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Caractéristiques de l'élevage des bovins de race Lagunaire dans la vallée de

l'Ouémé

Article · December 2018

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7 authors, including:

Serge Ahounou Ignace Dotche

University of Abomey-Calavi University of Abomey-Calavi
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 Revue Internationale des Sciences Appliquées
ISSN-1840-8869
© 2018, EPAC-UAC
Vol1, n°04, 2018, 6-20 Article Original

Caractéristiques de l’élevage des bovins de race Lagunaire dans la

vallée de l’Ouémé
C.P. TOBADA1*, G. HOUEMENOU1, G.S. AHOUNOU 2, O.I. DOTCHE2, C.A.A.G. AHOKPOSSI2, M. DILANON3,
A.K.I. YOUSSAO1,2
1Laboratoirede Recherche en Biologie Appliquée, Ecole polytechnique d’Abomey-Calavi, 01 BP 2009, Cotonou, Bénin.
2Laboratoirede Biotechnologie Animale et de Technologie des Viandes, Ecole Polytechnique d’Abomey-Calavi, 01 BP 2009,
Cotonou, Bénin.
3Centre d’Action Régionale pour le Développement Rural, Département de l’Ouémé et du Plateau, Porto-Novo, Bénin.

*Correspondance : tobacoss2@yahoo.fr

Résumé

Les bovins de race Lagunaire sont surtout élevés au sud du Bénin. Dans le but de décrire l’élevage de cette race, une étude sur les
caractéristiques de l’élevage a été réalisée dans les communes d’Avrankou, Adjohoun et Dangbo. A cet effet, un guide d’entretien a
été administré aux éleveurs et des prélèvements de sang et de bouse de vache ont été réalisés pour la recherche des hémoparasites et la
coprologie. Il ressort de cette étude que la taille moyenne des troupeaux était plus élevée à Dangbo (9,23) qu’à Adjohoun (3,5) et à
Avrankou (4,18) (P<0,001). Les animaux étaient élevés pour la production de viande et sont suivis soit par le propriétaire, soit par sa
femme ou ses enfants ou par ses employés. Aucun éleveur d’Adjohoun et de Dangbo n’abritait ses animaux dans un campement mais
85,71% des éleveurs d’Avrankou disposaient d’un campement pour leurs animaux (P<0,001). L’alimentation des animaux est assurée
exclusivement par le pâturage naturel. Aucun complément d’aliments n’est distribué aux animaux. Tous les éleveurs enquêtés à
Adjohoun et Dangbo abreuvaient leurs animaux dans des cours ou plans d’eau, alors que ceux d’Avrankou les abreuvaient avec l’eau
de puits pendant toute l’année. Tous les éleveurs enquêtés déparasitaient leurs animaux et les vaccinaient contre la pasteurellose. La
prévalence de la trypanosomose a été de 15,39%, 17,65% et 23,08%, respectivement dans les Communes d’Adjohoun, Avrankou et
Dangbo. Les parasitoses gastro-intestinales rencontrées étaient les paramphistomoses et les toxocaroses. La prévalence de la
paramphistomose a été plus élevée à Adjohoun (23,08 %) qu’à Avrankou (5,88%). L’élevage des bovins de race Lagunaire est encore
à l’étape traditionnelle et l’amélioration du système d’élevage doit être envisagée.

Mots clés : typologie, bovin, Lagunaire, Ouémé, production, reproduction

Abstract
Lagune cattle are mainly reared in South Benin. In order to describe this breed’s breeding, a study on the characteristics of Lagune
cattle breeding was carried out in the townships of Avrankou, Adjohoun and Dangbo. Thus, breeders were surveyed based on an
interview guide and blood and cow dung samples were taken for the haematological and coprological analyzes respectively. This study
shows that the average herds size was higher in Dangbo (9.23) than in Adjohoun (3.5) and Avrankou (4.18) (P<0.001). The production
objective was meat production. Animals monitoring was done either by the owner, by his wife or children or by his employees. No
breeder in Adjohoun and Dangbo housed their animals in a camp, but 85.71% of the Avrankou breeders had a camp for their animals
(P <0.001). Animals were fed exclusively on natural pasture. Food supplements were not given to animals. All the surveyed breeders
in Adjohoun and Dangbo watered their animals in rivers while those in Avrankou watered them with water from wells over the year.
All the surveyed breeders treated their animals against parasites and vaccinated them against pasteurellosis. The prevalence of
trypanosomiasis was 15.39%, 17.65% and 23.08% respectively in Adjohoun, Avrankou and Dangbo Townships. The gastrointestinal
parasites diseases encountered were paramphistomoses and toxocariasis. The prevalence of paramphistomosis was higher in Adjohoun
(23.08%) than in Avrankou (5.88%). The breeding of Lagune cattle is still at the traditional stage and the breeding system need to be
improved.

