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soja
L. Lacassagne
INRA Nouzilly
Alimentation
Station de Recherches Avicoles
37380 Monnaie
des volailles :
substituts
au tourteau
de soja
1. Les protéagineux
Depuis plus de dix ans, un effort considérable a été comporte encore pas mal de limites qui paraissent dif-
effectué dans de nombreux pays européens pour pro- ficiles à lever. Quelques aspects de ces différents pro-
mouvoir la production de matières premières qui puis- blèmes sont résumés ci-après, en exposant d’abord la
sent fournir à l’alimentation animale les protéines dont situation des protéagineux : pois, féverole et lupin. Les
elle a besoin, en remplacement du tourteau de soja oléagineux feront l’objet d’un prochain article.
importé dans sa presque totalité.
1 / Principales caractéristiques
Résumé !aa des protéagineux
L’utilisation des protéagineux dans l’alimentation du poulet de chair ne pose pas de problèmes Chaque matière première possède des caractéristiques
particuliers une fois corrigée leur déficience en acides aminés soufrés. Incorporés dans des particulières en ce qui concerne la composition de ses
proportions allant de 20 à 35 %, ils constituent d’ores et déjà une bonne source de protéines protéines. Certaines sont bien connues : ainsi les pro-
en remplacement du tourteau de soja. Le contenu en énergie métabolisable et la digestibilité téines de la féverole sont déficientes en méthionine et
des protéines du pois et de la féverole sont accrus par les traitements thermiques et cystine. D’autres le sont moins, telle la nette déficience
mécaniques. en tryptophane des trois protéagineux : pois, féverole
il en est autrement pour l’alimentation des poules pondeuses où seul le pois peut être et lupin, comparés au tourteau de soja. Cette déficience
largement utilisé et apporter jusqu’à 30 % de la matière azotée totale. Le pois est en outre peut être gênante, en particulier pour l’utilisation du
favorable à la qualité organoleptique de l’œuf, La féverole, au contraire, du fait de l’action lupin, du fait de la relative richesse de sa graine en
défavorable de la vicine et de la convicine sur le poids de l’œuf, ne peut être utilisée à des matières azotées totales. L’utilisation de ce protéagi-
taux supérieurs à 7 !. Elle accroît légèrement la qualité de l’albumen mesurée en unités neux est cependant limitée en premier lieu par sa fai-
ble teneur en lysine (tableau 1).
Haugh mais tend à augmenter la fréquence des taches de sang dans les oeufs.
La limite d’utilisation du lupin dans l’alimentation des pondeuses se situe autour de 10 !,
taux au-dessus duquel peut apparaître une insuffisance en tryptophane. Des trois Si l’on compare tourteaux oléagineux et graines pro-
protéagineux envisagés, le lupin, du fait de sa richesse en protéines, est celui dont l’emploi téagineuses, ces dernières présentent la plus forte éner-
se trouve le plus nettement limité par sa faible teneur en cet acide aminé. gie métabolisable ; leur ordre décroissant de valeur
énergétique est généralement le suivant : féverole, pois
et lupin. Les teneurs en Energie Métabolisable (EM) de
ces matières premières sont bien connues pour les
volailles adultes, la plupart des déterminations ayant
Cet effort été effectuées sur coqs. A l’inverse, les valeurs appli-
porté essentiellement sur trois protéagi-
a
cables en alimentation des jeunes poussins demandent
neux, pois, féverole, lupin, et deux oléagineux, tour-
nesol et colza, avec des succès divers. S’agissant de encore à être précisées.
l’alimentation des volailles, trois d’entre eux ne posent La diversité des variétésprésentes sur le marché, du
que peu ou pas de problèmes : le tournesol, le pois et fait del’apport régulier de la sélection, doit être pré-
le lupin. Lemploi des deux autres, en particulier le colza, sente à l’esprit ainsi que l’existence de variétés d’hiver
Les trois
protéagineux :
pois, féverole et lupin
sont déficients
en tryptophane.
2 / Pois
1 / Utilisation du pois par le
2. poulet de chair
a l Pois crus
L’utilisation du pois dans l’alimentation du poulet de
chair ne pose pas de problème particulier dans la
mesure où est compensée sa légère déficience en aci-
des aminés soufrés. Sa faible teneur en tryptophane
peut être négligée lorsque le taux azoté de la ration est
suffisamment élevé pour obtenir une efficacité alimen-
taire maximum. En effet, même introduit au taux de
30 % en substitution de tourteau de soja, le pois
n’apporte, du fait de sa pauvreté relative en protéines,
qu’une partie de l’apport azoté total de l’aliment, ce qui
évite l’apparition d’une carence en tryptophane.
