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Jusqu’à présent, les travaux relatifs à l’effet rielles pouvaient être associées à des natures
de l’alimentation des animaux sur les caracté- différentes de fourrage (foins ou pâtures). De
ristiques du lait et de la viande ont surtout même, dans la zone de production du Comté,
concerné l’influence du niveau des apports Monnet et al (2000) ont mis en évidence des
nutritifs et des grands types de régime sur les associations entre des typologies floristiques
teneurs en composés majeurs du lait, pro- des pâturages et les caractéristiques senso-
téines et matières grasses (Sutton 1989, rielles des fromages et Bérodier (1997) a mon-
Coulon et Rémond 1991), ou sur le dévelop- tré qu’une plus grande diversité botanique
pement musculaire (Geay et al 2001). En pouvait être associée à des arômes plus nom-
revanche, en dehors de l’effet bien connu de breux et plus variés des fromages. Plus
certaines plantes (crucifères, ail, oignon) sur récemment, des travaux expérimentaux ont
la flaveur du lait ou de la viande (Urbach été entrepris pour analyser l’effet spécifique
1990), l’effet propre de la nature des four- de la nature des fourrages, de son mode de
rages et en particulier de l’herbe (diversité conservation et de sa diversité botanique.
floristique, mode et qualité de conservation) a
été peu abordé. Pourtant, de nombreuses
observations empiriques confèrent à ce fac- 1.1 / Effet de la nature
teur des effets sur les caractéristiques senso- de la ration et du mode de
rielles des produits (Urbach 1990). L’objectif conservation de l’herbe
de cet article est de faire le point sur les tra-
vaux récents mettant en évidence l’effet de la La conservation de l’herbe sous forme d’en-
nature de l’herbe sur la qualité sensorielle de silage et son effet sur la qualité des fromages
la viande et du lait. Les autres dimensions de sont des sujets de débat important au sein des
la qualité, hygiénique et nutritionnelle ne filières d’AOC fromagères. L’utilisation d’ensi-
seront pas abordées ici. lage mal conservé peut conduire à des défauts
spécifiques (Urbach 1990), en particulier dans
1 / Produits laitiers le cas des pâtes pressées cuites pour les-
quelles la présence de spores butyriques dans
Parmi les différents éléments du terroir qui l’ensilage peut conduire à des gonflements
peuvent jouer un rôle sur les caractéristiques durant l’affinage et à des défauts de goûts et
des fromages, la composition floristique des d’odeur (Demarquilly 1998). Mais peu de
fourrages consommés par les animaux, qui résultats existent avec des ensilages de bonne
dépend du milieu naturel (sols, climat) et des qualité. Nous avons récemment réalisé un
pratiques culturales (fertilisation…) est sou- essai (Verdier-Metz et al 1998 ; tableau 1) dans
vent mise en avant dans le discours des fro- lequel la même parcelle de prairie naturelle a
magers. Ces derniers observent fréquemment été récoltée le même jour soit sous forme
des différences de qualité sensorielle des fro- d’ensilage (avec adjonction d’un conservateur
La qualité sensoriel- mages selon la nature des fourrages offerts acide) soit sous forme de foin (séché en gran-
le des fromages aux animaux. Ces observations ont pu être ge). Dans les deux cas, la qualité de conserva-
varie selon que les appuyées par des études globales destinées à tion du fourrage était excellente et les besoins
analyser la diversité des caractéristiques sen- nutritifs des animaux ont été couverts de
vaches pâturent ou manière semblable. Le lait des vaches ayant
sorielles d’un type de fromage et à mettre en
consomment des parallèle cette diversité avec les conditions reçu l’un ou l’autre de ces fourrages a été
fourrages conservés. de production du lait et des fromages. Ainsi, transformé, dans les mêmes conditions tech-
Mais le mode de chez des producteurs de reblochon fermier, nologiques, en fromage de type saint-nectaire.
Martin et Coulon (1995) ont montré que dans Les fromages réalisés avec le lait des vaches
conservation, foin certaines conditions de fabrication fromagè- ayant reçu de l’ensilage ont été plus jaunes
ou ensilage, n'a que re, des différences de caractéristiques senso- (en raison d’une teneur en carotènes plus éle-
peu d'effet s'il est
bien maîtrisé. Tableau 1. Effet de la conservation du fourrage sur les caractéristiques physico-chimiques et sensorielles
des fromages (Verdier-Metz et al 1998 et 2000).
