est dit aux articles 129-
2 à 129-4, 130 et 131. À sa demande, sa mission peut être renouvelée, sans qu’il soit néces-
saire de recueillir l’accord des parties.
En cas d’échec de la tentative de conciliation, le conciliateur de justice en informe le juge en
précisant la date de la réunion à l’issue de laquelle il a constaté cet échec.
Article 832-1. – Les avis adressés aux parties par le greffier précisent que chaque partie peut se
présenter devant le conciliateur avec une personne ayant qualité pour l’assister devant le juge.
Les parties sont en outre avisées qu’en application des articles 833 et 836, dont les dispositions
sont reproduites, la juridiction peut être saisie aux fins d’homologation de leur accord ou aux
fins de jugement en cas d’échec de la conciliation.
Article 833. – La demande d’homologation du constat d’accord formée par les parties est
transmise au juge par le conciliateur. Une copie du constat y est jointe.
Section II : La conciliation menée par le juge
Article 834. – Lorsque le juge procède lui-même à la tentative préalable de conciliation, le
greffe avise le demandeur par tout moyen des lieu, jour et heure auxquels l’audience de conci-
liation se déroulera.
Le défendeur est convoqué par lettre simple. La convocation mentionne les nom, prénoms,
profession et adresse du demandeur ainsi que l’objet de la demande.
L’avis et la convocation précisent que chaque partie peut se faire assister par une des personnes
énumérées à l’article 828.
Article 835. – À défaut de conciliation, l’affaire peut être immédiatement jugée si les parties y
consentent. Dans ce cas, il est procédé selon les modalités de la présentation volontaire.
Dans le cas contraire, les parties comparantes sont avisées que la juridiction peut être saisie aux
fins de jugement de la demande, en application de l’article 836 dont les dispositions sont
reproduites.
Section III : La demande aux fins de jugement en cas d’échec de la conciliation
Article 836. – En cas d’échec total ou partiel de la tentative préalable de conciliation, le deman-
deur peut saisir la juridiction aux fins de jugement de tout ou partie de ses prétentions initiales.
La saisine de la juridiction est faite selon les modalités prévues par l’article 829.
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CHAPITRE 3 – Procédés réalisés par le juge 57
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La demande qui n’entre pas dans le champ d’application de l’article 843 peut également être
faite par déclaration au greffe lorsqu’elle est formée dans le mois suivant la réunion ou
l’audience à l’issue de laquelle a été constaté l’échec de la tentative de conciliation. Toutefois,
dans ce cas, le tribunal peut renvoyer le demandeur à mieux se pourvoir, s’il lui apparaît que
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l’affaire ne relève pas de sa compétence, ou à le saisir autrement, si la déclaration est tardive
ou ne mentionne pas son fondement juridique. Cette décision est une mesure d’administration
judiciaire qui peut être prise par simple mention au dossier.
[...]
Article 842. – [...] Lorsque les parties ont soumis leur différend à un conciliateur de justice sans
parvenir à un accord, leur requête conjointe peut également être transmise au greffe à leur
demande par le conciliateur.
[...]
Chapitre II : La procédure aux fins de jugement
Section II : Le déroulement de l’instance
Sous-section I : La conciliation
Article 845. – Le juge s’efforce de concilier les parties.
Le juge peut également, à tout moment de la procédure, inviter les parties à rencontrer un
conciliateur de justice aux lieu, jour et heure qu’il détermine. Les parties en sont avisées, selon
le cas, dans l’acte de convocation à l’audience ou par une lettre simple. L’avis indique la date de
l’audience à laquelle l’affaire sera examinée afin que le juge constate la conciliation ou tranche
le litige. L’invitation peut également être faite par le juge à l’audience.
[...]
Sous-section II : Les débats
[...]
Article 847. – À défaut de conciliation constatée à l’audience, l’affaire est immédiatement
jugée ou, si elle n’est pas en état de l’être, renvoyée à une audience ultérieure. Dans ce cas, le
greffier avise par lettre simple les parties qui ne l’auraient pas été verbalement de la date de
l’audience.
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conciliatrice en même temps que proposer aux parties en conflit d’avoir recours à
d’autres processus, comme celui de médiation familiale. En vertu de l’article 1071 du
Code de procédure civile16, le juge aux affaires familiales (JAF) a pour mission de tenter
de concilier les parties17. Pour le contentieux relatif à l’exercice de l’autorité parentale, en
cas de désaccord, le juge s’efforce de concilier les parties (C. civ., art. L. 373-2-10, al. 1er).
115. Pouvoirs du JAF. Saisi d’un litige, il peut proposer une mesure de médiation et,
après avoir recueilli l’accord des parties, désigner un médiateur familial pour y procéder
(CPC, art. 1071, al. 2). Le JAF dispose aussi du pouvoir d’enjoindre aux parties en conflit
de rencontrer un médiateur. La décision enjoignant aux parties de rencontrer un média-
teur familial en application des articles 255 (divorces judiciaires autres que le divorce par
consentement mutuel judiciaire) et 373-2-10 du Code civil (exercice de l’autorité paren-
tale) n’est pas susceptible de recours (CPC, art. 1071, al. 3).
116. Injonction de faire. Dans le cadre de la procédure de l’injonction de faire (CPC,
art. 1425-1 et s.), le tribunal, en cas d’inexécution totale ou partielle de l’injonction de
faire qu’il a délivrée, statue sur la demande, après avoir tenté de concilier les parties
(CPC, art. 1425-8, al. 1er).
——
16. Dans sa version issue du D. nº 2004-1158, 29 oct. 2004, art. 4, en vigueur le 1er janv. 2005.
17. Concernant la pratique de la médiation familiale en maisons de justice et du droit, v. circ. SADJAV,
13 mai 2009 relative à la fixation des règles en matière de pratique de la médiation familiale en
maisons de justice et du droit et en points d’accès au droit : BOMJ 30 août 2009, nº 4.
CHAPITRE 3 – Procédés réalisés par le juge 59
conciliateur de justice à cette fin. Cette désignation peut revêtir la forme d’une simple
mention au dossier (CPC, art. 860-2).
121. Absence de conciliation. En l’absence de conciliation, si l’affaire n’est pas en état
d’être jugée, la formation de jugement la renvoie à une prochaine audience ou confie à
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l’un de ses membres le soin de l’instruire (CPC, art. 861).
C - Conciliation prud’homale
122. Historique. Créé pour apaiser les conflits entre les fabricants de soie et les canuts
(les ouvriers de la ville de Lyon) sur le fondement d’une loi du 18 mars 180618 et d’un
décret du 3 juillet de la même année19, le conseil de prud’hommes est devenu le juge
naturel du contrat de travail ; ses caractéristiques ont été forgées au travers de
nombreux ajouts. Un décret du 27 mai 184820 lui confère son caractère paritaire.
Cela étant, dès ses origines, le conseil de prud’hommes a pour mission d’apaiser les
conflits par la voie de l’amiable. Selon l’article 6 de la loi du 18 mars 1806, « le conseil
de prud’hommes est institué pour terminer par la voie de la conciliation les petits diffé-
rends qui s’élèvent journellement soit entre des fabricants et des ouvriers soit entre des
chefs d’atelier et des compagnons ou apprentis ».
123. Transformations de la justice prud’homale. La décennie 2010-2020 aura vu la
métamorphose de la juridiction prud’homale. L’ancienne juridiction « élective et pari-
taire » n’est désormais plus que « paritaire » (C. trav., art. L. 1421-1). Depuis quelques
années, les réformes de la vénérable juridiction prud’homale ne cessent de se sédi-
menter, le conseil de prud’hommes étant attaqué sur de nombreux points et de toutes
parts.
Déjà transformée sous l’impulsion de la loi Macron21, la justice prud’homale poursuit sa
mue avec l’adoption d’un décret22.
Pourtant, le préliminaire de conciliation prud’homale demeure envers et contre tout,
même s’il a subi de grandes altérations et une concurrence de la part d’autres procédés
de règlement amiable.
124. Compétence prud’homale. Conformément à sa compétence matérielle définie
par les articles L. 1411-1 du Code du travail, le conseil de prud’hommes, en qualité de
juge naturel des relations individuelles de travail, est compétent pour connaître de la
validité de la transaction et des conséquences de la nullité s’il y a lieu23, même si cette
transaction a été constatée dans un procès-verbal dressé par le bureau de conciliation
et d’orientation (BCO)24.
——
18. Bull. des lois, 4e série, An XIV, nº 1423, p. 352-358.
19. Bull. des lois, 4e série, An XIV, nº 1742, t. 5, p. 284.
20. Rec. Duvergier, 1848, p. 312.
21. L. nº 2015-990, 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques : JO
nº 181, 7 août 2015, p. 13537.
22. D. nº 2016-660, 20 mai 2016 relatif à la justice prud’homale et au traitement judiciaire du contentieux
du travail : JO nº 120, 25 mai 2016.
23. Cass. soc., 28 févr. 2007, nº 06-42005.
24. Cass. soc., 29 sept. 2010, nos 09-42084 et 09-42085.
60 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
125. Saisine. La demande en justice est formée soit par une requête, soit par la présen-
tation volontaire des parties devant le BCO (C. trav., art. R. 1452-1, al. 1er). En outre, la
saisine de la juridiction prud’homale montre la distinction existant avec la médiation
conventionnelle : tandis que cette dernière suspend le cours de la prescription, la
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saisine du conseil de prud’hommes, même incompétent, interrompt la prescription
(C. trav., art. R. 1452-1, al. 2).
126. Mention de la requête. La requête par laquelle la demande en justice est formée
« comporte les mentions prescrites à peine de nullité à l’article 58 du Code de procédure
civile » (C. trav., art. R. 1452-2, al. 2).
1) Organisation du BCO
127. Compétence du BCO. Par principe, comme son nom le laisse suggérer, le bureau
de conciliation et d’orientation est dédié en premier lieu au rapprochement amiable des
parties. Le BCO est chargé de concilier les parties (C. trav., art. L. 1454-1, al. 1er).
128. Absence d’exclusivité. Le BCO ne dispose pas d’un rôle exclusif en matière de
conciliation. La conciliation n’est pas son domaine réservé puisque la conciliation peut
avoir lieu à tout moment. Elle peut intervenir à l’occasion de la mise en état : « Si les
parties se concilient, même partiellement, le conseiller rapporteur constate dans un
procès-verbal l’accord intervenu » (C. trav., art. R. 1454-5). À cet égard, si le conseiller
rapporteur peut être membre du bureau de jugement, l’opinion exprimée par ce
dernier, à l’occasion de leur mission précédant le délibéré, sur le caractère mal fondé
de la demande du salarié est susceptible de faire naître un doute légitime sur son impar-
tialité et celle de la juridiction à laquelle ils appartiennent (C. trav., art. R. 1454-4),
contrevenant ainsi au droit à un procès équitable tel que fondé à l’article 6, § 1er de la
Convention européenne des droits de l’homme25.
En outre, la procédure diligentée devant le bureau de jugement ne fait pas obstacle au
constat d’une conciliation entre les parties. Le bureau de jugement peut constater la
conciliation des parties (C. trav., art. R. 1454-22).
De même, les pouvoirs du BCO ne se limitent pas à la tentative de conciliation. Il dispose
ainsi du pouvoir d’ordonner la délivrance des documents de fin de contrat et le verse-
ment de provisions (C. trav., art. R. 1454-14), ainsi que de pouvoirs de mise en état et
d’orientation.
129. Composition du BCO. Le règlement intérieur établit un roulement au sein du
bureau de conciliation et d’orientation entre tous les conseillers prud’hommes salariés
et employeurs. Il peut prévoir l’affectation de certains conseillers prud’hommes par prio-
rité à ce bureau (C. trav., art. R. 1454-7, al. 1er).
La présidence appartient alternativement au salarié et à l’employeur, suivant un roule-
ment établi par ce règlement. Celui des deux qui préside le bureau le premier est
désigné par le sort (C. trav., art. R. 1454-7, al. 2 ; sur les hypothèses d’absence de prési-
dence, v. C. trav., art. R. 1454-9).
130. Périodicité. À l’origine, le préliminaire de conciliation se tenait journellement de
11 h jusque 13 h (L., 18 mars 1906, art. 7). Selon le droit positif, cette audience est
désormais hebdomadaire. Les séances du bureau de conciliation et d’orientation ont
——
25. Cass. soc., 3 mars 2009, nº 07-15581 : Bull. civ. V, nº 54.
CHAPITRE 3 – Procédés réalisés par le juge 61
lieu au moins une fois par semaine, sauf si aucune affaire n’est inscrite au rôle (C. trav.,
art. R. 1454-8, 1re phrase).
131. Mission première. Une lecture littérale de l’article L. 1411-1 du Code du travail
– doublée par celle de l’article R. 1454-10 du même Code – rend compte de la mission
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première de la juridiction prud’homale. Le conseil de prud’hommes règle par voie de
conciliation les différends qui peuvent s’élever à l’occasion de tout contrat de travail
soumis aux dispositions du même Code entre les employeurs, ou leurs représentants, et
les salariés qu’ils emploient. Ce n’est que lorsque la conciliation échoue que la seconde
mission du conseil de prud’hommes se manifeste. Selon l’alinéa 2 de l’article L. 1411-1
du Code du travail, il juge les litiges lorsque la conciliation n’a pas abouti.
2) Préliminaire de conciliation
132. Préliminaire substantiel. Formalité substantielle26 pourvue d’un caractère d’ordre
public27, le préliminaire de conciliation est d’une importance capitale, son omission frap-
pant la procédure de nullité28. À défaut de respecter cet interdit, le conseil de prud’-
hommes qui se saisit d’un tel différend commet un excès de pouvoir29. Toutefois, si elle
n’est pas imputable aux parties, l’irrégularité peut être couverte en appel30.
Ce préalable impératif est particulièrement puissant puisqu’il prive de leur efficacité les
clauses de médiation/conciliation insérées dans les contrats de travail31. Auparavant, il
en découlait également l’exigence de la comparution personnelle des parties32. Dans la
mesure où les parties ont désormais simplement la faculté de se faire assister ou repré-
senter (C. trav., art. R. 1453-1, al. 2), l’obligation de comparution personnelle devant le
juge prud’homal est considérée comme obsolète33.
On peut aussi considérer que le développement des modes alternatifs de règlement des
différends en droit du travail risque de mettre un coup d’arrêt à la jurisprudence rendant
inefficaces les clauses de médiation/conciliation.
133. Absence de réitération. La conciliation tentée mais qui n’a pas porté ses fruits n’a
pas à être réitérée34, quand bien même les chances de parvenir à un accord amiable
seraient élevées. Dans le même sens, ne nécessitent aucune réitération la reprise d’ins-
tance après radiation35 ainsi que la tierce opposition36.
Toutefois, la possibilité d’un accord n’est pas totalement obérée, puisque d’autres
instruments sont à la disposition du BCO ou du bureau de jugement, notamment la
désignation d’un médiateur judiciaire ou d’un conciliateur de justice (v. infra).
——
26. Cass. soc., 7 mars 1957 : Bull. civ. IV, nº 271.
27. Cass. soc., 15 et 23 janv. 1959 : JCP G 1959, II, p. 11055.
28. Cass. soc., 12 déc. 2000, nº 98-46100 : Bull. civ. V, nº 422, p. 324.
29. Cass. soc., 29 janv. 1950 : Bull. civ. III, nº 557.
30. Cass. soc., 26 avr. 2007, nos 05-45096 et 05-45097, inédit.
31. Cass. soc., 5 déc. 2012, nº 11-20004 : Bull. civ. V, nº 326.
32. Cass. soc., 6 juill. 1978 : Bull. civ. V, nº 517.
33. V. auparavant, Cass. soc., 6 juill. 1978, nº 76-40728 : Bull. civ. V, nº 577, qui relève qu’« en raison du
caractère essentiel de la mission de conciliation du conseil de prud’hommes, les parties doivent
comparaître personnellement ».
34. Cass. soc., 10 déc. 1984 : Bull. civ. V, nº 478.
35. Cass. soc., 27 févr. 2002 : TPS 2002, comm. p. 210.
36. Cass. soc., 7 oct. 1989 : Bull. civ. V, nº 645.
62 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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non-recevoir. Elles peuvent, sous cette réserve, être soulevées devant le bureau de juge-
ment. Dès lors, la partie qui s’estime lésée doit invoquer cette exception in limine litis37,
sans que le juge puisse relever cette exception d’office38.
135. Régularisation. Le manquement au préliminaire de la conciliation prud’homale
est – avant qu’il ne devienne un argument de procédure tenant à l’existence d’une
forclusion39 – régularisable. Par exemple, l’absence de convocation de l’autorité de
tutelle devant le BCO est susceptible de correction en cours d’instance40. La régularisa-
tion doit avoir lieu avant toute forclusion, c’est-à-dire lorsque les parties ont été invitées
à s’expliquer sur le fond et qu’il ne subsiste aucun grief41. Par ailleurs, cette irrégularité
de fond est couverte en cause d’appel si elle n’est pas imputable aux parties42.
136. Dispenses. Le préliminaire de conciliation n’est pas applicable à tous types de
demandes. Sont dispensées de ce préalable :
– les demandes nouvelles (C. trav., art. R. 1452-7) ;
– les demandes reconventionnelles43 ;
– le différend relatif au refus de l’employeur d’accorder un congé (C. trav., art.
L. 3142-13, L. 3142-34, L. 3142-54, L. 3142-81 et L. 3142-92) ;
– la demande de qualification de la rupture du contrat de travail à la suite d’une prise
d’acte de la rupture du contrat de travail par un salarié (C. trav., art. L. 1451-1) ;
– la demande relative au licenciement d’un administrateur salarié (C. com., art. L. 225-33) ;
– la demande de requalification d’un CDD en CDI (C. trav., art. L. 1245-244) ;
– la demande de requalification d’une convention de stage en CDI (C. trav., art.
L. 1454-5) ;
– la demande de requalification d’un contrat de mission en CDI (C. trav., art. L. 1251-41) ;
– la vérification des créances salariales (C. com., art. L. 621-125 et s.) dans le cadre
d’une procédure collective (C. com., art. L. 621-12845) ;
– ou encore l’exercice du droit d’alerte par un membre de la délégation du personnel
au comité social et économique (CSE) en cas d’atteinte aux droits des personnes
(C. trav., art. L. 2312-59).
Dans ces hypothèses, le bureau de jugement est saisi immédiatement sans que soit
respecté le préliminaire de conciliation. Assez régulièrement, de nouvelles hypothèses
d’exemptions sont ajoutées, réduisant un peu plus le champ de la conciliation
prud’homale.
——
37. Cass. soc., 20 oct. 1976 : Bull. civ. V, nº 508.
38. Cass. soc., 20 nov. 1968 : Bull. civ. V, nº 515.
39. Cass. soc., 12 déc. 2000 : Bull. civ. V, nº 422.
40. Cass. soc., 16 avr. 2008, nº 06-44392 : Bull. civ. V, nº 91.
41. Cass. soc., 12 déc. 2000 : Bull. civ. V, nº 422.
42. Cass. soc., 26 avr. 2007 : RJS 2007, nº 673.
43. Cass. soc., 5 juin 1973 : Bull. civ. V, nº 362.
44. Par ex., Cass. soc., 28 avr. 2011, nº 09-43226 : BICC 15 sept. 2011, nº 747, v. nº 1001, p. 63.
45. Cass. soc., 14 déc. 1991 : Bull. civ. V, nº 406.
CHAPITRE 3 – Procédés réalisés par le juge 63
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fond dans un délai d’un mois suivant sa saisine. La dispense résultant de
l’article L. 1245-2 du Code du travail « s’étend non seulement à la demande en paie-
ment de l’indemnité, qui est la conséquence de cette requalification, mais également à
la demande en paiement des indemnités qui résultent de la rupture du contrat de
travail »46, en ce compris les demandes de réintégration47. Plus largement, la jurispru-
dence retient que la présentation directe devant la formation de jugement vise « toute
autre demande qui dérive du contrat de travail »48.
138. Demande de requalification en contrat de travail d’une convention de
stage. Depuis 2014 (L. nº 2014-788, 10 juill. 2014, art. 1er), un cas supplémentaire a
été prévu par le législateur. Lorsque le conseil de prud’hommes est saisi d’une
demande de requalification en contrat de travail d’une convention de stage mentionnée
à l’article L. 124-1 du Code de l’éducation, l’affaire est directement portée devant le
bureau de jugement, qui statue au fond dans un délai d’un mois suivant sa saisine
(C. trav., art. L. 1454-5).
3) Déroulement de la conciliation
139. Écoute. Le bureau de conciliation et d’orientation entend les explications des
parties et s’efforce de les concilier (C. trav., art. R. 1454-10, al. 1er). Dans le cadre de sa
mission tendant à concilier les parties, le BCO peut entendre chacune des parties sépa-
rément et dans la confidentialité (C. trav., art. L. 1454-1, al. 2). C’est pourquoi les
audiences de conciliation ne sont pas publiques (C. trav., art. R. 1454-8, 2e phrase).
140. Habilitation à concilier. Bien qu’elles puissent se défendre elles-mêmes, les
parties ont la faculté de se faire assister ou représenter (C. trav., art. R. 1453-1). Habilita-
tion doit être donnée, le cas échéant, au représentant aux fins de concilier. Par excep-
tion, les avocats en sont exonérés. Effectivement, en vertu de l’article R. 1453-2 du
Code du travail, le représentant, s’il n’est pas avocat, doit justifier d’un pouvoir spécial.
Devant le bureau de conciliation et d’orientation, cet écrit doit l’autoriser à concilier au
nom et pour le compte du mandant, et à prendre part aux mesures d’orientation. Sur ce
point, les dispositions du Code du travail rejoignent un avis rendu par la Cour de cassa-
tion le 8 septembre 201449 : le « Code du travail, en ce qu’il impose au mandataire
représentant le défendeur de produire un mandat spécial l’autorisant à concilier en
l’absence du mandant, ne s’applique pas à l’avocat, qui tient des articles 416 et 417 du
Code de procédure civile une dispense générale d’avoir à justifier, à l’égard du juge et de
la partie adverse, qu’il a reçu un mandat de représentation comprenant notamment le
pouvoir spécial d’accepter ou de donner des offres ». La chambre sociale de la Cour de
cassation adopte une posture identique50.
——
46. Cass. soc., 7 avr. 1998, nº 95-43091 : Bull. civ. V, nº 199.
47. Cass. soc., 30 sept. 2003, nº 01-42575, inédit.
48. Cass. soc., 22 sept. 2010, nº 09-42650 : Bull. civ. V, nº 187.
49. Cass., avis, 8 sept. 2014, nº 15009, publié.
50. Cass. soc., 10 juin 2015, nº 14-11814, publié.
64 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
141. Absence de comparution. Si, sauf motif légitime, une partie ne comparaît pas,
personnellement ou représentée, le BCO peut juger l’affaire, en l’état des pièces et
moyens que la partie comparante a contradictoirement communiqués (C. trav., art.
L. 1454-1-3, al. 1er). Dans ce cas, le BCO statue en tant que bureau de jugement dans
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sa composition restreinte (C. trav., art. L. 1454-1-3, al. 2 ; la composition est mentionnée
à l’article L. 1423-13). Cette hypothèse est applicable en cas de non-comparution, indif-
féremment, du demandeur ou du défendeur. Cela étant, le BCO dispose d’autres instru-
ments plus doux pour s’adapter à la non-comparution du demandeur ou du défendeur.
142. Non-comparution du demandeur. D’une part, lorsqu’au jour fixé pour la tenta-
tive de conciliation le demandeur ne comparaît pas sans avoir justifié en temps utile d’un
motif légitime, il est fait application de l’article L. 1454-1-3 du Code du travail, sauf la
faculté du BCO de renvoyer l’affaire à une audience ultérieure du bureau de jugement.
Le BCO peut aussi déclarer la requête et la citation caduques si le défendeur ne sollicite
pas un jugement sur le fond (C. trav., art. R. 1454-12, al. 1er). La déclaration de caducité
peut être rapportée dans les conditions de l’article 468 du Code de procédure civile.
Dans ce cas, le demandeur est avisé par tous moyens de la date de la séance du BCO,
à laquelle le défendeur est convoqué par lettre recommandée avec demande d’accusé
de réception (C. trav., art. R. 1454-12, al. 2).
143. Non-comparution du défendeur. D’autre part, lorsqu’au jour fixé pour la tenta-
tive de conciliation, le défendeur ne comparaît pas sans avoir justifié en temps utile d’un
motif légitime, il est fait application de l’article L. 1454-1-3 du Code du travail. Le BCO
ne peut renvoyer l’affaire à une audience ultérieure du bureau de jugement que pour
s’assurer de la communication des pièces et moyens au défendeur (C. trav.,
art. R. 1454-13).
a) Accord
145. Procès-verbal. Quelle que soit l’issue de l’audience de conciliation, un procès-
verbal est établi (C. trav., art. R. 1454-10, al. 1er). Effectivement, la réalité de la tentative
de conciliation est sujette à contestation. L’établissement de ce procès-verbal démontre
la matérialité de la tentative de conciliation51. Également, la rédaction d’un procès-verbal
manifeste l’accord des parties52. Ainsi les simples mentions d’un registre tenu par le
greffe n’ont-elles pas la valeur d’un procès-verbal53. Le procès-verbal de conciliation,
enfin, est impuissant à effacer un arrangement antérieur des parties, notamment modi-
fier le contenu d’une transaction antérieure54.
146. Accord de conciliation. En cas de conciliation totale ou partielle, le procès-verbal
mentionne la teneur de l’accord intervenu. Il précise, s’il y a lieu, que l’accord a fait
——
51. Cass. soc., 18 janv. 1967 : Bull. civ. IV, nº 58.
52. Cass. soc., 4 févr. 1944 : S. 1944, 1, p. 41.
53. Cass. soc., 24 févr. 1961 : Bull. civ. IV, nº 257.
54. Cass. soc., 12 janv. 2010, nº 08-44321.
CHAPITRE 3 – Procédés réalisés par le juge 65
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dossier ou au procès-verbal par le greffier sous le contrôle du président (C. trav.,
art. R. 1454-10, al. 3).
148. Délivrance d’un extrait du PV. En cas de conciliation, un extrait du procès-verbal,
qui mentionne s’il y a lieu l’exécution immédiate totale ou partielle de l’accord intervenu,
peut être délivré (C. trav., art. R. 1454-11, al. 1er). Il vaut titre exécutoire (C. trav.,
art. R. 1454-11, al. 2).
149. Nature juridique du PV et conséquences. Dans un premier temps, la jurispru-
dence a vu dans le procès-verbal de conciliation – total ou partiel – un contrat
judiciaire55. Pour la validité du procès-verbal de conciliation, aux termes de la célèbre
décision Durafroid56, la chambre sociale de la Cour de cassation estime que « la
conciliation, préliminaire obligatoire de l’instance prud’homale, est un acte judiciaire
qui implique une participation active du bureau de conciliation à la recherche d’un
accord des parties préservant les droits de chacune d’elles, [et] en conséquence, cet
acte, ne peut être valable que si le bureau a rempli son office en ayant, notamment,
vérifié que les parties étaient informées de leurs droits respectifs ». Dès lors, « si ces
conditions de validité du procès-verbal de conciliation ne sont pas remplies, la
juridiction prud’homale peut être valablement saisie ». Dans le prolongement de la
décision précédente, il a été jugé en 2006 que lorsque le bureau de conciliation, qui a
constaté l’accord des parties, n’a pas vérifié si celles-ci avaient été informées de leurs
droits respectifs, celui-ci commet un excès de pouvoir qui rend l’appel recevable
immédiatement et l’accord résultant de la conciliation nul57. À cette occasion, la
jurisprudence semble préférer, dans un second temps, la qualification de transaction à
celle de contrat judiciaire.
150. Contestation du licenciement. Parfois, la conciliation devient un instrument de
politique judiciaire avec pour finalité de diminuer le taux de jugements. Tel fut le cas lors-
qu’en 201358, le législateur a ajouté au Code du travail la possibilité d’un accord sur la
contestation d’un licenciement dans le cadre de l’article L. 1235-1. En cas de litige, lors
de la conciliation du BCO, l’employeur et le salarié peuvent convenir – ou le bureau de
conciliation et d’orientation proposer – d’y mettre un terme par accord. Cet accord
prévoit le versement par l’employeur au salarié d’une indemnité forfaitaire dont le
montant est déterminé, sans préjudice des indemnités légales, conventionnelles ou
contractuelles, en référence à un barème fixé par décret en fonction de l’ancienneté du
salarié (C. trav., art. L. 1235-1, al. 1er).
Le procès-verbal constatant l’accord vaut renonciation des parties à toutes réclamations
et indemnités relatives à la rupture du contrat de travail (C. trav., art. L. 1235-1, al. 2).
À défaut d’accord, le juge, à qui il appartient d’apprécier la régularité de la procédure
suivie et le caractère réel et sérieux des motifs invoqués par l’employeur, forme sa
——
55. Cass. soc., 15 déc. 1971 : Bull. civ. V, nº 737.
56. Cass. soc., 28 mars 2000, nº 97-42419 : Bull. civ. V, nº 135.
57. Cass. soc., 24 mai 2006, nº 04-45877 : Bull. civ. V, nº 189, p. 182.
58. L. nº 2013-504, 14 juin 2013 relative à la sécurisation de l’emploi : JO nº 138, 16 juin 2013, p. 9958.
66 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
conviction au vu des éléments fournis par les parties après avoir ordonné, au besoin,
toutes les mesures d’instruction qu’il estime utiles (C. trav., art. L. 1235-1, al. 3). Il justifie
dans le jugement qu’il prononce le montant des indemnités qu’il octroie (C. trav., art.
L. 1235-1, al. 4). Si un doute subsiste, il profite au salarié (C. trav., art. L. 1235-1, al. 5).
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b) Échec de la conciliation prud’homale
151. Échec. En cas d’échec de la conciliation, le BCO assure la mise en état de l’affaire
jusqu’à la date qu’il fixe pour l’audience de jugement. Des séances peuvent être spécia-
lement tenues à cette fin (C. trav., R. 1454-1, al. 1er).
152. Absence de conciliation. En l’absence de conciliation ou en cas de conciliation
partielle, l’affaire est orientée vers le bureau de jugement approprié au règlement de
l’affaire, désigné dans les conditions prévues à l’article L. 1454-1-1 du Code du travail, à
une date que le président indique aux parties présentes (C. trav., art. R. 1454-18, al. 1er).
Le greffier avise par tous moyens les parties qui ne l’auraient pas été verbalement de la
date d’audience (C. trav., art. R. 1454-18, al. 2). Aucune réitération n’est envisageable59.
D - Sécurité sociale
153. Réformes. Le contentieux de la sécurité sociale a été entièrement refondu avec la
loi J 2160 :
– d’une part, cette loi crée des « pôles sociaux » au sein de tribunaux de grande
instance spécialement désignés et leur transfère, au plus tard au 1er janvier 2019,
les compétences des anciens tribunaux des affaires de sécurité sociale (TASS) et
des tribunaux du contentieux de l’incapacité (TCI), ainsi que d’une partie du conten-
tieux des commissions départementales d’aide sociale (CDAS) ;
– d’autre part, le recours préalable obligatoire – existant déjà pour ce qui relevait du
contentieux général de la sécurité sociale – est réorganisé et est réglementé par les
articles L. 142-4 et suivants du Code de la sécurité sociale ainsi que par les
articles R. 124-1 et suivants du même Code.
154. Recours préalable. Pour l’essentiel, le contentieux de la sécurité sociale se répartit
entre le contentieux général (CSS, art. L. 142-1) et le contentieux technique (CSS, art.
L. 142-2). Chacun d’eux est précédé d’un recours administratif préalable (CSS, art.
L. 142-4 et s.).
Les contestations relevant du contentieux général (ex. : application des législations et
réglementations de sécurité sociale et de mutualité sociale agricole ; recouvrement des
contributions, versements et cotisations de sécurité sociale) sont soumises à une
commission de recours amiable (CRA) (CSS, art. R. 142-1).
Pour les contestations relevant du contentieux technique (ex. : appréciation de l’état ou
du degré d’invalidité, en cas d’accident ou de maladie de droit commun ; appréciation
de l’état d’incapacité permanente de travail, notamment au taux de cette incapacité,
en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle), le recours préalable est
soumis à une commission médicale de recours amiable (CMRA) (CSS, art. R. 142-8).
——
59. Cass. soc., 22 févr. 1979 : Bull. civ. V, nº 175.
60. L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, préc.
CHAPITRE 3 – Procédés réalisés par le juge 67
155. Portée. Dans l’hypothèse où aucun recours n’a été dirigé contre la décision de la
commission de recours amiable, celle-ci devient définitive et acquiert l’« autorité de la
chose décidée »61. Toute action en justice ultérieure est irrecevable. La remarque vaut
également pour la commission médicale de recours amiable pour le contentieux
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technique.
——
61. Cass. soc., 19 déc. 1972, nº 71-14670 : Bull. civ. V, p. 657 – Cass. soc., 6 oct. 1994, nº 92-13405,
inédit.
62. COJ, art. 213-6, al. 5, créé par L. nº 2019-222, art. 95, 31º.
68 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
des parties (C. trav., art. R. 3252-15, al. 2). Ces dernières, régies par l’article L. 3252-11
du Code du travail, prévoient que les parties peuvent se faire représenter par :
– un avocat ;
– un officier ministériel du ressort, lequel est dispensé de produire une procuration ;
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– un mandataire de leur choix muni d’une procuration. Si ce mandataire représente le
créancier saisissant, sa procuration doit être spéciale à l’affaire pour laquelle il repré-
sente son mandant.
163. Date de la convocation. Le créancier et le débiteur sont convoqués 15 jours au
moins avant la date de l’audience (C. trav., art. R. 3252-16).
164. Office du juge. Contrairement à l’article 21 du Code de procédure civile, le temps
octroyé au juge en vue de la conciliation est très restreint puisque ce n’est que « le jour
de l’audience [que] le juge tente de concilier les parties » (C. trav., art. R. 3252-17). La
tentative de conciliation porte sur de nombreux points, notamment sur les modalités
de paiement de la dette. Les parties déterminent librement l’étendue des négociations,
qu’il s’agisse du montant et de la périodicité des versements du débiteur. À cet égard, il
est préférable que la rédaction du procès-verbal de conciliation soit la plus précise
possible. En effet, la jurisprudence montre qu’en cas de contentieux sur l’objet de la
conciliation, l’accord qui en résulte est interprété strictement. En ce sens, « le procès-
verbal de conciliation régulièrement dressé dans le cadre de la procédure de saisie des
rémunérations ne [contenant] aucune renonciation claire et non équivoque [du créan-
cier] à la mise en œuvre de toute autre procédure d’exécution à l’encontre » du débi-
teur, le procès-verbal de conciliation n’a mis fin qu’à la voie d’exécution qui y avait
donné lieu, sans interdire au créancier de « poursuivre le recouvrement de sa créance
par le recours à d’autres mesures »63.
Plus généralement, une telle conciliation aboutit à plusieurs résultats possibles.
165. Réussite de la conciliation. La première hypothèse est la plus profitable. Les
parties parviennent à s’accorder sur une solution amiable. Le procès-verbal de concilia-
tion indique l’identité des parties, le montant de la dette ainsi que les conditions de paie-
ment. Il est signé par les parties, le juge et le greffier. Toutefois, le débiteur peut être
défaillant dans l’exécution de ses engagements. Si le débiteur manque aux engage-
ments pris à l’audience, le créancier peut demander au greffe de procéder à la saisie
sans nouvelle conciliation. Le créancier joint un décompte des sommes perçues en
exécution de la conciliation (C. trav., art. R. 3252-18).
Il a été jugé que, le procès-verbal de conciliation régulièrement dressé dans le cadre de la
procédure de saisie des rémunérations ne contenant aucune renonciation claire et non
équivoque du créancier à la mise en œuvre de toute autre procédure d’exécution à
l’encontre du débiteur, le créancier peut poursuivre le recouvrement de sa créance par
le recours à d’autres mesures64.
166. Échec de la conciliation. La deuxième hypothèse est celle où la conciliation a
échoué. Est établi un procès-verbal de non-conciliation. Celui-ci n’est pas doté de l’auto-
rité de chose jugée65. Si les parties ne se sont pas conciliées, le juge reprend la plénitude
de ses fonctions juridictionnelles : « il est procédé à la saisie après que le juge a vérifié le
——
63. Cass. 2e civ., 27 févr. 2014, nº 12-35294, Bidoux c/ Ravarino : Bull. civ. II, nº 58.
64. Cass. 2e civ., 27 févr. 2014, préc.
65. Cass. 2e civ., 26 janv. 2017, nº 15-29095.
CHAPITRE 3 – Procédés réalisés par le juge 69
montant de la créance en principal, intérêts et frais et, s’il y a lieu, tranché les contesta-
tions soulevées par le débiteur » (C. trav., art. R. 3252-19, al. 366). À l’issue des débats, le
juge rend son jugement sur le siège ou le met en délibéré à une date ultérieure. Si
l’audience de conciliation a donné lieu à un jugement, le greffier procède à la saisie
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dans les 8 jours suivant la notification du jugement s’il est exécutoire et, à défaut,
suivant l’expiration des délais de recours contre ce jugement (C. trav., art. R. 3252-21,
al. 2). En revanche, en ce cas, au vu du procès-verbal de non-conciliation, le greffier
procède à la saisie dans les 8 jours (C. trav., art. R. 3252-21, al. 1er).
167. Absence de comparution. Enfin, l’une ou l’autre des parties peut être défaillante
à l’audience. Le créancier ou le débiteur peut ne pas comparaître :
– si le créancier ne comparaît pas, il est fait application des dispositions de l’article 468
du Code de procédure civile (C. trav., art. R. 3252-19, al. 1er) ;
– si le débiteur ne comparaît pas, il est procédé à la saisie, à moins que le juge
n’estime nécessaire une nouvelle convocation (C. trav., art. R. 3252-19, al. 2).
——
66. Pour un ex., v. Cass. 2e civ., 21 févr. 2019, no 18-11119.
67. CA Angers, 16 oct. 1979 : D. 1981, IR, p. 145, obs. Julien.
70 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
170. Faculté. Le tribunal peut, avec l’accord des parties, déléguer la mission de concilia-
tion à un conciliateur de justice désigné à cette fin (CPC, art. 887, al. 2).
171. Non-conciliation. En cas de non-conciliation, le procès-verbal doit mentionner les
modalités du règlement du litige proposé à la majorité des voix. En l’absence du procès-
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verbal exigé, le juge doit rechercher les raisons pour lesquelles la tentative de conciliation
n’a pas eu lieu68. En cas de non-comparution de l’une des parties, son absence est cons-
tatée dans le procès-verbal (CPC, art. 887). À défaut de conciliation, ou en cas de non-
comparution de l’une des parties, l’affaire est renvoyée pour être jugée à une audience
dont le président indique la date aux parties présentes (CPC, art. 88869).
172. Demandes soumises à conciliation. Les demandes présentées au cours de l’ins-
tance d’appel ne sont pas soumises au préalable de conciliation70. Il en est de même
pour les demandes reconventionnelles qui se rattachent par un lien suffisant aux préten-
tions originaires71. Dans une décision de la troisième chambre civile de la Cour de cassa-
tion du 22 janvier 201472, il a été jugé qu’« une demande additionnelle présentée en
première instance n’est pas soumise au préliminaire de la conciliation ».
——
68. Cass. 3e civ., 8 mai 1973 : Bull. civ. III, nº 325.
69. Pour un exemple, CA Aix-en-Provence, 13 janv. 1983 : Gaz. Pal. 1983, 1, p. 355, note Peignot.
70. Cass. 3e civ., 21 oct. 1992, nº 90-16275 : Bull. civ. III, nº 78 – Cass. 3e civ., 17 juill. 1997 : RD rur., 1998,
p. 50 – Cass. 3e civ., 16 juin 1999, nº 97-20044 : Bull. civ. III, nº 144, p. 99.
71. Cass. 3e civ., 8 déc. 1999, nº 98-10397 : Bull. civ. III, nº 232, p. 160.
72. Cass. 3e civ., 22 janv. 2014, nº 12-28246 : Bull. civ. III, nº 6.
CHAPITRE 3 – Procédés réalisés par le juge 71
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de personnes, ou de toute autre manière »73. Cette confidentialité impose aussi
qu’« aucune communication écrite ou orale ni aucune offre ou concession intervenues
dans le cadre desdites négociations ne peuvent être mentionnées ou invoquées dans la
procédure contentieuse » (règl. int. CEDH, art. 62, § 2, 2e phrase).
176. Sanction du manquement à la confidentialité. Ce principe de confidentialité
« revêt un caractère absolu ». À défaut d’y satisfaire, la sanction consiste à rejeter la
requête des plaignants74.
177. Règlement amiable CEDH. Évolutions. Au vu de cette disposition et de la
pratique développée sur ce fondement, la juridiction européenne des droits de
l’homme désire augmenter les contentieux aboutissant à un règlement amiable. Pour
cela, à compter du 1er janvier 2019, une nouvelle pratique est expérimentée pour une
période d’un an. Destinée à faciliter les règlements amiables, une phase non conten-
tieuse spécifique pour tous les États contractants sera organisée.
Pour aller plus loin
Règlement amiable devant la CEDH
Les modalités de mise en œuvre restent assez floues. Selon un communiqué de presse
nº CEDH 437 (2018) du greffier de la Cour du 18 décembre 2018 :
« Le but de l’instauration d’une telle phase est de faciliter les règlements amiables.
Cette nouvelle pratique se caractérise essentiellement par deux éléments :
– premièrement, le greffe de la Cour fera en général une proposition de règlement amiable
lorsque la requête sera communiquée à l’État défendeur ;
– deuxièmement, la procédure se scindera en deux phases distinctes :
• une phase de règlement amiable (non contentieuse) d’une durée de 12 semaines,
• s une phase d’observations (contentieuse, avec échange d’observations) d’une durée de
12 semaines aussi.
Actuellement, ces deux procédures sont conduites parallèlement ; les gouvernements ont un
délai de 16 semaines pour produire leurs observations sur la recevabilité et le fond d’une
affaire. Pendant les 8 premières semaines de ce délai, ils sont également tenus de dire à la
Cour s’ils sont disposés à conclure un règlement amiable.
Dans le cadre de la nouvelle pratique, le greffe ne fera pas de proposition de règlement
amiable dans chaque cas : il y aura des exceptions, par exemple les affaires soulevant des ques-
tions nouvelles que la Cour n’avait jamais examinées auparavant, ou les affaires où, pour une
raison particulière, il sera peut-être inopportun de proposer un règlement amiable. »
——
73. CEDH, 5e sect., 13 déc. 2011, nº 67037/09, François Mandil c/ France.
74. CEDH, 5e sect., 13 déc. 2011, préc. ; CEDH, 5e sect., 13 déc. 2011, nº 24697/09, Barreau et al.
c/ France ; CEDH, 5e sect., 13 déc. 2011, nº 47447/08, Deceuninck c/ France ; v. aussi CEDH, 15 sept.
2009, nº 798/05, Mirolubovs et al. c/ Lettonie, § 66.
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CHAPITRE 4
Procédés mis en œuvre
sous l’égide du juge
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178. Juge. Les procédés mis en œuvre sous l’égide du juge le sont en matière judiciaire
où la mission est diligentée dans le cadre d’une médiation judiciaire (1) ou par déléga-
tion au profit d’un conciliateur de justice (2), ainsi qu’en matière administrative à l’initia-
tive du juge (3). Certains procédés sont très spécifiques, comme c’est le cas pour les
procédures collectives (4) ou pour les actions de groupe (5).
1• MÉDIATION JUDICIAIRE
179. Pratique. Historiquement, habitude fut prise par les juridictions de nommer des
mandataires dans des situations très conflictuelles où il était certain que l’application
de la règle de droit ne permettrait pas d’apaiser les tensions et les esprits. Cette pratique
juridictionnelle a trouvé sa traduction en droit positif avec la médiation judiciaire. Celle-ci
est régie par les articles 22 et suivants de la loi de 19951 ainsi que par les articles 131-1 et
suivants du Code de procédure civile. Pour faciliter la désignation du médiateur par le
juge, le législateur a établi un système de listes auprès des cours d’appel.
——
1. L. nº 95-125, 8 févr. 1995, préc.
74 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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(D. nº 2016-660, 20 mai 2016, art. 31) et en 2017 (D. nº 2017-1008, 10 mai 2017,
art. 5). Le bureau de conciliation et d’orientation ou le bureau de jugement peut, quel
que soit le stade de la procédure et après avoir recueilli l’accord des parties, désigner
un médiateur afin de les entendre et de confronter leurs points de vue pour permettre
de trouver une solution au litige qui les oppose (C. trav., art. R. 1471-1, 1º). Le conseil de
prud’hommes dispose aussi d’un pouvoir d’injonction qui lui permet d’enjoindre aux
parties de rencontrer un médiateur qui les informe sur l’objet et le déroulement de la
mesure (C. trav., art. R. 1471-2, 2º), comme en matière familiale.
183. Effets sur les délais de procédure. Certains questionnements sont écartés sans
difficulté. Il serait incongru d’appliquer les dispositions de l’article 2238 du Code civil
lorsqu’une médiation judiciaire est ordonnée par le juge, dans la mesure où les prescrip-
tions ont déjà été interrompues par la saisine du juge. Par contre, l’ordonnance de
médiation emporte-t-elle des conséquences sur les délais de procédure auxquels sont
tenus les plaideurs ? La réponse est positive.
