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Qualités nutritionnelle, INRAE Prod. Anim.

,
2022, 35 (3), 217-236

organoleptique et disposition
à payer pour les alternatives à la viande :
cas des analogues végétaux,
de la « viande in vitro » et des insectes
Valentine BOURDREZ1, Sghaier CHRIKI1,2
1
ISARA, 69007, Lyon, France
2
Université Clermont Auvergne, INRAE, VetAgro Sup, UMR Herbivores, 63122, Saint-Genès-Champanelle, France
Courriel : schriki@isara.fr

„„ Dans un contexte sociétal en pleine évolution au sujet de la viande, plusieurs alternatives s’offrent aux
consommateurs. Les analogues végétaux, la « viande in vitro » et les insectes répondent-ils aux besoins
nutritionnels et aux goûts des consommateurs ? Ces derniers seraient-ils prêts à payer davantage pour ces
alternatives ? Et de quelle manière cette disposition à payer est-elle influencée par les différences socio-
culturelles ?

Introduction de la diète quotidienne, il représente notamment des viandes transformées


aujourd’hui environ 20 % des français (Lescinsky et al., 2022), dans les pays
(Hébel, 2020). Les chiffres annoncés par industrialisés est associée à une augmen-
L’intérêt grandissant de nos conci- la dernière étude de l’IFOP sont sensi- tation des maladies cardio-vasculaires
toyens pour une alimentation plus blement proches quoique inférieurs (ex. cardiopathies ischémiques), du dia-
saine et plus durable est – entre autres pour les végans et les végétariens qui bète de type II ou des cancers colorec-
– à l’origine de l’émergence de différents représenteraient respectivement 0,3 et taux au sein de la population (Lecerf,
régimes, parmi lesquels on retrouve le 0,8 % de la population française, tandis 2020). Les recommandations du centre
« végétarisme ». Excluant la consomma- que les flexitariens seraient autour de international de recherche sur le cancer
tion de chair animale, sauf le poisson, les 24 % (FranceAgriMer et IFOP, 2021). Ces (International Agency for Research on
végétariens représentent environ 4 % mêmes tendances sont observées au Cancer) sont autour de 500 g de viande
de la population française (Hébel, 2020). niveau européen et mondial (Mathieu rouge cuite par semaine. Aussi, des crises
D’autres régimes excluent la viande, et Dorard, 2016), notamment à travers sanitaires ont régulièrement secoué la
mais également tous les aliments d’ori- l’augmentation de la recherche des filière viande en France depuis 1980,
gine animale (ex. poissons, œufs, lait, mots « végétarien » et « végan » (+ 47 % date à laquelle le scandale du « bœuf
miel) comme le « végétalisme », ou de recherches entre 2019 et 2020) sur aux hormones » éclate, puis la « crise de
même tout produit issu de l’exploita- les moteurs de recherche, selon Google la vache folle » en 1996 et 2000, « l’in-
tion animale (ex. le cuir, la laine, la soie) Trends et Google AdWords. fluenza aviaire H5N1 » en 2004 ou encore
comme le « véganisme », qui représente la « fraude à la viande de cheval » vendue
1,1 % des régimes au sein de la popula- Si ces régimes font l’objet de tendances en tant que viande de bœuf en 2013.
tion française en 2018 (Hébel, 2020). Plus croissantes ces dernières années, la baisse
récemment, le « flexitarisme » est monté de consommation de viande quant à Outre les problèmes sanitaires,
en puissance. Consistant à réduire la elle remonte au début des années 1980. les prix, toutes viandes confondues,
consommation de viande, pour des rai- De nombreuses raisons en sont à l’ori- ont tendance à augmenter depuis
sons autres que financières, sans pour gine, notamment les aspects sanitaires. 2009 (Agreste, 2020) et la dépense
autant la supprimer complètement En effet, la c­ onsommation excessive, de consommation (globale) diminue

https://doi.org/10.20870/productions-animales.2022.35.3.7265 INRAE Productions Animales, 2022, numéro 3


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­ rogressivement (INSEE, 2021). Le prix


p Plus récemment, la « viande in vitro » synthétiques. Pour chacune des alter-
est en effet un facteur déterminant du a fait son apparition avec le premier natives, l’intérêt se portera d’abord sur
comportement des consommateurs, « steak » obtenu en 2013 à partir de cel- les qualités nutritionnelle et organo-
qui, dans un contexte récent d’inflation lules souches. Le 2 décembre 2020, c’est leptique pour permettre de répondre
et de baisse de pouvoir d’achat, peuvent Singapour qui autorise en première à l’enjeu suivant : remplacer la viande
éliminer – ou du moins réduire – ces ali- mondiale, la vente de nuggets de pou- issue d’élevage tant dans les apports
ments jugés coûteux. Des arguments de let produits in vitro par une start-up cali- nutritionnels que dans l’expérience
l’ordre de l’éthique peuvent aussi expli- fornienne (Eat Just). Également appelée des sens.
quer cette baisse de consommation de « viande de culture » ou « viande de syn-
la viande. En effet, l’élevage est régu- thèse » ou encore « viande de labora- La qualité nutritionnelle, notamment
lièrement remis en cause au sujet du toire » (Chriki et al., 2020a), la « viande in protéique, se définit selon Walrand et al.
respect du bien-être animal ou encore vitro » désigne des cellules qui se multi- (2013), comme « la biodisponibilité2, la
concernant le droit moral de pouvoir ou plient un très grand nombre de fois en vitesse de libération et de distribution
non tuer des animaux pour les manger laboratoire (bioréacteurs1) à tempéra- métabolique des acides aminés issus
(Pulina et al., 2022). D’autres soulignent ture physiologique, produisant ainsi de des protéines » (profil en acides ami-
également l’accès limité à la viande dans grandes quantités de fibres musculaires nés indispensables, digestibilité). Elle
certains pays défavorisés, et décident (Chriki et al., 2020b). prend également en compte l’apport
donc de réduire leur consommation en sucres, en graisses, en micronutri-
de produits carnés par solidarité. Enfin, Enfin, une autre alternative qui ments et en fibres (Walrand et al., 2013).
d’autres raisons sociales sont avancées : émerge dans le monde occidental est Quant aux qualités organoleptiques,
culte de la minceur, vieillissement de la la consommation d’insectes, appelée elles regroupent la couleur, la jutosité,
société avec l’idée qu’à partir d’un cer- entomophagie. Cette habitude alimen- la flaveur (comprenant la saveur et
tain âge il faut manger moins de viande, taire est déjà ancrée dans les us et cou- les arômes) ainsi que la texture (ou la
ou simplement une question de goût tumes des territoires d’Afrique, d’Asie tendreté) attendues par le consomma-
(Mathieu et Dorard, 2016). et d’Amérique du sud, mais s’est per- teur (Touraille, 1994).
due en Europe depuis la Renaissance
Quelles qu’en soient la ou les raisons, (Caparros Megido et al., 2016). En 2013, Ensuite, nous aborderons la dispo-
ces changements dans les habitudes la FAO reconnaît les insectes comme sition à payer (DAP) pour chacune
alimentaires entraînent l’émergence de une source additionnelle de protéines des trois alternatives. L’acte d’achat et
nouveaux produits visant à mimer/rem- pour l’alimentation humaine, et le l’acte de consommation sont à dissocier
placer la viande aussi bien sur le plan chiffre d’affaires européen du marché puisqu’ils ne vont pas forcément de pair.
sensoriel que nutritionnel. des insectes comestibles pourrait pas- En effet, on peut acheter un produit
ser d’environ 77 millions d’€ en 2018 pour le foyer sans le consommer person-
Les analogues végétaux se veulent à 220 millions d’€ en 2023 (Gaudiaut, nellement, ou au contraire le consom-
depuis quelques années une alterna- 2020), soit une croissance de 185 %. mer sans l’avoir acheté. L’acte d’achat
tive à la viande. Le marché mondial de a été fondé autour de « sept motiva-
ces produits est en plein essor, puisqu’il À travers ces alternatives, une alimen- tions » (Van Laethem, 2017). Parmi
est passé de 6,9 milliards d’€ en 2013 à tation plus durable et plus saine est elles, figurent le « prix » et le « renou-
10 milliards d’€ en 2019 (GEPV, 2019). recherchée. La FAO définit les régimes veau », deux motivations qui permet-
Les analogues végétaux, pour atteindre alimentaires durables comme étant tront d’évaluer la DAP pour ces produits.
des teneurs en protéines suffisantes « sains et ayant de faibles impacts sur L’acte ou « expérience » de consomma-
et ainsi se revendiquer « sources de l’environnement, socio-culturellement tion, s’il est positif (notamment grâce
protéines », utilisent des ingrédients acceptables et accessibles à tous sur le aux qualités nutritionnelles et organo-
protéiques végétaux (isolats ou concen- plan économique » (FAO et OMS, 2020). leptiques), permettra de réitérer l’acte
trats). Selon le Groupe d’Étude et de Dans cet article, seront développées les d’achat. Ces processus sont influencés
Promotion des Protéines Végétales qualités sensorielles, nutritionnelles, notamment par les croyances, appelés
(GEPV), « les matières protéiques végé- économiques et culturelles de ces trois « facteurs socio-culturels » (de Saint Pol,
tales sont des ingrédients alimentaires alternatives. Tour à tour, les protéines 2017). Ainsi, il sera intéressant d’obser-
intermédiaires issus d’espèces végétales végétales, la « viande in vitro » et les ver à travers les travaux scientifiques
riches en protéines » tels que les pro- insectes souvent présentés comme jusqu’où va la DAP pour les alternatives
téagineux (lupin, féverole, pois), les étant plus durables que la viande, présentées dans cet article, et comment
oléo-protéagineux (soja, colza) et les seront étudiés et comparés, permet- les croyances socio-culturelles exercent
céréales (blé, orge) (GEPV, 2019). tant l’ébauche de tableaux comparatifs une influence sur chacune d’entre elles ?

1 Bioréacteurs : appelés également fermenteurs, ce sont des appareils permettant de cultiver en masse des organismes d’intérêt (cellules, microorganismes),
à des fins alimentaires ou pharmaceutiques.
2 Biodisponibilité : terme désignant la proportion d’un nutriment ingéré qui est absorbée par la muqueuse intestinale et qui est donc susceptible d’être
disponible pour les besoins du corps. La biodisponibilité dépend des étapes physiologiques permettant aux molécules exogènes (les nutriments en particulier)
de parvenir à leur cible.