Les résultats obtenus par différents auteurs (tableau
2) sont relativement homogènes bien qu’établis sur une
période de temps assez longue durant laquelle les varié-
tés de pois utilisées ont été renouvelées. Ces résultats
ont été obtenus, pour la plupart, à l’aide de rations isoé-
nergétiques, corrigées pour leur déficience en acides
aminés soufrés, mais souvent non isoazotées. A taux
alimentaire constant (ou même légèrement croissant)
de lysine, l’introduction de pois, riche en cet acide
aminé, induit en effet un abaissement du taux de
matière azotée totale de l’aliment (Leuillet et al 1975,
ITCF 1982, Huyghebaert et al 1978). Le maintien, quel
que soit le taux d’incorporation du pois, d’une effica-
et de printemps, assez différentes entre elles pour un cité alimentaire analogue à celle des lots témoins, mon-
certain nombre de caractères. Ainsi, les dernières déter- tre par ailleurs que les valeurs d’Energie Métabolisa-
minations de la teneur en EM pour l’adulte effectuées ble utilisées pour cette légumineuse dans le calcul des
sur 3 variétés de féverole d’hiver et 3 variétés de prin-
rations sont très proches de la réalité. Le travail effec-
temps cultivées en France, mettent en évidence une dif- tué par l’IT!CF en 1982 est particulièrement intéressant
férence de 200 kcal/kg de matière sèche en faveur des
féveroles de printemps. De même les pois lisses de prin- pour apprécier la valeur du pois sous forme de farine.
Il montre que le pois de printemps Finale, qui est parmi
temps présentent une teneur moyenne en EM supé- les plus répandus en France, convient parfaitement au
rieure de 80 kcal à celle des pois d’hiver et les lupins
doux de printemps sont également plus énergétiques poulet en croissance jusqu’à des taux d’incorporation
de 120 à 250 kcal (suivant les années) que les lupins de 32 %.
d’hiver. Ces résultats, obtenus dans le contexte fran- Il faut enfin noter qu’avec une présentation du pois
çais actuel, ne doivent cependant être généralisés en farine, il n’a pas été trouvé de différence significa-
qu’avec beaucoup de précautions. tive entre les performances à l’abattage de poulets ali-
Les traitements thermiques, en détruisant des facteurs mentés soit avec le pois de printemps Finale, soit avec
antinutritionnels et en modifiant la digestibilité de cer- le pois d’hiver Frisson, utilisés aux taux de 30 %, et
tains composants interviennent sur la teneur en Ener- ce malgré une teneur en facteurs antitrypsiques envi-
ron 4 fois plus élevée dans le pois d’hiver p’ICF 1985).
gie Métabolisable. Huyghebaert et al (1979) obtiennent
ainsi par traitement thermo-mécanique une augmen- Les performances des animaux sont seulement légè-
tation du coefficient de digestibilité de l’azote et une rement en faveur du pois de printemps jusqu’à l’âge
augmentation de l’EM tant pour la féverole que pour de 3 semaines (+ 2,5 % de consommation et + 2,7 %
les pois. Ces augmentations sont variables selon la de poids corporel) mais ces différences s’estompent par
nature du traitement (figure 1) mais sont toujours plus la suite (tableau 3).
Le pois peut être
incorporé dans
l’aliment du poulet de
chair jusqu’à une
proportion de 30 %
sans qu’il n’y ait
d’effet sur l’efficacité
alimentaire.
Il paraît possible
d’incorporer jusgu’à
30 % de pois dans
l’aliment des poules
pondeuses. Le taux
maximum de 20 %,
généralement
conseillé, prend donc
en compte une marge
de sécurité
confortable.
3 / Féverole le gain de poids et de 25 % pour l’indice de consom-
mation. Ces augmentations de performances sont dues
3.1Présence de facteurs antinut
1 tionnels
d à de meilleures digestibilités des acides aminés et de
al Tanins la matière sèche, consécutives tout à la fois à l’absence
Le principal facteur d’inhibition de la croissance pré-
de tanins et à l’action de l’autoclavage. La diminution
de rétention due aux tanins peut être chiffrée à 12 %
sent dans le tégument de la féverole est constitué de
tanins condensés (Martin-Tanguy et al 1977, Marquardt pour la matière sèche et 13 % pour les acides aminés.
et al 1977) qui ont des propriétés physiques, chimi-
Lamélioration moyenne de digestibilité induite par auto-
ques, chromatogaphiques et des effets biologiques ana- clavage se chiffre quant à elle à 28 et 12 %
logues à ceux des tanins présents dans les grains de respectivement.
sorgho (Marquardt et al 1977). Ces tanins réduisent Obtenus sur jeunes poussins âgés de 4 jours avec des
la rétention de certains nutriments, particulièrement de proportions de féverole dans l’aliment supérieures à
la fraction azotée de la ration, avec, pour conséquence, 85 %, ces résultats ne sont pas transposables aux con-
une réduction de la vitesse de croissance et de l’eff
ca-
i ditions pratiques d’utilisation de la féverole en élevage
cité alimentaire. qui seront exposées par ailleurs. Ils ont cependant le
mérite de mettre en relief le rôle respectif des tanins
Deux équipes (Martin-Tanguy et al 1977, Marquardt et de la chaleur dont l’action cumulée est considérable.
