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Vendredi  novembre 2021


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Vendredi 5 novembre 2021

Nom de la source Le Monde • p. 26 • 998 mots


Le Monde
Type de source
Presse • Journaux
Cédric Philibert Découpler les
Périodicité émissions de CO 2 et l'économie,
Quotidien
Couverture géographique
c'est possible et souhaitable
Internationale
S'inscrivant en faux contre l'idée selon laquelle la lutte contre le dérèglement
Provenance climatique passe inévitablement par la décroissance, l'analyste de l'énergie
France et du climat démontre que de multiples scénarios existent pour allier
croissance et réduction des rejets de dioxyde de carbone
p. 26
Cédric Philibert

stituerait un découplage « absolu . Rien

D'
un fétichisme de la crois- de tel n'a eu lieu jusqu'ici. Mais en quoi
sance assurément criti- cela prouve-t-il que le découplage n'aura
quable, quoique encore pas lieu, ne peut pas avoir lieu ? L'ar-
très prégnant parmi le personnel poli- gument, répété à l'envi, est d'une insigne
tique, serions-nous en train de basculer faiblesse. Regardons les choses de plus
sans transition vers un fétichisme de la près.
décroissance ? C'est affaire de transi-
tion, justement, énergétique et environ- Le cas de dix-huit pays
nementale, mais l'idée se répand qu'elle
ne serait possible qu'à raison de la Des découplages absolus ont bien été
décroissance du volume de l'économie. observés localement. Les émissions de
CO2 du Royaume-Uni ont diminué de
Autrement dit, on ne saurait « découpler 46 % depuis 1971, celles de la France de
» l'activité économique des atteintes à 41 % de 1973 à 2014, celles de l'Alle-
l'environnement, et d'abord des émis- magne de 26 % depuis 1990 (pendant
sions de gaz à effet de serre. Or, au que le produit intérieur brut de ces pays
moins en ce qui concerne ce dernier croissaient de 179 %, 126 % et 52 %).
paramètre, clé de notre maîtrise ou non Principaux facteurs de ces découplages
des dérèglements climatiques, ce pes- : le remplacement du charbon et du pét-
simisme radical et démobilisateur est er- role par le gaz dans la production d'élec-
roné. Non, ce fameux « découplage » tricité au Royaume-Uni, le nucléaire en
n'est pas une chimère. France et les renouvelables en Alle-
magne. Car, contrairement au mensonge
Pourtant, des chercheurs affirment qu'ils que trop de paresseux recopient, les én-
n'en ont pas trouvé trace dans les sta- ergies renouvelables font plus que com-
tistiques. Plus précisément, on n'a con- penser le recul du nucléaire en Alle-
© 2021 SA Le Monde. Tous droits réservés. Le
présent document est protégé par les lois et conven- staté qu'un découplage « relatif » - les magne, elles y font reculer le charbon.
tions internationales sur le droit d'auteur et son utilisa- émissions croissent moins vite que
tion est régie par ces lois et conventions.
l'économie. C'est loin d'être assez. La Corinne Le Quéré, présidente du Haut
Certificat émis le 7 novembre 2021 à UNIVERSITE-DE-
GRENOBLE à des fins de visualisation personnelle et tempo-
raire.
maîtrise des dérèglements climatiques Conseil pour le climat, et divers coau-
news·20211105·LM·6714016 exige que les émissions mondiales teurs ont examiné le cas de dix-huit pays
décroissent (et vite !), ce qui con- les Etats-Unis et des pays européens

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ayant diminué de 2005 à 2015 de 2,4 soit dans des installations industrielles, consommateurs (par exemple, la voiture
% par an en moyenne leurs émissions soit pour produire de l'hydrogène bas électrique plutôt que thermique), et pas
de CO2. Cet examen détaillé montre que carbone avec du gaz naturel et com- seulement des entreprises.
les relocalisations de production indus- pléter la production d'hydrogène élec-
trielles, notamment en Chine, n'ont joué trolytique pour la chimie, la sidérurgie, De nombreuses politiques publiques, à
qu'un rôle mineur dans la baisse des les transports aériens et maritimes. Une tous les niveaux, restent indispensables
émissions. Celle-ci résulte d'abord de la part importante de l'énergie non élec- pour impulser ces changements. La
diminution de la part des fossiles dans la trique, peut-être surestimée, sera fournie technique et « les marchés » à eux seuls
consommation d'énergie, et de la baisse par les formes modernes de bioénergie, ne sauraient suffire à enrayer les dérè-
de cette consommation. L'augmentation dont les formes traditionnelles, ineffi- glements climatiques et pourtant on
de l'utilisation du gaz au détriment du caces et polluantes, utilisées par les plus peut, et donc on doit, découpler l'activité
charbon a joué un rôle d'appoint, notam- pauvres, régresseront fortement. économique et les émissions de gaz à ef-
ment aux Etats-Unis. Renouvelables et fet de serre. La critique du PIB n'est plus
économies d'énergie font donc déjà leurs Naturellement, les économies d'énergie, à faire, et l'argent ne fait pas le bonheur
preuves. Mais l'essentiel reste à venir. comme l'isolation thermique des bâti- mais la misère non plus.
ments, jouent aussi un très grand rôle
A l'image de celui que l'Agence inter- dans ces scénarios « climato-compati- Note(s) :
nationale de l'énergie (AIE) a publié en bles . Mais il est difficile de les dis-
Cédric Philibert est analyste de l'énergie
mai, tous les scénarios qui conduisent à tinguer précisément des effets de l'élec-
et du climat, associé à l'Institut français
des émissions nettes nulles de gaz à ef- trification.
des relations internationales (IFRI) et à
fet de serre en 2050, compatibles avec
Vecteur de la décarbonation, celle-ci est l'université nationale australienne. Il a
l'accord de Paris sur le climat (2015),
en elle-même porteuse d'importants pro- travaillé à l'Ademe puis, de 2000 à fin
reposent d'abord sur un formidable dé-
grès d'efficacité, éliminant de larges 2019, à l'Agence internationale de l'én-
ploiement des énergies éolienne et so-
pertes dans les moteurs et centrales ther- ergie
laire dans la production électrique. Les
fortes baisses de coût de ces énergies miques, et démultipliant l'énergie du
en dix ans (- 85 % pour le solaire pho- chauffage en allant chercher à l'extérieur
tovoltaïque, 50 % pour l'éolien) le ren- les précieuses calories.
dent aujourd'hui possible. Les pompes à
Au total, la consommation mondiale
chaleur dans les bâtiments, l'électrifica-
d'énergie diminue un peu, puis stagne
tion de l'industrie et des transports per-
jusqu'en 2050, dans le scénario de l'AIE,
mettront aux renouvelables de remplac-
tandis que les émissions de CO2 s'effon-
er les énergies fossiles consommées di-
drent. Le tout, malgré une augmentation
rectement. La part de l'électricité dans
de la population mondiale de près de
l'énergie finale bondira ainsi de 20 %
2 milliards de personnes, une économie
aujourd'hui à 50 % ou davantage en
mondiale accrue de 45 % en 2030 et, en
2050.
2050, deux fois plus importante qu'au-
La part du nucléaire jourd'hui.

Dans le scénario de l'AIE, le nucléaire Pas de décroissance donc, cependant


maintiendra sans l'augmenter sa part de l'AIE fait leur part à des changements
10 % dans la production mondiale volontaires de comportement (par ex-
d'électricité, prouvant sa nécessité à cer- emple, plus de vélos, moins d'automo-
tains, son caractère superflu à d'autres. biles) et note que les changements tech-
La capture et le stockage du CO2 ap- niques nécessaires reposent en grande
porteront également une contribution, partie sur une implication active des

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Vendredi 5 novembre 2021

La Tribune (France) • no. 7261 • 1700 mots


Nom de la source
La Tribune (France)
Type de source COP26 : Pourquoi la fin du charbon
Presse • Journaux
Périodicité
est impossible sans l'aide des pays
Quotidien développés
Couverture géographique
Nationale Marine Godelier
Provenance
France
Alors que les engagements sur la neutralité carbone s'enchaînent,
aucun plan précis de sortie du charbon, souvent qualifié de
combustible le plus « sale » de tous, ne se dégage, même si une
coalition pour s'en défaire a vu le jour à la COP26. En cause, de
nombreux pays restent englués dans cette source d'énergie fossile,
qui alimente leur électricité et pousse leur croissance à la hausse. Un
sevrage à grande échelle sera pourtant nécessaire mais celui-ci
semble peu probable sans accompagnement financier et
technologique au niveau international.