Essai 1 Essai 2
Ration Ensilage Foin Ensilage Pâturage de
d’herbe d’herbe + foin printemps
Lait 1
Taux butyreux (g/kg) 35,3 36,3 36,4 37,1
Taux protéique (g/kg) 33,6 33,5 28,7 ** 33,5
Fromage
Extrait sec (%) 54,6 54,8 52,6 52,7
Gras/sec 52,3 52,0 54,1 ** 50,5
Indice de jaune 32,9 ** 29,9 24,7 ** 30,5
Texture ferme 4,6 4,5 4,3 ** 3,4
Texture collante 3,1 3,3 4,1 * 3,5
Intensité du goût 5,4 5,3 5,0 ** 5,6
Intensité de l’odeur 5,2 5,2 4,6 4,4
Odeur piquante 1,3 ** 0,2
Amertume 3,5 3,2 1,5 * 1,9
1
Après écrémage partiel pour l’essai 1.
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vée dans l’ensilage que dans le foin) et ont eu tats confirment les observations faites par les
tendance à être plus amers. Les autres carac- producteurs fermiers lors de la mise à l’herbe
téristiques chimiques et sensorielles ont été des animaux. Des résultats similaires ont été
identiques pour les deux modes de conserva- obtenus par Buchin et al (1998) dans un essai
tion. Ces résultats expérimentaux ont été comparant des fromages de type morbier
confirmés par des observations en fermes fabriqués en conditions expérimentales avec
(Agabriel et al 1999). Lorsque la conservation les laits d’hiver (issus de rations à base de
du fourrage et le rationnement des animaux foin) ou de printemps (pâturage). Les carac-
sont bien maîtrisés, le mode de conservation téristiques sensorielles du beurre (couleur,
a peu d’effet sur les caractéristiques senso- flaveur, tartinabilité) sont aussi fortement
rielles, excepté sur la couleur. Il est cepen- affectées par les changements d’alimentation
dant possible que les effets de la conservation des animaux. En particulier, le beurre est plus
de l’herbe sous forme d’ensilage soient jaune, moins dur et présente une flaveur
variables selon le type de fromage. Dans un « d’herbe » plus marquée lorsque les vaches
essai récent (B. Martin et al, non publié), la sont alimentées avec des régimes à base
distribution d’ensilage d’herbe comparative- d’herbe (sous forme ensilée ou pâturée) com-
ment à du foin a en effet entraîné des diffé- parativement à des régimes à base d’ensilage
rences sensorielles plus significatives sur des de maïs ou riches en concentrés (Keen et
fromages de type cantal que sur des fromages Wilson 1992, Houssin et al 2002).
de type saint-nectaire.
En revanche, des différences sensorielles 1.2 / Effet de la composition
très importantes ont été observées entre des botanique de l’herbe
fromages fabriqués avec du lait de vaches
recevant un régime hivernal à base de foin et Au cours des dernières années, plusieurs
d’ensilage d’herbe comparativement à un essais ont été réalisés en Europe pour décrire
régime d’herbe de prairie naturelle pâturée et analyser l’effet de la diversité botanique
(cf. tableau 1). Les fromages de type saint- des fourrages offerts aux animaux (sous
nectaire issus du pâturage ont été plus jaunes forme pâturée ou conservée) sur les caracté-
et ont présenté un goût et une odeur plus ristiques sensorielles de différents types de
intenses (Verdier-Metz et al 2000). Ces résul- fromage. Quatre de ces essais, réalisés sur
Tableau 2. Effet de la nature de l’herbe sur les caractéristiques sensorielles du fromage (synthèse de 4
essais d’après Buchin et al 1999, Martin et al 2001, Bugaud et al 2002, Verdier-Metz et al 2002).
a, b, c : Pour un même essai, les valeurs des colonnes avec des lettres différentes sont statistiquement différentes au seuil de 5 %.
1
Voir texte.
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des fromages à pâte pressée cuite (essais 1, 2 odeurs de rance et de moisi moins dévelop-
et 4) ou non cuite (essai 3), sont résumés dans pées, comparativement au foin de dactyle.
le tableau 2. Dans tous ces essais, les facteurs Lorsque l’herbe de prairie naturelle a été
de variation liés aux caractéristiques et à la offerte en vert, les fromages ont été moins
conduite des animaux étaient contrôlés et la aigres que lorsqu’elle était offerte sous forme
technologie fromagère était semblable entre de foin.
les traitements.
