Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Toute erreur dans lÕalimentation des ani- la composition corporelle des animaux en
maux domestiques a des rŽpercussions croissance et la composition de leur gain de
Žconomiques tant sur le cožt des rations que poids.
sur la valeur commerciale des produits Dans le m•me temps, les demandes des uti-
animaux, dans la mesure o• la qualitŽ de ces lisateurs augmentaient suite ˆ lÕŽvolution des
produits et les performances rŽalisŽes sont conditions de la production animale. La pro-
moindres. Aussi tous ceux (Žleveurs, ductivitŽ des animaux sÕaccroissait chaque
conseillers agricoles, techniciens des firmes annŽe, de nouvelles formes de production
dÕaliment du bŽtail...) qui se prŽoccupent (taurillons) apparaissaient ainsi que de nou-
dÕalimention animale doivent-ils pouvoir veaux aliments et de nouvelles technologies
disposer de donnŽes prŽcises sur la (fourrages conditionnŽs, ensilages dÕherbe et
composition, la valeur nutritive et de ma•s, tourteaux protŽgŽs...)
lÕingestiblitŽ (cÕest-ˆ-dire les quantitŽs qui
peuvent •tre ingŽrŽes) des nombreux Aussi, d•s 1973, R. Jarrige proposait-il aux
aliments disponibles, sur les besoins chercheurs sÕoccupant dÕalimentation des
nutritionnels et la capacitŽ dÕingestion des ruminants de mettre en place des recherches
diffŽrentes catŽgories de ruminants. Ces permettant une rŽnovation compl•te des
informations sont disponibles dans ce quÕon bases de lÕalimentation tout en les prŽsentant
appelle couramment les Ç Tables È. sous une forme directement utilisable dans la
pratique, et en conservant, autant que pos-
JusquÕau dŽbut des annŽes 60, les tables de sible, les modes de raisonnement qui avaient
rŽfŽrence pour ruminants Žtaient en France, fait leurs preuves, dans le calcul des rations
ˆ quelques modifications pr•s, celles que le notamment.
Pr A.M. Leroy avait ŽlaborŽes dans les
Ce travail sÕest traduit par la sortie en
annŽes 40 ˆ partir dÕun nombre limitŽ dÕexpŽ-
1978 du Ç Livre Rouge È intitulŽ Ç Alimenta-
rimentations fran•aises ou Žtrang•res. Elles
tion des ruminants È (INRA 1978). Cet
servaient ˆ la fois de base ˆ lÕenseignement et
ouvrage prŽsentait tout dÕabord, de fa•on syn-
ˆ la vulgarisation. Mais tr•s vite, il est
thŽtique, les connaissances acquises ˆ lÕINRA
apparu indispensable de les rŽviser et de les
et ˆ lÕŽtranger sur lÕingestion, la digestion et
complŽter afin de tenir compte des progr•s
les mŽtabolismes, connaissances qui ont per-
des connaissances sur les besoins des ani-
mis dÕŽlaborer de nouveaux syst•mes dÕex-
maux et sur lÕutilisation digestive et mŽtabo-
pression des besoins des ruminants et de la
lique des aliments, et de lÕŽvolution des tech-
valeur nutritive des aliments. Il comportait,
niques dÕalimentation et dÕŽlevage des
en outre, des tables de la valeur des divers
animaux domestiques.
aliments disponibles, ainsi que des tables
En 1965, un ouvrage de lÕAgricultural dÕapports alimentaires recommandŽs pour les
Research Council (ARC) rassemblait lÕinfor- diffŽrentes catŽgories de ruminants.
