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DE S A N T H ROP ON Y M E S G R E C S
A NTIQU ES
À l’occasion du centenaire de l’ouvrage de Friedrich Bechtel,
Die historischen Personennamen des Griechischen
bis zur Kaiserzeit (Halle, 1917)
www.droz.org
ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES
SCIENCES HISTORIQUES ET PHILOLOGIQUES – III
DROZ
Pour les Inuit, les noms ne sont pas des étiquettes.
Ils ont une âme, ils sont des âmes. Ils contiennent en eux
l’identité et l’expérience de la vie de ceux qui les ont déjà portés.
À la différence de l’âme intérieure qui anime le corps et grandit avec lui,
l’âme-nom donnée à un enfant vient l’envelopper tout entier
et fait passer en lui les identités de tous ceux qui ont porté ce nom avant lui.
M. Godelier, Au fondement des sociétés humaines.
Ce que nous apprend l’anthropologie, Paris, 2007, p. 131.
Illustration de couverture :
IG II 959 = IG II2 1951, l. 230-375. D’après Benjamin D. Meritt, « An Athenian naval
catalogue », AJA 31, 4, 1927, p. 462, fig. 1 (http://www.jstor.org/stable/497867).
ISBN : 978-2-600-05735-6
ISBN PDF : 978-2-600-15735-3
ISSN : 1016-7005
Copyright 2017 by Librairie Droz S.A., 11, rue Massot, Genève
All rights reserved. No part of this book may be reproduced or translated in any form, by print, pho-
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Sommaire
Laurent Dubois
Avant-propos .................................................................................................................... xi
Abréviations communes et remerciements ................................................... xiii
Sophie Minon, Laurent Dubois et Claire Le Feuvre
Introduction. — Entre composition et dérivation : le jeu
de construction anthroponymique ......................................................................... 1
Vues antiques sur le nom propre (notamment la notion d’hypocoristique) . ...1
I. Suffixation vs suffixes ou « la vie des suffixes » ............................................. 11
II. Le jeu de construction anthroponymique : l’assemblage ........................... 18
III. Caractéristiques saillantes de la suffixation anthroponymique ............... 25
Première partie
Paolo Poccetti
La morphologie des anthroponymes grecs en contexte de contact :
Grande Grèce et Sicile ........................................................................................... 163
Dan Dana
Hellénisation par suffixation : noms non grecs et suffixes grecs ..... 201
Deuxième partie
Éric Dieu
Accentuation, suffixes et loi des appellatifs dans les anthroponymes
grecs antiques .............................................................................................................. 227
Jaime Curbera
Words, names and suffixes. Four notes ......................................................... 267
Nathalie Rousseau
Remarques sur la suffixation des anthroponymes composés
à premier terme prépositionnel du grec ancien ....................................... 279
Laurent Dubois
Des noms en -ᾶς ......................................................................................................... 299
Audrey Mathys
Anthroponymes et morphologie dérivationnelle : les anthroponymes
en -λος, -ιλ(λ)ος et -υλ(λ)ος et la gémination expressive .................... 333
Florian Réveilhac
Les anthroponymes grecs en -ιον : étude morphologique
et sémantique ............................................................................................................... 379
Alcorac Alonso Déniz
La diffusion du suffixe -(ι)άδ- dans le système dérivationnel
des anthroponymes féminins ............................................................................... 419
Araceli Striano
Étude comparative et diachronique des suffixes des anthroponymes
grecs féminins .............................................................................................................. 447
sommaire ix
Troisième partie
Catherine Dobias-Lalou
La suffixation des anthroponymes en Cyrénaïque pré-romaine ...... 469
Claire Le Feuvre
Un suffixe mort et ressuscité : *-u̯ent- dans l’anthroponymie ...... 493
Marina Veksina
Ionic element in Coan Onomastics? ............................................................... 517
Violeta Gomis García
Interactions analogiques dans les flexions des anthroponymes
masculins en ‑ā‑ et en ‑s‑ à Thasos ................................................................. 535
Richard Bouchon et Bruno Helly
Sémantique des suffixes : connotations patronymiques, le cas
de la Thessalie ............................................................................................................ 559
María Luisa del Barrio Vega
Remarques sur le suffixe -ωνδας ...................................................................... 579
Guy Vottéro
Suffixes caractéristiques dans l’onomastique personnelle
de Béotie ......................................................................................................................... 591
Enrique Nieto Izquierdo
Étude sur la suffixation des anthroponymes en grec ancien : le cas
des hypocoristiques et des sobriquets en Argolide ................................. 625
Résumés .......................................................................................................................... 649
Abstracts ......................................................................................................................... 660
Bibliographie sélective ........................................................................................... 671
Préfixes, suffixes et chaînes suffixales identifiés
dans les anthroponymes ........................................................................................ 687
x saga
L
e hasard a voulu que ces actes d’un colloque consacré à la suf-
fixation dans les anthroponymes grecs paraissent pour le cente-
naire des Historische Personennamen des Griechischen bis zur
Kaiserzeit de Friedrich Bechtel : les éditeurs et les contributeurs de la
présente publication se réjouissent qu’elle offre ainsi l’occasion de célé-
brer un tel anniversaire. On sait que les HPN avaient été précédés par
le livre que Bechtel avait publié avec son maître A. Fick, en 1894, les
Griechische Personennamen, précédés aussi par le mémoire que Bechtel
avait en 1898 consacré aux Spitznamen dans les Abhandlungen de la
société royale des sciences de Göttingen, mais il est certain que la publi-
cation de 1917, par la clarté et la maturité scientifique dont elle témoigne,
est le point de départ et la référence incontournable de toutes les études
onomastiques postérieures. En outre, si le livre est si novateur, c’est
que le matériel onomastique dont disposait Bechtel à la veille de la pre-
mière Guerre s’était considérablement accru après la parution de maints
volumes des Inscriptiones Graecae et d’autres séries épigraphiques ;
c’est aussi parce qu’il s’agit du livre d’un linguiste dialectologue, au fait
des derniers apports de la grammaire comparée.
L’auteur des HPN a eu de brillants et féconds émules au cours du
xxe siècle. La seconde partie consacrée à tous les noms qui ne procèdent
pas d’une abréviation de composé a été remarquablement amplifiée et
complétée chronologiquement par Louis Robert qui, dans ses Noms indi-
gènes de 1963, s’est fondé sur sa connaissance intime des documents
épigraphiques d’Asie Mineure pour mettre en évidence la pérennité de
l’onomastique grecque à l’époque impériale, période dont les anthropo-
nymes n’avaient pas été, comme l’indique la fin du titre, pris en compte
par Bechtel. Cette somme sur l’onomastique d’Asie Mineure a expliqué
et sorti de l’oubli de nombreux sobriquets bâtis sur des termes rares du
lexique familier, de la nature ou des métiers qui, à la faveur de la recherche
onomastique, retrouvent toute leur place dans le riche vocabulaire grec.
xii saga
Laurent Dubois,
Paris, 14 février 2016
Abréviations communes
Remerciements
Nos plus vifs remerciements vont à Laurent Dubois et à Nicolas Vatin, qui
ont accepté cet ouvrage dans la collection de l’École pratique, à Laurent
Garrigues, pour son habituel professionnalisme souriant, et la patience
exemplaire et la grande diligence dont il a fait preuve au long de ce lourd
travail d’édition, à tous nos collègues contributeurs, qui ont notamment
permis que les délais de publication soient respectés, et à notre collègue
Gérard Genevrois, qui a relu l’ensemble du manuscrit et a participé à
l’indexation avec l’acribie et la générosité qui lui sont coutumières.
I N T RODUC T ION
Sophie Minon
École pratique des hautes études,
Institut universitaire de France
Laurent Dubois
École pratique des hautes études
Claire Le Feuvre
Université Paris-Sorbonne
18. Aristote, Catégories, 1a13-15, p. 59-60 (trad. J. Lallot), et cf. Topiques, § 109.
19. Hérodien, Περὶ παρωνύμων « Des dérivés nominaux ou paranoms » (Lentz 2, 2,
p. 852, transmis par l’E.M. 476, 46).
20. Sur la notion d’homonymie confrontée à celles de synonymie et de paronymie
chez les anciens, en commençant par Aristote, Catégories, 1a1, voir dans l’édition
Ildefonse-Lallot la partie consacrée aux composés grecs en -ônumos (notamment
p. 248-251) et F. Desbordes, « Homonymie et synonymie d’après les textes théo-
riques latins », dans I. Rosier (éd.), L’ambiguïté. Cinq études historiques, Lille,
1988, p. 51-102 (repris dans Idées grecques et romaines sur le langage, G. Clerico,
B. Colombat et J. Soubiran [éd.] Paris, 2007, p. 307-357), notamment le début de
l’article.
21. Nous devons la métaphore de la « constellation lexicale » à G. Serbat, « La déri-
vation nominale », Linguistique latine et linguistique générale, Louvain-la-Neuve,
1988, p. 68.
6 sophie minon, laurent dubois, claire le feuvre
Pour qu’un suffixe soit vivant, capable de créer des mots nouveaux,
il faut et il suffit qu’il présente, ainsi que son radical, une idée nette à l’esprit.
A. Darmesteter, Cours de Grammaire historique de la langue française,
éd. L. Sudre, révis. P. Laurent, Paris, 1934, 61.
34. Pour les composés du type de l’hypostase Ἀντ-ήνωρ, sur lequel a été fait l’adjectif
déanthroponymique ἀντήνωρ, attesté chez Esch., Ag. 442, pour désigner la cendre
« en guise d’homme », voir le livre de Nathalie Rousseau, Du syntagme au lexique :
les composés par dérivation en grec ancien, Paris, 2016, et sa contribution ici même.
12 sophie minon, laurent dubois, claire le feuvre
Ἀγαθ-α / η, -αῖος, -άρι(ο)ν, -ᾶς, -έᾱς, -ε(ι)ᾰ, -ῆς, -ίᾱ / η, -ιάδᾱς, -ιανός,
-ίᾱς, -ίδᾱς, -ικός, -ίνᾱ, -ῖνος, -ι(ο)ν, -ιος, -ις, -ίς, -ίων, -ον, -ος, -ούᾱς,
-ουν, -οῦς, -υλλα, -υλλος, -ώ(ι), -ων, -ων-ιανός, -ων-ίδᾱ / ης, -ων-ίς,
-ών-ιχος.
35. C. Kircher, « Le paramètre sémantique dans l’analyse des dérivés chez Priscien »,
dans M. Baratin, C. Moussy (éd.), Conceptions latines du sens et de la signification,
Paris, 1999, p. 158, signale que Priscien ne possède ni le concept ni le terme « pour
désigner cet élément fondamental de la dérivation », même s’il réfléchit à la fonction
sémantique du suffixe dans les pages consacrées aux dérivés du livre II des Institu-
tiones Grammaticales.
36. Voir A. Rey, Le Robert. Dictionnaire historique de la langue française, Paris, 1992,
s.v. Affixe et Suffixe.
37. Cf. e.g. Hérodien, II, 2, 851, l. 34 (Lentz) : τὰ εἰς ης κύρια.
introduction 13
Αἰσχρυβίων
Il pourrait en être allé ainsi pour un anthroponyme rare comme
Αἰσχρυβίων (3 ex., LGPN 1, Eubée, ive-iiie s.), à moins que l’ambiguïté
ne ressortisse en fait à notre synchronie.
α) -υβ- suffixe expressif ?
Bechtel (HPN 488) invitait à le comparer à Γοργυπ- (contempo-
rain Γόργυψ, HPN 112, Erétrie), avec le même échange entre sonore
et sourde que dans le nom ὄρτυξ de la « caille », au génitif susceptible
de prendre la forme ὄρτυγος (Aristote), mais aussi ὄρτυκος chez le
Comique contemporain Philémon 59 : son analyse faisait donc restituer la
séquence suffixale -υβ-ίων. Du reste, les dérivés parallèles, tous attestés
60. Voir déjà le regroupement des différents suffixés dans Bechtel, KOS 163 (= Ἐφ. Ἀρχ
1911, p. 16).
61. Ο. Masson, « Noms de femmes rares en Attique », Onomata 9 (1984), p. 33-35
(= OGS II, p. 421-423) ; pour l’adjectif κορδύς au sens d’« adroit », voir C. de Lam-
berterie, Les adjectifs grecs en -υς. Sémantique et comparaison, Louvain-la-Neuve,
1990, t. II, § 289-292. En ce qui concerne le nom thessalien difficile Κοχρύβα seule-
ment connu par une inscription de Krannon (SEG 29, 522, datation incertaine), qui
ne me paraît pas nécessairement devoir être rattaché à la même série, je me réserve
de l’étudier ailleurs, et tout d’abord dans la base de données en ligne du LGPN-Ling.
62. O. Masson, sur la famille de Αἰσχ-, « Quelques anthroponymes grecs et leur mor-
phologie : noms composés et noms simples », Verbum 18 (1995-1996), p. 281-288
(= OGS III, p. 318).
63. Voir la contribution d’A. Alonso Déniz ici même, p. 427, n. 29, et C. de Lamberterie,
Les adjectifs grecs en -υς. Sémantique et comparaison, Louvain-la-Neuve, 1990,
p. 195-196, pour Μίκυθος, Γόργυθος.
64. C. de Lamberterie, op. cit., § 278, p. 831-832.
65. DELG, s.v.
66. L. Robert, loc. cit.
introduction 21
67. Chantraine, Formation, p. 261, classe ainsi l'adjectif ὑβός parmi les « mots popu-
laires (mes italiques), qui échappent à l’analyse », mais l’étude de J. Curbera,
« Simple Names in Ionia », dans PNAA, p. 107-143, qui montre qu’en Ionie, les
noms simples les plus hauts en couleur peuvent être portés dans tous les milieux, y
compris parmi les magistrats et au sein de l’aristocratie (p. 110-111), invite à subs-
tituer à cette axiologie de type sociolinguistique, une caractérisation sémantique
d’ordre psychologique, en termes de valorisation vs dévalorisation.
68. Voir DELG, s.v. καλύπτω et κρύπτω, où l’étymologie proposée fait abstraction de la
labiale finale.
69. Voir EDG I-II, s.v. κύπτω.
70. Voir Aristote, HA 499a14 : Αἱ δὲ κάμηλοι ἴδιον ἔχουσι παρὰ τἆλλα τετράποδα τὸν
καλούμενον ὕβον ἐπὶ τῷ νώτῳ. Διαφέρουσι δ’ αἱ Βάκτριαι τῶν Ἀραβίων· αἱ μὲν
γὰρ δύο ἔχουσιν ὕβους, αἱ δ’ ἕνα μόνον. Les chameaux ont comme particularité par
22 sophie minon, laurent dubois, claire le feuvre
rapport aux autres animaux ce que l’on appelle bosse et qu’ils ont sur le dos. Ceux
de Bactriane diffèrent des Arabes : les premiers ont deux bosses, quand les seconds
n’en ont qu’une.
71. Un composé possessif laisse attendre une interprétation du type : « au don honteux »,
mais un anthroponyme au sens de « don honteux » pour un « enfant de la honte », né
hors mariage ou autre, ferait plus sens. Le composé serait alors de type déterminatif,
comme le sont, par exemple Θεό-δωρος et le composé inverse Δωρό-θεος.
72. M. Egetmeyer, Le dialecte grec ancien de Chypre, I. Grammaire, Berlin - New York,
2010, p. 306.
73. Iliade 2, v. 116-118.
74. Pour Ὕβαιθος, Céphallénie, époque hell., voir IG IX2 1 1532, à corriger peut-être en
Ὕπαιθος selon J. Curbera, dans Θέρμη καὶ φῶς. Licht und Wärme. Αφιερωματικός
τόμος στη μνήμη του Α.-Φ. Χρηστίδη, Thessalonique, 2008, p. 266.
introduction 23
75. Sur la conservation de l’adjectif κυρτός en grec moderne et son emploi pour former
des sobriquets jusqu’à l’époque byzantine, voir Robert, Noms indigènes, p. 252.
Hésychius glose du reste ὑβώματα par κυρτώματα.
76. Voir Galien, In Hippocratis aphorismous commentarii VII, 18a, p. 74, 12 : Ὑβοὺς
καὶ κυφοὺς εἴωθεν ὀνομάζειν Ἱπποκράτης οὓς ἅπαντες οἱ νῦν ἄνθρωποι προσαγο-
ρεύουσι κυρτούς Hippocrate avait coutume de désigner par « huboi » et « kuphoi »
ceux que tous aujourd’hui appellent « kurtoi » (voûtés, bossus).
77. Voir Orion, Etym. υ 154, 5, dont seule la partie phonétique de la notice est intéres-
sante : Ὑβόν. κυφὸν ἐστὶν ἀποβολῇ τοῦ κ, καὶ τροπῇ τοῦ φ εἰς β. Sur les flottements
entre φ et β, voire π en macédonien, voir M. Hatzopoulos, La Macédoine. Géogra-
phie historique. Langue. Cultes et croyances. Institutions, Paris, 2006, p. 42 : nom-
breux exemples de β macédonien pour φ, comme Βερενίκη ; pour le cas plus rare de
β pour π, voir Βορδῖνος vs thess. Πορτῖνος, sur πόρτις « veau » (cf. Masson, OGS III,
p. 293). Sur la présence de flottements analogues en thessalien, voir J. L. García
Ramón, « Thessalian Personal Names and the Greek Lexicon », dans ONW, p. 32,
qui cite entre autres le nom de femme Τολόβα (Atrax, ive a. C.), variante régionale
plausible de τολύπη « pelote de laine ».
78. Voir, par exemple, le dictionnaire de G. Babiniôtis, Λεξικὸ τῆς νέας Ἑλληνικῆς
γλώσσας2, Athènes, 2002, s.v.
79. L’Etymologicon Magnum, s.v. ὑβός (774, 8), précise la nature de la difformité, en
distinguant entre ὕβωσις et κύρτωσις, la première correspondant à τὸ κατὰ τὴν
κεφαλὴν πρὸ τῆς ῥάχεως πάθος, la seconde affectant τὸ μέσον τῆς ῥάχεως.
24 sophie minon, laurent dubois, claire le feuvre
une vue de la situation dans une zone donnée, complètent les contribu-
tions axées sur une formation, étudiée de manière transversale, et l’on
constate, ce qui n’est certes pas une surprise, que le système fonctionne
globalement partout de la même manière. J. L. García Ramón montre
ainsi la continuité entre les types mycéniens et ceux du grec du premier
millénaire, et souligne une fois de plus l’importance des seconds pour la
compréhension des premiers en ce qui concerne l’analyse des suffixes, de
même qu’A. Striano. La question de la continuation de types mycéniens
se retrouve dans d’autres communications (E. Nieto Izquierdo et N. Guil-
leux). Même un phénomène comme la gémination dite « expressive » est
déjà attesté en mycénien, bien que la graphie le rende difficilement détec-
table, et l’on pourrait même se demander si parmi les anthroponymes en
-i-jo du mycénien il n’y aurait pas quelques diminutifs neutres en -ion.
Pour la gémination, qui caractérise avant tout les hypocoristiques,
le caractère expressif du procédé n’est pas contestable, mais quelques
contributions ont proposé de lui trouver des fondements moins impres-
sionnistes : l’hypothèse d’A. Mathys sur une distribution des formes avec
ou sans géminée en fonction de la structure syllabique du mot, dans une
sorte de « loi des comparatifs » consonantique (-ότερος / -ώτερος), est
certainement une piste à explorer, d’autant qu’elle ne la formule que sur
un corpus précis, les exemples d’Athènes aux ve et ive s., et qu’il fau-
drait la tester sur d’autres corpus dialectaux. C. Le Feuvre propose pour
certaines formes qui présentent cette gémination alors qu’a priori elles
ne le devraient pas – les noms propres issus de la conversion de parti-
cipes féminins, qui n’ont rien de formations hypocoristiques –, une expli-
cation reposant sur un modèle analogique à partir d’un schéma existant
par ailleurs dans la langue. Si le terrain est glissant, comme l’est tout ce
qui touche à l’expressivité, il est probable que ce phénomène a plusieurs
sources. La gémination n’étant pas systématiquement notée dans les ins-
criptions anciennes, le phénomène n’est appréhendable que quand il est
déjà mûr et productif, ce qui rend difficile l’identification de ses causes.
Reste enfin la question de l’intégration des emprunts, de l’hellénisation
des noms étrangers ou, à l’inverse, de l’adaptation des noms grecs dans
les langues voisines (D. Dana, G. van Heems, P. Poccetti). Pour l’hellé-
nisation des noms étrangers, à peu près tous les suffixes sont employés.
L’hellénisation se fait sur le seul critère morpho-phonologique, et l’ab-
sence de contenu sémantique net des suffixes leur permet de s’adapter
30 sophie minon, laurent dubois, claire le feuvre
PR ÉH ISTOI R E
ET H ISTOI R E CON T R AST I V ES
D E L’A F F I X AT I O N
A N T H ROP ON Y M IQU E
La suffixation des anthroponymes :
du mycénien aux dialectes du premier millénaire
« courte » (ainsi dans ce qui suit), et c) dans des noms comportant un seul
lexème (sobriquets), et ceci tant en mycénien qu’au premier millénaire :
a) Avec des composés, cf. la variante /-ā-s/ (: -ᾱς) de /-o-/ (: -oς), dont
la coexistence est déjà mycénienne, y compris pour les mêmes noms,
cf. ka-ta-wa /Katarwās/ : ka-ta-wo /Katarwos/ (: Arc. καταρϝoς
« maudit »), cf. aussi myc. a-ka-to-wa /Alkathowās/ vs hom.
Ἀλκάθooς, ou Thess. Ἐρραίνᾱς* (Patron. Ἐρραίναιος) présupposant
*Ἐρί-αινος « qui a (reçoit) une haute (ἐρι°) louange » 1 ;
b) avec des hypocoristiques ou composés « tronqués » avec conserva-
tion partielle du second membre (type Πάτρo-κλ-oς : Πατρo-κλέης,
Κλέομμ-ι-ς : Kλεο-μένης), cf. myc. pe-ri-mo /Perimos/ (cf. pe-ri-
me-de : Περιμήδης), pe-ri-to /Perithos/ (cf. pe-ri-to-wo /Perithowos/ :
Hom. Πειρίθooς), to-wa /Thowā(n)s/ avec /-ā-/ élargi par -nt- ? : Hom.
Θόα(ν)ς) (cf. to-wa-no /Thowānōr/, θοός, ἀνήρ) 2 ;
b’) avec des hypocoristiques ou composés « tronqués » avec substitution
totale du second membre par une série de suffixes : myc. /-ā-/, /-ako-/,
/-ēu-/, /-ewā-/, /-i-/, /-id-/, /-iko-/, /-ikho-/, /-il(l)o-/, /-īno-/, /-(i)ōn-/,
/-ο-/, fém. /-ōi/, /-ōn-/, /-ul(l)o-/, /-won-/ correspondant à gr. alph. -ᾱς,
-ᾶς, -ακο-, -εύς, -έᾱς, -ις, -ιδ-, -ικος, -ιχος, -ιλ(λ)ος, -ῑνος, -[ι]ων, -ος,
fém. -ώι, -ων, -υλ(λ)ο-, -(ϝ)ων, aussi avec des conglomérats, par ex.
-ᾱ ́ -ων, -ᾱ́-τᾱς, -ών-δας. Les suffixes, dont la plupart sont exclusive-
ment onomastiques, ne laissent pas reconnaître de nuances précises ni
de différences de sens et sont interchangeables, ainsi pour de-ke-se-u :
Δεξεύς, parallèle avec Δέξις, Δεξίας, Δεξώ, cf. Δεξί-χαρις : δέχoμαι
« recevoir » ;
1. Avec <ερρ> dialectal pour <ερι> : Ἐρι°, synonyme de μεγα°, ἀγα°, ὑψι°. Le nom
reflète le phrasème [μέγας – αἶνος], cf. Pind. Nem. 1. 4-6 Δάλου κασιγνήτα, σέθεν
ἁδυεπής | ὕμνος ὁρμᾶται θέμεν | αἶνον ἀελλοπόδων | μέγαν ἵππων, Ζηνὸς Αἰτναίου
χάριν (J. L. García Ramón, « Zwei neue Namen auf der Stele der Menandridai
(Krannon): Χειραίνετος und Ἐρραίνας (: Ἐρι-αίνας) und die griechische dichte-
rische Phraseologie », ZPE 159 [2007], p. 179-188).
2. Le nom est l’hypostase d’un *θοὸς ἀνήρ. Le NP Πρoθoήνωρ (Hom.) reflète le croi-
sement de °θόoς et *Θoάνωρ, favorisé par des passages comme Il. 22, 458-9 […]
ἐπεὶ οὔ ποτ’ ἐνὶ πληθυῖ μένεν ἀνδρῶν, || ἀλλὰ πολὺ προθέεσκε, Od. 11, 514 οὔ
ποτ’ ἐνὶ πληθυῖ μένεν ἀνδρῶν οὐδ’ ἐν ὁμίλῳ, || ἀλλὰ πολὺ προθέεσκε (J. L. García
Ramón, « Anthroponymica Mycenaea: 3. Mykenisch to-wa-no /Thowānōr/, home-
risch Πρόθοος und Προθοήνωρ », ŽAnt 50 (2000), p. 205-212).
36 josé luis garcía ramón
c) avec des sobriquets (avec ou sans gémination) on trouve aussi les suf-
fixes onomastiques, par ex. e-ru-to-ro /Eruthros/ : e-ru-ta-ra /Eruthrās/
(: ἐρυϑρός), ko-pe-re-u (: Κoπρεύς, cf. κόπρoς « excrément », wo-ne-
wa (: Οἰνέας, Οἰνεύς, cf. oἶvoς « vin »).
Très souvent une forme « courte » peut être reconnue comme telle
grâce à l’existence d’un composé. C’est, par exemple, le cas de e-ke-si-jo
/Enkhesios/ (KN Cn 4.8) ou /Enkhesiōn/ (: ἐγχεσι° cf. hοm. ἐγχεσίμωροι)
ou de e-ke-a /Enkheh-ās/ (KN V (6) 831.1), cf. hom. ἐγχέσ-παλος : le com-
posé explicite le second membre (ou, au moins, un des seconds membres
possibles) du composé « tronqué ». Il se peut, naturellement, que le com-
posé ou le syntagme sous-jacent ne soit pas attesté : dans ce cas, l’in-
terprétation ne peut être que plausible, par ex. we-we-si-jo /Werwes-ios/
(KN Da 1156.A et al.), probablement une forme « courte » de */werwes-
pokos/, */werwes-komos/ 3, ou le théonyme di-ri-mi-jo /Drīmio-/ (fils de
Zeus dans PY Tn 316 v.10) qui fait pendant avec l’anthroponyme du gr.
alph. Δρίμ-ων, Δριμ-ύλος, Δρίμ-ακος, fém. Δριμώ, qui contiennent hom.
δριμύς « penétrant, piquant » : il peuvent reposer sur un composé non
attesté *δριμυβελής, *δριμύ-τοξος 4 : βέλος ὀξὺ… δριμύ (Il. 11, 269). On
peut donc bien dire que dans chaque anthroponyme à suffixe onomastique
on peut voir ou imaginer l’ombre d’un composé, mais il n’est pas moins
vrai qu’une distinction claire n’est souvent guère possible. Ainsi, po-ro-te-
u : Πρωτεύς, Πρωτέας et po-ro-u-te-u /Ploutēus/ (: Πλoυτεύς, Πλoυτᾶς)
peuvent être des « formes courtes » (par exemple de Πρώτ-αρχoς ou de
Πλoύτ-αρχoς) aussi bien que des noms simples bâtis sur πρῶτoς, πλoῦτoς).
On laissera donc de côté les suffixes qui, pouvant apparaître dans des
noms propres, ne sont pas exclusivement onomastiques, puisqu’ils appa-
raissent aussi dans des appellatifs communs, avec une forme reconnais-
sable qui évoque leur fonction (ou, au moins, l’une de ces fonctions).
C’est, par exemple, le cas de /-tor-/ qui, bien attesté comme nom d’agent,
apparaît dans des anthroponymes où il peut être analysé comme tel aussi
bien que comme forme « courte » d’un composé : ainsi, myc. ke-to
*/Kens-tōr/ (*k̂ éns-tor-) « qui parle emphatiquement, avec autorité », qui
peut refléter un nom d’agent i.-e. *k̂ éns-tor- (: véd. śáṃstar-, cf. i.-e.
*k̂ ens-, lat. cēnsēt, véd. śáṃsati : v.-aν. sǝ̄nghaitī, aν.réc. saŋhaiti) ou
forme « courte » d’un composé avec */Kens-ti°/ (NP ke-sa-do-ro /Kess-
andros/ [PY, KN], ke-sa-da-ra /Kessandrā/ [PY] : <Κεσανδρα> sur des
vases corinthiens), ou ka-to /Kastōr/ (KN), gén. to-ro /toros/ : Kάσ-τωρ,
nom d’agent de κέκασμαι « se distinguer, exceller » ou forme « courte »
(comme ka-te-u /Kas-tēus/ [KN] de */Kn̥ d-ti-/, cf. Καστι-άνειρα et
Κασσ-άνδρα). C’est aussi le cas du diminutif en -i-ko / -i(s)ko-/ : -ισκος
dans ti-ri-po-di-ko /tripodisko-/ : τριπόδισκος (tardif, Gramm.), wa-ni-
ko : Ἀρνίσκος (Paus.) 5. On rappellera pourtant que certains suffixes, qui
sont attestés dans des appellatifs communs avec une fréquence plus ou
moins élevée, sont extraordinairement fréquents comme suffixes ono-
mastiques, sans que leur fonction originelle soit toujours reconnaissable.
C’est le cas, par exemple, du suffixe individualisant */-ōn-/, e.g. στράβων
(Com.), NP Στράβων (: στραβός « qui louche »), et du suffixe possessif
*/-ōn-/ (*h3on-), e.g. γάστρων « ventru » (Alcée, Ar.), NP Γάστρων.
Dans une première approche il est intéressant de souligner que,
malgré les difficultés de translittération que présentent les mots écrits
en linéaire B, on peut constater l’existence d’une continuité des suffixes
onomastiques attestés en mycénien, que ce soit celle de composés « tron-
qués » ou de sobriquets bâtis sur un seul lexème. Il est le plus souvent
difficile de trancher entre les deux types sauf si l’on a des idées précon-
çues : pratiquement tous les suffixes reconnus en mycénien (ce qui ne
veut nullement dire qu’ils sont spécifiquement mycéniens) sont attestés
en grec depuis l’âge archaïque jusqu’à l’époque impériale. La présen-
tation fort schématique qui suit opère seulement avec des noms qui
5. Po-ri-ko cf. po-ro (KN, avec idéogramme EQU) peut bien recouvrir πωλικός
(Soph.+), cf. πῶλος « poulain ».
38 josé luis garcía ramón
6. Sur la base des données tirées du LGPN pour l’Arcadie, A. Morpurgo Davies, « The
Morphology of Personal Names in Mycenaean and Greek: Some Observations »,
dans Floreant Studia Mycenaea, Vienne, 1999, p. 402, se demande si dans la région
les hypocoristiques en -σεύς n’auraient pas remplacé ceux en σέας ainsi que d’autres,
comme paraissent le suggérer les dates de Δρομέας (ve a. C.) et Δρομεύς (ca 402,
Paus. 6, 11, 4).
7. On renverra pour le détail à la discussion d’A. Morpurgo Davies, art. cit.
du mycénien aux dialectes du ier millénaire 39
possible – et sous toute réserve 8 – que pour mi-ti (Dl (1) 463.B) /
Milti-/ ? (cf. μίλτος « teinture rouge », « vermillon », myc. mi-to-
we-sa /miltowessa-/) ou bien /Misthis/ (cf. μισθός « salaire », cf. NP
mi-ṣị-ṭọ-se /Misthos/ à Chypre, Μισθόδικος) 9, pa-ti As (2) 1516.17
/Panti-/ ?: Πάντις (Trézène, 146) 10, pu-ri (B (5)799.7 et al.) /Pūri-/ ? :
Πύρις (Thasos ve a. C., cf. πῦρ « feu ») 11, qe-ri /Kwhēris/ (Df 1360b) :
Θῆρις vs qe-re-wa /Kwhērēwās/ (passim ΚΝ, PY) et ru-si[ Ak (1) 364
/Lūsis/ ? : Λῦσις (Cyrène, depuis le ve a. C.) 12 ;
/-id-/ : ke-ki /Kerkid-/ (PY Jn 692 et al.), à côté de plur. ke-ki-de /Ker-
kides/ (groupe d’hommes dans les tablettes o-ka), cf. κερκίς « navette
pour tisser », « baguette » (Hom.+) 13 ;
/-ik(h)o-/ : mo-ni-ko (KN 1988.B) qui peut correspondre au gr. alph.
Μόνικος ou Μόνιχος s’il ne contient pas *monṷo- ;
/-il(l)o-/ : a-ti-ro /Antil(l)os/ (KN Dv 1272.B) : Ἀντίλος (Styra,
ve a. C.), qui présupposent un composé à second membre °λᾱος. Cf.
aussi na-wi-ro /Nāwilos/ ou /Nāwillos/ (KN Db 1507.B) sans corres-
pondant en grec du premier millénaire ;
/-īno-/ : pi-ri-no /Philīnos/ (KN As 1516.6): Φιλῖνος, to-ro-ki-no
/Trokhīnos/ (KN V (6) 831.6) cf. τροχός « roue », ΝP Τρόχεις (Béotie) ;
/-iōn-/ : po-so-ri-jo /Psoliōn/ ou /Psōliōn/ (PY Jo 438, Jn 601.12), avec
gén. -jo-no (Aq 64.7, cf. po-so-ro /Psō̆los/ (An 1281.6 et al.), plutôt
que /Psolō̆n/). Le féminin po-so-re-ja /-eiā/ (PY Eb 173.2 et al.), nom
d’une te-o-jo do-e-ra, parle en faveur d’un sobriquet bâti sur ψόλος
8. Le NP da-wi KN Db 1212 peut recouvrir Δαίς (Athènes, ive a. C.), mais le rapport
avec da-wa-no /°ānōr/ est fort douteux.
9. Cf. NP Μιλτιάδης, et Μιλτο-κύθης (Thrace) et Μισθό-δικος (Athènes), ainsi que le
parallèle formel de Ἄκανθις (: ἄκανθα « épine »), aussi Ἄκανθος.
10. Cf. une série de dérivés Παντ-εύς, -έᾱς, -ίᾱς, -ιχος, -ινος / -ίνᾱς, -ιμος, -ων ; fém.
Παντ-ώι, Πάντ-υλλα, aussi Παντι°, avec °σθένης, °στρατος.
11. Cf. les dérivés Πύριλλος, Πυριλίων (Athènes, 490-480+) et les composés Πυρ-
αίχμης, Πυρι-λάμπης, Πυρι-κλῆς (Athènes, depuis le ve a. C.), Πύρ-ιππος (Stiris
ive-iiie a. C.), Πυρι-βάτης (Lycie).
12. Cf. les nombreux composés avec Λυσ(ι)° et toute sorte de dérivés avec Λυσ-.
13. Les thèmes en /-id-/ sont, comme on le sait, normalement féminins, cf. pi-we-ri-di /
Pīweridi/, pl. pi-we-ri-si /Pīwerisi/ (femmes recevant la laine) : Πιερίς « femme de
Piérie », Πιέριον, cf. masc. pi-we-ri-ja-ta /Pīweriātā-/.
40 josé luis garcía ramón
32. Les mots en -ακος se laissent analyser soit a) comme -a-ko- avec des noms en
-ā̌-, soit b) comme -ak-o- avec des thèmes en -ā̌k-. Pour (a) cf. Ἅρπακος, Ἅρπαξ
(: ἅρπη· ἄνεμον. δρέπανον. ἢ ὀρνέου γένος, κατὰ Λατίνους], Εὐδίακος (: εὐδία
« beau temps »), Λύρακος (: λύρα), Πάλακος (: πάλα· ζώνη Hsch.) Πίττακος
(: πίττα « poix, résine »), Σείρακος (: σειρά « corde »). Pour (b) cf. Δόνακος (: δόναξ
« Arundo donax », aussi NP Δόναξ).
46 josé luis garcía ramón
hypocoristique d’un nom comme béot. Θιόππαστος), sur le rapport avec qa-sa-ko cf.
J. L. García Ramón, op. cit., p. 164.
39. On notera l’existence de variantes formelles avec des synonymes, cf. τὴν βασιληίην
κτήσασθαι (Hdt. 3, 89, 1), τὴν τυραννίδα κτήσασθαι (Hdt. 8, 137, 1), ἀρχὴν σχεῖν
(Ηdt. 1, 7, 4, et 1, 98, 3).
40. A. Vegas Sansalνador, « En torno al antropónimo micénico qi-si-ja-ko », dans
H. Eichner et al. (éd.), Compositiones Indogermanicae (Gs Jochem Schindler),
Prague, 1999, p. 545-553.
41. J. L. García Ramón, « Zur Onomastik der neuen Texten aus Theben », dans S. Deger-
Jalkotzy, O. Panagl (éd.), Die neuen Linear B-Texte aus Theben, Vienne, 2006,
p. 37-52.
42. J.-P. Olivier, « Des extraits de contrats de vente d’esclaves dans les tablettes de
Knossos », dans J. T. Killen, J. Melena, J.-P. Olivier (éd.), Studies John Chadwick =
du mycénien aux dialectes du ier millénaire 49
51. Le type τερψίμβρoτoς, βωτιάvειρα a normalement le degré plein ou long, mais aussi
le degré zéro, si c’est celui-ci qui se trouve dans la racine, par ex. Καστι-άvειρα
(: κέκασμαι, Καστι° de *kad-ti°- < *k̂n̥ d-, k̑ end, cf. J. L. García Ramón, « Homé-
rico κέκασμαι: védico śāśad, protoario *sćand, IE *(s)ḱend- “aparecer, hacerse
visible” », Sprache 34, 1988-1990, p. 27-58.). En général, le vocalisme du premier
membre du composé coïncide avec celui de l’aoriste sigmatique, tel qu’il est attesté
en grec, ainsi Λυσι° : aor. λυσα-. La comparaison avec le védique permet de consi-
dérer le type βωτιάvειρα comme ancien, à en juger par des formes aussi bien à degré
plein (dā́ ti-vara- « qui donne des cadeaux » RV : *deh3-ti°, cf. le théonyme fém.
Δωτώ Ηés.) qu’à degré zéro (NP puṣṭi-gú- « qui nourrit des vaches » RV).
52. Données tirés d’Α. Heubeck, « Bemerkungen zu einigen griechischen Personen-
namen auf den Linear B-Tafeln », BzN 8, 1957, p. 28-32 (= Kl. Schr., p. 473-
477), « Weitere Bemerkungen zu den griechischen Personennamen auf den Linear
B-Tafeln », BzN 8, p. 268-278 (= Kl. Schr., p. 481-490) ; J.-L. Perpillou, Les sub
stantifs grecs en -εύς, Paris, 1973, p. 222 sq.
53. N. Guilleux, compte rendu de L. Aravantinos, L. Godart, A. Sacconi, Thèbes, fouilles
de la Cadmée, Pise, 2001, BSL 98 (2003), p. 262-268, p. 266.
54. Cf. J.-L. Perpillou, op. cit., p. 125. La racine est bien attestée en mycénien, cf. a-ro-
pa : hom. ἀλοιφή, a-re-pa /aleiphar/ et A+RE+PA, e-na-ri-po-to /enaliptos/ « oint »
(cf. ἐνάλειπτος).
52 josé luis garcía ramón
57. La prétendue forme Ἀλεξεύς relève probablement d’une fausse lecture, cf.
O. Masson, « Remarques sur les anthroponymes mycéniens et leurs correspondants
au premier millénaire », SMEA 2 (1967), p. 27-40 (= OGS I, p. 97-110), p. 36 sq.
(= OGS I, p. 106 sq.) ; J.-L. Perpillou, op. cit., p. 222 sq.
58. Les deux noms sont mentionnés dans LGPN s.v. (mais non dans Bechtel, HPN) :
Δεξεύς avec référence à une inscrition inédite d’Argos (ive-iiie a. C.), Πραξεύς est
attesté à Délos (LGPN 1 s.u.).
59. On ne saurait être sûr que le NP qe-ta-se-u (KN As (1) 605.3, et al. avec lecture
<ṭạ> douteuse ou corrigée en <te>) recouvre /Kwhethasēus/ (appartenant à φθάνω
« prendre les devants, précéder », 3pl. ἔφθαν : grec *ku̯ heth(a)-, i.-e. dhegu̯ hh2-, véd.
dagh-), dont une forme à degré plein radical de l’aoriste sigmatique est attestée en
grec alphabétique comme φθα-σα-, comme le propose A. Heubeck, « Der Name der
Thessaler », Studia linguistica in honorem V. I. Georgiev, Sofia, 1980, p. 305 sq.
(= Kl. Schr. p. 310 sq.). Le fait est que l’aoriste φθα-σα- a été créé secondairement
sur la base φθα- (cf. R. Lipp, dans LIV2 s.v. *dhegu̯ hh2-), et l’existence d’un aoriste
sigmatique gr. *ku̯ hedha-s(a)-, comme celle d’un abstrait, demeure hypothétique. La
possibilité que qe-ta-se-u reflète un ethnique correspondant à un toponyme *qe-ta-
so demeure ouverte. Non liquet. Il en est de même pour la forme ọ-te-se-u. KN Db
1241, qui demeure énigmatique.
54 josé luis garcía ramón
(PY An 656.19, TH Ug 5), Gén. -o-jo (Vn 1191.2), quoi qu’il en soit
du verbe dont ka-e-sa- noterait l’aoriste. L’interprétation de ka-e-
sa-me-no comme /Kah-ē-sameno-/ (aor. *k̂ n̥ s-ē- de *k̂ ens- « parler
avec autorité / solennellement, donner un jugement »), proposée
par C. J. Ruijgh 60, est appuyée par l’existence de paires du type NP
Χαρησι° (aor. χαρ-η-) à côté de l’aoriste χήρατo, ou (ϝ)Αδησι° (fut.
ἁδ-ή-σω Hdt.+) à côté de l’aoriste ἥσατο (Od. 9, 353) 61.
qe-te-se-u /Kwhtheisēus/ (KN As (1) 609.3, correction sur 〚ṭạ〛), cf.
hom. φθεισήνωρ « qui fait périr les hommes » (dit de πόλεμος Il. 2,
833, φθισί-μβρoτoς Il. 13, 339, Od. 22, 297 avec [i:]), et aor. hom.
ἔφθισα (*kwhthei̯ -s-). L’aoriste sigmatique *φθει-σ(α)- (véd. kṣe-ṣ-)
s’oppose comme transitif à l’intransitif aor. ἔφθιτο « il périt », parf.
ἔφθιται (myc. part. e-qi-ti-wo-e /ekwhthiwoh-e(s)/ correspondant à
hom. ἐφθιμένος), avec prés. intr. φθίνω 62.
On retiendra en tout cas que pour les noms en -se-u il y a au moins
une condition préalable claire : c’est la coexistence d’un thème verbal en
-s- (aor. -σα- et/ou fut. -σo/ε-) et/ou un élargissement -s- et/ou un nom
en -σι-. Seul le NP e-ne-ke-se-u fait exception, au moins à la lumière du
matériel grec alphabétique (cf. § 8).
Dans bien des cas ce n’est qu’en grec du premier millénaire qu’une
forme « courte » est attestée. L’absence de telles formes dans les textes
mycéniens, étant un fait, au moins à l’heure actuelle, n’exclut pourtant
pas qu’elle ait existé à l’époque mycénienne. Vu l’existence d’un sys-
tème cohérent de formes et le fait que, même en grec alphabétique, des
formes nouvelles viennent au cours du temps remplir le vide des formes
qui, étant possibles dans la logique du système, n’étaient pas attestées, on
60. C. J. Ruijgh, op. cit., p. 363-364 ; A. Heubeck, « Weitere Bemerkungen zu den grie-
chischen Personennamen auf den Linear B-Tafeln », BzN 8, p. 268-278 (= Kl. Schr.,
p. 481-490) ; J. L. García Ramón, « Mycénien ke-sa-do-ro /Kessandros/, ke-ti-ro /
Kestilos/, ke-to /Kestōr/: grec alphabétique Αἰνησιμβρότα, Αἰνησίλαος, Αἰνήτωρ et
le nom de Cassandra », dans Mykenaïka, p. 239-255 ; C. Le Feuvre, « La forme
homérique καμμονίη, le parfait κέκασμαι et le groupe de skr. śáṃsati “louer” », RPh
82 / 2, 2008 [2011], p. 305-320.
61. J. L. García Ramón, art. cit., dans Mykenaïka, p. 250-251.
62. En védique, au contraire, ce sont les désinences moyennes qui expriment l’intran-
sitivité inhérente au lexème : l’aoriste moyen kṣe-ṣ- (mā́ kṣeṣta AV 4.34.8c « qu’il
ne soit pas détruit ! ») correspond au présent intransitif kṣīyate vis-à-vis du transitif
kṣinā́ ti (RV), kṣinóti (AV+).
du mycénien aux dialectes du ier millénaire 55
71. Myc. po-ka-ta-ma PY Tn 996.4 dans une liste de vases peut refléter /pos-ktāma/
« propiedad aditional » (cf. πρoσκτάoμαι).
du mycénien aux dialectes du ier millénaire 59
72. O. Masson, « Quelques noms grecs à l’Agora d’Athènes », Festschrift H. Hoe-
nigswald, Tübingen, 1987, p. 256 (= OGS II, p. 568).
73. O. Masson, « Anthroponymie grecque et dialectologie II. μoρτός et les noms en
-μoρτoς », RPh 37 (1963), p. 220 (= OGS I, p. 45) ; A. Inglese, Thera arcaica. Le
iscrizioni rupestri dell’agora degli dei, Tivoli, 2008, p. 107, n. 18.
60 josé luis garcía ramón
Références bibliographiques
Nicole Guilleux
Université de Caen-Normandie,
CRAHAM, CNRS
L
es anthroponymes masculins en ‑ήν, ‑ῆνος, réputés typiques
du grec du Nord-Ouest et connus essentiellement par les sources
épigraphiques, ont suscité peu de travaux depuis la contribution
de F. Solmsen en 1909 1, du fait sans doute de leur nombre réduit 2. Le
colloque Nouveaux acquis sur la formation des noms en grec ancien, qui
s’est tenu à l’université de Rouen en octobre 2013, m’a donné une pre-
mière occasion d’étudier ce petit groupe d’anthroponymes et de mon-
trer notamment qu’ils sont en distribution complémentaire avec ceux en
‑εύς. Sur la base de ce constat, prolongeant la suggestion de F. Solmsen
de donner à ces anthroponymes une origine « vordorisch », j’ai fait l’hy-
pothèse que les anthroponymes en ‑ήν, ‑ῆνος avaient dû commencer à se
développer au IIe millénaire à partir de l’accusatif singulier en ‑ήν des
thèmes en ‑εύς. Le tour d’horizon présenté dans ce premier texte 3 restait
cependant incomplet.
8. Contra Balles, NWIG 1, p. 208, qui travaille dans une perspective purement syn-
chronique.
9. Mais on notera que, quand il s’agit de classer les substantifs en ‑ήν (noms propres
et noms communs), Hérodien (III.1, p. 15) ne se soucie pas d’une telle différence
suffixale, car il associe dans la même liste Ἀγήν (‑ῆνος) à αὐχήν (‑ένος).
10. Discussion du statut de l’anthroponyme (sobriquet ou ethnique ?) infra p. 83.
11. Acc. Ὠλῆνα (X, 5.7, -8), gén. Ὠλῆνος (I, 18.5, IX, 27.2), dat. Ὠλῆνι (II, 13.3).
12. Cf. F. Bechtel, Die Griechische Dialekten, II. Die Westgriechischen Dialekte, Berlin,
1923, p. 246. La partition de l’ouvrage en chapitres qui isolent les dialectes les uns
des autres pour en définir les spécificités empêche fatalement de saisir les données
faiblement représentées, ce qui ne signifie pas qu’elles n’existent pas.
13. Cf. L. Robert, Hellenica, p. 517 ; O. Masson, « Notes épigraphiques : Thessalie et
Dalmatie », BCH 115 (1991), p. 359 (= OGS III, p. 122).
14. F. Solmsen, op. cit., p. 116-117.
70 nicole guilleux
avait intégré au corpus incluant des légendes monétaires des noms rele-
vant d’une aire géographique plus vaste, qui comprenait déjà la Pho-
cide, la Béotie, l’Argolide et Mégare. Au total, il recensait 24 noms pour
41 occurrences.
Actuellement, les données combinées du Lexicon of Greek Personal
Names, de la base épigraphique Searchable Greek Inscriptions du Pac-
kard Humanities Institute (PHI), du Thesaurus Linguae Graecae et du
LAGM livrent 46 anthroponymes en ‑ήν, ‑ῆνος, auxquels s’ajoute le nom
fictif, Δαμασήν, d’un personnage mythologique des Dionysiaques de
Nonnos, le tout pour 200 occurrences. La cause principale de cette aug-
mentation est non seulement la découverte de nouvelles inscriptions ou
monnaies, mais aussi la prise en compte des tuiles inscrites 15, ainsi que
de quelques autres noms (je pense notamment aux anthroponymes prove-
nant d’Asie mineure 16), qu’on rejetait jusqu’alors au motif qu’ils ne sont
pas attestés en Grèce du Nord-Ouest.
PNAA, p. 215. Ἀριστῆνος me paraît être plus probablement le génitif de Ἀριστήν. — e. Βοικήν
note /woikḗn/, les dialectes de Corinthe et Corcyre conservant le wau initial. Quant à Βοιλήν,
signalé dans le SGDI 3225, mais absent des diverses bases de données, il résulte d’une mauvaise
lecture, influencée par le féminin Βόϊλλα (4 occurrences à Boutrôtos et Corcyre) : cf. M. Beaure-
gard, Recherches sur l’onomastique d’Apollonia d’Illyrie et d’Épidamne-Dyrrhachion d’après les
inscriptions et les légendes monétaires, 3 vol., thèse dactylographiée, EPHE, section des Sciences
historiques et philologiques, O. Masson (dir.), Paris, 1992, p. 226-227. — f. Nom incomplet qu’on
peut en théorie lire hιππῆνο[ς] (LGPN 3a, Tarente, ve-ive a. C.), hιππήνο[υ] (PHI) ou hιππίνο[υ] (sic,
LGPN ibid.). La première option me paraît la plus satisfaisante car elle ne crée aucune difficulté ni
morphologique ni phonétique. — g. La restitution proposée dans le LGPN suit le texte édité par
B. F. Cook, Inscribed Hadra Vases in the Metropolitan Museum of Art, New York, 1966, p. 28, avec
double lacune d’une lettre. Contra la restitution de Pomtow, citée par Cook ad loc. — h. Pour cette
lecture, voir J. H. Oliver, compte rendu de L. Robert, Hellenica. Recueil d’épigraphie, de numisma-
tique et d’antiquités grecques X, 1955, AJPh 78 (1957), p. 332, où il dit « with an incomplete epsilon
as a second letter ». Il considère cependant qu’il s’agit d’un Κυλλήν, qui apparaît dans la tradition
indirecte comme nom de héros (voir supra, p. 68). Κυλλήν s’analyserait comme un sobriquet ayant
pour base κυλλός « tordu, cagneux », ce que suggère L. Robert, Hellenica, p. 253, par le renvoi à
HPN 492, avant de récuser l’anthroponyme en raison de son lieu d’invention, le Nord de la Phrygie.
Condamnation de principe qui ne me paraît pas justifiée. — i. Cité par P. M. Fraser et T. Rönne, op.
cit., p. 168, et repris dans LGPN 1, Olonte, iie-ier a. C. — j. On renoncera à Παταρήν (Dyrrh.), forme
fantôme. — k. Graphie en alphabet archaïque où le lambda n’est pas géminé, selon l’habitude géné-
rale à date. — l. Je remercie Alcorac Alonso Déniz pour cette suggestion très intéressante, inspirée
de la discussion philologique de Ἐννοδια Στρογικα / Στροπικα par J. L. García Ramón et B. Helly
(« Deux nouvelles épiclèses de la déesse En(n)odia dans des inscriptions de Larisa », dans A. Blanc,
L. Dubois et C. de Lamberterie (éd.), Polymètis. Mélanges en l’honneur de Françoise Bader, Lou-
vain, 2012, p. 42-43). Voir aussi infra p. 82. — m. La tradition littéraire et parémiographique donne
presque toujours Τέλλην (Dicéarque fr. 103.1, Plut. Paroem. 1.27.1, Diogenan. Paroem. 1.44, etc.)
dans l’injonction proverbiale : « Ἄειδε τὰ Τέλληνος », mais les grammairiens – Hérodien (III.1,
p. 15), Arcadius (Accent. 7) et Ps.‑Zonaras (Lex. T, 1716) –, ainsi que Léonidas de Tarente (7, 719)
et Plutarque (Reg. Apophth. 193F), accentuent Τελλήν, ce qui me paraît préférable. — n. Τεῖτος Τει-
μῆνος (LGPN 3a, Dyrrh., imp.), avec graphie inverse ΕΙ pour Ι. — o. Τυρήν (LGPN 2, Athènes, 330-
320 a. C.) doit bien être considéré comme un anthroponyme en ‑ήν, ‑ῆνος. SEG 18, 13.433 donne :
Τυρὴν αὐλοποι(ός) ἐν Κυδαθη(ναίωι) οἰκῶ(ν) ἀποφυγώ[ν], avec accord des participes au masculin,
selon un usage cohérent tout au long du texte et dans les inscriptions athéniennes du même type
(IG ΙΙ2 1554-1559). — p. Alors que Χαρμήν se lit parfaitement sur le revers du triobole d’argent, le
nom figure avec un point d’interrogation dans B. V. Head, A Catalogue of the Greek Coins in the Bri-
tish Museum, 18. Caria, Cos, Rhodes, etc., Londres, 1897, p. 107, no 50, et il est absent du LGPN 5a.
20. Pourtant ce Τελλήν est connu comme « auteur de poèmes confus » (Dicéarque fr.
102) ou de « chansons pour rire » (Anth. 7.719) et comme « flûtiste exécrable »
(Plut. Reg. Apophth. 193F).
21. Ce qui peut s’expliquer en partie par la maigreur des sources épigraphiques d’époque
ancienne dans ces deux cités : cf. I. Athanassoudi, « L’état du corpus de Corinthe »,
Verbum 17 (1994), p. 337‑343, et M. Baillard, « Le corpus de Corcyre », Verbum 17
(1994), p. 345‑351.
22. Une liste athénienne d’acquittements mentionne un Τυρήν, fabricant de flûtes dont
on peut penser qu’il est originaire de la ville dalmate de Turus, Τύρος en grec, ce que
valide le LGPN (LGPN 3a, Issa [Dymanes], ive-iiie a. C.). Suggestion de F. Bechtel
(HPN 553) suivie par O. Masson, « À propos d’inscriptions grecques de Dalmatie »,
BCH 114 (1990), p. 503 (= OGS III, p. 83).
23. Θαρσήν, juge envoyé à Delphes (LGPN 3b, Oponte, 145 a. C.).
76 nicole guilleux
33. Pour le monnayage, voir le tableau (passim), supra p. 71‑73 et, pour les épitaphes,
voir entre autres Ἀρχήν (LGPN 3a, Dyrrh., hell.), Ἱερήν (LGPN 3a, Dyrrh., iiie a. C.)
et Νικήν (LGPN 3a, Apollonia, iie a. C.).
34. Cf. notamment P. M. Fraser et T. Rönne, op. cit., p. 167‑169.
les anthroponymes masculins en -ήν, -ῆνος 79
38. N. Guilleux, art. cit., p. 292-293. Les indications données ici seront donc allusives,
sauf en cas de nom ne figurant pas dans le premier état du corpus.
39. Appartiennent assurément à cette catégorie : Ἀγήν, Ἀλεξήν, Ἀλκήν, Ἀνθήν, Ἀρι-
στήν, Ἀρχήν, Βοικήν, Δαμασήν, Δαμήν, Ἐθελήν, Θερσήν / Θαρσήν, Ἱερήν, Ἱππήν,
Καλ(λ)ήν, Λαήν, Λυκήν, Λυσήν, Μενήν, Μνασήν, Ναυσήν, Νικήν, Ξενήν, Παρμήν,
Πατερήν, Παυσήν, Πoλ(λ)ήν, Πυθήν, Πυρρήν, Σωσήν, Σωσιλήν, Σωστρήν, Τεισήν,
Τελλήν, Τιμήν, Χαιρήν et Χερσήν.
40. Cf. supra n. p, p. 74.
les anthroponymes masculins en -ήν, -ῆνος 81
51. Bechtel en enregistre 123, dont 75 pour les hommes. Me limitant aux noms de
graines, je citerai Καχρυλίων (HPN 593, LGPN 2, Athènes, vie a. C.) / κάχρυς
« orge grillée »), Κέγχραμος (HPN 593, LGPN 2, Athènes, ive a. C.) / κεγχραμίς
« graine de figue »), Κόκκαλος (HPN 593, 5 occurrences, Issa et Asie Mineure,
ive a. C.-ier p. C. / κόκκαλος « pignon ») et Σήσαμος (HPN 594, LGPN 1, Délos
[Athen.], 173 a. C. ; LGPN 5a, Héraclée, ive a. C. / σήσαμον « sésame »).
52. Le Κάπων d’Orchomène n’est pas mentionné, mais un autre l’est à Thèbes. Le nom
est fondé sur le type de coiffure appelé κῆπος, sur quoi voir la notice de Sophie
Minon dans le DELG3 p. 1314.
53. Cf. P. M. Fraser, Ethnic Greek Terminology, Oxford - New York, 2009, p. 164‑166.
54. Cf. DMic. s.v.
84 nicole guilleux
‑εύς, dont la forme héritée est ‑ήν 63. On constate que, sous la pression de
l’analogie, cette finale est sortie de l’usage au Ier millénaire dans quasi-
ment tous les dialectes – à l’exception de l’arcadien et du chypriote, où
l’on en trouve des traces somme toute assez ténues. C’est donc en amont,
dans le grec des archives palatiales mycéniennes, que j’ai recherché des
attestations de cet accusatif singulier à voyelle longue. Certes, on pour-
rait objecter que l’hypothèse d’une origine mycénienne du suffixe ‑ήν,
‑ῆνος ne s’accorde pas avec le développement des anthroponymes ainsi
suffixés à partir de Corinthe. Ce serait oublier que la Corinthie a un passé
mycénien on ne peut mieux établi 64, ce qui rend tout à fait vraisemblable
la transmission de traits linguistiques d’un millénaire à l’autre. Or on peut
invoquer notamment le latif pylien e‑re‑de = /…ḗn‑de/, dont le dérivé
est e‑re‑wi‑jo‑ = /…-ḗwiyon‑/. Bien plus, on a la chance, rare dans ce
domaine de la philologie grecque, de disposer, à Cnossos cette fois, d’un
témoignage parfaitement fiable de la concurrence entre les thèmes en
‑εύς et en ‑ήν, ‑ῆνος, ce qu’illustre sans ambiguïté le doublet u‑wo‑qe‑ne
/u(w)‑ōkwēnes/ de l’appellatif en ‑εύς (u‑)wo‑qe‑we /u(w)‑ōkwēwes/ « sur-
veillants » 65. Moins claires et donc moins exploitables sont les « paires
formelles » d’anthroponymes mycéniens en ‑e et ‑e‑u 66.
D’autres traces indirectes d’une flexion en ‑ής, relevant de la tra-
dition manuscrite des poèmes homériques, ont été repérées dans le
substrat de la langue épique par J. Rau 67 : il suggère d’ajouter au dos-
sier quelques noms propres isolés comme Κισσῆς (à accentuer plutôt
Κισσής) qui répondent à Κισσεύς et auxquels sont associés des féminins
en ‑ηΐδ‑ (<*‑ηϝ‑ΐδ‑). On sait également qu’une désinence d’accusatif à
voyelle longue survit dans les autres thèmes en diphtongues sur une aire
qui inclut le dorien, et que cet accusatif hérité en ‑ήν, à l’origine du dou-
blet Ζήν, Ζηνός de Ζεύς, peut expliquer l’existence de nominatifs en ‑ής
dans les noms de héros comme Ἀχιλ(λ)ής, points qu’il importe à présent
d’aborder en élargissant la perspective.
68. Nominatifs Τύδης et Φύλης, ainsi que le vocatif Τύδη – parallèle à Χρύση
(Il. 1.442) –, chez Antimaque de Colophon dans les fragments 6 et 7 de sa Thébaïde.
69. Ὀρφᾱ�ς, signalé par Schwyzer, GG I, p. 575, se rencontre dans une inscription de
Sicyone du vie siècle a. C. (référence dans S. Minon, Les inscriptions éléennes
dialectales. VIIe-IIe siècles avant J.-C., Genève, 2007, vol. I, p. 290, n. 13).
70. L. Dubois, IGDGG, 2. Colonies achéennes, Genève, 2002, no 6, p. 27‑30, avec dis-
cussion approfondie du dossier, dont je reprends les grandes lignes dans cet alinéa.
88 nicole guilleux
71. R. Wachter, NAGVI, respectivement, CHA 2c, CHA 9c et COR 74k ; L. Dubois
IGDGG 2, p. 29.
72. F. Biville, « Achille, Ulysse, Pélée… et les autres : les métamorphoses de quelques
noms de héros grecs », RPh (1986), p. 212-213.
73. C. De Simone, Die griechischen Entlehnungen im Etruskischen, Wiesbaden,
1968‑1970, vol. 1, p. 123-125.
74. Il en va ainsi, à mon avis, du traitement des nominatifs en ‑ής des noms héroïques ou
mythologiques des vases attiques, qui sont parfois expliqués comme étant des fautes.
75. O. Masson, « Notes d’anthroponymie », art. cit., p. 165 (= OGS I, p. 9) ; « Nouvelles
notes d’anthroponymie grecque : VII. Essai d’une histoire de Δίης », ZPE 102 (1994),
les anthroponymes masculins en -ήν, -ῆνος 89
p. 179-184 (= OGS III, p. 184-189). Je renvoie au second article pour des références
plus détaillées et un historique du dossier.
76. O. Masson, « Nouvelles notes », art. cit., p. 183‑184 (= OGS III, p. 188-189). Il est
peut-être intéressant de noter que Δίης a une contrepartie en ‑εύς, Διεύς (LGPN 4,
Naples, ive a. C.).
77. Déjà di‑wo /diwós/ et di‑we /diweî/ dans les tablettes de Cnossos et Pylos.
90 nicole guilleux
que celle qui repose sur le thème Ζην‑, usuel dans la poésie homérique et
en de nombreux dialectes ; ce thème est par ailleurs à la base d’une quan-
tité considérable d’anthroponymes (un peu plus de 1200 selon le LGPN).
On a ainsi : nom. Ζήν (épique, ionien d’Asie, dorien de Cos, de Théra, de
Crète, éléen, etc.), Δήν (crétois) ; acc. Ζῆνα, Δῆνα et Τ(τ)ῆνα (crétois) ;
gén. Ζηνός ; dat. Ζηνί (Cos). En dorien littéraire et épigraphique s’ob-
serve une variante en ā de ce dernier paradigme 78 : nom. Ζάν (Pythag.
Ép. 7.1), Τάν (Head, HN2 469, Crète) ; acc. Ζᾶνα (Call. fr. 191.10) ; gén.
Ζανός (Chios, ive a. C., Sparte iie a. C. ; Philox. fr. e.11 ; Thcr. 18.19 ;
Call. H. 13, 10, etc.) ; dat. Ζανί (lyr. adesp., ionien), à quoi s’ajoute le
nominatif pluriel de l’éléen, Ζᾶνες (Paus. V, 21.2). Quant aux formes
fléchies Ζέα, Ζεός, Ζεΐ (Hdn, Klis. Onom. III.2, p. 674.37), elles me
paraissent analogiques du nominatif Ζής cité par Hérodien (III.2, 611.8).
Le nominatif Ζάς (Phéréc. fr. 1.2, 1.31, etc.), lui, est ambigu : nominatif
de la flexion sigmatique dorienne, il pourrait répondre à Ζής, mais ses
formes fléchies en ‑nt‑, Ζάντα (Phéréc., fr. 8.2) et Ζάντος (Hdn, Pr. Cath.
III.1, p. 399, 18, etc.), signalent un changement suffixal.
Pour la flexion de βοῦς, on a le nominatif βῶς chez Théocrite (8, 77 ;
9, 7) et l’accusatif βῶν dans l’Iliade (7, 238) aussi bien qu’en dorien lit-
téraire (Thcr. 8.48 ; Call. Dém., 108, notamment) ou épigraphique (SEG
41, 744, 8, Crète). Quant à ναῦς, le nominatif à voyelle longue, νᾶς, qui
oblige à supposer l’existence de l’accusatif *νᾶν, a été transmis par Héro-
dien (III.2, p. 553, 12, entre autres) et il est reconnu comme dorien. Le
dossier se complète d’une forme mycénienne puisqu’à Pylos, en PY Cn 3,
se rencontre l’accusatif pluriel qo‑o, qui bénéficie exceptionnellement
d’une graphie amplifiée. Il se peut que cette forme, à lire /gwṓns/ ou
/gwṓns/, atteste l’accusatif pluriel hérité 79.
Dans ces thèmes à voyelle longue, l’accusatif est hérité et les nomina-
tifs en ‑ης, -ᾱς ou -ως analogiques de ces accusatifs.
78. Sur les graphies, éléennes ou d’origine éléenne, A pour E ou H, et sur le cas particu-
lier de Ζᾶνες, voir S. Minon, Les inscriptions éléennes dialectales, vol. 2, Genève,
2007, p. 287‑299 et 561.
79. Cf. W. Cowgill et M. Mayrhofer, Indogermanische Grammatik, I, 1.2. Einleitung,
Lautlehre, Heidelberg, p. 163-164 sur la loi de Stang.
les anthroponymes masculins en -ήν, -ῆνος 91
80. J. L. García Ramón, « Mykenische Personenamen und griechische Dichtung und
Phraseologie: i‑su-ku-wo-do‑to und a‑re‑me‑ne, a‑re-ị‑me‑ne », dans A. Sacconi et
al. (éd.), Colloquium Romanum. Atti del XII colloquio internazionale di micenologia,
Roma 20‑25 febbraio 2006, I, Pise - Rome, 2008, p. 331‑335.
81. Ces deux accusatifs contribuent à la flexibilité métrique en synchronie : l’amphi-
braque Ἄρηα, réduit à un iambe quand il s’élide devant voyelle, s’emploie devant
consonne et Ἄρην, de structure iambique, devant voyelle. On rappellera aussi que,
sous la leçon Ἄρη’ ἀνδροκτασιάων # (Il. 5. 909), c’est l’ancienne forme du thème en
‑ης, Ἄρην, qu’il faut restaurer.
82. Cf. F. Biville, art. cit., p. 211.
83. Cf. O. Masson, « Nouvelles notes », art. cit., p. 183 = OGS III, p. 188.
84. A. Heubeck, « Amphiaraos », Sprache 17 (1971), p. 15-17.
85. C. Brixhe, Le dialecte grec de Pamphylie, Paris, 1976, p. 104.
92 nicole guilleux
86. Sur la confusion des finales et les échanges entre les thèmes en ‑εσ- et les mascu-
lins en -ης de la première déclinaison, voir la contribution de Violeta Gomis García
ici même (p. 539-562). Les finales analogiques de ces deux paradigmes sont en ita-
liques dans le tableau.
87. On voudra bien excuser la simplification des données, qui ne sont référées ni à un
lieu ni à une époque. L’important est ici de souligner les faiblesses générales du sys-
tème flexionnel dans sa structure même.
les anthroponymes masculins en -ήν, -ῆνος 93
88. O. Masson, « Nouvelles notes », art. cit., p. 183 (= OGS III, p. 188).
89. Chantraine, Formation, p. 265-267.
90. A. Morpurgo, « Greek Personal Names and Linguistic Continuity », dans GPN,
p. 15‑39.
91. DELG ὄρνις s.v.
92. Une inscription (SEG 13, 166, Athènes, ve a. C.) atteste aussi le féminin μύκη.
94 nicole guilleux
Conclusion
Il ne reste plus désormais qu’à recenser, ce que je n’ai pu faire ici, les
anthroponymes en ‑ης ou ‑ής où la longue ne repose pas sur une contrac-
tion de ‑έας, cela en réévaluant l’accentuation périspomène générale-
ment adoptée par les éditeurs. Y adjoindre l’exploration systématique des
anthroponymes en ‑ης, ‑ητος serait également utile pour faire apparaître
leur productivité relative et leur répartition géographique, qu’il faudrait
mettre en relation avec la manière qu’a eue le grec ancien de traiter les
convergences flexionnelles de ses thèmes en voyelle longue.
Références bibliographiques
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Wachter, R., Non-Attic Greek Vase Inscriptions, Oxford - New York, 2001.
Les composés du type de Σθεν-έ-λαος :
affixation à la jonction
et interprétation sémantique
Alain Blanc
Université de Rouen
12. Mais hom. θυοσκόος semble devoir être segmenté θυοσ-κόος et semble donc être
du type de φωσφόρος < φαοσφόρος (Lyr. Adesp.) (φάος + -φόρος) : le premier
membre n’est pas ici le thème du mot, mais la forme de nominatif-accusatif sg. Cf.
J.-L. Perpillou, dans le DELG, p. 1308.
13. Cf. aussi ἀνθολογέω « cueillir le suc des fleurs » (Aristote, HA 628b 32) et
ἀνθολογία, qui a eu le succès que l’on sait, ainsi que ἀνθοφόρος « qui produit des
fleurs », d’où « couvert de fleurs » (Ar. Ra. 442).
14. Cf. aussi τειχοποιός (Dém., Eschine) et τειχοφύλαξ (Hdt. 3, 157).
15. Nous n’avons pas tenu compte des cas ambigus comme σκευοποιός (Ar. +), qui est
en relation à la fois avec σκεῦος n. et σκευή f. (même si, pour le sens, ce composé
semble bien en relation avec le substantif neutre).
16. Le processus par lequel -ο- s’est substitué à -εσ- n’est pas clair. A-t-on d’abord
pris la forme de NVA sg. (-ος) au lieu du thème en -εσ-, puis la sifflante s’est-elle
amuïe phonétiquement quand elle précédait une consonne sonore (sans allongement
compensatoire ? C’est très douteux), ou bien a-t-on simplement remplacé -εσ- par
-ο- en généralisant la même « voyelle de liaison » -ο- que dans πυρ-ο-φόρος, ὑ-ο-βο-
σκός, χερ-ό-νιπτρον, ἁρματ-ο-πηγός, etc. ?
104 alain blanc
2.1.3. Mais qu’en est-il dans les anthroponymes ? On remarque que -o-
remplaçant -εσ- est attesté dès Homère par Κλεοπάτρη (κλεο- + consonne
sourde) et Κλεοβούλη (κλεο - + consonne sonore). À l’époque classique,
on trouve Γενοκλῆς (Cos, Carie, HPN 164), Εἰδόκριτος (Délos, ive a. C.)
et Εἰδομένης (Thasos, HPN 149), Θαρσόμαχος (Akraiphiai, iiie a. C.),
Θερσόλοχος (Larissa), une foule de noms en Κλεο- (HPN 239-241), Καρ-
τόνους (Crétois à Milet, IIe a. C.) et Κρατόξενος (ive a. C.), six noms en
Κυδο- (-κλῆς Cnide ; ‑κράτης Cnide ; -λᾱος Dodécanèse ; -νικος Égine ;
-σθένης Cnide ; -φάνης Ialysos, ive-iiie a. C.), Μειδοκλέης, Μειδόκριτος,
Μειδόνικος, Μενοκράτης (Crète) et Μενοπτόλεμος (Ténos), Μηδοκρίτα
(Théra), Σθενόδημος, Σθενοκράτης (Athènes), Σθενόλας (Mégalopolis),
Ὑψοκλῆς (vie a. C.), Φαύδαμος (Chypre) et Φώκριτος (Délos).