Enfin, dans un essai récent (Bugaud et al
Un premier essai (Buchin et al 1999), réali- 2002), réalisé chez 3 producteurs fermiers
sé chez un producteur d’Abondance fermier, a d’Abondance, il a été clairement montré qu’in-
consisté à comparer les caractéristiques de dépendamment de la variabilité entre produc-
fromages fabriqués lorsque son troupeau a teurs, il existait des écarts importants pour un
pâturé successivement le versant sud et le même producteur selon les caractéristiques
versant nord d’un même alpage, puis est reve- des prairies pâturées. Si les écarts les plus
nu sur une zone du versant sud mise en importants opposent les prairies de plaine à
défens lors du premier passage. Sur le versant celles de montagne, il subsiste aussi une
sud, la végétation était composée d’un tapis variabilité au sein des pelouses d’alpage. Les
La flore de la prai- de graminées (55 %) dominé par Festuca différences les plus importantes ont concerné
rie pâturée par les rubra et Agrostis capillaris et clairsemé de la texture des fromages, moins ferme et plus
vaches influence les nombreuses autres espèces (52 espèces), tan- élastique et déformable en plaine qu’en mon-
caractéristiques dis que le versant nord était constitué de tagne, et plus sableuse sur les pelouses nitro-
pelouses à dominante d’Agrostis vulgaris et philes et nivales que sur les pelouses
sensorielles des de Nardus stricta et d’une zone humide humides. Ces résultats confirment et préci-
fromages, en dominée par des mousses, des carex et des sent ceux obtenus en Suisse sur des gruyères
particulier par les renoncules. Les caractéristiques des deux Etivaz (Bosset et al 1999).
séries de fromages réalisés lorsque les ani-
modifications maux pâturaient le versant sud de l’alpage
directes ou s’opposent à celles des fromages issus du ver- 1.3 / Origine des différences sen-
indirectes de la sant nord. Les différences les plus impor- sorielles
composition tantes concernent la texture : les fromages du
versant nord ont été moins fermes, plus fon- Plusieurs caractéristiques sensorielles du
chimique du lait. dants et plus pâteux. Sur le plan des arômes fromage peuvent être dues à certains consti-
et des saveurs, les fromages du versant nord tuants du lait, directement issus de l’alimen-
ont été globalement plus « corsés » (plus tation, et des fourrages en particulier. C’est le
salés et amers, avec des arômes aigres) et cas par exemple de la couleur. Le lait contient
ceux du versant sud plus « doux », avec des des quantités plus ou moins importantes de
arômes de fruits plus développés. pigments. Le plus connu est le β-carotène,
présent en grandes quantités dans les four-
Un deuxième essai (Martin et al 2001) a été rages verts et qui contribue à la coloration
réalisé en alpage chez un producteur de beau- jaune des produits laitiers. Très sensible aux
fort, selon le même principe que l’essai 1, sur ultraviolets, le β-carotène est détruit lors du
des pelouses de différentes altitudes. Il a per- séchage et de la conservation des fourrages
mis de montrer des différences concernant de manière d’autant plus forte que l’exposi-
essentiellement la flaveur : les beauforts des tion à la lumière est plus importante (Park et
pelouses « alpines » (>2200m, 20 espèces dif- al 1983). La nature de l’alimentation a ainsi un
férentes dominées par Nardus stricta et effet marqué sur sa concentration dans le lait
Trifolium alpinum) ont été plus salés et plus et donc sur la couleur des beurres et des fro-
piquants que ceux des pelouses « moyennes » mages (Waghorn et Knight 1992, Houssin et
(42 espèces dont 12 graminées, sans domi- al 2002, J.B. Coulon et P. Grolier, non publié ;
nance marquée). Ils ont présenté des arômes tableau 3). Ainsi les fromages réalisés avec
plus intenses et plus épicés. De plus, leur tex- des laits de printemps sont-ils beaucoup plus
ture a été moins adhésive. jaunes que ceux réalisés avec des laits d’hiver.
L’hiver, les fromages fabriqués avec des laits
Un troisième essai (Verdier-Metz et al 2002) issus d’une alimentation des vaches à base
a consisté à fabriquer un fromage à pâte pres- d’ensilage d’herbe sont plus jaunes que ceux
sée selon une technologie saint-nectaire dans fabriqués avec des laits issus d’une alimenta-
une fromagerie expérimentale à partir du lait tion à base de foin, surtout si ce dernier est
de vaches conduites dans les mêmes condi- resté longtemps au sol. L’ensilage de maïs,
tions (traite, état sanitaire, apports nutritifs, très pauvre en carotènes, conduit à des fro-
logement…) mais recevant du dactyle (sous mages très blancs (Verdier et al 1995).
forme de foin) ou de l’herbe de prairie natu-
relle d’Auvergne (en vert ou sous forme de Une autre origine directe de l’effet de la
foin). L’herbe de prairie naturelle conduit à composition botanique des fourrages sur les
des fromages moins fondants, avec des caractéristiques sensorielles des fromages,
Tableau 3. Teneurs en carotènes des fourrages, des laits correspondants et coloration jaune des fro-
mages (Coulon et Grolier, non publié).