mation disponible ˆ cette date sur les besoins
nutritionnels des ruminants. LÕARC introdui-
sait de nouveaux concepts, en mati•re dÕŽner-
gie notamment, et le mode de calcul factoriel 1 / Les nouveaux syst•mes
des besoins. Pour composer les rations des animaux, les
Par la suite, nos connaissances ont conti- Žleveurs doivent savoir dans quelle mesure
nuŽ ˆ sÕaccro”tre et ˆ se prŽciser, notamment les aliments peuvent se substituer les uns
quant ˆ la ma”trise des fermentations dans le aux autres pour couvrir les besoins des ani-
rumen, lÕutilisation de lÕŽnergie, de lÕazote et maux. Il est donc nŽcessaire dÕexprimer les
de certains minŽraux (P, Ca, Mg, ...), la capa- besoins des animaux et la valeur nutritive de
citŽ dÕingestion des animaux, la composition, tous les aliments (valeur ŽnergŽtique, valeur
la digestibilitŽ et lÕingestibilitŽ des fourrages, azotŽe...) dans les m•mes unitŽs. Des
72 / C. DEMARQUILLY, P. FAVERDIN, Y. GEAY, R. VƒRITƒ, M. VERMOREL
MAD corrigŽes, recommandations MAD diffŽ- LÕINRA sÕest attachŽ tr•s t™t (1975) ˆ dŽve-
rentes selon les rŽgimes). lopper un tel syst•me dÕŽvaluation de la
LÕestimation des flux de protŽines vraies nutrition azotŽe. Ce nouveau syst•me, appelŽ
absorbŽes dans lÕintestin gr•le reprŽsentait syst•me PDI (protŽines digestibles dans lÕin-
donc un objectif de progr•s important. Ceci a testin gr•le), a ŽtŽ diffusŽ d•s 1978 (Jarrige et
ŽtŽ rendu possible avec les techniques de al 1978). Il sÕest avŽrŽ immŽdiatement fonc-
mesure des bilans intestinaux de protŽines tionnel et suffisamment prŽcis et efficace
(fin des annŽes 60), puis avec lÕaccumulation pour la pratique (contrairement ˆ quelques
de donnŽes au niveau mondial permettant propositions Žtrang•res contemporaines),
dÕanalyser et de quantifier les principaux fac- sans doute parce quÕil provenait dÕun travail
teurs de variation de lÕactivitŽ de dŽgradation commun ˆ de nombreux chercheurs du
et de synth•se des microbes du rumen, et, DŽpartement Elevage et Nutrition des Ani-
enfin, avec le dŽveloppement de mŽthodes maux et de la mise en commun de toutes
permettant de caractŽriser la dŽgradabilitŽ leurs donnŽes concernant aussi bien les ali-
de lÕazote des aliments de fa•on pertinente, ments que les besoins et les rŽponses des
mais simple (solubilitŽ, mŽthodes in vitro ou animaux de toutes esp•ces. Il a ŽtŽ rŽvisŽ
in situ, mŽthodes enzymatiques...). en 1988 (VŽritŽ et al 1987) pour intŽgrer
Il est ainsi devenu possible de prŽvoir cor- quelques concepts nouveaux et tenir compte
rectement le flux dÕacides aminŽs absorbŽs en de tr•s nombreuses donnŽes quantitatives
considŽrant leur double origine (alimentaire nouvelles ce qui a permis une amŽlioration
non dŽgradŽ dans le rumen et microbienne). sensible, mais sans bouleversement majeur
NH3 NH3
Le NH3 en excès, transformé en
en en urée dans le foie et excrété dans
rum rum
l'urine est pris en compte dans le
système MAD, alors qu'il ne l'est
plus dans le système PDI.
Croissance
microbienne
PDIA Synthèse
Protéines
protéique
alimentaires non
PDIME = synthèse protéique microbienne
dégradées dans
permise par l'apport énergétique
le rumen
PDIM
PDIMN = synthèse protéique microbienne
permise par l'apport azoté
intestin grêle
intestin grêle
gros intestin
plus ingestible que son pouvoir rassasiant reste le point faible du rationnement, en par-
(physique ou mŽtabolique) est faible et que ticulier d•s que la ration sÕŽloigne un peu de
lÕanimal Žprouve de lÕappŽtence pour celui-ci. lÕoptimum nutritionnel.
