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Manuscrit soumis le 10/10/2012 Ann. Méd. Vét.

, 2013, 157, 27-42

Critères d’appréciation et facteurs de variation des caractéristiques


de la carcasse et de qualité de la viande bovine

SALIFOU C.F.A.1, YOUSSAO A.K.I.1, AHOUNOU G.S.1, TOUGAN P.U.1, FAROUGOU S.1,
MENSAH G.A.2, CLINQUART A.3

1 Ecole polytechnique d’Abomey-Calavi, Département de Production et Santé animales, 01 BP 2009 Cotonou, Bénin
2 Centre de Recherches agricoles d’Agonkanmey, Institut national des Recherches agricoles du Bénin, 01 BP 884, Recette principale, Cotonou, Bénin
3 Université de Liège, Faculté de Médecine vétérinaire, Département des Sciences des Denrées alimentaires, bâtiment B43b, 4000 Liège, Belgique

Correspondance : Professeur I. Youssao Email : iyoussao@yahoo.fr

RÉSUMÉ :
La qualité de la viande est une notion extrêmement variable et évolutive à l’image de la
transformation depuis l’animal vivant jusqu’à la carcasse puis la viande. Cet article passe en
revue d’une part les critères d’appréciation subjective c'est-à-dire ceux qui varient selon le
comportement et les préférences du consommateur et d’autre part les critères d’appréciation
objective de la qualité de la carcasse et de la viande bovine. Pour ce qui concerne la qualité
de la carcasse, ceux-ci sont principalement le poids, le classement (conformation et état
d’engraissement), la composition, le rendement d’abattage et la teneur en viande de la carcasse.
Enfin, la composition du muscle, les caractéristiques organoleptiques et technologiques
permettant d’apprécier la qualité de la viande bovine sont présentées et discutées.

1. Introduction y compris le sang ». Cette définition dization, 1994). La qualité d’un pro-
est donnée dans le contexte de la maî- duit est la résultante de nombreux et
La carcasse de bovin est le corps entier trise de l’hygiène des aliments, elle divers facteurs liés aux contextes, aux
de l’animal abattu tel qu’il se présente ne correspond pas à la définition qui besoins et aux attentes des consom-
après les opérations de saignée, d’évis- pourrait être donnée dans un contexte mateurs (Bernard et al., 2007). La
cération et de dépouillement. Elle nutritionnel. Pour cet aspect, on peut qualité de la viande est l’ensemble des
se présente sans les organes sexuels se référer à la directive 2001/101 de caractéristiques que lui confèrent ses
et muscles attenants, sans mamelles la Commission européenne ; celle-ci propriétés organoleptiques, technolo-
et graisses mammaires (Conseil de restreint la définition de la viande aux giques et nutritionnelles. Elle est une
l’Union européenne, 2007). La car- muscles rattachés au squelette avec notion complexe, très variable selon
casse est essentiellement composée de indication systématique des espèces les consommateurs et évolue dans le
squelette osseux et de muscles sque- animales et admettant qu’une partie de temps. Aux différents produits, cor-
lettiques.Immédiatement après l’abat- la matière grasse, quand elle est adhé- respondent des critères spécifiques.
tage, le muscle est souple et est le rente aux muscles peut être assimilée à Pour le même produits, les attentes
siège de nombreuses réactions biochi- de la viande dans le respect des limites qualitatives varient selon l’interlo-
miques qui le transforment en viande maximales prévues. cuteur concerné et chaque maillon
en quelques heures. De manière géné- de la filière viande possède sa propre
rale, le terme « viande » recouvre un D’après l’Association française de conception de la qualité en fonction du
ensemble très disparate de produits Normalisation (AFNOR) (Association produit concerné et des contraintes de
très diversifiés dans leur composi- française de Normalisation, 1982), la production (Verbeke et al., 2010). La
tion anatomique (Dumont, 1960). Le qualité est l’« aptitude d’un produit maîtrise de la qualité, en tant que no-
règlement (CE) n°852/2004 du Par- ou d’un service à satisfaire les besoins tion complexe et variable, doit reposer
lement européen et du Conseil relatif des utilisateurs ». La qualité peut être sur la connaissance du produit et des
à l’hygiène des denrées alimentaires également définie comme l’«ensemble systèmes de production (Clinquart et
définit la viande comme «  les parties des propriétés et des caractéristiques al., 1999). La qualité est le résultat du
comestibles des animaux (ongulés d’un service ou d’un produit qui lui professionnalisme et celui-ci requiert
domestiques, volailles, lagomorphes, confèrent l’aptitude à satisfaire les un niveau de connaissance qui peut
gibier sauvage, gibier d’élevage, petit besoins exprimés ou implicites » (In- conduire à des spécifications extrêmes
gibier sauvage et gros gibier sauvage) ternational Organization for Standar- et différentes du produit « viande de

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bœuf ». Cela exige, d’une part, une couverture. Les effets positifs du gras les bovins sont considérés comme des
recherche à long terme et, d’autre sur le goût et la tendreté ne sont pas animaux de trait et leur viande comme
part, une transmission efficiente des perçus. une nourriture du ciel (sacrifices im-
connaissances existantes, aussi bien périaux au ciel). La mise à mort de
vers le producteur que vers le consom- De 1996 à 2003, les critères d’appré- bovins est parfois comparée à un
mateur. Cette synthèse vise à décrire ciation de la qualité de la viande meurtre, comme chez les humains, car
les critères subjectifs et objectifs d’ap- fraîche de bovin ont évolué, notam- le bœuf est l’animal le plus proche de
préciation de la qualité de carcasse et ment, au lendemain des deux crises de l’homme, étant son compagnon de tra-
de la viande des bovins. l’ESB (Bernués et al., 2003 ; Verbeke vail privilégié dans cette civilisation
et Vackier, 2004). Le pays d’origine, agricole. De nos jours, l’interdit du
2. Les critères la race, le cahier des charges et le prix bœuf est un marqueur qui différencie
les groupes sociaux étroitement struc-
subjectifs d’achat ont gagné en importance. À
ces derniers, est souvent associée turés et les marginaux, c’est-à-dire, les
d’appréciation de l’éthique (environnement et bien-être mangeurs de viande bovine (Goos-
la qualité de la animal). L’importance de chacun de
ces critères d’appréciation varie d’une
saert, 2005).

carcasse et de la région à une autre en fonction de la Dans certaines communautés musul-


viande qualité gustative ou de la qualité sani- manes ou juives, l’abattage selon les
taire. Enfin, il existe une minorité de prescriptions halal ou kasher est le
Contrairement aux critères objectifs personnes qui ne consomme que de premier critère de qualité de la viande
qui portent sur des paramètres mesu- la viande issue de l’agriculture biolo- bien qu’étant une garantie sur les
rables techniquement sur la viande gique. conditions d’abattage. Dans certaines
et utilisables en routine afin de pou- communautés de l’Afrique subsa-
voir diagnostiquer les non-conformi- De 2003 à ce jour, les critères sont harienne, outre les facteurs d’appré-
tés en temps réel et d’engager, le cas restés semblables, mais les consom- ciation observés en Europe avant la
échéant, des actions correctives, les mateurs sont de plus en plus sensibles crise de l’ESB, la couleur rouge vive
critères subjectifs correspondent à des au bien-être animal et au respect de est également un facteur très détermi-
jugements que le consommateur porte l’environnement. nant dans l’appréciation de la qualité
sur la viande avant la décision d’achat de la viande. Pour renforcer ce carac-
et durant la consommation. Ils sont à En dehors de l’Europe, les critères tère, les bouchers badigeonnent les
mettre en relation avec l’image et les peuvent être quelque peu différents. carcasses avec du sang issu de la sai-
valeurs sociales. Ils varient selon le Ainsi, au Québec par exemple, les gnée (Dognon, 2010). L’achat le jour
comportement et les préférences du choix des consommateurs vont des même de l’abattage est une garantie de
consommateur. Ces critères varient viandes relativement maigres vers des la fraîcheur de la viande.
dans l’espace et dans le temps. viandes plus persillées. Aux Etats-
Unis, le critère de choix d’une viande
En Europe, la perception de la qualité de qualité est le dépôt de gras intra-
de la viande fraîche a évolué dans le
temps. Les travaux d’enquête consom-
musculaire. Le même critère est ob-
servé en Amérique du sud en général
3. Les critères
mateur réalisés par Grunert (1997) dont le Brésil et l’Argentine qui sont objectifs
auprès de 200 sujets en Allemagne, aujourd’hui les plus grands exporta- d’appréciation de
en Grande-Bretagne, en Espagne et teurs de viande bovine dans le monde.
en France et utilisant une panoplie de Le prix demeure un facteur détermi- la qualité de la
méthodes d’enquête déclarative (dis- nant et les morceaux de viande plus carcasse et de la
cussion de groupe, analyse conjointe
de la valeur des attributs et mesure des
nobles demeurent un produit réservé
aux occasions spéciales, contrairement viande
valeurs guidant les attitudes envers la à des produits comme le steak haché Les critères objectifs sont des critères
viande à l’aide de la méthode des chaî- (Zarnovican et Guillaume, 2005). que l’on constate (sexe, âge, race) ou
nages cognitifs) ont révélé qu’avant que l’on mesure sur les carcasses ou
la première crise de l’encéphalopa- Dans les sociétés chinoise et indienne, sur les viandes tels que le poids, le pH,
thie spongiforme bovine (ESB), les la consommation de la viande bovine la couleur…
motivations d’achat et la perception demeure un tabou religieux assez
de la qualité de la viande fraîche de complexe. En Inde, 20 % de la po- 3.1. Qualité des carcasses des
bovin sont unidimensionnelles en pulation appartiennent à des castes bovins
Allemagne, en Grande-Bretagne et en strictement végétariennes et 60 % des
Espagne et multidimensionnelles en castes hindoues respectent l’interdit La qualité de la carcasse est appréciée
France. Le point de vente, en particu- sur la viande bovine mais pas forcé- sur base de critères qui déterminent les
lier le boucher, est considéré comme ment sur la viande de buffle, de mou- aptitudes bouchères. Il s’agit du poids
le garant de la qualité dans tous les ton ou de chèvre, sur la volaille, sur et de la longueur de la carcasse, du
pays, mais dans une moindre mesure le poisson ou sur les œufs (Barbier et poids du dos, du poids et de l’épais-
en Grande-Bretagne. Les plus impor- al., 2004). En Chine, l’interdit de la seur de la cuisse, du poids des épaules,
tants critères d’appréciation de la qua- consommation de la viande bovine du rendement en viande et des teneurs
lité sont la couleur ‑ dont la perception constitue une révélation divine. En en coproduits (« cinquième quar-
varie selon la région ‑ et le gras de plus des considérations religieuses, tier »). Cette appréciation peut être