184. Appel incident. L’article 910-2 du Code de procédure civile prévoit que « La déci-
sion d’ordonner une médiation interrompt les délais impartis pour conclure et former
appel incident mentionnés aux articles 905-2 et 908 à 910 du même Code. L’inter-
ruption de ces délais produit ses effets jusqu’à l’expiration de la mission du médiateur. »
185. Péremption d’instance. De la même façon, qu’en est-il de la péremption d’ins-
tance (CPC, art. 386) ? Pour rappel, la péremption d’instance est une sanction du
manque de diligences des parties ; elle est acquise « lorsque aucune des parties
n’accomplit de diligences pendant 2 ans » (CPC, art. 386). Selon une jurisprudence
bien établie, « seules des diligences émanant des parties peuvent interrompre le délai
de péremption ». En outre, « la péremption est de droit lorsque les conditions en sont
remplies et qu’une partie la soulève avant toute défense au fond »2.
En quoi consistent alors les diligences au sens de l’article 386 du Code de procédure
civile ? Il a été jugé que les demandes de renvoi écrites des parties parce qu’elles
tentent d’aboutir à un accord transactionnel ne constituent pas des diligences interrup-
tives de la péremption de l’instance au sens de l’article 386 du Code de procédure civile3.
Par ailleurs, sur demande de la chambre sociale4, la deuxième chambre civile de la Cour
de cassation a estimé que « l’acceptation par une partie d’une médiation proposée par
la juridiction, après l’expiration du délai de péremption, ne vaut pas renonciation à se
prévaloir du bénéfice de la péremption d’instance »5. Cette solution a été suivie par le
juge social6.
——
2. Cass. soc., 6 mars 2007, nº 04-43830, inédit.
3. Cass. 3e civ., 4 févr. 2014, nº 12-29641, M. Rodriguez c/ M. Chapelle, inédit.
4. Cass. soc., 16 nov. 2017, nº 16-22356, inédit.
5. Cass. 2e civ., avis, 25 janv. 2018, nº 16-22356, FS-D.
6. Cass. soc., 30 mai 2018, nº 16-22356, FS-P+B ; v. également Cass. 2e civ., 11 avr. 2019, nº 18-14223,
F-P+B+I, concernant les diligences accomplies à l’occasion des opérations d’expertise.
CHAPITRE 4 – Procédés mis en œuvre sous l’égide du juge 75
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(CPP, art. 41-1) ou à un quelconque processus fondé sur les dispositions du Code de
procédure pénale. Pour la jurisprudence7, « les dispositions de l’article [23] de la loi du
8 février 1995 visent uniquement la conciliation et la médiation judiciaire en matière
civile ».
b) Conditions d’application
187. Objet de la médiation judiciaire. Quels sont les litiges éligibles à la médiation
judiciaire ? Virtuellement, tous les litiges sont susceptibles d’être accueillis en médiation.
On peut citer à titre d’illustrations les classiques conflits de voisinage, l’empiétement sur
une propriété ou encore les conflits engendrés par le droit des marques, les conflits entre
entreprises et particuliers, les différends entre associés d’une même entité, les conflits
sur des arbres mal plantés ou des servitudes de passage, etc. Par ailleurs, la médiation
porte sur tout ou partie du litige (CPC, art. 131-2, al. 1er).
188. Conservation des pouvoirs du juge. En aucun cas la médiation judiciaire ne
dessaisit le juge, qui peut prendre à tout moment les autres mesures qui lui paraissent
nécessaires (CPC, art. 131-2, al. 2).
189. Durée de la médiation. La durée initiale de la médiation ne peut excéder 3 mois.
Cette mission peut être renouvelée une fois, pour une même durée, à la demande du
médiateur (CPC, art. 131-3).
190. Confidentialité. Les constatations du médiateur et les déclarations qu’il recueille
ne peuvent être ni produites ni invoquées dans la suite de la procédure sans l’accord des
parties, ni en tout état de cause dans le cadre d’une autre instance (CPC, art. 131-14).
a) Rôle du juge
192. Rôle. Doivent être détaillées les prérogatives du juge ainsi que son rôle dans l’orga-
nisation de la médiation judiciaire.
1. Prérogatives du juge
193. Prérogatives du juge. Le juge dispose de plusieurs prérogatives dans le cadre de
la médiation judiciaire : il désigne le médiateur et fixe la durée de la médiation ; il peut
enjoindre aux parties au procès de rencontrer un médiateur ou encore proposer d’avoir
recours à la mesure de médiation.
194. Pouvoir de désignation. Le juge saisi d’un litige peut, après avoir recueilli l’accord
des parties, désigner une tierce personne afin d’entendre les parties et de confronter
leurs points de vue pour leur permettre de trouver une solution au conflit qui les
——
7. Cass. soc., 2 déc. 2009, nº 07-45698, inédit ; JCP G 2010, 295, p. 541-543, note Tricoit J.-P.
76 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
oppose (L. nº 95-125, 8 févr. 1995, art. 22 ; CPC, art. 131-1, al. 1er). L’accord des parties
est indispensable sur le principe du recours à la médiation8 et peut – semble-t-il – être
communiqué par tout moyen, y compris par le Réseau privé virtuel des avocats (RPVA)9.
Le juge choisit le médiateur qui lui semble le plus apte. Afin d’apporter une aide au juge
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pour choisir le médiateur à désigner, il est établi, pour l’information des juges, une liste
des médiateurs dressée par chaque cour d’appel (L. nº 95-125, 8 févr. 1995, art. 22-1 A).
195. Juge compétent. Dès lors que le juge saisi est matériellement compétent, a priori
rien ne s’oppose à ce qu’« en tout état de la procédure » (L. nº 95-125, 8 févr. 1995,
art. 22), et quelle que soit la formation en cause, une médiation soit ordonnée. Le
pouvoir d’ordonner une médiation appartient également au juge des référés, en cours
d’instance (L. nº 95-125, 8 févr. 1995, art. 22 ; CPC, art. 131-1, al. 2). Pour la juridiction
prud’homale, la désignation d’un médiateur judiciaire relève indifféremment du bureau
de conciliation ou du bureau de jugement selon le moment de la procédure.
196. Pouvoir d’injonction. Le juge dispose-t-il de la faculté d’enjoindre aux parties en
procès de s’engager sur la voie de la médiation judiciaire ? Peut-il y avoir « forçage » de
la volonté des parties ? À ces questions, deux éléments de réponse peuvent être
apportés :
– d’une part, l’accord des parties étant indispensable, la médiation ne peut pas être
mise en œuvre à défaut pour le juge d’avoir relevé cet accord commun. La volonté
en ce sens doit être clairement exprimée sans qu’un consentement tacite ait un
caractère suffisant. Le juge ne peut pas se contenter de l’abstention des parties ou
attendre que l’une ou l’autre des parties exprime une opposition ;
– d’autre part, si injonction il y a, elle n’offre au juge que la faculté d’imposer aux
parties de rencontrer un médiateur qui les informe sur l’objet et le déroulement de
la mesure. Cette faculté d’injonction existe expressément en matière familiale
(C. civ., art. 373-2-10) et en matière prud’homale (C. trav., art. R. 1471-2). Pour
autant, l’article 22-1 de la loi de 1995 généralise ce pouvoir d’injonction à
l’ensemble des juridictions. Il énonce qu’« en tout état de la procédure, y compris
en référé, lorsqu’il estime qu’une résolution amiable du litige est possible, le juge
peut, s’il n’a pas recueilli l’accord des parties, leur enjoindre de rencontrer un
médiateur ».
197. Pouvoir de proposition. Cependant, sans forcer les parties, le juge dispose du
pouvoir de simplement leur proposer d’y avoir recours. D’ailleurs, s’il n’est pas justifié,
lors de l’introduction de l’instance, des diligences entreprises pour aboutir à un arrange-
ment amiable (conformément aux dispositions des articles 56 et 58 du Code de procé-
dure civile), le juge peut proposer aux parties une mesure de conciliation ou de média-
tion (CPC, art. 127).
2. Organisation de la médiation
198. Durée de la médiation. La durée de la mission de médiation est fixée par le juge
(L. nº 95-125, 8 févr. 1995, art. 22-3, al. 1er). La durée initiale de la médiation ne peut
excéder 3 mois. Cette mission peut être renouvelée une fois, pour une même durée, à
la demande du médiateur (CPC, art. 131-3). Le juge peut toutefois renouveler la
——
8. Cass. 1re civ., 7 déc. 2005 : Bull. civ. I, nº 484, p. 406.
9. CA Amiens, ch. famille, 9 mars 2017, nº 15/04380, inédit.
CHAPITRE 4 – Procédés mis en œuvre sous l’égide du juge 77
mission de médiation. Il peut également y mettre fin, avant l’expiration du délai qu’il a
fixé, d’office ou à la demande du médiateur ou d’une partie (L. nº 95-125, 8 févr. 1995,
art. 22-3, al. 2).
Ces conditions de détermination de la durée de la médiation ne sont pas applicables
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lorsque le juge ordonne la médiation dans la décision statuant définitivement sur les
modalités d’exercice de l’autorité parentale (L. nº 95-125, 8 févr. 1995, art. 22-3, al. 3).
199. Contenu de l’ordonnance de médiation. La décision qui ordonne une média-
tion mentionne l’accord des parties, désigne le médiateur et la durée initiale de sa
mission et indique la date à laquelle l’affaire sera rappelée à l’audience (CPC, art. 131-
6, al. 1er).
200. Notification de l’ordonnance de médiation. Dès le prononcé de la décision
désignant le médiateur, le greffe de la juridiction en notifie copie par lettre simple aux
parties et au médiateur (CPC, art. 131-7, al. 1er). Le médiateur fait savoir au juge ses
disponibilités.
201. Voies de recours. La décision ordonnant ou renouvelant la médiation ou y
mettant fin n’est pas susceptible d’appel (CPC, art. 131-15), ni de pourvoi en
cassation10. Il en est de même pour la réouverture des débats afin de recueillir l’accord
des parties sur la mise en œuvre d’une médiation11. L’absence de voie de recours contre
les ordonnances organisant la médiation judiciaire repose sur la nature juridique de ces
dernières, qui sont des mesures d’administration judiciaire.
b) Médiateur judiciaire
202. Questions. Le médiateur demeure une personne mystérieuse, dont il convient de
dévoiler l’identité ainsi que le rôle.
1. Identité du médiateur judiciaire
203. Médiateur. La médiation peut être confiée à une personne physique ou à une
personne morale (CPC, art. 131-4, al. 1er).
204. Agrément des médiateurs personnes morales. Si le médiateur désigné est une
personne morale, son représentant légal soumet à l’agrément du juge le nom de la ou
des personnes physiques qui assureront, au sein de celle-ci et en son nom, l’exécution de
la mesure (CPC, art. 131-4, al. 2).
205. Médiateur personne physique. La personne physique qui assure l’exécution de la
mesure de médiation doit satisfaire à des conditions qui font état de sa probité. Les
conditions requises par le Code de procédure civile ainsi que par la loi de 1995 ne se
cumulent pas avec celles prévues pour l’inscription sur les listes établies par les cours
d’appel. Les deux dispositifs sont distincts.
Les conditions pour exercer les fonctions de médiateur judiciaire sont les suivantes :
– ne pas avoir fait l’objet d’une condamnation, d’une incapacité ou d’une déchéance
mentionnées sur le bulletin nº 2 du casier judiciaire ;
——
10. Cass. 1re civ., 7 déc. 2005 : Bull. civ. I, nº 484, p. 406.
11. Cass. 2e civ., 15 déc. 2016, nº 15-27603, inédit.
78 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
– n’avoir pas été l’auteur de faits contraires à l’honneur, à la probité et aux bonnes
mœurs ayant donné lieu à une sanction disciplinaire ou administrative de destitu-
tion, radiation, révocation, de retrait d’agrément ou d’autorisation ;
– posséder, par l’exercice présent ou passé d’une activité, la qualification requise eu
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égard à la nature du litige ;
– justifier, selon le cas, d’une formation ou d’une expérience adaptée à la pratique de
la médiation ;
– présenter les garanties d’indépendance nécessaires à l’exercice de la médiation
(CPC, art. 131-4, al. 5).
Le médiateur fait connaître sans délai au juge son acceptation (CPC, art. 131-7, al. 2).
2. Rôle du médiateur judiciaire
206. Convocation des parties. Dès qu’il est informé par le greffe de la consignation, le
médiateur doit convoquer les parties (CPC, art. 131-7, al. 3).
207. Prérogatives du médiateur. Le grand pouvoir du médiateur est d’en être
dépourvu, comme le proclame l’article 131-8 du Code de procédure civile. Le médiateur
ne dispose pas de pouvoirs d’instruction. Toutefois, il peut, avec l’accord des parties et
pour les besoins de la médiation, entendre les tiers qui y consentent (CPC, art. 131-8,
al. 1er).
208. Prohibition. Les fonctions de médiateur sont exclusives de toute autre pendant la
durée du processus. Le médiateur ne peut être commis, au cours de la même instance,
pour effectuer une mesure d’instruction (CPC, art. 131-8, al. 2). De plus, le mandat de
député est incompatible avec l’exercice de fonctions d’arbitre, de médiateur ou de
conciliateur (C. élect., art. LO 140).
209. Obligation d’information. La personne physique qui assure la médiation tient le
juge informé des difficultés qu’elle rencontre dans l’accomplissement de sa mission
(CPC, art. 131-9).
210. Rémunération du médiateur. Elle fixe le montant de la provision à valoir sur la
rémunération du médiateur à un niveau aussi proche que possible de la rémunération
prévisible et désigne la ou les parties qui consigneront la provision dans le délai imparti ;
si plusieurs parties sont désignées, la décision indique dans quelle proportion chacune
des parties devra consigner (CPC, art. 131-6, al. 2). Quel que soit le résultat du
processus, accord ou échec, le montant de la rémunération du médiateur ne dépend
pas de la circonstance que les parties sont ou non parvenues à un accord12.
211. Moment de la fixation de la rémunération du médiateur. À l’expiration de sa
mission, le juge fixe la rémunération du médiateur (CPC, art. 131-13, al. 1er).
212. Répartition des frais de la médiation. La charge des frais de la médiation est
répartie conformément aux dispositions de l’article 22-2 de la loi nº 95-125 du 8 février
1995 relative à l’organisation des juridictions et à la procédure civile, pénale et adminis-
trative (CPC, art. 131-13, al. 2). L’article 22-2 de la loi de 1995 prévoit un principe et une
exception. Sur le principe, lorsque les frais de la médiation sont à la charge des parties,
celles-ci déterminent librement entre elles leur répartition. Par exception, à défaut
d’accord, ces frais sont répartis à parts égales, à moins que le juge estime qu’une telle
——
12. Cass. 2e civ., 22 mars 2007, nº 06-11790 : Bull. civ. II, nº 73.
CHAPITRE 4 – Procédés mis en œuvre sous l’égide du juge 79
répartition est inéquitable au regard de la situation économique des parties. Cette répar-
tition des frais égalitaire – et le cas échéant équitable – a également lieu lorsque l’aide
juridictionnelle a été accordée à l’une des parties. En ce cas, les frais incombant à la
partie bénéficiaire de l’aide juridictionnelle sont à la charge de l’État. Une réserve est
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faite à cette prise en charge par l’État par application des dispositions de l’article 50 de
la loi du 10 juillet 1991 relative à l’aide juridique.
213. Provision et consignation. Le juge fixe le montant de la provision à valoir sur la
rémunération du médiateur et désigne la ou les parties qui consigneront la provision
dans le délai qu’il détermine. Lorsque la médiation est ordonnée en cours d’instance,
celle-ci est alors poursuivie (CPC, art. 131-6).
214. Sanction du défaut de consignation. La décision de nommer un médiateur judi-
ciaire, à défaut de consignation, est caduque et l’instance se poursuit (L. nº 95-125,
8 févr. 1995, art. 22-2, al. 4 ; CPC, art. 131-6, al. 3)13.
215. Autorisation de déconsignation des sommes dues. Le juge autorise le média-
teur à se faire remettre, jusqu’à due concurrence, les sommes consignées au greffe
(CPC, art. 131-13, al. 3).
216. Sommes complémentaires. Le juge ordonne, s’il y a lieu, le versement de
sommes complémentaires, en indiquant la ou les parties qui en ont la charge, ou la resti-
tution des sommes consignées en excédent (CPC, art. 131-13, al. 4).
217. Remise d’un titre exécutoire. Un titre exécutoire est délivré au médiateur, sur sa
demande (CPC, art. 131-13, al. 5).
——
13. Cass. com., 13 sept. 2011, nº 10-19539, inédit.
80 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
rend un arrêt sur le fond sans avoir au préalable tenu une audience en vue de la fin de la
médiation qui était en cours14.
223. Accord. Aux termes de la mesure de médiation, un accord peut être conclu entre
les parties. Cependant, le régime juridique de la médiation judiciaire est muet sur la
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nature et la forme de cet accord. Deux approches peuvent être défendues :
– d’un côté, il est possible de qualifier cet acte de transaction ;
– d’un autre côté, il peut aussi s’agir d’un acte sui generis soumis au droit commun
des contrats. La jurisprudence n’a pas encore tranché la question.
a) Divorce
226. Divorce. En vertu de l’article 255 du Code civil, le juge a à sa disposition une large
gamme de moyens d’action qui s’étalent de la proposition à l’injonction. Le juge peut
notamment :
– proposer aux époux une mesure de médiation et, après avoir recueilli leur accord,
désigner un médiateur familial pour y procéder ;
– enjoindre aux époux de rencontrer un médiateur familial qui les informera sur l’objet
et le déroulement de la médiation.
——
14. Cass. soc., 14 janv. 2014, nº 12-28295 : Bull. civ. V, nº 9.
15. L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016 sur la modernisation de la justice du XXIe siècle : JO nº 269, 19 nov.
2016, texte nº 1 ; v. également circ. nº JUSC1720438C, 26 juill. 2017, de présentation de diverses
dispositions en matière de droit des personnes et de la famille de la loi nº 2016-1547 du 18 novembre
2016 de modernisation de la justice du XXIe siècle : BOMJ 31 août 2017, nº 2017-08 ; ainsi que
Cons. const., 17 nov. 2016, nº 2016-739 DC, § 24.
16. L. nº 2019-222, 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice : JO nº 71,
24 mars 2019, texte nº 2.
CHAPITRE 4 – Procédés mis en œuvre sous l’égide du juge 81
l’aider à amener les parents en conflit sur la voie de la résolution amiable. D’ailleurs, avec
l’adjonction de « de même » au troisième alinéa réalisée en 2019 (L. nº 2019-222,
23 mars 2019, art. 32), on peut considérer que le JAF dispose d’un choix dans la
mesure à mettre en œuvre : soit proposer la médiation, soit informer sur cette dernière
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par l’injonction.
229. Proposition. D’une part, à l’effet de faciliter la recherche par les parents d’un exer-
cice consensuel de l’autorité parentale, le juge peut leur proposer une mesure de média-
tion et, après avoir recueilli leur accord, désigner un médiateur familial pour y procéder
(C. civ., art. 373-2-10, al. 2). Tout n’est pas résolu quand un juge a tranché. Pour donner
la possibilité aux relations familiales de s’apaiser – au moins sur l’exercice de l’autorité
parentale – le législateur a considéré que la proposition de rencontrer un médiateur
pouvait avoir lieu « y compris dans la décision statuant définitivement sur les modalités
d’exercice de l’autorité parentale » (L. nº 2019-222, art. 32).
230. Injonction. D’autre part, le JAF dispose d’un pouvoir d’injonction. En ce sens, il
peut également enjoindre aux parents de rencontrer un médiateur familial, qui les infor-
mera sur l’objet et le déroulement de cette mesure (C. civ., art. 373-2-10, al. 3).
231. Restrictions. Toutefois, s’agissant de l’exercice de l’autorité parentale, le recours à
la médiation familiale est prohibé « si des violences ont été commises par l’un des
parents sur l’autre parent ou sur l’enfant » (C. civ., art. 373-10-2, al. 3). Cette restriction
ressort de la loi J 21 (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, art. 6). Selon le Conseil constitu-
tionnel, ce faisant, « le législateur n’a pas entendu subordonner l’interdiction faite au
juge aux affaires familiales d’enjoindre aux parents de recevoir une information sur
l’objet et le déroulement d’une mesure de médiation en cas de violences intrafamiliales
à la condition que ces violences aient donné lieu à condamnation pénale ou au dépôt
d’une plainte. Il n’a pas davantage entendu dispenser les parents séparés de faire une
tentative de médiation dans ces seules hypothèses. Il appartiendra donc au juge
d’apprécier la réalité des violences pour l’application du troisième alinéa de
l’article 373-2-10 du Code civil »17.
Pour aller plus loin
Expérimentations en matière de médiation familiale
La médiation familiale est un prodigieux laboratoire où diverses expérimentations sont menées
par le législateur pour vérifier l’efficacité des dispositifs. Déjà, en 2010, une expérimentation
était menée sur l’injonction de rencontrer un médiateur familial18.
Une autre expérience a également été organisée par une loi du 13 décembre 201119.
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——
17. Cons. const., 17 nov. 2016, nº 2016-739 DC, § 24.
18. D. nº 2010-1395, 12 nov. 2010 relatif à la médiation et à l’activité judiciaire en matière familiale : JO
nº 265, 16 nov. 2010, p. 20405 – A., 16 mai 2013 désignant les juridictions habilitées à expérimenter
certaines modalités de mise en œuvre de l’injonction de rencontrer un médiateur familial : JO nº 265,
16 nov. 2010, p. 20405, texte nº 59.
19. L. nº 2011-1862, 13 déc. 2011 relative à la répartition des contentieux et à l’allègement de certaines
procédures juridictionnelles : JO nº 289, 14 déc. 2011, p. 21105, art. 15.
82 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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Plus récemment, l’article 7 de la loi J 21 de 2016 prévoit, à titre expérimental, qu’à peine d’irre-
cevabilité que le juge peut soulever d’office, la saisine du juge par le ou les parents doit être
précédée d’une tentative de médiation familiale. Trois cas font exception à cette règle de la
médiation familiale obligatoire :
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– si la demande émane conjointement des deux parents afin de solliciter l’homologation
d’une convention selon les modalités fixées à l’article 373-2-7 du Code civil ;
– si l’absence de recours à la médiation est justifiée par un motif légitime ;
– si des violences ont été commises par l’un des parents sur l’autre parent ou sur l’enfant.
En application de cette disposition, la direction des services judiciaires a arrêté les juridictions
habilitées à expérimenter la tentative de médiation préalable obligatoire à la saisine du juge
en matière familiale20. En ce sens, jusqu’au 31 décembre 2019, « les tribunaux de grande
instance de Bayonne, Bordeaux, Cherbourg-en-Cotentin, Évry, Nantes, Nîmes, Montpellier,
Pontoise, Rennes, Saint-Denis et Tours sont désignés pour mettre en œuvre à titre expérimental
et pour la durée légale prévue, les dispositions de l’article 7 de la loi susvisée »21.
——
20. A., 16 mars 2017 : JO nº 69, 22 mars 2017.
21. Ibid., art. 1er.
22. Les premières listes de médiateur sont apparues pour le règlement des conflits collectifs du travail, ces
listes étant communes à toutes les professions (C. trav., art. R. 2523-2) à l’échelle nationale ou régio-
nale, et ce, avec quelques variantes pour les professions agricoles (C. rur., art. R. 718-15) et la marine
marchande. Plus récemment, d’autres listes de médiateurs ont été établies, notamment dans le
secteur de la consommation (C. consom., art. R. 615-6), pour les actions de groupe en matière de
santé (CSP, art. L. 1143-7 – A., 15 nov. 2016 : JO nº 268, 18 nov. 2016, texte nº 17) et dans le
secteur de la propriété intellectuelle (CPI, art. R. 324-1).
23. L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016 : JO nº 269, 19 nov. 2016 ; pour une analyse des premières décisions,
Tricoit J.-P., « L’inscription sur les listes de médiateurs », LPA 4 janv. 2019, nº 4, p. 8-13.
24. L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, art. 8, II.
25. L. nº 95-125, 8 févr. 1995 relative à l’organisation des juridictions et à la procédure civile, pénale et
administrative : JO nº 34, 9 févr. 1995, p. 2175.
26. D. nº 2017-1457, 9 oct. 2017, art. 6.
CHAPITRE 4 – Procédés mis en œuvre sous l’égide du juge 83
9 octobre 201727. Une dépêche du 8 février 2018 donne les détails et les explications
utiles pour sa mise en œuvre28.
233. Intérêts. Il sera précisé que la constitution de cette liste a uniquement pour finalité
l’« information des juges ». Elle n’a pas d’incidence sur l’exercice de l’activité de média-
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teur. Autrement dit, la liste n’est en rien contraignante pour les magistrats puisque « les
juges demeurent susceptibles de désigner un médiateur non inscrit »29. Cependant, elle
présente différents intérêts pour le médiateur : d’abord, elle facilite la communication
entre magistrats et médiateurs ; ensuite, l’inscription sur cette liste constitue un argu-
ment de poids pour le médiateur à l’égard des justiciables, puisqu’elle légitime son acti-
vité de médiateur.
——
27. D. nº 2017-1457, 9 oct. 2017 relatif à la liste des médiateurs auprès de la cour d’appel : JO nº 238,
11 oct. 2017, texte nº 9.
28. Dépêche du 8 février 2018 présentant certaines dispositions du décret nº 2017-1457 du 9 octobre
2017 relatif à la liste des médiateurs auprès de la cour d’appel, SG-18-005/05.02.2018, p. 18.
29. Dépêche du 8 février 2018, préc., p. 2.
84 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
d’une mesure de médiation ». Une personne physique ne peut être inscrite sur la liste
des médiateurs près la cour d’appel que si elle réunit trois conditions cumulatives :
– premièrement, la personne ne doit pas avoir fait l’objet d’une condamnation, d’une
incapacité ou d’une déchéance mentionnées sur le bulletin nº 2 du casier judiciaire ;
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– deuxièmement, elle ne doit pas avoir été l’auteur de faits contraires à l’honneur, à la
probité et aux bonnes mœurs ayant donné lieu à une sanction disciplinaire ou admi-
nistrative de destitution, radiation, révocation, de retrait d’agrément ou d’autorisation ;
– troisièmement, elle est tenue de justifier d’une formation ou d’une expérience attes-
tant l’aptitude à la pratique de la médiation (D. nº 2017-1457, 9 oct. 2017, art. 2).
Sur cette troisième condition, il a été jugé qu’« il n’est pas exigé du candidat un
diplôme, mais la justification d’une formation ou d’une expérience attestant l’apti-
tude à la pratique de la médiation »30.
238. Autres critères. Aucun autre critère n’entre en ligne de compte, notamment « une
méconnaissance du contexte local et un surcoût de la médiation du fait de l’éloigne-
ment géographique »31. De même, les critères prévus par d’autres textes ne sont pas
non plus pris en considération32. Ce sera le cas pour les conditions énoncées pour
exercer les fonctions de médiateur judiciaire ou de médiateur familial33. Toujours dans
la même optique de n’ajouter aucun autre critère à ceux prévus par le texte, la deuxième
chambre civile de la Cour de cassation a estimé que « les médiateurs peuvent solliciter
leur inscription auprès d’une cour d’appel, sans condition de résidence ou d’activité »34.
239. Conditions requises des personnes morales. Qu’en est-il pour les personnes
morales exerçant l’activité de médiateur ? Des conditions propres sont posées par le
décret de 2017. Cumulatives, elles sont au nombre de deux :
– premièrement, les dirigeants de cette personne morale n’ont fait l’objet d’aucune
condamnation, ni d’incapacité, ni d’une déchéance mentionnées sur le bulletin nº 2
du casier judiciaire. En outre, ils ne doivent pas avoir été auteurs de faits contraires à
l’honneur, à la probité et aux bonnes mœurs ayant donné lieu à une sanction disci-
plinaire ou administrative de destitution, radiation, révocation, de retrait d’agrément
ou d’autorisation ;
– deuxièmement, chaque personne physique qui assure l’exécution des mesures de
médiation au nom de la personne morale doit elle-même satisfaire aux conditions
prévues pour les personnes physiques (D. nº 2017-1457, 9 oct. 2017, art. 3).
——
30. Cass. 2e civ., 27 sept. 2018, nº 18-60091, P+B ; v. aussi Cass. 2e civ., 27 sept. 2018, nº 18-60115 ;
Cass. 2e civ., 27 sept. 2018, nº 18-60116.
31. Cass. 2e civ., 27 sept. 2018, nº 18-60132 ; v. également Cass. 2e civ., 31 janv. 2019 [6 arrêts], nos 18-
60181, 18-60182, 18-60183, 18-60184, 18-60188 et 18-60190, inédits.
32. Cass. 2e civ., 27 sept. 2018, nº 18-60091.
33. V. CASF, art. R. 451-66 à R. 451-72 – A., 19 mars 2012 relatif au diplôme d’État de médiateur familial :
JO nº 76, 29 mars 2012, p. 5709.
34. Cass. 2e civ., 18 oct. 2018, nº 18-60128, P+B ; dans le même sens, Cass. 2e civ., 18 oct. 2018, nº 18-
60127, D ; Cass. 2e civ., 18 oct. 2018, nº 18-60133, D ; Cass. 2e civ., 18 oct. 2018, nº 18-60124, D ;
Cass. 2e civ., 10 janv. 2019, nº 18-60176, D ; Cass. 2e civ., 31 janv. 2019, nº 18-60181, D.
CHAPITRE 4 – Procédés mis en œuvre sous l’égide du juge 85
cour d’appel (D. nº 2017-1457, 9 oct. 2017, art. 4, al. 1er). En pratique, des dossiers de
candidature sont mis à disposition par les services de la cour d’appel. Les dépôts de
candidature demeurent personnels. Dès lors, une candidate évincée « aux motifs de
l’absence de fiche de candidature et de l’absence de tout document justifiant d’une
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formation ou d’une expérience » ne peut faire « valoir qu’elle n’a personnellement pas
déposé de dossier de candidature, ayant confié à un organisme le soin de le faire [pour
demander] un nouvel examen de sa candidature au regard des pièces transmises à
l’appui de son recours »35.
241. Instruction. Puis s’ouvre la période de l’instruction de la candidature. Le conseiller
de la cour d’appel est chargé de suivre l’activité des conciliateurs de justice et des média-
teurs et de coordonner leur action dans le ressort de la cour d’appel, qui instruit la
demande et qui vérifie que le candidat remplit les conditions requises. Il peut recevoir
le candidat et recueillir tout renseignement sur les mérites de celui-ci ainsi que tous les
avis qui lui paraissent nécessaires (D. nº 2017-1457, 9 oct. 2017, art. 4, al. 2). À cet
égard, l’audition du ou des candidats n’est pas impérative et nul n’est tenu d’entendre
le candidat36.
242. Compétence de l’assemblée générale des magistrats. Une fois l’instruction
faite, vient le moment d’établir la liste. L’assemblée générale des magistrats du siège
de la cour d’appel est compétente pour y procéder37. Elle dresse la liste des médiateurs
en matière civile, commerciale et sociale au cours du mois de novembre (D. nº 2017-
1457, 9 oct. 2017, art. 5, al. 1er). Elle peut déléguer cette compétence, ce qui peut faire
l’objet d’une vérification dans le cadre d’un contentieux38. En ce cas, l’établissement de
cette liste est confié à la commission restreinte (D. nº 2017-1457, 9 oct. 2017, art. 5,
al. 2).
L’assemblée générale ou, le cas échéant, la commission restreinte se prononce après
avoir entendu le conseiller chargé de suivre l’activité des conciliateurs de justice et des
médiateurs (D. nº 2017-1457, 9 oct. 2017, art. 5, al. 3).
243. Décision. Cette décision peut aboutir à l’inscription sur la liste ou à un refus. La
décision de refus d’inscription est motivée (D. nº 2017-1457, 9 oct. 2017, art. 9, al. 1er).
La décision est notifiée à l’intéressé par lettre recommandée avec demande d’avis de
réception. La personne morale à laquelle appartient l’intéressé en est informée39. La
décision est susceptible d’être contestée.
244. Prestation de serment. L’inscription sur la liste étant acquise, une prestation de
serment est requise du médiateur. Lors de leur première inscription sur la liste ou de
leur réinscription après radiation, les médiateurs prêtent serment devant la cour
d’appel sur la liste de laquelle ils sont inscrits (D. nº 2017-1457, 9 oct. 2017, art. 10,
al. 1er). La formule du serment est la suivante : « Je jure d’exercer ma mission de média-
teur en mon honneur et conscience et de ne rien révéler ou utiliser de ce qui sera porté à
ma connaissance à cette occasion. » A priori, aucune autre formule de serment n’est
——
35. Cass. 2e civ., 10 janv. 2019, nº 18-60172, inédit.
36. Cass. 2e civ., 18 oct. 2018, nº 18-60119, P+B, notamment l’assemblée générale des magistrats.
37. COJ, art. R. 312-39 à R. 312-44.
38. Cass. 2e civ., 18 oct. 2018, nº 18-60124, D.
39. Ibid.
86 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
susceptible de se substituer à celle-ci, et ce, pour quelque motif que ce soit, notamment
religieux40.
Ce serment n’est demandé qu’une seule et unique fois lors de la première inscription. En
revanche, les membres, y compris à titre honoraire, des professions juridiques et judi-
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ciaires réglementées sont dispensés de serment (D. nº 2017-1457, 9 oct. 2017, art. 10,
al. 3).
Pour une personne morale, le serment est prêté par son président ou son représentant
légal. Chacun des médiateurs pouvant être désignés par cette personne morale doit
prêter serment (D. nº 2017-1457, 9 oct. 2017, art. 10, al. 2).
245. Renouvellement triennal. À l’expiration du délai de 3 ans, la liste est intégrale-
ment renouvelée. Les personnes désirant être inscrites à nouveau déposent une
demande au moins 6 mois avant l’expiration de leur inscription. Celle-ci est instruite
conformément aux dispositions communes déjà décrites précédemment (D. nº 2017-
1457, 9 oct. 2017, art. 7, qui renvoient aux articles 4 et 5).
——
40. V. Cass. soc., 1er févr. 2017, nº 16-10459, RATP, inédit, à propos du refus d’une salariée de prêter
serment car jurer est contraire à sa religion (Matthieu 5.33-37).
41. Cass. 2e civ., 18 oct. 2018, nº 18-60118, D.
CHAPITRE 4 – Procédés mis en œuvre sous l’égide du juge 87
3) Contestations
250. Contestations. Les contestations des décisions prises par l’assemblée générale des
magistrats ou, le cas échéant, la commission restreinte, ou encore par le premier prési-
dent de la cour d’appel, suivent le même chemin.
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251. Régime de la contestation. La décision de refus d’inscription ou de radiation ne
peut donner lieu qu’à un recours devant la Cour de cassation. Concrètement, la
deuxième chambre civile de la Cour de cassation est compétente pour connaître de ce
recours. Ce recours est motivé à peine d’irrecevabilité. Il est formé dans un délai d’un
mois, par déclaration au greffe de la Cour de cassation ou par lettre recommandée
avec demande d’avis de réception adressée à ce greffe. Le délai court :
– à l’égard du procureur général, du jour de la notification du procès-verbal de
l’assemblée générale ou, le cas échéant, de la commission restreinte établissant la
liste des médiateurs civils et commerciaux et des médiateurs familiaux ;
– à l’égard du médiateur, du jour de la notification de la décision (D. nº 2017-1457,
9 oct. 2017, art. 9, al. 2).
au lieu et au moment que le juge estime favorables et selon les modalités qu’il fixe (CPC,
art. 129, al. 1er).
255. Injonction. Le juge qui doit procéder à une tentative préalable de conciliation peut
enjoindre aux parties de rencontrer un conciliateur de justice qui les informera sur l’objet
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et le déroulement de la conciliation, dans les conditions prévues par l’article 22-1 de la
loi nº 95-125 du 8 février 1995 (CPC, art. 129, al. 2).
256. Constat de la conciliation. Les parties peuvent toujours demander au juge de
constater leur conciliation (CPC, art. 129-1).
257. Entretien. Assistance. Les parties peuvent être assistées devant le conciliateur de
justice par une personne ayant qualité pour le faire devant la juridiction ayant délégué la
conciliation (CPC, art. 129-3, al. 2).
258. Pouvoirs du juge. Le maître d’œuvre de la procédure de conciliation déléguée est
le juge qui désigne le conciliateur. Le juge peut mettre fin à tout moment à la concilia-
tion, à la demande d’une partie ou à l’initiative du conciliateur. Le juge peut également y
mettre fin d’office lorsque le bon déroulement de la conciliation apparaît compromis. Le
greffier en avise le conciliateur et les parties (CPC, art. 129-5, al. 2).
259. Durée. Lorsque le juge, en vertu d’une disposition particulière, délègue sa mission
de conciliation, il désigne un conciliateur de justice à cet effet, fixe la durée de sa mission
et indique la date à laquelle l’affaire sera rappelée. La durée initiale de la mission ne peut
excéder 3 mois. Cette mission peut être renouvelée une fois, pour une même durée, à la
demande du conciliateur (CPC, art. 129-2).
260. Nature juridique des décisions du juge. Les décisions prises par le juge dans le
cadre de la délégation de la mission de conciliation sont des mesures d’administration
judiciaire (CPC, art. 129-6). Par voie de conséquence, elles n’ouvrent droit à aucune
voie de recours.
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justice du XXIe siècle (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, art. 5), détaillée par un décret du
18 avril 201742, a fait mourir la conciliation administrative et a accouché de la médiation
administrative (CJA, art. L. 213-1 et s.).
265. Fondements juridiques. Concernant l’état du droit positif, la médiation adminis-
trative à l’initiative du juge est régie par les articles L. 213-1 et suivants du Code de
justice administrative ainsi que les dispositions réglementaires afférentes.
266. Coïncidence des régimes. Entièrement calquée sur le modèle judiciaire de la
médiation, la médiation administrative présente peu d’originalités apparentes. La défini-
tion retenue de la médiation est identique à celle énoncée par la loi du 8 février 1995
(CJA, art. L. 213-1).
267. Médiateur. Il en est de même pour les qualités demandées au médiateur pour
exercer : « Le médiateur accomplit sa mission avec impartialité, compétence et dili-
gence » (CJA, art. L. 213-2, al. 1er). Par ailleurs, la personne physique qui assure la
mission de médiation doit posséder, par l’exercice présent ou passé d’une activité, la
qualification requise eu égard à la nature du litige. Elle doit en outre justifier, selon le
cas, d’une formation ou d’une expérience adaptée à la pratique de la médiation (CJA,
art. R. 213-3).
268. Confidentialité. Enfin, la coïncidence est parfaite avec les dispositions judiciaires
s’agissant du principe de confidentialité, de ses exceptions et de ses conséquences
probatoires : « Sauf accord contraire des parties, la médiation est soumise au principe
de confidentialité. Les constatations du médiateur et les déclarations recueillies au
cours de la médiation ne peuvent être divulguées aux tiers ni invoquées ou produites
dans le cadre d’une instance juridictionnelle ou arbitrale sans l’accord des parties »
(CJA, art. L. 213-2, al. 2).
Il est fait exception à ce principe dans deux circonstances :
– premièrement, la confidentialité est écartée en présence de raisons impérieuses
d’ordre public ou de motifs liés à la protection de l’intérêt supérieur de l’enfant ou
à l’intégrité physique ou psychologique d’une personne (CJA, art. L. 213-2, al. 3, b) ;
– deuxièmement, les éléments perdent leur caractère confidentiel lorsque la révélation
de l’existence ou la divulgation du contenu de l’accord issu de la médiation est
nécessaire pour sa mise en œuvre (CJA, art. L. 213-2, al. 3, b).
Le même respect est dû aux règles de l’ordre public. Ainsi l’accord auquel parviennent
les parties ne peut-il porter atteinte à des droits dont elles n’ont pas la libre disposition
(CJA, art. L. 213-3).
Ces principes sont communs à la médiation administrative à l’initiative des parties et à
l’initiative du juge.
269. Objet de la médiation administrative. La médiation porte sur tout ou partie
d’un litige (CJA, art. R. 213-1).
——
42. D. nº 2017-566, 18 avr. 2017 relatif à la médiation dans les litiges relevant de la compétence du juge
administratif : JO nº 93, 20 avr. 2017.
90 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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Le Code de justice administrative édicte les rôles du juge et du médiateur dans la procé-
dure de médiation administrative à l’initiative du juge.
1) Organisation de la médiation
272. Prérogatives du juge administratif. Le juge administratif orchestre la mise en
œuvre de la médiation. Sous certaines réserves, il ordonne le début de la procédure et
peut y mettre fin.
Lorsqu’un tribunal administratif ou une cour administrative d’appel est saisi d’un litige, le
président de la formation de jugement peut, après avoir obtenu l’accord des parties,
ordonner une médiation pour tenter de parvenir à un accord entre celles-ci (CJA, art.
L. 213-7). De ce point de vue, le juge administratif peut se montrer actif et prendre les
devants. Lorsque le juge estime que le litige dont il est saisi est susceptible de trouver
une issue amiable, il peut à tout moment proposer une médiation. Il fixe aux parties un
délai pour répondre à cette proposition (CJA, art. R. 213-5).
Durant tout le déroulement de la procédure de médiation, le magistrat conserve la
maîtrise de celle-ci. En aucun cas la médiation ne dessaisit le juge. Il peut prendre à
tout moment les mesures d’instruction qui lui paraissent nécessaires (CJA, art. R. 213-8).
Le juge met fin à la médiation à la demande d’une des parties ou du médiateur. Il peut
aussi y mettre fin d’office lorsque le bon déroulement de la médiation lui apparaît
compromis (CJA, art. R. 213-9, al. 3).
273. Conseil d’État. Il est prévu que lorsque le Conseil d’État est saisi d’un litige en
premier et dernier ressort, il peut, après avoir obtenu l’accord des parties, ordonner
une médiation pour tenter de parvenir à un accord entre celles-ci selon les modalités
prévues au chapitre III du titre Ier du livre II, c’est-à-dire de la même manière que devant
les tribunaux administratifs et les cours administratives d’appel (CJA, art. L. 114-1). Cela
étant, ceci nécessite une légère adaptation. Pour y procéder, les pouvoirs dévolus au
président de la juridiction sont exercés par le président de la section du contentieux
(CJA, art. R. 114-1). Cela implique également de signifier que, a contrario, la médiation
ne peut pas être diligentée par le Conseil d’État dans d’autres circonstances où il serait
saisi en tant que juge d’appel ou en qualité de juge de cassation.
274. Contenu de l’ordonnance de désignation du médiateur. Outre les éléments
figurant à l’article L. 213-8 du Code de justice administrative, la décision qui ordonne
une médiation mentionne l’accord des parties. Elle désigne le médiateur et, le cas
CHAPITRE 4 – Procédés mis en œuvre sous l’égide du juge 91
2) Rétribution du médiateur
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275. Fixation du montant de la provision. Le juge fixe le montant de la provision à
valoir sur la rémunération du médiateur et désigne la ou les parties qui consigneront la
provision dans le délai qu’il détermine (CJA, art. L. 213-8, al. 5).
276. Frais de la médiation. Contrairement à la conciliation et à l’idée que l’on s’en fait,
la médiation administrative n’est pas gratuite et implique la rétribution du médiateur.
Cette rémunération dépend de la personne du médiateur. A priori, la médiation est
réalisable par une personne appartenant à la juridiction. Au contraire, lorsque la
mission de médiation est confiée à une personne extérieure à la juridiction, le juge déter-
mine s’il y a lieu d’en prévoir la rémunération et fixe le montant de celle-ci (CJA, art.
L. 213-8, al. 1er).
277. Répartition des frais de la médiation. Sur la répartition des frais entre les
parties, elle est fonction de l’octroi de l’aide juridictionnelle à l’une ou l’autre des
parties :
– dans l’hypothèse où aucune des parties n’est attributaire d’une aide juridictionnelle,
le principe de la répartition des frais engendrés par la médiation est librement déter-
miné par les parties (CJA, art. L. 213-8, al. 2). À défaut d’accord, ces frais sont
répartis à parts égales, à moins que le juge n’estime qu’une telle répartition est
inéquitable au regard de la situation économique des parties (CJA, art. L. 213-8,
al. 3) ;
– lorsque l’aide juridictionnelle a été accordée à l’une des parties, la répartition de la
charge des frais de la médiation est établie selon un partage égal, hormis le cas où
cette répartition devient inéquitable au regard de la situation économique des
parties. Les frais incombant à la partie bénéficiaire de l’aide juridictionnelle sont à
la charge de l’État, sous réserve de l’article 50 de la loi nº 91-647 du 10 juillet 1991
relative à l’aide juridique (CJA, art. L. 213-8, al. 4).
278. Sanction du défaut de provision. Lorsque la mission de médiation est rému-
nérée, le président de la juridiction, après consultation du président de la formation de
jugement, peut, soit au début de la médiation, soit au cours de celle-ci, accorder au
médiateur, sur sa demande, une allocation provisionnelle à valoir sur le montant de ses
honoraires et débours (CJA, art. R. 213-7). L’absence de consignation de la provision
emporte des conséquences fâcheuses et funestes sur le processus de médiation :
– d’une part, la désignation du médiateur est caduque à défaut de consignation dans
le délai et selon les modalités impartis ;
– d’autre part, la procédure de médiation n’est pas entamée et l’instance est alors
poursuivie (CJA, art. L. 213-8, al. 5).
279. Voies de recours. Les décisions prises par le juge en application des articles L. 213-
7 (ordonnance de désignation du médiateur) et L. 213-8 du Code de justice administra-
tive (montant de la provision, consignation, fixation des frais de la médiation, répartition
du montant entre les parties, constat de caducité) ne sont pas susceptibles de recours
(CJA, art. L. 213-8, al. 10).
92 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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parties en conflit, le médiateur dispose de facultés très réduites. Le médiateur peut, avec
l’accord des parties et pour les besoins de la médiation, entendre les tiers qui y consen-
tent (CJA, art. R. 213-9, al. 1er). De même, le médiateur tient le juge informé des diffi-
cultés qu’il rencontre dans l’accomplissement de sa mission (CJA, art. R. 213-9, al. 2). In
fine, le médiateur informe le juge de ce que les parties sont ou non parvenues à un
accord (CJA, art. L. 213-9).