L'
équation semble inextrica-
ble : alors que les dix plus
grandes puissances char-
bonnières restent engluées dans ce com-
bustible fossile extrêmement polluant,
toutes promettent désormais d'atteindre
la neutralité carbone au cours du siècle.
En résulte, au coeur de la COP26 de
duire-plus-de-charbon-pour-soutenir-
Glasgow, un paradoxe vertigineux entre
son-outil-productif-894644.html), mal-
la clarté de la cible affichée par les pays
gré l'engagement récent du président, Xi
- même si les échéances diffèrent -, et le
Jinping, d'atteindre la neutralité carbone
flou persistant sur les chemins à em-
en 2060. Rudement touché par la
prunter vers ce sevrage obligé. Car si la
pénurie de matières premières, le pays
physique est une science exacte, les
n'a tout simplement pas trouvé meilleure
stratégies déployées par les Etats pour
solution pour résoudre la crise de l'én-
répondre à l'urgence environnementale,
ergie, qui menace son économie à bien
elles, ne répondent pas aux mêmes rè-
plus court terme qu'un dérèglement
gles. Ces derniers doivent intégrer leurs
planétaire à venir. Un signal terrible,
problématiques économiques, finan-
alors que la Chine représente à elle seule
cières et sociales, parfois en contradic-
plus de la moitié de la consommation
tion directe avec la préservation du cli-
mondiale de charbon.
© 2021 La Tribune. Tous droits réservés. Le mat.
présent document est protégé par les lois et conven-
tions internationales sur le droit d'auteur et son utilisa- Quand à l'Inde, jusqu'ici murée dans un
tion est régie par ces lois et conventions. En témoigne la décision de Pékin de
silence embarrassant, ses dirigeants
doper son extraction de houille en pleine
Certificat émis le 7 novembre 2021 à UNIVERSITE-DE-
n'ont couplé leur promesse à la COP26
GRENOBLE à des fins de visualisation personnelle et tempo-
raire. COP26 (lien : https://www.latribune.fr/
de neutralité carbone d'ici à 2070 d'au-
news·20211105·TR·895682
economie/international/la-chine-va-pro-
cune stratégie concrète d'éloignement de

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ce combustible, alors qu'il alimente tou- Mais un engagement devrait bien voir « « Imaginez avoir un trésor au fond
jours près de 70% de son électricité. le jour à la COP26 : une coalition de de votre jardin qui vous permettrait de
Bref, principe de réalité oblige, la fin du 190 pays s'est s'engagée ce jeudi à sortir sortir rapidement de la pauvreté, mais
règne du king coal, à l'origine de 30% progressivement du charbon à partir de que d'autres qui en ont déjà profité vous
de la consommation mondiale d'énergie 2030 (lien : https://www.francetvinfo.fr/ interdirait de déterrer. Très clairement
primaire pour 44% des émissions de gaz monde/environnement/cop26/ la réussite des objectifs est conditionné
à effet de serre liées à la combustion, cop-26-le-charbon-pese-encore-35-de- à l'aide des riches », illustre François
n'est pas pour demain. la-production-mondiale-d-elec- Gemenne. »
tricite-les-projets-de-nouvelles-cen-
Pas de plan d'action précis trales-ont-chute-analyse-un-special- Autrement dit, si l'on demande aux pays
iste_4829459.html), et à « ne plus du Sud de ne pas exploiter les ressources
En la matière, les rencontres interna- fossiles prometteuses qui composent
soutenir la création de nouvelles cen-
tionales, telle la COP26, continuent de leur sous-sol, il est nécessaire de leur
trales », même si la Chine reste aux
concentrer les espoirs. Pourtant, la réu- fournir des moyens alternatifs pour
abonnés absents. La France non plus
nion du G20 à Rome le week-end croître, fait valoir le chercheur. Sans
n'en fait pas partie, mais s'est félicitée la
dernier a donné le ton : les dirigeants quoi les efforts fournis à l'échelle mon-
veille d'un accord « ambitieux » noué
des pays les plus riches ne se sont ac- diale risqueraient d'être ruinés par l'ex-
sur le sujet, alors même que son propre
cordés sur aucun plan d'action précis, traction continue d'une poignée d'Etats,
mix énergétique ne repose plus sur la
si ce n'est la fin des crédits à l'export qui ne trouveraient pas d'autres voies
roche noire. Paris a en fait conclu dès les
des centrales à charbon. Saluée par Em- vers le développement. Quoi de mieux
premiers jours de la COP un « parte-
manuel Macron, cette « avancée » n'en pour l'illustrer que l'intervention ce mer-
nariat international pour une transition
est en fait pas une, puisque la décision credi de la ministre des Finances de l'In-
énergétique juste » avec Johannesburg,
avait déjà été prise - en premier lieu par donésie, l'un des Etats les plus charbon-
aux côtés de l'Allemagne, des Etats-
la Chine (lien : https://www.latribune.fr/ niers du monde, à la COP26. « Nous
Unis, du Royaume-Uni et de l'Union eu-
entreprises-finance/industrie/en- sommes très engagés dans l'action cli-
ropéenne, promettant de fournir jusqu'à
ergie-environnement/la-chine-arretera- matique. Mais le financement est un
8,5 milliards de dollars afin d'aider
d-exporter-des-centrales-a-char- problème essentiel, et déterminera notre
l'Afrique du Sud à sortir de ce com-
bon-mais-en-construit-toujours-sur-son- capacité à tenir nos engagements », a-t-
bustible, dont le pays est aujourd'hui to-
sol-892837.html). Pour cause, celle-ci a elle lancé à son audience.
talement dépendant. Car le déploiement
conscience du « manque de rentabilité
des énergies renouvelables, encore ex-
future » de ces investissements à Lire aussi 5 mnElectricité : après le nu-
trêmement minoritaires sur ce territoire,
l'étranger, estime le spécialiste des ques- cléaire, l'Allemagne accélère la sortie du
nécessite de mobiliser massivement des
tions de géopolitique de l'environ- charbon (lien : https://www.latribune.fr/
fonds et des savoir-faire... dont il ne dis-
nement François Gemenne. Reste qu'en entreprises-finance/transitions-
pose pas encore.
parallèle, sa consommation nationale de ecologiques/electricite-apres-le-nucle-
houille continue d'augmenter, après une Une question de moyens aire-l-allemagne-accelere-la-sortie-
légère inflexion liée à la pandémie en du-charbon-894495.html)
2020. Et la clé pourrait bien se trouver dans
ce genre d'initiative : sans accompagne- 100 milliards de dollars pour les pays
Lire aussi 4 mnCentrales à charbon : ment concret de la part des Etats les plus du Sud
l'OCDE enclenche l'arrêt des crédits à développés, qui profitent aujourd'hui de
l'export (lien : https://www.latribune.fr/ A cet égard, le versement annuel de 100
moyens avancés pour faire face au prob-
entreprises-finance/banques-finance/ milliards d'euros des pays du Nord au
lème climatique sur leur sol, la sortie
centrales-a-charbon-l-ocde-enclenche-l- pays du Sud dès 2020 (lien :
du charbon des pays émergents risque
arret-des-credits-a-l-ex- https://www.latribune.fr/entreprises-fi-
de s'avérer très complexe, sinon impos-
port-894978.html) nance/transitions-ecologiques/climat-le-
sible.
financement-des-pays-du-sud-la-ques-

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tion-a-100-milliards-de-la- voient le jour. Dans les « percées de : https://www.latribune.fr/entreprises-fi-
cop26-895399.html), décidé en 2009 à Glasgow », un plan d'accès aux nou- nance/transitions-ecologiques/climat-
la COP15 de Copenhague, devait per- velles technologies lancé par le Roy- les-plans-de-production-d-energies-fos-
mettre d'engranger un mécanisme aume-Uni lors de la COP26, et plutôt siles-pulverisent-l-objectif-de-1-5-c-
vertueux. Mais à l'heure du bilan, le passé inaperçu à côté des accords phares alerte-l-onu-894767.html)
compte n'y est pas. Selon l'Organisation sur la déforestation (lien :
de coopération et de développement https://www.latribune.fr/entreprises-fi- Vers des crédits carbone?
économiques (OCDE), (lien : nance/industrie/energie-environnement/
Enfin, Glasgow devra servir à relancer
https://www.oecd.org/fr/presse/declara- cop26-la-deforestation-stoppee-en-
les discussions visant à instaurer, ou
tion-de-m-mathias-cormann-secretaire- moins-de-dix-ans-promettent-les-pays-
non, l'échange de crédits carbone entre
general-de-l-ocde-sur-le-finance- representant-85-des-forets-mondi-
pays. Concrètement, ce dispositif con-
ment-climatique.htm?utm_source=Ade- ales-895567.html) ou sur le méthane
sisterait à permettre à un pays "A"
stra&utm_medium=email&utm_con- (lien : https://www.latribune.fr/entre-
d'acheter un crédit d'émission à un pays
tent=pressrelease&utm_campaign=A- prises-finance/transitions-ecologiques/
"B" dans lequel il construirait, par ex-
la-une-20-octo- cop26-une-centaine-d-etats-s-accor-
emple, un parc éolien en remplacement
bre-2021&utm_term=pac) en 2019 l'en- dent-sur-le-methane-mais-sans-la-
d'une centrale à charbon. Ainsi, le pays
semble des aides versées par les pays chine-la-russie-et-l-inde-895593.html).
"B" bénéficierait d'une énergie plus pro-
riches aux pays moins développés n'a at- Pourtant, le programme a déjà été re-
pre, et le pays "A" pourrait utiliser ce
teint que 79,6 milliards de dollars. Et joint par plus de 40 dirigeants, dont les
crédit correspondant aux émissions
malgré l'absence encore de données Etats-Unis, l'Inde, la Chine ou l'Union
évitées, afin de compenser sa propre
suffisantes, il semble très improbable européenne, mais surtout par plusieurs
pollution. L'objectif : débloquer des fi-
que les 20 milliards manquants aient été économies en développement et certains
nancements pour les énergies bas car-
trouvés en 2020. des pays les plus vulnérables au change-
bone aux Etats qui en manquent, et ré-
ment climatique. Le but : fournir une
« « Lors de cette COP, les pays de Sud duire le coût de la réduction des émis-
technologie « propre » et surtout « abor-
vont tenter de négocier un futur finance- sions pour ceux qui investissent.
dable » « à travers le monde » d'ici à
ment, alors qu'ils n'ont toujours pas ac- 2030. Mais ce mécanisme reste en suspens
quis ce qu'on leur avait promis. Ce sera
depuis l'accord de Paris, celui-ci remet-
le point majeur qui risque de rythmer Et ce, en aidant notamment ces pays les
tant à plus tard la décision de sa mise
la rencontre, avec une très grande mé- moins « avancés » à accéder à l'inno-
en place, et l'élaboration des règles qui
fiance de leur part vis-à-vis du Nord », vation et aux outils nécessaires, afin de
l'encadreraient. Pour cause, sans garde-
fait valoir François Gemenne. » passer des grands engagements à l'at-
fous efficaces, il pourrait conduire les
teinte réelle de la neutralité carbone.
Surtout, les contours du plan restent signataires à adopter des règles peu ex-
Sont cités notamment les « véhicules
dans les tiroirs depuis plus de dix ans. igeantes, conduisant pays et entreprises
routiers à zéro émission », « l'hydrogène
« Concrètement, on ne sait toujours pas à se soustraire à la réduction de leurs
vert » ou encore « la production d'acier
comment ces fonds seront répartis », propres émissions, en se contentant de
bas carbone », autant d'innovations dif-
ajoute le spécialiste. En effet, l'en- les compenser. Surtout, il ferait naître le
ficiles d'accès. « L'idée est de faciliter
veloppe ne devra pas seulement servir à risque d'un double-comptage, à la fois
l'accès à ces technologies, souvent
financer la transition énergétique de ces par les pays "A" et "B". Reste à voir
développées par les pays du Nord, par
Etats. Mais aussi leur adaptation à des si, comme l'a promis de président de la
le biais de subvention ou de la levée de
changements d'ores et déjà irréversibles, COP26, Alok Sharma, ce blocage sera
brevet, par exemple », explique François
dont ils seront les premières victimes. enfin résolu, permettant d'engager une
Gemenne.
coopération internationale profitable à
Faciliter le transfert de technologies Lire aussi 4 mnClimat : les plans de pro- tous...
duction d'énergies fossiles pulvérisent
Face à l'urgence, d'autres initiatives Lire aussi 2 mnBertrand Piccard en di-
l'objectif de +1,5°C, alerte l'ONU (lien