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synthétisée sous la forme de deux Dans l’Union européenne, les car- formules suivantes :
critères majeurs : la conformation et casses sont présentées sans la tête et
la composition de la carcasse (pro- sans les pieds ; la tête est séparée de
portions de viande maigre, de tissu la carcasse au niveau de l’articulation
conjonctivo-adipeux et d’os), qui sont atloido-occipitale, les pieds sont sec-
positivement corrélées et indépen- tionnés au niveau des articulations
dantes de la vitesse de croissance pen- carpo-métacarpiennes ou tarso-méta-
dant l’engraissement et varient selon tarsiques ; sans les organes contenus
la race et l’âge des animaux (Renand dans les cavités thoracique et abdomi-
et al., 2002). nale ; avec ou sans les reins, la graisse 3.1.3. Composition des carcasses
entourant les reins, ainsi que la graisse
de bassin ; sans les organes sexuels La composition corporelle varie selon
3.1.1. Le poids de la carcasse avec les muscles attenants, sans la ma- le développement différentiel de cha-
melle et la graisse mammaire (Conseil cun des éléments constituant le corps
Le poids de la carcasse est générale-
de l’Union européenne, 2007). Mais, de l’animal. Selon Béranger et Ro-
ment mesuré à l’issue du processus
aux fins de la fixation des prix du mar- belin (1977), il existe pour un même
d’abattage ; on parle alors de poids de
ché, une présentation différente peut poids vif, de très grandes variations de
la carcasse chaude. Il peut être éga- la composition corporelle. Celles-ci
lement mesuré entre 24 à 48 h post être prévue. Chaque pays ou région
adopte ainsi une forme de présentation ont certes une moins grande amplitude
mortem après refroidissement complet que celles qu’on observe lorsqu’on
de la carcasse : il s’agit du poids de qui lui convient.
compare à un même âge des ani-
la carcasse ressuyée ou du poids de la maux de poids différents, mais elles
carcasse froide. La perte de poids des L’individu, la race, l’âge, la catégorie demeurent importantes et sont liées
carcasses lors du refroidissement et du (jeune bovin, taureau, vache, génisse, au sexe, au génotype, à l’alimentation
stockage au frigo est de l’ordre de 2 % bœuf), la conduite d’élevage (utilisation et au mode d’élevage des animaux
après 48 h et 3 % après 8 jours (Car- des matières grasses par exemple), les (Micol et al., 1993). L’appréciation
tier et Moëvi, 2007). C’est au début pertes de poids avant abattage, l’émous- de la composition de la carcasse des
du refroidissement que les carcasses sage, le dégraissage (Cartier et Moëvi, animaux de boucherie vise beaucoup
perdent le plus de poids (Dudouet, 2007), la réfrigération et le stockage, plus la masse des muscles et des gras
2010). sont des facteurs de variation du poids (situés à différentes localisations ana-
de la carcasse (Clinquart et al., 2000 ; tomiques) de la carcasse qui sont éco-
Renand et al., 2002 ; Cartier et Moëvi, nomiquement très importants dans
Le poids de la carcasse est un para- 2007). Le système de production ou le
mètre qui renseigne sur l’aptitude l’industrie de la viande (Cavanagh et
régime alimentaire (niveau d’incorpora- al., 2010). Elle s’évalue de nos jours
bouchère de l’animal abattu. Dans tion d’un aliment concentré) influence
les mêmes conditions d’élevage et par de nombreuses méthodes qui sont
également le poids des carcasses (Ser- basées sur la mesure des caractéris-
pour un même poids vif, le poids de rano et al., 2005).
la carcasse varie en fonction du type tiques de la carcasse post mortem voire
génétique (Clinquart et al., 1998). Le sur la mesure in vivo des performances
3.1.2. Rendement de la carcasse d’engraissement de l’animal, celles-ci
poids de carcasse est le critère qui in-
étant fortement corrélées avec la com-
téresse en premier lieu l’éleveur, car il Le rendement de la carcasse est le position corporelle (Youssao et al.,
sert de base à la détermination de sa rapport entre le poids de la carcasse 2002). L’estimation post mortem peut
rémunération. Dans les pays dévelop- et le poids avant abattage. Il dépend être faite de façon visuelle à partir de
pés, il est un déterminant important de nombreux facteurs, tels que la la notation de la conformation et de
de l’orientation de la carcasse vers le race, l’âge et le sexe de l’animal, le l’état d’engraissement de la carcasse
circuit de commercialisation le plus régime alimentaire (Clinquart et al., mais elle reste quelque peu subjective.
approprié. Par contre, dans les pays en 1998 ; Renand et al., 2002). Chez La dissection manuelle après abattage
voie de développement, la quasi-tota- les ruminants en général et le bovin est la méthode la plus objective pour
lité des tueries ne disposent pas de ba- en particulier, la mise à jeun n’est pas estimer ou prédire la composition de
lance. Le poids à l’abattage est estimé souvent observée surtout dans les pays la carcasse. Toutefois, elle présente
à partir de la conformation de l’animal de l’Afrique subsaharienne. Le ren- l’inconvénient d’être destructive,
et constitue l’élément fondamental dement de la carcasse à l’abattage est coûteuse et de nécessiter beaucoup
dans la détermination du prix de vente ainsi biaisé à cause de la contribution de temps. Chez les bovins, elle est
de l’animal sur pied. Plus le poids au poids vif que représente l’aliment souvent réalisée à partir d’un segment
estimé est élevé et plus cher est vendu en cours de digestion dans les poches de la carcasse correspondant à une
l’animal. Les carcasses issues des gastriques. Pour ce faire, le rendement ou plusieurs côtes prélevé au niveau
animaux, quels que soient leurs poids, vrai permet d’estimer avec moins de de la section des quartiers avant et
ont la même destination (découpées biais le rendement de la carcasse. Le arrière (Michaux et al., 1983). Dans
et vendues avec ou sans os selon les rendement de la carcasse à l’abattage une étude réalisée par Olivan et col-
désirs des clients). Il n’existe aucune est également influencé par le délai laborateurs (2001) sur des segments
méthode de découpe de référence. De entre la sortie de l’élevage et l’abat- monocostaux correspondant aux 6e
tous les muscles de la carcasse, le faux tage. Plus la durée du transport est et 10e côtes prélevés sur des taureaux
filet et le filet sont les plus prisés dans importante, plus le rendement d’abat- Asturiana de los Valles, l’utilisation de
les grandes villes des pays en voie de tage est faible. Le rendement et le ren- la 6e côte paraît plus appropriée du fait
développement. dement vrai se calculent à partir des qu’elle permet une meilleure estima-

29
tion de la composition de la carcasse ; mentation spécifique relative à la grille 3.1.6.2 La conformation
la composition de la 10e côte tendant communautaire de classement des car-
à surestimer la proportion de gras La conformation est le développe-
casses de gros bovins dont les moda-
dans la carcasse. Compte tenu des ment des profils de la carcasse, et
lités d’application sont précisées dans
contraintes liées à la dissection et des notamment des parties essentielles de
le règlement (CE) n°1249/2008 de la
évolutions techniques, d’autres mé- celle-ci (cuisse, dos, épaule). Selon
Commission européenne. Aux Etats-
thodes ont été développées pour pré- le règlement (CE) n°1249/2008 de la
Unis, la classification des carcasses
dire la composition de la carcasse des Commission européenne, la confor-
des bovins est appliquée sur base de mation est exprimée selon la grille
bovins. Il s’agit de la spectroscopie
normes spécifiques du Département de SEUROP avec respectivement S pour
dans le proche infrarouge, de l’ultra-
l’Agriculture (United States Depart- la classe de conformation supérieure,
sonographie ou de l’analyse d’images
obtenues par caméra sur la carcasse ou ment of Agriculture, 1997). Elle est E pour excellente, U pour très bonne,
l’animal vivant, et plus récemment de basée sur la catégorie, la maturité et le R pour bonne, O pour assez-bonne et P
l’utilisation des rayons X particulière- « marbling ». pour médiocre (figure 1). Pour chaque
ment du X-ray computed tomography classe, des subdivisions en sous-
(CT) (Prieto et al., 2010). 3.1.6. 
Classement des carcasses classes sont possibles (trois au maxi-
des bovins dans l’Union mum) et matérialisées selon le degré
3.1.4. Teneur en viande maigre croissant de conformation au sein de
européenne
la classe. La conformation varie selon
La teneur en viande maigre est la Le classement intervient en fin de l’âge, la race et l’alimentation des ani-
quantité de viande maigre nette que chaîne d’abattage et consiste à expri- maux. Les races Blonde Aquitaine,
contient une carcasse. Elle permet de mer un jugement sur base de la grille Limousine et Charolaise présentent
calculer le rendement net en viande communautaire de classement. Cette respectivement une conformation de
maigre commercialisable qui s’obtient grille a été conçue à l’origine pour l’ordre de E- à U= , U+ à U- , U= à
par le rapport entre le poids de viande standardiser le mode de communica- U- alors que la Holstein (race laitière)
maigre et le poids de la carcasse froide. tion des prix nationaux vers la Com- présente une moins bonne conforma-
Ce rendement est un critère de qualité tion variant de O= à O-. La race Blanc
mission européenne. La qualité des
essentiel pour le transformateur. Le bleu belge, plus particulièrement le
carcasses est basée sur trois critères :
poids de la viande maigre se calcule type culard qui prédomine, présente
en déduisant le poids des parties non la catégorie, la conformation et l’état
d’engraissement. une conformation exceptionnelle S
maigres (graisse et os) du poids total allant parfois à E. Dans une même
de la carcasse avant dissection. La race, la conformation des carcasses
qualité de la carcasse est d’autant 3.1.6.1 La catégorie est influencée par un effet catégorie
meilleure qu’elle présente un rende- (jeune, adulte, mâle, femelle, castré,
ment en viande commercialisable éle- Selon le règlement (CE) n°1234/2007
du Conseil de l’Union européenne, les etc.). Les jeunes bovins mâles sont
vé et que celle-ci est composée elle- mieux conformés que les bœufs. Leur
même d’une plus grande proportion de carcasses de bovins sont réparties dans
les catégories suivantes : conformation augmente avec le poids
morceaux à cuisson rapide.
de la carcasse, plus le poids de l’ani-
mal est élevé, mieux il est conformé
- A : carcasses de jeunes animaux mâles (Cartier et Moëvi, 2007). Des travaux
(Poids net de viande de la carcasse froide)*100
Teneur en viande = non castrés de moins de 2 ans ; portant sur l’alimentation des bovins
Poids de la carcasse froide
- B : carcasses d’autres animaux mâles ont montré que la quantité de protéines
non castrés ; de la ration des animaux élevés en
3.1.5. 
Classement des carcasses - C : carcasses d’animaux mâles castrés ; étable influençait également la confor-
des bovins mation : de meilleures conformations
- D : carcasses d’animaux femelles ayant ont été obtenues avec des rations dont
En Europe, le classement des car- déjà vêlé ; la teneur en protéines était plus impor-
casses se fait sur la base d’une régle- - E : carcasses d’autres animaux femelles. tante (Clinquart et al., 2000).