À première vue, on pourrait penser que les premiers membres où -o-
tient la place de -εσ- ont été aussi productifs dans l’onomastique que dans
le lexique appellatif, mais un examen plus approfondi amène à recon-
naître deux faits : a) le premier membre Κλεο- est ancien (langue homé-
rique) et il a connu une productivité remarquable ; b) les autres premiers
membres où -o- tient la place de -εσ- sont très peu nombreux par rapport
au grand nombre des substantifs sigmatiques 17, et surtout ils sont peu
productifs. De plus, ils apparaissent très localisés (ainsi Κυδο- à Cnide).
2.1.4. On peut donc dire que les substantifs sigmatiques sont entrés en
composition, devant un second membre commençant par une consonne
sourde, sous forme -εσ-, puis sous forme -o-. Dans les appellatifs, -εσ-
apparaît dans cinq formes homériques, puis -o- apparaît dans des com-
posés nombreux ; dans l’onomastique, en revanche, -εσ- est jusqu’à
présent inconnu (sauf Ὀρέστης) et, ainsi qu’on vient de le dire, -o- est
rare et peu productif, sauf pour ce qui est des noms de personnes en
Κλεο-.
Signalons enfin les faits mycéniens. Devant consonne sourde, la sif-
flante est censée se conserver, mais ne peut pas être notée par les règles
orthographiques du syllabaire. On peut penser qu’on a un thème sig-
matique au premier membre de re-ke-to-ro-te-ri-jo, qui semble valoir
17. Γενο-, Εἰδο-, Θαρσο-/Θερσο-, Καρτο-/ Κρατο-, Κυδο-, Μειδο-, Μενο-, Μηδο-,
Σθενο-, Ὑψο- et Φαυ-/ Φω-, soit 11 seulement.
le type Σθεν-έ-λαος 105
18. Cf. A. Bartoněk, Handbuch, p. 208 et 378, A. Bernabé et R. Luján dans Y. Duhoux,
A. Morpurgo Davies (éd.), A Companion to Linear B. Mycenaean Greek Texts and
their World, vol. 1, Louvain, 2008, p. 202 ; S. Hiller dans Y. Duhoux, A. Morpurgo
Davies (éd.), A Companion to Linear B. Mycenaean Greek Texts and their World,
vol. 2, Louvain, 2011, p. 172, 189 et 199 ; C. J. Ruijgh, dans Y. Duhoux, A. Morpurgo
Davies (éd.), A Companion to Linear B. Mycenaean Greek Texts and their World,
vol. 2, Louvain, 2011, p. 270 ; J. L. Melena, ibid., p. 63. Sur la variante re-ke-e-to-
ro-te-ri-jo et son interprétation, voir DMic, s.v., et voir les auteurs auxquels on vient
de renvoyer.
19. Sur les anthroponymes mycéniens, la dernière publication importante est le chapitre
de J. L. García Ramón, « Mycenaean Onomastics », dans Y. Duhoux, A. Morpurgo
Davies (éd.), A Companion, vol. 2, p. 213-251.
20. Cf. en dernier lieu A. Bartoněk, Handbuch, p. 193 et 364, C. J. Ruijgh, A Companion,
vol. 2, p. 269 et J. L. Melena, A Companion, vol. 3, p. 37 n. 1.
21. J. L. García Ramón, « Anthroponymica Mycenaea: e-ke ra2-wo [...] », dans Donum
Mycenologicum, 2014, p. 35-49.
106 alain blanc
3. Le type Ἐχ-ε-κλέης
4. Le type Σθεν-έ-λαος
d’abord se demander si le [i] n’aurait pas été transformé en [e] par dissi-
milation vocalique (dilation). Cette dissimilation ne s’est pas appliquée à
Καλλί-βῐος et Καλλι-κρῐ́τη. Elle n’aurait donc eu lieu que si le second [i]
était long. Cette dissimilation n’est pas attestée, semble-t-il, par d’autres
mots. Elle se serait limitée à ces noms et il faudrait constater que même
dans ces noms une nouvelle prononciation rétablissant le premier [i] s’est
imposée car à partir du iie s. avant notre ère on ne rencontre plus en
Attique que Καλλίνῑκος et Καλλινῑ́κη. Cette explication reste donc fra-
gile. On peut alors préférer celle que propose L. Threatte : « The ε of
Καλλένικος, Καλλετείμα, etc., illustrates use of another linking vowel in
composition ; see also in ἀρχι- ~ ἀρχεθέωρος, etc. Cf. Morphology » 33.
On peut conclure en tout cas que les noms Καλλένικος, -νῑ́κη et Καλλε-
τείμα sont de pures variantes de formes en Καλλι-. Ils ne doivent pas être
insérés dans le groupe des noms du type de Σθενέλᾱος et nous les lais-
sons donc de côté.
4.4. Composés en Κλεϝε-. — Le nom du grand législateur d’Athènes,
chef de la famille des Alcméonides, et de son grand père maternel, le
tyran de Sicyone, est en graphie post-euclidienne, Κλεισθένης. On s’in-
terroge sur son premier élément : « Premier membre reposant sur κλεϝι-
(sans suffixe en s ? ou de κλεϝε[σ]ι ? », se demande Chantraine (DELG,
s.v. κλέος), « Κλει-σθένης from *Κλεϝεσ- or *Κλεϝι-σθένης », lit-on
sous la plume de Beekes (EDG I 712). L’hypothèse selon laquelle il y a
eu un premier membre κλεϝι- remonte au moins à W. Schulze 34 et repose
surtout sur la forme béotienne Κλεί-εργος (Thespies, HPN 162, LGPN
3b). Il conviendrait d’examiner si cette forme contraint réellement à
poser un premier membre en -ι-, mais nous ne pouvons pas nous écarter
de notre sujet et nous laissons donc le nom de Clisthène. Ce qui est cer-
tain, c’est qu’il a existé des noms à premier membre Κλε(ϝ)ε- < *ḱlewe-.
Sont en effet attestés en béotien, avec ϝ, les noms Κλεϝεθοίνιος et Κλεϝε-
κράτεα (Thespies, ve a. C.) et, avec effacement du ϝ, toujours en béotien,
Κλεεσθένεις et le nom de femme Κλεεσθένεια 35. Plusieurs formes épi-
graphiques attiques requièrent aussi un point de départ Κλεε- (< Κλεϝε-).
33. L. Threatte, Grammar of Attic Inscriptions, vol. 1, Berlin - New York, 1980, p. 139.
Le volume II (Morphology, 1996) ne contient, semble-t-il, rien sur cette question.
34. W. Schulze, Quaestiones epicae, Gütersloh, 1892, p. 41, n. 3. Cf. aussi Fick -
Bechtel, GP, p. 162.
35. Pour toutes ces formes, cf. LGPN 3b.
112 alain blanc
armes (si longtemps sous les murs de Troie) » 38. Le premier membre est
donc en relation avec le verbe μένω. Mais tous les anthroponymes en
Μενε- doivent-ils sans exception être rapportés à ce verbe (et donc aucun
à μένος), et que représente précisément l’élément Μενεσ- de Μενέσ-αν-
δρος ? Tenter de répondre serait long et difficile. Nous laisserons donc
ici ces questions en suspens et ne prendrons pas en compte le premier
membre Μενε- dans les discussions qui suivent.
4.6. La place nous manque pour étudier en détail les composés à pre-
mier membre Τελε-. Nous nous bornerons à faire observer que Τελέ-
βουλος, Τελέ-δαμος, Τελε-κλίδας, Τελέ-μβροτος (Rhodien), Τελέ-νικος,
et Τελέ-στρατος (Bechtel, HPN 423) sont parallèles à Τελεσί-βουλος,
Τελεσί-δημος, Τελεσι-κλῆς, Τελεσί-μβροτος, Τελεσί-νικος et Τελε-
σί-στρατος (Bechtel, ibid.), qui ont un premier membre verbal 39. Τελε-
ne représente donc pas le thème de τέλος (telle est encore l’explication
de Bechtel, 420), mais le thème verbal de τελέω, aoriste ἐτέλεσ(σ)α, etc.
4.7. Sous « Φαε-, Φαο-, -φάης zu φάϝος », Bechtel (HPN 435, cf.
aussi 335) enregistre Φαε-νίκης (Argolide, iie-ier s., LGPN 3a) avec la
source IG IV 731, I, 18. Dans le DELG (s.v. φάε, D, 2), J. Taillardat
considère avec raison que le premier membre de ce composé est le thème
de l’aoriste φάε. On peut traduire : « Qui brille de (l’éclat de) sa (ses)
victoire(s). »
4.8. Explications proposées pour Σθενέλᾱος. — Dans ses HPN,
Bechtel classe Σθενέ-δημος, -λαος, -λος, -λίδης sous Σθενε-, Σθενο-,
-σθένης, -σθενος, -σθένιος, en indiquant seulement : « zu σθένος ». En
revanche, Schwyzer (GG I, 441) enregistre Σθενέλᾱος dans les formes
à premier membre verbal du type de ἐχέθυμος. Risch (Wortbildung,
p. 218) écrit : « Σθενέλᾱος nach Μενέλᾱος analog σθένος neben μένος ».
Il indique que le premier membre μενε- de μενεδήϊος et Μενέλᾱος est
verbal. Il faut donc comprendre que Σθενέλᾱος est une forme particu-
lière, qui était liée au substantif σθένος, mais qui a perdu la sifflante du
thème σθενεσ- par suite de l’influence de Μενέλᾱος. Kamptz (HomPN,
38. Cf. F. Bader, La langue des dieux, ou l’hermétisme des poètes indo-européens, Pise,
1989, p. 257.
39. Il apparaît aussi dans les appellatifs : τελεσί-καρπος, τελεσι-ουργός, τελεσσί-φρων,
cf. LSJ.
114 alain blanc
Ἐρέδᾱμος « celui qui fait se lever le peuple (pour aller au combat) », cf.
ἔρετο· ὠρμήθη (Hsch.),
Ἐρχέλαος « qui fait marcher son peuple en armes contre l’ennemi », cf.
ἔρχομαι « marcher »,
Σθενέδᾱμος « qui donne la vigueur à son peuple »,
Θαρρέδαμος « qui rend son peuple audacieux », cf. racine *dhers- « être
audacieux » 44,
Μενέλᾱος « qui fait tenir bon ses troupes », cf. μένω « tenir bon »,
myc. ne-e-ra-wo = /Nehelāwos/ « qui ramène dans leur patrie les soldats
qui ont combattu », cf. νέομαι « revenir sain et sauf ».
44. Cf. LIV, s.v. dhers-. Cette racine fournit des formes de valeur intransitive au sanskrit
(participe aoriste dhr̥ ṣánt-, présent à nasale dhr̥ ṣṇóti « il ose » et parfait dadhárṣa
« il est courageux »), au lituanien (dręsù « oser ») et au gotique (ga-dars « il a le
courage de »).
le type Σθεν-έ-λαος 117
45. Pour apporter un parallèle à l’emploi causatif, on pourrait être tenté d’invoquer
le composé védique trasádasyu-, nom d’un roi célébré pour ses exploits dans le
Rgveda (IV, 42, 8). Ce nom, unique en son genre, comporte le thème du présent
trásati « il tremble » et le nom d’un peuple ennemi, les Dasyus. J. Wackernagel
(Altindische Grammatik, II, 1. Nominalkomposition, Göttingen, 1905, p. 316) tra-
duisait par « die Feinde zittern machend » et sa traduction a souvent été reprise (par
exemple T. Burrow, The Sanskrit Language, Londres, 1973, p. 216), mais d’autres
indianistes ou comparatistes ont préféré des traductions qui font ressortir le sens
fondamentalement intransitif de trásati : « der, dessen Feinde zittern » (H. Grass-
mann, Wörterbuch zum Rigveda, 1872, p. 554), « before whom the Dasyus tremble »
(M. Monier-Williams, A Sanskrit-English Dictionary, Oxford, 1899, p. 457), « mit
zitternden Feinden » (F. Sommer, IF 55, 1937, p. 191), et M. Mayrhofer indique
les deux traductions (Etymologisches Wörterbuch des Altindoarischen, Heidelberg,
1992-2001, I, p. 678). On doit constater qu’il n’y a pas en indo-iranien de système
productif de formation de premier membre de composés causatifs à partir de verbes
intransitifs. Trasádasyu- est isolé. Il serait de mauvaise méthode de s’appuyer sur lui
pour interpréter les formes grecques. Ce serait expliquer obscurum per obscurius.
118 alain blanc
Nous sommes tout à fait d’accord aussi sur la traduction du nom mycé-
nien ne-e-ra-wo = /Nehelāwos/ par « celui qui ramène dans leur patrie
les soldats qui ont combattu » (p. 103). En grec du premier millénaire,
νέομαι est intransitif (« revenir sain et sauf ») et il n’y a pas d’attestation
d’un causatif, mais on possède les anthroponymes Νέστωρ, qui est un
ancien nom d’agent, et Νέσσανδρος (Thessalie), qui suppose un premier
membre *νεσ-σ-ι- bâti sur un aoriste en -σ- (cf. ϝασίδαμος cité ci-dessus).
4.8.7. L’idée qu’il y ait eu une possibilité de construire un premier
membre factitif si la base verbale correspondante est manifestement non
factitive en grec et même au niveau indo-européen nous paraît beaucoup
plus difficile à admettre pour la raison qu’il n’y a aucun phénomène com-
parable dans les appellatifs. Or, si l’anthroponymie développe particuliè-
rement certains procédés de la composition nominale, elle ne les invente
pas. Elle les prend toujours au pot commun, si l’on peut dire. L’absence
de phénomène similaire dans les appellatifs amène à reconsidérer le prin-
cipe d’explication et nous tenterons donc de comprendre les trois noms
en question sans avoir recours à ce mécanisme spécial.
4.8.8. Ἐρχέλαος est rapproché par Dubois de Ἐρέδᾱμος, mais il ne
peut pas s’expliquer de la même façon car ἔρχομαι est bien attesté pen-
dant toute l’histoire du grec avec un sens intransitif (« marcher », et non
« faire marcher »). Admettre une analogie d’un *Ἐρέλαος serait arbi-
traire. Nous pensons donc que Ἐρχε- signifie bien « qui marche » et que
le second membre joue le rôle d’un complément d’accompagnement :
« qui marche avec le peuple en armes » (pour le guider, l’entraîner, etc.) ;
le second membre -λαος aurait une valeur de datif comitatif 46.
4.8.9. La base verbale qui correspond au premier membre de Θαρ-
ρέδαμος est fondamentalement intransitive. Dubois formule l’hypothèse
qu’il y a eu en grec un présent à vocalisme réduit *θάρσω, intransitif,
répondant aux formes sanskrites, également intransitives en dhars� - et
il pense donc que c’est le phénomène de la composition qui amène la
46. On pourrait objecter que dans les épopées homériques, le verbe ἔρχομαι n’est que
très rarement accompagné d’un complément d’accompagnement. Nous n’avons en
effet trouvé que ἐξ ἁλὸς ἥδε σὺν ἀθανάτῃσʹ ἁλίῃσιν ׀ἔρχεται « elle sort des flots
accompagnée des déesses marines », Od. 24, 55-56. Mais les expressions ἔρχεαι
οἶος (Il. 10, 385+), σύν τε δύʹ ἐρχομένω (Il. 10, 224), ἐρχομένων ἄμυδις (Il. 14, 343),
etc., impliquent que ἔρχομαι pouvait s’employer avec une spécification d’accompa-
gnement.
le type Σθεν-έ-λαος 119
Conclusion
49. Comme le montre bien le célèbre passage des Nuées d’Aristophane, v. 60-67
(invention du nom Φειδιππίδης). — On doit remarquer à ce propos qu’il y a eu un
Φειδιππίδης à Athènes bien avant la comédie d’Aristophane (un peintre, cf. LGPN 2,
p. 444) et de nombreux Φείδιππος (ibid.).
50. L. Dubois, « Noms en Ἱππο-, -ιππος », dans GPN, p. 41-52.
le type Σθεν-έ-λαος 121
Il n’est donc pas surprenant que l’on ne trouve pas au premier mil-
lénaire d’anthroponymes en *Γενεσ-, *Γηθεσ-, *Εἰδεσ-, *Κλεϝεσ-,
*Μενεσ-, *Σθενεσ-, etc. Si l’on veut former un premier membre de com-
posé à partir d’un substantif sigmatique, la règle synchronique est la
substitution de -ο- à -εσ-, et on forme donc Γενο-, Γηθο-, Εἰδο-, Κλεο-,
Μενο-, Σθενο-, etc. Ce cadre rigide étant dégagé, il est impossible de rap-
porter les premiers membres en -ε- Κλε(ϝ)ε-, Σθενε- et Τελε- aux substan-
tifs κλέος, σθένος et τέλος. Il vaut mieux les inclure dans le grand groupe
des composés de dépendance progressif de ἑλκε-χίτων, ἐχέ-θῡμος, Ἐχέ-
πωλος, etc., en reconnaissant l’existence de composés très particuliers où
la relation sémantique n’est pas « qui fait ceci ou cela », mais « grâce à
qui/grâce à quoi x est ceci ou cela ».
Il reste évidemment d’autres domaines de la composition nominale
à reconsidérer, par exemple le domaine et la productivité des premiers
membre en -ι- (Γηθι-μένης, etc.), en -εσι- (Ἀνθεσί-λαος, Μενέσ-αν-
δρος) et en -ησι- (Θαλησι-κλῆς). Puisque les anthroponymes composés
sont des noms qui ont été créés et recréés lors de la dation du nom à
chaque enfant, ils sont instructifs sur le fonctionnement synchronique de
la langue et pourront encore jeter bien des lumières sur les mécanismes
de la composition nominale en grec 51.
Références bibliographiques
51. Lors d’une lecture d’un premier projet d’article sur ces noms composés, Sophie
Minon m’a fait part de ses remarques, qui m’ont amené à modifier profondément
l’ordre de présentation des faits et à préciser des points délicats. Qu’elle trouve ici
l’expression de mes remerciements.
122 alain blanc
1. Introduction
Les relations entretenues entre les Grecs et les Étrusques sont remar-
quables pour leur précocité. Sans remonter à l’époque héroïque, on rap-
pellera que les Étrusques constituent l’interlocuteur privilégié des Grecs
en Italie, lorsque les Eubéens s’installent dès le viiie siècle en Campanie
(comptoir de Pithécusses et colonie de Cumes) et deviennent rapidement
leur principal partenaire commercial à l’époque archaïque : l’Étrurie est
alors l’un des principaux débouchés en Occident du commerce grec, et
le goût affiché par les aristocrates tyrrhéniens pour ses produits incite
nombre de marchands et d’artistes du monde grec à côtoyer les cités
étrusques, voire à s’y installer. Il suffit de se rappeler le destin du Corin-
thien Démarate 1 qui, chassé de sa patrie par la révolution des Cypsé-
lides, décide de se réfugier à Tarquinia, car c’est une cité avec laquelle
il avait des relations d’hospitalité de longue date – il y épouse une noble
étrusque et en aura des enfants, parmi lesquels le roi de Rome Tar-
quin l’Ancien ; d’après la tradition, il emmena avec lui à Tarquinia trois
artistes-artisans aux noms « parlants », Eucheir, Eugrammos et Diopos 2 ;
7. Pour une bonne synthèse des aspects linguistiques du nom propre, v. M.-N. Gary-
Prieur, Grammaire du nom propre, Paris, 1994.
8. H. Rix, « Zum Ursprung des römisch-mittelitalischen Gentilnamensystems »,
dans ANRW, I, 2, Berlin - New York, 1972, p. 700-758 ; G. van Heems, « Vers une
koinè italienne ? La langue latine au contact de ses voisines : questions de méthode
et réflexions autour du cas du “bilinguisme” étrusco-latin », dans M. Aberson,
C. Biella, M. Di Fazio et M. Wullschleger (éd.), L’Italia centrale e la creazione di
una koiné culturale? I percorsi della “romanizzazione”, Berne, 2016, p. 113-114.
9. Les deux seuls noms qui peuvent éventuellement s’analyser comme des noms
composés sont les prénoms arc. θanaχvil, réc. θanχvil (si l’élément ‑χvil est bien le
même qui est à l’œuvre dans le composé tins‑cvil [tinś-cvil] « offrande » [litt. « don
à Tinia » ?]) et éventuellement arc. θesanθei, si l’élément ‑θei n’est pas qu’un suffixe
dérivatif (θesan : « [déesse de l’]aurore, matin »). On renvoie au ThLE I2, s.v., pour
les attestations de ces formes. Sur les noms théophoriques en étrusque, voir infra.
128 gilles van heems
archaïque ne sont pas les mêmes que ceux qui arrivent, généralement par
le trafic d’esclaves, aux époques hellénistique et romaine.
2. Présentation du corpus
11. La somme de C. De Simone, op. cit., offre une base de travail encore indépassée, bien
que l’accumulation des nouveautés depuis les années 1970 et les progrès conceptuels
et méthodologiques acquis dans le domaine de la linguistique de contacts suggère-
rait de reprendre ce travail. Les travaux plus récents sont généralement concentrés
sur certaines formes ou incomplets : v., en dernier lieu, S. Bourdin, « Fréquenta-
tion ou intégration : les présences allogènes dans les emporia étrusques et ligures
(vie-ive siècles av. J.-C.) », dans Espaces d’échanges en Méditerranée : Antiquité
et Moyen Âge, Rennes, 2006 [disponible sur Internet : http://books.openedition.
org/pur/7832], en part. § 31 et tab. 3, qui ne prend en compte que les témoignages
d’époque archaïque.
12. Le catalogue de ces formes est rassemblé en annexe à la fin de cet article, où sont
précisés, pour chaque base nominale retenue, les lieux de provenance, l’époque d’at-
testation et la ou les fonctions dans lesquels les noms dérivés de ces bases sont
employés. Du point de vue de la répartition de ces noms d’origine grecque par type
d’inscriptions, on constatera qu’elle reflète assez fidèlement la composition du
corpus épigraphique étrusque : on trouve en premier lieu des épitaphes – qui consti-
tuent la classe d’inscriptions de loin la plus représentée dans le corpus étrusque –,
puis des inscriptions de propriété sur instrumentum, des inscriptions de don et des
inscriptions votives (ex-voto).
13. Là encore, la comparaison précise est rendue malaisée par le manque d’études
exhaustives. Sur les noms étrusques d’origine celtique, on se contentera de l’étude
(elle aussi ancienne) de C. De Simone, « Un nuovo gentilizio etrusco di Orvieto
(Katacina) e la cronologia della penetrazione celtica (gallica) in Italia », PP 33
(1978), p. 370-395.
130 gilles van heems
25. ET Af 3.1 (Carthage, milieu du vie s. a. C.). Quoiqu’elle n’ait pas modifié la forme
de ce nom, nous renvoyons à la relecture faite par A. Maggiani de cette inscription
lacunaire : A. Maggiani, « Dinamiche del commercio arcaico : les tesserae hospi-
tales », dans G. Della Fina (éd.), Gli Etruschi e il Mediterraneo: commerci e poli-
tica, Annali della fondazione per il museo « C. Faina » 13 (2006), p. 319-321.
26. É. Benveniste, « Notes étrusques », Studi Etruschi 7 (1933), p. 245-258.
27. Pour la communis opinio sur cette forme, voir la bonne synthèse que propose P. Poc-
cetti, « Anthroponymes et toponymes issus d’ethniques et noms géographiques
étrangers », dans C. Ruiz Darasse et E. Luján (éd.), Contacts linguistiques dans
l’Occident méditerranéen antique dans la Méditerranée archaïque, Rome, 2011,
p. 146-147.
28. A. Maggiani, art. cit., p. 321-325.
29. Sur ce point, voir G. van Heems, « De Carthage à Gouraya : onomastique étrusque
d’Afrique », dans L’onomastica africana, Ortacesus, 2012, p. 151-153.
134 gilles van heems
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ag
Enfin, ce répertoire montre un écart très net entre les emplois fonc-
tionnels de ces formes onomastiques (cf. fig. 2). En effet, si toutes les
catégories que connaît l’onomastique étrusque (prénoms, idionymes
d’esclaves et/ou de lautni, idionymes d’étrangers, gentilices et cogno-
mina) intègrent des noms grecs, la répartition de ces derniers selon leur
fonction est loin d’être égale : la surreprésentation des gentilices est
manifeste, mais se cachent dans cette même catégorie des noms qui sont
en réalité de nature très différente. Ainsi, à côté des gentilices dérivés
de bases nominales grecques (type cuclnie, platunalu ou pulena), qui
impliquent que l’auctor gentis de ces familles portait un nom individuel
grec à partir duquel le nom de la gens a été élaboré, on trouve nombre
de gentilices formellement semblables à des idionymes (autrement dit,
selon la terminologie introduite par H. Rix, des Vornamengentilicia 31),
cognomen 8 %
prénom 1 %
nom individuel
d’esclave 35 % gentilice 51 %
nom individuel
d’étranger 1 % nom individuel
indéterminé 4 %
qui impliquent une genèse très différente : dans tous ces cas, on a affaire
à d’anciens noms individuels d’esclaves, réutilisés comme gentilices au
moment de l’affranchissement, conformément à la pratique étrusque 32.
Autrement dit, les chiffres qui ressortent de ce tableau cachent donc de
fait une caractéristique très particulière du corpus des anthroponymes
grecs d’origine étrusque : leur surreprésentation, voire leur « spéciali-
sation », au moins à l’époque récente, dans la désignation d’esclaves,
particularité qui s’explique sans difficulté par les flux géographiques du
marché des esclaves à l’époque tardo-républicaine, et que l’épigraphie
étrusque, où ces catégories sont particulièrement bien représentées à
partir du ive s. a. C. 33, reflète fidèlement.
3. Étude linguistique
Après cette sommaire présentation du corpus, il convient de proposer
une étude linguistique exhaustive de ce matériau onomastique, afin de
mettre en évidence les mécanismes de l’adaptation linguistique des noms
grecs à l’étrusque. Sur ce point, je signalerai d’emblée que dans l’ensemble
les anthroponymes étrusques tirés du grec se conforment aux règles qui
régissent les emprunts faits au grec, tant du point de vue de la phonologie
de l’emprunt que de la suffixation de ces formes. On ne soulignera ici que
quelques points remarquables, dans ce panorama bien connu.
<κ>, <π>, <ϙ>, auxquelles on peut ajouter <γ> sous sa forme semi-
lunaire, et qui note en étrusque l’occlusive vélaire sourde – ou plutôt
non marquée – /k/) ; ainsi, on pourra comparer les formes eucle :
Εὐκλῆς ~ clauce : Γλαῦκος ; φilutis : Φιλῶτις ~ pultuce : Πολυδεύκης
(le corpus n’a pas d’exemple de gr. <β> /b/ rendu en étrusque par <p>
/p/, mais les exemples tirés de théonymes sont sûrs (cf., p. ex., gr.
Φοίβᾱ > étr. φuipa 35).
b) Le traitement des voyelles vélaires : l’étrusque ne possède qu’une
seule voyelle vélaire 36, qu’il note dès le début de la tradition écrite
au moyen de gr. <υ> (= étr. <u>), laissant supposer que cette voyelle
était phonétiquement perçue par les Étrusques qui ont adapté l’al-
phabet eubéen à la notation de leur langue à la fin du viiie s. a. C.
comme étant plus proche de [u] que de [o]. C’est cette lettre qui est
seule chargée de transposer toutes les voyelles vélaires du grec (/u/ et
/o/, quelle que soit leur longueur ; comp. antrumacia : Ἀνδρομάχη ~
atunes : Ἄδωνις ~ pure : Πύρρος). Les diphtongues gr. <αυ>, <ευ>
sont sans difficulté rendues par les digraphes correspondants étr.
<au>, <eu> (taure : Ταῦρος ; eupuria : Εὐπορία).
c) Les sifflantes : le /s/ du grec est généralement rendu par la lettre
dévolue à la notation de la sifflante alvéolaire de l’étrusque (sigma
en Étrurie méridionale, san en Étrurie septentrionale : comp. sminθe
[Volsinies] : śminθi [Adria]), mais on note quelques anomalies
(comme l’emploi de étr. <z> pour noter l’initiale de gr. Σαραπίων,
Σεραπίων (> zarapiu, zerapiu), sans doute à cause d’une évolution
dialectale propre à l’Étrurie tibérine 37.
Ces principes sont toutefois, comme on peut s’y attendre, quelque
peu contrecarrés par l’évolution diachronique de la langue, qui provoque
de nombreux bouleversements phonétiques perceptibles dans les ins-
criptions. En effet, l’étrusque connaît un bouleversement majeur de son
système phonologique au milieu du ve siècle (date à laquelle ce boulever-
sement commence à être noté), appelé syncope vocalique : les voyelles
internes cessent d’être notées. Les spécialistes attribuent cette modifi-
cation à des causes suprasegmentales et à l’existence, au renforcement
ou à l’apparition d’un fort accent à l’initiale. Or, comme tous les mots
empruntés au grec sont soumis aux règles prosodiques de l’étrusque
(neutralisation quasi totale de l’opposition de longueur pour les voyelles
et, surtout, accentuation initiale « à l’étrusque »), ce phénomène conjoint
induit toute une série de neutralisations et d’assimilations, qui sont assez
nombreuses dans notre corpus. C’est ainsi qu’une occlusive initiale
sourde du grec peut être rendue en étrusque par l’aspirée correspondante
(φerse : Περσεύς) ou qu’apparaissent de nombreuses lénitions, spiranti-
sations et assimilations : on citera en particulier la tendance avec le temps
à traiter le gr. <‑διV‑> 38 /djV/ comme une affriquée /ts/ 39, notée <z> :
arχaza : Ἀρκαδία 40 ; à l’initiale, le groupe <διV‑> /djV/ est monoph-
tongué différemment : l’accentuation de ce nom étranger, peut-être sur
la dernière syllabe longue du mot 41, a provoqué la chute la voyelle /o/
(tinusi : Διονύσιος, tiφane : Διοφάνης).
3.2. Suffixation
L’étude de la suffixation des anthroponymes étrusques empruntés
au grec est intéressante, dans la mesure où elle démontre que les noms
propres (anthroponymes et théonymes) reçoivent un traitement différent
des appellatifs.
On repère quatre principaux suffixes primaires dans les formes que
nous avons rassemblées, et qui toutes remplacent les suffixes grecs des
noms empruntés :
a) ‑e (gén. ‑es) : il s’agit du suffixe le plus représenté, parce qu’il sert
d’équivalent à quatre suffixes grecs différents, ‑ος, ‑ης/‑ῆς, ‑εύς et
‑ᾶς (si la forme gén. tames attestée à Viterbe 42 est bien une adapta-
tion de gr. Δᾱμᾶς, ce qui n’est pas certain) ; si l’on inclut les attesta-
tions offertes par les théonymes, on constate, avec C. De Simone, que
ce suffixe correspond à 9 suffixes grecs différents 43. On notera, enfin,
44. L. Agostiniani, « Sull’origine del nome del vino in etrusco e nelle altre lingue
dell’Italia antica », dans do-ra-qe pe-re. Studi in memoria di Adriana Quattordio
Moreschini, Pise, 1998, p. 1-13.
45. L. Agostiniani, « La considerazione tipologica nello studio dell’etrusco », Incontri
linguistici 16 (1993), p. 23-44 ; L. Rigobianco, Su numerus, genus e sexus. Elementi
per una grammatica dell’etrusco, Rome, 2013, p. 91 sq.
46. C. De Simone, op. cit., p. 140 (tableau récapitulatif).
140 gilles van heems
c) ‑a, ‑ia : ces deux suffixes sont eux aussi des morphèmes empruntés,
mais plus probablement à une langue indo-européenne d’Italie (parler
sabellique et/ou latino-falisque) qu’au grec lui-même. Le second
conjoint le morphème dérivatif indo-européen *‑yo‑ et la marque de
féminin ‑a, qui en fait le pendant du suffixe dérivatif masculin ‑ie de
l’étrusque (qui sert en particulier à former des gentilices). Il rend tout
naturellement les formes de féminin en ‑ᾱ (att. ‑η) du grec (gr. Φίλη >
étr. φila), et l’emploi de ‑ia plutôt que ‑a (gr. Ἀνδρομάχη / Ἀνδρομάχα
> étr. antrumacia) est, quoique minoritaire, bien attesté 52.
À côté de ces formes issues de l’adaptation directe de noms grecs,
on trouve des formes dérivées de formes grecques, selon des procédés
propres à l’étrusque. Cette suffixation secondaire – qui ne sert à former
que des gentilices, à l’exclusion de toute autre fonction anthropony-
mique –, prend les formes suivantes :
a) ‑na (gén. ‑nas ; fém. abs. ‑nei, gén. ‑nal) : ce suffixe est certainement
le suffixe dérivatif le plus répandu en étrusque, à tel point qu’il a
été emprunté à son tour par le latin, non seulement pour former des
anthroponymes empruntés à l’étrusque (Catilina, ‑ae, Maecenas,
‑atis), mais aussi des appellatifs empruntés (persona, ‑ae ; scaena,
‑ae) ou indigènes (catēna, ‑ae ; nās(s)iterna, ‑ae) 53. En étrusque, il
entre dans la composition de la majorité des gentilices dits patrony-
miques (arc. marc(e)‑na « litt. (fils/descendant) de Marce »), ce qui
en fait l’exact équivalent du suffixe italique (et indo-européen) *‑yo‑
(cf. lat. Marc‑ius, exact équivalent de étr. marc(e)‑na). Le fait que
des gentilices patronymiques en ‑na aient été formés à partir de noms
individuels empruntés au grec (type creic‑na ou pule‑na) indique
que ces formes étaient parfaitement intégrées morphologiquement et
institutionnellement.
b) ‑ie (gén. ‑ies ; fém. abs. ‑ia, gén. ‑ial) : ce suffixe patronyme résulte
de l’emprunt du suffixe de dérivation italique *‑yo‑ (on y retrouve la
marque ‑e désignant les personnes de sexe masculin). Tout comme
‑na, il sert à former des gentilices patronymiques (aussi bien à partir
de bases empruntées que proprement étrusques).
c) ‑nie (gén. ‑nies) / ‑ni (gén. ‑nis) : le suffixe ‑nie est issu de la coales-
cence des deux précédents suffixes (‑na+‑ie > ‑naie / ‑nie) et inter-
vient à son tour dans la formation de gentilices patronymiques. ‑ni est
une forme apocopée typique des dialectes septentrionaux (zones de
Pérouse et Chiusi).
d) ‑ra (gén. ‑ras) : ce suffixe dérivatif bien connu semble être, morpho-
logiquement et sémantiquement, totalement comparable à ‑na. Il n’est
néanmoins pas sûr qu’il intervienne dans la formation de gentilices
dérivés de noms empruntés au grec, puisque l’étymologie grecque de
carucra est plus que suspecte 54.
e) ‑alu (gén. ‑alus) : ce morphème dérivatif, qui sert également à créer
des gentilices à partir de prénoms (ou noms individuels), est attesté
par deux fois dans notre répertoire, gén. kraikaluś (Bologne, ve s.) et
gén. platunaluś, formés respectivement sur la base kraike (ou kraiku,
qui semble être une variante attestée précisément dans la région 55)
et *platu ou *platun, évidente adaptation de gr. Πλάτων. Ce suffixe
‑alu est un suffixe typique et quasi-exclusif 56 de la région padane
(Adria, Spina et Bologne) et s’ajoute à sa base à la place de la voyelle
finale : prén. gén. titl‑eś (Bologne 57) > gent. gén. titlaluś (Bologne 58) ;
prén. gén. rac‑us (Capoue, Caeré 59) > gent. gén. rak‑aluś (Marza-
botto, vie s. 60) ; pour les noms-bases à finale consonantique, le seul
cas attesté semble indiquer que le suffixe ‑alu ne s’adjoint pas directe-
ment à la base (laθ‑i‑aluś à Monterenzio 61, et non *laθ‑aluś). Le statut
de cette voyelle, néanmoins, n’est pas clair : s’agit-il d’une voyelle
69. Cf. G. Colonna, « La società spinetica e gli altri ethne », dans Spina. Storia di una
città tra Greci ed Etruschi, Ferrare, 1993, p. 131-143. Sur la « grécité » de ces
cités, il existe une bibliographie imposante, qui s’est largement accrue ces dernières
années : je me bornerai à renvoyer à quelques récentes études, telles que S. Bourdin,
art. cit., en part. § 27-36, et M.-L. Haack, « Grécité réelle et grécité fantasmée à
Spina et Adria », dans M.-L. Haack (éd.), Écritures, cultures, sociétés dans les
nécropoles d’Italie ancienne, Bordeaux, 2009, p. 45-62.
70. Cf. C. De Simone, op. cit., II, p. 95 et 98-99 ; les attestations remontent au ier s. a. C.
et au début de l’époque impériale.
71. Cf. Quint. I, 4, 26 ; Festus 306L ; Plin., HN, XXXIII, 26 ; Probus, GL IV, 16 ; Pris-
cien, GL III, 26 ; cf., entre autres, A. Ernout - A. Meillet, s.v. puer ; F. Bader, La for-
mation des composés nominaux du latin, Paris, 1962, p. 316, ou M. Leumann, Latei-
nische Laut‑ und Formenlehre, Munich, 1977, p. 134.
146 gilles van heems
72. En particulier le fait que le ‑i‑, qui devrait être la désinence de génitif, est bref et
non long, comme attendu. Sur l’ensemble des problèmes posés par l’analyse de ces
formes, cf. C. Cheesman, « Names in ‑por and slave naming in Republican Rome »,
CQ 59-2 (2009), p. 511-531.
73. Car il est peu probable, vu l’isolement de ces formes, que l’élément ‑por ait été
emprunté comme suffixe en étrusque et étendu à une base empruntée au grec.
74. G. Breyer, Etruskisches Sprachgut im Lateinischen unter Ausschluß des spezifisch
onomastischen Bereiches, Louvain, 1993, à ces entrées.
l’adaptation des noms grecs à l’étrusque 147
4. Étude socio-historique
75. G. Colonna, « Una nuova iscrizione etrusca del VII secolo e appunti sull’epigrafia
ceretana dell’epoca », Mélanges de l’École française de Rome – Antiquité 82, 1970,
p. 649, no 4 ; Cf. C. De Simone, « Per la storia degli imprestiti greci in etrusco »,
ANRW, I, 2, Berlin - New York, 1972, p. 508-509.
76. M. Cristofani, « Diffusione dell’alfabeto e onomastica arcaica nell’Etruria interna
settentrionale », dans Aspetti e problemi dell’Etruria interna, Florence, 1974, p. 315.
77. Pour l’interprétation traditionnelle, cf. M. Morandi Tarabella, Prosopographia
Etrusca, I, 1. Etruria meridionale, Rome, 2004, p. 368.
78. ET Ta 6.1.
148 gilles van heems
83. L’hypothèse « féminine » a été proposée par S. Marchesini (op. cit., p. 130) ; pour
l’hypothèse « masculine », v. G. Colonna, art. cit.
84. Les formules onomastiques juxtaposant un prénom féminin et un génitif masculin au
gén. ne sont pas rares dans l’épigraphie étrusque.
85. G. van Heems, « La naissance des traditions épigraphiques funéraires dans l’Étrurie
archaïque : le cas de Crocifisso del Tufo », dans M.-L. Haack (éd.), Écritures,
cultures, sociétés dans les nécropoles d’Italie ancienne, Bordeaux, 2009, p. 15-44.
86. Les travaux fondateurs sur ce thème restent C. Ampolo, « Demarato. Osservazioni
sulla mobilità sociale arcaica », Dialoghi di Archeologia 9-10 (1976-1977), p. 333-
345 ; D. Musti, « Etruria e Lazio arcaico nella tradizione (Demarato, Tarquinio,
Mezenzio) », dans Etruria e Lazio arcaico, Rome, 1987, p. 139-153 ; F. Zevi,
150 gilles van heems
dans quelle langue est rédigé le texte : l’alphabet et le ductus sont indé-
niablement grecs – même si l’alphabet employé ne renvoie pas à celui
d’une même cité, mais semble au contraire composite 92 –, tout comme
l’est le second nom, πραξιας (= Πραξίας) ; mais le premier est indubita-
blement étrusque : arnθ est l’un des prénoms les plus répandus dans cette
langue. Dans ces conditions, les interprétations donnés à ce texte sont,
en substance, deux : pour beaucoup, à la suite de G. Colonna 93, qui rap-
proche cette formule de celles d’autres « Étrusco-Grecs » tels que Rutile
Hipucrates, où sont juxtaposés un nom italico-étrusque et un nom grec,
αρνθε πραξιας est un seul personnage, un peintre grec ou fils d’immigré
grec, qui aurait acquis la citoyenneté étrusque (prouvée par la formule à
deux éléments qu’il porte). Inversement, pour d’autres 94, αρνθε désigne
un personnage étrusque (avec un ‑e de « cas oblique » [!]), peut-être le
commanditaire du vase ou son destinataire, tandis que πραξιας, au nomi-
natif, désigne l’artisan qui l’a créé 95. Linguistiquement parlant, αρνθε
me semble être – de manière incontestable – la transcription grecque
du prénom étrusque arnθ, cette langue n’admettant pas d’occlusive en
finale absolue (a fortiori dans un groupe consonnantique /rnth/) : le ‑ε
final d’αρνθε n’est donc qu’une voyelle d’appui (et aucunement une
marque de flexion). Reste πραξιας : de deux choses, l’une : soit il s’agit
d’un nom désignant un deuxième personnage et il faudrait alors consi-
dérer que le vase a été signé par deux artistes, un Étrusque nommé Arnθ,
un Grec nommé Πραξίας. Ces artistes auraient ainsi collaboré dans le
même atelier : mais cet atelier se trouvait-il en Grèce, puisque le vase est
rédigé au moyen de l’alphabet grec, ou en Étrurie ? Soit on a affaire à un
seul personnage nommé Arnθ Praxias (dont les deux parties du nom ont
été volontairement séparées sur le champ épigraphique), et on devrait
92. Sur les problèmes posés par l’alphabet de l’inscription, v. G. Colonna, art. cit., p. 190-
191 ; R. Wachter, Non-Attic Greek Vase Inscriptions, Oxford, 2001, p. 194-196 ;
M. Scarrone, « Arnthe, le peintre de Praxias. Une hypothèse », dans L. Ambrosini et
V. Jolivet (éd.), Les potiers d’Étrurie et leur monde : contacts, échanges, transferts,
Paris, 2014, p. 299-309, en part. p. 301-302.
93. G. Colonna, art. cit.
94. C. De Simone, op. cit., p. 242-243 ; R. Wachter, op. cit.
95. Sur le vif débat interprétatif qu’ont suscité ce vase et son inscription, v. encore
l’utile synthèse de M. Scarrone, « Arnthe, le peintre de Praxias… », art. cit., dont
les conclusions (les noms αρνθε πραξιας renvoient à deux personnages différents, un
potier et son commanditaire) ne sont toutefois pas pleinement convaincantes.
l’adaptation des noms grecs à l’étrusque 153
alors penser à un Grec juxtaposant son nom grec et son nom d’emprunt
étrusque ou un Grec devenu citoyen étrusque et arborant ainsi comme
gentilice son idionyme de naissance ? Malgré les questionnements qu’il
soulève et auxquels pour le moment on ne peut donner de réponse satis-
faisante, ce texte nous donne une belle idée de ce que pouvait être le
bilinguisme étrusco-grec à la fin de l’époque archaïque.
Références bibliographiques
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156 gilles van heems
Annexes
(viennent, après les variantes, la ou les fonctions)
Paolo Poccetti
Université Roma Tor Vergata
Dans toutes les langues les noms propres suivent les règles de for-
mation et de productivité suffixale qui s’appliquent au lexique, et dans
leurs évolutions diachroniques et dans les variations synchroniques. Les
noms de personnes, en tant que subordonnés aux changements de modes,
fonctions communicatives et contextes d’emploi, sont assujettis à des
forces contradictoires : la conservation de formes plus anciennes (par-
fois, à l’état purement graphique) coexistant avec les innovations dans le
12. E. Locker, « Die Bildung der griechischen Kurz- und Kosenamen », Glotta 21
(1932), p. 139.
13. Par ex. CIL I2 1249, 1597, 1600, 1681.
14. V. Väänänen, Introduction au latin vulgaire, Paris, 1967, p. 116. R. Lazzeroni,
« Dall’antroponimo al paradigma. Storia di una declinazione latina », AGI 84
(1999), p. 207-214.
15. A. Morpurgo Davies, « Greek Personal Names and Linguistic Continuity », dans
GPN, p. 26-30.
noms grecs en grande grèce et en sicile 169
morphologique très rigide adoptée par les langues de l’Italie antique dans
le but de marquer la fonction d’un nom dans la formule de dénomina-
tion personnelle est parfois relâchée par deux forces, souvent simulta-
nées : les influences étrangères, qui sont puissantes en contexte bilingue,
et l’évolution du système onomastique, qui comporte aussi le renouvelle-
ment du répertoire. De ces points de vue, l’anthroponymie latine esquisse
l’éventail le plus complexe et le plus varié dans toute l’antiquité, à la fois
en synchronie et en diachronie. Les suffixes sont au cœur de ces change-
ments, comme le montrent les suffixes d’origine grecque, celtique, ger-
manique, sans parler de ceux des autres langues de l’Italie préromaine,
qui ont été absorbés dans la formation des noms de personne romains. A
l’intérieur du système latin, le renouvellement suffixal le plus saisissant
affecte les cognomina, catégorie des noms qui occupe une place de plus
en plus particulière dans l’anthroponymie romaine en servant souvent à
marquer la condition sociale 21 et à signaler les relations entre individus
dans la langue familière 22.
Presque tous les suffixes de l’onomastique sont plus ou moins mul-
tifonctionnels, dans la mesure où ils sont partagés par des catégories
diverses de noms propres (toponymes, ethnonymes, théonymes, anthro-
ponymes, etc.) et ils sont employés pour indiquer des rôles différents à
l’intérieur de la même catégorie (tels que le prénom, le patronyme, le
nom de famille, le sobriquet, etc.). L’autre aspect de la multifonctionna-
lité des suffixes, qui n’est pas du tout secondaire, concerne la connotation
qui relève de leur emploi pragmatique, notamment les valeurs connexes
aux intentions communicatives et aux interactions interpersonnelles, qui
se mettent en œuvre dans l’énonciation. Il s’agit des fonctions déprécia-
tives, péjoratives, affectives, qui se manifestent au niveau des textes et de
leurs contextes. Pour ces fonctions toutes les langues disposent de plu-
sieurs moyens qui ne sont du reste pas limités à la morphologie.
21. I. Kajanto, « On the Chronology of the Cognomen in the Republican Period », dans
H. G. Pflaum et N. Duval (éd.), L’onomastique latine. Actes du colloque, Paris
13-15 octobre 1975, Paris, 1977, p. 63-69.
22. F. Biville, « La détermination des anthroponymes dans la correspondance de
Cicéron », Paideia 58, (2003), p. 77–94 ; Ead., « Noms propres en usage, noms
propres en mention », dans C. Bodelot (éd.), Éléments « asyntaxiques » ou hors
structure dans l’énoncé latin, Clermont-Ferrand, 2007, p. 107–121.
noms grecs en grande grèce et en sicile 171
du grand orateur romain. L’appel aux suffixes des deux langues, outre
la fonction renchérissante, est à mettre en relation avec le bilinguisme
du destinataire, afin qu’il puisse écouter les même injures dans les deux
langues qu’il maîtrisait. Avec humour, le locuteur laisse entendre que
d’autres appellations de même valeur pouvaient être connues de cet
homme cultivé, et lui laisse toute liberté pour les former lui-même (ἢ ὅ τι
ποτὲ καὶ χαίρεις ὀνομαζόμενος) !
aussi d’un prénom indigène hellénisé à la base des gentilices latins Visul-
lius, Visuleius 32 ainsi que de l’osque Vesulliais 33. La double possibilité
s’explique par la superposition formelle du suffixe grec avec celui des
langues italiques.
Les procédés d’adaptation morphologique des noms indigènes au sys-
tème de l’anthroponymie hellénique témoignent du degré d’intégration
des immigrés dans la vie sociale et professionnelle des villes grecques.
Plus rare, pour des raisons compréhensibles, est le phénomène inverse,
c’est-à-dire l’attestation de noms de personnes grecs en contexte indi-
gène, comme les gentilices osques en milieu campanien Pitakiis 34 issus
de la forme dorienne du nom du « singe » (πίθηκος) ou les anthropo-
nymes ayant à la base les noms grecs des Syriens et des Phéniciens
comme Συριες 35 et Φοινικ[ις] 36 dans des sites lucaniens. Plus complexes
sont l’interprétation et la question de l’origine d’autres gentilices du point
de vue de la suffixation. C’est le cas de Melíssaii[s à Pompéi 37, qui se
retrouve dans le gentilice latin Melissaeus 38, et de Smintiis à Capoue 39,
employé ailleurs dans l’onomastique latine en fonction de cognomen 40.
Comme Μελισσαῖος est inconnu de l’anthroponymie grecque, alors
que d’autres dérivés du nom de l’abeille (μέλισσα / μέλιττα) sont très
répandus, tels Mέλισσα / Mέλισσoς, Mελισσίας, Mελισσίων, Mελισσίς,
Mελισσεύς, on se demandera si Melíssaii[s est une formation du grec,
issue du lexique (μελισσαῖος est attesté comme adjectif) ou de l’onomas-
tique (en tant que nom de personne non attesté), ou bien s’il agit d’une
formation de l’osque sur la base d’un élément grec avec combinaison
de la marque commune -yo- des gentilices italiques 41. Est également
46. W. Schulze, Zur Geschichte lateinischer Eigennamen. Abhadl. Kön. Gesell. Wiss.
Göttingen, Hist.-Phil.Klasse, V, Berlin, 1904.
47. M. L. Lazzarini, « Grecanici come gentilizi. Una nuova iscrizione latina da Petelia,
in Ἐπιγραφαί », Miscellanea epigrafica in onore di Lidio Gasperini, Tivoli, 2000,
p. 503-510.
48. CIL VI 23013 : T.Nonius T.l. Batullus.
49. App., B.C. I 40;41 ; 90 ; 93. Diod.Sic. XXXVII 2. Cf. Fernando La Greca (éd.), Fonti
letterarie greche e latine per la storia della Lucania tirrenica, Rome, 2002, p. 34,
35, 38, 40 et 169.
50. W. Burkert, « Le laminette auree: da Orfeo a Lampone », dans Orfismo in Magna
Grecia. Atti del XIV convegno di studi sulla Magna Grecia (Taranto 6-10 ottobre
1974), Naples, 1975, p. 103-104.
51. IGDS I, p. 225.
176 paolo poccetti
57. F. Biville, Les emprunts du latin au grec. Approche phonétique, II. Vocalisme et
conclusions, Louvain, 1995, p. 225-240.
58. GRF 78, 3 Funaioli.
59. GRF 154, 20 Funaioli.
60. L. Dubois, IGDGG II, p. 28.
61. Voir F. Biville, Les emprunts…, I. Consonantisme, Louvain - Paris, 1990, p. 73.
62. F. Biville, op. cit., II, p. 369.
178 paolo poccetti
74. G. Pugliese Carratelli, Les lamelles d’or orphiques (traduit de l’italien), Paris, 2003,
p. 102.
75. IG XIV 382a ; M. T. Manni Piraino, Iscrizioni greche lapidarie del Museo di
Palermo, Palerme, 1972, p. 125.
76. H. Rix, « I nomi delle figure dei miti greci nelle lingue dell’Italia arcaica. The first
Traces of Achilles and Hercules in Latin », dans J. Penney (éd.), Indoeuropean per-
spectives. Studies in honour of A. Morpurgo Davies, Oxford, 2004, p. 443.
77. Hesychius, s.v. Ἡρύκαλον (Schmidt), corrigé en Ἡρακύλον (Latte) = Sophr., fr. 142,
PGF, p. 176 (Kaibel) = fr. 134, CGF (Kassel-Austin) = Fr 134 (Hordern, cf. p. 190-
191, pour le commentaire).
180 paolo poccetti
admet deux solutions également plausibles. L’une est -υλο- qui permet
une double lecture : côté grec, ce suffixe sert en synchronie à la dériva-
tion des hypocoristiques dans le lexique (ex. ἄρκτος ~ ἄρκτυλλος, ἕρπος
~ ἕρπυλλος) et aux abréviations dans l’anthroponymie (ex. : Ἀστύλαος :
Ἄστυλλος ; Νικόλαος : Νίκυλλος) ; côté italique, ce suffixe avec varia-
tion de la voyelle pré-suffixale (-e/o-lo-) se charge de la même fonction,
comme le montrent les relations synchroniques Veraniolus : Veranius en
latin ; urnela : urna, en falisque, et Pakul : Pakis, en osque. L’identi-
fication du suffixe comme ‑κυλο- nous amènerait totalement, quant à
elle, dans la perspective italique, étant donné que ‑k(e/o)-lo- à fonction
hypocoristique y est productif et dans le lexique (ex. lat. paterculus,
munusculum par rapport à pater, munus, etc.) 78 et dans les noms propres
(ex. osque Steniklum derivé du prénom Stenis) 79. En conclusion, dans un
contexte influencé par le contact avec les parlers indigènes, la flexion thé-
matique -klo- (au lieu de -κλῆς) pouvait donner lieu à la réinterprétation
de cet ancien élément de composition comme suffixe à fonction hypo-
coristique se superposant à celui de l’italique ‑k(e/o)-lo-. De ce contexte
d’emploi s’est inspiré le commentaire de la glose qui nous a transmis le
fragment de Sophron.
80. E. Risch, « Zur Geschichte der griechischen Ethnika », Museum Helveticum 14, 2
(1957), p. 63-74.
81. F. Cordano, Le tessere pubbliche dal tempio di Atena, Rome,1992, p. 45.
82. Masson, OGS I, p. 205-209 ; 236-237 ; 345.
83. IGDS I, p. 74.
84. IGDS I, p. 65. De même à Camarina F. Cordano, Le tessere pubbliche dal tempio di
Atena, p. 32.
182 paolo poccetti
105. Catull. 12, 15-17 : miserunt mihi muneri Fabullus et Veranius haec amem necesset
ut Veraniolum meum et Fabullum.
106. O. Salomies, « Les prénoms italiques. Un bilan vingt ans après la publication de
Vornamen », dans P. Poccetti (éd.), Les prénoms de l’Italie antique. Actes de la
journée d’études (Lyon, 26 janvier 2004), Pise - Rome, 2008, p. 24, 30.
107. M. T. Manni Piraino, « Iscrizioni greche di Lucania », PP 23 (1968), p. 451-452 ;
A. Landi, op. cit., p.288
108. C. De Simone, « I “rossi” in Etruria: il nome dei Rutuli », Incidenza dell’antico 4
(2006), p. 118-120.
186 paolo poccetti
~ -īllus) et, de l’autre, les fonctions des noms de personnes (-īllus, -īlla
pour les cognomina, ‑ilius pour les gentilices).
On ne s’étonnera pas que l’ensemble des suffixes ’-ulus, -éllus, -īllus
du latin se croise avec la série grecque -ύλος, -ίλος, ’-υλλος, ’‑ιλλος. Ce
croisement se manifeste du point de vue formel dans l’adaptation des
suffixes latins aux lois phonétiques du grec et, inversement, du point de
vue fonctionnel, dans l’adaptation des suffixes grecs aux fonctions des
noms dans le système de la dénomination romaine. C’est le cas déjà men-
tionné de Βάθυλλος, aboutissant à Batullus en tant que cognomen et à
Bathilius en tant que gentilice. Cette interférence entre -(V)lo- latin et ses
correspondants du grec dépasse les limites de l’anthroponymie, surtout
en Sicile et en Italie méridionale, où le contact avec le grec a été profond
jusqu’à l’époque byzantine. Les croisements entre -ύλος et ’‑υλλος, d’une
part, et entre -éllus et ’‑ελλος, de l’autre, se constatent aussi parmi les
emprunts lexicaux grecs au latin, par ex. lat. macéllum vs gr. μάκελλον,
lat. merulus vs gr. μέρουλα 115. Mais la rencontre des suffixes grecs avec
ceux des langues italiques dans les mêmes régions commence bien avant
la diffusion du latin : encore une fois le rayonnement dans l’onomas-
tique précède l’extension dans le lexique. Ainsi, le nom qui figure en
osque comme Paakul, Πακολ, aboutissant en latin au gentilice Pacilius
et aux cognomina Paculus, Pacilus 116, est écrit Πάκυλλος dans une ins-
cription de l’île de Pithécuses 117 datant du iiie siècle a. C. 118, tandis que
dans une tablette d’imprécation de Locres de la même époque 119 se ren-
contre Πακύλα 120. Dans la même tablette, outre le prénom grec mutilé
[.]ρυλλιδαν qui témoigne de l’emploi de la consonne géminée, figurent le
prénom osque Νουία 121 et son dérivé Νουίλα. Or une inscription de l’At-
tique à peu près contemporaine atteste la variante à consonne géminée :
il fusionne souvent avec d’autres (ex. Fronto > Frontonianus ; Capito >
Capitonianus), suivant la tendance de l’époque impériale à l’élargisse-
ment suffixal, pour la création d’autres noms (ex. Martianus > Martia-
ninus ; Maecenas > Maecenatianus), qui parfois masquent la suffixation
d’origine, comme Frontinus issu de l’haplologie de *Frontōnīnus 160.
En grec, la flexion en -ōn- demeure solide et productive sans conta-
mination avec d’autres suffixes, et se charge de fonctions différentes.
Très souvent le suffixe se retrouve dans les hypocoristiques tirés de noms
composés (ex. Ἀρίστων, Δάμων, Πράτων, en relation avec les composés
de Ἀριστo-, Δημo-, Πρωτo- etc. 161) : une telle propriété confère à -ων le
statut de suffixe dérivationnel pourvu de la même fonction que d’autres
(tout comme -ιος, -ῖνος, -ιχος, -ίας -ιλος, -υλος, etc.). En outre, la com-
binaison avec d’autres suffixes ne le prive pas de son autonomie flexion-
nelle : en effet sa fusion avec -yo- se déroule dans le sens inverse des
langues italiques, puisqu’il aboutit à -ίων qui devient de plus en plus pro-
ductif, alors que -ώνιος, -όνιος ne relèvent que de l’influence des langues
italiques. En tant que suffixe nouveau, ‑ίων se développe à partir de deux
fonctions de base, celle de patronyme (ex. Κρονίων « fils de Κρόνος »
en concurrence avec -ιος et -ίδης) 162, et celle de sobriquet à valeur dépré-
ciative, comme Ὡττικίων (= ὁ Ἀττικίων « cet espèce d’Attique » chez
Aristophane) 163. Le comique athénien, dans le même contexte, met
à l’épreuve la manipulation synchronique des noms entre suffixation
et composition par la création d’ Ἀττικωνικοί, qui évoque à la fois les
adjectifs en -ικός et les composés de νίκη 164. Son emploi, encore relati-
vement rare dans l’anthroponymie plus ancienne, connaît une diffusion
énorme à partir de l’époque hellénistique, comme nous le montre son
rayonnement en Grande Grèce et Sicile : dans l’épigraphie des colonies
eubéennes et ioniennes, on n’en connaît qu’un seul exemple (Fοινίων)
datant du ive a. C. 165, et un seul (Σιμυλίων) datant du iiie, dans les colo-
nies achéennes 166 ; en Sicile aucun exemple n’est antérieur au ive, mais
160. M. Niedermann, art. cit., p. 269.
161. HPN 73, 130 et 387.
162. Chantraine, Formation, p. 165.
163. Aristoph., Paix 214.
164. Voir P. Chantraine, « La linguistique grecque et l’interprétation des textes », RPh 43
(1969), p. 203.
165. IGDGG I, p. 92
166. IGDGG II, p. 114.
194 paolo poccetti
167. IGDGG I, p. 211 ; IGDGG II, p. 94-95 (texte du iie a. C.) et 156.
168. I. Kajanto, art. cit., p. 120.
169. ImIt Capua 33.
170. R. Lazzeroni, « Contatti di lingue e culture nell’Italia antica: elementi greci nei
dialetti italici », SSL 12 (1972), p. 6.
171. D’après la recherche dans les site http://epigraphy.packhum.org/ la seule forme qui
pourrait se rapprocher de Τρυφίων, compte tenu de l’incertitude de la lecture de la
voyelle suffixale, serait Τρύφιο̣[ν] Ἀλεξάν̣[δρου]. Tit. Cam. Supp. 225,168n.
172. C. De Simone, Die griechischen Entlehnungen im Etruskischen, Wiesbaden, 1970,
II, p. 133.
173. L’influence du grec a été soulignée par M. Leumann, Lateinische Laut- und Formen-
lehre, op. cit., p. 364, alors que I. Kajanto, op. cit., p. 121, incline à la nuancer.
174. I. Kajanto, loc. cit. Et voir ici la note de Jaime Curbera consacrée à ce nom.
noms grecs en grande grèce et en sicile 195
175. SEG 39, 1062 ; L. D’Amore, Iscrizioni greche d’Italia. Reggio Calabria, Rome,
2007, p. 58.
176. IG XIV 625 ; SEG 40, 841.
177. S. Priuli, Ascyltus. Note di onomastica petroniana, Bruxelles, 1975 (Latomus 140),
p. 39.
178. Cic., Mil. 60 : « heus tu Rufio » verbi causa « caue sis mentiare ». En outre, Cic., ad
Att. 5, 22 : Rufio noster […] hunc hominem parum gratum quisquam putet.
179. Catull. 59, 1.
180. Pétr., Sat. 76, 10 : mathematicus, qui venerat forte in coloniam nostram, Graeculio,
Serapa nomine, consiliator deorum.
181. F. Biville, Cicéron, le grec, art. cit., p. 255.
182. CIL I2 1221.
183. Rhet. ad Her. 3, 21 à propos de la confusion entre le syntagme domum itio et le nom
Domitius.
196 paolo poccetti
Références bibliographiques
184. Publiée par M. L. Lazzarini, « Pantomimi a Petelia », Arch. Cl. 55 (2004), p. 363-
372.
185. Au sujet du bilinguisme (grec-osque puis grec-latin) de ce site de la Grande Grèce
des origines à l’âge romain, voir P. Poccetti « Bilingues Bruttaces. Il plurilinguismo
di una città della Magna Grecia attraverso i suoi testi : il caso di Petelia », dans
R. Giacomelli, A. Robbiati Bianchi (éd.), Le lingue dell’Italia antica oltre il latino:
Lasciamo parlare i testi. Atti dell’incontro di studio no 50 (Milano, 29 Maggio
2007), Milan, 2014, p. 73-110.
noms grecs en grande grèce et en sicile 197
Dan Dana
CNRS, ANHIMA (UMR 8210)
P
artout où les contacts entre Grecs et d’autres populations 1 sont
mieux documentés par des sources écrites (inscriptions, papyrus),
on peut observer la manière dont des interactions onomastiques 2
se sont mises en place, notamment au niveau micro-régional, si l’abon-
dance des séries onomastiques le permet. De tels phénomènes d’enrichis-
sement sont la suffixation de noms non grecs à l’aide de suffixes grecs
ou l’hellénisation d’anthroponymes étrangers 3. Cette enquête se pro-
pose de rendre compte de cette appropriation mutuelle, car ces anthro-
ponymes, appartenant par leurs éléments à deux registres onomastiques
à la fois, jouent un rôle de passerelle entre des groupes qui coexistent et
1. Les mots indigènes ne seront pas accentués dans cet article, à l’exception de ceux
qui sont munis d’un suffixe grec, conformément aux principes exposés par Robert,
Noms indigènes, p. 319 n. 5. Voir aussi Masson, OGS II, p. 499 et L. Dubois,
Inscriptions grecques dialectales de Sicile. Contribution à l’étude du vocabulaire
grec colonial, Rome, 1989, p. xiv. Inversement, W. Clarysse, « Greek Accents on
Egyptian Names », ZPE 119 (1997), p. 177-184, préfère appliquer les règles de
l’accentuation grecque.
2. Dans le monde romain, voir, entre autres, M. Dondin-Payre et M.-T. Raepsaet-
Charlier (éd.), Noms, identités culturelles et romanisation sous le Haut-Empire,
Bruxelles, 2001 ; M. Dondin-Payre (éd.), Les noms de personnes dans l’Empire
romain. Transformations, adaptation, évolution, Bordeaux, 2011. Pour les noms
thraces, voir l’étude de D. Dana, « L’impact de l’onomastique latine sur les ono-
mastiques indigènes dans l’espace thrace », dans ce dernier recueil, p. 37-87 (avec
la bibliographie). Pour le domaine grec et l’« Orient grec », voir les recueils récents
de E. Matthews (éd.), ONW et de R. Parker (éd.), PNAA.
3. Inversement, voir l’étude de G. van Heems dans ce recueil, sur l’adaptation des
anthroponymes grecs à l’étrusque, et celle de P. Poccetti, sur la morphologie des
anthroponymes grecs en contexte de contacts (Grande Grèce et Sicile).
202 dan dana
Étant donné que les noms masculins sont généralement mieux attestés
que les noms de femmes, on connaît davantage d’anthroponymes mas-
culins construits avec des suffixes grecs ‒ ce qui risque de fausser les
statistiques.
1.1. -ίων
Le suffixe hypocoristique -ίων (lat. -io) 7 apparaît dans *Bithio, ?Βοον-
γίων, Δεγιστίων, Durisio, Σπαρτοκίων, Σουσίων, Syrio/Συρίων, Τορ-
κίων. À cette liste, il convient d’ajouter Paebion (*Παιβίων) 8. Voir
OnomThrac 197.
1.2. -αρίων
Un suffixe complexe, -αρίων (lat. -ario), qui semble une variante
élargie du suffixe ‑ίων 9 et créé très vraisemblablement sur le modèle de
‑άριον (voir § 2.2), est attesté dans *Διζαρίων, Δινταρίων, Δουλαρίων,
Σουσαρίων. À cette liste, il convient d’ajouter Βιθαρίων, anthroponyme
attesté uniquement en Égypte, qui est sans doute un hypocoristique
1.3. -ων
Ce suffixe masculin 13 apparaît dans Β(ε)ίθων / Bitho, dont deux des
trois occurrences sont externes (Dana, OnomThrac 40) : à Rome (lat.
Bitho) et à Athènes, avec la dérivation à l’intérieur de la même famille,
dans un catalogue éphébique du iie p. C., parmi les epengraphoi (Βειθυς
Βείθωνος) (LGPN 2, 176 p. C.).
1.4. -ᾶς
Un autre suffixe hypocoristique est -ᾶς (du type Διογᾶς, Ζηνᾶς, Ἡρᾶς,
Πτολεμᾶς) 14. Ce suffixe n’est attesté pour le moment que dans la famille
des noms théophores bâtis sur le nom de la déesse Bendis, l’Artémis
thrace. On connaît ainsi, à l’époque impériale, deux occurrences de l’an-
throponyme Μενδᾶς à Byzance et à Cyzique (Dana, OnomThrac 29 et
213). Il s’agit très probablement d’un hypocoristique du nom théophore
Μενδίδωρος (< Βενδίδωρος), ou d’autres noms de la même famille (e.g.
Βενδιφάνης), avec le flottement b/m, qui est connu dans l’espace thrace
et dans cette même famille onomastique 15.
1.5. -ίσκος
Un autre suffixe hypocoristique, -ίσκος (cf. Μενίσκος, Παρμενίσκος),
est peut-être présent dans le nom *Διζασκος (Διζασσκος), si l’exemple est
pertinent. Dans un autre domaine onomastique, on peut citer un exemple
plus probant, celui de l’hypocoristique messapien Δαζίσκος (LGPN 3a,
Azetium, 185 a. C.), à partir du nom de facture illyrienne Δαζος : par un
heureux hasard, l’épigraphie délienne nous renseigne sur deux donateurs
13. Sur l’emploi anthroponymique du suffixe -ων, voir S. Minon, art. cit., p. 309-310.
14. Sur la typologie des noms en -ᾶς, cf. l’étude de L. Dubois dans ce recueil.
15. Ainsi Μενδις et Μενδίδωρος, ou le sanctuaire Mendidium/Μενδίδειον (présentant
la nasale initiale).Voir en général O. Masson, « Les noms théophores de Bendis en
Grèce et en Thrace », MH 45 (1988), p. 6-12 (= OGS I-II, p. 605-611).
206 dan dana
2.1. -ιον
Le suffixe hypocoristique -ιον, souvent évoqué par O. Masson 18,
forme des péjoratifs, des diminutifs, des hypocoristiques, avec une
notion d’affectivité, de « petite chose » : Βένδιον (Dana, OnomThrac 31,
Thrace Égéenne) est le diminutif d’un nom simple identique à un théo-
nyme (Bendis) 19.
2.2. -άριον
Du suffixe précédent résulte, avec un élargissement, -άριον (et, sur
ce modèle, le masculin ‑αρίων ?) 20, le nom féminin Σευθάριον (Dana,
OnomThrac 311), qui est une création d’Égypte 21, dérivée du nom thrace
très populaire Σευθης.
16. J. Tréheux, Inscriptions de Délos. Index. I. Les étrangers, à l’exclusion des Athé-
niens de la clérouchie et des Romains, Paris, 1992, p. 35 (ID 380, 396, 424, 439,
442, 445, 455, 465, 1432). Sur l’onomastique illyrienne, voir plusieurs études réu-
nies dans P. Cabanes (éd.), Grecs et Illyriens dans les inscriptions en langue grecque
d’Épidamne-Dyrrhachion et d’Apollonia d’Illyrie. Actes de la table ronde interna-
tionale (Clermont-Ferrand, 19-21 octobre 1989), Paris, 1993, en particulier C. De
Simone, « L’elemento non greco nelle iscrizioni di Durazzo ed Apollonia », p. 42-45
(sur les suffixes, mais il exagère l’influence grecque).
17. Ce même radical a occasionné l’hypocoristique *Δαζίων en Illyrie, cf. Δαζείων
(LGPN 3a, époque impériale).
18. Voir Masson, OGS III, p. 96-97.
19. Cf. l’étude morphologique et sémantique de ce suffixe par F. Réveilhac dans ce
recueil.
20. Comme l’avait expliqué O. Masson (OGS III, p. 156-157), « le suffixe secondaire
-αρίων (…) s’est probablement développé à partir de l’ancien neutre en -άριον
(noms de femmes) ».
21. Ces créations locales s’expliquent par la présence de nombreux clérouques et
d’autres militaires d’origine thrace établis dans le royaume lagide.
hellénisation par suffixation 207
2.3. -οῦς
Le suffixe hypocoristique -οῦς (Dana, OnomThrac 383) apparaît dans
Βενδοῦς (Thasos), Μαντοῦς (Macédoine orientale), Σευθοῦς (Égypte) 22.
Ce dernier nom est une autre création hypocoristique en Égypte, sur
Σευθης, avec le suffixe -οῦς, particulièrement fréquent en Égypte (voir
ci-dessous). Ce type d’hypocoristiques et de sobriquets masculins et
féminins en -οῦς, à partir de la moisson considérable offerte par le tome 4
du LGPN, a été récemment analysé par L. Dubois 23.
2.4. -αροῦς
Avec un élargissement, le suffixe précédent apparaît sous la forme
‑αροῦς : Μανταροῦς (Dana, OnomThrac 209, Thasos). Cette dérivation
n’a rien d’étonnant dans la région, puisqu’on connaît en Macédoine les
hypocoristiques féminins Ζωσαροῦς et Τυχαροῦς 24.
À propos de ce type de noms, L. Dubois notait que « le suffixe ‑αροῦς
strictement féminin semble avoir pris le relais du suffixe -αρώ (féminin
du masc. -αρος) et fonctionne comme une variante du suffixe neutre de
nom de femme -άριον ». Il a même permis l’intégration de noms d’ori-
gine iranienne, sarmate ou scythe au Nord de la mer Noire (les noms
masculins Μασταροῦς et Συβλιαγοῦς). Ailleurs, il fut ajouté à des radi-
caux indigènes ou à des Lallnamen asianiques, mais aussi latins, ira-
niens et sémitiques : f. (?) Μιθροῦς (Cilicie), f. Ταταροῦς (Lycie), f.