Keywords: typology, Cattle, Lagune, Ouémé, production, reproduction

1.Introduction Peulh, White Fulani et M’Bororo Rouge (Lombo et

L’élevage bovin est pratiqué au Bénin dans deux
principaux systèmes qui sont le système semi-
amélioré dans les fermes d’Etat et le système
traditionnel ou extensif dans les fermes privées
(Youssao, 2015). La grande partie du cheptel est
détenue par le système extensif. Les races élevées
dans ce système sont les Lagunaire, les Somba, les
Borgou et les zébus, principalement, les zébus
al., 2014 ; Youssao, 2015). La quantité de lait et de
viande fournis par ces animaux étaient faibles et
n’arrivent pas à couvrir les besoins de la
population. Dans le cadre de l’amélioration de la
production de viande et du lait au Bénin, des projets
de développement ont porté sur la lutte contre les
dominantes pathologiques, la disponibilité des
fourrages, la création de retenues d’eau, la gestion
de la transhumance, le suivi sanitaire et médical et
6
l’amélioration génétique des animaux (MAEP, et 1500 mm (CeRPA Ouémé-Plateau, 2010). Il
2011 ; Youssao, 2015). Parallèlement, de dispose de quatre saisons réparties comme suit :
nombreux travaux de recherche ont été réalisés une grande saison des pluies (de mars à juillet) ;
pour diagnostiquer les pathologies qui affectent la une petite saison sèche (de juillet à août) ; une
productivité des animaux, notamment les tiques et petite saison pluvieuse (de septembre à novembre)
les maladies transmises par les tiques (de Clercq et ; une grande saison sèche (de décembre à mars).
al., 2012 ; de Clercq et al., 2013 ; Biguezoton et al.,
2016 ; Adéhan et al., 2018), la tuberculose bovine
(Vikou et al., 2018), la fièvre aphteuse (Gorna et
al., 2014), les trypanosomoses bovines (Farougou
et al., 2012) et la brucellose bovine (Noudèkè et al.,
2017a). Les méthodes de lutte contre ces
pathologies à base de plantes et d’autres produits
locaux, ont été ensuite recensées, testées et
diffusées (Adinci et al., 2015 ; Noudèkè et al.,
2017b ; Yessinou et al., 2017, 2018). D’importants
travaux ont été également réalisés pour
l’amélioration des performances zootechniques des
animaux par la génétique (la sélection) et
l’amélioration des pratiques d’élevage (Youssao et
al., 2000a ; Youssao et al., 2000b ; Youssao et al.,
2007 ; Youssao et al., 2009 ; Koutinhouin et al.,
2009 ; Koutinhouin et al., 2010). Toutes ces
actions de recherche et de développement ont
essentiellement porté sur les races autochtones du
Bénin autres que la race Lagunaire et ont contribué
à l’amélioration de la productivité de ces races au
détriment de la race Lagunaire. Cependant, la race
Lagunaire est appréciée par les éleveurs du sud
Bénin à cause de sa résistance aux pathologies. Figure 1 : Zone d’étude sur les caractéristiques de
Cette race a aussi une viande de qualité supérieure l’élevage des bovins de race Lagunaire dans la
à celles des autres races locales (Salifou et al., vallée de l’Ouémé.
2013). Compte tenu de ses faibles performances,
cette race n’est pas utilisée par la plupart des 2.2. Matériels
éleveurs et ceux qui la détiennent mettent en place
des stratégies d’amélioration par des croisements La collecte des données a été réalisée auprès de116
incontrôlés. La faible connaissance de cette race et éleveurs de bovins dont 28 de la Commune
les tentatives d’amélioration incontrôlées font d’Avrankou, 36 d’Adjohoun et 52 de Dangbo. Au
d’elle une race menacée d’extinction. Il est donc cours de cette étude, le matériel utilisé était
indispensable d’améliorer la productivité de la race composé d’une fiche d’enquête, de bovins de race
Lagunaire afin de la faire adopter par les éleveurs Lagunaire, d’un appareil photo numérique pour la
pour sa préservation. Le but de l’étude est de faire prise d’images, puis de matériel de réalisation de
un état des lieux de l’élevage des bovins de race frottis sanguin et d’analyse hématologique et
Lagunaire afin de relever les obstacles à coprologique.
l’amélioration de sa productivité. La fiche d’enquête utilisée renfermait les
informations sur l’identité des éleveurs et la
2. Matériel et méthodes
localisation de l’élevage (nom et prénom, sexe,
2.1. Cadre de l’étude quartier, ethnie, âge, religion, niveau d’instruction
et taille de ménage), les activités des enquêtés, la
La présente étude a été réalisée du 15 juin au 28 situation matrimoniale des éleveurs), les objectifs
juillet 2012 dans les communes d’Avrankou, de production, le mode de constitution du troupeau,
Adjohoun et Dangbo dans le Département de les caractéristiques des habitats, la taille et la
l’Ouémé (figure 1). Ce département est caractérisé structure du troupeau, la gestion du troupeau
par un climat de type subéquatorial avec une forte (alimentation, suivi sanitaire) et les contraintes.
humidité relative de l’air et une température Le matériel utilisé pour la réalisation des frottis
moyenne oscillant entre 25 et 28° C. Sa sanguins était composé de : sang prélevé sur les
pluviométrie est située entre les isohyètes 900 mm animaux, microscope photonique, centrifugeuse,

