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*Extrait remanié
d'un mémoire présenté à I'Ecole Supérieure de Navigation (Anvers) en 1986 pour
I'obtention de la licence en Sciences Nautiques.
**Licencié
en Sciences Nautiques, capitaine au long cours.
2. A I'ouest de Singapour
Des rapports font état de vols à main armée à bord de navires dans le golfe du
Bengale, à l'ouest de Singapour. Quoiqu'il ne s'agisse, somme toute, que d'un vol
banal, la mésaventure du pétrolier belge de 32.214 t, le m/t "Maaskant,' mérite
d'être racontée.
Le 28 décembre 1983, le m/t
"Maaskant" était à I'ancre, au large de Madras,
lorsqu'en début de soirée, des voleurs ont dérobé une toute nouvelle amarre qu'ils
onttenté d'emporterà bord d'une barque mue à I'aviron. Avertiparl'otficierdequart
à la passerelle, le commandant Farhat Shamin a fait déborder un canot et s'est fait
accompagner de 7 membres d'équipage pour poursuivre les voleurs qui, etfrayés,
ont rejeté I'amarre à la mer. Heureuse de récupérer son amarre, l'équipe du capt.
Shamin a abandonné la poursuite et a rejoint le bord.
D'autres incidents concernant des navires marchands au large de Madras, on
été signalés et figurent au répertoire des incidents rapportés, mais semblent
insignifiants à côté de ceux de la région de Singapour. Des incidents plus graves
imputés aux séparatistes Tamouls auraient aussi eu lieu dans le détroit de Palk,
entre I'lnde et l'île de Sri Lanka.
Les pêcheurs bengalis seraient, eux, traqués par des bandits thailandais,
causant un préjudice que les autorités de Dacca estimaient en 1985 à deux millions
de dollars. Les pirates thai's arraisonnent les chalutiers bengalis, volent les
cargaisonsetfontprisonniers les pêcheurs, quand ils ne les jettentpasdirectement
par-dessus bord. En février 1986, trois cent cinquante pêcheurs bengalis avaient
déjà disparu. Cette situation a amené le Bangla Desh à devoir protégerses propres
chalutiers par des vedettes rapides, autorisées à prévenir les abordages au canon
si nécessaire(4).
3. La région de Singapour
4. A l'est de Singapour
4.1.2. Le m/s
"OrientalAmbassador"; le 14 mai 1980
Le 14 mai 1980, un cargo britannique de 24.037 t a été abordé dans la baie de
Manille par une bande de voleurs armés d'armes automatiques. Le commandant
Dyason, qui tentait d'écarter un revolver de sa nuque, a été abattu d'une rafale de
fusil à répétition, tandis qu'un mécanicien a été blessé. Cinq d'entre eux furent plus
tard arrêtés par les garde-côtes philippins. lls faisaient partie d'une bande de huit
connue sous le nom de gang "Morning Glory".
6. Le golfe de Siam
6.2. Les conséquences pour les réfugiés rescapés des attaques de pirates
Des centaines de victimes sont mortes, ont été blessées ou battues, certaines,
désespérées et craignant une nouvelle attaque, se sont suicidées en se jetant par-
dessus bord. De nombreuses familles de réfugiés ont été déchirées. Mais les plus
traumatisés par ces attaques sont certainement les enfants et les femmes.
Des enfants, qui ont été maltraités ou terrorisés. par des pirates armés et
sauvages, risquent d'en garder longtemps les séquelles. lls se souviendront
toujours des scènes de viol ou d'enlèvement de leur propre mère. Si Tran, une
petite réfugiée de 8 ans au camp de Songkhla, ne garde qu'un souvenir vague
d'une de ces attaques, elle n'esttoutefois pas prête d'oublier une scène quia pour
toujours jeté un voile sur sa spontanéité: quand des pirates étaient montés à bord
de leur bateau, elle s'était blottie contre sa mère en fermant les yeux et n'entendait
que des cris; un pirate I'a arrachée à sa mère qu'elle n'a jamais revue.
Même des petitesfilles de 6 ans ont été sexuellement agressées. Leurdétresse
peut se résumer en une petite phrase d'une adolescente de 1 1 ans:
"C'est comme
si on avait volé mon Au drame humain s'ajoute une multitude de
"rlsnçs"(17).
conséquences psycho-sociales. Tu Khuong Schroeder-Dao, psychologue, a pu-
blié en anglais une étude sur les victimes de viols parmi les réfugiés de l'île de Pulan
Bidong(18). Le résumé que je produis ci-dessous estextraitde I'article d'Amar paru
dans la revue "Réfugiés"(19).
"A priori, le viol est considéré comme une fatalité et I'on note une certaine
résignation face à cet *accident inévitable", moindre mal par rapport aux risques
de mortencourus parles boatpeople quisetrouventface à une attaque de pirates.
D'autre part, une femme acceptera d'autant plus facilement de seruir de bouc
émissaire, de se "sacrifier au viol", si I'ont peut dire, qu'elle peut sauver les
membres de sa famille en fuite. Elle sait également que si elle oppose de la
résistance, si elle crie ou se débat, elle peut se faire jeter à la mer ou se faire tuer.
Alors, son système d'auto-défense peut être l'évanouissement pendant le viol, un
trou de mémoire quifait oublier l'événement... Suruivre, même à ce prix, c'est la
volonté consciente et instinctive la plus torte. Mais la femme entre aussitôt en
contradiction avec le système de valeur de la société sino-vietnamienne qui,
traditionnellement, lui demande de préseruer son corys et sa virginité. Le viol brise
alors son héritage socio-culturel,ladévalue, la marginalise etéclabousse I'honneur
de sa famille. Fait significatif , la femme n'en parlera jamais à ses proches restés au
viêt-nam. D'une façon ou d'une autre, la femme se sentira
"éjectée de la société".
voyageuse sans bagages, démunie de tout bien matériel, elle est alors dépossé-
dée de son identité culturelle.
