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TN ae i OS rele te Les 5 grands de l’électronique Spécimen gratult eur demende * Revue. me do technique expliquée at appli quée fondée en 1834 (11 numécos per an). ‘Tral- tant de tous les aspects de ‘électronique, eile est Jue par tous les techniciens spécialieés de agent technique & T'ingénieur de recherche Leo SF ‘Aboanement (un an) : France 45 F; Etranger 85 F. * Revue mensuelle fondée en 1970 et consacrée principalement a l'étude de lappar grand Public » et audio-visuel (10 numeros par an). Une art importante tralte des méthodes et appareile modarnea de meauree et de dépennage. S'edresae aux revendeurs, artisans, dépanneurs et étudiants. Le n° 3,50 F ‘Aboanement (un an) : France 30 F; Etranger: 40 F. * Revue fondée en 1955 et s'adressant aux promo- teurs et utiisateurs des méthodes et appareils Sloctroniques appliques @ tous lea domaines de "induetrie (16 numéros par an) Le n° 7,50 F ‘Abonnement (un an) : France 65 F; Etranger 120 F” * Hebdomadaire fondé en 1985, destiné aux cadres supérioura de l'industrie et contenant toutes las. nouvelles tachniques, commerciales, financiéres ‘et syndicales. Le n® 2,50 F Abonnement (un an) : France 75 x tranger 100 F. Revue mencuelle fondée on 1972 (11 numéros par an). Seule revue en France spécialisée dans les techniques et applications industrielles de l'auto- rmatigation, Le nt 10 F Abonnerent {un an) : France 100 F; Etranger 130 F ————— SOCIETE DES EDITIONS RADIO 9, rue Jacob, Paris (6%) - Tél.: 0331365 e “LE TRANSISTOR ?.. Mais c’est trés simple! AUTRES OUVRAGES DU MEME AUTEUR : Se Iles dotes sont celles des premiéres éditions) * COUVRAGES ANCIENS ET EPLIISES J'ai compris la T.S.F. (préface du Professeur R. Mesny, 1926, traduit en 22 langues). Epuisé. ‘Les postes de T.S.F, alimentés par le secteur (1930). Epuisé. Phototélégraphie et Télévision (préface de M. Edouard Belin, 1930). Epuisé. Théorie et pratique de 2M revlon (en collaboration avec . Aschen, 1932). Préeis de Redivélectricité (en collaboration avec A, Néoussikhine 1933). Epuisé. Manuel Technique do Ia Redio (en collaboration avec H. Gilloux et R, Soreau, 1937). Epuisé. Cours Complémentai je Radioélectricité (1941). Epuisé, Dépannage professionnel Radio (1942). Epuisé. 8 récepteurs (1942). Epuisé La modulation de fréquence et ses applications (1945), Epuisé. Amélioration et modernisation Méthode dynamique de dépannage et de mise au point (en colla- boration avec A. et G. Nissen, 1945). Epuisé. Mothémetiques pour techniciens. Arithmétique et algebre. Epuisé. La Radio?... Mais c’est trés simple! (1936). Epuisé. * OUVRAGES ACTUELS tubes (en collaboration avec R. Deschepper et L. Gaudillat) ion?... Mois c'est trds simple! (Traduit en 17 langues.) La Télévision en couleurs?... C’est presque simple! (en collabo. ration avec J.-P. Doury). ‘La Radio et la Télévision?... Mais c'est trés simple! E. AISBERG LE TRANSISTOR ?.. Mais c’est trés simple ! PRINCIPES PHYSIQUES DE BASE CARACTERISTIQUES FONDAMENTALES APPLICATIONS DANS DIVERS MONTAGES RADIO-RECEPTEURS Dessins marginaux de POL FERJAC Septiéme édition * SOCIETE DES EDITIONS RADIO 9, rue Jacob - Paris 6° LES TRADUCTIONS DE CET OUVRAGE ONT PARU DANS LES LANGUES SUIVANTES : & BULGARE (echnika, Sofia) + ESPAGNOL (Ediciones Morcombo, Barcelone.) + HEBREU (Editions Marcus, Jerusalem.) se - HOLLANDAIS (Eaitions Kluwer, Deventer.) + HONGROIS (Tancsics Kényvkiado, Budapest.) a ITALIEN (t Rostro, Milan.) * POLONAIS (Wydewnietwa Naukowo-Technicene, Varsovie.) RUSSE (Bditions Energia, Moscou.) % SLOVAQUE (Vydetelstvo Technickoj Literatury, Bratislava.) Deeutres traductions sont en préparation, ee ee ee arom remen | toimaie’ DAD Hewrme 80 Ye Sor a 2 sone nse | ee [oem cin ein ie | nt es a | | © by E, AISBERG, Paris 1972 Ne dEeiteur ; 985 — Né dmprimeur = 997 PREFACE Que nous étions done tranguilles en snivant la lente ct paisible évalution de la technique radio-. Et ceux-ci ont eu du mal & ee convertir aux nouvelles notions et conceptions imposées par les triodes & cristal. Quels sont les outils servant & une telle conversion? Il existe nombre d’excellents ouvrages de haute technique consacrés aax ‘ors; mais lenr lecture nécessite des connaissances poussées de mathé- matiques et de la physique des solides dont I'accés est plutét malaisé. En revan- che, rares sont Jes bons livres, de niveau moyen, destinés anx prati de Ia radio désirenx de pénétrer dans le monde des transistors, comprendre Jes phénoménes physiques qui s'y déroulent et pouvoir analyser san peine le composition des montages modernes utilisant ces ¢ bétes & trois patter ». Cependant, Ia nécessité de tel onvrages d'initiation se fait sentir avee acuité. Les contacts quotidiens ayee de nombreux professionnels et amateure nous ont démontré a quel point, pour In plupart, ils méconnaissent la théorie élémentnire des transistors. Voila pourquoi nous avons teaté de védiger un livre 'adressant & ceux qui possédent déja des connaissances de hase en matitre de radiolectricité (ne seraitce qu’au niveau de < Le Radio? Mais est trés simple! ») et veulent, sans trop de difficulté, s'initier & la techniqu> particuliére des transistors. La tache n’était gnére facile. Le transistor pose des problémes autcement ardus que le tube électronique. Liinterdépendance de tous set paramétres, Ia faible résistance d’entrée, Taction de la chaleur, autant d'obstacles sur le chemin qui conduit vers la compréhension de !a nouvelle technique. ‘Voila pourquoi, a Forigine, ce livre devait étre intitulé « Le ‘Transistor!, Mais ce n'est pas si simple ». (Une phrase du premier paragrephe en donne, ailleurs, Pénoneé.) Mais au fur et 4 mesure que nous écrivions lee eauseries composant ce volume, nos deux personnages, Carioens et Ignotns, sont parvenus i: nour convainere que leur facon de voir les choses n'avait rien de complexe. Il était dés lore légitime d’adopter un titre semblable & ecux de nos livres consacrés & Ia radio et a la télévision. Est-ce & dire que le contenu des pages qui euivent pourra étre assimilé sans Jo moindre effort? Assurément pas. Le lecteur devra déployer la plus grande attention et n’avancer dans l'étude qu'aprés avoir bien appris Jes notions de base. Que Phumour et Ia légéreté des dessins marginaux ne eréent pas dans ton esprit une illusion de facilité excessive! Ces croquis aident & comprendre, complatent Je texte et procurent une détente dont nous ne saurions sous estimer la valeur didactique. Mais pour acquérir des conaaissances, il faut travailler, travailler avan ar , avec applieation et — surtout — avec régalarité. Certains trouveront dans notre exposé des choses qu’ils connaissaient déja telles que la conatrnetion de Ia droite de charge ou les conditions optima de transfert de puissance, Tant micux pour eux! D’autres devront, en revanche, faire un réel effort d'imagination pour comprendre usage des courbes carac- téristiques anquel nous faisons souvent appel. Que l'on ne cherche pas ici la théorie compléte et rigoureuse des tran! tors. Quon uy cherche pas davantage des plane de réalication d’apparci veriés, Notre propos était de faire comprendre. De la masse des notions et dos montages formant une technique en pleine évolution, nous nous sommes efforeé de dégager Vessentiel, laissant de cété ce qui semblait étre éphémére. Lea deux personages dont le vivant dialogue est consigné dans Jes pages qui saivent n'ont rien de docte ni de grave. Ils sont résolument de Pavis de Monteequien qui affirmait que < la gravité est Ie bonheur des imbéciles >. Aussi, espérone-nons que Je lecteur, en avancant dans Tétnde de ces pages, aura le double plaisir de s’instruire en se distrayant. Crest la grace que nous Ini souhaitons. EA. NOTE POUR LA SEPTIEME EDITION En onze ans, ce livre aura puru en sept éditions, Et ses traductions en neuf langues ont également connn un grand succes, C'est ainsi que Jea deux éditions en langue russe, totalisant 400.000 exemplaires, ont &é épuinées en 48 heures! Cela démontre intérét sans cesse croissant a Végard du tran. sistor qui, en pen d’années, a conquis tous les domaines de Yélec- tronique et continue a progresser victorieusement. Ses nouveaux développements nous ont conduit a procéder a de nombreusrs modifications ct a ajonter & la présente édition une mise & jour sous forme d’nne lettre placée & la fia du volume et passant co zemue les récente progrés accomplis dans le domaine des cemicondus- urs. CE QU’IL FAUT SAVOIR avant de commencer |’étude de ce livre — SYMBOLES DES UNITES — SYSTEME DECIMAL —4 m - mitre W - watt M - méga (1.000.000) g - gramme F - farad i - Kilo (1000) = seconde H- henry am + milli (0,001) V - volt He + hertz u - micro (0,000 001) A + ampare (période n= nano (0,000 000 001) a+ ohm par seconde) pico (0,000,000 000 001) En placant Je symbole du préfixe décimal avant celui de Tunité, om obtient divers multiples et sous-multiples parmi lesquels citons 4 titre exemple : mm - millimetre mY - millivolt pF - picofarad us - microseconde u¥ - mierovolt kHz - kilohertz mA - milliampére ‘MQ - mégohm ‘MHz - mégahertz nA - microampére aF - microfarad mW - milliwatt I SENS DU COURANT Le courant électrique est formé par | courant aille du positif au négatif.) le déplacement des électrons. Ceux-el. dans le cireuit extérieur, vont du né- a zatif nu positif. Tel est le sens du cou: | "Stance, il y détermine une chute de Zant adopté tout au Tong des pages | ‘emsion- Liexirémité de Ia résistance qui suivent. (Crest le contraire du | constituant Yentrée du courant de~ sens conventionnel qui veut que le | vient négative par rapport A sa sortie. Quand le courant traverse une ré- NOTATIONS ADOPTEES Au fur et & mesure que nous ferons connaissance avec différentes carac- téristiques du transistor, nous utiliserons les notations suivantes : I, - courant de l’émetteur r, - résistance d’entrée 1, ~ courant de base 1, + résistance de surtie 1, - courant de collecteur a - amplif. de courant en B.C. E, - tension de base 8 - amplif. de courant en E.C. E, - tension de collecteur + amplif. de courant en C.C. ~ taux de contre-réaction interne Les tensions des sources seront désignées par U. A désignera toujours une trés faible variation de la grandeur que cette lettre grecque (delta) précide. Mais — rassurez-vous — point nest besoin d’apprendre ces nvtations wancet Et maintenant écoutons parler Curiosus et Ignotus... LES PERSONNAGES Curiosus, jeune professeur d’électronique, ayant jadis appris ies bases de radio-électricité de son oncle Radiol; il est toujours prét & satisfaire I'inépuisable curiosité de son ami... Cuqiosus . Ignetus, qui fut son premier éléve. Leurs causeries sont relatées dans deux livres (e La Radio?... Mais c'est trés simple! » = et ¢ La Télévision?... Mais cest trés simple! ») of fon constate ee t=) i que, si le personnage manquait parfois de certaines connais- sances élémentaires, i| était, en revanche, doué d'une fuculle d‘assimilation peu commune, Actuellement