Les animaux, eux, sont caractŽrisŽs par une A lÕavenir, les modules de prŽvision de la
capacitŽ dÕingestion exprimŽe Žgalement en capacitŽ dÕingestion seront amŽliorŽs en vue
UE. Gr‰ce ˆ ce concept, les Žquations dŽcri- de mieux dŽcrire les variations inter-indivi-
vant la capacitŽ dÕingestion des animaux ne duelles observŽes. Ceci est possible en parti-
dŽpendent pas de la ration quÕils consomment culier pour les vaches laiti•res en dŽbut de
et les caractŽristiques dÕingestibilitŽ des four- lactation gr‰ce aux informations accumulŽes
rages nÕont pas besoin de prendre en compte dans les bases de donnŽes des installations
les performances des animaux. expŽrimentales de lÕINRA. Les mŽthodes de
La valeur dÕencombrement des fourrages a prŽvision de lÕingestibilitŽ pourraient Žgale-
ŽtŽ dŽterminŽe par de tr•s nombreuses ment progresser en intŽgrant de nouvelles
mesures expŽrimentales sur moutons et techniques de laboratoire plus efficaces (spec-
bovins (C. Demarquilly et J.P. Dulphy). Ces tromŽtrie dans le proche infra rouge) sans
mesures ont permis dÕobtenir des Žquations remettre en cause les autres parties du sys-
de prŽdiction pour les grandes familles de t•me.
fourrages. Ces Žquations sont tout dÕabord
calculŽes pour le fourrage vert. Si celui-ci a
fait lÕobjet de conservation (foin, ensilage) des
Žquations permettent de prŽdire les modifica- 2 / Les besoins et les apports
tions de la valeur dÕingestibilitŽ liŽes ˆ ce
mode de conservation (Dulphy et al 1987).
alimentaires recommandŽs
Toutes ces Žquations de prŽdiction int•grent Les nouveaux syst•mes dÕexpression des
lÕensemble des mŽcanismes intervenant dans valeurs ŽnergŽtique et azotŽe des aliments
le dŽterminisme de lÕingestibilitŽ car elles ont ŽtŽ, bien Žvidemment, accompagnŽs de
sont directement issues des mesures de quan- nouveaux calculs des besoins des animaux et
titŽs ingŽrŽes. de nouvelles recommandations alimentaires.
La valeur des aliments concentrŽs est tr•s Ces besoins sont basŽs sur le m•me principe
largement fonction du bilan ŽnergŽtique de que ceux prŽcŽdemment Žtablis par le
lÕanimal. Plus les besoins de lÕanimal sont Pr A.M. Leroy, mais reposent sur des connais-
couverts, plus la valeur UE de lÕaliment sances beaucoup plus prŽcises des phŽno-
concentrŽ est importante car les phŽnom•nes m•nes de digestion, dÕutilisation mŽtabolique
de rassasiement mŽtabolique sont alors Žle- des nutriments et des quantitŽs de protŽines
vŽs. Si lÕanimal est dans une situation nutri- et de lipides corporels dŽposŽes dans les tis-
tionnelle dŽficitaire car il nÕarrive pas ˆ sus ou exportŽes.
consommer des quantitŽs suffisantes de four-
rages, la valeur UE de lÕaliment concentrŽ 2.1 / LÕŽnergie
nÕest fonction que de son encombrement phy-
sique. Elle est alors tr•s faible car les ali- Les besoins ŽnergŽtiques des femelles lai-
ments concentrŽs se dig•rent en gŽnŽral vite ti•res en gestation ou en lactation ont ŽtŽ cal-
et transitent rapidement. culŽs par la mŽthode factorielle en ajoutant
Les capacitŽs dÕingestion des animaux ont les besoins correspondant ˆ lÕentretien, ˆ la
ŽtŽ mesurŽes pour chaque esp•ce ou race de lactation, ˆ la gestation et au gain de poids
ruminants dÕŽlevage et pour chaque type de (constitution des rŽserves corporelles). En
production. Des Žquations de prŽdiction ont outre, pour les vaches laiti•res, lÕinfluence du
ŽtŽ Žtablies ˆ partir de nombreuses donnŽes niveau dÕalimentation sur la valeur ŽnergŽ-
expŽrimentales provenant des diffŽrentes ins- tique nette des rations ainsi que les interac-
tallations expŽrimentales de lÕINRA. Elles tions digestives suivant la qualitŽ des four-
permettent de dŽcrire aussi bien lÕŽvolution rages et le pourcentage de concentrŽs ont ŽtŽ
de la capacitŽ dÕingestion de femelles laiti•res prises en compte (Vermorel 1978, Vermorel et
au cours de leur lactation (Vaches laiti•res : al 1987). La validitŽ et la prŽcision de ces
Faverdin et al 1987, vaches allaitantes : Aga- besoins ont ŽtŽ vŽrifiŽes dans de nombreux
briel et Petit, 1987, brebis : ThŽriez et al 1987 essais dÕalimentation avec divers types de
et Bocquier et al 1987, ch•vres : Morand-Fehr rŽgime sur des vaches produisant jusquÕˆ 45
et al 1987) que celle des jeunes animaux pen- kg de lait par jour.