Δομναροῦς (Pisidie), m. Γερμανοῦς (Galatie) ; enfin, les noms de femme
Ἀβδοῦς, Δομνοῦς et Μαγνοῦς en Syrie 25.
2.5. -ώ
Le suffixe féminin -ώ est attesté pour un nom de consonance grecque,
Μαντώ (nom grec mythologique) : on le rencontre en Macédoine orien-
tale (LGPN 4 et Dana, OnomThrac 209-210), précisément dans les
22. Un autre exemple de ce nom est connu à Kaunos, voir la relecture du catalogue
I. Kaunos 38 (iie a. C.), dans D. Dana, « Notices épigraphiques et onomastiques II »,
ZPE 190 (2014), p. 153-154, no 15.B : [ὑ]πὲρ Σευθοῦτος τῆς θυγατρός.
23. L. Dubois, « Des anthroponymes en -ους », dans Onomatologos, p. 398-421.
24. Je reviendrai sur ce suffixe plus loin, pour l’Égypte (§ 4).
25. L. Dubois, art. cit., p. 402, 404-405 et 412.
208 dan dana
2.6. -αρώ
Avec élargissement du suffixe précédent (ou par la féminisation du
suffixe masculin ‑αρος) on rencontre ‑αρώ : Μεσταρώ (Dana, Onom-
Thrac 214, Thessalie), sur la racine thrace mest-, très fréquente en Macé-
doine orientale. C’est un augmentatif connu pour des noms grecs de la
région ou d’ailleurs (Lycaro, Τυχαρώ) 26.
3. Noms latins
37. Voir J. et L. Robert, BE, 1959, 411 (Τυχής, Ζωτικής, Ὀνησιμής), qui souligne une
« particularité linguistique bien attestée et enregistrée (…) à l’époque impériale,
notamment en Asie Mineure » ; H. Solin, « Analecta Epigraphica », Arctos 46
(2012), p. 202.
38. H. Solin, « Analecta Epigraphica », Arctos 47 (2013), p. 286.
39. Étudié par T. Corsten, « Names in -ιανός in Asia Minor. A Preliminary Study », dans
Onomatologos, p. 456-463.
40. I. Kajanto remarquait à juste titre : « There is some evidence that the suffix -io was
not exclusively Latin. As the popular Greek suffix -ίων was transcribed in Latin
as -io Greek nomenclature may have contributed to the popularity of -io in Latin
cognomina » (op. cit., p. 121-122). Si les exemples de Communio, Dominio, Felicio,
Primio, Romanio, Vitalio, etc., sont ambigus, Bassion est, par sa terminaison, de
formation clairement grecque (CIL VI 25663).
hellénisation par suffixation 211
41. Attesté à Iconion, cf. J.-L. Ferrary, Les mémoriaux de délégations du sanctuaire
oraculaire de Claros, d’après la documentation conservée dans le fonds Louis-
Robert, II, Paris, 2014, no 123.
42. H. Solin, la série « Analecta Epigraphica » dans la revue Arctos.
43. H. Solin, « Ancient Onomastics: Perspectives and Problems », dans A. Rizakis (éd.),
Roman Onomastics in the Greek East. Social and Political Aspects, Athènes, 1996,
p. 8 (avec l’exemple du nom Κανδιδᾶς). Voir en outre ses deux monographies GRSN
et GPNR.
44. D. Feissel, Recueil des inscriptions chrétiennes de Macédoine du IIIe au VIe siècle,
Athènes, 1983.
45. Cet hypocoristique est particulièrement intéressant, non seulement parce qu’il est
dérivé du latin spurcus, mais aussi parce qu’on rencontre dans la même région
Stercorius (dans la même famille, les noms Stercorius, Stercoria et Stercorilla) et des
noms grecs en Κοπρ-, dans la série des « copronymes » étudiés jadis par O. Masson,
212 dan dana
4. Noms égyptiens
5. Formation et contexte
53. Cf. également en Syrie le plus rare Αζιζίων (LBW 2413o, Kenakir).
214 dan dana
Fig. 1. — Noms thraces avec suffixes grecs (en gris) ; Δηλόπτιχος (en noir).
6. Noms hybrides
62. Patronyme d’un synèdre en Béotie, pendant la Guerre sacrée (ca 354 a. C., IG VII
2418 = Syll.3 201) ; proxène à Olbia du Pont (ca 340-330 a. C., IOlb 9 = IGDOP 18) ;
patronyme d’un dédicant à Panticapée, dans le royaume du Bosphore (ca 300 a. C.,
CIRB 17) ; voir A. Avram, Prosopographia Ponti Euxini Externa, Louvain - Paris -
Walpole (MA), 2013, p. 73 (no 697), 78 (no 759) et 79 (no 762). À ces ressortissants
de Byzance s’ajoute une occurrence dans une épitaphe sur la côte septentrionale de
la Propontide, à Héraion Teichos (I. Thrace / Turquie I 10.3).
63. Masson, OGS III, p. 257.
64. J. Bingen, Pages d’épigraphie grecque, II. Égypte (1983-2002), Bruxelles, 2005,
p. 76 (par ex., Ἑρμόννωφρις).
hellénisation par suffixation 219
Pourquoi les milieux indigènes ont-ils choisi d’inventer des noms avec
des suffixes grecs ? Outre le jeu sur la variation / dérivation onomastique
à partir des noms des parents, ces créations nous renseignent sur la viva-
cité des cultures locales. En effet, entre le conservatisme onomastique et
l’adoption totale de noms grecs et latins ‒ même si parfois il s’agit de
noms de consonance et de traits régionaux ‒, il existait d’autres options.
On voit surgir des noms hybrides et on assiste notamment à la transforma-
tion en profondeur du stock onomastique de facture indigène, l’aspect le
plus notable étant une sorte de banalisation ou de neutralisation de l’ono-
mastique indigène, notamment dans le cas des femmes, manifeste dans
la préférence pour des noms simples et, surtout, des Lallnamen. À ce
propos, il serait dangereux d’opposer encore, comment cela se faisait il y a
quelques décennies, « résistance culturelle » et « hellénisation » / « latini-
sation », selon une vision dichotomique qui apparaît aujourd’hui comme
à la fois simpliste et alourdie de préjugés idéologiques. On préfère désor-
mais mettre en avant la coexistence entre volonté d’intégration et expres-
sion d’une identité culturelle différente ; or c’est grâce à ces créations
régionales que ce phénomène est mieux perceptible. En vérité, c’est la
diffusion même des pratiques épigraphiques qui assure une meilleure visi-
bilité des populations en place, en même temps qu’elle devient un signe
manifeste de la perméabilité des indigènes aux manifestations culturelles
latine et grecque, ou encore des hellénophones à la domination romaine.
Apparaît ainsi toute une catégorie de noms qui ont l’avantage d’appar-
tenir en même temps à deux registres onomastiques, avec, en arrière-plan,
une vocation à « normaliser » l’onomastique indigène, de pair avec la
vogue des Lallnamen et de leurs dérivés ‒ indice d’un certain appauvrisse-
ment des stocks onomastiques purement indigènes à l’époque impériale 65,
alors que la suffixation grecque et latine est un phénomène généralement
enrichissant ‒ et qui nous sensibilise davantage aux flux et reflux des
modes onomastiques. L’intégration des noms latins se traduit également
par des suffixations et des dérivations qui illustrent la souplesse, la vitalité
et l’extraordinaire productivité de l’onomastique grecque.
65. C. Brixhe parle de « koinéification » du stock onomastique indigène dans son article
« Anatolian Anthroponymy after Louis Robert… and some Others », dans PNAA,
p. 15-30.
220 dan dana
Références bibliographiques
S U F F I X AT I O N E T S U F F I X E S :
M O DA L I T É S E T S P É C I F I C I T É S
Accentuation, suffixes et loi des appellatifs
dans les anthroponymes grecs antiques
Éric Dieu
Université Toulouse–Jean-Jaurès
U
n fait largement répandu dans l’accentuation des anthropo-
nymes du grec ancien est la récessivité de l’accent, en face de
noms communs (adjectifs ou substantifs) dont l’accent n’est pas
récessif. L’objet de cet article sera d’évaluer l’extension et les limites
de ce phénomène, tout en considérant les cas inverses de conservation,
dans les anthroponymes, de la place de l’accent par rapport aux noms
communs qui sont leurs formes de fondation, ou qui comportent simple-
ment la même suffixation. On consacrera également un assez long déve-
loppement aux quelques exemples d’un mouvement d’accent vers la fin
du mot, afin de déterminer s’ils s’expliquent selon un même principe
général que les anthroponymes à récessivité accentuelle qui répondent à
des noms communs d’accentuation non récessive, ou s’il s’agit de phé-
nomènes bien spécifiques.
Un examen des différents types suffixaux concernés sera nécessaire,
dans la mesure où c’est souvent le suffixe qui détermine l’accentuation
du mot. Il sera intéressant d’observer, de ce point de vue, la spécificité
des noms propres par rapport à d’autres classes de mots d’accentuation
fréquemment récessive, comme les composés (et, au sein même des
noms propres, celle des anthroponymes par rapport aux toponymes). Il
ne sera naturellement pas possible, dans les limites de cet article, d’étu-
dier la totalité des types suffixaux du grec ancien, et l’on se limitera donc
aux cas les plus caractéristiques.
On ne traitera ici que des noms propres intégrés dans le système grec
du point de vue de leur suffixation, c’est-à-dire des formes héritées, consti-
tuées en grec même à partir d’éléments hérités de l’indo-européen, ou
bien issues d’une interpretatio Graeca de noms étrangers par intégration
228 éric dieu
par Lentz est elle-même d’un usage difficile, car Lentz y a surtout recons-
titué, d’une manière particulièrement accueillante, le texte d’Hérodien à
partir de tous les témoignages indirects postérieurs dont il pensait qu’ils
étaient susceptibles de refléter l’enseignement d’Hérodien (notamment
ceux de Choiroboscos et de Theognostos). Par conséquent, il se peut que
certaines données accentuelles utilisées dans cet article soient fautives,
sans qu’il soit aisé d’en évaluer l’ampleur 3.
3. Sur Hérodien, voir des états récents de la question et des éléments de bibliographie
chez P. Probert, Ancient Greek Accentuation, op. cit., p. 22-25, et E. Dickey, Ancient
Greek Scholarship, Oxford - New York, 2007, p. 75-77, et « A catalogue of works
attributed to the grammarian Herodian », CPh 109 (2014), p. 325-345.
4. Cf. O. Masson, « Pape-Benseleriana », ZPE 14 (1974), p. 180-181 (= OGS I, p. 206-
207) ; « Remarques sur l’onomastique d’Éphèse (à propos de l’index Ephesos
VIII.2) », ZPE 64 (1986), p. 174 n. 8 (= OGS II, p. 498 n. 8).
5. Cf. O. Masson, compte rendu de L. Collins Reilly, Slaves in Ancient Greece,
Chicago, 1978, RPh 55 (1981), p. 327 (= OGS II, p. 387) ; « Notes d’anthroponymie
grecque, IV : les deux prêtresses Philylliô (Alexandrie et Cyrène) », RPh 57 (1983),
p. 187 (= OGS II, p. 411) et loc. cit., 1986.
6. Voir J. Vendryes, Traité d’accentuation grecque, Paris, 1904, p. 152-154.
230 éric dieu
— Suffixés en -της, gén. -του : le suffixe n’est pas accentué dans les
anthroponymes, comme peuvent l’illustrer des formes telles que Ὀρέ-
στης, Ἀρχύτης (X., Pl.+), Nῑκήτης (AP, Philostr. ; distingué de νῑκητής
« vainqueur » chez Eustathe, I, 241, 18-19 Van der Valk), etc. En dehors
de l’anthroponymie, on peut citer aussi Ἀργέστης [Arist., Thphr.+ ;
Vent du nord-ouest] vs ἀργεστής « qui éclaircit le ciel (en chassant les
nuages) ». En revanche, dans les noms communs, le suffixe peut aussi
bien attirer l’accent que ne pas être accentué 16.
16. Sur l’accentuation très complexe des noms communs en -της, voir É. Dieu,
« L’accentuation des noms masculins en -της du grec ancien », Lalies 29 (2009).
17. Cf. O. Masson, « Nouvelles notes d’anthroponymie grecque », ZPE 91 (1992),
p. 108 (= OGS III, p. 127).
18. Cf. J.-L. Perpillou, Les substantifs grecs en -εύς, Paris, 1973, p. 44-45 ; A. Morpurgo
Davies, « Greek Personal Names and Linguistic Continuity », dans GPN, p. 35-38.
19. Cf. P. Probert, Ancient Greek Accentuation, op. cit., p. 300 n. 9.
20. Voir C. Frei-Lüthy, Der Einfluß der griechischen Personennamen auf die Wortbil-
dung, Heidelberg, 1978, p. 69-76.
accentuation, suffixes et loi des appellatifs 233
l’indique Chandler (op. cit., p. 184), les noms propres masculins en -ις
(gén. -ιδος) ont une accentuation récessive. Quant à Φρόντις, il existe
aussi bien un nom de femme (dans l’Iliade, etc.) qu’un nom d’homme
(depuis l’Odyssée), théoriquement accentués Φροντίς et Φρόντις 32. Mais
l’accentuation du nom féminin était controversée chez les grammairiens
anciens 33, et il est possible que ce nom de femme fasse partie des excep-
tions à l’oxytonèse qui sont relevées par Chandler (op. cit., p. 185-186).
Il faut toutefois revenir sur le cas des anthroponymes en -ης, gén. -ους
(cf. plus haut, 1.1), qui peut sembler en partie étrange : leur accentuation
est très largement récessive, tandis que les adjectifs composés, même
lorsqu’ils appartiennent à des classes de composés où une récessivité
accentuelle est attendue a priori (comme les composés possessifs 34), sont
très majoritairement accentués sur le suffixe. On trouve ainsi des com-
posés possessifs comme χαλκοϐαρής (Hom.+) « chargé, garni d’airain »
(cf. βάρος « poids, charge »), δολιχεγχής (Hom.) « à la longue jave-
line » (cf. ἔγχος « javeline »), δυσμενής (Hom.+) « malveillant, hostile »
(cf. μένος « pensée, ardeur »), ἀκρατής (ion.-att.) « qui est sans force,
qui n’est pas maître de » (cf. κράτος « force »), etc. Mais il existe de
nombreuses exceptions, lesquelles se rencontrent principalement parmi
les composés possessifs : il s’agit notamment des composés en -ήθης,
-μήκης, -ήκης, -κήτης, -άρκης, -μεγέθης, -στελέχης, etc. 35 L’origine de
32. Cf. O. Masson, art. cit., 1992, p. 108 (= OGS III, p. 127).
33. Voir le dossier philologique chez H. W. Chandler, op. cit., p. 185-186.
34. Dans d’autres types de thèmes, une telle récessivité accentuelle s’observe par exemple
dans ἀργυρότοξος (Hom.) « à l’arc (τόξον) d’argent », οἰοχίτων (Hom., Nonn.)
« vêtu d’une simple tunique (χιτών) », etc. Il s’agit, en réalité, d’une simple récessi-
vité accentuelle de date grecque, l’impression d’un accent récessif étant due, en syn-
chronie, à la loi de limitation. En sanskrit védique, l’accent des composés bahuvrīhi
se trouve, en principe, sur le premier membre du composé, mais pas nécessairement
sur la première syllabe de ce premier membre. Il est généralement à la même place
que lorsque ce premier membre est employé en dehors de la composition, comme, par
exemple, dans sahásrapad- (RV.+) « qui a mille pieds » (cf. sahásra- « mille »). Les
données védiques sont toutefois bien plus complexes, et le second membre de compo-
sition est assez souvent accentué : voir J. Wackernagel et A. Debrunner, Altindische
Grammatik, Göttingen, 1896-1954, II.1, p. 291-302.
35. Voir A. Blanc, Les adjectifs sigmatiques en grec, thèse de doctorat d’État, Paris,
1987, p. 60-69 ; T. Meissner, S-stem Nouns and Adjectives in Greek and Proto-In-
do-European. A Diachronic Study in Word Formation, Oxford, 2005, p. 199. Tous
ces composés sont d’accentuation récessive (nom.-acc. nt. sg. en -ες proparoxyton).
Mais il existe également quelques anciens composés, à savoir ceux en -ώδης, -ήρης
236 éric dieu
de personnes tirés d’adjectifs en -ης, voir C. Bally, op. cit., p. 41 ; voir aussi, plus bas
(§ 3), des éléments de réflexion sur cette hypothèse, qui n’est guère probable. En tout
cas, on ne peut pas utiliser comme argument en sa faveur le fait que le vocatif d’un
adjectif comme κακοήθης (« méchant, vicieux, etc. ») est κακόηθες : le nom.-acc. nt.
sg. est également κακόηθες, et seuls les adjectifs en -ης dont le nom. masc. sg. n’est
pas oxyton ont un vocatif à accent récessif (l’accentuation de ce dernier ne s’ex-
plique donc pas, en synchronie, par une récessivité accentuelle spécifique au vocatif,
mais par une récessivité accentuelle plus générale de ces adjectifs en -ης : l’accent de
κακοήθης n’est pas un véritable accent de pénultième, mais un accent récessif qui ne
peut pas remonter plus haut que la syllabe pénultième du fait de la loi de limitation).
40. En écrivant ces lignes, Vendryes pensait visiblement aux formes dissyllabiques.
Mais la loi des appellatifs ne peut pas toujours être formulée ainsi en parlant de poly-
syllabes : cf., pour les noms propres, des exemples (signalés plus haut) du type de
ἀγκύλος → Ἄγκυλος et Ἀθηναῖος → Ἀθήναιος. Vendryes citait d’ailleurs, comme
illustration de cette loi, un exemple comme αἰόλος (Hom.+) « bigarré ; changeant »
→ αἴολος (Nic. Thyat. apud Ath.), nom de poisson, pour lequel la terminologie
employée (oxyton vs baryton) n’est pas adaptée ; cet exemple concerne aussi les
noms propres, puisque le nom d’Éole, Aἴολος, semble présenter un recul de l’accent
par rapport à αἰόλος (sur l’accentuation de ce nom propre, qui était controversée
chez les grammairiens anciens [Aἴολος ou Aἰόλος], voir LfgrE, I, col. 331, notice
de H. Geiß ; voir aussi H. W. Chandler, op. cit., p. 79, qui indique également que
l’accentuation du nom de poisson αἴολος est incertaine).
41. Voir J. Vendryes, op. cit., p. 152-153.
42. Cf. P. Probert, Short Guide, op. cit., p. 113 et Ancient Greek Accentuation, op. cit.,
p. 298.
238 éric dieu
43. Sur l’étymologie de εἱαμενή, et pour une autre analyse de son accentuation que celle
qui va être défendue ici, voir plus bas, en annexe.
44. Cf. Kamptz, HomPN, p. 234, qui se demande s’il ne pourrait pas s’agir d’un
hypocoristique de *Ἀμφοτεροδέξιος. L’adjectif ἀμφοτεροδέξιος (LXX, Aristaenet.,
accentuation, suffixes et loi des appellatifs 239
Gal.), de même sens que ἀμφιδέξιος « adroit des deux mains, ambidextre » (sens
attesté chez Hippon., Hpc., Arist.), est tardif. Voir aussi P. Wathelet, Dictionnaire des
Troyens de l’Iliade, Liège, 1988, p. 273-274, 1213, qui se demande également si ce
nom propre n’est pas un abréviatif de composé. Mais même dans cette hypothèse,
l’accent de Ἀμφοτερός devrait, en synchronie, être comparé à celui de ἀμφότερος.
45. Ce nom propre est accentué fautivement Ἀξίος chez J. Vendryes, op. cit., p. 154,
suivi par J. Kuryłowicz, Études indoeuropéennes, I, Cracovie, 1935, p. 186, et par
P. Probert, Ancient Greek Accentuation, op. cit., p. 298 n. 6, comme s’il obéissait à
la loi de Wheeler à partir d’une forme oxytone.
46. Voir le dossier étymologique dans LfgrE (I, col. 972-973, notice de W. Spoerri). Voir
aussi, plus récemment, I. von Bredow, « Ethnonyme und geographische Bezeich-
nungen der Thraker bei Homer », dans J. G. P. Best et N. M. W. De Vries (éd.),
Thracians and Mycenaeans: Proceedings of the Fourth International Congress of
Thracology, Rotterdam, 24-26 September 1984, Leyde - New York - Copenhague -
Cologne, 1989, p. 146, avec de nombreux renvois à la bibliographie antérieure.
47. Voir le dossier accentuel dans LfgrE (I, col. 973).
48. Voir J. Vendryes, op. cit., p. 153 et 161.
49. Cf. T. Bolelli, « Rapporti fra intonazione e valore morfologico e semantico nei nomi
d’agente e nei nomi d’azione in -ā e in -o- in greco », SIFC 24 (1950), p. 96.
240 éric dieu
50. La forme θαλαμιῶν qui apparaît chez Thucydide (IV, 32) n’est vraisemblablement
pas le génitif pluriel de θαλαμιóς, mais doit plutôt être celui d’un nom en -ᾱς,
θαλαμίᾱς, qui est attesté par ailleurs (App., Them.) : voir H. Frisk, Griechisches
etymologisches Wörterbuch, Heidelberg, 1960-1972, I, p. 648 ; DELG, p. 419.
51. Cf. M. Scheller, Die Oxytonierung der griechischen Substantiva auf -ιᾱ, Dissertation
Zurich, 1951, p. 129.
52. Cf. H. Frisk, op. cit., I, p. 648 ; DELG, p. 419.
53. Voir C. D. Buck et W. Petersen, A Reverse Index of Greek Nouns and Adjectives,
Chicago, 1945, p. 213.
54. Cf. H. Frisk, op. cit., I, p. 405 ; DELG, p. 291.
accentuation, suffixes et loi des appellatifs 241
55. Sur l’étymologie de ces formes, voir notamment Kamptz, HomPN, p. 164-166. Cer-
taines d’entre elles ne proviennent pas d’anciens participes, mais doivent résulter
de l’interpretatio Graeca de mots étrangers (comme, entre autres, la ville d’Illyrie
Ὀργομεναί). Kamptz avance cette hypothèse à propos de plusieurs formes, d’une
manière qui peut parfois sembler excessive : outre Ἀκε(σ)σαμενός (cf. la note ci-
dessous), cela vaudrait aussi, selon lui, pour Ἰαμενóς, Kτιμένη, Ὄρμενος, etc. Que
ces formes soient d’origine grecque ou résultent d’une interpretatio Graeca de mots
étrangers au moyen d’un rattachement à une suffixation de type grec, voire à une
racine grecque, elles doivent être analysées, pour la place de l’accent, à l’intérieur
du système grec.
56. Cf. E. Dickey, Ancient Greek Scholarship, Oxford - New York, 2007, p. 101.
57. Sur ce nom, voir Chronique d’étymologie grecque, 12 (RPh 83, 2009, p. 289, notice
de C. de Lamberterie), avec des éléments de bibliographie sur l’analyse de cet
anthroponyme comme issu du participe aoriste ἀκεσσάμενος (de ἀκέομαι / -οῦμαι
« soigner, guérir »), et avec mention d’une interprétation concurrente de Kamptz,
242 éric dieu
HomPN, p. 164-165, 265, 305 : cet anthroponyme, qui est le nom d’un roi thrace,
résulterait de l’interpretatio Graeca d’un nom étranger (cf. le toponyme macédonien
Ἀκε(σ)σαμεναί).
58. Sur cet anthroponyme, voir Chronique d’étymologie grecque, 12 (RPh 83, 2009,
p. 289, notice de C. de Lamberterie).
59. L’accentuation de Δεξαμένη est bien indiquée par les scholiastes (schol. B ad Σ 44,
citée en note de la page 330, tome I, de l’édition d’Hérodien par Lentz).
accentuation, suffixes et loi des appellatifs 243
60. Il ne s’agit donc pas d’un ancien participe parfait, le parfait (1re pers. du sg.) étant
�ᾱμαι, avec ᾱ.
61. Cf. B. I. Wheeler, Der griechische Nominalaccent, Strasbourg, 1885, p. 52,
67 ; Kuryłowicz, op. cit., 1935, p. 186-187, 194 n. 2, mais l’auteur a renié cette
thèse dans ses ouvrages postérieurs (Kuryłowicz soutenait également, dans son
ouvrage de 1935, que, dans les couples Ἀμφοτερός / ἀμφότερος, Ἀξιóς / ἄξιος et
Σκυμνóς / σκύμνος, les noms propres préserveraient une accentuation héritée) ;
Schwyzer, GG I, p. 380 ; T. Bolelli, art. cit., p. 96 ; N. Van Brock, Recherches sur le
vocabulaire médical du grec ancien. Soins et guérison, Paris, 1961, p. 23.
244 éric dieu
62. J. Vendryes, op. cit., p. 149 ; M. Lejeune, Phonétique historique du mycénien et
du grec ancien, Paris, 1972, p. 298 ; N. E. Collinge, The Laws of Indo-European,
Amsterdam - Philadelphie, 1985, p. 222.
63. Voir P. Probert, Ancient Greek Accentuation, op. cit., p. 92-93 et 298, n. 6.
accentuation, suffixes et loi des appellatifs 245
67. Voir les données chez H. W. Chandler, op. cit., p. 42-43, avec indication des
nombreuses exceptions à l’oxytonèse.
68. Les données de l’édition d’Hérodien par Lentz sont, ici encore, largement puisées
chez Étienne de Byzance.
248 éric dieu
69. Cf. plus haut (1.2) un mouvement d’accent inverse dans l’anthroponymie : ἀγκύλος
« courbé » → Ἄγκυλος.
70. M. Scheller, op. cit., p. 129, 136-137, explique l’oxytonèse de ces noms de dèmes
en -ι comme secondaire par rapport à *-ίᾱ, par un traitement consonantique /y/ du
/i/ suffixal dans la prononciation populaire, qui aurait entraîné un déplacement de
l’accent sur la voyelle suivante. Notre présentation des faits invite à penser qu’il
s’agit plutôt d’un fait accentuel spécifique à certaines classes de toponymes, et tout
particulièrement aux noms de dèmes, plutôt que d’une question de nature phonétique
ou sociolectale. Sur cette question, voir É. Dieu, L’accentuation des noms en *‑ā
(*‑eh2) en grec ancien et dans les langues indo-européennes. Étude morphologique
et sémantique, Innsbruck, 2016, p. 267-271.
71. Voir H. W. Chandler, op. cit., p. 51.
72. Il se peut que Ἐλευθεραί soit un nom d’origine étrangère refait d’après ἐλεύθερος,
avec un déplacement de l’accent vers la fin du mot : voir H. Frisk, op. cit., I, p. 491 ;
DELG, p. 336-337.
accentuation, suffixes et loi des appellatifs 249
73. Pour des éléments de réflexion sur l’origine de cette tendance accentuelle, qui, au-
delà des toponymes, concerne également des noms communs de sens local, souvent
en lien avec une valeur collective, et comportant les mêmes suffixes que les topo-
nymes mentionnés ci-dessus, voir É. Dieu, op. cit., p. 270-271.
74. Cf. J. Wackernagel et A. Debrunner, op. cit., II.2, p. 240.
75. Voir J. Wackernagel et A. Debrunner, op. cit., II.1, p. 20.
250 éric dieu
senté par la forme asitá- de la même manière que de celui de sukr̥ tá-, en
considérant que le couple ásita- / asitá- aurait été traité, du point de vue
de l’accent, sur le même plan que les formations en -ta-.
L’exemple de trāyamāṇā́ - est donc plutôt isolé en védique, d’autant
que les participes substantivés en -māna- sont très rares 79. Ce nom aurait
donc des chances de provenir d’un type de formation résiduel, et le dépla-
cement accentuel vers la fin du mot qu’il suppose par rapport au participe
trā́ yamāṇa- pourrait théoriquement remonter à une préhistoire commune
avec les formes grecques en -μενός et -μεναί. Mais il est difficile d’aller
plus loin. Force est de constater que l’oxytonèse des toponymes grecs en
-μεναί ne constitue pas une anomalie dans le système accentuel des topo-
nymes grecs, et qu’il n’est donc pas nécessaire d’y voir un fait d’accen-
tuation remontant à l’indo-européen (rien ne permettant clairement de
penser que l’accentuation des toponymes en -μεναί serait à l’origine de
celle des autres toponymes terminés par -ναί, etc.) ; et il faut reconnaître
que la comparaison avec le seul mot védique trāyamāṇā́ - constituerait un
argument bien maigre pour étayer une telle idée.
79. Cf. J. Wackernagel et A. Debrunner, op. cit., II.2, p. 774. Parmi les autres formes
citées dans ce passage, on trouve un autre cas de déplacement accentuel dans le
patronyme cāyamāná-, issu de cā́ yamāna- (de la racine cāy- « observer, percevoir,
remarquer »). Mais il s’agit d’un type de déplacement accentuel très différent, lié au
phénomène de la vr̥ ddhi, cf. J. Wackernagel et A. Debrunner, op. cit., II.2, p. 110,
135-136.
252 éric dieu
-tarā́ t (abl. adverbial) qui s’opposent à l’accentuation des adjectifs en -tara- (cf.
uttarā́ t [RV.+] « depuis le nord ; depuis la gauche », vs úttara- [RV.+] « qui est en
haut, supérieur ; qui est au nord ; qui est à gauche » ; etc.). Un déplacement de l’ac-
cent vers la fin du mot est courant, en védique, dans les contextes d’adverbiali-
sation : on peut citer par exemple l’instrumental adverbial dakṣiṇā́ (RV.+) « à
droite », vs dákṣiṇa- (RV.+) « droit, situé à droite », et l’ablatif adverbial sanā́ t (RV.,
ŚāṇkhŚr.) « depuis longtemps, toujours, pour toujours », vs sána- (RV.+) « ancien,
qui dure longtemps ». Voir J. Wackernagel et A. Debrunner, op. cit., II.1, p. 21 ; III,
p. 87 ; J. Kuryłowicz, Accentuation, op. cit., p. 45 ; S. Schaffner, Das Vernersche
Gesetz und der innerparadigmatische grammatische Wechsel des Urgermanischen
im Nominalbereich, Innsbruck, 2001, p. 333-334.
82. É. Benveniste, op. cit., p. 117.
83. Cf. C. de Lamberterie, op. cit., p. 896. J. Vendryes, op. cit., p. 175, mentionne aussi
l’influence de δεξιóς sur ἀριστερóς.
254 éric dieu
91. Sur ces exemples, voir J. Kuryłowicz, Accentuation, op. cit., p. 115 ; Grammatik, op.
cit., p. 91, qui tendait à les expliquer par un phénomène de différenciation accen-
tuelle indépendant des phénomènes accentuels concernant les noms d’animaux,
d’objets inanimés, etc. (type de λευκóς→ λεῦκος, nom de poisson, et λεύκη, nom du
peuplier blanc, etc.), que, rappelons-le, il considérait comme secondaires par rapport
à la récessivité accentuelle des noms de personnes, elle-même conçue comme conti-
nuation indirecte de celle du vocatif indo-européen. Toutefois, pour les féminins du
type de λεύκη, il n’excluait pas absolument une différenciation accentuelle du type
de κακός → κάκη, etc. Notre rejet de l’explication par l’ancienne récessivité accen-
tuelle du vocatif invite plutôt à considérer tous ces cas de figure comme relevant
de phénomènes similaires, reposant sur l’apparition d’une récessivité accentuelle
lorsqu’un adjectif qualificatif est employé pour désigner une réalité (concrète, ou
éventuellement abstraite dans le cas des noms en -η / -ᾱ) présentant la qualité qu’il
exprime.
92. Il n’est pas possible, dans les limites de cet article, de développer davantage cette
question (et en particulier le dossier difficile des formes du type de βλάβη et de
πάθη). Pour le détail des faits, voir É. Dieu, Accentuation, op. cit., passim.
258 éric dieu
Annexe
(complément au § 2, note 43) :
un traitement récent de l’étymologie
et de l’accentuation de εἱαμενή (hom.+)
« prairie humide »
93. A. Nikolaev, « Greek εἱαμενή, Vedic yávasa- », MSS 68 (2014), p. 127-139. Dans
son histoire de la question, Nikolaev a toutefois omis de mentionner plusieurs tra-
vaux. D’une part, ceux de C. J. Ruijgh (Études sur la grammaire et le vocabulaire
du grec mycénien, Amsterdam, 1967, p. 360-361 ; compte rendu de DELG, Lingua,
28 (1971), p. 168 = Scripta minora, 1991-1996, I, p. 597), qui rapprochait εἱαμενή
de ἐάω / ἐῶ « laisser » : ce nom serait, à proprement parler, une désignation du « ter-
rain abandonné, laissé de côté par un fleuve ». Cela pourrait s’appuyer sur une glose
d’Hésychius (τóπος ὅπου πóα φύεται ποταμοῦ ἀποϐάντος […] « lieu où de l’herbe
pousse après qu’un fleuve l’a quitté »). Cette étymologie pose cependant le problème
de l’aspiration initiale de εἱαμενή : contrairement à ce que pensait Ruijgh, il se peut
que ἐάω / ἐῶ provienne non pas d’une racine à *s- initial, mais d’une racine *h1u̯ eh2-,
suivant une analyse de A. J. Nussbaum, Two Studies in Greek and Homeric Linguis-
tics, Göttingen, 1998, p. 9-84 (cf. LIV2, p. 254). D’autre part, selon M. Peters (Unter-
suchungen zur Vertretung der indogermanischen Laryngale im Griechischen, Vienne,
1980, p. 88), εἱαμενή devrait être rattaché à ει « il pleut » (< *suh2-i̯ e/o-, cf. LIV2,
p. 545 ; cf. tokh. A swiñc [3e pers. du pl.], B suwaṃ [3e pers. du sg.] « pleuvoir »).
94. Cette scission est assez largement admise : voir M. Mayrhofer, op. cit., II, p. 404.
accentuation, suffixes et loi des appellatifs 259
95. Voir A. J. Nussbaum, « Feminine, Abstract, Collective, Neuter Plural: Some remarks
on each (Expanded Handout) », dans S. Neri et R. Schuhmann (éd.), Studies on the
Collective and Feminine in Indo-European from a Diachronic and Typological Per-
spective, Leyde - Boston, 2014, p. 291.
96. A. Nikolaev, art. cit., p. 134, n. 27.
97. Cf. A. J. Nussbaum, art. cit., p. 299.
98. Cf. A. J. Nussbaum, art. cit., p. 295, 297.
260 éric dieu
rendue naturelle par l’oxytonèse des cas obliques de πῦρ (gén. πυρóς, dat. πυρί),
dont πυρά, de par sa structure radicale (avec ῠ), était plus proche que de πῦρ 99.
Une autre difficulté posée par cette reconstruction est le stade intermédiaire
constitué par le dérivé possessif oxyton en *-ό-. Ce type de dérivation d’un
adjectif à partir d’un substantif thématique est productif en védique : c’est le
type de támas- (RV.+) « obscurité » → tamasá- (AV.) « de couleur sombre »,
ou, plus encore, celui de kárṇa- (RV.+) « oreille » → karṇá- (AV.+) « pourvu
d’oreilles, aux longues oreilles », type qu’à la suite de Schindler 100, Nikolaev
analyse comme reposant sur une substitution de suffixe (voyelle thématique *-o-
→ suffixe possessif *-ό-) plutôt que sur un fait de dérivation interne avec chan-
gement d’accent 101. Ce type de dérivation est largement reconnu aujourd’hui,
et avec raison. Mais dans quelle mesure était-il encore productif en grec ? Des
exemples comme celui de ὦχρος (Hom.+) « pâleur » → ὠχρός (Eur.+) « d’un
jaune pâle », cité par Nikolaev, ou μῶκος (poète anonyme chez Ath. 187a)
« moquerie » → μωκός (Arist.+) « moqueur, flatteur » (cf. μωκάομαι / -ῶμαι
« se moquer de »), souvent rapprochés de véd. srā́ ma- (RV.+) « paralysie » →
srāmá- (RV.+) « paralysé » (formes d’origine inconnue, non rattachées à une
racine verbale), ne prouvent nullement que ce type dérivationnel était encore
productif. De fait, du point de vue de la place de l’accent, les couples ὦχρος /
ὠχρός et μῶκος / μωκός sont visiblement des innovations du grec, constituées
sur le modèle des types τóμος (noms abstraits déverbatifs à degré *o apopho-
nique, très souvent concrétisés secondairement) et τομóς (principalement « noms
d’agent », surtout de nature adjectivale) 102, et il en va de même de véd. srā́ ma-
99. Pour plus de détails sur le caractère bien spécifique de l’accentuation de πυρή / πυρ
et du neutre πυρά, avec d’autres arguments et des renvois bibliographiques, voir
É. Dieu, « L’oxytonèse dans les noms de parties du corps et de céréales en *-ā-
du grec ancien, et l’accentuation des collectifs indo-européens », BSL 105 (2010),
p. 174-175. Voir aussi É. Dieu, Accentuation, op. cit., p. 146-147, 300-301.
100. Voir J. Schindler, « Einiges über indogermanische o-Stämme », conférence faite à
l’université de Vienne (citée d’après A. Nikolaev, art. cit.), 4 décembre 1984.
101. Voir A. Nikolaev, art. cit., p. 133, n. 26.
102. Certes, les types τόμος et τομός, ou, d’une manière plus formalisée, *CόC-o-s et
*CoC-ό-s, pourraient eux-mêmes relever du même type de phénomène en indo-
européen (*CόC-o-s → *CoC-ό-s, avec *CoC-ό-s de sens actif [> noms d’agent]
ou de sens passif [> noms résultatifs]) : voir S. Schaffner, op. cit., p. 97-98, qui suit
également J. Schindler, mais qui parle seulement de dérivation interne, sans évoquer
l’idée d’une éventuelle substitution de suffixe. Mais dans la synchronie du grec,
les deux types *CόC-o-s et *CoC-ό-s étaient analysables comme déverbatifs, de
sorte que leur existence ne permet pas d’étayer la productivité, à date grecque, de la
suffixation possessive en *-ό-.
accentuation, suffixes et loi des appellatifs 261
103. A. M. Lubotsky, The System of Nominal Accentuation in Sanskrit and Proto-Indo-
European, Leyde, 1988, p. 73 et 77.
104. Voir F. Bancalari, « Sul trattato greco De vocibus animalium », SIFC 1 (1893), p. 93.
105. A. J. Nussbaum, art. cit., p. 299. Voir aussi P. Widmer, Das Korn des weiten Feldes.
Interne Derivation, Derivationskette und Flexionsklassenhierarchie: Aspekte der
nominalen Wortbildung im Urindogermanischen, Innsbruck, 2004, p. 32-33.
106. Voir le dossier chez P. Probert, Ancient Greek Accentuation, op. cit., p. 47.
107. En ce sens, voir Vendryes, op. cit., p. 153 ; Schwyzer, GG I, p. 420 ; S. Amigues, « La
“Prairie d’Asphodèle” de l’Odyssée et de l’Hymne homérique à Hermès », RPh 76
(2002), p. 8.
262 éric dieu
Références bibliographiques
Jaime Curbera
Inscriptiones Graecae, Brandenburgische Akademie
der Wissenschaften, Berlin
D
ealing with the formation of Slavic personal names, Franz
Miklosich famously stated that, while in the nomina appellativa
the value of suffixes is infinitely manifold, in personal names
they indicate mere derivation (“nach dem benannt sein, was das Thema
bedeutet”). 1 This observation is partly valid for ancient Greek—nobody
would argue that the suffixes of the 36 names formed on ἀγαθός men-
tioned by Sophie Minon in the introduction (Ἀγαθίας, Ἄγαθις, Ἀγάθων...)
have very different meanings. But Miklosich’s words also have the virtue
of identifying one of the central differences between ancient Greek and
modern onomastics—the sheer abundance and complexity of suffixes, a
consequence of the blurred lines between nomina appellativa and nomina
propria. Names and vocabulary were inextricably linked. Most simple
names could be found as words in everyday vocabulary, and even com-
pound names were not without links to common vocabulary, if only in
the way they were adapted to everyday speech. This fundamental truth
(often ignored by linguists) is the underlying subject of the following
notes.
1. Gaulites
The word γαυλός has four different meanings in Greek, all of them
derived from the basic idea of a big flat receptacle, used as a shep-
herd’s milk-pail (Od. 9, 223), as a drinking bowl, or as a bucket to bale
out water from ships. From this basic notion is derived that of “round
vessel”, navis oneraria (usually accented γαῦλος), as documented by
Epicharmos, Herodotos and Aristophanes. The shift from “receptacle”
to “vessel” is documented also for κύμβη and σκάφος and is known in
modern languages. Here are two little known cases. Arabic hajm, a large
drinking bowl, was the name for a type of ship with a round hull on the
route between Sicily and Egypt. 2 Modern Greek γαΐτα, a kind of flat
boat used for fishing in shallow water, is derived from Italian gavetta,
a big bowl—“grossa scodella, per lo più di legno, nella qualle mangia-
vano i marinai sui bastimenti e i galeotti sulle galere” (Battaglia, Grande
Dizionario s.v.). On the other hand, the island of Γαῦλος (today’s Gozo,
near Malta) owes its name to its resemblance to a round vessel. While
these meanings are well documented in literature, two others are known
only thanks to ancient lexica, no doubt because they belonged to a lower
registrer. A gloss of Cyrillus (Hsch. γ 207, Suda γ 73, al.) explains γαυλός
as ὁ ἐξ ἀλλοτρίων ζῶν, i.e. “parasite.” Latte ascribed this interpolation
in Hesychius to a different lemma, but it can be easily explained either
as a metaphor to denote people who ask or receive from others (cf. Od.
4, 248 δέκτης, litt. “receiver” = beggar) or a metonymic use of a tool
characteristic of beggars. Thus the θύλακος (a kind of sack) was associ-
ated in Greek with begging (Hsch. θ 848 θυλακίζειν· ἐπαιτεῖν ἑπόμενον
μετὰ θυλάκου), just as modern Greek γαβάθα, a big bowl. 3 A different
nuance is found in γαυλός = εὐαπάτητος, “easy to cheat”, “simpleton”,
a marginal gloss at Suda γ 73. Here the receptacle is used as a symbol of
emptiness (cf. Aristophanes’ Nub. 1203 ἀμφορῆς νενησμένοι). The same
2. Ennes
καὶ ἀμνήμων (Λέξ. ῥητ. 251, 27 Bekker), stupidus (CGL II 189, 47).
This widely held view was opposed by an unknown grammarian (apud
Phot. ε 887 ἐνεός· οὐχ ὁ ἠλίθιος, ἀλλ᾿ ὁ ἄφωνος), perhaps because this
is the meaning of ἐννεοί in Act. Apost. 9, 7 (conversion of Saul: οἱ συνο-
δεύοντες αὐτῷ εἱστήκεισαν ἐννεοί). If the meaning of this adjective is
clear, the etymology and the relationship between the form with a single
and a double ν remain opaque. Erasmus (ad Act. Apost. cit.) coupled it
with νέος (“rei novitas hominem reddit attonitum”), later scholars with
Homeric ἄνεω, “in silence”. Modern dictionaries are cautious—“ohne
Etymologie” (Frisk), “aucune étymologie, ce qui n’étonne pas pour un
mot de ce genre” (Chantraine). The immediate cause of this is the isola-
tion of the stem, and here personal names come to our aid. IG XII 2, 340,
copied in Mytilene by Gregorios Bernardakis, has preserved the name
of a certain Ἔννης Πυθοδώρου. Von Wilamowitz doubted Bernardakis’
reading (“non creditur”, IG XII Suppl. p. 25), but Ἔννης is supported
by Ἐννίων in Cyprus and Ἐννέων in Arcadia. These are Lallnamen, as
indicated by the presence of similar names in Asia Minor (Ἔννις, Ἔνη,
Ἐνάς and Ἐνᾶς), 6 Dalmatia (Enna), or Southern Italy (Ennius), and by
their structure itself. The nursery word underlying these names is found
in Lydian ênaś and Tigrinya (a Semitic language in Ethiopia) ĕnnō; both
terms mean “mother”, but (as often with Lallwörter) the meaning may
have been different in other languages. Ἔννης and related names hint at
the use of a similar term in parts of Greece as a way to address young
children—which is the origin of the personal names.
Now back to the adjective: the term behind Ἔννης and Ἐννίων was
absorbed into common vocabulary as ἐνεός/ἐννεός, with the same suffix
as ἠλεός, “foolish”, and κενεός, “empty”, and with the same depreciatory
meaning (a childlike connotation) of other baby-words when adopted in
adult language: cf. ἀβάς, μυττός, νενός, etc. The form with double νν
was probably deemed too vulgar or too familiar (geminates are charac-
teristic of nursery-words: μικκός, νάννα, νέννος, τυννός, etc.), but it was
nevertheless used by unpretentious writers, for example in Act. Apost. 9,
7, where scholars have changed the textus receptus ἐννεοί in ἐνεοί. Thus
6. Zgusta, KP, p. 163 § 334, mentioning also a 6th c. AD Ἰσαύρων ἀρχηγὸς Ἔννης:
Proc., bell. goth. I 28, 23.
words, names and suffixes 271
personal names bring this evasive adjective out of its isolation, and the
adjective in turns illuminates the origin of the names.
The suffix of Ἔννης is found in other Lallnamen—Ἄκ(κ)ης, Ἄτ(τ)ης,
Βάβης, Κόκκης, Λύλης, Μάμμης, Τάττης, Πάπης, et al. There is a ten-
dency to accent these names as perispomena, as if we had here con-
tracted forms of the suffix -έας, but there is no authority for this. In fact,
these are two different suffixes. Long ago scholars noticed the existence
of a nominal suffix -ης used in Mycenaean Ko-we (Korwēs), in Cypriot
Ζώϝης, in Pamphylian Ἀγάθεις (< -ης), in Boeotian nominatives (orig-
inally vocatives) in -ει (< -η), and in other simple and shortened names
such as Δίης, Κέβης, Κόμμης, Λάχης and Πύρης. 7 Interestingly, Ernst
Risch observed that shortened forms -ης are frequent in Mycenean and
that their declension is uncertain (datives -e and -e-i), which suggests
that these are forms originating in family settings. 8 The fragility of the
declension, which is also found in later Greek (gen. -ητος, -η, -έους), can
be compared with that of the names in -ᾶς (gen. -ᾶ, -ᾶδος, -ᾶτος) and
points indeed to a group of names which were used mainly in the voca-
tive and were defective in their declension. 9
The existence of Lallnamen in -ης supports the assumption that we
are dealing with a suffix originating in family settings, as do terms such
as ἄμης (a milk cake), κίβδης (= κακοῦργος), λέβης (kettle), μύκης
(knobbed round body; τὸ αἰδοῖον: Arch. 252 W.), τάπης (rug), φάλης
(= φαλλός), perhaps also (with different accent) ἀβής (= ἀναίσχυντος)
and δαλής (= μωρός). One can compare the English ending [-i] (-y, -ey,
-ie) used both for shortened names (Mickey, Mary, Billy, Ritchie, etc.)
and for baby-talk words (baby, mommy, daddy, doggie, bunny, etc.). 10
Shortened names, being more casual and less assertive than official
names, are closely related, in terms of form, to Lallnamen, so that mutual
influence should not be surprising. The clearest example is consonant
gemination, which has a certain hypocoristic value and is characteristic
not only of Lallnamen and Lallwörter, but also of shortened names. 11
The important point about all this is not only that the suffix of Βάβης
and Ἔννης is the same as that of Λάχης and ἄμης (and that their accent
should be, therefore, the same), but also the constatation that in tone, in
phonetics and in morphology nursery words (Lallwörter and Lallnamen)
and shortened names belong to the same category.
3. Kaisarion
than to official names. This was not a suffix limited to personal names.
Ancient grammarians mention a term μωρίων as an example of the hypo-
coristic suffix ‑ίων (μωρίων ὁ μωρός), 12 and, unsurprisingly, the same
word is documented also as a personal name in 2nd c. AD Egypt. In some
frequent names, such as Ἀριστίων, this original nuance may have been
lost, but this was not the rule: -ίων was a living and morphologically pro-
ductive suffix, as we see also in Aristophanes’ Ἀττικίων (Pax 214), μαλα-
κίων (Ec. 1058) and δειλακρίων (Pax 193, Av. 143)—the unflattering
character of these terms can be explained as a development of the dimin-
utive value. But there is more.
The hypocoristic function of the suffix was reinforced after the 6th
or 5th c. BC, when diminutives in -ιον became very popular in collo-
quial Greek; 13 so popular, indeed, that they attracted ‑ίων to their orbit,
as we can see from the fact (first noted by Fick and Bechtel) that a great
deal of names in -ίων (Βατίων, ῾Ερμαδίων, Ψυχαρίων...) are the mascu-
line forms of diminutives in -ιον (βάτιον, Ἑρμάδιον, ψυχάριον). 14 What
Fick and Bechtel did not know, though, is that the same phenomenon was
taking place in common vocabulary. This can be seen in terms such as
παιδαρίων, πατερίων or συνδουλίων, which are the masculine pendants
of diminutiva in -ιον (παιδάριον, πατέριον), even if (as in the case of
συνδουλίων) the corresponding form in -ιον is not documented—either
because written sources do not tend to reflect such substandard words,
or because -ίων was an independent suffix that could be added to any
stem. True, the mentioned terms are late and rare (they are missing from
dictionaries), 15 but personal names prove that they were older and more
popular than our texts suggest. The corollary of all this is that Καισαρίων
12. Schol. Dion. Thrac. in Bekker, An. Gr. II, p. 857; Arcadius, Epitome p. 17, 18
Schmidt (μωτίων mss., μωρίων L. Dindorf, Thes. V 1341 and, according to LSJ,
Arcadius’ Codex Oxon.; cf. Herodian. I 19, 21 Lentz).
13. On this ending see Chantraine, Formation, pp. 64–68.
14. Fick–Bechtel, GP, p. 319, and Bechtel, HPN 510 (“so wird man sich als Ausgangs-
punkt für Γλυκαρίων die schmeichelnde Anrede ὦ γλυκάριον zu denken haben”).
The widespread use of women names in -ιον may have favoured that of -ίων, as
Sophie Minon points out to me.
15. Παιδαρίων is documented in Hesychios; πατερίων and συνδουλίων in the Vita Aesopi
G (a work with pronounced Egyptian colouring); πατερίων (πάτερ Ἴων edd.) in a
mimus from a 2nd c. AD papyrus: see P. Maass, “Zum griechischen Wortschatz”,
AIPHO 6 (1938), pp. 129–132 (= Kleine Schriften, pp. 197–200).
274 jaime curbera
was most likely a diminutive or endearing name and at the same time
a record of the ways people spoke—according to Plutarch it was the
people of Alexandria who gave the child this name (Caes. 49, 10: ὃν
Ἀλεξανδρεῖς Καισαρίωνα προσηγόρευον). 16
There is still one question to be addressed. As it is known, Caesar
did not officially acknowledge Καισαρίων as his son. Dio Cassius
reports that Octavian reproached Marcus Antonius for using the nick-
name Καισαρίωνα, as if he were indeed accepting Caesar’s paternity (ὅτι
Κασαρίωνα ἐπωνόμαζεν οὕτω καὶ ἐς τὸ τοῦ Καίσαρος γένος ἦγε: 50,
1, 5). Was Octavian interpreting Κασιαρίων as a Homeric patronymic,
like Οὐρανίων or Κρονίων? It is doubtful. Contrary to the hypoco-
ristic use, the patronymic value of -ίων in later Greek became an arti-
ficial archaism, and its use almost inevitably had ironic undertones. 17
The comedian Kallias was mockingly called Σχοινίων because he was
the son of a rope-maker (Suda κ 213), but a similar witticism is unlikely
in the case of Καισαρίων. Deininger may well be right that in this case
it was only the use of a name formed on that of Caesar, no matter the
suffix, that stressed the connection with the great man. Yet we should
not forget that the semantic bridge from the diminutive (little Caesar)
to the patronymic (son of Caesar) is a short one, especially in popular
settings. There is a well-established link in our mind between these two
domains. In a patronymic interpretation Καισαρίων designates a small
specimen of Caesar, as when diminutives designate statues (Ἀπολλωνί-
σκος, Πανίσκος, ἱππίσκος) or young animals (ἄρκιλος, λαγιδεύς, μυΐ-
σκος, etc.). It is no wonder that some modern patronymic endings (for
example, modern Greek family-names in -πουλος) are first documented
as diminutives (ὀρνιθόπουλον, σκυλόπουλον, etc.: see Hatzidakis 1915).
Thus, if -ίων was indeed perceived as a diminutive, it could also work as
a patronymic, without having to assume a snobish or sarcastic archaism.
16. According to Dio Cass. 47, 31, 5, Cleopatra too used this name (Καισαρίωνα
προσηγόρευε).
17. Bechtel thought to recognize this value in many personal personal names, but most
examples can be explained differently.
words, names and suffixes 275
4. Oileus
18. J.-L. Perpillou, Les substantifs grecs en -εύς, Paris, 1983, pp. 200–203 (“sobriquets
sur des noms d’animaux”).
19. Νηλεύς and Νείλεως are probably two different names: H. Mühlestein, “Namen von
Neleiden auf den Pylos Tafeln”, MH 22 (1965), pp. 164–165.
20. N. C. Conomis, “Varia Graeca”, Acta Classica 9 (1969), pp. 69–70.
276 jaime curbera
χοιρίλος, etc.), so that its existence is very likely. On the other hand,
terms designating young sheep or goats are well known in personal ono-
mastics—Mycenaean wa-ni-ko (ϝαρνίσκος), o-wi-ro (Ὄϝιλος), later
Greek Ἄμνος, ϝάριχος, Ἔριφος, Μιτύλος, Τραγίσκος. 21
Βηβιλεύς brings us straight to the best known of this group of names
—Ὀϊλεύς, father of the Locrian Ajax (also a Trojan charioteer killed
by Agamemnon). Some scholars have already suggested that Ὀϊλεύς is
related to the Mycenic personal name o-wi-ro ~ Ὄϝιλος, 22 an idea that
now has more of a factual basis. Ὀϊλεύς is indeed formed like Ἀρκι-
λεύς and Βηβιλεύς on a noun ὄϝιλος, documented so far only as personal
name—the long ι guaranteed by the metre is the result of a contraction
ὄϝι-ιλος (as in ὀφι-ίδιον or οἰκι-ίδιον). There is, though, a problem: in
continental and Western Greece Ὀϊλεύς was not the form (or the only
form) of this name. Hesiod and Stesichoros used Ἰλεύς (Schol. T Hom.
Il. 14, 336 = IV 83 Erbse), an Attic black figure amphora (570–560 BC)
has the inscription Αἴας Ἰλιάδες, and a bronze cista from Preneste (late
4th c. BC) Aiax Ilios. 23 Moreover, in Il. 14, 336 and in other verses Zeno-
dotos read ὁ Ἰλεύς instead of Ὀϊλεύς, cf. Schol. A Hom. Il. 13, 203 = III
438 Erbse: Ζηνόδοτος ἄρθρον ἐνόμιζε τὸ ō, Ἰλέως τὸν Αἴαντα καὶ οὐκ
Οϊλέως ἀκούων. Some later authors used this form, and modern scholars
too have assumed that this was the original form of the name. 24 Yet in
several Homeric verses the form with Ὀ- is unavoidable and, as we have
seen, the formation of Ὀϊλεύς is self-evident. What happened here is that
a name formed on ὄϊος plus a diminutive ending (cf. Lat. agniculus) has
been deemed inappropriate for a hero and shifted towards a more hon-
orable stem, in this case Ἴλιον—the same phenomenon as in Ἀρκιλεύς
21. These names, of course, originated as appellatives of young children, like English
kid, originally “the young of a goat”; cf. also S. Xanthoudides, “Οἰκογενιακὰ ἐπώ-
νυμα Κρήτων προέλθόντα ἐκ ποιμενικῶν καὶ κτηνοτροφικῶν ὅρων”, Λεξ. Ἀρχεῖον
6 (1923), pp. 326–350, esp. p. 329 [= Μελετήματα (Heraklio, 1979 = 2002), p. 438]:
σήμερον οἱ σφριγῶντες νεανίσκοι καλοῦνται τραγάκια.
22. Landau, MGP, p. 93; Chantraine, GH I, pp. 116–117. Οἶλος, corresponding to Myc.
O-wi-ro, is documented in 4th c. BC Sardes (SEG 36, 1011, p. 28).
23. LIMC I (1981), p. 338, n. 8* (photo: I, 2, p. 253); CIL I 565.
24. W. A. Oldfather, “Oileus”, RE XVII (1937), col. 2180–2181; Kamptz, HomPN,
pp. 295–298.
words, names and suffixes 277
> Ἀρκίλεως. 25 Thus the name of Ajax’ father may be compared to the
nickname Ovicula of the Roman general Q. Fabius Maximus, which,
according to Plutarch (Fabius Max. 1, 4), ἐτέθη δὲ πρὸς τὴν πρᾳότητα
καὶ βραδυτῆτα τοῦ ἤθους ἔτι παιδὸς ὄντος.
Besides these three examples I find this suffix (or suffix conglom-
erate) only in Myc. wa-di-re-u, usually interpreted as Wadileus (Ἡδι-
λεύς). In formation and meaning these names can be compared with
nouns such as ἀετιδεύς, λαγιδεύς or λεοντιδεύς. But our names always
remained as by-forms of nouns in -ιλος (i.e. -ιλεύς did not become an
independent suffix) and never left the realm of unofficial vocabulary and
onomastics. 26
Bibliographical references
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Conomis, N. C., “Varia Graeca”, Acta Classica 9 (1969), pp. 61–72.
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Goitein, S. D., A Mediterranean Society I, Berkeley–Los Angeles, 1967 (1990).
Hatzidakis, G. N., “ Ὀρθογραφικά” in Μεσαιωνικὰ καὶ νέα Ἑλληνικά, I,
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(= OGS II, pp. 549–561).
—, “Nouvelles notes d’anthroponymie grecque”, ZPE 102 (1994), pp. 167–184
(= OGS III pp. 172–189).
25. Cf. R. Wachter, Altlateinische Inschriften, Berne, 1987, p. 139: “Wie erklären wir
uns nun aber die griechischen Formen ohne Ὀ-? Am wahrscheinlichsten scheint mir,
nachhomerische volksetymologische Anlehnung an Ἴλιον anzunehmen, etc.”.
26. This article is part of the project “Modos de contacto e interacción dialectal en los
textos epigráficos del griego antiguo” (FFI2012–35721-C02–01), of the Spanish
Ministry of Economy and Competitiveness.
278 jaime curbera
Nathalie Rousseau
Université Paris-Sorbonne
UMR 8167 Orient & Méditerranée
O
n observe dans un certain nombre d’anthroponymes grecs
composés un premier terme que l’on peut appeler « préposi-
tionnel », et qui correspond à un élément qui fait fonction, dans
la langue grecque, à la fois d’adverbe, de préposition ou de préverbe 1 :
Ἀμφιάναξ, Ἀντήνωρ, Ἀντιλέων, Ἐπίλυκος, Περικλῆς, Προμένης ou
Σύμμαχος.
De tels anthroponymes se rapprochent ainsi à première vue des nom-
breuses formes de la langue grecque qui, sous une même structure for-
melle apparente [« préposition » + radical nominal ou verbal (+ éventuel
suffixe) + désinence], recouvrent des origines très différentes, selon la
relation syntaxique qu’entretiennent la « préposition » et le radical du
second terme 2 : « composés possessifs » ou bahuvrīhi, dans lesquels le
premier élément a une fonction adverbiale, comme ἐπίχρυσος « qui a de
l’or par-dessus, couvert d’or » 3 ; composés déterminatifs à premier terme
1. Sur les trois fonctions assumées par ces éléments dans la langue grecque, qu’il n’est
pas toujours possible de distinguer dans la langue homérique, voir par exemple
E. Schwyzer et A. Debrunner, Griechische Grammatik, II. Syntax und Syntaktische
Stilistik, Munich, 1950, p. 419-420 ; P. Chantraine, Grammaire homérique, II. Syn-
taxe, Paris, 1953, p. 83-84, § 115-116.
2. Nous reprenons la classification des composés nominaux proposée par Risch, Wort-
bildung, p. 182. Voir N. Rousseau, Du syntagme au lexique. Sur la composition en
grec ancien, Paris, 2016, p. 8-10.
3. En reprenant l’exemple-type choisi par H. Forster dans son ouvrage portant sur
cette catégorie de composés, Zur Geschichte der griechischen Komposita vom
280 nathalie rousseau
10. Sur les « suffixes de composition » employés en grec ancien, voir par exemple
A. Debrunner, Griechische Wortbildungslehre, Heidelberg, 1917, p. 75-76 ;
Schwyzer, GG I, p. 450-452.
11. Au contraire des dérivés inverses de verbes préverbés, pour lesquels on observe un
changement morphologique de la base sur laquelle ils reposent (on trouve ainsi un
nom d’agent en -σκοπός en face du radical verbal d’ἐπισκέπτομαι « surveiller »), et
que nous laissons donc de côté dans cette étude.
12. La voyelle thématique prend ici la fonction d’un suffixe, dans la mesure où elle
se trouve en distribution avec d’autres suffixes : voir les ouvrages cités n. 10, et
Chantraine, Formation, p. 13-14.
13. Les résultats de cette polémique figurent dans l’ouvrage de F. Sommer, Zur
Geschichte der griechischen Nominalkomposita, Munich, 1948 : à O. Hoffmann,
selon lequel l’emploi ancien et répandu de la voyelle thématique dans les com-
posés grecs prouve l’origine grecque d’Ἀλέξανδρος, formé sur le radical d’ἀνήρ,
F. Sommer répond en dressant un inventaire restreint et argumenté des emplois
de -ο-, qui appuie l’hypothèse d’une forme grécisée d’un nom d’Asie Mineure
Alakšanduš. Si les données mycéniennes prouvent bien, en réalité, le caractère grec
du type Ἀλέξανδρος, les analyses de F. Sommer sur la présence de -ο- dans les com-
posés grecs restent en revanche valables : voir Risch, Wortbildung, p. 227, ainsi que
n. 41 et 42.
14. J. Wackernagel et A. Debrunner, Altindische Grammatik, II.1. Einleitung zur Wort-
lehre. Nominalkomposition, Göttingen, 1905, p. 101-102 (nous soulignons), qui
poursuit : « Comme cette adjonction ne s’effectue généralement que dans des
bahuvrīhi et d’autres composés qui ont un second terme substantival mais sont en
réalité des adjectifs, on peut dire que ces suffixes servent à rendre perceptible la
nature adjectivale de ces mots malgré leur second terme substantival. Les suffixes de
282 nathalie rousseau
Une telle distinction peut néanmoins être reprise en tant qu’outil com-
mode pour la constitution d’un corpus des anthroponymes qui reposent
sur la dérivation d’un syntagme prépositionnel, préalable à l’examen de
leurs éventuelles particularités suffixales.
S’ils restent peu représentés dans l’ensemble des anthroponymes, les
composés à premier terme prépositionnel se révèlent tout de même nom-
breux ; une lecture du LGPN 2 27 permet de recenser plus de trois cents
noms différents (sans compter leurs dérivés) en attique 28, certaines pré-
positions étant beaucoup plus représentées que d’autres 29.
Parmi ces trois cents formes, nombreuses sont celles qui peuvent être
rapprochées du dérivé d’un verbe préverbé déjà présent dans le lexique 30,
comme Μεταγένης 31 ou Σύμμαχος 32 en face de μεταγενής « né après »
et σύμμαχος « allié » ; on trouve aussi des composés possessifs, comme
les textes littéraires et qui n’apparaissent par ailleurs que de façon tardive, chez les
lexicographes ou même en grec moderne : voir Dobias - Dubois, Intr., p. xiii.
27. Étant donné ce très grand nombre de formes, cette étude prend pour base le corpus
des anthroponymes attiques, qui constitue un échantillon déjà représentatif et permet
une bonne comparaison avec les composés du lexique attestés dans les textes litté-
raires ; il est complété par les noms figurant dans Bechtel, HPN, qui fournit l’occa-
sion d’un sondage dans les autres dialectes.
28. Sur les 8 306 noms différents du volume (voir LGPN 2, p. vi) : soit entre trois et
quatre pour cent.
29. On ne trouve aucune forme en Εἰσ-, moins de 5 formes en Ἀνα-, Κατα-, Μετα-,
Παρα- et Ὑπο-, moins de 10 en Ἀπο-, Ἐκ- / Ἐξ-, Περι-, Προσ- et Ὑπερ-, moins de
25 en Ἐν-, Δια-, Προ- et Συν-, presque 50 en Ἀμφι-, plus de 50 en Ἀντι-, et enfin
presque 100 en Ἐπι-. Les formes dont le premier terme est constitué d’une autre
préposition sont pratiquement inexistantes : Ὀπώρα reposant sur ὀπώρα (ἡ) « fin de
l’été » qui n’était vraisemblablement plus compris comme un composé en grec his-
torique (ainsi que ἔνδιος par exemple : voir n. 37), on ne peut guère citer que deux
formes en Ἀγχι-.
30. Nous mentionnons ci-après, pour chaque forme, la date de l’occurrence certaine la
plus ancienne.
31. Bien attesté (par une vingtaine d’occurrences) dans toute la Grèce à partir du
vie s. a. C.
32. Courant (plus de deux cents occurrences) dans toute la Grèce dès l’époque classique.
286 nathalie rousseau
33. Athènes – Acharnes, ve / ive a. C. ; au moins une autre occurrence à Athènes, et peut-
être une deuxième.
34. Bien attesté (par une trentaine d’occurrences) dans toute la Grèce à partir de l’époque
hellénistique.
35. Courant (plus de deux cents occurrences) dans toute la Grèce dès l’époque classique.
36. Sur la double interprétation possible de ce terme, comme « composé à rection prépo-
sitionnelle » et comme composé déterminatif, voir E. Risch, « Griechische Determi-
nativkomposita », IF 59 (1949), p. 38. D’autres composés déterminatifs plus clairs
sont attestés à date plus récente : ainsi Συνίστωρ (Athènes, 112-115 p. C. ; 11 autres
occurrences hellénistiques ou impériales) en face de συνίστωρ « co-témoin ».
37. Nous laissons de côté Ἔνδιος (Athènes, mère ive a. C. ; 8 autres occurrences à
Athènes, 4 autres ailleurs en Grèce) : si ἔνδιος « au milieu du jour, à midi » est vrai-
semblablement une forme hypostatique reposant sur un syntagme non attesté *ἐν
διϝί, dans lequel le thème *διϝ- conserve son sens ancien de « jour », celle-ci n’était
certainement plus comprise comme un composé en grec historique.
38. Ainsi peut-être que l’hapax Ἀγχίθεος (Athènes, ive a. C.), si l’épithète ἀγχίθεος ne
pouvait à la fois être interprétée comme bahuvrīhi et comme forme hypostatique :
voir n. 20. Le LGPN 2 enregistre aussi Ἐνλόγιμος (Athènes, ca 450 a. C.) : il s’agit
cependant d’un hapax de lecture incertaine (Ἐνλό[γιμος]?), dont le suffixe pourrait
éventuellement être autrement restitué. On pense bien sûr d’abord à ἐλλόγιμος « en
compte, qui compte », d’où « d’importance, illustre », mais le rapprochement avec
le bahuvrīhi ἔλλογος « doué de raison », par exemple, ne peut être a priori exclu,
puisqu’aucun des deux termes n’est par ailleurs attesté comme anthroponyme.
composés à premier terme prépositionnel 287
51. On ne peut non plus exclure qu’il s’agisse du « fils d’Ἔκδικος » : voir ci-dessous.
52. Outre le cas (évoqué ci-dessus), toujours possible en théorie, mais indémontrable
dans les faits, des anthroponymes reposant sur un adjectif existant dans la langue,
mais qui n’a pas été transmis dans les textes qui nous ont été conservés.
53. L’expression Λοκροὶ οἱ Ἐπιζεφύριοι fait aussi référence au peuple des « Locriens
Épizéphyriens ».
290 nathalie rousseau
61. Il existe une forme de féminin Ἀνθίππη (Athènes, mère ive a. C.), également attestée
par deux autres occurrences, à Athènes et à Ténos.
62. Voir H.-J. Newiger, LfgrE s.v., qui renvoie à E. Risch, art. cit., p. 41 (ce dernier ne
précise toutefois pas le sens qu’il donne à ce terme qu’il analyse comme un « com-
posé à rection prépositionnelle »).
63. On peut en effet rapprocher le syntagme ἄντ᾿ ἀνδρός, avec l’adverbe ἄντα « en face,
contre » : ἀλλ᾿ ἄγ᾿ ἀνὴρ ἄντ᾿ ἀνδρὸς ἴτω, μεμάτω δὲ μάχεσθαι « allons, que chaque
homme se place face à un homme, et brûle de combattre » (Il. 20.355).
64. « Ἀντήνωρ = “einer, der viele ἄνδρες wert istˮ » : F. Sommer, op. cit., p. 171, qui y
voit l’un des nombreux « noms parlants » de l’épopée et souligne qu’il fait référence
à un sage vieillard troyen. Sur les « noms parlants » dans les poèmes homériques,
voir Kamptz, HomPN, p. 25-35, qui cite cependant les différentes interprétations
d’Ἀντήνωρ sans choisir, p. 56.
65. Il., resp. 9.116-117 ; 11.514.
composés à premier terme prépositionnel 293
66. Voir N. Rousseau, « “En échange d’une vie” : histoire d’ἀντίψυχον », REG 128
(2015), p. 127-170.
67. Voir R. Demangel et A. Laumonier, « Inscriptions d’Ionie », BCH 46 (1922), p. 346,
no 37, et fig. 15 ; W. Peek, Griechische Vers-Inschriften. Band I. Grab-Epigramme,
Berlin, 1955, no 775, v. 6 (ier ou iie a. C.).
68. Eur., Suppl. 1216-17. Voir aussi, avec la même idée de succession, ὅταν παῖς ἀντὶ
πατρὸς εἰσίῃ « lorsque le fils entre en fonction à la place de son père » (Aristote,
Politique, 1292b.5 ; 1298b.3).
294 nathalie rousseau
69. Le féminin Ἀντιφίλη est attesté à Athènes, ca 249 / 248 a. C. (2 autres occ. ailleurs à
la même époque).
70. Pour ce dernier terme, le Dictionnaire grec-français propose, avec une hésitation,
l’explication « litt. égal en renom ? » ; mais il est alors difficile d’assigner un type de
composition à l’anthroponyme. Si celui-ci n’est pas « irrationnel », la moins mau-
vaise explication serait sans doute celle de l’hypostase d’un syntagme signifiant
« égal à son renom », d’où « digne de son renom », mais cette explication est loin de
s’imposer avec évidence.
71. Ce substantif est seulement attesté dans le lexique à partir du vie p. C. De même,
Ἀντίχαρμος (Athènes – Lamptres, fils ive a. C. : 2 autres occ. à Athènes, 6 autres
ailleurs) pourrait être compris comme le réarrangement d’un composé déterminatif
signifiant « joie (χάρμα ou χάρμη) en échange ». Cette modification de la finale d’un
composé afin de lui donner le genre masculin serait alors comparable à celle des
adjectifs composés épicènes qui reçoivent une forme spécifique de féminin lorsqu’ils
sont employés comme anthroponymes : voir n. 75.
composés à premier terme prépositionnel 295
72. La forme plus récente et plus rare Ἀντίανδρος, caractérisée par une absence d’élision
anomale du premier terme, n’est pas attendue.
