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2000, 13 (3), 151-163
S. INGRAND
Les recommandations pour la constitution nels les plus similaires possibles, puis de défi-
des lots de vaches formulées par les nutri- nir, pour chacun de ces lots, une ration dont
tionnistes sont basées sur des considérations les apports alimentaires couvrent ces besoins
liées au niveau de production zootechnique et au plus juste. La composition des lots est
au coût de la ration. Il s’agit de regrouper en ensuite modifiée quand l’hétérogénéité intra-
lots les animaux ayant les besoins nutrition- lot des besoins nutritionnels s’accroît.
Résumé En élevage bovin allaitant, l’association de
contraintes et d’objectifs de production mul-
La hiérarchie sociale et les effets d’entraînement sont deux composantes
importantes du comportement social qui influencent fortement le niveau d’in-
tiples conduisent les éleveurs à répartir les
gestion et le comportement alimentaire des bovins conduits en groupe. Cet
vaches dans les lots en fonction de nombreux
effet se traduit pour des animaux à besoins nutritionnels élevés (animaux lai- critères qui ne correspondent pas, en majori-
tiers ou en croissance) par des niveaux d’ingestion supérieurs et une moindre té, à la recherche d’une augmentation de l’ho-
efficacité alimentaire par rapport à des situations où les animaux sont ali- mogénéité intra-lot des besoins nutritionnels
mentés individuellement (à l’attache ou en box individuel). Les caractéris- (Ingrand 1999). L’hétérogénéité intra-lot des
tiques des groupes (compétition alimentaire, densité, nombre d’auges, effectif, besoins nutritionnels pose alors la question
stabilité dans le temps, caractéristiques des animaux) ont également des de l’évaluation des risques que prennent les
effets que nous avons cherché à quantifier. L’augmentation de la densité, la éleveurs dans leurs choix de conduite quand
réduction de la largeur d’auge ou du temps d’accès à l’auge engendrent une le principe d’ajustement des apports alimen-
diminution de la durée quotidienne d’ingestion et de la synchronisation de taires aux besoins des animaux n’est pas res-
l’activité alimentaire, associée à une augmentation de la vitesse d’ingestion pecté. Ce risque est de deux ordres : risque
pouvant permettre le maintien du niveau d’ingestion, même lorsque le niveau d’accroissement du coût alimentaire en rai-
de compétition est élevé. La taille du groupe a peu d’effet sur les composantes son d’une surconsommation d’aliment par les
de l’ingestion des bovins et elle détermine surtout la vitesse à laquelle s’établit animaux ayant les besoins les plus faibles et
la hiérarchie sociale au sein du groupe. Les animaux aux besoins nutritionnels risque d’altération des performances zootech-
élevés ingèrent davantage, plus vite et plus longtemps que ceux aux besoins niques des animaux ayant les besoins les plus
plus faibles, mais l’effet de l’hétérogénéité de ces besoins au sein d’un même élevés. De telles approches ont déjà été effec-
groupe n’a pas été mesuré. Les études en fermes montrent pourtant que les tuées pour les animaux laitiers pour préciser
lots gérés par les éleveurs de vaches allaitantes ne sont pas en majorité homo-
les conditions optimales de l’alimentation du
gènes sur le plan des besoins nutritionnels, y compris durant la période des
vêlages. Cela pose la question du risque d’altération des performances de ces
troupeau (nombre, composition et niveau de
animaux conduits en groupes hétérogènes.
rationnement des groupes) : voir par exemple
Harb et al (1985) et Albright (1993) pour des
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vaches laitières, Bocquier et al (1995) pour des conclusions plus nuancées. Par exemple,
des brebis laitières. Pour les bovins allaitants, pour des taurillons laitiers au pâturage,
il semble nécessaire de mieux connaître l’éla- Dalton et al (1967) n’ont pas réussi à définir
boration de la performance des animaux clairement le classement hiérarchique des
conduits en groupes hétérogènes sur le plan animaux dans des groupes de 25 têtes, en rai-
des besoins nutritionnels pour mesurer le son d’un individualisme très marqué des ani-
risque d’altération de cette performance. Il maux, même au sein de groupes créés depuis
s’agit alors d’analyser la capacité des ani- 30 mois.