Figure 1 : Classes de conformations de la carcasse des bovins (Office de l’Elevage, 2007)

E : excellente U : très bonne R : bonne O : assez bonne P : médiocre


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Figures 1 : classes de conformations de la carcasse des bovins (Office de l’Elevage, 2007)
E : excellente U : très bonne R : bonne O:a

Figures 1 : classes de conformations de la carcasse des bovins (Office

3.1.6.3. Etat d’engraissement sation de techniques automatisées est Figure 2 :machine à classer simplifiée
autorisée dans des conditions qui sont, MAC S (Normaclass)
L’état d’engraissement exprime l’im- elles aussi, précisées et qui concernent
portance de la graisse à l’extérieur de notamment leur validation. À titre
la carcasse (gras de couverture) et sur d’exemple, en Europe, une machine
la face interne de la cage thoracique. à classer simplifiée appelée Norma-
La présence du gras sur les carcasses class (figure  2), a été mise au point
peut être influencée par plusieurs fac- pour apprécier la conformation et
teurs tels l’âge, le sexe, le génotype et l’état d’engraissement des carcasses
la vitesse de croissance (Micol et al., de gros bovins à partir des images de
1993). Les femelles s’engraissent plus l’extérieur et de l’intérieur de chaque
vite que les mâles, les mâles castrés carcasse.
étant en position intermédiaire (Cartier
et Moëvi, 2007). En moyenne l’état
d’engraissement augmente des jeunes 3.1.7. 
Classement des carcasses
bovins aux bœufs, des bœufs aux gé- de bovins aux Etats Unis
nisses et des génisses aux vaches (Car-
Aux USA, le secteur de la viande avait
tier et Moëvi, 2007). Les travaux de
développé de longue date sa propre
French et collaborateurs (2000) sur de
terminologie pour discriminer diffé-
jeunes bœufs croisés d’un poids ini-
rents niveaux de qualité de viande. Le
tial de 504 ± 38,5 kg, nourris pendant
système de classement proposé par le
85 jours avec du fourrage supplémenté
Département de l’Agriculture (United
avec des niveaux différents de concen-
States Department of Agriculture) il y
tré et ceux de Sami et collaborateurs
a près de 100 ans a donc pris en compte
(2004) sur des taureaux Simmental
des critères de classement étroitement
âgés de 15 mois, d’un poids initial de
reliés à la qualité de la viande, en
489 kg, nourris pendant 100 jours et
particulier le dépôt de graisse intra-
138 jours avec de l’ensilage de maïs
musculaire visibleFigure 2 : machine
(« marbling », que à classer simplifiée
quartiers avant et MAC
arrière.S (Normaclass)
Si la tex-
associé à des niveaux différents de
l’on peut traduire en français par le ture et la couleur des zones maigres
concentré, ont révélé que, les vitesses
caractère persillé de la viande), facteur du muscle est acceptable, le degré de
de croissance élevées sont associées à
déterminant du grade attribué. Dans «  marbling » est décrit par une série
des carcasses plus grasses. Serrano et
sa forme actuelle, il prend en compte de termes subjectifs en fonction du
collaborateurs (2005) n’ont, par contre
trois facteurs : pourcentage de la surface de la viande
établi aucun lien entre la vitesse de
croissance et le niveau d’engraisse- sur laquelle la graisse est visible :
ment de la carcasse de veaux rosés Sa- 3.1.7.1. La catégorie «  slightly abundant », « moderate »,
lers abattus à 10 mois d’âge et nourris «  modest », « small », « slight »,
à base de fourrage supplémenté avec Le système américain distingue cinq « traces » et « practically devoid » par
différents niveaux de concentré à par- classes de carcasses : steers (jeune ordre décroissant.
tir de 4,5 mois d’âge. Des contradic- boeuf), bullock (bœuf), bulls (tau-
tions existent donc en ce qui concerne reaux), heifers (génisses) et cows Le « quality grade » de la carcasse est
la relation entre vitesse de croissance (vaches). La distinction entre ces établi sur base de l’évaluation combi-
et niveau d’engraissement de la car- classes est faite en fin de ligne d’abat- née de ces facteurs : pour les degrés
casse. Dans la grille de classement tage selon des critères détaillés dans de maturité A et B, les carcasses sont
européenne (Commission européenne, ces normes. discriminées « prime », « choice »,
2008), l’état d’engraissement se juge «  select » et « standard » ; pour les
sur une échelle de 1 à 5 avec des sub- 3.1.7.2. L’âge ou la maturité degrés de maturité C, D et E, on dis-
divisions en sous-classes possibles de l’animal tingue les classes « commercial »,
(trois au maximum) et matérialisées « utility », « cutter » et « canner » par
selon le degré croissant de l’état d’en- La maturité de l’animal est classée ordre décroissant de qualité. Ce sys-
graissement. Chacune des classes sur une échelle de A à E (5 classes) tème présente l’avantage de prendre
indique dans l’ordre croissant, un état par ordre croissant de maturité. Les en compte la qualité de la viande mais
d’engraissement très faible (1), faible classes A et B incluent les jeunes tau- pour inconvénient, de nécessiter un
(2), moyen (3), fort (4) et très fort (5). reaux et les génisses ; les classes C, entraînement considérable pour être
Des grilles de notations peuvent diffé- D et E incluent les vaches laitières de utilisé de manière correcte, en particu-
rer en fonction des races bovines ou en réforme, les taureaux de reproduction lier pour ce qui concerne le caractère
fonction du type laitier ou allaitant. et les animaux présentant un retard persillé.
de croissance ou un degré de finition
Il convient de noter que l’évaluation excessif. Le « yield grade » (ou classe de ren-
de la conformation et de l’état d’en- dement) de la carcasse est quant à lui
graissement est réalisée de manière 3.1.7.3. Le caractère persillé établi sur base d’une équation prenant
visuelle par des classificateurs qua- en compte quatre paramètres : la quan-
lifiés. Les modalités d’application Ce caractère est évalué sur la surface tité de graisse externe, la quantité de
visent à réduire autant que possible de coupe du muscle longissimus dorsi graisse péri-rénale, pelvienne et péri-
la subjectivité du classement. L’utili- qui apparaît lors de la séparation des cardiaque, la surface de section du

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muscle longissimus dorsi et le poids type I dites « fibres rouges à métabo- des types I et III sont présents dans
de la carcasse chaude. Sur base du ré- lisme oxydatif  », car riches en myo- l’endomysium alors que les types I et
sultat, cinq classes sont distinguées, la globine, de petit calibre et à contrac- III sont contenus dans le perimysium
classe 1 correspondant au rendement tion lente ; les fibres de type IIB dites et contribuent, en synergie avec les
le plus élevé. «  fibres blanches à métabolisme gly- fibres musculaires à la dureté de la
colytique  », pauvres en myoglobine, viande (Dransfield, 1994). Le taux
3.2. Qualité de la viande de plus grand diamètre de section et et l’insolubilité du collagène d’un
à contraction rapide  ; et les fibres de muscle déterminent sa destination
En général, le terme qualité d’un
type  IIA dites «  intermédiaires  » et culinaire de sorte que le prix d’un
aliment regroupe : la qualité orga-
possédant certaines caractéristiques morceau de viande est inversement
noleptique ou sensorielle, la qualité
des fibres du type  I et d’autres de corrélé à sa teneur en collagène et/ou
nutritionnelle ou diététique, la qualité
technologique, la qualité hygiénique celles du type IIB. Ce sont des fibres à à l’insolubilité de celui-ci. Selon le
ou sécurité sanitaire c’est-à-dire la vitesse de contraction rapide ayant un taux et l’insolubilité du collagène d’un
maîtrise des dangers chimiques, bio- métabolisme oxydatif et glycolytique. muscle, on distingue ainsi des muscles
logiques et physiques associés à l’ali- Une catégorie supplémentaire de fibres dits à cuisson rapide et d’autres dits à
ment. Cette dernière ne sera pas déve- pures à vitesse de contraction rapide et cuisson lente.
loppée dans la présente synthèse. La à métabolisme oxydo-glycolytique in-
viande est le produit de transformation termédiaire entre celui des fibres IIA et
3.2.1.3. Les protéines
du muscle après la mort de l’animal. IIB a été identifiée plus tard chez cer-
Ce muscle correspond à un terme ana- taines espèces. Il s’agit des fibres IIX Les produits animaux, plus particu-
tomique définissant une partie pré- qui ont été découvertes d’abord chez lièrement les viandes, sont considé-
cise d’un organisme ; en aucun cas les rongeurs puis mises en évidence rés comme une source importante
ce terme n’est utilisé pour définir un chez le porc. Dans le muscle des bo- de protéines. La viande rouge crue
aliment, c’est le terme viande qui est vins (comme chez l’humain, le cheval, contient en moyenne 20‑24 g de pro-
alors employé (Coibion, 2008). le mouton), il s’avère que les fibres dé- téines par portion de 100 g ; une fois
nommées IIB par les méthodes histo- cuite, sa teneur est de 27-35 g (Wil-
chimiques, correspondent en fait aux liamson et al., 2005). La qualité de
3.2.1. Composition du muscle fibres  IIX (Picard et Cassar-Malek, la protéine se reflète par sa composi-
Le muscle est composé d’eau, de 2008). Les fibres  IIB sont quasi ab- tion en acides aminés essentiels. La
protéines, de lipides, de glucides, de sentes, l’isoforme de la chaîne lourde composition en acides aminés de la
vitamines et des minéraux tels que le de myosine (MyHC) IIb était considé- viande varie selon que les protéines
fer, le zinc et le sélénium (Clinquart et rée comme non exprimée, exception appartiennent aux fibres musculaires
al., 1999 ; Volatier et Dufour, 2006 ; faite pour le muscle extra-oculaire. En ou aux tissus conjonctifs associés.
Bauchart et al., 2008). Hormis l’eau, 2008, celle-ci a été mise en évidence Aux protéines myofibrillaires dont
les protéines et les lipides constituent dans les muscles semitendinosus et l’actine et la myosine sont les plus
les nutriments majeurs de la viande, la longissimus dorsi de certains tauril- abondantes, s’ajoutent les protéines du
teneur en hydrates de carbone des tis- lons de race Blonde d’Aquitaine. Les tissu conjonctif constituées principale-
sus musculaires étant faible (Coibion, techniques classiques d’histochimie ment de collagène et d’élastine. Les
2008). La composition du muscle ne permettent pas une séparation des protéines myofibrillaires contiennent
varie d’un animal à l’autre et d’un fibres IIB et IIX tandis qu’une sépara- plus d’acides aminés essentiels (plus
muscle à l’autre chez le même animal. tion par électrophorèse des isoformes particulièrement la lysine, la leucine,
La carcasse d’un bovin est constituée de la MyHC en fonction de leur poids l’isoleucine et les acides aminés sou-
de 105 muscles différents (Coibion, moléculaire permet de les différencier. frés) que le tissu conjonctif dont les
2008). Les isoformes MyHC IIx ont un poids acides aminés sont riches en glycine,
moléculaire inférieur aux isoformes proline et hydroxyproline avec une ab-
MyHC IIb (Picard et al., 2003 ; Picard sence quasi-totale de tryptophane et de
3.2.1.1. Structure du muscle et Cassar-Malek, 2008 ; Picard et al., méthionine. La teneur en acides ami-
2009). Outre ces quatre types de fibres nés d’un muscle dépend donc de sa te-
L’unité de base du tissu musculaire est
pures, des types hybrides tels que les neur en collagène puisque celle-ci est
la fibre musculaire, constituée de myo-
fibrilles, du réticulum sarcoplasmique fibres IIC renfermant à la fois les iso- variable. En effet, la proportion entre
et du sarcoplasme. Chaque fibre est formes de MyHC I et IIa et les fibres protéines myofibrillaires et protéines
entourée par l’endomysium et chaque IIAX contenant les isoformes  IIa et du tissu conjonctif varie selon l’ani-
groupe ou faisceau de fibres muscu- IIx ont été mis en évidence au moyen mal (race, sexe), le type de muscle et
laires est entouré par le perimysium. d’anticorps anti-MyHC (Picard et al., les traitements auxquels celui-ci a été
Le muscle dans son ensemble est, 2003 ; Picard et Cassar-Malek, 2008 ; soumis, ce qui entraîne des différences
quant à lui, enveloppé par l’epimysium Picard et al., 2009). de composition en acides aminés.
qui, avec le perimysium, attache le
muscle à l’os par le tendon. Les fibres 3.2.1.2. Le collagène 3.2.1.4. Les lipides
musculaires striées se distinguent en
trois types de fibres pures en fonction Le collagène est une protéine extracel- On distingue généralement deux types
de l’isoforme de myosine qu’elles lulaire fibreuse contenu dans le tissu de gras : le gras sous-cutané visible et
contiennent et des caractéristiques conjonctif qui enveloppe les fibres le gras inter- et intramusculaire (cor-
morpho-fonctionnelles de celles-ci musculaires. Il existe différents types respondant au persillé de la viande)
(Picard et al., 2003)  : les fibres de de collagènes : le type IV et des traces plus ou moins visible. La teneur en