Ignotus est employé comme agent technique dans une usine de récepteurs radio. ‘Tevorus PREMIERE CAUSERIE On ne peut pas comprendre aisément le fonctionnement des tran- sistors sans avoir approfondi certaines notions de physique et de chimie concernant la composition et l'association des atomes. C'est & quoi nos deux amis s‘emploient dans la conversation qu’on lira ci-dessous. ‘SOMMAIJRE : Semiconducteurs. - Fonctions et avantages du treo sistor. - Action de la chaleur sur les transistors. - Limites de fréquence de et de puissance. - Molécules. - Atomes. - Protons, neutrons et élees trons. - Répartition des électrons sur couches lonisation. - Nom- bre de valence, - Réseau cristallin. LA VIE DES ATOMES Ignotus victime des transistors. Cunusus. — Content de vous revoir, cher emi, Aves vous paccé de bonnes vacances? Tcxores, — Non, hélas. ‘Cor, — Le temps fut-il inclément, le ciel couvert et la mer démontée? To. — Au contraire, nous bénéliclimes d'un temps idéal. Mais il n’était’ pas possible de se reposer sur la plage, car de tous cités les estivants faisaient hurler leurs postes & transistors. Sous les feux croisés des chanteuses sans voix et des airs de danse sauvages, mes nerfs étaient soumis & une rude épreuve, Et, de sureroit, désireux de 10 = = comprendre comment ces transistors parvenaient a faire tant de bruit, J'ai essayé de lire des livres qui devaient m’en révéler 1a théorie et Les ‘applications... Je n'y ai rien compris! ‘Cun, — Je congois Tamertume que vous 2 causé cet échec. Mais que votre amour-propre n’en souflre pas: les transistors, croyez-moi, ce n'est pas si simple! En ouvrant le Congrés International des Tran sistors qui, en mai 1959, s'est tenu A Londres, lord Hamsuam a dit: ‘« Je ne pense pas que, méme dans les pays les plus industrialisés, une personne sur dix mille soit capable d’expliquer ce qu'est un transistor ou méme ce que sont les semiconducteurs. > Io, — Cela me console d’autant plus que je crois pouvoir dire ce gu'est un semiconducteur, Cun, — Bravo, Ignotus! Atlez done: eances. Les bétes a trois pattes. Ig, — Eh bien, un semiconducteur doit avoir une résistivité inf niment supérieure & celle des conducteurs, moais aussi bien inférieure & celle des isolants. Cun, — Clest juste, encore que passablement vague. Disons, pour préciser qu'un semiconducteur tel que le germanium (Gui est princl- palement employé pour la fabrication des transistors) a une résistivité 300 millions de fols supérieure a celle du cuivre. Mais elle est up tmalllion de millions de fois inférieure a celle du verre. Ta, — En somme, il est, dans Véchelle des résistivités, plus proche des conducteurs que des isotants? Cor. — Oui. Et c'est parce qu'il conduit ies courants & sa facon, que le germanium permet de fabriquer les « bétes trois pattes >. Ig, — Qu'appelez-vous ainsi? Con, — C'est le nom que Yon pout donner aux transistors (ou ¢ triodes & cristal >), car ils sont pourvus de trois fils de connexion. Yc, — En somme, le transistor, si jal bien compris, remplace Je tube électronique. Peut-il en assumer toutes les fonctions? Et quels en sont Jes avantages? ‘Con. — Me voll noyé sous une pluie de questions!... Oui, mon cher Ignotus, comme un tube électronique, le transistor peut amplifier ou détecter des signaux; {1 est capable d'engendrer des oscillations Glectriques; et on peut le charger du changement de fréquence et de toutes les autres fonctions des tubes & vide. Quant aux avantages, il en posséde de nombreux. Et pour commencer, absence de chauffage. Ic. — C’est magnifique! On n'a donc pas besoin d'une source de courant spéciale de chauffage, comme pour les lampes? Cun. — Non, Et de ce fait, les transistors se mettent & fonctionner instantanément, dés quills sont mis sous tension, alors que les tubes exigent une attente de plusieurs dizaines de secondes avant que leurs cathodes atteignent la température nécessaire a ['émission normale des électrons. Ic. — Je pense aussi que Pabsence de chauffage doit déterminer un meilleur rendement éuergéttque, Cur, daus les lubes & vide, une bonne partie de Vénergie procurée par les sources d’alimentation est perdue sous forme de chaleur. CuR, — C'est exact, Les transistors ne connaissent pas ce déplerable gaspillage des watts qui s'en vont en inutiles celories et qui caractériso toutes les « lampes de radio ». LA oii un tube électronique consomme facilement 2 ou $ W, un transistor se contente d'une trentaine de raites Gtalage de vos connais- milliwatts, done d'une puissance cent fois plus faible. Et a la place des quelque 200 V que demandent les tubes de réception, le transistor, lui, est parfaitement satisfait @’une tension de moins de 10 V. Ic. — En somme, une ou deux piles classiques pour lampes de poche devraient sutfire pour satistaire l'appétit modique d'un récepteur 4 transistors? Cum. — Oui, c'est bien ainsi que sont alimentés lee postes portatifs qui vous ont rendu Vexistence impossible sur la plage. 11600.600 900 00 900 090 0.000 090 00 000 000 “00 000 000 90 000 100 000 a00 600 ‘a 000 oo 00a 100 aoe 00 1 000 000, 19 000 100 0,01 0,001 0,000 001 Ouse Ma Packt Piptyring imac Pach ~ ISOLANTS [LITT II ITY e i = Tig. 1. — Réportition des principaux conducteurs, semiconducteurs et isolonts, ‘en fonetion do leur résistivité, On notora que la rétistivité des somiconducteurs varie dans de tris larges proportions, en sorte que, sur notre échelle, ‘occupent dex plages plus ou moins lerges. Ia, ~- Peut-on également penser que les transistors sont plus robustes, et ont une existence plus longue que les tubes électroniques, puisqu’ils n'ont pas de fragile filament ni de cathode dont Vémission électronique ‘nit par s'appauvrir? Cor. — C'est exact. Le transistor se distingue ct par sa robustesse fear il Sagit d'un morceau de cristal de germanium ou de silicium, pourvu de trols connexions et enfermé dans un boitier), et par son ioible poids et ses trés petites dimensions. Ta. — C'est magnifique! Rien que des avantages et pas de défauts! Le revers de la médaille. Cur. — Voila bien le danger des jugements hatifs! Hélas, le transistor & aussi certains detauts. Le plus grave est quit supporte tres mal 1a chaleur. Au-deld de 55°C, son rendement tombe assez rapidement; et, Dorté A plus de 85°C, il ne retrouvera plus ses qualités initiales, une fois refroidi (1). Cest dui moins le cas des transistors au germanium. Ceux au silicium supportent allégrement des températures bien plus élevées {@) Certains transistors de puissance supportent des températares eigaant 1005. Ou'y patvient En y Incorporant des doses elstivement 12 180°C ne leur font pas peur. Car dans le silicium, les électrons de 1a couche extérieure sont plus solidement liés au noyau, comme vous te verrez plus tard. Ic, — Je vous promets done de ne jamais approcher mon fer & souder dun transistor. Cor. — Et vous ferez bien. D’ailleurs, pour effectuer des soudures sur les connexions des transistors, on doit intercepter les calories déga- gées par la panne du fer, afin qu’elles natteignent pas le corps du transistor. To, — Et comment fait-on? Cur. — Tout bonnement en serrant une portion du fil de connexion entre le transistor et le point de la soudure, dans les machoires d'une pince plate... D'ailleurs, les fabricants des transistors établissent les connexions en fil mauvais conducteur de chaleur (mais, heureusement, bon conducteur de courantt). Ic. — ¥ a-til d'autres reproches que vous puissiez formuler 2 Yencontre du transistor? Cun, — Malheureusement, oui, C’est sa limitation en fréquence et ‘en puissanee, Il ne peut pas fonctionner & plus de quelque mille méga~ hertz, Te. — Ce west déja pes si mal, si Yon songe que le mégaherts c'est un million de périodes par seconde. Cor. — Et il ne peut pas non plus fonctionner a des puissances élevées, car la chaleur qui est alors dissipée dans le corps du transistor en compromet Je rendement. On ne dépasse guére 100 W. Tc. — Pensez-vous que ce soient 18 des défauts prohibitits? Cun, — Assurément pas, Depuis qu'll a été inventé, en 1948, par trois physiciens américains, BarpzEn, BRarram et SuocKuRY (auxquels il a valu le prix Nobel), te transistor fut sans cesse amélioré. Et, d’ores et déja, 1 remplace avantageusement le tube & vide dans Ia plupart Ge ses applications. Mais je ne pense pas que pour autant on renonce tun jour complétement & l'emploi des tubes électroniques. Retour aux sources. Ie. — Maintenant que je ne suis plus assailli par le discordant ensemble des petits récepteurs de plage, j'a2 plus que jamais envie de comprendre comment fonctionnent les transistors et de quelle maniére on peut les utiliser. ‘Cox. — Chose curicuse: autant les circuits associés aux transistors dans les montages usuels sont simples, autant les phénoménes qui s° aéroulent dans ces minuscutes ‘riodes & cristal sont passablement ‘complexes. Ic, — Puisque vous pariez «triode s, je suppose qu'il y a, dans le transistor, une cathode, une grille et une anode. Cur. — On y trouve, en effet, des régions qui, dans une certaine mesure, jouent un réle analogue 4 celui des électrodes d'une triode : emissian d'un Hux d’électrons, reglage de son intenstté et sa capialios. Et, si vous voulez aller vraiment vite, je peux briévement vous exposet Yemplot des transistors sans en analyser le principe de fonctionnement. Le désirez-vous? Ic. — Non, Je préftre comprendre ce qui se passe en réalité. Vous m’aver. habitué & raisonner et & analyser le mécanisme des phénoménes ‘étudiés. Restons dans la tradition. Des molécules et des atomes. Cur. — Vous avez raison, Mais, dans ce cas, il faut que nous commeneions par le commencement, c'est~i-dire par la constitution de la matiére. Te. — Il me semble que c'est 1a.. une matiére que nous connaissons bien. La plus petite particule d'une substance qui en_ garde toutes leo propriétés chimiques s'appelle molécule, dit mon livre de physique. ‘Cur. — Il oublie d'ajouter que nous connaissons actuellement environ un demi-million de différentes molécules résultant de diverses combi- naisons de quelque 100 éléments simples. 