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wit | 19 MARS 2020 Dans sa Lettre pastorale 2020, M8" Piat ii Yune des principales sources de violence souterraine dans notre société. Le racisme est destructeur, notamment parce qu'il conduit a des discriminations, le contraire de la méritocratie. Il est donc important de comprendre ce qu’est le racisme pour mieux le déraciner, en levant quelques interrogations a son sujet. on entifie, a juste titre, le racisme comme e racisme est destructeur, notamment hostilité ou méme agression, inspirés par cette parce qu'il conduit a des discriminations, _croyance. le contraire de la méritocratie. Il est donc important de comprendre ce qu'est le racisme Le racisme dans sa forme actuelle est parti pour mieux le déraciner, en levant quelques de théories pseudo-scientifiques de la race interrogations a son sujet es au XIX@ siécle en Europe, notamment lle de Joseph Arthur Gobineau (1816-1882) sée sur les différentes couleurs de peau Le racisme est un systéme de pensée fondé et celle de Vacher de Lapouge (1854-1936) sur la croyance quill existerait des « races » basée sur la forme du crane dans Tespéce humaine et une hiérarchie ou rond), entre elles. races se distingueraient ainsi par des A un deuxiame niveau, le racisme désigne les caractéristiques physiques (couleur de la comportements de mépris, rejet, intolerance, forme des cheveux, forme de la téte...) 44 NUT | LAVIECATHOLIQUE - 13 - 19 MARS 2020 Réflexion Aux traits physiques seraient associés des traits de caractére, cette association servant a établir’ une hiérarchie entre lesdites « races » : blanc intelligent ; jaune courageux ; noir = paresseux, etc. Lidée de supériorité/infériorité est donc centrale dans la notion de race. Elle sert a justifier les comportements négatifs envers les « races » désignées comme inférieures. Or, le généticien italien Alberto Piazza devait démontrer en 1997 que la race ainsi décrite est un concept sans fondement biologique. Grace aux progrés de la génétique, il est désormais prouvé que les races sont une construction sociale, sans réalité scientifique. Dailleurs, pour réaliser des transfusions sanguines, c'est uniquement le groupe sanguin qui est pris en compte. Certainement pas la race ! © Réponse : NON, on ne « nait » pas raciste, on le devient par conditionnement social. Méme s'il est vrai quill fait appel @ des réflexes irrationnels, le racisme ne peut pas étre un réflexe biologique, latent ou inné, puisque la race nest qu'une construction sociale. © Sommes-nous tous racistes par réflexe d’auto-défense ? Le racisme, en combinant croyance et action, est une véritable idéologie qui vise a affir- mer la domination d'une « race » considérée comme supérieure sur les autres, et a justifier la soumission des intéréts des autres aux siens. C'est ainsi que le racisme sert a justifier des politiques de discrimination et marginalisa- tion (ghettos), de ségrégation (apartheid), d'exploitation (esclavage), voire d’élimination (genocides). * Réponse : NON. Loin d'étre un simple mécanisme naturel d’auto-défense, le racisme est done une invention humaine destinge & agresser lAutre, servant soit & le dominer politiquement, soit & 'exploiter économique- ment, ou méme a le détruire. Le sociologue Michel Wieviorka explique qu'il existe différents degrés du racisme : ~ Le préjugé racial est la forme élémentaire du racisme. II est lié a des frustrations ou difficultés personnelles chez des personnes qui ont une faible estime d'elles-mémes. Uhostilité dirigée envers l'autre sert alors & se donner une meilleure image de lui-méme. - La discrimination raciale : elle consiste & se servir de la race comme prétexte pour accorder a l'autre un traitement différencié et le priver de certains droits ou ressources. La discrimination raciale peut s'exercer dans différents domaines : accés a l'emploi, & éducation, au logement... - La violence raciste : c'est le degré le plus haut de racisme, le passage @ l'acte. Selon Michel Wieviorka, elle se développe quand le racisme rencontre des conditions favorables, en particulier lorsque |'Etat et les institutions lencouragent ou tout simplement le tolérent en ne le punissant pas assez séverement. Au final, le racisme est toujours une violence, parce qu'il nie a celui qui en est victime sa part d'humanité. Il reste au stade de violence symbolique lorsquiil est de ordre du mépris, du préjugé. Mais il peut trs vite passer au stade de violence réelle. Cette violence réelle n'est pas nécessairement physique, car la discrimi- nation est déja une forme de violence. Si nous voulons lutter contre le racisme et la discrimination raciste, il est donc essen- tiel de le faire & tous les niveaux : individuel, communautaire, institutionnel et étatique. Mais avant tout, il faut partir sur de bonnes bases, en étant conscient que le racisme nest ni inné, ni héréditaire, et quil n'est pas un simple réflexe d'auto-défense mais un outil politico-identitaire de discrimination que rien ne justifie. Catherine Boudet, docteur en Science politique 45

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