32
lipides est le paramètre le plus variable dont la composition est riche en acides proportions de fer héminique (70 %)
de la composition des viandes. La gras monoinsaturés et en acides gras et non héminique (30 %) ne sont pas
graisse contenue dans la viande rouge saturés (Sauvant, 2001). Par contre, fonction du type de muscle (William-
varie généralement selon l’espèce, la lorsque ils sont nourris à l’herbe, il est son et al., 2005 ; Bauchart et al., 2008).
race, le régime alimentaire et le muscle observé une augmentation de la teneur La viande bovine est riche en zinc
(Clinquart et al., 2000 ; Sauvant, 2001 ; en acide α-linolénique -un acide gras (2,7 mg/100 g) et sa teneur varie en
Williamson et al., 2005 ; Bauchart et polyinsaturé de type oméga 3- et de fonction du muscle, le morceau le plus
al., 2008). Des analyses réalisées sur celles de ses dérivés à chaînes plus riche est la bavette (6,8 mg/100 g) et le
les morceaux de muscles et abats de longues (Dufey, 2010). Selon qu’il plus pauvre est la joue (2,7 mg) (Bau-
vaches de réforme de races Charolaise s’agisse d’une alimentation riche en chart et al., 2008). La viande apporte
et Holstein ont révélé que les mor- énergie contenant des concentrés ou 9,8 à 14,6 µg de sélénium/100 g. La
ceaux les plus pauvres en lipides sont d’une alimentation à base de four- teneur de ce dernier dépend autant du
le tende de tranche ou muscle gracilis rages, les différences liées à l’alimen- morceau que de l’individu, mais elle
(2,3 g/100 g) et la macreuse ou Triceps tation sont sous-estimées, notamment n’est pas influencée par la race.
brachii (3,4 g/100 g) et les plus riches sur le plan de l’équilibre entre les
sont l’entrecôte, la hampe et le plat de acides gras polyinsaturés des familles
côte ou muscles Intercostales externus n-6 et n-3 (Chesneau et al., 2004). 3.2.1.6. Les vitamines
et internus (8,7 ; 8,6 et 7,6 g/100 g res-
La viande est une excellente source
pectivement) ; la teneur moyenne en
de vitamines en particulier les vita-
lipides des morceaux est de 6 g/100 g 3.2.1.5. Les minéraux
mines B6 (pyridoxine), B3 (niacine) et
(Bauchart et al., 2008). Dans 100 g de
La viande est une excellente source de B12. Par portion de 100 g, elle apporte
muscle longissimus dorsi de taurillons
minéraux notamment en fer et en zinc. 3,7 à 5,8 mg de vitamine B3, 0,15 à
des races Blanc Bleu Belge, Limou-
sine et Aberdeen Angus, il a été obtenu Elle est pauvre en manganèse, chrome 0,51 mg de B6 et 1,2 à 7,2 µg de B12,
respectivement 0,52, 1,11 et 1,50 g de et sélénium (teneurs inférieures à selon le morceau considéré (Rock,
lipides totaux (Cuvelier et al., 2006). 1 ppm). La teneur en fer de la viande 2002 ; Bauchart et al., 2008). Cent
Les lipides de la viande sont essentiel- de bœuf n’est pas négligeable : à titre grammes de viande crue couvrent en-
lement composés d’acides gras dont d’exemple, 100 g de viande de vaches viron 20 % des besoins journaliers en
la composition varie fortement selon de réforme des races Charolaise et vitamines B3 et B6, et la totalité des
l’espèce, la proportion de maigre et la Holstein apportent entre 2,2 et 3,8 mg besoins en vitamines B12 (Cartier et
localisation de la graisse. Les viandes de fer (Bauchart et al., 2008). Des Moëvi, 2007). Ces apports dépendent
maigres contiennent proportionnelle- analyses effectuées sur des viandes du morceau et de l’individu. Les
ment plus d’acides gras polyinsaturés issues des races bovines françaises muscles glycolytiques tendent à être
et moins d’acides gras saturés ; le gras ont révélé que la hampe (muscle plus plus pauvres en vitamines B6 et B12
visible est plus riche en acides gras sa- oxydatif) est le muscle le plus riche en mais plus riches en vitamine B3 tandis
turés (Li et Siriamornpun, 2005). La fer (3,7 mg/100 g), suivi de la bavette que les muscles oxydatifs sont plus
graisse du bœuf (suif) contient moins (3,3 mg), de la macreuse (triceps bra- riches en vitamines B6 et B12 et plus
d’acide linoléique que la graisse du chii), de la tende de tranche (gracilis) et pauvres en vitamine B3. Les vitamines
porc (saindoux). Par ordre croissant du paleron (en moyenne 2,7 mg/100 g liposolubles telles que les vitamines A
de la teneur en acides gras polyinsa- de viande). Les muscles glycolytiques et D ne se retrouvent en quantités si-
turés on trouve : la graisse de bœuf, (le faux filet et l’entrecôte ou longis- gnificatives que dans quelques abats,
de mouton, de porc, de lapin et de vo- simus thoracis, et le plat de côtes ou notamment le foie (Demeyer et al.,
laille. Elle passe de 2 à environ 20 %, intercostales externus et internus) sont 1999). La viande constitue également
en fonction du degré d’adiposité chez les morceaux les moins riches en fer une bonne source de vitamine E, an-
toutes les espèces (Clinquart et al., (2,3 mg/100 g). Les abats de bovins tioxydant naturel qui permet de limi-
1999). Chez les ruminants, la compo- sont en moyenne deux fois plus riches ter l’oxydation des lipides et des pig-
sition en acides gras du tissu adipeux en fer total que les muscles et leur ments responsable de l’altération de
est peu influencée par l’alimentation teneur est fonction du type d’abats et la flaveur et de la couleur de la viande
contrairement aux porcs, poulets et de la race (Bauchart et al., 2008). La au cours de sa conservation (Clinquart
autres monogastriques. Les acides concentration en fer dans les muscles et al., 2000). Une alimentation riche
gras monoinsaturés représentent 41 à augmente avec l’âge (Boccard et al., en herbe augmente naturellement la
45 % des acides gras intramusculaires 1979). La majorité du fer (70 % du fer teneur en vitamine E, permettant de
totaux chez le bovin, le porc et la des viandes hors abats) contenu dans stabiliser la couleur et de prévenir les
poule (Chesneau et al., 2004). Le gras la viande est sous forme héminique déviations de goût (Dufey, 2010). Des
intramusculaire chez le bovin montre (Williamson et al., 2005 ; Bauchart teneurs en vitamine E voisines de 6,5-
un caractère plus saturé que celui des et al., 2008). Le type de muscle et la 7 µg/g ont été observées par Durand
monogastriques, mais les différences race expliquent respectivement 63 % et collaborateurs (2001) dans le rums-
sont fonction du degré d’adiposité et 32 % de la variabilité de la teneur teak de bovins nourris à l’herbe.
totale (Clinquart et al., 1999). en fer héminique (analyses réalisées
sur les morceaux de muscles et abats 3.2.1.7. Facteurs de variation des
Chez les ruminants, un accroissement des vaches de réforme des races Cha- constituants nutritionnels de la viande
des teneurs en lipides intramusculaires rolaise et Holstein). Ce dernier est
est observé lorsque le régime est à base bien absorbé par les entérocytes de La composition nutritionnelle de la
de concentrés. Ceux-ci sont essen- l’intestin grêle (Lombardi-Boccia et viande varie selon l’espèce (William-
tiellement constitués de triglycérides al., 2002 ; Bauchart et al., 2008). Les son et al., 2005). Au sein d’une même