dant leur croissance (Geay et al 1987, Troccon La pratique du rationnement ŽnergŽtique
1987). des bovins en croissance et ˆ lÕengrais a ŽtŽ
Le syst•me des UE est additif, commun ˆ aussi profondŽment modifiŽe. JusquÕau dŽbut
tous les ruminants, et constitue un outil des annŽes 60, elle ne prenait en effet en
indispensable pour utiliser efficacement les compte que le poids, lÕ‰ge et le gain de poids,
syst•mes ŽnergŽtiques et azotŽs. LÕautomati- quels que soient le sexe, la race et le mode de
sation de tous les calculs ˆ lÕaide dÕun logiciel conduite antŽrieur des bovins.
sur micro-ordinateur simplifie encore lÕutili- Une premi•re amŽlioration avait ŽtŽ appor-
sation sur le terrain de ces syst•mes. Ses tŽe par lÕŽtablissement dÕun tableau ˆ double
nombreuses qualitŽs font quÕil a ŽtŽ repris entrŽe prŽcisant les besoins totaux selon le
dans certains pays sous des formes assez voi- poids (de 50 en 50 kg) et le gain de poids (de
sines (Danemark, Pologne). Dans les autres 800 ˆ 1 400 g/j) pour des taurillons et des
pays, la prŽdiction des quantitŽs ingŽrŽes bÏufs (BŽranger et Jarrige 1962). Il sÕagissait
dÕestimations fondŽes sur les premi•res aux lipides. Enfin elles tiennent compte aussi
observations des auteurs, sur la valeur calori- du fait que la ration doit fournir aux microbes
fique du cro”t de bouvillons obtenue aux USA du rumen suffisamment dÕazote dŽgradable
et sur les recommandations allemandes pour pour maximiser leur activitŽ cellulolytique,
les taurillons. condition nŽcessaire pour atteindre la digesti-
Dix ans plus tard, gr‰ce aux nombreuses bilitŽ potentielle de la ration et des niveaux
donnŽes accumulŽes ˆ lÕINRA et dans les sta- dÕingestion ŽlevŽs. Dans lÕavenir, il faudra
tions de contr™le des performances, on a pu tenir compte aussi de lÕŽquilibre entre les
relier les quantitŽs dÕŽnergie volontairement acides aminŽs essentiels dans le mŽlange
ingŽrŽes au poids et aux gains de poids des absorbŽ dans lÕintestin gr•le, Žquilibre qui est
taurillons (Geay et al 1971, Jarrige et al important pour les animaux ˆ haut niveau de
1971). Ces donnŽes montraient, pour la pre- production. Par exemple, la mŽthionine et la
mi•re fois, des diffŽrences importantes entre lysine sont souvent limitants chez la vache
les races, ce qui a conduit lÕINRA ˆ entre- laiti•re alimentŽe avec de lÕensilage de ma•s,
prendre de nombreux travaux pour prŽciser dÕo• le syst•me LysDI et Met DI rŽcemment
les lois de variation de la croissance et de la proposŽ par Rulquin et VŽritŽ (1993).