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8
rect de la "COP26" : le malentendu fi-
nancier de la transition écologique (lien
: https://www.latribune.fr/opinions/tri-
bunes/bertrand-piccard-en-direct-de-la-
cop26-le-malentendu-financier-de-la-
transition-ecologique-895686.html)

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Vendredi 5 novembre 2021

Nom de la source Le Figaro • no. 24015 • p. 12 • 609 mots


Le Figaro
Type de source Moins de finances publiques pour
les énergies fossiles dès 2022
Presse • Journaux
Périodicité
Quotidien
Cherki, Marc
Couverture géographique
Nationale
Provenance
l'Élysée renvoyait vers de récentes déc-

U
France N VENT nouveau a soufflé larations de Bruno Le Maire. Fin octo-
jeudi matin, à Glasgow bre, à Paris, lors du « Climate Finance
p. 12
(Grande-Bretagne), lors de la Day » , il déclarait : « Nous avons arrêté
COP26. Il était d'ailleurs difficile d'ap- tout financement export pour le char-
procher du pavillon de la Grande-Bre- bon. Nous avons donné un calendrier
tagne, où un accord sur la réduction du pour l'arrêt du financement export des
financement des énergies fossiles a été exploitations pétrolières en 2025 et gaz-
annoncé. Quelque 24 pays et acteurs ières en 2035. La crise du gaz change
publics, dont les États-Unis, le Canada, la donne et elle montre que nous devons
le Costa Rica, le Danemark, la Finlande, réduire plus rapidement que prévu notre
le Portugal, la Suisse et bien sûr le Roy- dépendance au gaz. Nous avions donné
aume-Uni, se sont engagés à arrêter dès une clause de rendez-vous sur les fi-
2022 de financer avec de l'argent public nancements export gazier en 2023, nous
la plupart des projets d'extraction et de avancerons cette clause de rendez-vous
production de gaz, de pétrole ou de char- à 2022 . » En clair, Paris ne peut pas
bon. « Nous mettons la finance publique signer tout de suite car la France a des
du bon côté de l'histoire » , a annoncé engagements.
Greg Hands, ministre britannique de
l'Énergie et du Changement climatique, « Investir dans ce que nous voulons »
en présentant l'initiative qui a été quali-
fiée d' « avancée historique » par des Toutefois, Marie Bord Laurans, direc-
participants. « Il ne s'agit pas d'un ac- trice climat de l'AFD, rappelle que «
cord pour 2030 mais dès la fin de 2022 depuis 2017, plus de 50 % des in-
» , s'est félicité notamment Vivienne Ye- vestissements de la France à l'interna-
da, directrice générale de la Banque de tional prennent en compte les change-
développement de l'Afrique de l'Est. Les ments climatiques et sont engagés vers
autres initiatives annoncées à la COP26 la transition énergétique » . Elle juge «
sur le charbon, la déforestation ou le importante » l'initiative qui sera ratifiée
méthane entreront en vigueur à la fin de par l'Italie.
la décennie.
L'accord semble crucial à Richard Flori-
© 2021 Le Figaro. Tous droits réservés. Le Si l'AFD (Agence française de zone, directeur général de l'IISS (Institut
présent document est protégé par les lois et conven-
tions internationales sur le droit d'auteur et son utilisa- développement) et la BEI (Banque eu- international pour le développement
tion est régie par ces lois et conventions.
ropéenne d'investissement) ont signé cet durable), car « pour suivre le scénario à
Certificat émis le 7 novembre 2021 à UNIVERSITE-DE-
accord, la France et l'Europe en tant que 1,5 °C, selon l'Agence internationale de
GRENOBLE à des fins de visualisation personnelle et tempo-
raire.
tels ne l'ont pas ratifié. Interrogée sur l'énergie, il n'y a plus de place pour de
news·20211105·LF·902×20×23578335577

la non-signature par Paris de cet accord, nouveaux investissements dans les éner-

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10
gies fossiles après 2021 » . Entre 2017
et 2019, deux fois plus de soutiens fi-
nanciers ont été consacrés, au total, dans
les pays en développement aux énergies
fossiles qu'aux énergies renouvelables.
Il estime l'enveloppe totale apportée à
plus de 32 milliards de dollars par an
pour le gaz, le charbon et le pétrole,
contre 15 milliards en cumul pour l'hy-
droélectricité, le solaire et les éoliennes.
Il exhorte les pays riches à « investir
dans ce que nous voulons, pas dans ce
que nous ne voulons pas » . Déjà, les en-
gagements des pays signataires permet-
traient de réaffecter 15 milliards de dol-
lars par an.

L'initiative britannique a été saluée par


Tasneem Essop du réseau action climat
international, qui y voit « un pas dans la
bonne direction » qui doit être approu-
vée par davantage « de gouvernements
pour mettre fin au financement des éner-
gies fossiles » .

« Pour suivre le scénario à 1,5 °C, selon


l'Agence internationale de l'énergie, il
n'y a plus de place pour de nouveaux in-
vestis-sements dans les énergies fossiles
après 2021RICHARD FLORIZONE,
DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L'INSTI-
TUT INTERNATIONAL POUR LE
DÉVELOPPEMENT DURABLE

Note(s) :

mcherki@lefigaro.fr

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Vendredi 5 novembre 2021

Nom de la source Le Monde • p. 8 • 998 mots


Le Monde
COP26
Type de source
Presse • Journaux
Périodicité Les émissions mondiales de CO 2
Quotidien
Couverture géographique
retrouvent leur niveau pré-Covid
Internationale
Le rebond est fort en Chine et en Inde, tandis que la décrue se poursuit aux
Provenance
Etats-Unis et en Europe par rapport à 2019
France
Audrey Garric
p. 8

2022 ne peut être exclue si le transport

L
a pandémie de Covid-19 n'au- rou tier et l'aviation reprennent comme
ra eu qu'un effet minime, pour avant la pandémie et si l'uti lisation du
ne pas dire nul, sur la lutte charbon reste stable.
contre le changement climatique. Les
émissions mondiales de dioxyde de car- Cette étude, qui doit être publiée
bone (CO2) ont chuté de 5,4 % en 2020, prochainement dans la revue Earth Sys-
en raison des confinements et de l'arrêt tem Science Data , conclut que les émis-
d'une partie de l'économie la baisse la sions de CO2 liées à la combustion d'én-
plus importante depuis la seconde ergies fossiles ainsi que de l'industrie et
guerre mondiale. Mais elles devraient des cimenteries devraient atteindre 36,4
rebondir cette année (+ 4,9 %) pour se milliards de tonnes en 2021, contre 34,8
rapprocher de leur niveau d'avant la milliards en 2020. En ajoutant celles
crise sanitaire. Voilà ce qui ressort du bi- liées à la déforestation et aux autres
lan annuel du Global Carbon Project, un changements d'affectation des sols
consortium d'une centaine de scien- (comme la destruction de prairies) dont
tifiques issus de 70 laboratoires interna- les estimations sont plus incertaines -,
tionaux travaillant sur le cycle du car- le bilan total s'est élevé à 39 milliards
bone, dont les résultats sont dévoilés de tonnes de CO2 en 2020,soit une aug-
jeudi 4 novembre. C'est un nouvel aver- mentation de 40 % depuis 1990.
tissement pour les 196 pays réunis à la
26e conférence des Nations unies sur le Investir dans les énergies vertes
climat, à Glasgow.
En cause dans le fort rebond : une
« Le monde ne prend pas le chemin hausse de la consommation d'énergie,
d'une réduction des émissions. Or, plus tirée par les fossiles. Le charbon, pre-
on attend, et plus leur décroissance de- mière source de CO2, connaît une forte
vra être rapide et dras tique pour attein- progression (+ 6 %), de même que le
© 2021 SA Le Monde. Tous droits réservés. Le dre la neutralité carbone et stabiliser le gaz, et tous deux devraient dépasser
présent document est protégé par les lois et conven-
tions internationales sur le droit d'auteur et son utilisa- réchauffement », alerte Philippe Ciais, leurs niveaux de 2019. Seule la consom-
tion est régie par ces lois et conventions.
directeur de recherche au Laboratoire mation de pétrole, qui s'accroît égale-
Certificat émis le 7 novembre 2021 à UNIVERSITE-DE-
des sciences du climat et de l'environ- ment, devrait rester inférieure cette an-
GRENOBLE à des fins de visualisation personnelle et tempo-
raire.
nement et l'un des au teurs de l'étude. née aux niveaux pré-Covid. « Les éner-
news·20211105·LM·8727141