Le viol ayant lieu sous les yeux d'autres boat people, lavictime se sent rejetée
par ceux qui ont *laissé faire", qui n'ont pas pu interuenir. En fait, tes boat peopte
ne se prémunissent jamais contre le viol et ne transportent pas d'armes à bord.
Au début des années 1 980, I'opinion publique internationale a découvert avec eff roi
le drame que vivaient quotidiennement les réfugiés d'lndochine. De nombreux
comités se sont formés afin de récolter des fonds pour aider ces réfugiés et de
mener une campagne de pression contre les gouvernements de certains pays du
Sud-Est asiatique. Ceux-ci ont reçu des milliers de lettres de sympathisants de ces
comités.
D'un autre côté, ces comités, aidés par des organismes otficiels comme la
"Croix Rouge lnternationale", "Médecins sans Frontières", etc., ont récolté des
fonds pour venir en aide aux réfugiés. Ces fonds ont notamment permis d'affréter
des navires qui ont, parfois conjointement avec des navires militaires américains,
français, thailandais, et autres, recueilli des milliers de "boat people" dérivant en
mer. Voici ci-dessous les noms de quelques-uns de ces navires affrétés par des
organismes privés en vue de porter secours aux réfugiés.
Notes
(1) DeschampsH., PimtesetFtibustiers, Presses Univorsitairesde France-Collection.Ouesais-je?" 554, Paris 1973
pp.107-114
(2) lbid.
(3) British Admiralty Chart 5399, South Pacific and Eastem paû of the lndian Ocean,'fauton 1981'
(4\ Des canons contre les plntes "thai's", in Thalassa, ?/1986 p. 17
(5) British Admiralry Chaft2757.
(6) Kay Tot H., SlË.its pirates - Malaysian ship aftacked,in Bangkok Posl 021985.
(7) Trenteirois passagers d'un navirc ont été tués pat des pirates au large de Ia Malaysie, in Le lilain,2410811984.
(8) Piraten vallen Maleysische stad aan, in Gazet van Antweryen, 24/o9h985.
(9) Mtlller G.O.W. & Adler F., Outlaws of the Ocean, Hearst Marine Books, New York, 1985.
(1O) Piracy and armed robbery agaLhstshrpg IMO-MSC 50/19/3 - submitted by Singapore 19/10/1984.
(11) Anti-piracy expeft rccruited in,lMo News,3/1985, p. 19.
(12) Griip M., Bootvluchtelinge4 Verhandeling voorgedragen tot het verkrijgen van de licentie in Nautische
Wetenschappen. Hogere Zeevaartschool, Antwerpen, 1984-1985.
(13) Santoli A., TheBoatPeoplefleetodeath-orworse-inthepiratesea,inAtlanticMagazine,4-SlO3h984,pp.8-
9.
(14) Billard A., Piates dans le goffe de Siam,in Réfugiés Magazine, No 2 05/198{t, pp.24-26.
(15) Ttagédle en haute men in Rétuglés, No 21 , 09/1 985, p. 34
(16) Norten C. e.a., Seul contrc les piÊtes, in Sélection du Readels Digest,4Tùlavril 1986, pp. 106-115.
( 17) AmarH.C., BoatWomen: L'autrc dimension delapiruterie- Leviol etsesconséquences, in Béfugiés, No 18,06/
1985, pp.30-31
(18) Schroeder DaoT.K., An expeience in counselling women refugee "Boat People"'
(19) Amar H.C., o.c.
(20) Grijp M., o.c. p. 103.
andtheVîetnam€sê, ...*,
(21)
"ys11rt1"6 Ortheprcmise ol bootyorcentules-old nclalantagonlsmbetweantheThaî
ln Cerquone J., vtetnamesê Boat People - Ptrate's vulnenable Prey, US Commlttèe for Refugees, Now York 19&4, p.
7.
(22) Dupont P., Pirates d'aujoutdhui,Ramsay, Paris, 1986, pp. 67s8.
(23) id., p.33.
(2a) id., p. ss.
(25) Kahm H., in N ew Yo rk 7i mes, O4lO7 I 1 984, in H enl d Tribune, O5lO7 I 1 98r'..
(26) Chongkhadikil., Unfah rcpoft on piracy against people", in Banùkok Post, 131071198/..
"boat
(27) Piraterie, in Rétugiés, No 6, 06/1984, p. 8.
(28) Réfugiées vietnamiennes livrées à la prostitution,in Le Soit,120511983, p. 3.
(29\ Boat People: perconne n'en veut plus, on ne les recueille plus, in Le Soin 0d06/1 985.
(3o) Opention to save Viets frcm stoms and pintes,ln New Strait nmes, 14l06/198t1.
(31) Cinqquestions-réponsessurteprcgmmmeanti-piÊteie,in Béfugiés, No2,02/1984, pp.27-28. Burrow R., Nêtls
augmentation des aîestations et condamnations pour pinteie en I 986, in Réfugiés, No 38, 02/1 987, pp' 1 3'1 4.
(32) Grijp M., o.c., pp. 106-116.
(33) tMB, A third repoft into the incidence of piracy and amed robbery from merchant sh,Fs, ICC-IMB, s.1., 1985, pp.
39-41.
(34) id.
(gS) lnlormations transmises par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les rélugiés, à Genève.