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Qualités nutritionnelle, organoleptique et disposition à payer pour les alternatives à la viande / 219

1. Les analogues végétaux tout en veillant à l’importance de la elle est considérée comme optimale
cuisson pour éliminer les facteurs (Cayot, 2021). Toutes les ­protéines
antinutritionnels (Chardigny, 2017). issues de céréales et quasiment toutes
„„1.1. Analyse des qualités Une combinaison optimale mélange- celles des légumineuses ont un DIAAS
intrinsèques rait des céréales riches en protéines inférieur à 75 %, jugées donc de qua-
telles que le blé, avec des produits à lité insuffisante. Seuls, le pois chiche
Les analogues végétaux, ont pour but base de soja (Cayot, 2021). Cette solu- et le soja ont un DIAAS compris entre
d’imiter le plus possible la viande, tant tion a ses limites, puisque l’utilisation 75 et 100 %. En comparaison, le lait, la
au niveau nutritionnel qu’au niveau des d’aliments du quotidien mélangeant volaille, les œufs et le porc ont un DIAAS
perceptions en bouche. Si bien que, ces légumineuses et céréales ne suffit pas plus élevé que la protéine de référence,
analogues végétaux s’appellent à tort à couvrir les besoins protéiques journa- autrement dit supérieur à 100 %. La pro-
« viandes végétales » ou « steaks végé- liers. Du moins, les quantités requises téine de référence étant un mélange
taux » dans la mesure où une viande pour les atteindre seraient trop élevées. idéal théorique d’acides aminés qui
provient par définition du muscle d’un Pour éviter des quantités quotidiennes répondent à 100 % des besoins quoti-
animal (Boler et Woerner, 2017 ; Chriki incommensurables, il faudrait davan- diens d’un humain (Cayot, 2021).
et al., 2022). Cette idée étant bien tage utiliser des concentrés protéiques
ancrée dans les nouvelles mœurs et (Cayot, 2021). Toutefois, les divergences ne résident
le langage courant, les marques s’en pas uniquement sur les associations
servent pour leurs noms de gamme : Les analogues de viande fournissent végétales optimales. Une étude récente
par exemple les steaks de soja (Le globalement moins de protéines que (Sá et al., 2020) nuance la remise en
Gaulois), « le haché végétal » (SojaSun), les viandes telles que la volaille, le porc cause des protéines végétales (et de
ou encore « le steak végétal green cui- ou le bœuf (Cayot, 2021). Les analo- leur faible DIAAS), en mettant en avant
sine » (Findus). Ces abus de langage gues végétaux comportent entre 5 et – au contraire – leur très haute qua-
sont interdits depuis la loi du 10 juin 23 g de protéines par 100 g de pro- lité à travers leur large diversité. Cette
2020 (Cayot, 2021). Par ailleurs, de nou- duit prêt-à-consommer, tandis que la diversité offrirait tous les acides aminés
velles marques uniquement dédiées volaille entre 21 et 32 g/100 g, le porc indispensables requis pour une bonne
aux analogues végétaux apparaissent entre 21 et 37 g/100 g et le bœuf entre qualité protéique, sans produits ani-
désormais sur le marché, telles que par 18 et 39 g/100 g. Cette variabilité au maux (Sá et al., 2020). Si cette étude
exemple « HappyVore » anciennement sein des viandes provient des diffé- met en avant la possibilité d’atteindre
« Les Nouveaux Fermiers ». rences entre races, de la position ana- une qualité protéique suffisante, elle ne
tomique du muscle (et donc la teneur considère pas la possibilité d’atteindre
a. Qualités nutritionnelles en graisses) ou encore la méthode uti- une qualité nutritionnelle équivalente
Les analogues végétaux sont inté- lisée, notamment de parage (Bauchart aux protéines animales, prenant en
ressants pour plusieurs raisons, par et Gandemer, 2010), contrairement aux compte l’ensemble des macronutri-
exemple, dans le cadre d’un régime analogues végétaux dont la variabilité ments et des micronutriments.
où le contenu en acides gras saturés repose sur la formulation (Cayot, 2021).
(apportés par les produits d’origine Au niveau des micronutriments, et en
animale) doit être contrôlé, ou encore La teneur en protéines n’est pas le particulier du fer, les apports nutrition-
pour apporter plus de micronutri- seul indicateur de la valeur nutrition- nels conseillés sont de 16 mg/j pour les
ments et de fibres (Walrand et al., 2013). nelle, puisqu’il faut aussi s’intéresser à femmes en âge de procréer et de 8 mg/j
Cependant, il a été mis en évidence la composition en acides aminés indis- pour un homme adulte. Les produits
que les protéines végétales sont sou- pensables ainsi qu’à la digestibilité composant les analogues de viande
vent moins bien équilibrées en acides réelle iléale (plus fiable que la diges- apportent entre 1,3 et 7 mg/100 g de
aminés essentiels, et parfois associées à tibilité fécale), toutes deux qualifiées fer, soit en moyenne moins que les pro-
des facteurs antinutritionnels3 (Walrand par l’indicateur DIAAS4 (« Digestible duits carnés qui apportent entre 0,9 et
et al., 2013). D’où l’importance d’asso- Indispensable Amino Acid Score »). Si 23 mg/100 g (Cayot, 2020). De plus, les
cier plusieurs sources végétales qui le DIAAS est inférieur à 75 %, alors la végétaux contiennent un fer dit « non-hé-
se complètent bien dans une même protéine est de qualité insuffisante minique »5, quatre fois moins absorbé par
formulation. Certains travaux préco- (tableau 1). Entre 75 et 100 %, la qua- le corps humain que le fer héminique6
nisent de mélanger les céréales et les lité de la protéine est jugée satisfaisante provenant des produits d’origine animale.
légumineuses pour couvrir les besoins, mais pas optimale, et au-delà de 100 % Une solution pour le rendre plus biodis-

3 Facteurs antinutritionnels présents dans les aliments (surtout végétaux) et pouvant s’opposer à la digestion et à l’absorption de nutriments ou exercer des
effets indésirables voire toxiques (ex. les facteurs antitrypsiques des légumes secs, la solanine de la pomme de terre). Ils sont le plus souvent éliminés par des
procédés simples (trempage, cuisson…).
mg d’AA dans 1 g de la protéine alimentaire
4 DIASS (%) = 100 × .
mg d’AA dans 1 g de la protéine de référence
5 Noté Fe(II) ou Fe(2).
6 Noté Fe(III) ou Fe(3), le fer héminique est présent dans la chair des animaux et a une meilleure biodisponibilité que le fer non héminique (d’origine végétale).

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Tableau 1. Qualités nutritionnelles des analogues végétaux (AV) comparées à celles de la viande (V).

Indicateurs Viande (V) Analogues végétaux (AV) Sources

Quantité de protéines (g/100 g) 18 – 39 5 – 23 AV : (Cayot, 2020)

Digestibilité des protéines (%) 95 – 98 %

DIAAS : acides aminés essentiels/ < 75 % (sauf pois chiche :


> 100 % AV : (Cayot, 2020)
digestibilité iléale (%) 75-100 %)

Quantité de lipides (g/100 g) 2-17 (Contenu ajouté)7

Rapport acides gras (AG) insaturés/ < 1 (naturellement > 1 (riche en AG


AV : (Walrand et al., 2013)
saturés (< 1, = 1 ou > 1) riche en AG saturés) insaturés ajoutés)

Quantité de fer (mg/100 g) 0,9-23 Fer 1,3-7 Fer


AV : (Cayot, 2020)
Biodisponibilité Fer héminique Fe(II) non-héminique Fe(III)

0,2-5,2* pour V : (Gille et Schmid, 2015)


Quantité en vitamine B12 (µg/100 g) 0/absente
la viande crue AV : (Cayot, 2020)

Vitamine C, fibres (altérées AV : (Peyraud, 2020)


Autres micronutriments
lors du process), minéraux (Cayot, 2020) (Lecerf, 2020)

ponible est l’ajout de citron (Cayot, 2020). pas encore disponibles sur le marché végétaux. Les produits à base de soja
Ce dernier contient de l’acide citrique et (Cayot, 2020). Pour rappel, une carence peuvent même contenir des phytoœs-
de la vitamine C qui augmentent l’absorp- en vitamine B12 (comme dans le cas des trogènes dont les effets sur la qualité du
tion du fer par l’organisme. régimes végétaliens ou végans excluant sperme humain font l’objet de débats
tout produit d’origine animale) entraîne scientifiques (Cederroth et al., 2012).
Pour la vitamine B12, les besoins jour- des pathologies telles que des troubles
naliers recommandés sont de 2,4 µg hématologiques, nerveux ou encore b. Qualités organoleptiques
par adulte (moyenne ne prenant pas en digestifs (Serraj et al., 2010). Auparavant, ce qui empêchait les
compte les variations dues au statut phy- alternatives végétales de percer sur
siologique). Étant uniquement synthéti- À travers la communication mar- le marché étaient leur manque de
sée par des bactéries présentes dans les keting et les croyances, les produits saveur et de qualités gustatives. L’ajout
animaux (naturellement ou grâce aux d’origine végétale sont dits riches en d’arômes, d’épices, de sel ou d’autres
compléments dans leur alimentation), vitamine C, en antioxydants (de type ingrédients, qui lors de la cuisson déve-
la vitamine B12 est ensuite retrouvée polyphénols), en fibres et en minéraux. loppent des saveurs (notamment par la
naturellement dans les produits d’ori- Ils sont effectivement plus riches en réaction de Maillard), a permis d’amélio-
gine animale. Elle est donc totalement fibres que les produits animaux (qui rer le goût de ces produits. Il est aussi
absente dans les analogues végétaux. en sont dépourvus), mais les produits possible de faire une supplémentation
Une diminution de la consommation ultra-transformés, dont font partie cer- en acides aminés et en sucres, mais de
de viande, voire une suppression totale, tains analogues végétaux, font appel fortes contraintes sur les combinai-
n’induirait pas forcément des carences à des processus de fabrication qui sons et les quantités subsistent. C’est
en vitamine B12, puisqu’elle se trouve altèrent les fibres contenues dans les d’ailleurs tout l’enjeu du projet scien-
également dans le lait, les œufs et le ingrédients. Pour rappel, les fibres sont tifique « LikeMeat Project ». Financé en
fromage. Toutefois, une surveillance des glucides n’apportant pas d’éner- majorité par l’Union Européenne, il
serait nécessaire car ces aliments ont gie puisqu’ils sont non digestibles par vise à développer la texture, la jutosité,
une teneur bien plus faible que celle l’Homme, mais avec un pouvoir satié- l’aspect, les arômes ainsi que l’accep-
des viandes : 0,07 à 3,34 µg/100 g contre togène, favorisant ainsi la régularité tation des analogues végétaux par les
0,2 à 5,2 µg/100 g pour les produits car- de la fonction intestinale, la glycémie consommateurs. Les qualités organo-
nés (Gille et Schmid, 2015). Des proto- et le taux de cholestérol. Cette dégra- leptiques sont importantes que ce soit
types d’analogues végétaux fermentés dation à la suite des divers process fait avant (couleur, apparence) ou pendant
riches en vitamine B12 sont en cours perdre une grande partie de leurs inté- la consommation (saveur, odeur, tex-
d’élaboration, mais ces derniers ne sont rêts nutritionnels dans les analogues ture), pour répondre aux besoins du

7 Le contenu est ajouté car il n’est pas présent naturellement. Cela permettrait de moduler les quantités et donc atteindre voire dépasser celles de la viande.

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Qualités nutritionnelle, organoleptique et disposition à payer pour les alternatives à la viande / 221

Tableau 2. Qualités organoleptiques des analogues végétaux (AV) comparées à celles de la viande.