composition du cro”t, les rendements dÕutili-
sation de lÕŽnergie mŽtabolisable pour la
croissance et lÕengraissement et leurs lois de
variation. Ces Žtudes ont associŽ des mesures
3 / Les nouvelles tables
en chambres respiratoires et des essais dÕali- de la valeur des aliments
mentation suivis dÕabattage et dÕanalyses chi-
miques des carcasses. Elles ont permis dÕŽla- Au sortir de la deuxi•me guerre mondiale,
borer des tables dÕapports ŽnergŽtiques les tables de la valeur nutritive des aliments
recommandŽs (Geay et al 1978) qui distin- Žtaient tr•s incompl•tes, notamment pour les
guaient 11 types de bovins : m‰les entiers, fourrages, parce quÕŽtablies ˆ partir de peu de
castrŽs et femelles selon leur poids, leur gain mesures de digestibilitŽ, sur peu dÕesp•ces
de poids, la prŽcocitŽ des animaux, le mode vŽgŽtales et surtout sur des esp•ces rŽcoltŽes
de conduite antŽrieur, lÕ‰ge... Ces tables ont ˆ des stades de vŽgŽtation non prŽcisŽs. Or on
ŽtŽ rŽvisŽes et complŽtŽes en 1988 (Geay et al sait aujourdÕhui lÕimportance du stade de
1987) et couvrent maintenant une plus vŽgŽtation sur la valeur nutritive des four-
grande gamme de types dÕanimaux (17). Tes-
tŽes depuis durant plusieurs annŽes par les Figure 3. Valeur ŽnergŽtique du ray-grass anglais
Instituts Techniques et les Groupements de au cours du 1er cycle de vŽgŽtation. Estimations
Producteurs, elles ont montrŽ leur fiabilitŽ et soit ˆ partir de la digestibilitŽ de la mati•re
sont utilisŽes ˆ lÕŽtranger (Suisse et Italie). organique mesurŽe in vivo et exprimŽe en UFL
(INRA 1988), en UF Breirem (1954) et en UF
2.2 / LÕazote Leroy, soit ˆ partir de la teneur en cellulose brute
observŽe aux diffŽrents stades de vŽgŽtation en
Pour dŽterminer les besoins azotŽs, une utilisant les Žquations de prŽdiction des tables
approche basŽe sur les rŽsultats dÕessais dÕali- hollandaises.
mentation et de bilans azotŽs a ŽtŽ prŽfŽrŽe ˆ
stade (teneur en
UF
des bilans azotŽs rŽalisŽs sur des animaux ali- Breirem
mentŽs au voisinage de lÕentretien. Ils pren-
nent donc en compte les pertes dÕazote fŽcal 0,9
épiaison (305)
UF
dÕorigine mŽtabolique et les pertes dÕazote Leroy
début floraison (329)
rages (figure 3). Que pouvaient en effet signi- esp•ce (figure 4) et m•me ˆ chaque cycle de
fier les dŽnominations trouvŽes dans ces vŽgŽtation.
tables, telles que herbe de bonne qualitŽ ou CÕest pour combler le manque de connais-
de moins bonne qualitŽ et foins de prŽ (ou de sances sur la digestibilitŽ et lÕingestibilitŽ des
luzerne) mŽdiocre, ordinaire, bon et tr•s bon. fourrages que lÕINRA (C. Demarquilly et R.