D'autant qu'une hausse des émissions en gies renouvelables représentent encore

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une faible fraction de la production ergies fossiles et pèsent à la hausse sur d'ici à 2050 [comme l'ont promis beau-
d'énergie mondiale, note Philippe Ciais. la balance mondiale » , ajoute Philippe coup de grands émetteurs] implique de
Elles ont bien tenu pendant la crise san- Ciais. réduire les émissions mondiales de CO2
itaire, mais leur part relative a reculé un d'environ 1,4 milliard de tonnes chaque
peu en 2021. Le combat qui se joue en- Malgré la tendance à la baisse des émis- année en mo yenne , indique Pierre
tre énergies fossiles et énergies bas car- sions dans une vingtaine de pays Friedlingstein. La comparaison avec la
bone sera crucial pour le futur des émis- développés, qui sont parvenus à décar- baisse de 1,9 milliard de tonnes en 2020
sions. » boner en partie leur production d'én- met en évidence l'ampleur de l'action
ergie, les émissions par habitant de cer- qui est maintenant nécessaire, et donc
« Les investissements dans l'économie tains pays riches restent très élevées. l'importance des discussions de la
verte prévus dans les plans de relance Chaque Américain émet 14,2 tonnes de COP26. »
de certains pays ont été insuffisants, CO2, plus de trois fois plus que la
jusqu'à présent, pour éviter ce retour moyenne mondiale (4,5 ton nes). Les
vers l'économie fossile pré-Covid » , in- émissions nationales des Chinois (7,4
dique Pierre Friedlingstein, climato- tonnes) ont dépassé celles des Eu-
logue à l'université d'Exeter(Royaume- ropéens (5,8 tonnes), mais ces chiffres
Uni), qui a dirigé l'étude. n'incluent pas les émissions générées
par la production des biens importés.
La Chine reste le premier émetteur (31 Les émissions par habitant de l'Inde (1,8
% des émissions mondiales), loin devant tonne), elles, demeurent faibles.
les Etats-Unis (14 % du total), puis
l'Union européenne (UE, 7 %), pour la En France, la baisse des émissions de
première fois, au coude-à-coude avec gaz à effet de serre en 2019 (- 2 %) et
l'Inde (7 %). La Chine est le seul pays à la chute exceptionnelle (- 9 %) en 2020
avoir enregistré une hausse de ses rejets « permettent d'avoir une trajectoire de
carbonés (+ 1,4 %) en 2020, malgré la nouveau compatible avec nos objectifs
pandémie. » , note Colas Robert, expert au Cen-
tre interprofessionnel technique d'études
Tous les pays voient leurs émissions de la pollution atmosphérique. Paris a
augmenter cette année, avec une valeur été condamné pour n'avoir pas respecté
record pour l'Inde (+ 12,6 % entre 2020 ses premiers objectifs climatiques, ceux
et 2021). Mais les situations sont plus pour la période 2015-2018. Les données
contrastées si l'on compare le rebond de pour le premier semestre 2021 montrent
cette année avec la situation d'avant la un rebond par rapport à 2020 (+ 8 %),
crise. Les émissions de la Chine de- mais à un niveau inférieur à celui de
vraient dépasser les valeurs pré-Covid 2019 (- 5 %). « La trajectoire vers la
(+ 5,5 % par rapport à 2019), du fait neutralité carbone en 2050 suppose une
d'un recours accru au charbon pour la diminution forte et continue des émis-
production d'électricité et pour l'indus- sions : 3 % à 4 % par an pour les
trie,de même pour l'Inde (+ 4,4 %). A prochaines années » , prévient Colas
l'inverse, les émissions de l'UE et des Robert.
Etats-Unis devraient baisser par rapport
à 2019 (respectivement 4,2 % et 3,7 %). A l'échelle mondiale, le chemin sera ar-
« Beaucoup d'émetteurs "moyens", du pour respecter l'accord de Paris, qui
comme l'Indonésie, l'Iran, l'Egypte, la prévoit de limiter le réchauffement cli-
Turquie ou l'Arabie saoudite, ont forte- matique bien en deçà de 2 °C, voire à
ment augmenté leur consommation d'én- 1,5 °C. « Atteindre zéro émissions nettes

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Vendredi 5 novembre 2021

Libération • p. 4,5 • 1002 mots


Nom de la source

«Politiquement, il est impossible de


Libération
Type de source
Presse • Journaux
Périodicité
passer outre la question
Quotidien climatique»
Couverture géographique
Nationale Recueilli par AURORE COULAUD
Provenance
Pour l'experte des questions internationales Lola Vallejo, il faut
France
clarifier les ambiguïtés liées au concept de «neutralité carbone» et
maintenir la pression sur les Etats.
p. 4

L
DR
ola Vallejo, directrice du pro-
gramme climat de l'Institut du
développement durable et des lancé des promesses sans toujours savoir
relations internationales (Iddri), ce qu'il y a derrière, afin que ça devienne
souligne l'importance de la pression ex- une réalité. L'Inde et le Nigeria sont
ercée sur les gouvernements par la so- deux exemples majeurs. Ils visent re-
ciété civile notamment lors des COP, spectivement des objectifs de neutralité
plus efficace selon elle qu'un organisme à 2070 et 2060, mais doivent encore pré-
supranational au pouvoir contraignant. ciser comment les atteindre. De son
côté, l'Australie n'a pas ajusté ses am-
Le concept de neutralité carbone est au
bitions de court terme et le Brésil les a
coeur des négociations climatiques Les
abaissées, pourtant tous deux sont cen-
Etats peuvent-ils vraiment l'atteindre ?
sés viser la neutralité Même si ces pays
Cette notion scientifique de neutralité
sont de mauvaise foi, ils se sentent
carbone introduite dans l'Accord de
obligés de sauter dans le train car poli-
Paris de 2015 a réussi à s'imposer
tiquement, il est impossible de passer
comme un horizon politique. La preuve,
outre la question climatique.
tous les pays du G20, hormis le Mex-
ique, et surtout des pays émergents ou Le multilatéralisme des COP et la
en développement ont pris un engage- recherche du consensus suffiront-ils à
ment vers la neutralité carbone. Dans faire avancer les choses ? Un organisme
beaucoup de cas, l'objectif reste à clari- supranational aux pouvoirs contraig-
fier : parle-t-on de CO2 uniquement ou nants est-il réaliste ? Il faut être lucide
de tous les gaz à effet de serre ? A-t- sur le fait qu'on ne peut pas tordre le
on recours à des crédits carbone interna- bras des Etats pour les forcer à respecter
tionaux? Quelles hypothèses en matière un accord s'il n'est pas perçu comme
© 2021 SA Libération. Tous droits réservés. Le de stockage par des puits naturels ou légitime et juste. On l'a vu avec le pro-
présent document est protégé par les lois et conven- technologiques? Il est essentiel de lever
tions internationales sur le droit d'auteur et son utilisa- tocole de Kyoto signé en 1997, censé
tion est régie par ces lois et conventions. cette ambiguïté pour de nombreux pays. être juridiquement contraignant mais en
Certificat émis le 7 novembre 2021 à UNIVERSITE-DE-
Cependant, je crois qu'il est important pratique abandonné peu après sa créa-
GRENOBLE à des fins de visualisation personnelle et tempo-
raire.
de prendre ces engagements aux mots, tion. La lenteur des COP est encore très
news·20211105·LI·173869755
d'accompagner les Etats qui ont parfois frustrante - - alors à quoi servent-elles

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? Lors de ces grands raouts, des chefs tion de la maîtrise de la consommation fossiles, le bâtiment en décarbonant le
d'Etats et de gouvernements sont pointés énergétique et des ressources naturelles chauffage et l'agriculture avec la tran-
du doigt par les pays les plus vul- est aussi prioritaire. sition des protéines et la baisse des in-
nérables au changement climatique, trants chimiques. Aller plus loin, mais
comme par la première ministre de la La responsabilité climatique incombe aussi plus vite. On a besoin d'une poli-
Barbade [Mia Mottley a fait un discours d'abord aux Etats, avant les citoyens et tique encore plus volontariste. Car la
remarqué au premier jour de la COP 26, les entreprises ? Il y a un défi de gou- France va devoir doubler ses efforts
ndlr]. Outre la communauté interna- vernance important. Le multilatéralisme pour garder à portée de main l'objectif
tionale, ils subissent aussi la pression de crée la dynamique politique mais c'est de limiter le réchauffement climatique à
la société civile, et cette répétition de aux pays de se saisir de ces discussions 1,5° C.
pression et d'échéances peut les encour- et de les mettre en oeuvre. On a besoin
ager à prendre des engagements. d'une impulsion politique pour réorgan- INTERVIEW
iser la façon dont on vit, dont on con-
Ce qui a changé depuis Kyoto, c'est que somme, pour une empreinte plus faible
Illustration(s) :
la promesse de la transparence sur ce en matière de ressources et d'énergie.
que fait chacun et d'une solidarité Cependant, ces mêmes Etats sont sou- PHOTO LUIS SINCO. LOS ANGELES
vent pris dans des rapports de force, no- TIMES. GETTY IMAGES
internationale permet d'embarquer tout tamment lors des échéances électorales
le monde. Cette confiance était sérieuse- La neutralité et la vision de long terme Dans la province de Riau, en Indonésie,
ment mise à mal avant Glasgow, avec doivent être portées au plus haut niveau en 2009.
les inégalités en termes d'accès aux vac- des gouvernements. Et les ambitions
cins et de capacité de relance doivent être clarifiées avec différentes
économique pour les pays en développe- parties prenantes comme les ministères,
ment. Mais ces derniers jours, à Glas- les entreprises. Il faut que tout le monde
gow, la coopération internationale est à s'approprie ces objectifs, à différentes
l'oeuvre. La France, le Royaume-Uni, échelles locales et régionales Le test de
l'Allemagne, les Etats-Unis et l'Union crédibilité, c'est de parler de la sortie
européenne vont se coordonner pour ap- des énergies fossiles. Si la question du
porter plus de huit milliards de dollars charbon est actuellement centrale, la
pour aider l'Afrique du Sud à sortir du prochaine frontière est celle du pétrole
charbon. L'Indonésie a aussi demandé et du gaz. Mais cette transition doit se
de l'aide. faire dans un souci de justice sociale.
Car la pérennité de l'action climatique
Quelles autres voies emprunter pour
ne pourra s'obtenir qu'avec une adhésion
obtenir des résultats concrets ? Il faut
forte des populations.
développer des stratégies bas carbone de
long terme pour concilier développe- En France, le texte de la loi climat issu
ment et climat, décider comment décar- de la convention citoyenne a été revu à
boner l'énergie, le transport, l'industrie, la baisse Manque-t-on de courage poli-
le bâtiment et l'agriculture de manière tique dans la lutte contre le réchauffe-
coordonnée. Sans ça, aucune chance de ment climatique ? Un espoir important a
comprendre l'ampleur des défis. Outre le germé avec les 150 citoyens de la Con-
besoin de déployer des technologies ex- vention citoyenne pour le climat. La loi
istantes (efficacité énergétique, énergies climat montre qu'il y a eu une action,
renouvelables, hydrogène vert ) dans les même s'il est clair qu'il faut aller plus
dix à vingt prochaines années, on doit loin dans certains secteurs comme les
aussi investir dans l'innovation. La ques- transports avec la baisse des énergies