Fourrage Foin séché Foin séché Foin +ensilage Pâturage de
au sol en grange d’herbe printemps
Carotènes des fourrages (g/kg MS) 10 20 45 85
Carotènes du lait (µg/l) 75 80 130 220
Indice de jaune du fromage 20 25 28 30
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200 100 0 100 200 300 400 500
Nombre de jours Nombre de jours
avec concentré au pâturage
aux composants du régime alimentaire pour et al 1983). Enfin, certains auteurs (Muir et al
leurs propriétés intrinsèques ou plutôt aux 1998, Vestergaard et al 2000) considèrent l’ac-
différence de vitesse de croissance et de com- tivité physique comme un facteur potentiel
position corporelle induites par ces régimes affectant la couleur de la viande. En particu-
(Muir et al 1998). L’objectif de ce chapitre est lier, l’activité physique peut jouer un rôle indi-
de décrire l’état des connaissances actuelles rect en modifiant les proportions des diffé-
concernant les effets des systèmes d’alimen- rents types de fibres musculaires
tation sur la couleur, la flaveur et la tendreté (Vestergaard et al 2000).
des viandes.
L’âge à l’abattage exerce aussi une influence
2.1 / Couleur sur la couleur de la viande. Bidner et al (1986)
ont montré que des bouvillons Angus-
La figure 1 résume les résultats de 35 essais Hereford et Angus-Hereford-Brahman finis à
au cours desquels des mesures de luminosité l’herbe et abattus à 482 kg de poids vif avaient
(déterminée de manière instrumentale) ou de une couleur de maigre plus sombre (mesure
brillance (impression visuelle) du muscle lon- visuelle) et un taux de myoglobine supérieur
gissimus étaient réalisées chez des bovins (mesuré dans le longissimus dorsi) que les
(taurillons ou bouvillons) finis au pâturage ou animaux finis aux concentrés. Aucune diffé-
avec des régimes riches en concentrés, pen- rence n’a été trouvée entre les groupes d’ani-
dant des durées variables (Priolo et al 2001). maux en ce qui concerne le pH ultime de la
Elle montre clairement que la viande des ani- viande. Toutefois, des expériences ont mon-
maux finis au pâturage a tendance à être plus tré que la teneur du muscle en myoglobine
sombre. Cet effet pourraît être dû à plusieurs augmente avec l’âge, ce qui a des consé-
facteurs. quences sur la pigmentation de la viande
(Renerre 1986). Dans la mesure où les ani-
L’alimentation pourrait avoir un effet direct maux étaient abattus à des âges différents (31
en modifiant la teneur en myoglobine du mois pour les animaux nourris à l’herbe et 21
muscle, protéine responsable de la couleur de mois pour les animaux nourris aux concen-
la viande (Renerre 1981, Hopkins et trés), il est difficile de déterminer s’il y a eu ou
Nicholson 1999). Cet effet n’est cependant non un effet spécifique des composants du
pas souvent observé : dans les expériences régime sur le taux de myoglobine.
que nous avons examinées, la myoglobine
était rarement mesurée et, lorsqu’elle l’était, 2.2 / Flaveur
elle ne différait généralement pas entre les
animaux au pâturage et ceux recevant une ali- En Europe, certains consommateurs consi-
mentation à base de concentrés. En revanche dèrent que les viandes issues d’animaux éle-
l’alimentation peut avoir un impact indirect vés à l’herbe ont un meilleur goût (Keane et
sur la couleur de la viande via l’âge de l’ani- Allen 1999) alors qu’aux Etats-Unis, au
mal, le poids et l’état d’engraissement de la contraire, la viande d’animaux finis à l’herbe
carcasse, le taux de gras intramusculaire et le est moins appréciée pour sa flaveur que celle
pH ultime de la viande, qui varient souvent d’animaux finis aux concentrés (Melton 1990,
selon le système d’alimentation. Mandell et al 1998). Plusieurs auteurs ont en
effet mis en évidence des différences de fla-
Ainsi, le pH ultime du muscle est fortement veur de la viande selon que les animaux
corrélé à la couleur de la viande, en particu- (bovins ou ovins) étaient conduits au pâtura-
lier à sa luminosité (Renerre 1981). Or l’ali- ge ou alimentés avec des régimes riches en
mentation à l’herbe conduit généralement à concentrés (Bailey et al 1988, Young et al
un pH ultime de la viande plus élevé que 1999b). Les animaux nourris à l’herbe se dis-
lorsque les animaux sont alimentés avec des tinguent fréquemment par leur flaveur « pas-
concentrés, en raison d’un potentiel glycoly- torale » plus forte dont la rémanence, lorsque
tique inférieur et d’une aptitude supérieure à les animaux passent sur un régime riche en
la baisse du taux de glycogène musculaire en concentrés, est d’environ 3 mois (Melton et al
réponse aux manipulations lors de l’abattage 1982, Larick et al 1987).
