Vous êtes sur la page 1sur 8

GENIE : BATIMENT & TRAVAUX PUBLICS

Année universitaire : 2022-2023

Matière : Techniques en géophysique

Chapitre 2 :

Prospection sismique

La prospection sismique est basée sur la propagation des ondes élastiques dans le sous-sol.
Dans cette étude on va s'interesser essentiellement aux onde de volume, à savoir :
les ondes de dilatation-compression (ondes P) et de cisaillement (ondes S).

On provoque un impact avec une source (e.g. un fusil ou un coup de masse) et les
ondes sismiques qui sont générées par la source se propagent dans le sous-sol. Lorsqu’elles
arrivent sur un interface entre deux couches de vitesses différentes, une partie des ondes sont
réfléchies vers la surface, l’autre partie étant transmise dans les couches plus profondes.
Les angles d’incidence, de réflexion et de transmission sont reliés par le paramètre de
rai, p, qui est constant pour chaque rayon
sin θi sin θr sin θt
p= = =
Vi Vr Vt
où θi,r,t et Vi,r,t sont les angles et les vitesses dans les milieux incident, réfléchi et
réfracté.
Nous nous intéresserons ici dans un premier temps aux ondes réfléchies, puis aux ondes
transmises.

1 Sismique-réflexion
Soit une onde sismique émanant d’une source S et incidente sur un interface entre deux
milieux de vitesses constantes V 1 et V 2. La couche de vitesse V 1 a une épaisseur h. L’onde
réfléchie est enregistrée par un récepteur (i.e. un géophone ou un hydrophone) à une distance
x de la source (cf. Figure 2.1).
Nous allons résoudre ce problème en se basant sur la théorie des rais, ce qui a pour
avantage de ramener ces problèmes à de simples questions de géométrie. Notez que les rais
n’ont pas d’existence physique: ce n’est pas le passage d’un rai qu’on enregistre avec un
géophone, mais bien celui d’un front d’onde. On peut bien sûr résoudre ces problèmes en
faisant appel à des fronts d’onde, mais le formalisme est plus compliqué.
Nous allons chercher à calculer le temps de parcours aller-retour entre la source et le
récepteur. Pour ce faire, comme la vitesse est constante dans la couche, on n’a qu’à prendre

1
Figure 2.1: Géométrie pour le problème de la sismique-réflexion. S: source, R: récepteur.

la distance parcourue que l’on divise par la vitesse. Suivant la Figure 2.1, on trouve que
cette distance est donnée par
s
µ ¶2 √
x
d=2 + h2 = x2 + 4h2
2
donc le temps de parcours est
1√ 2
t= x + 4h2
V1

µ ¶2 Ã !2
2 x 2h
t = +
V1 V1
Cette courbe décrivant la relation entre le temps de parcours et la distance source-
récepteur est connue sous le nom d’hodochrone. L’hodochrone caractéristique d’une onde
réfléchie est une hyperbole, i.e. si vous apercevez une hyperbole sur un tir sismique, vous
avez affaire à une onde réfléchie.
On remarque que seul le premier terme dépend de la distance x. Le second terme
ne dépend que des paramètres de la couche: il s’agit en fait du temps aller-retour entre la
surface et le bas de la couche défini par t0 = 2h/V1 . Notre hodochrone devient donc:
µ ¶2
2 x
t = + t20
V1
Le cas d’une couche plane est relativement simple. Que se passe-t-il si on est en présence
d’une couche pentée? La géométrie du problème est présentée sur la Figure 2.2. On
remarque que dans ce cas le point de réflexion (Q) n’est pas exactement à mi-chemin entre
la source et le récepteur.
Pour résoudre ce probléme, on procède comme dans le cas précédent, c’est-à-dire qu’on
détermine la distance parcourue que l’on divise par la vitesse du milieu. Pour se faciliter les

2
P
Figure 2.2: Géométrie pour le problème de la sismique-réflexion pour une couche pentée
d’un angle θ.

choses, on tourne le parcours SQ par rapport au plan réflecteur: le trajet total est alors du
croisement des deux lignes pointillées (P) au point R.
On trouve cette distance PR en applicant la Loi des Cosinus, car le triangle SPR ne
contient pas d’angle droit.

(P R)2 = d2 = x2 + (2h)2 − 4hx cos (π/2 + θ)

d2 = x2 + 4h2 + 4hx sin θ


d2 = x2 + 4hx sin θ + 4h2 sin2 θ + 4h2 cos2 θ
d2 = (x + 2h sin θ)2 + (2h cos θ)2
d’où on tire le temps de parcours
à !2 à !2
x + 2h sin θ 2h cos θ
t2 = +
V1 V1

3
On voit que l’hodochrone décrit encore une hyperbole. Regardons le second terme:
comme dans le cas précédent, il ne dépend pas de x. On voit qu’en fait ce terme n’est autre
que le t0 du cas précédentmultiplié
divisé par cos θ; autrement dit, il s’agit du t0 pour une vitesse de
propagation Vv = V1 / cos θ. Vv est la vitesse apparente verticale plus élevée que V1 .
L’analyse d’une hodochrone nous donne donc des informations sur la vitesse de la
couche (qui contrôle sa courbure) et sur son épaisseur.

