Chapitre 4

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Chapitre 4 : Energie hydraulique

1. Introduction

Au même titre que l'air, l'eau est un élément primordial à la vie, et le principal constituant des
êtres vivants, sans elle, il n’y aurait aucune forme de vie sur terre. L'eau représente 73 % de
notre planète, et 60 % de notre corps. Son volume (environ 1,4 milliard de km3). Il se
renouvelle plus ou moins vite et reste globalement stable, c’est toujours la même eau qui
circule et se transforme en permanence à travers le cycle de l’eau. Ainsi l’eau représente la
plus importante source d'énergie renouvelable (l'énergie hydraulique). l'énergie hydraulique
est en fait une énergie cinétique liée au déplacement de l'eau comme dans les courants marins,
les cours d'eau, les marées, les vagues ou l'utilisation d'une énergie potentielle comme dans le
cas des chutes d'eau et des barrages. C’est une énergie renouvelable, stockable, et durable.

2. Historique de l’énergie hydraulique

L’eau fut une des premières sources d’énergie utilisées. Depuis plus de 2000 ans, où
l’homme utilise la force de l’eau qui coule pour remplacer celle des bras dans ses activités
artisanales, que se soit, pour moudre les grains, broyer des minerais, scier le bois et la pierre
ou encore forger les métaux. Un moulin à eau remplaçait 40 esclaves pour moudre le blé !
Le principe du moulin à eau consiste à poser une roue sur une rivière. En tournant, elle
actionne un mécanisme qui produit un mouvement régulier utilisé pour moudre des céréales,
pomper de l’eau…etc. Cette forme d’énergie explose à partir de la fin du 19e siècle, quand on
réussit à produire de l’électricité à partir de la force de l’eau, c’est celle qui a permis que la
révolution industrielle du xixe siècle ait lieu : mines, forges, filatures, papeteries, ont pris leur
essor avec les roues puis avec les turbines hydrauliques, bien avant d’utiliser le charbon

3. Définition

L’énergie hydraulique ou énergie hydroélectrique fonctionne un peu comme l’énergie


éolienne. Elle exploite l’énergie potentielle des flux d’eau en s’écoulant ou en chutant d’une
grande hauteur, ou crées artificiellement à partir des retenues de barrage, ou courants marins
pour faire tourner une turbine qui transmet cette énergie à un générateur capable de produire
de l’électricité. Plus l’eau coule vite, plus l’énergie produite est importante. 18% de la
production d’énergie électrique mondiale est d’origine hydraulique. Elle constitue la première
source renouvelable et la troisième source - toutes filières confondues - de production
électrique au monde.

4. Source d’énergie hydraulique

Sous l'action du soleil, l'eau des océans et de la terre s'évapore. Elle se condense en nuages qui
se déplacent avec le vent. La baisse de température au-dessus des continents provoque des
précipitations qui alimentent l'eau des lacs, des rivières et des océans. Le soleil évapore
chaque année en moyenne 980 litres d'eau par mètre carré de la surface terrestre, au total
500.000 km 3. Environ 22 % de l’énergie de rayonnement solaire atteignant la terre est
nécessaire pour conduire ce cycle de l'eau.

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Fig.4.1.Cycle de l’eau

5. Principe de fonctionnement des centrales hydrauliques

Une centrale hydraulique ou hydroélectrique transforme l’énergie potentielle de l’eau lors de


la descente dans une conduite forcée en énergie cinétique linéaire, puis cette énergie
cinétique linéaire est convertie en énergie cinétique de rotation dans une turbine hydraulique.
Cette turbine entraîne un alternateur dans lequel l’énergie cinétique de rotation est
transformée en énergie électrique.

Fig.4.2. Principe de fonctionnement des centrales hydrauliques

6. Puissance d’une chute d’eau

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En effet, la puissance d'une chute d’eau dépend de la hauteur de la chute et du débit du cours
d'eau. Le choix de l'emplacement d'une centrale hydro-électrique dépend donc de ces deux
facteurs.
La puissance disponible est donnée par l'équation:

P = 9,8 Q H …………………………………….………………………………..4.1

P : puissance hydraulique, en kilowatts [kW]


Q : débit en mètres cubes par seconde [m3/s]
H : hauteur de la chute, en mètres [m]
9,8 : accélération pesanteur [m/s2]

Pour avoir une puissance importante, le produit Q.h doit être le plus élevé possible. L'idéal est
d'avoir un grand débit sur une grande hauteur de chute. Malheureusement ces deux conditions
sont rarement réunies.
A cause des pertes de charge qui représentent 5 à 10% de la hauteur de chute, liées à la
rugosité et la singularité (coudes, élargissement, rétrécissement) de la conduite, la puissance
mécanique collectée sur l'arbre de la turbine est inférieure à la puissance fournie par l'eau.
Cependant, le rendement des turbines hydrauliques est élevé: de l'ordre de 80 à 94 % pour les
grosses unités. Dans les alternateurs, la transformation de la puissance se fait à un rendement
de 97 à 98,5 %.

