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Article de recherche

Sécheresse 2005 ; 16 (3) : 225-9

Les céréales en Tunisie :


production, effet de la sécheresse
et mécanismes de résistance
Amor Slama1 Résumé
Moncef Ben Salem1
Les céréales occupent, à l’échelle mondiale, une place primordiale dans les program-
M’barek Ben Naceur1 mes de recherche agricole. En Tunisie, cette place est d’autant plus importante que le
Ezziddine Zid2 pays veut atteindre une production stable de céréales, en particulier blé dur et orge.
Toutefois, la céréaliculture tunisienne reste très dépendante des conditions climati-
1
Institut national de la recherche ques et est soumise à des sécheresses très fréquentes. De très nombreux travaux se
agronomique de Tunisie (Inrat), sont intéressés à l’étude de la production des céréales en conditions de déficit
Laboratoire de biotechnologie et de hydrique. Ils ont montré que les céréales présentent des mécanismes de résistance
physiologie végétale, aux contraintes environnementales favorisant leur croissance, leur développement et
Rue Hedi Karray, leur rendement en grains. Le présent travail s’intéresse à l’étude de quelques
Ariana, mécanismes de résistance à la sécheresse qui semblent les plus importants dans la
Tunisie production des céréales en Tunisie.
<amors@webmails.com>
2
Faculté des sciences de Tunis, Mots clés : Afrique, Tunisie, Agriculture.
Université Elmanar,
Tunisie
Abstract
Cereals in Tunisia: production and resistance mechanisms to drought
Cereals have a great importance in agricultural research programs worldwide. As
far as Tunisia is concerned, they are all the more vital as the country is seeking to
reach a stable production in cereals, especially in durum wheat and barley.
However, Tunisian cereal crops are highly dependent on climatic conditions and they
have to face frequent droughts. Cereal production under water deficit conditions has
been the subject of a number of studies which showed that cereals are equipped with
specific resistance mechanisms against climatic constraints which encourage their
growth and development, as well as their grain yield. This study discusses some of
those drought-resistant mechanisms that appear to play a most important part in the
production of cereals in Tunisia.
Key words: Africa, Tunisia, Agtriculture.

L’
histoire de l’homme est intimement impact accru des sécheresses. Ces derniè-
liée à celle des céréales à paille res sont considérées comme l’une des prin-
qu’il a très tôt appris à domesti- cipales contraintes affectant les grandes
quer, cultiver et sélectionner [1]. Toutefois, cultures. Compte tenu de l’irrégularité de
leur production reste très dépendante des la production et des rendements céréa-
conditions climatiques, en particulier de la liers, la stabilité des productions céréaliè-
pluie. En Tunisie, le climat est caractérisé res constitue actuellement une priorité de
par l’irrégularité de la pluviosité dans le la stratégie tunisienne d’amélioration des
temps et dans l’espace ainsi que par une céréales [2]. Cette stabilité pourrait être
tendance vers plus d’aridité et donc un obtenue par l’identification des mécanis-

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mes de résistance à la sécheresse et par
une meilleure connaissance de la partici- Production (en millions de Qx)
pation des principaux organes de la 30
plante à l’élaboration du rendement en blé dur
grains [3]. blé tendre
25 orge
triticale
20 total
Production céréalière en Tunisie
15
Les céréales sont les principales sources de
la nutrition humaine et animale dans le
monde. Le blé occupe la première place 10
pour la production mondiale et la
deuxième, après le riz, comme source de
nourriture pour les populations humaines 5
[4]. Par l’importance des superficies occu-
pées et par son poids dans la sécurité 0
alimentaire du pays, le sous-secteur céréa-
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lier demeure un des plus importants du
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secteur de la production agricole en Tuni- Année
sie [5]. Les emblavures réservées aux
céréales (blé dur, blé tendre, orge et triti- Figure 1. Variation de la production céréalière en Tunisie (millions de Qx) entre 1990 et 2000
cale) sont en moyenne de 1,5 million [7].
d’hectares répartis en 700 000 hectares
de blé dur, 500 000 hectares d’orge,
300 000 hectares de blé tendre et
20 000 hectares de triticale. Ainsi, le blé
dur représente à lui seul 46,6 % des
emblavures. Dans les zones pluvieuses, où Rendement
les conditions sont favorables, le blé dur 30
blé dur
est préféré à toute autre céréale. Dans les blé tendre
zones moins favorables (semi-aride et 25
orge
aride), l’orge manifeste sa supériorité par triticale
moyenne
ses capacités d’adaptation et son aptitude
à assurer un niveau de production accep- 20
table malgré des conditions difficiles. Le
blé tendre ne représente, quant à lui, que
9 % des superficies [6]. 15
En Tunisie, la production ainsi que le ren-
dement des céréales varient en fonction 10
des saisons (figures 1, 2). Cette variation
est due principalement aux fluctuations
climatiques, en particulier la pluviosité. 5
La production maximale et les rende-
ments les plus élevés ont été obtenus au 0
cours des années 1991 et 1996. Les
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valeurs plus faibles ont été enregistrées


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pendant les années 1994 et 1995. Année