33
espèce, il existe des variations dues à (Christensen et al., 2003 ; Koohmaraie qualité organoleptique ultérieure de
de nombreux paramètres tels que les et Geesink, 2006 ; Chéret et al., 2007). la viande, en particulier sur la couleur
facteurs de production liés à l’animal Des actions de complémentarité et/ou et la tendreté (Savell et al., 2005).
(la race, le sexe et l’âge), les facteurs de synergie ont été envisagées. Zamo-
de production d’ordre technique (le ra et collaborateurs (2005) et Herre-
régime alimentaire, le logement, le ra-Mendez et collaborateurs (2006) 3.2.3.1. La couleur de la viande
stress), les facteurs de conservation, ont évoqué l’implication majoritaire La couleur de la viande est la pre-
de cuisson (Williamson et al., 2005 ; des caspases (cystéines peptidases mière caractéristique qualitative de la
Bauchart et al., 2008 ; Dufey, 2010). intervenant dans les processus apopto- viande perçue à l’achat. Le consom-
Au sein d’un même animal, la qua- tiques) dans la maturation des viandes. mateur la considère comme un critère
lité des viandes peut varier selon les Une étude plus récente réalisée in vi- de fraîcheur du produit (Clinquart et
muscles et leur type métabolique. tro par Mohrhauser et collaborateurs al, 2000 ; Coibion, 2008). Elle est la
(2011) réfute les thèses précédentes en résultante de quatre composantes dont
3.2.2. Transformation du muscle révélant que c’est la μ-calpaine et non les deux premières expliquent la cou-
en viande la caspase-3 qui est responsable de la leur du produit frais et les deux der-
dégradation des principales protéines nières, son évolution lors de sa conser-
Après l’abattage, le muscle est souple myofibrillaires du bovin. Des contra- vation (Normand, 2005 ; Cartier et
et est immédiatement le siège de nom- dictions demeurent donc en ce qui Moëvi, 2007) :
breuses réactions biochimiques. On concerne la participation des caspases
considère généralement que l’évo- dans l’attendrissement de la viande • la composante structurelle de la cou-
lution de la viande se fait en trois bovine. leur est liée à la structure physique
phases successives  : l’état pantelant, du muscle et en particulier à son
la phase de rigidité cadavérique et la Outre l’action des protéases de la degré d’acidification (pH) qui modi-
phase de maturation. L’état pante- famille des calpaïnes principalement fient la luminosité du produit (rouge
lant se caractérise par une succession responsables de la maturation de la plus ou moins clair) ;
de contractions et de relaxations du viande, plusieurs auteurs (Ouali et
muscle associée à une diminution des al., 2006) suggèrent l’implication du
réserves énergétiques et au recours à phénomène d’apoptose par lequel,
• la composante quantitative, c’est-
la glycogénolyse anaérobie. Le gly- dès la mort de l’animal, les cellules
à-dire la quantité de pigment rouge
cogène est transformé en acide lac- dans le muscle, qui détermine la
musculaires s’engagent sur la voie saturation de la couleur (rouge vif
tique qui s’accumule dans le muscle et de la mort cellulaire. Le rôle de ce
l’acidifie. L’épuisement des réserves ou terne, grisâtre). La myoglobine
mécanisme dans l’amélioration de la (transporteur de l’oxygène dans le
énergétiques entraîne le raidissement tendreté est cependant controversé
des muscles : c’est la rigidité cada- muscle) est le principal pigment res-
(Guillemin et al., 2009 ; Mohrhauser ponsable de la couleur de la viande.
vérique ou rigor mortis qui apparaît et al., 2011).
quelques heures après la mort chez les Elle est une chromoprotéine consti-
bovins dont la carcasse est soumise à tuée d’un groupement héminique
la réfrigération. L’augmentation de 3.2.3. Qualité organoleptique de contenant l’hème (atome de fer as-
la dureté qu’elle confère à la viande la viande bovine socié à la protoporphyrine) et d’une
sera progressivement compensée par protéine, la globine. À une teneur
la maturation. Celle-ci est une phase Les qualités organoleptiques des en fer héminique plus élevée, est as-
d’évolution favorable de la tendreté viandes regroupent les propriétés sociée une viande moins claire avec
qui devient perceptible après l’appa- sensorielles à l’origine des sensations une intensité du rouge plus élevée
rition de la rigor mortis bien que la de plaisir associées à leur consom- et une intensité du jaune plus faible
plupart des réactions d’hydrolyse de mation. La qualité sensorielle de la (Renand et al., 2002). Au cours de
certaines protéines myofibrillaires qui viande est déterminée par sa couleur, la conservation, les composantes
y sont associées aient commencé dès sa flaveur, sa jutosité et sa tendreté. structurelle et quantitative évoluent
l’abattage. Elle contribue à la trans- Chez le bovin, ces caractéristiques peu ;
formation du muscle en viande. C’est varient selon le type génétique,
également au cours de cette phase que l’âge (à ne considérer que pour des • la composante qualitative, relative
se forment les précurseurs des arômes différences d’âge importantes et en à la forme chimique du pigment
et de la saveur de la viande (Cartier et absence de toute influence d’autres musculaire, qui évolue au cours du
Moëvi, 2007 ; Coibion, 2008 ; Eadmu- facteurs), le sexe des animaux, la temps. La myoglobine réduite (Mb,
sik, 2008). Plusieurs systèmes protéo- conduite de la production (niveau Fe++) correspond au pigment en pro-
lytiques sont impliqués dans le phé- énergétique et protéique de la ration, fondeur du muscle ou à la surface de
nomène d’attendrissement. Il s’agit vitesse de croissance, utilisation du la viande lorsque celle-ci est conser-
du système calpaïnes-calpastatine, du pâturage, apports en vitamine E), le vée en l’absence d’oxygène. Expo-
système cathepsines-cystatines et plus stress, voire l’utilisation des promo- sé à l’air, le pigment se combine à
hypothétiquement du système protéa- teurs de croissance lorsque celle-ci l’oxygène pour former l’oxymyo-
some. La μ- et la m-calpaïne et, dans est autorisée (Clinquart et al., 2000 ; globine (MbO2, Fe++) de couleur
une moindre mesure, les protéases Hocquette et al., 2005). Par ailleurs, rouge vif, synonyme de fraîcheur
lysosomales (les cathepsines D, B, L les phénomènes biochimiques et et attractive pour le consommateur.
et H) sont considérées comme les élé- structuraux qui se produisent au cours La formation de MbO2 est d’autant
ments majeurs du processus d’atten- des 24 premières heures post mortem plus importante que la pression par-
drissement de la viande post mortem ont une très grande influence sur la tielle en oxygène est élevée, ce qui

34
explique que la couleur rouge vive dries, de la vitesse d’autooxydation de l’indice de rouge a* (de + 60 pour le
apparaît en surface d’une viande la myoglobine, en relation avec l’oxy- rouge à – 60 pour le vert) et l’indice
conservée à l’air atmosphérique dation des lipides musculaires et de la de jaune b* (de + 60 pour le jaune à
ou sous oxygène. La myoglo- réduction de la myoglobine oxydée – 60 pour le bleu) (Moëvi, 2006).
bine réduite peut aussi se combi- par des systèmes enzymatiques ou non Ces deux derniers peuvent être com-
ner avec d’autres ligands comme enzymatiques (Renerre, 2000). binés pour définir la saturation [(a*2+
le monoxyde de carbone (CO) ou b*2)1/2], qui dépend de la quantité de
l’oxyde nitrique (NO) pour former La couleur de la viande peut être dé- pigments présents dans le muscle et
la carboxy- ou la nitroso-myoglo- terminée par une méthode sensorielle l’angle de teinte (tan-1 b*/a*), qui varie
bine. Avec le temps, le contact de ou par une méthode instrumentale. La en fonction de l’état chimique des pig-
la MbO2 avec l’oxygène de l’air va méthode sensorielle consiste à juger de ments. La clarté L* est influencée par
conduire à la formation de myoglo- manière visuelle en se basant sur des l’état de surface de la viande (Coibion,
bine oxydée (Fe+++) ou metmyoglo- grilles de classement de couleur plus 2008). Chez les bovins adultes, c’est
bine (MetMb), de couleur brune ou moins standardisées et officiali- la clarté qui rend le plus compte de
indésirable et non attractive (Moha- sées (figure 3). Cette évaluation porte la couleur de la viande, telle qu’elle
med et al., 2008). Ce phénomène sur la pigmentation ou l’altération de est perçue par l’homme. Les valeurs
est plus important à une pression la couleur (Cartier et Moëvi, 2007). de L* couramment mesurées après la
partielle en oxygène faible qu’à une La méthode instrumentale repose sur coupe primaire sur le muscle longissi-
pression partielle élevée ce qui ex- l’évaluation physico-chimique, no- mus dorsi, oscillent entre 28 et 30 pour
plique que, lors de la conservation tamment, le dosage du fer héminique, les viandes de couleur rouge foncé  et
d’une viande à l’air atmosphérique, des différentes formes de la myoglo- entre 50 et 55 pour les viandes de cou-
la décoloration apparaît d’abord bine, de l’hémoglobine et de l’héma- leur rouge très clair (Moëvi, 2006).
dans la couche sous-jacente à la tocrite (Moëvi, 2006). En présence Durant le stockage, l’augmentation de
surface. Rapidement après l’abat- de lumière visible, les spectres d’ab- l’angle de la teinte et la diminution de
tage, à l’air libre, et à basse tempé- sorbance ou de réflectance des diffé- la saturation indiquent un changement
rature, la consommation d’oxygène rentes formes de la myoglobine sont de couleur du rouge au jaune-marron
par les mitochondries diminue, et très différents. Il est dès lors possible, et donc une oxydation. L’oxydation
au contact de l’air, la diffusion de par spectrophotométrie, d’estimer les peut aussi être suivie par la diminution
l’oxygène atmosphérique augmente proportions de ces différentes formes de la valeur de a* (Renerre, 2006).
à la surface de la viande. De ce fait, sur base des valeurs d’absorbance ou
la couche d’oxymyoglobine (MbO2) réflectance mesurées à des longueurs La couleur de la viande apparaît plus
en surface s’épaissit et la viande d’ondes spécifiques sur un extrait de rouge et plus foncée avec l’augmenta-
devient plus rouge (blooming en viande ou en surface de celle-ci. Une tion de l’âge (Clinquart et al., 2000 ;
anglais). Au cours de la conserva- autre approche consiste à détermi- Priolo et al., 2001) et du poids de la
tion, la couche de metmyoglobine ner par colorimétrie la couleur de la carcasse (Keane et Allen, 1999 ; Ves-
(MetMb) s’épaissit et se rapproche viande exposée à un illuminant imitant tergaard et al., 2000) et avec nature
de la surface de la viande et la cou- la lumière du jour (D65 généralement) du régime alimentaire : les animaux
leur passe du rouge au brun (Man- et à l’exprimer d’une manière standar- engraissés au pâturage donnent des
cini et Hunt, 2005). disée, le plus souvent dans l’espace viandes plus sombres que ceux finis
de couleur C.I.E. L*a*b* (American avec des aliments concentrés (Serrano
Meat Science Association, 1991 ; et al., 2005 ; Insani et al., 2008 ; Moha-
• la composante bactériologique, liée Mancini et Hunt, 2005 ; Tapp III et al., med et al., 2008 ; Schor et al., 2008),
au développement de bactéries en 2011). Il s’agit d’un espace colorimé- la précocité de l’animal (Normand,
surface de la viande et à de possibles trique à trois dimensions, dans lequel 2005 ; Cartier et Moëvi, 2007), le type
interactions avec le pigment. chaque couleur est définie par trois pa- métabolique du muscle et la compo-
ramètres indépendants, correspondant sition en fibres musculaires (Cuvelier
La stabilité de la couleur dépend es- à chacun des axes de cet espace : la et al., 2006), le taux de persillé et la
sentiellement de la vitesse de consom- clarté L* exprimée en pourcent, allant teneur en pigments héminiques (Moë-
mation d’oxygène par les mitochon- de 0 pour le noir à 100 pour le blanc ; vi, 2006 ; Bodas et al., 2007 ; Moha-

Figure 3 : classes de couleurs de viande (Moëvi, 2006).