Exemple 1.1
À la centrale de Beauharnois près de Montréal, le fleuve Saint-Laurent a un débit de 5000
m3/s. Sachant que la hauteur de la chute est de 24 m, calculer la puissance hydraulique
disponible pour faire tourner les turbines.

Solution
a) La puissance hydraulique est:
P = 9,8 Q h
= 9,8 x 5000 x 24 = 1176000 kW
= 1176 MW

7. Eléments d'une centrale hydraulique

Une centrale hydroélectrique se compose de :

7.1. La retenue ou une prise d’eau


Elle capte une partie du débit de la rivière. De grandes quantités d'eau s'accumulent et forment
un lac de retenue. Elle agit un peu comme un robinet, on peut l’activer et lui demander de
produire de l’électricité seulement quand on a besoin.

7.2 La conduite forcée de l'eau


C’est elle qui achemine l’eau sous pression jusqu’à la turbine. Une fois l'eau stockée, Le canal
d'amené dirige l'eau à travers une pente favorable vers la centrale hydraulique, située en
contrebas. elle est caractérisée par sa longueur et son diameter.

7.3. Le dessableur
Lors de son engouffrement dans les canaux vers la centrale hydraulique, l’eau peut
transporter des quantités importantes de matière (feuilles, morceaux de bois sable,

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gravir…etc.) qui pourraient endommager rapidement les vannes. Alors on fait recours à des
bassins plus larges que les canaux, qui permettent de ralentir l'écoulement et ainsi laisser les
particules solides s'y déposer. Ainsi on utilise des grilles fines aux sorties des desableurs pour
filtrer les petites articules, et sont oublier le nettoyage périodiquement.

7.4. La production d'électricité


La centrale regroupe tous les équipements électro-mécaniques de l'installation qui permettent
un bon fonctionnement :

7.4.1. La turbine : est un dispositif rotatif issu des roues à eau qui utilise l'énergie cinétique
de flux l’eau (hydraulique) pour produire l’énergie mécanique. Elle varie selon ses fonctions.
On distingue :
 La turbine Pelton: ou turbine à action, adaptée aux très hautes chutes supérieures à 200 m
et de puissance maximale possible de 350 MW. L'eau arrive en deux jets de forte pression
contre le pourtour de la roue équipée de pales en forme de godets.

Fig.4.3.Turbine Pelton

La turbine Francis: ou turbine à réaction, convient aux moyennes chutes comprises entre
20 et 350 m et de puissance maximale possible de 1 000 MW. L'eau est dirigée contre les
pales de la turbine par des ailettes de guidage, puis rabattue vers le centre de la roue.

Fig.4.4.Turbine Francis

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 La turbine Kaplan et hélice: adaptée aux très basses chutes, normalement inférieures à
30 m, et de puissance maximale possible de 400 MW ;
 Le group bulbe, de type entièrement immergé, adaptés aux basses chutes également mais en
moyenne plus basses que pour les turbines Kaplan (environ 20 m maximum) ;

Fig.4.5.Turbine Kaplan et hélice

 Le groupe turbine-pompe: machine réversible, qui équipe les centrales d'accumulation par
pompage.
7.4.2. L’alternateur
Il peut être synchrone ou asynchrone suivant les cas (centrale isolée ou raccordée au réseau)
Il transforme l'énergie mécanique fourni par la turbine pour produire un courant électrique.
7.4.3. la vanne de garde :
Placée à l'entrée de la centrale, elle régule le débit dans la turbine.
7.4.4. les organes de contrôle et de commande de l'installation :
Il s'agit des interrupteurs, du système de régulation, des compteurs ;
7.4.5. L'adaptation de la tension
Un transformateur élève la tension du courant électrique produit par l'alternateur pour qu'il
puisse être plus facilement transporté dans les lignes à très haute et haute tension.

7.5. La chambre de mise en charge


Pour garantir que la conduite forcée est en tout moment en eau, on utilise des petits bassins.

7.6. Le canal de fuite ou de restitution


L'eau turbinée qui a perdu de sa puissance rejoint la rivière par un canal spécial appelé canal
de fuite.

8. les différents types d'aménagements

Selon la puissance nominale, la situation géographique, la hauteur de la chute, et la nature du


barrage on distingue différents types de centrales hydrauliques:

8.1. Selon la puissance nominale : on distingue :


 micro-hydro-électricité : puissance inférieure à 100 kW ;
 mini-hydro-électricité : puissance comprise entre 100 kW et 2 MW ;
 petite hydro-électricité : puissance comprise entre 2 MW ET 10 MW ;
 grande hydro-électricité : puissance supérieure à 10 MW.