7
tube à hématocrite, pâte à sceller, aiguilles, lames,
lamelles et huile à immersion. Le matériel de
coprologie était composé de : microscope
photonique, bouse de vache, mortier et pilon,
solution saturée de NaCl, cellule de Mac Master,
portoir, bécher, burettes, tamis, pipettes pasteur,
lames et lamelles.
2.3. Méthodes d’enquêtes
L’enquête a été réalisée par entretien direct avec les
éleveurs de bovins lagunaire et par visite de leurs
exploitations, dans les trois communes. L’effectif
des enquêtés par commune a été retenu en prenant
en compte 20% des éleveurs enregistré par les
Centres Communaux pour la Promotion Agricole
(CeCPA) respectifs. Ainsi, il a été retenu au total
116 éleveurs dont 36 à Adjohoun, 28 à Avrankou
et 52 à Dangbo. Une fois les effectifs fixés, le choix
des éleveurs a été fait de manière aléatoire en
prenant en compte l’accessibilité du troupeau, car
toute la zone d’études est marécageuse et les
données ont été collectées en saison des pluies.
L’accessibilité de l’éleveur à donner les
informations a été également prise en compte. Une
fois l’enquête terminée, le dépouillement a été fait
par l’encodage des données et leur enregistrement
dans une base de données conçue avec le logiciel
Excel. Toutes les informations relatives au
questionnaire ont été désignées par des lettres ou
des chiffres.
2.4. La coprologie
Le prélèvement des selles a été réalisé par la voie
rectale avec un sachet en plastique entre 7 et 9
heures pendant la période de l’enquête. Au total, la
matière fécale de 56 bovins (26 à Adjohoun, 17 à
Avrankou et 13 à Dangbo) a été prélevée. Les
prélèvements ont été conservés à + 4°C pendant 2
jours sur le terrain avant transport au laboratoire
pour l'observation des œufs de parasites. La
technique utilisée pour l'analyse microscopique a
été la méthode qualitative avec concentration par
sédimentation simple. Dans un bécher de 100 ml,
de 5 à 10 g de fèces ont été convenablement triturés
dans 5 à 10 fois leur poids d'eau. La suspension a
été versée à travers un fin tamis pour filtrer les
débris. Le filtrat obtenu a été laissé au repos
pendant 10 à 12 heures dans un tube à essai. Les
4/5 du surnageant du liquide ont été éliminés et le
1/5 restant a été homogénéisé. Quelques gouttes de
la suspension homogène ont été déposées sur la
lame et une goutte de solution aqueuse de bleu de
méthylène (1%) a été ajoutée. Le colorant et la
suspension fécale ont été bien mélangés avant de
procéder à l'examen microscopique complet. Cette
technique a permis de mettre en évidence la
présence des parasites en général.
2.5. Recherche des hémoparasites
La recherche d’éventuels hémoparsites chez les
Lagunaire a été faite à travers l’observation des
frottis de sang au microscope. Le sang a été prélevé
dans la veine auriculaire de 56 bovins Lagunaire
(26 à Adjohoun, 17 à Avrankou et 13 à Dangbo)
par piqûre et recueilli sur une lame. Les frottis
sanguins ont été réalisés avec le sang recueilli et
fixés sur le terrain avec du méthanol. Ces frottis ont
été observés au laboratoire après coloration au
Giemsa. Ainsi, chaque frottis fixé a été plongé
pendant 30 mn dans une solution de Giemsa à
1/200. Les lames ont été ensuite retirées et séchées
pendant presque la même durée et enfin observées
au microscope photonique au grossissement X100.
2.6. Analyse statistique
Après le dépouillement et l’encodage, les données
ont été analysées avec le logiciel SAS (Statistical
Analysis System, 2013). Les moyennes ont été
calculées par la procédure Proc means. La
procédure Proc GLM a été utilisée pour l’analyse
de variance. Le test de F a été utilisé pour évaluer
l’effet régional sur les variables considérées. Les
comparaisons entre les moyennes ont été faites
deux à deux par le test de t. Les fréquences ont été
calculées par la procédure Proc freq et le test de
Chi-Carré a précisé la signification du facteur
région sur chaque variable considérée. Pour chaque
fréquence, un intervalle de confiance (IC) à 95% a
été calculé suivant la formule :
[𝑷(𝟏−𝑷)]
𝑰𝑪 = 𝟏, 𝟗𝟔√ avec P la fréquence relative et N la
𝑵
taille de l’échantillon.
Figure 1: Parc en bois de la race Lagunaire en
bordure du fleuve Ouémé à Dangbo
3.1. Résultats
3.1.1. Statut des éleveurs de bovins de race
Lagunaire
Le profil des éleveurs de bovin Lagunaire a varié
d’une commune à une autre. Tous les éleveurs
rencontrés dans les communes d’Adjohoun et de
Dangbo étaient d’ethnie wémè tandis que ceux de
la commune d’Avrankou étaient les torri
(P<0,001). L’élevage des bovins de race Lagunaire
est pratiqué par des hommes et des femmes. Tous
8
les éleveurs de la commune d’Avrankou étaient des
hommes, contre 75% dans la commune
d’Adjohoun (p<0,01). La proportion d’hommes qui
élèvent des Lagunaire à Dangbo était de 92% et ne
diffère pas de celles des éleveurs des deux autres
communes. La tendance inverse a été observée
chez les femmes impliquées dans l’élevage de
bovin Lagunaire.
Dans les trois communes enquêtées, les éleveurs
étaient majoritairement chrétiens avec des
proportions plus élevées (P<0,001) à Avrankou
(71,43%) et à Dangbo (84,62%) qu’à Adjohoun
(32.63%). Les autres religions pratiquées par les
éleveurs étaient l’animisme et l’Islam. L’Islam
était pratiquée seulement par certains éleveurs de
Dangbo (7,24 %).
Les éleveurs étaient non scolarisés ou avaient le
niveau du primaire et du secondaire. La proportion
des éleveurs de Dangbo non scolarisés a été
significativement plus élevée (P<0,05) que celle
des éleveurs d’Adjohoun (44,44% vs 10,28%). En
revanche, plus de 50% des éleveurs enquêtés
avaient le niveau primaire à Adjohoun et à Dangbo,
contre 37% à Avrankou (P<0,05). Enfin les
éleveurs qui ont le niveau secondaire représentaient
le quart des éleveurs enquêtés à Avrankou, contre
2% et 11%, respectivement à Dangbo et à
Adjohoun (P<0,01).
Les éleveurs enquêtés avaient comme activités
principales le commerce (47,22%) et l’artisanat
(30,56%) à Adjohoun ; le commerce (28,57%) ;
l’artisanat (28,57%) et l’agriculture (28,57%) à
Avrankou et enfin l’agriculture (94,23%) et
l’élevage (94,23%) à Dangbo (tableau I). Les
activités secondaires pratiquées par les éleveurs
étaient l’agriculture, l’élevage, le commerce et
l’artisanat. Le commerce était une activité
secondaire pour tous les éleveurs enquêtés dans les
trois communes. Ces éleveurs faisaient en plus
l’élevage à Adjohoun, l’agriculture et l’élevage à
Avrankou.
Pour ce qui concerne la situation matrimoniale,
tous les éleveurs enquêtés dans les communes
d’Avrankou et de Dangbo sont mariés tandis qu’à
Adjohoun, 94,44% sont mariés et 5,56% veufs.
3.1.2. Taille et structure du troupeau de race
Lagunaire dans la vallée de l’Ouémé
Le nombre de taureau par troupeau a été de 1 dans
tous les élevages enquêtés (tableau II). Celui des
vaches a été plus important (P<0,001) à Dangbo
(4,98) que dans les deux autres communes,
notamment Adjohoun (1,89) et Avrankou (2,07).
Le nombre moyen de veau a été de 1,38 dans la
commune de Dangbo contre 1 veau dans chacune
des communes d’Adjohoun et d’Avrankou
(P˂0,05). Les effecteifs de vêles, génisses 1,
génisses 2, taurillons 1, taurillons 2 et de taureaux
ne présentaient pas de différence significative
d’une commune à une autre. La taille moyenne des
troupeaux a été plus élevée (p<0,001) à Dangbo
(9,23) qu’à Adjohoun (3,5) et à Avrankou (4,18).
3.1.3. Objectifs de production et mode de
constitution des troupeaux
L’objectif de production des éleveurs de bovins de
race Lagunaire de la vallée de l’Ouémé était la
production de viande (tableau III). Aucun des
éleveurs ne produisait le lait. Pour la constitution
du troupeau, certains éleveurs ont acheté des
animaux et d’autres ont constitué leurs troupeaux à
partir des animaux qui leurs ont été confiés (tableau
III). Tous les éleveurs de la commune de Dangbo
et d’Adjohoun ont acquis leurs animaux par achat
contre 89,29% à Avrankou (P<0,05). S’agissant du
confiage, aucun éleveur n’a acquis ses animaux par
ce mode dans les communes d’Adjohoun et de
Dangbo contre 10,71% à Avrankou (P<0,05).
3.1.4. Suivi de la race Lagunaire dans la vallée
de l’Ouémé
Les animaux étaient suivis soit par le propriétaire,
soit par sa femme ou ses enfants ou par ses
employés (tableau IV). Les propriétaires des
animaux et les femmes des propriétaires
s’occupaient à plein temps des animaux. Les
enfants des propriétaires et les employés
s’occupaient des animaux à plein temps et à mi-
temps. Les propriétaires s’occupaient plus
(P<0,01) de leurs animaux dans les communes
d’Adjohoun (80,56%) et Dangbo (94,23%) que
dans la commune d’Avrankou (71,43%). Les
femmes des propriétaires (10,71%) s’occupaient
des animaux seulement dans la commune
d’Avrankou. Les enfants des propriétaires
s’occupaient des animaux à plein temps et à mi-
temps dans les mêmes proportions dans les trois
communes. Dans la commune d’Adjohoun,
quelques éleveurs prenaient des employés qui
s’occupent des animaux à plein temps (2,78%) ou
à mi-temps (2,78%).
Figure 2: Bovins de race lagunaire attachés au
pâturage naturel à Avrankou
9
Tableau I : Statut des éleveurs de bovins de race Lagunaire dans la vallée de l’Ouémé