4• PROCÉDURES COLLECTIVES
281. Prévention. La cessation des paiements marque la condition nécessaire pour
l’ouverture d’une procédure collective à l’encontre d’une entreprise. Progressivement,
le législateur a institué des mécanismes de prévention pour éviter que ne survienne la
funeste condition qu’est la cessation des paiements. À cet égard, la prévention des diffi-
cultés économiques rencontrées par une entreprise, quel que soit son secteur d’activité,
adopte de multiples formes. Des réponses graduées sont envisagées par le Code de
commerce et associent alertes internes (ex. : associés, groupements de prévention
agréés, etc.) et alertes externes à l’entreprise (ex. : président de juridiction). La
——
43. L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, art. 5, IV.
44. D. nº 2018-101, 16 févr. 2018 portant expérimentation d’une procédure de médiation préalable obli-
gatoire en matière de litiges de la fonction publique et de litiges sociaux : JO nº 40, 17 févr. 2018,
texte nº 9 ; pour les circonscriptions où les expériences sont menées, v. A., 6 mars 2018 : JO nº 56,
8 mars 2018, texte nº 16, modifié par A., 4 févr. 2019 : JO nº 32, 7 févr. 2019, texte nº 8.
45. L. nº 2019-222, 23 mars 2019, art. 34.
CHAPITRE 4 – Procédés mis en œuvre sous l’égide du juge 93
prévention passe aussi par des procédures amiables adaptées aux situations rencon-
trées. Tandis que le Code de commerce, en son livre VI, prévoit une procédure de conci-
liation applicable de manière générale, une procédure de règlement amiable est
réservée aux exploitants agricoles.
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A - Procédure de conciliation du livre VI du Code
de commerce
282. Fondements juridiques. Héritière de la procédure de règlement amiable instituée
en 198446, la procédure de conciliation est envisagée, depuis sa création en 200547, aux
articles L. 611-4 et suivants du Code de commerce. La procédure de conciliation est
distincte du concordat amiable dont le régime est celui du droit commun des contrats.
283. Champ d’application. Tribunal de commerce. Il est institué, devant le tribunal
de commerce, une procédure de conciliation dont peuvent bénéficier les débiteurs exer-
çant une activité commerciale ou artisanale qui éprouvent une difficulté juridique,
économique ou financière, avérée ou prévisible, et ne se trouvent pas en cessation des
paiements depuis plus de 45 jours (C. com., art. L. 611-4).
284. Champ d’application. Tribunal judiciaire. La procédure de conciliation est appli-
cable, dans les mêmes conditions, aux personnes morales de droit privé et aux
personnes physiques exerçant une activité professionnelle indépendante, y compris une
profession libérale soumise à un statut législatif ou réglementaire ou dont le titre est
protégé. Pour ces dernières, le tribunal judiciaire est compétent et son président exerce
les mêmes pouvoirs que ceux attribués au président du tribunal de commerce (C. com.,
art. L. 611-5, al. 1er).
Au contraire, cette procédure de conciliation n’est pas applicable aux agriculteurs. Ces
derniers bénéficient de la procédure de règlement amiable agricole qui est prévue aux
articles L. 351-1 à L. 351-7 du Code rural et de la pêche maritime (C. com., art. L. 611-
5, al. 2).
Enfin, la conciliation est exclue du champ des règlements européens sur l’insolvabilité,
qui ne s’appliquent qu’aux procédures collectives et publiques48.
Le livre VI du Code de commerce répond successivement aux questions du déclenche-
ment de la procédure de conciliation, des conséquences qu’emporte cette procédure,
de la manière dont elle s’exécute et, enfin, de l’efficacité de celle-ci.
——
46. L. nº 84-148, 1 mars 1984 relative à la prévention et au règlement amiable des difficultés des entre-
prises : JO 2 mars 1984, p. 749.
47. L. nº 2005-845, 26 juill. 2005 de sauvegarde des entreprises : JO nº 173, 27 juill. 2005, p. 12187.
48. Règl. (CE) nº 1346/2000, 29 mai 2000 relatif aux procédures d’insolvabilité : JOCE nº L 160, 30 juin
2000, p. 1 et règl. (UE) nº 848/2015, 20 mai 2015 : JOUE nº L 141, 5 juin 2015, p. 19.
94 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
a) Conditions de déclenchement
286. Saisine. Le président du tribunal est saisi par une requête du débiteur exposant sa
situation économique, financière, sociale et patrimoniale, ses besoins de financement
ainsi que, le cas échéant, les moyens d’y faire face. Le débiteur peut proposer le nom
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d’un conciliateur (C. com., art. L. 611-6, al. 1er).
287. Ouverture. La procédure de conciliation est ouverte par le président du tribunal
qui désigne un conciliateur pour une période n’excédant pas 4 mois mais qu’il peut,
par une décision motivée, proroger à la demande de ce dernier sans que la durée
totale de la procédure de conciliation ne puisse excéder 5 mois. Si une demande de
constatation ou d’homologation a été formée en application de l’article L. 611-8 du
Code de commerce avant l’expiration de cette période, la mission du conciliateur et la
procédure sont prolongées jusqu’à la décision, selon le cas, du président du tribunal ou
du tribunal. À défaut, elles prennent fin de plein droit et une nouvelle conciliation ne
peut être ouverte dans les 3 mois qui suivent (C. com., art. L. 611-6, al. 2).
288. Communication au ministère public. La décision ouvrant la procédure de conci-
liation est communiquée au ministère public et, si le débiteur est soumis au contrôle
légal de ses comptes, aux commissaires aux comptes. Lorsque le débiteur exerce une
profession libérale soumise à un statut législatif ou réglementaire ou dont le titre est
protégé, la décision est également communiquée à l’ordre professionnel ou à l’autorité
compétente dont, le cas échéant, il relève. Elle est susceptible d’appel de la part du
ministère public. Le débiteur n’est pas tenu d’informer le comité social et économique
de l’ouverture de la procédure (C. com., art. L. 611-6, al. 3).
289. Communication au président du tribunal. Après ouverture de la procédure de
conciliation, le président du tribunal peut, nonobstant toute disposition législative ou
réglementaire contraire, obtenir communication de tout renseignement lui permettant
d’apprécier la situation économique, financière, sociale et patrimoniale du débiteur et
ses perspectives de règlement, notamment par les commissaires aux comptes, les
experts-comptables, les notaires, les membres et représentants du personnel, les admi-
nistrations et organismes publics, les organismes de sécurité et de prévoyance sociales,
les établissements de crédit, les sociétés de financement, les établissements de monnaie
électronique, les établissements de paiement ainsi que les services chargés de centraliser
les risques bancaires et les incidents de paiement. En outre, il peut charger un expert de
son choix d’établir un rapport sur la situation économique, financière, sociale et patrimo-
niale du débiteur (C. com., art. L. 611-6, al. 5).
b) Désignation du débiteur
290. Désignation du conciliateur. Le débiteur ne participe pas au choix du concilia-
teur. Le juge le désigne seul. Cela étant, le débiteur peut récuser le conciliateur dans
des conditions et délais fixés (C. com., art. L. 611-6, al. 4).
291. Incompatibilités. Par ailleurs, des incompatibilités sont posées quant à l’exercice
de la charge de conciliateur. Les missions de conciliateur ne peuvent être exercées par
une personne ayant, au cours des 24 mois précédents, perçu, à quelque titre que ce
soit, directement ou indirectement, une rémunération ou un paiement de la part du
débiteur intéressé, de tout créancier du débiteur ou d’une personne qui en détient le
CHAPITRE 4 – Procédés mis en œuvre sous l’égide du juge 95
contrôle ou est contrôlée par lui49. À cette situation, le Code de commerce prévoit une
exception, notamment s’il s’agit d’une rémunération perçue au titre d’une procédure de
conciliation à l’égard du même débiteur ou du même créancier ou de la rémunération
perçue au titre d’un mandat de justice, autre que celui de commissaire à l’exécution du
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plan, confié dans le cadre d’une procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire.
L’existence d’une rémunération ou d’un paiement perçus de la part d’un débiteur entre-
preneur individuel à responsabilité limitée est appréciée en considération de tous les
patrimoines dont ce dernier est titulaire. La personne ainsi désignée doit attester sur
l’honneur, lors de l’acceptation de son mandat, qu’elle se conforme à ces interdictions
(C. com., art. L. 611-13, al. 1er).
En outre, la mission de conciliation est incompatible avec les fonctions de juge consulaire
en fonction ou ayant quitté ses fonctions depuis moins de 5 ans (C. com., art. L. 611-13,
al. 2).
292. Missions du conciliateur. Deux sortes de missions sont envisagées par le Code de
commerce en ses articles L. 611-7 et L. 628-1 et suivants du Code de commerce :
– tout d’abord, le conciliateur a pour mission de favoriser la conclusion entre le débi-
teur et ses principaux créanciers, ainsi que, le cas échéant, ses cocontractants habi-
tuels, d’un accord amiable destiné à mettre fin aux difficultés de l’entreprise. Il peut
également présenter toute proposition se rapportant à la sauvegarde de l’entreprise,
à la poursuite de l’activité économique et au maintien de l’emploi. Il peut être
chargé, à la demande du débiteur et après avis des créanciers participants, d’une
mission ayant pour objet l’organisation d’une cession partielle ou totale de l’entre-
prise qui pourrait être mise en œuvre, le cas échéant, dans le cadre d’une procédure
ultérieure de sauvegarde, de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire
(C. com., art. L. 611-7, al. 1er) ;
– ensuite, la mission du conciliateur est susceptible de se métamorphoser en mission
de préparation de ce qu’il adviendra dans le cadre d’une autre procédure, à savoir
préparer un plan de sauvegarde ou un plan de cession (C. com., art. L. 628-1 et s.).
In fine, l’ordonnance du président désignant le conciliateur définit l’objet de sa mission
dans un sens ou dans l’autre (C. com., art. R. 611-23).
293. Rémunération du conciliateur. Après avoir recueilli l’accord du débiteur et, en
cas de recours à la conciliation et au mandat à l’exécution de l’accord, l’avis du ministère
public, le président du tribunal fixe, au moment de leur désignation, les conditions de la
rémunération du conciliateur, du mandataire à l’exécution de l’accord et, le cas échéant,
de l’expert, en fonction des diligences qu’implique l’accomplissement de leur mission.
Leur rémunération est arrêtée à l’issue de celle-ci par ordonnance du président du
tribunal qui est communiquée au ministère public. La rémunération ne peut être liée au
montant des abandons de créances obtenus ni faire l’objet d’un forfait pour ouverture
du dossier (C. com., art. L. 611-14, al. 1er).
294. Recours contre les décisions relatives à la rémunération. Les recours contre la
décision arrêtant la rémunération sont portés devant le premier président de la cour
d’appel (C. com., art. L. 611-14, al. 2).
——
49. Le contrôle dont il est question est celui déterminé dans les conditions de l’article L. 233-16 du Code
de commerce.
96 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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accord, le conciliateur présente sans délai un rapport au président du tribunal. Celui-ci
met fin à sa mission et à la procédure de conciliation. Sa décision est notifiée au débiteur
et communiquée au ministère public (C. com., art. L. 611-7, al. 6).
296. Accord. La mission entreprise par le conciliateur peut, à l’inverse, aboutir à la
conclusion d’un accord entre le débiteur et ses créanciers. Le Code de commerce est
peu prolixe sur l’accord résultant de la conciliation. Sur la nature juridique, il est généra-
lement admis que les règles des contrats de droit commun sont applicables. Par principe,
ces règles communes définissent les modalités de sa formation, de sa validité et de son
exécution, et ce, sous réserve des dispositions spéciales du livre VI du Code de
commerce.
Ces mêmes dispositions spéciales ouvrent diverses facultés et posent des prohibitions.
297. Remises de dettes. Les administrations financières, les organismes de sécurité
sociale, les institutions gérant le régime d’assurance chômage prévu par les arti-
cles L. 5422-1 et suivants du Code du travail et les institutions régies par le livre IX du
Code de la sécurité sociale peuvent consentir des remises de dettes dans les conditions
fixées à l’article L. 626-6 du Code de commerce. Des cessions de rang de privilège ou
d’hypothèque ou l’abandon de ces sûretés peuvent être consentis dans les mêmes
conditions (C. com., art. L. 611-7, al. 3).
298. Clauses. C’est ainsi que le contenu de l’accord n’est pas totalement libre. Deux
catégories de clauses, créées en 2014 (ord. nº 2014-326, 12 mars 2014, art. 14), s’avè-
rent prohibées et sanctionnées :
– premièrement, est réputée non écrite toute clause qui modifie les conditions de
poursuite d’un contrat en cours en diminuant les droits ou en aggravant les obliga-
tions du débiteur du seul fait de l’ouverture d’une procédure de conciliation en
application de l’article L. 611-6 du Code de commerce ou d’une demande formée
à cette fin (C. com., art. L. 611-16, al. 1er) ;
– deuxièmement, est aussi réputée non écrite toute clause mettant à la charge du
débiteur, du seul fait de l’ouverture d’une procédure de conciliation en application
de l’article L. 611-6 du Code de commerce, les honoraires du conseil auquel le
créancier a fait appel dans le cadre de ces procédures pour la quote-part excédant
la proportion fixée par arrêté du garde des Sceaux, ministre de la Justice (C. com.,
art. L. 611-16, al. 2).
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procédure de conciliation en redressement judiciaire (C. com., art. L. 631-4).
De la même manière, lorsqu’il n’y a pas de procédure de conciliation en cours, la procé-
dure peut aussi être ouverte sur l’assignation d’un créancier, quelle que soit la nature de
sa créance (C. com., art. L. 640-5, al. 2). Une lecture a contrario, identique à la précé-
dente, peut être retenue : la procédure de conciliation en cours fait obstacle à l’ouver-
ture de la liquidation judiciaire. Le Code de commerce ménage néanmoins une excep-
tion lorsque le débiteur a cessé son activité professionnelle.
Les agriculteurs profitent d’une couverture similaire (C. com., art. L. 640-5, al. 2, in fine).
Selon l’alinéa 3 de l’article L. 640-5 du Code de commerce, « lorsque sont applicables les
dispositions relatives à la procédure prévue à l’article L. 351-1 du Code rural et de la
pêche maritime, le président du [tribunal judiciaire] doit être saisi, préalablement à l’assi-
gnation, d’une demande tendant à la désignation d’un conciliateur présentée en appli-
cation de l’article L. 351-2 de ce Code sauf si la procédure de rétablissement profes-
sionnel [...] est en cours ».
——
50. Renvoi par Cass. com., 10 déc. 2013, nº 13-17438, inédit ; Cons. const. 7 mars 2014, nº 2013-
368 QPC.
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démocratique à la diffusion de certaines informations. En ce sens, combinant l’article 10,
§ 2 de la Convention européenne des droits de l’homme et l’article L. 611-15 du Code
de commerce, la haute juridiction commerciale a estimé que « des restrictions à la
liberté d’expression peuvent être prévues par la loi, dans la mesure de ce qui est néces-
saire dans une société démocratique, pour protéger les droits d’autrui et empêcher la
divulgation d’informations confidentielles ; qu’il en résulte que le caractère confidentiel
des procédures de prévention des difficultés des entreprises, imposé par le second de
ces textes pour protéger, notamment, les droits et libertés des entreprises recourant à
ces procédures, fait obstacle à leur diffusion par voie de presse, à moins qu’elle ne
contribue à la nécessité d’informer le public sur une question d’intérêt général »51. En
outre, elle a admis que « la diffusion d’informations relatives à une procédure de préven-
tion des difficultés des entreprises, couvertes par la confidentialité, sans qu’il soit établi
qu’elles contribuent à l’information légitime du public sur un débat d’intérêt général,
constitue à elle seule un trouble manifestement illicite ». Cette solution est réitérée en
201952.
a) Constat
305. Constat. Le président du tribunal, sur la requête conjointe des parties, constate
leur accord et donne à celui-ci force exécutoire. Il statue au vu d’une déclaration certifiée
du débiteur attestant qu’il ne se trouvait pas en cessation des paiements lors de la
conclusion de l’accord, ou que ce dernier y met fin. La décision constatant l’accord
n’est pas soumise à publication et n’est pas susceptible de recours. Elle met fin à la
procédure de conciliation (C. com., art. L. 611-8, I).
306. Conséquences. Pendant la durée de son exécution, l’accord constaté interrompt
ou interdit toute action en justice et arrête ou interdit toute poursuite individuelle, tant
sur les meubles que les immeubles du débiteur, dans le but d’obtenir le paiement des
——
51. Cass. com., 15 déc. 2015, nº 14-11500 : Bull. civ. IV, nº 841.
52. Cass. com., 13 févr. 2019, nº 17-18049, publié. V. aussi CA Paris, Pôle 1, Ch. 2, 6 juin 2019, RG
no 18/03.063, inédit, ainsi que Cass. com., 13 juin 2019, no 18-10688, P+B.
CHAPITRE 4 – Procédés mis en œuvre sous l’égide du juge 99
créances qui en font l’objet ; nonobstant les dispositions de l’article 1343-2 du Code
civil, les intérêts échus de ces créances ne peuvent produire des intérêts. Il interrompt,
pour la même durée, les délais impartis aux créanciers parties à l’accord à peine de
déchéance ou de résolution des droits afférents aux créances mentionnées par l’accord
(C. com., art. L. 611-10-1, al. 1er).
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307. Inexécution de l’accord. Saisi par l’une des parties à l’accord constaté, le prési-
dent du tribunal, s’il constate l’inexécution des engagements résultant de cet accord,
prononce la résolution de celui-ci (C. com., art. L. 611-10-3, al. 1er).
b) Homologation
308. Homologation. Par exception à la procédure de constat, à la demande du débi-
teur, le tribunal homologue l’accord obtenu si trois conditions sont réunies :
– premièrement, le débiteur n’est pas en cessation des paiements ou l’accord conclu y
met fin ;
– deuxièmement, les termes de l’accord sont de nature à assurer la pérennité de l’acti-
vité de l’entreprise ;
– troisièmement, l’accord ne porte pas atteinte aux intérêts des créanciers non signa-
taires (C. com., art. L. 611-8, II).
309. Information. Par ailleurs, le comité social et économique est informé par le débi-
teur du contenu de l’accord lorsque celui-ci demande l’homologation (C. com., art.
L. 611-8-1).
310. Appréciation du juge homologateur. Le tribunal statue sur l’homologation
après avoir entendu ou dûment appelé en chambre du conseil le débiteur, les créanciers
parties à l’accord, les représentants du comité social et économique, le conciliateur et le
ministère public. L’ordre professionnel ou l’autorité compétente dont relève, le cas
échéant, le débiteur qui exerce une profession libérale soumise à un statut législatif ou
réglementaire ou dont le titre est protégé, est entendu ou appelé dans les mêmes condi-
tions (C. com., art. L. 611-9, al. 1er).
En outre, le tribunal peut entendre toute autre personne dont l’audition lui paraît utile
(C. com., art. L. 611-9, al. 2).
311. Conséquences. Si elle est obtenue, l’homologation de l’accord met fin à la procé-
dure de conciliation (C. com., art. L. 611-10, al. 1er). Le jugement d’homologation est
déposé au greffe où tout intéressé peut en prendre connaissance et fait l’objet d’une
mesure de publicité. Il est susceptible d’appel de la part du ministère public et, en cas
de contestation relative au privilège mentionné à l’article L. 611-11, de la part des
parties à l’accord. Il peut également être frappé de tierce opposition. Le jugement reje-
tant l’homologation ne fait pas l’objet d’une publication. Il est susceptible d’appel
(C. com., art. L. 611-10, al. 2).
De plus, pendant la durée de son exécution, l’accord homologué interrompt ou interdit
toute action en justice et arrête ou interdit toute poursuite individuelle tant sur les
meubles que les immeubles du débiteur dans le but d’obtenir le paiement des créances
qui en font l’objet ; nonobstant les dispositions de l’article 1343-2 du Code civil, les inté-
rêts échus de ces créances ne peuvent produire des intérêts. Il interrompt, pour la même
durée, les délais impartis aux créanciers parties à l’accord à peine de déchéance ou de
résolution des droits afférents aux créances mentionnées par l’accord (C. com., art.
L. 611-10-1, al. 1er).
100 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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limitée, cette interdiction est levée sur les comptes afférents au patrimoine visé par la
procédure (C. com., art. L. 611-10-2, al. 2).
312. Inexécution de l’accord. Saisi par l’une des parties à l’accord constaté, le tribunal,
s’il constate l’inexécution des engagements résultant de cet accord, prononce la résolu-
tion de l’accord homologué (C. com., art. L. 611-10-3, al. 2).
313. Fin. Une dernière hypothèse est commune à l’accord constaté et à l’accord homo-
logué. L’ouverture d’une procédure de sauvegarde, de redressement judiciaire ou de
liquidation judiciaire met fin de plein droit à l’accord constaté ou homologué. En ce
cas, les créanciers recouvrent l’intégralité de leurs créances et sûretés, déduction faite
des sommes perçues (C. com., art. L. 611-12).
——
53. L. nº 88-1202, 30 déc. 1988 : JO 31 déc. 1988, p. 16741.
54. L. nº 93-934, 22 juill. 1993 : JO nº 168, 23 juill. 1993, p. 10348.
55. Ord. nº 2014-326, 12 mars 2014, art. 103.
56. L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, art. 99 ; pour les dispositions intéressées, conformément au XVI de
l’article 114 de la loi nº 2016-1547 du 18 novembre 2016, ces dispositions ne sont pas applicables
aux procédures en cours au jour de la publication de ladite loi.
CHAPITRE 4 – Procédés mis en œuvre sous l’égide du juge 101
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tion d’un conciliateur (C. rur., art. L. 351-23).
318. Communication d’informations. Le président du tribunal peut, nonobstant toute
disposition législative ou réglementaire contraire, obtenir communication de tout rensei-
gnement lui permettant d’apprécier la situation économique et financière de l’exploita-
tion agricole et ses perspectives de règlement. À cette fin, il peut également ordonner
une expertise (C. rur., art. L. 351-3).
319. Nomination du conciliateur. Le président du tribunal nomme un conciliateur en
lui fixant un délai pour l’accomplissement de sa mission ou rend une ordonnance de
rejet. Le débiteur peut proposer le nom d’un conciliateur (C. rur., art. L. 351-4, al. 1er).
320. Mission du conciliateur. Le conciliateur auquel sont communiquées les informa-
tions obtenues en application de l’article L. 351-3 a pour mission de favoriser le règle-
ment de la situation financière de l’exploitation agricole par la conclusion d’un accord
amiable entre le débiteur et ses principaux créanciers sur des délais de paiement ou des
remises de dettes (C. rur., art. L. 351-4, al. 2).
321. Récusation du conciliateur. Le débiteur peut récuser le conciliateur (C. rur., art.
L. 351-4, al. 3).
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cessation des paiements ou si l’accord y met fin, constate l’accord conclu en présence
du conciliateur ou, sur son rapport, met fin à sa mission. À la demande du débiteur, le
président du tribunal peut homologuer l’accord. L’accord constaté ou homologué
entraîne la suspension, pendant la durée de son exécution, de toute action en justice et
de toute poursuite individuelle, tant sur les meubles que sur les immeubles du débiteur,
formée dans le but d’obtenir le paiement de créances qui font l’objet de l’accord (C. rur.,
art. L. 351-6, al. 1er).
327. Homologation. L’ordonnance homologuant l’accord fait l’objet des mêmes publi-
cités que celles prévues pour la décision prévue par l’article L. 351-5. En cas d’ouverture
d’une procédure de sauvegarde, de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire,
les personnes qui avaient consenti, dans l’accord homologué ou dans le cadre des négo-
ciations pour parvenir à cet accord, un nouvel apport en trésorerie au débiteur ou fourni,
dans le même cadre, un nouveau bien ou service en vue d’assurer la poursuite de
l’exploitation et sa pérennité bénéficient du privilège prévu par l’article L. 611-11 du
Code de commerce (C. rur., art. L. 351-6, al. 2).
328. Interdiction des sûretés. L’accord fait également obstacle, pendant la durée de
son exécution, à ce que des sûretés soient prises pour garantir le paiement de ces
créances (C. rur., art. L. 351-6, al. 3).
329. Suspension des délais. Les délais qui, à peine de déchéance ou de résolution des
droits afférents aux créances mentionnées à l’alinéa précédent, étaient impartis aux
créanciers sont suspendus pendant la durée de l’accord (C. rur., art. L. 351-6, al. 4).
330. Compte-rendu. Le conciliateur transmet au président du tribunal le compte-rendu
de sa mission (C. rur., art. L. 351-6, al. 5).
331. Effets de l’homologation. L’accord homologué conformément à l’article L. 351-6
du Code rural et de la pêche maritime entraîne la levée de plein droit de toute interdic-
tion d’émettre des chèques conformément à l’article L. 131-73 du Code monétaire et
financier, mise en œuvre à l’occasion du rejet d’un chèque émis avant l’ouverture de la
procédure de règlement amiable. Lorsque le débiteur est un entrepreneur individuel à
responsabilité limitée, cette interdiction est levée sur les comptes afférents au patrimoine
sur lequel porte la procédure (C. rur., art. L. 351-6, al. 6-1).
332. Confidentialité. Toute personne qui est appelée au règlement amiable ou qui, par
ses fonctions, en a connaissance est tenue à la confidentialité (C. rur., art. L. 351-6,
al. 7).
CHAPITRE 4 – Procédés mis en œuvre sous l’égide du juge 103
5• ACTIONS DE GROUPE
333. Présentation générale. Introduite en droit français par la loi Hamon du 17 mars
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201457, l’action de groupe, l’équivalent des class actions américaines, consiste, pour une
association réunissant certaines conditions, à agir devant une juridiction afin d’obtenir la
réparation de préjudices individuels subis par une catégorie de personnes ayant la même
qualité (travailleurs, consommateurs, patients, etc.) et identifiés.
334. Fondements juridiques. D’abord présente aux articles L. 623-1 et suivants du
Code de la consommation58 en matière de consommation, puis prévue en matière de
santé59, l’action de groupe est, enfin, envisagée globalement par le titre V de la loi
nº 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe siècle. Ce
titre V est le cadre légal commun aux actions de groupe en matière judiciaire et adminis-
trative. Quant à la procédure, elle ressort d’un décret du 6 mai 201760, qui ne donne
aucune précision supplémentaire sur la médiation mise en œuvre.
1) Ouverture de l’action
336. Procédure. Peuvent participer à une médiation afin d’obtenir la réparation des
préjudices individuels (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, art. 75) « les associations agréées
et les associations régulièrement déclarées depuis 5 ans au moins dont l’objet statutaire
comporte la défense d’intérêts auxquels il a été porté atteinte » (L. nº 2016-1547,
18 nov. 2016, art. 63). Les modalités de mise en œuvre de la procédure de médiation
——
57. L. nº 2014-344, 17 mars 2014 relative à la consommation : JO nº 65, 18 mars 2014, p. 5400.
58. Les conditions et les modalités d’exercice de l’action de groupe en matière de droit de la consomma-
tion sont fixées par un décret du 24 septembre 2014 (D. nº 2014-1081, 24 sept. 2014 : JO nº 223,
26 sept. 2014, p. 15643) et commentées par une circulaire du 26 septembre 2014 (BOMJ 31 oct.
2014, nº 2014-10).
59. L. nº 2016-41, 26 janv. 2016 de modernisation de notre système de santé : JO nº 22, 27 janv. 2016,
texte nº 1, art. 184.
60. D. nº 2017-888, 6 mai 2017 relatif à l’action de groupe et à l’action en reconnaissance de droits
prévues aux titres V et VI de la loi nº 2016-1547, 18 nov. 2016 de modernisation de la justice du
e
XXI siècle : JO nº 109, 10 mai 2017, texte nº 110.
104 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
ont pour modèle la médiation judiciaire (v. infra), car la médiation, dans le cadre d’une
action de groupe, est diligentée « dans les conditions fixées au chapitre Ier du titre II de la
loi nº 95-125 du 8 février 1995 relative à l’organisation des juridictions et à la procédure
civile, pénale et administrative » (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, art. 75).
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2) Effets de l’engagement d’une action de groupe
337. Suspension de la prescription. Bien qu’ayant un caractère collectif affirmé,
l’action de groupe a une incidence sur les actions individuelles à venir. En ce sens,
l’action de groupe suspend la prescription des actions individuelles en réparation des
préjudices résultant des manquements constatés par le juge ou des faits retenus dans
l’accord homologué en application de l’article 76 (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016,
art. 77, al. 1er).
338. Reprise du cours de la prescription. Le délai de prescription recommence à
courir, pour une durée qui ne peut être inférieure à 6 mois, à compter de la date à
laquelle le jugement n’est plus susceptible de recours ordinaire ou de pourvoi en cassa-
tion ou à compter de la date de l’homologation de l’accord (L. nº 2016-1547, 18 nov.
2016, art. 77, al. 2).
339. Homologation. Tout accord négocié au nom du groupe est soumis à l’homologa-
tion du juge, qui vérifie s’il est conforme aux intérêts de ceux auxquels il a vocation à
s’appliquer et lui donne force exécutoire (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, art. 76, al. 1er).
340. Mentions. Une information est nécessaire pour préserver les intérêts des
personnes concernées aux fins de se prévaloir de l’accord négocié. Cet accord homo-
logué précise les mesures de publicité nécessaires pour informer de son existence les
personnes susceptibles d’être indemnisées sur son fondement, ainsi que les délais et
modalités pour en bénéficier (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, art. 76, al. 2).
3) Effets de l’accord
341. Droit d’agir. Quoi qu’il advienne, le caractère collectif de l’action de groupe
n’obère pas les chances d’une victime de mener une action individuelle pour faire valoir
la protection de ses droits propres. Le principe de réparation intégrale est ainsi sauve-
gardé. Par conséquent, l’adhésion au groupe ne fait pas obstacle au droit d’agir selon
les voies de droit commun pour obtenir la réparation des préjudices n’entrant pas dans
le champ défini par un accord homologué en application de l’article 76 de la loi du
18 novembre 2016 (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, art. 79).
342. Irrecevabilité. Inversement, aucune réitération de l’action de groupe n’est envisa-
geable pour des préjudices ayant le même objet. N’est pas recevable l’action de groupe
qui se fonde sur le même fait générateur, le même manquement et la réparation des
mêmes préjudices que ceux reconnus par un accord homologué en application de
l’article 76 de la loi du 18 novembre 2016 (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, art. 80).
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2008) ;
– en matière de discrimination imputable à un employeur et portée devant la juridic-
tion administrative (CJA, art. L. 77-11-1 et s.) ;
– en matière environnementale (C. envir., art. L. 142-3-1) ;
– en matière de santé (CSP, art. L. 1143-2 et s.) ;
– en matière de protection des données à caractère personnel (L. nº 78-17, 6 janv.
1978, dite « loi Informatique et libertés », art. 43 ter).
1) Ouverture de l’action
344. Procédure. Aux termes de l’article L. 77-10-3 du Code de justice administrative,
lorsque plusieurs personnes, placées dans une situation similaire, subissent un
dommage causé par une personne morale de droit public ou un organisme de droit
privé chargé de la gestion d’un service public, ayant pour cause commune un manque-
ment de même nature à ses obligations légales ou contractuelles, une action de groupe
peut être exercée en justice au vu des cas individuels présentés par le demandeur. Cette
action peut être exercée en vue soit de la cessation du manquement, soit de l’engage-
ment de la responsabilité de la personne ayant causé le dommage afin d’obtenir la
réparation des préjudices subis, soit de ces deux fins. L’action peut dévier vers un arran-
gement amiable par le biais d’une médiation régie par le Code de justice administrative.
345. Médiation. Peuvent participer à une médiation afin d’obtenir la réparation des
préjudices individuels (CJA, art. L. 77-10-16) « les associations agréées et les associations
régulièrement déclarées depuis 5 ans au moins et dont l’objet statutaire comporte la
défense d’intérêts auxquels il a été porté atteinte » (CJA, art. L. 77-10-4).
3) Effets de l’accord
350. Droit d’agir. L’accord conclu dans le cadre de l’action de groupe a une portée
limitée par le principe de la réparation intégrale. L’adhésion au groupe ne fait dès lors
pas obstacle au droit d’agir selon les voies de droit commun pour obtenir la réparation
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des préjudices n’entrant pas dans le champ d’un accord homologué en application de
l’article L. 77-10-17 du Code de justice administrative (CJA, art. L. 77-10-20).
351. Irrecevabilité. N’est pas recevable l’action de groupe qui se fonde sur le même
manquement et la réparation des mêmes préjudices que ceux reconnus par un accord
homologué en application de l’article L. 77-10-17 du Code de justice administrative
(CJA, art. L. 77-10-21).
CHAPITRE 5
Procédés
conventionnels
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de règlement amiable
352. Annonce. Comme pour ceux mis en œuvre sous l’égide du juge, les procédés
conventionnels se rencontrent aussi bien en matière judiciaire avec ce qui est
dénommé légalement la médiation/conciliation conventionnelle (1). Il est aussi envisa-
geable de s’adresser à un conciliateur de justice pour que ce dernier mène le processus
de conciliation (2). Il en est enfin de même en matière administrative, où les parties
peuvent prendre l’initiative de s’arranger à l’amiable (3).
1• MÉDIATION CONVENTIONNELLE
353. Fondements juridiques. La médiation conventionnelle adopte des figures variées,
notamment la clause de médiation/conciliation insérée dans un contrat permettant d’anti-
ciper la survenance d’un différend, ainsi que la convention de médiation pour les parties
qui, une fois le conflit apparu, souhaitent s’entendre sans pour autant saisir de leur litige
une juridiction. La médiation conventionnelle est régie par plusieurs textes éparpillés dans
différents codes. Tout d’abord, elle est évidemment soumise aux principes de la loi de
1995 (CPC, art. 1532 et 1533). Puis, de manière générale, elle emporte application des
règles issues du Code civil tel que modifié par le législateur en 20161.
Au titre des règles du droit des obligations, l’application d’un certain nombre d’entre
elles intéresse de près ou de loin le domaine de la médiation conventionnelle parce
qu’elle constitue un engagement contractuel et appelle, par voie de conséquence, les
principes du droit des obligations et des contrats. Tel est le cas des règles relatives à
l’imprévision (C. civ., art. 1195), génératrice de conflits qui appellent à une renégocia-
tion entre les parties2. D’autres dispositions suscitent des questionnements. Le régime
——
1. Fondée sur une loi d’habilitation du 16 février 2015 (L. nº 2015-177, 16 févr. 2015 relative à la moder-
nisation et à la simplification du droit et des procédures dans les domaines de la justice et des affaires
intérieures : JO nº 40, 17 févr. 2015, p. 2961), la réforme du droit des contrats, du régime général et
de la preuve des obligations, adoptée le 10 février 2016 (ord. nº 2016-131, 10 févr. 2016 : JO nº 35,
11 févr. 2016), est entrée en vigueur pour l’essentiel le 1er octobre 2016 (v. notre chronique, Rev. arb.
2016, nº 32 et s.), et sous réserve de l’application immédiate des règles d’ordre public (Cass. 3e civ.,
9 févr. 2017, nº 16-10350, publié).
2. V. notre chronique, Rev. arb. 2016, nº 32 et s.
108 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
des pourparlers des articles 1112 à 1112-2 du Code civil est-il applicable dans le cadre
des négociations entreprises par le médiateur conventionnel ? Le devoir d’information
que requiert ce régime (C. civ., art. 1112-1) est-il applicable dans le cadre d’une média-
tion conventionnelle ?
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De même, il sera fait mention de l’article 1230 du Code civil, qui consacre l’autonomie
de la clause de règlement amiable. Selon cette disposition, « la résolution [du contrat]
n’affecte ni les clauses relatives au règlement des différends, ni celles destinées à
produire effet même en cas de résolution, telles les clauses de confidentialité et de
non-concurrence ».
Pour aller plus loin
Obligation ou faculté de renégociation en cas d’imprévision ?
Sur ce point, on relèvera une nouveauté issue de la réforme du droit des obligations de 2016
qui introduit en droit français l’imprévision (ord. nº 2016-131, 10 févr. 2016, art. 2).
Selon l’article 1195 du Code civil, si un changement de circonstances imprévisible lors de la
conclusion du contrat rend l’exécution excessivement onéreuse pour une partie qui n’avait
pas accepté d’en assumer le risque, celle-ci peut demander une renégociation du contrat à
son cocontractant. Elle continue à exécuter ses obligations durant la renégociation (al. 1er).
L’intérêt réside dans la faculté pour la partie qui souffre de l’imprévision de demander une
renégociation du contrat. En revanche, il n’existe aucunement obligation de renégocier.
En cas de refus ou d’échec de la renégociation, les parties peuvent convenir de la résolution du
contrat, à la date et aux conditions qu’elles déterminent, ou demander d’un commun accord au
juge de procéder à son adaptation. À défaut d’accord dans un délai raisonnable, le juge peut, à la
demande d’une partie, réviser le contrat ou y mettre fin, à la date et aux conditions qu’il fixe
(al. 2). Une ordonnance du 24 avril 2019 (Ord. no 2019-359, art. 1er : JO no 97, 25 avr. 2019,
texte no 16), réformant les règles relatives à la transparence, aux pratiques restrictives de concur-
rence et aux autres pratiques prohibées, modifie le régime des relations commerciales. En l’occur-
rence, est intégrée à l’article L. 441-8 du Code de commerce l’obligation d’insérer dans certains
contrats portant sur la vente des produits agricoles et alimentaires une clause de renégociation
applicable en cas de fluctuation des prix des matières premières de ce genre de produits.
——
3. Cass. ch. mixte, 14 févr. 2003, nos 00-19423 et 00-19424, M. Daniel Poiré c/ M. Daniel Tripier et al. :
Bull. civ. ch. mixte, nº 1, p. 1.
CHAPITRE 5 – Procédés conventionnels de règlement amiable 109
L’ensemble de ces règles forme le régime de droit commun applicable aux clauses de
règlement amiable. Cependant, ont été institués des procédés appelant la mise en
œuvre de règles spécifiques, notamment en matière de relations de consommation.
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A - Régime de droit commun
354. Licéité. En principe, la jurisprudence Poiré reconnaît la licéité de la clause de
médiation. Ce n’est que pour des matières spécifiques où l’ordre public prend une
place importante que la validité de la clause peut être contestée. C’est notamment le
cas pour les relations de consommation et les relations de travail où l’ordre public se
fait protecteur vis-à-vis du consommateur et du travailleur subordonné. La licéité étant
acquise, ce sont la préparation de la médiation conventionnelle et sa mise en œuvre
qui posent le plus de difficultés.
a) Médiateur conventionnel
356. Nature. Le médiateur peut être une personne physique ou morale (CPC, art. 1532,
al. 1er). Lorsque le médiateur est une personne morale, il désigne, avec l’accord des
parties, la personne physique chargée d’accomplir la mission de médiation (CPC,
art. 1532, al. 2).
357. Qualités. Le médiateur et, le cas échéant, la personne désignée par la personne
morale pour réaliser la médiation doit satisfaire à deux conditions (CPC, art. 1533),
outre celles posées par la loi de 1995 (v. infra) :
– premièrement, le médiateur ne doit pas avoir fait l’objet d’une condamnation, d’une
incapacité ou d’une déchéance mentionnées sur le bulletin nº 3 du casier judiciaire ;
– deuxièmement, le médiateur doit posséder, par l’exercice présent ou passé d’une
activité, la qualification requise eu égard à la nature du différend ou justifier, selon
le cas, d’une formation ou d’une expérience adaptée à la pratique de la médiation.
du pouvoir d’interpréter les conventions que si elles sont obscures ou ambiguës »4, sous
réserve de ne pas dénaturer la volonté des parties5.
360. Qualification. Est souvent sujette à débat la qualification de la mission confiée au
tiers ; il n’est pas rare que le contentieux porte sur la question de savoir si le processus en
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cause est une médiation ou un arbitrage6. S’est également développé en jurisprudence
un contentieux portant sur la question de savoir si la clause en cause est une clause de
consultation7. Ce contentieux de la qualification existe par ailleurs entre clause de
médiation/conciliation – dont le manquement est sanctionné par la fin de non-recevoir –
et clause de consultation – dont le défaut n’est pas sanctionné. Ainsi, lorsque la clause
n’est pas suffisamment structurée ou lorsque les conditions de mise en œuvre sont trop
floues, ladite clause est déqualifiée. Il est admis en jurisprudence qu’une « clause
contractuelle prévoyant une tentative de règlement amiable, non assortie de conditions
particulières de mise en œuvre, ne constitue pas une procédure de conciliation obliga-
toire préalable à la saisine du juge »8.
361. Caractère facultatif ou obligatoire. La discussion est relative également au carac-
tère facultatif ou obligatoire de la procédure conventionnelle9. Par exemple, l’article 21.2
de la norme NF P 03-001, en ce qu’il prévoit que « pour le règlement des contestations qui
peuvent s’élever à l’occasion de l’exécution ou du règlement du marché, les parties
doivent se consulter ou examiner l’opportunité de soumettre leur différend à un arbitrage
ou pour refuser un arbitrage », n’institue pas une procédure obligatoire, préalable à la
saisine du juge, dont le non-respect entraîne l’irrecevabilité de la demande10.
362. Champ d’application matériel. Le champ d’application matérielle de la procé-
dure de médiation fait tout aussi régulièrement croiser le fer. Ici, sera discuté le type de
conflits soumis à l’autorité du médiateur. Ainsi, les conflits portant sur l’exécution d’une
convention n’englobent pas ceux relatifs à la rupture du contrat11.
De même, la clause de conciliation insérée dans un contrat d’architecte est inapplicable
si l’action, exercée postérieurement à la réception de l’ouvrage, en réparation de désor-
dres rendant l’ouvrage impropre à sa destination, est fondée sur l’article 1792 du Code
civil12.
——
4. Cass. soc., 7 mars 2007, Société Centre de médecine nucléaire de Quimper : JSL nº 209, 11 avr. 2007,
Flash, 209-21, p. 26 ; JCP E 2008, p. 1052, note Boulmier D.
5. Cass. civ., 15 avr. 1872 : DP 1872, 1, p. 176 ; S. 1872, 1, p. 232 ; GAJ civ. 2000, nº 160. Par ex., s’agis-
sant d’une transaction, Cass. crim., 16 déc. 2014, nº 14-80491, publié.
6. Pour des critères de distinction, v. infra ; v. Cass. 2e civ., 16 juin 2011, nº 10-22780, CNP et MGET,
publié, relativement à une clause intitulée « procédure de conciliation », prévoyant que les
conclusions d’un médecin s’imposent aux parties, ainsi que Cass. 1re civ., 1er juin 2011, nº 10-15199,
Pharmetica c/ Euronda Spa, inédit ; v. aussi Cass. com., 2 juin 2015, nº 14-13289, Société Nouméa
ambulances et al. c/ Compagnie d’assurances Generali Iard, inédit ; Cass. 3e civ., 19 mai 2016, nº 15-
14464, FS-P+B, Société Thales Architecture c/ Société Copvial, publié.
7. Cass. 1re civ., 6 févr. 2007, Société Placoplâtre c/ Société Eiffage TP : BICC 1er juin 2007, nº 662,
v. nº 1192, p. 49.
8. Cass. com., 29 avr. 2014, nº 12-27004, Société Medissimo c/ Société CGI France : Bull. civ. IV, nº 76.
9. Pour un exemple de clause facultative, Cass. 1re civ., 13 mai 2014, nº 13-11024.
10. Cass. 3e civ., 29 janv. 2014, nº 13-10833, Société Knappe composites c/ Société Entreprise H. Darnis et
Cie et Société Jad, inédit.
11. Cass. soc., 7 mars 2007, préc. ; v. aussi Cass. 1re civ., 1er oct. 2014, nº 13-17920 ; Cass. 3e civ., 20 sept.
2011, nº 10-20990, inédit.
12. Cass. 3e civ., 23 mai 2019, no 18-15286, P+B+I.
CHAPITRE 5 – Procédés conventionnels de règlement amiable 111
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optique similaire, l’opposabilité de la clause engendre aussi un contentieux intéressant.
L’hypothèse concerne les personnes devant respecter le processus conventionnel alors
qu’elles ne sont pas signataires ; par exemple, une coopérative est tenue de respecter
une clause de conciliation à laquelle renvoie un acte d’engagement d’achat et de
livraison de betteraves liant des planteurs – adhérents à la coopérative – à une société
de production de sucre, car « par l’effet de sa transmission, [la clause de règlement
amiable] n’était pas manifestement inopposable à la coopérative, agissant elle-même
en qualité d’ayant droit de ses adhérents »14. De même, il a été jugé qu’« une clause de
conciliation préalable figurant au contrat d’architecte est opposable aux acquéreurs qui
agissent par subrogation sur le fondement contractuel à l’encontre de l’architecte, en
dépit du fait qu’ils n’auraient pas eu personnellement connaissance de cette clause »15.
Au contraire, la caution ne peut opposer la fin de non-recevoir au créancier
poursuivant16.
——
13. Cass. soc., 16 sept. 2015, nº 14-13489, publié ; v. aussi Cass. com., 2 juin 2015, nº 14-13289, inédit,
pour un conflit entre associés.