Indicateurs Viande Analogues végétaux (AV) Sources

Avoir le côté fumé


Le côté herbeux est masqué par les épices
de la viandeet éviter AV : (Wild et al., 2014)
Flaveur Ajout possible d’arômes, d’épices
les arômes herbeux, (Fiorentini et al., 2020)
(flocons piment rouge), ou d’exhausteurs (sel)
désagréables ou trop épicés

La texture est proche Possibilité d’élection


de la protéine végétale (gluten, isolat protéine
Texture fibreuse AV : (Wild et al., 2014)
Texture soja), d’ajout d’additifs (hydrocolloïdes,
et juteuse (Fiorentini et al., 2020)
gomme), ou d’utilisation d’une extrudeuse
à double vis co-rotative

Couleur attirante, qui varie à l’air et à la lumière


Couleur Légère et rouge Ajout ingrédients (marinade, farine pois chiche) AV : (Fiorentini et al., 2020)
ou technique de cuisson (sous-vide)

consommateur (Wild et al., 2014). Pour plus brun (Lassarre et Vendeuvre, 2000), cadre d’un repas complet, les sauces et
les analogues végétaux, le consomma- perçu par les consommateurs à tort ou à les soupes peuvent avoir un effet négatif
teur attend du produit qu’il ressemble raison comme un indicateur de la dété- sur la texture fibreuse de l’analogue végé-
à la viande sans en contenir. rioration éventuelle de la qualité du pro- tal (Fiorentini et al., 2020). D’autres tech-
duit. Il serait donc intéressant de voir si niques mécaniques sont développées
Au niveau de la couleur et de l’ap- le changement de couleur observé chez pour reproduire la texture fibreuse de la
parence globale, les principaux para- les protéines végétales est plus ou moins viande. C’est le cas du processus d’extru-
mètres sont la légèreté et la rougeur rapide que celui de la viande. sion de cuisson à haute humidité (jusque
du produit. La principale limite des 70 %) utilisant une extrudeuse à double
analogues végétaux est l’estompement Pour la flaveur, les analogues végé- vis co-rotative avec un gradient de tem-
rapide de leur couleur en contact avec taux cherchent à reproduire le goût pérature. Si des recherches supplémen-
la lumière ou l’oxygène. Des résultats fumé de la viande, à masquer les arômes taires sont nécessaires pour des recettes
similaires à la viande ont été obtenus herbeux et à éviter les saveurs désa- complexes (incluant les amidons), il sem-
avec un analogue composé de soja, gréables générées par l’oxydation des blerait que l’ajout d’éléments n’altère pas
en utilisant la technique de « cuisson acides gras insaturés ainsi qu’une sen- la texture fibreuse (Wild et al., 2014).
sous vide » : l’aliment est scellé dans un sation trop épicée (tableau 2). Des résul-
sac plastique privé d’air, puis immergé tats ont montré que l’ajout de flocons „„1.2. Disposition à payer
dans un bain d’eau à la température de de piment rouge permettait d’atteindre et influences culturelles
cuisson optimale (Fiorentini et al., 2020). ce but de façon optimale (Fiorentini
Certains ingrédients peuvent affecter et al., 2020). Dans cette même étude, Faisant partie des sources d’aliments
positivement la couleur, comme c’est le le sel en quantité élevée est également les plus anciennes consommées par
cas pour la farine de pois chiche riche un bon moyen d’améliorer la flaveur, au l’Homme, les protéines végétales ont
en protéines, qui contient des caroté- détriment de la qualité nutritionnelle été suggérées comme substitut de
noïdes donnant une couleur orangée du produit. Cependant, ces résultats viande depuis 1888. Ayant des tex-
au produit final. Si cette couleur attire sont incomplets puisque des aliments tures et flaveurs très différentes de la
davantage les consommateurs à mesure supplémentaires (telles que des sauces) viande, le succès n’a pas été immédiat.
que les concentrations augmentent, le peuvent modifier la perception de ces Elles n’ont pris une place sur le marché
goût devient en revanche de plus en produits. En effet, la matrice du repas qu’à partir du XXe siècle et particuliè-
plus « désagréable » (Fiorentini et al., est plus complexe, et les plats sont rement ces dernières décennies (Lee
2020). Ainsi, des solutions comme les généralement agrémentés de diverses et al., 2020), en lien avec une préoc-
marinades, le pourcentage d’incorpo- sauces, pouvant ainsi venir modifier la cupation croissante pour la durabilité
ration par exemple de farine de pois flaveur des ingrédients de base. (notamment environnementale) de
chiche, et les paramètres de « cuisson l’alimentation, ainsi qu’une avancée
sous vide » correctement dosés, peuvent Enfin, du point de vue de la texture, considérable dans les technologies de
permettre de se rapprocher visuelle- l’enjeu est de reproduire la sensation en transformation agroalimentaire. Selon
ment de la couleur de la viande. Il est bouche de la viande. Grâce à une ana- la revue économique Xerfi, le marché
cependant important de rappeler que lyse de texture, cette sensation peut être français des substituts végétaux suit la
la viande rencontre habituellement le reproduite par la sélection de la proté- demande à la hausse et prévoit d’at-
même problème avec l’oxydation de la ine végétale (isolat de protéine de soja, teindre 460 millions d’€ (en GMS) d’ici
myoglobine en métmyoglobine (myo- gluten), ou l’ajout d’additifs (hydrocol- 2023. Au niveau mondial, le chiffre d’af-
globine oxydée), qui lui donne un aspect loïdes, gommes). Cependant, dans le faires estimé de ces analogues végétaux

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devrait atteindre 10 % du marché total duite de l’anglais « Willingness To Pay » évaluée d’un « hamburger végétarien »
de la viande d’ici 10 ans (Cadoux, 2021). (WTP) peut donc varier selon le pays est en moyenne de 2/3 le prix de celui
où s’est déroulée l’étude. Une étude en à base de viande, faisant ainsi chuter le
Parmi tous les substituts à la viande, Inde (Arora et al., 2020), pays en déve- prix de 15 € à 9,4-9,70 €. En prenant en
les analogues végétaux sont les plus loppement avec une forte proportion compte ceux qui ont refusé de l’acheter,
choisis ou « acceptés », d’après les ten- de végétariens, montre des résultats quel que soit le prix, la DAP moyenne
dances du marché en termes de ventes positifs pour les analogues végétaux. La tombe à 6,50 € (Carlsson et al., 2021).
(Onwezen et al., 2021). Cela est dû à dif- DAP moyenne serait de 1,63 €/kg sup- Cependant, ces résultats sont à relati-
férents facteurs qui influencent le choix plémentaires par rapport à la viande. Ce viser dans la mesure où l’étude ne s’est
du consommateur. Certains de ces fac- résultat est positif puisqu’une intégra- intéressée qu’aux individus mangeant
teurs sont liés au produit lui-même : tion des alternatives à la viande tôt dans de la viande, donc avec un taux d’atta-
ses qualités nutritionnelles, organolep- les mentalités permettrait de répondre chement élevé pour celle-ci.
tiques ainsi que le taux de familiarité aux enjeux sanitaires et environnemen-
(déjà entendu, vu, ou goûté). D’autres taux mondiaux. Ce résultat est d’au- Les consommateurs des pays dévelop-
facteurs sont d’ordre psychologique : tant plus important avec l’émergence pés sont fortement influencés par le taux
attitudes face au produit, néophobie de certains pays (comme l’Inde) dans de familiarité et l’appropriation culturelle.
alimentaire et/ou technologique. Enfin, lesquels on observe une augmentation Ayant longtemps consommé beaucoup
des facteurs extrinsèques comme le de consommation de viande. Toutefois, de viande, leur attachement à cet aliment
prix, l’empreinte carbone, l’environne- pour amplifier sa croissance, et doubler est encore fort, malgré une tendance
ment social, le taux de confiance en la les parts de marché, les prix devraient globale à la baisse. Une étude menée
science, ou encore le taux d’appropria- évoluer de la façon suivante : + 63 % au Portugal montre que la connexion
tion culturelle, sont également impor- pour la viande et -65 % pour les analo- affective à la viande affecte négative-
tants (Onwezen et al., 2021). gues végétaux (Arora et al., 2020). Ces ment la possibilité de consommer des
résultats sont à nuancer également analogues végétaux, et inversement
Les pays en développement sont par le fait qu’en Inde une grande par- (Graça et al., 2015). Par ailleurs, et pour
demandeurs en produits carnés, tie de la population est végétarienne. différentes raisons, la viande pourrait être
contrairement aux pays développés Les résultats ne sont pas aussi positifs associée chez certains consommateurs à
dont la consommation en viande tend à dans une étude menée dans un pays un sentiment de « dégoût ». Ce travail est
baisser. La disposition à payer (DAP) tra- développé comme la Suède où la DAP confirmé dans d’autres études montrant

Tableau 3. Disposition à payer (DAP) pour les analogues végétaux.

Indicateurs Analogues végétaux Sources

Payer le même prix


2,39 (de Koning et al., 2020)
(échelle de 1 à 5)

Payer plus (1 à 5) 1,69 (de Koning et al., 2020)


Consentement
à payer plus DAP négative
– 8,5 € pour un hamburger veggie (Suède) (Carlsson et al., 2021)
(en % ou €)

DAP positive
+ 1,63 €/kg (Inde) (Arora et al., 2020)
(en % ou €)

– Bonnes qualités organoleptiques nutritionnelles/ (Graça et al., 2015),


Facteurs liés Mauvaises qualités (de Koning et al., 2020),
au produit – Attachement à la viande/ (Sihyun et al., 2020),
Détachement ou dégoût à la viande (Onwezen et al., 2021)

Influence
des croyances – Genre féminin/Genre masculin
(en italique – Régime végétarien (Graça et al., 2015),
augmente DAP/ Facteurs physiques (de Koning et al., 2020),
– Jeune âge/Pays développé
en gras baisse et psychologiques (Bryant et Sanctorum, 2021),
– Néophobie alimentaire/technologique (Onwezen et al., 2021)
DAP)
– Motivations de santé/d’environnement

(de Koning et al., 2020),


– Informations préliminaires
Facteurs externes (Sihyun et al., 2020),
sur la santé/l’environnement
Onwezen et al. (2021)