Adjohoun Avrankou Dangbo Test de Chi-carré

Variable
Effectif % IC Effectif % IC Effectif % IC
Ethnie Torri 36 0,00b 0,00 26 100,00a 0,00 50 0,00b 0,00 ***
Wémé 36 100,00a 0,00 26 0,00b 0,00 50 100,00a 0,00 ***
Masculin 36 75,00b 14,15 28 100,00a 0,00 50 92,00ab 7,52 **
Sexe
Féminin 36 25,00a 14,15 28 0,00b 0,00 50 8,00ab 7,52 **
Musulman 36 0,00 0,00 28 0,00 0,00 52 7,69 7,24 NS
Chrétien 36 32,63b 15,32 28 71,43a 16,73 52 84,62a 9,81 ***
Religion Animiste 36 5,56b 7,49 28 25,00a 16,04 52 7,69b 7,24 *
Sans religion 36 2,78a 5,37 28 3,57a 6,87 52 1,92a 3,73 NS
Autre 36 2,78a 5,37 28 0,00a 0,00 52 0,00a 0,00 NS
Non scolarisé 36 10,28b 14,63 27 33,33ab 17,78 45 44,44a 14,52 *
Primaire 36 52,78a 16,31 27 37,04b 18,22 45 55,56a 14,52 *
Niveau d’instruction
Secondaire 36 11,11ab 10,27 27 25,93a 16,53 45 2,22b 4,30 **
Universitaire 36 5,56a 7,49 27 0,00a 0,00 45 0,00a 0,00 NS
Agriculteur 36 16,67b 12,18 28 28,57b 16,73 52 94,23a 6,34 ***
Eleveur 36 19,44b 12,93 28 0,00c 0,00 52 94,23a 6,34 ***
Activités principales Commerçant 36 47,22a 16,31 28 28,57a 16,73 52 5,77b 6,34 ***
Artisan 36 30,56a 15,05 28 28,57a 16,73 52 0,00b 0,00 **
Autre 36 2,78b 5,37 28 14,29a 12,96 52 0,00b 0,00 **
Agriculteur 36 19,44b 12,93 28 71,43a 16,73 51 1,96c 3,80 ***
Eleveur 36 83,33b 12,18 28 100,00a 0,00 52 5,77c 6,34 **
Activités secondaires
Commerçant 36 100,00a 0,00 28 100,00a 0,00 52 100,00a 0,00 NS
Artisan 36 0,00a 0,00 28 3,57a 6,87 52 0,00a 0,00 NS
Marié 36 94,44a 7,49 27 100,00a 0,00 52 100,00a 0,00 NS
Situation matrimoniale
Veuf 36 5,56a 7,49 27 0,00a 0,00 52 0,00a 0,00 NS
IC : Intervalle de confiance ; NS : P>0,05 ; * : P<0,05% ; ** : P<0,01 ; *** : P<0,001; les pourcentages de la même ligne suivis de la même lettre ne diffèrent
pas significativement au seuil de 5%.

10
3.1.5. Habitat de la race Lagunaire dans la
vallée de l’Ouémé
Les animaux vivaient dans les habitats et dans
les campements. Aucun éleveur des communes
d’Adjohoun et de Dangbo n’abritait ses
animaux dans un campement mais 85,71% des
éleveurs d’Avrankou disposaient d’un
campement pour leurs animaux (P<0,001). Les
tendances étaient inverses pour ce qui concerne
la construction d’un habitat pour les animaux et
le seul éleveur interrogé sur l’habitat dans la
commune de Dangbo disposait d’un habitat
pour ses animaux. En dehors d’un habitat et
d’un campement, les éleveurs disposaient de
parcs de nuit pour abriter les animaux la nuit,
dans toutes les communes. Ainsi, tous les
éleveurs rencontrés dans la commune de
Dangbo disposaient de parc de nuit tandis que
47,22% des éleveurs d’Adjohoun et 35,71% des
éleveurs d’Avrankou seulement en disposaient
(P<0,001; tableau V). Ces parcs étaient par
ailleurs construits en bois chez tous les éleveurs
de Dangbo (100%), alors que 27,76% des
éleveurs d’Adjohoun et 40% de ceux
d’Avrankou avaient leurs parcs construits en
bois (figure 2 ; P<0,001). Tous les éleveurs des
communes d’Avrankou et de Dangbo
nettoyaient leurs habitats contre 91,67 % à
Adjohoun.
3.1.6. Alimentation des bovins Lagunaire
L’alimentation des animaux était assurée
exclusivement par le pâturage naturel (figure 3;
Tableau VI). Les proportions d’éleveurs dont
l’alimentation des animaux est assurée par le
Tableau II : Taille et structure du troupeau de bovins Lagunaire dans la vallée de l’Ouémé
parcours naturel étaient de 91,67%, 100% et
100%, respectivement dans Adjohoun,
Avrankou et Dangbo. Ces proportions ne
diffèrent pas significativement d’une commune
à l’autre.
Aucun éleveur des trois communes enquêtées
ne stockait les aliments grâce à la disponibilité
de pâturage naturel et à cause du manque de
formation des éleveurs sur les techniques de
conservation des aliments. Ce manque de
formation a été notifié uniquement dans la
commune d’Avrankou et par 42,31% des
enquêtés (tableau VI). Les proportions des
éleveurs qui ne stockaient pas les aliments à
cause de la disponibilité de pâturage naturel
dans les communes d’Adjohoun (100%) et
Dangbo (100%) étaient significativement
supérieures (p<0,001) à celles d’Avrankou
(57,69%).
3.1.7. Abreuvement des bovins de race
Lagunaire
Les principales sources d’abreuvement des
animaux dans la vallée de l’Ouémé sont les
cours et les plans d’eau et des puits. Tous les
éleveurs rencontrés dans les communes
d’Adjohoun (100 %) et de Dangbo (100 %)
abreuvaient leurs animaux dans des fleuves en
saison sèche et en saison pluvieuse alors que
ceux d’Avrankou (100 %) les abreuvaient avec
l’eau du puits, également en saison sèche et en
saison pluvieuse (tableau VII).