1 Ic, — En revanche, il mentionne que les molécules se trouvent une certaine distance les unes des autres (ce qui explique la compres- sibilité de tous les corps), qu’elles sont attirées les unes par les autres (heureusement, car sinon tout retomberait en poussiére!) et qu’elles sont animées d'un mouvement désordonné dont Ja vitesse augmente avee Ja température. ‘Cur. — Bravo, Ignotus! Vous méritez de moins en moins votre nom... Brivons maintenant les molécules qui se décomposent en atomes. clest-a-dire cn particules élémentaires des corps simples (ou éléments). Chaque atome, vous le savez... Ic. — ..est un systéme solaire en miniature, avec son soleil central qu’est le noyau composé de protons (charges positives élémen- taires) et de neutrons, et ses planttes sont les électrons ou charges Aiémentaires Pélectricité négative qui gravitent autour. Cox, — Vous parlez comme un livre, Mais il faut se méfier des analogies. Alors que toutes les planétes du systéme solaire évoluent dans le méme plan, les électrons, eux, ont leurs orbites dans des plans différents. Et ces orbites ne sont pas disposées au basard: elles ne peuvent ocouper que des emplacements déterminés que l'on désigne ‘sous le nom de «couches» K, L, M, N, 0, P et Q. Ces sept couches, que Y'on peut se représenter comme des sphéres concentriques ayant le noyau pour centre, ont des rayons proportionnels au carré de leur rang To, — Attendez, Curiosus! C'est un peu compliqué pour moi. Cun, — Rien de plus simple. La couche K est la couche numéro 1. Ds Tors, la couche L, qui porte le numéro 2, aura un rayon 2" = 4 fois plus grand. La couche M aura un rayon g*=9 fois plus grand, etc, 14 Ic, — En sorte que le rayon de 1a septiéme couche, celle que vous appelez Q, sera 7’ = 49 fois plus grand que celui de la couche K? Cur. — Bien entendu. Et, dailleurs, énergie dont chaque électrou est animé est proportionnelle au numéro (on dit au « nombre quan- tique >) de 1a couche sur laquelle il se trouve, Ig. — Et ces distances de plus en plus élevées des couches par rapport au noyau, quelle en est la grandeur réelle? ‘Cur. — La couche Ia plus rapprochée du noyau en est distante de 5 milliardigmes de centimétre. Mais je crains fart que cela ne vous Gise rien. Alors imagines qu'une fée, a'un coup de baguette magique, puisse faire grossir les choses dix fois. Si notre tée donne ainsi 14 coups de baguette sur un atome de carbone (dont le noyau contient 6 protons et 6 neutrons et qui comprend 6 électrons dont 2 sur a couche K ot 4 sur Ja couche 1)... Ic. — Notre atome sera agrandi 10“ fois et va probablement étre aussi grand que le globe terrestre, en sorte qu’on ne saura pas ol le caser. Elle sera bien embétée, la fée! Fig, 3. — Voiel les deux ato- mes fos plus simples : hydre- gine (& gauche) et héliam (@ droite). Con, — Point du tout. Car les protons auront les dimensions de simples pommes, alors que les électrons (bien que leur masse soit 1837 fois inférieure a celle des protons) seront gros comme des ballons de football. Et si te noyau est placé sur le parvis de Notre-Dame de Paris, les deux électrons de la couche K effectueront leur révolution 8 5 kilometres de 1a, soit aux portes de la capitale. Quant aux quatre @lectrons de la couche extérieure, on les trouvera 4 20 kilometres noyau, par exemple & Versailles, Ignotus a le vertige. Ic, — Mais alors qu'y football? Cor, — Rien! Du vide. Et bien entendu des forces dattraction Alectriques, magnétiques ct gravitationnelles qui maintiennent tout le aystéme en équilibre. Les charges des signes contraires étant mutuelle- ment attirées, les électrons ne quittent pas leurs noyaux en dépit des forces centrifuges qui tendent & les en arracher, Ta. — Vous me faites peur. Ainsi done I'édifice de Patome comprend tant de vide et st peu de matidre! ‘Cor. — Mais oui, mon ami, Et si ’on pouvait comprimer tous Jer noyaux et tous les électrons qui composent votre corps de maniére 6 ne pas lalsser de vide entre eux, on obtiendrait un grain pesant toujours ‘vos 70 kilogrammes, mais & peine visible au microscope. Ia. — Vous me donnez la chair de poule chaque fois que vous me rappelez que je suis, moi aussi, composé d’atomes. Et maintenant que il entre nos pommes et nos ballons de vous m’aver révélé quel vide régne en moi, je suls pris d'un atroce vertige. ‘Con. — Aussi ferons-nous bien de nous tourner vers des atomes autres que ceux de votre corps. Et, pour les représenter plus aisément, nous conylendrons de dessiner chaque couche sous la forme d'un cercle. Vous voyez ainsi que V'atome le plus simple est celui de Vhydrogéne Fig. 4. — Représentation arbitraire de T'atome de radium, montront la répartition des électrons sur divesses couches. En réalité, los orbites sont situés dans des plans différents, qui se compose d’un seul proton et d'un seul électron placé sur 1a couche K. Dans Vhélium, 2 électrons, placés sur cette méme couche, gravitent autour de 2 protons du noyau. Ta, — Bt quel sera [’élément comportant 3 électrons sur la couche K? Nombre de places limité. Cur. — Aucun. Car cette couche ne saurait contenir plus de deux Glectrons. De méme, la couche L ne pourrait en avoir plus de 8, ta couche M plus de 18, la couche N plus de 32, In couche O plus de 50, la couche P plus de 72 et 1a couche Q plus de 98. Ic, — Curleux, cette suite de nombres que vous récitez avec tant @aisance. 16 & x Sa Cur, — Je n'y ai aucun mérite, car ils suivent une loi bien simple Couche K 2x2 Couche L = 2x2 Couche M = 3x2 Couche N = 4x2 Couche 0 = 5X2 Couche P = 6X2 Couche @ = 7X2 Io, — Le total fait 280! ¥ a-t-il done des atomes comportant tant e'électrons? ‘Cur, — Non, car, si les couches K, L, M et N peuvent effectivement contenir les nombres d'électrons que j'ai indigués, on n’en trouve jamais plus de 18 sur O, plus de 32 sur P, plus de 10 sur Q. Ja. — Crest trés joli, mais j'ai Vimpression que nous allons nous enfoncer dans les méandres de la physique atomique et nucléaire. Cun. — Au contraire, nous allons tout de suite prendre une déci- sion qui nous simplifiera grandement I'étude de toutes ces questions. Si vous voule2 bien, nous ne Hendrans désormais campta que des éloo- trons de la couche extérieure d'un atome, Ie. — Allons bon! Vous venez, avec un certain sadisme, de me révéler Yexistence de ces nombreuses couches qui font ressembler l'atome A une sorte doignon. Et maintenant vous me défendez de l’éplucher! Est-ce pour m'épargner des larmes?... Neutralité et ionisation. Cur, — La décision que nous devons prendre est parfaitement Ubgitime. Qu’est-ce qui nous intéresse en fin de compte? C’est l'état Glectrique des atomes. Or, normalement, un atome comporte autant d'électrons que de protons, en sorte que les charges négatives de ceux-la équilibrent les charges positives de ceux-ci. Un tel atome est neutre. Mais il peut advenir que des forces extérieures lui arrachent un ou plusieurs électrons. En ce cas, l'équilibre est rompu : les charges négatives des électrons sont, au total, inférieures & la charge positive du noyau. Das lors I'atome est positit. On Yappelle alors fon positit. Ic. — Et, si, au contraire, Patome regoit, pour une raison quel- congue, des électrons excédentaires, il deviont négatit. Je suppose qu'on peut alors V'appeler ion négatif. Cun. — Parfaitement. Or, ces pertes ou ces acquisitions ’électrons (phénomanes d'ionisation) ont surtout lieu sur la couche extérieure, Cest-a-dire 1A 0 'attraction du noyau s’exerce avec moins de force. Ie. — Oui, je comprends que, dans ces conditions, seuls les électrons de cette couche puissent nous intéresser. Questions matrimoniales. Cur. — Ny aa cela encore une autre raison. Crest, on effet, cette couche qui détermine les affinités chimiques des éléments. Un atome n'est vraiment satisfait de Yexistence que lorsqu'il a 8 électrons sur sa couche extérieure. Dans ces conditions, il est parfaitement stable et me songe pas A acquérir ou a perdre des électrons. Ainsi, par exemple, le néon, qui possede 8 éiectrons sur sa couche extérieure L, est trés heurenx et ne cherche a entrer en liaison avec aucun autre élément chimique, Mais le Suor, lui, qui dans cotte méme couche extérieure wa que 7 électrons, ne demande qu’a entrer en combinaison avec un autre élément capable de lui céder un électron pour compléter sa couche extérieure & 8. Ic. — Bt comment s'effectuent de tels mariages? Cox, — Eh bien, prenez Je cas du chlore qui, sur sa couche exté- rieure M, n'a que 7 électrons, et celui du sodium qui a 2 électrons sur fa couene K, 8 sur L et seulement 1 sur M, Voll Tesemple type ju couple {déal! Le sodium, en se combinant avec le chlore, lui cédera Fig. 5, — Le mariage d'un atome do chlore (CI) ct d'un ‘tome de sodium (Ne, du nom latin « natrium »), donne lieu & une molécule de chlorure de sodium. son unique électron de la couche extérieure en complétant a 8 celle du cblore. Bt, du coup, dans Vatome du sodium, c'est la couche L qui, vee ses # Glectrons, deviendra couche extérieure, assurant une varfaite Stabilité. Tc. — Mais alora, avec son électron excédentaire, le chlore se ionisé négativement, alors que le sodium, qui a perdu cet électron, sera lonisé positivement? Con. — Bien entendu. Et attraction mutuelle de ces deux fons rendra stable V’édifice de la motécule résultant de ce mariage. Ie. — Et quel en est le nom? Cun, —. Chlorure de sodium, lorsque vous l'achetez en pharmacie, Mais votre épicier vous vend la méme substance sous le nom de sel de cuisine. 18 Ic, — Je m’en doutais... Et je suppose que de la méme manitre on peut expliquer toutes les autres aventures matrimoniales des atomes, Comment cela se passe-t-il, par exemple, pour l'eau? Cun. — Trés gentiment. Liatome doxygéne comprend 2 électrons sur la couche K et 6 sur la couche L. Il ¥ a done, sur cette derniére, 6 — Deux otomes ene (HM) viennent, par leurs Slectrons, comple toe 3 la mambo délectroms de la couche L de Voxygéne (0) formant aiesi une molé- culo oxyde d’hydrogéne vulgairement oppelée.... eau. de la place pour 2 autres électrons, Et Voxygéne les emprunte a 2 atomes @hydrogéne car, je vous le rappelle, ce demier ne contient qu'un lectron par atome. Ic. — Je comprends maintenant pourquoi la molécule d'eau se * Zy compose d'un atome d'oxygéne et de deux atomes d’hydrogéne. OO ‘Cun. — La couche extemne est souvent appelée « couche de valence >, ear son nombre d’électrons montre quelles combinaisons elle est apte Ge accomplir. Et on désigne comme «nombre de valence» le nombre SE @électrons qui manquent a la couche pour étre stable ou, au contraire, celui qu’elle peut eéder & un autre atome pour la rendre stable. Ie. — Excusez-mol, mais cela ne me parait pas bien clair. ‘Cog. — Sl la couche extérieure comporte 6 ou 7 électrons, i} lui en mangue respectivement 2 ou 1 pour étre complétée 2 8. On'dit de tels atomes quills sont bivalents ou monovaients. Mais si 1a couche extérieure n’a que 1 ou 2 ou 2 électrons, V'atome serait plutét enclin & les céder. Et nous sommes en présence d’éléments monovalents, bivalents ou trivalents, IG, — Et si la couche extérieure a 4 électrons? ‘Cun. — En ce cas, Vatome serait tres heureux d’entrer en liaison avec un autre comportant également 4 lectrons sur sa couche extérieure, pour établir avec eux des liens de valence, Un tel atome est donc Nombre] NOM DE | Sym= SN EE etomique) ELEMENT oe ; «| 4 —— — ——_ — 13 |unieau jal2iaiai £9 {Silicium {Sj 2: 8 4 | i 21 [Gallium fG@i2:;2i wy) 31 32 | Germanium Gizj{ sj isi 4! “3 |Arsonie w{ 2] 3] is, 39 [Indium | ml 2) 8 Wait 2 51 jAntimoine |S) 2] a) wees Fig. 7, — Réportition des électrons (dont le nombre total porte le nom de| ) aur les différentes couchet, pour les principaux éléments imposition des transistors. En gras sont indiqués les nombres] . Ic. — Je ne pensais pas que ce centimétre cube contenait cinquante mille milliards de milliards d’atomes... Mais que