14. Cass. 1re civ., 6 mars 2007 : BICC 1er juill. 2007, nº 664, v. nº 1358, p. 57.
15. Cass. 3e civ., 28 avr. 2011, nº 10-30721, publié.
16. Cass. com., 13 oct. 2015, nº 14-19734, publié.
112 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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367. Suspension de la prescription. La prescription est suspendue à compter du jour
où, après la survenance d’un litige, les parties conviennent de recourir à la médiation ou
à la conciliation ou, à défaut d’accord écrit, à compter du jour de la première réunion de
médiation ou de conciliation. La prescription est également suspendue à compter de la
conclusion d’une convention de procédure participative ou à compter de l’accord du
débiteur constaté par l’huissier de justice pour participer à la procédure prévue à
l’article L. 125-1 du Code des procédures civiles d’exécution (C. civ., art. 2238, al. 1er).
368. Reprise du cours de la prescription. Le délai de prescription recommence à
courir, pour une durée qui ne peut être inférieure à 6 mois, à compter de la date à
laquelle soit l’une des parties ou les deux, soit le médiateur ou le conciliateur déclarent
que la médiation ou la conciliation est terminée. En cas de convention de procédure
participative, le délai de prescription recommence à courir à compter du terme de la
convention, pour une durée qui ne peut être inférieure à 6 mois. En cas d’échec de la
procédure prévue au même article, le délai de prescription recommence à courir à
compter de la date du refus du débiteur, constaté par l’huissier, pour une durée qui ne
peut être inférieure à 6 mois (C. civ., art. 2238, al. 2).
369. Durée de la suspension et procès équitable. Comme il se doit, la durée de la
suspension entre en corrélation avec les garanties du droit à un procès équitable tel
qu’établi à l’article 6, § 1er de la Convention européenne des droits de l’homme. Est
prohibée à cette disposition une durée de suspension trop courte. Dans une espèce rela-
tive au médiateur national de l’énergie (MNE) (C. énergie, art. L. 122-1), il a été jugé que
la limitation à de la suspension du délai de prescription à 2 mois, imparti au MNE pour
rendre ses recommandations « est de nature à priver les parties de leur droit d’accès au
juge en les empêchant d’entamer une procédure judiciaire ou arbitrale concernant le
litige qui les oppose, du fait de l’expiration des délais de prescription pendant le
processus de médiation, qui est susceptible d’excéder le délai imparti au MNE pour
formuler une recommandation »18.
370. Interruption. L’interruption de la prescription est concevable dans les bornes
fixées par l’article 2240 du Code civil. En vertu de cette disposition, « la reconnaissance
par le débiteur du droit de celui contre lequel il prescrivait interrompt le délai de prescrip-
tion ». De longue date19, la Cour de cassation estime que « des pourparlers transaction-
nels ne sont pas constitutifs d’une reconnaissance de responsabilité interruptive du délai
de prescription »20.
2. Champ d’application de l’article 2238 du Code civil
371. Étendue du champ d’application. L’évidence fait dire que l’article 2238 du Code
civil recouvre toutes les hypothèses où est en cause une médiation. Sur ce point, il doit
——
17. Cass. 3e civ., 24 juin 2014, nº 13-18420, inédit.
18. Cass. 1re civ., 9 juin 2017, nº 16-12457, publié.
19. Cass. req., 3 juin 1835 – Cass. req., 4 janv. 1842 – Cass. req., 6 janv. 1869 : DP 1869, 1, p. 224.
20. Cass. 1re civ., 5 févr. 2014, nº 13-10791 : Bull. civ. I, nº 18 – Cass. soc., 15 avr. 2015, nº 13-27445,
inédit.
CHAPITRE 5 – Procédés conventionnels de règlement amiable 113
être lu en combinaison avec la définition résultant de la loi de 1995 (v. infra). Pour
déterminer ce champ d’application, deux méthodes sont employées : la méthode
qualificative et la méthode du renvoi d’un texte vers l’article 2238 du Code civil.
372. Méthode qualificative. La méthode qualificative consiste à s’interroger sur la
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réunion des éléments constitutifs de la procédure de médiation. Si les conditions en
sont réunies, le régime correspondant est applicable. Par exemple, la conclusion d’une
transaction est précédée d’une période de négociation où les parties échangent sur les
éventuelles concessions qu’elles sont prêtes à réaliser pour parvenir à un accord amiable.
Ces échanges sont régulièrement dépourvus de structure et ont lieu de manière infor-
melle. C’est pourquoi de « simples pourparlers » n’entraînent pas l’application de
l’article 2238 du Code civil21.
373. Renvoi à l’article 2238 du Code civil. On peut raisonnablement penser que
l’article 2238 du Code civil constitue le tronc commun à toutes les procédures de conci-
liation/médiation conventionnelle. D’autres dispositions y renvoient expressément en
dépit, parfois, de l’absence de caractère conventionnel de la médiation/conciliation
mise en œuvre22. Certains des renvois ont disparu. Ainsi en était-il de l’article L. 316-1
du Code monétaire et financier, qui disposait que « le médiateur, désigné par un établis-
sement de crédit ou une société de financement, pour recommander des solutions aux
litiges avec des personnes physiques n’agissant pas pour des besoins professionnels, est
tenu de statuer dans le délai de 2 mois à compter de sa saisine. Celle-ci suspend la pres-
cription conformément aux conditions de l’article 2238 du Code civil »23.
Ce renvoi à l’article 2238 du Code civil existe également pour l’intervention de la
Commission de contrôle des organismes de gestion des droits d’auteur et des droits
voisins (CCOGDA), en qualité de médiateur au titre de l’article L. 327-1 du Code de la
propriété intellectuelle (CPI, art. L. 327-6, al. 3). Il est encore mentionné à l’occasion de
la saisine du médiateur de l’Autorité des marchés financiers (AMF) (C. mon. fin., art.
L. 621-19, I, al. 4). Enfin, le rappel de son contenu figure à titre informatif dans la lettre
recommandée avec demande d’avis de réception par laquelle l’huissier de justice invite
le débiteur à participer à la procédure simplifiée de recouvrement des petites créances
(CPC exéc., art. R. 125-2, II).
——
21. Cass. 1re civ., 13 mai 2014, nº 13-13406 : Bull. civ. V, nº 83.
22. V. aussi L. nº 2010-1609, 22 déc. 2010 relative à l’exécution des décisions de justice, aux conditions
d’exercice de certaines professions réglementées et aux experts judiciaires, art. 42-2, applicable en
Nouvelle-Calédonie dans sa rédaction en vigueur à la date de publication de l’ordonnance nº 2011-
1875, 15 déc. 2011.
23. Pour un exemple, CA Riom, 3e ch. civ. et comm. réunies, 7 déc. 2016, nº 15/02893, inédit.
24. Cass. ch. mixte, 14 févr. 2003, nos 00-19423 et 00-19424, M. Daniel Poiré c/ M. Daniel Tripier et al. :
Bull. civ. ch. mixte, nº 1, p. 1.
114 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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civile25 (mesures conservatoires et remise en état) et 145 du même Code26 (mesures
d’instruction). Le législateur n’est pas en reste car, en cas d’urgence, « la convention ne
fait pas obstacle à ce que des mesures provisoires ou conservatoires soient demandées
par les parties » (C. civ., art. 2065, al. 2). En revanche, il a été jugé que le référé-provision
reste soumis au préalable obligatoire de conciliation27, parce qu’il anticiperait sur le fond
du procès28.
La liste de ces nuances ne cesse de croître. Dernièrement, il a été jugé qu’« une clause
imposant ou permettant une médiation préalablement à la présentation d’une demande
en justice relative aux droits et obligations contractuels des parties ne peut, en l’absence
de stipulation expresse en ce sens, faire obstacle à l’accomplissement d’une mesure
d’exécution forcée »29.
376. Demandes reconventionnelles. La chambre commerciale de la Cour de cassation
répond par l’affirmative30 : « l’instance étant en cours au moment où elle est formée, la
recevabilité d’une demande reconventionnelle n’est pas, sauf stipulation contraire,
subordonnée à la mise en œuvre d’une procédure contractuelle de médiation préalable
à la saisine du juge ». Constitue une telle demande reconventionnelle « la demande par
laquelle le défendeur originaire prétend obtenir un avantage autre que le simple rejet de
la prétention de son adversaire » (CPC, art. 64).
377. Exceptions au principe de l’irrecevabilité. Pour les véritables exceptions, il en est
ainsi s’agissant de l’ouverture d’une procédure collective31.
2. Question de la régularisation
378. Régularisation de la procédure en cours d’instance. La médiation, motif d’irre-
cevabilité, peut-elle faire l’objet d’une régularisation en cours d’instance ? La jurispru-
dence a évolué sur la question. Dans un premier temps, sur le fondement de l’article 126
du Code de procédure civile, il était admis que la fin de non-recevoir découlant du
défaut de respect de la clause de règlement amiable était susceptible d’une régularisa-
tion en cours d’instance32. Cependant, dans un second temps, par un arrêt Proximmo du
12 décembre 2014, la Cour de cassation réunie en chambre mixte a opéré un revirement
de jurisprudence et a retenu que « la situation donnant lieu à la fin de non-recevoir tirée
du défaut de mise en œuvre d’une clause contractuelle qui institue une procédure,
——
25. CA Paris, 14e ch. B, 13 oct. 2006 : BICC 15 juill. 2007, nº 665, v. nº 1482, p. 17 – CA Paris, 14e ch. A,
23 mai 2001 : Rev. arb. 2003, p. 403, 2e esp., note Jarrosson C.
26. CA Paris, 14e ch. A, 11 oct. 2006, nº 06/03.180, inédit – Cass. 3e civ., 28 mars 2007 : Bull. civ. III, nº 43,
p. 37.
27. Cass. 2e civ., 9 nov. 2006, nº 05-19443, inédit ; CA Colmar, 1re ch. civ., sect. A, 17 juill. 2015,
nº 15/03364, inédit.
28. Croze H., Procédures 2015, comm. 30.
29. Cass. 2e civ., 22 juin 2017, nº 16-11975, publié.
30. Cass. com., 24 mai 2017, nº 15-25457, publié.
31. CA Paris, 4e ch., 10 juin 2009, nº 07/09953, Société Starcount Limited c/ SA Parfums Jean Louis
Scherrer « PJLS », inédit.
32. Cass. 1re civ., 30 oct. 2007, nº 06-13366 : Bull. civ. I, nº 329 – Cass. 2e civ., 16 déc. 2010, nº 09-71575 :
Bull. civ. II, nº 212 ; v. aussi Rev. arb. 2011, nº 46, obs. Tricoit J.-P.
CHAPITRE 5 – Procédés conventionnels de règlement amiable 115
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civile34 et par la troisième chambre civile de la Cour de cassation35.
379. Partage des successions. Régularisation (non). En ce qui concerne le partage
des successions régi par l’article 1360 du Code de procédure civile, aucune régularisa-
tion n’est possible. Pour la première chambre civile de la Cour de cassation, « lorsqu’au-
cune diligence n’a été entreprise en vue de parvenir à un partage amiable avant la déli-
vrance de l’assignation aux fins de partage judiciaire, la fin de non-recevoir tirée de
l’irrecevabilité de cette demande, fondée sur l’inobservation des exigences de
l’article 1360 du Code de procédure civile, n’est pas susceptible d’être régularisée après
la saisine du juge »36.
Pour aller plus loin
La clause de médiation/conciliation est-elle une clause abusive ?
Qu’en est-il en ce qui concerne le droit de la consommation ? Selon l’article L. 212-1 du Code
de la consommation, dans les contrats conclus entre professionnels et consommateurs, sont
abusives les clauses qui ont pour objet ou pour effet de créer, au détriment du consommateur,
un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat.
Pour donner un bon indicateur aux professionnels et aux consommateurs, le législateur a fait
établir deux listes réglementaires : une liste grise et une liste noire.
Un décret en Conseil d’État, pris après avis de la Commission des clauses abusives (CCA), déter-
mine des types de clauses qui, eu égard à la gravité des atteintes qu’elles portent à l’équilibre
du contrat, doivent être regardées, de manière irréfragable, comme abusives (C. consom., art.
L. 212-1, al. 4).
Un décret pris dans les mêmes conditions détermine une liste de clauses présumées abusives ;
en cas de litige concernant un contrat comportant une telle clause, le professionnel doit
apporter la preuve du caractère non abusif de la clause litigieuse (C. consom., art. L. 212-1,
al. 5).
Les clauses de règlement amiable – au sens très large du terme – sont insérées dans la liste
grise. Aux termes de l’article R. 212-2 du Code de la consommation, dans les contrats conclus
entre des professionnels et des consommateurs, sont présumées abusives, sauf au profes-
sionnel à rapporter la preuve contraire, les clauses ayant pour objet ou pour effet de supprimer
ou entraver l’exercice d’actions en justice ou des voies de recours par le consommateur, notam-
ment en obligeant le consommateur à saisir exclusivement une juridiction d’arbitrage non
couverte par des dispositions légales ou à passer exclusivement par un mode alternatif de règle-
ment des litiges.
-- ---- --- ---- ---- --- ---- --- ---- --- ---- ---- --- ---- --- ---- --- ---- ---- --- ---- --- ---- --- ---- ---
——
33. Cass. ch. mixte, 12 déc. 2014, nº 13-19684, Société Proximmo c/ Société d’architecture et d’urbanisme
Arnal-Lafon-Cayrou, publié.
34. Cass. 2e civ., 29 janv. 2015, nº 13-24269, inédit.
35. Cass. 3e civ., 6 oct. 2016, nº 15-17989, publié.
36. Cass. 1re civ., 21 sept. 2016, nº 15-23250 : BICC, 1er mars 2017, nº 187 ; AJ fam. 2016, p. 498, note
Casey J.
116 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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C’est ce qu’applique un arrêt du 16 mai 201837, qui énonce que « la clause qui contraint le
consommateur, en cas de litige, à recourir obligatoirement à une médiation avant la saisine
du juge, est présumée abusive, sauf au professionnel à rapporter la preuve contraire ». Précé-
demment, un arrêt du 1er février 200538 avait reconnu que « n’est pas abusive la clause d’un
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contrat-type de syndic de copropriété qui prévoit, en cas de litige, un préliminaire de concilia-
tion, une telle clause étant exempte d’un quelconque déséquilibre significatif au détriment du
consommateur ».
Quant à la sanction, elle est prévue à l’article L. 241-1 du Code de la consommation et indique
que les clauses abusives sont réputées non écrites. En revanche, le même article consacre
l’autonomie de la sanction appliquée à la clause abusive. Le contrat reste applicable dans
toutes ses dispositions autres que celles jugées abusives s’il peut subsister sans ces clauses.
——
37. Cass. 1re civ., 16 mai 2018, nº 17-16197, inédit.
38. Cass. 1re civ., 1er févr. 2005, nº 03-19692 : Bull. civ. I, nº 64, p. 56.
39. Cass. soc., 23 mars 1999, Mme Jaureguy c/ Leray : D. 2001, p. 417, note Frossard – Cass. soc., 26 sept.
2012, nº 11-18783, SASP Toulouse football club, publié.
40. Par ex. Cass. soc., 12 sept. 2018, nº 16-26853, publié.
41. Ord. nº 2016-301, 14 mars 2016 : JO nº 64, 16 mars 2016, texte nº 29.
CHAPITRE 5 – Procédés conventionnels de règlement amiable 117
1995 [...] ou un autre processus de médiation conventionnelle prévu par la loi ». Cepen-
dant, en cas de concours entre les règles générales de la loi de 1995 et les règles
spéciales du Code de la consommation, ce sont ces dernières qui l’emportent. Effective-
ment, par application de l’article 25 de la loi du 8 février 1995, « la médiation est
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soumise à des règles générales qui font l’objet de la présente section, sans préjudice de
règles complémentaires propres à certaines médiations ou à certains médiateurs ».
387. Exclusions explicites. D’autre part, ne sont pas considérés comme des litiges de
consommation les litiges concernant :
– les services d’intérêt général non économiques ;
– les services de santé fournis par des professionnels de la santé aux patients pour
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évaluer, maintenir ou rétablir leur état de santé, y compris la prescription, l’adminis-
tration et la fourniture de médicaments et de dispositifs médicaux ;
– les prestataires publics de l’enseignement supérieur (C. consom., art. L. 611-4).
b) Médiation bancaire
388. Médiation bancaire. Après de nombreuses extensions de son propre champ
d’application, la médiation bancaire a perdu sa spécificité au profit de la médiation des
litiges de consommation (ord. nº 2017-1252, 9 août 2017, art. 7). Le processus de
médiation des litiges de consommation est également applicable dans un cadre
bancaire, c’est-à-dire « en vue de la résolution d’un litige qui [oppose un particulier] à
un établissement de crédit, une société de financement, un établissement de monnaie
électronique, un établissement de paiement ou un prestataire de services d’information
sur les comptes et relatif aux services fournis et à l’exécution de contrats conclus »
concernant les opérations de banque, les services de paiement et l’émission et la
gestion de monnaie électronique, les services d’investissement, les services connexes
aux services d’investissement et les services de communication de données, ainsi que
les instruments financiers et les produits d’épargne (C. consom., art. L. 316-1, al. 1er).
——
42. Ou « marché des changes ».
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(C. mon. fin., art. L. 621-19, I, al. 4).
393. Coopération internationale. Le médiateur de l’AMF coopère avec ses homolo-
gues étrangers en vue du règlement extrajudiciaire des litiges transfrontaliers
(C. mon. fin., art. L. 621-19, I, al. 5).
394. Rapport d’activité. Le médiateur de l’AMF publie chaque année un rapport qui
rend compte de sa mission (C. mon. fin., art. L. 621-19, I, al. 6).
a) Caractéristiques du processus
1. Confidentialité
395. Principe. La médiation des litiges de consommation est soumise à l’obligation de
confidentialité prévue par l’article 21-3 de la loi du 8 février 1995 (v. supra).
2. Exclusivité
396. Médiateur public. Lorsqu’un médiateur public (v. infra) est compétent pour
procéder à la médiation d’un litige de consommation, ce litige ne peut donner lieu à
d’autres procédures de médiation conventionnelle, au sens du présent titre, sous
réserve de l’existence d’une convention, notifiée à la CECMC, qui répartit les litiges
entre les médiateurs concernés (C. consom., art. L. 612-5).
3. Droit au processus de médiation
▲
Droits du consommateur
397. Principe de gratuité. La médiation des litiges de consommation est gratuite pour
le consommateur. Tout consommateur a le droit de recourir gratuitement à un média-
teur de la consommation en vue de la résolution amiable du litige qui l’oppose à un
professionnel. À cet effet, le professionnel garantit au consommateur le recours effectif
à un dispositif de médiation de la consommation. Ce principe est assorti de deux excep-
tions pour certains frais qui restent à la charge des parties.
398. Exception. Frais de représentation ou d’assistance. Les parties ont la faculté, à
leur charge, de se faire représenter par un avocat ou de se faire assister par toute
personne de leur choix à tous les stades de la médiation. Les frais engendrés par la repré-
sentation ou l’assistance restent à la charge des parties (C. consom., R. 612-1).
399. Exception. Expertise. Chaque partie peut également solliciter l’avis d’un expert,
dont les frais sont à sa charge. En cas de demande conjointe d’expertise, les frais sont
partagés entre les parties (C. consom., R. 612-1).
400. Alternative. Le professionnel peut mettre en place son propre dispositif de média-
tion de la consommation ou proposer au consommateur le recours à tout autre média-
teur de la consommation répondant aux exigences posées par le Code de la
consommation.
120 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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lorsque :
– le consommateur ne justifie pas avoir tenté, au préalable, de résoudre son litige
directement auprès du professionnel par une réclamation écrite selon les modalités
prévues, le cas échéant, dans le contrat ;
– la demande est manifestement infondée ou abusive ;
– le litige a été précédemment examiné ou est en cours d’examen par un autre
médiateur ou par un tribunal ;
– le consommateur a introduit sa demande auprès du médiateur dans un délai supé-
rieur à un an à compter de sa réclamation écrite auprès du professionnel ;
– le litige n’entre pas dans son champ de compétence.
Le consommateur est informé par le médiateur, dans un délai de 3 semaines à compter
de la réception de son dossier, du rejet de sa demande de médiation.
402. Clause interdite. Est interdite toute clause ou convention obligeant le consomma-
teur, en cas de litige, à recourir obligatoirement à une médiation préalablement à la
saisine du juge (C. consom., art. L. 612-4). Lors de la conclusion de tout contrat écrit, le
consommateur est informé par le professionnel de la possibilité de recourir, en cas de
contestation, à la procédure de médiation de la consommation dans les conditions
prévues au titre Ier du livre VI (C. consom., art. L. 211-3).
▲
Devoirs du professionnel
403. Information et assistance du consommateur. L’article L. 616-1 du Code de la
consommation crée à la charge du professionnel diverses obligations d’information au
profit du consommateur. Dès lors, tout professionnel communique au consommateur,
selon des modalités fixées par décret en Conseil d’État, les coordonnées du ou des
médiateurs compétents dont il relève (C. consom., L. 616-1, al. 1er). Le professionnel est
également tenu de fournir cette même information au consommateur, dès lors qu’un
litige n’a pas pu être réglé dans le cadre d’une réclamation préalable directement intro-
duite auprès de ses services (C. consom., L. 616-1, al. 2).
404. Coordonnées. En application de l’article L. 616-1 du Code de la consommation, le
professionnel communique au consommateur les coordonnées du ou des médiateurs de
la consommation dont il relève, en inscrivant ces informations de manière visible et
lisible sur son site Internet, sur ses conditions générales de vente ou de service, sur ses
bons de commande ou, en l’absence de tels supports, par tout autre moyen approprié.
Il y mentionne également l’adresse du site Internet du ou de ces médiateurs (C. consom.,
R. 616-1).
405. Règlement en ligne des litiges. Le cas échéant, il informe en outre le consomma-
teur des dispositions prises pour mettre en œuvre l’article 14 du règlement (UE) nº 524/
2013 du Parlement européen et du Conseil du 21 mai 2013 relatif au règlement en ligne
des litiges de consommation et modifiant le règlement (CE) nº 2006/2004 et la directive
nº 2009/22/CE (règlement relatif au RLLC) (C. consom., L. 616-2).
406. Litige transfrontalier. En cas de litige transfrontalier, tout consommateur béné-
ficie de l’assistance et des informations nécessaires pour être orienté vers l’entité de
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mateurs (CEC) France et des indications relatives aux modalités de l’assistance dont les
consommateurs peuvent bénéficier en vue du règlement extrajudiciaire de tels litiges
(C. consom., R. 616-2).
4. Accessibilité
407. Modalités. La médiation des litiges de consommation est aisément accessible par
voie électronique ou par courrier simple à toutes les parties, consommateur ou profes-
sionnel (C. consom., R. 612-1).
——
43. Par ex. : médiateur de l’Autorité des marchés financiers (AMF) ; médiateur national de l’énergie (MNE).
44. Par ex. : médiateur du groupe RATP ; médiateur du groupe ENGIE ; médiateur du groupe EDF ; média-
teur du groupe La Poste.
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connaissances juridiques, notamment dans le domaine de la consommation ;
– être nommé pour une durée minimale de 3 années ;
– être rémunéré sans considération du résultat de la médiation ;
– ne pas être en situation de conflit d’intérêts et le cas échéant le signaler
(C. consom., L. 613-1, al. 3).
412. Inscription. Le médiateur de la consommation est inscrit sur la liste des médiateurs
notifiée à la Commission européenne (C. consom., L. 613-1, al. 4). Les modalités d’applica-
tion du présent article sont fixées par décret en Conseil d’État (C. consom., L. 613-1, al. 5).
413. Conditions supplémentaires. Lorsqu’il est employé ou rémunéré exclusivement
par le professionnel, le médiateur de la consommation satisfait à trois conditions
supplémentaires :
– premièrement, il est désigné, selon une procédure transparente, par un organe
collégial mis en place par l’entreprise, comprenant des représentants d’associations
de défense des consommateurs agréées et des représentants du professionnel, ou
relevant d’une instance nationale consultative dans le domaine de la consommation
ou propre à un secteur d’activité dans des conditions fixées par décret ;
– deuxièmement, à l’issue de son mandat, le médiateur a l’interdiction de travailler
pendant au moins 3 ans pour le professionnel qui l’a employé ou pour la fédération
à laquelle ce professionnel est affilié ;
– troisièmement, aucun lien hiérarchique ou fonctionnel entre le professionnel et le
médiateur ne peut exister pendant l’exercice de sa mission de médiation. Le média-
teur est clairement séparé des organes opérationnels du professionnel et dispose
d’un budget distinct et suffisant pour l’exécution de ses missions (C. consom., art.
L. 613-2).
414. Contraintes supplémentaires. Lorsque le médiateur de la consommation est
employé ou rémunéré exclusivement par un organisme ou une fédération profession-
nelle, il répond aux exigences prévues par les dispositions de l’article L. 613-1 du Code
de la consommation sus-énoncées et dispose d’un budget distinct et suffisant pour
mener à bien sa mission, hormis le cas où il appartient à un organe collégial, composé
à parité de représentants d’associations agréées de défense des consommateurs et de
représentants des professionnels (C. consom., art. L. 613-3).
2. Obligations de communication du médiateur de la consommation
415. Typologie. Le médiateur de la consommation est tenu de fournir divers renseigne-
ments tant auprès des consommateurs que des autorités de contrôle.
416. Consommateurs. La communication adressée aux consommateurs est réalisée
selon deux modalités spéciales :
– par la publication d’informations utiles sur plusieurs supports, soit dématérialisés,
soit par voie postale ;
– par la publication d’un rapport annuel.
CHAPITRE 5 – Procédés conventionnels de règlement amiable 123
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place un site Internet consacré à la médiation et fournissant un accès direct aux informa-
tions relatives au processus de médiation (C. consom., L. 614-1, al. 1er). Ce site permet aux
consommateurs de déposer en ligne une demande de médiation accompagnée des docu-
ments justificatifs (C. consom., L. 614-1, al. 2). Sur demande, ces informations peuvent
être mises à disposition sur un autre support durable (C. consom., art. L. 614-1, al. 3).
418. Lien hypertexte. Le médiateur fournit sur son site Internet un lien électronique
vers la plateforme européenne de résolution en ligne des litiges prévue par le règlement
(UE) nº 524/2013 du 21 mai 2013 relatif au règlement en ligne des litiges de consomma-
tion (règlement relatif au RLLC) (C. consom., L. 614-2).
419. Communication postale. Les parties doivent toujours avoir la possibilité de
recourir à la médiation par voie postale (C. consom., art. L. 614-3). C’est pourquoi les
médiateurs publics de la consommation n’hésitent pas à communiquer sur le fait qu’ils
restent joignables par cette voie.
420. Communication officielle. Le médiateur de la consommation communique à la
CECMC les informations relatives à ses compétences, son organisation et son activité
(C. consom., art. L. 614-5).
3. Contrôle du processus de médiation de la consommation
421. Présentation générale. La Commission d’évaluation et de contrôle de la média-
tion de la consommation (CECMC) est instituée par les articles L. 615-1 et suivants du
Code de la consommation. Un décret en Conseil d’État précise la composition, l’organi-
sation, les moyens et les modalités de fonctionnement de la CECMC (C. consom.,
art. 615-4). Sa composition a été renouvelée par un arrêté du 25 mars 201945.
422. Missions de la CECMC. La Commission d’évaluation et de contrôle de la média-
tion de la consommation, placée auprès du ministre chargé de l’économie, a à sa
charge plusieurs missions, notamment :
– établir et mettre à jour la liste des médiateurs, y compris les médiateurs publics, qui
satisfont aux exigences prévues par les articles L. 613-1 à L. 613-3 du Code de la
consommation ;
– procéder à la notification des médiateurs inscrits sur cette liste auprès de la Commis-
sion européenne ;
– évaluer leur activité de médiation et en contrôler la régularité (C. consom., art.
L. 615-1).
423. Refus. Dans le cadre de sa mission d’établir la liste des médiateurs de la consom-
mation, la CECMC assure une sorte de police de l’inscription sur ladite liste. Plusieurs
situations peuvent se rencontrer :
– premièrement, si un médiateur ne satisfait pas aux conditions exigées, la CECMC
refuse son inscription (C. consom., art. L. 615-2, al. 1er) ;
——
45. BOCCRF 11 avr. 2019.
124 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
– deuxièmement, s’il est déjà inscrit et qu’il ne répond plus à ces conditions ou ne
respecte pas les obligations lui incombant, la commission peut décider du retrait de
l’intéressé de cette liste (C. consom., art. L. 615-2, al. 2).
En tout état de cause, la décision prononçant le refus d’inscription ou le retrait de la liste
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est motivée et notifiée à l’intéressé (C. consom., art. L. 615-2, al. 3).
424. Saisine de la CECMC. La CECMC peut être saisie de toute pratique de médiation
ou de toute condition d’exercice de l’activité de médiateur considérée comme contraire
aux exigences nécessaires pour accomplir cette activité (C. consom., art. L. 615-3, al. 1er)
par :
– le ministre chargé de l’économie ;
– le ministre chargé de la consommation ;
– l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) ;
– les associations de défense des consommateurs agréées ;
– les organisations professionnelles.
Cela étant, la CECMC peut également se saisir d’office (C. consom., art. L. 615-3, al. 2).
425. Avis de la CECMC. La commission rend son avis dans un délai maximal de 3 mois à
compter de sa saisine (C. consom., art. L. 615-3, al. 3).
——
46. D. nº 78-381, 20 mars 1978 relatif aux conciliateurs de justice : JO 23 mars 1978, p. 1265. Le décret
de 1978 est applicable dans les îles Wallis et Futuna (D. nº 78-381, 20 mars 1978, art. 9 quater).
47. D. nº 96-1091, 13 déc. 1996 modifiant le décret nº 78-381, 20 mars 1978 relatif aux conciliateurs : JO
nº 292, 15 déc. 1996, p. 18424.
48. D. nº 2006-687, 12 juin 2006 modifiant le décret nº 78-381, 20 mars 1978 relatif aux conciliateurs de
justice : JO nº 136, 14 juin 2006, p. 8962 – A., 12 juin 2006 pris en application du décret nº 2006-687
du 12 juin 2006 modifiant le décret nº 78-381 du 20 mars 1978 relatif aux conciliateurs de justice : JO
nº 136, 14 juin 2006, p. 8962 – D. nº 2010-1165, 1er oct. 2010 relatif à la conciliation et à la procé-
dure orale en matière civile, commerciale et sociale : JO nº 230, 3 oct. 2010, p. 17986 – D. nº 2012-
66, 20 janv. 2012 relatif à la résolution amiable des différends : JO nº 19, 22 janv. 2012, p. 1280.
49. D. nº 2018-931, 29 oct. 2018 modifiant le décret nº 78-381 du 20 mars 1978 relatif aux conciliateurs
de justice : JO nº 252, 31 oct. 2018, texte nº 9.
CHAPITRE 5 – Procédés conventionnels de règlement amiable 125
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prévues au Code de procédure civile (D. nº 78-381, 20 mars 1978, art. 1er, al. 1er). En ce
sens, le conciliateur de justice exerce ses missions :
– soit de manière autonome (conciliation menée par ce dernier) ;
– soit sur délégation du juge (conciliation déléguée).
1) Fonctions
a) Nomination aux fonctions de conciliateur de justice
428. Conditions de nomination. D’abord, le conciliateur de justice doit jouir de ses
droits civils et politiques et n’être investi d’aucun mandat électif dans le ressort de la
cour d’appel dans lequel il exerce ses fonctions (D. nº 78-381, 20 mars 1978, art. 2,
al. 1er). De plus, peuvent être nommées conciliateurs de justice les personnes justifiant
d’une expérience en matière juridique d’au moins 3 ans, que leur compétence et leur
activité qualifient particulièrement pour l’exercice de ces fonctions (D. nº 78-381,
20 mars 1978, art. 2, al. 2).
429. Incompatibilités. Ne peuvent être chargés des fonctions de conciliateur de justice
les officiers publics et ministériels et les personnes qui exercent, à quelque titre que ce
soit, des activités judiciaires ou qui participent au fonctionnement du service de la
justice. Toutefois, les fonctions de conciliateur de justice ne sont pas incompatibles
avec l’exercice des fonctions administratives et la présidence de commissions administra-
tives prévus à l’article R. 222-4 du Code de l’organisation judiciaire (D. nº 78-381,
20 mars 1978, art. 2, al. 3).
430. Durée de la nomination. Le conciliateur de justice est nommé, pour une première
période d’un an, par ordonnance du premier président de la cour d’appel, après avis du
procureur général, sur proposition du magistrat coordonnateur des tribunaux d’ins-
tance. À l’issue de celle-ci, le conciliateur de justice peut, dans les mêmes formes, être
reconduit dans ses fonctions pour une période renouvelable de 3 ans. Le conseil dépar-
temental de l’accès au droit (CDAD) est informé de ces nominations. Chaque cour
d’appel tient une liste des conciliateurs de justice exerçant dans son ressort. Elle actualise
cette liste au 1er mars et au 1er septembre de chaque année et la met à la disposition du
public par tous moyens, notamment par affichage au sein des locaux des juridictions du
ressort et des CDAD (D. nº 78-381, 20 mars 1978, art. 3, al. 1er).
431. Serment. Lors de sa première nomination aux fonctions de conciliateur de justice,
celui-ci prête devant la cour d’appel le serment suivant : « Je jure de loyalement remplir
mes fonctions avec exactitude et probité et d’observer en tout les devoirs qu’elles
m’imposent » (D. nº 78-381, 20 mars 1978, art. 8). A priori, le serment ne doit pas être
réitéré à l’occasion du renouvellement du conciliateur dans ses fonctions.
du magistrat coordonnateur des tribunaux d’instance, ne pas reconduire dans ses fonc-
tions, à l’issue de la période de nomination, le conciliateur de justice qui n’a pas suivi la
journée de formation initiale au cours de la première année de nomination ou la journée
de formation continue au cours de la période de 3 ans suivant chaque renouvellement
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prévues à l’article 3-1 du décret de 1978, l’intéressé ayant été préalablement entendu
(D. nº 78-381, 20 mars 1978, art. 3, al. 2).
433. Cessation immédiate des fonctions. Ensuite, le comportement du conciliateur
peut demander de l’empêcher d’exercer ses fonctions. Il peut être mis fin à ses fonctions
avant l’expiration de leur terme par ordonnance motivée du premier président, après
avis du procureur général et du magistrat coordonnateur des tribunaux d’instance,
l’intéressé ayant été préalablement entendu (D. nº 78-381, 20 mars 1978, art. 3, al. 3).
2) Conditions d’exercice
434. Champ d’intervention. L’ordonnance nommant le conciliateur de justice indique
le ressort dans lequel il exerce ses fonctions (D. nº 78-381, 20 mars 1978, art. 4, al. 1er).
Cette même ordonnance indique le tribunal judiciaire auprès duquel le conciliateur de
justice doit déposer les constats d’accord (D. nº 78-381, 20 mars 1978, art. 4, al. 2).
435. Gratuité. Comme la médiation des litiges de consommation, mais contrairement à
la médiation judiciaire, les fonctions de conciliateur de justice ne donnent pas lieu à rétri-
bution et sont exercées à titre bénévole (D. nº 78-381, 20 mars 1978, art. 1er, al. 2).
436. Défraiement. Les conciliateurs de justice bénéficient d’une indemnité forfaitaire
destinée à couvrir les menues dépenses de secrétariat, de matériels informatiques et de
télécommunications, de documentation et d’affranchissement qu’ils exposent dans
l’exercice de leurs fonctions. Cette indemnité est versée trimestriellement. Un arrêté
conjoint du garde des Sceaux, ministre de la Justice, et du ministre chargé du budget
en fixe le montant. Le premier président de la cour d’appel et le procureur général près
ladite cour peuvent autoriser, sur justificatifs, un dépassement de cette indemnité dans
la limite fixée par ledit arrêté (D. nº 78-381, 20 mars 1978, art. 1er, al. 3).
437. Rapport d’activité. Une fois par an, le conciliateur de justice adresse un rapport
d’activité au magistrat coordonnateur des tribunaux d’instance, qui le transmet aux
chefs de la cour d’appel ainsi qu’au juge d’instance visé à l’article 4. Ce rapport peut
CHAPITRE 5 – Procédés conventionnels de règlement amiable 127
être rendu public par les chefs de cour (D. nº 78-381, 20 mars 1978, art. 9 bis). Ce
rapport d’activité paraît devoir être propre à chaque conciliateur de justice.
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de justice
438. Saisine. Tout débute par la saisine du conciliateur de justice, qui se veut la plus
simple possible. Dès lors, ce dernier peut être saisi sans forme par toute personne
physique ou morale (CPC, art. 1536).
439. Déroulement. Le déroulement de la procédure a lieu selon les directives du conci-
liateur. Le conciliateur de justice invite, le cas échéant, les intéressés à se rendre devant
lui (CPC, art. 1537, al. 1er). Ceux-ci peuvent se faire accompagner d’une personne
majeure de leur choix, qui justifie de son identité (CPC, art. 1537, al. 2).
440. Pouvoirs. Le conciliateur de justice dispose de plusieurs prérogatives qui sont
soumises à l’approbation des parties. Le conciliateur de justice peut, avec l’accord des
intéressés, se rendre sur les lieux et entendre toutes personnes dont l’audition lui paraît
utile, sous réserve de l’acceptation de celles-ci (CPC, art. 1538). En outre, le conciliateur
de justice peut s’adjoindre, avec l’accord des parties, le concours d’un autre conciliateur
de justice du ressort de la cour d’appel. Lors de la réunion des parties, les conciliateurs
de justice peuvent échanger des informations sur les demandes dont ils sont saisis.
441. Demande d’homologation. La demande tendant à l’homologation de l’accord
issu de la conciliation est présentée au juge par requête de l’ensemble des parties à la
conciliation ou de l’une d’elles, avec l’accord exprès des autres (CPC, art. 1541).
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cour administrative d’appel) peut déléguer sa compétence à un magistrat de la juridic-
tion (CJA, art. L. 213-5, al. 3). Ce n’est pas tout : le président de la juridiction ou son
délégataire qui est chargé d’organiser la médiation peut choisir de confier la mission à
une personne extérieure à la juridiction. En ce cas, le président de la juridiction déter-
mine s’il y a lieu d’en prévoir la rémunération et fixe le montant de celle-ci (CJA, art.
L. 213-5, al. 4).
445. Gratuité. Lorsqu’elle constitue un préalable obligatoire au recours contentieux en
application d’une disposition législative ou réglementaire, la médiation présente un
caractère gratuit pour les parties (CJA, art. L. 213-5, al. 6). On peut citer comme
exemple la mission de conciliation tenue par le Comité national et olympique sportif
français (CNOSF). Ici, la saisine du CNOSF à fin de conciliation constitue un préalable
obligatoire à tout recours contentieux, lorsque le conflit résulte d’une décision, suscep-
tible ou non de recours interne, prise par une fédération dans l’exercice de prérogatives
de puissance publique ou en application de ses statuts (C. sport, art. R. 141-5).
446. Recours. Les décisions prises par le président de la juridiction ou son délégataire ne
sont pas susceptibles de recours (CJA, art. L. 213-5, al. 5). Cela ne saurait heurter les
esprits. Régulièrement, la jurisprudence administrative rappelle que les autorités admi-
nistratives indépendantes jouissent d’un pouvoir d’appréciation discrétionnaire dans la
mise en œuvre d’une procédure de règlement amiable. Elles ne peuvent faire l’objet
d’une contrainte50. En ce sens, ne sont susceptibles de recours ni la lettre par laquelle le
médiateur indique qu’il a clos un dossier concernant un litige étranger à sa compétence,
ni celle par laquelle l’Autorité des marchés financiers indique qu’elle ne pourra pas
exercer une mission de médiation dans un litige faute de l’accord nécessaire de l’autre
partie51. Dans la même optique, le refus de l’ancienne Haute Autorité de lutte contre les
discriminations et pour l’égalité (HALDE, devenue le Défenseur des droits) de donner
suite à une réclamation n’est pas susceptible de recours52. Dernièrement, il a été jugé
que « l’ordonnance par laquelle un tribunal administratif refuse d’exercer une mission
de conciliation n’est pas une décision juridictionnelle et se trouve donc insusceptible de
recours »53.
447. Effets. Comme son cousin civil, le recours à la médiation administrative à l’initiative
des parties emporte interruption et suspension. Plus précisément, les délais de recours
contentieux sont interrompus et les prescriptions sont suspendues à compter du jour
où, après la survenance d’un différend, les parties conviennent de recourir à la média-
tion ou, à défaut d’écrit, à compter du jour de la première réunion de médiation (CJA,
art. L. 213-6, al. 1er). Par exception au droit commun (CRPA, art. L. 411-2), lorsque le
délai de recours contentieux a été interrompu par l’organisation d’une médiation (par
application de CJA, art. L. 213-6), l’exercice d’un recours gracieux ou hiérarchique ne
——
50. CE, ass., 23 juin 1989, Veriter : Lebon, p. 146, concl. Lévis.
51. CE, 18 oct. 2006, nº 277597, Miller.
52. CE, 13 juill. 2007, nº 297742 ; v. aussi, pour les recommandations : CE, 22 mai 2019, no 414410.
53. CE, 7e ss-sect., 1er août 2012, nº 358.157, SNCF.
CHAPITRE 5 – Procédés conventionnels de règlement amiable 129
l’interrompt pas de nouveau, sauf s’il constitue un préalable obligatoire à l’exercice d’un
recours contentieux (CJA, art. R. 213-4).
448. Reprise. Ils recommencent à courir à compter de la date à laquelle soit l’une des
parties ou les deux, soit le médiateur déclarent que la médiation est terminée. Les
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délais de prescription recommencent à courir pour une durée qui ne peut être inférieure
à 6 mois (CJA, art. L. 213-6, al. 2).
Pour aller plus loin
Clauses de règlement amiable dans les contrats administratifs
Peu ou prou, le juge administratif est confronté aux mêmes problématiques que son homo-
logue judiciaire.
Selon une jurisprudence parfaitement constante54, le manquement à une clause de règlement
amiable instaurant un préalable obligatoire à la saisine du juge administratif fait obstacle à la
saisine de ce dernier55 et peut être relevé en cause d’appel56. En outre, l’inexécution de cette
clause paralyse le privilège du préalable de la personne publique. Par exemple, à défaut de
respecter le préalable conventionnel, la personne publique ne pourra pas émettre de titres
exécutoires afin d’obtenir le règlement du solde d’un contrat57.
Quant à l’interprétation à conférer aux clauses de médiation/conciliation qui lui sont soumises,
le juge administratif doit lui aussi interpréter lesdites clauses afin de déterminer si elles ont un
caractère obligatoire ou facultatif58.
Quant à la sanction de l’irrecevabilité, elle ne concerne que les demandes principales à l’exclu-
sion des demandes reconventionnelles59.
——
54. CE, 21 janv. 1966, Ville d’Avignon : Lebon, p. 1025.
55. CE, sect., 19 janv. 1973, Société d’exploitation électrique de la rivière du Sant : Lebon, p. 48 – CE,
6 oct. 1976, Koch : Lebon, p. 396 – CE, sect., 26 juill. 1985, nº 49087, Société Degremont : Lebon,
p. 247.
56. CE, 15 oct. 1976, Société Nord-Travaux et Banque Dupond ; CE, 10 juin 1988, nº 86343, Fainsilber.
57. CE, 28 janv. 2011, nº 331986, Département des Alpes-Maritimes : Lebon, p. 1013.
58. CE, 18 sept. 2015, nº 384523, Société Avena BTP ; v. aussi CE, 7e et 2e ss-sect., 14 nov. 2014,
nº 376119, Département de la Guadeloupe : Lebon T., à propos des Cahiers des clauses administra-
tives générales (CCAG) « Travaux » qui ont force obligatoire entre les parties.
59. CE, 7e et 2e ss-sect., 14 nov. 2014, nº 376119, Département de la Guadeloupe : Lebon T.
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CHAPITRE 6
Procédés
institutionnels
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de règlement amiable
449. Profusion. Les procédés de règlement amiable réalisés par une institution publique
ou privée sont innombrables. En faire une liste complète serait une gageure. Cependant,
une ligne de démarcation permet de séparer les institutions en deux groupes d’égale
importance : d’un côté les institutions ayant pour objet le règlement amiable (1) ; d’un
autre côté les institutions ayant comme moyen le règlement amiable (2).
commission pourra se faire assister d’experts qu’elle désignera pour chaque affaire (CPI,
art. L. 615-21, al. 3 et 4).
B - Médiateur de La Poste
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454. Conditions d’intervention. Si l’usager n’est pas satisfait de la réponse donnée à
titre définitif à sa réclamation, il peut, sans préjudice de toute autre voie de recours,
saisir le médiateur de La Poste institué en application de l’article R. 1-1-18 du Code des
postes et des communications électroniques (CPCE, art. R. 1-1-9).
455. Médiateur de La Poste. La Poste institue un médiateur rattaché directement au
président et nommé par celui-ci pour une durée supérieure à 2 ans. Le médiateur peut
être saisi sans frais par les usagers dont les réclamations ont fait l’objet d’un rejet défi-
nitif. Il émet son avis dans un délai de 2 mois sur les situations qui lui sont soumises
(CPCE, art. R. 1-1-18, al. 1er). Un courrier du médiateur national de La Poste peut être
employé comme attestation, notamment pour démontrer la bonne ou mauvaise récep-
tion d’une lettre recommandée avec accusé de réception1.
456. Moyens du médiateur. Le médiateur dispose des moyens nécessaires à l’accom-
plissement de sa mission. Il ne peut être démis que pour faute grave et avec l’accord du
conseil d’administration (CPCE, art. R. 1-1-18, al. 2).
457. Recommandations. Il publie des recommandations et transmet chaque année un
bilan statistique et qualitatif de son activité au président de La Poste, au ministre chargé
des postes et à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes
(ARCEP) (CPCE, art. R. 1-1-18, al. 3).