maux à s’adapter selon les caractéristiques de
leurs congénères et le type de conduite, prin- L’étude de Bouissou (1965) sur les méca-
cipalement alimentaire, auquel le groupe est nismes d’établissement de la hiérarchie socia-
soumis. le au sein de groupes de bovins a montré que
l’établissement de cette hiérarchie est très
Cet article se propose de faire le point sur rapide après la constitution du lot (dès la pre-
ce que la notion de groupe signifie pour les mière heure), qu’elle s’établit souvent sans
nutritionnistes, notamment en matière de lutte entre les animaux, qu’elle est stable dans
modifications possibles du comportement ali- le temps et qu’elle est dans la plupart des cas
mentaire et du niveau d’ingestion des bovins. simple et linéaire, bien qu’il puisse exister des
L’objectif est de passer en revue les princi- formes plus complexes. La probabilité d’obte-
paux facteurs de variation liés à la conduite nir une hiérarchie linéaire est plus élevée
en groupe en considérant l’ingestion comme pour des animaux adultes que pour des
une composante de la performance animale. jeunes (Albright 1971) et elle décroît quand la
taille du groupe augmente, mais reste forte
1 / Conduite en groupe et pour des groupes de 7 ou 8 individus
(Mestertongibbons et Dugatkin 1995). La sta-
comportement alimentaire bilité du rang hiérarchique est également sou-
des bovins lignée par Wierenga (1990) à l’échelle de plu-
sieurs années ; elle est plus grande dans les
groupes de taille inférieure à 100 têtes, au
1.1 / Hiérarchie sociale au sein du sein desquels la reconnaissance de chaque
individu est plus facile (Albright 1991).
groupe
Un essai portant sur des vaches laitières ali-
Quatre volets peuvent être distingués pour mentées à l’auge a montré qu’à âge égal, les
caractériser le comportement social des
bovins (Albright et Arave 1997) : la communi- vaches dominantes ingèrent plus longtemps
cation, les phénomènes d’agressivité/soumis- et ont des niveaux d’ingestion plus élevés que
sion à l’égard des congénères ou de l’Homme, les vaches dominées, mais aucune liaison n’a
les phénomènes de leadership (effet d’entraî- été détectée entre le rang social et le niveau
nement) et les relations de dominance entre de production laitière (Krohn et Kongaard
les individus (hiérarchie sociale). Le phéno- 1976, cités par Campling et Morgan 1981), ce
mène de leadership se différencie de la notion qui a également été observé par Beilharz et al
de dominance qui caractérise la capacité d’un (1966). D’autres essais sur vaches laitières
animal à inhiber le comportement d’autres ont confirmé que, dans des situations de com-
individus dans le groupe (Syme et Syme pétition pour l’accès à la nourriture, les ani-
1975). La hiérarchie sociale formalise le com- maux dominants ont des durées quotidiennes
portement des individus appartenant au d’ingestion supérieures à celles des animaux
même groupe, permettant de diminuer la fré- dominés, mais leurs niveaux d’ingestion ne
quence et l’intensité des interactions agonis- sont pas forcément plus élevés. La corrélation
tiques : les affrontements directs sont rempla- entre le niveau d’ingestion et le rang social
cés par des attitudes de dominance/soumis- s’accroît avec le niveau de compétition ali-
sion (Dantzer et Mormède 1979). mentaire (Friend et Polan 1974, Friend et al
1977, Leaver et Yarrow 1980, Harb et al 1985).
Le rang hiérarchique des animaux dépend Pour des taurillons et des bœufs nourris à l’ai-
de plusieurs facteurs tels que l’âge (Kondo de d’un distributeur unique, les animaux
1987), le poids vif, la présence de cornes, la dominants font moins de repas par jour que
taille, le sexe, l’ancienneté dans le groupe les dominés (15 vs 19, P<0,05) mais avec une
(Bouissou 1965). Les conditions d’héberge- durée d’ingestion plus élevée (87 vs 78 min/j,
ment et de conduite peuvent perturber l’ex- P<0,05 ; Stricklin et Gonyou 1981). Le com-
pression de la hiérarchie sociale, mais ne la portement respectif d’animaux dominants et
modifient pas (Wierenga 1990). Arave et al dominés a également été analysé par Manson
(1974) ont étudié la hiérarchie sociale dans et Appleby (1990) pour un troupeau de 45
deux groupes de 10 vaches, puis ont rassem- vaches laitières recevant une ration complète
blé d’un côté les 5 vaches dominantes et d’un à volonté. La distance entre deux vaches au
autre côté les 5 vaches dominées de chaque cornadis est déterminée par leurs rangs
groupe. La corrélation entre le rang social sociaux (figure 1). Le même type d’observa-
dans le nouveau groupe et le rang social dans tions a été réalisé pour l’occupation de
le groupe d’origine a été de 0,86. La hiérarchie logettes par des vaches laitières : les vaches
sociale pour un groupe d’individus donné de rang social élevé utilisent les logettes les
semble donc rester stable quand on introduit plus proches de la zone de distribution de
d’autres individus dans le groupe. D’autres l’aliment et voisines les unes des autres
études, impliquant des mâles, aboutissent à (Friend et Polan 1974).