vient faire la famille de cing enfants? Voulez-vous dire qu'il s'agit d'un atome avec cing élec- trons sur la couche extérieure? ‘Cur. — Exactement. Un atome pentavalent, par exemple celul d’ar- senic ou @antimoine, s'est introduit dans la noble société des atores de germanium... et le scandale éclate! Ic, — Car si Y’on arrive a marier quatre des enfants de cette origi~ ‘wale famille avee dee enfants de quatre familles voisines, le einquiéme reste désespérément célibataire. ‘Con. — Oui, Ignotus, les quatre premiers électrons ayant formé des liens de valence avec quatre atomes voisins du réseau cristallin, le tinquiéme demeure libre. Et ai une voix Vappelle vers une des extrémités 4u cristal, il en franchira les mailles pour s’y rendre. Ie. — Si je comprends bien, en appliquant une tension entre deux points d'un tel cristal, on peut y faire passer un courant, car les électrons Ubres, dus A des atomes pentavalents, seront attirés par le péle positif ety afflueront, le pOle négatit de la source laissant alors entrer dans le cristal le méme nombre d’électrons. Cur. — Oui, c'est bien ainsi que les choses se passent dans le semi- conducteur contenant des impuretés pentavalentes, c'est-i-dire avec un oxcés d’électrons, On dit que Ie semiconducteur est du type ¥ (négatif). Et les impuretés sont souvent appolées donneura (ear elles donnent des Glectrons Ifbres). Ic, — Quel est Je taux normal des impuretés? Cor, — Tout au plus, un atome pour dix millions d’stomes de germanium, soit Ia proportion de quatre personnes pour toute 1a popu~ lation de France. Tg, — Oui, et pourtant cela fait quand méme cent fois plus «’impure- tés que dans le germanium le plus pur. Mais que devient done I'atome @impureté, disons d'arsenic, dont ’électron libre s'est détaché? A mon avis, il cesse d’étre neutre et, complant désormais moins d’électrons que de protons, doit devenir posttif. Cur, — Eh! oui, Aussi paradoxal que le fait paraisse, dans le ger- manium du type N, les atomes des impuretés se trouvent ionisés posi- tivement. Histoires de kidnapping. Ic, — Et qu'adviendrait-il dans notre société cristalline si une des familles n'avait que trois enfants, autrement dit si Yon introduisait, dans Je cristal de scmiconducteur, des atomes n’ayant gue trois électrons sur Ja couche extéricure? Cur, — Le scandale déclenché ne serait pas moindre que dans le cas des familles trop nombreuses. Cet atome trivalent forme des liens de valence avec trois atomes voisins, mais le quatriéme reste vide. I y 7 fm. Vi. — Conauetion dans un semiconducteur du type N. Les dlece trons libres (marqués —) ve ééte~ cchent des tomes pentavolents qui, de ee fait, sont lonisés positivement tun électron dun atome voisin (morqués +). 1A un ou une elacune>, qu'un électron é’un atome voisin pourrait fort bien combler. Ta, Em comme, ostte familie de trois enfants ne dernande aut sn adopter un quatriéme, pour suivre la tradition de la tribu ou, plutot, pour se conformer & son organisation générale. Mais si elle « emprunte » cet enfont @ une famille voisine, colle-ei, A son tour, présentera une lacune, Cur, — Bien entendu, Et ce mouvement d’emprunts ou de rapt enfants peut méme se propager d'un bout da cristal a l'autre. Je — En lui appliquant une tension, je suppose? Cur. — Evidemment. Mais suiver attentivement ce qui se passe ‘aiers. Venant de la direction dans laquelle se trouve le pole négatif, un ‘@ectroa vient combler le « trou > de V'atome trivalent. L’Slectron s'est @eoc rapproché du pole positif, alors qu’un nouveau « trou » s'est forme dees Fatome voisin, plus proche du péle négatif. Puis, le méme phéno- Fig. 13. — Dans un semiconductour du type P; le « trou » d'une impureté trivetonte ect comblé per un électron yonant du cété négatif; cela erée un nouveau trou qui, tour, est comblé por un électron venant d’un tome ‘t ainsi de suite. Notre dessin montre lex phases succes river de cette conduction of le trou (qui comstitue une cherge positive) se déplece du pate poritif au pale néga- - Dant la dorniére phate, un électron venant de lo rource de courant vient combler le trou le plus proche du pile négatif; en mémo temps, un autre électron quitte Fereme te plus proche du péle posirif en y eréant un nouveau «trou». Et tout recommence!. méne se reproduit, Le nouveau < trou » est, & son tour, comblé par un lectron que cela rapproche du pdle positif, alors qu'un < trou > s'est/ mee formé ainsi encore plus prés du péle négaiif. Et quand, 4 la suite de ce cherinement, un électron atteint le pole positif, d’oit il est dirigé vers la source de tension, un ¢ trou > atteint le pOle négatif, od i est comblé par un éiectron émanant de 1z source. 28 ees Les deux « fluides ». Ic, — En somme, pendant que les électrons se ditigent, comme se doit, vers le péie positit qui les attire, les « trous », eux, s¢ aéplacent vers le’ pole négatif, comme si c'étalent des charges positives. CUR. — Oui, en effet, tout se passe comme si, dans un semiconduc- & he X teur avec impuretés trivalentes, des charges positives, — Je contraire des électrons, — se propageaient du péle positif vers le péle négatif. 1s, — Ainsi, les ¢trous > suivent 1a direction conventionnelle du courant électrique, du positif au négatif, alors que les électrons vont en - sens inverse. Mais peut-on dire qu'ici on a un courant formé par des charges positives? Con, — Pourquoi pas? Jadis, un physicien nommé Syoxen a bien émis Vhypothése que le courant était formé de deux « fuides > allant fen sens contraire, Il ne faut cependant pas oublier que le « trou> n'est ‘qu'une place vacante offerte & un électron. To. — Je suppose que le semiconducteur ayant des impuretés tri- valentes doit appartenir au type P (positif)? ‘Cur. — Clest bien ainsi qu'on 1e designe. Et, puisque vous étes on veine de raisonner correctement, pouvez-vous me dire ce que deviennent les atomes des impuretés lorsque les électrons viennent des atomes voisins — combler leurs trous? Ta, — Ils deviennent négatifs, ionisation due au fait que le nombre de leurs électrons devient supérieur a celui de leurs protons... C’est bien curieux que, dans le type N, les impuretés deviennent ionisées positive- ment, et, dans le type P, négativement. Cox, — J’ajouterai que ces atomes d'impuretés du type P, tels que ceux daluminium, de gallium ou d'indium, sont souvent appelés accep- teurs, car clest eux qui recotvent des électrons, alors que ceux du type N Jes donnatent. Ta, — Je commence a sentir qu'une salade se forme dans mon cer veau, avec tous ces donneurs et accepteurs. ‘Cor. — Aussi, vais-je vous donner un petit tuyau mnémotechnique : dans « donneur » ily a N et dans «accepteur> ily a P. To. — Merei! Ce sera plus facile. Une jonction qui est une barriére. Cur. — Et puisque vous connaissez maintenant les moeurs de ces ‘my sociétés eristallines dont la quiétude est perturbée par les exiravagantes familles de donneurs et d’aceepteurs, examinons co que donnersit P'ass0~ ciation dun semiconducteur du type N avec un autre du type P. Imaginez que je parvienne a accoler un morceau de germanium d’un (ge type avec un autre du type opposé. Ou bien encore que, prenent une Barre de germanium pur, fen « empoisonne» une moitié en y introdul- sant des atomas donnetirs (par exemple de Varsenic), alors que 'autre moitié sera Infestée par des atomes accepteurs (ceux dindium, si vous Voulez bien). La zone Umite entre ces deux types de semiconducteurs porte le nom de jonction N-P. Son épaisseur est de ordre de 0,3 mm, inais cette minceur ne Vempéche pas de jouer un réle prodigieux. ‘Ia, — Je ne vols pas ce qu'elle a de particulier. Dans chaque moitié de notre berre, les éleetrons continueront leurs petites promenades, igno- rant ce qui se passe dans Y'autre moiti Cor. — Erreur! Liagitation thermique normale sera maintenant sccompagnée d'un autre phénoméne, Les atomes, négativement fonisés de ia région P, vont repousser loin de la jonction les électrons libres de te région N. Io. — C'est vrai, je n’avais pas songé & cette répulsion des charges 4u méme nom... Mais, dans ce cas, Jes atomes positivement ionisés de la région N doivent, de leur cdté, repousser Join de 1a jonction les trous de la région P. N P ‘Cux. — I est exact que ces trous (que I’on peut considérer comme So «des charges positives ¢lémentaires) sont ainsi repoussés. Hin réalité, Jes ° tons positifs de Ia région N attirent des électrons de la région P vers la G> jonction, en Ieur faisant combler les trous qui en sont voisins. Et les ° lectrons ainsi arrachés laissent des trous dans les atomes éloignés de @¥ A Ja jonction. Mais tout se passe comme si les trous avaient émigré vers © no Vextrémité de la zone P. ® Ic. — Et dans la partie proche de 1a jonction, toutes les impuretés 2 @ A de la zone P seront done combiées, autrement dit fonisées négativement. De méme, dans Ia zone N, tous les atomes pentevalenis proches de la jonetion auront perdu un électron, ce qui les rendra positits. Trés curieux, tout cela: cette jonction devient une sorte de barriére entre les deux zones, dont une est a un potentiel négatif et Yautre A un potentiel posit 14, — Jonetion N-P. Lot tous de ta xone P sont eveciRow comblés pris de la jonction, sont por dant lo Tou plus dloignée. De OONKEUR rméme, les dlactrons libres de Ia zone N sont repoussés Join ADCEPTEUR wonsé £ do te jonction; lt émanont dos atomes d'inpuretés qui 2, 3g 08/0 a8 089 N fn sont prochos. (Bien moter 90690 aaa S Jes quatre symbotes qui taro ey p utitisée dans les desing ul oo — suivant.) N Cum. — Oui, vous avez trés bien raisonné: la jonction constitue une véritable barriére de potentiel. Dans cette mince pellicule de semi- conducteur, Ie potentiel des atomes tonisés passe brusquement dune valeur positive (dans la zone N, ne Youbliez pas!) & une valeur négative (Gens la zone P). Mais la charge totale, elle, est nulle, car, dans chaque région, lex charges positives of négatives s'équillbrent at s'annulent. Ea accolant le semiconducteur P au semiconducteur N, nous avons simple- ‘ment provoqué un déplacement de cos charges vers lea deux extrémités de chaque région, alors qu’auparavant elles talent réparties & peu pros également. Io, — Tout cela me parait fort clair. Mais quelle est rutilite de notre jonetion avec sa barriére de potentiel? Cor, — Vous Ia trouverez tout de suite, sl vous appliquez une ten- lon aux deux extrémltés de notre barriére, 28 Electrons et trous en promenade. Io. — Je suppose que nous aurons un courant formé, d'une part par les électrons libres de la région N et, d'autre part, par les trous de la région P, les uns allant dans le sens contraire des autres. Cor. = Ce que vous dies peut ére vrai, mais vous allez un pev trop vite en la matiére, 11 convient, en effet, dexaminer ce qui se passe Fig. 15, — Passage du cou rant dans une jonction N-P. Dans fe dessin, nous n’avens roprésenté que les portours des charges : Slectrons {marqués =) et rows (marqués +), pour plas de zone N et les acceptours