Adjohoun (N=36) Avrankou (N=28) Dangbo (N=52) Test de

Variable significativité
Moyenne ES Moyenne ES Moyenne ES
Veau 1,00a 0,13 1,00a 0,14 1,38b 0,09 *
Vêle 1,08a 0,22 1,20a 0,20 1,55a 0,12 NS
Taurillon 1 1,00a 0,30 1,00a 0,30 1,28a 0,12 NS
Génisse 1 1,37a 0,40 1,00a 0,43 1,71a 0,23 NS
Taurillon 2 1,33a 0,84 1,00a 0,84 1,90a 0,46 NS
Génisse 2 1,25a 0,48 1,14a 0,36 1,87a 0,34 NS
Taureau 1,00a 0,00 1,00a 0,00 1,00a 0,00 NS
Vache 1,89a 0,43 2,07a 0,48 4,98b 0,36 ***
Total 3,50a 0,95 4,18a 1,07 9,23b 0,79 ***
* : P<0,05 ; *** : P<0,001, NS : P>0,05 ; ES : Erreur Standard ; Veau : mâle de moins d’un an ; Vêle : femelle de moins d’un
an ; Taurillon 1 : mâle âgé de 12 à 24 mois ; Taurillon 2 : mâle âgé de 24 à 36 mois ; Génisse 1 : femelle âgée de 12 à 24 mois ;
Génisse 2 : femelle âgée de 24 à 36 mois ; Vache : femelle ayant mis bas ; Taureau : mâle âgé de plus de 3 ans.

11
Les proportions des éleveurs qui abreuvaient
leurs animaux dans des fleuves, d’une part, en
saisons sèche et pluvieuse et de ceux qui les
abreuvaient au moyen des eaux du puits, d’autre
part, en saisons sèche et pluvieuse diffèrent
significativement d’une commune à une autre
(P<0,001). Les animaux sont abreuvés une fois
par jour dans la commune d’Avrankou alors
qu’ils sont abreuvés à volonté dans les
communes d’Adjohoun et de Dangbo, quelle
que soit la saison (tableau VII).
3.1.8. Prophylaxie des bovins de race
Lagunaire dans la vallée de l’Ouémé
Tous les éleveurs des trois communes enquêtées
déparasitaient leurs animaux (tableau VIII).
Tous les éleveurs des communes d’Adjohoun
(100%) et d’Avrankou (100%) déparasitaient
leurs animaux contre les ectoparasites alors
qu’aucun éleveur de Dangbo ne luttait contre les
ectoparasites (P<0,001). Les animaux étaient
traités contre les endoparasites dans toutes les
communes. Les proportions des éleveurs qui
traitaient leurs animaux contre les endoparasites
étaient de 100%, 96,43% et 100%,
Tableau III: Objectifs de production et mode de constitution des troupeaux de bovins Lagunaire dans
la vallée de l’Ouémé
respectivement dans les communes
d’Adjohoun, Avrankou et Dangbo et ne
diffèrent pas significativement.
Comme le déparasitage, tous les éleveurs des
trois communes vaccinaient leurs animaux
contre la Pasteurellose (tableau VIII).
3.1.9. Prévalence des parasitoses gastro-
intestinales et de la trypanosomose
La prévalence de la trypanosomose a été de
15,39%, 17,65% et 23,08%, respectivement,
dans les communes d’Adjohoun, Avrankou et
Dangbo (tableau IX). Les parasitoses gastro-
intestinales rencontrées étaient les
paramphistomoses et les toxocaroses. La
prévalence de paramphistomose a été plus
élevée (P<0,05) à Adjohoun (23,08%) qu’à
Avrankou (5,88%). Aucun cas de
paramphistomose n’a été enregistré à Dangbo.
Pour ce qui concerne la toxocarose, elle a été
diagnostiquée uniquement à Adjohoun et sa
prévalence dans cette commune a été de 5,88%.

Variable Adjohoun (N=36) Avrankou (N=28) Dangbo (N=52) Test de

% IC % IC % IC Chi-carré
Production
0,00a 0,00 0,00a 0,00 0,00a 0,00 NS
Objectifs de de lait
production Production
97,22a 5,37 92,59a 9,88 100,00a 0,00 NS
de viande

Constitution Par achat 100,00a 0,00 89,29b 11,45 100,00a 0,00 *

des troupeaux Par confiage 0,00b 0,00 10,71a 11,45 0,00b 0,00 *
% : Pourcentage ; IC : Intervalle de confiance ; NS : P>0,05 ;* : P<0,05% ; les pourcentages de la même ligne
suivis de la même lettre ne diffèrent pas significativement au seuil de 5%.
3.2. Discussion du lait (Chabi Toko et al., 2015) et la vache
Lagunaire produit moins de lait que les
3.2.1. Statut des éleveurs de bovins de race
principales races élevées (Lombo et al., 2014 ;
Lagunaire dans la vallée de l’Ouémé
Kassa et al., 2016a ; 2016b). Compte tenu de
Dans la vallée de l’Ouémé, l’élevage de bovins cette faible productivité, les Peulhs, ne
de race lagunaire est l’apanage des ethnies s’intéressent pas à la race Lagunaire. Au Nord
Wémè et Torri. Ce constat est lié à la faible du pays, où les bovins Borgou et zébus
productivité de la race Lagunaire puisque les s’acclimatent bien, les éleveurs sont
Peulhs sont plus impliqués dans l’élevage de majoritairement des Peuhl (Alkoiret et al., 2009
bovins au Bénin (Alkoiret et al., 2009 ; Youssao ; Youssao et al., 2013). Les travaux réalisés par
et al., 2013). En effet, l’ethnie Peuhl, détentrice Somda et al. (2004) en Guinée-Bissau ont aussi
de la grande partie du cheptel du Bénin (Lombo confirmé l’importance des Peulh dans l’élevage
et al., 2014), vise principalement la production des bovins avec une proportion de 96,2%
d’éleveurs Peulh.

