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Les Osteites
Les Osteites
Pr TABETI-BENTAHAR
A.U : 2021-2022
- Définition :
Ce sont des lésions inflammatoires localisées ou diffuses du tissu osseux. Elles peuvent être
de cause locale ou générale.
Les manifestations de l’infection osseuse, son évolution et surtout sa diffusion se font
sous la dépendance des conditions anatomiques et physiologiques des sites infectés
(maxillaires).
- Rappels anatomiques :
L’os est un tissu conjonctif de soutien à structure « lamellaire ». Sa surface est recouverte
par le périoste, membrane conjonctive blanchâtre qui permet la croissance osseuse
en épaisseur, et la fabrication de cals en cas de fracture.
En dessous se trouve une lame d’os dense, particulièrement résistante : l’os compact
ou os cortical. Sous cette lame, l’os est beaucoup moins dense : c’est l’os spongieux,
ou trabéculaire ; il contient la moelle osseuse rouge, qui fabrique les cellules sanguines.
Le maxillaire :
Est adapté pour résister aux sollicitations des forces verticales mandibulaires, il présente
une double structure :
- Spongieuse au niveau de la voûte palatine, des rebords alvéolaires et de la tubérosité.
- Compacte au niveau de son apophyse montante et de sa région antérieure.
Sa vascularisation artérielle est assurée par l’artère maxillaire interne qui se divise en : artère
sous orbitaire, artère sphéno-palatine, et alvéolo-dentaire.
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La mandibule
Sur une coupe transversale, cet os se présente comme une gouttière d’os compact, ouverte
en haut sur les dents et recouverte par deux corticales interne et externe qui se rejoignent
pour former le rebord basilaire. Ce manchon d’os compact de type haversien engaine
un noyau d’os spongieux ; la distribution de ce dernier prédomine au niveau de la branche
horizontale et de la symphyse. Il se fait beaucoup plus rare au niveau de la branche montante.
Sa vascularisation est assurée par un double réseau :
- Central assuré par l’artère alvéolaire inférieure.
- Périphérique, périosté intéressant toutes les faces osseuses de la mandibule hormis la zone
d’implantation dentaire.
Le système central est prédominant. Les anastomoses entre les deux systèmes existent mais
sont de faible débit.
- Histopathologie
● Le deuxième mécanisme est d’origine cellulaire, c’est l’ostéoclasie qui est une véritable
phagocytose du tissu osseux par des cellules spécialisées, les ostéoclastes.
- Étiopathogénie
-.1. Causes locales
● Causes alvéolo dentaires :
Toutes les complications de la carie dentaire
Complications post-extractionnelles (alvéolite)
● Causes traumatiques :
Fracture ouverte
● Causes tumorales :
Surinfection de foyer tumoral
En cas d’infection cutanée (furoncle, anthrax du menton), ou muqueuse (ulcération,
stomatite, angine…).
● Pathologie péri implantaire.
● Pathologie sinusale (sinusites chroniques).
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▪ La fréquence la plus élevée est chez le jeune, quand les éruptions dentaires successives
entraînent un remaniement osseux.
▪ De même les personnes âgées se trouvent exposées du fait de la restructuration de la
trame osseuse ajoutée à un métabolisme ralenti, et des défenses amoindries.
- Étude clinique
7.1. Ostéites de causes locales
7.1.1. Ostéites localisées
7.1.1.1. Ostéopériostite et ostéopériostose :
Clinique :
- Des signes de desmodontite (mobilité et douleur).
- Le pus migre de l’apex vers le périoste qui se soulève.
- Douleur intense et pulsatile.
- Gencive tuméfiée en regard de la dent causale.
- Oedème plus ou moins important, pouvant déformer la face.
- Epaississement de l’une ou des deux tables osseuses (table externe surtout).
- Très rarement une fistule est présente.
Radiographie :
La panoramique dentaire retrouve l’étiologie : dent avec infection apicale ; parfois présence
d’image ostéolytique sous-jacente.
Evolution :
L’évolution sous traitement est en général longue, sur plusieurs mois, avec régression de la
tuméfaction et normalisation de l’aspect osseux. Il peut parfois persister une tuméfaction
séquellaire.
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7.1.1.1.2. Ostéopériostose :
Survient le plus souvent chez le jeune enfant, au cours d’une arthrite chronique de la première
molaire inférieure.
Clinique :
- Une tuméfaction chronique dure, adhérant à l’os déformant le visage, non douloureuse.
- Trismus.
- Absence de suppuration ou de séquestre.
- On retrouve souvent un point de départ dentaire non traité (kyste, granulome apical,
arthrite chronique)
7.1.1.2. Abcès sous périosté : Ne se manifeste que là où la gencive adhère au périoste (palais
et gencive attachée).
Clinique :
Au niveau du palais :
Voussure fluctuante et douloureuse (tuméfaction avec déformation en verre de montre).
Muqueuse œdématiée et congestive.
En rapport avec les racines palatines des prémolaires et molaires et l’incisive latérale.