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Vendredi 5 novembre 2021

Nom de la source Le Monde • p. 8 • 642 mots


Le Monde
Type de source
Presse • Journaux
Une quarantaine de pays
Périodicité s'engagent à accélérer leur sortie
Quotidien
Couverture géographique
du charbon
Internationale
L'annonce est significative, mais les gros consommateurs mondiaux
Provenance manquent à l'appel
France
Cécile Ducourtieux
p. 8

COP26. Les pays signatairess'engagent

G
lasgow envoyée spéciale - Le à en finir avec tout nouvel investisse-
gouvernement britannique, ment, aux niveaux national et interna-
hôte de la 26e conférence sur tional, dans de nouvelles centrales à
le climat (COP26), à Glasgow, avait charbon, et à accélérer le déploiement de
énoncé quatre priorités en amont de leurs énergies renouvelables. Fin octo-
cette cruciale réunion : « cars, cash, bre, à Rome, les Etats du G20 avaient
coal, trees » (« voitures, finances, char- déjà dit vouloir stopper les financements
bon, arbres »). Après des annonces con- publics aux centrales à charbon hors
cernant la reforestation, c'est la case « leurs frontières d'ici à la fin 2021.
charbon » que Londres a été en mesure
de cocher, jeudi 4 novembre. Pour le ministre britannique de l'énergie,
Kwasi Kwarteng, « les ambitieux en-
Une quarantaine de pays se sont engagés gagements faits par nos partenaires in-
à abandonner ce minerai pour produire ternationaux montrent que la fin du
leur électricité, d'ici à 2030pour les prin- charbon est en vue . Cette fin est d'au-
cipales puissances économiques, et d'ici tant plus aisée à défendre pour le 10
à 2040 pour les pays les plus pauvres. Downing Street que le Royaume-Uni a
Parmi eux, unevingtaine de pays gros su réduire drastiquement sa dépendance
consommateurs de charbon ont accepté au charbon. Ce dernier ne comptait plus
d'accélérer la fin de leur dépendance, que pour 1,8 % de son mix énergétique
dont leCanada, l'Ukraine, le Chili, le en 2020, contre 40 % en 2010. Au 1er
Vietnam mais aussi la Pologne pourtant octobre 2024, plus aucune électricité ne
le mauvais élève européen en la matière sera générée par cette ressource, a
, qui ne programmait son phasing out promis le gouvernement de Boris John-
(sa « sortie progressive ») qu'à l'horizon son. Pour Leo Roberts, du groupe de
2049. réflexion E3G, « l'ampleur de ces an-
nonces prouve à quel point l'abandon du
© 2021 SA Le Monde. Tous droits réservés. Le L'annonce est d'importance, le charbon
présent document est protégé par les lois et conven-
charbon s'accélère .
étant considéré comme le principal con-
tions internationales sur le droit d'auteur et son utilisa-
tion est régie par ces lois et conventions. tributeur au changement climatique. Le besoin d'un « pas de géant »
Certificat émis le 7 novembre 2021 à UNIVERSITE-DE-
Elle va aider à « maintenir en vie » l'ob-
GRENOBLE à des fins de visualisation personnelle et tempo-
raire.
jectif de limiter le réchauffement clima- Principale faiblesse de l'accord, cepen-
news·20211105·LM·8713495
tique à 1,5 °C, objectif majeur de la dant : manquent encore à l'appel les «

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poids lourds » mondiaux du charbon, pérer tenir l'objectif d'un réchauffement
consommateurs et producteurs notam- limité à 1,5 °C.
ment les Etats-Unis, la Chine, l'Inde ou
l'Australie. La Chine, premier consom-
mateur mondial, s'est certes engagée à
ne plus investir dans de nouvelles cen-
trales à l'étranger, mais n'a rien promis
pour celles sur son propre territoire.
L'Australie, qui produit encore plus de
50 % de son électricité grâce au char-
bon, continue à ouvrir de nouvelles
mines.

L'Inde génère encore, quant à elle, 70 %


de son électricité avec le charbon, et ne
s'est pas non plus avancée sur un agenda
de sortie, même si son premier ministre,
Narendra Modi, a formulé l'engagement
très encourageant que son pays génér-
erait 50 % de son électricité avec des én-
ergies renouvelables en 2030.

Intervenant mercredi depuis la Chambre


des communes, le premier ministre bri-
tannique, Boris Johnson, s'est adressé
quelques louanges : « Les négociations
à Glasgow se poursuivent encore pen-
dant plus d'une semaine, mais ce qui a
déjà été agréé est encourageant. » Pour
autant, Murray Worthy, un des respons-
ables de l'ONG Global Witness, estime
que « cette annonce est très loin d'être
satisfaisante par rapport à ce qui devrait
être décidé. Un accord qui ne prend en
compte que le charbon ne résout même
pas la moitié du problème : les émis-
sions liées au pétrole et au gaz ont déjà
largement dépassé celles provenant du
charbon, qui est déjà entré dans sa phase
de déclin .

D'après lui, il s'agit « d'un petit pas en


avant, alors que le monde a besoin d'un
pas de géant . Selon l'Agence interna-
tionale de l'énergie, il faudrait stopper
tout nouveau projet d'extraction d'éner-
gies fossiles dès cette année pour es-

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Vendredi 5 novembre 2021

Nom de la source Le Monde • p. ECO18 • 1711 mots


Le Monde
Reportage
Type de source
Presse • Journaux
Périodicité L'agrivoltaïsme à la conquête du
Quotidien
Couverture géographique
monde paysan
Internationale
« Le Monde » a suivi un prospecteur foncier chargé de convaincre les
Provenance
propriétaires et exploitants agricoles d'installer des panneaux solaires au-
France dessus de leurs champs et prairies

Jordan Pouille

cret commercial, son employeur a ac-

N
ièvre envoyé spécial - La cepté notre présence à condition que l'on
Peugeot 307 d'Antoine reste évasif sur les lieux prospectés et
Rigalleau affiche 316 000 qu'on ne dévoile pas les identités des
kilomètres au compteur. Depuis près de personnes rencontrées.
six ans, cet ancien professeur d'histoire-
géographie sillonne sans relâche les Pour atteindre les objectifs de dé-
confins de l'Indre, du Cher et de la ploiement du photovoltaïque de la pro-
Nièvre, jusqu'aux portes du Morvan. A grammation pluriannuelle de l'énergie
son bord, Thibault (les personnes citées (PPE), la filière doit trouver du foncier
dont le nom n'apparaît pas ont souhaité pour produire 44 gigawatts (GW) 12
garder l'anonymat), élève ingénieur et GW pour l'instant déjà installés , soit 44
stagiaire. Dans leurs sacoches, des 000 hectares de panneaux d'ici à 2028.
liasses de cartes et de photos satellites : La seule Nièvre vise 2 000 hectares de
un florilège de territoires ruraux panneaux. Parce que le gouvernement
éloignés des zones Natura 2000 et autres veut limiter l'artificialisation des sols et
zones naturelles d'intérêt écologique, que les anciennes friches industrielles
floristique et faunistique. A l'écart, aus- sont une denrée rare le ministère de la
si, des territoires aux appellations d'orig- transition écologique a annoncé, mer-
ine contrôlée, des vignobles prestigieux, credi 3 novembre, sa volonté d'équiper
des campagnes pittoresques où les des friches pour la production de 8 GW
néoruraux aiment s'installer. de friches , l'agrivoltaïsme est une voie
de plus en plus explorée.
M. Rigalleau est prospecteur foncier
dans l'agrivoltaïsme, après avoir oeuvré Généralement, M. Rigalleau est reçu
pendant cinq ans dans l'éolien, qui sus- dans la cuisine. L'hôte et l'invité s'ap-
cite beaucoup de contraintes et des op- privoisent en parlant météo. Au gré des
© 2021 SA Le Monde. Tous droits réservés. Le positions. A raison de trois à quatre rencontres, il a mis au point des
présent document est protégé par les lois et conven-
tions internationales sur le droit d'auteur et son utilisa-
jours toutes les trois semaines pour le brochures pédagogiques, avec photos et
tion est régie par ces lois et conventions. compte d'un promoteur francilien, il part croquis simplifiés. Il les complète de
Certificat émis le 7 novembre 2021 à UNIVERSITE-DE- à la conquête des terrains agricoles sus- formules bien rôdées : « On propose de
GRENOBLE à des fins de visualisation personnelle et tempo-
raire.
ceptibles d'accueillir des panneaux so- louer le volume d'air au-dessus de vos
news·20211105·LM·7895008
laires suspendus. Pour respecter le se- parcelles pendant trente ans » est l'une