——
1. Cass. 3e civ., 28 oct. 2009, nos 07-18520 et 08-16135, Elicabide c/ Lavigne et al.
2. Préambule de l’accord de place sur la médiation du crédit aux entreprises.
3. L. nº 2017-1339, 15 sept. 2017 pour la confiance dans la vie politique, art. 28 ; D. nº 2018-205,
27 mars 2018 : JO nº 73, 28 mars 2018, texte nº 15.
CHAPITRE 6 – Procédés institutionnels de règlement amiable 133
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– d’une part, « d’offrir un accès unique aux entreprises en matière de médiation des
relations clients-fournisseurs » ;
– d’autre part, « de propager les bonnes pratiques entre les donneurs d’ordres publics
et privés afin de contribuer à la diminution des délais de paiement ».
Dernièrement, à titre expérimental, le médiateur des entreprises a encore étendu son
domaine de compétence5.
Créé par un décret du 25 mars 2016 (D. nº 2016-360, 25 mars 2016, art. 142), depuis
lors abrogé avec l’entrée en vigueur du Code de la commande publique (D. nº 2018-
1075, 3 déc. 2018, art. 14), le médiateur des entreprises réunit sous sa bannière de
multiples fonctions respectueuses du jeu de la libre concurrence6. Auparavant, la
saisine du médiateur emportait interruption du cours des différentes prescriptions. Cet
effet a été annulé par le Conseil d’État par arrêt du 17 mars 20177. Désormais,
l’article L. 2197-4 du Code de la commande publique énonce que la saisine du média-
teur des entreprises suspend le cours des différentes prescriptions dans les conditions
prévues par l’article L. 213-6 du Code de justice administrative ou, pour les marchés de
droit privé, dans les conditions prévues par le Code civil.
——
4. D. nº 2016-360, 25 mars 2016 relatif aux marchés publics : JO nº 74, 27 mars 2016, texte nº 28.
5. D. nº 2018-919, 26 oct. 2018 relatif à l’expérimentation d’un dispositif de médiation en cas de diffé-
rend entre les entreprises et les administrations : JO nº 250, 28 oct. 2018, texte nº 6.
6. CE, 2e et 7e ch. réunies, 17 mars 2017, nº 403768, M. A et Ordre des avocats de Paris : Lebon.
7. CE, 17 mars 2017, nos 403768 et 403817.
8. L. nº 2007-1824, 25 déc. 2007 de finances rectificative pour 2007 : JO nº 301, 28 déc. 2007,
p. 21482.
134 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
entreprises dont le poids économique est important. Ainsi, elle est compétente pour les
litiges relatifs à la détermination du bénéfice ainsi que du chiffre d’affaires des entre-
prises qui exercent une activité industrielle ou commerciale et dont le chiffre d’affaires
hors taxes excède :
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– 50 millions d’euros, s’il s’agit d’entreprises de vente ou de fourniture de logement ;
– 25 millions d’euros, s’il s’agit d’autres entreprises.
Elle est aussi compétente pour des différends concernant :
– les redressements intéressant des sociétés membres d’un groupe intégré (CGI,
art. 223 A et 1651 L) ;
– les redressements intervenant en matière de rémunérations excessives des contri-
buables cadres dirigeants (CGI, art. 1651 L).
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d’évaluation affectant des actes ou déclarations servant de base à la perception d’impo-
sitions proportionnelles ou progressives et constatant la transmission ou l’énonciation de
droits et biens limitativement énumérés »10. Pour la chambre commerciale de la Cour de
cassation, la CDC est compétente lorsque, à la suite d’une rectification ne portant pas
initialement sur un rehaussement de prix ou de valeur, le débat contradictoire s’étend
accessoirement à la valeur vénale11. Au contraire, sa compétence est écartée lorsque le
redevable conteste les valeurs qu’il avait lui-même déclarées et qui avaient été retenues
par l’Administration12 ou sur le caractère professionnel d’un bien au regard de l’ancien
impôt de solidarité sur la fortune13.
4) Autres tiers
465. Médiateur des ministères économiques et financiers. Depuis sa création par
décret en 200214, un médiateur du MINEFI est placé auprès du ministre. Nommé pour
3 ans par celui-ci (D. nº 2002-612, art. 2), il reçoit les réclamations individuelles concer-
nant le fonctionnement des services du ministère dans leurs relations avec les usagers
(D. nº 2002-612, art. 1er). Concrètement, son champ d’intervention est calqué sur celui
de son ministère de rattachement, c’est-à-dire le calcul et le paiement de l’impôt, le
paiement d’amendes ou encore les droits de douane.
466. Conciliateur fiscal départemental. Sans base textuelle, le conciliateur fiscal
départemental est un tiers dont la démarche totalement informelle peut servir d’inter-
médiaire avec le centre des finances publiques de rattachement du contribuable. Selon
le site institutionnel de la Direction générale des finances publiques (DGFiP)15, il est
compétent « notamment dans les domaines suivants :
– les questions en matière fiscale d’assiette, de recouvrement, de contentieux (à la
suite d’une réclamation ou d’une demande gracieuse) ;
– les litiges ayant trait à la qualité du service rendu à l’usager et, plus particulièrement,
au respect des engagements qualité de service contenus dans le “référentiel
Marianne” disponible sur ce site en pied de page, rubrique Qualité de service >
Les engagements de qualité de service de la DGFiP.
Toutefois, plusieurs situations ne relèvent pas de sa compétence :
– les procédures de vérification de comptabilité ou d’examen de situation fiscale
personnelle ;
– les contrôles sur pièces en cours, avant la mise en recouvrement des impositions ;
– les litiges relatifs à la publicité foncière (Service de la publicité foncière) [SPF] ;
——
9. Créé par L. nº 2017-1837, 30 déc. 2017, art. 31, en remplacement de l’impôt de solidarité sur la
fortune.
10. BOI-CF-CMSS-40-20-20141124.
11. Cass. com., 27 févr. 2001, nº 98-14735, inédit.
12. Cass. com., 25 sept. 2007 nº 06-14258 : Bull. civ. IV, nº 206.
13. Cass. com., 20 févr. 2007, nº 05-17953 : Bull. civ. IV, nº 56.
14. D. nº 2002-612, 26 avr. 2002 : JO nº 100, 28 avr. 2002, p. 7702.
15. Cf. www.impots.gouv.fr.
136 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
– les demandes ayant fait l’objet d’une requête auprès du président de la République,
du Premier ministre, du ministre des Finances, des directeurs généraux de la DGFiP,
du médiateur de la République, des parlementaires et élus locaux ;
– les procédures de rescrit fiscal et des procédures transactionnelles. »
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E - Sécurité sociale
467. Conciliation. Le contentieux de la sécurité sociale est largement ouvert aux modes
de règlement amiable des différends. Depuis 2014 (L. nº 2004-810, 13 août 2004,
art. 58), le Code de la sécurité sociale prévoit en son article L. 162-15-4 l’institution
d’un conciliateur pour chaque organisme de l’assurance maladie, sous réserve de
mutualisation entre plusieurs de ces organismes (CSS, art. L. 162-15-4, al. 2). Sur la
compétence de ce conciliateur, ce dernier reçoit les réclamations concernant les rela-
tions d’un organisme local d’assurance maladie avec ses usagers. En revanche, l’inter-
vention du conciliateur ne peut pas être demandée si une procédure a été engagée
devant une juridiction compétente par l’usager la sollicitant (CSS, art. L. 162-15-4,
al. 1er). Cette conciliation est exclusive de tout recours juridictionnel. Par conséquent,
lorsque l’usager saisit une juridiction du litige en lien avec la conciliation, l’engagement
d’une telle procédure met fin logiquement à la conciliation (CSS, art. L. 162-15-4, al. 1er ;
v. également circ. nº DSS/SD4/2005/255, 27 mai 2005 relative à la mise en place des
conciliateurs dans les caisses d’assurance maladie).
468. Médiation. En 201816 ont été créés, au niveau national, un médiateur pour
chacune des caisses nationales (CSS, art. L. 217-7-1, III) et, au niveau local, une procé-
dure de médiation dont le fonctionnement est précisé à l’article L. 217-7-1 du Code de
la sécurité sociale. Toute réclamation ne peut être traitée par le médiateur que si elle a
été précédée d’une démarche du demandeur auprès des services concernés de l’orga-
nisme et si aucun recours contentieux n’a été formé. L’engagement d’un recours
contentieux met fin à la médiation (CSS, art. L. 217-7-1, II). Le champ d’application de
cette procédure vise les réclamations concernant les relations entre un organisme de
sécurité sociale et ses usagers. Ces réclamations peuvent être présentées, sans préjudice
des voies de recours existantes, devant le médiateur de l’organisme concerné (CSS, art.
L. 217-7-1, I).
Dans le cadre de ses fonctions, le médiateur formule auprès du directeur ou des services
de l’organisme des recommandations pour le traitement de ces réclamations, dans le
respect des dispositions législatives et réglementaires en vigueur (CSS, art. L. 217-7-1,
I). Afin d’éviter des redondances de fonctions, le conciliateur vu précédemment (CSS,
art. L. 162-15-4) exerce les attributions du médiateur (CSS, art. L. 217-7-1, III).
Enfin, l’engagement de la procédure de médiation suspend, à compter de la notification
portant sur la recevabilité de la réclamation soumise au médiateur et jusqu’à ce que
celui-ci ait communiqué ses recommandations aux deux parties, les délais de recours
prévus pour ces réclamations (CSS, art. L. 217-7-1, II).
——
16. L. nº 2018-727, 10 août 2018 : JO nº 184, 11 août 2018.
CHAPITRE 6 – Procédés institutionnels de règlement amiable 137
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469. Notion. Pour les institutions qui vont suivre, le règlement est un moyen parmi
d’autres pour réaliser la mission qui leur est confiée. La procédure de règlement
amiable est mise en œuvre de manière ponctuelle par l’institution. On se limitera à quel-
ques illustrations sans faire œuvre d’exhaustivité.
A - Harcèlement moral
470. Harcèlement moral. Médiation. L’entreprise a pour objet de générer des béné-
fices et des profits, la référence faite par l’article 1833 du Code civil, suite à l’adoption de
la loi PACTE du 22 mai 201917, à l’intérêt social et à la raison d’être de la société ne
changeant rien à cet objet. Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcè-
lement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de
travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé
physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel (C. trav., art.
L. 1152-1).
471. Mise en œuvre. Une procédure de médiation peut être mise en œuvre par toute
personne de l’entreprise s’estimant victime de harcèlement moral ou par la personne
mise en cause (C. trav., art. L. 1156-1, al. 1er). Au contraire, « cette procédure de média-
tion qui ne peut être initiée que par une personne victime de harcèlement ne peut être
mise en œuvre à la demande d’une personne suspectée de harcèlement »18. Par ailleurs,
cette procédure « n’est qu’une faculté et implique une volonté réciproque de concerta-
tion et d’arrangement sur un pied d’égalité »19.
472. Harcèlement moral. Choix du médiateur. Le choix du médiateur fait l’objet d’un
accord entre les parties (C. trav., art. L. 1156-1, al. 2).
473. Harcèlement moral. Office du médiateur. Le médiateur s’informe de l’état des
relations entre les parties. Il tente de les concilier et leur soumet des propositions qu’il
consigne par écrit en vue de mettre fin au harcèlement (C. trav., art. L. 1156-1, al. 3).
474. Harcèlement moral. Échec. Lorsque la conciliation échoue, le médiateur informe
les parties des éventuelles sanctions encourues et des garanties procédurales prévues en
faveur de la victime (C. trav., art. L. 1156-1, al. 4). Du point de vue pénal, le fait de
harceler autrui par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour
effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses
droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son
avenir professionnel, est puni de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende
(C. pén., art. 222-33-2). Du point de vue civil, toute mesure de harcèlement est atteinte
——
17. L. no 2019-486 : JO no 119, 23 mai 2019, texte no 2.
18. CA Aix-en-Provence, 17e ch., 19 mai 2016, nº 14/19414, inédit.
19. CA Lyon, ch. soc. A, 17 mai 2011, nº 09/08199, inédit ; dans le même sens, CA Dijon, ch. soc., 5 avr.
2012, nº 11/00.383, inédit ; CA Douai, 24 févr. 2012, nº 11/03957, inédit ; ainsi que v. CA Paris,
pôle 6, 11e ch., 26 juin 2015, nº 13/00273, inédit.
138 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
de nullité (C. trav., art. L. 1152-3). Sur le terrain disciplinaire, l’auteur du harcèlement
– s’il a la qualité de salarié – encourt une sanction (C. trav., art. L. 1152-5).
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475. Fondements juridiques. Le Code du travail organise le recours gradué à diffé-
rentes procédures de conciliation, médiation et arbitrage pour mettre un terme aux
conflits collectifs de travail (C. trav., art. L. 2521-1 et s.). La procédure de règlement des
conflits collectifs sera analysée avec rapidité dans la mesure où elle est tombée en
désuétude.
Tout d’abord, le Code du travail ne procède pas à de savantes distinctions entre les diffé-
rentes catégories de conflits collectifs. Tous les conflits collectifs de travail peuvent être
soumis aux procédures de conciliation (C. trav., art. L. 2522-1) et, le cas échéant en cas
d’échec de la procédure de conciliation, à médiation ou à arbitrage. Procédures faculta-
tives et volontaires, la conciliation, la médiation et l’arbitrage sont envisagés par le Code
du travail comme un dispositif d’ensemble gradué de ripostes pour faire face à la surve-
nance de conflits collectifs de travail. En d’autres termes, en cas d’échec de la procédure
de conciliation, le conflit collectif est soumis soit à la procédure de médiation, soit à la
procédure d’arbitrage si les deux parties en conviennent (C. trav., art. L. 2522-6). Enfin,
quel que soit le dispositif en cause, en cas de réussite, le Code du travail impose une
qualification juridique unique afin d’éviter tout contentieux ultérieur et toute difficulté
sur la mise en œuvre et l’efficacité de l’acte finalisant la conciliation, la médiation ou
l’arbitrage. Dans ce cadre, les accords résultant de la conciliation (C. trav., art. L. 2522-
5, al. 3) ou de la médiation (C. trav., art. L. 2523-6) et les sentences arbitrales ont les
mêmes effets que les conventions et accords collectifs de travail (C. trav., art. L. 2524-5,
al. 1er).
C - CNOSF
476. CNOSF. Pour finir, certains organismes disposent d’une double mission. Par
exemple, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a pour objet d’assurer
la représentation du secteur sportif. Selon l’article L. 141-1 du Code du sport, les asso-
ciations sportives et les sociétés sportives qu’elles ont constituées, les fédérations spor-
tives et leurs licenciés sont représentés par le CNOSF. En outre, celui-ci veille au respect
de la déontologie du sport définie dans une charte établie par lui.
477. Conciliation. La mission de représentation n’est pas l’unique mission du CNOSF. Il
est également chargé d’une mission de conciliation dans les conflits opposant les licen-
ciés, les agents sportifs, les associations et sociétés sportives et les fédérations sportives
agréées, à l’exception des conflits mettant en cause des faits de dopage (C. sport, art.
L. 141-4). La saisine du CNOSF à fin de conciliation constitue un préalable obligatoire à
tout recours contentieux, lorsque le conflit résulte d’une décision, susceptible ou non de
recours interne, prise par une fédération dans l’exercice de prérogatives de puissance
CHAPITRE 6 – Procédés institutionnels de règlement amiable 139
publique ou en application de ses statuts (C. sport, art. R. 141-5). La saisine d’une
commission fédérale interne qui est chargée d’une mission de conciliation n’évacue
aucunement la compétence du CNOSF en matière de conciliation20.
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D - Professions libérales et réglementées
478. Professions libérales et réglementées. Dans certaines hypothèses intéressant
des professions réglementées ou des professions libérales, les contentieux individuels
du travail nécessitent de saisir au préalable un membre de ladite profession en qualité
de médiateur. C’est le cas, lorsqu’ils sont salariés, pour :
– les avocats (L. nº 71-1130, 31 déc. 1971, art. 7) ;
– les notaires (ord. nº 45-2590, 2 nov. 1945 relative au statut du notariat, art. 1er ter) ;
– les huissiers de justice21 (ord. nº 45-2592, 2 nov. 1945 relative au statut des huis-
siers, art. 3 ter, applicable jusqu’au 1er juillet 2022) ;
– les greffiers des tribunaux de commerce (C. com., art. R. 743-139-12) ;
– les administrateurs judiciaires et les mandataires judiciaires (C. com., art. R. 811-64).
Le champ d’intervention de ce médiateur est variable. Par exemple, pour les administra-
teurs judiciaires et les mandataires judiciaires, il vise les litiges nés à l’occasion de l’exé-
cution d’un contrat de travail. Généralement, une mission de médiation ou de concilia-
tion est confiée à l’organisme chargé de régir la profession. Sans être exhaustif, c’est le
cas pour le bâtonnier s’agissant de la profession d’avocat, du président de la chambre
des notaires pour ladite profession, etc. Tout aussi généralement, le conseil de prud’-
hommes ne peut être saisi, à peine d’irrecevabilité, que si le demandeur justifie de la
tentative de médiation préalable par une remise d’une copie du procès-verbal (par ex.,
pour les administrateurs judiciaires et les mandataires judiciaires, v. C. com.,
art. R. 811-66).
——
20. CE, 26 juill. 2011, nº 341199, Ligue corse de football ; CAA Douai, 1re ch., 21 juin 2012,
nº 11DA00151 : Cah. dr. sport juill. 2012, nº 29, p. 57-61, note Le Reste S.
21. Ces derniers fusionneront avec les commissaires priseurs à compter du 1er juillet 2022 pour donner
naissance aux commissaires de justice (v. ord. nº 2016-728, 2 juin 2016 relative au statut de commis-
saire de justice : JO nº 128, 3 juin 2016, texte nº 24 ; v. art. 6 pour le règlement des conflits individuels
de travail).
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PARTIE 2
Procédés
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de traitement
des infractions
pénales
Chapitre 7 Médiation pénale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
Chapitre 8 Justice restaurative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
480. Justice réparatrice. Orientée vers la victime de l’infraction, cette directive de 2012
développe une philosophie renouvelée de la matière pénale en faisant appel à la notion
de « justice réparatrice ». Cette philosophie correspond à « tout processus permettant à
la victime et à l’auteur de l’infraction de participer activement, s’ils y consentent libre-
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ment, à la solution des difficultés résultant de l’infraction pénale, avec l’aide d’un tiers
indépendant » (dir. nº 2012/29/UE, 25 oct. 2012, art. 2, § 1er, d).
481. Garanties. L’article 12 de cette directive organise des garanties dans le contexte
des services de justice réparatrice. Ces garanties sont un droit pour la victime. Le but
est d’éviter que la victime de l’infraction ait à souffrir des conséquences du traitement
de l’infraction. Ceci implique deux obligations à la charge des États membres.
482. Obligations étatiques. Tout d’abord, les États membres prennent des mesures
garantissant la protection de la victime contre une victimisation secondaire et répétée,
des intimidations et des représailles, applicables en cas de recours à tout service de
justice réparatrice. Ces mesures garantissent l’accès de la victime qui choisit de participer
au processus de justice réparatrice à des services sûrs et compétents. Toutefois, la mise
en œuvre de ces services est subordonnée à un certain nombre de conditions (respect de
l’intérêt de la victime, informations sur le processus, reconnaissance des faits par
l’auteur, conclusion libre de l’accord, confidentialité des débats).
Ensuite, les États membres facilitent, le cas échéant, le renvoi des affaires aux services de
justice réparatrice, notamment en établissant des procédures ou des directives relatives
aux conditions d’un tel renvoi. Sont évidemment encouragées les initiatives permettant
aux personnes chargées de l’aide aux victimes et de la justice réparatrice de recevoir une
formation adéquate, d’un niveau adapté aux contacts qu’elles sont amenées à avoir
avec les victimes. Les États membres observent les normes professionnelles en vigueur
pour garantir que ces services sont fournis avec impartialité, respect et professionnalisme
(dir. nº 2012/29/UE, 25 oct. 2012, art. 25).
483. Mesures. Cette philosophie, qui invite les personnes intéressées par le traitement
de l’infraction à s’accorder, se manifeste au travers de différentes procédures selon que
cette procédure est une alternative aux poursuites pénales, comme la médiation pénale
(chapitre 7), ou qu’elle accompagne la résolution des difficultés soulevées par l’applica-
tion de l’infraction avec la justice restaurative (chapitre 8).
CHAPITRE 7
Médiation pénale
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484. Fondements et évolutions. L’objet de la médiation pénale est le traitement d’une
infraction pénale. La médiation pénale des origines ne reposait sur aucune véritable base
juridique, sauf à invoquer l’ancien article 40 du Code de procédure pénale et l’ancien
article 469-1 du même Code, interprétés très largement pour permettre à la médiation
pénale d’exister, de se développer et d’être expérimentée par quelques juridictions pion-
nières. Par la suite, la médiation pénale a été consacrée avec une loi du 4 janvier 19931
dans une version antérieure de l’article 41 du Code de procédure pénale. Remaniée par
une loi du 23 juin 19992, la médiation pénale s’appuie, depuis lors, sur les bases de
l’article 41-1 du Code de procédure pénale.
Avec cette mouture, le procureur de la République pouvait – en toute simplicité – faire
procéder, avec l’accord des parties, à une mission de médiation entre l’auteur des faits
et la victime. Une loi du 9 mars 2004 dote la médiation pénale d’un vrai régime juridique
(L. nº 2004-204, 9 mars 2004, art. 70). Ensuite, en 2010 (L. nº 2010-769, 9 juill. 2010,
art. 30), le législateur en interdit la mise en œuvre en cas de violences conjugales.
Enfin, sa version actuelle résulte d’une loi du 4 août 20143.
——
1. L. nº 93-2, 4 janv. 1993 portant réforme de la procédure pénale : JO nº 3, 5 janv. 1993, p. 215.
2. L. nº 99-515, 23 juin 1999 renforçant l’efficacité de la procédure pénale : JO nº 144, 24 juin 1999,
p. 9247 – L. nº 99-515, 23 juin 1999 renforçant l’efficacité de la procédure pénale (rectificatif) : JO
nº 244, 20 oct. 1999, p. 15647.
3. L. nº 2014-873, 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes : JO nº 179, 5 août
2014, p. 12949 ; v. art. 33.
144 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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ce cas, l’accord de la victime à la réalisation de cette mesure est – semble-t-il – présumé.
488. Accord de la victime. En tout état de cause, le procureur de la République ne peut
faire procéder à la médiation pénale, qu’avec l’accord de la victime.
489. Typologie. De manière générale, la médiation pénale est privilégiée lorsque les
infractions commises sont mineures ou lorsque l’auteur et la victime de l’infraction sont
en relation de proximité (ex. : voisinage, relations de travail, famille, etc.). Sont notam-
ment susceptibles de faire l’objet d’une médiation pénale les faits suivants : injures,
menaces, tapage nocturne, violence légère, vol simple, dégradation mobilière ou immo-
bilière, non-paiement d’une pension alimentaire, non-représentation d’enfant, etc.
490. Violences conjugales. Lorsque des violences ont été commises par le conjoint ou
l’ancien conjoint de la victime, son partenaire lié par un pacte civil de solidarité (PACS)
ou son ancien partenaire, son concubin ou son ancien concubin, il n’est procédé à la
mission de médiation que si la victime en a fait expressément la demande. Dans cette
hypothèse, l’auteur des violences fait également l’objet d’un rappel à la loi.
491. Réitération des violences conjugales. Lorsque, après le déroulement d’une
mission de médiation entre l’auteur des faits et la victime, de nouvelles violences sont
commises par le conjoint ou l’ancien conjoint de la victime, son partenaire lié par un
PACS ou son ancien partenaire, son concubin ou son ancien concubin, il ne peut être
procédé à une nouvelle mission de médiation. Dans ce cas, sauf circonstances particu-
lières, le procureur de la République met en œuvre une composition pénale ou engage
des poursuites.
Le médiateur appelé à se voir confier des missions concernant des mineurs doit en outre
s’être signalé par l’intérêt qu’il porte aux questions de l’enfance (CPP, art. R. 15-33-33,
al. 2).
494. Serment. Le médiateur pénal prête le serment suivant : « Je jure d’exercer mes
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fonctions avec rigueur, loyauté, impartialité et dignité et de respecter le secret profes-
sionnel » (CPP, art. R. 15-33-36).
495. Retrait. L’habilitation peut être retirée si la personne cesse de satisfaire à l’une des
conditions précitées ou si elle n’exécute pas de façon satisfaisante les missions qui lui
sont confiées (CPP, art. R. 15-33-37).
496. Secret. Au titre de ses obligations, le médiateur du procureur de la République est
tenu au secret dans les conditions fixées par l’article 226-13 du Code pénal (CPP,
art. R. 15-33-34).
——
4. Pour un exemple d’application en matière d’urbanisme, Cass. crim., 21 oct. 2014, nº 13-86047, inédit,
où la chambre criminelle décide que la cour d’appel avait écarté à bon droit l’exception de prescrip-
tion de l’action publique.
5. Cass. 1re civ., 10 avr. 2013, nº 12-13672 : Bull. civ. I, nº 80 ; BICC 1er oct. 2013, nº 788, v. nº 1161,
p. 61.
146 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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élément nouveau, met en œuvre une composition pénale ou engage des poursuites
(CPP, art. 41-1, in fine).
502. Composition pénale et exécution. Pour autant, les médiateurs du procureur de
la République n’en ont pas terminé avec le traitement pénal. Dans l’hypothèse où la
composition pénale est entreprise et a été validée, le procureur de la République peut
désigner un délégué ou un médiateur aux fins de mettre en œuvre les mesures décidées
et de contrôler les conditions de leur exécution (CPP, art. R. 15-33-49).
CHAPITRE 8
Justice restaurative
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503. Présentation. Une fois les origines de la justice restaurative connues, il conviendra
de s’intéresser à la manière dont cette nouvelle conception de la justice pénale et des
relations entre victimes et auteurs de l’infraction a été appliquée en droit français.
——
1. Cf. www.justice.gouv.fr.
2. Rapport du Secrétaire général sur le rétablissement de l’état de droit et administration de la justice
pendant la période de transition dans les sociétés en proie à un conflit ou sortant d’un conflit, 2 août
2004, nº S/2004/616, p. 7, § 8
3. Braithwaite J., Crime, Shame and Reintegration, 1989, Cambridge, Cambridge University Press.
148 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
une réponse au crime qui respecte la dignité et l’égalité des personnes, favorise la
compréhension et promeut l’harmonie sociale au travers de la guérison [healing], des
victimes, des infracteurs et des communautés ». De même, s’agissant de l’Europe des
droits de l’homme, à l’occasion de la XXVIe Conférence des ministres européens de la
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Justice des États membres du Conseil de l’Europe, réunis à Helsinki les 7 et 8 avril
2005, a été adoptée une résolution nº 2 relative à la mission sociale du système de
justice pénale-justice réparatrice. En outre, a été adoptée le 3 octobre 2018 une recom-
mandation CM/Rec (2018) 8 relative à la justice restaurative en matière pénale par le
Comité des ministres du Conseil de l’Europe. À l’échelle de l’Union européenne, la
justice réparatrice s’appuie aussi sur la directive européenne du 25 octobre 2012
précitée.
Le but est de mener les personnes concernées à la résolution des difficultés nées de
l’infraction.
——
4. Il est l’auteur de quelques ouvrages sur la question ; v. également son fascicule « Justice restaurative »,
Rép. pén. Dalloz, mars 2010.
5. L. nº 2014-896, 15 août 2014 : JO nº 189, 17 août 2014, p. 13647 ; v. art. 18.
CHAPITRE 8 – Justice restaurative 149
mise en œuvre par un tiers indépendant formé à cet effet, sous le contrôle de
l’autorité judiciaire ou, à la demande de celle-ci, de l’administration pénitentiaire » ;
– enfin, la mesure est marquée du sceau de la confidentialité afin de faciliter la récon-
ciliation. Il est, par conséquent prévu qu’« elle est confidentielle, sauf accord
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contraire des parties et excepté les cas où un intérêt supérieur lié à la nécessité de
prévenir ou de réprimer des infractions justifie que des informations relatives au
déroulement de la mesure soient portées à la connaissance du procureur de la
République » (CPP, art. 10-1, al. 2).
510. Application des mesures de justice restaurative. Sur un plan théorique, la
mesure de justice restaurative déploie ses bienfaits à tout stade de la procédure pénale,
c’est-à-dire des prémisses de la mise en mouvement de l’action publique (soit au stade
de l’enquête) jusqu’à l’exécution de la peine le cas échéant, en passant par les phases
d’instruction et de jugement. Cependant, la justice restaurative paraît plus appropriée à
l’occasion de l’exécution de la peine.
511. Faveurs. Le législateur invite, dans le cadre des dispositions du Code de procédure
pénale, à avoir recours à ce type de mesures. Il insiste régulièrement sur cette faculté.
L’article 707 du Code de procédure pénale énonce qu’« au cours de l’exécution de la
peine, la victime a le droit [...] d’obtenir la réparation de son préjudice, par l’indemnisa-
tion de celui-ci ou par tout autre moyen adapté, y compris, s’il y a lieu, en se voyant
proposer une mesure de justice restaurative ».
Force est de constater que la justice restaurative demeure mystérieuse.
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PARTIE 3
Procédures
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de règlement
amiable
sans tiers
Chapitre 9 Convention de procédure participative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
Chapitre 10 Droit collaboratif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
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participative
——
1. Ord. nº 2009-112, 30 janv. 2009 : JO no 26, 31 janv. 2009, p. 1854.
2. L. nº 2011-331, 28 mars 2011, introduisant un article 6 ter dans la L. nº 71-1130, 31 déc. 1971.
3. L. nº 2010-1609, 22 déc. 2010 : JO nº 297, 23 déc. 2010, p. 22552 ; v. art. 37.
4. L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016 : JO nº 269, 19 nov. 2016, texte nº 1.
5. D. nº 2017-892, 6 mai 2017 : JO nº 109, 10 mai 2017.
6. C. civ., art. 2062, al. 1er ; CPC, art. 1544.
154 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
1• CONCLUSION DE LA CONVENTION
A - Modalités de conclusion
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517. Durée. La convention est conclue pour une durée déterminée (C. civ., art. 2062,
al. 2).
518. Mentions obligatoires. La convention de procédure participative fait l’objet obli-
gatoirement un écrit. Cet écrit précise un certain nombre de mentions impératives, à
savoir son terme, l’objet du différend ainsi que les pièces et informations nécessaires à
la résolution du différend et les modalités de leur échange (C. civ., art. 2063). À défaut,
la sanction prévue est entachée de nullité.
Outre les mentions prévues à l’article 2063 du Code civil, la convention de procédure
participative mentionne les noms, prénoms et adresses des parties et de leurs avocats
(CPC, art. 1545, al. 1er).
519. Assistance d’un avocat. On insistera sur la nécessité pour chacune des parties
d’être assisté par un avocat, car « nul ne peut, s’il n’est avocat, assister une partie dans
une procédure participative prévue par le Code civil »7.
La présence d’avocats présente plusieurs avantages. Outre sa connaissance de la
pratique, l’avocat apporte l’aide juridictionnelle. En effet, celle-ci « peut être accordée
pour tout ou partie de l’instance ainsi qu’en vue de parvenir, avant l’introduction de
l’instance, à une transaction ou à un accord conclu dans le cadre d’une procédure parti-
cipative prévue par le Code civil »8. La convention fixe également la répartition des frais
entre les parties sous réserve des dispositions de l’article 123-2 du décret nº 91-1266 du
19 décembre 1991 lorsque l’une des parties bénéficie de l’aide juridictionnelle. À défaut
de précision dans la convention, les frais de la procédure participative sont partagés par
moitié (CPC, art. 1545, al. 3).
L’avocat apporte également les règles attachées à sa profession, tant déontologiques
que techniques, comme le respect de la confidentialité. Celui-ci bénéficie de diverses
garanties :
– d’une part, la communication des pièces et informations entre les parties se fait par
l’intermédiaire de leurs avocats selon les modalités prévues par la convention ; ceux-
ci les portent à la connaissance des intéressés par tous moyens appropriés. Un
bordereau est établi lorsqu’une pièce est communiquée (CPC, art. 1545, al. 2) ;
——
7. L. nº 71-1130, 31 déc. 1971, art. 4.
8. Article 10, alinéa 2, de la loi nº 91-647 du 10 juillet 1991 relative à l’aide juridique modifiée par
l’article 37, IV de la loi du 22 décembre 2010. L’article 39 de cette même loi est complété par un
alinéa ainsi rédigé : « Les modalités de rétribution des auxiliaires de justice prévues par les alinéas
précédents en matière de transaction s’appliquent également en cas de procédure participative
prévue par le Code civil, dans des conditions fixées par décret en Conseil d’État ».
CHAPITRE 9 – Convention de procédure participative 155
– d’autre part, divers actes réalisés dans le cadre de la procédure participative bénéfi-
cient du dispositif des actes contresignés par avocats9. Par ces actes, les parties
peuvent notamment :
• constater les faits qui ne l’auraient pas été dans la convention,
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• déterminer les points de droit auxquels elles entendent limiter le débat, dès lors
qu’ils portent sur des droits dont elles ont la libre disposition,
• convenir des modalités de communication de leurs écritures,
• recourir à un technicien,
• désigner un conciliateur de justice ou un médiateur (CPC, art. 1546-3).
520. Recours à un technicien. Il peut être fait appel à un technicien dans les conditions
des articles 1547 et suivants du Code de procédure civile.
B - Domaine d’application
521. Principe. Toute personne, assistée de son avocat, peut conclure une convention de
procédure participative sur les droits dont elle a la libre disposition, sous réserve des
dispositions de l’article 2067 du Code civil (C. civ., art. 2064, al. 1er). Ceci confère un
champ d’application, en théorie, vaste à la convention de procédure participative.
Ainsi, elle embrasse normalement tous les conflits en matière civile et commerciale. A
contrario, selon une lecture littérale imparable, sont exclus du champ de la procédure
participative les conflits portant sur les droits dont les parties n’ont pas la libre disposition
(ex. : autorité parentale, état et capacité des personnes, etc.).
522. Relations individuelles de travail. Après en avoir été exclu expressément, le
domaine des relations individuelles de travail entre dans le champ de la procédure parti-
cipative (C. trav., art. R. 1471-1).
523. Divorce et séparation de corps. Une convention de procédure participative peut
être conclue par des époux en vue de rechercher une solution consensuelle dans les
hypothèses très circonscrites de divorce ou de séparation de corps (C. civ., art. 2067,
al. 1er). Ce champ d’application limité laisse planer un sérieux doute sur la pertinence
de la procédure participative en matière familiale puisqu’elle s’adresse principalement
aux couples sans enfant, l’autorité parentale n’étant pas visée par le Code civil et
n’étant pas libre de droit. À cet égard, l’article 2066 du Code civil n’est pas applicable
en la matière (C. civ., art. 2067, al. 2, 1re phrase). Par conséquent, les époux ne peuvent
pas bénéficier des dispositions applicables en cas d’accord ou en cas d’échec de la négo-
ciation à l’issue de la durée fixée par la convention. La demande en divorce ou en
séparation de corps présentée à la suite d’une convention de procédure participative
est formée et jugée suivant les règles prévues au titre VI du livre Ier relatif au divorce
(C. civ., art. 2067, al. 2, 2e phrase).
——
9. L. nº 71-1130, 31 déc. 1971, art. 66-3-1 et s.
156 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
2• EFFETS DE LA CONVENTION
524. Confidentialité. Aucune obligation de confidentialité n’est prévue par les textes :
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les parties à la convention pourront utiliser les pièces et les informations. Il convient
d’aborder successivement les effets produits par la mise en œuvre de la convention de
procédure participative, puis les résultats auxquels elle peut permettre d’aboutir.
A - Effets juridictionnels
525. Principe d’irrecevabilité de l’action en justice. Tant qu’elle est en cours, la
convention de procédure participative rend irrecevable tout recours au juge pour qu’il
statue sur le litige. Toutefois, l’inexécution de la convention par l’une des parties autorise
une autre partie à saisir le juge pour qu’il statue sur le litige (C. civ., art. 2065, al. 1er).
526. Exception à l’irrecevabilité. En cas d’urgence, la convention ne fait pas obstacle à
ce que des mesures provisoires ou conservatoires soient demandées par les parties
(C. civ., art. 2065, al. 2).
527. Prescription. En outre, la prescription – qui est en général fixée à 5 ans – est
suspendue à compter de la conclusion d’une convention de procédure participative
(C. civ., art. 2238, al. 1er). Par ailleurs, ce délai de prescription recommence à courir à
compter du terme de la convention, pour une durée qui ne peut être inférieure à 6 mois.
528. Aide juridictionnelle. L’aide juridictionnelle peut être accordée pour tout ou
partie de l’instance ainsi qu’en vue de parvenir, avant l’introduction de l’instance, à une
transaction ou à un accord conclu dans le cadre d’une procédure participative prévue
par le Code civil (L. nº 91-647, 10 juill. 1991, art. 10, al. 2 et art. 39).
529. Effets sur l’instance de la procédure participative aux fins de mise en état. Le
juge ordonne le retrait du rôle lorsque les parties l’informent de la conclusion d’une
convention de procédure participative (CPC, art. 1546-1).
Devant la cour d’appel, l’information donnée au juge de la conclusion d’une convention
de procédure participative entre toutes les parties à l’instance d’appel interrompt les
délais impartis pour conclure et former appel incident mentionnés aux articles 905-2 et
908 à 910 du Code de procédure civile. L’interruption de ces délais produit ses effets
jusqu’à l’information donnée au juge de l’extinction de la procédure participative (CPC,
art. 1546-1).
B - Résultats de la négociation
530. Extinction de la procédure participative. Selon l’article 1555 du Code de procé-
dure civile, la procédure conventionnelle s’éteint par :
– l’arrivée du terme de la convention de procédure participative ;
– la résiliation anticipée et par écrit de cette convention par les parties assistées de
leurs avocats ;
– la conclusion d’un accord mettant fin en totalité au différend ou au litige ou l’éta-
blissement d’un acte constatant la persistance de tout ou partie de celui-ci.
CHAPITRE 9 – Convention de procédure participative 157
1) Réussite de la négociation
531. Constat d’accord. Dans le meilleur des cas, la procédure participative peut amener
un accord entre les parties (v. infra). Lorsqu’un accord au moins partiel a pu être conclu,
il est constaté dans un écrit établi par les parties, assistées de leurs avocats. Il énonce de
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manière détaillée les éléments ayant permis la conclusion de cet accord (CPC, art. 1555,
al. 2). Les parties qui, au terme de la convention de procédure participative, parviennent
à un accord réglant en tout ou partie leur différend peuvent soumettre cet accord à
l’homologation du juge (C. civ., art. 2066, al. 1er).
532. Alternatives. Procédure aux fins de jugement. À l’issue de la procédure
conventionnelle et exception faite des demandes en divorce ou en séparation de corps
sur lesquelles il est statué conformément aux dispositions de la section II du chapitre V
du titre Ier du livre III du Code de procédure civile (v. infra), le juge peut être saisi de
l’affaire ou celle-ci être rétablie à la demande d’une des parties, selon le cas (CPC,
art. 1556, al. 1er) :
– pour homologuer l’accord des parties mettant fin en totalité au différend ou au
litige ;
– pour homologuer un accord partiel des parties et statuer sur la partie du litige
persistant ;
– pour statuer sur l’entier litige.
533. Absence d’homologation. Si l’homologation est refusée ou si l’une des parties
– on ne sait pourquoi – refuse celle-ci, la nature juridique de l’acte ainsi conclu reste
incertaine. Tant le Code civil que le Code de procédure civile restent muets sur ce point.
2) Échec de la négociation
534. Dispense de conciliation ou de médiation. Une première hypothèse est celle où
les parties ont exécuté la convention sans parvenir à un résultat satisfaisant, c’est-à-dire
sans aucun accord même partiel. Lorsque, faute de parvenir à un accord au terme de la
convention, les parties soumettent leur litige au juge, elles sont dispensées de la conci-
liation ou de la médiation préalable le cas échéant prévue (C. civ., art. 2066, al. 2). Cette
dispense n’est pas applicable aux litiges en matière prud’homale (C. civ., art. 2066) et en
matière de divorce ou de séparation de corps (C. civ., art. 2067).
535. Inexécution de la convention. La demande faite au juge par une partie pour qu’il
statue sur le litige avant le terme de la convention, du fait de son inexécution par l’autre
partie, est formée, instruite et jugée conformément aux règles de procédure applicables
devant ce juge (CPC, art. 1556, al. 2).
536. Critiques. Plusieurs critiques sont avancés sur le dispositif de la convention de
procédure participative. Tout d’abord, cette convention est exempte du principe de
confidentialité. En outre, l’échec de la négociation n’interdit pas l’avocat chargé de la
procédure participative de représenter ses clients en justice.
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CHAPITRE 10
Droit collaboratif
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537. Présentation générale. Comme toute autre procédure, le droit collaboratif
dispose de sa propre mythologie. Le droit collaboratif aurait ainsi été découvert et popu-
larisé par un avocat de Minneapolis, Stuart Webb, au début des années 1990. Le droit
collaboratif est la théorie d’une pratique qui ne s’appuie sur aucun fondement juridique
spécifique hormis les règles de droit commun. Pour cette raison, le droit collaboratif est
attrayant car il n’est pas corseté par un régime juridique strict. Les deux principes fonda-
mentaux qui dirigent tout processus de droit collaboratif reposent sur la liberté contrac-
tuelle et sur l’imagination des personnes qui y ont recours.
——
1. Butruille-Cardew C., in Fricero N. (dir.), Le guide des modes amiables de résolution des différends,
3e éd., 2017, Dalloz, § 411.11, p. 386-387.
160 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
en œuvre pour y parvenir. Cela peut passer par l’engagement de respecter une charte
collaborative établie à cet effet.
541. Avocats. La collaboration entre les parties en vue de la résolution de leur différend
se réalise par l’intermédiaire des professionnels du droit que sont les avocats. Chaque
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partie en conflit fait ainsi appel à son conseil respectif. Les avocats sont alors mandatés
pour défendre les intérêts de leur client et négocier un arrangement à l’amiable. Quel
est l’intérêt d’avoir recours aux avocats ? L’avantage réside dans le fait que les parties
au conflit bénéficient des règles applicables à la profession d’avocat, notamment les
règles déontologiques ainsi que le secret des correspondances. En revanche, le droit
collaboratif n’envisage pas l’intervention d’un tiers autrement que pour assister les
parties. Diverses conséquences en résultent, qui invitent les personnes ayant recours au
droit collaboratif à faire preuve d’imagination dans leur démarche.
——
2. V. Cass. com., 6 déc. 2017, nº 16-19615, publié : « Si les contrats sur la preuve sont valables lorsqu’ils
portent sur des droits dont les parties ont la libre disposition, ils ne peuvent établir au profit de l’une
des parties une présomption irréfragable ».
CHAPITRE 10 – Droit collaboratif 161
adjoindre les clauses qui conviennent à la situation rencontrée par les parties (ex. :
clause de confidentialité, clause pénale, etc.) ;
– à l’inverse, lorsque le processus de droit collaboratif n’aboutit à aucun accord, les
parties en reviennent à leur point de départ. Elles disposent chacune de la faculté
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de saisir le juge pour voir trancher leur différend, conformément aux règles de
droit auxquelles elles avaient entendu échapper.
Cependant, il faudra aux parties en conflit se montrer particulièrement vigilantes aux
échanges effectués. Effectivement, les parties ne sont nullement tenues à une obligation
de confidentialité. Par conséquent, rien n’interdit aux parties d’employer les documents
et les renseignements transmis dans le cadre du droit collaboratif. Pour se prémunir de
toute divulgation, les parties peuvent s’accorder sur le régime probatoire suite à l’échec
du processus de droit collaboratif.
545. Homologation. Une fois la transaction conclue, encore faut-il garantir son exécu-
tion de l’accord. Sur ce point, les parties peuvent mobiliser des mécanismes préexistants
en droit processuel, notamment demander au juge d’apposer la formule exécutoire sur
leur contrat par le biais de l’homologation (v. infra).
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PARTIE 4
Actes
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de règlement
amiable
Chapitre 11 Accord issu d’un MARD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
Chapitre 12 Transaction civile. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
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547. Silences. Dans leur très grande majorité, les textes dédiés aux MARD, s’ils sont
généreux dans les détails de procédure, sont en revanche muets en ce qui concerne le
régime juridique de l’accord mettant un terme à un différend. Pour quelques-uns
d’entre eux, les dispositions sont plus bavardes.
1• MUTISME
548. Absence de fondement juridique. Les dispositions sont muettes sur l’accord qui
résulte du règlement amiable. Par exemple, dans le cadre de la médiation judiciaire
(CPC, art. 131-1 et s.), hormis une injonction sur l’obligation du médiateur d’informer
« par écrit le juge de ce que les parties sont ou non parvenues à trouver une solution
au conflit qui les oppose » (CPC, art. 131-11) ou la faculté de soumettre à l’homologa-
tion le constat d’accord établi par le médiateur (CPC, art. 131-12), nulle référence n’est
faite à un quelconque régime juridique spécifique à l’accord issu de la médiation
judiciaire.
Les dispositions intéressant le tribunal judiciaire ne sont guère plus loquaces.
Enfin, le mutisme est tout aussi assourdissant pour l’accord auquel sont parvenues les
parties à une médiation, une conciliation ou une procédure participative (CPC,
art. 1565), ou encore à une transaction (CPC, art. 1567). Aucune disposition ne vient
indiquer les conditions de fond et de forme auxquelles l’acte doit répondre quant à sa
validité. Cette lacune n’est pas sans susciter des interrogations sur la manière dont il
convient de procéder pour finaliser l’accord. Ainsi se pose la question de savoir si
l’accord résultant d’un MARD constitue ou non une transaction.