INRAE Productions Animales, 2022, numéro 3


Qualités nutritionnelle, organoleptique et disposition à payer pour les alternatives à la viande / 223

une meilleure DAP si l’attachement à la des consommateurs aux analogues a. Qualités nutritionnelles
viande est faible (Onwezen et al., 2021) et végétaux, a été menée sur 3 091 indi- Pour être compétitive sur le marché,
inversement, une moins bonne DAP quel vidus. Les répondants se disent prêts à la « viande in vitro » se doit de fournir
que soit l’analogue lorsque l’attache- « essayer » à 2,63, « acheter » à 2,39 et une haute teneur en protéines, avec
ment à la viande est plutôt fort (Sihyun « payer plus » (DAP) à 1,69 (de Koning des acides aminés essentiels, au moins
et al., 2020). et al., 2020). On observe peu d’écart à hauteur de la vraie viande. Une étude
entre l’intention d’essayer le produit scientifique datant de 2010, montre que
De façon globale, l’intérêt pour les et de l’acheter au même prix que la c’est une future source de protéines ani-
analogues végétaux augmente d’an- viande. L’écart se creuse lorsqu’il s’agit males non négligeable, ces dernières
née en année (Sihyun et al., 2020). En de payer davantage (tableau 3). étant encore très convoitées, en dépit
revanche, plusieurs facteurs influencent de l’évolution des mentalités dans les
l’acceptabilité des consommateurs à pays développés (Datar et Betti, 2010).
l’égard de ces produits. Par exemple,
2. La « viande in vitro » En revanche, les acides aminés non
le genre des consommateurs influence synthétisables par le muscle en culture
la DAP puisque les femmes semblent „„2.1. Analyse des qualités devront être ajoutés, selon cette même
plus enclines que les hommes à adop- intrinsèques étude (Datar et Betti, 2010).
ter les analogues végétaux à la place de
la viande (Graça et al., 2015). En effet, L’intérêt pour la « viande in vitro » est Le contenu en graisses peut être
dans une étude réalisée cette fois en récent puisque 90 % des recherches également ajusté lors de la culture des
Belgique sur deux années consécutives scientifiques à ce sujet ont été publiées cellules, tout comme le rapport entre
(2019 et 2020), les femmes présentent après 2013, avec un engouement acides gras saturés et polyinsaturés
une DAP plus élevée que les hommes. médiatique très important (327 articles (Chriki et al., 2020a). De plus, les graisses
D’autres facteurs entrent en jeu tels que scientifiques jusqu’à 2020, contre saturées pourraient être remplacées par
le régime alimentaire (les végétariens 13 000 articles de presse pour la même des oméga-3, meilleurs pour la santé
ont une DAP plus élevée), ainsi que période) (Chriki et al., 2020a). Au-delà humaine. Néanmoins, ce mécanisme
l’âge (DAP plus élevée chez les jeunes d’éventuelles qualités organoleptiques existe déjà de façon indirecte pour la
consommateurs). et nutritionnelles qui restent à étudier, viande, via l’enrichissement de l’ali-
la « viande in vitro » est présentée par mentation des animaux d’élevage en
Dans une étude menée en Corée du différentes start-ups comme une alter- oméga-3, doublant ainsi la quantité
sud, les résultats de 115 individus face native durable pour les consommateurs des graisses insaturées dans la viande
à un « steak haché », un « haché végétal écoresponsables ne souhaitant plus bovine (et jusqu’à 40 fois plus dans les
local » et un « haché végétal importé » consommer de viande issue d’animaux œufs) (Bourre, 2005).
ont été comparés. Des informations morts, tout en ne bannissant pas pour
préliminaires sur la santé et l’environ- autant la viande de leur régime ali- Pour la supplémentation de la
nement augmentent la DAP des ana- mentaire (Chriki et Hocquette, 2020). « viande in vitro » en micronutriments
logues végétaux, notamment quand il En France, cela représenterait environ comme la vitamine B12 et le fer hémi-
s’agit d’un produit local (Sihyun et al., 30 % des personnes suivant un régime nique, exclusivement présents dans les
2020). Cette information est confirmée flexitarien8. En effet, parmi l’ensemble produits animaux, aucune stratégie n’a
dans une autre étude montrant que des flexitariens, 22 % le sont pour des encore été déclarée par les start-ups
l’explicitation des bénéfices associés raisons de bien-être animal et 8 % travaillant sur cette biotechnologie.
aux analogues végétaux (santé, envi- pour des raisons écologiques (Hébel, En effet, le fer héminique (Fe(II)), par
ronnement, éthique) augmente la DAP 2020). Un des majeurs freins au déve- exemple, est ajouté sous forme (Fe(III))
des consommateurs (de Koning et al., loppement de la « viande in vitro », est dans le milieu de culture, où il est
2020). la compétition directe avec la viande, associé à une protéine : la transferrine
contrairement aux analogues végétaux (tableau 4). Si celle-ci est surdosée, elle
De plus, une meilleure qualité ou aux insectes. En effet, les attentes peut endommager les espèces oxyda-
organoleptique et/ou nutritionnelle des consommateurs pour cette alter- tives (Datar et Betti, 2010).
est positivement corrélée avec une DAP native sont plus fortes tant au niveau
plus élevée (Sihyun et al., 2020), contrai- nutritionnel qu’au niveau organolep- De plus, l’ajout de ces éléments (pro-
rement à la néophobie (alimentaire et/ tique, puisqu’ils s’attendent à retrou- téines, lipides et fer) dans le milieu de
ou technologique) qui a tendance à ver une copie identique de la viande, culture, ne permettrait pas une future
inhiber la DAP (de Koning et al., 2020). sans passer par l’élevage. L’appellation assimilation dans le corps humain (et
L’étude de de Koning et al. (2020) basée « viande sans élevage » ou « viande sans ainsi tous leurs bénéfices associés) de
sur un classement sur une échelle de victime » a été relayée par les médias façon certaine (Chriki et Hocquette,
1 à 5 (5 étant le plus fort) du rapport dans ce sens (Chriki et al., 2020a). 2020). Autre constat, tout ingrédient

8 Le flexitarisme est un régime alimentaire qui limite la consommation de viande pour des raisons autres que financières. Un flexitarien n’est pas exclusivement
végétarien.

INRAE Productions Animales, 2022, numéro 3


224 / Valentine bourdrez, Sghaier chriki

Tableau 4. Qualités nutritionnelles de la « viande in vitro » (VIV) comparées à celles de la viande.

Indicateurs Viande « Viande in vitro » (VIV) Sources

(Contenu ajouté)
Quantité de protéines (g/100 g) 18 – 75 VIV : Datar et Betti (2010)
Minimum : 18 – 75

Digestibilité des protéines (%) 95 – 98 %


DIAAS : acides aminés essentiels/ VIV : Datar et Betti (2010)
digestibilité iléale (%) > 100 % > 100 %

Quantité de lipides (g/100 g) 2 – 17 (Contenu ajouté)

Rapport AG insaturés/saturés < 1 (naturellement > 1 (riche en AG insaturés


VIV : Datar et Betti (2010)
(< 1, = 1 ou > 1) riche en saturés) et oméga-3 ajoutés)

(Contenu ajouté)7
Quantité de fer (mg/100 g) 0,9 – 23 Fer
Minimum : 0,9 – 23 VIV : Datar et Betti (2010)
Biodisponibilité Fer héminique Fe(II)
Fe(III) + transferrine

Quantité en vitamine B12 (µg/100 g) 0,2 – 5,2


0/absente VIV : Datar et Betti (2010)
Biodisponibilité Vit. B12 *pour la viande crue

ajouté à la « viande in vitro » est suscep- point de vue sanitaire, une vigilance le même aspect et la fermeté que celle
tible de perdre ses qualités nutritives doit être maintenue puisque l’ajout des animaux en suivant le processus
s’il n’est pas dans sa matrice originelle. d’antibiotiques dans le milieu de culture biologique suivant : myoblastes, puis
Pour cause, le milieu de culture ou les pour éviter des contaminations, ou de myotubes, puis fibres musculaires,
biomatériaux utilisés pourraient inhiber fongicides pour éviter l’apparition de muscle et enfin viande après la phase
certains effets bénéfiques comme celui champignons est nécessaire. Enfin, de maturation. Cependant, il n’y a
du fer (Turgeon et Rioux, 2011). lorsque les cellules se multiplient un pas consensus sur cette vision dans
très grand nombre de fois, une dérive la mesure où l’étape « maturation »
Des technologies sont encore à déve- génétique est envisageable, un matériel est souvent oubliée par les start-ups
lopper davantage, comme la co-culture génétique n’étant jamais fiable à 100 % (Chriki et Hocquette, 2020). De plus, en
de cellules, puisque les muscles ne (Chriki et al., 2022 ; Ong et al., 2021). l’absence d’un réseau fin de capillaires
sont pas formés uniquement par des et avec une diffusion limitée de l’oxy-
myoblastes, la viande étant un muscle C’est dans ce cadre qu’une récente gène, le processus donne seulement
contenant aussi des nerfs, du sang et expertise de l’Organisation des Nations la possibilité d’assembler des fibres de
de la graisse. Cette co-culture cellulaire unies pour l’alimentation et l’agricul- faible épaisseur, plus proches en terme
permettrait de produire une viande ture (FAO)9 a, sur la base d’une revue de visuel de la lamelle de carpaccio que de
avec la complexité et le goût qu’on la littérature, conclu que « la plupart des l’entrecôte (Chriki et al., 2020a ; Fraeye
lui connaît actuellement, en donnant dangers potentiels pour la sécurité sani- et al., 2020).
la possibilité qui reste à vérifier d’une taire, tels que la contamination micro-
viande meilleure pour la santé humaine biologique et les problèmes de résidus Pour ce qui est de l’apparence et la
que celle provenant des animaux et d’allergènes, ne sont pas nouveaux, couleur, il serait possible d’obtenir le
(Hocquette, 2016). Depuis son lance- de sorte que des outils d’atténuation des même visuel que la viande issue d’éle-
ment en 2017, la start-up israélienne risques sont disponibles » (Hocquette vage, grâce à l’ajout de sel, d’assaison-
Aleph Farms produit justement de la et al., 2023). nement, de chapelure, de poudre d’œuf
viande grâce à la co-culture de fibres blanc ou encore d’un liant (Hocquette,
musculaires, vaisseaux sanguins, tissus b. Qualités organoleptiques 2016). À nouveau, les avis divergent
adipeux et tissus conjonctifs (Vitard, À l’instar des qualités nutritionnelles, là-dessus puisque dans la pratique, un
2020a). Idéalement, la culture doit en le succès de la « viande in vitro » repose panel composé de consommateurs
effet associer fibroblastes, myoblastes sur sa capacité potentielle à mimer à Londres en 2013 avait attribué une
et adipocytes, avec des stimulations la viande en termes d’apparence, couleur pâle à la « viande in vitro »(Bhat
mécaniques ou électriques pour amé- d’odeur, de texture et surtout de goût et al., 2015 ), en lien avec la faible quan-
liorer la structure et donc la qualité des (Pandurangan et Kim, 2015 ; tableau 5). tité voire l’absence de myoglobine (pig-
tissus produits (Fraeye et al., 2020). D’un Logiquement, la « viande in vitro » aurait ment musculaire), qu’il faudrait ajouter

9 Cette consultation d’experts, à laquelle a participé un des auteurs de cet article, s’est tenue à Singapour en novembre 2022.

INRAE Productions Animales, 2022, numéro 3


Qualités nutritionnelle, organoleptique et disposition à payer pour les alternatives à la viande / 225

Tableau 5. Qualités organoleptiques de la « viande in vitro » (VIV) comparées à celles de la viande.