De plus, les UF Leroy sous-estimaient la Jarrige) a entrepris d•s 1963 lÕŽtude systŽma-
valeur ŽnergŽtique des fourrages par rapport tique de ces param•tres et de la composition
ˆ celle des concentrŽs (cŽrŽales, tourteaux...) chimique des fourrages fran•ais. LÕŽvolution
notamment pour la production laiti•re. Enfin, de la valeur alimentaire sur pied de chaque
ces tables ne donnaient aucune information esp•ce fourrag•re a ŽtŽ mesurŽe au cours des
sur la quantitŽ de fourrage que peut ingŽrer diffŽrents cycles de vŽgŽtation ainsi que ses
lÕanimal, crit•re pourtant le plus important modifications sous lÕaction des processus de
de la valeur alimentaire dÕun fourrage. rŽcolte et de conservation : fenaison, ensilage,
Pour avoir une estimation plus prŽcise de dŽshydratation. Les rŽsultats de ces Žtudes
la valeur nutritive des fourrages on a eu ont ŽtŽ publiŽs successivement dans :
ensuite recours ˆ lÕanalyse chimique suivant - les tableaux de la valeur alimentaire des
la mŽthode de Weende (dŽtermination des fourrages (Demarquilly et Weiss 1970) Žtablis
teneurs en cendres, mati•res azotŽes et ˆ partir de la mesure de la digestibilitŽ de
cellulose brute) en utilisant les Ç Tables hol- mille Žchantillons de fourrages verts et de
landaises È de prŽdiction (1958). LÕestimation deux cents fourrages conservŽs. Les valeurs
Žtait tr•s satisfaisante pour la teneur en ŽnergŽtiques Žtaient exprimŽes en UF Brei-
mati•res azotŽes digestibles, mais tr•s rem, UF engraissement proche des UF Tables
approximative pour la valeur ŽnergŽtique. Hollandaises, qui pŽnalisaient un peu moins
CÕest ainsi que la table Ç graminŽes vertes È, les fourrages que lÕUF Leroy par comparaison
qui reposait sur une cinquantaine de mesures aux aliments concentrŽs. Les valeurs azotŽes
de digestibilitŽ essentiellement effectuŽes sur Žtaient exprimŽes en mati•res azotŽes diges-
lÕherbe de la prairie naturelle des Pays-Bas, tibles ;
Žtait utilisŽe pour prŽvoir la valeur ŽnergŽ- - les tableaux de la valeur nutritive des ali-
tique de tous les fourrages verts de grami- ments (Demarquilly et al 1978b) Žtablis sur
nŽes produits en France, quels quÕen soient un nombre encore plus ŽlevŽ dÕŽchantillons de
lÕesp•ce et le numŽro du cycle de vŽgŽtation. fourrages (2 320 mesures de digestibilitŽ).
Or on sait maintenant quÕil est nŽcessaire Pour les aliments concentrŽs, la composition
dÕutiliser des Žquations spŽcifiques ˆ chaque chimique provenait du rassemblement par D.
Sauvant de plusieurs milliers de rŽsultats
Figure 4. Liaisons entre la digestibilitŽ de la dÕanalyses rŽalisŽes en France, mais les
mati•re organique et la teneur en cellulose brute digestibilitŽs Žtaient empruntŽes aux princi-
pour les graminŽes au cours du 1er cycle de
pales tables Žtrang•res en lÕabsence de
mesures fran•aises. Les valeurs ŽnergŽtiques
vŽgŽtation (Demarquilly et Jarrige 1981).
et azotŽes Žtaient exprimŽes dans les nou-
velles unitŽs proposŽes par lÕINRA, UFL et
Digestibilité de la matière organique (%) UFV pour lÕŽnergie (Vermorel 1978) et PDIN
85 et PDIE pour lÕazote (Jarrige et al 1978) ;
- les tables de prŽvision de la valeur ali-
mentaire des fourrages (Andrieu et al 1981),
qui ont permis de prŽvoir ˆ partir de lÕanalyse
80 chimique de Weende, les valeurs ŽnergŽtique
et azotŽe ainsi que lÕingestibilitŽ des four-
rages verts et conservŽs dans les modes
dÕexpression proposŽs par lÕINRA en 1978.
75 AdoptŽe de suite par le BIPEA (Bureau Inter-
professionnel dÕEtudes Analytiques), ces
tables ont remplacŽ les tables hollandaises
dans tous les laboratoires dÕanalyses fran•ais
70 ainsi que dans les pays ayant adoptŽ les nou-
velles normes INRA ;
- les tables de la valeur nutritive des ali-
Dactyle
ments (Andrieu et al 1988), pratiquement
65
Fétuque des prés Žquivalentes pour les fourrages aux tableaux
Fétuque élevée dÕINRA 1978, qui ont permis de tenir compte
Fléole des modifications apportŽes en 1988 aux cal-
culs de la valeur PDI des aliments et de leur
60
Ray-grass anglais ingestibilitŽ. En revanche elles contiennent
Ray-grass hybride beaucoup plus dÕaliments concentrŽs et de
sous-produits, dont les valeurs ŽnergŽtiques,
Ray-grass italien pour les principaux dÕentre eux, ont ŽtŽ calcu-
lŽes ˆ partir de mesures de digestibilitŽ effec-
55 tuŽes en France entre 1978 et 1987.