de fo zone P. Fig, 16, — En appliquont & fo jonction N-P une tension = bortidve de potential » qui fempéche le passage rant, Lo tom tion ougm selon la polarité des potentiels appliqués. Admettons d’abord que te pole positif de la source de tension soit relié & Ia zone P et le pole négatit A la zone N, Tc. — Eh bien. Dans Ia zone N, les électrons iibres du semiconduc. tour seront repouscés vers Ia jonction par ceux venant de la source. Ils traverseront donc la jonction et se mettrout @ combler les frous que le potentiel positif de la source aura chassés vers cette jonction, ‘Con. — Disons, pour étre plus précis, que le pole positif de ls source attirera un électron chaque fois qu'un atttre électron aura franchi Ja Jonetion, sautant de la zone N vers la zone P. Bi Vélectron, attiné par la souree, créera un trou qui, comblé par un électron plus proche de 1a jonction, y laissera, & son tour, une lacune. Et, ainsi de suite, le trou, se déplacant vers la jonction ot un nouvel électron émanant de la zone N, le combiera. Te. — Par consiquent, javale parfaitement raiean en dicant qu'un courant sétablit, formé par des électrons et des trous, allant les uns & la rencontre des autres. Cor, — Oui, c'est exact quand on applique, comme nous venons de ta faire, une tension directe, Cest-i-dire le péle positif de la source A la zone P et le pole négatit & la zone N. Mais, si l'on applique une tension inverse, les choses n'iront pas aussi bien. Io, — Pourquoi done? Les électrons au pole négatit de la source vont attirer les trous de la zone P plus prés de lextrémité de 1a barre. Et, 4 Vautre extrémité, le potentiel positit de 1a source va attirer davan~ tage les électrons libres. Diable!... Cela ne fera que rentorcer 1a barriére de potentiel... et aucun courant ne pourra s'établir! ‘Cu, — Je ne vous le fais pas dire. Vous voyez done que le courant ne sétablit qu’a Ia condition d’appliquer la tension directe, c'est-i-dire Fig. 17 (& gouche), — Intensité du courant inverse travortant une jonction fen fonction de la tension inverse appliquée. Attention : les échelles ne sont pas linéaires (mals logorithmiques) . Fig. 18 (en haut, & droite). — Le jonetion N-P peut servir de redressour de courant au mime titre que la valve & vide et, de surcroit, sans cxiger tune tension de chauffagel Notre dessin montre le schéma du redresseur & Fig. 19 (en bas, Le tensi le péle positif Ia zone P et le péle négatit & la zone N. Mais, si vous inversez les polarités, il n'y aura pas de courant ou, du moins, on aura un courant inverse extrémement faible, Ic, — Méme si Yon applique une tension élevée? Con. — Méme en ce cas, mais sculement jusqu’a une certaine limite. Si vous la dépassez, la barriére de potentiel est rompue, ct les électrons se précipitent en avalanche : d'un seul coup, le courant devient intense. Ce phénoméne a été décrit par Zener, et la tension inverse & laquelle il ge déclenche porte le nom de tension de Zener. Si Yon utilise ce phénomene dans certaines applications électroniques, nous n’auzons pas, pour notre part, & y faire appel. Et, pour nous, la jonction restera conductrice dans le sens direct et pratiquement isolante dans le sens inverse. Sens unique obligatoire. Ic, — Mais alors, cette jonction, qui est conductrice 4 sens unique constitue une véritable redresscusc? ‘Con. — Mais oui, mille fois oui, mon cher Ignotus. Car si vous lui appliquez une tension alternative, le courant passeta pour I'alternance directe, mais ne passera pas pour V'alternance inverse. Ic, — Comme dans n'importe quelle diode? 20. — Le symbole de lo diede 4& Jonction adepte fort malencontreu- PLN sement le sons conyentionnel du i la fleche le fait, on offet, ju positif eu négatif, co Cun. — Parfaitement, Et c'est Ia raison pour laquelle on appelle aussi la jonction P-N, diode semiconductrice, Comme toute diode, elle peut servir de détectrice, Et elle s'acquitte parfaitement de cette fonc~ tion, Méme mieux que les diodes vide, lorsqu’il s‘agit de courants de fréquences trés élevées. Ic, — Et peut-on également utiliser les jonctions pour le redresse~ ment de courants relativement intenses, par exemple & Ie place des valv pour Ja tension anodique? Cun. — Cela se fait couramment. Des redresseurs au silicium, @ Voxyde de euivre ou au sélénium remplacent avantageusement les valves a vide, Is sont plus robustes et ont une durée de vie bien plus élevée. Ic, — Sil en est ainsi, je n’hésite pas A crier: « Vivent les semi conducteurs! ». TROISIEME CAUSERIE ES! Aprés avoir examiné, dans la derniére causerie, les propriétés des i Jenctions, nos deux amis abordent ici Pétude du transistor qui, dés ce pre- micr contact, révéle de profondes similitudes et de non moins profondos différonces avec lo tube & vide. Curiosua et Ignotus démontent le méca- aieme de l'amplification du transistor et font d’intéressantes constatations ‘au sujet de ses impédances dentrée et de sorti SOMMAIRE: Ts Courant de base. - tube-transistor. - Résistances d’entrée et de sortie. « Amplificatioa <0 tension, « Alimentation du transistor. BONJOUR, TRANSISTOR! Une stupide plaisanterie. Conrosvs. — Bonjour, Ignotus. Pourquot arrivez-vous en retard et, de surcrolt, avec cet sir furibond? Tenorus. — Tl y a de quoi... Savez-vous que votre rue est devenue maccessible aux automobiles? Cun. — File est a sens unique. Mais il sufit d'y accéder dans le ons sens pour... Is, — Tiny a plus de bon sens! Des voyous, qui se croient sans doute és spirituels, ont placé 2 Vautre bout un pannonceau de sens interdit, em sorte que, maintenant, Yentrée de votre rue est interdite des deux cbtés. Cun. — Aprés tout, cotte plaisanterie est pout-étre le fait de quel qu'un qui était exeédé par le bruit que font les voitures... Nous voila done tranquilles, ce qui nous permettra d’examiner enn Je principe du eransistor. Ia. — J'ai hate de savoir comment est faite cette ebéte & trois pattes 2. Entine Base Caleeter Fig. 21. — Deux types fondamentoux de transistors : N-P-N ot P-N. Cun, — Eh bien, cela n'a rien de compliqué. Un transistor se com- pose de deux fonctions, mises en opposition, On peut, par exemple prendre une jonction N-P et une P-N, et, en rendant commune leur partie P, on obtient un transistor du type N-P-N. Jo. De méme, je pense, une conjonction... des jonctions P-N et N-P donnerait Iteu 4 un transistor P-N-P. Con. — Evidemment, Jajouterai que l'une des zones extérieures porte le nom d'émetteur et Vautre celui de collecteur, alors que la zone Pefdiane (ai doit otre tras mince, Jinsiste 1a-dessus) est appelée base. To, — En somme, un transistor est une sorte de sandwich oi, entre deux gros moreeaux de pain, on trouve une mince tranche de jambon. Cur, — Si vous voulez. To. _- Eh bien, Iaiseez-mol vous dire que votre sandwich n'est pas plus comestible que n’est accessible votre Tue, Un sandwich impénétrable. Con. — Qne voulez-vous insinuer, ami? To. Tout simplement que deux janctions mises en opposition inter~ disent le passage du courant dans les deux sens, au méme titre que les fleux panneaux de «sens interdit > empéchent d’entrer dans votre rue, quelle que soit Yextrémité par laquelle on tente d'y accéder. Gon, — Pas mal du tout, votre raisonnement. Vous finires par me soupconmer d'étre auteur de 1a stupide plaisanterie que j/aurais com sone a seule fin de vous rendre plus eisée Ia compréhension du tran- Mstor.. Le fait est que, si Yon applique une tension & un transistor, entre Emettcur et collecteur, quelle quien soit la polarité, i y aura toujours Yume des deux jonetions qui sera placée dans le «bon sens» et ne Gemandera qu’a lalsser passer le courant; mais Tautre sera dans le mauvais sens» et sopposera & son passage. Ta. Par exemple, si, @ un transistor N-P-N, nous sppliquons, & gauche, le négatif, et, A droite, 1e positif, 1a premlére jonction (N-P) faisserait bien passer les électrons de gauche & droite. Mais la seconde Fig. 22, — Bavridres do pe- tentiol que dressent, dont un transistor, les électrons, los Tacunes et les iont positifs (ceux des donneurs) et né- getifs (ceux des eecopteurs) (B-N) leur barrera résolument le chemin, N'y aura-t-il cependant pas quelaves dlectrons aébrouilards aul ‘malgré tout, parviendront & circu jer Cu. — Oui, it y en a toujours, Is se fraient le chemin a 1a faveur de Tagitation thermique, qui leur permet de franchir ls barriére de potentiel de la jonetion P-N. Cette circulation <’électrons forme ce que Fon appelle courant initia? ou courant de saturation. To. Pourquoi cette derniére dénomination? Serait-il tellement intense? Cun. — Au contraire: il est trés faible. Mais ne dépend quére @e ta valeur de la tension appliquée. Augmentez-la, le courant restera wratiquement le méme, Par ¢ saturation >, on entend que la totalité des Gectrons libres, capables, 2 la température donnée, de franchir la bar= ire de potentiel, participent au courant ainsi désigné. Ic, — Mais sila température augmente... Cor, — ...Vintensité du courant de saturation augmente aussi. 1 went, daillcurs, advenir que, cous une tension élovée, co courant atteigne ‘wre valeur telle, qu'il provoque i'échauffement des jonctions, ce qui fait qreitre son intensité... Ic, — ...c€ Gui, & sop tour, augmente 1'échauffement, et ainsi de suite. Emvitwr Base Colletewe Fe. 23. — In attirant les Gectrons de Vémettour vers te base, la source de tension Ua, lout o ouvert lo chemin du eallecteur, Cor. —- Oui. On dit alors que le transistor s'est . Con. — Mais oui, Ignotua. Et c’est le déclenchement du courant inverse a travers la seconde jonction qui est le principe méme de Teffet transistor. fp __ 15. — Je pense que les choses seront pour mot plus elites, si vous me fixez sur Vordre de grandeur des tensions et des courants mis en jeu. Microampéres de la base et milliampéres du collecteur. Cun, — Entre base et émetteur, dans des transistors ordinaires, on applique une toncion de Pordre de 0.1 4 0,2 V. Elle détermine un courant de base de 50 & 200 A. Quant a Ta tension appliquée entre collecteur et Gmetteur, elle pout varier entre 4,5 et 9 V. Et le courant du collecteur est de Vordre de 2 & 10 mA. 24, — Variation du cou- rant de collecteur 1. (en riliampdres) en fonction de ‘courant de bose I, (on micro~ Entre les points A yurant de bore paste eceroissoment de 50 A 0,05 mA. Quant ax cour de collecteur ontro ces mémes points, il passe de 3 85,5 mA, soit un accroisse- mont do 2,5 mA. Le gain, en courant, du transistor, est done égol & 2,5 : 0,05 = 50 fois, t x ‘Cera de eeetes on eA. earn init 3100 80 200 Court de be Io, — En somme, V'émetteur fait entrer dans la base un certain nombre d'électrons, dont une faible partie retourne aussitdt & travers Ta cource de tension Ta vers Pémattcur, Ce sont Jes électrons qui, pea~ dant leur court trajet dans la base, ont eu le malheur de rencontrer des frous. Mais la plupart poursuivent leur chemin en traversant la seconde fonction, ot, entrés dans le collecteur, retournent vers l'émetteur & tra~ vers la ‘source