Indicateurs Viande « Viande in vitro » (VIV) Sources

Côté fumé de la viande Les réactions de Maillard sont oubliées


VIV : (Chriki et al., 2020a),
éviter les arômes Ajout important d’assaisonnement (chapelure,
Flaveur (Ben-Arye et Levenberg, 2019),
herbeux, désagréables jus de betterave, safran, poudre d’œuf)
(Chriki et al., 2020b)
ou trop épicés L’excès d’oméga-3 provoque un rancissement

Texture moins épaisse dû


Texture fibreuse VIV : (Chriki et al., 2020a),
Texture à l’assemblage de fibres de faible épaisseur
et juteuse (Fraeye et al., 2020)
(sans nerfs, sang, ni graisses)

Plus pâle Possibilité d’ajout de sel,


Couleur Légère et rouge d’assaisonnement, de chapelure, VIV : (Hocquette, 2016)
de poudre d’œuf blanc ou encore d’un liant

de manière artificielle au milieu de position anatomique des muscles chez (Guan et al., 2021 ; Letti et al., 2021).
culture (Fraeye et al., 2020). l’animal vivant. Cette diversité naturelle Dans le règlement d’étiquetage euro-
des viandes s’explique par la variabilité péen INCO, la « viande in vitro » n’est
Enfin, la saveur et le goût seraient les de la teneur et des caractéristiques du pas reconnue comme de la viande. Aux
qualités organoleptiques les plus diffi- collagène et des lipides intramuscu- USA, en novembre 2022, dans le cadre
ciles à reproduire in vitro (Pandurangan laires, et aussi par la diversité des fibres d’un « processus de consultation pré-
et Kim, 2015). Ces qualités sensorielles musculaires (lentes oxydatives, oxy- alable à la commercialisation » pour la
se développent lors de la maturation do-glycolytiques ou rapides glycoly- société Upside Foods (anciennement
de la viande, grâce aux réactions de tiques) en fonction des races animales, Memphis Meat), les experts de la FDA
Maillard (principalement générées des espèces et des muscles (Chriki (« Food and Drug Administration »,
lors de la cuisson) entre les acides et al., 2013). Cela suppose la capacité l’agence américaine chargée de la
aminés et les sucres. Ce phénomène des start-ups à réaliser des co-cultures sécurité alimentaire) ont déclaré
est ignoré par les start-ups qui sou- à large échelle et dans des conditions n’avoir « pas d’autres questions pour le
haitent produire la « viande in vitro », variées. Au-delà de reproduire la diver- moment sur les conclusions relatives à
d’où l’assaisonnement important du sité des viandes, il est important de la sécurité sanitaire de la viande cultivée
premier « burger artificiel » produit en rappeler que plus de 50 % de la viande apportée par l’entreprise ». Toutefois,
2013, avec de la chapelure, du jus de consommée l’est sous forme hachée et/ cette déclaration/approbation ne
betterave, du safran ou encore de la ou dans les produits transformés, ce qui signifie pas pour autant que la « viande
poudre d’œuf (Ben-Arye et Levenberg, représente un marché important pour in vitro » en général soit absolument
2019 ; Chriki et al., 2020b). Par ailleurs, la future « viande in vitro » (Chriki et al., sans danger pour toujours (Hocquette
un changement des composantes lipi- 2020c). et al., 2023). En Europe, la « viande in
diques (telles qu’une augmentation vitro » entre dans la catégorie des
dans la « viande in vitro » d’oméga-3 à „„2.2. Disposition à payer nouveaux aliments ou « Novel Food »
la place des graisses saturées) augmen- et influences culturelles selon la réglementation communau-
terait le phénomène de rancissement taire. Par ailleurs, la reconnaissance au
lui-même atténué dans la viande par À l’inverse des analogues végétaux, niveau réglementaire n’est pas le seul
la présence d’antioxydants naturels la « viande in vitro » est une solution frein à son évolution puisque malgré
issus de l’alimentation des animaux récente pour répondre aux enjeux de une baisse depuis 2013 (250 000 €
notamment lorsqu’elle est à base sécurité alimentaire, tout en étant pré- les 142 g), le prix reste toujours très
d’herbe. Cette oxydation des graisses sentée en capacité de préserver l’en- élevé : environ 46 € la lamelle de 5 mm
peut aboutir sur un goût âcre et désa- vironnement et le bien-être animal, d’épaisseur (Chriki et al., 2020b). La dis-
gréable pour le consommateur. Ainsi, points de débats dans le cadre de l’éle- position du consommateur à acheter
il est difficile de créer in vitro un pro- vage moderne (Pulina et al., 2022). Si cette viande encore « non commercia-
duit identique à celui in vivo (Chriki et elle ne représente pas encore un mar- lisée » dépendra, tant de la réglemen-
Hocquette, 2020). ché mondial chiffrable actuellement, tation que du prix ou de ses qualités
ses promoteurs lui prévoient 35 % des potentielles.
De plus, il est encore plus illusoire parts de marché de la viande d’ici 2030
d’imaginer pouvoir reproduire la diver- à 2040 (Vitard, 2020b). Elle est entière- En termes d’acceptation par les
sité des viandes, par exemple blanches ment le fait de secteurs privés (58 start- consommateurs, la « viande in vitro » se
ou rouges en fonction des espèces ups en 2020, mais peut-être autour de situe en deuxième position bien après
(volailles, porcs, ruminants) ou encore à 90 aujourd’hui, principalement dans les analogues végétaux et devant
griller, rôtir ou bouillir en fonction de la le secteur du poisson et du poulet) les insectes, selon plusieurs auteurs

INRAE Productions Animales, 2022, numéro 3


226 / Valentine bourdrez, Sghaier chriki

(Onwezen et al., 2021). L’acceptation prix de 15 à 9,40 €. Cependant, le taux consommer de façon régulière (Wilks
de la « viande in vitro » diffère selon les de personnes ayant refusé d’acheter et Phillips, 2017 ; Weinrich et al., 2020 ;
traditions et modes de vie de chaque un burger contenant de la « viande in Chriki et al., 2021).
pays. Une étude montre que les inten- vitro », quel que soit son prix, est beau-
tions d’achat de « viande in vitro » coup plus élevé. Ainsi, la DAP moyenne De manière générale, la familia-
sont plus marquées en Chine (59 %) tombe à seulement 4,80 € si on prend rité avec le produit (déjà entendu,
et en Inde (56 %) qu’aux USA (30 %) en compte ces personnes (Carlsson vu, ou goûté), ainsi que l’expérience
(Bryant et al., 2019). Pour la « viande et al., 2021). Une étude menée en avec d’autres alternatives protéiques,
in vitro », des consommateurs indiens 2015 à une échelle mondiale révèle un affectent significativement la DAP. Un
n’étaient prêts à ajouter que 0,67 €/ fort scepticisme des consommateurs manque de familiarité entraîne un rejet
kg supplémentaires par rapport à la de différents pays, avec seulement pour la « Novel Food » induisant ainsi
viande (Arora et al., 2020). Ces résul- 20 % qui se déclarent prêts à consom- une baisse de la DAP (Liu et al., 2021).
tats s’expliquent par le faible déve- mer régulièrement de la « viande in C’est la « néophobie ». Il est observé,
loppement de cette alternative, mais vitro », 50 % se déclarant contre (pré- par ailleurs, que les consommateurs
restent encourageants puisque cette férant réduire leur consommation de réguliers de viande, sont plus réceptifs
même étude montrait une DAP néga- viande), et 30 % indécis (Hocquette à la « viande in vitro » (Gousset et al.,
tive pour le chana (une sorte de pois et al., 2015). Une récente étude en 2022). Ainsi, la DAP est proportionnelle
chiche utilisé en Inde). Pour espérer France va dans ce sens, puisque la à l’attachement à la viande. De ce fait,
doubler les parts de marché, il fau- majorité (entre 65,4 et 70,2 % selon les la dénomination « viande » pourrait
drait une baisse de 95 % du prix de la groupes de consommateurs) préfère être un réel atout pour augmenter
« viande in vitro » alors que la baisse payer moins cher à beaucoup moins l’acceptabilité du produit (Chriki et al.,
est estimée à seulement 65 % pour les cher la « viande in vitro » par rapport à 2022) bien que cette dénomination soit
analogues végétaux (Arora et al., 2020) celle issue d’élevage (Hocquette et al., contestée (Hopkins, 2020), et contes-
(tableau 6). Dans une étude suédoise, 2022). Une grande proportion d’in- table (Bidaud, 2021). D’ailleurs, lors de
la DAP d’un « hamburger de culture » décis est présente dans ces études, la récente consultation d’experts (sus-
est similaire à celle des substituts végé- et s’explique par le fait qu’une majo- mentionnée) organisée par la FAO, les
taux, c’est-à-dire de 2/3 le prix du bur- rité de consommateurs serait prête scientifiques ont également réfléchi à la
ger à base de viande, faisant passer le à goûter le produit une fois, sans en terminologie à utiliser pour caractériser

Tableau 6. Disposition à payer pour la « viande in vitro » (VIV).

Indicateurs « Viande in vitro » Sources

– 10,2 € pour un hamburger de culture (Suède)


VIV : (Chriki et al., 2020a)
DAP négative Entre 65,4 % et 70,2 % des répondants (Carlsson et al., 2021),
(en % ou euros) veulent payer « moins cher » à « beaucoup
Consentement (Hocquette et al., 2022)
moins cher » (France)
à payer

DAP positive
+ 0,67 €/kg (Inde) VIV : (Arora et al., 2020)
(en % ou euros)

– Mauvaises qualités sensorielles et prix élevé


VIV : (Chriki et al., 2020c),
Facteurs liés – Attachement à la viande/Détachement ou
(Onwezen et al., 2021)
au produit dégoût à la viande
(Gousset et al., 2022)
– Dénomination « viande »/allégations naturelles

– Genre masculin ou féminin


Influence Genre masculin ou féminin VIV : (Bryant
des croyances Facteurs physiques – Régime carnivore et Sanctorum, 2021),
(en italique et psychologiques – Jeune âge, milieu urbain/milieu rural (Hocquette et al., 2022),
augmente DAP, (Onwezen et al., 2021)
– Néophobie
en gras baisse
DAP) – Motivations environnementales

– Informations préliminaires non techniques, VIV : (Onwezen et al., 2021)


Facteurs externes
sur le produit fini (Rolland et al., 2020)

Les traditions et la culture sont influentes


VIV : (Arora et al., 2020),
Autres (la Chine et l’Inde sont plus favorables
(Onwezen et al., 2021)
que les USA)

INRAE Productions Animales, 2022, numéro 3


Qualités nutritionnelle, organoleptique et disposition à payer pour les alternatives à la viande / 227