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d'elles. Puis, il parle argent : « 1 000 eu- de revenus. « Vous avez des garanties ? « La chambre d'agriculture veillera,
ros par hectare et par an : 300 pour le » « Le préfet valide le projet, la cham- comme le préfet, à ce qu'une véritable
propriétaire, 700 pour l'exploitant. » bre d'agriculture et nos banques aussi : activité agricole soit maintenue. Pas
cela fait déjà trois garanties » , répond question de chasser l'exploitant, il y a un
« Bloqué pour trente ans ? » le prospecteur. code rural pour le protéger », prévient
le prospecteur : « Bon, on va poursuivre
Cette somme concerne les prairies d'él- Le rendez-vous suivant est au petit bon- notre chemin. Mais n'hésitez pas à en
evage, qu'il convoite en priorité, où de heur la chance. Antoine privilégie les parler à vos enfants ! »
larges panneaux orientables peuvent être appels aux courriers, mais cette fois, im-
installés au sommet de poteaux de trois possible de joindre les propriétaires : un Antoine Rigalleau doit récupérer le
à quatre mètres de hauteur, sur 50 % chantier de fibre optique a coupé les relevé de la Mutualité sociale agricole
de la surface, et sans gêner les bêtes au lignes téléphoniques depuis cinq jours, d'un paysan avant la tombée du jour. Il
sol. Pour des champs de grande culture, et la 3G n'est captée que dans le jardin. veut s'assurer de l'étendue de ses terres,
seule 20 % de la surface est envisagée Sur place, un patou est à l'affût. Une dans une zone où les baux verbaux et
en panneaux, soit 400 euros par hectare chaîne le retient. « Il ne mord que les les échanges de parcelles informels en-
et par an. Selon la législation actuelle, poules et les jambes des ferrailleurs. tre exploitants sont légion. Sa ferme est
les installations de panneaux font perdre Entrez ! » C'est un couple de Wallons délabrée, la toiture menace de s'effon-
l'éligibilité aux aides de la politique installé depuis quarante-sept ans. Leurs drer, des vaches déambulent entre deux
agricole commune (PAC), ce qui rend trois enfants ont quitté la Nièvre à leur épaves de Peugeot 205. Mais ses pâtures
l'argument plus complexe à vendre. M. majorité. « On a onze petits-enfants ! remplies de ronces sont en pente, et ainsi
Rigalleau doit tout de même boucler des Plus un, fini aux trois quarts. » Antoine mieux exposées au soleil. Il y a cinq
projets de plusieurs dizaines d'hectares Rigalleau embraye sur sa progéniture : ans, Marcel avait déjà donné un accord
: « Comme ça, même en s'éloignant de « Mes parents à moi les appellent les de principe pour accueillir une éolienne.
15 km du réseau sur lequel se raccorder, "chic-ouf". C'est chic quand ils arrivent, Sauf que le dossier n'a pas beaucoup
cela reste viable. » ouf quand ils repartent. » L'ambiance avancé, alors une nouvelle proposition
se réchauffe. Suzanne sert de l'eau de lui est faite, dans le solaire, cette fois.
En ce midi de la fin octobre, un rendez-
source du village, la source de La
vous est pris dans un village sans com- « Nécessité d'un moratoire »
Gueule du loup. « Elle est officiellement
merce. La crise liée au Covid-19 a
non potable, mais ici, tout le monde en
même eu raison du dernier gîte. La pre- La rente s'annonce moins élevée, mais
boit. Il paraît que ça soigne le psoriasis.
mière boulangerie se trouve à 15 km. les chances d'aboutir sont réelles : « Et
Il serait temps qu'on la fasse analyser. »
Sébastien élève des bovins. Ses pâtures vous me paierez pour élaguer régulière-
sont éparses. Ses bêtes sont en stabula- Ce couple est propriétaire de terrains ex- ment ? » Marcel s'imagine que son ter-
tion près d'une église romane du XIIe ploités par un éleveur. A M. Rigalleau, rain perdu aux confins de la Nièvre est
siècle. Ses parents écoutent les échanges ils souhaitent apporter 17 hectares, les décidément bien attrayant : « Comme
avec attention. « Moi, j'appartiens à un plus éloignés de leur longère, pour ne les technologies changent tout le temps,
syndicat qui sait nous défendre », avertit pas gâcher la vue. Mais les relations si d'autres viennent avec des projets in-
l'agriculteur, vigilant. Il explique avoir, avec l'éleveur sont délicates, et l'idée de téressants, si je signe avec vous, je suis
un jour, survolé le Loir-et-Cher en lui verser 70 % de la rente agrivoltaïque bloqué pour trente ans, c'est ça ? » « Si
ULM, découvert des champs solaires, les rebute : « Pourquoi ne pas les ex- nous sommes là, il y a peu de chances
sur des friches, et souhaiterait en savoir ploiter nous-mêmes ? Je peux y faire du pour qu'un autre promoteur s'installe ici
plus. Il sait que les éoliennes ne vien- fourrage ! » « Du fourrage, à ton âge aussi » , confirme le prospecteur. « Bon,
dront jamais ici, à cause du passage ? Tu n'y penses pas ! », dit en plaisan- laissez-moi encore réfléchir avant de
fréquent d'avions de chasse. Puis il ex- tantl'épouse. L'homme guette en vain un signer un accord de principe. Pas ques-
plique que le prix de la viande est à regard approbateur auprès du tion de m'embarquer dans un truc et de
peine plus haut que son coût de produc- prospecteur foncier. le regretter après », répond l'agriculteur.
tion, alors il lui faut une autre source M. Rigalleau acquiesce. Dans la voiture,

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il s'interroge : « Cela fait deux fois qu'il chiens enfermés dans des caravanes. At-
temporise. Pourquoi n'ai-je pas insisté tention, on arrive après des mois, voire
? Peut-être que je ne le sentais plus. Et des années, de procédure ! A ce mo-
puis, c'est difficile pour des agriculteurs ment-là, les animaux sont très mal en
de se projeter dans trente ans, alors point, traumatisés, ils se méfient des
qu'ils vont bientôt partir à la retraite, hommes. »
sans repreneur derrière. En tout cas, je
ne tiendrai jamais la main d'un vieil Si le vétérinaire leur épargne l'équarris-
homme pour qu'il signe. » sage, Mickael les emporte, les remet
d'aplomb en cinq ou six mois, puis les
L'activisme de M. Rigalleau n'est cepen- revend. « Ils retournent sur le circuit
dant pas bien vu par tous. Elu à la cham- normal, jusqu'à l'abattoir. Au moins, je
bre d'agriculture de la Nièvre au nom ne les laisse pas dans leur merde,
de la Confédération paysanne, Denis comme certaines associations qui les fil-
Sanchez organise des réunions ment, puis se barrent. » Mickael bi-
publiques : « Il est grand temps d'alerter furque enfin sur le solaire et se montre
les élus comme les citoyens. Nous les arrangeant : « Vous aimeriez cinq à sept
sensibilisons à la nécessité d'un mora- propriétaires pour vos panneaux, mais
toire dans le Nivernais, car tout est flou. il faut qu'ils se mettent bien avec l'ex-
On parle de zéro emprise au sol, mais ploitant... C'est compliqué, non ? Avec
ces panneaux ne tiennent pas tout seuls. mon frangin, j'ai 50 hectares en pro-
Et qu'ils ne nous disent pas qu'ils ap- priété, dont 34 hectares d'un seul tenant.
portent de l'ombre aux animaux : si on »
veut de l'ombre et de l'humus pour le
sol, on plante des allées d'arbres. Je sais Antoine Rigalleau sait combien un pro-
bien que la politique du gouvernement jet ne profitant qu'à une poignée
va dans le sens du photovoltaïque, mais provoque des oppositions : dans l'éolien,
l'agriculture ne doit pas servir d'otage de nombreux panneaux « Non aux éoli-
à cette technologie, et le paysan ne doit ennes ! » fleurissent le long des départe-
pas devenir un prestataire de services mentales pour cette raison. « Un projet
au profit de l'industrie de l'énergie. » avec plusieurs exploitants et à cheval
sur plusieurs communes aura plus de
Dernier rendez-vous avec un négociant chances d'aller au bout. Donc, si vous
d'animaux ou maquignon. Une belle Au- me dites : "moi j'ai deux ou trois copains
di noire est garée sur le gravier. Un ap- exploitants intéressés", je préfère. » On
pareil de musculation occupe une partie décapsule les canettes, la bière servira à
du salon. Il est 19 heures, et l'hôte pose méditer.
les bières sur la table. Depuis quinze
ans, Mickael va chercher les chevaux PLEIN CADRE
et bovins délaissés, quand leurs proprié-
taires font un burn-out : « Souvent, c'est
le mec qui pète les plombs parce que sa
femme s'est barrée. Alors, il laisse tout
crever... L'autre fois, on était du côté
d'Orléans, un gars au milieu de la pam-
pa, perché. Il y avait 120 bêtes sans
boucles d'oreille, zéro prophylaxie, 36