549. Absence de régime juridique exprès. En cela, le Code de procédure civile
n’énonce aucun formalisme, ni aucune condition de fond propre aux accords résultant
d’un MARD. Sur ce point, l’analyse de la jurisprudence nous enseigne que les juges ont
tendance à employer la qualification de transaction pour circonscrire le régime juridique
de l’accord auquel sont parvenues les parties à une médiation, une conciliation ou une
procédure participative. Par exemple, pour la première chambre civile de la Cour de
cassation, le procès-verbal de médiation pénale constitue une transaction1. Cepen-
dant, on peut aussi considérer, au contraire, que ce genre d’accord est doté d’un
——
1. Cass. 1re civ., 10 avr. 2013, nº 12-13672 : Bull. civ. I, nº 80 ; BICC 1er oct. 2013, nº 788, v. nº 1161,
p. 61 ; JCP G 22 avr. 2013, nº 17, Act., p. 467, p. 816 ; AJ Pénal 2013, p. 422, note Lavric S. ; D. 2013,
p. 1663, note Perrier J.-B. ; LPA 26 sept. 2013, nº 193, p. 8-13, note Ludwiczak F.
166 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
régime juridique propre dont les conditions et les effets ne demandent qu’à être précisés
par la jurisprudence.
2• BAVARDAGES
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A - Acte de conciliation
550. Régime de l’acte de conciliation. En revanche, quelques indications ressortent
des dispositions consacrées à la conciliation menée par le juge ou déléguée à un conci-
liateur de justice (CPC, art. 128 et s.). La teneur de l’accord, même partiel, est consignée,
selon le cas, dans un procès-verbal signé par les parties et le juge ou dans un constat
signé par les parties et le conciliateur de justice (CPC, art. 130).
551. Délivrance. Sans plus de détails, il est en outre précisé que des extraits du procès-
verbal dressé par le juge peuvent être délivrés, qui valent titre exécutoire (CPC, art. 131,
al. 1er).
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554. Notion. « Petit contrat »1, la transaction est généralement connue par l’adage
mettant en exergue le résultat pratique escompté, « un mauvais arrangement vaut
mieux qu’un bon procès »2, qui fut popularisé par Balzac dans ses écrits. En résumé, la
transaction serait un moindre mal en comparaison du jugement insatisfaisant par
nature. Elle n’en est pas moins l’un des contrats les plus usités, puisqu’il a pour objet
de mettre fin au conflit opposant des personnes en litige.
555. Historique. Apparue en droit romain, la transaction a connu une histoire quelque
peu tourmentée. À l’origine convention formaliste, innomée et ayant un caractère réel
affirmé, la transaction a muté en un contrat consensuel et nommé dans le Code civil
actuel3. En dépit des faveurs dont elle fait l’objet au Moyen Âge et sous l’Ancien
Régime, la transaction a bien failli ne pas être intégrée en tant que telle au sein du
Code civil de 1804. Elle est ignorée dans le projet de Code civil de 1804 et devait être
simplement régie par les règles de droit commun des obligations4.
1• CONTRAT DE TRANSACTION
556. Évolutions récentes. Depuis sa reprise par les pères du Code civil de 1804, la tran-
saction est un instrument juridique parfaitement stable dans le temps, dont les disposi-
tions ont été dépoussiérées récemment à quelques reprises.
557. 2011. En 2011 (L. nº 2011-525, 17 mai 2011, art. 158), la teneur de l’article 2048
du Code civil a été remaniée. Les règles de droit commun ont subi un très léger lifting,
notamment l’article 2045 du Code civil, sans modifier celles-ci sur le fond. Précédem-
ment, il énonçait que « les communes et établissements publics ne peuvent transiger
qu’avec l’autorisation expresse du roi ». Désormais, reprenant la jurisprudence
antérieure5, il prévoit que « les établissements publics de l’État ne peuvent transiger
qu’avec l’autorisation expresse du Premier ministre ».
——
1. Carbonnier J., « Variation sur les petits contrats », in Flexible droit, 1988, LGDJ, p. 292.
2. Roland H., Boyer L., Adages du droit français, 1999, Litec, nº 20.
3. Pour l’évolution du droit romain vers le droit révolutionnaire, Lévy J.-P., Castaldo A., Histoire du droit
civil, 2e éd., 2010, Dalloz, Précis, nº 515, p. 794-795.
4. Lévy J.-P., Castaldo A., Histoire du droit civil, 2e éd., 2010, Dalloz, Précis, nº 515, p. 795.
5. CE 23 avr. 2001 : D. 2001, IR, p. 2090.
168 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
558. 2016. Quant à la modification entreprise en 2016 (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016,
art. 10), elle est une cure de jouvence pour la transaction dont les dispositions les plus
confuses sont remaniées. Trois points sont modifiés :
– premièrement, les articles 2047 et 2053 à 2058 du Code civil sont abrogés. Le légis-
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lateur a retiré toutes les dispositions renvoyant aux règles de droit commun qui
faisaient doublon et troublaient la compréhension des règles ;
– deuxièmement, est ajoutée au sein du corps de règles régissant la transaction la
référence aux « concessions réciproques », celles-là mêmes que la jurisprudence
avait estimé nécessaires pour juger de la validité ou non de la transaction. Désor-
mais, l’article 2044 du Code civil énonce que « la transaction est un contrat par
lequel les parties, par des concessions réciproques, terminent une contestation née,
ou préviennent une contestation à naître » ;
– troisièmement, le législateur a abandonné la formule de l’article 2052 du Code civil
mélangeant le contrat de transaction avec les effets d’un jugement. Auparavant, il
était prévu que « les transactions ont, entre les parties, l’autorité de la chose jugée
en dernier ressort ». À présent, l’article 2052 du Code civil a gagné en clarté. Il
énonce que « la transaction fait obstacle à l’introduction ou à la poursuite entre les
parties d’une action en justice ayant le même objet ». Ce faisant, la transaction n’est
pas une décision de justice, même revêtue de l’homologation6.
559. Fondements juridiques. En droit positif, le contrat de transaction est régi par les
dispositions des articles 2044 et suivants du Code civil ainsi que par les dispositions qui
constituent le droit commun, c’est-à-dire les règles issues du Code civil. Pour ce qui est
des dispositions du droit des obligations, la réforme de 2016 emporte plusieurs change-
ments fondamentaux dans l’interprétation du régime de la transaction ainsi que dans la
manière de concevoir le contentieux.
2• CONDITIONS DE LA TRANSACTION
A - Critères de qualification de la transaction
560. Critères. Quels sont les critères de la transaction ? Ces derniers nous sont livrés par
l’article 2044 du Code civil, qui énonce que « La transaction est un contrat par lequel les
parties, par des concessions réciproques, terminent une contestation née, ou prévien-
nent une contestation à naître. » L’évidence est que cette définition consiste à faire le
partage entre la transaction et les contrats ou procédés qui lui sont proches.
561. Contestation. Le premier critère de qualification est celui visant une « contestation
née », ou prévenant une « contestation à naître ». L’objet de la transaction est de mettre
——
6. V. CJCE, 2 juin 1994, nº C-414/92, Solo Kleinmotoren : Rec. CJCE, p. I-2237, énonçant qu’une tran-
saction civile, même conclue devant un juge, ne constitue pas une décision au sens de l’article 25 de
la convention de Bruxelles.
CHAPITRE 12 – Transaction civile 169
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Construction prétorienne consacrée par l’ensemble des chambres de la Cour de
cassation9, les concessions réciproques sont-elles un critère de qualification ou une
condition de validité ? La réponse ne peut être que nuancée, car cet élément essentiel
est ambivalent :
– d’un côté, il s’avère utile pour identifier les mécanismes qui relèvent de la qualifica-
tion de transaction. Effectivement, la transaction se distingue de la renonciation en
ce que cette dernière n’exige pas de concessions réciproques10 ;
– d’un autre côté, il constitue un élément impératif pour vérifier la validité de l’accord
transactionnel.
À défaut de concessions réciproques, la transaction est frappée de nullité.
563. Intention. Enfin, le troisième critère est celui de l’intention de mettre fin à un diffé-
rend. A priori, ce critère est pertinent pour garantir une cohérence entre différents
instruments sans permettre de rechercher une requalification à tout prix. C’est le cas
pour l’articulation entre la transaction et la rupture conventionnelle individuelle. C’est
également la raison pour laquelle une transaction ne saurait se confondre avec un
accord amiable de rupture du contrat de travail11. Par ailleurs, cette intention pourrait
signifier que l’objet de la transaction est exclusif de toute autre volonté. Par exemple, il
est jugé qu’« une transaction ne peut avoir pour objet de mettre fin à un contrat de
travail »12.
——
7. Cass. 1re civ., 12 juill. 1976 : Bull. civ. I, nº 262.
8. Cass. 1re civ., 11 févr. 1992, nº 90-18027.
9. Par ex., Cass. soc., 17 mars 1982 : Bull. civ. V, nº 180 – Cass. soc., 13 mai 1992, nº 89-40844 ;
Cass. 3e civ., 28 nov. 2007, nº 06-19272 ; Cass. 1re civ., 3 mai 2000, nº 98-12819, P ; Cass. com.,
27 nov. 2012, nº 11-17185.
10. Cass. 2e civ., 2 févr. 2017, nº 16-13521 P.
11. Cass. soc., 25 mars 2009 : RJ éco. sport 2009, nº 91, p. 40, obs. Lagarde F.
12. Cass. soc., 5 déc. 2012, nº 11-15471, P+B, Mme J. c/ Mme C. et CGEA-AGS de Bordeaux.
170 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
Cela étant, la réforme du droit des obligations en 2016 force à repenser l’application de
certaines dispositions. Par exemple, le régime des pourparlers des articles 1112 et
suivants du Code civil est-il applicable lors de la négociation d’une transaction ? La
réponse n’est pas certaine, en raison de contradiction entre la lettre du Code et son
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interprétation par le juge de cassation. Selon l’article 1112-1 du Code civil, « celle des
parties qui connaît une information dont l’importance est déterminante pour le consen-
tement de l’autre doit l’en informer dès lors que, légitimement, cette dernière ignore
cette information ou fait confiance à son cocontractant ». Il est ajouté par le même
article qu’« ont une importance déterminante les informations qui ont un lien direct et
nécessaire avec le contenu du contrat ou la qualité des parties ». Or, la chambre
commerciale a jugé que « la Caisse des dépôts et consignations, qui était en pourparlers
transactionnels, n’était pas tenue de communiquer à ses partenaires une note interne
analysant les aspects juridiques de l’opération en cause »13.
565. Contenu. Le contrat ne peut déroger à l’ordre public ni par ses stipulations, ni par
son but, que ce dernier ait été connu ou non par toutes les parties (C. civ., art. 1162). Ne
peuvent être l’objet d’une transaction, car portant sur un droit indisponible :
– la nullité de forme entachant une donation14 ;
– la responsabilité pour rupture brutale des relations commerciales (C. com., anc. art.
L. 442-6, I, 5º art. L. 442-11516) ;
– le droit futur à une prestation compensatoire17 ;
– le droit de l’auteur au respect de son nom et de sa qualité18.
Le juge interprète souverainement le contenu de la transaction19 sans pouvoir dénaturer
son contenu20.
566. Consentement. L’erreur, le dol et la violence vicient le consentement lorsqu’ils
sont de telle nature que, sans eux, l’une des parties n’aurait pas contracté ou aurait
contracté à des conditions substantiellement différentes (C. civ., art. 1130). La violence
qualifiée usuellement d’économique est condamnée par l’article 1143 du Code civil.
567. Capacité. Comme pour le droit commun, pour transiger, il faut avoir la capacité de
disposer des objets compris dans la transaction (C. civ., art. 2045, al. 1er).
568. Mineur et majeur en tutelle. Le tuteur ne peut transiger :
– pour le mineur ou le majeur en tutelle que conformément à l’article 467 du Code
civil au titre « De la minorité, de la tutelle et de l’émancipation » ;
– avec le mineur devenu majeur, sur le compte de tutelle, que conformément à
l’article 472 du Code civil au même titre (C. civ., art. 2045, al. 2).
569. État. Les établissements publics de l’État ne peuvent transiger qu’avec l’autorisa-
tion expresse du Premier ministre (C. civ., art. 2045, al. 3). Sur ce point, la
——
13. Cass. com., 24 mai 2016, nos 14-25921 et 14-28111, publié, au visa des articles 2044, 2053 et 1116
anciens du Code civil.
14. Cass. 1re civ., 12 juin 1967 : D. 1967, p. 584, note Breton.
15. Il fait suite à l’ordonnance no 2019-359 du 24 avr. 2019 : JO no 97, 25 avr. 2019, texte no 16.
16. Cass. com., 16 déc. 2014, nº 13-21363 : Bull. civ. IV, nº 186.
17. Cass. 2e civ., 21 mars 1988 : Gaz. Pal. 1989, 1, p. 38, note Massip – Cass. 2e civ., 10 mai 1991, nº 90-
11008 : Bull. civ. II, nº 140, p. 75.
18. Cass. 1re civ., 4 avr. 1991, nº 89-15637 : Bull. civ. I, nº 119, p. 80.
19. Cass. 1re civ., 10 mai 2006, nº 03-19097 : Bull. civ. I, nº 236, p. 208.
20. Cass. civ., 15 avr. 1872, Veuve Foucauld ; Cass. 2e civ., 21 juin 2018, nº 17-19770, inédit.
CHAPITRE 12 – Transaction civile 171
réglementation s’est étoffée. Depuis 2018, l’article L. 423-2 du CRPA, introduit par
l’article 24 de la loi du 10 août 201821, prévoit que lorsqu’une administration de l’État
souhaite transiger, le principe du recours à la transaction et le montant de celle-ci
peuvent être préalablement soumis à l’avis d’un comité. Par ailleurs, on peut se
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demander si une transaction conclue avec une personne morale de droit public trans-
forme ou non la nature juridique de la transaction pour la faire muter en acte adminis-
tratif. Selon le Tribunal des conflits, « la transaction conclue par une personne morale de
droit public est, en principe, un contrat de nature civile, sauf si elle met en œuvre des
prérogatives de puissance publique ou aboutit à la participation du cocontractant à
une mission de service public »22.
b) Concessions réciproques
570. Notion de concessions réciproques. La transaction est un contrat par lequel les
parties, par des concessions réciproques, terminent une contestation née, ou prévien-
nent une contestation à naître (C. civ., art. 2044, al. 1er). Comme leur nom l’indique,
l’élément déterminant dans les concessions réciproques n’est pas tant leur contenu
– qui peut être d’une très grande variété23 – que l’interdépendance des engagements
de chacune des parties. En d’autres termes, de chaque côté, la concession doit pouvoir
être vue comme l’équivalent ou la contrepartie de ce qui est offert. Dès lors, les conces-
sions réciproques, qu’elles soient directes ou indirectes24, doivent être réelles en tout
état de cause. Le caractère dérisoire ou l’absence de concessions réciproques entraîne
la nullité de la transaction25. D’ailleurs, le défaut de concessions réciproques constitue
parfois un indice d’une violence économique ou d’un dol26.
571. Appréciation des concessions réciproques. La transaction étant un contrat
répondant aux conditions du droit commun des contrats, l’existence des concessions
réciproques est appréciée « au moment de la signature de l’acte »27.
c) Objet de la transaction
572. Distinction. Le Code civil entre en écho avec les dispositions du Code de procé-
dure pénale. La transaction civile se distingue de la transaction pénale ; dans le prolon-
gement de cette partition, l’action civile se distingue de l’action publique. Dès lors, « on
peut transiger sur l’intérêt civil qui résulte d’un délit » (C. civ., art. 2046, al. 1er), même si
« la transaction n’empêche pas la poursuite du ministère public » (C. civ., art. 2046,
al. 2).
——
21. L. nº 2018-727, 10 août 2018 pour un État au service d’une société de confiance : JO nº 184, 11 août
2018, texte nº 1.
22. T. confl., 1re ch. civ., 18 juin 2007, nº 07-03600 : Bull. civ. T. confl., nº 20.
23. Par ex., Cass. com., 2 oct. 2001, nº 98-19694 : Bull. civ. IV, nº 154, p. 147, où la contrepartie d’une
remise de dettes consiste en l’économie d’une procédure judiciaire dont l’issue est aléatoire.
24. Cass. com., 25 oct. 2011, nº 10-23538 : Bull. civ. IV, nº 173.
25. Cass. 1re civ., 4 mai 1976 : Bull. civ. I, nº 157 – Cass. soc., 18 mai 1999, nº 96-44628 : Bull. civ. V, nº 223
p. 164.
26. Cass. 1re civ., 9 juill. 2003, nº 01-11963 : Bull. civ. I, 174, p. 136.
27. Cass. soc., 27 mars 1996, nº 92-20448 : Bull. civ. V, nº 124 – Cass. soc., 19 févr. 2014, nº 12-28543,
Société Coopérative agricole de vinification de la Cave du pays de Quarante et du pays d’Heric
c/ M. Vigne, inédit ; Dr. rur. 2014, comm. p. 159, note Tauran T.
172 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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au différend qui y a donné lieu » (C. civ., art. 2048) ;
– d’autre part, « les transactions ne règlent que les différends qui s’y trouvent
compris, soit que les parties aient manifesté leur intention par des expressions
spéciales ou générales, soit que l’on reconnaisse cette intention par une suite néces-
saire de ce qui est exprimé » (C. civ., art. 2049).
Une lecture littérale pourrait amener à considérer que la transaction doit être rédigée de
manière très précise, les parties devant circonscrire dans le détail ce à quoi elles renon-
cent et l’objet du différend auquel elles entendent mettre fin. Malgré tout, la Cour de
cassation accueille favorablement la transaction en validant la renonciation générale à
toute action ultérieure. Dans une décision remarquable du 4 juillet 1997, l’assemblée
plénière de la Cour de cassation admet la validité des transactions rédigées en des
termes généraux28. Après une longue résistance, la chambre sociale est rentrée dans le
rang et considère, elle aussi, que la transaction relative à un conflit entre un salarié et un
employeur et rédigée en termes généraux fait obstacle à toute action ultérieure, à peine
d’irrecevabilité29. La solution est régulièrement confirmée30.
574. Atténuations. Toutefois, la rédaction en des termes très généraux de la transac-
tion subit une atténuation notable. Si celui qui avait transigé sur un droit qu’il avait de
son chef acquiert ensuite un droit semblable du chef d’une autre personne, il n’est
point, quant au droit nouvellement acquis, lié par la transaction antérieure (C. civ.,
art. 2050).
2) Conditions de forme
575. Écrit. Ce contrat doit être rédigé par écrit (C. civ., art. 2044, al. 2).
576. Écrit ad probationem. Généralement, en droit, s’agissant de la formation des
contrats, une distinction subtile est opérée entre les conditions de fond et les conditions
de forme. Dans un premier temps, à la lecture littérale de l’article 2044 du Code civil, il
semblerait que la transaction se conçoit comme un contrat solennel et non pas consen-
suel. Effectivement, le contrat de transaction « doit être rédigé par écrit » (C. civ.,
art. 2044, al. 2). Cependant, cette précision est surabondante, car l’article 2044 et l’exi-
gence d’un écrit doivent être interprétés autrement. En réalité, l’écrit est prévu par cette
disposition non pas en tant que condition ad validitatem mais comme condition ad
——
28. Cass. ass. plén., 4 juill. 1997, nº 93-43375, Société Hydexco : Bull. civ. ass. plén., nº 10, p. 24.
29. Cass. soc., 5 nov. 2014, nº 13-18984, P+B, Société Le Joint français ; Cass. soc., 11 janv. 2017, nº 15-
20040, P+B, Société Honeywell Aftermarket Europe ; Cass. soc., 30 mai 2018, nº 16-25426, P+B,
Société Ted C.
30. Cass. soc., 20 févr. 2019, nº 17-19676, FS-P+B, Société Pfizer ; Cass. soc., 20 févr. 2019, nº 17-21626,
Société Orange, inédit ; Cass. soc., 20 févr. 2019, nº 17-21073, Société Thalès Air Systems, inédit ;
v. égal. Cass. soc., 13 mars 2019, nº 17-31529, F-D, à propos d’une demande de requalification d’un
CDD en CDI.
CHAPITRE 12 – Transaction civile 173
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qu’il n’en soit autrement disposé par la loi. Dès lors, en matière commerciale, la transac-
tion peut être établie par tous modes de preuve qu’autorise cet article32.
578. Exceptions. Au principe du consensualisme peuvent être opposées différentes
exceptions légales. Le contrat de transaction n’y échappe pas car, s’agissant de certains
types de transactions, un écrit peut être requis ad validitatem, et ce par disposition légis-
lative expresse, comme pour les transactions conclues au cours d’un divorce (C. civ.,
art. 265-2) ou celles relatives à un accident de la circulation (C. assur., art. L. 211-9).
3• EFFETS DE LA TRANSACTION
579. Pluralité d’effets. La transaction produit une multitude d’effets, ces derniers étant
contractuels et juridictionnels.
A - Effets contractuels
580. Contrat. Étant un contrat, la transaction emporte les effets classiques attachés à
tout contrat : un effet obligatoire et un effet relatif.
1) Effet obligatoire
581. Force obligatoire. Sous l’empire de l’ancienne version de l’article 2052 du Code
civil, la Cour de cassation a réaffirmé qu’« une transaction, fût-elle homologuée, n’a
d’autorité de la chose jugée qu’à l’égard des parties ou de ceux qu’elle représentait lors
de sa conclusion »33. D’où l’intérêt de savoir déterminer les parties à une transaction. Par
exemple, l’engagement de caution d’une personne, même intégré dans un protocole
transactionnel, ne confère pas à cette personne la qualité de partie à la transaction34.
De la force obligatoire qui innerve tout contrat (C. civ., art. 1193 et s.), la transaction en
retire son caractère contraignant aux parties qui y ont souscrit. Une fois conclue, la tran-
saction est contraignante et a vocation à être exécutée. Le contenu d’une transaction
s’impose aux parties. Un procès-verbal de conciliation prud’homale postérieur à la tran-
saction ne saurait le modifier implicitement lorsque la volonté des parties de nover n’est
pas établie35.
582. Exécution. L’exécution de la transaction doit avoir lieu de bonne foi, conformé-
ment à l’article 1104 du Code civil. Viole cette obligation de bonne foi la société
——
31. Cass. req., 2 août 1927 : Gaz. Pal., 1927, 2, p. 883 – Cass. 1re civ., 18 mars 1986 : Bull. civ. I, nº 74
– Cass. soc., 9 avr. 1996, nº 93-42254, inédit.
32. Cass. com., 8 févr. 1994, nº 91-20803, inédit.
33. Cass. soc., 31 mars 2009 : Bull. civ. V, nº 98.
34. Cass. 2e civ., 8 janv. 2015, nº 13-27377 : Bull. civ. II, nº 5.
35. Cass. soc., 12 janv. 2010, nº 08-44321, F-P+B, SAOS Olympique de Marseille c/ Berizzo.
174 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
2) Effet relatif
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583. Effet relatif. La transaction faite par l’un des intéressés ne lie point les autres inté-
ressés et ne peut être opposée par eux (C. civ., art. 2051). Cela étant, il est admis que « si
l’effet relatif des contrats interdit aux tiers de se prévaloir de l’autorité d’une transaction
à laquelle ils ne sont pas intervenus, ces mêmes tiers peuvent néanmoins invoquer la
renonciation à un droit que renferme cette transaction »37.
——
36. CA Paris, 30 oct. 2015, nº 14/23955, Société Chaumet, inédit.
37. Cass. 1re civ., 21 déc. 1960 : Bull. civ. I, nº 538, p. 440 – Cass. 1re civ., 25 févr. 2003 : Bull. civ. I, nº 60,
p. 45 – Cass. soc., 14 mai 2008 : Bull. civ. IV, nº 106, selon lequel le liquidateur judiciaire d’une entre-
prise est fondé à se prévaloir d’une transaction conclue entre les salariés et l’entreprise.
CHAPITRE 12 – Transaction civile 175
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dernier par lettre recommandée avec accusé de réception39. Le formalisme pour la noti-
fication de la lettre de licenciement est particulièrement strict. La notification doit avoir
lieu par lettre recommandée avec accusé de réception et non par lettre remise en main
propre contre décharge. À défaut de notification par lettre recommandée, la transaction
est nulle40.
588. Transaction et rupture conventionnelle. Parfois, la transaction doit être arti-
culée avec d’autres procédés propres au droit du travail. Deux questions se sont posées
au sujet de la combinaison entre les deux contrats que sont la transaction et la conven-
tion de rupture individuelle de l’article L. 1237-11 du Code du travail. À propos de la
qualification juridique à retenir, la jurisprudence a considéré que « l’existence, au
moment de sa conclusion, d’un différend entre les parties au contrat de travail n’affecte
pas par elle-même la validité de la convention de rupture »41. À propos de la conclusion
d’une transaction en présence d’une convention de rupture, la chambre sociale de la
Cour de cassation a posé les conditions de la validité de la transaction. Elle estime
qu’« un salarié et un employeur ayant signé une convention de rupture ne peuvent vala-
blement conclure une transaction, d’une part, que si celle-ci intervient postérieurement
à l’homologation de la rupture conventionnelle par l’autorité administrative ou, s’agis-
sant d’un salarié bénéficiant d’une protection mentionnée aux articles L. 2411-1 et
L. 2411-2 du Code du travail, postérieurement à la notification aux parties de l’autorisa-
tion, par l’inspecteur du travail, de la rupture conventionnelle, d’autre part, que si elle a
pour objet de régler un différend relatif non pas à la rupture du contrat de travail mais à
son exécution sur des éléments non compris dans la convention de rupture »42.
589. Régime fiscal et social des indemnités transactionnelles. L’année 2018 a été
l’année du divorce entre le régime social et le régime fiscal des indemnités transaction-
nelles. Les règles de soumission des indemnités transactionnelles aux cotisations sociales
ont été modifiées par la chambre sociale de la Cour de cassation43. Selon cette dernière,
les sommes versées à l’occasion de la rupture du contrat de travail sont présumées ne
pas avoir de caractère indemnitaire et, partant, sont comprises dans l’assiette des cotisa-
tions de sécurité sociale et d’allocations familiales, à moins que l’employeur rapporte la
preuve qu’elles concourent, pour tout ou partie de leur montant, à l’indemnisation d’un
préjudice. Or, le Conseil d’État, s’agissant du régime fiscal, conserve son interprétation
——
38. Cass. soc., 19 nov. 1996, nº 93-41745 : Bull. civ. V, nº 394 – Cass. soc., 2 déc. 1997, nº 95-42981 :
Bull. civ. V, nº 416 – Cass. soc., 30 juin 1998, nº 96-40394 : Bull. civ. V, nº 352 – Cass. soc., 28 nov.
2012, nº 11-17013, inédit – Cass. soc., 30 juin 2015, nº 13-28437, inédit.
39. Cass. soc., 21 janv. 2015, nº 13-22079, inédit ; Cass. soc., 31 mars 2016, nº 14-22292, inédit.
40. Cass. soc., 21 janv. 2015, nº 13-23603, inédit ; Cass. soc., 10 oct. 2018, nº 17-10066, publié.
41. Cass. soc., 26 juin 2013, nº 12-15208 : Bull. civ. V, nº 167 – Cass. soc., 19 nov. 2014, nº 13-21979,
inédit.
42. Cass. soc., 26 mars 2014, nº 12-21136 : Bull. civ. V, nº 91 ; sur la position ministérielle, rép. min.
nº 55914 : JOAN Q 2 sept. 2014 ; CSBP oct. 2014, nº 267, p. 549.
43. Cass. 2e civ., 15 mars 2018, nº 17-10325, publié ; Cass. 2e civ., 21 juin 2018, nº 17-19432, publié ;
Cass. 2e civ., 21 juin 2018, nº 17-19773, publié.
176 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
antérieure44. Les sommes perçues par un salarié en exécution d’une transaction conclue
avec son employeur ne sont susceptibles d’être regardées comme des indemnités pour
licenciement sans cause réelle et sérieuse mentionnées à l’article L. 1235-3 du Code du
travail, que s’il résulte de l’instruction que la rupture des relations de travail est assimi-
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lable à un tel licenciement.
——
44. CE, 3e et 8e ch. réunies, 5 juill. 2018, nº 401157 : Lebon T.
45. L. nº 2014-1554, 22 déc. 2014 : JO nº 297, 24 déc. 2014, p. 21748 ; v. art. 24.
CHAPITRE 12 – Transaction civile 177
594. Résultats de la transaction. Tout d’abord, une transaction peut aboutir entre le
directeur de l’URSSAF et le cotisant (CSS, art. L. 243-6-5, IV, al. 3). Dans ce cas, « lors-
qu’une transaction est devenue définitive après accomplissement des obligations
qu’elle prévoit et approbation [de l’autorité de recouvrement compétente], aucune
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procédure contentieuse ne peut plus être engagée ou reprise pour remettre en cause
l’objet de la transaction ». À l’inverse, les pourparlers transactionnels peuvent échouer
(CSS, art. R. 243-45-1, VI, al. 2). Dans cette hypothèse, c’est-à-dire « à défaut de conclu-
sion d’une transaction ou lorsque la transaction est devenue caduque, la procédure de
recouvrement des sommes notifiées dans la mise en demeure est alors engagée ou
poursuivie selon les règles, garanties et sanctions applicables au recouvrement des coti-
sations et contributions de sécurité sociale » (CSS, art. R. 243-45-1, VII).
——
46. L. nº 85-677, 5 juill. 1985, art. 12 à 27 et 33, codifié à C. assur., art. L. 211-9 à L. 211-25.
47. D. nº 86-15, 6 janv. 1986, art. 1er à 14, codifié à C. assur., art. R. 211-29 à R. 211-38.
48. Cass. 2e civ., 16 nov. 2006, nº 05-18631 : Bull. civ. II, nº 320, p. 296.
49. Cass. crim., 13 juin 2017, nº 16-83545, publié.
50. Ibid.
178 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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– sur les conditions spéciales, cette transaction ne peut pas être remise en cause à
raison de l’absence de concessions réciproques52.
598. Transaction. Droit des assurances. Capacité. De même, la condition tenant à la
capacité connaît quelques aménagements. Selon le droit commun, énoncé à
l’article 387-1 du Code civil, l’administrateur légal ne peut transiger sans l’autorisation
préalable du juge des tutelles (4º). Pour l’indemnisation d’un accident de la circulation,
l’assureur doit soumettre au juge des tutelles ou au conseil de famille, compétents
suivant les cas pour l’autoriser, tout projet de transaction concernant un mineur ou un
majeur en tutelle. Il doit également donner avis sans formalité au juge des tutelles,
15 jours au moins à l’avance, du paiement du premier arrérage d’une rente ou de
toute somme devant être versée à titre d’indemnité au représentant légal de la personne
protégée (C. assur., art. L. 211-15, al. 1er).
599. Transaction. Droit des assurances. Validité. Le paiement qui n’a pas été précédé
de l’avis requis ou la transaction qui n’a pas été autorisée peut être annulé à la demande
de tout intéressé ou du ministère public à l’exception de l’assureur (C. assur., art. L. 211-
15, al. 2).
600. Obligations d’informations. L’assureur a à sa charge une obligation d’informa-
tion très ciblée au profit de l’assuré. À l’occasion de sa première correspondance avec
la victime, l’assureur est tenu, à peine de nullité relative de la transaction qui pourrait
intervenir, d’informer la victime qu’elle peut obtenir de sa part, sur simple demande, la
copie du procès-verbal d’enquête de police ou de gendarmerie et de lui rappeler qu’elle
peut à son libre choix se faire assister d’un avocat et, en cas d’examen médical, d’un
médecin (C. assur., art. L. 211-10). En outre, sous la même sanction, cette correspon-
dance porte à la connaissance de la victime les renseignements pertinents concernant
la consolidation (C. assur., art. L. 211-9, al. 3) et les éventuels recours des tiers payeurs
(C. assur., art. L. 211-12).
——
51. Cass. 2e civ., 5 mars 2015, nº 14-13441, inédit.
52. Cass. 2e civ., 16 nov. 2006 : Bull. civ. II, nº 320.
CHAPITRE 12 – Transaction civile 179
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(CCP, art. L. 2197-5). Il en est de même pour l’exécution des marchés de défense ou de
sécurité (CCP, art. L. 2397-2) et pour l’exécution des contrats de concession (CCP, art.
L. 3137-3). Par ailleurs, plusieurs circulaires rappellent régulièrement la possibilité de
conclure une transaction dans le domaine administratif55. Avec une ordonnance du
23 octobre 2015 (ord. nº 2015-1341, 23 oct. 2015), le Code des relations entre le
public et l’Administration (CRPA) comporte désormais une entrée sur la faculté de
conclure une transaction avec l’Administration (CRPA, art. L. 423-1).
602. Nature juridique. On peut se demander si une transaction conclue avec une
personne morale de droit public transforme ou non la nature juridique de la transaction
pour la faire muter en acte administratif. Les positions sont nuancées. Selon le Conseil
d’État, dans un avis de 200256, « la convention de transaction ayant pour objet le règle-
ment ou la prévention de litiges pour le jugement desquels la juridiction administrative
serait compétente est un contrat administratif ». Dans une décision de 2007, selon le
Tribunal des conflits, « la transaction conclue par une personne morale de droit public
est, en principe, un contrat de nature civile, sauf si elle met en œuvre des prérogatives
de puissance publique ou aboutit à la participation du cocontractant à une mission de
service public »57.
603. Caractère exécutoire. Pour le Conseil d’État, outre les spécificités en matière
d’homologation, le contrat de transaction est exécutoire de plein droit, sans qu’y
fassent obstacle, notamment, les règles de la comptabilité publique58.
——
53. Par ex., pour les transactions avec l’Administration, v. CRPA, art. L. 423-1 ; pour les communes,
v. CGCT (L. nº 96-142, 21 févr. 1996), art. L. 2131-1 et s. ; C. éduc., art. L. 123-6 ; pour les établisse-
ments publics de recherche, v. C. rech., art. L. 311-3 ; pour l’Union des groupements d’achats publics,
v. D. nº 85-801, 30 juill. 1985, art. 11, complété par D. nº 2001-887, 28 sept. 2001 (JO 29 sept. 2001) ;
pour l’AMF, v. D. nº 2003-1109, 21 nov. 2003, art. 30 (JO 23 nov. 2003) ; pour les chambres de
commerce et d’industrie, v. C. com., art. R. 711-74 et s. ; pour les services aéroportuaires,
v. D. nº 2003-1156, 28 nov. 2003 (JO 5 déc. 2003) ; pour l’Institut national de l’environnement indus-
triel et des risques et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, v. D. nº 2004-638,
25 juin 2004 (JO 2 juill.). SNCF Mobilités dispose de la faculté de transiger et de conclure des conven-
tions d’arbitrage (C. transp., art. L. 2141-5) ; pour SNCF Réseau, v. C. transp., art. L. 2111-14.
54. Ord. nº 2018-1074, 26 nov. 2018, art. 20 ; D. nº 2018-1075, 3 déc. 2018 : JO nº 281, 5 déc. 2018,
texte nº 21.
55. Circ., 6 févr. 1995 relative au développement du recours à la transaction pour régler amiablement les
conflits : JO nº 39, 15 févr. 1995 ; circ., 7 sept. 2009 relative au recours à la transaction pour la
prévention et le règlement des litiges portant sur l’exécution des contrats de la commande publique :
JO nº 0216, 18 sept. 2009 ; instr. nº 10-009-M0, 12 avr. 2010 sur le recours à la transaction pour la
prévention et le règlement des litiges portant sur l’exécution des contrats de la commande publique ;
circ., 6 avr. 2011 relative au développement du recours à la transaction pour régler amiablement les
conflits : JO nº 83, 8 avr. 2011 p. 6248 ; note nº JUST1517317N, 25 juin 2015 relative au recours à la
transaction pour régler amiablement les conflits : BOMJ 31 juill. 2015, nº 2015-07.
56. CE, avis, 6 déc. 2002, nº 249153.
57. T. confl., 1re ch. civ., 18 juin 2007, nº 07-03600 : Bull. civ. T. confl., nº 20.
58. CE, avis, 6 déc. 2002, nº 249153.
180 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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Premier ministre » (C. civ., art. 2045, al. 3). Concernant plus généralement les adminis-
trations de l’État, la réglementation s’est étoffée avec des réformes opérées en 2018.
Depuis la loi nº 2018-727 du 10 août 2018, un nouvel article L. 423-2 du CRPA prévoit
que lorsqu’une administration de l’État souhaite transiger, le principe du recours à la
transaction et le montant de celle-ci peuvent être préalablement soumis à l’avis d’un
« comité ministériel de transaction » (CRPA, art. L. 423-2), cet avis étant obligatoire
(CRPA, art. R. 423-4) lorsque le montant en cause dépasse le seuil de 500 000 € (CRPA,
art. R. 423-3).
605. Communicabilité d’une transaction. En vertu des articles L. 300-1 à L. 311-2 du
CRPA, l’État, les collectivités territoriales ainsi que les autres personnes de droit public ou
les personnes de droit privé chargées d’une mission de service public sont tenues de
communiquer aux personnes qui en font la demande les documents administratifs
qu’elles détiennent, définis comme les documents produits ou reçus dans le cadre de
leur mission de service public.
Or, pour le Conseil d’État, un protocole transactionnel conclu par l’Administration afin
de prévenir ou d’éteindre un litige relevant de la compétence de la juridiction adminis-
trative constitue un contrat administratif et présente le caractère d’un document admi-
nistratif communicable60. Lorsqu’un tel contrat vise à éteindre un litige porté devant la
juridiction administrative, sa communication est toutefois de nature à porter atteinte au
déroulement de la procédure juridictionnelle engagée. Elle ne peut, dès lors, intervenir
– sous réserve du respect des autres secrets protégés par la loi, tel notamment le secret
en matière commerciale et industrielle – qu’après que l’instance en cause a pris fin.
Par conséquent, le protocole transactionnel conclu le 9 avril 2015 entre l’État et diffé-
rentes sociétés concessionnaires d’autoroutes doit être communiqué à qui le demande.
Cela étant, reconnaître que ce protocole transactionnel constitue un document adminis-
tratif n’entre-t-il pas en contradiction avec la nature civile du contrat de transaction ? On
peut répondre par la négative dans la mesure où si cet acte est qualifié de document
administratif, il n’est nullement qualifié de contrat administratif.
——
59. CE, 23 déc. 1887, de Dreux-Brézé, évêque de Moulins : Lebon, p. 842.
60. CE, 9e et 10e ch. réunies, 18 mars 2019, nº 403465 : Lebon.
61. Pour un exemple, TA Paris, 28 juin 2011, nº 1020368, Association Anticor, M. Bayrou et al.
CHAPITRE 12 – Transaction civile 181
– d’autre part, le conseil municipal est appelé à donner son avis sur les questions qui,
à cet effet, lui sont renvoyées par la loi ou par le représentant de l’État dans le
département. Le conseil municipal donne obligatoirement son avis sur les autorisa-
tions de transiger, demandées par des fabriques d’église et autres administrations
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cultuelles (CGCT, art. L. 2541-14, 3º).
607. Régime juridique. Les actes pris par les autorités communales sont exécutoires de
plein droit dès qu’il a été procédé à leur publication ou affichage ou à leur notification
aux intéressés, ainsi qu’à leur transmission au représentant de l’État dans le département
ou à son délégué dans l’arrondissement. Pour les décisions individuelles, cette transmis-
sion intervient dans un délai de 15 jours à compter de leur signature. À défaut de trans-
mission au représentant de l’État dans le département ou à son délégué dans l’arrondis-
sement, la délibération d’un conseil municipal autorisant la conclusion d’une transaction
est dépourvue de force exécutoire62.
Par ailleurs, dans l’hypothèse où la transaction est conclue avant que la délibération
actant le principe d’une transaction ait été transmise au préfet, la délibération n’est pas
exécutoire à la date à laquelle la convention a été conclue. Cette convention, signée à
une date où le maire n’avait pas reçu compétence pour le faire, est nulle et de nul
effet63.
——
62. Cass. 1re civ., 31 janv. 2018, nº 16-21697, publié.
63. CE, 5e et 4e ss-sect. réunies, 19 déc. 2007, nº 227250, Société Briançon Bus et M. Brunet, inédit.
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PARTIE 5
Actes négociés
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en matière
pénale
Chapitre 13 Transaction pénale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
Chapitre 14 Convention judiciaire d’intérêt public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
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610. Principe. Très employée dans le domaine civil, la transaction n’est pas non plus
une inconnue sur le terrain pénal. Elle est une cause de l’extinction de l’action publique.
Selon l’article 6, alinéa 3, du Code de procédure pénale, l’action publique peut
« s’éteindre par transaction lorsque la loi en dispose expressément ou par l’exécution
d’une composition pénale ; il en est de même en cas de retrait de plainte, lorsque celle-
ci est une condition nécessaire de la poursuite ». Le procédé de la transaction pénale est
institué tant pour la justice pénale de droit commun que pour la justice pénale militaire
(CJM, art. L. 212-36, al. 3), qu’il s’agisse des militaires de profession ou des réservistes de
l’armée (C. défense, art. L. 4271-5).
611. Cas de figure. Les dispositions instituant une transaction pénale étant très
nombreuses, il n’est pas possible dans le cadre de cet ouvrage de toutes les restituer.
Toutefois, il est possible, dans un premier temps, d’en proposer une présentation géné-
rale puisque ces procédures de transaction pénale comportent de nombreux points
communs (1) et, dans un second temps, d’analyser quelques-unes de ces procédures (2).
1) Fondement légal
613. Généralités. L’article 6 du Code de procédure pénale prévoit que la transaction
pénale est une cause de l’extinction de l’action publique « lorsque la loi en dispose
expressément ». Par conséquent, la faculté de transiger sur une infraction pénale cons-
tatée n’existe que pour autant qu’autorisation est donnée en ce sens par le législateur.
Se pose alors la question de savoir si la transaction pénale peut être conclue de façon
autonome sur le seul fondement de l’article 6, alinéa 3, du Code de procédure pénale.
A priori, la réponse ne peut être que négative puisque les possibilités de transaction sont
ouvertes et réglementées au cas par cas.
Implicitement, cela signifie qu’aucune transaction n’est assise sur un texte d’origine
réglementaire.
186 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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tion pénale :
– d’une part, le seul accord de volontés entre l’auteur de l’infraction et la victime,
dans le cadre d’une transaction civile, ne fait pas obstacle à la mise en œuvre de
l’action publique dans la mesure où l’action publique est indisponible1 et est indé-
pendante de toute transaction traitant de l’action civile2. Par exception, l’action
publique est subordonnée à une plainte de la victime : lorsque la victime transige
sur l’action civile d’une infraction pour laquelle l’action publique est subordonnée
au dépôt d’une plainte, l’action publique s’éteint par la conclusion d’une
transaction3 ;
– d’autre part, la transaction pénale n’emporte ses effets que dans les cas où la loi le
prévoit expressément et selon les modalités qu’elle fixe. L’autorité administrative
doit être habilitée à transiger par le législateur4. Dès lors, chaque matière dispose
de son propre régime juridique admettant ou non la conclusion d’une transaction
pénale.
——
1. Cass. req., 14 nov. 1883 : DP 1884, 1, p. 201 – Cass. civ. 17 mai 1901 : DP 1902, 1, p. 103.
2. Cass. crim., 4 juin 1998, nº 96-85871 : Bull. crim., nº 183.
3. Cass. crim., 28 oct. 1965 : Bull. crim., nº 216.
4. CE, 7 juill. 2006, nº 283178, France Nature Environnement : Lebon, p. 52.
5. Cass. crim., 26 mars 1830 : Bull. crim., nº 80 – Cass. crim., 12 mai 1939, DH 1939, p. 404.
6. CE, ass., 7 juill. 2006, nº 283178, France Nature Environnementt c/ Ministère de l’Écologie : Lebon,
p. 329.
CHAPITRE 13 – Transaction pénale 187
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fréquentes en droit français.
Petit florilège :
– contributions indirectes (LPF, art. L. 247, 3º, L. 248, L. 249 et L. 251) ;
– infractions douanières (C. douanes, art. 350) ;
– police de l’eau (C. envir., art. L. 216-14) et de la pêche (C. envir., art. L. 437-14) ;
– parcs nationaux (C. envir., art. L. 331-25) ;
– droit rural (C. rur., art. L. 205-10) ;
– droit forestier (C. for., art. L. 223-5 et D. 223-2) ;
– circulation (CPP, art. 529-6) et transports publics (C. transp., art. L. 1721-2 et s.) ;
– voirie routière (CGCT, art. 2122-25) ;
– contraventions au préjudice des communes (CPP, art. 44-1) ;
– domaine fluvial (CGPPP, art. L. 2132-25 ; C. transp., art. L. 4313-2) ;
– discriminations (L. org. nº 2011-333, 29 mars 2011, art. 28) ;
– pratiques commerciales (C. consom., art. L. 142-1 et L. 216-11).
——
7. Cass. crim., 12 févr. 1990, nº 88-85567 : Bull. crim., nº 72 – Cass. crim., 8 oct. 1998, nº 96-84715,
inédit – Cass. crim., 30 juin 1999, nº 95-85832, inédit.
8. CE, ass., 7 juill. 2006, nº 283178, France Nature Environnementt c/ Ministère de l’Écologie : Lebon,
p. 329.
9. Ibid.
10. CE, 24 mai 2017, nos 395321 et 395509, Syndicat de la magistrature et al. : Lebon T.
188 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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les magistrats du parquet et du siège qui – en fonction des textes – autorisent le recours
à la transaction pénale et/ou homologuent cette dernière.
621. Consentement. Le consentement requis pour une transaction pénale est iden-
tique à celui demandé dans un cadre civil. C’est pourquoi le consentement doit être
exempt de vices, c’est-à-dire être libre et éclairé :
– libre, c’est-à-dire sans être extorqué sous la violence physique, morale ou
économique ;
– éclairé, c’est-à-dire sans erreur et sans dol.