ces nouveaux produits. Le terme choisi relayé par la presse et mis en évidence avec 81 g/100 g MS (Kouřimská et
par la FAO est « aliments cellulaires » dans une étude bibliométrique (Chriki Adámková, 2016), voire plus (91 g/100 g
(« cell-based food » en anglais). et al., 2020a). Tandis que les articles MS), selon d’autres (Huis, 2016).
scientifiques parlent de viande « in
Selon les études, le genre a une vitro » ou « de culture », les articles La chitine réduit la digestibilité des
influence variable sur l’acceptabilité de presse, beaucoup plus nombreux, protéines des insectes (Marono et al.,
des consommateurs de la « viande parlent plutôt de « fake meat » ou de 2015 ; Chriki et al., 2023), mais elle aug-
in vitro ». En effet, une étude belge a « lab meat » (Chriki et al., 2020a). mente le contenu en fibres et possède
conclu que les hommes présentent des propriétés antivirales et antibacté-
une DAP plus élevée que les femmes riennes intéressantes (Dicke, 2018). Il y
(Bryant et Sanctorum, 2021). À l’inverse,
3. Les insectes a peu de travaux sur la digestibilité des
en France, les femmes semblent plus protéines provenant d’insectes, mais
enclines à consommer de la « viande in „„3.1. Analyse des qualités certains montrent de bons résultats.
vitro » que les hommes, car plus préoc- intrinsèques Par exemple, on observe 85,8 % de
cupées par les enjeux environnemen- digestibilité protéique sur les chenilles
taux (Hocquette et al., 2022). Plusieurs Utilisés depuis l’Antiquité dans l’ali- Conimbrasia belina (Bukkens, 1997).
études (Bryant et Sanctorum, 2021 ; mentation humaine, les insectes sont Les travaux s’accordent en moyenne
Chriki et al., 2021) montrent une DAP aujourd’hui régulièrement consommés sur une digestibilité entre 76 et 96 %,
plus élevée chez les jeunes consom- dans certaines régions du monde telles légèrement plus faible que celle des
mateurs ce qui confirme la meilleure que l’Afrique, l’Asie, l’Amérique du sud œufs (95 %) et de la viande de bœuf
acceptation chez les jeunes consom- et l’Australie. En revanche, l’émergence (98 %) (Kouřimská et Adámková, 2016).
mateurs et les citadins (Hocquette et al., de l’entomophagie est beaucoup plus La suppression de la chitine via un trai-
2015). Cela s’explique par le fait que les récente en Occident. En effet, l’idée tement alcalin est une solution efficace
ruraux sont davantage préoccupés par même de manger des insectes ou des pour augmenter la digestibilité des pro-
les effets négatifs que pourrait avoir larves révulse les consommateurs occi- téines d’insectes jusqu’à atteindre plus
l’augmentation de la consommation de dentaux (Wang et Shelomi, 2017). de 98 % (Rumpold et Schlüter, 2013).
« viande in vitro » sur l’agriculture tra-
ditionnelle (Shaw et Mac Con Iomaire, Des milliers d’espèces d’insectes Tous les travaux ne s’accordent
2019). Si les motivations environne- sont consommables, mais les princi- pas sur les teneurs en acides aminés
mentales sont un des moteurs prin- pales sont les criquets, les sauterelles, indispensables (Chriki et al., 2023),
cipaux avec le bien-être animal pour les termites, les fourmis, les coléop- puisqu’elles dépendent ­principalement
l’acceptation de cette alternative dans tères, les abeilles, les guêpes et les de l’espèce considérée (Makkar et al.,
l’étude d’Onwezen et al. (2021), cela chenilles. Ces insectes se consomment 2014 ; Lalander et al., 2019). Dans cer-
n’est le cas dans d’autres études où les soit en tant que partie intégrante de taines espèces d’insectes les acides ami-
critères liés à la santé et à la satisfaction la ration, soit en tant qu’ingrédient de nés limitants sont le tryptophane et la
des besoins nutritionnels semblent plus préparation (Bukkens, 1997). Aussi, lysine (Bukkens, 1997), dans d’autres
importants pour les consommateurs leurs qualités, qu’elles soient nutrition- la méthionine et la cystéine (Rumpold
(Liu et al., 2021). nelles ou organoleptiques, dépendent et Schlüter, 2013) ou encore l’arginine
de plusieurs facteurs comme l’espèce (Gasco et al., 2018). De manière géné-
D’autres travaux mettent en avant d’insecte, son genre, son stade de rale, les acides aminés indispensables
l’influence positive d’une descrip- développement, le substrat organique représentent 46 à 96 % de la quantité
tion préliminaire et positive de la sur lequel il est élevé et son environne- totale d’acides aminés chez les insectes
« viande in vitro » sur la DAP (Rolland ment (lié en partie à la saison) (Bukkens, (Kouřimská et Adámková, 2016).
et al., 2020), pourvu qu’elle soit « non 1997 ; Abd El-Hack et al., 2020 ; Chriki
technique » et qu’elle se focalise sur et al., 2023). Par ailleurs, les insectes sont souvent
le produit final. Moins le consomma- riches en graisses, avec 50 g/100 g MS
teur a confiance en la science et la a. Qualités nutritionnelles pour les chenilles, les coléoptères et les
biotechnologie, moins il sera enclin à Les insectes sont majoritairement termites. La teneur en graisses est plus
acheter ou consommer de la « viande composés de protéines et de graisses, faible et davantage variable pour les
in vitro » (Onwezen et al., 2021). Par ail- mais aussi de fibres et de cendres fourmis, les sauterelles et les criquets
leurs, d’autres études mettent en avant (Rumpold et Schlüter, 2013). Leur (Kouřimská et Adámková, 2016). Quelle
l’effet positif des allégations évoquant teneur en protéines est comparable que soit l’espèce, le profil lipidique est
les avantages sociétaux (sanitaires par à celle de la viande (18-75 g/100 g de influencé par la plante sur laquelle ont
exemple avec le mot « clean meat ») Matière Sèche (MS)) puisqu’elle varie été collectés les insectes, et dépend de
(Rolland et al., 2020) à l’inverse de l’as- de 20 à 72 g/100 g MS selon les espèces leur environnement et de leur alimenta-
pect « high tech », ayant une conno- (Bukkens, 1997 ; Makkar et al., 2014 ; tion (Bukkens, 1997 ; Chriki et al., 2023).
tation plus négative pour certains De Marco et al., 2015 ; Abd El-Hack Il en résulte plus de variabilité que
consommateurs. Cet aspect artificiel et al., 2020) (tableau 7). Elle est même pour le contenu protéique, puisqu’elle
de la « viande in vitro » a été largement supérieure selon certains auteurs, ­représente entre 2 et 50 % de la MS.

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228 / Valentine bourdrez, Sghaier chriki

Tableau 7. Qualités nutritionnelles des insectes comestibles (IC) comparées à celles de la viande (V).

Indicateurs Viande (V) Insectes (IC) Sources

IC : (Bukkens, 1997)
Quantité de protéines (g/100 g) 18 – 75 20 – 91 Rumpold et Schlüter (2013)
(Abd El-Hack et al., 2020)

Digestibilité des protéines (%) IC : Rumpold et Schlüter (2013)


95 – 98 %
DIAAS : acides aminés essentiels/ 76 – 96 % (Kouřimská et Adámková, 2016)
digestibilité iléale (%) > 100 % (Abd El-Hack et al., 2020)

IC : Kouřimská et Adámková
Quantité de lipides (g/100 g) 2-17 2 – 50 (2016) Rumpold et Schlüter
(2013) (Ewald et al., 2020)

> 1 (naturellement riche IC : Rumpold et Schlüter (2013)


Rapport acides gras (AG) < 1 (naturellement
en acide oléique, linoléique, Kouřimská et Adámková (2016)
insaturés/saturés (< 1, = 1 ou > 1) riche en saturés)
linolénique, palmitique) (Ewald et al., 2020)

Quantité de fer (mg/100 g) 0,9 – 23 Élevée Biodisponibilité IC : Rumpold et Schlüter (2013),


Biodisponibilité Fer Fer héminique Fe(II) inconnue Kouřimská et Adámková (2016)

V : Gille et Schmid (2015)


Quantité en vitamine B12
0,2 – 5,2 Élevée Biodisponibilité IC : Rumpold et Schlüter (2013),
(µg/100 g) Biodisponibilité
*pour la viande crue inconnue Kouřimská et Adámková (2016)
Vit. B12
(Abd El-Hack et al., 2020)

Autres micronutriments Fibres, cendres IC : Rumpold et Schlüter (2013)

En comparaison, selon le Centre d’In- c­ orriger en consommant de la viande ont été réalisées soit avec de la farine
formation des Viandes (CIV), la viande rouge (Lecerf, 2020). Si des études d’insectes (vers de farine, sauterelles)
contient généralement entre 2 et 17 % montrent une teneur en calcium supé- soit avec de la farine végétale (lentilles,
de lipides. Au sein d’une même espèce rieure à celle la viande (Bukkens, 1997), haricots blancs). Les résultats montrent
d’insecte, une variabilité existe aussi d’autres en revanche réfutent ce fait que les produits à base de farines d’in-
en fonction du stade de développe- puisque les insectes sont des inverté- sectes sont plus riches en protéines
ment puisque les larves, plus lourdes, brés (Huis, 2016). Par ailleurs, le contenu et en fibres brutes. Le seul frein était
contiennent plus de lipides (notam- en vitamines et minéraux varie selon une augmentation du taux d’humidité
ment saturés) que les adultes (Ewald l’espèce, la saison et l’alimentation des des produits à base d’insectes, et par
et al., 2020 ; Chriki et al., 2023). De plus, insectes (Abd El-Hack et al., 2020). la même occasion une moins bonne
le rapport entre acides gras insaturés et conservation du produit fini (Çabuk et
saturés est supérieur à celui de la viande Enfin, d’un point de vue sanitaire, il Yılmaz, 2020).
issue d’élevage, ce qui est un avantage convient d’être vigilant puisque certains
pour le consommateur sur le plan nutri- insectes produisent ou contiennent des b. Qualités organoleptiques
tionnel (Rumpold et Schlüter, 2013). composants toxiques bioactifs, des rési- Dans cet article, seules la flaveur
dus de pesticides ou des métaux lourds, et la texture sont passées en revue
En ce qui concerne les micronutri- sources de réactions allergiques dange- pour les insectes consommés en tant
ments, les insectes sont une bonne reuses (Kouřimská et Adámková, 2016). qu’aliment entier. La couleur n’est pas
source de fer et de vitamine B, mais leurs Ainsi, à l’instar des plantes et des ani- traitée ici, car l’insecte garde généra-
biodisponibilités respectives restent maux, tous les insectes ne sont pas bons lement son aspect d’origine, même si
difficiles à déterminer. Ces recherches à manger. À faibles doses, certaines la cuisson est susceptible d’en modi-
sont d’autant plus importantes que espèces d’insectes contiennent aussi fier l’apparence. Chez les insectes,
les déficits en fer, qui sont à l’origine des facteurs antinutritionnels (Rumpold la saveur dépend de l’espèce, des
de la moitié des cas d’anémie, consti- et Schlüter, 2013). phéromones produites, du stade de
tuent avec la malnutrition protéique développement, de l’environnement,
l’un des troubles nutritionnels majeurs Toutes ces notions prennent en de l’alimentation ainsi que du mode
dans le monde. On estime à 2 milliards compte l’insecte entier comestible, mais de cuisson (Mishyna et al., 2020). En
dans le monde les personnes concer- ce dernier peut également faire partie général, un goût « doux » et « de noi-
nées par un déficit en fer (Camaschella, d’une recette en tant qu’ingrédient. Par sette » prédomine mais des arômes
2015), que l’on essaye généralement de exemple, des pâtes aux œufs turques très variés de viande, de poisson, de