2 Sismique-réfraction
Regardons maintenant ce qui se passe dans la couche de vitesse V2 . Nous avons vu plus
haut que le paramètre de rai p est constant. Donc, la trajectoire du rai dans le milieu 2 est
donnée par
Vt sin θi
sin θt =
Vi
On voit donc que si Vt > Vi , le rai sera plus éloigné de la normale dans le milieu 2 que
dans le milieu 1. On peut même imaginer un cas pour lequel sin θt = 1, soit θt = π/2. Ce
cas se produira quand
Vi
sin θi = = sin θc
Vt
où θc est l’angle critique, c’est-à-dire l’angle pour lequel le rai se propage le long de
l’interface dans le milieu 2. On parle d’onde réfractée critiquement ou d’onde conique.

Figure 2.3: Géométrie pour le problème de la sismique-réfraction.

Nous allons calculer l’hodochrone pour une onde conique se propageant le long d’un
interface plan (cf. Figure 2.3).
regardons les trajets dans les couches 1 et 2 séparément.

4
Dans la couche 1, le trajet est

d = SP + QR

2h
d=
cos θc
donc le temps de parcours est
d 2h
t1 = =
V1 V1 cos θc
Dans la couche 2, le trajet est

d = PQ

d = x − 2h tan θc

x − 2h tan θc
t2 =
V2
Combinons les deux temps pour trouver le temps total t

t = t1 + t2
2h x − 2h tan θc
t= +
V1 cos θc V2
à !
x 2h V1 sin θc
t= + 1−
V2 V1 cos θc V2

mais V1 /V2 = sin θc , d’où

x 2h cos θc
t= +
V2 V1
v
u µ ¶2
x 2h u V1
t= + t1 −
V2 V1 V2
On voit qu’ici, l’hodochrone est une simple droite de pente 1/V2 et dont l’ordonnée
à l’origine ne dépend que de l’épaisseur de la couche et des vitesses de part et d’autre de
l’interface.
Nous pouvons généraliser cette relation pour un milieu à N vitesses (on ne fera pas la
démonstration ici):
v
N −1
u µ ¶2
x X 2hi u
t Vi
tN = + 1−
VN i=1 Vi VN

5
Figure 2.4: Géométrie pour le problème de la sismique-réfraction.

où tN est l’onde conique se propageant à l’interface au-dessus de la couche N , i.e.


l’interface le plus profond.

Comme pour le cas de la réflexion, il est souhaitable de calculer l’hodochrone pour un


interface penté. La géométrie de ce problème est donnée dans la Figure 2.4.
Le temps de parcours total est la somme des temps dans chaque milieu.

SP + QR P Q
t= +
V1 V2

Zh
SP =
cos θc
Zb
QR =
cos θc

P Q = x cos φ − (Zh + Zb ) tan θc

Zh + Zb x cos φ (Zh + Zb ) tan θc


t= + −
V1 cos θc V2 V2
à !
x cos φ Zh + Zb V1 sin θc
t= + 1−
V2 V1 cos θc V2
mais V1 /V2 = sin θc , d’où
x cos φ Zh + Zb ³ ´
t= + 1 − sin2 θc
V2 V1 cos θc
x cos φ Zh + Zb
t= + cos θc
V2 V1

6
Nous voici donc confrontés à deux cas de figure: soit le tir est réalisé de S vers R (tir
direct) ou de R vers S (tir inverse). Déterminons les hodochrones pour ces deux cas.
i. Tir en S. On tire alors vers le bas de la pente. Comme on sait que Zh et Zb sont
reliés par x et φ, on va éliminer Zb en utilisant la relation Zb = Zh + x sin φ
x cos φ 2Zh x sin φ
tSR = + cos θc + cos θc
V2 V1 V1
mais sin θc = V1 /V2 donc
x cos φ x sin θc cos φ
=
V2 V1
substituons
x 2Zh
tSR = (sin θc cos φ + cos θc sin φ) + cos θc
V1 V1
x 2Zh
tSR = sin (θc + φ) + cos θc
V1 V1
ii. Tir en R. On tire alors vers le haut de la pente. On élimine Zh en utilisant la
relation Zh = Zb − x sin φ. En suivant le même raisonnement, on retouve
x cos φ 2Zb x sin φ
tRS = + cos θc − cos θc
V2 V1 V1
x 2Zb
tRS = (sin θc cos φ − cos θc sin φ) + cos θc
V1 V1
x 2Zb
tRS = sin (θc − φ) + cos θc
V1 V1
Dans les deux cas, on remarque que l’hodochrone est une droite, mais les pentes (i.e.
les vitesses) sont différentes
V1 V1
VSR = VRS =
sin (θc + φ) sin (θc − φ)
Ces vitesses apparentes nous permettent de déterminer, sans aucun calcul, où sont le
haut et le bas de la pente de l’interface. En effet, comme θc et φ sont des nombre positifs,
on sait que θc + φ > θc − φ et donc que VSR < VRS . Le tir à la vitesse apparente la plus
élevée est au-dessus du bas de la pente. Mais on peut aller plus loin et déterminer les deux
angles θc et φ à partir de ces vitesses apparentes
· µ ¶ µ ¶¸
1 V1 V1
θc = arcsin + arcsin
2 VSR VRS
· µ ¶ µ ¶¸
1 V1 V1
φ= arcsin − arcsin
2 VSR VRS
d’où on tire ensuite V2 , Zh et Zb .
On voit donc l’importance d’effectuer au moins un tir direct et un tir inverse afin de
déterminer le pendage. Si on n’a qu’un seul tir à notre disposition, on est obligé d’interpréter
nos données de sismique-réfraction en termes de couches planes.

7
Figure 2.5: Exemple d’hodochrones de tirs direct et inverse sur une couche pentée.
`

Vous aimerez peut-être aussi