de tension Us. Je devine déja que Veffet amplifcateur ‘du transistor consiste dans le fait que le courant de collecteur est bien supérieur & celui de base. Cun. — Vous altez un peu trop vite, mals vous n'avez pas tort. Le fait est que le courant de collecteur dépend essentiellement du courant ‘de base et varie en proportion, En général, il Ini est plusieurs dizaines @e fois supérieur. Voicl, par exemple, une courbe montrant comment le eourant de collecteur varie en fonction du courant de base, dang un certain modele de transistor. Attention, Ignotus! Le courant de basc Emeter fine Coleen Eater Bie Coleetnr 25, — Montoge ayent permis Fig. 26. — Et voici une tension de relever la courbe de le figure 24. variable eppliquée entre base ot Pour chaque position du potentio- dmetteur. Du coup, fe courant de collectour devient, lui aussi, varie rants de bose et de collecteur. est ici représenté en micro-ampéres, alors que celui du collecteur est en milli-amptres. Vous constatez qu'ici le courant de collecteur est tou~ Jours cinguante fois supérieur & celui de base (abstraction falte du faible courant initial qui existe en l'absence de courant de base). On dit alors que Tamplification du courant est ict égale A cinquante. Ic, — Et comment relive-t-on une telle courbe? Cux, — En rendant variable la tension appliquée entre base et émetteur, & Vaide, par exemple, d'un diviseur de tension, vulgsirement appelé potentiométre. On mesure alors te courant de base A aide d'un mlcroampéremétre, et celui de collecteur, 4 Yaide d'un milliampére métre. Jc, — J'ai une idée, Curiosus. Si, au lie de tourner le bouton d'un potentiomitre, on falsait varler la tension entre émetteur et base, en appliquant, en série avec In source de tension continue, un signal variable, par exemple la tension de haute fréquence provenant d’un col~ lecteur dondes ou ‘bien 1a tension de basse fréquence obtenue aprés la détection., En faisant ainsi subir des faibles variations au courant de base, on obtiendrait de fortes variations du courant de collecteur. € Simili Cur, — Bravo, Ignotus! Vous brilez les étapes de mes explications, Comment avez-vous ou cette idec tumineuse? To. — Parce que, depuis un moment, j‘entrevois V'analogie entre Je transistor et le tube électronique. Cette base ressemble bigrement a 1a grille, Et, comme celle-cl, elle est interposée entre émetieur et collectour falias entte cathode (elle aussi emettrice d’électrons) et anode (elle aussi collectrice d'électrons). Bt, comme de foibles variations. de potentiel sur a grille entrainent de fortes variations du courant anoaique, ici, ac ialbles variations de potentiel de la base déterminent de fortes variations du courant de collecteur. Hourrah! J'ai compris ie transistor!!! Ne suis-je pas quelqu’un de formidable? ‘Co, — Vous avez surtout le triomphe modeste. Cependant, au risque de verser une douche froide sur votre juvénile enthousiasme, je dois vous dire que 'analogie tube-transistor, tout en facilitant bien 1a com- préhension de certaines choses, a des limites qu'il ne faut pas outre- itudes et differences. passer. Tc, — Je ne vois pas de différence essentielle. Cor, —~ Pour commences, L en est une de tallle: Cest existence Gu courant de base. Souvene2-vous! Lorsque nous utilisons des tubes & vide, nous évitons soigneusement d'avoir un courant de grille. Ie. — Crest exact, Nous polarisons négativement la grille pour l'em- picher de devenir positive aux pointes des altecnances positives du signal, ce qui la rendzait concurrente de I'ancde, en lui faisant capter des électrons. Cur, — Par conséquent, le signal d’entrée d'un tube est une ten- sion qui n’a a créer aucun courant, done 4 ne dépenser aucune puissance. Mais, dans le cas du transistor, le signal d’entrée est une tension susci- tant un courant de base. Il y 2 done la une puissance mise en jeu. To. — Dois-je en conclure que la résistance d'entrée du transistor, Cest-i-dire la résistance émetteur-base, est faible? Cor, — Evidermment. Elle n'est que de quelques centaines d’ohims, alors que, dans un tube A vide, entre la cathode et 1a grille, elle est infinie. Et, dans les transistors de puissance, cette résistance n'est que de quelques ohms ou dizaines d'ohms. En revanebe, la résistance de sortie est assez élevée et peut atteindre plusieurs dizaines de milliers a'ohms (1) Gi) Les résistances dont parle Curiosus sonl caleulées en divisant une faible variation dune tension par la variation du courant eorrespondant qu'elle délermine, Ainsi la résistance entrée ah AL, o& AE, est une faible variation de la tension entre émetteur et base, ef AT, la variation du courant de hase résultante. On suppose la tension de collecteur constante. De méme, la résistance de sortie AE, al ot AE, est une faible variation de la tension appliquée entre collecteur el émettenr, alors que AT, est la yarlation corvespondante dn courant de collecteur, La mesure peut étre faite soit ponr courant de base constant, soit pour tension de bare constante, Ces questions sont développées dans Fexcellent livre Technique des Transistors, de Ht. Schreiber. Ic, — Crest normal, puisque les tensions sont appliquées dans le sens direct pour Ja jonction émetteur-base, ce qui en réduit Ia résistance, mais en sens inverse pour la jonction base-collecteur, ce qui doit rendre sa résistance trés forte. Ici, cependant, les ordres de grandeur sont ceux de certains tubes électroniques, o3 la résistance de sortie est relativement faible, et notamment des triodes. Cur. — Vous voyer donc, Ignotus, qu'il ne faut pas recourir, sans une certaine récerve, 4 Vanalogie tube iraneistor. Et, pulsque nows avons abordé la question fondamentale des résistances (ou, mieux, impedances) dentrée e: de sortie, vous comprendrez aisément comment le transistor effectue Pamplification de tension. Amplification de tension. Ic, — Je suppose qu'une faible tension alternative, appliquée entre base et émetteur, déterminera des variations du courant de base, comme nous Vavons 46a ait. Con. — Et ces variations soront d'autant plus importentes que 1s résistance d’entrée est plus faible (en supposant que la source de tension ait elle-méme une faible résistance interne). Ic. — Je comprend cela, ear Yai toujours présente & Vesprit la Ici @Obm, qui veut que Vintensité du courant soit d'autant plus grande que la résistance est plus faible. ‘Cur, — Or, le courant du collecteur varie proportionneliement au courant de base, Il en résulte done de fortes variations de ce courant, Et, comme la résistance de sortie du transistor est dlevée, nous pouvons, sans inconvénient, faire passer ce courant par une résistance de charge de forte valeur... To. — .. Sur laquelle nous allons ainsi recueillir des tensions alte: natives bien amplifiées. Si ma mémoire est bonne, dans les tubes élec~ troniques, le rapport d'une faible variation du courant anodique & la variation de tension de grille qui I'a causée, porte le nom de pente, Peut-on, dans le royaume des transistors, appliquer Ia méme notion? La pente serait alors le rapport de la variation du courant de eallecteur 2 la variation de la tension de base. Con. — Mais oui, Ignotus. On parle couramment de la pente d'un transistor. Et nous atrons T'oceasion d’examiner cette notion de prés. Drores et aéj2, je peux vous dire qu'une ponte de 30 mA/V (pour un courant de collecteur de i mA, car la valeur de 1a pente varie avec celle de ce courant) n’a rien de surprenant. To. — Mais, c'est formidable! On doit obtenir des amplifications énormes avec une telle pente. Cur. — Hélas! non. Car, vous le verrez bientét, la faible résistance @entrée nous fait perdre une partic du bénéfice de cvs pentes élevées. Drautre part, vous concevez qu'il faut Limiter Pamplitude des tensions alternatives ainsi mises en jeu. Io, — Dans les tubes & vide, on duit éviter que la grille devienne positive. Ici, je pense, il faut éviter que les erétes des alternances posi tives ne rendent 'émetteur positif par rapport a la base. Cun. — 1! ne faut pas davantage que les crétes des alternances néga- tives sur Ia résistance de charge dépassent la tension positive appliquée au collecteur et le rendent négatif. Jc, — Pour éviter ces dangers, ne pourrait-on pas accroltre Ja valeur des deux tensions d’slimentation? Cor. — Ce serait, dans certains cas, imprudent, car, pour chaque modéle de transistor, il y a des valeurs des tensions continues & ne pas dépasser. Et, 2 cette occasion, je vous signale que les deux sources de tension peuvent éire avanlageusement mises en série, pulsgu’ll s'agit Eoustour Base Coleteut Fig. 27. — Les deux sources de tension, colle de la bose t celle du collecteur, peuvent @tre remplacées par une seule comportant une prite (com= me ci-contre) ou bien un diviseur de tension. Notre des~ sin montre, en méme tomps, emplacement do fe résistance do eharae sur laquelle on pré- Taye let tonsions de sortie. de porter Ie collecteur a une tension encore plus positive que celle de la base par rapport a ’émetteur. Ie, — Je vois, la pile Us, fait la courte échelle & la pile Ure Cor. —- En réalité, on se passe complétement de la premiére de ces piles, et Yon obtient 1a polarisation de 1a base, en déterminant, dans une résistance, une chute de tension, par le courant émetteur-collecteur qui y passe. Ic, — Comme on Je Zait dans les montages A tubes, of la résistance de polarisation de grille est parcourue par le courant anodique. ‘Cur. — Oui. Mais nous examinerons cette question plus tard. En attendant et a titre d’exercice, je vous demanderai de réléchir, d'ici notre prochaine rencontre, 4 1a facon dont se comporte le deuxieme type de transistors : le P-N-P, qui est, de loin, le plus répandu, Te, — Que de nuits blanches en perspective, pauvre de moi QUATRIEME CAUSERIE Au cours de leurs trois premiéres conversations, Curiosus et Isnotus } ont examiné les bases physiques des transistors. A cette fin, ils ont exploré Is structure intime de Patome, puis son comportement social dans les réseaux cristallins. Is ont vu quels troubles sont causés dans ces sociétés @atomes par l'intrusion des impuretés. Et, enfin, en assemblant des semi- conducteurs contenant des impuretés de propriétés opposées, nos amis ont obtenu des diodes et des transistors, ‘Tout ecla, pour étre bion ascimilé, mérito un rotour on arridre. Co sera Pobjet de Ia causerie que l'on va lire. SOMMAIRE : Mouvement des charges. - Portears majoritaires. - Fonctionnement du transistor P-N-P. - Combinaisons intermétalliques. + % = Repérage des connexi notions fondamentales, LA PHYSIQUE DES TRANSISTORS Quatre sortes de particules chargées. Iexorvs. — Vos semiconducteurs me font passer des nuits blanches, QW Curiosus, C’est passionnant... mais bougrement compliqué! Curiosus. — Dois-je vous administrer des somniféres ou préférez- vous que j‘éclaircisse les points qui vous paraissent obscurs? Te, — Jaime mieux avoir des réponses aux questions qui me tour- mentent. Voyez-vous, ce qui brouille, pour mol, Vaspect de certains phé- noménes, c'est la présence, dans les semiconducteurs, de quaire espéces de particules chargées : 1) Les atomes ionisés des donneurs, qui, aprés avoir perdu le cin~ quiéme électron de leur couche extérieure, sont devenus positifa; 2) Les électrons ainsi libérés, qui, bien entendu, sont négatifs; 8) Les atomes ionisés des accepteurs, qui, ayant eccaparé un élec- tron dun atome voisin, pour compléter leur couche extérieure a quatre, sont, de ce fait, devenus négatifs; 4) Enfin, ces trous ou lacunes, dus a de tels accaparements et oi le mangue d'un électron équivaut 4 une charge pasitive. . Cor. — Vous avez fort bien résumé la situation qui régne au sein un semiconducteur, Qu’est-ce donc qui vous inquiéte? 