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Vendredi 5 novembre 2021

La Croix • no. 42156 • p. 6,7 • 662 mots


Nom de la source
La Croix
Type de source En Ecosse, l'éolien est roi
Presse • Journaux
Périodicité Les énergies renouvelables produisent l'équivalent de 97 % de l'électricité
Quotidien consommée en Écosse.Un succès dû au développement depuis plus de
quinze ans de l'éolien.
Couverture géographique
Nationale
Tristan de Bourbon
Provenance
France

dominent le secteur : l'éolien terrestre,

G
p. 6 p. 7 lasgow l'hydroélectrique et l'éolien en mer. « Le
développement des renouvelables va se
De notre envoyé spécial
poursuivre », assure Beth Scott, pro-
À une quarantaine de kilomètres de fesseure d'écologie marine au sein du
Dunbar, charmant village de pêcheurs centre pour la transition énergétique de
de la côte sud-est de l'Écosse, l'une des l'université d'Aberdeen. « Sachant que
plus grandes fermes éoliennes en mer du les réserves de pétrole de la Mer du
monde, la Berwick Bank, va être érigée Nord allaient s'amoindrir rapidement, le
d'ici à 2027. Financée par l'entreprise gouvernement écossais a mis l'accent
SSE Renewables, filiale de l'ancien pro- sur les énergies renouvelables dès le mi-
ducteur public d'électricité SSE, en lieu des années 2000. Ce choix a été
charge des énergies renouvelables, elle facilité par le fait que l'Écosse dispose
sera dotée de 307 turbines réparties sur d'une part importante de toutes les
1 313 km2, et pourra produire 4,1 gi- ressources européennes en matière de
gawatts (GW) d'électricité. Preuve du vent et de courants marins. » En Écosse,
gigantisme de cette installation, cela les éoliennes produisent à pleine puis-
représenterait l'équivalent de l'électricité sance 40 % du temps, contre 25 % pour
consommée par 8 millions de foyers, la moyenne européenne.
soit 3,5 fois la consommation des 2,3
Ce développement du secteur éolien a
millions de foyers écossais.
été favorisé par l'approche originale des
Depuis les accords de Paris, le gou- autorités locales. « Plutôt que de sim-
vernement d'Édimbourg n'a pas relâché plement consulter la population, comme
ses efforts dans le déploiement des én- c'est normalement le cas, des rencontres
ergies renouvelables. En 2015, l'Écosse ont été organisées avec les différents ac-
produisait déjà l'équivalent de 59 % de teurs de l'économie et de la société pour
l'électricité consommée via des sources permettre un véritable dialogue, indique
d'énergie renouvelables ; ce taux at- la chercheuse. Leur avis a ensuite été
teignait 97 % fin 2020. La production pris en compte dans le processus de dé-
© 2021 la Croix. Tous droits réservés. Le présent cision de l'installation des infrastruc-
document est protégé par les lois et conventions in- d'électricité nationale est telle que la ré-
ternationales sur le droit d'auteur et son utilisation est
gion a exporté en 2019, 17 TW vers le tures. »
régie par ces lois et conventions.
reste du Royaume-Uni, tout en impor-
Certificat émis le 7 novembre 2021 à UNIVERSITE-DE- La ferme éolienne de Whitelee est
GRENOBLE à des fins de visualisation personnelle et tempo-
raire.
tant 1,1 TW.
symptomatique de cette volonté de
news·20211105·LC·o4lx-1452767

Trois sources de production d'électricité transparence et ce travail de conviction

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21
envers les habitants. Lancé en 2009 à
vingt km du centre de Glasgow, il s'agit
du plus grand parc terrestre d'Écosse,
mais aussi du Royaume-Uni : 215 éoli-
ennes de 110 à 140 m de haut, réparties
sur 78 km2 de forêt et de lande. Il dis-
pose d'une capacité installée de 539
MW. Sa spécificité : les 130 km de
chemins sont entièrement accessibles au
public et un centre a été construit pour
les visiteurs. Et les gens s'y pressent.

Comme cette famille réjouie de « faire


prendre l'air aux enfants tout en se
promenant dans de jolis paysages ». Ou
ce groupe d'élèves d'une école voisine.
« Les enfants peuvent voir les éoliennes
depuis leur salle de classe, donc cette
visite est très concrète pour eux », té-
moigne leur professeur. Lin Burgoyne,
qui habite non loin, sourit en visitant
l'exposition sur les différentes variétés
d'énergies renouvelables : « Toutes les
distilleries de whisky du pays disposent
d'un centre d'accueil pour les visiteurs.
Sauf qu'ici, ils n'ont rien de tangible à
vendre, si ce n'est l'idée de l'énergie
verte. »

L'Écosse n'a pourtant pas encore gagné


son pari. Malgré l'impression de gigan-
tisme de ces champs d'éoliennes, les
sources d'énergie renouvelable
représentent moins d'un quart de toute
l'énergie consommée dans la région. En
effet, le chauffage des logements (50 %
de l'énergie consommée) et les trans-
ports (24 %) échappent en quasi-totalité
au renouvelable. En 2017, le gouverne-
ment d'Édimbourg s'était fixé l'objectif
d'atteindre 30 % de renouvelable dans la
consommation totale d'énergie en 2020 -
on a atteint 23 % cette année-là - et 50 %
en 2030. En Écosse, le secteur éolien a
encore de beaux jours devant lui.

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Vendredi 5 novembre 2021

Nom de la source Le Monde • p. 28 • 917 mots


Le Monde
Type de source
Presse • Journaux
L'océan, grand oublié de la COP26
Périodicité Martine Valo (Service Planète)
Quotidien
Couverture géographique
océanique » lancé au niveau ministériel

L'
Internationale
Provenance
océan n'est pas une étendue afin d'inciter « la communauté mondi-
France d'eau qui se contenterait ale à prendre des mesures ambitieuses
d'occuper 71 % de la sur- en faveur de la santé des océans » .
p. 28 face de la planète. Par ses dynamiques
biologiques, chimiques, physiques, par La séquence peut être vue comme un
sa circulation même, il constitue en réal- minimum ou bien comme un progrès re-
ité une sorte de salle des machines fon- latif. Car l'océan mondial ne figurait pas
damentale qui permet, depuis l'origine, au programme des COP avant celle de
la vie sur Terre. Et depuis que les activ- Paris, en 2015. Sa timide apparition
ités humaines ont fait s'envoler les émis- d'alors a donné lieu à la publication,
sions de gaz à effet de serre (GES) dans quatre ans plus tard, du rapport spécial
l'atmosphère, cette fantastique pompe à établi par le Groupe d'experts intergou-
carbone opère comme un gigantesque vernemental sur l'évolution du climat
régulateur qui a, jusqu'à présent, ralenti (GIEC) sur « l'océan et la cryosphère
le rythme du changement climatique et dans le contexte du changement clima-
donc la violence de ses impacts. Sans tique . Malgré l'ampleur saisissante des
ses interactions avec l'atmosphère, la catastrophes annoncées, peu de déci-
chaleur serait déjà intenable autour du sions se sont ensuivies.
globe. L'océan absorbe plus de 90 % du
surplus d'énergie dû à la concentration Des « dead zones » le long des côtes
accrue de ces GES anthropiques et 30 %
Pourtant, le premier puits de carbone de
du carbone émis chaque année par les
la planète, c'est bien lui, l'océan. Il s'en
humains. Depuis 1870, il en aurait
sature toujours davantage sous forme de
séquestré 155 milliards de tonnes.
gaz dissous dans l'eau et dans une moin-
Mais jusqu'à quand pourra-t-il remplir dre mesure de carbonates et de matière
ce rôle ? Cette question en somme, celle organique qu'il retient dans ses couches
de la résilience de l'océan tarabuste les profondes pour quelques millénaires.
scientifiques mais ne s'est pas encore Plus les activités humaines affectent
vraiment diffusée parmi les décideurs l'état de la planète, plus il se gonfle sous
politiques. C'est du moins ce que laisse l'effet de la chaleur qu'il ingurgite et des
présager la faible place qui lui est glaces qui fondent. Plus il s'acidifie aus-
réservée à la Conférence sur les change- si. Alors l'équilibre complexe de cette
© 2021 SA Le Monde. Tous droits réservés. Le
présent document est protégé par les lois et conven- ments climatiques, qui se tient jusqu'au fantastique pompe pourrait-il atteindre
tions internationales sur le droit d'auteur et son utilisa-
12 novembre à Glasgow, en Ecosse. un jour un point de basculement ?
tion est régie par ces lois et conventions.
Vendredi 5 novembre est programmée
Certificat émis le 7 novembre 2021 à UNIVERSITE-DE-
GRENOBLE à des fins de visualisation personnelle et tempo- La plate-forme Océan et climat rend
raire. une table ronde sur la « finance bleue »,
souvent compte de l'inquiétude des sci-
news·20211105·LM·7894713
suivie par un appel solennel à « l'action
entifiques qui observent les modifica-

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tions de la température de l'eau, des pêcheurs ne progressent plus depuis les
courants marins et de la production bi- années 1980 malgré la sophistication
ologique des milieux marins. Toutes ces croissante de leur matériel.
évolutions pourraient affaiblir leurs ca-
pacités de séquestration et être au con- Même si les scientifiques demandent da-
traire « responsables d'une augmenta- vantage de moyens pour avancer dans
tion supplémentaire du CO2 atmo- la connaissance, le diagnostic est désor-
sphérique » considérable, estiment-ils. mais posé. Que pourraient bien y faire
Après tout, n'observe-t-on pas déjà ce les chefs de gouvernement réunis à
genre de rétroaction négative dans les Glasgow, eux qui ne parviennent déjà
forêts trop dégradées ? Au Brésil, ces pas à s'accorder sur l'avenir du charbon
dix dernières années, celle d'Amazonie ni sur les subventions qu'ils accordent
a rejeté plus de CO2 (environ 18 %) aux énergies fossiles ? D'ailleurs, l'état
qu'elle n'en a retenu dans sa biomasse. de santé de l'océan se joue aussi sur
d'autres scènes. Au sein de l'Autorité in-
Bien que le sort des microalgues ternationale des fonds marins par exem-
émeuve moins l'opinion que celui des ple, où les Etats se préparent à exploiter
grands arbres, l'océan mérite davantage les ressources minérales jusque dans les
le titre de « poumon de la planète » que abysses. Ou encore à la Commission
les forêts tropicales. La photosynthèse pour la conservation de la faune et de
du plancton végétal lui permet, comme la flore marines de l'Antarctique
les plantes vertes, d'absorber du CO2 et (CCAMLR). Le 29 octobre, pour la
de rejeter du dioxygène, que nous cinquième année d'affilée, l'Union eu-
respirons pour une bonne part. Ce ropéenne et les vingt-cinq Etats qui y
phénomène subit fortement l'augmenta- siègent ne sont pas parvenus au consen-
tion de la température : plus l'eau est sus nécessaire pour créer de nouvelles
chaude et plus la quantité d'oxygène dis- aires marines protégées dans l'océan
sout se réduit. Elle a diminué de près Austral, sur lequel ils sont précisément
de 2 % par décennie depuis 1960. Le chargés de veiller.
phénomène est visible à l'oeil nu près
des côtes : la biodiversité marine s'as- Du côté de l'Organisation des Nations
phyxie, les « dead zones », que fuit tout unies, l'urgence à agir pose aussi ques-
organisme vivant qui le peut, se multi- tion. Les négociations internationales
plient. sur un futur traité juridiquement con-
traignant pour la conservation et l'util-
Or du phytoplancton, qui constitue la isation durable de la biodiversité en
base de la chaîne alimentaire de la faune haute mer, au-delà des juridictions na-
marine, jusqu'aux baleines, tous par- tionales, n'ont toujours pas abouti. Le
ticipent au cycle naturel du carbone lors lancement de ce processus remonte à
de leur décomposition notamment. 2012.
L'acidification de plus en plus impor-
tante affecte de surcroît de nombreuses
espèces au moment où se forment leurs
squelettes, carapaces ou oeufs et dans
leurs performances de croissance. Dans
le monde, les volumes de poissons et
produits de la mer capturés par les