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Figure 1. Effet du rang social sur la distance entre Figure 2. Effet de la réduction du nombre d’accès à l’aliment (portillons) sur le
vaches : moyenne de la distance avec le voisin le rythme et la synchronisation de l’ingestion au sein d’un troupeau de 19 vaches
plus proche pour différentes combinaisons hiérar- laitières alimentées avec de l’ensilage d’herbe distribué à volonté à 6h30, 11h30,
chiques (d’après Manson et Appleby 1990). 15h30 et 21h30 (d’après Metz et Wierenga 1987).
B, M et H = respectivement bas, moyen et haut
rang social
Proportion de vaches dans les portillons (%)
75 19 portillons
Distance au voisin le plus proche
(nombre de cornadis)
5
50
10 portillons
4
25
Traite Traite
3
0
0 6 18 24
12
2 Temps (heures)
Tableau 1. Effet du mode de stabulation, entravée ou libre, sur les quantités ingérées (QI en kg de MS/j)
par des génisses de race Pie-Noire, Tarine ou Salers, selon leur âge (d’après D’Hour et al 1991).
Figure 3. Comparaison des quantités ingérées Concernant les bovins de race à viande, les
par des bovins à viande à l’engrais et des bovins taurillons et les bœufs en croissance en grou-
laitiers (génisses et vaches), à l’attache et en stabu- pe et en l’absence de compétition ingèrent
lation libre (d’après Ingvartsen et Andersen 1993). davantage que lorsqu’ils sont attachés, mais
l’écart n’est pas très important : +4 % en
Consommation en stabulation libre (kg MS / j)
moyenne sur 13 comparaisons (revue
25 d’Ingvartsen et Andersen 1993). L’étude de
Broadbent et al (1970), sur des bœufs frisons
soumis à quatre conduites alimentaires diffé-
20 rentes, montre que le niveau d’ingestion et
l’indice de consommation sont plus élevés
avec une alimentation en groupe (tableau 2).
15 Un essai conduit avec 47 vaches Charolaises
taries ou en lactation a abouti aux résultats
inverses pour les vaches en lactation, à savoir
10 un niveau d’ingestion moindre en stabulation
libre par rapport à l’attache (-1,1 kg MS/j),
aucune différence n’ayant été mesurée pour
5 les vaches taries (Ingrand et al 1999).
Bovins laitiers
0
Bovins à viande Les niveaux d’ingestion supérieurs obser-
0 5 10 15 20 25
vés pour des animaux conduits en groupe
sont expliqués par la stimulation réciproque
Consommation à l’attache (kg MS / j) (effet d’entraînement) et par des dépenses
énergétiques qui seraient plus importantes,
D’Hour et al (1991) sur des génisses laitières bien qu’une étude de Gustafson et al (1993)
n’ait pas permis de mettre en évidence l’effet
en croissance, le niveau d’ingestion s’est de l’exercice physique sur les quantités ingé-
accru de 10 % en moyenne en stabulation libre rées par des vaches laitières. Selon Albright
par rapport à la stabulation entravée (1993), plusieurs facteurs « psychologiques »
(tableau 1). Phipps et al (1983) ont obtenu un entrent également en compte et le bien-être
accroissement de consommation de 9 %, asso- des animaux serait mieux assuré au sein d’un
cié à un gain de poids vif, chez des vaches lai- groupe. A l’inverse, les facteurs susceptibles
tières en stabulation libre qui sont passées d’entraîner une diminution des quantités ingé-
d’une alimentation individuelle avec des por- rées en groupe sont liés à l’espace disponible
tillons électroniques à une alimentation col- (à la compétition en général) et à la motivation
lective avec une auge commune. pour effectuer le déplacement vers les auges.
Tableau 2. Consommation d’aliment, gain de poids vif et efficacité alimentaire mesurés sur des bœufs à
l’engrais selon différentes modalités de conduite (d’après Broadbent et al 1970).
Figure 4. Effet du nombre d’auges disponibles pour des vaches laitières et des taurillons (trois graphiques
du haut) et du temps d’accès à l’auge pour des vaches laitières taries (trois graphiques du bas, adapté
de Campling et Morgan 1981) sur les quantités ingérées, la durée et la vitesse d’ingestion.