Blanc : rouge très clair Rosé clair : rouge clair Rosé : rouge vif Rouge : rouge foncé
(hors pH élevé)
Figure 3 : classes de couleurs de viande (Moëvi, 2006).
35
med et al., 2008), la période précédant dorsi et semi-tendinosus) d’un même dont l’impact négatif sur la tendreté est
immédiatement l’abattage (conditions animal (vache de réforme) ont révélé fonction du pourcentage de raccourcis-
stressantes) et la période post mortem des discordances entre les caractéris- sement musculaire qui dépend lui-même
(Moëvi, 2006 ; Bodas et al., 2007 ; tiques biochimiques et la tendreté. La de la vitesse de refroidissement. Ce phé-
Mohamed et al., 2008), influencent tendreté de la viande peut donc être nomène peut se produire lorsque la tem-
également la couleur de la viande. expliquée par des caractéristiques pérature interne du muscle atteint une
différentes selon le type du muscle. valeur égale ou inférieure à 10°C avant
Aussi, aucun muscle de la carcasse ne l’état de rigor mortis ou, autrement dit,
3.2.3.2. La tendreté de la viande peut être prédicteur de l’ensemble des avant que le pH n’atteigne une valeur
La tendreté est le critère de qualité autres muscle de la carcasse (Picard inférieure à 6 (Sheridan, 1990). Olsson
le plus important pour le consomma- et al., 2007). Lors d’une expérience et collaborateurs (1994) mentionnent
menée sur des bœufs finis en 147 ou des conditions très proches, à savoir une
teur lorsqu’il consomme une viande.
175 jours, il a été démontré que l’aug- température de 7°C et un pH supérieur à
Elle mesure la facilité avec laquelle
mentation de la durée de finition en- 5,7. En dehors de ces facteurs techno-
la structure de la viande peut être dé-
traînant une augmentation des lipides logiques, il existe d’autres facteurs res-
sorganisée au cours de la mastication
intramusculaires peut conduire à une ponsables de la variation de la tendreté,
(Ouali et al., 2006). Elle s’oppose à la
diminution de plus de 26 % de la force notamment au stade de l’élevage tels
dureté de la viande. Trois types de pa-
de cisaillement des viandes (Burson et que les caractéristiques propres de l’ani-
ramètres fondamentaux caractérisent al., 1980). La teneur en lipides peut
la tendreté d’une viande : le paramètre mal (le type morphologique, l’âge, le
donc avoir un effet direct (résistance sexe), le mode de conduite (activité phy-
structurel (les composantes de la ten- mécanique inférieure à celle des pro- sique, gestation et vêlage) et la conduite
dreté : le tissu conjonctif et les fibres téines myofibrillaires) ou indirect alimentaire (la courbe de croissance, le
musculaires), le paramètre temporel (fusion de la graisse lors de la cuis- niveau alimentaire, le régime alimen-
(évolution de la tendreté au cours du son préalable à la consommation ; la taire et la durée de finition). Une syn-
temps) et le paramètre enzymatique graisse passe de l’état solide à liquide) thèse bibliographique réalisée par Oury
ou physico-chimique (protéine intra- sur l’amélioration de la qualité senso- et collaborateurs (2007) a révélé que :
musculaire ainsi que l’activité des dif- rielle de la viande d’où la perception
férents systèmes protéolytiques impli- de viande « plus persillée plus tendre »
qués dans la maturation post mortem • au sein d’une même race (compa-
par les consommateurs. Toutefois, des
de la viande) (Evrat-Georgel, 2008). raison faite au sein des taureaux
contradictions existent entre quelques
Selon Hocquette et collaborateurs Charolais, des taurillons Angus,
études en ce qui concerne la relation
(2005), les caractéristiques du muscle des taureaux Pirenaica, des bœufs
entre la teneur en lipides et la ten-
à l’abattage – surface et type de fibres, issus du croisement entre une race
dreté. Geay et collaborateurs (2001)
propriétés du collagène et teneur en anglaise et une race continentale,
ont montré qu’il n’existe aucune cor-
lipides – n’expliquent au plus que des boeufs Japanese Black), la mor-
rélation entre la teneur en lipides et
36 % de la variabilité de tendreté de phologie n’a pas d’effet sur la ten-
la tendreté sur des viandes crues et
la viande maturée estimée par un jury dreté de la viande ; des études de
cuites. Par contre, Picard et collabo-
de dégustation. Aux carcasses les qualité sensorielle réalisées sur les
rateurs (2007) ont montré qu’il existe
moins conformées, sont associés des viandes issues de races différentes
une corrélation positive entre la teneur
muscles avec plus de collagène, plus en lipides et la tendreté (r = + 0,23). (Charolais, Pireinaica et croisement
de pigments, des fibres de plus grosse Des études élargies aux différentes race anglaise et race continentale) et
section et un pH plus élevé (Renand races, aux différents muscles et sur de catégories différentes d’animaux
et al., 2002). Par contre, l’hypertro- des effectifs plus importants permet- (ascendants, descendants, génisses,
phie musculaire s’accompagne de tront de conclure sur les relations pos- taurillons) et ayant des conforma-
teneurs musculaires en collagène total sibles existantes entre les caractéris- tions identiques ou différentes,
ou insoluble plus faibles et d’une pro- tiques biochimiques et la tendreté de n’ont pas mis en évidence de diffé-
portion plus élevée de fibres rapides la viande. Le potentiel d’un bovin à rence dans la tendreté de la viande ;
glycolytiques. Ces caractéristiques produire une viande tendre est forte-
sont associées à une bonne tendreté ment dépendant de sa croissance avant • la tendreté et la force de cisaillement
(Hocquette et al., 2005). On peut dès la naissance (Hocquette et al., 2005). de la viande de bœuf et de taurillons
lors considérer que les viandes tendres de diverses races (Charolaise, Sim-
ont tendance à avoir les fibres fines, D’autres facteurs comme le traitement mental, White Cattle, Danish Red,
une faible teneur en collagène total des animaux immédiatement avant ou Romagnola, Chianina, Hereford,
ou insoluble et un faible pourcentage pendant l’abattage, le régime de refroi- Blonde d’Aquitaine et Limousine),
de fibres de type rapide oxydatif gly- dissement et la méthode de découpe n’évoluent pas avant l’âge de 2 ans.
colytique (Dransfield et al., 2002). appliqués post mortem influencent Avant 35 mois, elles n’évoluent que
Cependant, le facteur taille des fibres également la tendreté de la viande très rarement chez la femelle de plu-
est peu important en comparaison des (Clinquart et al., 1999). La stimulation sieurs races françaises mais au-delà,
facteurs pH et type métabolique sur électrique utilisée post mortem peut in- un effet négatif de l’âge peut être
la tendreté de la viande, bien que la fluencer favorablement la tendreté de la mis en évidence ;
nature de la relation entre type méta- viande (Hwang et al., 2003). Un refroi-
bolique et tendreté soit complexe dissement trop rapide peut être préjudi- • l’activité physique est favorable à
(Dransfield et al., 2002 ; Guillemein ciable à la tendreté de la viande. Le cold la tendreté des muscles locomoteurs
et al., 2009). Des études menées sur shortening (ou cryochoc) correspond à sans influencer celle des muscles
des muscles différents (longissimus une contracture musculaire irréversible non locomoteurs. Pour plusieurs