(Bowling et al 1977). Immonen et al (2000)
ont d’ailleurs montré que la distribution de Dans l’étude de Larick et al (1987), des bou-
rations très énergétiques pendant la période villons étaient élevés durant 7 mois sur trois
de finition protégeait le bétail d’un éventuel pâtures différentes (Festuca arundinacea,
stress provoquant une chute de glycogène. Bromus inermis plus Trifolium pratense et
Par ailleurs, les carcasses les plus grasses, Dactylis glomerata plus Trifolium pratense).
obtenues en général avec des régimes à base Les animaux ont été abattus directement à la
de concentrés, permettent au muscle de se fin de la période de pâturage ou après 56, 84
refroidir plus lentement, entraînant une bais- ou 112 jours d’une alimentation à base de
se de pH plus rapide, ce qui peut conduire à céréales (figure 2). Un jury de dégustation
des différences de couleur de la viande entraîné a attribué une note d’intensité de la
(Young et al 1999a, Farouk et Lovatt 2000). flaveur « pastorale » de la viande (steaks).
Cette valeur a été similaire quelle que soit la
Le pourcentage de gras intramusculaire nature du pâturage, mais elle a diminué au
pourrait aussi être en partie responsable des cours du temps après le passage au régime à
différences de luminosité de la viande d’ani- base de concentrés. Sept types de pâtures dif-
maux soumis à différents systèmes de pro- férents ont été utilisés par Young et al (1994)
duction. Le gras est en effet moins coloré que pour tester la flaveur de la viande ovine. Des
le muscle et sa présence pourrait contribuer à agneaux âgés de 6 mois ont pâturé durant 6
augmenter la valeur de la luminosité (Hedrick semaines des parcelles composées d’une seule
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Abstract
Sensory properties of meat and dairy pro- of dairy products, and abundant in green forages. The
ducts are affected by the forages consumed differences can also be due to milk constituents that
by the animals. the animal produces which are different with different
feeds. This is the case of the plasmin content of milk or
The nature of forages ingested by ruminants is one of fat composition that can affect cheese texture.
the factors of variation of sensory properties of dairy Meat from animals grazing grass is darker and tou-
products and meats. Recently, the effect of this factor gher than meat from animals given concentrates. This
was underlined, particularly for the PDO products. For effect can be partially linked to the ultimate pH (for
these products, animal feeding is one of the elements the colour), to the age at slaughter (generally higher
that link the product to the “terroir”. for animals grazing grass), to the carcass fatness and
Grass conservation as silage does not seem to affect
to the intramuscular fat content (higher for animals
cheese sensory properties when the silage is done pro-
given concentrates). Grass feeding also affects meat
perly, except for the colour which tends to be more yel-
low when the animals are fed silage. Contrarily when flavour. This effect is probably linked to an increase of
the animals graze grass, the cheeses have a more inten- skatole and its interaction with branched chain fatty
se colour, flavour and odour, compared to winter acids. Also animals grazing grass have a higher pro-
rations based on hay and silage. The botanical compo- portion of linolenic acid in their fat. Some products of
sition of grass has an effect on cheese sensory proper- oxidation of linolenic acid are responsible for the pas-
ties. The most important differences regard texture, toral flavour of meat.
mainly in cooked type cheeses when cows graze in pas-
tures with a great biodiversity. COULON J-B., PRIOLO A., 2002. La qualité sen-
These sensory differences can be due to milk consti- sorielle des produits laitiers et de la viande dépend
tuents coming directly from animal food. This is the des fourrages consommés par les animaux. INRA
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