200 100
90
12 180
80
160
70
10 140
60
120 50
8 100 40
0 0,5 1 0 0,5 1 0 0,5 1
13
500 40
12
11 400 30
10
300 20
9
8 200 10
0 10 20 30 0 10 20 30 0 10 20 30
Tableau 3. Largeurs d’auges recommandées pour poids vif des animaux (tableau 3). Ces valeurs
des bovins de races à viande selon leur poids sont élevées par rapport à celles testées dans
(d’après Lawrence 1994). les essais précédemment cités, mais l’auteur
précise qu’elles peuvent être réduites de 75 %
dans le cas d’une alimentation disponible à
Poids vif (kg) Largeur d’auge volonté.
(mm/animal)
3.3 / Nombre d’auges
200 400
La compétition alimentaire peut également
300 500 être induite par le nombre de distributeurs
400 550 disponibles. Ainsi, Corkum et al (1994) ont
testé trois niveaux de compétition différents
500 600 pour des groupes de 12 bœufs à l’engrais
600 650 conduits en stabulation libre en faisant varier
le nombre de portillons électroniques par
700 700
groupe. Sans compétition, les animaux ont
800 750 effectué les repas les plus longs et les
séquences d’ingestion les moins nombreuses.
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Comportement alimentaire et performances des bovins en groupes / 157
Figure 5. Profil d’ingestion pour des lots de taurillons et de bœufs en stabulation libre (15 têtes/lot) ali-
mentés à l’auge ou avec un seul distributeur d’aliment pour le lot (d’après Gonyou et Stricklin 1981).
30
10
8
20
6
4
10
1 8 16 24
Heure de la journée
La compétition la plus forte a engendré les pratiquement constante sur 24 heures. Chez
durées d’ingestion quotidienne les plus les animaux nourris à l’auge, la vitesse d’in-
faibles mais avec un niveau d’ingestion équi- gestion est plus élevée. La répartition
valent au cas précédent. La plus faible durée quotidienne
d’ingestion a donc été compensée par une 3.4 / Espace disponible des activités
vitesse d’ingestion plus élevée (figure 4) et les pour les animaux
vitesses de croissance ont été similaires. Les d’ingestion
animaux dominés n’ont pas été désavantagés La trop forte densité au sein d’un groupe de dans un troupeau
en situation de forte compétition. Pour le bovins entraîne des réactions d’agression dépend du nombre
même type d’essai réalisé sur des vaches lai- plus fréquentes en raison de la forte probabi- d’accès possibles
tières (Harb et al 1985), les temps moyens lité de rencontres et du faible espace pour que
d’ingestion ont été de 204 min/j avec des l’animal agressé puisse s’échapper (Metz et aux aliments, sans
auges individuelles vs 124 min/j seulement Wierenga 1987). L’effet négatif d’une forte que les quantités
avec 5 auges pour 10 vaches et 150 min/j avec densité a également été montré chez des ingérées ne soient
une auge par vache en accès libre, sans modi- ovins et des cerfs au pâturage (Blanc et al
fication du nombre de séquences d’ingestion. modifiées.
1999). L’espace disponible nécessaire aux ani-
Dans un autre essai des mêmes auteurs, la maux dépend de la zone considérée : il doit
réduction du nombre d’auges a seulement être plus important autour des lieux d’alimen-
entraîné la diminution de la durée d’ingestion. tation et d’abreuvement où la compétition est
La vitesse d’ingestion moyenne dans les deux plus forte qu’ailleurs. Le temps passé dans ces
essais a fortement augmenté avec le niveau zones est généralement plus important pour
de compétition : +65 % et +27 % respective- les animaux dominants que pour les animaux
ment dans l’essai 1 et 2. Cette augmentation a dominés (Metz et Wierenga 1987).