200 250 300 350 400 Tous ces tables et tableaux ont ŽtŽ Žtablis ˆ
Teneur en cellulose brute (g/kg MO) partir de mesures directes de composition
RŽfŽrences bibliographiques
Agabriel J., Petit M., 1987. Recommandations ali- Aufr•re J., Demarquilly C., 1989. Predicting organic
mentaires pour les vaches allaitantes. Bull. Tech. matter digestibility of forage by two pepsin-cellulase
CRZV Theix, INRA, 70, 153-166. methods. XVIth Int. Grassl. Congr. Nice, France,
vol. 2, 877-878.
Andrieu J., Demarquilly C., WŽgat-LitrŽ E., 1981.
Tables de prŽvision de la valeur alimentaire des
fourrages. In : C. Demarquilly (ed), PrŽvision de la Aufr•re J., Graviou D., Demarquilly C., VŽritŽ R.,
valeur nutritive des aliments des ruminants, 343- Michalet-Doreau B., Chapoutot P., 1989. Aliments
591. INRA Paris. concentrŽs pour ruminants : prŽvision de la valeur
azotŽe PDI ˆ partir dÕune mŽthode enzymatique
Andrieu J., Demarquilly C., Sauvant D., 1988. standardisŽe. INRA Prod. Anim., 2, 249-254.
Tables de la valeur nutritive des aliments. In : R.
Jarrige (ed), Alimentation des bovins, ovins et
caprins, 341-443. INRA Paris. Aufr•re J., Graviou D., Demarquilly C., Perez J.M.,
Andrieu J., 1996. Near infrared reflectance spectro-
Aufr•re J., 1982. Etude de la prŽvision de la digesti- scopy to predict energy value of compound feeds for
bilitŽ des fourrages par une mŽthode enzymatique. swine and ruminants. Anim. Feed Sci. Technol.,
Ann. Zootech., 31, 111-130. sous presse.
BŽranger C., Jarrige R., 1962. Production intensive INRA, 1989. Ruminant nutrition. Recommended
de viande par les jeunes bovins. Bull Tech. Inf. Ing. allowances and feed tables. INRA and John Libbey
Services Agricoles no 174. Eurotext, Paris, Londres, 389 p.
Bocquier F., ThŽriez M., Brelurut A., 1987. Recom- Jarrige R., 1978. Consommation dÕaliments et dÕeau.
mandations alimentaires pour les brebis en lacta- In : R. Jarrige (ed), Alimentation des ruminants,
tion. Bull. Tech. CRZV Theix, INRA, 70, 199-211. chapitre 16, 177-206.
Bulletin Technique du CRZV de Theix no 70, INRA, Jarrige R., BŽranger C., Geay Y., Grenet N., Mal-
1987. Alimentation des ruminants : rŽvision des sys- terre C., Robelin J., 1971. La production de viande
t•mes et tables de lÕINRA. 222 p. par les jeunes bovins. INRA SEI Žtude no 46, 167-
184. INRA Versailles.
Demarquilly C., Jarrige R., 1981. Panorama des
mŽthodes de prŽvision de la digestibilitŽ et de la Jarrige R., Journet M., VŽritŽ R., 1978. Azote. In :
valeur ŽnergŽtique des fourrages. In : C. Demar- R. Jarrige (ed), Alimentation des ruminants, cha-
quilly (ed), PrŽvision de la valeur nutritive des ali- pitre 3, 89-128. INRA Paris.
ments des ruminants, 41-59. INRA Paris.
Demarquilly C., Weiss P., 1970. Tableaux de la Morand-Fehr P., Sauvant D., Brun-Bellut J., 1987.
valeur alimentaire des fourrages. INRA SEI Žtude Recommandations alimentaires pour les caprins.
no 42. INRA Versailles. Bull. Tech. CRZV Theix, INRA, 70, 213-222.