À défaut, la nullité de la transaction est encourue soit par voie d’action, soit par voie
d’exception. La validité est attaquée devant la juridiction pénale saisie des poursuites11.
——
11. Cass. crim., 23 janv. 1958 : Bull. crim., nº 86.
12. Cass. crim., 8 oct. 2008, nos 02-81609 et 07-81675, inédit ; Cass. crim., 17 oct. 2007, nº 06-83431,
inédit.
13. Cass. crim., 3 mai 1955 : Bull. crim., nº 153 – Cass. crim., 14 févr. 1956 : Bull. crim., nº 154
– Cass. crim., 13 juin 1988, nº 87-83452, inédit – Cass. crim., 12 févr. 1990, nº 88-85567 : Bull. crim.,
nº 72 – Cass. crim., 10 déc. 1998, nº 97-85948, inédit – Cass. crim., 5 mai 1999, nº 97-81175, inédit.
CHAPITRE 13 – Transaction pénale 189
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État membre de l’Union européenne15.
——
14. Cass. crim., 5 oct. 1961 : Bull. crim., nº 380 – Cass. crim., 13 févr. 1964 : Bull. crim., nº 53 – Cass. crim.,
3 juin 1991, nº 90-83151 : Bull. crim., nº 233.
15. CJCE 11 févr. 2003, nº C-187/01, Staatsanwalschaft c/ Hüseyin Gözütok et nº C-385/01, Klaus Brügge.
16. L. nº 2014-896, 15 août 2014 : JO nº 189, 17 août 2014, p. 13647.
17. Cons. const., 23 sept. 2016, nº 2016-569 QPC.
18. L. nº 2017-258, 28 févr. 2017, art. 19.
19. D. nº 2015-1272, 13 oct. 2015.
20. CE, 24 mai 2017, nos 395321 et 395509, Syndicat de la magistrature et al. : Lebon T.
21. L. nº 2019-222, 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice : JO nº 71,
24 mars 2019, texte nº 2.
22. L. nº 2019-222, 23 mars 2019, art. 59.
190 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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procédure pénale. Des dispositions réglementaires précisent les conditions d’application
de cet article23, notamment les articles R. 15-33-61 et suivants de ce même Code (CPP,
art. 44-1, al. 8).
628. Champ d’application. Infractions visées. Pour les contraventions que les agents
de la police municipale sont habilités à constater par procès-verbal conformément aux
dispositions des articles L. 511-1 et L. 512-2 du Code de la sécurité intérieure et qui
sont commises au préjudice de la commune au titre de l’un de ses biens, le maire peut,
tant que l’action publique n’a pas été mise en mouvement, proposer au contrevenant
une transaction consistant en la réparation de ce préjudice (CPP, art. 44-1, al. 1er). En
outre, ladite transaction pénale s’applique également aux contraventions de même
nature que les agents de la ville de Paris chargés d’un service de police et les agents de
surveillance de Paris sont habilités à constater par procès-verbal conformément aux
dispositions des articles L. 531-1 et L. 532-1 du Code de la sécurité intérieure. Enfin, les
prévisions s’appliquent aussi aux contraventions de même nature que les gardes cham-
pêtres sont habilités à constater par procès-verbal conformément à l’article L. 2213-18
du Code général des collectivités territoriales (CPP, art. 44-1, al. 7).
629. Interruption de la prescription. Les actes tendant à la mise en œuvre ou à l’exé-
cution de la transaction sont interruptifs de la prescription de l’action publique (CPP,
art. 44-1, al. 3).
630. Extinction de la prescription. L’action publique est éteinte lorsque l’auteur de
l’infraction a exécuté dans le délai imparti les obligations résultant pour lui de l’accepta-
tion de la transaction (CPP, art. 44-1, al. 4).
631. Pouvoir de proposition du maire. Lorsqu’une de ces contraventions n’a pas été
commise au préjudice de la commune mais a été commise sur le territoire de celle-ci, le
maire peut proposer au procureur de la République de procéder à l’une des mesures
prévues par les articles 41-1 ou 41-3 du Code de procédure pénale. Il est avisé par le
procureur de la République de la suite réservée à sa proposition (CPP, art. 44-1, al. 6).
——
23. Issu de D. nº 2017-683, 28 avr. 2017.
24. D. nº 2011-904, 29 juill. 2011, art. 18.
CHAPITRE 13 – Transaction pénale 191
1) Proposition de transaction
a) Contenu de la proposition
633. Infractions visées. Conformément aux missions confiées au Défenseur des droits,
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la transaction pénale est une réaction aux situations de discrimination portées à sa
connaissance et constatées par lui. Cela étant, pour quelle sorte d’infractions la proposi-
tion du Défenseur des droits peut-elle être effectuée ? L’article 28 fait référence au
constat par le Défenseur des droits des faits constitutifs d’une discrimination sanc-
tionnée par les articles 225-2 et 432-7 du Code pénal et L. 1146-1 et L. 2146-2 du
Code du travail25. L’interprétation stricte amène à considérer que la proposition de tran-
saction est invalide en dehors de ces hypothèses.
634. Caractères de la proposition. La proposition du Défenseur des droits a une valeur
facultative (L. org. nº 2011-333, art. 28, I, al. 1er, 1re phrase). Le Défenseur des droits
peut la proposer. À cet égard, son pouvoir est discrétionnaire et insusceptible de
recours26. Cette proposition, par ailleurs, nécessite le respect d’un préliminaire. Elle ne
peut être déclenchée que si les faits de discrimination constatés par le Défenseur des
droits n’ont pas déjà donné lieu à la mise en mouvement de l’action publique.
635. Teneur de la proposition. La proposition renvoie à des mécanismes variés. Elle
peut d’abord consister dans le versement d’une amende transactionnelle dont le
montant ne peut excéder 3 000 € s’il s’agit d’une personne physique et 15 000 € s’il
s’agit d’une personne morale et, s’il y a lieu, dans l’indemnisation de la victime (L. org.
nº 2011-333, art. 28, II, al. 1er, 1re phrase). Le montant de l’amende est fixé en fonction
de la gravité des faits ainsi que des ressources et des charges de l’auteur des faits (L. org.
nº 2011-333, art. 28, II, al. 1er, 2e phrase). La gamme des moyens est relativement
étendue. Le Défenseur des droits peut également proposer que la transaction consiste
dans :
– l’affichage d’un communiqué, dans des lieux qu’elle précise et pour une durée qui
ne peut excéder 2 mois ;
– la transmission, pour information, d’un communiqué au comité social et
économique ;
– la diffusion d’un communiqué, par son insertion au Journal officiel ou dans une ou
plusieurs autres publications de presse, ou par la voie de services de communication
électronique, sans que ces publications ou services de communication électronique
puissent s’y opposer ;
– l’obligation de publier la décision au sein de l’entreprise (L. org. nº 2011-333,
art. 28, III, al. 1er).
Les frais d’affichage ou de diffusion sont à la charge de l’auteur des faits, sans pouvoir
toutefois excéder le montant maximal de l’amende transactionnelle prévue au II (L. org.
nº 2011-333, art. 28, III, al. 2).
Le cas échéant, lorsque sont proposées les mesures d’affichage, de transmission, de
diffusion ou de publication d’un communiqué, la personne est informée du contenu du
——
25. L. org. nº 2011-333, art. 28, II, al. 1er, 1re phrase.
26. CE, 1re et 6e ss-sect. réunies, 13 juill. 2007, nº 297742 – CE, 1re et 6e ss-sect. réunies, 13 juill. 2007,
nº 294195 : Lebon T. ; v. précédemment pour le Médiateur de la République, CE, 18 oct. 2006,
nº 277597, M. et Mme Miller : Lebon, p. 430.
192 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
communiqué et du montant des frais qui seront à sa charge et qu’elle devra acquitter
avant que la haute autorité procède à cet affichage ou cette diffusion (CPP, art. D. 1-1,
I, al. 4).
Dans le cadre de la transaction, la présence d’une victime peut entraîner l’auteur à envi-
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:889464800:88872837:196.200.176.177:1580228295
sager une réparation sur le plan civil par le versement de dommages et intérêts.
b) Formalisme de la proposition
636. Convocation. L’auteur des faits peut être convoqué par un agent assermenté du
Défenseur des droits (CPP, art. D. 1-1, I, al. 1er). En cas d’audition par un tel agent, il est
dressé procès-verbal de ces opérations, et copie en est remis à l’intéressé (CPP, art. D. 1-
1, I, al. 6). En l’absence de présentation, le procureur de la République en est informé
(CPP, art. D. 1-1, IV, al. 1er), le Défenseur des droits, conformément à l’article 1er du
Code de procédure pénale, pouvant mettre en mouvement l’action publique par voie
de citation directe (L. org. nº 2011-333, art. 28, IV, al. 3).
637. Mentions de la proposition. La proposition de transaction comporte plusieurs
séries de mentions. Elle précise :
– la nature des faits reprochés ainsi que leur qualification juridique ;
– la nature et le quantum des mesures proposées, ainsi que les délais dans lesquels
elles devront être exécutées ;
– le montant des dommages et intérêts dus à la victime (CPP, art. D. 1-1, I, al. 2).
638. Communication de la proposition. Selon le cas rencontré, la proposition de tran-
saction est communiquée à l’auteur des faits ou, s’il s’agit d’une personne morale, à son
représentant. Cette communication a lieu selon deux procédés :
– soit par l’intermédiaire de l’un des agents assermentés du Défenseur des droits,
devant lequel l’intéressé a été préalablement convoqué ;
– soit par notification, à l’aide d’une lettre recommandée avec demande d’avis de
réception, à l’auteur des faits (CPP, art. D. 1-1, I, al. 1er).
2) Acceptation de la transaction
639. Consentement. Selon les cas de figure rencontrés, la proposition de transaction
peut intéresser deux catégories de personnes : l’auteur de la discrimination, évidem-
ment, et, le cas échéant, la victime. Afin de préserver ses droits, la personne à qui est
proposée une transaction bénéficie de différentes mesures d’information. Elle est
informée qu’elle peut se faire assister par un avocat avant de donner son accord à la
proposition du Défenseur des droits (L. org. nº 2011-333, art. 28, II, al. 3). La personne
à qui est proposée une transaction est informée qu’elle dispose d’un délai de 15 jours
avant de faire connaître sa décision, après s’être, le cas échéant, fait assister par un
avocat (CPP, art. D. 1-1, I, al. 5). En revanche, l’accord de la victime à la transaction
peut être recueilli par tout moyen (CPP, art. D. 1-1, I, al. 3).
640. Homologation. Cependant, le consentement de la part de l’auteur et de la victime
est insuffisant pour valider la transaction pénale. Un contrôle est exercé de la part du
ministère public (CPP, art. D. 1-1, II, al. 1er). La transaction proposée par le Défenseur
des droits et acceptée par l’auteur des faits ainsi que, s’il y a lieu, par la victime doit
être homologuée par le procureur de la République (L. org. nº 2011-333, art. 28, II,
al. 2).
CHAPITRE 13 – Transaction pénale 193
641. Refus de la transaction. La personne peut aussi rejeter la proposition faite par le
Défenseur des droits. En cas de refus de la proposition de transaction, le Défenseur des
droits dispose de deux moyens pour réagir :
– premièrement, il en informe le procureur de la République (CPP, art. D. 1-1, IV,
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al. 1er) ;
– deuxièmement, il peut, conformément à l’article 1er du Code de procédure pénale,
mettre en mouvement l’action publique par voie de citation directe (L. org.
nº 2011-333, art. 28, IV, al. 3).
Par contre, le Code de procédure pénale demeure silencieux sur le cas où l’auteur
accepte la proposition alors que la victime la refuse.
3) Exécution de la transaction
642. Conséquences de l’exécution. En toute logique, l’auteur de la discrimination
exécute la transaction qu’il a acceptée et qui a été homologuée. Cette exécution
emporte plusieurs conséquences. Tout d’abord, l’auteur des faits doit, s’il y a lieu, justi-
fier de l’indemnisation de la victime, ainsi que de l’exécution des mesures acceptées
(CPP, art. D. 1-1, III, al. 4). À cet égard, le paiement de l’amende transactionnelle ainsi
que celui des frais d’affichage ou de diffusion d’un communiqué s’exécutent conformé-
ment aux dispositions de l’article R. 15-33-51 du Code de procédure pénale, sous la
réserve que les justificatifs du paiement sont retournés au Défenseur des droits (CPP,
art. D. 1-1, III, al. 3). Concrètement, le paiement s’effectue auprès d’un comptable de la
Direction générale des finances publiques et, de manière exclusive, soit par remise d’un
chèque certifié, soit par versement d’espèces, soit par carte bancaire lorsque ce
comptable est doté de l’équipement de lecture de carte. La victime a la possibilité, au
vu de la décision d’homologation, lorsque l’auteur des faits s’est engagé à lui verser
des dommages et intérêts, d’en demander le recouvrement suivant la procédure de
l’injonction de payer, conformément aux règles prévues par le Code de procédure civile
(CPP, art. D. 1-1, IV, al. 3).
En outre, les actes tendant à la mise en œuvre ou à l’exécution de la transaction sont
interruptifs de la prescription de l’action publique (L. org. nº 2011-333, art. 28, IV,
al. 1er). En revanche, l’exécution de la transaction elle-même n’emporte pas extinction
de l’action publique. Effectivement, si la transaction homologuée est exécutée dans les
délais prescrits, le Défenseur des droits en informe le procureur de la République, qui
constate l’extinction de l’action publique conformément aux dispositions du troisième
alinéa de l’article 6 du Code de procédure pénale. Ce magistrat en avise l’intéressé et,
le cas échéant, la victime (CPP, art. D. 1-1, IV, al. 4).
643. Extinction de l’action publique. Là encore, la transaction pénale doit être
exécutée en totalité. L’exécution totale de la transaction constitue une cause d’extinc-
tion de l’action publique. Cela ne fait toutefois pas échec au droit de la partie civile de
délivrer citation directe devant le tribunal correctionnel. Le tribunal, composé d’un seul
magistrat exerçant les pouvoirs conférés au président, ne statue alors que sur les seuls
intérêts civils (L. org. nº 2011-333, art. 28, IV, al. 2).
644. Inexécution. En revanche, toute exécution partielle rend caduc l’accord. En cas
d’inexécution d’une transaction acceptée et homologuée par le procureur de la Répu-
blique, le Défenseur des droits, conformément à l’article 1er du Code de procédure
pénale, peut mettre en mouvement l’action publique par voie de citation directe
194 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
(L. org. nº 2011-333, art. 28, IV, al. 3). Si l’auteur des faits n’exécute pas ses obligations
dans les délais prescrits, le Défenseur des droits en informe le procureur de la Répu-
blique, sauf à mettre lui-même en mouvement l’action publique par voie de citation
directe (CPP, art. D. 1-1, IV, al. 1er).
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L’inexécution peut être expliquée et justifiée. Pour cela, lorsque, pour des motifs graves
d’ordre médical, familial, professionnel ou social, la personne n’a pas pu exécuter les
mesures décidées dans les délais prescrits, le Défenseur des droits peut, à sa demande,
prolonger les délais d’exécution de ces mesures, sans pouvoir toutefois dépasser 6 mois
(CPP, art. D. 1-1, IV, al. 2).
645. Poursuites. Si des poursuites sont engagées dans le cas où la transaction acceptée
et homologuée n’a pas été entièrement exécutée, le dossier de la procédure dans lequel
sont précisées les mesures exécutées en tout ou partie par la personne est communiqué
à la juridiction de jugement afin qu’elle puisse en tenir compte, en cas de condamna-
tion, dans le prononcé de sa décision (CPP, art. D. 1-1, IV, al. 5).
a) Champ d’application
650. Infractions visées. Deux catégories d’infractions sont envisagées par le Code de
commerce en vue d’une transaction pénale de la DGCCRF :
– d’une part, les infractions prévues par le titre 1er du livre III du Code de commerce,
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:889409774:88872837:196.200.176.177:1580229309
soit celles relatives aux liquidations, aux ventes au déballage, aux soldes et aux
ventes en magasins d’usine, ainsi que par les textes pris pour leur application
(C. com., art. L. 310-6-1, al. 1er). Pour les infractions de cette première catégorie, il
est nécessaire de respecter les conditions de mise en œuvre prévues à
l’article L. 490-5 du Code de commerce (C. com., art. L. 310-6-1, al. 2) ;
– d’autre part, des infractions appartenant à une seconde catégorie plus composite se
voient octroyer la même prérogative par l’article L. 490-5 du Code de commerce.
Sont éligibles à la transaction pénale « les délits prévus au titre IV du [livre IV du
Code de commerce] pour lesquels une peine d’emprisonnement n’est pas encourue
et pour les contraventions prévues » au livre IV du Code de commerce. Concrète-
ment, il s’agit du titre IV du livre IV du Code de commerce relatif à la transparence,
aux pratiques restrictives de concurrence et aux autres pratiques prohibées, dont les
dispositions ont été modifiées par le législateur en 2018 (L. nº 2018-670, 30 juill.
2018, art. 4), le livre IV étant dédié à la liberté des prix et de la concurrence
(C. com., art. L. 490-5, al. 1er).
——
27. Conformément à l’article 6 du décret nº 2017-305 du 9 mars 2017, ces dispositions sont applicables
rétroactivement aux instances introduites à compter du 26 décembre 2014.
196 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
notification comporte une mention précisant que si la personne ne paie pas, dans le
délai imparti, la somme indiquée dans la proposition ou qu’elle ne satisfait pas aux
autres obligations le cas échéant souscrites par elle, le procureur de la République décidera,
sauf élément nouveau, d’engager les poursuites à son égard (C. com., art. R. 490-10,
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al. 1er).
655. Délai de réponse à la proposition de transaction pénale. L’auteur de l’infrac-
tion dispose d’un mois, à compter de cette notification, pour y répondre. En cas d’accep-
tation, l’auteur de l’infraction retourne à l’autorité administrative un exemplaire signé de
la proposition (C. com., art. R. 490-10, al. 2). Deux réactions s’offrent alors à l’auteur de
l’infraction.
c) Résultats de la procédure
656. Accord de l’auteur. D’une part, l’auteur de l’infraction peut accepter la proposi-
tion de transaction. Cet accord est insuffisant en soi. L’auteur est tenu d’exécuter ses
obligations pour que la transaction produise ses effets. L’action publique est éteinte
lorsque l’auteur de l’infraction a exécuté dans le délai imparti les obligations résultant
pour lui de l’acceptation de la transaction (C. com., art. L. 490-5, al. 3).
657. Refus de l’auteur. D’autre part, dans l’hypothèse où, au terme du délai d’un
mois, l’auteur de l’infraction a refusé la proposition ou n’y a pas répondu, l’autorité
administrative en informe sans délai le procureur de la République. Ce dernier est
également informé par l’autorité administrative du cas où l’auteur de l’infraction
n’aurait pas acquitté la somme indiquée dans la proposition, au terme du délai
imparti, ou n’aurait pas satisfait aux autres obligations le cas échéant souscrites par lui
(C. com., art. R. 490-10, al. 3).
a) Champ d’application
659. Infractions visées. L’autorité administrative chargée de la concurrence et de la
consommation a droit, tant que l’action publique n’a pas été mise en mouvement, de
transiger, après accord du procureur de la République pour :
– d’une part, les contraventions prévues aux livres Ier, II, III et IV du Code de la consom-
mation ainsi que celles prévues par leurs textes d’application ;
– d’autre part, les délits qui ne sont pas punis d’une peine d’emprisonnement, prévus
aux livres I, II et III ainsi que les infractions prévues aux articles L. 121-2 à L. 121-4 du
Code de la consommation (C. consom., art. L. 523-1).
art. R. 523-2, al. 1er). Quant aux mentions, cette proposition précise la somme que
l’auteur de l’infraction devra payer au Trésor public, le délai imparti pour son paiement
et, s’il y a lieu, les autres obligations résultant pour lui de l’acceptation de la transaction
(C. consom., art. R. 523-2, al. 2).
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661. Formalisme. Une copie du procès-verbal de constatation de l’infraction est jointe à
la proposition de transaction adressée à l’auteur de l’infraction (C. consom., art. L. 523-2).
662. Accord. Le cas échéant, lorsque le procureur de la République a donné son accord
sur la proposition de transaction, l’autorité administrative notifie cette dernière en
double exemplaire à l’auteur de l’infraction (C. consom., art. R. 523-3, al. 1er). Cette noti-
fication comporte une mention précisant que si la personne ne paie pas dans le délai
imparti la somme indiquée dans la proposition ou qu’elle ne satisfait pas aux autres obli-
gations le cas échéant souscrites par elle, le procureur de la République décidera, sauf
élément nouveau, d’engager les poursuites à son égard (C. consom., art. R. 523-3, al. 2).
663. Interruption de la prescription. L’acte par lequel le procureur de la République
donne son accord à la proposition de transaction est interruptif de la prescription de
l’action publique (C. consom., art. L. 523-3).
——
28. Ord. nº 2016-413, 7 avr. 2016, art. 4 ; D. nº 2016-510, 25 avr. 2016, art. 1er, en vigueur le 1er juillet
2016.
29. Ord. nº 2017-1386, 22 sept. 2017, art. 4.
198 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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669. Champ d’application. L’autorité administrative compétente peut, tant que
l’action publique n’a pas été mise en mouvement, transiger avec les personnes physi-
ques et les personnes morales sur la poursuite d’une infraction constituant une contra-
vention ou un délit, prévue et réprimée par une série de textes limitativement énumérés
(C. trav., art. L. 8114-4). Il s’agit des contraventions et des délits énoncés au Code du
travail :
– aux livres II et III de la première partie (contrat de travail ; règlement intérieur et droit
disciplinaire) ;
– au titre VI du livre II de la deuxième partie (application des conventions et accords
collectifs) ;
– aux livres Ier, II et IV de la troisième partie (durée de travail, repos et congés ; salariés
et avantages divers ; dispositions relatives à l’Outre-mer), à l’exception des disposi-
tions mentionnées aux 1º à 4º de l’article L. 8115-1 (durées maximales de travail ;
repos quotidien ; décompte du temps de travail ; salaire minimum) ;
– à la quatrième partie (santé et sécurité au travail), à l’exception des dispositions
mentionnées au titre V du livre VII (amendes administratives relatives aux manque-
ments aux décisions prises par l’inspection du travail, aux manquements concernant
les jeunes âgés de moins de dix-huit ans et aux manquements aux règles concer-
nant les repérages avant travaux) et au 5º de l’article L. 8115-1 (obligations de
l’employeur relatives aux installations sanitaires, à la restauration et à l’héberge-
ment ; prescriptions techniques de protection durant l’exécution des travaux de bâti-
ment et génie civil) ;
– au titre II du livre II de la sixième partie (contrat d’apprentissage) ;
– à la septième partie (dispositions particulières à certaines professions et activités).
670. Exclusions. Sont exclus de cette procédure les délits punis d’une peine d’emprison-
nement d’un an ou plus (C. trav., art. L. 8114-4, al. 2).
——
30. CE, 1re ch., 26 avr. 2017, nº 400971, Syndicat SUD Travail Affaires sociales c/ Premier ministre, inédit.
CHAPITRE 13 – Transaction pénale 199
(C. trav., art. L. 8114-5, al. 2). Plus précisément, la proposition de transaction
mentionne :
– la nature des faits reprochés et leur qualification juridique ;
– le montant des peines encourues ;
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– le montant de l’amende transactionnelle ;
– les délais impartis pour le paiement et, s’il y a lieu, pour l’exécution des obligations ;
– le cas échéant, la nature et les modalités d’exécution des obligations imposées en
vue de faire cesser l’infraction, d’éviter son renouvellement ou de remettre en
conformité les situations de travail ;
– l’indication que la proposition, une fois acceptée par l’auteur de l’infraction, doit
être homologuée par le procureur de la République (C. trav., art. R. 8114-4).
673. Copie. La proposition de transaction est adressée en double exemplaire à l’auteur
de l’infraction par tout moyen permettant d’établir date certaine, dans le délai de 4 mois
pour les contraventions et d’un an pour les délits, à compter de la date de clôture du
procès-verbal de constatation de l’infraction (C. trav., art. R. 8114-5). Une copie du
procès-verbal de constatation de l’infraction est jointe à la proposition de transaction
adressée à l’auteur de l’infraction (C. trav., art. L. 8114-5, al. 3).
E - Transactions fiscales
679. Fondements juridiques. Le livre des procédures fiscales (LPF) contient deux hypo-
thèses de transactions « fiscales » :
– d’une part, l’article 247 du LPF prévoit une transaction sur demande du contri-
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buable. Cette transaction fiscale s’applique aussi s’agissant des sommes dues au
titre de l’intérêt de retard visé à l’article 1727 du Code général des impôts ;
– d’autre part, le LPF prévoit une autre hypothèse de mise en œuvre d’une transaction
pénale par l’administration fiscale pour le contentieux de l’impôt en son article 248.
Il est à noter que, depuis une loi du 28 décembre 2018 de finances pour 201931, trans-
posant une directive de 201732, a été instituée une procédure de règlement des diffé-
rends fiscaux dans l’Union européenne (LPF, art. L. 251 B et s.).
1) Transaction sur demande du contribuable
680. Domaines. L’article 247 du LPF prévoit que l’Administration peut accorder, sur la
demande du contribuable par voie de transaction, une atténuation d’amendes fiscales
ou de majorations d’impôts lorsque ces pénalités et, le cas échéant, les impositions
auxquelles elles s’ajoutent ne sont pas définitives.
En revanche, cette faculté est encadrée :
– premièrement, l’Administration ne peut transiger lorsque le contribuable met en
œuvre des manœuvres dilatoires visant à nuire au bon déroulement du contrôle ;
– deuxièmement, la détermination du montant de l’atténuation d’amendes fiscales ou
de majorations d’impôts garantit le respect de la hiérarchie des sanctions prévues au
chapitre II du livre II du Code général des impôts (LPF, art. L. 247-0 A).
681. Procédures. La procédure à respecter pour obtenir une transaction avec l’adminis-
tration fiscale relève des articles R. 247-1 et suivants du LPF33. Les demandes prévues à
l’article L. 247 du LPF tendant à obtenir à titre gracieux une transaction doivent être
adressées au service territorial, selon le cas, de la Direction générale des finances publi-
ques (DGFiP) ou de la Direction générale des douanes et droits indirects dont dépend le
lieu de l’imposition. Elles doivent contenir les indications nécessaires pour identifier
l’imposition et, le cas échéant, être accompagnées soit de l’avis d’imposition, d’une
copie de cet avis ou d’un extrait de rôle, soit de l’avis de mise en recouvrement ou
d’une copie de cet avis (LPF, art. R. 247-1).
2) Transaction fiscale sur infraction
a) Procédures transactionnelles fiscales
682. Conditions de mise en œuvre. Selon l’article L. 248 du LPF, les infractions
peuvent faire l’objet de transactions sous des réserves temporelles alternatives : la tran-
saction relative à une infraction ne peut être conclue que :
– soit avant mise en mouvement d’une action judiciaire ;
– soit, dans les conditions fixées à l’article L. 249 du LPF, avant jugement définitif.
——
31. L. nº 2018-1317, 28 déc. 2018, art. 130 : JO nº 302, 30 déc. 2018, texte nº 1.
32. Dir. (UE) nº 2017/1852 du Cons., 10 oct. 2017 : JOUE nº L 265, 14 oct. 2017, p. 1-14.
33. V. également, pour des considérations pratiques, circ. nº MEFI-D19-00468, 28 janv. 2019 relative au
traitement des demandes de mise en conformité fiscale des entreprises.
CHAPITRE 13 – Transaction pénale 201
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est donné :
– par le ministère public lorsque l’infraction est passible à la fois de sanctions fiscales
et de peines ;
– par le président de la juridiction saisie lorsque l’infraction est passible seulement de
sanctions fiscales (LPF, art. L. 249, al. 2).
684. Conclusion de la transaction fiscale après jugement définitif. Après jugement
définitif, les sanctions fiscales prononcées par les tribunaux ne peuvent faire l’objet de
transaction (LPF, art. L. 249, al. 3).
685. Refus d’une transaction. Dans le cas où le contribuable refuse la transaction qui
lui a été proposée par l’Administration et porte ultérieurement le litige devant le tribunal
compétent, celui-ci fixe le taux des majorations ou pénalités en même temps que la base
de l’impôt (LPF, art. L. 251, al. 2). Au contraire, dans le cas où l’Administration refuse de
proposer une transaction, elle ne saurait être tenue de faire droit à la demande du
contribuable tendant à bénéficier d’une transaction reprenant les termes et conditions
de celle qui aurait précédemment été proposée à un autre contribuable ; l’auteur d’une
telle demande ne peut alors utilement faire valoir qu’il est placé dans une situation
fiscale semblable à celle de ce contribuable34.
——
34. CE, 3e et 8e ss-sect., 10 févr. 2014, nº 361424, Deloison.
35. Cass. com., 18 janv. 2011, nº 10-11962, M. Duburq, inédit.
36. Cass. crim., 30 mai 1994, nº 93-81943 : Bull. crim., nº 210, p. 496.
37. Cass. crim., 17 mai 2001, nº 99-30123, inédit.
202 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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Livre des procédures fiscales. En vertu de cette disposition, « chaque année, le ministre chargé
du budget publie un rapport sur l’application de la politique de remises et de transactions à
titre gracieux par l’administration fiscale. Ce rapport peut faire l’objet d’un débat chaque
année devant les commissions permanentes compétentes en matière de finances de l’Assem-
blée nationale et du Sénat. » Il sera simplement noté que cette disposition a été déclarée
contraire à la Constitution par le Conseil constitutionnel39. Pour ce faire, le Conseil constitu-
tionnel a relevé que « ces dispositions, dans la mesure où elles imposent la présence du ministre
du Budget lors des débats en cause devant les commissions permanentes compétentes en
matière de finances de l’Assemblée nationale et du Sénat, sont contraires à la séparation des
pouvoirs »40. Le législateur est intervenu à nouveau en 201841.
——
38. L. nº 2013-1117, 6 déc. 2013 : JO nº 284, 7 déc. 2013, p. 19941.
39. Cons. const., 4 déc. 2013, nº 2013-679 DC.
40. Cons. const., 4 déc. 2013, préc., cons. 79.
41. L. nº 2018-898, 23 oct. 2018 relative à la lutte contre la fraude : JO nº 246, 24 oct. 2018, texte nº 1.
42. Il s’agit des personnes mentionnées au 9º du II de l’article L. 621-9 du Code monétaire et financier, au
II de l’article L. 621-15 du même Code, sauf en cas de manquement mentionné au f du II du même
article L. 621-15, et aux obligations professionnelles mentionnées à l’article L. 621-17 du même Code.
CHAPITRE 13 – Transaction pénale 203
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693. Sanction pécuniaire. Toute personne à qui il a été proposé d’entrer en voie de
composition administrative s’engage, dans le cadre d’un accord arrêté avec le secrétaire
général de l’AMF, à verser au Trésor public une somme dont le montant maximum est
celui de la sanction pécuniaire encourue au titre du III de l’article L. 621-15 (C. mon. fin.,
art. L. 621-14-1, al. 3).
694. Validation et homologation. L’accord est soumis au collège puis, s’il est validé
par celui-ci, à la commission des sanctions, qui peut décider de l’homologuer. L’accord
ainsi homologué est rendu public (C. mon. fin., art. L. 621-14-1, al. 4).
695. Absence d’accord. En l’absence d’accord homologué ou en cas de non-respect de
celui-ci, la notification de griefs est transmise à la commission des sanctions, qui fait
application de l’article L. 621-15 (C. mon. fin., art. L. 621-14-1, al. 5).
696. Voies de recours. Les décisions du collège et de la commission des sanctions sont
soumises aux voies de recours prévues à l’article L. 621-30 du Code monétaire et finan-
cier (C. mon. fin., art. L. 621-14-1, al. 6).
——
43. Sélinsky V., « Procédures négociées et stratégies des entreprises », Les Dossiers de la RIDE 2011, nº 4,
p. 61.
204 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
position dominante. Il n’est donc pas étonnant, dans un domaine où les arrangements
sont légion, de rencontrer des procédures amiables.
699. Procédures. La Commission européenne a mis en place trois techniques, prenant
leurs sources dans le droit des États-Unis, afin de lutter contre les pratiques
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anticoncurrentielles :
– une procédure d’engagement ;
– une procédure de clémence44 ;
– une procédure de transaction45.
1. Engagements
700. Engagements. Tirant les enseignements de son modèle américain, la pratique des
consent decrees, la Commission européenne a fondé la procédure d’engagements sur le
règlement du 16 décembre 200246. En vertu de ce texte, la Commission européenne
dispose de la faculté de rappeler une entreprise à l’ordre quant à ses obligations en
matière de concurrence. L’article 9 de ce règlement pose les règles des engagements
que ces entreprises peuvent prendre pour faire amende honorable.
701. Procédure. Lorsque la Commission envisage d’adopter une décision exigeant la
cessation d’une infraction et que les entreprises concernées offrent des engagements
de nature à répondre aux préoccupations dont la Commission les a informées dans son
évaluation préliminaire, la Commission peut, par voie de décision, rendre ces engage-
ments obligatoires pour les entreprises. La décision peut être adoptée pour une durée
déterminée et conclut qu’il n’y a plus lieu que la Commission agisse (règl. [CE] nº 1/
2003, art. 1er).
En revanche, la Commission peut rouvrir la procédure, sur demande ou de sa propre
initiative, dans un certain nombre de circonstances, notamment dans trois cas de figure :
– si l’un des faits sur lesquels la décision repose subit un changement important ;
– si les entreprises concernées contreviennent à leurs engagements ;
– si la décision repose sur des informations incomplètes, inexactes ou dénaturées four-
nies par les parties (règl. [CE] nº 1/2003, art. 2).
2. Clémence
702. Programme. Le programme de clémence européen repose sur une série de
mesures de droit souple, notamment une série de communications de la Commission
européenne47.
——
44. V. par ex. Trib. UE, 17 mai 2013, nos T147/09 et T148/09, Trelleborg Industrie SAS c/ Commission euro-
péenne.
45. Règl. (CE) nº 622/2008 de la Comm., 30 juin 2008 modifiant le règlement (CE) nº 773/2004 en ce qui
concerne les procédures de transaction engagées dans les affaires d’entente, 30 juin 2008 : JOUE
nº L 171, 1er juill. 2008, p. 3.
46. Règl. (CE) nº 1/2003 du Cons., 16 déc. 2002 relatif à la mise en œuvre des règles de concurrence
prévues aux articles 81 et 82 du traité : JOCE nº 1, 4 janv. 2003, p. 1-25.
47. Comm. Comm. CE nº 2002/C45/03 : JOCE nº C-45, 19 févr. 2002 – Comm. Comm. CE,
nº 2006/C298/11, 8 déc. 2006 sur l’immunité d’amendes et la réduction de leur montant dans les
affaires portant sur des ententes : JOUE nº C-298, p. 17.
CHAPITRE 13 – Transaction pénale 205
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703. Transaction. Le régime juridique qui concerne les procédures de transaction enga-
gées dans les affaires d’entente est évoqué au sein du règlement (CE) nº 773/200448, qui
a été remanié par un règlement de 200849 ; la transaction offre l’opportunité à une
entreprise qui reconnaît sa participation à une pratique anticoncurrentielle – en particu-
lier les ententes, sans s’étendre aux abus de position dominante – de bénéficier d’une
réduction d’amende à hauteur de 10 %. Ce règlement de 2004 nécessite également
d’être combiné avec le règlement (CE) nº 1/2003 du Conseil du 16 décembre 2002.
——
48. Règl. (CE) nº 773/2004 de la Comm., 7 avr. 2004 relatif aux procédures mises en œuvre par la
Commission en application des articles 81 et 82 du traité CE : JOCE nº L 123, 27 avr. 2004, p. 18-24.
49. Règl. (CE) nº 662/2008 de la Comm., préc. ; v. JOUE nº C-167, 2 juill. 2008, pour la communication
décrivant la procédure.
50. Règl. (CE) nº 1/2003 du Cons., préc.
51. JO nº 265, 14 nov. 2008, p. 17391.
206 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
2. Clémence
706. Clémence. Ensuite, sur la base des articles L. 464-2 et R. 464-5 du Code de
commerce, la procédure de clémence offre aux entreprises la faculté de se repentir. Les
organismes et entreprises défaillantes ou portant atteinte au jeu de la concurrence
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peuvent obtenir le pardon des autorités. En ce sens, « une exonération totale ou partielle
des sanctions pécuniaires peut être accordée à une entreprise ou à un organisme qui a,
avec d’autres, mis en œuvre une pratique prohibée par les dispositions de l’article L. 420-
1 [du Code de commerce] s’il a contribué à établir la réalité de la pratique prohibée et à
identifier ses auteurs, en apportant des éléments d’information dont l’Autorité ou
l’Administration ne disposaient pas antérieurement. À la suite de la démarche de l’entre-
prise ou de l’organisme, l’Autorité de la concurrence, à la demande du rapporteur
général ou du ministre chargé de l’économie, adopte à cette fin un avis de clémence,
qui précise les conditions auxquelles est subordonnée l’exonération envisagée, après
que le commissaire du gouvernement et l’entreprise ou l’organisme concerné ont
présenté leurs observations ; cet avis est transmis à l’entreprise ou à l’organisme et au
ministre, et n’est pas publié. Lors de la décision prise en application du I [de
l’article L. 464-2 du Code de commerce], l’Autorité peut, après avoir entendu le [rappor-
teur public] et l’entreprise ou l’organisme concerné sans établissement préalable d’un
rapport, et, si les conditions précisées dans l’avis de clémence ont été respectées,
accorder une exonération de sanctions pécuniaires proportionnée à la contribution
apportée à l’établissement de l’infraction » (C. com., art. L. 464-2, IV).
L’Autorité de la concurrence a établi un communiqué de procédure le 3 avril 2015 dans
lequel sont explicitées les conditions d’éligibilité et les démarches à entreprendre pour
faire valoir le programme de clémence français.
3. Transaction
707. Transaction. Enfin, une procédure de transaction est mobilisable. Selon le III de
l’article L. 464-2 du Code de commerce, « lorsqu’un organisme ou une entreprise ne
conteste pas la réalité des griefs qui lui sont notifiés, le rapporteur général peut lui
soumettre une proposition de transaction fixant le montant minimal et le montant
maximal de la sanction pécuniaire envisagée. Lorsque l’entreprise ou l’organisme
s’engage à modifier son comportement, le rapporteur général peut en tenir compte
dans sa proposition de transaction. Si, dans un délai fixé par le rapporteur général,
l’organisme ou l’entreprise donne son accord à la proposition de transaction, le rappor-
teur général propose à l’Autorité de la concurrence, qui entend l’entreprise ou l’orga-
nisme et le commissaire du gouvernement sans établissement préalable d’un rapport,
de prononcer une sanction pécuniaire dans les limites fixées par la transaction. »
À cet égard, l’Autorité de la concurrence détaille la procédure de transaction dans un
communiqué de procédure du 21 décembre 2018 dont la lecture est profitable. Celui-
ci a pour objet de préciser les étapes de mise en œuvre de la procédure de transaction.
708. Sanctions en cas de défaillance. Si les mesures, injonctions ou engagements
prévus aux articles L. 464-1 et L. 464-2 du Code de commerce ne sont pas respectés,
l’Autorité peut prononcer une sanction pécuniaire dans les limites fixées à
l’article L. 464-2.
CHAPITRE 13 – Transaction pénale 207
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dont les pratiques contreviennent au jeu de la libre concurrence. Conformément à
l’article L. 464-9 du Code de commerce, le ministre chargé de l’économie peut enjoindre
aux entreprises de mettre un terme aux pratiques anticoncurrentielles visées aux arti-
cles L. 420-1 à L. 420-2-2 et L. 420-5 du Code de commerce ou contraires aux mesures
prises en application de l’article L. 410-3 du même Code dont elles sont les auteurs
lorsque ces pratiques affectent un marché de dimension locale, ne concernent pas des
faits relevant des 101 et 102 du TFUE [anciens articles 81 et 82 du traité instituant la
Communauté européenne] et sous réserve que le chiffre d’affaires que chacune
d’entre elles a réalisé en France lors du dernier exercice clos ne dépasse pas 50 millions
d’euros et que leurs chiffres d’affaires cumulés ne dépassent pas 200 millions d’euros. Le
ministre chargé de l’économie peut également, dans les mêmes conditions, leur
proposer de transiger.
710. Montant de la transaction. Le montant de la transaction ne peut excéder
150 000 € ou 5 % du dernier chiffre d’affaires connu en France si cette valeur est plus
faible. Les modalités de la transaction sont fixées par décret en Conseil d’État. L’exécu-
tion dans les délais impartis des obligations résultant de l’injonction et de l’acceptation
de la transaction éteint toute action devant l’Autorité de la concurrence pour les mêmes
faits. Le ministre chargé de l’économie informe l’Autorité de la concurrence des transac-
tions conclues.
711. Impossibilité de transiger. Il ne peut proposer de transaction ni imposer d’injonc-
tion lorsque les mêmes faits ont, au préalable, fait l’objet d’une saisine de l’Autorité de la
concurrence par une entreprise ou un organisme visé au deuxième alinéa de
l’article L. 462-1 du Code de commerce (par ex. : collectivités territoriales, organisations
professionnelles et syndicales, organisations de consommateurs agréées, chambres
d’agriculture, chambres de métiers ou chambres de commerce et d’industrie territo-
riales, etc.). Par exception, lorsque l’Autorité de la concurrence a rejeté la saisine sur le
fondement du troisième alinéa de l’article L. 462-8 du Code de commerce, le ministre
récupère sa faculté de transiger. En d’autres termes, le ministre reprend la main dans
l’hypothèse où l’Autorité de la concurrence rejette sa saisine par décision motivée
lorsque les faits invoqués peuvent être traités par le ministre chargé de l’économie en
application de l’article L. 464-9 du Code de commerce.
712. Refus de transiger. En cas de refus de transiger, le ministre chargé de l’économie
saisit l’Autorité de la concurrence. Il saisit également l’Autorité de la concurrence en cas
d’inexécution des injonctions prévues au premier alinéa ou des obligations résultant de
l’acceptation de la transaction.
713. Versement des indemnités transactionnelles. Les sommes issues de la transac-
tion sont versées au Trésor public et recouvrées comme les créances étrangères à l’impôt
et au domaine.
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CHAPITRE 14
Convention judiciaire
d’intérêt public
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714. Fondements juridiques. Nouvel instrument dans le paysage pénal français issu de
la loi Sapin II du 9 décembre 20161, la convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) est
promise à un bel avenir. Le dispositif est régi par l’article 41-1-2 du Code de procédure
pénale, auquel sont adjoints les articles R. 15-33-60-1 et suivants du même Code (CPP,
art. 41-1-2, V). Modifié en 20182, le régime juridique de la convention judiciaire d’intérêt
public ouvre une nouvelle voie pour le traitement négocié des infractions financières. Du
point de vue pénal, le XXIe siècle sera négocié ou ne sera pas.
715. Actualité. La première convention judiciaire d’intérêt public a été conclue en
octobre 2017 entre le procureur de la République financier près le tribunal de grande
instance de Paris et la banque HSBC (Provate Bank suisse SA), l’homologation ayant été
accordée en novembre 2017. L’intérêt est évident : éviter les condamnations au montant
hors du commun, telle la condamnation à 3,7 milliards d’euros pour démarchage
bancaire illégal et blanchiment aggravé de fraude fiscale en février 2019 dont UBS va
devoir s’acquitter.
716. Par qui ? La faculté de proposer une convention judiciaire d’intérêt public appar-
tient au procureur de la République. Il s’agit là :
– d’une prérogative facultative : rien ne le contraint à mettre en œuvre ce dispositif ;
– d’une prérogative discrétionnaire : il en fait usage à l’égard des personnes morales
pour lesquelles il estime l’usage de ce dispositif propice et pertinent.
717. À qui ? La proposition de conclure une convention judiciaire d’intérêt public
s’adresse uniquement aux personnes morales mises en cause pour certains délits spéci-
fiquement listés par l’article 41-1-2 du Code de procédure pénale (CPP, art. 41-1-2, I). A
contrario, la convention judiciaire d’intérêt public est inenvisageable pour les personnes
——
1. L. nº 2016-1691, 9 déc. 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la moderni-
sation de la vie économique : JO nº 287, 10 déc. 2016, texte nº 2.
2. L. nº 2018-898, 23 oct. 2018, art. 25.
210 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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personnes physiques. Ils sont informés, dès la proposition du procureur de la Répu-
blique, qu’ils peuvent se faire assister d’un avocat avant de donner leur accord à la
proposition de convention (CPP, art. 41-1-2, I, al. 4).
719. Pour quoi ? La convention judiciaire d’intérêt public a pour objet le traitement
pénal d’un ou de plusieurs délits qui se rapportent :
– à la corruption et au trafic d’influence (C. pén., art. 433-1, 433-2, 435-3, 435-4,
435-9, 435-10, 445-1, 445-1-1, 445-2 et 445-2-1) ;
– aux entraves à l’exercice de la justice (C. pén., art. 434-9, al. 3 et 434-9-1, al. 2) ;
– aux délits de fraude fiscale (CGI, art. 1741) et de falsification de documents compta-
bles (CGI, art. 1741) et leur blanchiment, ainsi que pour des infractions connexes.
720. Quand ? La convention judiciaire d’intérêt public peut être proposée « tant que
l’action publique n’a pas été mise en mouvement » (CPP, art. 41-1-2, I). Au-delà de ce
seuil fatidique, la convention judiciaire d’intérêt public devient déjà un lointain souvenir.
La mise en mouvement de l’action publique ferme la porte à cette convention.