73. Voir DMic s.v. Les poèmes homériques ne connaissent que des anthroponymes en
-ήνωρ ; Ὑπερήνωρ peut également être compris comme hypostatique (avec le sens
« se tenant au-dessus des hommes » : voir E. Risch, art. cit., p. 41, ou « dépassant
la mesure humaine » : voir F. Sommer, op. cit., p. 170-172, qui juge anachronique
l’analyse comme un composé déterminatif « homme en excès, surhomme » proposée
par O. Hoffmann, ce qui est aussi l’avis de Kamptz, HomPN, p. 58) ; mais si l’on suit
l’interprétation de F. B. J. Kuiper, « Νώροπι χαλκῷ », Mededelingen van de Konink-
lijke Nederlandse Akademie van Wetenschappen, 14.5 (1951), p. 201-227, il pourrait
s’agir au départ d’un bahuvrīhi signifiant « qui possède la force vitale en excès »,
de façon analogue à ὑπέρθυμος « plein d’ardeur » : voir Kamptz, HomPN, p. 100.
Même si elles sont loin d’atteindre les quelque 7 000 occurrences d’anthroponymes
en -ανδρος attestés dans le LGPN électronique, les formes en -ήνωρ ont toutefois
connu une certaine faveur qui ne se limite pas à la reprise de termes homériques :
outre la cinquantaine d’occurrences d’Ἀντήνωρ, il existe environ deux cents occur-
rences de trente anthroponymes en -ήνωρ différents, attestés dans toutes les régions
de la Grèce, de l’époque archaïque à l’époque romaine ; Ἀντήνωρ et Ὑπερήνωρ sont
cependant les deux seules formes à premier terme prépositionnel.
296 nathalie rousseau
Conclusion
Références bibliographiques
76. Ce qui se comprend par ailleurs pour ces formes qui constituent en même temps des
dérivés de syntagmes : voir n. 7.
77. E. Risch, art. cit., p. 112, observe que cet usage est « isolé » dans la langue
homérique.
78. Voir M. Meier, -ίδ-. Zur Geschichte eines griechischen Nominalsuffixes, Göttingen,
1975, p. 32-34.
79. Voir la contribution de F. Réveilhac dans ce volume. Sur l’absence de sens diminutif
dans les hypostases en -ίδιο-, voir N. Rousseau, « -ΙΑΙΟ- uersus -ΙΔΙΟ- : l’étude
des suffixes à l’appui des choix textuels dans les textes médicaux grecs », dans
A. Roselli (dir.), Actes du VIIe colloque international sur l’ecdotique des textes médi-
caux grecs, juin 2013, Naples (à paraître) ; N. Rousseau, op. cit., p. 103 et 113-115.
298 nathalie rousseau
Laurent Dubois
École pratique des hautes études, Paris
J’
ai récupéré en 1997 à la mort de mon maître Olivier Masson un
certain nombre de dossiers onomastiques. J’avais utilisé le dos-
sier consacré aux noms en -οῦς pour mon article des Mélanges
en l’honneur d’Elaine Matthews 1. Je me suis ensuite plongé dans le
très gros dossier des noms en -ᾶς et j’en ai déjà tiré un article dans les
Mélanges en l’honneur de Françoise Skoda sur les sobriquets indiquant
un défaut physique 2. Nous savons tous qu’Olivier Masson a consacré
beaucoup d’articles à des points particuliers comme certains noms de
métiers qui sont aussi des sobriquets, à des noms typiquement ioniens, à
des noms grecs en Égypte 3 ; mais depuis 1966 il avait rêvé de faire une
grande synthèse sur les noms en -ᾶς que finalement il ne nous a jamais
donnée. Je crois avoir trouvé dans ses papiers l’une des causes du non
aboutissement de ce projet : comme l’avait déjà fait en son temps son
maître Bechtel qui a parfois changé d’avis entre la rédaction du chapitre
sur les inscriptions ioniennes de la SGDI III / 2 de 1905 et celle des HPN
de 1917, il a buté sur le problème de l’accentuation, en particulier sur
celle des noms abrégés pour lesquels il a hésité entre paroxytons et péris-
pomènes. Je pense en particulier à un fort dossier sur Ἀριστας pour lequel
il avait accompli un très gros travail philologique de plusieurs années,
notamment sur la présence ou non de cet anthroponyme sur les timbres
amphoriques rhodiens, travail au terme duquel il reconnaît, en l’écrivant
désespérément sur le dos du dossier, ne pas avoir résolu le problème de
1. « Des anthroponymes en -οῦς », dans Onomatologos, p. 398-421.
2. « Monsieur “Leboitard” en Sicile », dans I. Boehm et N. Rousseau (éd.), L’expressi-
vité du lexique médical en Grèce et à Rome, Paris, 2014, p. 77-85.
3. Voir les onze articles d’O. Masson énumérés dans la bibliographie.
300 laurent dubois
9. Le passage se trouve p. 250 des An. Oxon. II (1835) d’O. Cramer ; il a été revu par
R. Schneider, Bodleiana, Leipzig, 1887, p. 30.
10. P. Egenolff, Die orthographischen Stücke der byzantinischen Litteratur, Leipzig,
1888, p. 20. Voir K. Alpers, Bericht über Stand und Methode der Ausgabe des Etym.
Gen., Copenhague, 1969, p. 13 ; et du même, Theognostos Peri Orthographias Über-
lieferung, 1964, p. 4-7. Pour la date de ce manuscrit et son rôle dans la tradition
orthographique voir J. Schneider, op. cit., p. 111-112.
11. Hérodien, Περὶ καθολικῆς προσῳδίας, I, p. 51 (Lentz), no 27, p. 334 chez Dickey.
des noms en -ᾶς 303
railleur : s’il a reçu un traitement particulier c’est que son radical est
celui du verbe poétique τρέω et non celui du banal τρέμω 16.
Nous verrons plus loin que cette classification est restrictive et qu’elle
peut être largement étoffée et complétée par l’étude des noms historiques
et non plus littéraires.
b. Origine du suffixe pour les Anciens
Selon une scholie vaticane à la Grammaire de Denys le Thrace, le
suffixe -ᾶς serait issu de la contraction de -έας 17 : ὥσπερ καὶ τὸ Δημᾶς
κύριον ἀπὸ τοῦ Δημέας, Νομᾶς < ἀπὸ τοῦ Νομέας > καὶ τὰ ὅμοια.
Un Δημᾶς apparaît comme compagnon de Paul en Asie Mineure
dans les Actes des Apôtres. Νομᾶς est quant à lui le résultat de l’adapta-
tion grecque du nom du roi de Rome Numa Pompilius dont l’accentua-
tion hésite depuis Denys d’Halicarnasse, Ant. Rom. Ι 75, entre Νόμας et
Νομᾶς sans qu’il y ait la moindre trace d’un **Νομέας.
Or la même explication se retrouve dans le Περὶ καθολικῆς προσῳδίας
dans un passage consacré aux mots en -ᾶς de plus d’une syllabe, Lentz I,
p. 54 : τὸ μέντοι Θευδᾶς περισπᾶται ὡς Μητρᾶς, Ζηνᾶς, Πυθᾶς. Τὸ Κερ-
κιδᾶς ἀπὸ συναλοιφῆς.
L’explication par une συναλοιφή « contraction » s’explique très vrai-
semblablement par la présence au sein des noms en -ᾶς du nom de vent,
le Βορρᾶς, dont les Anciens pouvaient croire qu’il était issu phonétique-
ment d’une forme plus ancienne Βορέας, hom. Βορέης, mais ceci, bien
évidemment, ne peut être prouvé pour les autres noms.
c. Indications des Anciens sur la flexion
Génitif. — Dans le passage du Περὶ κλίσεως ὀνομάτων « Sur la flexion
des noms » d’Hérodien, tel qu’il est reconstitué par Lentz, à partir de
fragments de Choiroboscos 18 nous trouvons cette excellente remarque :
ἐπὶ τῶν εἰς ας περισπωμένων, ἐὰν εἰς α εὕρομεν τὴν γενικήν, οὐκέτι
Δωρικὴν αὐτὴν λέγομεν, ἀλλὰ κοινὴν οἷον ὁ Μηνᾶς τοῦ Μηνᾶ, ὁ Ζηνᾶς
τοῦ Ζηνᾶ, ὁ Μητρᾶς τοῦ Μητρᾶ.
16. Pour l’explication de τρεσᾶς, voir Eusthate, Comm. Il., 772 : ὁ φύξηλις ὃν καί
τρεσᾶν εἴποι ἄν τις κωμικευόμενος ; et 1000, (ad 14, 522) ὅθεν καί τις ἐν Ἀθηναίοις
ἐπὶ δειλίᾳ κωμῳδούμενος τρεσᾶς ἐκαλεῖτο, καθὰ καί τις ἕτερος, διάρροιαν πάσχων
γαστρὸς, χεσᾶς ἐλέγετο.
17. A. Hilgard, op. cit., p. 153.
18. Hérodien, Περὶ κλίσεως ὀνομάτων, II, 2, p. 665 (Lentz), no 28, p. 335, chez Dickey.
des noms en -ᾶς 305
« Pour les périspomènes en ‑ᾶς, si nous avons trouvé le génitif en -ᾶ, nous
n’en faisons pas une forme dorienne mais une forme de koinè : ainsi ὁ
Μηνᾶς τοῦ Μηνᾶ, ὁ Ζηνᾶς τοῦ Ζηνᾶ, ὁ Μητρᾶς τοῦ Μητρᾶ ».
Dans le Περὶ καθολικῆς προσῳδίας « Sur la prosodie en général » 19,
on lit :
ὡσαύτως δὲ καὶ τὰ Ἰονικῶς παραλόγως διὰ τοῦ δ κεκλιμένα ὧν τὸ α
μακρόν, Βοιβᾶς, Βιττᾶς, Κυρᾶς· εἰσὶ δὲ ὀνόματα κύρια.
« On accentue de la même façon d’un périspomène les mots ioniens dont
le α est long qui se fléchissent anormalement avec un δ, Βοιβᾶς, Βιττᾶς,
Κυρᾶς ; ce sont des noms propres ».
Vocatif. — Dans le Περὶ κλίσεως ὀνομάτων à nouveau :
Τὰ εἰς ας ἰσοσυλλάβως κλινόμενα ἀποβολῇ τοῦ ς ποιεῖ τὴν κλητικὴν οἷον
ὁ Ζηνᾶς τοῦ Ζηνᾶ ὦ Ζηνᾶ, ὁ Μητρᾶς τοῦ Μητρᾶ ὦ Μητρᾶ 20.
« Les noms en ‑ᾶς parisyllabiques font leur vocatif par éviction du sigma
comme ὁ Ζηνᾶς τοῦ Ζηνᾶ ὦ Ζηνᾶ, ὁ Μητρᾶς τοῦ Μητρᾶ ὦ Μητρᾶ ».
Accusatif. — La seule indication semble se trouver dans un passage
du Περὶ μονήρους λέξεως « Sur la singularité lexicale » II,2, p. 917
(Lentz) 21: Hérodien présente la flexion du théonyme Ποτιδᾶς en invo-
quant pour l’accusatif un passage du Cyclope d’Épicharme, ναὶ τὸν
Ποτιδᾶν (81 K = PCG I no 70) ; est également cité ici le vocatif Ποτιδᾶ
chez Sophron (PCG I no 125 p. 240) et le génitif τέμενος Ποτιδᾶ ποντίω
chez Eupolis dans les Hilotes (PCG V no 149, p. 378). Ainsi Hérodien
ne faisait-il aucune différence entre un théonyme à la flexion très parti-
culière (< *Ποτιδασ-ας 22) et un nom propre à suffixe familier comme
Κερκιδᾶς 23.
Il ne semble point y avoir d’indication concernant le datif.
Le reprise des mêmes exemples indique clairement que les sources
des grammairiens étaient strictement littéraires et qu’ils connaissaient,
grâce aux fragments d’Hipponax et d’Hérondas et d’autres poètes iam-
biques, le génitif ionien en -ᾶδος. C’est en outre vraisemblablement
parce qu’Hérodien n’a pas vécu en Égypte mais à Rome qu’il n’a pas
19. I, p. 51 (Lentz) no 27, p. 334, chez Dickey.
20. Hérodien (< Choir. 128), Περὶ κλίσεως ὀνομάτων, II, 2, p. 667 (Lentz).
21. Περὶ μονήρους λέξεως, II, 2, p. 917 (Lentz), no 33, p. 336, chez Dickey.
22. Cf. nos Recherches sur le dialecte arcadien 1988, p. 36-37.
23. Cela sera repris dans le Περὶ παθῶν, ΙΙ, 1, p. 378 et dans le Περὶ μονηροῦς λέξεως,
ΙΙ, 2, p. 917 (Lentz) : εἴρηται δὲ καὶ Ποτιδᾶς ὡς Κερκιδᾶς.
306 laurent dubois
nom chez les Grecs, de leur adaptation en latin, et ses remarques pré-
figurent la seconde partie des HPN de Bechtel. On notera qu’il admet
comme Lobeck la théorie des Anciens sur l’origine contracte du suffixe,
-έας > -ᾶς 27. Chez ces deux savants on constate donc une reprise des
théories des Anciens avec, chez Lobeck, une explication de nature socio-
logique : les noms en-ᾶς sont populaires, voire serviles. Il n’y a bien sûr
chez eux aucune allusion à un nom transmis par des inscriptions.
Mais c’est la parution des deux premiers tomes du CIG de Boeckh
(1827-1843) qui a donné le branle à de nouvelles études, en particulier
à celles de Karl Keil. Dans son Specimen onomatologi graeci, il res-
titue par exemple, et à juste titre selon moi, le nom argien Β]ραχᾶς de
CIG 166, 4 (= IG I3, 1149, l. 69 (458 a. C.) 28. Il évoque aussi dans deux
articles postérieurs les diminutifs du nom Ἀπολλόδωρος : « Ἀπολλᾶς ein
ächt griechischer Name » et Ἀπελλᾶς 29.
Ensuite, c’est incontestablement A.-J. Letronne, l’auteur du Recueil
des inscriptions grecques et latines de l’Égypte, 1842-1848, qui fait faire
à l’anthroponymie grecque les plus gros progrès 30. On trouve ainsi, dans
ses Mémoires de l’Académie, concernant notre propos, l’identification
d’un génitif Ἀλεξᾶ sur une intaille d’époque romaine, la correspondance
entre les noms grecs en -ᾶς et les noms latins en -ā, le repérage des géni-
tifs en -ᾶτος en dialecte alexandrin 31.
Il faut alors faire un saut d’une quarantaine d’années pour voir émerger
de nouvelles tentatives d’explication de ce suffixe. Ainsi F. Bechtel refuse
la contraction -έας > -ᾶς, qui serait incompatible avec la phonologie de
l’attique, et suppose l’allongement du a bref du premier élément de
Ἀλκαμένης / Ἀλκᾶς ou du second membre de Μολπαγόρας / Μολπᾶς 32.
Sans se prononcer sur l’origine du suffixe, la grammaire de R. Kühner
et F. Blass met en relation le témoignage d’Hérodien avec la langue
d’Hipponax et d’Hérondas et celle des inscriptions ioniennes 33. C’est
aussi à la forme de gén. Βιτᾶτος du mime VI, v. 2 et 81, d’Hérondas que
W. Schulze consacre d’intéressantes remarques : il considère que la den-
tale sourde du suffixe s’explique comme un provincialisme égyptien du
scribe du papyrus et qu’Hérondas n’a pu écrire que Βιτᾶδος 34.
Au tout début du xxe siècle, A. Thumb insiste sur la productivité
parallèle des féminins en -οῦς et des masculins en -ᾶς : il montre que
les noms de métiers du grec moderne comme ψαρᾶς « poissonnier » ou
ψωμᾶς « boulanger » ont hérité une double flexion : de la koinè un génitif
singulier en -ᾶ, de l’ionien ancien, un pluriel en -ᾶδες 35.
L’année suivante, W. Crönert montre bien que la forme ionienne
Φιλητᾶς du nom de ce poète de la fin du ive siècle, est une variante de
Φιλητός et qu’il ne s’agit ni d’un sobriquet ni d’une forme abrégée,
mais d’un renouvellement par ‑ᾶς d’une ancienne terminaison théma-
tique en -ος, au même titre que Τρόφιμος / Τροφιμᾶς, Εὔτυχος / Εὐτυχᾶς.
Il esquisse en outre une répartition géographique assez juste entre les
hypocoristiques ioniens et les sobriquets des autres régions mais la chro-
nologie proposée, qui fait émerger les hypocoristiques au iie s. a. C., est
entièrement à revoir au vu des témoignages épigraphiques 36.
32. F. Bechtel, Inschriften des ionischen Dialekts, Göttingen, 1887, p. 60 ; cette hypo-
thèse sera reprise au siècle suivant par G. Björck, Das Alpha impurum und die tra-
gische Kunstsprache, Uppsala, 1950, p. 59-50 et p. 268-270. W. Petersen, « The
Greek Masculines in Circumflexed -ᾶς », Class. Phil. 32 (1937), p. 123, montre
qu’il faut en fait accentuer Ἄλκας, en supposant un génitif Ἄλκαντος, nom bâti sur
le modèle de Βίας, Βίαντος, ce qui est admis par O. Masson, OGS I, p. 317.
33. R. Kühner et F. Blass, Ausführliche Grammatik der griechischen Sprache, I. Ele-
mentar und Formenlehre, I, 1, Hanovre, 1890, p. 492-494.
34. W. Schulze, RhM 48 (1893), p. 248-257 = (Kleine Schriften, p. 417-418). Cela vaut
aussi pour la forme Κανδᾶτος du même mime v. 87.
35. A. Thumb, Die griechische Sprache im Zeitalter des Hellenismus, Strasbourg, 1901,
p. 230-233.
36. W. Crönert, « Philitas von Kos » Hermes 37 (1902), p. 213-215.
des noms en -ᾶς 309
Par principe nous nous intéresserons avant tout aux attestations les
plus anciennes antérieures au moment où la koinè va diffuser dans l’en-
semble de la Méditerranée ce type de noms. Les anthroponymes cités
sont puisés aux différents volumes du LGPN auxquels nous renvoyons
le lecteur pour les références. Mais j’attire dès maintenant l’attention
sur un défaut des admirables HPN qui sont aujourd’hui centenaires :
37. Bechtel, HPN IX-X.
38. E. Locker, Glotta 22 (1934), p. 89-94.
39. W. Petersen, art. cit., p. 121-131.
40. V. Schmidt, Sprachliche Untersuchungen zu Herondas, Berlin, 1968, p. 47-54.
310 laurent dubois
41. Bechtel, HPN 229, pour Καλλᾶς, déductible selon lui de Καλλαῖος. Cette idée a
été reprise récemment à propos de noms en -αῖος en Eubée, par M. Bueno, « Los
antropónimos en -ᾶς como rasgo de diferenciación dialectal dentro del jónico-
ático », dans E. Crespo, M. J. Barrios Castro (éd.), Actas del X Congreso Espanol de
Estudios Clásicos, Madrid, 2000, p. 177-184.
des noms en -ᾶς 311
45. Cf. L. Threatte, GAI II, 1996, p. 71: récusons cependant dans ce passage la men-
tion d’une origine dorienne de ces noms en -ᾶς. Pour le génitif Μαρικᾶδος d’un
Μαρικᾶς sur un vase du vie siècle, O. Masson, OGS I, p. 317-318, a montré qu’il
s’agissait d’un étranger dont le nom, sans étymologie grecque, avait été intégré à
la langue grecque par l’adjonction de la variante ionienne du suffixe. Voir aussi
Threatte, GAI II, p. 87. O. Masson avait constitué un dossier concernant quatre
jeunes gens qualifiés de καλός sur des vases attiques sur la base d’une étude de
P. Kretschmer, Die griechischen Vaseninschriften, Gütersloh, 1894, p. 186, qui esti-
mait que Φανᾶς, Λιχᾶς, Κακᾶς et Βραχᾶς étaient la preuve de l’existence de noms
en -ᾶς en Attique aux vie-ve s. O. Masson se montre très circonspect et préfère voir
dans ces personnages des étrangers, ioniens ou doriens. Ces noms sont repris avec
un accent paroxyton dans le LGPN 2 sauf Κακᾶς qui devient curieusement Κακα-
σανός ! O. Masson ne semble pas être revenu plus tard sur ce problème. Ces noms ne
sont en tout cas pas discutés par Threatte dans ses GAI II. Nous serions plutôt, quant
à nous, favorables à la possibilité qu’il s’agisse de noms de Grecs non athéniens en
-ᾶς. Enfin un Εὐγᾶς, diminutif de Εὐγένης, dans l’inventaire d’équipage IG I3, 1032,
l. 424 (405 av.) a de fortes chances d’être un métèque d’origine ionienne.
314 laurent dubois
55. Ce nom n’est pas cité par Dana, OnomThrac, p. 108-109, parmi d’autres anthropo-
nymes bâtis sur cette racine δαλ-.
56. En revanche la dame du nom de Ἰόπη sur un vase du vie s. à Athènes est en relation
avec le nom de l’héroïne femme de Thésée comme l’a bien vu Bechtel (HPN 579).
57. Op. cit. 1 (1994), p. 166 en note.
58. Cf. L. Zgusta, art. cit., p. 415.
59. Voir les listes du CIRB, 815.
60. Cf. N. Ehrardt, Milet und seine Kolonien, Francfort - Berne - New York, 1988, p. 80.
61. Le génitif Μολπᾶδος est en revanche bien attesté à Abdère colonie de Téos au ve s.,
Voir Masson, OGS II, p. 431.
62. Cf. L. Dubois, dans Onomatologos, p. 407.
63. Voir Masson, OGS I, p. 230-231 ainsi que BCH 1079, p. 374 et 376 et M. Eget-
meyer, Le dialecte grec ancien de Chypre, I, Berlin - New York, 2010, p. 420-421.
des noms en -ᾶς 319
3.3. La flexion en Égypte : acc. -ᾶν, gén. -ᾶτος, ou -ᾶ, dat. -ᾶτι,
ou -ᾶ(ι).
Il ressort de la consultation d’index électroniques comme Papyri.info
pour les papyrus et les ostraca et de celle de volumes épigraphiques pour
les inscriptions que des anthroponymes en -ᾶς apparaissent dès le iiie s.
a. C., avec un génitif en -ᾶτος : on trouve alors fréquemment des noms à
radicaux égyptiens comme Παᾶς, Πνᾶς, Ποκᾶς, Σουχᾶς, des noms sémi-
tiques comme Ἰωναθᾶς (P. Petrie 2, 14) 71 et plus rarement des noms grecs
comme un Μεγᾶς, au génitif Μεγᾶτος (P. Petrie 3, 43, l. 19, 240 a. C.),
un Αἰσχυρᾶς (dat. en -ᾶ) sur un ostracon (O. Eleph. Wagner DAIK 5), un
Φερᾶς (gén. -ᾶτος), un Οἰμᾶς (gén. -ᾶτος) et un Ὀρνιτᾶς « Loiseleur »
(P. Petrie 3, 27) 72 avec une sourde pour Ὀρνιθᾶς qui apparaîtra plus tard.
64. Ce pourrait aussi être, selon moi, une influence égyptienne qui expliquerait le génitif
Εὐφρᾶτος d’une funéraire du ier-iie p. C. de la campagne de Cyrène que Catherine
Dobias a justement interprété dans son article sur les noms en -ας à Cyrène dans le
recueil qu’elle a publié sous le titre Des dialectes grecs aux Lois de Gortyne, Nancy
1999, p. 23-32, et plus particulièrement p. 27-29.
65. Voir C. Brixhe, Le dialecte grec de Pamphylie, Paris, 1976, p. 105.
66. Ἀππᾶτος (Syll.3), 1235, Μηνᾶτος (ΜΑΜΑ ΙΙΙ 589), Λουκᾶτος (ibid. 250).
67. Ἀττᾶτος (TAM III, no 100), Κυᾶτος (TAM III, no 668).
68. Ἑρμᾶτος (TAM II, nos 972 et 980), Σωσιμᾶτος (ΤΑΜ ΙΙ, no 1130).
69. Op. cit. Les formes attestées en Italie, dat. Τροφιμᾶτι (IG XIV 929) et Διωνυτᾶτι
(IGUR II 485), concernent des Grecs originaires d’Égypte.
70. Voir E. Mayser, Gram. Gr. Papyri, Berlin, 1938, p. 5-8; et Masson, OGS I, p. 54.
71. Le nom est clairement indiqué comme sémitique dans le papyrus puisqu’il est pré-
cédé de l’adverbe συριστί.
72. Cf. Masson, OGS I, p. 196.
320 laurent dubois
Par delà les emplois strictement égyptiens, un fait est certain : la valeur
abréviative, pan-grecque à partir du ive s., est parfaitement représentée
en grec d’Égypte dans bon nombre d’hypocoristiques et on pourrait
même supposer qu’elle a été transmise en Égypte dès l’époque archaïque
par des mercenaires ioniens 78. Par ailleurs le suffixe -ᾶς, dont le déve-
loppement est assez parallèle à celui de -οῦς, a été efficacement utilisé
pour fournir une flexion grecque à des noms égyptiens. En revanche on
peut légitimement se demander si la flexion égyptienne en -ᾶτος, -ᾶτι
est un héritage de la Grèce ou si elle procède d’une innovation locale.
Pour y voir un héritage il faudrait trouver un dénominateur commun
historique et linguistique qui pût expliquer la présence de cette flexion
en Égypte, dans le Bosphore cimmérien, en Pamphylie et à Chypre à
l’époque romaine. Si cette dernière ne doit sans doute pas être prise en
compte puisque nous avons proposé de l’expliquer par une influence pto-
lémaïque, on voit mal ce qui pourrait réunir les trois autres régions car
aucune métropole ionienne d’Asie ne semble avoir adopté cette flexion
à dentale sourde. On se résoudra donc à considérer que la flexion en
-ᾶτος procède, dans les trois régions si éloignées l’une de l’autre, d’un
renouvellement local de la flexion ionienne en -ᾶδος. Le parallélisme des
emplois morphologiques entre les suffixes -ᾶς majoritairement masculin
et -οῦς, -οῦτος 79 majoritairement féminin, qui s’ajoutent aux même radi-
caux onomastiques, pourrait expliquer la transformation en Égypte de
-ᾶδος en ‑ᾶτος 80.
78. Voir supra nos remarques sur le nom Ψαμματᾶς à Abou Simbel au début du vie siècle.
Il n’y a malheureusement pas de noms en -ᾶς dans les graffites de Naucratis.
79. Voir notre article sur ces noms dans Onomatologos, p. 416-418.
80. Je remercie chaleureusement Jean-Luc Fournet pour la révision de la partie
égyptienne de cet article.
81. Voir les références BE 2013, no 80.
322 laurent dubois
4.1. Quasi-ethniques
— Αἰγυπτᾶς, Colophon, ive s. ;
— Κιλικᾶς à Chypre et ailleurs ; plutôt que d’un sobriquet signifiant le
« Cilicien », comme le veut O. Masson, je préfèrerais y voir un quasi-
ethnique appartenant à une série beaucoup moins représentée que les
quasi-ethniques (ou des ethniques sous forme modifiée) en -ων ou
-ίων cités par Bechtel, HPN p. 548-549. C’est le type français Breta-
gnon ou Bretagnol.
82. Sur l’histoire de ce mot, voir L. Robert, « Hellenica », RPh 13 (1939), p. 175-179.
83. Cf. Robert, Noms indigènes, p. 147.
84. Robert, Noms indigènes, p. 171.
85. Robert, Noms indigènes, p. 142-143.
86. Voir Masson, OGS I, p. 176-179.
324 laurent dubois
97. Sur la base d’Épidaure IG IV I2 333 (ive-iiie s.) : j’admets donc sans réserve l’accen-
tuation périspomène de Hiller dans la séquence Ἀριστᾶς Ἀριστάρχου.
98. Les génitifs ioniens Νυμφέω ive a. C. dans la colonie milésienne d’Hermonassa,
CIRB 1065 et Ποίω < *Ποιέω d’une inscription d’Halicarnasse, ve-ive a. C., SEG
43, 713, B, l. 10, sont en fait ceux de noms en -ῆς < -έης < ‑έας. Les nominatifs sont
à tort accentués paroxytons dans le LGPN 5a.
99. Nom attesté dans deux tablettes de Pylos : PY Cn 40, l. 13, dans une liste de
livraisons de moutons ; PY Jn 605 et 942, f. 2, l. 4, dans une liste de livraisons de
bronze.
100. L’hypothèse d’un sobriquet railleur Καταρϝᾶς « Maudit gamin » est moins probable.
des noms en -ᾶς 329
Références bibliographiques
Alpers, K., Bericht über Stand und Methode der Ausgabe des Etym. Gen.,
Copenhague, 1969.
Bechtel, F., Inschriften des ionischen Dialekts, Göttingen, 1887.
101. À la différence de ce que j’avais fait dans mes RDA I, p. 199-200, j’exclus de cette
liste le nom arcadien **Κύδας supposé par le génitif Κύδαυ IG V 2, 30, l. 22, car il
s’agit d’un texte perdu avec des lettres jugées incertaines par les éditeurs antérieurs
à Hiller von Gaertringen en 1913.
102. C’est dans un remarquable fatras philologique qu’ils sont présentés par Hérodien, I,
p. 51-50, puis que figurent à leur côté des noms dont la flexion est toute différente
comme Ποίας, Ποίαντος.
330 laurent dubois
Audrey Mathys
CNRS, fondation Thiers
LATTICE (UMR 8094) et AOROC (UMR 8546)
1. Introduction 1
début, dat. = datif, f. = fin, fict. = personnage de fiction, gén. = génitif, m. = milieu,
R = sonante, tr. = tribu, V = voyelle, gaul. = gaulois, got. = gotique, gr. = grec, lat. =
latin, lit. = lituanien, nt. = neutre, v.h.a. = vieux haut allemand, véd. = védique.
3. Nous reprenons ce terme à Chantraine, Formation, p. 239. Cf. également C. D. Buck
et W. Petersen, A Reverse Index of Greek Nouns and Adjectives, Chicago, 1945,
p. 356, qui évoquent la spécialisation de ‑ηλο‑ dans l’expression de tendances (cf.
par exemple ἀπατηλός « trompeur »), et qui soulignent que cette valeur se trouve
aussi pour d’autres variantes du suffixe, cf. par exemple ὀργίλος « colérique », φει-
δωλός « avare » ; d’après eux, ces formes ne sont pas systématiquement déprécia-
tives en grec.
anthroponymes en -λος, -ιλ(λ)ος, -υλ(λ)ος 335
10. Voir ci-dessous pour des exemples de formes en ‑λος issues de composés en ‑λαος /
‑λεως ou en ‑λοχος. Dans un domaine un peu différent Solmsen-Fraenkel, IESK,
p. 120, citent les cas de Patrocle, cf. par exemple Πατρόκλεες (Α 337) et Πάτροκλος
(Ι 205), ainsi que celui du frère d’Héraclès, Ἰφικλῆς (par ex. Ἰφικλῆα, Hes. Sc. 54),
qui apparaît sous le nom de Ἴφικλος chez Apollonios de Rhodes (par ex. 1.45) et
Diodore de Sicile (par ex. 4.34.1). Des formes de ce type sont attestées dans notre
corpus, cf. par exemple Ἐτέοκλος (LGPN 2, Athènes, ca 540), ou encore Σωκλός
(LGPN 2, Athènes [étranger], ca 408-405) face à Σωκλῆς (LGPN 2, Athènes, vie +).
11. Cf. pour une présentation des données O. Hackstein, « Zur Entwicklung von Moda-
lität in Verbaladjektiven », dans E. Tichy, D. S. Wodtko et B. Irslinger (éd.), Indo-
germanisches Nomen. Derivation, Flexion und Ablaut, Brême, 2003, p. 53-64.
12. Cf. notamment E. Locker, art. cit. (1933), p. 65-68, à propos de ‑ίλος et ‑ύλος, et
Leumann, art. cit., p. 250, à propos de ‑ύλλιον (mais pas de ‑ύλος) ; sur ‑ύλλιον,
opinion inverse chez C. Symeonidis, « Zur altgriechischen Konsonantengemination
in Eigennamen », IF 114 (2009), p. 140. Cf. encore C. Frei-Lüthy, Der Einfluß der
griechischen Personennamen auf die Wortbildung, Heidelberg, 1978, p. 43-80, pour
d’autres exemples d’influence de l’onomastique sur le développement et l’emploi de
certains suffixes, en particulier ‑ίδης, ‑ιμος, et ‑ίας, dans le lexique.
13. Dobias-Dubois, Intr., p. xii
anthroponymes en -λος, -ιλ(λ)ος, -υλ(λ)ος 337
14. Cf. R. Jakobson, « Les embrayeurs, les catégories verbales et le russe », Essais de
linguistique générale, Paris, 1963, p. 177-178, avec bibliographie : « La significa-
tion générale des mots tels que “chiot”, “bâtard” ou “lévrier” pourrait être indiquée
au moyen d’abstractions telles que “la bâtardise”, ou de périphrases comme “jeune
chien”, “chien utilisé dans les courses”, mais la signification générale de “Fido” ne
peut être qualifiée de la sorte. Paraphrasant Bertrand Russell, nous dirons que si
beaucoup de chiens s’appellent “Fido”, ils n’ont en commun aucune propriété spé-
ciale de “fidoïté”. »
338 audrey mathys
15. Dans les anthroponymes, ces deux catégories ne se distinguent pas toujours nette-
ment, notamment lorsque la base de dérivation semble être un adjectif, et, en l’ab-
sence d’arguments sémantiques, il n’est pas toujours aisé, pour un anthroponyme
donné, de déterminer si l’on a affaire à l’un ou l’autre type (cf. Schwyzer, GG I,
p. 485) : par exemple, faut-il voir dans Ἡδύλος un hypocoristique fondé sur un com-
posé en Ἡδυ‑, tel que, par exemple, Ἡδύφιλος (LGPN 2, Athènes, 276-275 ; pour
d’autres noms en Ἡδυ‑, voir Bechtel, HPN 191) ou un diminutif de ἡδύς « doux,
agréable » ? De ce fait, les deux catégories sont souvent traitées ensemble dans les
ouvrages de référence ; cf. K. Brugmann, Vergleichende Laut-, Stammbildungs-
und Flexionslehre nebst Lehre vom Gebrauch der Wortformen der indogermani-
schen Sprachen, vol. II.1, Strasbourg, 1906, p. 367-368, Chantraine, Formation,
p. 249-250 et 256, qui évoque une confusion entre les deux types, et C. D. Buck,
W. Petersen, op. cit., p. 354-355.
16. Chantraine, Formation, p. 237-256. Voir également les données recueillies par
E. Herrmann, Die Liquidaformantien in der Nominalbildung des ionischen Dialekts,
Tübingen, 1911.
anthroponymes en -λος, -ιλ(λ)ος, -υλ(λ)ος 339
pages qui y sont consacrées, on reste frappé par le manque d’unité des
données, dont la raison apparaît d’emblée : comme le note Chantraine,
« le grec a hérité de l’indo-européen un suffixe ‑lo‑ qui n’a pas été pro-
ductif, mais qui s’observe dans un certain nombre de survivances » 17. Le
deuxième fait remarquable que l’on retrouve dans les différentes présen-
tations de ce suffixe est le nombre très important des formes peu claires,
obscures, « sans étymologie », d’étymologie douteuse, etc. 18 Ces carac-
téristiques se reflètent dans le comportement accentuel d’une part non
négligeable des formes en ‑λος : à part dans quelques finales relativement
reconnaissables, telles que ‑ίλος et ‑ύλος, qui semblent attirer l’accent sur
leur première syllabe 19, ainsi que dans quelques adjectifs primaires dont
le suffixe attire l’accent, l’accentuation des formes en ‑λος ne présente
que peu de régularité et est le plus souvent récessive, ce que P. Probert 20
explique de la façon suivante :
The suffix ‑λο‑, which was not productive during the historical period,
was beginning to lose its synchronic identifiability by the time the ancient
Greek accent was codified. Words with ‑λο‑ were tending to become
“demorphologized” even if they were adjectives, although the tendency
was greater for the nouns. The consistent recessive accentuation of
very low frequency nouns with ‑λο‑ can be related to the same general
tendency for a word not to be analysed as having the suffix ‑λο‑.
En ce qui concerne les formations diminutives comportant une
finale ‑λος, qui sont les plus proches de ce que l’on observe dans les
17. Chantraine, Formation, p. 237. Sur la faible productivité des formations en ‑λος,
voir encore C. D. Buck, W. Petersen, op. cit., p. 354 : « In pre-Hellenic times the
suffix ‑lo- had an extensive formal and semantic development in both primary and
secondary formations. Practically all of these uses have left a trace in Greek, and in
one or two directions the suffix even shows a modest productivity. On the whole,
however, it has become fossilized, and only rarely could a distinctive force have
been attributed to it ». Cf. encore Risch, Wortbildung, p. 107.
18. Cf. par exemple Risch, Wortbildung, p. 108-109, où des mentions de ce type
apparaissent quatre fois.
19. Cf. P. Probert, Ancient Greek Accentuation, Oxford, 2006, p. 225, qui analyse cela
comme une morphologisation de la loi de Wheeler, qui imposait le recul de l’ac-
cent originellement final dans des formes de structure dactylique telles que ποικίλος
« bigarré » ou encore ὀργίλος « coléreux ». La morphologisation de cette loi appa-
raît dans des mots tels que τροχίλος « roitelet », dont la structure ne présente pas les
conditions requises pour l’application de la loi de Wheeler.
20. P. Probert, op. cit., p. 293.
340 audrey mathys
21. Cf. Risch, Wortbildung, p. 107, n. 93 ; Frisk, GEW (I, p. 344-345) ; DELG (p. 239) et
EDG I-II (p. 300).
22. Cf. Risch, Wortbildung, p. 107, n. 93.
23. C. D. Buck, W. Petersen, op. cit., p. 354 ; mais Chantraine, Formation, p. 250,
souligne que, si cette fonction diminutive remonte probablement à l’indo-européen,
puisqu’on la retrouve en latin, en gotique et en lituanien, en grec, le suffixe diminutif
‑λος « n’a pas constitué de système, les diminutifs étant formés par un autre
procédé. »
24. C. D. Buck, W. Petersen, op. cit., p. 354-355.
25. Cf. notamment IG VII 707, Tanagra.
26. P. Chantraine, Formation, p. 236-251.
27. Cf. IG IV² 1.121, Épidaure, et É. Lhôte, Les lamelles oraculaires de Dodone,
Genève, 2006, p. 72, Dodone, ca 400-375.
28. Ph. 1.536.
anthroponymes en -λος, -ιλ(λ)ος, -υλ(λ)ος 341
Dans ces conditions, il est compréhensible que l’on soit tenté d’avoir
recours aux faits de l’onomastique pour essayer de préciser la descrip-
tion des différentes variantes du ou des suffixes ‑λος secondaires du grec.
Disposer de données supplémentaires pourrait éventuellement permettre
de mieux comprendre la distribution des différentes variantes à voyelle
de liaison du ou des suffixes ‑λος, ainsi que le statut de la gémination dite
« expressive » ; et, de fait, les anthroponymes en ‑ιλ(λ)ος et en ‑υλ(λ)ος
sont très nombreux et sont donc susceptibles de fournir des renseigne-
ments précieux. Mais il serait imprudent de comparer directement les
anthroponymes au lexique, et il importe, dans un premier temps, de les
étudier pour eux-mêmes et d’essayer de dégager des régularités dans leur
formation.
37. Sur ce point, voir notamment M. Leumann, art. cit., p. 243, qui parle d’allongement
hypocoristique, C. de Lamberterie, Les adjectifs grecs en -υς, sémantique et compa-
raison, Louvain-la-neuve, 1990, p. 196, qui pose *‑υλyος, et, récemment, Symeo-
nidis, art. cit., p. 113, qui postule une extension analogique à partir de mots tels que
πάϊλλος < *παϊδ‑λος « petit enfant » (cf. LSJ p. 1288).
38. Cf. Masson, OGS II, p. 549-561, à propos des formes à géminée.
39. Masson, OGS II, p. 557.
40. Bechtel, HPN 205, signalait que Θεΐλος était douteux ; de fait, cet anthroponyme
n’est pas signalé dans le LGPN.
344 audrey mathys
41. Cf. L. Threatte, The Grammar of Attic Inscriptions, vol. 1. Phonology, Berlin - New
York, 1980, p. 511-513, pour le détail en fonction des types de textes.
42. L. Threatte, op. cit., p. 514.
anthroponymes en -λος, -ιλ(λ)ος, -υλ(λ)ος 345
3.2. Critères de classement
La plus grande difficulté consiste à croiser les différents critères. A
priori, les facteurs suivants sont susceptibles d’être intervenus dans la
distribution des différentes formes de ce qui apparaît comme une finale
‑λος en synchronie :
— type de procédé de formation :
1) hypocoristique avec perte totale de l’un des deux membres du
composé sous-jacent ;
2) hypocoristique avec troncation du second membre commençant
par ‑λ- du composé sous-jacent ;
3) formation en ‑λος, non attestée dans le lexique, avec éventuelle-
ment une voyelle de liaison, sur la base d’un adjectif ou d’un subs-
tantif servant déjà de « surnom » ;
4) formation en ‑λος non primaire déjà attestée dans le lexique.
— Structure de la base de dérivation :
1) vocalisme du radical ;
2) structure du suffixe du premier terme du composé ou du suffixe du
« sobriquet » servant de base à la formation en ‑λος ;
3) structure prosodique de la base.
Il est possible que ces différents facteurs influencent la forme de la
finale des anthroponymes en ‑λο‑ ; plus précisément, ils pourraient avoir
une incidence sur la présence et le timbre d’une éventuelle voyelle de
liaison, sur la présence éventuelle d’une gémination, ainsi que sur l’ac-
centuation de l’anthroponyme qui en résulte. Nous nous limiterons ici
aux deux premiers aspects de cette liste ; l’examen de l’accentuation des
anthroponymes en ‑λος demanderait une étude à part entière, qui prenne
en compte les problèmes posés par les différentes sources sur lesquelles
repose notre connaissance de l’accentuation du grec ancien 43.
43. Sur ce point, voir notamment l’article d’É. Dieu dans le présent volume.
346 audrey mathys
4.2. Critères de distribution
4.2.1. Rôle de la prosodie
La comparaison entre les anthroponymes en ‑υλλος et ceux en ‑ύλος
fait apparaître plusieurs convergences entre les deux types. Outre qu’il
existe un certain nombre de doublets, qui ont été mentionnés plus haut, les
deux finales semblent partager les mêmes caractéristiques formelles, avec
les mêmes problèmes de coupe morphologique dans les quelques formes
fondées sur des radicaux reposant sur des adjectifs en ‑ύς. Ces finales
paraissent en outre remplir les mêmes fonctions, et il n’y a pas d’oppo-
sition notable entre ce qui serait, par exemple, un suffixe spécialisé dans
la formation des hypocoristiques dérivés de composés, et un autre suffixe
permettant de former des diminutifs ou des hypocoristiques sur des adjec-
tifs servant de « sobriquets ». Tout au plus peut-on constater que ‑ύλος
semble légèrement plus fréquent que ‑υλλος dans cette dernière catégorie.
En revanche, et c’est là un fait remarquable, la structure du radical
de l’anthroponyme paraît jouer un rôle dans le choix du suffixe. Même
si le principe n’est pas sans exceptions, dans les anthroponymes tri-
syllabiques, ‑ύλος est surtout répandu lorsque la première syllabe du
radical est longue, alors que ‑υλλος est plus fréquent lorsque le radical
est constitué d’une syllabe brève. Seuls Μεγύλος, dont la lecture est
contestée, Ξενύλος, qui est bien plus rare que Ξένυλλος, Χρεμύλος,
qui est très rare, et Κρατύλος, qui est relativement rare, font excep-
tion au premier principe. Dans deux de ces anthroponymes, l’absence
de géminée pourrait s’expliquer par une forme d’instabilité de la struc-
ture du radical : ainsi, Ξενύλος pourrait être une adaptation d’une forme
antérieure à la chute du ‑ϝ‑ ou d’un nom ionien Ξεινύλος, et Κρατύλος
pourrait être une réfection d’un plus ancien *Καρτύλος, avec une vocali-
sation différente du *‑r̥ ‑ ; mais ce sont probablement là des explications
ad hoc. Il faut encore signaler le cas de Χαριτύλος, où le ‑ι‑ précédant
le suffixe est bref. Les exceptions au second principe sont un peu plus
nombreuses : il s’agit de Ἄντυλλος et de Κώθυλλος, qui sont rares, de
Φείδυλλος, qui est un peu plus rare que Φειδύλος à date ancienne, et de
Ἵππυλλος, qui est relativement fréquent. Il faut probablement ajouter à
cette liste les anthroponymes Δίυλλος, si le ι du premier terme du com-
posé sous-jacent était encore long, et Ἀρίστυλλος, à supposer que les
quadrisyllabes obéissent aux mêmes règles.
354 audrey mathys
59. Cf. entre autres M. Lejeune, Phonétique historique du mycénien et du grec ancien,
Paris, 1972, p. 283.
60. F. de Saussure, « Une loi rythmique de la langue grecque », dans C. Bally et
L. Gautier (éd.), Recueil des publications scientifiques de Ferdinand de Saussure,
Genève, 1921, p. 464.
61. A. Devine, L. Stephens, The Prosody of Greek Speech, New York - Oxford, 1994,
p. 104.
anthroponymes en -λος, -ιλ(λ)ος, -υλ(λ)ος 355
68. Les exemples de gémination rythmique mentionnés par F. de Saussure, art. cit.,
p. 473 sont en général expliqués différemment aujourd’hui.
69. F. de Saussure, art. cit., p. 474. Cf. Aristote (Poét. 4.19.1449a26).
70. A. Devine, L. Stephens, op. cit., p. 121. Pour d’autres manifestations de cette distri-
bution entre unités longues et brèves, voir dans le même ouvrage les p. 99-117, qui
évoquent des faits accentuels, métriques et stylistiques.
anthroponymes en -λος, -ιλ(λ)ος, -υλ(λ)ος 357
sur la base de ces adjectifs, sans gémination alors même que la base était
brève ; cela a pu freiner l’extension de la gémination dans les anthro-
ponymes correspondants. De même, que des formes dérivées de noms
d’animaux (Χρεμύλος, Ἵππυλλος) fassent exception au principe énoncé
ici pourrait s’expliquer par le fait qu’il ne s’agit peut-être pas toujours
d’hypocoristiques fondés sur des composés : ce n’est donc peut-être pas
tout à fait le même suffixe.
Enfin, on pourrait objecter qu’un relevé portant, par exemple, sur l’en-
semble des données recueillies dans les HPN de Bechtel, ferait apparaître
de nombreux contre-exemples à une distribution rythmique des gémi-
nées. En effet, on trouve parfois, dans d’autres régions, des doublets des
formes que nous citons ici, ce qui suggère que notre hypothèse ne rend
compte que des faits attiques. C’est ce que paraît indiquer le sondage que
nous avons effectué dans les CEG de Hansen, où la quantité des voyelles
des anthroponymes ne fait aucun doute du fait des contraintes métriques :
les noms attestés en Attique ne contredisent pas la distribution proposée,
puisque l’on y trouve Αἰσχυλ[ίδ]ες (CEG 207, ca 510-500) et l’accusatif
Σιμύλον (CEG 469, 433-432, la personne est d’origine corcyréenne),
dans des contextes où il faut une initiale dactylique ; en revanche, les
données des autres régions n’obéissent pas toujours aux mêmes règles 71,
et il faudrait probablement, pour chacune d’entre elles, procéder à une
étude systématique comme celle que nous menons ici pour les anthropo-
nymes attestés en Attique. Mais le fait qu’une règle ne fonctionne que
dans une zone géographique restreinte ne l’invalide pas.
71. Anthroponymes conformes à la loi rythmique : dat. Αἰσχύλοι (CEG 445, Béotie,
ca 550-525 ?), Θριπύλος < θρίψ « ver qui ronge le bois » (CEG 392, Himèra, fin
vie ; mais on a également proposé d’y voir une forme altérée d’un composé Τρί-
πυλος), gén. Γογγύλου (CEG 824.8, Arcadie, 369), Θυμίλος (CEG 847, Crète, ca
300 ?), gén. Μενύλλου (CEG 637, Thessalie, 458-457), et peut-être [Φ]ωκύλος
(CEG 853, Samos, av. 365, inscription très abîmée) ; anthroponymes qui contre-
disent cette loi rythmique : Αἴσχυλλο[ς] (CEG 364, Argos, ca 500-480 ?), peut-être
acc. [?A]̣σχ̣υ[λλο]ν (CEG 149, Motyè, ca 475-450 ?), gén. hαγιλλο = Ἡγιλλου (CEG
808, Égine, fin ve ?). Nous laissons de côté la forme Ὀσθ�ίλος (CEG 113, Béotie, ca
500-480 ?), qui est obscure. Il est remarquable que les exceptions aboutissent tou-
jours à créer des suites de deux longues (radical et début du suffixe), et jamais des
groupes de deux brèves ; mais c’est peut-être en partie lié au type de textes, puisque
les inscriptions métriques en hexamètres dactyliques et en distiques élégiaques
tolèrent mieux les suites de plusieurs longues que les suites de brèves.
358 audrey mathys
75. Cf. notamment L. Lupaş, Phonologie du grec attique, La Haye - Paris, 1972, p. 159,
qui signale que cette syllabation est majoritaire chez Aristophane.
76. Voir ci-dessus 4.2.1.
77. A. Devine, L. Stephens, op. cit., p. 40.
anthroponymes en -λος, -ιλ(λ)ος, -υλ(λ)ος 361
5.1. Proposition de classement
On peut proposer le classement suivant des formes attestées dans le
domaine attique. Comme pour les formes en ‑ύλος et en ‑υλλος, nous
indiquons lorsque des formes en ‑ων ou en ‑ώ (sans ‑ι-) sont attestées sur
la même base 78. Nous ne séparons pas les noms à géminée de ceux sans
géminée 79 :
1. Hypocoristiques sur la base de composés :
a) Composés dont le premier élément est susceptible d’avoir com-
porté un ‑ι‑ :
78. Sur le lien entre les formes en ‑ιλος et les formes en ‑ων dans les anthroponymes, cf.
J. L. García Ramón, « Anthroponymica Mycenaea », Minos 35 (2000), p. 435-436,
qui en donne des exemples y compris en mycénien.
79. Nous ne tenons pas compte ici de Πάμιλλος (LGPN 2, Athènes, ? ve), dont la lecture
n’est pas claire, et que Bechtel ne mentionne pas dans les HPN.
362 audrey mathys
93. Rappelons que les noms en composés en ‑ι‑λαος et ‑ι‑λοχος font probablement
exception à cette règle.
94. J.-L. Perpillou, art. cit., p. 235. Cf. également C. de Lamberterie, op. cit., p. 715.
368 audrey mathys
6.3. Bilan
L’examen des données attiques a montré que les anthroponymes en
‑ίλος et en ‑ιλλος constituent un groupe moins homogène que celui des
noms en ‑υλ(λ)ος, à la fois parce que certaines formes semblent être pas-
sées directement du lexique à l’onomastique, et parce que la coupe mor-
phologique, dans certains hypocoristiques, est susceptible de passer entre
la voyelle précédant le ‑λ‑ et la consonne géminée, voire entre les deux
consonnes.
L’existence d’un nombre significatif de formes en ‑ίλος à radical bref
prouve bien que, dans la synchronie du grec classique au moins, ce qui
semble se produire dans les formes en ‑υλ(λ)ος n’est pas phonologique,
mais morphologique, puisque des formes présentant des caractéristiques
prosodiques apparemment évitées pour les anthroponymes en ‑υλ(λ)ος
semblent bien acceptées dans les anthroponymes en ‑ιλ(λ)ος. Toutefois,
la distribution entre forme à géminée combinée avec une syllabe radi-
cale brève et forme à consonne simple combinée avec une syllabe radi-
cale longue semble fonctionner pour les hypocoristiques fondés sur des
anthroponymes composés dont le deuxième terme ne comporte pas de
anthroponymes en -λος, -ιλ(λ)ος, -υλ(λ)ος 371
Conclusion
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anthroponymes en -λος, -ιλ(λ)ος, -υλ(λ)ος 377
Florian Réveilhac
Université Paris-Sorbonne
UMR 8167 Orient & Méditerranée
Introduction
1. Ce travail a été initié dans le cadre des recherches que j’ai menées en master sous
la direction du Pr. M. Egetmeyer : qu’il soit ici remercié pour sa disponibilité et les
observations judicieuses qu’il m’a adressées. J’exprime également ma gratitude à
l’égard de Mmes C. Dobias-Lalou, N. Guilleux, A. Mathys, S. Minon et N. Rousseau,
ainsi qu’envers MM. A. Alonso Déniz et L. Dubois, pour leurs remarques précieuses
et les nombreuses références qu’ils m’ont communiquées. Je demeure, néanmoins,
seul responsable des erreurs qui pourraient subsister.
2. Cf. Schwyzer, GG I, p. 470-472 ; P. Monteil, « Les formations grecques diminutives
en -ύδριον », Mélanges de linguistique et de philologie grecques offerts à P. Chan-
traine, Paris, 1972, p. 142 n. 3.
3. Voir, p. ex., O. Masson, « Quelques noms de femmes au neutre dans les inscriptions
attiques », Horos 7, 1989, p. 45-52 (= OGS III, p. 61-68) et « Remarques sur les
noms de femmes en grec », Mus. Helv. 47 (1990), p. 132-133 (= OGS III, p. 96-97).
380 florian réveilha
les noms de personnes grecs à date ancienne, mais à partir de quand est-il
employé exactement ? Et par quels processus est-il entré dans la forma-
tion des anthroponymes ?
Dans un premier temps, nous déterminerons, à partir des données
dont dispose l’onomatologue, à quel moment les noms en -ιον font leur
apparition, quelle est leur répartition et s’ils sont strictement réservés aux
femmes. Nous examinerons ensuite les différents types morphologiques
onomastiques où le suffixe -ιον est représenté ainsi que les suffixes com-
plexes qu’il contribue à former. Dans un dernier temps, nous étudierons
les formations en -ιον dans une perspective sémantique.
7. Le nom Φυλάκιον, également répertorié dans LGPN 2 (Athènes, ve-ive s. a. C.), est
loin d’être attesté avec certitude. Il s’agit, en effet, du nom de la personne maudite
dans une tabella defixionis légèrement abîmée (Wissenschaftliche Mitteilungen aus
Bosnien und der Hercegowina 10 [1907], 376 A) et, outre leur nombre incomplet,
ses lettres ont volontairement été écrites dans le désordre, selon l’usage fréquent
dans la defixio attique de cette époque.
8. IG II2 12255 = PA 10472b.
9. IG II2 12220.
10. On connaît une Κάλλιον femme d’Ἀριστοκλῆς, dont le nom apparaît dans plusieurs
inscriptions athéniennes, notamment dans des inventaires de trésoriers d’Athéna et
d’autres dieux, entre la fin du ve s. et le début du ive s. a. C. (IG II2 1400, 42 = cf.
SEG 34, 116 ; IG II2 1401 et SEG 34, 116, 26 ; IG II2 1402 add. = SEG 23, 82, 35).
Le LGPN 1 répertorie aussi un témoignage de Κάλλιον à la même époque, mais à
Salamine, Chypre (ICS 318 b), or il convient d’être prudent parce qu’il s’agit d’une
inscription sur pierre difficile à dater, mais surtout parce qu’elle est rédigée en carac-
tères syllabiques : s’il est vrai que ka-li-yo peut représenter le génitif Καλλίω d’un
nom Κάλλιον, il peut aussi être un nominatif Καλλιώ, voir O. Masson apud V. Kara-
georghis, BCH 87 (1963), p. 355-356.
11. Le nom Σελίνιον est attesté à Thespies, en Béotie, sur un monument funéraire qui
ne porte que ce nom-là (A. Plassart, BCH 82 (1958), p. 11, no 28 = SEG 19, 353 j).
D’après l’alphabet utilisé pour sa rédaction, on déduit qu’il remonte à la fin du ve s.
ou au début du ive s. a. C.
12. On lit ΒΟΥΒΑΛΙΟΝ ΚΑΛΗ au dos d’un fragment de mosaïque retrouvé dans le
quartier de Céramique (AA 1993, p. 139).
13. FGrH 338 F 4 = Athénée 13, 576 c.
384 florian réveilha
14. Il faut souligner que l’on ne connaît aucun anthroponyme en -ιον datant du ive s.
a. C. dans le LGPN 3a, c’est-à-dire dans le volume qui recense les noms des régions
occidentales de la Grèce, la Grande Grèce et la Sicile. Les premiers témoignages de
noms en -ιον dans ce volume remontent au iiie s. a. C. seulement.
15. L’onomatologue qui voudra relever les anthroponymes grecs d’Égypte trouvera une
base de données unique et des moteurs de recherches très utiles sur le site Trisme-
gistos (http://www.trismegistos.org), dont le projet a été initié et est coordonné par
Mark Depauw, de la Katholieke Universiteit Leuven.
16. MDAI(A) 67 (1942), p. 105, no 105, 1.
17. PCG V F 67, cf. Athénée 13, 568 f.
18. PCG II F 225, 1 = Athénée, 13, 587 b.
19. PCG II F 23, 3 = Athénée, 13, 567 b.
les noms en -ιον : morphologie et sémantique 385
27. Machon, fr. 17 = Athénée, 13, 581 a. Γναθαίνιον est attesté ensuite chez Plutarque
(Paul-Émile, 8) comme nom d’une couturière.
28. Anthologie grecque 6, 289, 1.
29. Op. cit., 5, 207, 1.
30. Op. cit., 5, 192, 1 ; 5, 96, 1 ; 12, 53, 4 et 82, 6.
31. Sur cette question, voir D. J. Georgacas, « On the Nominal Endings -ις, -ιν, in
Later Greek », Classical Philology 43 (1948), p. 243-260 ainsi que J. A. Berenguer
Sánchez et J. Rodríguez Somolinos, « Sur la flexion nominale en -ις, -ιν », dans
B. Palme (éd.), Akten des 23. Internationalen Papyrologenkongresses, Wien, 22.-28.
Juli 2001, Vienne, 2007, p. 39-48.
les noms en -ιον : morphologie et sémantique 387
40. O. Masson, « Remarques sur les noms de femme en grec », Mus. Helv. 47 (1990),
p. 132 (= OGS III, p. 96).
41. K. Stüber, dans K. Stüber, K., T. Zehnder et U. Remmer, Indogermanische Frauen-
namen, Heidelberg, 2009, p. 102, prétend, par exemple, qu’aucun anthroponyme
masculin en -ιον n’a jamais été attesté avec certitude.
42. O. Masson, « Nouvelles notes », p. 63-64 (= OGS III, p. 270-271).
43. IG VII, 2076.
les noms en -ιον : morphologie et sémantique 389
Parmi les noms en -ιον attestés dans les papyrus égyptiens, il s’en
trouve quelques uns au iiie siècle a. C. qui sont associés à des hommes
par les papyrologues, sans que cela ne se justifie toujours. Ainsi, Ἐλά-
φιον 44 et Ἐμπόριον 45 sont-ils recensés dans la Prosopographia Ptole-
maica 46 comme des noms d’hommes, sans que le contexte ne permette
d’affirmer qu’ils se réfèrent bien à des individus de sexe masculin, dans
la mesure où d’autres femmes sont mentionnées dans les mêmes listes.
Le cas de Σίμιον 47, qui apparaît lui aussi dans un papyrus du milieu du iiie
s. a. C. et tenu pour masculin dans la Prosopographia Ptolemaica, doit
être considéré avec prudence puisque c’est à partir du génitif Σιμίου que
le nom a été recensé. Or une telle forme constitue plus probablement le
génitif de l’anthroponyme Σιμίας, bien attesté depuis le vie s. a. C.
Dans l’épigraphie, les exemples de noms masculins en -ιον sont rares,
mais ils existent : O. Masson en avait relevé six 48. Sur un graffite égyp-
tien 49 apparaît le nom d’un κίναιδος, Στρούθι(o)ν, écrit Στρούθειν. Or le
cinède, par sa fonction même, possède des caractéristiques éminemment
féminines et, de fait, Στρούθιον, qui appartient au groupe des diminu-
tifs formés sur ὁ στρουθός « le moineau », est connu comme nom d’une
Byzantine du ier s. p. C. (LGPN 4) 50. On peut ajouter un autre témoi-
gnage égyptien de ce nom porté par un homme : Σαραπίων Κεφαλᾶ ἐπι-
καλ(ούμενος) Στρούθειν 51. Il constitue, donc, dans ce dernier exemple, le
surnom d’un homme. À Rome, on trouve trois noms d’hommes en -ιον,
absents du LGPN 3a : Ikadium 52, correspondant à une forme *Εἰκάδιον
non attestée, mais dérivée du numéral « vingt », probablement en réfé-
rence au vingtième jour du mois ; Βούδιον apparaît dans une épitaphe 53
44. P. Cairo Zen. 3. 59333, au datif (10 et 49 : Ἐλαφίωι) et au génitif (56 : Ἐλαφίου).
45. PP 14358 (P. Lille 1. 27, 8).
46. La base de données est accessible en ligne à l’adresse suivante : http://prosptol.arts.
kuleuven.ac.be/pp.html.
47. PP 10476 (P. Cairo Zen. 5. 59825, 13), au génitif (Σιμίου).
48. O. Masson, « Nouvelles notes », p. 64-66 (= OGS III, p. 271-273).
49. IPhilae 155 = CIG 4926.
50. IByz. 146 = N. Fıratlı, L. Robert, Les stèles funéraires de Byzance gréco-romaine,
Paris, 1964, p. 116 no 193.
51. P.Petaus 26, du iiie p. C. (cf. commentaire des éditeurs, p. 146-147, avec bibliogra-
phie). Je remercie A. Alonso Déniz de m’avoir communiqué cette référence.
52. CIL VI, 14211. Nom incontestablement masculin, en dépit des doutes de Solin,
GPNR, p. 1035 (cf. déjà dans Arctos 19 [1985], p. 209) : cf. O. Masson, « Nouvelles
notes », p. 65.
53. IGUR 950.
390 florian réveilha
61. R. Schmitt, « Morphologie der Namen: Vollnamen und Kurznamen bzw. Kosenamen
im Indogermanischen », dans Namenforschung I, p. 425.
62. Bechtel, HPN 26-27.
63. Bechtel, HPN 319-321.
64. Bechtel, HPN 382-383.
65. Bechtel, HPN 389-390.
66. Le nom Στράτιον peut aussi entrer dans le type c2, c’est-à-dire celui des diminutifs
formés à partir du second membre du composé : les noms en -στράτη ou -στρατος
sont fort bien représentés eux aussi.
67. Bechtel, HPN 408-411.
68. Bechtel, HPN 419-420.
69. Bechtel, HPN 438-440.
70. Bechtel, HPN 443-444.
71. Bechtel, HPN 339. L’origine Ξεναγόρας de Ξενάγιον est suggérée par le nombre
important des témoignages de ce nom (une quarantaine depuis le ive s. a. C., répartis
entre LGPN 1, 2, 3A, 3B et 5A), tandis qu’il n’existe, à notre connaissance, aucun
exemple de composé en Ξεν-αγ- dont le second membre représenterait le radical de
ἄγω.
72. Bechtel, HPN 426.
392 florian réveilha
qui, par la suite, ont pu être employés comme noms propres, pouvant
servir eux-mêmes de bases de dérivation anthroponymique, comme en
témoigne Μνᾱστήρ-ᾱς (LGPN 1 : Itanos, iie a. C.). Il est donc essen-
tiel d’adopter, conjointement à la segmentation morphologique de nos
formes, une perspective diachronique dans l’étude des finales complexes
afin de déterminer les procédés qui ont conduit à l’emploi des suffixes
qui sont à l’œuvre et à leurs réinterprétations éventuelles. Nous tâche-
rons donc de déterminer avec précision les différentes phases de créa-
tion des finales complexes en -ιον, en nous appuyant, autant que faire
se peut, sur la chronologie des attestations, afin d’indiquer si la finale
contenue dans tel anthroponyme est issue d’une véritable concaténation
– lorsque l’étape de dérivation précédente nous est connue (par exemple,
dans le cas de Σωτηρίδιον, Σωτηρ-ίδης/-ίδᾱς) – ou si elle est simplement
le résultat d’une réinterprétation morphologique ayant entraîné la créa-
tion d’un morphème renforcé.
2.2.1. La finale -ίδιον
Parmi les anthroponymes en -ίδιον, il en est un, Μείδιον (LGPN 2 :
Athènes, ive ‑ iiie a. C.) 82, qui correspond au diminutif en -ιον d’un com-
posé à premier membre Μειδ(ι)- 83, formé sur le radical que l’on trouve
dans le verbe μειδιάω « sourire » et dans le substantif τὸ μεῖδος « sou-
rire ». La séquence -ιδ- est donc, dans le cas de Μείδ-ιον, constitutive de
la base, issue de la racine *smeid- 84.
Les anthroponymes Νικίδιον (LGPN 1, 3b) et Σωτηρίδιον (LGPN
3a : Syracuse, iiie-ve p. C.), quant à eux, ont de bonnes chances de com-
porter une réelle chaîne suffixale -ίδ-ιον, dont le premier élément forme
le suffixe dit patronymique -ίδᾱς/-ίδης 85. Νικ-ίδιον est attesté quatre
fois : d’abord comme nom d’une hétaïre de l’époque classique 86, puis,
entre le iiie et le iie s. a. C., dans deux inscriptions attiques 87 et une béo-
tienne 88. Ces deux noms sont probablement le résultat d’une dérivation
89. Νικίδης se rencontre dès la fin du vie s. a. C., à Thasos, par exemple : IG XII (8) 275,
9.
90. Les premières attestations de Σωτηρίδης remontent au ve s. a. C., à Athènes notam-
ment : IG I3 1335 et IG II2 12745.
91. Sur cet appellatif, voir É. Benveniste, Noms d’agent et noms d’action en indo-euro-
péen, Paris, 1948, p. 50-51.
92. Bechtel, HPN 570.
93. Bechtel, HPN 331-335.
94. Sur les différentes sources de -ιδώ, voir plus bas.
95. Attesté dans une inscription arcadienne du ive ou du iiie s. a. C. : A. K. Orlandos,
Alipheira, Athènes, 1968, p. 237.
96. Il existe 21 attestations de Βοΐδιον, dont la moitié datent du ive s. a. C. On connaît
même une Tonneia Boedion à Rome, au ier s. p. C. (Solin, GPNR, 2.1125).
97. Aristote, H. A., 3, 21, 2.
98. Titia Enchiridium, nom d’une affranchie : Rend. Linc. 29 (1974), p. 629, no 38 =
Eph. Ep. VIII 85.
396 florian réveilha
notera que, pour les deux substantifs, la finale -ίδιον n’a pas tout à fait
la même origine ni la même valeur sémantique : dans βοΐδιον, on per-
çoit nettement le sens diminutif, tandis qu’ἐγχειρίδιον n’est autre que
la forme de neutre substantivée de l’adjectif ἐγχειρίδιος « que l’on tient
dans la main » 99.
La finale -ίδιον a pu être utilisée dans la formation des noms propres,
avec la valeur hypocoristique qu’elle pouvait dénoter déjà dans le lexique,
où ses trois sources principales ont été étudiées en détail par Petersen 100 :
— un certain nombre d’appellatifs en -ίδιον résultent de la substan-
tivation d’adjectifs en -ιδιο-, déjà présents chez Homère et qui consti-
tuent originellement des composés hypostatiques désignant l’individu
ou l’objet en fonction de l’endroit où il se trouve : ἐγχειρίδιος « dans la
main », ἐπιθαλασσίδιος « à la mer », etc.
— pour quelques noms en -ίδιον, le -ι- est en réalité à rattacher à la
base, et ils constituent donc à proprement parler des dérivés en -διον,
comme χωρί-διον « petit domaine » formé sur χωρίον, mais réinterprété
comme χωρ-ίδιον, autrement dit comme un dérivé en -ίδιον de χώρα ou
de χῶρος. Bien que l’existence d’un suffixe -διον ait été débattue, elle ne
fait aucun doute pour Petersen 101, qui considère même ce dernier comme
l’une des plus anciennes finales complexes en -ιον, puisque βού-διον
(βοῦς) est attesté dès le ve s. a. C. chez Hermippos (fr. 36, 2). Les ori-
gines de -διον sont diverses : il est tiré de formes substantivées d’adjectifs
en -διος, comme ἀμφάδιος « qui se fait ouvertement », lui-même dérivé
de l’adverbe ἀμφαδόν « ouvertement », mais il y a également plusieurs
noms en -διον tirés de monosyllaβes, comme βού-διον « petit bœuf » sur
βούς ou γή-διον « petit domaine » sur γή. Ces substantifs ont été créés
sur le modèle de παιδ-ίον, réinterprété en παι-δίον, notamment dans le
cadre de formules au vocatif lorsqu’il était associé à la forme du subs-
tantif simple (παῖ, παιδίον « fils, fiston » dans Les Nuées, 132 ; παιδίον,
παῖ « fiston, fils », dans Les Grenouilles, 37), puisque la dentale finale du
99. P. Chantraine, Formation, p. 68-69 ; sur le suffixe -ιδιο- dans les composés hyposta-
tiques et la difficulté d’établir l’origine de la dentale, voir N. Rousseau, Du syntagme
au lexique : sur la composition en grec ancien, Paris, 2016, p. 84 sq.
100. W. Petersen, Greek Diminutives in -ιον, Weimar, 1910, p. 221-222.
101. Ibid., p. 212-220.
les noms en -ιον : morphologie et sémantique 397
thème 102 n’était plus visible dans παῖ 103. Le suffixe complexe -διον pré-
sentait l’avantage d’éviter l’hiatus qu’aurait nécessairement induit l’ad-
jonction du suffixe ‑ιον à des bases possédant une finale vocalique.
— la source la plus féconde de termes en -ίδιον est évidemment celle
des dérivés en ‑ιον sur des thèmes en -ιδ-, comme σπυρίδ-ιον (Les Achar-
niens, 453 et 469) ou ἀσπίδ-ιον (Hermipp. fr. 15) formés respectivement
sur σπυρίς « corbeille, panier » et ἀσπίς « bouclier », qui sont eux-mêmes
des noms d’instrument dérivés au moyen du suffixe -ιδ-.
Une fois constituée, la finale complexe -ίδιον est devenue un mor-
phème qui a possédé différentes valeurs sémantiques, dont, principa-
lement, celles de diminutif et d’hypocoristique, équivalent ainsi à -ιον,
qu’elle a d’ailleurs pu suppléer dans la formation de diminutifs de subs-
tantifs lorsqu’il était impossible d’employer ce dernier : puisque -ιον ne
pouvait pas servir à former le diminutif d’ἀργύριον « monnaie d’argent »,
attendu que ce substantif était déjà lui-même un dérivé en -ιον d’ἄργυρος,
le diminutif ἀργυρ-ίδιον « petite somme d’argent » (Ploutos, 147) a pu
être créé et, puisque πάτρ-ιον, dérivé de πατήρ, existait déjà avec le sens
de « coutume ancestrale », l’hypocoristique de nom du père a été formé
grâce à la finale -ίδιον en πατρ-ίδιον. Comme cela a été remarqué précé-
demment, -ίδιον a connu une grande fortune comme finale d’hypocoris-
tique dans la langue familière dès l’époque classique, associée aussi bien
à des noms de parenté qu’à des noms de personnes, comme en témoigne
la Comédie Ancienne 104.
La finale -ιδώ. — À l’instar de -ίδιον, la finale complexe -ιδώ connaît,
en diachronie, plusieurs origines. Dans le cas du récent Ἐλπιδώ 105, on a
affaire à un nom en -ώ, formé sur le nom Ἐλπίς 106, issu de l’appellatif
102. Bien que la forme du radical sur lequel repose παῖς ne soit pas reconstruite de façon
assurée (voir DELG s.v. et CEG 2, 1997, M. Egetmeyer), la séquence -ιδ- du thème
παιδ- est secondaire.