12
Tableau IV: Suivi de la race Lagunaire dans la vallée de l’Ouémé

Variable Adjohoun Avrankou Dangbo (N=52) Test de

(N=36) (N=28) Chi-carré
% IC % IC % IC
Propriétaire Plein temps 80,56ab 12,93 71,43b 16,73 94,23a 6,34 **
Femme du
Plein temps 0,00b 0,00 10,71a 11,45 0,00b 0,00 *
propriétaire
Plein temps 13,89a 11,30 25,00a 16,04 5,77a 6,34 NS
Fils du
propriétaire Mi-temps 11,11a 10,27 17,86a 14,19 5,77a 6,34 NS
Plein temps 2,78a 5,37 0,00a 0,00 0,00a 0,00 NS
Employés
Mi-temps 2,78a 5,37 0,00a 0,00 0,00a 0,00 NS
IC : Intervalle de confiance ; NS : P>0,05 ; * : P<0,05% ;** : P<0,01; les pourcentages de la même ligne suivis
de la même lettre ne diffèrent pas significativement au seuil de 5%.

L’élevage de bovins de race Lagunaire est
pratiqué par des hommes dans toutes les
communes, et par certaines femmes dans les
communes d’Adjohoun (25%) et de Dangbo
(8%). Cette rareté des femmes dans l’élevage
des bovins confirme les observations de
Youssao et al. (2013) qui rapporte que les
femmes éleveurs de bovins sont minoritaires
dans le Borgou. Cette faible implication des
femmes dans l’élevage Bovin au Bénin est due
à certaines considérations sociologiques chez
les Peulhs. L’organisation sociale des Peulh
attribue l’élevage des bovins exclusivement aux
hommes (Bierschenk et Forster, 2004). La forte
implication des hommes face à la faible
implication des femmes dans l’élevage de bovin
de race lagunaire dans la vallée de l’Ouémé
semble trouver sa justification selon le même
auteur pour qui les hommes tendent à conserver
des actifs sous la forme de grands animaux tels
que les vaches et les taureaux, tandis que les
femmes se tournent davantage vers les petits
animaux, ainsi que vers les biens durables du
ménage.
Les éleveurs rencontrés sont, pour la plupart
des chrétiens dans la vallée de l’Ouémé et cela
est lié à l’ethnie des enquêtés. Au Nord du
Bénin où la majorité des enquêtés sont d’ethnie
Peuhl, les éleveurs pratiquent pour la plupart la
religion musulmane (Youssao et al., 2013).
3.2.2. Taille et structure du troupeau de
bovins Lagunaire
L’élevage bovin de race lagunaire dans la vallée
de l’Ouémé est de type familial avec un effectif
moyen allant de 3,5 à 9,23 têtes. Cette taille est
semblable à l’effectif de 2 à 5 têtes rapporté par
Assogba et Alkoiret (2015) dans la zone
d’étude. La taille moyenne du cheptel est
inférieure à celle de 30 à 100 têtes rapporté au
Nord Bénin pour les bovins Borgou, zébus et les
croisés (Youssao et al., 2013 ; Chabi Toko et
al., 2016).
3.2.3. Objectifs de productions et mode de
constitution des troupeaux
L’objectif de production des éleveurs bovins de
race lagunaire de la vallée de l’Ouémé est la
production de viande. Aucun d’entre eux ne
produit le lait, et cela pourrait être lié à la faible
productivité laitière de cette race. Dans
l’Alibori, les bovins sont élevés pour la culture
attelée, la production du lait et le prestige
(Youssao et al., 2013). Très peu d’éleveurs
produisent la viande dans ce département, parce
que les éleveurs ne sont pas disposés à se
séparer de leurs animaux (Youssao et al., 2013).
Ce mode d’exploitation basé sur le prestige est
également observé à Madagascar où certains
éleveurs attribuent une valeur plus culturelle
que financière à leurs troupeaux (Solomalala et
al., 2010). Par contre, dans le Borgou, la
majorité des éleveurs font une production mixte
(viande et lait) (Alkoiret et al., 2009 ; Youssao
et al., 2013).
Les éleveurs rencontrés ont affirmé qu’ils
avaient constitué leurs troupeaux par achat
d’animaux et par les animaux qui leur ont été
confiés (à Adjohoun) ; ceci est en à accord avec
les observations de Alkoiret et al. (2009) sur
l’élevage bovin à Gogounou au Nord du Bénin
mais qui de plus avaient ajouté que certains
éleveurs ont hérité les animaux. Ce mode de
constitution du troupeau est lié à l’ethnie des
éleveurs puisque l’héritage est le mode de

13
constitution du cheptel chez les Peulhs semi-amélioré, le parc de nuit est construit en
(Youssao et al., 2013 ; Chabi Toko, 2016) bois ou en béton entouré de fil de fer barbelé
(Koutinhouin et al., 2010). Ces parcs sont plus
3.2.4. Habitat et suivi des bovins de race
confortables que ceux des élevages
Lagunaire dans la vallée de l’Ouémé
traditionnels.
En dehors de l’habitat et des campements, les
Les animaux sont suivis, soit par le propriétaire,
éleveurs disposent de parcs pour abriter les
soit par sa femme ou ses enfants, ou par ses
animaux la nuit dans toutes les communes. Ces
employés. Au nord du Bénin, le suivi des
parcs sont, par ailleurs, construits en bois chez
animaux est également assuré par le propriétaire
tous les éleveurs de Dangbo et chez certains
des animaux, sa femme, ses enfants et ses
éleveurs d’Adjohoun et d’Avrankou. Dans les
employés à plein temps ou à temps partiel, et
départements de l’Alibori, de l’Atacora et du
chaque membre de la famille a une part de
Borgou, les habitats des bovins sont aussi de
responsabilité dans le suivi et la conduite des
type traditionnel, caractérisé par l’utilisation du
élevages dans le nord-Bénin (Youssao et al.,
bois pour la construction des parcs de nuit
2013). Ce mode de suivi est en adéquation avec
(Youssao et al., 2013). Dans ces parcs, les
le système d’élevage extensif traditionnel, et
animaux sont attachés aux piquets comme
surtout familial, adopté en milieu paysan
rapporté par Youssao et al. (2013). A la Ferme
(Koutinhouin et al., 2009).
d’Elevage de l’Okpara où l’élevage est de type
Tableau V : Habitat des bovins de race Lagunaire dans la vallée de l’Ouémé