8.2. Selon la hauteur de chute

8.2.1. Centrale à haute chute

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Dans ce type d'installation, les barrages sont situes en altitude entre 200 et 2000m relié par
une galerie d'amenée qui peut mesurer une dizaine de kilomètres à une conduite forcée. Elles
bénéficient généralement d’une dénivellation ou hauteur de chute très important, ce qui
permet d’avoir une vitesse et une pression très élevées de l’eau dans la conduite. Elles
utilisent généralement une turbine fonctionne grâce à l'énergie cinétique de l'eau, qui s'appelle
Pelton.

Fig.4.6. Centrale hydraulique à haute chute

8.2.2. Les centrales de moyenne chute ou d’éclusée


Elles sont utilisées dans les grands fleuves à haut débit ou moyenne chute comprise entre 30
et 300 m et un dénivelé assez fort. Dans ce type d'installation, la centrale électrique se trouve
au pied du barrage et la hauteur de chute est donc bien plus faible ce qui conduit à une vitesse
d’eau plus faible. On peut quand même obtenir de grandes puissances grâce à un débit plus
grand en utilisant une turbine de type Francis

Fig.4.7. Centrale de moyenne chute ou d’éclusée

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8.2.3. Les centrales de basse chute ou centrales au fil de l’eau
On appelle centrales à basse chute, les centrales installées sur de grands fleuves à faible chute
(entre 5 et 30 mètres) et à très fort débit. Contrairement au barrage de haute chute, le barrage
au fil de l’eau utilise principalement le débit du fleuve pour produire de l’électricité. Le débit
de certains de ces barrages peut être phénoménal. Dans ce cas on utilise la turbine Kaplan à
pales orientables qui tournent très lentement à cause de la faible chute d'eau.

Fig.4.8. Centrale de basse chute ou centrales au fil de l’eau

8.2.4. Les stations de transfert d'énergie par pompage (STEP)


Une station de transfert d'énergie par pompage - STEP - fonctionne en circuit fermé à partir
de deux réservoirs. En mode production, l’eau libéré de la retenue supérieure à la retenue
inférieure actionne la turbine et produit de l’électricité. Pendant les périodes creuses, le
processus est renversé, les alternateurs fonctionnent alors comme des moteurs synchrones et
entraînent les turbines qui deviennent d'énormes pompes pour renvoyée l’eau de la retenue
inférieur vers la retenue supérieur en utilisant l’énergie excédentaire ou de faible coût (éolien,
photovoltaïque). Contrairement aux aménagements de lac ou au fil de l’eau, les STEP
permettent de stocker de grandes quantités d’énergie, disponibles quand on veut.

Fig.4.9. Stations de transfert d'énergie par pompage (STEP)

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9. Avantages et inconvénients de l’énergie hydraulique

L'hydroélectricité est une source d'énergie qui présente de nombreux atouts :


 Renouvelable : l’eau se renouvelle plus ou moins vite à travers le cycle de l’eau;
 non polluante : elle n’émet pas de déchets ou de gaz à effet de serre lors de la
production d'électricité;
 économique : c’est l’énergie renouvelable qui coûte le moins cher;
 stockable : contrairement au solaire ou à l’éolien, les centrales hydroélectriques sont
donc capables de stocker de grandes quantités d’énergie potentielle de l’eau dans les
barrages et de la restituer quand la demande d’électricité augmente ;
 maîtrisée : grâce à des années d’expérience acquises à transformer la puissance de
l’eau en énergie, l’être humain a parfaitement appris à maîtriser les différentes
techniques utilisées;
 flexibilité : le système des barrages permet de pouvoir facilement régler l’intensité du
débit d’eau et la production d’énergie finale pour s’adapter aux besoins du réseau.

Il existe cependant des freins importants à ce développement :


 Des investissements lourds : la construction d’un grand barrage d’envergure sûr et
durable nécessite des coûts de génie civil importants.
 Des impacts environnementaux : sans études sérieuses et anticipées, les barrages ont
des conséquences irréversibles sur les écosystèmes : disparition des forêts, d'espèces
animales et végétales.
 Des impacts humains : la construction de grands ouvrages entraîne des déplacements
de population très importants, qui dans certains pays, ne reçoivent pas de
compensations à hauteur du préjudice (logement, emploi…). La construction du
gigantesque barrage des Trois Gorges en Chine a déplacé près de 2 millions de
personnes, détruit des milliers de terres agricoles, de villages et des centaines de sites
archéologiques.
 Le risque de sécheresse : il est clair qu’une éventuelle sécheresse peut avoir des
impacts fortement négatifs sur l’ensemble de la production

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