103. W. Petersen, Greek Diminutives, p. 207 et 219.
104. Ibid., p. 238-240, avec de nombreux exemples.
105. Attesté deux fois seulement dans des inscriptions d’époque impériale, l’une dans
la petite île de Nèsos (LGPN 1, imp. : IG XII Suppl. p. 51 no. 149), l’autre à Milet
(LGPN 5b, iie a. C. : IG II2 9541 = FRA 4388).
106. Cet anthroponyme, qui apparaît dès le ive s. a. C. comme nom d’une affranchie à
Athènes (LGPN 2 : SEG 25, 178, 4), à Atrax (LGPN 3b : SEG 40, 469 a) et à Thèbes
(LGPN 3b : IG IX (2) 122), connaîtra une immense fortune à partir de la fin de
l’époque hellénistique (le site search du LGPN en recense plus de 300 attestations).
398 florian réveilha
ἐλπίς « espoir », qui est lui-même un dérivé en -ιδ- sur le radical ἐλπ-
(cf. ἔλπομαι). Certains résultent également d’une dérivation secondaire
à partir de noms en -ίδᾱς / -ίδης ainsi Νικ-ιδ-ώ (LGPN 3a: Alipheira, ive-
iiie s. a. C.) 107 de Νικ-ίδης 108, Λαμπ-ιδ-ώ (LGPN 3b : Démétrias, iiie s.
a. C.) 109 de Λαμπ-ίδης (LGPN 1 : Aphareus, ive-iiie s. a. C.) 110, Γλαυκ-
ιδ-ώ (LGPN 3a : Mikhaltsi [mod.], ive s. a. C.) 111, de Γλαυκ‑ίδᾱς (LGPN
3a : Mantinée, 425-400 a. C 112. et ive s. a. C. 113) ou Γλαυκ‑ίδης (trois
témoignages attiques au ive s. a. C. : voir LGPN 2) 114 et Ἀριστε-ιδώ
(LGPN 2 : Lamptrée, iie a. C.) 115, d’Ἀριστε-ίδης ou Ἀριστε-ίδᾱς (près
de 450 attestations pour l’une et l’autre de ces variantes, à partir du vie s.
a. C. pour Ἀριστείδης et du ive s. a. C. pour Ἀριστείδᾱς). On remarque,
néanmoins, que, contrairement aux anthroponymes en -ίδιον, une
bonne partie des noms en -ιδώ constituent des diminutifs de composés :
Ἀλκι-δ-ώ (LGPN 3a : Hyperteleaton, ca 500 a. C.) 116 de Ἀλκί-δημος/-
δᾱμος (plusieurs attestations depuis au moins le ve s. a. C.), Κλει-δ-ώ
(LGPN 2 : Athènes, ive s. a. C.) 117 de Κλεί-δημος/-δᾱμος (Κλείδημος
est attesté plusieurs fois depuis le ve s. a. C. et Κλείδᾱμος depuis le ive
s. a. C.) et peut-être Θε-αιδ-ώ (LGPN 3b : Thèbes, vie-ve s. a. C.) 118 de
Θε-αίδητος (bien qu’attesté seulement à partir du ive s. a. C. : LGPN 1
et 5a). Dans le cas du nom Ἀγιδώ, qui constitue le nom en ‑ιδώ le plus
ancien puisqu’il apparaît au viie s. a. C. chez Alcman (PMGF I, 1, 40,
42, 58, 80), si le composé Ἀγί-δᾱμος apparaît en Messénie seulement au
ier s. p. C. (LGPN 3a) 119, l’existence d’Ἀγέ-δᾱμος est attestée dès le ive s.
132. Sur le groupe des anthroponymes formés sur cet adjectif, voir Robert, Noms indi-
gènes, p. 253-255.
133. S. Minon, art. cit., p. 303-304, avec des exemples.
134. Erotarin : CIL IV 9945 = Gnomon 45 (1973), p. 268.
135. IG XII (3) 69.
402 florian réveilha
138. Pour une analyse complète des anthroponymes en -λος, nous renvoyons à la contri-
bution d’A. Mathys dans le présent volume, qui présente notamment les critères de
distribution de -ύλος, -υλλος, -ίλος et -ιλλος dans l’onomastique de façon tout à fait
éclairante.
139. M. Leumann, « Deminutiva auf -ύλλιον und Personennamen mit Kennvokal υ im
Griechischen », Glotta 32 (1953), p. 214-225.
140. La forme Ἀρχύλος existe également, même si elle est moins fréquente, notamment
comme nom d’un personnage de Thourioi au ive s. a. C. chez Diodore de Sicile
(14.52.5 et 53.4).
141. IG XII (9) 191 B, 11.
142. IG V (2) 271, 4.
143. IG XII (5) 872, 2, 40.
144. La géminée dans -υλλᾰ résulte de l’assimilation du yod du suffixe de féminin *‑i̯ a-
avec le l du suffixe ‑υλ(ο)‑. Cf. O. Masson, « Géminations expressives », p. 226
(= OGS II, p. 558) et compte rendu LGPN 1, Gnomon 1990, p. 102-103 (= OGS III,
p. 75-76).
145. IG II2 11911 = SEG 39, 257 et IG II2 11179.
146. SEG 42, 494.1.
404 florian réveilha
etc. sur ἄνθος (Bechtel, HPN 54-57), il faut ajouter Ἀνθύλλιον (LGPN
1 : Chios, époque impériale). Cet anthroponyme vient ainsi compléter le
sous-groupe des féminins présentant le suffixe -υλ(λ)-, à savoir Ἄνθυλλα,
Ἀνθύλη 147 et Ἀνθυλλίς, représentés tous les trois plusieurs fois depuis
l’époque classique.
Trois autres formes en -ύλ(λ)ιον constituent des dérivés de diminutifs
de noms simples en -ύλος ou en -υλλος. Ἡδύλιον, d’abord, est la plus
anciennement attestée et fait l’objet des plus nombreux témoignages, à
savoir cinq. Le premier d’entre eux provient du nom d’une affranchie à
Athènes, vers 330-320 a. C. (LGPN 2) 148 ; Ἡδύλιον apparaît dans une
autre inscription athénienne datant du siècle suivant (LGPN 2 : ca 258-
257 a. C.) 149, comme nom d’une Samienne entre le ier s. a. C. et le ier p. C.
(LGPN 1) 150, ainsi que dans deux inscriptions de l’époque impériale,
l’une retrouvée à Rhodes (LGPN 1) 151, l’autre, rédigée en latin, prove-
nant d’Apulie (Hedylium, LGPN 3a) 152. Il s’agit là d’un hypocoristique
dont la base Ἡδύλος est fort bien représentée depuis la fin du ve s. a. C.
notamment en Attique (voir LGPN 2, s.v.), tout comme son équivalent
féminin Ἡδύλη qui apparaît dès le ive s. a. C. (plus de 25 attestations
au ive s. a. C. dans la région d’Athènes). Ἡδύλος et Ἡδύλη représentent
eux-mêmes les hypocoristiques en ‑ύλος d’un surnom issu de l’ad-
jectif ἡδύς (HPN 511). À côté de Ἡδύλιον, on note également l’exis-
tence d’une autre forme hypocoristique, Ἡδυλίνη, attestée à huit reprises
entre le ive et le iiie s. a. C., principalement en Attique (cf. LGPN 2, s.v. ;
une seule fois ailleurs : LGPN 3b, Démétrias, iiie s. a. C. 153). Le nom de
l’Éolienne Μεθύλλιον, qui apparaît dans une inscription attique (LGPN
147. Ἀνθύλη apparaît sur deux hydries attiques à figures noires (LGPN 2 : Athènes, ca
525 a. C., écrit ΑΝΘΥΛΕ [J. D. Beazley, Attic black-figure vase-painters, Oxford,
1956, p. 676, nos 1-2]) et sur un graffito (LGPN 2 : Athènes, ca 550-525 a. C., écrit
ΑΝΘΥΛΕ [Beazley, ABV, p. 676]), mais la forme a été corrigée à tort en Ἀνθύλλη par
les rédacteurs du LGPN. La géminée dans un tel cas ne saurait pourtant s’expliquer
phonétiquement et les noms en -ύλλη sont d’ailleurs rarissimes.
148. IG II2 1560, 16.
149. IG II2 1534 B = Aleshire, Asklepieion, Inv. V, 74.
150. MDAI(A) 49 (1924), p. 28, no 2.
151. Nuov. Suppl. Rod. 7.
152. Le epigrafi romane di Canosa, I (éd. M. Chelotti, R. Gaeta, V. Morizio, F. Grelle et
M. Pani), Bari, 1985, no 206 = CIL IX 6191 (cf. Solin, GPNR, 2.948).
153. Polemon 4 (1949-50), p. 86 no 263.
les noms en -ιον : morphologie et sémantique 405
160. Sur l’étymologie délicate de μαλθακός et son rapport avec μαλακός, voir DELG s.v.
161. Bechtel, AF, p. 117 ; O. Masson « Quelques noms de femmes au neutre », p. 47
(= OGS III, p. 63).
162. DELG s.v. σάμαξ.
163. O. Masson, « Les anthroponymes grecs à Délos », Comptes et inventaires dans la
cité grecque, Neuchâtel - Genève, 1988, p. 79 (= OGS III, p. 8).
les noms en -ιον : morphologie et sémantique 407
3. Étude sémantique
« cochon » attesté dès le ve s. a. C. 191. L’origine d’un tel nom est certai-
nement populaire et l’on ne peut pas ne pas penser au sous-entendu obs-
cène des diminutifs χοιρίδιον et χοιρίον employés l’un et l’autre chez
Aristophane 192. Le nom du cochon, χοῖρος, constitue, en effet, une méta-
phore bien connue des muliebria 193 et ses diminutifs sont donc employés
dans la comédie avec une valeur hypocoristique, comme en témoigne le
vocatif ὦ χοιρίον lancé par Philocléon à l’adresse de la joueuse de flûte
dont il espère obtenir les faveurs 194.
À l’origine, donc, des substantifs porteurs de la finale neutre -ιον
ont pu pénétrer dans le répertoire des noms de personnes. Ils avaient,
pour la plupart, un sens diminutif à valeur hypocoristique, comme en
témoignent notamment les emplois au vocatif chez Aristophane. À partir
de là, le suffixe a pu entrer dans la dérivation onomastique en étant
associé à des thèmes d’anthroponymes pour former des diminutifs de
noms simples. Le nom Μίκιον (LGPN 2 : Athènes, iie a. C.) ou, avec
gémination expressive, Μίκκιον (LGPN 2 : Lakiadai, ca 100 a. C. 195
et Potamos, iie a. C. 196), constitue un diminutif du nom simple Μῖκος,
dérivé de μικρός « petit ». L’anthroponyme Λύριον (LGPN 1 : Lindos,
iie-ier a. C. 197 et Rhodes, iie-ier a. C 198), lui, constitue le diminutif d’un
nom Λύρα, porté par exemple par une hétaïre chez Lucien 199. Signalons
également Αἴσχριον (LGPN 2 : quatre attestations depuis le ive a. C.), qui
vient enrichir les dérivés du groupe du nom Αἶσχρος, à côté d’Αἰσχρᾶς
et d’Αἰσχρώ.
Le suffixe -ιον entre, enfin, comme on l’a vu, dans la formation des
diminutifs de noms composés. Ainsi, le nom Ἀρίστιον, qui a connu un
grand succès si l’on en croit la cinquantaine d’attestations (LGPN 1, 2,
200. IG II2 6273 ; 6404 ; 4513 ; IG XII (9) 166 ; SEG 23 650 ; etc.
201. IG IX (1) 914 ; IG IV (1) 589, 12 ; IG VII 55 ; etc.
202. Cf. Chantraine, Formation, p. 406-413.
203. Sur les substantifs neutres de l’allemand se référant à des femmes, voir K. M. Köpcke
et D. A. Zubin, « Metonymic Pathways to Neuter-Gender Human Nominals in
German », dans K. U. Panther et L. Thornburg (éd.), Metonymy and Pragmatic
Interferencing, Amsterdam - Philadelphie, 2005, p. 149-166.
204. En luxembourgeois, les prénoms de femmes sont complètement associés au genre
neutre, tandis que dans d’autres dialectes allemands, l’article est au neutre mais
les pronoms personnels demeurent au féminin : on parle alors de noms hybrides.
À propos des noms hybrides, voir notamment G. G. Corbett, Gender, Cambridge -
New York - Melbourne, 1991, p. 225-259.
205. K. M. Köpcke et D. A. Zubin, op. cit., p. 153-154.
412 florian réveilha
206. Voir D. Nübling, « Between Feminine and Neuter, between Semantic and Pragmatic
Gender: Hybrid Names in German Dialects and in Luxembourgish », dans J. E. Flei-
scher, E. Rieken et P. Widmer (éd.), Agreement from a Diachronic Perspective,
p. 235-265.
207. O. Masson : « Remarques sur les noms de femmes en grec », Mus. Helv. 47 (1990),
p. 134 (= OGS III, p. 98).
208. Cf. Solin, GPNR, 3.1242.
209. Ibid., 2.1173.
210. Ibid., 2.1182.
les noms en -ιον : morphologie et sémantique 413
« ce qui est utilisé pour dormir » d’où « lieu pour dormir » : κλίσις), des
noms d’instruments (γραφίον « ce qui est utilisé pour écrire » : γραφή),
des noms de récompenses (ἀέθλιον « ce qui appartient à la lutte », d’où
« prix de la lutte » : ἄεθλος), etc.
Après cette spécialisation pour exprimer la notion d’appartenance,
*-(i)i̯ o- a été employé comme suffixe d’origine et de parenté (cf. adj.
« possessifs » du louv. hiér. tadiya- « paternel » < tada/i- « père » et
adj. patronymiques du grec myc. a-re-ke-tu-ru-wo e-te-wo-ke-re-we-i-
jo 216 [= Ἀλεκτρυὼν Ἐτεϝοκλεϝέhιος] « Alektryon fils d’Étéwokléwès »,
éol. Ἀριστόμαχος Θεοδότειος « Aristomachos fils de Théodotos »,
hom. Τελαμώνιος Αἴας « Ajax fils de Télamon »). C’est certainement
aussi ce sens qui apparaît dans certains adjectifs dérivés de substantifs :
p. ex. l’adjectif dérivé d’ἀηδών « rossignol » dans le syntagme ἀηδόνιος
νόμος (Ar., Les Grenouilles, 684) « air de rossignol », a le sens de « pro-
venant du rossignol ». Et la forme neutre de tels adjectifs est substantivée
en conservant cette valeur. Ainsi des substantifs en -ιον désignent des
petits d’animaux (ἐχίδνιον « jeune vipère » : ἔχιδνα ; ὀρνίθιον « jeune
oiseau » : ὄρνις) ou bien des objets caractérisés par leur origine (σάρδιον
« ce qui vient de Sardes » = « cornaline » : Σάρδεις).
À partir de cette valeur d’origine, le suffixe *-(i)i̯ o- entre dans la for-
mation d’adjectifs de matière. En grec, les neutres en -ιον représentant
des adjectifs de matière substantivés sont extrêmement bien représentés,
plus que les adjectifs eux-mêmes : ἀργύριον « ce qui est fait d’argent »,
d’où « monnaie d’argent » puis par métonymie « monnaie » (: ἄργυρος),
βιβλίον « ce qui est en écorce de papyrus » d’où « livre » (: βίβλος), etc.
Il arrive que dans certains noms en -ιον, le suffixe dénote l’apparte-
nance à une catégorie. Dans ce cas l’individu ou l’objet appartient à un
genre précis : κογχύλιον « ce qui appartient à la catégorie des coquil-
lages » (: κογχύλη). Parfois, l’appartenance à une catégorie ne tient qu’à
un point de ressemblance, c’est ce qui explique certains noms d’animaux
(ἀστέριον « animal qui est formé comme une étoile », sorte d’araignée :
ἀστήρ), de plantes, de coupes (ἀκάτιον : « coupe allongée en forme de
navire » : ἄκατος), de vêtements, etc.
216. PY An 654.
les noms en -ιον : morphologie et sémantique 415
Conclusion
Références bibliographiques
Introduction
6. Cf. aussi τοκάς « qui a mis bas », « qui a des petits » (: τίκτω « avoir un enfant »),
λογάς « choisi » (: λέγω « choisir »), etc.
7. Voir Rau, art. cit., p. 157-160. Ces formes ne sont pas mentionnées dans les listes
de composés à deuxième membre verbal tirés de ces radicaux dans O. Tribulato,
Ancient Greek Verb-Initial Compounds. Their Diachronic Development within the
Greek Compound System, Berlin, 2015, p. 373 et 388.
422 alcorac alonso déniz
Pour cette étude ont été analysés les anthroponymes féminins à suffixe
‑(ι)άδ‑ que l’on trouve dans les recueils prosopographiques qui couvrent
le monde grec d’Europe et Chypre 10, les régions côtières de l’Asie
Mineure 11, la Cyrénaïque 12, la cité de Rome 13, et l’Égypte 14. En gros,
cela représente quelque 140 noms en ‑(ι)άδ‑ pour environ 1 000 femmes
différentes. Ces chiffres absolus sont à prendre avec précaution, parce
que les onomasticon utilisés n’offrent pas la totalité des formes vrai-
ment attestées dans la documentation. Ainsi, les volumes du LGPN ne
mentionnent pas toutes les femmes affranchies et même les esclaves,
p. ex. Τιμάς (IBouthrotos 40.14, post 163 a. C.). Les prosopographies
analysées présentent parfois aussi des fantômes, comme Ἰνιάς (LGPN 1,
Samos, iie a. C.), qui est en réalité le banal [Μ]ηνιάς 15.
On n’offre pas ici une liste complète de la distribution par régions
pour deux raisons. D’abord, elle dépasserait l’espace accordé pour cette
contribution. Ensuite, elle serait trop répétitive, sans différences notables
d’une région à l’autre (voir infra). Pour illustrer la distribution chrono-
logie des différents types des noms à suffixe ‑(ι)άδ‑ selon les radicaux,
voici les données de l’Attique dans le tableau nº 1 16.
Tableau 1. — A : ethniques ; B : dérivés d’épiclèses et liés aux concours
panhelléniques 17 ; C : théophores ; D : sobriquets ; E : Lallnamen
A B C D E
ve a. C. Ὀλυμπιάς (?)a
ive a. C. Ἰάς Νεμεάς Ἀπολλωνιάς Γοργάς
Δωριάς Ὀλυμπιάς Δορκάς
Μηλιάς Ἰσθμιάς Βιτιάς
Δηλιάς Πυθιάς
Ἑλλάς
Ἀργονιάς
iiie a. C. Δηλιάς Ὀλυμπιάς Ἀσκληπιάς Δορκάς
Ἰάς Νεμειάς Μηνιάς Ἰσχάς
Πυθιάς Λαμπάς
iie a. C. Δηλιάς Ὀλυμπιάς Ἀσκληπιάς Δορκάς Νανάς
Νεμειάς Ἰσιάς Ἰσχάς
Πυθιάς Μηνιάς Λαμπάς
ier a. C. Δηλιάς Ὀλυμπιάς Ἀσκληπιάς
Πυθιάς Μηνιάς
Ἰσιάς
Σαραπιάς
ier p. C. Ὀλυμπιάς Ἀσκληπιάς
iie p. C. Θεσπιάς Πυθιάς Ἰσιάς Δορκάς
Ἀσκληπιάς Πλειάς
Μηνιάς
A B C D E
iiie p. C. Πυθιάς Ἀσκληπιάς Τατιάς
Ὀλυμπιάς Ἀφροδισιάς
Ἰσιάς
Σεραπιάς
a. La forme est douteuse. Les éditeurs de LGPN lisent ΟΥΜΠΙΑΣ à partir du dessin de F. Wil-
lemsen, « Die Fluchtafeln », dans W. K. Kovacsovics et al. (éd.), Die Eckterrasse an der Gräbers-
trasse der Kerameikos, Berlin, 1990, 147, Abb. 168. En tout cas, D. R. Jordan, « New Greek curse
tablets (1985-2000) », GRBS 41 (2000), 7-8, nº 4, date le document dubitanter du ive a. C.
18. Plut., Mor. 401b. Voir W. Heckel, « Polyxena, the mother of Alexander the Great »,
Chiron 11 (1981), p. 79-96. Sa sœur été appelée Τρωϊάς (Plut., Pyr. I, 1)
19. P. Cairo Zen. 2 59176r.255 (255 a. C.).
20. CIL VI, 8006.4.
21. Psecas est le nom d’une esclave chez Cicéron (Fam. 8, 15, 2) et chez Juvénal (Sat.
2.491). Psecas est aussi le nom donné par Ovide à une nymphe. Voir E. Risch,
« Rund um eine pompejanische Wandinschrift », MH 32 (1975), p. 111-112. D’après
le Thesaurus linguae Latinae, vol. X 2 (2006), p. 2408, cette forme indiquerait aussi
le métier d’un esclave dans CIL VI, 9840 : Arcelaus psecas.
22. Cf. λωγάς· πόρνη (Hsch., λ 1495 Latte).
23. Le nom fait partie d’une série tirée de l’adjectif ἄλυπος, voir HPN 290 et Solin, op.
cit., p. 919-920. Or ἄλυπος ou ἀλυπιάς est le nom d’une plante, Globularia alypum
« globulaire buissonnante », et aussi la Daphne oleoides.
426 alcorac alonso déniz
glose de Pollux (VI, 145), qui énumère ψακάς parmi les mots employés
εἰς τὸν ὀλίγα ὑπ’ ἀσθενείας λέγοντα. Parallèlement, l’usage de mots qui
désignent de petits objets et des choses insignifiantes pour désigner l’en-
fant se trouve attesté en grec dans l’anthroponymie 32. Une glose d’Hé-
sychius présente une équivalence entre ψακάς et ψίαξ : ψίακα· ψακάδα
(Hsch., ψ 174 Hansen et Cunningham). Or, Ψίαξ est attesté deux fois en
Attique comme nom d’homme (LGPN 2, 530-515 a. C.).
Tout en étant une anomalie dans le système des formations en ‑(ι)άδ‑
dans l’anthroponymie féminine, Ψακάς montre peut-être un trait
archaïque, rappelant l’époque où les mots du lexique à suffixe ‑(ι)άδ‑
pouvaient avoir un genre grammatical masculin aussi bien que féminin 33.
32. Voir J. Curbera, « Simple Names in Ionia », dans PNAA, p. 108. Cf. le cognomen lat.
Gutta.
33. Le prétendu Hirtius Psacas du LGPN est un fantôme. Il s’agit d’une Hirtia
Psacas (CIL IV, 3905). Voir G. Klaffenbach, « Epigraphische Miszellen », dans
G. E. Mylonas et D. Raymond (éd.), Studies Presented to D. M. Robinson on his
Seventieth Birthday, Saint Louis (MO), 1953, p. 290 et E. Risch, art. cit., p. 111-112.
34. Cf. pi-we-ri-di /Pīweridi/ (MY Oe 103.5 ; cf. l’ethnique pi-we-ri-si /Pīwerisi/ MY
Fo 101.5), te‑qa‑ja /Thēgwaijā/ (KN Ap 5864.4), ko‑ri‑si‑ja /Korinsijā/ (PY Eb
347.1+).
-(ι)άδ- dans les anthroponymes féminins 429
1 si-to-ko-wo
2 ka-pa-ra2-de MUL 24 ko-wo 10
3 ḳọ-ro-ki-ja[ ]MUL 8 ko-wo[
4 ki-ni-di[-ja MUL] 21 ḳọ[-wo
Il s’agit d’une liste de femmes, accompagnées de leurs ko‑wo,
qui avaient la fonction de si‑to‑ko‑wo 35. L’interprétation précise de
ka‑pa‑ra2‑de n’est pas sûre, mais il s’agit sans doute d’un groupe de
femmes et d’un mot avec une terminaison /ad/ 36. Chez Homère, le suf-
fixe ‑(ι)άδ‑ apparaît dans les dérivés des ethniques masculins en ‑ιο‑ :
Ἀχαιιός : Ἀχαιιάς (voir infra). Il est donc probable que ka‑pa‑ra2‑de
recouvre un ethnique en ‑(ι)άδ‑ qui aurait été créé à partir d’un ethnique
en ‑ijo‑, cf. ki‑ni‑di[‑ja à la ligne 4 de la même tablette 37. Dans cette
hypothèse, ka‑pa‑ra2, qui apparaît dans une liste d’hommes qui ont la
fonction de ka‑ke‑we /khalkēwes/ « forgerons » (PY Jn 706, main 21), à
côté d’autres noms masculins 38, serait la forme du nominatif singulier,
utilisé comme anthroponyme masculin 39. Après tout, au premier millé-
naire Ἀρκάς est très répandu comme anthroponyme masculin (voir § 3).
Chez Homère des ethniques sont aussi employés comme noms de
femmes. Αἰγιάλεια (Hom., Il. 5.412), la femme de Diomède, correspond
35. Probablement /sītokhowoi/ « celles qui versent des céréales » ; cf. χέω et à Argos les
κριθοχύται, des hommes chargés de la distribution des céréales, voir C. B. Kritzás,
« Ετυμολογικές παρατηρήσεις σε νέα επιγραφικά κείμενα του Άργους », dans
Φωνές, p. 144.
36. Voir J. L. Melena, « Mycenaean writing », dans Y. Duhoux et A. Morpurgo Davies
(éd), A Companion to Linear B. Mycenaean Greek Texts and Their World, III, 2014,
p. 65 et B. A. Olsen, Women in Mycenaean Greece. The Linear B Tablets From Pylos
and Knossos, Milton Park, 2014, p. 85-86. ka‑pa‑ra2‑de apparaît dans un contexte
similaire dans PY Aa 788 (main 1). Le génitif plural ka‑pa‑ra2‑do apparait dans PY
Ad 679 (main 23), dépourvu de contexte.
37. Il est possible qu’il faille situer l’origine de ces individus en Asie Mineure, voir
V. Parker, « Die Aktivitäten der Mykenäer in der Ostägäis im Lichte der Linear B
Tafeln », dans S. Deger-Jalkotzky et al. (éd.), Floreant Studia Mycenaea. Akten des
X. Internationalen Mykenologischen Colloquiums in Salzburg vom 1.-5. Mai 1995,
Vienne, 1999, p. 495-502. À mon avis, la région de Καβαλίς, au nord de la Lycie,
serait un possible candidat.
38. Cf. a‑no‑me‑de /Anormēdēs/ (.5), qi‑si‑ja‑ko /Kwīsijarkhos/ (.6), ma‑ra‑si‑jo
/Malansijos/ (.9 ; cf. μέλας), etc.
39. Il est peu probable que ka‑pa‑ra2 puisse répondre à un masculin en ‑ᾶς. Voir
O. Masson, « Résumé des conférences », Annuaire de la IVe section (Sciences histo-
riques et philologiques) de l’École pratique des hautes études (1966-1967), p. 171.
430 alcorac alonso déniz
40. Cf. aussi Δανάη (Hom., Il. 14.319), la fille d’Akrisios et mère de Persée, qui est
dérivé de l’ethnique masculin Δαναός (cf. Δαναίδες)
41. Cf. le toponyme Βρῆσα, Βρῖσα (Lesbos). Voir Kamptz, HomPN, p. 289.
42. Χρυσηίς, fille de Χρυσεύς, Βρισηίς, fille de Βρισεύς. Cf. Νηρηίδες, les filles de
Νηρεύς (Il. 18.38 +). En tout cas, le suffixe ‑ιδ‑ apparaît dans Ἀκτορίς (Od. 23.228),
qui dérive sans doute de Ἄκτωρ, cf. aussi Πανδιονίς, fille de Πανδίων (Sa., fr. 88 +).
43. Hipponax présente aussi le matronyme Μαιαδεύς pour Hermès. Cf. l’anthroponyme
masculin Μαιάδης (LGPN 2, ive a. C.).
44. Cf. ἀμμάς· ἡ τροφὸς Ἀρτέμιδος. καὶ ἡ μήτηρ. καὶ ἡ Ῥέα. καὶ ἡ Δημήτηρ (Hsch., α
3692 Latte). Voir P. Chantraine, « Les noms du mari et de la femme, du père et de la
mère en grec », REG 59-60 (1946), p. 242.
45. Voir Fick-Bechtel, GP, p. 26 et Risch, Wortbildung, § 53.
-(ι)άδ- dans les anthroponymes féminins 431
Une fois que ‑(ι)άδ‑ s’est établi comme suffixe dans le système des
anthroponymes féminins dérivés des ethniques (Δηλία : Δηλιάς), le suf-
fixe s’est étendu à d’autres catégories.
49. E. Trapp (éd.), Lexikon zur byzantinischen Gräzität. Besonders des 9.-12. Jahrhun-
derts, 1. A-K, Vienne, 2001, s.v. ἀγελάς.
-(ι)άδ- dans les anthroponymes féminins 433
Tableau 4
iiie a. C.)
Διονυσιάδας (LGPN 5b, Éphèse, i a. C. ?) Διονυσιάς (LGPN 5a, Cumes, ier-iie p. C.)
e
50. Voir Kamptz, HomPN, p. 337-338. Cf. Γύρτιος, père de Ὕρτιος (Eust., vol. III,
p. 686).
51. Pour une explication de cette nouvelle formation, voir Bechtel, HPN 560.
434 alcorac alonso déniz
‑ώ ‑ίδ‑ ‑(ι)άδ‑
Μαλιώ Μηλίς (LGPN 2, ive a. C.) Μηλιάς (LGPN 2,
334 a. C.)
Πυθώ (LGPN 1, Délos, Πυθίς (LGPN 5a, Πυθιάς (LGPN 2, ive a. C.)
200-209 a. C.) Lampsaque, ive a. C. ?)
Αἰνησώ (LGPN 3a, Lipara, Αἰνησίς (LGPN 1, Kos, ca Αἰνησιάς (LGPN 1, Kos, ca
ive-iiie a. C.) 200 a. C.) 200 a. C.)
Ἀλεξώ (LGPN 3b, Halai, Ἀλεξίς (LGPN 3b, Ἀλεξιάς (LGPN 1, Lindos,
ive a. C.) iiie a. C. ?) iie a. C.)
Φιλώ (LGPN 1, Érétrie, Φιλίς (LGPN 5b, Cnide, Φιλιάς (LGPN 1, Kos, ca
ive a. C.) ive-iiie a. C.) 200 a. C.)
À partir des ces séries ‑(ι)άδ‑ a pu être aussi employé dans les systèmes
des sobriquets et des formes raccourcies, comme alternative à ‑ώ et ‑ίδ‑.
Sobriquets :
Βατιάς (LGPN 1, Kos, ca 200 a. C.) : Βατίς (LGPN 5a, Ilion, iiie-
iie a. C.), Βατιώ (LGPN 5b, Milet, iie a. C.) 52.
Βιτιάς (LGPN 1, Κos, ca 200 a. C.) : Βιττίς (LGPN 1, Kos, f. iiie a. C.) 53.
52. Cf. βατίς, le nom d’un oiseau (Arist, HA 592b). Voir Curbera, art. cit., p. 121-122.
53. Voir pour ce nom J. Curbera, art. cit., p. 124-125. Βιτιάς (4 exemples) est connu des
régions orientales et des îles de la mer Égée (Caria et Kos). L’exemple à Athènes est
douteux. Même si un masculin Βιτίας n’est pas attesté ailleurs, la forme est possible.
436 alcorac alonso déniz
54. Cf. respectivement Herond. 6.12+ et .46. Pour la terminaison -ιτος, avec gémination
expressive -ιττος, voir Bechtel, op. cit., p. 64, n. 63 et Masson, OGS III, p. 137-139.
55. Voir J. Curbera, art. cit., p. 133.
-(ι)άδ- dans les anthroponymes féminins 437
Tableau 8
Féminins en ‑(ι)α et ‑(ί)α / ‑(ί)η Féminins en ‑(ι)άδ‑
Ἀσκληπιοδώρα (LGPN 2, 336 a. C.) Ἀσκληπιοδωράς (MAMA X, 529.2-3,
Tiberiopolis, imp.)
Δόξα (LGPN 2, ive a. C.) Δοξάς (IG II² 7897, ier p. C.)a
Ἐλπιδία (LGPN 2, iie p. C.) Ἐλπιδιάς (LGPN 5a, Syllantenoi, iiie p. C. ?)
Ἐπιμέλεια (LGPN 3a, Laconie, iie a. C.) Ἐπιμελεάς (LGPN 4, Sirrha, 136 p. C.)
Εὐπάτρα (LGPN 3b, Azoros, ive a. C.) Εὐπατράς (LGPN 3b, Delphes, 53-39 a. C.)
Κύριλλα (LGPN 1, Mytilène, imp.) Κυριλ(λ)άς (LGPN 4, Périnthe, iiie p. C.)
Μηνοφίλα (LGPN 5a, Éphèse, iiie- Μηνοφιλάς (Steinepigramme 16/23/13.8-9,
iie a. C.) Aizanoi, 310 p. C.)
Ματροδώρα (LGPN 5a, Chalcédoine, Μητροδωράς (LGPN 5a, Charakipolis,
ive-iiie a. C.) 182 p. C.)
Ποταμία (LGPN 5a, Pergame, i -ii p. C.) Ποταμιάς (LGPN 5a, Nicée, iie p. C. ?)
er e
Τρυφῶσα (LGPN 4, Byzance, iie a. C.) Τρυφωσάς (LGPN 5a, Sardes, iiie p. C.)
a. Femme de Ἄ‹γ›κυρα en Galatie.
Cette flexion apparaît aussi pour des noms latins et sémitiques : Ἀντω-
νιάς, Μαριάς (LGPN 1, iiie p. C.) 56. Les alternances du tableau 8 sont res-
ponsables de la création analogique d’un type nouveau en Asie Mineure :
Μητροδώρα : Μητροδωράς :: Τυχής : Τυχῆδος 57. Ces deux flexions, ‑(ι)άδ‑
et ‑ηδ‑, auraient été motivées par le désir d’éviter les anomalies provo-
quées dans la flexion des thèmes en ‑α bref et ‑α/‑η par différents procès
phonologiques du grec tardif 58. Certains faits laissent entrevoir comment
le phénomène s’est développé en provoquant des anomalies. Dans une
épigramme d’époque impériale trouvée à Rome, la défunte, originaire
d’Apamée, est appelée Ὀλυμπία et Ὀλυμπιάδι 59. La fin du vers est Σωτᾶς
Ὀλυμπιάδι πέποικα, où l’avant-dernière syllabe de Ὀλυμπιάδι peut être
comprise comme lourde, ce qui indiquerait un type flexionnel particulier
qui combine la voyelle longue de ‑ία et la dentale de ‑(ι)άδ‑ 60.
56. Cf. aussi Ἰουλιάς, Τερτιάς, Παυλάς, Πωλλάς, Πλωτεινάς, Αἰμιλιάς. Voir J. et
L. Robert, BE 1974, no 330, p. 238, avec des références antérieures.
57. Sauf erreur, ce type de flexion n’est pas connu des grammairiens anciens.
58. Voir Brixhe, op. cit., p. 76-77 et Id., « Linguistic Diversity in Asia Minor during the
Empire: Koine and Non-Greek Languages », dans E. J. Bakker (éd.), A companion
to the ancient Greek language, Oxford, 2010, p. 238.
59. IGUR 1287.
60. Voir W. U. Dressler, « Zu den sigmatischen Nominativbildungen und der Dentalfle-
xion von Frauennamen auf -α, -η », WS 79, (1966), p. 264 et son accentuation Εὐτυ-
χιᾶδι, Μητροδωρᾶδι, etc.
438 alcorac alonso déniz
7.1. Ἀρετιμιάς
Dans une épitaphe du iiie a. C., écrite par Héraclite d’Halicarnasse,
l’ami de Callimaque, il est question d’une femme morte à l’accouche-
ment de ses deux bébés :
Ξεῖν’, Ἀρετημιάς εἰμι· πάτρα Κνίδος· Εὔφρονος ἦλθον / εἰς λέχος·
ὠδίνων οὐκ ἄμορος γενόμαν
« Passant, je suis Arétémias. Cnide est ma patrie. J’ai partagé le lit d’Eu-
phrôn. Je n’ai pas été ignorante des douleurs de l’accouchement » (ΗΕ
1939 = AP 7.465, v. 5-6).
Le nom de la femme est transmis de deux façons par les deux col-
lections médiévales d’épigrammes : ἀρετημιάς Pl., ἀρετιμίας P, εἰς τὴν
αὐτὴν γυναῖκα Ἀρετιμίαν (lemme de P.).
Un peu plus tard, Antipater de Sidon (iie a. C.) a composé une épi-
gramme inspirée de toute évidence par celle d’Héraclite :
66. Cf. peut-être la variante Ἀβίς (Milet I, 3, 38u.6), corrigé par l’éditeur en Ἀβ<ά>ς.
Pour la première hypothèse, voir HPN 560. Pour la seconde, voir R. Hitchman,
« Carian Names and Crete », dans Onomatologos, p. 47.
67. C’est peut-être un nom sémitique, cf. Βορκιος et Βορκεας ; voir E. Puech, « Ins-
criptions funéraires palestiniennes. Tombeau de Jason et ossuaires », RBi 90 (1983),
p. 527, avec références. S’agit-il peut-être d’un nom tiré d’une variante de βροκός·
μωρός· Ἕλληνες (Hsch., β 1182 Latte), βρόκων· ἀμαθής, ἀπαίδευτος (Hsch., β 1192
Latte) ?
68. En rapport avec κῶνος ? Cf. Κωνέας (LGPN 3a, Héraclée, ive-iiie a. C.).
69. Voir Zgusta, PNS, no 632, sans interprétation.
440 alcorac alonso déniz
7.2. Ἀργονιάς
Dans trois copies des inventaires annuels du sanctuaire d’Artémis
Brauronia à Athènes (post 344 a. C.), nous trouvons les ex-voto et les
noms des femmes qui les ont dédiés. Parmi ces noms apparaît une Ἀργο-
νιάς 73. Comme F. Bechtel l’avait vu (HPN 58), Ἀργονιάς est en relation
avec le nom béotien masculin Ἀργουνίων (LGPN 3b, Κopai, iiie a. C.)
et le nom féminin Ἀργουνίς (LGPN 3b Étéonos / Skaph(l)ai < Eleusis,
ive a. C.).
De toute évidence, Ἀργονιάς, Ἀργουνίων et Ἀργουνίς, dérivent d’un
radical attesté dans une notice d’Étienne de Byzance, tirée de plusieurs
sources (notamment Aristophane de Béotie et probablement Hérodien) 74
et qui présente dans la tradition manuscrite du lexique les formes
suivantes :
a) Formes à consonne simple : le toponyme Ἀργύνειον et l’épiclèse
d’Aphrodite Ἀργουνίς.
b) Formes à gémination : l’épiclèse d’Aphrodite Ἀργυννίς, le nom de
héros Ἄργυννος et le nom du fondateur Ἀργύννιος 75.
Du point de vue de la graphie, Ἀργουνίων et Ἀργουνίς dans les docu-
ments épigraphiques présentent un trait béotien bien connu. En revanche,
‹o› pour ‹υ› dans Ἀργονιάς est un trait moins fréquent, mais il apparaît
72. Les féminins en -τιμα présentent assez souvent des formes raccourcies οù la
nasale est tombée : Πολυτίμα/Πολυτίμη > Πολυττίς, Ἐμπεδοτίμη > Ἐμπεδοττίς,
Δαμοτίμα > Δαμοτίς.
73. IG II², 1517, I.153 ; IG II², 1514, Ι.47 ; IG II², 1516, I.25.
74. Ἄργυννος, υἱὸς Πεισιδίκης τῆς Λεύκωνος τοῦ Ἀθάμαντος τοῦ Σισύφου τοῦ
Αἰόλου, ἐρώμενος Ἀγαμέμνονος, Βοιωτός, ὃς ἀνιὼν εἰς τὸν Κηφισσὸν τελευτᾷ.
ἀφ’ οὗ Ἀργυννίδα τὴν Ἀφροδίτην ἐτίμησε. λέγεται καὶ Ἀργουνίς. Ἀριστοφάνης
δὲ Ἀργύνειον διὰ διφθόγγου. ὁ οἰκήτωρ Ἀργύννιος (Ét. Byz., α 402 Billerbeck).
Cf. FGrHist 379 F 9 pour le texte d’Aristophane de Béotie. A. Lentz a intégré la
notice d’Étienne dans divers passages de sa reconstruction des fragments d’Hérodien
(Herod., vol. 3.1, p. 96, 175, 364, 522 et vol. 3.2, 478).
75. Le toponyme [Ἀργύννιον ἱερόν], qui serait le lemme chez Étienne de Byzance, est
une reconstruction d’A. Meineke.
442 alcorac alonso déniz
81. Proxumi Aetolis Locri cognominantur Ozolae, immunes. oppidum Oeanthe, portus
Apollinis Phaestii, sinus Crisaeus ; intus oppida Argyna, Eupalia, Phaestum, Cala-
misus. (Pl., HN IV.7). Voir l’analyse du passage par L. Lerat, Les Locriens de
l’Ouest, Paris, 1952, p. 52-54.
82. La forme Ἀργύνειον, nom probable d’un sanctuaire, qu’Étienne de Byzance cite
d’après Aristophanès de Béotie, répondrait peut-être à un ethnique *Ἀργυνεύς.
A. Lentz dans son édition d’Hérodien corrige le texte d’Étienne et présente Ἀργύν-
νειον, ce qui n’est pas assuré.
83. Lycimnos de Chios (PMG fr. 768), Phanoklès (fr. 5 Powell) et Euphoriôn (fr. 90.9
Benjamin Acosta-Hughes et Christophe Cusset). Pour une discussion détaillée des
sources, voir F. D’Alfonso, « Afrodite Arginnide. Un mito beotico », dans L. Bom-
bardieri, T. Braccini et S. Romani (éd.), Il trono variopinto. Figure e forme della Dea
dell’amore, Alessandria, 2014, p. 83-108.
444 alcorac alonso déniz
Conclusions
Références bibliographiques
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Eckterrasse an der Gräberstrasse der Kerameikos, Berlin, 1990, p. 142-151.
Étude comparative et diachronique des suffixes
des anthroponymes grecs féminins
Araceli Striano
Universidad Autónoma de Madrid
Les suffixes du lexique grec ont été abordés par les manuels classiques
de P. Chantraine et E. Risch 1, que l’on continue à consulter aujourd’hui.
Quand on envisage l’histoire des suffixes, leur origine et leur dévelop-
pement, on constate que l’analogie a joué un rôle décisif dans l’organi-
sation du vocabulaire, de sorte qu’un suffixe de grande diffusion peut
remonter à un groupe assez réduit de thèmes. Parfois les circonstances
de l’expansion des suffixes sont difficiles à entrevoir et c’est la tâche des
savants d’essayer d’offrir une histoire des suffixes, de leur distribution,
de leur disparition, de leur modification, de leur signification, de leur
typologie, etc. En tout cas, les différents mécanismes qui ont pu inter-
venir dans l’histoire des suffixes grecs font partie des chapitres dédiés à
l’étude de la morphologie du grec ancien et de ses dialectes. Il est évident
qu’une recherche autour des suffixes des anthroponymes a partie liée
avec celle des substantifs et des adjectifs du lexique, puisque les uns et
les autres sont corrélés.
Mais il y a quelques différences importantes. Tout d’abord, l’analogie
peut entraîner l’extension d’un suffixe peut-être rare dans le lexique à
un nombre important d’anthroponymes, ce qui fait que la fréquence des
1. Chantraine, Formation et Risch, Wortbildung. Je suis partie aussi de Bechtel, HPN,
qui dresse une petite liste de suffixes des anthroponymes et fournit la liste des hypo-
corisitiques et noms raccourcis dans chacune des entrées de la première partie de son
livre, et de Dobias-Dubois, Intr., p. i-xvi.
448 araceli striano
Cet article sera une première approche qui devra être précisée en plu-
sieurs points dans un deuxième temps. Je vais commencer par les don-
nées mycéniennes, continuer avec la langue homérique et terminer avec
les exemples épigraphiques. Les outils qui sont à notre disposition nous
permettent de manier cet énorme ensemble anthroponymique. L’infor-
mation qui se dégage des tablettes mycéniennes est depuis un certain
temps beaucoup plus maniable grâce à la base de données DAMOS 8 de
même que les exemples épigraphiques qui proviendront naturellement
du LGPN. Pour les exemples homériques j’ai utilisé l’ouvrage de H. von
Kamptz 9. Le manuel de F. Bechtel, le HPN, est toujours de consulta-
tion indispensable ainsi que les articles d’Olivier Masson commodément
réunis en trois volumes 10. J’utiliserai pour finir le chapitre dédié aux suf-
fixes féminins du grec rédigé par K. Stüber 11.
Mes considérations des faits seront par conséquent générales, à l’inté-
rieur d’un scénario diachronique global. Du point de vue de la classifica-
tion des données, j’ai décidé de considérer de la même façon un suffixe
et une terminaison anthroponymique fréquente 12, et au contraire, ne pas
considérer comme suffixe une finale très peu attestée.
Pylos
-a -o -eja -(i)ja / -ja -u -i -e
35 0 13 14 0 4 3 (?)
Mycènes
-a -o -eja -(i)ja / -ja -u -i -e
19 5 3 4 ? 4 2
14. À propos de l’utilisation de quelques-uns de ces critères, voir en dernier lieu, B. Olsen,
Women in Mycenaean Greece: The Linear B Tablets from Pylos and Knossos, Oxford,
2014.
15. Les tablettes de Thèbes ne fournissent aucun exemple sûr.
452 araceli striano
Les autres terminaisons attestées dans les tablettes peuvent avoir une
correspondance avec des suffixes féminins suffisament connus, mais les
difficultés que soulève la graphie syllabique doivent être soulignées. Un
exemple suffira pour illustrer ce point : est-on sûr que les 24 exemples
knossiens en -o doivent être interprétés comme des féminins grecs en
‑ώ ? Il est possible que la réponse doive être partiellement positive, mais
on doit aussi tenir compte du fait que des noms non grecs ont pu être
adaptés avec ce suffixe 25.
26. Le nom rhodien Φιλίτειος pourrait répondre à Φιλίτιος, cf. Πισικράτης dans la même
inscription (Lindos II, 378.49, 27 a. C.). On a trois exemples pariens de l’anthro-
ponyme féminin Φιλυτώ, créé à partir du masculin Φιλύτας / Φιλύτης, tandis que
Φιλίνθα est un hapax.
étude des suffixes des noms féminins 457
5. Suffixe -ώ
tels que Μελανθώ. Par contre, l’origine de Τυρώ et peut-être Δωτώ (de
δώτωρ ?) reste douteuse 28. En tout cas, ce qui attire l’attention est le
manque de continuité de ces noms homériques dans les sources épigra-
phiques postérieures : la plupart sont absents des inscriptions. On voit
bien que face à ce que l’on constatait dans le corpus mycénien, l’origine
grecque des noms homériques est indéniable en dépit de leur absence de
survivance par la suite.
Voyons la situation que nous fournissent les inscriptions :
Sobriquets Composés 1er / 2e terme du composé Suffixes Autres
« Kurznamen » complexes
Δενδρώ Φιλαρετώ, Ἀλεξ- : Ἀλεξώ, Ἁγησώ, Ἀριστειδώ Βοστρώ
Χρυσιππώ Κτησώ, Νικησώ, Παυσώ (Βόστρυχος)
Μενεκρατώ,
Ξενοκρατώ
Κεφαλώ Αὐξησιλεώ Καλλ- : Καλλώ Γλυκιννώ Συμφώ
Τιμ- : Τιμώ (Συμφέρουσα)
Ἀριστώ Παρμενώ Ἀντιγώ, Νικομώ, Ἁγεμώ Καλ(λ)ιτώ Ἀφρώ
Ἀλυπώ Ἀνδροκκώ, Διοκκώ, Ἀλεξιτώ (Ἀφροδίτη)
Ἀρσιννώ, Κλεπώι a Λαμπιτώ
Τιμολλώ Φιλιτώ
Νυμφώ Μνησιππώ Φρασι- : Φρασώ Νικαρώ Ἰνώ (Ἴναχος)
Ἐλευθεριώ Καλλικλώ Σιμακώ
Ἀβασκαντώ Ἀμφιμεδώ Ἀγελλιώ
Πολεμώ Ἀγλανθιώ
Ἀμεινώ Ἀρισταγορώ
Πρωτώ Νικοτελώ
a. Attesté dans une lamelle de Dodone, ce nom est une forme raccourcie de Κλε(ο)πάτρα, voir J.
Curbera, « The Personal Names », dans S. Dakaris, I. Vokotopoulou et A. P. Christidi, Τα χρηστήρια
ελάσματα της Δωδώνης των ανασκαφών Δ. Ευαγγελίδη, Athènes, 2013, vol. 2, p. 423.
On voit bien que le suffixe -ώ est productif dans les quatre formations
d’anthroponymes féminins. On a regroupé les noms Βοστρώ, Ἀφρώ, Ἰνώ
et Συμφώ à part parce qu’ils présentent un raccourcissement inconnu ail-
leurs comme on pourra le voir ci-dessous. On ne connaît pas de paral-
lèle pour les anthroponymes masculins, mais ce procédé pourrait être
archaïque, cf. Εἰδώ (Εἰδοθέα), Δηώ (Δημήτηρ) 29 et continue jusqu’à nos
jours, cf. Σμαρώ de Σμαράγδη.
6. Suffixe -ίς
7. Suffixe -(ι)ον
31. O. Masson, « Quelques noms de femme au neutre dans les inscriptions attiques »,
Horos 7 (1989), p. 45-52 = Id., OGS I, p. 475-481. Et voir ici la contribution de
Florian Réveilhac.
32. Chantraine, Formation, p. 65-70.
33. Voir note a du tableau de la page 458.
étude des suffixes des noms féminins 461
8. Suffixe -οῦς
9. Autres suffixes
Suffixe -υλλα
Les noms formés avec ce suffixe se divisent en deux groupes : d’une
part, des sobriquets tels que Ἀρίστυλλα, Εὔθυλλα, Γλύκυλλα, Ἄνθυλλα,
Ῥόδυλλα, Ἀγάθυλλα, Ξάνθυλλα et de l’autre, des formes raccourcies
comme Φείδυλλα, Φαίνυλλα, Φάνυλλα, Τίμυλλα, Χαίρυλλα. On a un
seul exemple formé à partir d’un composé en -σι : Τιμήσυλλα. On n’a
aucun exemple d’hypocoristique ni de suffixe complexe 36.
Suffixe -ίχα / -ίχη
Il s’agit d’un suffixe particulièrement populaire en Béotie. On a
quelques exemples de diminutifs à premier élément en -σι-, Λυσίχα,
Σωσίχα, Ὀνασίχα, mais la plupart des exemples sont des sobriquets :
Μυρτίχα, Σαμίχα, Ὀλυμπίχα, Σωτηρίχα, Διωνυσίχα, Καλλίχα, Πυρρίχα.
Suffixe -αινα
La totalité des exemples est constituée par des sobriquets du type
Λέαινα, Νίκαινα, Λάκαινα, Σύθαινα, Μέλαινα, Γνάθαινα, Ἀρίσταινα,
Τρύφαινα.
Conclusion
Références bibliographiques
M O D E S D E S U F F I X AT I O N
A R É AU X E T D I A L E C TAU X
O U P H É N O M È N E S D E M O D E ?
La suffixation des anthroponymes
en Cyrénaïque pré-romaine
Catherine Dobias-Lalou
Université de Bourgogne
Mission archéologique française
en Libye (Antiquité)
À
propos des anthroponymes de Cyrénaïque, comme en tant
d’autres domaines, les études pionnières sont dues à Oli-
vier Masson 1. J’y ai moi-même ajouté quelques travaux.
Aujourd’hui, les bilans deviennent possibles grâce à divers outils pré-
cieux qui facilitent la recherche. Depuis la parution en 1987 du tome I,
les ressources de l’entreprise LGPN se sont multipliées à travers son site
internet consultable en libre accès 2. Aussi, par souci d’allègement, je ne
préciserai les références que pour des noms qui ne figurent pas dans ces
ressources ou dont l’identification justifie une discussion particulière. Par
ailleurs, le lexique épigraphique de Silvia Maria Marengo offre un cha-
pitre spécial pour l’anthroponymie avec une documentation complète en
1989 3. Et maintenant le bon état d’avancement du triple projet de corpus
des inscriptions 4 et surtout la mise à jour pour publication en ligne de
1. Je pense notamment à trois articles d’O. Masson, « Remarques sur deux inscriptions
de Cyrène et Thèra », RPh 41 (1967), p. 225-231 ; « Libyca », Semitica 25 (1975),
p. 75-85 ; « Grecs et Libyens en Cyrénaïque, d’après les témoignages de l’épigra-
phie », AntAfr 10 (1976), p. 49-62.
2. Ce site (http://www.LGPN.ox.ac.uk/online/index.html) fournit en fichiers téléchar-
geables les index inverses non publiés dans l’édition imprimée des deux premiers
tomes du LGPN, ressource bien commode pour l’étude des suffixes. Les recherches
dans la banque de données produisent des résultats parfois améliorés par rapport à
l’édition imprimée du tome I (1987) et permettent aussi les comparaisons de rende-
ment avec les autres régions couvertes par les sept tomes déjà publiés.
3. S. M. Marengo, Lessico delle iscrizioni greche della Cirenaica, Rome, 1991.
4. Les inscriptions en prose de la période grecque (IGCyr) et les inscriptions métriques,
toutes périodes confondues (GVCyr), éditées par mes soins, seront mises en ligne
470 catherine dobias-lalou
1. Suffixes en -α-
8. Le sentiment de l’étymologie était resté bien vivant, comme le montre une épi-
gramme d’époque augustéenne qui joue sur le sens de Παυσανίας « qui met un terme
aux ennuis » (SEG 9, 63 ; 26, 1835).
9. Il convient d’expulser du LGPN 1 le prétendu *Ἀκαμαντιάδας, qui est un nom de
fête et se lit –δες, voir maintenant SEG 57, 2010.
10. Probablement le même individu, connu comme souscripteur vers 280 (SEG 48, 2055,
l. 16) et par son épitaphe (SEG 47, 2170), ainsi qu’un contemporain, également
connu par son épitaphe (SEG 47, 2182).
11. Nom de dédicant gravé sur un tesson au port de Cyrène (SEG 60, 1831, iiie s.).
12. On peut d’ailleurs se demander si la forme Καρνειάδας en P. IX, 71 remonte bien
à Pindare ou si elle ne résulte pas plutôt d’une réinterprétation de quelque copiste
qui, lisant *Καρνηάδας, l’aurait corrigée parce qu’il la comprenait comme résultant
d’un allongement métrique de Καρνεάδας (entrée sous laquelle cet emploi figure en
LGPN 1).
13. Aux deux occurrences recensées par le LGPN 1 d’un Πολλίδας, père et fils de
Κλέων s’ajoute une base votive inédite portant le nom du fils et un Πολλίδας père de
[Φ]υλῶχος, lecture rectifiée de SEG 46, 2198, l. 76. La datation conduit à supposer
pour le second l’appartenance possible à la même famille.
14. Outre l’occurrence recensée dans le LGPN 1, lecture vraisemblable Εὐοπ�[ίδας] en
SEG 9, 346.
472 catherine dobias-lalou
15. Pour le nom Γαλέστας, originaire de Grèce du Nord et répandu par les Macédoniens
jusqu’à Cyrène, voir S. Minon, « Γαλέστας, Γαλαίτης et Γαλέτης », dans F. Poli,
G. Vottéro (éd.), De Cyrène à Catherine : trois mille ans de Libyennes, Nancy, 2005,
p. 179-190.
16. Le classement que j’ai proposé naguère (« Anthroponymes grecs en –ΑΣ », dans
Dialectes grecs, p. 25-28) aurait dû être plus nuancé, compte tenu de la chronologie
et des contextes, alors qu’Εὐφρᾶς était déjà connu. Des hésitations comparables
se font jour dans le LGPN 1. Sur les noms en -ᾶς, la communication de L. Dubois
(p. 299-332) dans ce volume est une mise à jour précieuse.
17. J’ai relevé (loc. cit. note précédente) des noms théophores bâtis sur des noms
divins étrangers à la région. Par ailleurs, il convient de mettre à part Ἀντιπᾶς qui
au sanctuaire de Bu Daraj (SEG 9, 733) est probablement un visiteur venu d’Orient.
En outre, le patronyme ΒΥΖΑ d’un éphèbe à Taucheira à la haute époque impériale
(CIG 5306 b) est généralement transcrit Βυζᾶ, mais il pourrait aussi s’agir d’une
anthroponymes en cyrénaïque pré-romaine 473
c’est ici le registre lexical qui plaide pour la transcription de ces génitifs
en Στραβᾶ, Σχιδᾶ, Ἀραχνᾶ 18. En revanche, ces différents arguments ne
valent pas pour d’autres noms, que je continue provisoirement à trans-
crire Πράτας 19, Κλήτας, Νίκας.
Un cas limite se présente avec les noms qui sont étymologiquement
des composés en -λας (< -λᾱϝος), gén. -λα (< -λάϝω) 20. Toutefois, l’ac-
cent récessif au génitif, garanti par la tradition littéraire pour le nom
dynastique Ἀρκεσίλας, montre que ces noms ont été complètement ali-
gnés sur les autres masculins en -ας, ce qui semble faire de -λας une sorte
de suffixe. Un nouvel exemple à ajouter à cette série est Θαρύλας, dans
une liste de noms récemment publiée par G. Paci 21.
Il arrive aussi au suffixe -ας d’être couplé avec le redoublement
expressif, notamment dans le nom typiquement cyrénéen Ἀρίμμας,
hypocoristique d’Ἀρίμναστος 22. Je peux y joindre un Λυκόμμας encore
inédit 23, dont la base de dérivation est probablement un nom bien répandu,
quoiqu’encore inconnu en Cyrénaïque, Λυκομήδης , à moins que ce ne
soit le plus rare Λυκόμαχος. Dans le même ordre d’idées, O. Masson a
montré pour deux noms cyrénéens le recours à la gémination expressive
de la liquide initiale des composés en –λας : ainsi Μενέλλας dans une
famille cyrénéenne en Égypte et Ὀρσίλλας à Cyrène même 24.
2. Masculins et féminins
36. Quand Πρόκλος et Πρόκλα fonctionnent comme cognomina à l’époque romaine, ils
transposent bien sûr Proculus / a, mais conservent peut-être le souvenir de l’ancien
Πρόκλος grec.
37. Voir la contribution de C. Le Feuvre (p. 493-516).
38. Μάριον et Μάριν, noms de femmes juives à Apollonia et Taucheira au ier s. p. C.,
sont à considérer à part. Sous réserve d’une éventuelle relecture par J. Reynolds,
le nom Κλεῦπιν à Ptolémaïs à l’époque impériale (CIG 5234, l. 9) pourrait être la
forme évoluée de Κλεύπιον, sur une base attestée dans la région (cf. annexe 1). À
Cyrène, la découverte toute récente d’une tombe a livré un nom Εὐίππιον dans un
contexte qui fait penser à une tombe d’enfant, mais doit encore être analysé.
39. Dédicace de Canope à Sarapis, Isis et Hèraklès du iiie s. (SEG 18, 649).
anthroponymes en cyrénaïque pré-romaine 477
40. D. M. Robinson, « Inscriptions from the Cyrenaica », AJA 17 (1913), p. 166, no 23
et p. 504.
41. Il faut ajouter qu’à la période impériale une flexion en –ιδος apparaît parfois pour
les masculins. Le seul exemple vraiment sûr est le cognomen du prêtre éponyme
de l’année 178 / 179 p. C. nommé avec son patronyme et son papponyme Κοράνιος
Ἄλεξις Ἰαιλιανὸς Φιλοξένου τοῦ Ἀλέξιδος (SECir 9b). Cet exemple conduit à écarter
pour l’éphèbe Ἡρακλῆς Ἀλέξιδος (SEG 20, 742, II, 43) de 161 p. C. le soupçon qu’il
puisse s’agir d’un métronyme.
42. À partir du ier s. a. C., on commence à voir apparaître la flexion non-dialectale nom.
-ώ, gén. -οῦς, mais le nominatif -ώι connaît un regain de faveur dans les milieux
dirigeants au ier s. p. C.
478 catherine dobias-lalou
4. Formations en -υ-
Un autre groupe a pour point de départ les adjectifs en -υς : Θράσυς est
employé en Cyrénaïque à côté des composés comme Θρασύμαχος. Des
formes élargies en -υλο- se retrouvent dans des adjectifs et des anthro-
ponymes : non seulement Κρατύλος, mais aussi Αἰσχύλος et Τανύλος,
dont les bases *αἰσχύ-, *τανύ- ne sont connues qu’indirectement 51. Le
doublet -υλλο-, dont l’origine *-uljo- est avérée grâce au mycénien et
dont la géminée produit un effet expressif, se trouve par exemple dans
Βάθυλλος 52. Des dérivations supplémentaires peuvent se greffer sur ces
existé dans le lexique, mais ne nous soit pas parvenu ; plus simplement,
la dérivation en -υλος a pu affecter le radical, avant ou même après l’ef-
facement de la semi-voyelle -w- 60.
5. Formations en -ινο-
Les noms en -ΙΝΟΣ peuvent avoir des origines diverses, entre les-
quelles le choix peut parfois sembler relever de l’arbitraire. La région
nous livre ΧΑΡΙΝΟΣ, ΦΙΛΙΝΟΣ et ΥΨΙΝΟΣ. Les deux premiers, avec
l’appui de la tradition littéraire, sont transcrits Χαρῖνος et Φιλῖνος, le pre-
mier étant du reste considéré depuis les grammairiens anciens comme un
sobriquet pourvu du suffixe de matière, fondé sur χαρά, quelque chose
comme « Joyeux », bien que l’adjectif correspondant ne soit pas formel-
lement attesté dans le lexique 61. Le troisième en revanche est enregistré
comme Ὕψινος (LGPN 1, 451) 62. Et de fait, on peut avec vraisemblance
le considérer comme l’hypocoristique en -ο- du composé plausible *ὑψί-
νοος, sinon comme son avatar phonético-morphologique normal 63. Enfin
dans ce groupe et avec une gémination expressive on a Θάλιννος, en rap-
port avec le composé fréquent Θαλίαρχος 64.
6. Quel rendement ?
7. Interférences libyques
69. Patronyme d’un officier à Cyrène (SEG 46, 2198, l. 87), et aussi nom de deux
Cyrénéens en Égypte sous la forme ‑άδης.
70. Épitaphe du iiie s., SEG 47, 2189.
71. Aux quatre occurrences de LGPN 1, 472, je peux en joindre maintenant trois autres
à la suite de relectures : SEG 20, 735 d, l. 21 (vers 280) ; 47, 2191 (iiie / iie s) ; SECir
71, l. 6 (même datation).
72. SEG 40, 1596 : nom d’un prêtre d’Apollon sur la tablette comptable de la 2e moitié
du ive s.
73. Gortyne, ca 600 : ὁ Πίληκς (G. Rizza et V. Santa Maria Scrinari, Il Santuario
sull’Acropoli di Gortina, I, Rome 1968, p. 187-188), selon l’interprétation définitive
de C. Kritzas, « Επιγραφή χαλκής μίτρας Μουσείου Ηρακλείου », Krètika chronika
34 (2014), p. 61.
74. Le LGPN 1, 470, ne recense que les patronymes de deux militaires de la fin du ve s.
(SEG 45, l. 4 et 28), qui pourraient être des frères. On y ajoutera le père d’un com-
mandant des peltastes vers 335 (SEG 46, 2198, l. 96) et un souscripteur vers 280, que
je lis maintenant Φιλοτάσ[ι]ος Ἰάσονος (SEG 20, 735, I b, l. 15). Quant au Φιλοτά-
σεις Θευχρήστω de la liste d’El Gubba (SEG 9, 348, l. 36-37, iie / ier s.), il pourrait
constituer, sur ce document de la campagne, un exemple prématuré de la réduc-
tion -ιος > -ις, doublée d’un iotacisme. On remarquera que ce sobriquet, dérivé de
φιλοτᾱτ-, présente l’assibilation, comme par exemple Θευκρίσιος (voir sur ce point
C. Dobias-Lalou, op. cit., p. 62-63).
484 catherine dobias-lalou
80. Bien avant les témoignages du ive s. p. C. qui font connaître gr. Γιλδων et lat. Gildo,
nous disposons maintenant du cas d’un officier cyrénéen Γιλδων vers 345 a. C. (SEG
46, 2198, l. 124). En revanche, à Taucheira au début de notre ère, ce nom est transcrit
Γιλδαν.
81. Je considère donc de façon plus résolue qu’O. Masson que les formes en –ας
résultent d’une adaptation au grec de formes libyques en –an. Voir C. Dobias-Lalou,
« Anthroponymes grecs en –ΑΣ en Cyrénaïque », dans Dialectes grecs, p. 30-32.
82. SEG 46, 2198, l. 86 et 98 ; G. Paci apud M. Luni, art. cit., p. 261, col. B, l. 5 (d’où
SEG 61, 1557).
486 catherine dobias-lalou
Conclusion
Pour conclure dans une perspective plus globale, on peut observer que
les suffixes examinés donnent naissance à des formes repérables comme
anthroponymes. Leur rendement est nul ou faible dans le lexique. Ils sont
généralement dépourvus de contenu sémantique, exception faite du sème
diminutif d’-ίσκος et –ιχος et dans la mesure où -ίδας et -άδας sont proba-
blement vides de sens. Leur fonction linguistique est donc classificatoire
au premier chef, notamment par l’indication du genre, et fréquemment
abréviative ou, à tout le moins affective, sans compter évidemment la
fonction pragmatique de désignation et d’interpellation.
Annexe 1
hypocoristiques en -ις, -ώι, -έας et -ίας, -ων et -ίων
Annexe 2
noms libyques en -αν de date hellénistique
Αιαλαν Αιαλαντος a
Ανυσαν b
Αυγαντος c
Ελικαν
Εχθαπαν d
Ιγισαν Ιγισαντος
Μειραχαν e
Υξαν
a. SEG 58, 1841. — b. Le seul d’époque hellénistique (SEG 9, 348, l. 129) est écrit avec un seul
sigma. La forme avec deux sigmas se généralise à l’époque romaine, d’où l’entrée Ανύσσαν de
LGPN 1, 49. Comme le recommandait O. Masson, je préfère ne pas accentuer les noms d’origine
non-grecque. — c. Bechtel posait un nominatif Αὔγας (HPN 89) avec des doutes sur le caractère
grec du nom. Omis dans le LGPN 1, il figure dans le LGPN online avec un nominatif Αυγάν. —
d. SGDI 4835, l. 13 après révision (Εχθατιάν ( ?) SGDI 4835 ; Ἐχθατίαν LGPN 1, 192). — e. SEG
9, 348, l. 143, d’après Oliverio : Μειρακαν. Déjà Μειράχαν pour le LGPN 1, 302.
Références bibliographiques
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—, « Anthroponymes grecs en -ΑΣ en Cyrénaïque », dans Dialectes grecs,
p. 23-32.
anthroponymes en cyrénaïque pré-romaine 491
Claire Le Feuvre
Université Paris-Sorbonne
1. Le suffixe possessif *-u̯ ent- est virtuellement absent dans l’anthro-
ponymie 1. En fait, on trouve quelques rares anthroponymes en *-u̯ ent- à
basse époque, qui sont clairement des poétismes, c’est-à-dire des adjec-
tifs homériques passés dans l’onomastique, par un effet de mode peut-
être. La substantivation d’un adjectif pour former un nom propre par
conversion est un procédé usuel, et les adjectifs en *-u̯ ent- n’avaient
guère de raison d’échapper à ce processus. On peut citer ainsi à date tar-
dive plusieurs Χαρίεσσα 2.
Dans les sources littéraires, on n’en trouve guère plus, et ce sont là
aussi des formes tardives. Lucien appelle une de ses courtisanes Ἰόεσσα
(Dial. Meretr. 12), transposition de l’adjectif homérique ἰόεις (Il. 23,
850, épithète du fer). L’épigramme 272 du livre VI de l’Anthologie (attri-
buée à Persès) a une Τιμάεσσα : τιμήεις, τιμήεσσα sont homériques, le
féminin est employé dans l’Odyssée pour qualifier Pénélope (Od. 18,
161), puis chez Théognis et Mimnerme comme épithète d’Hébé, ensuite
chez Callimaque comme épithète d’Héra ; τιμάεις se trouve chez Pin-
dare. Un anthroponyme masculin Τιμάεις est attesté en Ionie à Colophon,
vers 200 a. C. 3 – c’est une forme non ionienne. Il est à noter que ce sont
surtout des féminins, et qu’ils ont toujours la forme non contractée qui
est celle de la poésie épique et lyrique, indice de leur caractère littéraire.
À date haute, il n’y a pas d’anthroponyme en *-u̯ ent-, semble-t-il, ni
dans l’épigraphie ni dans les sources littéraires : il n’y en a par exemple
aucun chez Homère ni chez Hésiode. Le suffixe a pourtant été postulé
pour divers anthroponymes mycéniens. Ainsi pour ko-ma-we (PY An
519.10, PY JN 750.9) = *Komāwens « chevelu », admis par J. L. García
Ramón 4 : on comparera κομόωντες Ἀχαιοί et le terme ion.‑att. κομήτης
« qui porte les cheveux longs » (Hdt. 6, 19 ; Ar., Nub. 348), également
attesté comme anthroponyme (Κομήτης dans les Cyclades, Κομάτας à
Rhodes au ive s., à Cyrène au iiie s.). Ou encore a3-ta-ro-we (PY Cn
285.2) = Aithalowens « noir de fumée » 5. Ce dernier est un adjectif bien
attesté chez Homère, contrairement à *komāwens, mais ne s’applique
jamais dans le corpus homérique à un être humain (p. ex. κόνις αἰθαλό-
εσσα, Il. 18.23). Il convient de rester prudent sur l’identification de ces
anthroponymes étant donné les charmes de la graphie mycénienne, mais
l’existence de noms en *-u̯ ent- est largement admise par les mycénolo-
gues. Ce suffixe constitue donc un cas qui fait exception à ce que montre
J. L. García Ramón dans ce volume : une formation anthroponymique
existant apparemment au second millénaire mais disparue ensuite.
Le suffixe, presque totalement absent de l’anthroponymie au pre-
mier millénaire, est en revanche très présent dans un autre registre, il sert
à former de nombreux toponymes et hydronymes, masculins et fémi-
nins. La base est un nom concret, souvent un phytonyme (Πιτυοῦσσαι,
Οἰνοῦσσαι, Σελινοῦς, Ἀμαθοῦς). La valeur du suffixe « riche en x »,
« pourvu de x », est alors pleinement sensible. De ce fait, on le trouve
dans l’anthroponymie sous la forme de dérivés ethniques (Σελινούντιος,
Συρακούσιος), qui ne nous retiendront pas ici car le suffixe n’y est pas
employé en tant que suffixe anthroponymique. Avec degré zéro *-u̯ n̥ t-, on
a l’ethnique arcadien Ἑλισ-Fάσιοι (IPArk. 9, Mantinée, m. ive a. C.), le
6. L. Dubois, « À propos d’une nouvelle inscription arcadienne », BCH 112 (1988),
p. 288-289, avec bibliographie.
7. Données de R. Schmitt, Iranisches Personennamenbuch, V, Vienne, 2011, p. 114-
115, 138, 390.
496 claire le feuvre
9. On a peut-être deux attestations dans une inscription de Nisyros du iie a. C. (SEG 36,
743, 3b), mais ce sont des restitutions.