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Qualités nutritionnelle, organoleptique et disposition à payer pour les alternatives à la viande / 229

pomme, de champignon ou encore de les différences entre pays et entre les sec » et « moins juteux » (Mishyna et al.,
pomme de terre peuvent lui être asso- consommateurs en termes de préfé- 2020). Il est observé que plus les pâtes
ciés (Kouřimská et Adámková, 2016) rences organoleptiques. Par exemple, sont enrichies en poudre d’insectes
(tableau 8). Pour donner quelques la guêpe au stade adulte contient des (5 g/100 g, 10 g/100 g), plus elles sont
exemples illustrant cette diversité, les apitoxines produisant une saveur désa- appréciées par les consommateurs du
abeilles ont un goût dont les notes gréable, mais représente un excellent panel, et ce même si elles sont plus
sont proches de la noix et des herbes aliment de guérison. Quant aux four- sèches, dures et foncées. L’étude fait
(Mishyna et al., 2020). La cuisson à la mis, elles ont en général une forte aci- l’hypothèse que cela permet de cacher
vapeur, le mijotage ou le pochage dité qui convient parfaitement en tant le goût du sarrasin peu apprécié (même
vient atténuer les saveurs de base tan- qu’épice ou assaisonnement (Mishyna s’il est bon pour la santé) et pourrait
dis que la cuisson sèche fait apparaître et al., 2020). servir à rendre plus agréables d’autres
de nouvelles saveurs « de viande » et aliments dont le goût déplaît (Biró et al.,
« de champignon ». La saveur des four- Au niveau de la texture, l’insecte va 2019).
mis diffère selon l’espèce : les fourmis du « croustillant » au « moelleux ». Cela
des bois (Formica rufa) ont une saveur dépend de l’exosquelette de l’espèce (et D’autres travaux montrent des résul-
de citron carbonisé, tandis que les intrinsèquement son stade), des parties tats moins concluants, c’est le cas par
fourmis charpentières (Lasius fuligi- non consommables qui doivent être exemple avec un yaourt hautement
nosus) ont une saveur de citron vert enlevées ainsi que du type de cuisson protéiné contenant de la poudre de sau-
(Mishyna et al., 2020). Dégustée frite ou utilisé (Kouřimská et Adámková, 2016 ; terelle (0,5, 1 ou 2 %). Plus la quantité
rôtie, la termite procure au consomma- Mishyna et al., 2020). de poudre est augmentée, plus l’amer-
teur la saveur appréciée de « noisette » tume, l’intensité de la couleur blanche
(Mishyna et al., 2020). La mouche sol- Si l’insecte est considéré en tant et la consistance du yaourt sont élevées.
dat noire (Hermetia illucens), très étu- qu’ingrédient d’une préparation, il À l’amertume désagréable s’ajoute une
diée dans le cadre de l’alimentation peut apporter des modifications à sa baisse d’intensité des saveurs, rendant
des poulets (Makkar et al., 2014 ; Abd matrice, que ce soit au niveau de sa le yaourt enrichi moins bon aux yeux
El-Hack et al., 2020 ; Chriki et al., 2023), couleur, de sa flaveur ou bien de sa des consommateurs (Kim et al., 2017).
possède les mêmes arômes que la texture. Ainsi, l’utilisation de couvains Enfin, une espèce d’insecte peut s’asso-
farine de poisson, mais son huile a un d’abeilles en alternative à la sauce cier à une recette mieux qu’une autre.
goût plus terreux (Mishyna et al., 2020). soja dans une formulation, donne une Dans le cas, par exemple, des pâtes aux
Enfin, la larve de vers de farine donne couleur dorée, claire transparente, un œufs turques, les qualités organolep-
une saveur sucrée de noisette et une arôme « noisette », ainsi que des notes tiques sont meilleures lorsque le ver
odeur de cacao, avec une alimentation d’herbe et de viande. L’incorporation de de farine (ou ténébrion meunier) est
basée sur les céréales, mais donne un farine de criquet change les propriétés inclus dans la préparation sous forme
arôme terreux quand elle est nourrie à du riz brun devenant ainsi plus foncé de farine par rapport à la sauterelle
l’herbe (Mishyna et al., 2020). La flaveur avec une texture plus adhésive et une (Çabuk et Yılmaz, 2020).
peut être positivement modifiée lors flaveur de poisson. En comparant trois
de la préparation par l’ajout de sel, de « burgers » avec des bases différentes Par ailleurs, il faut souligner que la per-
sucre ou de sauce soja. Par ailleurs, il (insectes, analogues végétaux, viande), ception des qualités organoleptiques
est nécessaire de prendre en compte celui à base d’insectes est désigné « plus de ce genre d’aliments est influencée

Tableau 8. Qualités organoleptiques des insectes comestibles (IC) comparées à celles de la viande.

Indicateurs Viande Insectes (IC) Sources

Des arômes « doux » et « de noisette »


Avoir le côté fumé prédominent mais aussi des arômes de viande,
de la viande et éviter de poisson, de pomme, de champignon IC : (Kouřimská
Flaveur les arômes herbeux, ou encore de pomme de terre et Adámková, 2016)
désagréables
Dépend des espèces d’insectes
ou trop épicés
Ajout possible de sel, de sucre ou de sauce soja

Textures allant du croustillant au moelleux.


Texture fibreuse L’insecte donne généralement une texture
Texture « plus sèche » et « moins juteuse » IC : (Mishyna et al., 2020)
et juteuse
Dépend des espèces d’insectes

Dépend de l’espèce d’insecte (va du doré IC : (Kim et al., 2017)


Couleur Légère et rouge clair transparent, à une couleur plus foncée (Biró et al., 2019)
avec une intensité plus forte) (Mishyna et al., 2020)

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230 / Valentine bourdrez, Sghaier chriki

par plusieurs facteurs externes. La le développement de leur marché : i) leur sur les effets positifs des insectes, leur
familiarité avec les insectes en tant non-acceptation sociale dans les pays utilisation dans des aliments familiers et
que nourriture (expériences passées) peu habitués, et ii) les aspects règlemen- l’assurance qu’ils ne soient pas visibles
entraîne un score d’évaluation plus taires. Au niveau mondial, le marché des entiers augmentent la volonté de les
élevé. Cependant, des informations pré- insectes était estimé en 2019 à environ consommer (Lombardi et al., 2019). Une
liminaires sur la dégustation d’insectes 500 millions de dollars (soit un peu plus étude réalisée en Italie sur 200 indivi-
peut diminuer ce score (déception, de 400 millions d’€) et devrait croître dus à qui on a proposé trois différents
dégoût). Le genre du consommateur avec un taux annuel de 19,7 % jusqu’en produits familiers à base d’insectes, a
affecte aussi les résultats, avec de meil- 2025 (Businesscoot, 2020). évalué la DAP par rapport aux produits
leurs scores chez les femmes que chez conventionnels. Si la DAP augmente
les hommes (Barsics et al., 2017). En occident, même si l’intérêt à de 0,89 % pour les pâtes enrichies aux
consommer des insectes est gran- insectes, elle diminue de 9,4 % pour les
„„3.2. Disposition à payer dissant, beaucoup de réactions sont cookies et jusqu’à 13 % pour la barre
et influences culturelles animées par un sentiment de dégoût chocolatée (Lombardi et al., 2019).
ou de rejet. Il a été mis en avant rela- Toutefois, avec des informations à la
Les insectes comestibles font face à tivement tôt, dans la littérature scien- fois sur les bénéfices pour la société et
deux principaux freins qui empêchent tifique, qu’une information préalable pour les individus, les cookies (paquet

Tableau 9. Disposition à payer pour les insectes comestibles.

Indicateurs Insectes Sources

Payer le même prix


1,67 (de Koning et al., 2020)
(échelle de 1 à 5)

Payer plus (1 à 5) 1,27

– 9,4 % pour des cookies aux insectes (Italie)


Consentement – 13 % pour une barre chocolatée
DAP négative
à payer plus aux insectes (Italie) (Lombardi et al., 2019)
(en % ou euros)
Revient au prix de base (+ 8 à 15 centimes)
avec des informations sur les bénéfices

+ 0,89 % pour des pâtes aux insectes (Italie)


DAP positive
(en % ou euros) Augmente jusqu’à 10 centimes avec
des informations sur les bénéfices

– Bonnes qualités organoleptiques,


nutritionnelles et prix élevé
– Utilisation en tant qu’ingrédient (Lombardi et al., 2019)
Facteurs liés dans des aliments familiers (de Koning et al., 2020)
au produit
Utilisation entier (Mishyna et al., 2020)
Haute valeur hédonique du produit
(avant l’ajout d’insectes)

– Genre masculin ou féminin/


Influence des Genre masculin ou féminin
croyances (Barsics et al., 2017)
(en italique Facteurs physiques – Régime végétarien, style de vie sain (Lombardi et al., 2019)
augmente DAP/ et psychologiques – Jeune âge/Pays occidental (de Koning et al., 2020)
en gras baisse – Néophobie (Onwezen et al., 2021)
DAP)
– Motivations de santé

– Informations préliminaires sur les bénéfices


individuels > ceux pour la communauté (Lombardi et al., 2019)
Facteurs externes (de Koning et al., 2020)
– Soutien des autorités publiques/ (Onwezen et al., 2021)
Opinion négative de l’entourage

Pas d’influence du genre dans certaines études (Lombardi et al., 2019)


Autres
Pas d’influence de l’attachement à la viande (Onwezen et al., 2021)

INRAE Productions Animales, 2022, numéro 3


Qualités nutritionnelle, organoleptique et disposition à payer pour les alternatives à la viande / 231