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🡺 Alvéolite suppurée :
En rapport avec la surinfection du caillot alvéolaire après extraction.
Elle se manifeste par :
Des douleurs moins intenses que l’alvéolite sèche apparaissant 2 à 3 jours après l’extraction.
En endo buccal : l’alvéole est comblé par un bourgeonnement brunâtre plus ou moins
purulent, d’odeur fétide.
Traitement :
A) Alvéolite sèche :
⮚ Curetage de l’alvéole, sous anesthésie sans vasoconstricteur jusqu'à saignement.
⮚ Irrigation et asepsie de l’alvéole.
⮚ Mise en place d’une mèche de coton, imbibée et essorée d’eugénol, posée
superficiellement au toit de l’alvéole.
⮚ Prescription d’antiinflammatoires (antiagrégant plaquettaire en faveur d’une
vasodilatation), et d’antalgique, les antibiotiques ne sont passystématique sauf en cas
d’infection de l’alvéole.
B) Alvéolite suppurée :
Même traitement que la forme précédente sauf que les antibiotiques sont systématiques
(Amoxicilline® + Flagyl® ou Orogyl®).
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- Elimination de la cause (corps étrangers, crochet, obturation débordante).
- Curetage interdentaire.
- Lavage à l’eau oxygénée, ou à l’aide d’eugénol.
Cliniquement on retrouve :
- Des signes locaux de mono arthrite apicale (signes dentaires)
- Des signes généraux très marqués (fièvre, asthénie)
- Une tuméfaction osseuse importante
- Une mobilité dentaire nette, en regard de cette tuméfaction. Le test de vitalité pulpaire est
négatif
- Douleurs lancinantes irradiantes.
L’évolution se fait vers la fistulisation avec parfois réaction cellulaire péri maxillaire.
L’élimination d’un séquestre osseux est possible.
Diagnostic différentiel :
Il faut éliminer le phlegmon péri maxillaire où les signes généraux sont plus modérés .
L’évolution : se fait
- Soit sur un mode aigu avec collection purulente et parfois séquestre ; le signe de Vincent
(hypoesthésie labiomentonnière) est négatif sauf lors des manifestations infectieuses
localisées au trou mentonnier.
- Soit sur un mode subaigu vers le périoste, sans suppuration
- Soit vers la diffusion : c’est alors l’apparition d’une ostéite diffusée avec des signes
généraux et fonctionnels marqués, mais les symptômes restent localisés à la région
concernée. Le signe de Vincent est tardivement positif.
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On retrouve une image de décalcification avec ou sans formation de séquestre.
1- Phase de début :
-Signes de desmodontite aigue
- Avec trismus et comblement du vestibule par une masse dure fixée à l’os
2 - Phase d’état :
Aggravation des signes précédents et apparition des signes généraux (fièvre, asthénie),
mobilité de la dent causale et même des dents adjacentes
Rx : raréfaction osseuse autour de la dent causale
3 - Phase de séquestration :
Les douleurs s’atténuent, l’examen au stylet montre un os rugueux qui devient mobile pour
être enfin éliminé par la fistule.
Rx: image radio opaque ou floconneuse (séquestre).
4- Phase de réparation :
Correspond à la ré ossification et réparation des pertes de substance osseuse.
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- Rx : zone de déminéralisation à limites floues. Plus tard la séquestration donne des images
radio opaques.
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Elle se manifeste par des hypertrophies osseuses pour lesquelles on suspecte une origine
dentaire quand elles sont en face de dents mortifiées.
Les signes fonctionnels sont absents. L’évolution est très lente.
La radio : montre une image floconneuse avec densification de la trame osseuse
Il est difficile parfois de les distinguer d’une dysplasie fibreuse (biopsie).
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● Ostéite syphilitique : en rapport avec une syphilis tertiaire ou congénitale (trèponème
pâle). les sérologies spécifiques permettent de poser le diagnostic (TPHA-VDRL- FTA
abs)
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- Le sarcome ostéogénique,
- Le sarcome d’Ewing,
- Le sarcome de Hodgkin,
- Les lymphomes,
- Métastases osseuses d’un cancer (surtout glandulaire)
● Tumeurs bénignes des maxillaires
● Accidents cellulaires.
9. Traitement :
9.1. Traitement préventif
- Motivation à l’hygiène bucco-dentaire et prophylaxie de la carie ;
- Reprises des traitements dentaires défectueux (obturation débordante, lésion
péri-apicale...)
- Traitement des parodontopathies
- Traitement précoce des cellulites et phlegmons péri maxillaires
- Antibiothérapie en cas de fracture ouverte
- Antibioprophylaxie en cas de terrain à risque (malade irradié, sous biphosphonates...)
- Asepsie rigoureuse dans toutes les interventions chirurgicales.
10. CONCLUSION
Les ostéites de la face sont toujours à considérer comme potentiellement graves, nécessitant
un traitement précoce médical ou médico chirurgical.
Nous n’insisterons jamais assez sur l’intérêt du traitement préventif qui prend ici toute son
importance.
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