498 claire le feuvre
On peut rapprocher une Τιμᾶσσα à Cyrène (SEG IX, 181, 22, ier p. C.),
un théonyme Τιμᾶσσα en Sicile, à Noto, au iiie a. C. (IGDS I, 101), qui
pourrait être le nom d’une nymphe, et enfin un ΤΙΜΕΣΣΑ à Amorgos au
iie a. C. (IG XII, 7, 36, l. 5 et l. 17-18), que l’éditeur accentue Τίμεσσα et
le LGPN 1 Τιμῆσσα. La graphie ‹Ε› ne peut représenter un -η-, réguliè-
rement noté ‹Η› dans l’inscription 10, mais seulement un -ε-, le Τιμῆσσα
du LGPN ne convient donc pas. La forme figure deux fois dans la même
inscription, avec la même graphie, ce qui exclut une faute de gravure.
La forme Τίμοσσα attestée à Thespies, dans une inscription non datée,
est à séparer des précédentes. Le SEG 39, 458C accentue Τίμοσσα, le
LGPN 3b donne Τιμῶσσα?, et la date des ive-iiie a. C. Il s’agit probable-
ment d’un participe présent Τιμάōσα. Comme la graphie ‹Ω› est réguliè-
rement employée à Thespies à partir du iiie a. C., la graphie ‹Ο› suppose
une inscription antérieure à l’adoption de l’alphabet ionien, d’où la date
proposée par le LGPN. On reviendra ci-dessous sur la question de la
géminée dans les anthroponymes féminins issus de la conversion de par-
ticipes présents.
— Χαρίασσα à Rhodes, ier a. C.-ier p. C. : ΧΑΡΙΑΣΣΑ (Maiuri, NSER
76, καὶ τᾶς γυναικὸς Χαριάσσας Ἁλικαρνασσίδος) 11.
12. Masson, OGS I-II, p. 394. On a en fait quelques exemples de ce type ailleurs qu’en
Ionie, par exemple un Ἀκεσᾶς à Chypre au ve a. C.
13. Ce fait est déjà noté par Masson, OGS I-II, p. 397, n. 40.
500 claire le feuvre
5.2. Une deuxième hypothèse est que Νίκᾰσσᾰ et Τίμᾰσσᾰ soient des
dérivés féminins en -ι̯α de masculins *Νίκᾰξ, *Τίμᾰξ. Elle se heurte aux
objections suivantes. Tout d’abord, il n’existe aucun *Νίκαξ, *Τίμαξ,
ce qui ne saurait surprendre vu que les noms en -αξ sont des sobriquets,
c’est-à-dire des dénominations plaisantes ou dépréciatives fondées sur
une particularité physique ou une analogie avec un objet concret, et qu’un
abstrait comme νίκη, τιμή ne se prête pas à former un sobriquet. Une
autre possibilité pourrait être envisagée, que de telles formes soient, non
des sobriquets, mais des hypocoristiques de Νικαγόρας, Τιμαγόρας qui
sont bien attestés : on peut comparer Κλέαξ (4 attestations), attesté à
Oropos aux ive et iiie a. C., à Érétrie au iiie a. C., hypocoristique de Κλε-
αγόρας (30 attestations). Or Νικαγόρας et Τιμαγόρας sont des noms très
fréquents (202 attestations pour le premier, 119 pour le second), mais
aucun hypocoristique en -αξ ne leur correspond. Il est donc douteux, si
la base hypocoristique *Νίκαξ, *Τίμαξ n’existe pas, qu’on ait affaire à
des dérivés de formes de ce type. De plus, il est exclu d’expliquer ainsi
le Τιμεσσα d’Amorgos.
Ensuite, à supposer même qu’il ait existé des *Νίκαξ, *Τίμαξ, on ne
connaît pas de féminin en ‑ασσα sur les sobriquets en -αξ ; les féminins
en -άνασσα ne sont pas formés sur un sobriquet, et les noms en -άνασσα
n’ont pas fourni le point de départ d’un suffixe -ασσα dans l’anthropo-
nymie – alors qu’on a un suffixe -ισσα productif à date tardive. Il y aurait,
d’après le LGPN 3a, un Χάραττα féminin à Ambracie, qu’on peut rappro-
cher de Χάραξ (six attestations dans le LGPN), qui est soit un sobriquet
soit un hypocoristique de composé en -αγος). Mais en fait, il s’agit sans
doute d’une erreur du LGPN : la forme est attestée au datif Χαράττῃ, dans
une lettre apocryphe de Speusippe à Philippe de Macédoine, et comme
l’a vu Jacoby (FGrH 69 F 1), il s’agit clairement d’un nom d’homme,
donc d’un Χαράττης masculin, qui reçoit d’Héraclès la charge d’admi-
nistrer Ambracie en attendant de la remettre aux fils d’Héraclès quand ils
seront en âge de régner. Le seul parallèle envisageable s’évanouit donc.
Les mêmes objections s’appliquent pour le Νικαττα d’Athènes.
5.3. Une variante de l’hypothèse précédente serait que Νίκᾱσσᾰ et
Τίμᾱσσᾰ soient des dérivés féminins en -ι̯α de masculins *Νίκᾱς, -ᾱτος,
*Τίμᾱς, -ᾱτος. L’objection est identique : on ne connaît aucun *Τίμᾱς,
-ᾱτος ; et si l’on a à date tardive un datif Νίκητι dans une inscription de
un suffixe mort et ressuscité : *-u̯ent- 501
Cilicie (IK Anazarbe 425, ier-iie p. C.), il appartient sans doute au type à
[ē] Χάρης, -ητος, Χρέμης, -ητος, bien attesté, dont la voyelle suffixale
s’accordait avec la base Νίκη de la koinè. Le Νικαττα d’Athènes et le
Τιμεσσα d’Amorgos ne sauraient eux non plus avoir une telle origine.
5.4. Une hypothèse différente verrait dans Νικᾱ́σ(σ)ᾱ et Τιμᾱ́σ(σ)ᾱ
des hypocoristiques féminins en -σᾱ de composés en -σι-, avec gémi-
nation expressive éventuellement 14. Elle est douteuse car les hypoco-
ristiques féminins de composés en -σι- sont en -σώ, dans le Dodécanèse
comme en ionien-attique, et non en -σᾱ : le type en -σᾱ est attesté en
Grèce centrale, mais pas dans le Dodécanèse. Une telle explication
est également exclue pour le Τιμεσσα d’Amorgos, et bien sûr pour le
Νικαττα d’Athènes qui suppose une palatalisation d’une vélaire ou d’une
dentale sourde.
5.5. Peut-on alors voir dans ces formes les féminins de noms en
‑σσος ? Il n’existe pas de *Νίκασσος, *Τίμασσος : les quelques masculins
en -σσος sont d’un autre type, comme Νέοσσος (de νεοττός « nouveau-
né »), ou Δόρυσσος (du composé épique δορυσσόος), et les composés en
-σσόος n’ont jamais un abstrait comme τιμή ou νίκη en premier élément.
On peut donc exclure cette hypothèse.
5.6. La dernière hypothèse voit dans ces formes des féminins d’ad-
jectifs en *-u̯ ent-, en ‑ϝετ-ι̯α ou -ϝατ-ι̯α, avec contraction. C’est en fait
la seule possible. Tout d’abord, l’une de ces formes est attestée dans
l’anthroponymie à l’époque hellénistique et romaine, pour le masculin
comme pour le féminin : nous avons déjà mentionné les noms Τιμάεσσα
(Anth. VI, 272), et un masculin Τιμάεις à Colophon (cf. 1.). La même
forme Τιμάεσσα est admise par L. Dubois 15 et C. Dobias 16 pour expliquer
les formes contractées Τιμᾶσσα en Sicile et à Cyrène (cf. 4.). L’adjectif
τιμάϝεσσα, forme de fondation de l’anthroponyme, est même attesté
épigraphiquement en pamphylien (πόλις τιμάϝεσα « cité honorée »,
14. S. Minon, « Sifflantes géminées anomales. À propos des formes éléennes ἀνταπο-
διδῶσσα et θεοκολέōσσα et des anthroponymes en -φῶσ(σ)α », dans L. Dubois et
E. Masson (éd.), Philokypros. Mélanges de philologie et d’antiquités grecques et
proche-orientales dédiés à la mémoire d’Olivier Masson, Salamanque, 2000, p. 236.
15. L. Dubois, Inscriptions grecques dialectales de Sicile, I, Rome, 1989, p. 108.
16. C. Dobias-Lalou, Le dialecte des inscriptions grecques de Cyrène, Paris, 2000, p. 47.
502 claire le feuvre
première moitié du ive a. C.) 17, dans une inscription non métrique et qui
ne semble pas dépendre du formulaire épique. Cela semble indiquer que
l’adjectif a survécu en dehors de la langue épique dans certains dialectes.
De même, l’adjectif νικάεις est attesté dans l’Anthologie (Anth. VII, 428,
attr. à Méléagre, iie-ier a. C.), et peut-être comme anthroponyme dans le
génitif Νικᾶντος (Nisyros, iie a. C., voir ci-dessous, 8.).
À Rhodes, le [w] intervocalique s’est amuï très tôt, et est absent dès
les premières inscriptions (oκλεος, ποιησα DGE 272, vie s.) 18, donc une
forme contractée dès la fin du vie s. serait possible, et la contraction de
[ᾱε] donne un [ᾱ]. Il n’y a donc pas d’objection à une lecture Νικᾶσσα <
*Νικᾱ-ϝετ-ι̯α ou *Νικᾱ-ϝατ-ι̯α pour l’attestation la plus ancienne.
Ensuite, cette explication est la seule possible pour le Τιμεσσα
d’Amorgos. En ionien-attique on a Τιμήεσσα : cette forme se contracte
en attique en Τιμῆσσα (graphie retenue par le LGPN 1), mais en ionien
on attend non une contraction, mais un abrègement en hiatus, soit Τιμέ-
εσσα, du type βασιλέες, νέες : cf. συγγενέες à Tènos, IG XII, 5, 868, l.
15 (iie s.) ; ἐσαγωγέας à Amorgos, IG XII, 7, 3, l. 28, première moitié du
ive a. C. Certes, on pourra toujours objecter qu’à la frontière de mor-
phème, le traitement n’est pas toujours celui qu’on attendrait phonéti-
quement – à savoir la contraction –, mais en l’espèce, la longue dans
Τιμήεσσα est présuffixale comme la longue dans βασιλῆες est prédé-
sinentielle, donc la même motivation morphologique peut avoir joué
pour empêcher la contraction. En position radicale, on a un Δεικράτος
pour Δηι- (ID 98, ca 375 a. C., l. 53), qui n’est pas imputable à une
confusion entre ‹Ε› et ‹Η› et suppose un abrègement en hiatus. Bechtel
(GD III, 48-49) cite aussi, pour les adjectifs en *-u̯ ent-, ἠχέεντα κύματα
(Archiloque, fr. 122, 8 West), χαιτέεσσα (Sémonide, fr. 7, 57 West) :
mais ces formes sont suspectes d’être une simple graphie pour noter la
scansion brève de la syllabe en hiatus et ne sont pas entièrement fiables.
En revanche, on peut citer un toponyme Πετρέεντος en Carie (Magnésie
108, l. 37, 47 et 62, début du iie s. p. C.), qui continue le πετρήεις
homérique, et surtout un toponyme [Π]οέσ[σ]ηι à Céos (IG XII, 5, 1076,
l. 40, fin ive-déb. iiie a. C.), qui recouvre un Ποιήεσσα continuant le
17. C. Brixhe, Le dialecte grec de Pamphylie. Documents et grammaire, Paris, 1976,
no 3.
18. Cf. C. D. Buck, The Greek Dialects. Grammar, Selected Inscriptions, Glossary,
Chicago, 1955 (3e éd.), p. 46.
un suffixe mort et ressuscité : *-u̯ent- 503
19. O. Masson, « Quelques noms grecs dialectaux », dans Dialectologica graeca, p. 230
(= OGS III, p. 165).
20. A. Alonso Déniz, « Linguistic notes on the Spartan ἀγωγή: βούα and βουαγός/
βοαγός », Glotta 88 (2012), p. 13. Pour le démotique ionien Τειχιεσσεύς (Didyma
368, ier p. C.), correspondant au toponyme Τειχιοῦσσα, de τειχιόεσσα « pourvue de
remparts » (homérique), l’hyphérèse peut s’être produite dans le dérivé en -εύς, à
accent suffixal.
504 claire le feuvre
23. C. D. Buck, op. cit., p. 49 ; Chantraine, Formation, p. 270 ; Masson, OGS I-II, p. 335.
24. Si l’on considère que la source la plus proche est l’ionien d’Eubée, et qu’en eubéen
l’adjectif aurait aussi la forme χαρίϝετταν s’il était connu dans le dialecte, on
pourrait même supposer qu’il s’agit d’une transposition de l’ionien oriental χαρί-
(ϝ)εσσαν à l’ionien occidental χαρίϝετταν – cela semble néanmoins peu probable
un suffixe mort et ressuscité : *-u̯ent- 507
car, dans l’hypothèse d’une recension eubéenne de l’épopée défendue par Wathelet
et d’autres, on devrait avoir d’autres exemples du remplacement de -ττ- par -σσ-
pour « eubéiser » les formes, or on n’en a aucun. L’adaptation dialectale a donc dû
se faire entre ionien et béotien et non à l’intérieur du groupe ionien.
25. Le ϝ de ἀϝυτάν note un glide.
26. Masson, OGS I-II, p. 355.
508 claire le feuvre
féminin à degré zéro du type ἕκασσα, κατίασσα (*‑n̥ t-i̯ a) sont attestées à
Cyrène, dont la métropole, Théra, appartient au même ensemble dialectal
que le Dodécanèse. Dans ce cas, on aurait dans Νικᾶττα, Νικᾶσσα la
contraction de *-ᾱϝατι̯α, contraction entre deux voyelles de même timbre.
Mais vu la date probable de l’inscription en question (ier a. C.-ier p. C.),
on pourrait évoquer une autre possibilité, qui serait d’accentuer
Χαριᾶσσα propérispomène, en considérant qu’on a le même suffixe que
dans Νικᾶσσα et Τιμᾶσσα, c’est-à-dire une forme contractée de -ᾱ-ϝεσσα
ou -ᾱ-ϝασσα. Chez Homère, le suffixe est vivant sous deux formes,
qui incorporent toutes les deux la voyelle finale d’un thème vocalique,
-όϝεντ- et -ήϝεντ- (< -ᾱϝεντ-) : la distribution est fonction du mètre et ne
dépend pas de la forme de la base. On a ainsi δενδρήεντα sur une base
thématique, et non *δενδρεόεντα, et un toponyme Κυπαρισσήεις en Il.
2, 593 27. Les nouvelles créations se sont faites sur ce modèle, ainsi Ana-
créon a-t-il χαριτόεις en lieu et place de l’ancien χαρίεις. Il serait donc
envisageable que le suffixe complexe -ᾱ-ϝεσσα > -ᾶσσα ait été acclimaté
dans l’anthroponymie du Dodécanèse et ait conduit à la formation d’un
Χαριᾶσσα. Loin d’être un archaïsme remarquable, ce nom serait alors
une formation secondaire, analogique du type Νικᾶσσα, Τιμᾶσσα. Mais
en l’absence d’autre exemple indiquant une productivité de -ᾶσσα, on ne
peut que poser la question sans pouvoir y répondre.
On ne peut donc trancher la question du degré vocalique du suffixe
au féminin et du caractère pan-grec ou non de la réfection. Les formes
invoquées à l’appui d’un *-ϝετ-ι̯α pan-dialectal sont trop clairement des
emprunts à l’épopée pour qu’on puisse faire fond sur elles, et à l’in-
verse le Χαριασσα rhodien n’est peut-être pas une trace aussi claire
de *-ϝατ-ι̯α qu’il en a l’air. Si ces noms sont des emprunts directs à la
tradition homérique, il faut partir de -ϝεσσα et admettre qu’on a dans
Νικᾶσσα et Νικᾶττα les premiers exemples de la contraction [ᾱ(ϝ)ε]
dans les dialectes concernés. Mais ces adjectifs hérités de l’indo-euro-
péen ont pu passer dans l’anthroponymie à un stade ancien : le parallèle
des anthroponymes iraniens en -uant- (cf. ci-dessus, 2.) montre que cette
27. Une scholie bT à Il. 23, 741 a une variante Τίρυνθά τε τειχήεσσαν au lieu de la leçon
de la vulgate τειχιόεσσαν en Il. 2, 559, et de même Strabon, Geogr. 10, 4, 11 a une
variante Γόρτυνά τε τειχήεσσαν au lieu de τειχιόεσσαν en Il. 2, 646. La forme en
-ήεντ- est la forme ancienne, usuelle pour les thèmes en -s- (τελήεις), et remplacée
par la forme productive -ιόεντ- de même valeur métrique.
un suffixe mort et ressuscité : *-u̯ent- 509
8. On constate qu’en face des féminins, on n’a pas ou presque de mas-
culin en *-u̯ ent-, alors même que les premiers reposent sur les seconds.
Ce dernier point est manifeste dans le cas de Νικᾶσσα « pourvue de vic-
toire », qui n’est pas un nom de femme mais la féminisation d’un anthro-
ponyme masculin.
La raison première semble être que le suffixe était moins clairement
identifiable dans le masculin que dans le féminin. En effet, dans un dia-
lecte autre que l’ionien-attique, une forme en ‑ᾱϝενς, -ᾱϝεντος > -ᾶς,
-αντος devait passer à une flexion de participe. C’est ainsi que, toujours
510 claire le feuvre
28. Cela ne vaut bien sûr que pour les dialectes qui traitent le groupe -ns- par allongement
compensatoire.
un suffixe mort et ressuscité : *-u̯ent- 511
29. Masson, OGS III, p. 15. Les mêmes formes sont reprises par S. Minon, art. cit.,
p. 234, qui accepte l’explication par une gémination expressive pour les anthropo-
nymes, et explique différemment les formes de participe non converties attestées en
éléen et en thessalien.
30. L’hypothèse défendue par M. Peters, « Beiträge zur griechischen Etymologie », dans
L. Isebaert (éd.), Miscellanea linguistica graeco-latina, Namur, 1993, p. 104-105,
d’un *-bhoh2t-i̯ a féminin de -φως me paraît difficilement défendable dans la mesure
où ces noms en ‑φως sont spécifiques à la Crète et ne se trouvent pas dans les îles de
l’Égée, d’où viennent la plupart des formes en -φῶσσα, et où ces dernières forment
clairement couple avec des masculins en -φῶν, comme le note S. Minon, art. cit.,
p. 242-243. L’hypothèse défendue par E. Campanile, « Histoire et préhistoire d’une
formule poétique indo-européenne », EIE 21-24 (1987), p. 22, d’un *-bhh2-n̥ t-i̯ a
me paraît devoir être rejetée pour la même raison, le masculin en -φῶν supposant
*-φαϝων – je laisse de côté le nom de Perséphone qui ne vient pas d’un *-φαϝ-ν̥τ-ι̯α.
512 claire le feuvre
-ᾶσσα est ancienne et non expressive si ce sont des adjectifs en *-u̯ ent-. Je
suggèrerais que c’est là qu’il faut chercher l’origine des formes à géminée
« expressive » de participes féminins convertis en anthroponymes. On
peut se demander si la gémination, plutôt qu’un trait expressif, n’est pas
en synchronie une marque du statut d’anthroponyme opposant ce der-
nier à la forme non marquée du participe, donc une marque secondaire de
la conversion, au même titre que le recul d’accent, d’autant que ce der-
nier est inopérant dans les participes qui ont déjà un accent récessif. Cette
marque serait issue en diachronie de formes où la géminée était phoné-
tique, continuant le degré zéro ancien d’un suffixe à dentale – suffixe de
participe pour ‑φῶν, -φῶσσα en ionien, suffixe *-u̯ ent- pour le type Νικᾶς,
‑αντος, fém. Νικᾶσσα en dorien (< Νικᾱϝεντ-), qui pouvaient fournir un
modèle de couple masculin en -nt- vs féminin en -ss-, modèle propre aux
anthroponymes, et susceptible d’être étendu par analogie aux participes
convertis en anthroponymes. L’absence de ce type en attique s’explique-
rait alors sans mal : en attique les féminins d’adjectifs en *-u̯ ent- étaient
en -ττα (μελιτοῦττα) et non en -σσα, et étaient donc nettement distincts
des participes. Ce modèle ne pouvait s’établir que dans des dialectes à
-σσ-, et à la condition que la séquence [ns] du participe y soit traitée par un
allongement compensatoire. En conséquence, le Τιμῶσσα de Thespies ne
serait pas un nom béotien, mais peut-être une forme ionienne ou dorienne.
Références bibliographiques
Alonso Déniz, A., « Linguistic notes on the Spartan ἀγωγή: βούα and βουα-
γός / βοαγός », Glotta 88 (2012), p. 9-30.
Bechtel, F., GD : Die griechischen Dialekte, 3 vol., Berlin, 1921-1924.
Brixhe, C., Le dialecte grec de Pamphylie. Documents et grammaire, Paris,
1976.
Buck, C. D., The Greek dialects. Grammar, Selected Inscriptions, Glossary,
Chicago, 1955 (3e éd.).
Campanile, E., « Histoire et préhistoire d’une formule poétique indo-euro-
péenne », EIE 21-24 (1987), p. 17-24.
Dobias-Lalou, C., Le dialecte des inscriptions grecques de Cyrène, Paris,
2000.
Dubois, L., « À propos d’une nouvelle inscription arcadienne », BCH 112
(1988), p. 279-290.
un suffixe mort et ressuscité : *-u̯ent- 515
Marina Veksina
Humboldt-Universität zu Berlin
F
eminine names in -ίη, -έη, -ρη found in the Doric islands of the
Aegean have received different interpretations by the grammar-
ians. 1 First to be suggested was a theory explaining the Ionic-
sounding forms by the presence of an Ionic population in Doric islands. 2
In the grammatical register to the Coan dialect, C. Gladis explained these
names as an imitation of the epic style. 3 Apparently unaware of Gladis’
suggestion, F. Bechtel preferred to see in the Rhodian Ἀγαθανόρη and
Coan Ἀρισταγόρη the results of the Doric contraction -εα > -η, and paral-
lelled these cases with the Rhodian Νικασικράτη and Coan Ἀναξιπόλη. 4
Slightly later, F. Hiller von Gaertringen, without referring to Bechtel,
interpreted in the same way Rhodian Τιμανόρη as well as Κλε(ι)ταγόρη
and Ξεναγόρη read in one inscription from Astypalaia. 5 Neither Bechtel
nor Hiller commented on the derivational model of the presumed longer
forms. This was done by A. Striano-Corrochano in 1994 (by that time
some more Ionic-looking names had become known): according to her
suggestion the formant -εια was transferred analogically from the femi-
nine names belonging with s-stems (‑κράτεια, -κλεια, -γένεια, -φάνεια)
1. This investigation was funded in 2014–2015 by the Swiss State Secretariat for
Education, Research and Innovation.
2. H. Barth, De Coorum titulorum dialecto, Basileae, 1896, p. 86, and R. Björkegren,
De sonis dialecti Rhodiacae, Uppsala, 1902, p. 26.
3. C. Gladis, “Grammatik und Wortresgister zu den Inschriften von Kalymna und
Kos”, in Sammlung der griechischen Dialekt-Inschriften, Bd. IV, Göttingen, 1910,
p. 511: “Vielleicht handelt es sich nur um eine durch die epischen Frauennamen
veranlasste Mode-Ziererei”.
4. Bechtel, HPN 376 and 260.
5. F. Hiller von Gaertringen, “Dorisch oder ionisch?”, ZVS 51 (1923), p. 27.
518 marina veksina
and both primary and secondary names in -εια underwent the Insular
Doric contraction. 6 By now the collection of the Ionic-looking names has
become much larger and this paper aims at reassessing previous theories
with focus on the Coan material.
It should be pointed out from the beginning that most of the Ionic-
sounding names are secured for Coan citizen-women (see appendices 1
and 2). 7 Thus, the theory ascribing these names to the presence of the
Ionic expatriates on the island should be left aside.
The contraction /ea/ > /ɛ:/ is indeed generally accepted for Aegean
Doric. 8 However, this contraction did not have the character of an uncon-
ditional phonetic law and its parameters need to be specified for each
sub-dialect. As far as the situation in Cos is concerned, we find e.g. the
contracted forms of the noun for “priestess” in the 3rd and 2nd c. BC, but
the uncontracted forms of this noun are far more frequent and are found
from the 4th c. BC down to the 2nd c. AD. 9 Of the adjectives of material
χαλκῆ is found only contracted, with examples confined to the 2nd c. BC
(accusative and dative), but for ἀργυρέα and χρυσέα only uncontracted
forms are attested. 10 Noteworthy is further the θυγατριδῆν attested in a
6. A. Striano Corrochano, “Sobre algunos antropónimos femeninos de Rodas y de
Cos”, in J. de la Villa Polo et al. (coord.), Quid ultra faciam?: trabajos de griego,
latín e indoeuropeo en conmemoración de los 25 años de la Universidad Autónoma
de Madrid, Madrid, 1994, pp. 87–92.
7. In what follows the numbers in italics refer to the inscription numbers in the Coan
corpus, IG Vol. XII, Fasc. 4. Inscriptiones Coi, Calymnae, insularum Milesiarum,
Berlin, 2010–. The small numbers refer to lines. Names of persons explicitely
indicated as foreigners have been left out of the account. Names attested in metrical
inscriptions have unless otherwise indicated been left out of the account.
8. R. Schmitt, Einführung in die griechischen Dialekte, Darmstadt, 1977, p. 46.
9. For the etymology of this word, see C. Dobias-Lalou, Le dialecte des inscriptions
grecques de Cyrène, Paris, 2000, pp. 48, 85, 206; Risch, Wortbildung, p. 135, in
particular note 120; for further references, cf. M. Meier-Brügger, Griechische
Sprachwissenschaft, Bd. II, Berlin, 1992, p. 24. In the Coan corpus I count 4
contracted nominatives (three of them in one inscription, 304, first half of the 2nd c.
BC, sacral regulation), and 2 contracted accusatives (3rd c. and 2nd c. BC); among
the uncontracted forms there are 13 nominatives and 9 accusatives, covering a period
from the 4th c. BC down to the 2nd c. AD. The only example with the doric vocalism
of the stem is the contracted nominative ἱάρη 5122; this dedication of the late 3rd c.
BC was found not in the city, but in the sanctuary of Demeter in Κυπαρίσσι.
10. On their etymology in *-ej- or with reduplication *-ejj-, see e.g. Chantraine,
Formation, p. 50. For ἀργυρέα there are two accusatives and one nominative attested
in the Coan corpus, with the examples scattered in time from the 3rd c. BC to the
ionic element in coan onomastics? 519
2nd c. AD. For χρυσέα there is no accusative and the only nominative found is in
the metrical honorary inscription of the third or second century BC (837). Just as
with the noun for priestess I have left out datives and genitives, where the second
vowel is long, although potential complications through paradigm levellings are to
be expected.
11. On this formation, see Chantraine, Formation, p. 363 f.
12. All three are denominative from s-stems, but unlike the personal names in ‑κράτεια,
-κλεια, -γένεια etc. they are integrated into the system of adjectives in -ειος, -ειᾱ
(-ειη), -ειον, see Risch, Wortbildung, 129 f.
13. E. Nieto Izquierdo, “La metátesis de cantidad en el dialecto de Cos: ¿influencia del
jonio o desarrollo propio?”, Emerita 83.2 (2015), p. 349 f., gives τέλεα, τέλεαν. This
praxis is different from that of the IG corpus. The feminines in *‑wā would have the
long vowel, see e.g. E. Schwyzer, GG 1, p. 472, and the phonetic development from
τέλεια (*-esja) is explicitely denied by Nieto Izquierdo, art. cit., p. 350, fn. 12. No
τελήα or τελήαν are attested in Cos, which would have preserved the combination of
two long vowels. Τέληος is attested in Cos, cf. ἱερεῖον τέληον 30231, but because of
its late date (beginning of the 2nd c. BC) not accepted as dialectal by Nieto Izquierdo.
For the formation, cf. Risch, Wortbildung, p. 130, Schwyzer, GG 1, p. 282, p. 472,
Chantraine, Formation, p. 50.
14. 461 is census of the tribesmen of Isthmus.
520 marina veksina
necessarily result from the contraction of ‑κράτεια: they can also be seen
as morphologically derived “short names” as e.g. epic names in ‑μήδη. 18
It may be suitable to consider the Coan material in a broader context,
and in particular with regard to the general situation in the Aegean. 19
Names in -κράτη and -κράτεια are attested in Rhodes, with the attesta-
tions of the former type starting in the 4th c. BC and those of the latter
type in the late 3rd c. BC. This chronology does not favour the possibility
of a contraction. The following pairs are attested:
Τιμακράτη (6 ex.: ca. 325 BC, 3rd c. BC?, 2nd c. BC, 1st c. BC,
hell.)/Τιμακράτηια (1 ex., late 3rd c. BC);
Βουλακράτη (2 ex.: 1st c. BC) / Βουλακράτεια (2 ex.: 2nd c. BC,
hell.-imp.);
Νικασικράτη (1 ex., hell.) / Νικασικράτεια (3 ex.: 2nd c. BC, 1st c.
BC, imp.);
Φιλοκράτη (1 ex., hell., metrical) / Φιλοκράτεια (1 ex., 2nd–1st c.
BC).
Thus in the attested pairs the names in -κράτη appear either earlier than
the corresponding one in -κράτεια or simultaneously with it. If indeed the
contraction has played a role here, 20 it may have created stylistic and/or
local variants, but it was not productive enough to eliminate the -κράτεια
type. The interpretation as “short names” is also possible, but in this case
the exclusively non-local vocalism should be explained. Indeed, both pos-
sibilities may have been at work here. The first attestations of ‑κράτη type
come from Ionic regions and date to the late 5th c. BC (Ephesos late 5th
c. BC, Thasos, Pantikapaion, Amorgos, Mykonos 4th–3rd c. BC). This
type is alien to Attica (one example in Oropos 4th–3rd c. BC is probably
due to an influence from Euboia), where the -κράτεια type was normal,
attested from the 5th c. BC on. Remarkably, in Ionic territories the first
(75174 the same person as 7632), Πραξῆς (7087, 1483), Φιλιστῆς (75211-212, 7076,
2906).
18. Risch, Wortbildung, p. 137, 230, analyzes names in -μήδη as “short names”
derived morphologically from the names in ‑μήδεια; but Kamptz, HomPN, p. 111
understands names in -μηδη as proper “Motionsfeminina”.
19. The following account is based on the data made available by the LGPN.
20. For some examples of contraction in the sequence /ea/ in Rhodes, see L. Martin Váz-
quez, Inscripciones rodias, Diss. Madrid, 1988, vol. 1, p. 83, 86, and A. Striano Cor-
rochano, art. cit., p. 89. However, the quoted instances of contraction do not fulfill
the same etymological conditions as names in -κράτεια.
522 marina veksina
examples of -κράτεια are found only as late as the 4th c. BC. This of
course can be a mere coincidence due to the lack of material, but also
undermines the possibility that the Ionic -κράτη type originated through
the contraction of names in ‑κράτεια. Instead, names in -κράτη can be
morphologically derivatives. Feminine names in -κράτα are a Thessalian
phenomenon, known from the 3rd c. BC on (cf. e.g. the pairs Aὐτοκρά-
τεια / Aὐτοκράτα and Δαμοκράτεια / Δαμοκράτα, both attested in Larisa
in hellenistic times), but their interpretation as “short names” analogous
to the Ionic short names in -κράτη may need some further specification.
In Thessalian the established type of patronymic adjectives in -ειος (not
only for names in -ης, but also extended to other stems 21) could cause
ambiguity in interpreting the names where -εια is derivationally moti-
vated. 22 Names in -κράτα as pendants for masculine ‑κράτης could have
been (occasionally) introduced as balancing means for the overloaded
system of feminines in -εια.
For the many names in -κλεια (over 80 in LGPN) no pendants in
‑κλη are ever found except for Παντάκλη (LGPN 5b, Caria, 3rd c. BC),
which would probably be better referred to Παντακλείη, IG XII (9) 451
(Euboia, 4th–3rd c. BC). For the good old Προκλῆς no Πρόκλεια is ever
found, indeed there is no special feminine pendant. But in imperial times
we have the pair of short names Πρόκλος / Πρόκλα (also found with the
Ionic variant Πρόκλη). Names in -κλα are late 23 and are mainly repre-
sented by Πρόκλα and Θέκλα. For Θέκλα no better interpretation can be
suggested than a short name for Θεόκλεια.
For the common names in -γένεια no secure pendants in -γένη are
ever found. 24 The formation in *‑genā is not securely attested, 25 and in
any case not found in South Aegean.
Names in -μήδεια are not known in the Doric Aegean and are in gen-
eral poorly attested: the short name Μήδεια (Athens, 4th BC), and Ξενο-
μήδεια (Smyrna, 2nd BC), are the only instances before imperial times.
Names in ‑μήδη are characteristically Ionic and Attic (8 ex., attested
from the 4th c. BC on). Outside Ionic-Attic territories, names in -μήδα
are known, and with the exception of the uncertain Cypriot Ἀταλομήδα 26
the oldest example is from Thessalia (Φρασιμήδα 5th c. BC).
Names in -φάνεια are attested in various regions from the 5th c. BC
on (in Insular Doric from the 4th c. BC down to imperial times, in Attica
from the 4th c. BC onwards, Ionic examples are later). Infrequent names
in -φάνη are Attic and Ionic (Attic examples start in the 6th c. BC, and
Φάνη is found in Eretria in the 4th–3rd c. BC). For the only two Insular
Doric examples (Φάνη 3rd c. BC, Θευφάνη 2nd c. BC, both examples
from Nisyros), chronology does not preclude the explanation by the con-
traction. No *‑φάνα is attested.
The formation *-damā is old, 27 but no feminine in -δάμα or -δάμη is
attested in the Aegean Doric. A Ἱπποδάμη is known in Attica in the 4th c.
BC. Νames in -δάμα appear here and there, in particular in Doric Pelo-
ponnese (the earliest example dates back to the 6th c. BC), but the most
significant concentration of names in -δάμα is found in Thessalia (8 ex.,
from the 4th c. BC on) and Boeotia (6 ex., from the 4th c. BC on), and
belonging with this Αeolic group are two examples in Ilion (3rd–2nd
c. BC). Names in -δάμεια are found in Thessalia and Boeotia from the
3rd c. BC on (less well represented here than those in -δάμα), the type
is represented in Attica (from the 4th c. BC on), Doric Aegean (Cos,
Thera, from the 3rd c. BC on) and in imperial times on the west coast of
Asia Minor. No *-δάμαια is attested anywhere. The formation ‑δάμεια is
already found in the epic language, representing the case of an analogical
extension of the termination -εια. 28
Names in -ρόδη are common in Rhodes (e.g. Ἁγησιρόδη, Ἁλιορόδη,
Ἀριστουρόδη) with the oldest example dated to ca. 325 BC (Φιλορόδη
insecure with the other example (Boeotia, 3rd–2nd c. BC); the reading is not secure
for the oldest example either (Dodona, 5th c. BC), cf. ε῏ ΚΛΕΟΓΕΝΑΙ[— —, as
given in É. Lhôte, Les lamelles oraculaires de Dodone, Geneva, 2006, p. 79.
26. M. Egetmeyer, op. cit., Rantidi 4.
27. But the 6th c. example from Cyprus is now interpreted as a masculine, see M. Eget-
meyer, op. cit., p. 343.
28. Risch, Wortbildung, p. 137, Chantraine, Formation, p. 87.
524 marina veksina
29. R. Schmitt, “Morphologie der Namen: Vollnamen und Kurznamen bzw. Kosenamen
im Indogermanischen”, in Namenforschung. Ein internationales Handbuch zur
Onomastik 1, Berlin, 1995, pp. 419–427.
30. NS 57 (Lindos, 1st c. BC–1st c. AD), IErythrai 315 (1st–2nd c. AD), IK Laodikeia
Lyk. 116 (early imp.), P. Fraser, Rhodian Funerary Monuments, Oxford, 1977,
p. 118 n. 157 (Halicarnassos, Roman). Cf. L. Martin Vázquez, op. cit., p. 358.
ionic element in coan onomastics? 525
As can be seen from the given account, usually the earliest attesta-
tions of the shorter names are older than those of the longer (‑κράτη in
Ionic territories, in Rhodos and perhaps in Cos, ‑φάνη in Attica, ‑ρόδη
in Rhodos), sometimes both are approximately contemporary (‑μήδη in
Attica, ‑δάμη in Attica, possibly ‑κράτη in Cos, perhaps ‑κλη in Caria).
Often one member of the pair is simply unattested in a particular region
(there is only ‑κράτη in Attica, only ‑κλεια in most regions, only φάνη
in Nisyros, only Ἀρίστη and only ‑δάμεια in Doric Aegean, etc.). Thus,
there is no dialect for which it can be demonstrated that the names in ‑η
replaced those in ‑εια in course of time. The reality and the ancient char-
acter of the type in *‑ā is demonstrated by the names in ‑κράτα, ‑μήδα,
and ‑δάμα attested in various non Ionic-Attic regions, with a particular
concentration of the examples in Thessalia and Boeotia. The oldest
epigraphic examples of the names in ‑κράτη, ‑κλη, ‑φάνη, ‑μήδη, ‑αρίστη
are found in Ionic/Attic territories. Therefore, although a single explana-
tion can’t account for all cases of variation between longer and shorter
names, it is clear that the motives for this variation are to be looked for in
the spheres of morphological derivation and style. Analogical extension
of the formant ‑εια on one side and morphological creation of the short
names in ‑η/‑ᾱ besides the long names in ‑εια on the other side are inter-
twining processes already in the epic language and in historical Greek
the situation is no less complicated. At different stages of development
various dialects could introduce either short or extended variants, and
although both types are originally old, a particular variant could eventu-
ally receive a new interpretation within a particular dialect.
In what follows I first consider cases where for an Ionic-sounding
name in -η any pendant in -εια is only attested outside Cos (Ἀριστα-
γόρη, Κληναγόρη, Νικασαγόρη, Ἁλίη), taking together Bechtel’s Ἀνα-
ξιπόλη, and I further turn to the Coan names in -ίη, -έη, ‑ρη missing
any epigraphically attested pendant in -εια. The relevant Coan examples
are given in appendix 1 and appendix 2 respectively. The attestations
fall within a quite restricted chronological span (second part of the 3rd–
2nd c. BC) which may in itself indicate that we are dealing here with a
phenomenon of fashion.
Rare names in -πόλη are Ionic with the oldest examples found in
the Samian colonies (Perinthos 6th–5th c. BC, Nymphaion 4th c. BC,
Arkesine 4th c. BC). This particular link with Samos is intriguing and
526 marina veksina
Ionic region, but later on 35 he preferred to see here an example of the
Doric contraction and gave the text Κλεταγορῆι καὶ Ξεναγο[ρῆι in IG
XII Suppl. p. 82 n. 241. The extremely rare names in -αγόρε(ι)α are
likely to be an Insular Doric isogloss since their attestations are confined
to Thera (2 ex.: 3rd c. BC, 3rd–2nd c. BC), Anaphe (1 ex., hell.), Cnidos
(1 ex., late 4th c. BC), Astypalaia (1 ex., 1st c. AD, metr.) and Amos (1
ex.: IK Rhod. Per. 351, ll.2f., 6th c. BC). 36 The oldest example is of par-
ticular interest as it is found at the end of a metrical epitaph where the
reading is difficult: ΗΩΜΙΔΕΑΛΗΩΝΟΣ καὶ ....α/γορέας φίλος hυιύς. 37
This part of the text gives the parents’ names and was intended to be met-
rical as unequivocally follows from the epic reminiscence φίλος hυιύς
concluding the line. However, the incorporation of the personal name
into the line was problematic, since the first vowel in -αγορ- is etymo-
logically short; -αγορέας should be read either with prolonged first α, or
with synizesis of the last two vowels. If at all any link is to be postulated
between the archaic ‑αγορη from Astypalaia and the metrical ‑αγόρεα
from the Rhodian Peraia, the longer type could be due to the reanal-
ysis of the Ionic type. Except for the doubtful Κλε̄ταγορηι, names in
-αγορη are attested in Insular Doric only from the 3rd c. BC on (Nisyros,
Cos, Rhodes, total of 16 ex. in LGPN 1); by contrast, the only example
of -αγορα in this region is in a late inscription from Melos (imperial
times). 38 Noteworthy are the complementary geographical distribution of
the -αγόρε(ι)α and -αγόρη types within Insular Doric territories, and the
non-intersecting first parts of compounds for both formations. 39 These
fine variations can reflect morphological selectivity as well as matters of
local style. As for the names in -πόλε(ι)α and ‑αγόρε(ι)α, the introduc-
tion of the -εια type in some regions within Insular Doric, in particular
in Thera, can represent a reconsideration of the type in -η, whereas other
regions simply adopted the Ionic form in ‑η. What served as a pattern for
this reconsideration—the properly Ionic variation of ‑εια/-η types (cf.
‑κράτη/‑κράτεια), or the associations with the epic diction, or perhaps
the synchronous interchange between word-final /ejja/, /ea/, /ɛ:/ in local
speech—cannot be decided with certainty.
The Calymnian hapax Ἁλιεία, Tit.Cal. 201 (1st c. AD), has been
referred to the Rhodian festival Ἁλίεια by Bechtel. 40 But the exclusively
Coan name Ἁλίη (3 persons, all 2nd c. BC) 41 is unlikely to be a con-
tracted or a short form thereof. Instead, it should be regarded vis-à-vis
the masculine name Ἁλίας attested in Cos (1 ex., ca. 200 BC). Halios is
known to have been worshipped together with Hamera in Cos. 42 Thus
Ἁλίη is either an Ionically or epically coloured form. Notable is in any
case the preservation of the Doric form of the stem.
For the names Ἁβροτίη, Δίη, Ζωβίη, Θευδοσίη, Κλειτοθέη, Μικο-
τέρη, Σιμοτέρη, Φιλίη (see examples in the appendix) extended forms
in -εια or -αια are not attested in the LGPN. An account based on a con-
traction is thus entirely excluded for them. Borrowing from Ionic and
imitation of the epic style are two possibilities that should not possibly
exclude each other. In any case it is the morphological marker that was
adopted, not the names themselves, for most of these Coan names are
never found in the Ionic outfit anywhere outside Cos. One exception is
Ζωβίη which is attested epigraphically (1 ex. in Apollonia-Sozopolis, 4th
c. BC, 1 ex. in Miletos, 3rd c. BC). The other exception concerns names
in -θέη: Μνησιθέη is found twice in Miletos (3rd c. BC and 2nd–1st c.
BC), and Ἀμφιθέη, Λευκοθέη, Εἰδοθέη, Πασιθέη are Homeric names. 43
The domestic counterparts of the trendy names are not usual in Cos. The
only direct pendant is Μικοτέρα (1 ex., 2nd c. BC). But Ἀγωνιθέα and
Δωροθέα do not exactly double Κλειτοθέη, which can again represent an
example of selectivity in onomastic morphology.
It could be objected against a possible Ionic influence that, as is well
known, the Ionic dialect was quite early koineised. It is generally stated
that after the end of the fourth century BC only remnants of the dialect
are found in inscriptions. 44 However, onomastics was not so easily sub-
ject to the koineisation and specifically Ionic feminines are common in
Ionic territories long after the 4th c. BC. Thus in LGPN 5a and 5b names
in -ία, -έα, -ρα are far more numerous than those in -ίη, -έη, -ρη, but the
latter make a long list even if only attestations after the 4th c. BC are
included: Ἀγαθανόρη, Ἀπολλωνίη, Ἀρισταγόρη, Ἀρτεμισίη, Ἀσπασίη,
Εὐνοίη, Εὐνομίη, Ζωβίη, ῾Ηγησαγόρη, ῾Ικεσίη, Κλεαγόρη, Κόρρη,
Κυθέρη, Κυπάρη, Μαιανδρίη, Μελίη, Μητραδώρη, Μητροδώρη, Μνη-
σιθέη, Νικαγόρη, Παντιμίη, Τερψιχόρη, Χίη. 45 In the Ionic islands of
the Aegean we find the following names after the 4th c. BC: Ἀρή, Ἀρτε-
μισίη, Ἀσπασίη, Δαλματίη, Δικαίη, Εὐαγόρη, ῾Ηδυλίη, ῾Ημέρη, Ἠπίη,
῞Ηρη, Κλεαγόρη, Κλειναγόρη, Κόρη, Κυπάρη, Λαμπρή, Μνησιδώρη,
Νικαγόρη, Πυθαγόρη, Σατύρη, Σώστρη, Φιλτείη, Φρυγίη. In support of a
possible Ionic influence, it should be noted that occasional interferences
from the Ionic dialect are found in Coan inscriptions, cf. τό τε ἱρὸ[ν]|τᾶς
Ἀφροδίτας 30249 (corpus gives ἱ‹ε›ρό[ν]), ὁ ἱρεύς 32513 (1st c. BC). 46 To
possible instances of Ionic impact on Coan onomastics should be added
the name Μιννίων. 47 But some phenomena are likely to be common areal
developments rather than bare import from East Ionic into Insular Doric:
this is the case of the contraction /eo/ > /eu/ as well as the development
of two non coinciding series of masculines in -ῆς and -έας in Coan and
in Insular Ionic. 48
44. R. Schmitt, Einführung, p. 101; K. Stüber, Zur dialektalen Einheit des Ostionischen,
Innsbruck, 1996, p. 20.
45. Very late examples have been excluded from this list.
46. For scepticism about Ionic influence on Insular Doric, cf. E. Nieto Izquierdo, art.
cit., passim.
47. S. J. Curbera, “Onomastic notes”, in D. Bosnakis Ανέκδοτες επιγραφές της Κω,
Αθήνα, 2008, pp. 193–195.
48. On these names see note 17 above; cf. J. Niehoff-Panagiotidis, Koine und Diglossie,
Wiesbaden, 1994, p. 260 with fn. 35.
530 marina veksina
Appendix 1
49. Masson, OGS III, p. 226; Kamptz, HomPN, pp. 7–10; N. Kanavou, The Names of
Homeric Heroes: Problems and Interpretations, Berlin, 2015, pp. 156–168. For the
rise of popularity of epic onomastics in hellenistic and imperial periods, cf. ibid.,
p. 167.
50. N. Kanavou, op. cit., p. 165 f., although the formants -κλεια and -μαχη are usual.
51. For an overwiev, see S. M. Sherwin-White, op. cit., pp. 16–19.
52. 837 (3rd–2nd c. BC?), 845 (1st c. AD). As a sign of Coans’ devotion to the literature,
one can mention the foundation of a library at public expense in the early 2nd c. BC,
recorded in 433.
53. All sepulcral monuments have been marked as insecure.
ionic element in coan onomastics? 531
BC, catalogue), Ἁλίης τᾶς Μακαρέως 46129 (ca. 180 BC, catalogue), Ἁλίης
τᾶς | Σωκλεῦς 104470f. (ca. 180–175 BC, catalogue)
Ἀναξιπόλη: Ἀ̣ναξιπόλης 10424 (ca. 180 BC, catalogue), Ἀναξιπόλης 104441 (ca.
180 BC, catalogue), Ἀν[α|ξι]πόλης 462144–5 (ca. 180 BC, catalogue), Ἀναξιπόλη
1631 (2nd c. BC?, funerary stone)
Appendix 2
Bibliographical references
L
a tendance à la régularisation des langues entraîne un certain
nombre d’interactions entre les paradigmes morphologiques, tant
verbaux que nominaux 1. Et c’est valable notamment pour le grec
ancien. C’est ainsi que dans la flexion athématique des thèmes en sif-
flante, il est habituel qu’en koinè, par exemple, les noms masculins se
déclinent comme les masculins des thèmes en -ā, à cause de l’identité
phonétique du nominatif singulier, qui est en -ης dans les deux para-
digmes (comme Τηλεφάνης qui peut présenter un génitif Τηλεφάνου).
Cependant, on trouve parfois dans les inscriptions de Thasos 2,
quelques attestations du phénomène contraire, c’est-à-dire, des masculins
l’époque archaïque, l’alphabet et le dialecte locaux de ces îles étaient très proches ;
cependant, il existe de petits particularismes linguistiques qui les distinguent, parce
que ni le contexte, ni l’histoire, ni les contacts ni les influences n’étaient exactement
les mêmes dans les deux îles.
3. Au moins depuis A. Fick, « Die Sprachform der altionischen und altattischen Lyrik
[I] », Beiträge zur Kunde der indogermanischen Sprachen 11 (1886), p. 270. Cf.
A. Alonso, « The dialect of Thasos and the transmission of Archilochus’ fragments »,
dans G. Giannakis, E. Crespo, P. Filos (éd.), Studies in Ancient Greek Dialects. From
Central Greece to the Black Sea, Berlin - New York (à paraître en 2017).
4. F. Bechtel, Die Griechischen Dialekte, III. Der ionische Dialekt, Berlin, 1924, p. 140
(et 97) ; A. Thumb, Handbuch der griechischen Dialekte, Heidelberg, 1909, p. 355 ;
C. D. Buck, The Greek dialects, Chicago, 1955, § 105d.
5. E. Knitl, Die Sprache der ionischen Kykladen nach den inschriftlichen Quellen,
Spire, 1938, § 81 ; P. Hualde Pascual, El dialecto jonio de la Dodecápolis: fonética
y morfología. Estudio intradialectal, Madrid, 1993 (thèse doctorale inédite, UAM),
306 sq. ; L. Threatte, The grammar of Attic inscriptions, II. Morphology, Berlin -
New York, 1996, p. 89, § 51.03125 ; M. L. del Barrio Vega, El dialecto de Eubea,
Madrid, 1987 (thèse doctorale inédite, UCM), p. 337.
noms propres en -ā- et en -s- à thasos 537
Bien que le phénomène se soit aussi produit dans des dialectes comme
le lesbien, le thessalien ou dans certaines régions doriennes, l’interaction
entre thèmes masculins en -ā et en -s- est directement mise en relation
avec le dialecte ionien-attique où se produit l’évolution de ‑ā à -ē ouvert
(ᾱ > η), qui rend possible la convergence phonétique au nominatif, condi-
tion nécessaire pour que se produise le rapprochement entre les deux
paradigmes.
Thèmes en -ᾱ Thèmes en -s-
NOM -ᾱς > -ης -ης
-εα > η
AC -ᾱν > -ην
-ην #
-ᾱο > -ηο -εος
GEN Ion. -εω Ion. -ευς
Att. -ου # Att. -ους
-ᾱι > ηι
Ion. or. -ηι
DAT -ει
Att. + -ηι /-ει
Ion. centr.
n’étant pas sentie comme un vrai accusatif est recaractérisée par l’ad-
dition d’une nasale. Les attestations de datifs et d’accusatifs sont peu
nombreuses à cause de la typologie des documents, qui n’est pas très
variée : les inscriptions, très formulaires, présentent souvent beaucoup
d’anthroponymes qui nous ont été transmis au nominatif, avec le nom du
père au génitif (catalogues, inscriptions funéraires et votives, etc.). De
plus, les deux paradigmes qui nous intéressent ne sont pas représentés
dans tous les cas. Cependant, quand l’accusatif est attesté, il est fréquent
que les exemples des thèmes en -s- présentent la terminaison analo-
gique des thèmes en -ā : -ην ; à Thasos par exemple, on trouve l’anthro-
ponyme Ἀντιγένην 9. Ce transfert habituel est bien attesté dans d’autres
endroits de l’aire ionienne-attique. En revanche, l’analogie ou « transfert
inverse », c’est-à-dire la forme des thèmes en -s- comme terminaison
des thèmes originellement en -ā, n’est jamais attestée à l’accusatif dans
les documents épigraphiques, bien qu’elle apparaisse quelques fois chez
Hérodote, par exemple Λευτυχίδεα (Hdt. VI 65, 73, 85) ou δεσπότεα
(Hdt. I 91) 10.
Le génitif est donc le seul cas où la flexion de chaque paradigme se
distingue clairement, surtout à cause de la désinence athématique qui
présente une sifflante très caractéristique (-εος). C’est pourquoi l’ana-
logie qui se produit à ce cas s’avère la plus intéressante pour notre étude,
puisque la coïncidence phonétique entre les deux flexions dans ce cas ne
va absolument pas de soi 11.
9. IG XII (8) 267, 315-285 a. C. : c’est le seul exemple épigraphique d’accusatif des
thèmes en -s- à Thasos, et il atteste déjà la terminaison analogique des thèmes en -ā.
De même pour Ἑρμοκράτην LGPN 1, Thasos, ive-ve a. C.
10. Cf. F. Bechtel, op. cit., p. 140 ; A. Thumb. op. cit., p. 355 ; P. Chantraine, Morphologie
historique du grec, Paris, 1967, § 46 II.
11. La réalité phonétique qui est derrière ces graphies a été très débattue. Au vu de la
grande quantité de graphies (-ηο, -εω, -ω, -εο, -ευ...) et par conséquent, de l’ap-
parente quantité de réalisations phonétiques différentes possibles (hiatus, diphton-
gaison, avec ou sans synizèse [prononciation monosyllabique], avec métathèse de
quantité vocalique, etc.), plusieurs chercheurs ont consacré beaucoup de pages à
essayer de comprendre le processus phonétique (s’il existe) qui provoque cette mul-
tiplicité de graphies apparemment équivalentes, qui ne sont propres ni à ce contexte
morphologique ni aux dialectes ioniens-attiques. Ainsi : A. Alonso, « Some like it
short? <εο>, <ευ> and <ηυ> for <εω> in Doric », dans A. Panayotou et G. Galdi
(éd.), Ελληνικές διάλεκτοι στον αρχαίο κόσμο. Actes du VIe colloque international
sur les dialectes grecs anciens (sous presse) ; A. Striano, « A propósito de las formas
540 violeta gomis garcía
Le génitif des deux flexions est très bien attesté. On trouve à Thasos
plusieurs graphies pour le génitif des thèmes en -ā et pour les génitifs
des thèmes en -s-. Elles sont éparpillées plus ou moins à travers toutes
les époques, mais la représentation de chacune d’elles n’est, bien sûr, pas
toujours la même.
Graphies attestées dans les inscriptions
Gén. des thèmes en -ā Gén. des thèmes en -s-
(-ηο) -εο -εω -ου -εος -ους
-ευ -ω -ευς
Fig. 2. — Diversité des graphies attestées au génitif à Thasos.
depuis le vie s. a. C. Nous ne pouvons savoir si le transfert s’était déjà produit à
l’époque où ont vécu ces personnes.
14. Παυσανίου, LGPN 1, Thasos, 390-360 a. C. ; Χαιρέου, IG XII (8) 294, 16, LSAG 1,
Thasos, iiie a. C. ; Φιλωνίδου, IG XII Suppl. p. 162 no 403, LGPN 1, Thasos,
iiie a. C. ; Ἀλ]ε̣ξανδρίδου, IG XII Suppl. p. 160 no 385b, LGPN 1, Thasos, ie a. C. ;
Νικάδου, IG XII (8) 306, Thasos, f. ier a. C. ; Ἀκίδου (Ἀκί[δας?], Ἀ(λ)κίδης ? cf.
Εὐαλκίδης), LGPN 1, Thasos, ca 490-460 a. C. Le nom Ἀκίδης est un hapax. On
atteste aussi l’anthroponyme Πυλάδου, LGPN 1 (Hp. Epid. iii 17 case ια), Thasos,
ve-ive a. C. Pour ce nom on trouve aussi à Thasos : Πυ]λάδεω, LGPN 1 (Ét. thas. 3,
p. 330 no 125), Thasos, ve-ive a. C., et Πυλάδευς, IG XII (8) 287A, LGPN 1, Thasos,
360-330 a. C.
15. Ἀμφικράτεος, LGPN 1, Thasos, ca 550-520 a. C. ; Ἐχεκύδεος, SEG XVIII 353,
LGPN 1, Thasos, ca 450 a. C. ; Δημοκρίνεος, LGPN 1, Thasos, ca 390-360 a. C. ;
Τηλεφάνεος, IG XII Suppl. p. 168 no 452, LGPN 1, Thasos, iiie a. C. ; Εἰδομένευς,
IG XII (8) 273, LGPN 1, Thasos, av. 510 a. C. ; Λεωφάνευς, LGPN 1, Thasos,
f. ve a. C. ; Κλεογένευς, LGPN 1, Thasos, 390-360 a. C. ; Δημάλκευς, IG XII (8) 288,
Thasos, 315-285 a. C. ; Ἀριστοκράτευς, IG XII (8) 286, LGPN 1, Thasos, iiie a .C. ;
Π]α[γχά]ρευς, Ét. thas. 3, p. 279 no 36 III, ca 285-255 a. C.
16. Δημοσθένο[υς, LGPN 1, Thasos, ca 520-490 a. C. ; Φιλάνθους, LGPN 1, 390-360
a. C. ; Ἐπικράτους, IG XII Suppl. p. 165 no 433, 6, LGPN 1, Thasos, iiie a. C. ;
Δημοσθένους, IG XII (8) 318, LGPN 1, Thasos, ier a. C.-ier p. C.
17. Ἐπικράτου, LGPN 1 (Ét. thas. 3, p. 262 sq. Cat. 1 VII, 22), Thasos, 360-330 a. C. ;
Θεοκρίνου, IG XII (8) 287 B, LGPN 1, Thasos, 315-285 a. C.
noms propres en -ā- et en -s- à thasos 543
Thèmes en -ā
-εω -ου -εος -ευς -ους autres Total
(Thasos)
-ίνᾱς 1 - - - - - 1
-τᾱς 2 8 - 1 - - 11
-ίδᾱς 31 55 3 16 (3) 2 110
-κλείδᾱς 1 28 - 4 (1) - 34
-άδᾱς 3 14 1 5 - - 23
-αγοράδᾱς 1 7 - 1 - - 9
Lexèmes -αγόρᾱς 19 26 6 8 - - 59
autres 6 17 - - - - 23
Fig. 3. — Liste et distribution des formes thasiennes de génitifs
des thèmes en -ā 18.
Par conséquent, les exemples du « transfert habituel » sont très fré-
quents à partir du ive siècle et durant la période hellénistique, avec la
graphie contracte <ου> typique de la koinè (environ 120 attestations) 19,
tandis que trois seulement sont attestés pendant la période antérieure,
qui présentent alors la graphie sans la contraction dite « attique », <εω>
(avec métathèse de quantité) : Τηλεφάνεω (attesté deux fois, ive siècle)
et Εὐθυκλέω (ive) 20. Inversement, sur les 303 attestations de génitifs de
thèmes originellement en -ā (base de données du LGPN en ligne), 46
présentent une terminaison analogique caractéristique des thèmes en -s-,
-εος ou -ευς, avec cette fois le « transfert inverse » 21.
18. Dans les cellules « autres » sont inclus des anthroponymes, qui ne font pas partie
de l’essai de classification et, en outre, ne sont pas très significatifs du point de vue
du sujet de l’étude : Βρέντεο, Ἁδίλεω, Παν[θοΐδεω], Βελλύρεω, Σκύ[θεω, Περ[δί]
κκ[ου], Ἀμύντου, Σεύθου, Μύσστου, etc., ou les génitifs Τιμαρχίδα et Χαρίδα (-ᾱς,
-ᾱ). Je présente ici les suffixes sous leur forme prototypique en -ā.
19. Cf. n. 17, et Θαρσυμένου, BCH 86 (1962), 582 no 2 I, 10, ive-iiie a. C. ; Σωσιγένου,
IG XII (8) 335, LGPN 1, Thasos, hell. ; Ἀπολλ[ο]φάνου, IG XII (8) 335, LGPN 1,
Thasos, hell. ; Πολυφείδου, IG XII (8) 306, LGPN 1, Thasos, f. ier a. C. ; Εὐκράτου,
IG XII Suppl. p. 168 no 458, LGPN 1, Thasos, imp. et. al.
20. Τηλεφάνεω, IG XII (8) 273, 4, LGPN 1, Thasos, av. 510 a. C. (document rédigé au
ive s.) ; Τηλεφάνεω, LGPN 1 (Ét. thas. 3, p. 262 sq. cat. 1 VII, 43), Thasos, 360-330
a. C. et Εὐθυκλέω, SEG XVIII 351, LGPN 1, Thasos, ca 315-285 a. C. Α. Alonso,
« The dialect of Thasos and the transmission of Archilochus’ fragments », loc.cit.
(sous presse), fait mention aussi d’un autre exemple : Δ]ημάλκεω (IG XII Suppl.
369.3, Thasos, ca 390-360 a. C.).
21. Ces désinences analogiques sont légèrement ombrées dans la partie centrale de la
fig. 3.
544 violeta gomis garcía
b. Le « transfert inverse »
Les totaux de la dernière colonne de la fig. 3 22 montrent qu’à Thasos
les suffixes anthroponymiques les mieux attestés des thèmes en -ā sont
en -ίδης (144), -άδης (32), -ῆς/-έᾱς (18), ‑ίης/-ίᾱς (15), -της (11) et que
le lexème -αγόρης est, de son côté, fort représenté (59) comme second
élément de composé. En revanche, les suffixes -ίης et -της (gén. -εω) ne
sont presque pas attestés à l’époque archaïque, ce qui explique que la ter-
minaison du génitif soit le plus souvent -ου. Cette terminaison contracte
du génitif est, en général, la mieux attestée à Thasos, à cause du nombre
et de la date des inscriptions, qui sont plus nombreuses aux époques plus
récentes.
Les quelques formes de génitif en -εω à l’époque archaïque sont celles
d’anthroponymes en ‑ίδης (32), -άδης (4), -ῆς (10) et -αγόρης (19) 23.
C’est seulement pour -ίδης, -άδης et -αγόρης que se rencontrent plusieurs
formes analogiques qui présentent le « transfert inverse » (23, 7 et 14 res-
pectivement : chiffres, à mon avis, assez significatifs, en dépit de l’ab-
sence possible de quelques anthroponymes, cf. notes 6 et 7).
La liste des anthroponymes de Thasos qui présentent ce « transfert
inverse » au génitif, visualisée dans l’encadré de la fig. 3, est la suivante :
-άδης : Ἀθηνάδεος, LGPN 1, Thasos, ca 550-520 a. C. ; -]ταδευς,
Ét. thas. 3, 262 sq. Cat. 1 III = BCH Suppl. 5 (1979), 116 III, f. ve a. C. ;
Ἀθηνάδεο[ς, LGPN 1, Thasos, ive a. C. ; Ἀλκιάδευς, LGPN 1, Thasos,
390-360 a. C. ; Τεισιάδ[ευς?, LGPN 1, Thasos, ive a. C. ; Πυλάδευς, IG
XII (8) 287 A et Ét. thas. 3, 272, no 34, ca 345-315 a. C. ; Τεισιάδευς, IG
XII Suppl. p. 153 no 353, LGPN 1, Thasos, ca 285-255 a. C. ; Ἀνταγορά-
δε[υς, IG XII (8) 284, LGPN 1, Thasos, ca 320 a. C.
-ίδης : Εὐαλκίδεος, Ét. thas. 3, 264, no 28 II, ca 460-430 a. C. ; Ληλα-
ντίδεος, LGPN 1, Thasos, ve-ive a. C. ; Ζεφυρίδεος, IG XII (8) 376,
LGPN 1, Thasos, f. ive a. C. ; Ἑκτορίδευς, IG XII Suppl. p. 165, no 431,
LGPN 1, Thasos, m. ive a. C. ; Θρασωνίδευς, SEG XVII 421, LGPN 1,
Thasos, m. ive a. C. ; Ἡγητορίδευς, LGPN 1, Thasos, 360-330 a. C., Θ]
εο[τ]ιμ[ίδε]ος?, Ét. thas. 3, 268 no 30 II, ca 390-360 a. C. ; Θεοτιμίδευς,
22. Sont déjà fournis dans le tableau les totaux concernant, d’une part en -ίδης et
-κλείδης, et d’autre part, ceux en -άδης et -αγοράδης, qui sont traités séparément.
23. On peut observer quelques exemples de cette graphie dans la section antérieure.
noms propres en -ā- et en -s- à thasos 545
c. Analyse linguistique
Voici donc les trois types morphologiques illustrés par nos documents :
α) les suffixes désinentiels en -ā, -άδης, -ίδης (et sa variante -είδης),
et le suffixe d’agent -της ;
β) le second élément de composé en -ā, -αγόρης ;
γ) le suffixe désinentiel en -ā masqué par une contraction vocalique,
formateur d’hypocoristiques qu’est -ῆς (< -έᾱς).
24. Pour ce nom voir Bechtel, HPN 519. Également originaire de Thasos, Ἀρότου IG IX
(2) 526, 1, Larissa, av. 196 a. C.
546 violeta gomis garcía
31. Ἀγγελέος, SEG XV 540, Chios, ive a. C. ; Ἀπελλέος, SEG XIX 580 A, I, Chios,
ive a. C. ; Ἀθενεῦς, SEG XIX 580 C, II, Chios, ive a. C. ; Νικεῦς, SEG XIX 578, II,
Chios, iiie p. C. ; Ζηνεῦς, IEK 151, Érythrées, ca 340 a. C. ; Ἀναξεῦς, SEG XXXVII
919, Érythrées, ve / ive a. C. ; Λεαγόρεος, IEph 1442, Éphèse, s.d. ; Ἀπελλέος, OGIS
265, IvP I 5, Pergame, f. ive-m. iiie a. C. (cf. P. Hualde, op. cit.).
32. Λυκίδεο[ς], IG XII Suppl. p. 617, Érétrie, iiie a. C. Un autre exemple se rencontre
sur un verre, mais il pourrait s’agir d’un étranger : Ἀριστείδευς, AE 1913, p. 215-
217, nº 3, Chalcis, s.d., cf. M. L. del Barrio, op. cit., p. 337, 341 et 351.
33. Καλλιάδους, IG II2, 1156.9, Athènes, 334-333 a. C. ; Ἀλκιάδους, IG II2, 7277.3,
Athènes, ca 350 a. C. ; Ἀ]πελλοῦς, IG II2, 6445.3*, Athènes, ier p. C. et IG II2,
2090.96, Athènes, 165-166 p. C. ; Μανοῦς, IG III (3)109, Athènes, ive a. C. ;
Ποσέoυς, IG II2, 3546.1, Athènes, ca 100 p. C. et IG II2, 1756.22*, Athènes, ca 50
(cf. L. Threatte, op. cit). Il est difficile d’expliquer à Athènes les interactions avec
les hypocoristiques en -έᾱς, compte tenu des restrictions phonétiques (au contact
de ι, ε, ρ) dans l’évolution /a:/>/ε:/ noté η, mais il s’agit ici d’anthroponymes rela-
tivement peu anciens, et l’on peut supposer que, une fois que s’était répandue la
terminaison anthroponymique analogique des thèmes en -s- pour les génitifs des
thèmes en -ā >/ε:/ noté η, elle pouvait ensuite s’étendre analogiquement aux autres
contextes.
34. Μεγακλεί[δεος] IG XII (5) 212, Paros, ive a. C. ; Ἡρακλείδευ[ς, IG XII (5) 542,
Céos, ive a. C.. et Λεπάδευ[ς?, IG XII (5) 542, Céos, s.d. et sans contexte (noms
d’étrangers).
35. Χαρμίδευς, Inscr. di Cos ED 235, Cos, ca 180-170 a. C., cf. BE (1995) 448, SEG
43.548, SEG 50.764.
noms propres en -ā- et en -s- à thasos 549
36. Ἀριαθοῦς οu Ἀριαραθοῦς, LMV 1596, Rhodos, 130-112 a. C. ; Φαρνακοῦς, LMV
1021, Lindos, 100 p. C. Ἀριστείδευς, LMV 720, Lindos, 27 p. C. et LMV 1988, cf.
L. Martín Vázquez, Las inscripciones rodias, Madrid, 1988 (thèse doctorale inédite,
UCM), et ajouter (à partir du PHI) : Ἀπελλεῦς, Lindos II 151, Lindos, ca 197 a. C. ;
Μυωνίδευς, IG XII (1) 854, Lindos, s.d. ; Θηρωνίδευς, Lindos II 346, Lindos, 43
a. C. ; Ἀριστείδευς, Lindos II 378, Lindos, 27 a. C. ; Δ]αμολκεῦς, Ἀπολλωνίδευς,
N. Supp Epig. Rodio 154, Rhodos, ca 100-70 a. C. ; Βασιλείδευς, IG XII (1) 850,
Lindos, f. ier a. C.-ier p. C., IG XII (1) 201, Rhodos, ier a. C./.?, et al.
37. Voir par exemple C. D. Buck, The Greek dialects, Chicago, 1955, § 108.
38. Cf. note 36. À Rhodes, en zone dorienne comme en zone ionienne micrasiatique, le
locuteur aurait eu à sa disposition plusieurs possibilités d’associations morpholo-
giques : 1. Les formes dialectales anciennes sans contraction, avec leurs différentes
graphies ; 2. L’interaction entre paradigmes des thèmes en -ā et en -s- en koinè, dans
les anthroponymes, d’où la variété de désinences possibles au génitif d’un même
nominatif en -ης : -ίδεω, -ίδου, -ίδους, -ίδεος, -ίδευς, et aussi -ίδεο et -ίδευ, cf. 5.
550 violeta gomis garcía
43. L. Threatte (op. cit., 154-167) signale que le « transfert habituel » à Athènes appar-
tenait au langage familier ou parlé, mais qu’à l’écrit, on faisait un effort conscient
pour maintenir la forme grammaticalement correcte. Il en est bien sûr de même dans
le cas du « transfert inverse ».
44. P. Hualde, « Hiato /eo/ y diptongo /eu/ en el dialecto jonio de Asia Menor », Minerva:
Revista de filología clásica, 7 (1993), p. 53-54 ; El dialecto jonio de la Dodecápolis:
fonética y morfología. Estudio intradialectal, Madrid, 1993 (thèse doctorale inédite,
UAM), p. 306 sq. et 290 sq. et « Algunos problemas de morfología del jonio: rela-
ciones interparadigmáticas en la flexión nominal », Cuadernos de filología clásica:
estudios griegos e indoeuropeos 7 (1997), p. 173-175. L’auteur commente aussi les
exemples de Rhegion et deux formes des Cyclades. Pour ces derniers anthroponymes
il faut être prudent : Λαμπσαγορεο, IG XII (7) 141 (Amorgos) et Επικρατ[.]ο Acme
52, 1 (1989), p. 5-8 (Naxos) sont du ve s. et l’alphabet de cette époque n’est pas
encore tout à fait fixé en ce qui concerne la notation des voyelles longues. Il est donc
difficile de savoir quelle forme précise est attestée : -ηο, -εω ou -εο ?
552 violeta gomis garcía
45. Le nom propre Παμφαίης, selon LGPN, est seulement attesté à Thasos. Voir Bechtel,
HPN 435.
46. Cf. note 11.
47. Λυκκίδεο, SGDI 5277b, Rhegion, ca 425 a. C. ; Ἐμμενίδευ, SGDI 5278, no 3,
Rhegion, 474-450 a. C. Cf. M. L. del Barrio, El dialecto de Eubea, Madrid, 1987
(thèse doctorale inédite, UCM), p. 337.
48. SEG XXXI 782, LGPN 1, Thasos, ive a. C.
noms propres en -ā- et en -s- à thasos 553
Conclusion
Références bibliographiques
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chus’ fragments », dans G. Giannakis et al. (éd.), Proceedings of the Inter-
national Conference on Ancient Greek Dialects. The Linguistic Map of
Central and Northern Greece in Antiquity (sous presse).
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A. Panayotou et G. Galdi (éd.), Ελληνικές διάλεκτοι στον αρχαίο κόσμο.
Actes du VIe colloque international sur les dialectes grecs anciens (sous
presse).
—, « Sinizesis y contacto silábico en griego antiguo: a propósito de la forma
ática βορρᾶς », dans A. Bernabé et al. (éd.), Presente y futuro de la Lingüís-
tica en España. La Sociedad de Lingüística, 30 años después. Actas del II
Congreso de la Sociedad Española de Lingüística. Madrid, 11-15, diciembre
2000, Madrid, 2002, p. 3-10.
Barrio Vega, M. L. del, El dialecto de Eubea, Madrid, 1987 (thèse doctorale
inédite, UCM).