et Ward 1979 et 1984), la première sur le canard de
Barbarie, la seconde sur le jeune poulet, ont essayé de
chiffrer la perte de performances due à la présence de b / Facteurs antitrypsiques
tanins. Les résultats obtenus par ces derniers auteurs Le traitement par la chaleur des
graines de féveroles
sur jeunes poulets après utilisation de &dquo;graines entiè- détruit aussi les facteurs antitrypsiques qui s’y trou-
res&dquo; de 3 cultivars de féverole sans tanins et de 2 cul- vent (Wilson et al 1972, Marquardt et al 1974, Mc Nab
tivars de féverole avec tanins, crues ou autoclavées, sont et Wilson 1974). Selon ces derniers auteurs, l’activité
reportés au tableau 7. antitrypsique est de 2,49 TIU/mg dans la féverole crue
et de 0,21 1’IU/mg seulement dans la féverole microni-
On y remarque que l’utilisation de féveroles avec
sée (TIU : Trypsin Inhibitor Unit). La perte d’activité
tanins à la place de féveroles sans tanins diminue le
obtenue par autoclavage est du même ordre : 2,2 à 2,77
gain de poids et l’efficacité alimentaire de 7 à 9 % res- unités avant autoclavage, 0,8 et 0,9 unités après auto-
pectivement. Dans les deux cas, l’autoclavage, à 121 °CC
pendant 30 minutes, augmente la croissance et l’efH- clavage à 120°C pendant 30 minutes (Marquardt et
Ward 1984).
cacité alimentaire de façon très nette : en moyenne de
29 et de 18 % respectivement.
c / Vicine et convicine
L’amélioration totale des performances obtenue par
utilisation de féveroles sans tanins et autoclavées, à la Les teneurs en vicine et convicine qui figurent au
place de féveroles crues avec tanins, est de 35 % pour tableau 8, proviennent de l’analyse de 3 cultivars de
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l’albumen, mesurée faible nombre de données disponibles et le fait que seuls BJERG B.. NORGAARD KNUSSEN J£., OLSEN 0., POULSEN M.H.,
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augmente avec de signification incitent cependant à la prudence quant
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2 / Autres critères de
5. qualité
fréquence des taches BOUGON M., 1974. Influence de la substitution du tourteau de
de sang augmente en Classés par un jury de dégustation utilisant un cer- soja par de la féverole sur les performances des pondeuses. Bull.
même temps. tain nombre de critères tels que flaveur, caractère plus Inf. Stn. Exp. Avic. Ploufragan, 14, 102-106.
ou moins franc des odeurs et arrière-goûts, les oeufs BOUGON M., LEUILLET M., LHOSPITALIER R. et PROTAIS J.,
1978. Intérêt du pois protéagineux dans l’alimentation des
provenant de poules nourries avec un aliment conte- pondeuses. Bull. Inf. Stn. Exp. Avic. Ploufragan, 18, 24-28.
nant 30 % de pois, ont été trouvés meilleurs que ceux
BOUGON M., LEUILLET M. et L HOSPITALIER R., 1980. Intérêt
:
provenant d’un lot témoin recevant un aliment à base du lupin doux dans l’alimentation des pondeuses. Bull. Inf. Stn.
de tourteau de soja (Sauveur 1981). Du fait de sa sin- Exp. Avic., Ploufragan, 20, 51-54.
gularité, cette observation méritait d’être signalée. CAMPBELL L.D., OLABORO G., MARQUARDT R.R. and WAD-
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On note également un accroissement de la coloration J. Anim. Sci., 60, 395-405.
du jaune dans des lots recevant de la féverole ou du
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lupin comparés à d’autres lots recevant soit du tour- energy of field beans (Vicia Faba L.) for poultry. L Agric. Sci.,
teau de soja, soit du pois. Ces résultats de Sauveur Camb., 70, 391-392.
(1981) confirment ceux obtenus avec de la féverole par CARRE B., ESCARTIN R., MELCION J.P., CHAMP M., ROUX G.,
Anderson en 1979 et Campbell et al en 1980.
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il semble par ailleurs que l’utilisation de féverole aug or wheat on the nutritive value of smooth pea (pisum sativum)
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mente le nombre d’oeufs présentant des taches de sang.
Les résultats de Guillaume et al (1973) avec des taux CCPA, 1976. Expérimentation poulets de chair vC32. Compte-rendu
de féverole de 15,8 à 17,5 %, de Campbell etal (1980) d’expérience. CCPA 95520 OSNY.
avec 25 % et ceux de Robblee et al (1977) avec des DAVIDSON J., 1973. The nutritive value of field beans !cia Faba
taux de 5 à 30 !°, vont dans ce sens. Ces derniers L.) for laying hens. Br. Poult. sci, 14, 557-567.
auteurs situent à 5 % le seuil d’incorporation de féve- ELriVARDS D.G., DUTHIE LF., 1972. A short note on the
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Enfin, la féverole ne paraît pas agir sur la qualité de EDWARDS D.G. and DUTHIE LF, 1973. Processing to improve
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