surtout été spectaculaire pour les vaches
dominées, certaines ayant doublé leur vitesse Metz et Mekking (1984) ont montré qu’en
d’ingestion d’un traitement à l’autre. De la situation de faible compétition pour l’accès à
même manière, Gonyou et Stricklin (1981) la nourriture, la densité n’affecte pas le com-
ont comparé le comportement alimentaire de portement alimentaire (durées d’ingestion et
groupes de 15 têtes (taurillons et bœufs) ali- de rumination) des vaches laitières
mentés soit à l’auge (collectivement), soit par (tableau 4). En revanche, dans un essai de
l’intermédiaire d’un poste unique de distribu- Hindhede et al (1996) sur des génisses lai-
tion. Les résultats n’ont pas montré de diffé- tières, l’augmentation de la densité de 3 à
rences de quantités ingérées ni de perfor- 1,5 m2 par animal, sans qu’il y ait de compéti-
mances de croissance, après une période tion alimentaire, s’est traduite par une dimi-
d’adaptation. Cependant, les profils d’inges- nution de la vitesse de croissance de 174 g/j
tion à l’échelle de la journée sont différents (soit 31 %) pour des quantités ingérées iden-
(figure 5) : deux pics d’ingestion sont obser- tiques. Dans une expérience similaire avec
vés pour les animaux alimentés à l’auge, au 120 taurillons laitiers, Andersen et al (1997)
moment de la distribution de la ration, alors ont également observé des effets importants
que l’utilisation du distributeur unique est des niveaux de densité sur la vitesse de crois-
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Tableau 4. Durées d’ingestion, de rumination et de couchage pour des vaches laitières selon les périodes
de la journée et effet de la place disponible dans la stabulation libre : 13,9 (G) ou 2,5 (P) m2 par animal
(d’après Metz et Mekking 1984).
Position couchée
09h30 à 15h30 191,9 53,3 - 4,4
18h00 à 20h00 42,6 35,5 - 7,8
22h00 à 02h30 199,5 73,9 - 2,2
Figure 7. Production laitière de vaches primipares selon qu’elles changent de groupe ou qu’elles restent
dans le groupe ; moyennes mobiles sur 3 jours (adapté d’Hasegawa et al 1997).
26,5
26,0
25,5
25,0
Vaches transférées
24,5
24,0
-7 0 7 14
Jours expérimentaux
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Figure 8. Relations entre les paramètres du comportement alimentaire des bovins et les facteurs de l’en-
vironnement liés à la conduite en groupe. Les signes + indiquent une corrélation positive, les signes - une
corrélation négative.
+ - - + + -
Durée des repas x Vitesse d’ingestion x Nombre de repas
(min) (g MS / min) ( / j)
Compétition à l’auge
Largeur des auges
Nombre d’auges
+
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Comportement alimentaire et performances des bovins en groupes / 161
tue parfois une clé d’interprétation des résul- Rémond 1976, Friend et al 1977, Metz et
tats ; par exemple, les individus dominants Wierenga 1987), mais les effets de l’hétérogé-
ont une durée d’ingestion quotidienne supé- néité de ces besoins sur les paramètres du
rieure à celle des dominés, lesquels tendent à comportement alimentaire n’ont pas été étu-
accroître leur vitesse d’ingestion. Cette clé diés. Les groupes expérimentaux sont
d’interprétation reste valable quelle que soit d’ailleurs généralement constitués pour être
la stratégie d’affectation des animaux dans les
lots : en effet, dans chaque lot constitué, il y les plus homogènes possibles. Nos résultats
aura toujours des individus dominants ou (Ingrand 1999) ainsi que ceux cités précédem-
dominés par rapport aux autres. ment montrent pourtant que le niveau de
besoins nutritionnels est un facteur majeur
Le niveau des besoins nutritionnels des ani- d’orientation des adaptations du comporte-
maux composant le groupe conditionne éga- ment alimentaire, probablement prioritaire
lement leur capacité d’adaptation (Journet et par rapport au rang social.
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Abstract
Feeding behaviour, intake and performance dant increase in the eating rate which may help main-
in beef cattle managed in groups. tain the intake level, even with a high level of competi-
tion for food. Group size has little effect on intake and
feeding behaviour; it only plays a role in dictating the
Social hierarchy and leadership are two major com- time required for the social hierarchy to be establi-
ponents of social behaviour, which strongly influence shed. Animals with high nutritional requirements have
intake and feeding behaviour of cattle managed in higher intake and eating rates and longer daily dura-
groups. In animals with high nutritional requirements tion of eating than those with lower requirements, but
(dairy or growing cattle) this effect is characterised by the effect of within-group heterogeneity of nutritional
higher intake and lower feed conversion compared to requirements has not been assessed. Our on-farm stu-
situations where animals are individually fed (tie-stall dies have shown, however, that in most cases the within-
systems or individual pens). The characteristics and group nutritional requirements of the beef cattle groups
environment of the animal groups (competition for managed by the farmers are not homogenous. This raises
food, density, number of feeders, animal number and the question of the potential deterioration of perfor-
characteristics, stability in group composition) also mances in animals kept in such heterogeneous groups.
induce certain effects that we have attempted to quan-
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