Adjohoun Avrankou Dangbo Test de

Variable Chi-
N % IC N % IC N % IC carré
Type Campement 36 0,0b 0,0 28 85,7a 12,9 1 0,0b 0,0 ***
d'habitat Habitat 36 0,0b 0,0 28 0,0b 0,0 1 100,0a 0,0 ***
Parc de nuit Oui 36 47,2b 16,3 28 35,7b 17,8 52 100,0a 0,0 ***

Matériaux Bois 36 27,8b 14,6 25 40,0b 19,2 52 100,0a 0,0 ***

utilisés
Nettoyage
Oui 36 91,7a 9,0 28 100,0a 0,0 52 100,0a 0,0 NS
d’habitat
IC : Intervalle de confiance ; NS : P>0,05 ; *** : P<0,001; les pourcentages de la même ligne suivis de la même
lettre ne diffèrent pas significativement au seuil de 5%. N= Effectif.

3.2.5. Alimentation des bovins Lagunaire En plus des fourrages, les éleveurs du Borgou et
de l’Alibori utilisent les résidus de récoltes et du
L’alimentation des animaux est assurée
sel dans l’alimentation des bovins (Alkoiret et
exclusivement par le pâturage naturel. Dans les
al., 2009 ; Youssao et al., 2013). Dans la vallée
départements de l’Alibori, de l’Atacora et du
de l’Ouémé, les résidus de récolte ne sont pas
Borgou, l’alimentation des animaux est assurée
utilisés par les éleveurs pour l’alimentation des
aussi par le pâturage naturel (Alkoiret et al.,
animaux. Cela pourrait s’expliquer par
2009 ; Youssao et al., 2013). Les fourrages
l’abondance du pâturage dans la vallée au cours
utilisés sont très diversifiés et constitués de
de la décrue, lors de la sécheresse. Divers
Andropogon gayanus, Panicum maximum,
résidus de récolte sont utilisés dans
Rottboellia cochinchinensis, Hyparrhenia
l’alimentation des bovins au nord du Bénin. Il
involucrata, Penisetum sp, Setaria sp, etc.
s’agit notamment de tiges et spath de maïs et de
(Babatoundé et al., 2012 ; Youssao et al., 2013).
sorgho, de fanes d’arachides, de pailles de riz,
Les études réalisées par Alkoiret et Gangboché
d’épluchures de manioc, des fanes de niébé et
(2005), et Bierschenk et Forster (2004) sur
de haricot, puis de graines de coton (Youssao et
l’organisation sociale des Peuhl, ont confirmé
al., 2013 ; Montcho et al., 2016).
l’importance des plantes fourragères dans
l’alimentation des bovins. Les plantes dont ils
ont fait cas sont les mêmes que celles
rencontrées dans le cadre de cette étude.

14
Tableau VI : Alimentation des bovins de race Lagunaire dans la vallée de l’Ouémé

Variable Adjohoun Avrankou Dangbo Test de

Chi-carré
Effectif % IC Effectif % IC Effectif % IC
Les bovins sont alimentés avec du 36 91,67a 9,03 28 100,00a 0,00 52 100,00a 0,00 NS
pâturage naturel

Non 36 100,00a 0,00 28 100,00a 0,00 52 100,00a 0,00 NS

Stockage Pas de
36 0,00b 0,00 26 42,31a 18,99 52 0,00b 0,00 ***
d’aliment Cause de non Formation
stockage Pâturage
36 100,00a 0,00 26 57,69b 18,99 52 100,00a 0,00 ***
disponible
IC : Intervalle de confiance ; NS : P>0,05 ; *** : P<0,001; les pourcentages de la même ligne suivis de la même lettre ne diffèrent pas significativement au seuil de 5%.

Tableau VII : Abreuvement des bovins de race Lagunaire dans la vallée de l’Ouémé

Adjohoun (N=36) Avrankou (N=25) Dangbo (N=46)

Variable Test de Chi-carré
% IC % IC % IC
Fleuve 100a 0 0b 0 100a 0 ***
Saison sèche
Puits 0b 0 100a 0 0a 0 ***
Source d’abreuvement
Fleuve 100a 0 0b 0 100a 0 ***
Saison pluvieuse
Puits 0b 0 100a 0 0a 0 ***
Une fois 0b 0 100a 0 0b 0 ***
Saison sèche
A volonté 100a 0 0b 0 100a 0 ***
Fréquence d’abreuvement
Une fois 0b 0 100a 0 0b 0 ***
Saison pluvieuse
A volonté 100a 0 0b 0 100a 0 ***
N : Effectif ; IC : Intervalle de confiance ; *** : P<0,001; les pourcentages de la même ligne suivis de la même lettre ne diffèrent pas significativement au seuil de 5%.

15
Tableau VIII : Prophylaxie des bovins de race Lagunaire dans la vallée de l’Ouémé

Adjohoun Avrankou Dangbo

(N=36) (N=28) (N=52) Test de
Variable
Chi-carré
% IC % IC % IC
Traitement 100a 0 100a 0 100a 0 NS
Déparasitage Lutte contre les
100a 0 100a 0 0b 0 ***
ectoparasites
Lutte contre les
100a 0 96,4a 6,9 100a 0 NS
endoparasites
Vaccination Oui 100a 0 100a 0 100a 0 NS
Vacciné contre PPCB 0a 0 0a 0 0a 0 NS
Vacciné contre la
0a 0 0a 0 0a 0 NS
Type de tuberculose
vaccination Vacciné contre la
100a 0 100a 0 100a 0 NS
pasteurellose
Vacciné contre le
0a 0 0a 0 0a 0 NS
charbon bactérien
N : Effectif ; IC : Intervalle de confiance ; NS : P>0,05, *** : P<0,001; les pourcentages de la même ligne suivis
de la même lettre ne diffèrent pas significativement au seuil de 5%.