36
auteurs, la viande des animaux jury entrainé assimilable à un instrument nos jours dans l’ensemble des études.
produits au pâturage conduit à des de mesure. Il ne représente pas la popu- C’est une force qui est influencée par
appréciations de tendreté inférieures lation de consommation et le résultat les conditions de mesure (orientation
à celles des animaux en stabulation. individuel (de chaque membre du jury) des fibres, température et temps de cuis-
Cette différence pouvant être liée à est considéré comme subjectif. Le résul- son des échantillons, instruments de
une faible croissance et à l’activité tat final considéré est la moyenne des cuisson utilisés, nombre de répétitions
physique plus importante des ani- notes de tous les juges et il est objectif réalisés) mais qui fournit des résultats de
maux en pâture. si le nombre de juges est au moins de 10 précision équivalente à ceux d’un jury
à 18 selon l’épreuve, indépendamment d’analyse sensorielle (Shackelford et
• la gestation et le vêlage n’ont pas du moment de réalisation. L’approche al., 1997). La force de cisaillement est
d’effet sur la tendreté de la viande ; hédonique traduit la réaction affective néanmoins considérée comme un très
du consommateur face au produit à tes- mauvais indicateur du niveau de matu-
ter dans un contexte déterminé et à un ration d’une viande puisqu’elle apprécie
• la croissance compensatrice, l’aug- principalement la composante conjonc-
moment donné (Association française de
mentation du niveau alimentaire tive de la tendreté, en particulier sur des
Normalisation, 1999). Il est réalisé par un
et de la durée de finition peuvent échantillons maturés.
jury de consommateurs naïfs qui donnent
influencer favorablement la tendreté
des réponses spontanées sans chercher à
de la viande mais ces effets positifs
différentier les échantillons. L’objectif Les mesures physico-chimiques cor-
restent à confirmer. La nature de
étant d’approcher l’opinion d’une popu- respondent aux techniques physiques
l’alimentation a également des effets
lation cible dont le jury doit être représen- permettant de mesurer la quantité d’un
limités sur la tendreté de la viande,
tatif. Ce dernier est sélectionné selon le ou plusieurs éléments chimiques dans
variables selon les aliments étudiés
sexe, l’âge, la catégorie socioprofession- une matière. Il s’agit de méthodes
et les conditions d’expérimentation.
nelle, la fréquence de consommation de indirectes permettant de prédire la ten-
viande… Les résultats sont exprimés par dreté et ou le niveau de la maturation
La tendreté d’une viande peut être ap- fréquence et ne permettent pas de distin- de la viande. Les techniques les plus
préciée en temps réel sur le terrain par guer les critères organoleptiques à l’ori- investiguées sont celles qui sont basées
une méthode sensorielle dite de terrain gine de l’appréciation. Le nombre de sur la spectroscopie ou spectrométrie.
et consistant pour le professionnel de la juge dépend de l’information recherchée Il existe trois classes de spectroscopie
viande à exercer une pression du pouce et de la taille de la population à représen- dont celle utilisée pour la viande est
sur le muscle afin de différencier relative- ter ; pour une enquête quantitative, il ne la spectroscopie électromagnétique.
ment bien les zones tendres et les zones doit pas être inférieur à 60. C’est une technique basée sur l’exci-
dures au sein d’un muscle (Cartier et tabilité des molécules organiques par
Moëvi, 2007). Lorsqu’elle est réalisée un rayonnement lumineux. Parmi les
sur la carcasse, elle doit l’être minimum Pour chacune des approches, l’ana-
lyse sensorielle peut-être comparative nouvelles technologies, la spectros-
24 heures post mortem de façon à ce que copie dans le visible et ou le proche
la transformation du muscle en viande (comparaison de plusieurs produits
simultanément pour les positionner les infrarouge est celle qui a fait plus
ait commencé. Le résultat est considéré objet d’étude pour prédire la tendreté
comme subjectif car obtenu par un seul uns par rapport aux autres) ou noma-
dique (appréciation d’un seul produit de la viande bovine. Toutes ces tech-
professionnel ayant son propre référentiel nologies nécessitent une calibration
de tendreté. Au laboratoire, elle peut être pour le positionner par rapport aux
références du dégustateur). Dans les préalable sur la base d’une méthode
estimée par des méthodes sensorielles, de référence, qui peut être la méthode
des méthodes physiques et des méthodes travaux ayant pour but de tester l’effet
d’une variante sur la tendreté des ani- de Warner-Bratzler. La prédiction se
physico-chimiques. Des méthodes expli- fait avec une marge d’erreur qui doit
catives permettent également d’évaluer maux, l’approche analytique de type
nomadique est le plus souvent utilisée. être la plus faible possible. L’outil
la tendreté. Nous nous intéresserons à fondé sur la mesure de la réflectance
celles qui sont les plus utilisées, généra- par spectroscopie dans le proche infra-
lement dans un contexte expérimental. Les méthodes physiques correspondent
rouge le plus récent et utilisé en routine
Un bilan des méthodes de mesures réa- pour la plupart à des tests mécaniques
en Amérique et expérimenté en France
lisé par Evrat-Georgel (2008), à partir de qui mesurent la résistance ou l’amplitude
est le Quality Spec® Beef Tenderness
trois types de sources bibliographiques de la déformation du produit à différents
(Roze et Evrat-Georgel, 2007).
(recherche bibliographique scientifique types de forces qui lui sont appliquées.
à partir de bases de données, travaux Ils sont réalisés sur des échantillons de
des centres techniques, résultats issus viande crue ou cuite. Différents types Les méthodes explicatives sont des
des revues de vulgarisation) a révélé ce de forces (force de cisaillement, force méthodes qui mesurent les paramètres
qui suit : les méthodes sensorielles de de compression et force de tension) sont influençant la tendreté et pouvant donc
laboratoire comprennent les méthodes utilisées ; la plus répandue est la force expliquer les différences de tendreté
sensorielles classiques et les méthodes de cisaillement. Elle correspond à la observées. Les méthodes explicatives
sensorielles temporelles (moins utili- contrainte nécessaire pour faire passer mesurent les éléments chimiques par
sées). L’analyse sensorielle classique une arête tranchante à travers un mor- méthode physico-chimique ou molé-
est constituée de deux approches (ana- ceau de viande perpendiculairement aux culaires via la génomique (Picard et
lytique et hédonique) qui s’opposent sur fibres musculaires ; celle-ci étant expri- al., 2012). Il s’agit :
de nombreux plans et qui ne peuvent mée en kg ou Newton. Elle est réalisée
être utilisées simultanément. L’approche à l’aide de banc d’essai  ou texturo- • du dosage du collagène total à partir
analytique consiste à décrire les caracté- mètre de type Instron selon la méthode du dosage de l’hydroxyproline, acide
ristiques sensorielles d’un produit par un de Warner-Bratzler, la plus utilisée de aminé spécifique du collagène ;

37
• du dosage du collagène insoluble à gènes, ont été respectivement dé- en réduisant l’activité de la lactate des-
partir d’un traitement thermique en couverts par Page et collaborateurs hydrogénase et en augmentant celle de la
milieu aqueux appliqué à l’échan- (2002), Schenkel et collaborateurs ßOH acyl-CoA-déshydrogénase dans le
tillon afin de déterminer la teneur (2006), Barendse et collaborateurs cas du muscle rectus abdominis (muscle
résiduelle en collagène de l’échan- (2007) et Bernard et collaborateurs oxydo-glycolytique) et à une teneur plus
tillon selon le protocole de détermi- (2007). Des programmes d’étude de élevée en acides gras polyinsaturés dans
nation du collagène total. De façon la pertinence de ces marqueurs sont les deux types de muscles.
générale, le dosage de collagène en cours dans différents pays. Des
total se fait selon la méthode ISO kits de génotypage ont été égale- La conduite des animaux au pâturage in-
3496-1994 tandis que, pour celui ment développés par les chercheurs fluence également la flaveur des viandes
du collagène insoluble, le temps et australiens et américains dont plu- (French et al., 2000 ; Cartier et Moëvi,
la température du traitement ther- sieurs, permettant de déterminer 2007 ; Dufey, 2009). Elle augmente le
mique varient (2 h à 90°C ou 4 h à certaines enzymes impliquées dans métabolisme oxydatif des muscles et la
100°C). Pour une discrimination de la maturation, sont déjà commer- flaveur de la viande (Hocquette et al.,
la tendreté d’un muscle par rapport à cialisés. Après avoir testé ces kits 2005). La viande des animaux nourris
un autre, le dosage du collagène est sur 2000 carcasses de bovins améri- à l’herbe se distingue fréquemment par
peu déterminant du fait de sa grande cains, Shackelford et Karplus (2007) sa flaveur et son odeur pastorale. L’aug-
variabilité dans le muscle. Toute- ont conclu que ces tests ADN étaient mentation de la croissance en finition,
fois, il s’est révélé intéressant pour performants et pourraient constituer par l’apport de rations riches en énergie,
caractériser un ou plusieurs produits un élément de prédiction de la ten- conduit à une augmentation du gras in-
en fonction de leur tendreté basale ; dreté des carcasses. terne intermusculaire et sous-cutané mais
l’augmentation de l’état d’engraissement
• des mesures sur les myofibrilles  ; de l’animal n’augmente pas systémati-
elles concernent le typage des fibres 3.2.3.3. La flaveur de la viande quement le taux de gras intramusculaire
réalisé en identifiant et/ou en dosant La flaveur de la viande correspond à et donc la flaveur potentielle des viandes
les molécules caractéristiques des « l’ensemble des impressions olfac- (Cartier et Moëvi, 2007). Dans toutes
propriétés contractiles et métabo- tives et gustatives » que l’on éprouve les espèces, une flaveur caractéristique
liques (ATPase myofibrillaire, lac- au moment de la dégustation (Lame- se développe avec le vieillissement des
tatate déhydrogénase, isocitrate loise et al., 1984). Une expérience me- animaux (Hocquette et al., 2005). Les
déhydrogénase, citrate syntase, suc- née sur le muscle longissimus thoracis animaux les plus âgés et les plus précoces
cinate déhydrogénase, cytochrome- provenant de jeunes bovins des races conduisent aux viandes les plus persil-
C oxydase ou ß- hydroxylacyl-CoA Salers, Aubrac , Gasconne et Cha- lées. Outre les facteurs liés à l’animal, les
déhydrogénase) et/ou en dosant les rolaise élevés dans des systèmes de divers traitements technologiques subis
isoformes de la myosine ; production différents a révélé qu’elle par la viande peuvent influencer la fla-
est principalement corrélée à la teneur veur finale du produit, en particulier les
• de la mesure de l’activité des en- en lipides intramusculaires (r = 0,28 phénomènes d’oxydation des lipides lors
zymes impliquées dans la matura- en moyenne), à la teneur en pigment de la maturation et de la conservation,
tion (les cathepsines, les calpaïnes (r = 0,20 en moyenne) , aux caracté- ainsi que la cuisson qui permet à la fla-
et leurs inhibiteurs, les sérines pep- ristiques de ces lipides et aux types de veur de s’exprimer, puisque de nombreux
tidases et leurs inhibiteurs, le pro- fibres sachant qu’on observe des diffé- constituants de la flaveur sont synthétisés
téasome, les caspases). Leur quan- rences de teneur et de composition en ou libérés au cours de cette étape (Cartier
tification est réalisée sur la base de phospholipides selon le métabolisme et Moëvi, 2007).
la mesure de leur activité biologique des muscles (Renand et al., 2002 ;
après fractionnement partiel ou plus Hocquette et al., 2005). Les muscles L’appréciation de la flaveur d’une viande
rarement dans des extraits bruts de « rouges », riches en pigments, sont se fait seulement par des méthodes de
muscle cru. L’immunodiffusion ra- généralement plus gras que les muscles laboratoire. La méthode de référence,
diale et la technique ELISA sont les « blancs » moins pigmentés (Cartier et la plus utilisée, est l’analyse sensorielle
nouvelles techniques utilisées, elles Moëvi, 2007). Dans le faux-filet des (dégustation par un groupe de personnes
sont plus rapides, plus spécifiques, bovins de race française, des niveaux plus ou moins qualifiées selon les objec-
plus précises et adaptées à l’analyse supérieurs de persillé jusqu’au seuil de tifs recherchés). Des mesures de nature
d’un grand nombre d’échantillons. 4  %, sont associés à une flaveur supé- chimique et physico-chimique (teneur
Ces techniques sont également uti- rieure ; les auteurs précisant cependant et composition en matières grasses de
lisées pour des enzymes autres que que ce chiffre reste à confirmer (Cartier la viande et/ou du gras intermusculaire,
les enzymes protéolytiques ; et Moëvi, 2007). Des suppléments lipi- stabilité oxydative des acides gras, pro-
diques (matières grasses issues du tour- portion des différents types de fibres
• de la recherche des gènes poly- nesol riche en acides gras polyinsaturés musculaires) apportent également des
morphes ayant un impact sur la n-6 et représentant 4 % de la matière informations sur la flaveur, mais elles
qualité de la viande bovine et l’ana- sèche) ne modifient pas la tendreté, ni la sont souvent partielles.
lyse de l’expression de ces gènes. jutosité, mais augmentent la flaveur des
Pour le critère de la tendreté, des muscles rectus abdominis et longissi- 3.2.3.4. La jutosité
marqueurs basés sur des polymor- mus thoracis après 2 jours de maturation
phismes tels que CAPN1, LOX et (Durand et al., 2001). Cette flaveur peut La jutosité, encore appelée succulence
CAST et le marqueur DNAJA1 basé être reliée à une modification d’activité est la faculté qu’a une viande d’exsuder
sur la variation de l’expression des métabolique des fibres (plus oxydatives) du jus lors de la mastication (Lame-