B - Transmission de la proposition
724. Représentants visés. La proposition de convention est adressée aux représentants
de la personne morale mise en cause (CPP, art. 15-33-60-2, al. 1er).
CHAPITRE 14 – Convention judiciaire d’intérêt public 211
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– la dénomination sociale de la personne morale concernée ;
– un exposé précis des faits ainsi que la qualification juridique susceptible de leur être
appliquée ;
– la nature et le quantum des obligations proposées en application des 1º et 2º du I de
l’article 41-1-2, ainsi que les délais et les modalités dans lesquels elles doivent être
exécutées ;
– le cas échéant, le montant maximum des frais exposés pour le contrôle de la mise
en œuvre du programme de conformité qui sont supportés par la personne morale
mise en cause ;
– le cas échéant, le montant et les modalités de la réparation des dommages causés
par l’infraction (CPP, art. 15-33-60-2, al. 3).
727. Délai. Le procureur de la République indique le délai dans lequel la personne
morale lui fait part de son acceptation ou de son refus de la proposition de convention
par courrier signé de ses représentants légaux ou par déclaration faite par ces derniers
devant le procureur de la République qui en dresse procès-verbal (CPP, art. 15-33-60-2,
al. 4).
A - Procédure de validation
728. Compétence. Le président du tribunal judiciaire peut désigner, aux fins de valida-
tion de la convention judiciaire d’intérêt public, tout juge du tribunal (CPP, art. 41-1-2,
IV, al. 3).
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raître en application du neuvième alinéa de l’article 41-1-2 du Code de procédure
pénale, ainsi que la possibilité de se faire assister par un avocat (CPP, art. 15-33-60-3,
al. 2).
2) Audience de validation
732. Audience publique. Le président du tribunal procède à l’audition, en audience
publique, de la personne morale mise en cause et de la victime, assistées, le cas
échéant, de leur avocat. À l’issue de cette audition, le président du tribunal prend la
décision de valider ou non la proposition de convention, en vérifiant le bien-fondé du
recours à cette procédure, la régularité de son déroulement, la conformité du montant
de l’amende et la proportionnalité des mesures prévues aux avantages tirés des
manquements. La décision du président du tribunal, qui est notifiée à la personne
morale mise en cause et, le cas échéant, à la victime, n’est pas susceptible de recours
(CPP, art. 41-1-2, II, al. 2).
733. Absence de la victime. Si la victime est absente à l’audience, l’ordonnance du
président du tribunal lui est communiquée par tout moyen (CPP, art. 15-33-60-4, al. 2).
734. Issue de l’audience de validation. À l’issue de l’audience, l’ordonnance du prési-
dent du tribunal est immédiatement notifiée aux représentants légaux de la personne
morale et, le cas échéant, à la victime. Une copie leur est remise après émargement
(CPP, art. 15-33-60-4, al. 1er).
B - Résultats de la procédure
735. Résultats. Aux termes de la procédure, l’ordonnance du président du tribunal
conduit soit à valider la convention judiciaire d’intérêt public, soit à la rejeter.
1) Ordonnance de validation
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accomplies les obligations prévues. Ce document est accompagné si nécessaire de
plusieurs feuillets destinés à permettre le paiement de l’amende d’intérêt public, et
dont le modèle est arrêté par le ministre chargé du budget et le garde des Sceaux,
ministre de la Justice. Il comporte également une mention indiquant que si la personne
morale ne justifie pas de l’exécution intégrale des obligations prévues, le procureur de la
République décidera, sauf élément nouveau, d’engager des poursuites à son encontre
(CPP, art. 15-33-60-5, al. 2).
b) Rétractation
738. Rétraction. Si le président du tribunal rend une ordonnance de validation, la
personne morale mise en cause dispose, à compter du jour de la validation, d’un délai
de 10 jours pour exercer son droit de rétractation. La rétractation est notifiée au procu-
reur de la République par lettre recommandée avec demande d’avis de réception. Si la
personne morale mise en cause n’exerce pas ce droit de rétractation, les obligations que
la convention comporte sont mises à exécution. Dans le cas contraire, la proposition
devient caduque (CPP, art. 41-1-2, II, al. 3).
739. Information sur le délai de rétractation. Si le président du tribunal rend une
ordonnance de validation, celle-ci précise que la personne morale dispose d’un délai de
10 jours pour exercer son droit de rétractation par lettre recommandée avec demande
d’avis de réception adressée au procureur de la République (CPP, art. 15-33-60-5,
al. 1er).
740. Exercice du droit de rétractation. Si le président du tribunal ne valide pas la
proposition de convention, si la personne morale mise en cause décide d’exercer son
droit de rétractation ou si, dans le délai prévu par la convention, la personne morale
mise en cause ne justifie pas de l’exécution intégrale des obligations prévues, le procu-
reur de la République met en mouvement l’action publique, sauf élément nouveau. Si la
convention a été conclue dans le cadre d’une information judiciaire, le dernier alinéa de
l’article 180-2 est applicable. En cas de poursuites et de condamnation, il est tenu
compte, s’il y a lieu, de l’exécution partielle des obligations prévues par la convention
(CPP, art. 41-1-2, III, al. 1er).
741. Effet de la rétractation. Si la personne morale exerce son droit de rétractation, le
procureur de la République ne peut faire état devant la juridiction d’instruction ou de
jugement des déclarations faites ou des documents remis par la personne morale au
cours de la procédure prévue au présent article (CPP, art. 41-1-2, III, al. 2).
2) Rejet de la requête
742. Absence de validation. Si le président du tribunal ne valide pas la proposition de
convention ou si la personne morale exerce son droit de rétractation, le procureur de la
République ne peut faire état devant la juridiction d’instruction ou de jugement des
déclarations faites ou des documents remis par la personne morale au cours de la procé-
dure prévue au présent article (CPP, art. 41-1-2, III, al. 2).
214 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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A - Obligations incombant à la personne morale
743. Catégories. Deux séries d’obligations sont mentionnées par l’article 41-1-2 du
Code de procédure pénale : le paiement d’une amende d’intérêt public et la mise sous
contrôle dans le cadre d’un programme de mise en conformité.
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œuvre en son sein des mesures et procédures énumérées au II de l’article 131-39-2 du
Code pénal (CPP, art. 41-1-2, I, al. 1, 2º). Ce contrôle a une durée maximale de 3 ans.
Durant cette période, la personne morale est placée sous le contrôle de l’Agence fran-
çaise anticorruption (AFA).
749. Agence française anticorruption. Créée en 20163, l’AFA est un service à compé-
tence nationale, placé auprès du ministre de la Justice et du ministre chargé du budget,
ayant pour mission d’aider les autorités compétentes et les personnes qui y sont
confrontées à prévenir et à détecter les faits de corruption, de trafic d’influence, de
concussion, de prise illégale d’intérêt, de détournement de fonds publics et de favori-
tisme (L. nº 2016-1691, art. 1er).
750. Prise en charge des frais. Évidemment, le contrôle réalisé par l’AFA entraîne des
coûts de fonctionnement. Les frais occasionnés par le recours par l’AFA à des experts ou
à des personnes ou autorités qualifiées, pour l’assister dans la réalisation d’analyses juri-
diques, financières, fiscales et comptables nécessaires à sa mission de contrôle, sont
supportés par la personne morale mise en cause, dans la limite d’un plafond fixé par la
convention (CPP, art. 41-1-2, I, al. 2).
751. Communication à l’AFA. Lorsque la convention prévoit la mise en œuvre d’un
programme de conformité sous le contrôle de l’AFA, le procureur de la République lui
communique l’ordonnance de validation ainsi que la convention (CPP, art. 15-33-60-7,
al. 1er).
752. Obligations de l’AFA. L’AFA rend compte au procureur de la République, à sa
demande et au moins annuellement, de la mise en œuvre du programme. Elle l’informe
de toute difficulté. Elle lui communique, en outre, un rapport à l’expiration du délai
d’exécution de la mesure (CPP, art. 15-33-60-7, al. 2).
753. Difficultés d’exécution. La personne morale peut informer le procureur de la
République de toute difficulté qu’elle rencontre dans la mise en œuvre du programme
(CPP, art. 15-33-60-7, al. 3).
754. Réparation du préjudice des victimes. Lorsque la convention prévoit la répara-
tion du préjudice causé à la victime, la personne morale communique au procureur de
la République les éléments permettant de justifier de son exécution dans les délais pres-
crits (CPP, art. 15-33-60-8).
B - Effets de l’exécution
755. Pendant l’exécution. La prescription de l’action publique est suspendue durant
l’exécution de la convention (CPP, art. 41-1-2, IV, al. 1er).
——
3. Ibid.
216 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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poursuivre la réparation de leur préjudice devant la juridiction civile (CPP, art. 41-1-2,
IV, al. 2).
757. Informations. Lorsque la ou les obligations de la convention ont été intégralement
exécutées, le procureur de la République avise les représentants de la personne morale
et, le cas échéant, la victime de l’extinction de l’action publique (CPP, art. 15-33-60-9,
al. 1er). Le cas échéant, si la convention a été conclue dans le cadre d’une information
judiciaire, le procureur de la République informe également le juge d’instruction de
l’extinction de l’action publique (CPP, art. 15-33-60-9, al. 2).
Efficacité
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des actes
de règlement
amiable
Chapitre 15 Demande d’homologation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
Chapitre 16 Contrôle du juge homologateur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
Chapitre 17 Effet de l’homologation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
Prise en un sens étroit, l’homologation est une « approbation judiciaire à laquelle la loi
subordonne certains actes et qui, supposant du juge un contrôle de légalité et souvent
un contrôle d’opportunité, confère à l’acte homologué la force exécutoire d’une déci-
sion de justice »1.
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763. Intérêt. En résumé, l’homologation donne à l’acte homologué une force exécu-
toire. De cette façon, muni d’un acte revêtu de la formule exécutoire, « tout créancier
peut, dans les conditions prévues par la loi, contraindre son débiteur défaillant à
exécuter ses obligations à son égard » (CPC exéc., art. L. 111-1). Pour cela, il peut être
fait appel à un huissier de justice, dernier – mais non le moindre – maillon de la chaîne
de la justice.
764. Formule exécutoire. Concrètement, l’homologation consiste à apposer sur l’acte
une formule sacramentelle (v. infra)2. Cependant, en raison de la portée de
l’homologation, il s’agit d’un acte qui n’est pas anodin et dont les critères de contrôle
doivent être explicités.
765. Concurrence. Qui dispose de la prérogative de conférer à un acte la force exécu-
toire ? De ce point de vue, les notaires et les juges entrent en concurrence. Les notaires
disposent d’une compétence dans la rédaction des actes authentiques. Comme
l’énonce l’article 1er de l’ordonnance du 2 novembre 19453, « les notaires sont les offi-
ciers publics, établis pour recevoir tous les actes et contrats auxquels les parties doivent
ou veulent faire donner le caractère d’authenticité attaché aux actes de l’autorité
publique, et pour en assurer la date, en conserver le dépôt, en délivrer des grosses et
expéditions ». Néanmoins, ce monopole n’est en rien exclusif de l’office du juge. De
leur côté, les juridictions disposent de la faculté d’homologuer les accords conclus à
l’amiable. Il a été jugé que « la compétence des notaires ne s’oppose pas à ce que le
juge saisi sur requête donne force exécutoire à une transaction opérant transfert de
droits immobiliers, conférant ainsi judiciairement à celle-ci un caractère authentique,
permettant son enregistrement et sa publication sous réserve du respect des dispositions
régissant la publicité foncière »4.
766. Fondements juridiques. Formant un droit à part entière, les fondements juridi-
ques relatifs à l’homologation sont éparpillés entre sources internationales et euro-
péennes et sources françaises.
767. Sources internationales du droit de l’homologation. Jusqu’à présent, le droit
de la médiation et des modes amiables de règlement des différends était dépourvu de
tout équivalent à la Convention de New York du 10 juin 1958 pour la reconnaissance
et l’exécution des sentences arbitrales étrangères5. Aux fins de reconnaître et faire
exécuter plus aisément une sentence arbitrale hors des limites du territoire où elle a été
prononcée, cette convention internationale, en son article III, stipule que « chacun des
États contractants reconnaîtra l’autorité d’une sentence arbitrale et accordera l’exécu-
tion de cette sentence conformément aux règles de procédure suivies dans le territoire
où la sentence est invoquée ».
——
1. Cornu G. (dir.), Vocabulaire judiciaire, 2018, PUF, p. 509.
2. D. nº 47-1047, 12 juin 1947 : JO 13 juin 1947, p. 5487.
3. Ord. nº 45-2590, 2 nov. 1945 relative au statut du notariat : JO 3 nov. 1945, p. 7160.
4. Cass. 1re civ., 16 mai 2006, nº 04-13467 : Bull. civ. I, nº 243.
5. V. Gaillard E., Bermann G. A. (dir.), Guide du Secrétariat de la CNUDCI sur la Convention pour la
reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères (New York, 1958), 2017, Pedone.
PARTIE 6 – Efficacité des actes de règlement amiable 219
La lacune semble devoir être comblée sous peu. La Commission des Nations unies pour
le droit commercial international (CNUDCI), organe juridique créé par l’Assemblée géné-
rale des Nations unies, aux termes de la résolution 2205 (XXI) en 1966, a pour mission
d’harmoniser les règles du commerce international. La CNUDCI se montre singulière-
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ment active puisqu’elle est déjà à l’origine d’une loi type sur la conciliation commerciale
internationale en date de 2002. Par ailleurs, sous les bons auspices de la CNUDCI, une
convention internationale relative à la médiation a été adoptée définitivement à Singa-
pour le 20 décembre 2018, et sera ouverte à la signature des États à compter du 7 août
20196. Dernièrement, on signalera la conclusion, sous l’égide de la Conférence de La
Haye de droit international privé le 2 juillet 2019 de la Convention sur la reconnnais-
sance et l’exécution des jugements étrangers en matière civile ou commerciale.
768. Sources européennes du droit de l’homologation. Au titre du droit de l’Union
européenne, il convient de faire état de plusieurs sources. En premier lieu, entrent en
ligne de compte les règlements européens à vocation générale. Peuvent être
mentionnés :
– le règlement (CE) nº 1393/2007 du 13 novembre 2007 relatif à la signification et
notification dans les États membres des actes judiciaires et extrajudiciaires en
matière civile et commerciale7 ;
– le règlement (UE) nº 1215/2012 du 12 décembre 2012 concernant la compétence
judiciaire, la reconnaissance et l’exécution des décisions en matière civile et
commerciale8.
769. Directive Médiation. En second lieu, l’article 6 de la directive Médiation de 2008
impose aux États membres une série d’obligations afin de garantir le caractère exécu-
toire des transactions et autres accords amiables conclus sur le territoire de l’Union euro-
péenne et leur bonne circulation.
770. Directive Médiation. Obligations des États. Il ressort de ce texte trois séries
d’obligations :
– tout d’abord, les États membres veillent à ce que les parties, ou l’une d’entre elles
avec le consentement exprès des autres, puissent demander que le contenu d’un
accord écrit issu d’une médiation soit rendu exécutoire. Le contenu d’un tel accord
est rendu exécutoire, sauf si, en l’espèce :
• soit ce contenu est contraire au droit de l’État membre dans lequel la demande
est formulée,
• soit le droit de cet État membre ne prévoit pas la possibilité de le rendre exécu-
toire (dir. nº 2008/52/CE, 21 mai 2008, art. 6, § 1er) ;
– ensuite, le contenu de l’accord peut être rendu exécutoire par une juridiction ou
une autre autorité compétente au moyen d’un jugement ou d’une décision, ou
dans un acte authentique, conformément au droit de l’État membre dans lequel la
demande est formulée (dir. nº 2008/52/CE, 21 mai 2008, art. 6, § 2) ;
——
6. Brun J.-F., Bourgeois L., « La médiation sur le devant de la scène internationale », Option Finance
5 nov. 2018.
7. JOCE nº L 324, 10 déc. 2007, p. 79-120.
8. JOUE nº L 351, 20 déc. 2012, p. 1-32.
220 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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à l’homologation résultaient du fondement unique de l’article 1441-1 du Code de
procédure civile, créé par un décret de 19989, qui énonçait sobrement que « le président
du tribunal de grande instance, saisi sur requête par une partie à la transaction, confère
force exécutoire à l’acte qui lui est présenté ». Cette disposition avait l’avantage de
garantir l’unité des demandes. Depuis, les procédures de demande d’homologation se
sont multipliées dans le droit français de la médiation. Plusieurs procédures coexistant
les unes avec les autres, il n’est guère évident de faire émerger un régime juridique
unique. Sur ce point, l’article 21-5 de la loi du 8 février 1995 énonce simplement que
l’accord auquel parviennent les parties peut être soumis à l’homologation du juge, qui
lui donne force exécutoire. Ce faisant, il n’évoque qu’une faculté pour les parties sans
donner de renseignements ni sur les modalités à entreprendre pour demander ladite
homologation, ni sur le contrôle opéré par le juge homologateur. La seule information
est relative à l’effet de l’homologation qui confère à l’accord force exécutoire.
772. Annonce. Saisi d’une demande en ce sens (chapitre 15), le juge procède à un
contrôle en vue de l’homologation (chapitre 16), dont les effets doivent être étudiés
(chapitre 17).
——
9. D. nº 98-1231, 28 déc. 1998, art. 30, en vigueur le 1er mars 1999.
CHAPITRE 15
Demande
d’homologation
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773. Typologie. La demande d’homologation résulte notamment des articles 1565 et
suivants du Code de procédure civile, qui établissent un régime juridique commun à
l’ensemble des procédés de règlement amiable. Cependant, les instruments de règle-
ment amiable des différends étant très nombreux, chacun d’eux dispose d’un régime
juridique propre pour le dépôt d’une demande d’homologation. Pour le cas où une tran-
saction serait conclue en dehors de tout processus de règlement amiable, la demande
d’homologation est envisageable. Le juge est alors saisi par la partie la plus diligente ou
l’ensemble des parties à la transaction (CPC, art. 1567).
-- ---- --- ---- ---- --- ---- --- ---- --- ---- ---- --- ---- --- ---- --- ---- ---- --- ---- --- ---- --- ---- ---
Ces dispositions expérimentales sont écartées dans trois hypothèses particulières, à savoir :
– « si la demande émane conjointement des deux parents afin de solliciter l’homologation
d’une convention selon les modalités fixées à l’article 373-2-7 du Code civil » ;
– « si l’absence de recours à la médiation est justifiée par un motif légitime » ;
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– ou encore « si cette tentative de médiation préalable risque, compte tenu des délais dans
lesquels elle est susceptible d’intervenir, de porter atteinte au droit des intéressés d’avoir
accès au juge dans un délai raisonnable ».
Cette expérimentation n’a pas porté ses fruits. L’article L. 373-2-13 du Code civil a été actualisé
en 2016 (L. nº 2016-1547, 18 nov. 2016, art. 50) et dispose actuellement que « les dispositions
contenues dans la convention homologuée ou dans la convention de divorce par consente-
ment mutuel prenant la forme d’un acte sous signature privée contresigné par avocats déposé
au rang des minutes d’un notaire ainsi que les décisions relatives à l’exercice de l’autorité
parentale peuvent être modifiées ou complétées à tout moment par le juge, à la demande des
ou d’un parent ou du ministère public, qui peut lui-même être saisi par un tiers, parent ou
non ».
B - Juridictions administratives
780. Homologation. Médiation administrative. Dispositions générales. Saisie de
conclusions en ce sens, la juridiction peut, dans tous les cas où un processus de
CHAPITRE 15 – Demande d’homologation 223
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781. Double objet. Depuis sa réforme opérée en 2016, la convention de procédure
participative est dotée d’un double objet en fonction duquel les demandes d’homologa-
tion seront présentées de diverses façons.
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mineur a été informé de son droit à être entendu par le juge ou la personne désignée
par lui et à être assisté par un avocat (CPC, art. 1557, al. 3). A contrario, cela signifie
que l’accord peut concerner un mineur incapable de discernement. Pour notre part,
doivent alors figurer dans la demande d’homologation les éléments factuels démontrant
que l’enfant est dépourvu de discernement.
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titre de l’article 57 du Code de procédure civile.
790. Objet du litige résiduel. Si le différend résiduel est porté en justice, sa teneur est
figée par la requête communiquée au juge. L’objet du litige est déterminé par les
prétentions respectives des parties telles que formulées dans la requête (CPC,
art. 1561, al. 1er).
L’état du litige demeure celui fixé dans le cadre de la convention de procédure participa-
tive. En principe, sont prohibées toutes modifications des prétentions et des fondements
juridiques.
791. Exceptions. Toutefois, le Code de procédure civile ménage deux exceptions à ce
principe :
– d’une part, les parties ne peuvent modifier leurs prétentions, si ce n’est pour :
• actualiser le montant d’une demande relative à une créance à exécution
successive,
• opposer un paiement ou une compensation ultérieurs,
• faire juger les questions nées de l’intervention d’un tiers ou de la survenance ou
de la révélation d’un fait postérieur à l’établissement de l’accord (CPC, art. 1561,
al. 2) ;
– d’autre part, les parties ne peuvent modifier le fondement juridique de leur
demande ou soulever de nouveaux moyens qu’en vue de répondre à l’invitation du
juge de fournir les explications de fait ou de droit qu’il estime nécessaires à la solu-
tion du litige (CPC, art. 1561, al. 3).
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794. Annonce. De façon globale, les modalités de contrôle sont régies par les arti-
cles 1565 et suivants du Code de procédure civile. Cependant, le contrôle opéré par le
juge dans le cadre d’une homologation reste relativement mystérieux quant à sa portée.
En revanche, les résultats auxquels peut aboutir le contrôle opéré par le juge sont plus
clairs.
A - Compétence de l’homologation
796. Juge compétent. Quel est le juge compétent pour connaître de la demande
d’homologation ? La réponse à cette question appelle plusieurs remarques :
– premièrement, la qualité d’homologateur revient uniquement au juge. Aucune autre
autorité ne peut s’y substituer, notamment un notaire ;
– deuxièmement, l’article 1565 du Code civil indique qu’il s’agit, en principe, du juge
« compétent pour connaître du contentieux dans la matière considérée » (CPC,
art. 1565, al. 1er). Dans certaines matières, le juge homologateur est formellement
identifié. Par exemple, la transaction proposée par le maire et acceptée par le
contrevenant doit être homologuée par le procureur de la République (CPP,
art. 44-1, al. 2). Toutefois, la transaction peut également consister en l’exécution,
au profit de la commune, d’un travail non rémunéré pendant une durée maximale
de 30 heures. Elle doit alors être homologuée, selon la nature de la contravention,
par le juge compétent du tribunal de police (CPP, art. 44-1, al. 25) ;
228 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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l’homologation de la transaction et les litiges nés de son exécution relèvent de la
compétence du juge judiciaire, hormis le cas où il est manifeste que les différends
qui s’y trouvent compris ressortissent principalement à la compétence du juge
administratif1.
B - Critères de l’homologation
797. Prérogatives. Les prérogatives conférées au juge à l’occasion d’une demande
d’homologation sont strictement encadrées. Ce dernier ne peut pas modifier les termes
de l’accord qui lui est soumis (CPC, art. 1565, al. 2). Partant, le juge ne dispose que
d’une palette d’option très réduite. L’alternative est simple : soit il homologue, soit il
refuse d’homologuer sans faculté de retirer certaines clauses de l’accord ou d’en trans-
former la substance. Le juge homologateur peut toutefois vérifier si la transaction
soumise à son homologation est dépourvue de caducité, notamment lorsqu’un associé,
alors qu’il lui en incombait l’initiative, n’a pas demandé à son associé, la mise en œuvre
de son engagement dans le délai convenu2. Le juge ne peut que refuser l’homologation
sans statuer sur le fond. En ce sens, il a été jugé que le contrôle du juge ne peut porter
sur la validité de l’acte à homologuer, lequel n’est susceptible d’être rescindé que par le
juge du fond3.
798. Étendue du contrôle. Sur quels aspects porte le regard du juge homologateur ?
L’analyse des décisions montre une grande disparité des points de vue.
799. Jurisprudence ancienne. Sous l’empire de l’ancien article 1441-4 du Code de
procédure civile, il était admis que « lorsque le président du tribunal de grande
instance statue [...] sur une demande tendant à conférer force exécutoire à une transac-
tion, son contrôle ne peut porter que sur la nature de la convention qui lui est soumise et
sur sa conformité à l’ordre public et aux bonnes mœurs »4. Le juge de cassation imposait
à l’homologateur un contrôle a minima.
Par un arrêt du 10 septembre 20145, la première chambre civile de la Cour de cassation
ajoute une précision importante en énonçant qu’« il entre dans les pouvoirs du juge de
refuser de rendre exécutoire une transaction dont il a constaté l’absence de formation ».
Dans un sens identique, est rejetée à bon droit la demande d’homologation d’une tran-
saction présentée par un administrateur investi d’une mission d’assistance, et non de
représentation6.
——
1. T. confl., 1re ch. civ., 18 juin 2007, nº 07-03600 : Bull. civ. T. confl., nº 20.
2. Cass. 1re civ., 3 oct. 2018, nº 17-21879, inédit.
3. CA Reims, 20 nov. 2006, Moreau c/ SARL Bioneptune Technologie, inédit.
4. Cass. 2e civ., 26 mai 2011, nº 06-19527 : Bull. civ. II, nº 120.
5. Cass. 1re civ., 10 sept. 2014, nº 13-11843, publié ; CA Versailles, 1re ch., sect. 1, 30 janv. 2014,
nº 13/05846, inédit.
6. Cass. com., 23 sept. 2014, nº 13-21686, publié.
CHAPITRE 16 – Contrôle du juge homologateur 229
800. Absence de contradictoire. Le juge statue sur la requête qui lui est présentée
sans débat, à moins qu’il estime nécessaire d’entendre les parties (CPC, art. 1566,
al. 1er). Cette absence de débat et de contradictoire n’est pas contraire à l’article 6,
§ 1er de la Convention européenne des droits de l’homme7.
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801. Juge administratif, juge de l’homologation d’une transaction administra-
tive. En droit administratif, la transaction ne requiert pas nécessairement une homolo-
gation pour constituer un titre exécutoire depuis un avis du Conseil d’État datant de
20028. Récemment, l’arrêt SA GECINA du 10 février 20149 a réaffirmé le contrôle
minimal que doit exercer le juge administratif : « il appartient [...] au juge administratif,
qui se prononce en tant que juge de l’homologation, de vérifier que les parties consen-
tent effectivement à la transaction, que l’objet de celle-ci est licite, qu’elle ne constitue
pas de la part de la collectivité publique une libéralité et qu’elle ne méconnaît pas
d’autres règles d’ordre public ». En outre, il précise qu’« en cas d’homologation de la
transaction, le juge administratif doit constater le non-lieu à statuer sur la requête ou,
dans le cas où la partie requérante aurait subordonné son désistement à l’homologation
de la transaction, donner acte de ce désistement ; qu’en revanche, le refus d’homologa-
tion entraînant la nullité de la transaction, il appartient dans cette hypothèse au juge de
statuer sur la requête ».
A - Délivrance de l’homologation
803. Homologation. Si le juge homologue, l’accord, résultant de la médiation/concilia-
tion/convention de procédure participative/transaction est revêtu de la formule exécu-
toire. S’il est fait droit à la requête, tout intéressé peut en référer au juge qui a rendu la
décision (CPC, art. 1566, al. 2).
804. Voies de recours. Existe-t-il des voies de recours ? L’homologation empêche-t-elle
toute autre action judiciaire ? Le cas échéant, quel juge est compétent pour connaître de
cette dernière ? Le Code de procédure civile demeure silencieux sur cette question. Pour-
tant, deux hypothèses se dégagent en jurisprudence, la contestation étant envisageable
par voie d’action ou par voie d’exception.
805. Voies d’action. Par voie d’action, tout d’abord, il est possible de faire reconnaître
la nullité de l’acte devant la juridiction compétente, soit devant le juge de l’exécution10.
——
7. CA Paris, 30 mai 2017 : RG no 15/13.239, inédit.
8. CE, ass., avis, 6 déc. 2002, nº 249153, Syndicat intercommunal des établissements du second cycle du
second degré du district de L’Haÿ-les-Roses.
9. CE, 10 févr. 2014, préc.
10. CA Paris, pôle 4, ch. 1, 29 sept. 2017, nº 13/22075, Samy B. c/ Pearl Yvonne S., inédit.
230 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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806. Voies d’exception. Par voie d’exception, ensuite, le justiciable peut tenter
d’exciper en défense de la nullité de l’acte homologué, singulièrement devant le juge
de l’exécution à l’occasion de la contestation de la saisie exercée sur le fondement de
ce titre. Effectivement, le juge de l’exécution connaît, de manière exclusive, des diffi-
cultés relatives aux titres exécutoires et des contestations qui s’élèvent à l’occasion de
l’exécution forcée, même si elles portent sur le fond du droit, à moins qu’elles n’échap-
pent à la compétence des juridictions de l’ordre judiciaire (COJ, art. L. 213-6, al. 1er). Dès
lors, le juge de l’exécution peut se prononcer sur la nullité d’un engagement résultant
d’un acte notarié exécutoire invoquée pour absence prétendue de l’une des conditions
requises par la loi pour la validité de sa formation12.
B - Refus de l’homologation
807. Refus d’homologation. La décision qui refuse d’homologuer l’accord peut faire
l’objet d’un appel. Cet appel est formé par déclaration au greffe de la cour d’appel. Il
est jugé selon la procédure gracieuse (CPC, art. 1566, al. 3). Cela étant, le refus d’homo-
logation, en tant que tel, ne remet pas en cause la validité de l’engagement.
——
11. Cass. 1re civ., 28 sept. 2017, nº 16-19184, Société Banque CIC, Nord Ouest, publié.
12. Cass. 2e civ., 18 juin 2009, nº 08-10843 : Bull. civ. II, nº 165.
13. CE, avis, 6 déc. 2002, nº 249153.
CHAPITRE 16 – Contrôle du juge homologateur 231
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tive serait compétente, le juge saisi de conclusions recevables tendant à l’homologation
de cette transaction vérifie que les parties consentent effectivement à la transaction, que
l’objet de cette transaction est licite, qu’elle ne constitue pas de la part de la collectivité
publique intéressée une libéralité et qu’elle ne méconnaît pas d’autres règles d’ordre
public.
811. Sanction. Si l’une de ces conditions vient à manquer, l’absence d’homologation
emporte nullité de la transaction.
812. Prérogatives du juge homologateur. Pour exercer le contrôle qui lui incombe, le
juge dirige une instruction contradictoire, écrite ou orale. La demande d’homologation
est communiquée à toute personne qui aurait eu la qualité de partie dans une telle
instance. Lorsque le contrat de transaction doit être adressé au représentant de l’État
pour l’exercice du contrôle de légalité, la demande d’homologation portant sur ce
contrat lui est communiquée. Le juge peut demander à toute personne de produire des
observations susceptibles d’éclairer sa décision. Il peut ordonner aux parties à la transac-
tion la production de tout élément susceptible de compléter son information et peut
refuser l’homologation au seul motif qu’il ne dispose pas des éléments d’appréciation
nécessaires. Il dispose de tous les moyens d’investigation mentionnés au titre II du livre VI
du Code de justice administrative.
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CHAPITRE 17
Effet
de l’homologation
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813. Objectif de l’homologation. L’homologation a pour but de conférer à l’acte
présenté à cet effet la force exécutoire. Toutefois, être homologué et revêtu de la
formule exécutoire n’empêche pas toute contestation de l’acte. Enfin, de nombreux
textes internationaux et européens facilitent la circulation des titres exécutoires par-
delà les frontières.
1• FORCE EXÉCUTOIRE
814. Effet unique. Les enseignements en matière d’effet de l’homologation résultent
d’un arrêt prononcé le 28 septembre 2017 par la deuxième chambre civile de la Cour
de cassation, qui énonce que « l’homologation d’un accord transactionnel [...] a pour
seul effet de lui conférer force exécutoire »1. En vérité, pour saisir l’ampleur de cette
force exécutoire, il est nécessaire de se reporter aux dispositions du Code des procédures
civiles d’exécution relatives au titre exécutoire.
815. Intérêt. L’intérêt de l’homologation est simple à circonscrire. Tant qu’un acte n’est
pas revêtu de la formule exécutoire, il demeure lettre morte. En ce sens, « nul jugement,
nul acte ne peut être mis à exécution que sur présentation d’une expédition revêtue de
la formule exécutoire, à moins que la loi n’en dispose autrement » (CPC, art. 502). Grâce
à l’onction de l’homologation octroyée par le juge, le créancier peut contraindre son
débiteur défaillant à exécuter ses obligations à son égard (CPC exéc., art. L. 111-1,
al. 1er). Effectivement, l’acte homologué constitue un titre exécutoire. Or, le créancier
muni d’un titre exécutoire constatant une créance liquide et exigible peut en poursuivre
l’exécution forcée sur les biens de son débiteur dans les conditions propres à chaque
mesure d’exécution (CPC exéc., art. L. 111-2).
816. Formule exécutoire. Un décret du 12 juin 19472 matérialise la formule exécutoire.
Selon ce décret, les expéditions des arrêts, jugements, mandats de justice, ainsi que les
grosses et expéditions des contrats et de tous les actes susceptibles d’exécution forcée,
seront intitulées ainsi qu’il suit :
« République française
——
1. Cass. 2e civ., 28 sept. 2017, nº 16-19184.
2. D. nº 47-1047, 12 juin 1947 relatif à la formule exécutoire : JO 13 juin 1947, p. 5487.
234 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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généraux et aux procureurs de la République près les tribunaux de grande instance d’y
tenir la main, à tous commandants et officiers de la force publique de prêter main-forte
lorsqu’ils en seront légalement requis.
En foi de quoi, le présent arrêt (ou jugement, etc.) a été signé par... »
817. Titre exécutoire. Aux termes de l’article L. 111-3 du Code des procédures civiles
d’exécution, seuls constituent des titres exécutoires, pour ceux qui intéressent le
domaine de la médiation et de la résolution amiable :
– les accords auxquels les juridictions de l’ordre judiciaire ou de l’ordre administratif
ont conféré force exécutoire ;
– les extraits de procès-verbaux de conciliation signés par le juge et les parties ;
– les actes notariés revêtus de la formule exécutoire ;
– les accords par lesquels les époux consentent mutuellement à leur divorce par acte
sous signature privée contresignée par avocats, déposés au rang des minutes d’un
notaire selon les modalités prévues à l’article 229-1 du Code civil ;
– le titre délivré par l’huissier de justice en cas de non-paiement d’un chèque ou en
cas d’accord entre le créancier et le débiteur dans les conditions prévues à
l’article L. 125-1 du Code des procédures civiles d’exécution.
2• CONTESTATION
818. Obstacle. L’homologation emporte-t-elle purge de tout vice que l’acte contient ?
La réponse est négative. Selon une décision de la deuxième chambre de la Cour de
cassation déjà citée, « l’homologation d’un accord transactionnel qui a pour seul effet
de lui conférer force exécutoire ne fait pas obstacle à une contestation de la validité de
cet accord devant le juge de l’exécution »3. Usuellement appelé le « JEX », le juge de
l’exécution voit sa tâche déterminée par les articles L. 213-6 et suivants du Code de
l’organisation judiciaire ainsi que par les articles L. 121-1 et suivants du Code des procé-
dures civiles d’exécution. Conformément à ces dispositions4, le JEX connaît, de manière
exclusive, des difficultés relatives aux titres exécutoires et des contestations qui s’élèvent
à l’occasion de l’exécution forcée, même si elles portent sur le fond du droit, à moins
qu’elles n’échappent à la compétence des juridictions de l’ordre judiciaire.
Au vu du champ de compétences accordé au JEX, il n’est guère étonnant que la nature
du contentieux porté à sa connaissance englobe aussi bien la contestation de la validité
de la délivrance de l’homologation que celle de l’accord homologué.
819. AGS. Précédemment, la jurisprudence a pu être tentée de limiter le champ des
potentiels contestataires. Dans le contentieux du travail, la chambre sociale de la Cour
——
3. Cass. 2e civ., 28 sept. 2017, nº 16-19184.
4. COJ, art. 213-6, modifié par L. nº 2019-222, art. 95, 31º.
CHAPITRE 17 – Effet de l’homologation 235
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ment très restrictive.
——
5. Cass. soc., 25 janv. 2006, nº 03-45444, AGS et al. c/ M. Senéquier-Crozet et al. : Bull. civ. V, nº 22,
p. 21.
6. Règl. (UE) nº 1215/2012 du PE et du Cons., 12 déc. 2012 concernant la compétence judiciaire, la
reconnaissance et l’exécution des décisions en matière civile et commerciale : JOUE nº L 351, 20 déc.
2012, p. 1-32.
7. Règl. (UE) nº 1215/2012, art. 2, b.
8. Dir. nº 2008/52/CE du PE et du Cons., 21 mai 2008 sur certains aspects de la médiation en matière
civile et commerciale.
236 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
823. Union européenne. Régimes matrimoniaux. Pour ce qui est des matières
spéciales, et singulièrement les conflits familiaux, la réglementation n’est pas en reste.
Rénovées par les règlements (UE) nº 2016/1103 (régimes matrimoniaux) et nº 2016/
1104 (effets patrimoniaux des partenariats enregistrés) du Conseil du 24 juin 20169, les
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modalités sont fixées à l’article 60 de chacun de ces règlements. Consacré à la force
exécutoire des transactions judiciaires, cet article prévoit que les transactions judiciaires
qui sont exécutoires dans l’État membre d’origine sont déclarées exécutoires dans un
autre État membre à la demande de toute partie intéressée. Les transformations ont
été opérées par un décret du 24 décembre 201810.
——
9. Règl. (UE) nos 2016/1103 et 2016/1104 du Conseil du 24 juin 2016 mettant en œuvre une coopéra-
tion renforcée dans le domaine de la compétence, de la loi applicable, de la reconnaissance et de
l’exécution des décisions en matière de régimes matrimoniaux et d’effets patrimoniaux des partena-
riats enregistrés.
10. D. nº 2018-1219, 24 déc. 2018 portant diverses mesures de procédure civile relatives à la reconnais-
sance transfrontalière des décisions en matière familiale, à la communication électronique et au rôle
du ministère public en appel : JO nº 298, 26 déc. 2018.
Index
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A – serment, 431
Accord issu d’un MARD, 547 et s. Conciliation, 17, 27, 109 et s.
Actes introductifs d’instance, 75 et s. – conciliation déléguée, 252 et s.
Actions de groupe, 333 et s. – conciliation menée, 426 et s., 438 et s.
– matière administrative, 343 et s. – conciliation prud’homale, 122 et s.
– matière judiciaire, 335 et s. – fonction conciliatrice du juge, 96 et s.
Agence française anticorruption, 748 et s. – juge de la mise en état, 112 et s.
AGS, 819 – règlement amiable obligatoire, 111 et s.
Amiable composition, 108 – saisie des rémunérations, 156 et s.
Arbitrage, 16 – sécurité sociale, 153 et s.
Assignation, 77 et s. – sécurité sociale, 467 et s.
Autorité de la concurrence, 704 et s.
– tribunal de commerce, 117 et s.
Autorité des marchés financiers (AMF), 690 et s.
– tribunal judiciaire, 110 et s.
Autorité parentale, 227, 793
Conciliation prud’homale, 122 et s.
C – absence de conciliation, 152 et s.
Certification, 70 et s. – bureau de conciliation, 127 et s.
Circulation, 820 et s. – demande de requalification, 137 et s.
CNOSF, 476 – déroulement de la conciliation, 139 et s.
CNUDCI, 3, 64 – dispenses, 136
Commission nationale des inventions de salariés, – habilitation à concilier, 140
451 et s. – historique, 122 et s.
Comportements économiques abusifs, 689 et s. – non-comparution, 141 et s.
Composition administrative, 690 et s. – préliminaire de conciliation, 132 et s.
Conciliateur de justice, 427 et s. – procès-verbal, 145 et s.
– cessation des fonctions, 432 et s. Confidentialité, 53, 175, 190, 268
– gratuité, 435 Conflits familiaux, 823
– nomination, 428 et s. Conseil de l’Europe, 5
– non-renouvellement des fonctions, 432 Consommation, 22
238 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:889409774:88872837:196.200.176.177:1580229309
– exécution, 743 et s. Justice réparatrice, 479 et s., 504
– ordonnance de validation, 735 et s. Justice restaurative, 503 et s.
– programme de mise en conformité, 748 et s.
L
– proposition, 721 et s. Listes auprès des cours d’appel, 232 et s.
– rétractation, 738 et s. – assemblée générale des magistrats, 242 et s.
– validation, 728 et s. – conditions d’établissement, 235 et s.
– conditions requises des personnes, 236 et s.
D
– contestations, 250 et s.
Déclarations, 77 et s.
Défenseur des droits, 632 et s. – dépôt de la candidature, 240 et s.
DGCCRF, 646 et s. – radiation, 247
Discrimination, 632 et s. – retrait, 248
Disponibilité des droits, 60 et s. Loi du 8 février 1995, 25, 31 et s.
Divorce, 82 et s., 226 – accord des parties, 42
Droit collaboratif, 537 et s. – champ d’application, 33 et s.
– confidentialité, 53 et s.
E – dénomination, 44
Expertise, 105, 774 – disponibilité des droits, 60 et s.
– finalité du processus, 41 et s.
F
– mode de désignation, 45
Fonction conciliatrice du juge, 96 et s.
– principes, 48 et s.
Force exécutoire, 814 et s.
– processus structuré, 37
Formule exécutoire, 817
– tiers, 38 et s.
G
M
Gratuité, 435
Médiateur
H – médiateur de l’AMF, 389 et s., 690 et s.
Harcèlement moral, 470 et s. – médiateur de La Poste, 454
Homologation – médiateur des entreprises, 460 et s.
– conciliateur de justice, 778 – médiateur du crédit, 459 et s.
– demande, 773 et s. Médiation
– effets, 813 et s. – définition, 32 et s.
– juge homologateur, 794 et s. – harcèlement moral, 470 et s.
– médiation conventionnelle, 776 et s. – médiation administrative, 264 et s.
– médiation judiciaire, 777 et s. – médiation conventionnelle, 353 et s.
– notion, 762 – médiation des litiges de consommation, 380 et s.
– portée, 795 et s. – médiation en ligne, 23, 63 et s.
– sources, 767 et s. – médiation judiciaire, 179 et s.
– médiation pénale, 484 et s.
I – notion, 16 et s.
Impartialité, 50 Médiation administrative, 264 et s.
Injonction de faire, 116 – confidentialité, 268 et s.
Inventions de salariés, 451 et s. – Conseil d’État, 273
INDEX 239
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– rôle du médiateur, 280 et s. – Commission européenne, 700 et s.
Médiation conventionnelle, 353 et s. – engagements, 700 et s., 705
– champ d’application, 371 et s. – transaction, 703, 707 et s.
– clause de médiation, 358 et s. Professions libérales et réglementées, 478 et s.
– demandes reconventionnelles, 376
– interruption, 370 R
– irrecevabilité des demandes en justice, 374 et s. Régimes matrimoniaux, 823
– médiateur, 356 et s. Règlement amiable agricole, 314 et s.
– procès équitable, 369 – déroulement de la procédure, 317 et s.
– régularisation, 378 – exécution de la procédure, 322 et s.
Règlement amiable devant la CEDH, 173 et s.
– report, 366
Règlement amiable obligatoire, 111 et s.
– sources, 353 et s.
Règlement en ligne des litiges, 23, 64
– suspension des délais de prescription, 365 et s.
Requêtes, 77 et s.
Médiation des litiges de consommation, 380 et s.
Médiation judiciaire, 179 et s. S
– appel incident, 184 Saisie des rémunérations, 156 et s.
– audience, 222 Secret professionnel, 69
– champ d’application, 181
– confidentialité, 190 T
– divorce, 226 et s. Technicien, 105
– durée, 198 et s. Tiers, 38 et s.
– juge, 193 et s. – compétence, 51
– listes auprès des cours d’appel, 232 et s. – diligence, 52
– litiges individuels du travail, 182 – impartialité, 50
– médiateur, 202 et s. – qualité, 49 et s.
– médiation familiale, 224 et s. Titre exécutoire, 817
– objet, 187 Transaction civile, 18, 554 et s.
– péremption d’instance, 185 – communicabilité, 605
– pouvoirs du juge, 188 – concessions réciproques, 562, 570 et s.
– rémunération du médiateur, 210 et s. – consentement, 566
– résultats de la médiation, 218 et s. – contenu, 565
– rôle du médiateur judiciaire, 206 et s. – droit de la sécurité sociale, 590 et s.
Mineur, 568, 793 – droit des assurances, 595 et s.
– droit du travail, 587 et s.
P – écrit, 575
Partage successoral, 81, 379 – effet déclaratif, 585
Pratiques anticoncurrentielles, 697 et s. – effet extinctif, 584
Préalable à la saisine du tribunal judiciaire, 85 et s.
– effet obligatoire, 581 et s.
Procédure de conciliation du livre VI du Code de
commerce, 282 et s. – effet relatif, 583
Procédures collectives, 281 et s. – évolutions, 556 et s.
Procédures de règlement des conflits collectifs de – notion, 554 et s.
travail, 475 et s. – qualification, 560 et s.
240 MÉMENTOS – DROIT DE LA MÉDIATION ET DES MARD
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– validité, 564 et s. Transactions fiscales, 679 et s.
Transaction pénale, 610 et s. Transactions judiciaires, 382
– acceptation, 618 et s. Travail dissimulé, 668 et s.
– discrimination, 632 et s. Tribunal judiciaire, 85 et s., 110
– fondement, 613 et s. Tribunal paritaire de baux ruraux, 168
– moment, 617 et s. U
– objet, 615 et s. Union européenne, 6, 21
Bibliographie
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442878605:88872837:196.200.176.177:1580231375
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