Bechtel, F., Die Griechischen Dialekte, III. Der ionische Dialekt, Berlin, 1924.
Buck, C. D., The Greek dialects. Grammar. Selected inscriptions. Glossary,
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—, « La cronología relativa de la metátesis de cantidad en jónico-ático », Cua-
dernos de filología clásica 12 (1977), p. 187-219.
Díaz Alayón, C., « Los estudios del español de Canarias », Thesaurus. Boletín
del Instituto Caro y Cuervo 45, 1 (1990), p. 31-62.
noms propres en -ā- et en -s- à thasos 555
Tableau 1
Tableau 2
Richard Bouchon
Université Lyon 2, HISOMA (UMR 5189)
Bruno Helly
CNRS, HISOMA (UMR 5189)
I
l est bien connu que dans un groupe social le choix des noms pour
désigner chaque individu peut conduire à générer des homonymies
parfois nombreuses et faire difficulté 1. Les communautés des cités
thessaliennes dans l’Antiquité ont été confrontées, comme beaucoup
d’autres, à ce problème, d’autant plus fréquent qu’à l’époque classique
il semble que l’on désignait les personnes par un nom seul, comme on
le constate sur les abondantes séries d’épitaphes d’époque classique à
Larissa ou à Atrax. Ce à quoi l’on attachait, semble-t-il, la signification
la plus forte était l’appartenance à un ensemble familial dont tous les
membres étaient identifiés par un nom gentilice : ainsi Aleuas de Larissa
dit le Roux était-il d’abord un membre des Aleuadai, comme Ménon de
Pharsale était un des Ménonidai et Scopas de Crannon un des Scopadai 2.
Nous ignorons le plus souvent quel était le nom du père de chacun de ces
personnages, nous savons seulement que le souci de maintenir ce nom
se manifestait soit par la répétition du même nom d’une génération sur
l’autre, soit par le principe dit de papponymie, par lequel on attribuait au
fils, en général premier né, le nom de son grand-père paternel 3.
C’est dans le cours du ive a. C. que s’est généralisée dans les cités
thessaliennes la pratique d’associer explicitement, dans les documents
épigraphiques, au nom d’une personne, homme ou femme, celui de son
père. La référence patronymique qui s’est alors imposée dans le parler
des communautés thessaliennes a pris la forme d’un adjectif dérivé, dit
patronymique, formé avec les morphèmes -ιος, -ειος, -αιος, qui s’est
développé concurremment au suffixe qui marquait déjà l’appartenance
gentilice -ίδης / -ίδας, ou encore -ιάδης, -άδης. Ce n’est qu’avec la dispa-
rition du dialecte que s’est répandu en Thessalie l’usage du génitif adno-
minal pour le nom du père, plus rarement celui de la mère, et c’est plus
tard encore, sauf exception, que l’on y trouve les formules lexicales ὁ
νεώτερος, πρεσβύτερος, δίς, etc. ou d’autres suffixes, d’origine latine,
dont nous parlerons à la fin de cette étude.
4. A. Tziafalias, J. L. García Ramón et B. Helly, « Décrets inédits de Larissa. 2 », BCH
130 (2006), p. 436-438, l. 43.
5. Cf. G. Vottéro, « L’expression de la filiation en béotien », dans Actes Pont-à-
Mousson, p. 217.
6. Cf. C. Habicht, « Beiträge zur Prosopographie der altgriechischen Welt. 8. Eine
Urkunde des phthiotischen Theben », Chiron 2 (1972) p. 118-120, pour l’attribution
et la date.
562 richard bouchon – bruno helly
Comme nous l’avons dit, les suffixes -δας, -άδας et -ίδας sont large-
ment utilisés en thessalien principalement pour des noms collectifs dési-
gnant des « unités sociales ». Il s’agit de familles, γένος, telles que les
Aleuadai à Larissa, Skopadai à Crannon, etc. On en a un bon exemple
avec la mention, dans le décret de Larissa sur la vente des lots cava-
liers 11, des Ἀγαθοκλεάδαι de Larissa à la fin du iiie a. C., une famille
déjà connue au ve a. C., par une épinicie de Bacchylide, εὐδόξων Ἀγα-
θοκλεαδᾶν ἅτ’ ἀφνεῶν ἀνδρῶν, Epin. XIV, 1-3, ou les Κελαίνδαι à Atrax
7. Cf. J. L. García Ramón, « Geografía intradialectal tesalia: La fonética », dans Actes
de la première rencontre internationale de dialectologie grecque, Nancy, 1987
(Verbum 10), p. 136 : Αἰννα̣ῖον IG IX 2, ad 205, l. 13 et 14, arbitrage Mélitaia -
Péreia, fin iiie a. C., de Αἰνιαῖος par haplographie à partir de *Αἰνιαναῖος.
8. Cf. M. Wörrle, « Die griechischen Sepulkralinschriften von Limyra », dans J. Bor-
chardt et A. Pekridou-Gorecki (éd.) Limyra. Studien zu Kunst und Epigraphik in den
Nekropolen der Antike, Vienne, 2012, nº 34.
9. T. D. Axenidis, Η Πελασγίς Λάρισα, Athènes, 1948, vol. 2, p. 50, 2 ; H. Kramolisch,
Die Strategen des thessalischen Bundes vom Jahr 196 v. Chr. bis zum Ausgang der
römischen Republik, Bonn, 1978, p. 53 n. 67.
10. G. Vottéro, « Milieu naturel, littérature et anthroponymie en Béotie à l’époque dia-
lectale (viie-iie a. C.) », dans Dialectologica Graeca, p. 364.
11. A. Tziafalias et B. Helly, « Décrets inédits de Larissa organisant la vente de terres
publiques attribuées aux cavaliers », Topoi 18.1 (2013), p. 135-249.
patronymiques, le cas de la thessalie 563
12. Cf. à Larissa l’épitaphe d’un Μένουν Ἀντιλάειος (SEG 45, 622).
13. A. Tziafalias et B. Helly, art. cit., p. 142, l. 128.
14. A. Tziafalias et B. Helly, art. cit., p. 161, l. 2-3.
15. L’adjectif Λυταῖος est une épiclèse de Poséidon chez Homère (Il. 17, v. 21) et chez
Bacchylide (Dithyrambes 18, v. 28-29) : Κρονίδα Λυταῖον σεισίχθονος τέκος. On a
aussi l’adjectif en -αιος dans la glose d’Hésychius Λυταίη· Θεσσαλή (λ 1461 Latte).
16. Faut-il écrire dans ce passage plutôt le nom commun τέμπη ?
564 richard bouchon – bruno helly
(Antimachidès)
25. Cf. les documents FD III 4, 277 A, l. 31, repris par F. Lefèvre, CID IV, 119 B,
l. 11-12, avec commentaire p. 297 ; voir aussi F. Lefèvre, L’Amphictionie pyléo-
delphique : histoire et institutions, Athènes - Paris, 1998, p. 89, et A. Jacquemin,
D. Mulliez et G. Rougemont, Choix d’inscriptions de Delphes, Athènes - Paris,
2012, p. 173-174.
26. Cf. F. Stählin, « Zur Chronologie und Erklärung des Inschriften von Magnesia und
Demetrias », MDAI(A) 54 (1929), p. 220.
patronymiques, le cas de la thessalie 567
27. La stèle de Stratôn et celle d’Artémisia ont été publiées par B. Helly, « Ateliers lapi-
daires de Thessalie », dans D. M. Pippidi (éd.), Actes du VIIe congrès international
d’épigraphie grecque et latine, Constantza, 9-15 septembre 1977, Bucarest - Paris,
1979, p. 72, n. 18 (SEG 29, 488) et n. 28 (SEG 29, 1979, 493).
28. A. S. Arvanitopoulos, art. cit., col. 51, pl. 3 (aquarelle de Gilliéron) ; Id., Θεσσαλικὰ
Μνήμεια, Athènes, 1909, p. 122-127, no 9 ; Id., Γραπταὶ Στηλαὶ τῆς Δημητριάδος,
Athènes, 1928, p. 143-146, no 1 avec photographies 166-168 et pl. 1 ; W. Peek, GVI,
1752 ; K. Mickey, Studies in the Greek Dialects and the Language of Greek Verse
Inscriptions, thèse inédite, Oxford, 1981, p. 141, no C 38 ; É. Cairon, Les épitaphes
métriques hellénistiques du Péloponnèse à la Thessalie, Budapest - Debrecen, 2009,
p. 228-231, no 72, texte, traduction et commentaire ; E. Santin, Epigrammi sepolcrali
di Tessaglia, diss. dott., université La Sapienza, 2005-2006, p. 156-157, no 55 ; V. von
Graeve, Die bemalten Grabstelen von Demetrias, thèse d’habilitation, université de
Francfort, 1975, p. 159-162, Kat Nr 9 (texte, traduction allemande, description et
date) ; Id., « Zum Zeugnisswert der bemalten Grabstelen von Demetrias für die grie-
chische Malerei, », dans La Thessalie. Actes de la table ronde 21-24 juillet 1975,
Lyon, 1979, p. 115 et pl. 5.3 ; F. Preusser, V. von Graeve et C. Wolters, « Malerei auf
griechischen Stelen. Technische und naturwissenschaftliche Aspekte eines archäolo-
gischen Materials », Maltechnik-Restauro, 1981, p. 23 et fig. 47-52 ; V. von Graeve
et F. Preusser, « Zur Technik griechischer Malerei auf Marmor », JDAI 96 (1981),
p. 125 et fig. 3 ; N. V. Sekunda et A. McBride, The Army of Aexander the Great,
Londres, 1984, p. 8-9, 37, pl. Bé ; N. V. Sekunda, The Antigonid’s Army, Gdańsk,
2013, p. 61-63, qui ne reprend pas le texte de l’épitaphe ni celui de l’épigramme.
568 richard bouchon – bruno helly
sous le patronyme Stratôn. Vêtu de blanc, il reçoit des mains de son fils
défunt des tablettes de bois, sur lesquelles était vraisemblablement trans-
crit le testament qu’il avait laissé à ce dernier, qui, suite à sa mort préma-
turée, ne peut que les lui restituer dans l’au-delà.
L’association de ces noms conduit ainsi à reconstruire le stemma de
la famille :
(Stratôn I ?)
Stratônidès
Stratôn II ― Artémisia
L’usage de la koinè est adopté par les Thessaliens pour les docu-
ments officiels dans le dernier quart du iie a. C. 29. Le recours au dia-
lecte s’estompe dès lors progressivement et de manière naturelle dans les
documents d’ordre privé. Par conséquent, dans le courant du ier a. C. on
constate la disparition de l’adjectif patronymique. Cependant certaines
29. Il s’agit là des décisions des cités, notamment de Larissa. Les documents émanant
du koinon thessalien sont en revanche rédigés en koinè dès la constitution de la
confédération en 196 a. C., car celle-ci comprend des peuples restés plus d’un
siècle dans l’orbite macédonienne (Perrhébie) ou étolienne (Malide, Achaïe) : voir
R. Bouchon et B. Helly, « The Thessalian League », dans H. Beck et P. Funke (éd.),
Federalism in Greek Antiquity, Oxford, 2015, p. 231-249.
patronymiques, le cas de la thessalie 569
34. Le suffixe d’origine est -anus, mais -ianus s’est imposé par (fausse) analogie avec
les cognomina issus de gentilices du type Aemilius / Aemilianus : voir I. Kajanto, The
Latin Cognomina, Helsinki, 1965, p. 107-110.
35. L’exemple classique est celui du fils de Paul-Émile, appartenant donc à la gens
Aemilia, qui fut adopté par P. Cornelius Scipio Africanus et portait donc le nom de
P. Cornelius P. f. Aemilianus.
36. O. Salomies, Adoptive and Polyonymous Nomenclature in the Roman Empire, Hel-
sinki, 1992.
37. Cf. Dobias-Dubois, Intr., p. v. Une étude préliminaire du phénomène en Asie
Mineure a été conduite par T. Corsten, « Names in ‑ΙΑΝΟΣ in Asia Minor. A preli-
minary study », dans Onomatologos, p. 456-463. Voir pour l’exemple de la Thrace
patronymiques, le cas de la thessalie 571
ier a. C. : une stèle funéraire de Larissa porte les noms de Cn. Domitius
fils de Décimus et de sa fille Magna 40. Les Dometianoi n’affirment pour-
tant qu’un lien indirect avec les Domitii. A contrario, la question ne se
posait pas pour les membres d’une famille portant un gentilice extrême-
ment rare, à l’instar de celui des Graeceii, qui ont réservé leur rangée du
8e cuneus par leur gentilice seul Γραικηίων (et une seconde fois sous la
forme d’un simple monogramme). On peut par ailleurs comprendre le
cas des gradins réservés au nom des Aurelii (Αὐρηλίων), nom gentilice
extrêmement répandu, comme l’inscription dans l’espace du théâtre de
la première famille thessalienne à avoir porté ce nom gentilice, en l’oc-
currence par l’entremise de l’empereur Marc-Aurèle, avant que l’édit de
Caracalla n’en fasse le nomen le plus répandu dans l’Empire : on peut
montrer du reste que cette famille des premiers Aurelii de Larissa est
celle du sophiste Hippodromos, né au milieu du iie p. C. et titulaire de la
chaire impériale de rhétorique à Athènes vers 210 41 : à n’en point douter,
le père d’Hippodromos, Olympiodôros, était le seul Larisséen à porter le
nomen impérial dans les années 160.
Par ce biais, la Thessalie romaine retrouve sa capacité à exprimer
l’importance de la transmission au sein d’un groupe familial (relative-
ment) élargi, ou au contraire, est obligée d’en passer par l’usage de la
suffixation pour rendre compte d’un groupe familial moins vaste que
celui du gentilice commun à tous.
Par ailleurs, en marge du cadre de la nomenclature romaine, et par
processus d’imitation des cognomina issus de gentilices, la suffixation
en -ιανός a produit des idionymes à partir d’anthroponymes grecs. On
peut se reporter à un exemple pris dans la cité macédonienne voisine de
Béroia, dans la première moitié du iiie p. C. (EKM 96), un autel hono-
rifique portant une statue érigée par les synèdres du koinon provincial
en l’honneur d’Aurélios Dionysianos Markellianos Bassos : la mention
de son frère, en charge de l’érection du monument, et celle de son père
permet de reconstituer la transmission des noms dans le groupe familial,
à partir non pas du gentilice, qui permettrait de proclamer une double
ascendance, mais à partir du cognomen, qui porte donc une connota-
tion patronymique (et en l’occurrence papponymique) : les deux fils
42. Voir les remarques de A. D. Rizakis, « Anthroponymie et société. Les noms romains
dans les provinces hellénophones de l’Empire », dans A. D. Rizakis (éd.), Roman
Onomastics in the Greek East: Social and Political Aspects. Proceedings of the
International Colloquium on Roman Onomastics. Athens, 7-9 September 1993,
Athènes, 1996, p. 11-29 (surtout p. 18-19). L’ouvrage comporte une bibliographie
complète sur la question.
patronymiques, le cas de la thessalie 575
Conclusion
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Minor et la domus Augusta : le théâtre de la cité au miroir de la politique
diplomatique », dans Αρχαιολογικό έργο Θεσσαλίας και Στερεάς Ελλάδας 4
2010. Πρακτικά επιστημονικής συνάντησης. Βόλος 2010 (Proceedings of the
4th Archaeological Meeting of Thessaly and Central Greece [AETHSE]),
Volos, 2015, p. 299-304.
578 richard bouchon – bruno helly
et dans les régions voisines : en Phocide, Mégaride, Eubée et, moins fré-
quemment, en Thessalie. La présence de noms en -ώνδας dans des colo-
nies de quelques régions éloignées peut être expliquée par le fait qu’ils
existaient dans les métropoles qui les ont fondées. Un cas remarquable
est celui d’Héraclée du Pont 4, ainsi que Chersonèse et Callatis, colonies
d’Héraclée, où quelques exemples du suffixe -ωνδας sont attestés.
Il est connu que le suffixe -ωνδας présente différentes variantes :
‑ωνδας, -ωνδης (en Eubée), -ούνδας (en Thessalie) mais aussi, d’après
certains auteurs, -ονδας, dont nous parlerons plus bas.
L’étude de F. Marchand, citée plus haut, détaille plus précisément
la répartition géographique de ce suffixe. La Béotie est ainsi la région
où le plus grand nombre d’individus possédant des noms en -ωνδας (ou
ses variantes) est attesté (125 individus), suivie par la Phocide (70) et
l’Eubée (42).
Une autre information intéressante n’est pas seulement le nombre
d’exemples présents dans chaque région, mais aussi les chiffres relatifs,
à savoir la fréquence d’apparition en relation avec le nombre total des
anthroponymes attesté dans chaque région. En effet, si la Phocide pré-
sente seulement 70 individus face aux 119 documentés en Béotie, les
chiffres relatifs de ces deux régions sont très proches : 0,73 % pour la
Béotie et 0,68 % pour la Phocide. D’autre part, si seuls six anthropo-
nymes formés avec ce suffixe sont attestés en Mégaride, la proportion est
de 0,35 % du nombre total des individus documentés dans cette région,
chiffre très proche de celui de l’Eubée (0,47 %) 5.
4. Héraclée fut fondée selon la tradition par les Mégariens, associés à un contingent
béotien.
5. Cf. F. Marchand, art. cit., p. 355. Les régions qui ne présentent qu’un seul individu
(Crète, Délos, Céos, Naxos) n’ont pas été incluses par F. Marchand dans son tableau
récapitulatif des noms en -ωνδας (et ses variantes). Comme le faisait Masson pour le
nom Φειδώνδας attesté dans la Pergame éolienne (cf. art. cit., p. 91), on ne doit plus
utiliser ces témoignages isolés pour affirmer l’existence des noms en -ωνδας (ou en
-ωνδης) dans ces régions.
remarques sur le suffixe -ωνδας 581
2.2. -ωνδᾱς < -ονδας < -ᾰδᾱς + -ον- des thèmes en nasale ;
-ωνίδᾱς < ‑ωνδᾱς + -ιδᾱς
Une version plus complexe de cette hypothèse a été proposée par
Solmsen en 1909 11.
En se basant sur la fréquente correspondance entre les noms en ‑αδας
et les anthroponymes en -ων, il propose les suivantes phases dans la for-
mation de -ωνδας :
6. G. Neumann, De nominibus Boeotorum propriis (diss.), Königsberg, 1908, p. 27 :
« Suffixum -δης licet apud omnes Graecorum gentes occurrat, a Boeotis propria
quadam ratione adhibebatur, qui nominibus exeuntibus in ‑ων non addebant -ιδης
(Σιμωνίδης, Τιμωνίδας), sed -δας littera ι eiecta (Κλεώνδας, Παγώνδας) ».
7. F. Bechtel, Die griechischen Dialekte, I, § 57, p. 171-172 : « Als Altertümlichkeit ist
auch der unmittelbare Antritt des Ableitungselements -δᾱ- an die konsonantischen
Stämme Εὐρον-, Κλεον-, Λεων-, Φρυνων- zu betrachten » ; cf. ibid., p. 265, § 56 ;
cf. Id., Die griechischen Dialekte, II, p. 118, § 42 et p. 185, § 34.
8. A. Thumb, E. Kieckers, Handbuch der griechischen Dialekte, I, Heidelberg, 1932,
p. 279, § 207.7.
9. J. Rau, « The Derivational History of the Greek Stems in -ád- », Harvard Working
Papers in Linguistics 12 (2007), p. 137-173. D’après ce dernier le suffixe -ωνδας /
-ονδας est un double hypocoristique formé selon l’analogie suivante: Ἄλκ-ι-ς : Ἀλκ-
ί-δης (sic, avec η) : : Κλέ-ων : x >> x = Κλεώνδας > Κλεόνδας.
10. Voir sa contribution dans ce même volume.
11. F. Solmsen, Beiträge zur griechischen Wortforschung. Erster teil, Strasbourg, 1909,
p. 103.
582 maría luisa del barrio vega
12. Cf. Χιλιō�νδας, Teiresias 1976, 3, 3a, Akraiphia, vi-ve s. a. C. ; Χαρō�νδας (2×), IG
VII 585, col. II, l. 6 et col. IV l. 7, Tanagra, 426 a. C. ; Αἐσχρō�νδας, IG VII 550,
Tanagra, s.d.
13. O. Szemerényi, Syncope in Greek and Indo-European and the Nature of Indo-
European Accent, Naples, 1964, p. 36-37.
remarques sur le suffixe -ωνδας 583
27. G.-J. Te Riele, « Deux catalogues militaires de Copai », BCH 99, 1 (1975), p. 77-87.
28. Cf. Id., loc. cit.
29. Cf. IG II² 161, avant 353/2 a. C. : frag. a [προξενία Ποιμ]ενίδαι κα[ὶ ------ Μεγα]
λοπολίταις ; frag. b [Π]οιμενίδαν. Cf. Φιλοποιμενίδας Ἀ̣ν̣τίσκειος, SEG 26.672, l.
30, Larissa, 200-190 a. C.
30. Cf. Id., loc. cit.
31. D’autres noms comme Θεομένδης (IG XII Suppl., p. 115 no 235 II, 26, Céos,
iiie s. a. C.) ou Μελίνδης (IG XII, 9, 56, Styra, vie s. a. C.) pourraient être ajoutés au
dossier, mais leurs hypothétiques variantes non syncopées (*Μελινίδης? *Θεομε-
νίδης ?) ne sont pas attestées.
remarques sur le suffixe -ωνδας 587
oublier que, comme nous l’avons vu, les chiffres relatifs de la Béotie
et de la Phocide sont très proches (0.73 et 0.68, respectivement). Les
exemples les plus anciens attestés en Béotie sont datés du viie siècle,
tandis que les plus anciens attestés en Phocide remontent au ve siècle
a. C. Concernant l’Eubée, dont les chiffres relatifs sont plus bas que ceux
de la Béotie et de la Phocide, les exemples de -ωνδης les plus anciens
sont attestés à Styra, sur les fameuses lamelles de plomb de 475 a. C.
Comme le montre F. Marchand 33, la Thessalie et Mégare n’en produisent
pas avant le ive siècle a. C. 34. Néanmoins, bien que d’une aide significa-
tive, ces datations ne sauraient être déterminantes pour établir la région
d’apparition de ce suffixe. En effet, l’étude des inscriptions est tributaire
de la manière aléatoire dont elles nous sont parvenues.
Un phénomène intéressant concernant cette question est la présence
dans ces régions de variantes de ‑ωνδας étrangères aux dialectes res-
pectifs. Les variantes -ωνδης de l’Eubée et du reste du territoire ionien-
attique ne présentent aucun problème, puisqu’elles sont les formes
dialectales attendues. On peut en dire autant de la variante dialectale du
thessalien, -ουνδας. Pour les formes -ωνδης, au lieu de ‑ωνδας, attestées
en Béotie, elle peuvent être dues à l’influence de la koinè. Les exemples
de -ωνδας présents en Eubée à la place de la forme dialectale -ωνδης sont
cependant plus difficiles à expliquer, puisqu’il s’agit d’individus qui ne
sont pas béotiens mais citoyens d’Eubée. Ils sont tous mentionnés dans
des inscriptions d’Érétrie du iiie siècle a. C., et pourraient être dus à l’in-
fluence béotienne. Les exemples pour lesquels le nom du père présente
un trait caractéristique du dialecte érétrien, comme le rhotacisme, tandis
que le nom du fils présente la forme ‑ωνδας (cf. Φιλώνδας Μνηριμάχου,
IG XII, 9 245, l. 320, Érétrie, iiie a. C.) sont encore plus remarquables.
Or, si l’on admet que -ωνδας est la variante syncopée de -ωνίδας,
nous serions tentée de penser que c’est en Thessalie, région qui fournit
un grand nombre d’exemples de perte d’une voyelle brève atone (voire
de toute une syllabe) 35 que ce suffixe serait né. Ainsi, nous pouvons
33. F. Marchand, art. cit., p. 354.
34. Concernant les colonies occidentales, on trouve Χαρώνδας à Catane, colonie
eubéenne, et Φιλώνδας à Sélinonte, fondée par des colons Mégariens de Mégara
Hyblaea, qui remontent au vie s. a. C.
35. Cf. les formes Λάσαν, Λασαίοις, Λασσαίοι, Ἄπλουν, Ἀσταγόρας, Ἀστόβουλος,
Ἄστιππος, Ἀστοκράτεις, etc., citées supra. Quelques-unes de ces formes avec syn-
cope sont attestées en Thessalie déjà au ve s. a. C.
remarques sur le suffixe -ωνδας 589
Références bibliographiques
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Suffixes caractéristiques
dans l’onomastique personnelle de Béotie
Guy Vottéro
Université de Lorraine
0. Introduction
0.1. Démarche
La démarche suivie ici est née d’une réflexion à partir de constata-
tions simples :
—— inadéquation du vocabulaire traditionnel, e.g. -ιδας qualifié de
« suffixe patronymique » ; or, dans le dialecte béotien, on constate
que :
–– Pélopidas n’est pas le « fils de Pélops », mais d’ Ἵπποκλος
(Plut., Pélop. 3,1), cf. infra, 2, suffixe -ιδας ;
–– en fait on peut comparer un NP comme Ἀπολλων-ιδας (qui n’est
pas le « Fils d’Apollon ») à Ἀπολλων-ιος ; dans cette situation
-ιδας apparaît comme une variante combinatoire de -ιος (mais
ce dernier connaît d’autres emplois plus importants) 4 ;
—— il existe de nombreuses séries de NP qui posent la question des
diverses nuances apportées par les suffixes 5 :
–– Κεφαλος, Κεφαλ, Κεφων, Κεφωνιχος ;
–– Μενεστροτος, Μεννει, Μεννιδας, Οὐπερμενιδας ;
–– Φιθ, Φιθαδας, Φιθων, Φιθωνδας ;
–– Φιλλει, Φιλων, Φιλωνιχος, Φιλωνδας ;
–– Φρουνος / -α, Φρουνιδας, Φρουνιχος / -α, Φρουνισκος, Φρυνων ;
—— c’est par la comparaison des emplois qu’on peut essayer de pré-
ciser les valeurs fondamentales de chaque suffixe.
Sont donc étudiés ici les suffixes -ε(ι)(ς), -ιχος, -ιδας, -αδας, -ωνδας,
-ων, avec des éléments de comparaison apportés par -ιος et les suffixes
féminins -ω et -ις ; les conditions d’emploi de ces suffixes se recoupent
en effet au moins partiellement.
6. Il est souvent difficile de distinguer les deux réalités. Ainsi le nom Κερε / εισιχος
(attesté 5 fois à Thespies) renvoie a priori au toponyme Κερησσός situé sur le ter-
ritoire de Thespies, mais l’existence d’un NP comme Κερεσο-δοτος (Thespies, IG
1927, D-5e d) oriente plutôt vers un héronyme ou une divinité secondaire, comme
pour les noms de fleuves… ; pour les Grecs de l’Antiquité l’expérience du sacré était
à la fois diffuse et omniprésente.
7. C’est-à-dire permettant de préciser l’origine ou la fonction sociale d’un individu ;
cet aspect est en effet un des moyens d’aborder la question du sens des suffixes et de
déterminer quelle est leur diffusion dans la société.
8. Cf. G. Vottéro, « Boeotica epigrammata », dans J. Dion (éd.), L’épigramme de
l’Antiquité au XVIIe s. ou Du ciseau à la pointe, Nancy, 2002, p. 69-112.
594 guy vottéro
9. C. Fragiadakis, Tyché 22 (2007), p. 9-33, donne un relevé plus complet que M. Dar-
mezin [187 entrées], mais descend jusqu’à une époque très tardive, e.g. iie s. apr.
J.-C. pour les nos 143, 160…, et d’origine diverse, e.g. tradition littéraire pour les
nos 47, 104, 185… Je ferai donc référence uniquement à l’ouvrage de Darmezin, qui
correspond mieux au cadre chronologique utilisé ici.
10. Par exemple, l’expression du patronyme ne devient usuelle qu’à partir du 4e am, et
uniquement dans les textes civiques, cf. Vottéro, « L’expression de la filiation en
béotien », Verbum 10 (1987), § 2.1 / 2, et 3.
11. Les abréviations chronologiques utilisées ici sont les suivantes : d = début, f = fin,
re
am = 1 moitié, m = milieu, pm = 2e moitié, 5ef / 4ed = fin ve / début ive s. Les
textes sont classés par catégories : A = textes civiques, B = actes d’affranchissement,
C = signatures-dédicaces, D = épitaphes, E = textes poétiques, et accompagnés des
précisions suivantes : nom de la cité de provenance, source épigraphique, datation
approximative. Enfin, pour préciser la valeur propre de chaque anthroponyme men-
tionné, sont utilisées les abréviations suivantes : NP = nom personnel ; AP = adjectif
patronymique ; GP = génitif patronymique.
onomastique personnelle de béotie 595
0.3. Terminologie utilisée 12
—— hypocoristique : « (terme) qui exprime une intention caressante,
affectueuse, notamment dans le langage des enfants ou ses imi-
tations. Les procédés formels employés pour créer des termes
hypocoristiques sont par exemple les suffixes dits « diminutifs »
(fillette), le redoublement (chien-chien, fifille), l’abrègement des
prénoms (Mado, Alex), ou le choix de termes conventionnellement
hypocoristiques (fr. mon petit poulet, mon chou)… » (Mounin
1974), voir aussi l’étude du terme dans les sources antiques dans
l’introduction du présent volume ;
—— sobriquet : « surnom familier que l’on donne à une personne avec
une intention moqueuse ou plaisante, faisant référence à des parti-
cularités physiques ou à des traits de caractère de cette personne,
à son origine sociale ou géographique, à son métier, à une anec-
dote de sa vie ou encore formé sur un jeu de mots… » (définition
du CNRTL-ATILF) ;
—— expressivité : « trait linguistique inhabituel, limité à certains
contextes d’élocution 13, et qui se traduit par des particularités pho-
nétiques diverses, comme la réduplication de syllabes, la gémina-
tion de consonnes… » 14 ;
—— aspiration et gémination expressives : sera donc considérée
comme relevant de l’expressivité toute aspirée ou géminée pré-
sente dans un NP, alors qu’elle est absente du radical de base, e.g.
Φιθων (< πίθηκος), Μεννει (< μενε-…).
0.4. Corpus utilisé
—— le corpus dialectal béotien (cf. le répertoire de Vottéro 2001 + mise
à jour) ;
12. Dans sa conclusion aux travaux du colloque C. Le Feuvre avait fait remarquer fort
pertinemment que le vocabulaire utilisé dans les différentes communications man-
quait parfois de clarté. Je précise donc ici le sens des différents termes que j’emploie.
13. E.g. l’emploi en fonction de vocatif (cf. M. Grammont, Traité de phonétique,
Paris, 1939, p. 382, J. Kuryłowicz, « La gémination consonantique dans les noms
propres », BSL 62 (1967), p. 2).
14. Le point commun est l’augmentation de l’énergie articulatoire.
596 guy vottéro
1. Constatations générales
1.0. Données de base
1.0.1. Carte de Béotie
onomastique personnelle de béotie 597
598 guy vottéro
18. Orchomène n’apparaît pas ici, alors que son corpus global est plus important que
celui de Thèbes et que cette cité est très ancienne (les Orchoméniens prétendaient
en effet être les descendants des Minyens du IIe millénaire) ; peut-être cette situa-
tion est-elle due à la destruction de la ville en 364 par les Thébains et leurs alliés (cf.
G. Vottéro, op. cit., I, p. 81-90) ; on pourrait penser aussi au régime oligarchique très
conservateur de cette cité (ibid.).
19. Cf. G. Vottéro, « L’alphabet ionien-attique en Béotie », dans Le IVe siècle grec : his-
toire et historiographie. Études réunies par P. Carlier, p. 157-181, Nancy, 1996 / 2,
p. 174-180.
onomastique personnelle de béotie 601
des NP ; 1,4 % des « notables »), mais il est attesté à toutes les
périodes (dès la période I à Acraiphia, Thèbes et Tanagra + in B.),
dans tous les corpus locaux importants, et fréquemment dans les
petits corpus ; les variations entre I-II et III-IV sont insignifiantes ;
il est mieux représenté dans le corpus des cités du Sud - Sud-Est
que dans celles du bassin du Copais (3% ~ 2,1%), mais, pour les
« notables », c’est l’inverse (2,2% ~ 0,6%) ; il est assez fréquent
pour les esclaves (19 ex., pour 12 entrées) ;
8) -ισκος : 40 exemples environ, dont 2 « notables » ; ce suffixe est
donc très peu représenté (0,3 % des NP ; 0,1 % des « notables ») ;
il est dès lors impossible de faire une comparaison avec les autres
suffixes ; on notera les quelques éléments suivants : a) il est
presque inconnu en I-II (1 ex.), l’essentiel des exemples provient
des périodes III-IV, plus particulièrement des iiie-iie s. ; b) il n’ap-
paraît chez les « notables » qu’à la période IV ; c) son absence
pour les esclaves n’est pas significative étant donnée sa très faible
attestation.
24. Chiffres fournis par le LGPN en ligne pour le volume 3b : -ιδας : 1 796 occurrences
~ -ίδης : 372 ; -αδας : 336 ~ ‑άδης : 91 ; -ωνδας : 194 ~ -ώνδης : 14.
onomastique personnelle de béotie 605
25. Il n’était pas possible, dans la limite du nombre de pages imparti pour chaque contri-
bution, de présenter la totalité des faits. J’ai donc choisi les éléments les plus trans-
posables à d’autres corpus.
26. Et qui, pour des raisons liées à l’utilisation de l’outil informatique et à ses possibilités
de consultation, rendent ici le LGPN 3b difficilement utilisable sans contrôle systéma-
tique du texte des inscriptions. En effet plus de la moitié des NP en -ε(ι)(ς)… appa-
raît à une autre forme que celle du nominatif : génitif, GP, AP, rarement accusatif ou
datif ; il est donc impossible, sans faire de choix purement arbitraire, de reconstituer
la forme exacte du nominatif. Cela conduit naturellement à des chiffres d’attestation
approximatifs (cf. infra).
27. Cf. G. Vottéro, « À propos du signe ˫ en béotien », Verbum 18, nos 3-4 (1995-1996),
§ 3.
606 guy vottéro
28. Une épitaphe de Thespies présente Δρυμς (IThesp. no 535, D-5epm), que l’on est
tenté de rapprocher de [Δρ ?]υμμ (Thèbes, ΑΔ 26 (1971), chron. p. 220, D-5e), mais
la forme n’est pas assurée.
29. Élément d’origine obscure, faute de correspondant précis en grec.
onomastique personnelle de béotie 607
30. La graphie ΕΙΟΣ étymologiquement attendue est rare, e.g. Διογειτων Ποταμμειος
Ὀρχομενιος (ex B. [Étolie], IG IX 12, 25, l. 34, A-3epm), et, phonétiquement, corres-
pond exactement à ΙΟΣ, cf. n. 27.
31. Il en est ainsi de tous les AP, cf. G. Vottéro, art. cit., 1987, § 2.2.2.
608 guy vottéro
32. Les textes littéraires ne le connaissent pas, mais dans certains cas on peut vérifier
qu’il s’agit de corrections vraisemblablement apportées par les copistes qui igno-
raient l’existence de tels NP (cf. le patronyme d’Épaminondas devenu Πόλυμνις ou
Κλέομμις selon les auteurs, Plutarque ou Pausanias).
33. Sur Καφισο- et le sens à donner à l’emploi de πόταμος, cf. G. Vottéro, art. cit., 1993,
§ 1.1.3.1 / 2.
onomastique personnelle de béotie 609
34. Mais des problèmes phonétiques sont apparus à date tardive, liés à la séquence
ikh-ios > ikhjos, cf. G. Vottéro, art. cit., 1987 §. 2.2.3.
35. Cf. également L. Robert, Hellenica, XI-XII, p. 238-39.
36. Pour Chantraine, Formation, p. 404, le suffixe -ιχος à une valeur de « diminutif » et,
en béotien, de nom « familier ».
37. Sur l’importance de ce radical dans la région, cf. G. Vottéro, art. cit., 1993, § 2.2.1.
610 guy vottéro
44. Cf. G. Vottéro, art. cit., 1987, § 3.2.1.2 ; contrairement à ce que l’on peut observer
en éolien d’Asie, cf. R. Hodot, Le dialecte éolien d’Asie, Paris, 1990, p. 212.
45. Cf. les propositions de la mère : Ξάνθιππον ἢ Χάριππον ἢ Καλλιππίδην (v. 64).
46. Sur l’importance des banquets en Béotie, cf. G. Vottéro, art. cit., 1993, § 2.2.1.4, et
op. cit., I, p. 193.
47. Sur ce même radical on a tardivement Κλεις, Κλειτος (IThesp. no 55, A-3epm).
onomastique personnelle de béotie 613
49. Cf. O. Szemerényi, Syncope in Greek and Indo-european and the Nature of Indo-
European Accent, Naples, 1964, p. 33-42, et voir ici même la contribution de M. del
Barrio.
616 guy vottéro
50. La flexion -ων / -οντος semble assurée par le NP Λεοντιάδας (attesté dans la lit-
térature, cf. les événements de 379 racontés par Plutarque, Pélop. 5-6, 11) et les
dérivés épigraphiques Λιοντιδας (Coronée, ZPE 51 (1983), no 17, D-4ef) et Λιοντιχος
(Orchomène, IG 3180, A-3ef).
onomastique personnelle de béotie 617
51. Plus de 320 ex., cf. G. Vottéro, art. cit., 1993, § 2.1.1.1.
618 guy vottéro
53. Cf. les formes hypocoristiques (Épami et Dadasse) prises par le nom Épaminondas
dans le roman de F. Marcellin, Thémistocle-Épaminondas Labasterre, petit récit haï-
tien, Paris, 1901 (cf. G. Vottéro, « Grandeur et déchéance d’un héros : Épaminondas
le Thébain », dans J. Dion, Le paradoxe du héros ou d’Homère à Malraux, Nancy,
1999).
54. Pour -αδας la rareté des formes rend les observations difficiles.
620 guy vottéro
Le suffixe -ιχος / -α était moins marqué que le précédent (son aire d’at-
testation est plus large) et on constate qu’il a survécu un certain temps à
la disparition du dialecte dans l’écriture, puisqu’il apparaît encore dans
quelques inscriptions d’époque romaine, e.g. Καβίριχος Θεοδώρου (IG
3197, Orchomène, A-ier s.), [Δ]ομέστιχος (cf. supra). Mais les radicaux
rencontrés sont bien moins nombreux et variés ; il ne s’agit donc à cette
époque que d’une survivance.
Les suffixes -ιδας, -αδας et -ωνδας sont marqués phonétiquement
et, même s’ils pouvaient être facilement remplacés par -ίδης, -άδης et
‑ώνδης, ils vont disparaître également. Les raisons en sont moins claires,
mais il est vrai que nous ignorons tout des particularités articulatoires du
dialecte béotien (ce qu’on appelle couramment l’« accent ») ; or la com-
paraison aves les situations linguistiques modernes permet de supposer
des différences marquées entre les différentes régions (et dialectes) du
monde grec, que la généralisation de la koinè va faire disparaître pro-
gressivement, mais pas entièrement (cf. les variations régionales encore
observables dans la France actuelle) ; l’« accent » local se prêtait peut-
être plus facilement à la longueur des NP créés généralement par l’ad-
jonction de ces suffixes (cf. supra § 2.2).
Le succès du suffixe -ων ne peut pas s’expliquer par des raisons pho-
nétiques, puisque phonétique du dialecte et de la koinè se rejoignent
ici ; mais étant « non marqué » linguistiquement, il a pu se substituer
à d’autres suffixes bien plus marqués. Il apparaît ainsi comme une des
manifestations de la pénétration de la koinè.
On constate donc que les suffixes marqués dialectalement ont disparu,
plus ou moins rapidement selon leur degré de spécificité. Mais la substi-
tution a été progressive. Il ne faut pas imaginer une disparition brutale du
dialecte béotien (même si les textes écrits donnent parfois cette impres-
sion 55), mais un long processus de pénétration de la koinè, avant que le
dialecte ne tombe en désuétude et que les usages linguistiques locaux ne
disparaissent totalement.
55. Cf. G. Vottéro, « Koinès et koinas en Béotie à l’époque dialectale (viie au iie s. av.
J.-C.) », dans C. Brixhe (éd.), La koinè grecque antique, II. La concurrence, Nancy
1996 / 1, § 2.3.
622 guy vottéro
Conclusion
Références bibliographiques
Blümel, W., Die aiolischen Dialekte. Phonologie und Morphologie der ins-
chriftlichen Texte aus generativer Sicht, Göttingen, 1982.
56. Cf. G. Vottéro, « Procédés d’expressivité dans l’onomastique personnelle de Béotie »,
dans La Béotie antique (Lyon - Saint-Étienne 16-20 mai 1983), Paris, 1985, p. 403-
417.
onomastique personnelle de béotie 623
radical n’est pas attesté comme élément d’un composé (type Στράβων) 2.
Par ce distinguo, je ne prétends que séparer les noms raccourcis (défini-
tion formelle de l’hypocoristique, cf. l’introduction), d’autres qui n’ont
jamais été des composés (sobriquets), même si la distinction n’est pas
toujours facile à établir. Mon étude, en tout cas, ne portera que sur la suf-
fixation dans les noms non composés.
D’autre part, j’utilise la nomenclature traditionnelle « Argolide
occidentale » pour faire référence à Argos et ses alentours (Mycènes,
Tyrinthe, …) et « Argolide orientale » pour Épidaure et ses environs
(Trézène, Hermione, …), car cette nomenclature fonctionne à peu près
pour l’époque d’où proviennent nos exemples. Cependant, elle n’est pas
valable pour une étude diachronique et pour la préhistoire des dialectes
de l’Argolide, comme on le voit dans les conclusions de ma thèse de doc-
torat sur la question 3.
Les noms courts attestés en Argolide, tant les hypocoristiques que les
sobriquets, ne représentent que ca 8,7 % du total des anthroponymes. Ces
chiffres sont dans une certaine mesure attendus, car la plupart des ins-
criptions sont des documents officiels et les noms composés y sont pré-
férés. Sur le total, presque 7 % sont des noms courts masculins, ce qui
laisse moins de 2 % de noms courts féminins.
5. Cf. O. Masson, « Variétés chypriotes syllabiques », Kadmos 29.2 (1990), p. 149-
150.
6. Cf. F. Bechtel, Die griechischen Dialekte, II. Die westgriechischen Dialekte, Berlin,
1923, p. 246. Cf. ici même la contribution de Nicole Guilleux, p. 67-98.
7. Cf. E. Nieto Izquierdo, op. cit., p. 215.
hypocoristiques et sobriquets en argolide 629
(Ég), Σίμων, Τύχων, Πύθων (Ég Ép), Λύσων, Ἕρμων, Πάτρων (Tr
H), Δείνων, Ἄκρων, Ἵππων (Ép), Δάμων, Κάλλων, Κράτων, Ὀνάσων
(Ép H), Πάσων, Κύδων (H), Λύκων, Ἀλέξων, Ἀσκλήπων (Tr) ; et
dans les deux Argolides Κλέων, Ξένων (Ar Ép H), Ἀρίστων, Νίκων,
Στράτων, Φίλων (Ép Ar Tr H), Αἴσων, Μνάσων, ῾Ιάρων, Δόρκων,
Θίων, Τέλων, Τίμων, ῾Ιέρων (Ar Ép), Ἀγάθων, Μένων, Εὔφρων (Ar
H), Δίων (Tr Ép Ar).
pourquoi les formes anciennes ne feraient leur apparition dans les ins-
criptions que beaucoup plus tard que leur avatar « contracté ». À mon
avis, c’est plus facile à expliquer si l’on sépare les exemples comme des
suffixes indépendants l’un de l’autre, -έας et -ης (génitif -ητος). Vu que
tous les exemples de Τέλης semblent provenir de l’Attique et de Mégare
d’après les indices du LGPN, il faudrait plutôt voir ici une influence
précoce des dialectes de ces aires dialectales, auxquels Épidaure s’est
ouverte de bonne heure 12.
12. Cependant, on ne peut parler que d’influence, étant donné que l’Argolide dite
« orientale » et Corinthe et Mégare ne partagent aucun trait exclusif qui nous per-
mette de parler d’une aire dialectale unique ; cf. E. Nieto Izquierdo, op. cit., p. 580-
584.
13. À la différence d’autres dialectes doriens comme le laconien, en Argolide -ίας ne
peut jamais provenir de -έας car le processus de synizèse /e/V > /j/V n’est attesté que
pour θεός (θιός) et ses dérivés ; cf. E. Nieto Izquierdo, op. cit., p. 558-559. Pour les
données laconiennes, cf. A. Striano, El dialecto laconio. Gramática y estudio dia-
lectal, Madrid, 1989, p. 21-27.
634 enrique nieto izquierdo
14. Cf. à propos des données de l’attique postclassique et de la koinè, M. Bueno, « Los
antropónimos en -ᾶς como rasgo de diferenciación dialectal dentro del jónico-ático »,
dans M. J. Barrios Castro et E. Crespo Güemes (éd.), Actas del X Congreso Español
de Estudios Clásicos (21-25 de septiembre de 1999), I, Madrid, 2000, p. 183.
hypocoristiques et sobriquets en argolide 635
15. Le nominatif en -ώι n’est attesté avec certitude qu’en Argolide « occidentale » ;
cf. E. Nieto Izquierdo, op. cit., p. 439.
636 enrique nieto izquierdo
par Hodot 32 on ne voit que ΤΙΜΕΑ[. Étant donné que le banal Τιμέας est
un nom déjà atesté à Égine à cette époque-là, l’option la plus judicieuse
me paraît d’interpréter Τιμέα ou, au cas où la photographie serait trom-
peuse et où la lettre iota serait bel et bien écrite sur la pierre, Τιμέ{ι}α, en
admettant une erreur du scribe amenée par la chute de yod secondaire en
position intervocalique 33.
Références bibliographiques
Alonso Déniz, A., Estudios sobre la aspiración de /s/ en los dialectos griegos
del I milenio, Madrid, 2008 <http://eprints.ucm.es/7894/1/T30236.pdf>.
Bechtel, F., Die griechischen Dialekte, II. Die westgriechischen Dialekte, Ber-
lin, 1923.
Bueno, M., « Los antropónimos en -ᾶς como rasgo de diferenciación dialectal
dentro del jónico-ático », dans M. J. Barrios Castro et E. Crespo Güemes
(éd.), Actas del X Congreso Español de Estudios Clásicos (21-25 de sep-
tiembre de 1999), I, Madrid, 2000, p. 177-184.
Egetmeyer, M., Le dialecte grec ancien de Chypre, Berlin - New York, 2010.
Guijarro, P., La lengua de las inscripciones métricas del Peloponeso (s. VII-IV
a. C.), 2016 <http://eprints.ucm.es/39779/>, Madrid, 2015.
Hartmann, I. J., « What name? What parentage? The classification of Greek
names and the Elean corpus », dans I. J. Hartmann et A. Willi (éd.),
Oxford University Working Papers in Linguistics, Philology & Phonetics 7,
2002, p. 55-81.
Hodot, R., « Notes critiques sur le Corpus de Lesbos », EAC 5 (1976), p. 17-81.
Maquieira, H., « Meg. ἩρακλΕας. Influencia de los nombres en *-klewes en la
antroponimia griega », dans Quid ultra faciam? Trabajos de griego, latín e
indoeuropeo en conmemoración de los 25 años de la Universidad Autónoma
de Madrid, Madrid, 1994, p. 67-73.
Masson, O., « Notes épigraphiques », Glotta 39 (1960), p. 111-114.
—, « Remarques sur les anthroponymes mycéniens et leurs correspondants au
premier millénaire », SMEA 2 (1967), p. 27-40 (= OGS I, p. 97-110).
32. Cf. R. Hodot, op. cit., p. 62 et pl. XIIb.
33. Pour ce dernier processus en Argolide dite « orientale », cf. E. Nieto Izquierdo,
op. cit., p. 250-254. — Quant à la forme arcadienne Τιμείας (SEG 11, 1139, Alipheira,
l. 5), étant donné qu’elle se trouve dans une inscription métrique de tonalité épique
(cf. Ἀλίφοιο l. 2), elle doit être un allongement métrique afin d’adapter le rythme de
l’anthroponyme au premier pied de l’hexamètre, comme il arrive très souvent ; cf. à
cet égard en dernier lieu P. Guijarro, La lengua de las inscripciones métricas del
Peloponeso (s. VII-IV a. C.), Madrid, 2016, p. 412-413.
hypocoristiques et sobriquets en argolide 641
Appendice
classification des noms courts en argolide :
par radical, par genre et en fonction du nombre
de suffixes différents attestés
34. Pour l’emploi des racines d’aoriste pour former des anthroponymes, cf. en dernier
lieu A. Alonso Déniz, Estudios sobre la aspiración de /s/ en los dialectos griegos del
I milenio, Madrid, 2008 p. 33-34.
hypocoristiques et sobriquets en argolide 643
σῴζω « sauver » : aor. σωσ- → Σωσ- : Σῶσος (Ar H), Σωσίων (Ar H),
Σωσύλος (Ar).
τίνω → aor. τεισ- « payer » → Τεισ- : Τεῖσις (Ép), Τεισίας (Ar Cal Ég),
Τεισήν (Ép).
χάρις « grace » → Χαρ- : Χάρων (Ar), Χαρίας (Ép), Χάρης (Ép Ég).
φίλος « cher » → Φιλ- : Φίλλις (Ar), Φίλων (par), Φιλέας (Ar H).
3.2. Féminins
δᾶμος « peuple » → Δαμ- : Δάμιον (Ar), Δαμώ (Ar Ép), Δάμεον (Ar).
κάλλος « beauté » → Καλλ- : Καλλίς (H), Καλλώ (Ép), Κάλλεον (Ar Tir).
φίλος « cher » → Φιλ- : Φίλα (Mét), Φίλεια (Ar), Φιλία (Ép H).
μικ(ρ)ός « petit » → Μικ- : Μίκων (Ég), Μῖκος (Ar), Μικίων (Ar Ép),
Μικύλος (Ép).
μνάομαι → aor. μνασ- « se souvenir »→ Μνασ- : Μνᾶσις (Ar), Μνάσων
(Ar Ép), Μνασίας (par), Μνασέας (Ar H), Μνασίων (Ar), Μνάσιλλος (Ép),
Μνασιάδας (Ar).
νίκη « victoire » → Νικ- : Νῖκις (Tr Ép H). Νίκων (par), Νίκαιος (Ép H),
Νικεύς (Ar), Νικίας (par), Νικέας (Ép Ar), Νικίων (Ar), Νικιάδας (Ép).
πολύ « beaucoup » → Πολ(λ)- : Πόλλις (Ar H), Πολέας (Ar Ép), Πολλιάδας
(Ar), Πόλλιχος (Ar).
πυνθάνομαι « apprendre » → aor. πυθ- → Πυθ- : Πύθων (Ép Ég), Πυθίας
(Ar), Πυθέας (Ar Ép Ég), Πυθίων (H).
πυρρός « rouge feu » → Πυρρ- : Πύρρος (Tr), Πυρρίας (Ép), Πυρρᾶς (Ép),
Πυρρήν (Ép).
τέλος « fin, but » → Τελ(λ)- : Τέλων (Ar Ép), Τελλεύς (Ar), Τελλίας (Tr),
Τελέας (Ép), Τέλης (Ép).
τιμή « honneur » → Τιμ- : Τίμων (Ép Ar), Τίμαιος (par), Τιμέας (H), Τιμείας,
(Tr Ég), Τιμειός (douteux ; Tr), Τιμύλος (Ép), Τιμιάδας (Ép).
4.2. Féminins
ἄριστος « le meilleur » → Ἀριστ- : Ἀρίστεον (Ar), Ἀρίστεια (Ar), Ἀριστώ(ι)
(Ép Ar H), Ἀριστίς (Ep), Ἄριστον (H).
μύρτος « myrte » → Μυρτ- : Μύρτα (Ar H), Μυρτίς (Ég), Μυρτώ (Ég),
Μυρτοῦς (douteux ; Myc).
νίκη « victoire » → Νικ- : Νίκιον (Ép), Νίκεον (Ar), Νικώ (H), Νικαία (Ép
Ar).
Résumés
par ordre alphabétique des noms d’auteurs
Le rendement de cette panoplie suffixale n’apparaît pas très élevé dans les
stratégies familiales de nomination.
La rencontre du grec avec la langue libyque peut se manifester par emprunt
pur et simple : Αννικερις, Βακαλ, Σεμηρ sont autant de noms qui ont permis à
O. Masson (1976) de classer les noms libyques par leurs finales -is, -an-, -r, -l,
dont certaines sont justement absentes ou rarissimes en grec. Cela a donné lieu
à des hybridations intéressantes, notamment dans les échanges entre -an libyque
et -ας / αντος voire -ας / -α du grec. Il semble utile de reconsidérer sous cet angle
les quelques féminins rassemblés par O. Masson.
l’essentiel, le même aux deux périodes et constitue un microsystème qui leur est
commun. En partant de là, on essaye de montrer que la prise en considération
des données du premier millénaire peut être d’un apport décisif pour la trans-
littération de noms mycéniens (des composés tronqués et/ou des sobriquets),
lorsqu’ils semblent se dérober à tout essai d’interprétation et sont même impos-
sibles à identifier comme dérivés ou comme composés. Les limitations et les pos-
sibilités de cette approche sont rendues claires par quelques faits mycéniens qui
se continuent au premier millénaire, notamment pour les noms en ‑(C)a-ko (qui
peuvent être soit des dérivés à suffixe /-ako-/ : -ακο-, soit des composés à second
membre /°arkho-/ ou /°āgo-/ : °αρχος, °ᾱγος), pour les noms en -se-u /-sēus/ :
‑σεύς formés sur des lexèmes verbaux à aoriste sigmatique (type o-na-se-u :
Ὀνᾱσεύς, ῎Ονᾱσος, Ὀνᾱσ(ι)° à côté de l’aor. ὀνᾱσα-) ou sans formation sigma-
tique (e.g. e-ne-ke-se-u /Eneksēus/ à côté de l’aor. ἐνεγκο/ε-), et pour les com-
posés à second membre en -se-u /-sēus/ et ‑σος (e.g. Μορτόνασος, ῾Ιππόλυσος,
οu qo-wa-ke-se-u /Gwōwak-sēus/, Xάραξος), qui reflètent l’inversion de leurs
membres tels qu’ils apparaissent dans les types réguliers Ὀνασι°, Λυσι°, Ἀξι°
en face de °ονᾱτος, °λυτος.
en -ϝεντ- avec les participes pourrait avoir joué un rôle dans le développement
de la gémination « expressive » dans les anthroponymes féminins tirés de parti-
cipes présents, du type Πείθουσσα.
in the spelling the diphthong in the nominative. Two other topics are the mani-
fold suffixes in -υ- and the forms in -ΙΝΟ-.
The productivity of this wide range of suffixes is not very high in family
naming strategies.
Contacts with the Libyan language may result in merely borrowing native
names, such as Αννικερις, Βακαλ, Σεμηρ. O. Masson was able to sort out and
describe Libyan endings -is, -an, -r, -l, some of which are totally absent of Greek
onomastics or are very rarely found. Differently, a hybridisation process gave
way to exchanges between Libyan -an and Greek -ας/-αντος or even -ας/-α. In
this perspective, it seems useful to reconsider some women’s names gathered
by O. Masson.
the same in both periods, and they constitute a microsystem which is common to
both. On the strength of this basic assumption, an attempt is made to show that
taking into consideration 1st millennium evidence may be of decisive help for the
transliteration of Mycenaean names (truncated compounds, and/or nicknames),
which seem to defy interpretation and even make it impossible to identify them
as derivatives or as compounds. The limitations and possibilities of this approach
are set forth in the light of some concrete items attested in Mycenaean which live
on in the first millenium: the nouns in -(C)a-ko (which may be either derivatives
with suffix /-ako-/: -ακο-, or compounds with second member /°arkho-/ or /°āgo-/:
°αρχος, °ᾱγος), the nouns in -se-u /-sēus/: -σεύς built on verbal lexemes having a
sigmatic aorist (type o-na-se-u: Ὀνᾱσεύς, Ὄνᾱσος , Ὀνᾱσ(ι)° beside aor. ὀνᾱσα-)
οr not (e.g. e-ne-ke-se-u /Eneksēus/ beside aor. ἐνεγκο/ε-), and the compounds
with second member in -se-u /-sēus/ and -σος (e.g. Μορτόνασος, ῾Ιππόλυσος,
οr qo-wa-ke-se-u /Gwōwak-sēus/, Xάραξος), which reflect an inversion of their
members in the regular types Ὀνασι°, Λυσι°, Ἀξι° et °ονᾱτος, °λυτος.
ymes en -ήν, -ῆνος” (A. Blanc et D. Petit [éd.], Nouveaux acquis sur la formation
des noms en grec ancien, Louvain–Paris, 2016, pp. 283–304). Relying on a revised
and increased corpus, I will examine the small set of masculine personal names
in which the suffix is used, and its geographical and prosopographic distribution.
From a diachronic perspective, the hypothesis of a so-called “vordorisch” origin—
according to Felix Solmsen—or a “Mycenaean” origin—now that Linear B tablets
can be read—is confirmed by additional evidence. The coexistence of Myc. (u-)
wo-qe-we and u-wo-qe-ne shows that at least one stem in -εύς had already been
transformed into a noun in -ήν, -ῆνος. This phenomenon is to be ascribed to the
inherited -ήν ending in the accusative singular of nouns in ‑εύς and it has left scarce
or indirect evidence in a dialectal area exceeding the borders of Arcado-Cyprian.
This old ending with its typical long vowel survives also in diphthongal stems such
as Ζεύς, ναῦς and βοῦς and its geographical distribution includes, not unsurpris-
ingly, even Doric dialects. The continuation of this ending also helps to understand
why nouns in -εύς and theonyms like Ζεύς and Ἄρης developed a high degree
of polymorphism in their inflection and exhibited different suffixes. Furthermore,
the ‑ήν accusative ending probably triggered an incomplete and asigmatic declen-
sion in -ής, -ήν… in personal names such as Δίης and Ζώης, identified by Olivier
Masson in 1957, and in the set of names in ‑ης, -ητος.
In works dealing with Ancient Greek noun formation, there is not always a
clear distinction between morphological phenomena affecting personal names
and the suffixation mechanisms in the lexicon, in particular when dealing with
the derivation of diminutives and hypocoristica. In this paper, the investigation
of the case of personal names in ‑υλ(λ)ος and ‑ιλ(λ)ος shows the dangers of
this approach. In hypocoristic personal names issued from compound attested
in Attic during the 5th and 4th c. BC, the occurrence of the so-called emphatic
geminate and the linking vowel seem to depend on the stem structure. We assess
the phonological and morphological constraints that conform these allomorphs
and that do not have a correlate in the lexicon.
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Préfixes, suffixes et chaînes suffixales
identifiés dans les anthroponymes
Sophie Minon,
avec la collaboration d’Édouard Chiricat
a) Éléments préfixaux
N. B. 1 : ἀρε/ι- et ἐρε/ι- (HPN 65-66) sont absents de cette liste parce qu’ils ont été
considérés comme des éléments lexicaux plutôt que des préfixes, vu l’existence des
composés Ἀρί-μνηστος (HPN 65) et Ἀμφ-αρί-ōν (S. Minon 2013) ainsi que Ἐρέ-δαμος
(HPN 65) et Ἐρί-γυιος (ibid.), cf. Chantraine, DELG, s.v. ἀρι-, ἐρι-.
Ν. Β. 2 : l’occlusive sourde finale d’un préfixe élidé s’assimile en l’occlusive aspirée
correspondante au contact d’une voyelle aspirée suivante, variation que nous avons pris
le parti de ne pas indiquer.
α(ν)/ν-
(h)α-
αμφ(ι)-
αν(α)-
αντ(ι)-
απ(ο)-
δι(α)-
δυ(σ)-
εκ(σ) / εσ-, cf. Ἔσ-φαντος, Tégée, IG V (2) 35, 33.
εν-
επ(ι)-
688 saga
ευ-
κατ(α)-
μετ(α)-
παρ(α)-
πεδ(α)-, cf. Πεδ-άρετος, Arcadie, IG V (2) 549, 35.
περ(ι)-
ποτ(ι) / ποι-, cf. Ποτ-άγορος, Panormos, TCal 85, 51 ; Ποί-δικος, Κopai, IG VII
2781, 13.
προ-
προσ / πορσ(ι)-, cf. Πορσόπα, Aspendos, C. Brixhe, Pamphylie, no 46 (προσώπη) ?
Πορσίλος, Hiérapytna, Eus., ad. Od. γ444 (Πορσίαλος — Schol. ibid., cf.
LGPN 1), < Πορτ(ι)- ?)
(κ)συν-
(h)υπερ-
(h)υπ[α / αι(?) / ο]-, cf. Ὑπαίας, Phocide, BCH 105 (1981), 812.
(h)υψ(ι)-
α) Niveau 4 (anté-antépénultième) 1
-ων-, cf. Φιλ-ων-ιχ-ίδ-ης, Introduction, p. 17 et 21.
1. En dehors de la partie d) (cf. note 7), ont été exclus, comme constitutifs de dérivés
lexicaux employés comme anthroponymes eux-mêmes pourvus, le cas échéant,
de leurs propres suffixes dérivationnels : -� (ϝ)- au niveau 3, dans Ἀριστη-ίδ-ης >
Ἀριστε-ίδης (OGS III, 123, et cf. IG II2 49, 4, un Abydéen, pour la forme en -ηίδης),
dérivés de Ἀριστεύς, lui-même bâti à partir du nom d’agent ἀριστ-εύς ; -τορ- (type
Ἑκτορ-ίδ-ης, où -τορ- est constitutif du nom d’agent ἕκ-τωρ, d’où l’anthroponyme
Ἕκτωρ, interprété aussi par les Anciens comme hypocoristique possible du type
Ἐχε-μένης, Ἐχέ-πολις, cf. Kamptz, HomPN, p. 261) ; -τηρ- (Σωτηρ-ίδ-ιον, auprès
duquel existe de même σω-τήρ, d’où Σωτήρ ; -τερ- (Ἀμφοτερ-ίδ-ας, où -τερ- est le
suffixe à valeur oppositionnelle de l’adjectif ἀμφό-τερ-ος, voir ici É. Dieu, p. 252-
253) ; -(V)μ-, formateur de dérivés adjectivaux comme ἄλκιμ-ος (Chantraine, For-
mation, p. 152), d’où Ἄλκιμ-ος, Ἀλκιμ-ίδ-ης ; et -(V)ντ- (Βλεποντ-ίδ-ας, où le suf-
fixe est constitutif du participe actif masculin / neutre βλέπο̄̆ν; Ἀδείμαντ-ος, comme
l’adj. ἀδείμαντος, Γεροντ-ίδ-ας).
préfixes, suffixes et chaînes suffixales 689
β) Niveau 3 (antépénultième) 2
-ιδ-, cf. Ἀριστε-ιδ-ιαν-ός (LGPN 5a, 2 ex., imp.) 3.
-ᾱ�κ-, cf. e.g. Φειδ-ακ-ίδ-ας, fils de Φειδᾶς, Kéos (HPN 443) vs Μυρμηκ-ίδ-ης,
Milet (LGPN 5b).
-(V)λ(λ)-, cf. Νικ-υλ-ίδ-ας, Ténos, GVI 1284 ; Βραχυ-λλ-ίδ-ας, Lindos,
IG XII (1) 884, 9 ; Ὑβρι-λ-ίδ-ης, Athènes, Develin, AO, p. 55 ; crét. Πρατ-αλ-ίδ-ας
(OGS I-II, 462) ; Μυστα-λ-ίδ-ης, Lys., Fr. 74. Voir ici pour -ιλ(λ)ος et -υλ(λ)ος,
A. Mathys, p. 333 sq., et le préambule de d) 4.
-ιν-, cf. Αἰσχ-ιν-άδ-ης, Pétrai, IG XII (9) 246A, 157.
-ίων-, cf. Ἀριστ-ιων-ίδ-ης, Athènes, IG I3 1146.
-ων-, cf. Φιλ-ων-ίδ-ης, Athènes, IG II2 2343, 2, Ἀγαθ-ων-ιαν-ός, SEG 43, 785,
A, 4, Éphèse, imp.
-ιχ-, cf. Σιμ-ιχ-ίδ-ας, Théocrite, Id. VII, 21.
γ) Niveau 2 (pénultième) 5
-αδ-, cf. Παντ-άδ-ᾱς (LGPN 3a), et voir ici A. Alonso Déniz, p. 434.
-ιαδ-, cf. Καρπ-ιάδ-ης (LGPN 2), et voir ibid.
-ιδ-, cf. e.g. Φιλ-ίδ-ιον, Athènes, IG II2 5128, et voir ici F. Réveilhac, p. 394 sq.
-ε̄̆(ϝ)-, cf. Βαι-η-ίας, Cyrène, SEG IX 46, 44 (OGS III, 318), analogique de
Ἀριστή-ας, Télos, IG XII (3), 73, où le suffixe -ε‾�ϝ est d’origine lexicale, cf. note 1.
Voir aussi -(V)υ- et infra, c), -έας, -ίας.
-υθ-, cf. e.g. Γοργ-υθ-ίων, Mantinée-Antigoneia, IG V (2) 323, 76.
-(V)κ-, cf. e.g. Σιμ-άκ-ιον, Athènes, IG II2 1534B, voir F. Réveilhac, p. 406, et
le préambule de d).
-(V)λ(λ)-, cf. ici A. Mathys, p. 333 sq.
-αιν-, cf. Ξεν-αιν-ώ, Délos, IG XI (4), 1174, cf. c), N. B. 1, mais voir aussi le
préambule de d).
-(V)ν(ν)-, cf. e.g. Εὐ-κρατ-ῖν-ος, Kythnos, IG XII (5) 523.
-ων-, cf. Φιλ-ων-ίς, Syros, IG XII Suppl., p. 118, no 243.
-ιαν- (latin), cf. Σωτηρ-ιαν-ή, Amathonte, Athena 22 (1910), p. 144, no 4.
-(V)νδ- (asianique), cf. e.g. Ταρκ-όνδ-ας, Cilicie, IGAlexPtol 44, 3.
-(V)νθ- (pré-grec), cf. e.g. Σαβύλ-ινθ-ος, Molosse (Th. II 80, 6).
-(V)ρ(ρ)-, cf. Τυχα-ρ-οῦς, Thessalonique (L. Dubois 2010, 401), cf. D. Dana,
p. 207.
-(V)σκ-, cf. Φιλ-ίσκ-ος, Épidaure, IG IV (1)2 146 vs Φορύ-σκ-ος, IG I3 1186,
115.
-(V)υ-, cf. Κρατ-εύ-ας, Pydna, GRBS 43 (2002-3), p. 119, nos 5, 2, 8 (LGPN 4),
et voir -έας, d).
-ιχ-, cf. Μητρ-ίχ-η, Chios, Arch. Pap. 16 (1958), p. 170, no 2.
6. Incluse la simple désinence -ς. Mêmes exclusions que notes précédentes ainsi que :
-ήρ m., -ῆρος, comme dans le panhell. Σπινθήρ, emploi du substantif σπινθ-ήρ
« étincelle » comme sobriquet ; -ᾱ�/ή, -ός et -όν dans -ικ-ᾱ�/ή, -ικός et -ικόν, chaînes
suffixales formatrices d’adjectifs ctétiques, passés du lexique à l’onomastique.
préfixes, suffixes et chaînes suffixales 691
-ήν m., -ῆνος, cf. les formes courtes de composés Δᾰμ-ήν, Παρμ-ήν, Τιμ-ήν, et
voir ici N. Guilleux, p. 67 sq.
-ης, béot., pamph. -(ε)ις m., -ητος, béot. -ειτος, pamph. -(ε)ιτ(ο)υς
(C. Brixhe, 104).
-ης m., -εος [béot., crét. -ιος, ion. récent., rhod. -ευς, koin. micras. -ε(ί)ου(ς),
att. -ους, lesb. -οῦς, OGS I, 9], secondaire -ου (voir ici V. Gomis, p. 535 sq.), voire
lesb., crét. -η (OGS I, 9 et 335).
-(V)ίᾱ/η f., comme dans le tardif Ἁβροία (HPN 7, [LGPN 3b : accent à corr.]),
-(V)ίᾱ / ης.
-ίᾱς / ης m., béot. et thess. -ίᾱο, lesb. et dor. -ίᾱ, arcad. -ίᾱυ, ion. -ίεω, att.
-ίου.
-ιάς f., -άδος (pseudo-ethn. comme Δηλιάς, OGS II, 415) : voir A. Alonso
Déniz, p. 419 sq.
-ιλλᾰ f., -ίλλᾱ / ης.
-ιον f., voire m. (OGS III, 272-273), -ίου, -ίω : voir ici F. Réveilhac, p. 379 sq.
-(V)ιος m., -ίου, -ίω, thess. orient. (Pélasgiotide) -ίοι(ο).
-ις m., voire f. (comme Χάρις), -ιος, -ιτος, chypr. -ιϝος (M. Egetmeyer 2010,
§ 432).
-ίς f., -ίδος.
-ισσᾰ f., -ίσσᾱ / ης.
-ιώ f., -ιοῦς (Βακχιώ, Thyrreion, hell. LGPN 3a).
-ίων, thess. -ίουν m., -ίωνος, thess. -ίουνος, voire -ίονος. Cf. ici J. Cur-
bera, p. 272-274.
-ον f., -ου, -ω, thess. orient. (Pélasgiotide) -οι(ο).
-ος m., id.
-οῦς f., m., -οῦτος, -οῦτους (pamph.), -οῦνος, -οῦδος vs -οῦ [centre de
l’Asie Mineure] (L. Dubois 2010, respect. : 399-401 [f.] ; 406 [m.]).
-ς m., comme dans -ανακ-ς > -αναξ, d’où Ἀγησι-άναξ (Rhodes, IG XII (1) 16),
Βύβ-αξ (IG XII 9 191B, 37), -(τ)ος.
-(V)τᾱ/η, f., -τᾱ / ης, cf. m. -(V)τος.
-(V)τᾱ / ης, m., béot. et thess. -τᾱο, lesb. et dor. -τᾱ, arcad. -τᾱυ, ion. -τεω,
att. -του. Voir infra, -ᾱ�τᾱς, -έτης, -ίτᾱς, -ύντᾱς et -(ι)ώτᾱς.
-(V)τις, f., -τιδος, chypr. -τιϝος (Νικαγόρατις (?), ICS 123), cf. m. -(V)τᾱ / ης.
-(V)τος, m., -του, -τω, thess. orient. (Pélasgiotide) -τοι(ο). Voir supra,
note 2, et d), pour ι-τος.
-υς m., -υος, chypr. -υϝος (É. Lhôte 2007, 278 et 280-282 : difficile à distin-
guer de -ῦς, -ῦδος, -ῦος ou -ῦ).
-ώ(ι) f., -οῦς, crét. -ῶς (OGS I, 48).
préfixes, suffixes et chaînes suffixales 693
-ων, thess. -ουν, pamph. -ω, m., -ωνος, voire -ονος, thess. -ουνος, sauf
pour les types empruntés au lexique Γέρ-ων, -οντος (SEG 52, 1184, Cyzique ?,
iie / ier s.), d’où -ωντος (Ἐρύϙωντος, L. Marangkou, A. Matthaiou, Horos 2010-
13, 524, , voir OGS III, 209) et les participes, e.g. Παρμένων, -οντος (ΙG ΙΙ2 9838).
Cf. -ίων et d), -έων et -ύων.
-ᾱ�-(ϝ)ων > dor. -ᾱ�ν, ion.-att. -έων m., respect. -ᾱ�-ονος, -ᾶνος et -έωνος.
Cf. aussi d).
-ωρ, m., -ορος, comme dans Πλείστ-ωρ, forme courte de Πλειστ-αίνετος,
Πολύκτ-ωρ (Minon, IED, 596-597).