de 250 g) enrichis aux insectes gagnent être un gage de qualité qui rassure le plus élevées en acides gras insaturés qui
jusqu’à 8 centimes, les pâtes (paquet de consommateur (Onwezen et al., 2021). sont soit ajoutés artificiellement pour la
500 g) jusqu’à 10 centimes, et la barre « viande in vitro » et les analogues végé-
chocolatée (100 g) jusqu’à 15 centimes. L’intégration des insectes en tant taux, soit naturellement présents pour
Le genre des consommateurs n’affecte qu’ingrédient et non en tant qu’aliment les insectes).
pas significativement la DAP, contrai- seul réduit les réactions phobiques. À
rement à l’âge. En effet, les jeunes ont titre d’illustration, l’inclusion d’ingré- Pour les micronutriments, les don-
davantage tendance à vouloir essayer dients à base d’insectes dans un pain nées montrent en revanche de moins
les nouveaux produits (Bogueva et démontre l’importance de la d ­ imension bons résultats. Si au niveau du fer les
Marinova, 2020 ; Chriki et al., 2021). La psychologique dans l’acceptation des quantités sont satisfaisantes, la biodis-
DAP est négativement affectée par une consommateurs. En effet, lorsque le ponibilité de ce dernier reste un facteur
aversion (phobie) envers les insectes consommateur est au courant de la limitant puisqu’il est moins digestible
(morts ou vivants) ainsi que plus globa- composition du pain (et donc de la car non-héminique dans les végétaux.
lement par la néophobie. La différence présence des insectes), il donne de L’ajout de fer héminique (Fe(III)) et de
observée entre les pâtes et les sucreries meilleurs scores au pain normal, alors transferrine dans la « viande in vitro » est
s’explique par la dimension hédonique qu’en ne sachant rien, il favorise le pain nécessaire. En revanche, aucune don-
de ces dernières. Les sucreries ayant une aux insectes (Barsics et al., 2017). Ce tra- née n’existe chez les insectes à ce jour.
valeur affective plus forte que les pâtes, vail confirme également une meilleure Enfin, la vitamine B12, essentielle dans
cela entraîne un rejet plus important acceptabilité s’il existe une expérience l’alimentation humaine, est absente
des consommateurs à l’idée d’y ajouter ponctuelle passée avec les insectes, dans les produits végétaux, ainsi que –
des insectes (Lombardi et al., 2019). d’autant plus pour les femmes. En très probablement – dans la « viande in
revanche, cette étude se focalise sur- vitro », et sa biodisponibilité est à nou-
tout sur les effets à court terme, mais veau inconnue pour les insectes.
Dans une étude menée sur 3 091 indi-
moins sur les effets à long terme tels
vidus issus de différents pays (y com-
que l’expérience et la familiarité qui ont En ce qui concerne la qualité sen-
pris la France), sur une échelle de 1 à
cependant été déjà beaucoup étudiés sorielle, les analogues végétaux
5 (1 = pas du tout d’accord ; 5 = tout à
(Barsics et al., 2017). ­parviennent à imiter la viande, notam-
fait d’accord), les individus interrogés
ment grâce aux nouvelles technolo-
répondent positivement aux trois pos-
Les qualités nutritionnelles et organo- gies agroalimentaires. C’est également
sibilités et se disent prêts à « essayer » à
leptiques, influencées par le mode de possible par l’ajout d’assaisonnements,
1,92, « acheter » à 1,67 et « payer plus »
production de l’insecte, le type de pro- d’épices, d’arômes et autres exhausteurs
(DAP) à 1,27 (de Koning et al., 2020)
cess lors de la transformation et l’utili- de goût. Les futurs enjeux seront de
(tableau 9). Cependant, on observe
sation d’autres ingrédients, influencent masquer davantage le goût herbeux, de
que les consommateurs sont davantage
fortement l’acceptabilité des consom- reproduire encore plus fidèlement les
prêts à essayer le produit, plutôt qu’à
mateurs occidentaux. Ces derniers fibres, de conserver le goût recherché
l’acheter au même prix qu’en conven-
accordent une haute importance au dans un contexte complexe de repas
tionnel. Ils semblent encore moins
contenu protéique, à la qualité et à la (sauces, soupes) et d’avoir une couleur
disposés à le payer plus cher. Aussi, les
sécurité sanitaire ainsi qu’aux produits qui ne varie pas rapidement au contact
insectes ont une moins bonne DAP que
dits ou perçus comme « naturels » de l’air et de la lumière quelle que soit
les analogues végétaux (située à 1,7)
(Mishyna et al., 2020). la technique de cuisson utilisée. Pour
(de Koning et al., 2020).
la « viande in vitro », les contraintes
sont plus fortes, puisque le consom-
Contrairement aux deux précédents
Conclusion mateur s’attend à retrouver les mêmes
substituts étudiés (analogues végétaux sensations procurées par une viande
et « viande in vitro »), l’attachement à Du point de vue des qualités nutri- issue d’élevage. L’enjeu futur sera de
la viande n’affecte pas la DAP des ali- tionnelles et organoleptiques, la dépasser la limite technologique et
ments à base d’insectes. Cependant « viande in vitro » et certaines espèces réussir à généraliser la co-culture pour
suivre un régime végétarien et un style d’insectes peuvent prétendre atteindre, reproduire au mieux la diversité et la
de vie « sain » a un effet positif sur la voire dépasser, les teneurs en protéines complexité des viandes. Enfin, pour les
DAP, notamment chez les hommes qui de la viande. Ces apports en protéines insectes, en tant qu’aliments sous forme
semblent plus enclins à accepter les sont généralement plus faibles dans les entière, ils ne se rapprochent pas du
insectes (Onwezen et al., 2021). La fami- analogues végétaux. Cependant, ces tout de la viande. Cependant, utilisés en
liarité, quant à elle, apparaît comme données sont à nuancer par la diges- tant qu’ingrédients, leur diversité d’es-
le meilleur moteur pour motiver le tibilité protéique, encore peu connue pèces offre une palette d’outils organo-
consommateur à consommer voire et qui mériterait davantage de travaux. leptiques susceptibles d’améliorer des
payer plus pour des insectes comes- recettes déjà existantes.
tibles, ou bien des aliments enrichis en Quelle que soit l’alternative étudiée,
insectes. Enfin, dans certains cas, aug- le contenu en graisses apparaîtrait de Du point de vue sanitaire, il est impor-
menter le prix du produit final semble meilleure qualité (en raison de teneurs tant de souligner que les analogues

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végétaux et la « viande in vitro » sont pour porter à température physiolo- et le soutien des autorités publiques
issus de process industriels, avec divers gique les incubateurs dans lesquels se serait indispensable au développe-
ajouts de natures différentes. L’ajout multiplient les cellules. Or, si l’impact ment de la consommation d’insectes.
de nombreux exhausteurs, additifs et environnemental du CH4 à court terme Certaines études projettent un marché
liants dans les analogues végétaux en est largement négatif, il ne faut pas mondial de la viande poursuivant sa
font des produits ultra-transformés, négliger que le CO2 émis par les bioréac- décroissance au moins jusqu’en 2040,
dont découle généralement une longue teurs a une demi-vie significativement au profit des analogues végétaux et
liste d’ingrédients. La « viande in vitro » plus longue, et persistera donc plus lon- de la « viande in vitro ». Certains pré-
quant à elle, peut faire l’objet de trai- guement dans l’atmosphère, réduisant voient le développement des produits
tements antibiotiques, d’ajout d’hor- ainsi l’avantage de la « viande in vitro » mixtes mélangeant diverses sources
mones, de fongicides, ou encore d’une sur le long terme. De plus, toutes les de protéines (par exemple végétales
potentielle dérive génétique puisqu’elle alternatives feront l’objet de transfor- et de culture). D’autres prévisions, au
implique l’utilisation de matériel vivant. mations, d’emballages et de transports. contraire, sont pessimistes par rapport
Les insectes ne sont pas non plus sans À titre d’exemple, le transport est plus à la « viande in vitro », au profit des
dangers : composants toxiques bioac- polluant à ce jour que l’élevage (en pre- insectes comestibles.
tifs, résidus de pesticides ou de métaux nant en compte les émissions directes
lourds, ou encore facteurs antinutri- et indirectes). D’autres alternatives voient le jour et
tionnels. Ils sont aussi potentielle- devront être étudiées. C’est le cas par
ment source de réactions allergiques Concernant la disposition à payer, exemple de la viande issue d’animaux
dangereuses. elle est influencée par des facteurs génétiquement modifiés, ce qui per-
directement liés au produit lui-même, mettrait de produire plus de viande
Par ailleurs, il n’est pas possible de mais aussi au consommateur (facteurs avec moins d’animaux élevés. On parle
traiter les substituts à la viande sans psychologiques, physiques) ainsi que également, depuis peu, de la viande
évoquer la question environnementale. son environnement (facteurs culturels). imprimée en 3D dont la dénomination
A ce sujet les avis sont mitigés. L’élevage Pour les protéines végétales, l’enjeu abusive de viande ne traite en fait que
bien qu’il consomme une grande quan- futur sera de réussir à convaincre une de produits végétaux dont l’assemblage
tité d’eau douce et génère des gaz à partie de la population ayant un atta- se rapproche au mieux de la texture et
effet de serre notamment du méthane chement fort à la viande, notamment l’apparence d’une viande. La « viande
(CH4), permet également de rendre de les hommes, et ceux ayant une néo- in vitro » figure parmi les matières pre-
nombreux services environnementaux phobie alimentaire ou technologique. mières sélectionnées pour produire une
et de stocker le carbone. La « viande Pour la « viande in vitro », le défi sera de « viande in vitro 3D » ! Un prototype de
in vitro », souvent désignée comme baisser le prix encore inaccessible pour ce produit a été proposé au Japon à la
écoresponsable (le terme « clean meat » la majorité, à ce jour. Il faudra aussi fin de l’année 2021. Enfin, tous ces pro-
pour « viande propre » étant utilisé dans convaincre la population détachée ou duits devront se faire une place à côté
ce sens), n’est pas dépourvue d’émis- dégoutée de la viande, ainsi que tous des produits issus de nouvelles pistes
sions, même si les quantités émises les néophobes. Enfin, les produits à en cours d’exploration : algues, myco-
en équivalent CO2 semblent plus limi- base d’insectes devront relever la bar- protéines, protéines issues de la fer-
tées (une absence de consensus sur ce rière psychologique présente dans les mentation de précision, etc. Demain, en
point peut toutefois être notée). Ainsi, pays occidentaux, peu habitués à l’en- effet, les comparaisons se feront moins
le recours aux énergies fossiles n’est tomophagie. Pour cela, l’utilisation en entre viande et ses substituts mais plu-
pas négligeable pour la production de tant qu’ingrédient incorporé dans des tôt entre toutes ces alternatives aux
la « viande in vitro », ne serait-ce que plats familiers est une bonne stratégie, protéines animales.

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(SIA) 2013, Feb 2013, Paris, France.(hal-02802159). meatsci.2019.107924 org/10.1371/journal.pone.0171904

Résumé
Développer les alternatives à la viande est présenté comme une solution pour renforcer la durabilité de l’alimentation tout en apportant des
sources de nutriments indispensables (protéines, micronutriments…), notamment pour des régimes végétariens, végans voire flexitariens.
Cela peut aussi permettre une diversification du marché de l’agroalimentaire par une plus grande offre de produits aux consommateurs. Mais
d’un point de vue nutritionnel, la digestibilité de certains nutriments reste mal connue, et les process pour reproduire les mêmes qualités
organoleptiques que la viande sont en cours de développement. Par ailleurs, d’un point de vue économique, la disposition à payer par le
consommateur dépend de plusieurs facteurs. Cet article fait le point sur les travaux menés au niveau mondial, entre 1997 et 2021, portant sur
trois alternatives : les analogues végétaux, la « viande in vitro » et les insectes. Les indicateurs suivants sont décrits : i) la qualité nutritionnelle
(teneur en protéines et leur digestibilité, quantité de graisses et proportion d’acides insaturés, quantité et biodisponibilité du fer et de la
vitamine B12), ii) les qualités organoleptiques, et enfin iii) la disposition à payer. Pour les analogues végétaux, une amélioration de la qualité
nutritionnelle (notamment en fer héminique et vitamine B12) et sensorielle est nécessaire pour séduire une partie de la population forte-
ment attachée à la viande, ainsi que les consommateurs atteints de néophobie alimentaire et/ou technologique. Pour la « viande in vitro »,
en plus de l’amélioration de sa qualité nutritionnelle, son prix est encore inaccessible au grand public. Enfin, l’incorporation des insectes en
tant qu’ingrédients semble plus intéressante pour les consommateurs occidentaux, moins habitués à la consommation d’insectes entiers.

Abstract
Nutritional and sensory qualities, and willingness to pay for meat alternatives : the case of plant-based alter-
natives, “in vitro meat” and insects
Focusing on alternatives to meat can strengthen the sustainability of sources of essential nutrients (proteins, micronutrients), in a context favorable
to vegetarian, vegan or even flexitarian diets. It can also allow diversification of the agri-food market. But from a health point of view, the digestibility
of certain nutrients remains poorly understood, and the processes to reproduce the same organoleptic qualities as meat are under development.
Also, from an economic point of view, consumer acceptance of the price depends on several factors to be considered for future development. This
article reviews the experimental work carried out worldwide between 1997 and 2021, on three alternatives namely plant-based alternatives, “in
vitro meat” and insects. The following indicators will be described : i) nutritional quality (protein quantity and its digestibility, quantity of fats and
unsaturation ratio, quantity and bioavailability of iron and vitamin B12), ii) organoleptic quality, and finally iii) the willingness to pay. For the
plant-based alternatives, it is necessary to improve both nutritional (particularly in heme iron and vitamin B12 content) and sensory qualities,
to appeal to a part of the population strongly attached to meat, as well as a part affected by food and/or technological neophobia. For “in vitro
meat”, in addition to improving its nutritional quality, it is important to lower its price, which is still inaccessible to consumers. Finally, western
consumers will be better able to accept if insects are not presented whole but incorporated as ingredients.

BOURDREZ V., CHRIKI S., 2022. Qualités nutritionnelle, organoleptique et disposition à payer pour les alternatives à la viande : cas des
analogues végétaux, de la « viande in vitro » et des insectes. INRAE Prod. Anim., 35, 217-236
https://doi.org/10.20870/productions-animales.2022.35.3.7265

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INRAE Productions Animales, 2022, numéro 3

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