6 Ta, — C'est 1a question du mouvement des charges. Vous miavez ! dit que le courant électrique, dans Je semiconducteur, est dd, & la fols, au flux des électrons allant du pOle négatif vers Ie péle positit et au che- minement des ¢ trous > qui, en sens inverse, vont du péle positif vers le Pole négatif. En cela, les semiconducteurs différent des métaux, ob la conduction est due uniquement au mouvement des électrons, Con. — Tout & fait exact, encore que le mouvement des « trous » soit, Iui aussi, en dernier ressort, di au déplacement des électrons. Ic, — Mais je ne comprends pas pourquoi les atomes ionisés, aussi bien ceux des donneurs atie ceux des accepteurs, ne participent pas, eax ‘aussi, au mouvement des charges Slectriques. Cur. — Je vois ce qui vous tourmente. Et vous avez raison de poser 1a question. C’est pourtant simple : ces atomes ne peuvent pas se dépla~ cer, parce qu'il font partie d’un réseau cristallin, et, de ce fait, sont solidement ct rigidement attachés & leurs places. Tant qu’un corps reste solide, ses atomes demeurent pritonniers de ces Lens mvisibles qul Les maintiennent & leur place. Par contre, dans les liquides, les atomes foni- sés se déplacent librement, et le courant se propage par conduction ionique, donnant leu A des phénoménes d'électrolyse, dont. vous a sans doute parlé votre cours de physique. Ic. — Eh bien, ce que vous me dites me fait plaisir. Désormais, Gans mes ralsonnements, je pourrai done faire abstraction des atomes ionisés et ne mroccuper que des électrons et des trous. Cun. — Ce sera parfaitement légitime. Et j'ajouterai qu’il est_heu- reux que les lons ne se déplacent pas dane les semiconduetours. Sinon, 2 y auralt eu, peu a peu, épulsement de maUere conductrice, ce qui abrégerait 1a vie des transistors, En revanche, a provision d'électrens se renouvelle constumment, puisque la source de tension en injecte d'un caté et en absorbe de Vautre (ce qui donne naissance & de nouveaux ). Cest vous dire que rien ne vient limiter 1a longévité ces transistors. Einstein avait raison. Jo, — Crest merveilleux... Mais ne lchons pas nos électrons et Jacunes, Je voudrais savoir comment ils coexistent sans toujours se neu- traliser, Pulsque les charges de noms contralres s'attirent mutuelZement... Cur. — Songez, Tgnotus, aux énormes distances qui (& échelle atomique, bien entendu) séparent la plupart de ces particules. Un élec~ tron parvient & parcourir des trajets d'une longueur égale 2 plusieurs centaines de fois la distance séparant entre cux des tomes. Ce n'est, & Yéchelle humaine, qu'un dix-milliéme de millimétre en moyenne. Mais pour Pélectron, c'est une aventure aussi folle que le voyage interstellaire une future fusée spatiale, Vous concevez que, dans ces conditions, les chances qu’il « de rercontrer une lecune ne sent pas énormes. En fait, Aectrons et lacunes coexistent toujours. Te, — Oui, vous mlavez expliqué que, méme 4 la température nor male, i y a une certaine agitation thermique qui arrache des électrons 4 de nombreux atomes, pour les projeter dans Yespace inter-atomique. Cun. — Dans un centimetre eube de germanium « pur», il y a tou jours quelque vingt-cing mille milliards a’électrons Libres et, évidem- ‘ment, autant de ¢ trous», car la place laissée par le départ d'un électron Set un «trou s. Coe paince de portoure de chargee eo recombinent aprée une certaine durée de vie, mais @auires paires se créent, en corte qu'un Squilibre statistique s’y maintient. Ta. — Et et le germanium n'est pas « pur +? Si nous y introduisons, par exemple, des impuretés du type N? Cog. — Il y aura alors davantage d'électrons libres que de trous. Et ces électrons constitueront des portewrs de charges majoritaires. ig. —~ Je devine que, dans un semiconducteur du type P, ce sont ies Incunes qui sont les plus nombreuses et, de ce fait, dotvent étro considérées comme porteurs majoritaires.. Décidément, Einstein avait raison. Tout est relatif et tout n'est que question de proportions. Le mécanisme du P-N-P. Cur, — Maintenant que j'ai satistait votre curiosité, pourriez-vous, votre tour, tépondre @ la question que je vous ai posée a la fin de notre derniére causerie : comment fonctionne le transistor P-N-P? Fig. 28. — Répartition des portours dot chorger (élec~ trons et lacunes) et des ato- mes ionisés dans un transistor P-N-P avant Fopplication des tensions d'atimentation. On voit les barrigres de potentiel formées par des ions de signes opposés, To. — J'y ai réfiéchi et je crois pouvoir vous le dire, Dans un te! transistor, contrairement a ce que J’on fait pour le N=P-N, le collecteur devra étre rendu négatit par rapport a I'émetteur, Je vous avoue que cela mest trés désagréable, Con. — Pourquoi donc? Ta. — Parce que J'ai tendance & comparer toujours le transistor & une triode, Et Tidée d'une anode rendue négative par rapport & Ia cathode, — car tels sont les rdles respectiis du collecteur et de Pémet~ teur, — cette idée me défrise quelque peu. En revanche, savoir que 1a base dott étre, elle aussi, négative par rapport & Pémetteur, réjouit mon cceur, ear je pense, bien entendu, a Ia grille. Cur. — Méfiez-vous, Ignotus, de ces rapprochement, Je vous T'avais deja ait. Emetcear Base Caleceur Fig. 29. — Mouvement der portours des charges dons un transistor P-N-P en fonction nement. Pour plus de ctarté, les ions ne sont pas figurés dans ce dessin. Ta, — Quoi qu'il en soit, ave des tensions ainsi réparties, la jonc- tion émetteur-bese est slimentée dans Je «bon sens >. C'est dire que, repoussés par le pole positif de Ia source d'alimentation, les « trous» de l'émetteur se précipiteront impétueusement, travers le jonction P-N, vers la base. Et, en raison de la faible épaisseur de celle-ci, la plupart poursuivront leur mouvement et pénétreront dans le collecteur sans répondre Vappel du péle négatif de la batterie Us relié & Ja base, Con, — Crest tout & fait exact, Cependant, que deviennent les rares ¢trous» qui, comme vous dites, répondent & l'appel du péle négatif de 1a batterie Ua? To, — Ceux-l& sont neutralisés en se recombinant avec ces élec- trons émanant de ce pole, Et s donnent ainsi lieu & un faible cou- rant Jy, circulant de la base vers Vémetteur (au sens électronique, bien entendu). ‘Con. — Et quel est le sort de 12 majorité des Incunes ayant attelnt le enllectaur? ‘Te. — La se produit le méme phénoméne : elles sont neutralisées par des électrons émanant du péle négatif de la batterie Us, qui les appelle puissamment. Ft, chaque fois qu'un électron sura ainsi pénétré de la batterie dans le collecteur, pour se combiner avec un ¢trow, un autre Alectron quittera un des atomes de l’émetteur, pour étre aspiré per le pole positif de cette batterie; bien entendu, en quitiant son atome, Télectron en question donne naissance A un nouveau trou». Et ainsi, le courant est maintenu par la circulation des € trous » (ou lacunes) de Vémetteur vers le collecteur, et des électrons en sens inverse, Est-ce exact? ‘Cur. — Je suis ravi de constater que yous avez parfaitement saisi le mécanisme du transistor. En effet, tout se passe comme lorsqu’une armée entreprend Vassaut d'une forteresse. Les combatiants attelznent le glacis et le franchissent, dans un irrésistible élan, en forcant le rang des défenseurs qui tentent de les contenir. Ic, — Votre analogie, ou le glacis représente In base ot la forte~ resge Ie collecteur, serait plus convaincante si la garnison asstégée ten tait une contre-attaque symbolisant le mouvement des électrons allant Ala rencontre des ¢ trous > assaillants, dont 1a charge... est positive et irrésistible. Et, a ce propos, les électrons et les lacunes sont-ils animés de mémes vitesses? Quelques combinaisons futuristes. Cur. — Non, Ignotus, Dans du germanium pur, sous Vaction d’uz champ Slectrique d’un volt par centimetre, les électrons parcourent une quarantaine de métres par seconde, alors que les lacunes se déplacent ‘deux fols plus Jentement. Dans du silicium, la vitesse des Electrons est, dans les mémes conditions, de douze métres par seconde, et celle des trous de seulement deux métres et demi par seconde. En revanche, dans certaines combinaisons intermétalliques, les électrons atteignent des vitesses de plus d'un demi-kiloméire par seconde. To. — Qu'est-ce que ces combinaisons intermétalliques que vous me mettez subitement sous le nez? Cun, — Ce sont des semiconducteurs, obtenus par une combinei- son d'éléments trivalonts et pentavalents. Tc, — ...ce qui fait, en moyenne, entre trois et cing, des éléments de valence quatre, c'est-d-dire aussi tétravalents que le germanium et le Silicium, Pouvez-vous en nummer quelqoes-unce? ‘Con. — Oui, par exemple la combinaison du gallium trivalent et de Yantimoine pentavalent, qui permet de réaliser des transistors. Ow bien Lindium trivalent, combiné avec du phosphore pentavalent, forme un semiconducteur utilisé dans certaines dicdes, On a méme réussi A mettre & profit une combinaison de cadmium (valence deux) et de sélé~ nium (valence six), pour faire des cellules photo-électriques. Le domaine Jes semiconducteurs intormétalliques fait Vobjet dactives recherches at ouvre dintéressantes perspectives d'avenir. Ic. — Vous parlez comme un livre, cher aml. Mais revenons au présent et & nos moutons... & trois pattes. Je voudrais savoir ce qui difté- rencie un émetteur d'un collecteur, Dans un transistor P-N-P, tous les deux sont du type P (comme dans un N-P-N, ils sont tous deux du type N). Das lors, ne sont-ils pas interchangeables? Con, — Non,’ che: aunl, EC yous le cvmpreudres alsément, St le sourant allant de I'émetteur vers la base, puis, de 13, vers le collecteur, ast sensibleraent le méme, les tensions’ sont assez différentes. Faible entre base et émetteur, la tension est bien plus élevée entre collectaur et base. Io. — J'y suis! Comme le produit d'un courant par une tension est une puissance, celle dissipée du cété du collecteur est plusieurs fois supérieure A celle que l'on trouve entre émetteur et base, Cur. — Vous avez mille fois raison. Voila pourquoi le collecteur doit pouvoir, plus aisément, évacuer la chaleur qul s'y développe. Sa surface ‘ect plus grande que eclle de Pémeticur. Et, dana lea transistors de puls~ sance, le collecteur est soudé au boitier métallique, ce qui permet de rayonner Ja chaleur et de ia transimettre par conduction au chassis. Fig. 30. — Disposition des trois « pattes > d'un transis- tor permettont de repérer oi sémont Vémetteur, la base ot plus loin) le collectour. Jo, — Je comprends maintenant comment on différencie les « élec= trodes » du transistor. Mais comment les reconnait-on? Comment sait-on que telle connexion du transistor méne vers son émetteur, que telle autre correspond & sa base cu 4 son collecteur? De pattes et de pointes. Cur. — Le repérage est trés facile, Les trois fils (car le minuscule transistor n'a ni cullot ni broches) sont disposés en ligne. Deux fils sont rapprochés, cost Yémetteur et la base, Le troisiéme, plus éloigné, est celui du. collectour. (Celui-ci peut également tre repéré par un point de couleus Tc. — Crest, on effet, & Ia fois simple ot logique, comme ce symbole du transister qu'est, dans vos dessins, le bitonnet divisé en trois zones, Cur. — Hélas!’Ignotus, ce symbole, qui, effectivement, est logique et coreespond & la véritable structure du transistor, n'est pas celui que Yon emploie habituellement dans les schémas. Io, — Dommage! Et quel est donc le signe graphique « officiel » représentant le transistor? Cor. — Tl n'y a pas de symbole universellement adopté, les signee variant d'un pays & Yautre et méme d'un auteur & l'autre, Mais la plupart ont cette forme : un trait avec deux autres venant le frapper au centre. Le trait en question est 1a base. Celui qui vient le rejoincre au milieu, et qui est pourvu d'une fléche, est l'émetteur, L’autre est le collecteur. Et — retenea bien ceci — quand le fidche est orientée vers la base, c'est le type P-N-P. Si clle part de la base, c'est un N-P-N. Ic. — Pourquoi, diable, avoir adopté un signe aussi peu conforme A Ia vraie architecture du fransistor, ob émetteur et collecteur se trou: vent de part et d’autre de la base? Fig. 31. — Con, — C'est 1A le vestige de cette époque préhistorique qui remonte & 1948. Les premiers transistors, qui falsalent alors leur entrée dans le monde, étaient du type «4 pointes >. Is étaient formés par un cristal de germanium du type N, jouant le réle de base, sur lequel s'appuyalent des pointes métaliiques, trés prés l'une de Tautre. Ic. — Mais, Curiosus, n’était-ce pas un retour vers le vieux détec- teur a galéne? Cur, — Presque, Mais & la place d'un seul chercheur, ily en avait deux. Et on alimentuit un tol transistor comme un modéle P-N-P actucl, Le défaut du transistor & pointes est son manque de stabilité, comme Fig. 32. — Composition du transistor & pointes. celui de son ancétre, le détecteur @ galéne, De surcrolt, 1 ne permet pas de mettre en couvre dee puissance tant colt peti importantes, VailA pourquol on ne s’en sert guére plus (alors que la diode a pointe est toujours utilisée, en particulier dans le domaine des fréquences tree 4levées, comme celles mises en jeu dans le radar, car la trés faible capacité qu’elie présente y est tres appréciée). evolicg BB femme, le symbole actuel est un vestige dune époque révolue? (oe A Bee ou tone Lie P-N-P N-P-N Fig. 33. — Symbolos pouvant désigner plus spécialemant ies transistors @ jonctions, Con, — Exactement. Notez, toutefois, qu’afin de distinguer du transistor & pointes le modéle aciuel A jonctions, de nombreux auteurs ntilisent pour ce dernier un symbote spécial. Ic. — Avant d’aller plus loin, Curiosus, je voudrais vous demander de résumer briévement pour moi, de préférence par écrit, I'essentiel de ce que vous m’avez jusqu’s présent appris et dont j'aurai besoin pour comprendre Ia suite de vos explications. Cela me permettra de Je mieux assimiler avant notre prochaine rencontre. Cur. — Cest bien volontiers que je vais rédiger pour vous un tel résumé et vous V'adresserai par la poste. En attendant, bonne nuit, Tgnotus. LETTRE DE CURIOSUS A IGNOTUS Voici, mon cher ami, les choses que vous devez graver dans votre mémotre : * Un transistor se compose de trois zones appelées émetteur, base et collecteur. Elles contiennent des impuretés qui conférent a Vémetteur et au eollecteur des propriétés électriques (positives P ou négatives N) opposées d celtes de la bast ‘% Tl existe done deux catégories de transistors: P-N-P et N-P-N. La premiére est la plus répandue, du moins dans le cas du germanium. (Pour des raisons technologiques, 1a majeure partie des transistors au silicium sont du type N-P-N.) * Dans le modéle P-N-P, la base doit étre rendue négative par rapport a Vémetteur; et le collecteur doit étre encore plus négatif que la dave. 4 Dans le modéle N-P-N, Ia base est plus positive que Pémetteur et le collecteur encore plus positif que ta base. ‘%* On remarque que, dans tes deux cas, les tensions appliquées alimentent ia jonetion émetteur-base dans le sens de la conduction. ‘ Le courant de dase est trée faible (des microampéres). Colic de collecteur est bien plus intense (des milliamperes). ‘* Une faible variation du courant de base détermine une jorte variation du courant de collecteur. Le rapport de cette derniére a ta premiére est appelé amplification de courant. ‘* Lientrée du transistor (base-émetteur) présente une résistance relativement faible. Aussi tes signaur appliqués 4 Ventrée doivent-ite dissiper une certaine puissance, * La sortie du transistor (collecteur-émetteur) présente une résis- tance élevée. * Une variation de tension appliquée entre base et émetteur déter- mine une variation du courant de base; celle-cl provoque une plus forte variation du courant de collecteur. Et si une résistance de charge est intercalée dans le circuit du collecteur, on peut y recueillir des variations de tension amplif Voila, mon cher Ignotus, en peu de mots, les conclusions auxqueltes nous avons abouti, Votre dévoud wini Curtosus. CINQUIEME CAUSERIE Cextes, Ignotus n’aura pas a fabriquer lui-méme des transistors, N'em- péche qu'il a tout intérét & connaitre les procédés, assez particuliers, ti faut le dire, qui permettent de réaliser nos « bétes A trois pattes ». Cherain fai sant, il constatera qu'il en existe plusteurs varlétés concues pour mieux assumer les diverses tiches dont elles peuvent étre chargées. C'est ainsi que les problémes de fréquences et de puissances toujours plus élevées ont conduit les techniciens & adopter certaines solutions particuligres. SOMMAIRE : Purification par fusion de zones. - Chauffage électro- nique, - Tirage d'un monocristal. - Son découpage. - Méthode des jonc- tions Uirées. - Transistors par alliage. - Le probléme des transistors de puissance. - Procédé de diffusion. - Temps de transfert, « Réle de la de Capacité émetteur-collecteur. - Transistor-tétrode, + Transistors a cour che de barrage. - Méthode de double diffusion. - Transistor « drift +. Modéle P-N-l-P. - Transistor mesa, - Dispositifs & effet de champ, UN PEU DE TECHNOLOGIE Purification initiale. Toworvs. — Vous savez, Curiosus, que je n'ai jamais tenié de fabriquer mol-méme des tubes électroniques. La nécessité du vide poussé créer dans 'ampoule a toujours été pour mot un obstacle insurmontable, car ma pompe a bicyelette ne me paralt pas étre Vout] adéquat... En = Fevanche, Je pense pouvoir sans ditfculté fabriquer quelques transistors — pour mon propre usage, Croyez-vous que je trouverai en pharmacie les ingrédients dont j'aurai besoin: du germanium pur, de V'antimoine pour la zone N et de indium pour P? Cunrosvs. — Mon pauvre ami, patlez-vous sérieusement? Io. — Mais oui. Est-ce tellement ditieite? Cor. — Oh combien!... Tout @abord, il faut purifier suttisamment Je germanium, cor celui qui, sous le qualificatif de fmonter le tout rigidement et le mettre & Vabri en Tenfermant dans ae tn boltier étanche, Seules les grandes usines parfaitement équipées PUR Ss. parviennent & réaliser correctement cos diverses opérations. Ic. — Vous me découragez, Est-ce done vraiment si difficile de purifer Ie germanium? Cur, — Nvoubliez pas que nous avons besoin d'un germanium, vraiment pur ol, pour un milliard d’atomes, il ne doit pas avoir plus de 10 atomes d'impuretés et méme moins d'un dans certains cas. Jc. — Je suppose qu'on emploie des procédés chimiques pow aébarrasser ainsi le germanium des corps étrangers qui le polluent. Cun, — La chimie fait ce quielle peut, Mais c'est insuffisant, Aussi fait-on ensuite appel un procédé physique appelé fusion de zones of V’électronique a son mot @ dire, On met du germanium & purifier dans un long creuset trés propre, en quartz ou cn graphite, et, dans une atmoophire dhydroginc ou d'asote (pour éviter toute ouydation), on chauffe une zone étroite de germanium en la faisant fondre. Et cette zone de fusion est lentement déplace d'une extrémité a Yautre do creuset. Ig. — Je suppose que, de la sorte, les impuretés sont brilées. Cun. — Vous vous trompez. Le procédé est fondé sur le fait que los impuretés tondent & rester dans la zone liquéfiée, quittant ainsi les parties du germanium qui, en refroidissant, commencent a se soli- difler. On les fait done ainsi peu & pew passer d’une extrémité a l'autre de la masse du germanium et, aprés avoir recommenvé Topération plusioure fois, on coupe le bout du germanium vers lequel toutes les Impuretés ont été balayées. Ic. — Et on le jette? Cux, -- Non. Car le germanium cote trés cher. On le réutilise dans une autre fournée 4 purifier. Ic, — Eh bien, cela me fait penser que nous avons, hier, fait subir 4 Gora Ia fusion de zones. Cox. — Qui est Gora et qu’est-ce que Ja bétise que vous allez me conter 18? Ic, — Gora est notre chatte (nous Yappelons ainsi car elle est & moitié’ angora). Généralement trés propre, elle a dQ avoir quelques mauvaises fréquentations, qui lui ont valu d'attraper des puces. En lui Passant plusieurs fols un pelgne de la téte & la queue, nous Tavons Gébarrassée de ses impuretés... Mais comment est constitué le peigne pour le germanium? Je veux dire de quelle maniére parvient-on a n'en fondre qu'une zone étrolte? Chauffage électronique. Con, —- En utilisant le chauflage par induction 4 haute fréquence Un bobinage de quelques spires entoure la zone de fusion. Il est parcouru par un intense courant de haute fréquence qui induit dans la masse du germanium des courants qui détermient un échauffement suffisant pour le faire fondre, Ic. — Mais c'est exactement ce que l'on fait a Voncle Julest Cun. — Que vient faire ict votre oncle? A-t-il eu, lui aussi, des puces? Je. — Non, mais un épanchement de synovie au genou, consécutit & une malencontreuse chute, Auss! Iui fait-on de la diathermie 4 haute fréquence. ‘CuK. — Oui, je vois. On place son genou entre deux électrodes bien isolées auxquelles on applique des tensions de haute fréquence Le champ électrique ainsi créé développe de la chaleur par pertes dans le didlectrique 4 T'intéricur méme de Vorgane malade. Mais dans le chauffage par induction utilisé pour la fusion de zone, c'est le champ

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