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Vendredi 5 novembre 2021

Nom de la source Les Echos • no. 23574 • p. 10 • 539 mots


Les Echos
Type de source A la COP26, la lutte contre le
charbon avance à petits pas
Presse • Journaux
Périodicité
Quotidien
Couverture géographique
JOEL COSSARDEAUX
Nationale
La COP26 a enregistré jeudi deux engagements de coalition d'Etats
Provenance contre les énergies fossiles.
France
L'un vise à mettre fin aux aides publiques accordées en leur faveur,
p. 10 l'autre à cesser d'en utiliser pour produire de l'énergie électrique.

les grands pays producteurs et consom-

H
aro sur le charbon et surles mateurs de charbon, en tête desquels la
autres ressources fossiles ! Chine, suivie de l'Australie, de l'Inde et
Les Etats montent en ligne du Japon, en sont absents.
pour en finir avec ces fauteurs des
grandes troubles climatiques qui sec- Demi-succès britanniques
ouent la planète. Vingt et un d'entre eux
et quatre banques de développement ont La France a un pied dans l'accord via
ainsi annoncé jeudi à Glasgow,au l'Agence française de développement
cinquième jour de la COP26, la conclu- (AfD), mais pas l'Etat directement. Le
sion d'un pacte qui les engage à mettre gouvernement « laisse la porte ouverte
un terme d'ici à 2022 aux aides au soutien à des projets gaziers et
publiques qu'ils accordent aux projets pétroliers via son agence de crédit à
portant sur le développement de ces én- l'exportation, en contradiction profonde
ergies très polluantes. avec l'urgence climatique » , regrette
Lucie Dufour, de l' « International Insti-
Un pacte qui n'a rien d'anodin sachant tute for Sustainable Development » .
que le Canada et les Etats-Unis, où ces
ressources sont largement extraites et Cet engagement à sortir du charbon a été
exploitées, l'ont signé. « Investir dans conforté jeudi par un autre serment col-
des projets liés aux combustibles fos- lectif. Celui prêté par une quarantaine de
siles non assortis de systèmes de capture pays à mettre un terme à sa consomma-
du carbone comporte de plus en plus des tion pour produire de l'électricité. Ils se
risques sociaux et économiques » , y est- donnent entre les années 2030, pour les
il notamment affirmé. pays les plus riches, et les années 2040
pour les plus pauvres, pour finaliser leur
Indéniable, le succès de cette initiative, « sevrage » . Parmi les signataires fig-
à mettre à l'actif de la présidence britan- urent le Vietnam, le Chili, la France et
© 2021 Les Echos. Tous droits réservés. Le
présent document est protégé par les lois et conven- nique de la COP26, est cependant loin la Pologne dont plus des deux-tiers de
tions internationales sur le droit d'auteur et son utilisa-
tion est régie par ces lois et conventions. d'être total. Le pacte n'est pas contraig- l'électricité produite sont d'origine fos-
nant. Il prévoit de permettre aux Etats de sile.
Certificat émis le 7 novembre 2021 à UNIVERSITE-DE-
GRENOBLE à des fins de visualisation personnelle et tempo-
raire. déroger à la règle dans certaines circon-
news·20211105·EC·070261247295
stances qui restent à préciser. Surtout, Là encore le gouvernement britannique
a été à la manoeuvre pour conduire cette

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25
initiative dont la portée, malgré ces «
prises de guerre », s'annonce pour
l'heure très mesurée. Plusieurs pays ont
déjà pris cet engagement repris par
d'autres dont le poids charbonnier est
infime, sinon inexistant. Y figurent no-
tamment les Maldives, les îles Marshall
où encore le Pays de Galles, comptabil-
isé comme Etat et qui ne compte plus
qu'une poignée de mines.

Londres avait formaté cette initiative «


anti-charbon » de telle sorte que 190
pays souscrivent à cet engagement, là
encore non contraignant. On en est loin.
A ce stade, on ne voit pas comment des
pays comme la Chine, l'Inde, l'Indonésie
ou la Turquie, qui prévoient de constru-
ire nombre de nouvelles centrales à
charbon dans les prochaines années,
peuvent en même temps souscrire à cet
objectif. L'Australie est également ab-
sente. Quant aux Etats-Unis, ils gardent
le silence sur leurs intentions.

Joël Cossardeaux

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Vendredi 5 novembre 2021

Nom de la source Les Echos • no. 23574 • p. 10 • 574 mots


Les Echos
Type de source Pétrole : l'Opep et la Russie
résistent à la pression de
Presse • Journaux
Périodicité
Quotidien
Couverture géographique
Washington
Nationale VINCENT COLLEN
Provenance
France L'alliance de grands Etats producteurs n'augmentera pas sa
production plus que prévu le mois prochain, rejetant l'appel de Joe
p. 10 Biden qui souhaite un reflux des cours du brut.

Joe Biden a lui-même pris la parole cette

L'
Opep et la Russie n'ont pas semaine, à la Cop26 de Glasgow, pour
cédé à la pression. Alors réclamer une hausse plus franche de la
que les pays consomma- production. Le prix de l'essence est au
teurs de pétrole subissent de plein fouet plus haut depuis 2014 dans les stations-
la remontée des cours du brut, l'alliance service aux Etats-Unis. L'Asie et l'Eu-
des Etats exportateurs a décidé jeudi de rope sont frappées elles aussi. En
maintenir son cap. Les treize pays du France, le litre de gazole n'a jamais été
cartel et leurs dix alliés augmenteront aussi cher.
leur production de pétrole de 400.000
barils le mois prochain, comme le « L'Opep et ses alliés risquent de plus
prévoit leur accord. Mais pas plus. . en plus un retour de bâton des Etats-
Unis, de la Chine, du Japon et de l'Inde,
Riyad et Moscou ont choisi d'ignorer les qui réclament tous une hausse de pro-
appels de plus en plus pressants des pays duction plus importante » , écrit Ehsan
consommateurs, qui s'inquiètent du re- Khoman, analyste de la banque MUFG.
tour de l'inflation. Les 23 Etats contin- Le marché mondial est déséquilibré
ueront à restreindre volontairement leur depuis un an : l'offre est inférieure à
production, à hauteur de 4 millions de la demande et les stocks ont fortement
barils par jour, soit une restriction de baissé, attisant la tension sur les prix.
l'offre mondiale de 4 %.
L'Opep et la Russie ont de bonnes
Joe Biden monte au créneau raisons, pourtant, de rester prudentes,
car les fondamentaux du marché sont
Un allégement progressif des quotas est
appelés à changer rapidement. « Le
programmé jusqu'au début de l'année
déséquilibre n'est pas si grand que cela
prochaine, mais à un rythme trop lent
et il sera bientôt résorbé , explique
pour faire baisser la tension. Le baril de
© 2021 Les Echos. Tous droits réservés. Le James Davis, analyste chez FGE. L'offre
présent document est protégé par les lois et conven-
brent s'appréciait de 0,3 % jeudi après-
devrait à nouveau être supérieure à la
tions internationales sur le droit d'auteur et son utilisa- midi, à plus de 82 dollars. Les cours se
tion est régie par ces lois et conventions. demande dès le premier semestre de
sont envolés de 65 % depuis le début
l'année prochaine » . « L'Arabie saou-
Certificat émis le 7 novembre 2021 à UNIVERSITE-DE-
GRENOBLE à des fins de visualisation personnelle et tempo- de l'année, dépassant le niveau d'avant la
raire.
dite et la Russie considèrent que la
news·20211105·EC·070261159714 pandémie.
hausse des cours n'est que temporaire »

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27
, décrypte Ann-Louise Hittle, du cabinet
Wood Mackenzie.

Les analystes de MUFG prévoient une


forte baisse l'an prochain : le baril de
Brent retomberait à 65 dollars fin 2022.
Les 23 pays alliés ont au moins deux
raisons supplémentaires de rester cir-
conspects. D'abord, la production de
pétrole américaine, qui a marqué le pas
depuis le début de la crise sanitaire, est
en train de repartir. De quoi peser sur les
cours mondiaux.

Ensuite, l'Iran : la production de la


République islamique est aujourd'hui
bridée par l'embargo américain. Si les
négociations sur le nucléaire avec les
puissances occidentales aboutissent, les
exportations iraniennes repartiront de
l'avant. « Cela représenterait quelque
1,5 million de barils quotidiens en plus
» , rappelle Guy Maisonnier, économiste
à IFPEN.

En allégeant les quotas dès maintenant,


l'Opep et la Russie risqueraient ainsi de
devoir revenir en arrière dans quelques
mois. « Cela compliquerait la conclu-
sion d'un accord entre les différents
membres de l'alliance, alors que la co-
hésion du groupe est à nouveau forte
actuellement » , poursuit Guy Maison-
nier.

Vincent Collen

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