Tableau IX : Prévalence des parasitoses gastro-intestinales et de la trypanosomose des bovins de race

Lagunaire dans la vallée de l’Ouémé

Variable Avrankou
Adjohoun (N=26) (N=17) Dangbo (N=13) Test de Chi-
carré.
% IC % IC % IC
Trypanosomose 15,39a 13,87 17,65a 18,12 23,08a 22,90 NS
Paramphistomose 23,08a 16,19 5,88ab 11,18 0,00b 0,00 *
Toxocarose 0,00a 0,00 5,88a 11,18 0,00a 0,00 NS
N : Effectif ; IC : Intervalle de confiance ; NS : P>0,05 ; les pourcentages de la même ligne suivis de la même
lettre ne diffèrent pas significativement au seuil de 5%.

Les animaux se déplacent sur de longues
distances afin de glaner quelques repousses de
graminées ou longent les vallées des cours
d’eau pour consommer les espèces fourragères
qui les jalonnent. Les mêmes constats
s’observent chez les Lagunaires dans la vallée
de l’Ouémé. Il faut cependant noter que la
pratique de l’émondage des arbres fourragers
vient combler en partie le déficit fourrager en
période de rareté des ressources alimentaires en
zone soudanienne du Bénin (Sèwadé et al.,
2016).
Les éleveurs de bovins Lagunaire ne stockent
pas les aliments parce qu’ils pratiquent surtout
l’élevage extensif, pour lequel l’alimentation
est surtout basée sur le pâturage naturel. Le
même constat a été fait par Assogba et Alkoiret
(2015) dans la même zone d’étude. Par contre,
au nord, les aliments sont stockés, surtout par
les éleveurs qui disposent de parcelles
fourragères (Alkoiret et al., 2009 ; Youssao et
al., 2013). Ces aliments stockés sont distribués
essentiellement pendant la saison sèche.
3.2.6. Suivi sanitaire des bovins race
Lagunaire dans la vallée de l’Ouémé
Tous les éleveurs des trois communes enquêtées
dans l’Ouémé déparasitent et vaccinent leurs
animaux. Les cas de pathologies ont été
rarement rapportés par les éleveurs dans la
vallée de l’Ouémé à cause de la résistance de la
race Lagunaire aux pathologies. Au nord Bénin,
les pathologies ou symptômes de pathologies
rencontrés sont multiples avec des proportions
qui diffèrent en fonction des départements. Les
principales pathologies rencontrées dans les
élevages de bovins au nord du Bénin sont : la
trypanosomose, la brucellose bovine, la

16
streptothricose, la tuberculose, la pasteurellose,
la péripneumonie contagieuse bovine, la fièvre
aphteuse, les parasitoses gastro-intestinales, la
fasciolose bovine, le piétin (Dehoux et
Hounsou-Vê, 1993 ; Youssao et al., 2013 ;
Noudèkè et al., 2017b). La prévalence globale
de la trypanosomose dans cette étude a été de
18,7%. Cette prévalence est similaire à celle de
19,3% enregistrée par Doko et al. (1991) chez
les bovins Somba, Borgou, zébus et les croisés
au Bénin. Contrairement aux éleveurs auprès de
qui ces auteurs ont mené leurs travaux et qui
traitent leurs animaux aux trypanosides, dans
notre étude aucun éleveur ne traite ses animaux
contre la trypanosomose parce que les bovins de
race Lagunaire sont trypanotolérants (Lombo et
al., 2014). La prévalence de la trypanosomose
dans cette étude est inférieure à la prévalence de
24,2 % rapportée par Farougou et al. (2012)
chez les bovins Somba, Borgou, zébus et les
croisés au Bénin. L’élévation de la prévalence
de la trypanosomose entre les travaux de Doko
et al. (1991) et ceux de Farougou et al. (2012)
pourrait être dû à l’inefficacité des traitements
appliqués par les éleveurs. Pour contourner les
problèmes de résistance aux produits
chimiques, cause principale de l’inefficacité des
traitements dans les élevages, il est dispensable
d’encourager l’usage des plantes médicinales
dans la lutte contre les pathologies. Dans cette
perspective, Noudèkè et al. (2017b) ont recensé
plusieurs plantes trypanocides dans les
élevages. D’autres pathologies, comme la
brucellose bovine, caractérisées par des
avortements et des inflammations au niveau des
articulations existent dans ces localités et
doivent être dépistées par des diagnostics
sérologiques (Adéhan et Youssao, 2002 ;
Kouthinhouin et al., 2003 ; Kouamo et al.,
2010). Pour ces maladies abortives,
l’insémination artificielle peut être utilisée pour
la prévention (Kouamo et al., 2009). Les autres
pathologies parasitaires diagnostiquées sont la
paramphistomose et la toxocarose, et les
éleveurs doivent renforcer davantage les
déparasitages appliqués.
Conclusion
A l’issue de notre étude sur les caractéristiques
de l’élevage des bovins de race Lagunaire, il
apparait que l’élevage de bovin de cette race est
l’apanage de l’ethnie Wémè dans les communes
d’Adjohoun et de Dangbo, et de l’ethnie Torri à
Avrankou. Cet élevage est pratiqué par des
hommes dans toutes les communes et par
certaines femmes dans les communes
d’Adjohoun et de Dangbo. Les éleveurs
rencontrés sont, pour la plupart, des chrétiens.
L’élevage est de type familial, avec un effectif
moyen très réduit. L’objectif de production est
la viande, aucun des éleveurs ne produit du lait.
Les animaux sont suivis, soit par le propriétaire,
soit par sa femme ou ses enfants, ou par ses
employés. Les animaux vivent dans les habitats
et des campements et les éleveurs disposent des
parcs construits en bois pour abriter les animaux
la nuit dans toutes les communes.
L’alimentation des animaux est assurée
exclusivement par le pâturage naturel. Tous les
éleveurs des trois communes enquêtées
déparasitent et vaccinent leurs animaux.
L’élevage des bovins de race Lagunaire est
encore à l’étape traditionnelle, et l’amélioration
du système d’élevage doit être envisagée.
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