-ως ou ῶς m., -ῶτος, pamph. -õτυς, -ῶτυς, -õδυς (C. Brixhe, 106), -ωϝος
(Chypre, M. Egetmeyer 2010, § 438 et 539-541).
Certaines têtes de ces chaînes, voire certaines séquences élargies, peuvent être issues
de la grammaticalisation de lexèmes : ainsi en irait-il du suffixe formateur d’ethniques
en Grèce septentrionale -έστᾱς (Minon 2005, p. 187, n. 56, cf. Διον-έστας, Κορρ-έστης),
si l’on pouvait suivre A. Leukart, qui postulait, à partir de l’anthroponyme Ὀρέστας, ce
qui a été remis en question pour ce nom par C. Le Feuvre, Ὅμηρος…, p. 349, qu’il pou-
vait être formé de -στᾱ-ς, radical de ἵ-στη-μι, et pour -έτᾱς, qu’il était en rapport possible
avec (σ)ϝέτας « allié, concitoyen » (1994, p. 157-159) ; Chantraine avait mis en évidence
le même phénomène dans le lexique pour -ώδης (cf. ὄζω, Formation, p. 429-430, dont
« le sens… s’oblitère (…) [au point d’exprimer une] ressemblance, puis simplement une
qualité (…), [en alternance ou en concurrence] avec -είδης »), cf. l’anthroponyme Διώδης
(LGPN 2). Plusieurs autres éléments peuvent être ainsi ambivalents, comme -αιν-, -ᾱκ-,
-λ(λ)-ος, -τ-ος, susceptibles suivant les dialectes d’êtres issus respectivement des radi-
caux plus ou moins tronqués de αἶνος, ἄκος ou ἀκούω, λᾱός et τῖμος vel sim. ; suivant
les individus et le contexte, les anthroponymes qui les comportaient ont pu être inter-
prétés comme des composés tronqués plutôt que comme de simples dérivés : ainsi d’un
Ἄρχιλλος, père de Ἀρχέ-λαος (IΒouthrotos 101), susceptible d’être interprété Ἄρχι-λλ-ος
ou bien Ἄρχ-ιλλος.
7. Ont été inclus, dans dans cette seule partie d), les suffixes formateurs des bases lexi-
cales sur lesquelles sont bâtis les anthroponymes : ainsi -μ-ᾰ, -μ-εν-ος, -μ-εν-ᾱ/η,
-μ-ήν et -μ-ων, seulement sécables en diachronie (Chantraine, Formation, cf. § 118
et 129), -ο-ντ-ίδ-ᾱ/ης, -(α)ν-τ-ος, (α)ν-τ-ίδ-ᾱ/ης, -ᾱ/ησ-ᾰ, -ουσ-ᾰ, -ῶσ-ᾰ et -τερ-,
-τηρ-, -τορ-.
8. Les nombres extraits de la base de données du LGPN en ligne ont été revus à la
baisse chaque fois qu’un des éléments des chaînes pouvait être analysé comme
radical plutôt que suffixal.
694 saga
En dehors de ces cas, la chaîne suffixale s’adjoint le plus souvent à une structure
monothématique, celle d’un nom simple ou d’un composé réduit à un seul de ses élé-
ments. Seules les séquences à valeur originelle filiative -ίδᾱ / ης et -(ι)άδᾱ / ης, et en
éolien -ιος, -ειος, -αιος (voir C. Dobias, L. Dubois, OGS I, Introduction, p. ii, et ici même,
pour le thessalien, R. Bouchon, B. Helly, p. 560-562), forment des dérivés à partir de
bases di- autant que mono-thématiques.
N. B. 1 : parmi les chaînes répertoriées, certaines peuvent comprendre, suivant les
noms, un élément constitutif de la base lexicale sur laquelle a été formé l’anthroponyme ;
dans les exemples correspondants, le suffixe de la base n’a pas été séparé de celle-ci par
un tiret, à la différence du ou des suffixe(s) constitutif(s) de l’anthroponyme, cf. e.g.
Φυλακ-ίδ-ας, fait sur φύλ-ακ-ς (>-αξ) vs Φιλ-άκ-ιον, sur φίλ-ος ; ont été distingués de la
même manière les cas où la voyelle initiale du suffixe peut être rattachée à la base, de ceux
où elle est devenue partie constitutive du suffixe anthroponymique, cf. e.g. Νικά-δης,
d’où Αἰολ-άδ-ας. La confrontation des deux types d’exemples éclaire sur l’origine de la
formation de certaines chaînes suffixales anthroponymiques.
N. B. 2 : l’astérisque * signale : a) les chaînes non strictement anthroponymiques
ou mixtes, illustrées par des noms qui associent toujours au moins un suffixe de base lexi-
cale à au moins un suffixe anthroponymique ; b) les chaînes purement lexicales dans
des lexèmes employés comme anthroponymes. La confrontation de ces chaînes avec les
autres permet d’apprécier la part de créativité dans la formation des chaînes purement
anthroponymiques.
N. B. 3 : les chaînes placées en tête de paragraphe sont celles dont la forte repré-
sentation peut notamment refléter le caractère primaire par rapport aux autres que l’on a
fait figurer en retrait ; vu la forte représentation masculine dans nos sources, elles sont la
plupart de genre masculin.
-άδ-ᾱς (ᾰ�, 1 121), fréquent en béotien, -ης (2 779), cf. Αἰολ-άδ-ας vs Βρησά-
δ-ας (OGS III 124), Νικάδης (LGPN 1, 2, 5a-b) ; semble avoir valeur de suf-
fixe pseudo-patronymique en Crète et en Chersonnèse Taurique, cf. Ἐσθλ-άδ-ας,
Κλεο-μυτ(τ)-άδ-ας (OGS I 32 ; ΙΙ 402-405). Voir aussi -ιάδ-ᾱ/ης et -ων-άδ-ης.
*-άδ-ιον (7), cf. Ἀρκάδ-ιον (LGPN 3a, 1 ex.), sur l’ethnique Ἀρκάς ou le topo-
nyme Ἀρκαδία.
*-άδ-ιος (101), cf. Fικάδ-ιος (LGPN 3a, 1 ex.), sur (ε)ἰκάς, -άδος.
*-αδ-ίων (79), cf. Ἑρμαδί-ων (LGPN 3a, 4, 5a-b), sur (τὸ) Ἑρμάδιον
vs Τριακαδ-ίων (LGPN 2, 2 ex.), sur τριᾱκάς, -άδος « le trente du mois »,
Ἐνθαδ-ίων (LGPN 4), sur ἐνθάδε.
-αδ-ώ (8), parallèle à -ιδ-ώ mais plus rare encore, cf. Ἐρι-τ-αδ-ώ à Délos
(LGPN 1, cf. OGS III 15-16 : du composé Ἐρί-τιμος).
-α-ῖος (5 435), cf. Ἀγορα-ῖος, d’où Ἱππ-α-ῖος, Πτολεμ-α-ῖος (OGS III 150 et J. Cur-
bera, Glotta 2004, 8, n. 20). Voir -υλ-αῖος.
préfixes, suffixes et chaînes suffixales 695
-α-ίᾱ (233), -ίη (17), cf. Ἀθηνα-ία (LGPN, 1, 3b, 5b), Δικα-ίη (LGPN 1), d’où
Ἀνυτ-α-ία (LGPN 1).
*-α-ῖον (< 7), cf. Ἀθήνα-ιον (LGPN 2).
-α-ίων (< 160), cf. Ἀθανα-ίων (LGPN 4), d’où Φιλ-α-ίων (LGPN 1).
-ε-ιᾰ (< 2 000) -ε-ίη (6), supra, c) : cf. Γλυκε-ῖα (LGPN 1, 3a, 4, 5a-b), etc., d’où
Ξέν-ε-ια (LGPN 1 et 3a), Φιλτ-ε-ίη (LGPN 1) analogique du génitif en -είης.
*-ε-ιον (< 4), cf. Δάμε-ιον (LGPN 2).
-ε-ιος (> 500), cf. Ἀστε-ῖος (HPN 509, LGPN 1, 2, 3a-b et 4), etc., d’où Ἀριστο-
φίλ-ε-ιος (LGPN 1), avec l’accent récessif en composition.
-ε-ίων (< 20), cf. Πολλ-ε-ίων (LGPN 3a).
*-ο-ῖος 9 (66), cf. Ῥοδο-ῖος (LGPN 1) vs Παντ-ο-ῖος (LGPN 2, 3a-b), sur παντοῖος.
*-ο-ίᾱ (< 89) -ίη (4), cf. Ἁβρο-ία (LGPN 3b : accent à corriger, cf. HPN 7),
Ὁπο-ίη (LGPN 4).
-αιν-ᾰ (202), supra, c) : cf. Γνάθ-αιν-α (m. Γνάθων, HPN 481), Σκύθ-αιν-α (Frauen-
namen, 40 et 58, cf. Chantraine, Formation, § 84-85, m. Σκύθων, HPN 543),
récent -ίαινα (rarissime, cf. Ἰσχυρ-ίαινα en Égypte, iiie p. C., OGS III, 257).
-αίν-ιον, rarissime et récent, cf. (poét.) Γναθ-αίν-ιον [Frauennamen, 40] : voir
ici F. Réveilhac, p. 386.
-αιν-ίς (<30), cf. Μελαιν-ίς (LGPN 2, 3a) vs Μέλαιν-α (LGPN 1, 2, 3b, 5b),
d’où Φιλ-αιν-ίς (LGPN passim), ou composé, cf. Φιλ-αίνη (LGPN 1) vs Φίλ-
αιν-ᾰ (LGPN 1, 4, 5b) ? A. Striano, p. 464 (Μέλαινα) et 455 (Φιλ-).
-αιν-ώ (4), cf. Φιλ-αιν-ώ (LGPN 3b et 4), ou composé ? A. Striano, p. 455.
-ακ-ς (ca 500, sans les composés en -αναξ), cf. Βύβ-αξ, Στράβ-αξ (<-ακ ou - ᾱκ +
-ς, OGS I, 48 et 184-186 et OGS III, 319, cf. Chantraine, Formation, § 310-314)
vs Φύλακ-ς (LGPN 1, 3a-b, 5a).
-ακ-ος (558), cf. Νούμ-ακ-ος, Πύρρ-ακ-ος (en usage dans les Cyclades, cf.
OGS III 78).
-άκ-ᾱ (< 20), -η (87), cf. Σιμ-άκ-α (LGPN 3a) vs Μαλθάκ-η (LGPN 1).
-ακ-ίδ-ᾱς (57), -ης (< 25), cf. Βεμβ-ακ-ίδ-ας (LGPN 3b, 1 ex.) vs Φυλακ-
ίδ-ας (LGPN 3a), Αἰακ-ίδ-ης (LGPN 5a) vs les composés à second élément -ακ-
comme Ἐξ-ακ-ίδας (LGPN 3a).
-άκ-ιον (11), rare, cf. Φιλ-άκ-ιον (OGS III 69) : F. Réveilhac, p. 406.
-ακ-ον, rarissime, cf. Μάν-ακ-ον (Frauennamen, 108, OGS III 69) vs Μίλακ-ον.
9. Pas de nom féminin dérivé en -ο-ιον : Λευκόϊον (LGPN 3a) est fait sur le composé
neutre λευκό-ϝιον « violette blanche, giroflée », comme le signale Laurent Dubois.
696 saga
-ακ-ώ (< 30), cf. Τελλ-ακ-ώ, Φιλ-ακ-ώ : suffixe expressif des noms féminins
(OGS III 16 et 91).
-άκ-ων (< 100, sans Δράκων, Ἡρά-κ-ων...), cf. Δειν-άκ-ων, Ξεν-άκ-ων
(KOS 271 et Bechtel, GD II, 337).
-αλ-ος (< 700, sans Ἄττα-λος, Ἅρπαλ-ος, Λάλος, etc.), cf. Μίκκ-αλ-ος (LGPN 1,
3b, 4, 5a).
-άλ-η (109), -άλᾱ (< 5), cf. Πουτά-λ-α (LGPN 3b, thess., cf. Πώτα-λ-ος, 3b et
4), d’où Σιμ-άλ-η (LGPN 2).
-αλ-ίδ-ης, rarissime, cf. Μυστ-αλ-ίδ-ης (LGPN 2).
-άλ-ιον, rarissime, cf. Σιμ-άλ-ιον (LGPN 2).
-άλ-ιος, rarissime, cf. Σιμ-άλ-ιος (LGPN 3b) vs les noms latins Νατάλι-ος
(LGPN 2), Οὐιτάλι-ος (LGPN 5a et b).
-αλ-ον (< 10), cf. Σίμ-αλ-ον (LGPN 2) vs Μαμα-λ-ον (LGPN 5b).
-αρ-ος (< 500, sans Ἵλαρος, etc.), cf. Βάττ-αρ-ος (LGPN 1 et 5b).
-άρ-ιον (< 139), cf. Γναθων-άρ-ιον (LGPN 1, fict.) vs Ναννά-ρ-ιον (LGPN 2) :
F. Réveilhac, p. 399. Voir aussi -α-τ-ᾶς, -α-τ-άρ-ιον.
-άρ-ιος (rarissime, sans Μακάριος, Ἰκάριος, etc.), cf. Λυκ-άρ-ιος (LGPN 3a,
1 ex.).
*-αρ-ίων (< 100), cf. Ψυχαρί-ων, sur ψυχά-ρ-ιον, vs le composé Ἀμφ-αρί-ο̄ν
(S. Minon, RPh 84 (2010) [2013], 310 et 314-316).
-αρ-οῦς (< 60), cf. Τυχα-ρ-οῦς, Thessalonique, iie-iiie p. C. (L. Dubois 2010,
401).
-αρ-ώ (< 35), cf. Τιμα-ρ-ώ, Thessalonique, iie-iiie p. C. (L. Dubois 2010, 404).
-ᾱ�-(ϝ)ων (< 30) > dor. -ᾱ�ν (< 10), ion.-att. -έων (ca 20), supra, c) : cf. Μαχᾱ�-ων
(O. Masson, RPh 1974, 81, Kamptz, HomPN, § 60a-c1) vs Ἀλκμ-ᾱ�ων, Ἀλκμ-ᾱ�ν
(OGS I, 32, n. 8-9), Ἀλκμέων.
-ε-(ϝ)ων-ίδ-ης (ca 10), cf. Ἀλκμ-εων-ίδ-ης (LGPN 1, 2, 5a-b).
-έ-ᾱς (3 484 notamment <-ε̄̆(ϝ)-ᾱς, *-έσ-ᾱς), -ῆς (< 300 sans -κλῆς), -εύ-ᾱς
(< 50), -ή-ᾱς (<10), supra, c) : cf. Κρατ-έ-ϝας (SEG 54, 561, c. 425/400) et
Κρατ-εύ-ας avec une autre syllabation (LGPN 3b et 4), Ἀριστή-ας (LGPN 1,
1 ex.) vs Τελέ-ας (LGPN 1, 2, 3a-b, 5a-b, 23 ex.) et Φαν-ῆς (LGPN 5a, 24 ex.).
*-ε̄̆ (ϝ)-ίδ-ᾱς (< 265, sans -κλείδας), -ης (< 2 000, sans -κλείδης), cf. Αἰγε-ίδ-ας
(LGPN 1, 1 ex.), sur Αἰγ-εύς, et Ἀριστη-ίδ-ης (supra, b, α, note 1) vs Ἀριστε-
ίδ-ης (LGPN passim), sur Ἀριστ-εύς (Masson, OGS ΙΙΙ, 123). Cf. -ε̄(̆ ϝ)-ων-ίδ-ης.
*-ε(ϝ)-ιδ-ιαν-ός (4), cf. Ἀριστε-ιδ-ιαν-ός (LGPN 5a), supra, note 1.
préfixes, suffixes et chaînes suffixales 697
-έ-ων (< 100, sans notamment Θέων, Κλέων, Κρέων, Λέων et leurs composés), cf.
Ἀνδρ-έ-ων (LGPN 1, 1 ex.), analogique de -έᾱς, vs Ἀρκέ-ων (LGPN 1, 2, 3b et
5a), sur le participe homonyme.
-ιαν-ός 10 (latin, 3 817), cf. T. Corsten, Onomatologos, 456-463. Voir -ιδ-ιαν-ός,
-ων-ιαν-ός.
-ίαιν-ᾰ. Voir -αινα.
-ιαν-ά (latin, 7), -η (563), cf. Διογεν-ιαν-ά (LGPN 1), Ὀλυμπ-ιαν-ή (LGPN 1
et 5a). Voir aussi -ων-ιαν-ή.
-ίδ-ᾱς (5 381), -ης (8 586), cf. e.g. Ἀριστο-μηλ-ίδ-ας (LGPN 3a, 1 ex.) et Ἀκεστ-
ίδ-ης (LGPN 1 et 2). Et voir -άδ-ᾱς 11.
-ιάδ-ᾱς (585), -ης (2 314), cf. Πυθι-άδ-ης (LGPN 2), d’où Πολλ-ιάδ-ας
(LGPN 3a-b), cf. A. Alonso Déniz, p. 433 sq. Voir -άδ-ᾱς.
-ίδ-ᾱ, -η, rarissimes, cf. Φιλοκλε-ίδ-α (LGPN 3a), Ἡρακλε-ίδ-η (LGPN 5b).
-ιδ-εύς (29), cf. Βαοκ-ιδ-εύς (LGPN 5a, 1 ex., cf. OGS III, 181), et voir DELG,
s.v. βαυκός « câlin ».
-ιδ-ιαν-ός (4), cf. supra, b), note 3, Ἀριστε-ιδ-ιαν-ός vs Ἐλπιδ-ιαν-ός (LGPN 1,
3a, 4, 5a-b).
-ίδ-ιον (< 55), cf. Νικ-ίδ-ιον (LGPN 2 et 3b), Σωτηρ-ίδ-ιον (LGPN 3a, 1 ex.) :
F. Réveilhac, p. 394.
-ίδ-ιος (< 80), cf. Προσχ-ίδ-ιος (LGPN 1) vs Ἐλπίδ-ιος (LGPN 3a-b, 4, 5a-b).
-ιδ-ώ, rarissime, cf. Νικ-ιδ-ώ (LGPN 3a, 1 ex.) vs Ἐλπιδ-ώ (LGPN 5b, 1 ex.).
*-ικ-ός (< 1 600, sans Νυμφ-ίδιος et -νικος, OGS III, 18), cf. Φιλικ-ός (LGPN 1,
2, 3a).
*-ικ-ᾱ� (ca 10) -ή (< 50), ctétique, cf. Φιλικ-ά (LGPN 3a), Ἁλικ-ή (LGPN 5b).
10. À la différence de lat. -ιανός, il n’est pas sûr que puisse être isolé un suffixe anthro-
ponymique grec -ανος, avec ses éventuels correspondants féminins. En effet, des
noms comme Ἵκανος (LGPN 1) ou Κοίρανος (LGPN 1, 3a, 4, 5a-b) sont des lexèmes
employés tels quels (ou à l’accent près) comme noms de personnes. Quant aux noms
isolés comme Ἀγρέανος (LGPN 2) vs Ἀγρέας (LGPN 3a) ou Ἀγύρανος (LGPN 3a)
vs Ἀγορᾶναξ (LGPN 1 et 5b), ils pourraient s’analyser aussi bien comme des formes
courtes de composés à second élément -αναξ.
11. Pour thess. -ίδ-α-ιος (e.g. Fασανδρ-ίδ-αιος), seulement patronymique, voir
R. Bouchon, B. Helly, p. 561.
698 saga
-ίλ-ος (< 1 000, dont le rare -ῑλ-ος) : cf. myc. o-wi-ro (*Ὀϝῑλος < Ὀϝί-ιλ-ος ?),
Τρωί-λ-ος (LGPN 1, 2, 3a, 4, 5a-b) et Στροβ-ίλ-ος (LGPN 1, 2, 3a, 4) : J. Cur-
bera, p. 276 et A. Mathys, p. 364.
*-ίλ-ᾱ, -η, rarissimes, cf. Ζωί-λ-α (LGPN, passim), Ζωί-λ-η (LGPN 3b).
*-ιλ-εύς, rarissime, cf. Βηβιλ-εύς (LGPN 5b) : J. Curbera, p. 275.
-ιλλ-ᾰ (< 340), supra, c) : cf. Βρόχ-ιλλ-α (LGPN 3b) vs Ἁγήσιλλ-α (LGPN 1 et 3a),
hypocor. de Ἁγησί-λαος (LGPN, passim).
-ιλλ-ε(ι) (< 24) -εις (< 20), béotien, cf. Δορκ-ίλλ-ει(ς), Πτωί-λλ-ε(ι)(ς) vs
Πραξίλλ-εις, hypocor. de Πραξί-λαος : G. Vottéro, p. 608.
-ιλλ-ος (< 194), cf. Χόρ-ιλλ-ος (LGPN 2, 3b) vs Ἀνάξιλλ-ος (LGPN 2), sur
Ἀναξί-λαος : A. Mathys, p. 362.
*-ιμ-ος 12 (< 4 000, sans Σῖμος et les composés en -τιμος, adjectifs pour la plupart) :
cf. Ὠφέλ-ιμ-ος (LGPN 1, 3a-b, 5a) vs Αἴσι-μ-ος (LGPN 1, 2, 3a, 5a), Ζώσι-μ-ος
(LGPN, passim), Ὀνήσι-μ-ος (LGPN, passim).
*-ίμ-ᾰ (< 200, sans les composés en -τίμα), -η (< 500), adjectifs pour la plu-
part : cf. Ἁδί-μ-α (LGPN 1, 1 ex.) vs Ὠφελ-ίμ-η (LGPN 2, 5a), Ζωσί-μ-η (LGPN,
passim), Ὀνησί-μ-η (LGPN, passim), Χρησί-μ-α (LGPN 3b, 4).
12. Il ne semble pas que -ιμμος, -ᾱ (aucune occurrence de -ίμμη dans la base de données
du LGPN) puisse être considéré comme suffixe à part entière, pas plus du reste que
-ίμμας dans Ἀρίμμας ou Ἀριμμᾶς, hypocoristique de Ἀρι-μένης ou Ἀρί-μναστος, cf.
O. Masson, « Géminations expressives dans l’anthroponymie grecque », à propos de
Ἐχέμμας, BSL 81, 1986, 217-229 (= OGS II, notamment 556 et sur l’accentuation ici
même L. Dubois, p. 327).
préfixes, suffixes et chaînes suffixales 699
-ίν-ᾱς (449), -ης (< 400 sans -κρίνης), cf. Αἰσχ-ίν-ας (LGPN 1, 3a-b, 4), Αἰσχ-
ίν-ης (LGPN, passim).
-ίν-ιος (rarissime, en dehors de Δελφίνιος, Ἐλευσίνιος, Σαλαμίνιος, etc.), cf.
Σαφ-*ίν-ιος (LGPN 1, 1 ex.) vs Σελίν-ιος (LGPN 3a, 1 ex.).
-ιν-ώ (< 10), cf. Φιλ-ιν-ώ : A. Striano, loc. cit.
-ινν-ᾰ (< 145), cf. Φίλ-ινν-ᾰ (LGPN, passim), cf. A. Striano, p. 463.
-ίνν-ης (< 5, sans les hypocoristiques comme Πυθίνν-ης, LGPN 4), cf. Μικ-
ίνν-ης (LGPN 5b, 2 ex.).
-ίνν-ιον (3), cf. Φιλ-ίνν-ιον : A. Striano, p. 455.
-ινν-ίς (< 5), cf. Φιλ-ινν-ίς : ibid.
-ινν-ώ (19), cf. Φιλ-ινν-ώ : ibid.
-ινν-ος (14), cf. Κόρ-ινν-ος (LGPN 3b).
-ί-νθ-ᾱ (2), cf. Φιλ-ί-νθ-α (LGPN 3a) 13.
-ι-νθ-ος (2), cf. Σαβύλ-ινθ-ος (LGPN 3a).
-ί-σκ-ος (< 1 850), cf. Φιλ-ί-σκ-ος (LGPN, passim).
-ίσκ-ᾱ (93), -η (28), cf. Φιλ-ί-σκ-α, Μυρριν-ί-σκη (LGPN 2) : A. Striano,
loc. cit. Voir aussi -ύ-σκ-ος.
-ισκ-ώ (1), cf. Φιλ-ι-σκ-ώ : A. Striano, loc. cit.
-ιχ-ος (< 1 600), cf. Εὐ-θύμ-ιχ-ος (LGPN 2 et 3b) : voir G. Vottéro, p. 609.
-ίχ-ᾱ, (< 166), -η (69), cf. Ματρ-ίχ-α (LGPN 2, 3b, 4), Μητρ-ίχ-η (LGPN 1, 2
3b, 4 5a-b).
-ιχ-ίδ-ας (21), -ης (26), cf. Σιμ-ιχ-ίδ-ας (LGPN 3a-b), Μυστ-ιχ-ίδ-ης (LGPN 2).
*-(V)μ-ᾰ(τ) (< 250, sans les noms en -μᾱ, comme dans Ἀγλω-τίμᾱ), cf. Ἀγάπημα
(LGPN 1, 4 5a-b).
*-(V)μεν-ός (< 550), cf. Ἀγαπωμεν-ός (LGPN 1, 2, 3a, 5a-b) : É. Dieu, p. 241-252.
*-(V)-μέν-ᾱ (ca 25), -η (ca 200), cf. Φιλουμέν-α (LGPN 1, 3a et 4), Φιλουμέν-η
(LGPN, passim).
*-μεν-ίδ-ᾱς (< 10 ; pas de -μεν-ίδ-ης attesté en dehors des composés à second
élément -μεν-), cf. Ἀρμεν-ίδ-ας (LGPN 3b), sur ἄρμενος.
*-(V)μεν-ώ (1, sans Μεν-ώ, Παρμεν-ώ, etc.) : Φιλουμεν-ώ (LGPN 2).
13. Dans l’état actuel de nos connaissances, sans attestation de -ίθ-α/η, -ιθ-ία, -ίθ-ιος, et
vu l’absence de nom dont l’élément -ιθ- puisse être considéré comme absolument
indépendant du radical (à la différence de Ὀρνιθ-ίων, LGPN 2), il ne nous a pas paru
pertinent de postuler son existence comme élément suffixal.
700 saga
*-(V)μ-ων, thess. -μουν (< 2 000, sans Ἀρτέμ-ων, Δάμ-ων, Δρόμ-ων, Ἕρμ-
ων, Σίμ-ων, etc.), cf. Αἰδή-μων (LGPN 1, 3a et 4), sur αἰδήμων, Εὐκτεί-μουν
(LGPN 3b, 1 ex.), sur εὐκτήμων.
*-(V)μ-ήν (32), exclusivement dans Ποι-μήν (LGPN 3a et 5b), mais Φιλο-ποίμην
(LGPN, passim), sur ποι-μήν.
*μέν-α (1) : Ποιμέν-ᾱ (LGPN 3b).
*-ο-ντ-ίδ-ᾱς (28), -ης (74), cf. Γερ-οντ-ίδ-ας (LGPN 1, 4), Γερ-οντ-ίδ-ης (LGPN 1,
2, 3b, 5a-b) vs Βλεπο-ντ-ίδ-ας (LGPN 3b), Εὐ-αγο-ντ-ίδ-ας (LGPN 3b).
*-ουσ-ᾰ (386, sans Μοῦσα), -ουσσᾰ (2), -οισᾰ (2), cf. Σώζουσ-α (LGPN 1, 2,
3a-b, 5b), Ἀρκοῦσσ-α (LGPN 1) et Ἀστυ-μέλοισ-α (LGPN 3a, 1 ex.). Pour l’in-
terprétation de la géminée, voir ici C. Le Feuvre, p. 511-513.
*-ᾱσ-ᾰ (< 17), -ησα (< 6), cf. Ἀρκέσασ-α (LGPN 2), Αἴνησ-α (LGPN 2).
*-ῶσ-ᾰ (< 70), cf. Τρυφῶσ-α (LGPN 1, 3a-b, 4, 5a-b).
-ισσ-ᾰ (75, dont 11 Βασίλισσα), cf. Φοῖνιξ, Φοίνισσ-α (LGPN 1 et 3a), d’où Φίλ-
ισσ-α (LGPN 1).
*-ᾶσσ-ᾰ (< 10), cf. Τιμᾶσσ-α (LGPN 1).
*-(ϝ)εσσ-ᾰ (< 10), supra c) : cf. Ἰό-εσσ-α (LGPN 2), Χαρί-εσσα (LGPN 1, 2,
5b) vs Χαρί-ασσα, voir C. Le Feuvre, p. 507-510.
*-ῆσσ-ᾰ (< 10), cf. Τιμῆσσ-α (LGPN 1).
*-ῶσσ-ᾰ (1?), cf. Τιμῶσσ-α ? (LGPN 3b).
*-τερ-ός (176), cf. Ἀμφοτερός (LGPN 1, 2, 4, 5a-b), ici É. Dieu, p. 238 sq.
*-τέρ-ᾱ (110), -η (5) : Ἁβροτέρ-α (LGPN 5a), Μικοτέρ-η (LGPN 1).
*-τερ-ίδ-ᾱς (2 ; -τερ-ίδ-ης n’est pas attesté), cf. Ἀστερ-ίδ-ας (LGPN 3a, 1 ex.).
*-τέρ-ιον (1) : Ἀγροτέρ-ιον (LGPN 4).
*-τέρ-ιος (27) : Ἀγροτέρ-ιος (LGPN 1).
*-τερ-ίων (12) : Καρτερ-ίων (LGPN 1).
*-τηρ-ίων (32), cf. Σωτηρ-ίων (LGPN 1, 2, 3a, 5a).
*-τηρ-ίδ-ιον (2), cf. Ἀστηρ-ίδ-ιον (LGPN 5a).
*-τορ-ίδ-ᾱς (48), -ης (74), cf. Ἁγητορ-ίδ-ας (LGPN 1, 3a), sur Ἁγήτωρ, épiclèse
de Zeus à Sparte (Xén., Lac. 13, 2), Ἑκτορ-ίδ-ης (LGPN 1), dérivé de Ἕκτωρ,
fait lui-même sur le nom d’agent ἕκτωρ.
*-τόρ-ιν-ος (3), cf. Ἁγε̄τορ-ῖν-ος (LGPN 3b), sur ἁ/ἡγήτωρ
*-τόρ-ιον (1) : Κλειτόρ-ιον (LGPN 2), id.
*-τόρ-ιος (14) : Κλειτόρ-ιος (LGPN 3a), sur le nom de cité Κλείτωρ.
*-τορ-ίων (3), cf. Ἀλεκτορ-ίων (LGPN 4), dérivé de Ἀλέκτωρ, fait sur ἀλέκτωρ.
préfixes, suffixes et chaînes suffixales 701
*-ᾱ-τος (< 1 000), -η-τος (< 1 500), cf. Ἄρα-τος (LGPN 1, 2, 3a, 4, 5a-b) vs
Εὐφίλη-τος (LGPN 1, 2, 3a, 4, 5a-b).
*-ᾱ-� τᾱ (< 50), -ᾱ-� τη (< 10), -ή-τη (< 75), cf. Ἀρά-τα (LGPN 1, 3a), Ἐπηρά-τη
(LGPN 2), Ἀγαπή-τη (LGPN 5a).
-ᾱ-� τᾱς (< 200), -ή-της (< 100), cf. Π(τ)ολεμ-ά-τας, analogique du parasyno-
nyme Μαχά-τας (OGS I 126), Μαχή-της (LGPN 4).
*-ᾱ-τις (< 10), cf. Ἀγαπα-τίς (LGPN 3a, gén. -τίδος) ou Ἀγάπα-τις
(accent. anal. de Ἀγάπητος), Εὐαγόρα-τις (LGPN 1, cf. OGS III, 51), contra
εὐεργέτις / εὐεργέτης, cf. Chantraine, Formation, p. 340, pour l’accent en général
analogique du masculin dans le lexique, à étendre peut-être à l’anthroponymie.
Ou formes tronquées de composés à second élément -τιμος (voir supra sous
-αδ-ώ), sauf Τιμ-αγόρα-τις (LGPN 1) ? Même question que pour Ἀγόρα-τος
(HPN 15), voir le préambule à cette partie.
-α-τ-ᾶς, -α-τ-ίων, -α-τ-άρ-ιον, rarissimes (Égypte), cf. Ἀσκλα-τ-ᾶς (Prei-
sigke, Namenbuch, s.n.), d’où Ἀσκλα-τ-ίων (ibid.), Ἀσκλα-τ-άρ-ιον (ibid.),
Ἀσκα-τ-άρ-ιον (OGS I, 301).
14. L’existence d’une chaîne suffixale féminine -ιττ-άς paraît mal assurée : elle ne pour-
rait guère être postulée qu’à partir du seul nom Κοριττ-άς (2 ex. à Cos, ca 200 a. C.,
cf. A. Alonso Déniz, p. 436), plus vraisemblablement un sobriquet à géminée expres-
sive, comme Κοριττ-ίς / Κοριττ-ώ deux variantes du même nom dans le Mime 6
d’Hérondas, cf. ibid.
15. Analyse légèrement différente chez G. Redard, Les noms grecs en -της, -τις et prin-
cipalement en -ίτης, -ιτις. Étude philologique et linguistique, Paris, 1949, p. 195 et
notamment 203 : « Φιλί-τᾱς, dérivé de Φίλις ? ».
702 saga
*-(ι)ώ-τᾱς (< 500), -της (< 100), cf. Ἀρι-ώ-της (?) (lecture assurée, LGPN 5a,
cf. Masson, REG 100 [1987], p. 237) vs Νασιώτας (LGPN 1 et 5b) sur νᾱ/ησ-
ιώτᾱ/ης, Φιλ-ώ-τας οu Φιλώτ-ας, sur φιλώτερος (LGPN, passim).
-υ-ος (ca 25), cf. Δάσυ-ος (LGPN 3b, cf. É. Lhôte 2007, 276), d’où Φώτ-υ-ος
(LGPN 3a).
-ύ-ων (ca 30), cf. Ἰσχύ-ων (LGPN 2, 3b, 5a), d’où Θηρ-ύ-ων (LGPN 3a).
-(ο)ύ-ᾱς (-ούης non attesté), rare, cf. Φιλ-ύ-ᾱς (LGPN 3a), car -υ- le plus
souvent radical, comme dans Εὐρύ-ᾱς (É. Lhôte 2007, 276), et Ἀγαθ-ού-ᾱς
(CIRB 1179, 49, iie p. C., L. Dubois 2010, 403).
*-ύ-α (1) : Πολύ-ᾱ (LGPN 3b).
-(o)υθ-ος (< 100), cf. Γόργ-υθ-ος (LGPN 3a), Γόργ-ουθ-ος (LGPN 3b).
-ύθ-ᾱ (7), -η (< 10), cf. Μικ-ύθ-α (LGPN 3a-b) et (Σ)μικ-ύθ-η (LGPN 2).
*-(o)ύθ-ων (< 5), cf. Κορ(ο)ύθ-ων (LGPN 3b).
-υθ-ίων (ca 30), cf. Γοργ-υθ-ίων (LGPN 3a).
-υνθ-ος (< 5), cf. Κάλ-υνθ-ος (LGPN 3b). Cf. -ίνθ-ᾱ.
-ύλ-ος (< 1 000, sans -αυλος, -βουλος, -δουλος, Παῦλος, -πυλος, -φυλος), cf. Φειδ-
ύλ-ος (LGPN 1 et 2) : A. Mathys, p. 344.
-ύλ-ᾱ (ca 50 sans Παῦλα), -η (ca 40), cf. Μικ-ύλ-ᾱ (LGPN 3b) vs Ἡδύλ-η
(LGPN 1, 2 et 4).
-υλ-α-ῖος (ni -υλ-αία, ni -υλ-αίη), rarissime, cf. Μικ-υλ-αῖος (LGPN 1).
-υλ-ίδ-ας, -ης, rares, cf. Αἰσχυ-λ-ίδ-ης (LGPN 1, 2, 3b, 5a-b), d’où Νικ-υλ-
ίδ-ας (LGPN 1).
préfixes, suffixes et chaînes suffixales 703
Abréviation orthographique : 16, 575. récessif : 17, 27, 227, 229-237, 244,
accent : 89, 92, 181, 227-262, 272, 299- 246, 252-257, 259, 262, 339, 473, 513,
300, 301, n. 7, 303-305, 308, n. 32, 583.
313, n. 45, 322, 324-329, 345, 364, périspomène : 96, 231, 234, 236, 271,
368, n. 101, 386, 427, 437, n. 60, 442, 299-303, 305, 324-327, 329, 508, 627.
n. 76, 476, 497-498, 503, 508, 510-511, acculturation : 202.
587, 627. adaptation d’anthroponymes étrangers ou
dans les anthroponymes français : 16. indigènes : 30, 125-154, 164-196, 201-
dans les anthroponymes indigènes : 220, 304, 306-307, 318, 454, 485, 506,
201, 490. 507, 549, 574. Cf. « bilinguisme » et
dans les appellatifs : 120. « contacts interlinguistiques ».
dans les dialectes grecs : 27, 621-622. adfixation : cf. « affixation ».
dans les diminutifs : 17. adjectif
dans les manuscrits : 300. composé : 250, 294.
des adjectifs : 230-231, 233, 235, 237, ctétique : 560, 690, 698.
261, 339. de matière : 414, 518.
des participes déadjectival : 420-422.
aoriste : 238, 241, 243-244, 246, déanthroponymique : 11.
262. dénominatif ou dénominal : 420, 426.
parfait : 238, 241, 243-246. déterminatif : 563.
présent : 241, 243-246, 262. déverbatif : 421.
déplacement : 87, 166, 169, 186, 188, diminutif : 340.
234, 238, 240, 242-243, 246, 248, 249, employé comme anthroponyme, cf.
250-254, 256-257, 261. « sobriquet »
en étrusque : 137-138. ethnique : 133, 153, 419.
et abrègement : 17. gradation : 358.
et gémination : 186, 188. indiquant un défaut physique : 334-
extension à partir des cas obliques : 335.
503. numéral : 169.
hauteur : 18, 28, 584-585. patronymique : 209, 310, 326, 522,
intensité : 18, 28, 584. 560, 568-569, 605, 612.
oxyton : 228, 231-262. poétique : 497, 513.
paroxyton : 186, 232-235, 246, 299- substantivé : 3, 256, 282, 288, 396,
301, 313, 325, 325-326, 329, 504, 627. 493, 496-497, 514, 561.
proparoxyton : 182, 186, 233. verbal : 112, 250, 336, 504-505.
706 saga
adjonction : cf. « suffixe ». composé :10, 19, 22, 80, 127, 144, 165,
adnomen : 166. 169, 173, 177-178, 182, 189, 217, 267,
affixation : 11-12, 17, 19, 21, 24-25. 214, 315, 327-328, 360-361, 364, 370,
allongement (morphologie) : 16. 373, 395, 440, 444, 453-454, 456-464,
allophonie : 184. 470, 473-480, 484, 544-546, 554, 609,
alphabet 612, 613-614, 616-617, 619, 625-627,
achéen : 172, 176. 520, 524, 528.
archaïque : 74. court : cf. « abrégé ».
attique : 547. cyrénéen : 469-490.
changement : 600. égyptien : 202, 208, 212-213, 216, 308,
épichorique : 582, 598. 318-321, 384, 389, 426.
eubéen : 137. égypto-grec : 218.
grec : 151, 172, 383. en Argolide : 625-647.
ionien : 46, 498, 583, 599. en Italie : 125-196.
parien : 536. en Sicile et Grande Grèce : 163-196.
thasien : 536, 541, 551. et effets de mode : 26, 79, 128, 202,
théréen : 474. 209, 219-220, 358, 448, 493, 526, 530,
analogie 571, 622.
dans la flexion nominale : 86, 90,
et milieu naturel : 591.
92-94 ; en étrusque : 140, 146, 520,
étranger : 94, 135, 138, 149, 160-161,
535-554.
164, 177, 201, 227, 242, 313, 314.
dans la place de l’accent : 233, 236,
féminin : 40, 43, 202, 206-208, 210,
244, 249, 251, 255.
213, 217, 234, 243, 314, 318, 320, 320,
dans les composés : 114-115, 118.
328, 374, 379-416, 419-444, 447-465,
dans les suffixes : 184, 246, 350, 422,
476, 479-480, 487, 497-498, 509, 514,
431, 437, 447-449, 508, 512-513, 524-
631, 696.
525, 570, 581, 605, 607, 611, 637, 690-
hybride : 195, 217-218.
691, 695, 697, 701.
anthroponyme hypocoristique : 35, 38, 61, 213, 219,
abrégé : 7, 10-11, 16-17, 23-24, 34-38, 308-309, 312, 318, 320-321, 325, 335,
50-56, 58-59, 61, 78-80, 82-83, 85, 337, 347, 356, 448, 452, 455-458,
94-95, 108, 119, 167, 180, 183, 186, 499, 501. Cf. « suffixe (valeur séman-
193, 210, 230-231, 239, 271-272, 275, tique) ».
300, 303, 308-316, 320-328, 335-336, illyrien : 69, 79, 84-85, 202, 205-206,
338, 345-347, 425, 434- 436, 440-441, 239.
443- 444, 448, 452, 455- 457, 459- indigène : 139, 172-174, 176, 178, 186,
462, 464, 475, 482, 486, 520, 525-526, 205, 207-208, 210, 214-215, 219-220,
593, 595, 608, 619, 625-627, 629, 636- 440.
638, 642. iranien : 60, 204, 207, 495-496, 509,
anatolien : 208, 216, 395. 513.
araméen : 228. libyque : 470, 473, 483-486.
bâti sur un seul lexème : cf. « mono- lydien : 400.
thématique », « sobriquet ». macédonien : 204, 213, 322, 326.
béotien : 591-622. monothématique : 24, 35, 37, 51, 309,
comme attribut : 3. 694. Cf. « sobriquet ».
index analytique 707
épiclèse : 50, 174, 423-424, 425, 433, 441, géographie dialectale : 75, 457.
443, 519, 561, 608, 610. germanique : 322, 342, 412.
ethniques : 11, 68-69, 80-82, 84-85, 95, glose : 20, 81-83, 428, 315, 325, 400.
133, 153, 159, 189-190, 269, 289, 303, grammairiens anciens : 1-2, 12, 27, 87, 145,
322, 419, 422-423, 425-433, 436, 439, 189-190, 228-230, 235, 237, 240, 255,
443-443, 472, 494-495, 561, 562. 261, 300-306, 347, 437, 481.
expressivité : 340, 367, 373, 381, 382, 390, grammaticalisation : 12-13, 17, 693.
406. graphie
Famille : 15, 28, 79, 111, 135, 204-206, amplifiée : 90.
209, 212, 216, 334, 346, 471, 473, 482, post-euclidienne : 111-112.
486, 562, 565-566, 568-569, 572-573, grec moderne : 22, 23, 268, 274-275, 282,
575, 586. 306, 326, 429, 478, 640.
famille anthroponymique : 5.
fantôme : 261, 325, 423, 428, n. 33. Cf. Hapax : 17, 22-23, 47, 143, 176, 286, 287,
« suffixe ». 288, 291, 294, 341, 390, 456, 471, 475,
finale complexe : cf. « suffixe ». 481, 525, 528, 542.
flexion(s) : 300, 304, 472, 477, 510, 607. haplographie : cf. « phonétique ».
adaptation : 164-165, 177-181, 192- hébreu : 228.
193, 387, 422, 483-484. hellénisation : 30, 79, 81, 173-174, 201-
convergence : 92-93, 95-96, 538, 540, 220, 484-485. Cf. « adaptation ».
550, 553. héronyme : 7, 11, 87-88, 126, 128, 189,
croisement : 535-554. 208, 309, 511-512, 593, 614.
innovation : 168. hittite : 341, 400.
pluralia tantum : 243, 247, 249, 251, homonymie : 5, 14-16, 84, 472, 559, 566,
255. 574, 585.
thématique : 178-180, 192, 280-282, homophonie : 140, 183, 189.
287, 296, 308, 369.
hybride : 164, 175, 195, 202, 217-220, 320,
uniformisation : 547.
411, 448.
variations : 87-95, 317-321, 430.
hydronyme : 189, 336, 494-495, 601, 610.
flottement
consonantique : 22, 205. hyperdialectalisme : 549.
graphique : 618. hypocoristique : définition du terme : 6-11,
fratrie (différenciation dans la) : 14. 595 ; 390 (Kosename).
à partir de noms composés : 193, 347-
Gémination : cf. « phonétique ». 353, 359, 361, 363-365, 391, 403, 460-
genre 464.
inanimé : 139, 139, 255-256, 257, 379,
à partir de sobriquets : 367, 471.
415.
abrègement : 333, 474, 478.
Cf. « suffixe féminin », « anthropo-
nyme féminin ». connotation : 15, 179-180, 202, 272,
gentilice 337, 381-382, 396-397, 400, 410-411,
étrusque : 127-133, 135-136, 139-143, 413, 416.
149-150, 153-154, 158-162. gémination : 29, 371-373, 473, 511.
Grande Grèce et Sicile : 166, 169-170, théophore : 212.
173-176, 181, 183-188, 191-192. troncation : cf. « anthroponyme
pseudo-gentilice : 572, 574-575. (abrégé) ».
Thessalie : 559-561, 570-575. Cf. « anthroponyme » et « suffixe ».
710 saga
Ἀβάς : 438 ; ἀβάς : 270. Ἀγάθων : 24, 167, 267, 482, 586, 630, 642.
Ἀβασκαντώ : 458. Ἀγαθωνιανός : 12, 689, 704.
Αβδᾶς : 314. Ἀγαθωνίδης : 704.
Ἀβδίων : 213. Ἀγαθωνίς : 459.
Ἀβδοῦς : 207. Ἀγαθώνιχος : 15, 704.
ἀβής : 271. Ἀγακλέης, ἀγακλεής : 231.
Ἀβίς (?) : 439. ἄγαλμα : 412.
Ἅβρα : 630, 645. Ἀγαλμάτιον : 413.
Ἀβραάμ : 228. Ἀγαλματίς : 459.
Ἄβρακος : 45. Ἀγαπᾶτις : 701.
Ἁβροία (et non Ἅβροια) : 692, 695. Ἀγάπημα : 412, 699.
Ἅβρον : 631, 645. Ἀγαπήτη : 701.
ἁβρός : 45, 642, 645. Ἀγαπωμενός : 700.
Ἁβροτέρα : 700. Ἀγασίλλα(ϝ)ος, Ἀγάσιλλος : 335, n. 7.
Ἁβροτίη : 528, 531. Ἀγγελή : 248.
Ἅβρων : 629, 642. Ἀγγελῆς : 548 et n. 31.
Ἀβυδηνός : 73. Ἀγγέλιτος : 689, n. 2 (ἀγγελία, ἀγγελικός),
ἀγα- : 35, n. 1. 701.
Ἀγάθα / -η : 3, 12. Ἄγγελος : 269 ; ἄγγελος : 107, 248.
Ἀγαθανόρη : 517, 529. Ἀγγουλᾶς : 211.
Ἀγάθαρχος : 15. Ἀγέας : 627, 646.
Ἀγάθεις : 271. Ἀγέδαμος : 398-399.
Ἀγαθῖνος : 482. Ἁγειμούνδας : 563.
Ἀγαθίων : 24. ἀγείρω, inf. ἀγιρέμεν : 442.
Ἀγαθ(ο)- : 7, 12, 167, 642. Ἁγείσιππος : 565.
Ἀγαθοκλέαδαι, -κλεαδαῖος : 562-563. αγελάδα (gr. mod.) : 429.
Ἀγαθοκλέης / -ῆς : 565, 482. Ἀγέλαος : 107, 108, 399.
Ἀγαθοκλείδας / -ης : 565. ἀγελάς, ἀγέλη : 432.
Ἀγαθόκληα : 520. Ἀγελλιώ : 458.
Ἄγαθος : 3 ; ἀγαθός : 11, 267, 642. Ἁγεμώ : 458.
Ἀγαθούας : 12, 702. Ἁγεστίμα : 440.
Ἀγάθουν : 565. Ἁγτορῖνος : 700.
Ἀγαθοφανείς : 459. Ἀγεύς : 85, 646.
Ἀγάθυλλα : 464. Ἁγηἵς (Hαγhίς) : 630, 644.
716 ἁγηλατέω – Αἰγυπτᾶς
Βοῦς : 11 ; βοῦς : 61, 68, 89, 90, 395, 396, Γελῷος : 182.
409. Γεμελλίων (lat.) : 210-211.
Βούταλος : 372, n. 105. Γεμινίων (lat.) : 211.
Βουτᾶς, Βούτης, βούτης : 324-325. γενεάρχης : 107, n. 24.
Βραχᾶς ou Βράχας : 304, 313, n. 45, 627, Γενέλεως : 109-110.
642. Γενοκλῆς : 104, 110.
Βραχύλλει(ς) / -ούλλει(ς) : 606-607, 620. γένος : 101, 109, 236, 587 ; -γένης : 46,
Βραχυλλίδας : 689. 177, 231.
Βράχυλλος : 192, 347, 349, 350. Γερμανοῦς (lat.) : 207.
βραχύς : 192, 349, 642. Γεροντίδας / -ης : 688, n. 1, 700.
Βρεντης ou Bρέντης : 541, n. 13. Γρυϝονς : 87.
βρέφος : 236, 400. Γέρων : 693.
Βρῆσα, Βρῖσα, Βρισεύς, Βρισηίς : 430 et γή, γήδιον : 396.
n. 41, 459 ; Βρησάδας : 694. Γηθιμένης : 121.
βροκός, βρόκων : 439 et n. 67. γῆρυς : 453.
Βρομιάς : 424, 434 ; Βρομίδας : 434. Γιλδαν, Γιλδων (lib.) : 485 et n. 80.
βροτός : 59. Γιλλίων : 272.
Βρόχει(ς) : 607 ; Βρόχιλλα : 698. Γλαυκέτης : 689, n. 2.
Βρύανθος : 627. Γλαυκίας : 644.
Βρύας : 627, 642 (βρύω). Γλαυκίδας / -ης, Γλαυκιδώ : 398 et n. 112.
Βύβαξ : 692. Γλαύκιννα : 463.
Βύζης, gén. -ζᾶ ? : 473, n. 17. Γλαύκιππος : 82.
Βυλία (masc.) : 611, n. 42. Γλαῦκον : 631, 643.
Βύττακος, βυσσακός, βυσσός, βύττος : 45. Γλαῦκος, γλαυκός : 3, n. 10, 137, 159, 585,
Βωκᾶς : cf. Βōϙᾶς. 629, 643.
βῶς, βῶν : 90. Γλαφορίδας : 442.
Βώτακος : 45. Γλάφυρον : 412.
βωτιάνειρα : 51, n. 51. Γλευκίτας : 701.
βωτίον : 45. Γλισᾶς : 302.
Βωτύλος : 352, 366. γλίσχρος, γλίσχρων : 231.
Γλυκανθίς, Γλύκανθος : 454.
γαβάθα : 268. Γλυκαρίων : 273, n. 14.
Γάϊος : 208 ; Γαιᾶς : 211. Γλυκεῖα : 695.
γαΐτα (gr. mod.) : 268. Γλυκέριον : 385-386.
γαίω : 52, n. 55. Γλύκιννα : 463 ; Γλυκιννίς : 459 ; Γλυ-
Γαιωνᾶς : 209. κιννώ : 458.
Γαλέστας : 472, n. 15. Γλύκυλλα : 464.
γάνυμαι : 52. γλυκύς : 192 ; γλυκύτερος : 355, n. 63,
Γαρυϝονς : 87, cf. Γρυoνς. 355, n. 65.
γαστήρ : 192, 230-231. Γλύκων : 192.
Γάστρων : 37, 192 ; γάστρων : 37, 230, Γνάθαινα : 386, 449, 464, 695.
n. 9, 231. Γναθαίνιον : 386, 387, 695.
Γαυλίτης, γαυλός, γαῦλος : 268-269. Γνάθιος : 629, 644 ; Γνάθιον : 392.
γαύρηξ, γαῦρος : 45. Γνάθις : 182, 629, 644.
Γαψίας : 644 ; Γάψων : 629, 644. γνάθος : 192, 392, 644.
γείτων : 609, 616. Γναθυλλίς : 703.
726 Γνάθων – Δεινομένης
Δωριεύς : 637, n. 20, 645. Ἑκτορίδης : 544, 688, n. 1 (Ἕκτωρ), 700
Δῶρις m. : 162. (ἕκτωρ).
Δωρίς f. : 459, 630, 643. Ἐκφαντίδας : 702.
Δωρίων : 487, 645. Ἑλαειλῖνος : 189.
Δωροθέα : 529, 531. ἐλασᾶς : 309.
Δωρόθεος : 22, n. 71, 487. ἐλαύνω : 50, 106.
δῶρον : 293, 643, 645. Ἐλάφιον : 393, 408-409 (ἐλάφιον).
Δῶρος : 575. ἔλδομαι : 503.
Δωσᾶς : 472. ἐλεᾶς : 309.
Δωτώ : 51, n. 51, 458. Ἑλεία : 519.
*Ἐλένα : 159.
ἔασσα : 511. Ἐλευθεραί : 248 (ἐλεύθερος) ; Ἐλευθε-
ἐάω : 258, n. 93. ριώ : 458.
Ἐγκόλπιος : 287 (ἐγκόλπιος), 294. Ἐλευσίνιος : 699.
ἐγχειρία : 105. Ἐλεφήνωρ, ἐλεφαίρω : 108.
Ἐγχειρίδιον : 395-396 (ἐγχειρίδιον, ἐγχει- ἐλθέμεν : 355.
ρίδιος), 407. Ελικαν (lib.) : 490.
ἐγχεσίμωροι : 36. Ἑλικωνιάδες, Ἑλικωνίδες : 431.
ἐγχέσπαλος : 36, 101. ἙλισFάσιοι : 494.
ἔγχος : 105, 235. ἑλκεχίτων : 121.
ἐέλδομαι : 503. ἑλκοποιός, ἕλκος : 103.
ἐέρση : 259, 503. Ἑλλάδιον : 393.
Ἑϝόρτιχος : 642. Ἕλλαν / -ην : 69.
Ἐθελήν : 71, 80, n. 39. Ἑλλάς : 420, n. 2 (Ἕλληνες), 423, 424,
εἱαμενή : 238, 242, 244, 247, 258-262. 428, 432.
Εἰδεσίλεως : 110. Ἐλλιμένιος : 288, 296 (ἐλλιμένιος).
εἰδεχθής : 107. ἐλλόγιμος, ἔλλογος : 286, n. 38.
Εἰδοθέα / -η : 458, 528. Ἐλπήνωρ : 108.
Εἰδόκριτος : 104. Ἐλπιδία, Ἐλπιδιάς : 437.
Εἰδομενή ou Εἰδομένη : 241, 567. Ἐλπιδιανός : 697.
Εἰδομένης : 104, 542. Ἐλπιδώ : 397, 697.
Εἰδώ : 458. Ἐλπίς, Ἔλπις, ἐλπίς : 234, 397-398.
Εἴελος : 185. ἔλπομαι : 108, 398.
(ε)ἰκάς : 694. ἐμβάς : 421.
εἵνεκα : 57-58. Ἐμμενίδης : 552.
Εἱρακλείδας : 569, n. 30. Ἐμπέδδει : 606, 608 ; Ἐμπεδ-ίων, -ιών-
εἰροκόμος, εἰροπόκος : 102. δας : 614-616.
εἶρος : 102. Ἐμπεδοκράτη : 519.
εἱρῳάς : 431. Ἔμπεδος : 286 ; ἔμπεδος : 287, 614.
Εἱρωίλλει : 607. Ἐμπεδοτίμη, Ἐμπεδοττίς : 441, n. 72.
Εἰρώνιχος : 704. ἐμπορίδια : 442.
ἕκασσα : 508, 511. Ἐμπόριον : 389.
Ἑκαταία / -η : 520, 524. ἐνάλειπτος : 51, n. 54.
Ἑκατόδωρος, Ἑκατᾶς : 310. Ἐνάς, Ἐνᾶς : 270.
ἔκδηλος : 280. Ἔνδηλος : 337.
Ἐκδίκιος : 289 ; ἔκδικος : 288-289, n. 51. Ἔνδημος : 286, 296 ; ἐνδήμιος : 287.
730 Ἔνδιος – Ἐρύϙωντος
Νικήτης, νικητής : 232 ; Νικήτη : 504-505. Ξενᾶς : 311 ; Ξένεια : 695 ; Ξενήν : 72, 80,
Νικηφόρος : 145, 160. n. 39 ; Ξενώ : 348, 644 ; Ξένων : 348,
Νικιάδας / -ης : 434 (Νικιάς), 628, 647 ; 630, 645.
Νικίας : 16, 488, 647. Ξέννει, Ξεννώ : 607, cf. Ξηνέας, Ξῆνις.
Νικίδας / -ης : 395 et n. 89, 398 ; Νικίδιον : Ξενόκλεις, Ξενοκλίδας : 612-613.
394, 395, 697 ; Νικιδώ : ibid. et 398. Ξενοκρατώ : 458.
Νίκιον : 631, 647 ; Νῖκις : 478, 488, 629, Ξενομήδεια : 523.
647 ; Νικίων : 488, 647. ξένος : 587, 644, 645 ; -ξενος : 120.
Νικοκλείδας : 613 ; Νικοκλῆς : 311. Ξένος : 629, 645.
Νικοκράτεις : 565. Ξενόφιλος : 311, 348.
Νικόλαος : 180, 186. Ξενοφῶν : 348.
Νικόμαχος, Νικομᾶς, Νικομήδης : 306 ; Ξένυλλος, Ξενύλος : 344, 348, 351, 353.
Νικομώ : 458. Ξηνόφαντος : 488 ; Ξηνέας : 645 ; Ξῆνις :
Νικοπόλεια : 526. 488.
-νικος : 58, 104. ξίφος, ξιφοδήλητος : 103.
Νικοτελώ : 458. Ξύλλας : 172.
Νικύλος : 351-352 ; Νίκυλος : 180, 186 ;
Νικυλίδας : 689. Οβας (pamph.) : 314.
Νικώ : 351, 631, 647 ; Νίκων : 351, 488, Ὁδαίδας : 563.
630, 647. Ὀδυσσεύς : 232.
Νινναροῦς : 213. Ὄϝιλος : 276, 698.
Νίννιον : 400, n. 129. ὄζω : 13, 693-694.
Νιουμείνιχος : 610. οἶκα : 503.
Νόημα : 412. οἰκίδιον : 276.
Νόιλλα : 187-188 et n. 122. Ὀϊλεύς : 276.
Νομέας, Νομᾶς, Νόμας : 304 ; νομάς : Οἰμᾶς, gén. -ᾶτος : 319.
421, 425. Οἰνάδης, Οἰναῖος : 310.
νοσημάτιον : 6. οἰνάριον, οἴναρον : 400.
Νουία, Νουίλα (osq.) : 187-188. οἰνάς : 420, 425, οἰνάδες : 420, n. 3.
Νούμακος : 696. *Οἰνᾶς : 310.
Νύμμελος : 185. Οἰνεύς, Οἰνέας : 36, 38.
Νυμϕόδωρος Νυμφᾶς : 311, gén. -ᾶτος : οἴνη : 420, n. 3, 431.
317 ; Νυμφῆς : 328, n. 98 ; Νυμφώ : Οἰνίλος : 363.
458 ; Νύμφιλλα : 463. Οἶνις : 488.
Οἰνοπίων : 363.
Ξάνθη, Ξάνθος, ξανθός : 230, 285. οἶνος : 36, 400.
Ξανθίδιον : 381. Οἰνοῦς : 514.
Ξάνθιππος : 15, 82, 284, n. 23, 454 (Ξαν- Οἰνοῦσσαι : 494 ; οἰνοῦττα : 497.
θίππα), 488, 612, n. 45. Οἰνοχάρης : 488.
Ξάνθις : 477, 488. ὄϊος : 276.
Ξάνθυλλα : 464. οἰοχίτων : 235, n. 34.
Ξειναγόρεια : 527, n. 39 ; Ξεινύλος : 353. οἶτος : 108.
Ξεναγόρας : 391 et n. 71 (Ξενάγιον) ; ὄκρις : 369.
Ξεναγόρη : 517, 527. ὄκταλλος : 341.
Ξεναινώ : 690. ]ολεας : 46.
Ξενάκων : 696. Ὀλόσσηιος : 183, lat. Volusius.
Ὀλυμπία – παίγνιον 747
παιδάριον : 8-9 (παιδιά, παιδίον et 396) Παρμενίσκος : 167, 205, 530, 692.
273 (παιδαρίων et n. 15). Παρμενώ : 458, 699.
πάϊλλος : 340, 343, n. 37. Παρμένων : 167, 693.
Παιών : 503. Παρμήν : 72, 80, n. 39, 692.
Πακύλα, Πάκυλλος : 187. Παρνάττιος : 618, n. 52.
πάλα : 45. Παρνοπίδας : 587.
Πάλαθις : 643 (παλάθη / -α et 415). παρονομασία : 4 et n. 15.
Πάλακος : 45, n. 32. Παρόραμα : 412.
παλάσιον : 415. παρώνυμα, παρωνυμία, παρώνυμος : 4, 5,
παλλακή, παλλακῖνος : 190 et n. 142. 12.
Πάμιλλος : 361, n. 79. παρώρεια, -ος : 42.
Παμπείριχος : 610. πᾶς : 645.
Παμφαίης : 552 et n. 45 ; Παμφᾶς : 311. Πασάρετoς : 58.
Πάμφιλος : 311, 572. Πάσαρχoς : 47 et n. 38, 58.
Παναροῦς : 213. Πασέας : 488, 645.
Πανδάμασος : 59. Πασιθέα : 528.
Πανδίων, -ονίς : 430, n. 42. Πάσιππος : 488.
Πανίσκος : 274. Πασιφάεσσα, -φῶν : 512.
Πανκρατίδης : 552. Πασίφιλoς : 58.
πανοῦργος : 20. Πασίων, Πάσων : 630, 645.
Παντακλεία, -κλα : 522. πάσχω : 257.
Παντάς, Παντάδας : 434, 689. Παταγᾶς : 314, 317.
Παντεύς : 39, n. 10. † Παταρήν : 74, n. j.
Παντιμία : 529. πάτερ : 254, n. 86, 273, n. 15 (et πατέριον,
Πάντις : 39, 629, 645 (Παντίας). πατερίων).
Παντοῖος : 182, 695 (παντοῖος). Πατερήν : 72, 80, n. 39.
Πάντυλλα : 39, n. 10. Πατρέας : 645.
Παντώι : ibid. πατρίδιον : 382, 397 (πάτριον).
Πανφάνης : 311. Πατροκλέας / -έης / -ῆς, Πάτρoκλoς : 35,
πάομαι : 645. 80, 165-166, 335-336 et n. 10, 561.
Πάπελος : 185. Πατροφίλα : 489.
Πάπης : 271. Πάτρων : 489, 630, 645.
Πάπι(ο)ν : 210. Πατρωνοῦς : 461.
παππίδιον : 382. πατρωνυμικός : 6.
Παππίων : 272. Παῦλα, Παῦλος, Παυλῖνος : 702-703 ;
παρ(ά)φορος : 617. Παυλάς : 209, 437, n. 56.
Παραιβάτας, Πάραιβις : 488. Παυσανίας : 320, 471, n. 8, 542.
Παράλιος : 287 ; παράλιος : 282. Παυσᾶς : 320 ; Παυσήν : 72, 79, 80, n. 39 ;
Πάραλος : 286, 287 ; Πάραλοι : 289 ; Παυσοῦς, Παυσώ : 458, 461.
πάραλος : 282. Πάχας / Παχᾶς : 643.
Παραμύθιον : 407. Πάχης : 94.
Παραποτάμιοι : 289. παχύς : 41, 47, 184, 643 ; παχυλῶς : 41,
παραστάς : 421. 342, 356.
Παρθενοῦς : 461. πέoς : 44.
Παριάς : 426. πεδά : 295.
παρκαταβολά : 480 et n. 58. Πεδακλεῖς : 613.
Πεδάπατρος – -πόλε(ι)α 749
Σεμηρος (lib.) : 484. Σῖμος : 230, 352, 406, 629, 645, 698.
Σενεκίων : 211. σιμός : 40, n. 17, 45, 202 (et σῖμος), 230,
Σεραπιάδης : 434 ; Σεραπιάς : 424 ; Σερα- 252 (σῖμος) 352, 402, 406, 412, 480,
πίων : 137, 159, 194. 612, 615, 645.
Σεργίων, Σεργοῦς : 211. Σιμοτέρα : 528, 531.
Σεργωνᾶς : 209, 211. Σιμουλίνα : 703.
Σερουιλίων : 211. Σιμυλίων : 193.
Σεσμᾶς : 314. Σιμύλος : 352, 357, 480, 629, 645.
Σευθάριον, Σευθης, Σευθοῦς (thr.) : 206- Σιμώ : 436.
207 et n. 22, 214. Σίμων : 230, 352, 617, 630, 645, 700.
(σ)ϝέτας : 693. Σιμώνδας : 615.
Σήσαμος, σήσαμον : 83, n. 51. Σιμωνίδης : 581, n. 6, 612-613.
Σθενέδαμος / -δημος : 113-116, 119. Σιναρᾶς : 314.
Σθενέλαος : 99-101, 109, 113-114 (Σθενέ- Σίρακος, Σίραχος, Σίρων, σιρός : 48.
λας, Σθενελαΐδας, cf. Σθενόλας) 115, Σισύμβριον, σισύμβριον : 408.
119, 372. Σιττᾶς : 323.
Σθένελος : 114 (Σθενελίδης), 189, 344, Σιττυρᾶς : 317.
372, 373. σκαιóς : 253.
Σθένιος : 189. σκάφος : 268 ; σκαφίτης : 269.
Σθέννων : 348, 443. Σκεπαρνᾶς, σκέπαρνος : 324.
Σθενόδημος : 104. σκεῦος, σκευή, σκευοποιός : 103, n. 15.
Σθενοκράτης : 104, 489. Σκίνδαξ, Σκίνδιον, σκινδακίζω : 390.
Σθενόλας : 104. Σκιρφώνδας : 581.
σθένος : 100, 108, 109, 113-114, 121, 189 ; Σκίρων : 161.
-σθένης : 39, n. 10, 104, 113, 177. Σκόπας : 328.
Σθένυλλος : 344, 348. Σκορδᾶς : 324, n. 87.
Σθένων : 489 ; σθένω : 100, 109, 114-115, Σκοτουσσαία (γῆ) : 563.
119. σκόφος : 442.
Σθόρυς : 453. Σκύθαινα, Σκύθων : 695.
σίαλος : 341. Σκύθης : 178.
Σικελός : 184. Σκυλακεύς : 275.
σίλλος : 341. σκυλόπουλον (gr. mod.) : 274.
Σίμα : 630, 645. Σκυμνóς : 239, 240, 242, 243, n. 61, 251.
Σιμάδς : 436. σκύμνος : 239, 242, 243, n. 61.
Σιμάκα : 695 ; Σιμάκιον : 406, 689, n. 5, Σκυρθανας (illyr.) : 79.
690 ; Σίμακος : 45 ; Σιμακώ : 458. Σκύτας : 178.
Σιμάλα, -άλιον, -άλιος, -αλον : 696 ; σκῦτος, σκυτοτόμος : 102.
Σιμαλίων : 40, n. 17. Σμαράγδη, Σμαρώ (gr. mod.) : 458.
Σιμάριον : 402. (Σ)μικύθα, Σμικυθίων, Σμίκυθος : 427,
Σιμάς : 436. n. 29, 702.
Σιμία : 645. Σμικύλος : 352 ; Σμικυλίων : 360.
Σιμίας : 389, 531. (σ)μῖλαξ, (σ)μῖλος : 45.
Σίμιον (?) : 389 et n. 47. Σμινθεύς, Σμίνθιος : 174.
Σιμιχίδας : 689. Σόλων : 231.
Σιμίων : 272. Σουλπᾶς : 210.
Σῖμον : 412. Σούνιον : 407.
754 Σουπερίων – Συρακούσιος
b) Autres langues
Indo-européen *k̂ ens- : 37 (*k̂éns-tor-), 54.
*bhér-o-mh1no-s : 246. *ḱlewe- : 111.
*-bhh2-n̥ t-i̯ a / *-bhoh2t-i̯ a : 511, n. 30. *k̂n̥ d-ti° : 51, n. 51.
*deh3-ti° : 51, n. 51. *lei̯ ku̯ - / *le-liku̯ -m̥ h1nó-s : 245.
*dek̂- : 52. *leiu̯o- : 48.
*deu̯ k- : 40, n. 15. *mr̥ -mh1no- : 245, n. 64.
*dhegu̯ hh2- : 53, n. 59. *ni-sd-o- : 19.
*dheighes- + h2(e)res- : 106. *-o-mh1nó- / *-ό-mh1no- : 246.
*dhers- : 116. *seh2- : 60.
*dhh1-tό-s : 250, n. 76. *(s)k̂end- : 51.
*enek-m̥ : 57. *smeid- : 394.
*gau̯-i̯ o/e- : 52, n. 55. *suh2-i̯ e/o- : 258, n. 93.
*g̑ her-(H)- : 52, n. 56. *u̯i-s(h2)to- : 60.
*gu̯ i̯ eH- / *gu̯ iH-ό- : 262, n. 109. *u̯ r̥ h1en- : 49.
*h2ár-to- : 41, n. 24.
*h1n(e)k̂- : 57, 61. Anatolien
*h1u̯ eh2- : 258, n. 93. Alakšanduš (hitt.) : 281, n. 13.
*h2ék-es- : 55. ênaś (lyd.) : 270.
*h2ek̑ ri- : 369. kari tii̯ e/a- (hitt.) : 52, n. 56.
*h2ek̑ -ro- : 369.
Nan(n)a- (lyd.) : 400, n. 129.
*h2enti-h3ku-o : 19.
tada/i-, tadiya- (louv. hiér.) : 414.
*h2eu̯ g-s- : 52.
warša- (hitt.) : 259.
*h2lek-s- : 52.
*h2ok̑ ri- : 369.
Sanskrit
*h2 r̥ g̑ r-ó- : 443.
*h2 r̥ g̑ un-ih2 / *h2 r̥ g̑ un-o- : 442. árjuna, árjunī- : 442.
*h2r̥ -tó- : 41, n. 24. ávasā- : 60.
*h2u̯ erséh2 / *h2u̯ ersό- : 259. áśri- : 369.
*h2u̯ og-s- / *h2u̯ eg-s- : 52. áśvāvant- : 495, 496.
*h2u̯ όrso- : 259. asitá-, ásita- : 250, 251.
*h3neh2- : 52. úttara-, uttarā́ t : 253, n. 81.
*Hi̯ eu̯ h2- : 258. r̥ tá-, r̥ tā́ vant- : 41, n. 24, 495, 496.
*Hi̯ udh- : 41, n. 23. Kakṣīvant- : 496.
*Hi̯ udh-mó- : 41, n. 23. karṇá-, kárṇa- : 260, 261.
Kumārávant- – lat. Achilles 765
Sabellique Anglais
Aadirans, Aadiriis (o.) : 191. baby, Billy, bunny : 271.
Anaes (pél.), Anies (o.) : 183. cadge : 268, n. 3.
Dekis (o.) : 182. daddy : 271.
Euklo- (o.) : 179. doggie : 271.
famel (o.) : 133. John, Johnny : 16.
Heiis (o.) : 186. kid : 276, n. 21.
Her(a)klo- (o.) : 179. Mary : 271.
Hereiis, Heriis (o.) : 182, 183. maund, maunder : 268, n. 3.
Húsidiis, Húsinies (o.) : 191. Mickey : 271.
Lukidel (o.) : 185. mommy : 271.
Mamereks (o.) : 139. mug, muggins : 269.
Melíssaiis (o.) : 173. Ritchie : 271.
lit. dręsù – étr. murila 769