réflexion critique
Une autre limite tient 4 la formation de l’auteur : il n’est que
médecin. Or les réflexions qui suivent, loin d’épuiser un sujet
complexe, débordent largement la médecine et intéressent, entre
autres, la sociologie, la psychologie, 1’économie politique.
D’autre part, il serait bien imprudent, aprés avoir mis en
doute des idées recues et déclarées parfois vérités éternelles, de
prétendre les remplacer en énongant des certitudes satisfaites, en
préconisant des solutions définitives.
Aussi, ces réflexions n’ont-elles d’autre ambition que de vou-
loir contribuer a la compréhension d’un sujet difficile et, peut-
@tre, de constituer une piéce pour le dossier de |’organisation de
la protection de la santé.
I. Données historiques et géographiques
«La vraie trahison est de suivre le monde
comme il va et d’employer Vesprit a le
justifier, »
Jean GUBHENNO.
Avant de parler de l'histoire de la Charte médicale, il faut
rendre hommage a l’ouvrage de base dans le domaine de |’histoire
des relations entre les médecins, les pouvoirs publics et les
organismes sociaux : Le Grand tournant de la médecine libérale
de H. Hatzfeld +.
La naissance de la Charte médicale est liée & la difficile genése
de la législation francaise sur les assurances sociales.
En 1919, le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle redevien-
nent francais. Ces trois départements bénéficiaient du régime des.
assurances sociales allemandes institué par Bismarck. Le ministre
du Travail, un député alsacien, constitue en 1920 une commis-
sion d'études pour I’élaboration d’un projet de loi sur les assu-
rances sociales. Ce n’est qu’en 1924 que ce projet est adopté
a l’unanimité par des députés qui vont bientdt se représenter
devant les suffrages des électeurs.
Le projet prévoit pour les médecins une rémunération forfai-
taire par capitation, proportionnelle non au nombre d’actes mais
au nombre de malades soignés, ainsi qu’un tiers payant; celui-ci
est le groupement professionnel des médecins qui fixe le montant
de la rémunération aprés accord avec les caisses d’assurances
sociales. Le projet auxquels sont opposés les élus médecins et
Paysans est rapporté devant le Sénat par un médecin. Il est consi-
dérablement modifié.
C’est a cette époque que nait la Charte médicale. Rédigée par
le docteur Cibrie, elle est votée le 30 novembre 1927 par le
Congrés des syndicats médicaux de France.
Le 14 mars 1928, encore en fin de législature, la loi est votée
1. 1963, Editions ouvriéres.