38
loise et al., 1984). On distingue géné- combinaison du séchage et de la dimi- par ailleurs d’éviter une contracture
ralement deux composantes : la jutosité nution du pH, la capacité à produire une irréversible des muscles si un refroi-
initiale qui est associée à la quantité de flaveur, etc. dissement trop rapide est appliqué
jus qui s’écoule dans la bouche pendant post mortem (voir la section relative à
les premières mastications et la jutosité la tendreté).
finale ou seconde jutosité qui est liée à 3.2.4.1. pH
la sécrétion salivaire engendrée par le Le pH est un paramètre chimique qui
gras du morceau après la mastication influence la capacité de conservation et 3.2.4.2. Capacité de rétention d’eau
(Lawrie, 1991). La jutosité est influen- de transformation de la viande (Cartier Une viande ayant une bonne capacité
cée par les caractéristiques musculaires et Moëvi, 2007). En effet, après l’abat- de rétention d’eau permet de limiter les
telles le pH, les lipides intramusculaires tage, le pH du muscle passe d’une valeur pertes de poids au cours de sa conser-
et la capacité de rétention d’eau du proche de 7,0 à environ 5,5-5,7 en 48 h
muscle (Hocquette et al., 2005). Selon vation et de sa transformation en pro-
chez les bovins (Cartier et Moëvi, 2007). duits cuits (Clinquart et al., 2000). Cette
Honikel et Hamm (1994), la capacité de La diminution du pH est liée à l’accu-
rétention d’eau de la viande est l’apti- aptitude dépend de la manipulation et
mulation d’acide lactique issu de la dé-
tude de celle-ci à conserver la totalité ou de l’état de la viande. L’eau est retenue
gradation du glycogène contenu dans le
une partie de son eau propre ou de l’eau dans la viande principalement par les
muscle. Le pH se stabilise lorsque les
qui lui est ajoutée. Les viandes conte- réserves en glycogène sont épuisées : on protéines myofibrillaires par capillarité.
nant une teneur importante en gras et parle alors de pH ultime (Clinquart et Les modifications de la capacité de ré-
une faible proportion de fibres de type al., 2000). Le pH influence les qualités tention d’eau s’expliquent souvent par
rapide glycolytique ont tendance à être organoleptiques, notamment la couleur des modifications des protéines myofi-
juteuses et à avoir une flaveur marquée (Monin, 1991). Il est possible de maî- brillaires.
(Dransfield et al., 2002). Une viande à triser la diminution du pH en prenant en
pH faible a tendance à perdre son eau et compte plusieurs facteurs : Les méthodes appliquées pour évaluer
à être sèche. Par contre les viandes à pH la capacité de rétention d’eau et l’état de
« élevé » ont une très bonne rétention • le stress avant l’abattage : l’apparition la viande doivent être bien définis afin
d’eau et présentent donc une jutosité des viandes à pH élevé est liée aux d’obtenir des résultats comparables. Il
supérieure (Renand et al., 2002). Les différents évènements qui surviennent existe trois manières principales de trai-
facteurs influençant le pouvoir de réten- avant la mort de l’animal. La succes- ter la viande qui impliquent trois mé-
tion d’eau affectent également la juto- sion de perturbations que peut subir thodes de mesure de la capacité de réten-
sité (Monin, 1991 ; Vandendriessche et l’animal entraîne la diminution des tion d’eau : la méthode sans application
Casteels, 1999). réserves en glycogène dans le muscle ; d’une force (évaluation de la perte d’eau
ce qui après abattage, donne lieu à des par évaporation ou écoulement dans le
Il n’existe pas de méthode de mesure viandes à pH élevé (Cartier et Moëvi, sac d’emballage lors de la conservation
standardisée pour mesurer la jutosité 2007) qu’on qualifie D.F.D. (pour sous réfrigération ou congélation), la
d’une viande (Honikel et Hamm, 1994). Dark, Firm, Dry en anglais) ou viandes méthode avec application d’une force
Elle peut être appréciée au moyen d’une à coupe sombre. Les viandes dont le mécanique (évaluation de la perte d’eau
évaluation sensorielle (par un panel de pH ultime est élevé (5,8 ou plus) se qui est obtenue par pression sur la viande
dégustation) ou par des méthodes ins- caractérisent par une couleur sombre, et absorbée par un papier filtre) et la mé-
trumentales mesurant des paramètres une moindre tendreté et un pouvoir de thode avec application d’une force ther-
chimiques (dosage de la matière grasse) rétention d’eau élevé qui se manifeste mique (évaluation de la perte d’eau lors
et les mesures physiques comme les par un aspect sec en surface (Monin,
de la cuisson). Les deux dernières mé-
pertes de masse (détermination de la ca- 1991; Eadmusik, 2008). Elles sont peu
thodes sont généralement les plus utili-
pacité de rétention d’eau) ou l’évolution adaptées à la conservation à l’état frais
des dimensions du morceau suite à une sées. En fonction des habitudes alimen-
en raison d’une sensibilité accrue à
compression et/ou à une cuisson (Cartier l’altération d’origine microbienne. De taires des consommateurs, différentes
et Moëvi, 2007 ; Coibion, 2008). plus, ces viandes sont peu adaptées au températures de cuisson sont utilisées
traitement de dessiccation (Allen et al., pour la détermination de la perte d’eau
1998). Les viandes dont le pH ultime par cuisson : 55°C pour les viandes sai-
3.2.4. Q
 ualité technologique gnantes, 65°C pour les viandes moyen-
est compris entre 5,5 et 5,7 sont dites à
de la viande pH normal. Elles sont caractérisées par nement cuites, 80°C pour les viandes
La qualité technologique de la viande une couleur pâle normale et un faible bien cuites et 95°C pour les viandes
représente sa capacité à être transfor- pouvoir de rétention d’eau car la dimi- entièrement cuites (Barton-Gade et al.,
mée et conservée (Monin, 1991). Elle nution normale du pH post mortem 1993). Quelle que soit la méthode de
dépend du produit que l’on souhaite entraîne une diminution de la réten- mesure, la capacité de rétention d’eau
fabriquer (viande crue hachée et viande tion d’eau par les protéines du système de la viande est influencée principale-
crue non hachée) et peut être exprimée myofrillaire ; ment par la vitesse et l’amplitude de la
principalement par le pH et par la capa- diminution du pH post mortem, la taille
cité de rétention d’eau. La qualité tech- • une stimulation électrique effectuée et la forme de l’échantillon, le traitement
nologique peut être également exprimée sur l’animal après sa mise à mort et de la viande lors du conditionnement, la
par les paramètres tels que la capacité avant que le pH n’ait atteint sa valeur température de cuisson, de conservation
d’émulsification, la couleur et la capaci- finale, accélère la diminution du pH et ou de congélation, l’humidité relative du
té de formation de la couleur, la capacité l’apparition de la rigidité cadavérique local de conservation et le délai qui s’est
de liaison par thermocoagulation ou par (Pouliot et al., 2009). Elle permet écoulé entre l’abattage et la mesure.

39
4. Conclusion les préférences du consommateur. Par Belgique (CIUF). Les remerciements
contre, les critères objectifs portent sont également adressés aux respon-
La notion de qualité de la viande est sur des paramètres mesurables techni- sables de l’Activité UAC01.
une notion complexe qui englobe une quement sur la viande et utilisables en
multitude de propriétés différentes routine afin de pouvoir diagnostiquer Assessment criteria and factors
pouvant être influencées par le pro- les non-conformités en temps réel et
of variation of bovine carcass
ducteur, le transformateur et même le d’engager, le cas échéant, des actions
trait and beef quality
consommateur lors de la préparation correctives Les critères objectifs d’ap-
finale de la viande. Les paramètres préciation de la qualité de la carcasse
de variation de la qualité de la viande ne sont pas pris en compte dans la fi- Abstract
bovine font l’objet de nombreuses lière viande en Afrique subsaharienne.
études. L’amélioration de la qualité De même les caractéristiques techno- The meat quality concept is extre-
de la carcasse n’est pas forcément logiques, nutritionnelles, organolep- mely variable and progressive in
accompagnée d’une amélioration de la tiques et sensorielles de la viande des relation to the transformation of
qualité de la viande. De nombreuses bovins de l’Afrique subsaharienne ne the live animal into carcass and
méthodes de mesure existent pour sont pas connues. Une caractérisation into meat. This article reviews
apprécier la qualité de la carcasse et de la composition de carcasse et de la the criteria of subjective (criteria
de la viande. Malgré la variation des qualité de la viande des races bovines depending on consumer behavior
critères d’appréciation de la qualité de de l’Afrique subsaharienne est néces- and preferences) on the one hand
la viande par les consommateurs, il saire pour que les viandes produites
and objective assessment of the
existe dans la plupart des cas une cohé- soient mieux connues par les consom-
quality of bovine carcass and meat
rence entre les valeurs de ces critères mateurs et plus compétitives sur le
plan international. on the other hand. The objective
d’appréciation et celles des méthodes
de mesure. En somme, les critères criteria for carcass quality assess-
ment are mainly the weight, the
subjectifs de la qualité de la carcasse Remerciements classification (conformation and
et ceux de la viande correspondent à
des jugements que le consommateur Les auteurs remercient la Coopération fat deposition), the composition,
porte sur la viande avant la décision universitaire au Développement (Bel- the slaughtering yield and the car-
d’achat et durant la consommation. gique) pour son appui à la réalisation cass meat content. Finally, the
Ces critères sont diversifiés et varient de ces travaux à travers le troisième muscle composition, the organo-
d’un continent à l’autre ou d’une com- programme quinquennal (P3) de la leptic and the technological pro-
munauté à l’autre et sont en relation Coopération universitaire institution- perties for the appreciation of the
avec l’image et les valeurs sociales. nelle (CUI) du Conseil interuniversi- quality of beef are described and
Ils varient selon le comportement et taire de la Communauté française de discussed.

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