Demarquilly C., Andrieu J., Sauvant D., 1978a. Richard D., GuŽrin H., Fall S.T., 1989. Feeds of the
Composition et valeur nutritive des aliments. In : R. dry tropics (Senegal). In : R. Jarrige (ed), Ruminant
Jarrige (ed), Alimentation des ruminants, chapitre nutrition - Recommended allowances and feed
16, 469-518. INRA Paris. tables, 325-345. INRA and John Libbey Eurotext,
Paris, Londres.
Demarquilly C., Andrieu J., Sauvant D., 1978b.
Tableaux de la valeur nutritive des aliments. In : R. Rulquin H., VŽritŽ R., 1993. Amino acid nutrition of
Jarrige (ed), Alimentation des ruminants, chapitre dairy cows : productive effects and animal require-
17, 519-584. INRA Paris. ments. In : PC Garnsworthy and DJA Cole (eds),
Recent advances in animal nutrition, 55-77. Nottin-
Dulphy J.P., Faverdin P., Micol D., Bocquier F., gham University Press.
1987. RŽvision du syst•me des UnitŽs dÕEncombre-
ment (UE). Bull Tech CRZV Theix, INRA, 70, 35-48. ThŽriez M., Bocquier F., Brelurut A., 1987. Recom-
mandations alimentaires pour les brebis ˆ lÕentre-
Faverdin P., Hoden A., Coulon J.B., 1987. Recom- tien et en gestation. Bull. Tech. CRZV Theix, INRA,
mandations alimentaires pour les vaches laiti•res. 70, 185-197.
Bull. Tech. CRZV Theix, INRA, 70, 133-152.
Tisserand J.L., Alibes X., 1989. Feeds of the Medi-
Geay Y., BŽranger C., Jarrige R., 1971. Variations de terranean area. In : R. Jarrige (ed), Ruminant nutri-
la quantitŽ dÕŽnergie ingŽrŽe par des taurillons ˆ tion - Recommended allowances and feed tables,
lÕengrais. Xe congr•s International de Zootechnie, 305-323. INRA and John Libbey Eurotext, Paris,
th•me VII. Paris. Londres.
Geay Y., Robelin J., BŽranger C., Micol D., 1978. Troccon J.L., 1987. Recommandations alimentaires
Besoins des bovins en croissance et ˆ lÕengrais. In : pour les veaux et gŽnisses dÕŽlevage. Bull. Tech.
R. Jarrige (ed), Alimentation des ruminants, cha- CRZV Theix, INRA, 70, 167-172.
pitre 11, 297-343. INRA Paris.
Geay Y., Micol D., Robelin J., Berge P., Malterre C., VŽritŽ R., Michalet Doreau B., Chapoutot P., Pey-
1987. Recommandations alimentaires pour les raud J.L., Poncet C., 1987. RŽvision du syst•me des
bovins en croissance et ˆ lÕengrais. Bull. Tech. CRZV protŽines digestibles dans lÕintestin (PDI). Bull.
Theix, INRA, 70, 173-183. Tech. CRZV Theix, INRA, 70, 19-34.
Giger-Reverdin S., Aufr•re J., Sauvant D., Demar- Vermorel M., 1978. Energie. In : R. Jarrige (ed), Ali-
quilly C., Vermorel M., Pochet S., 1990. PrŽvision de mentation des ruminants, chapitre 2, 47-88. INRA
la valeur ŽnergŽtique des aliments composŽs pour Paris.
ruminants. INRA Prod. Anim., 3, 181-188.
Vermorel M., Coulon J.B., Journet M., 1987. RŽvi-
INRA, 1978. Alimentation des ruminants. INRA sion du syst•me des unitŽs fourrag•res (UF). Bull.
Paris, 597 p. Tech. CRZV Theix, INRA, 70, 9-18.
INRA, 1981. PrŽvision de la valeur nutritive des ali- XandŽ A., Garcia-Trujillo R., Caceres O., 1989.
ments des ruminants. INRA Paris, 471 p. Feeds of the humid tropics (West Indies). In : R. Jar-
rige (ed), Ruminant nutrition - Recommended allo-
INRA, 1988. Alimentation des bovins, ovins et wances and feed tables, 347-363. INRA and John
caprins. INRA Paris, 471 p. Libbey Eurotext, Paris, Londres.