Figure 2. Variation du rendement céréalier en Tunisie (Qx/ha) entre 1990 et 2000 [7].
Problèmes affectant les céréales campagnes céréalières [8]. À titre histoire de périodes de famine parfois très
d’exemple, après trois années successives sévères [10]. En 2002, la Tunisie a consa-
En Tunisie, la production de céréales est de sécheresse (2000, 2001 et 2002) qui cré 500 millions de dinars (327 millions
confrontée à plusieurs contraintes bioti- ont été des années très difficiles pour d’euros) à ses importations de blé et
ques et abiotiques d’ordres pédologiques l’agriculture tunisienne et surtout pour la d’orge. Aussi la recherche de variétés
et/ou climatiques. Parmi ces contraintes, céréaliculture, la production a atteint en adaptées à la sécheresse, capables de
la sécheresse est considérée comme le 2003 le niveau historique de 29,6 mil- donner un rendement élevé est-elle l’un des
facteur le plus important limitant la produc- lions de Qx (dont 67 % de blé et 31 % objectifs des travaux consacrés à l’amélio-
tion des céréales. C’est l’un des tout pre- d’orge). Le précédent record (28,7 mil- ration des céréales en Tunisie. Selon Nas-
miers facteurs de limitation des rende- lions de Qx) datait de 1996 [9]. raoui [11], le premier critère de choix
ments et c’est la première contrainte La Tunisie était connue historiquement d’une variété est la stabilité du rendement
abiotique qui entraîne des différences non comme un pays exportateur de céréales (même moyen) et non un rendement élevé
seulement entre les rendements moyen et (le grenier de Rome). Cela ne l’a pas mais hautement dépendant des conditions
potentiel mais aussi entre les différentes empêchée de souffrir au cours de son climatiques d’une année défavorable.

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Effet du déficit hydrique physiologique, par sa capacité à survivre critère de sélection pour améliorer les pro-
et à s’accroître et, du point de vue agrono- ductions dans les zones sèches [2]. C’est
sur la croissance, le développement mique, par l’obtention d’un rendement l’un des traits les plus importants dans
et le rendement chez les céréales plus élevé que celui des plantes sensibles. l’adaptation des plantes au déficit hydri-
La résistance globale d’une plante à la que terminal. Ainsi, en conditions méditer-
sécheresse apparaît comme le résultat de ranéennes, la recherche d’une plus
Outre son rôle dans la photosynthèse, nombreuses modifications phénologiques, grande précocité a été, jusqu’en 1992, le
dans le transport et l’accumulation des anatomiques, morphologiques, physiolo- moyen le plus utilisé pour éviter les effets
éléments nutritifs ainsi que dans la division giques et biochimiques qui interagissent négatifs sur le remplissage des grains du
cellulaire et la régulation thermique, l’eau pour permettre le maintien de la crois- déficit hydrique et des hautes températures
joue un rôle essentiel dans la croissance et sance, du développement et de la produc- de fin de cycle [23].
le développement des plantes cultivées tion [18].
[12]. Ainsi, un déficit hydrique se traduit
par une réduction de la croissance de la
Adaptations morphologiques
plante et/ou de sa production par rapport Adaptations phénologiques à la sécheresse
au potentiel du génotype. Un déficit hydri- Pour éviter les périodes difficiles pour la L’effet de la sécheresse peut se traduire,
que précoce affecte en parallèle la crois- croissance et le développement, certaines selon la stratégie adaptative de chaque
sance des racines et des parties aériennes, variétés accomplissent leur cycle de déve- espèce ou variété, par des modifications
le développement des feuilles et des orga- loppement avant l’installation de la morphologiques pour augmenter l’absorp-
nes reproducteurs [13]. contrainte hydrique. La précocité constitue tion d’eau et/ou pour diminuer la transpi-
Le rendement en grains chez le blé dépend donc un important mécanisme d’évitement ration et la compétition entre les organes
fortement du nombre de grains par épi, du de la sécheresse de fin de cycle [19]. En pour les assimilats. Ces modifications
poids de grains par épi et du nombre Tunisie, les agriculteurs ont intérêt à retar- affectent la partie aérienne ou souter-
d’épis par m2 [14]. L’effet du déficit hydri- der jusqu’à la fin du mois de décembre la raine : réduction de la surface foliaire et
que sur ces composantes, et par consé- date de semis des cultures en sec pour du nombre de talles, enroulement des
quent sur le rendement, dépend du stade échapper au déficit hydrique lors de la feuilles et/ou meilleur développement du
au cours duquel ce déficit survient. Ainsi, germination des semences [17]. Dans ces système racinaire. Les travaux effectués
un déficit hydrique à la montaison se tra- conditions, les paramètres phénologiques par Slama [24] ont montré que la variété
duit par la chute du nombre d’épis par m2, d’adaptation ou paramètres de précocité ayant le système racinaire le plus déve-
la régression intense des talles et/ou la définissent le calage du cycle vis-à-vis des loppé en conditions de déficit hydrique
baisse du nombre de grains par épi contraintes environnementales. Dans les (Khiar) a donné le rendement le plus élevé.
(notamment par augmentation du taux régions semi-arides de Tunisie, il est En comparant trois variétés de blé dur, la
d’avortement des épillets et l’induction de recommandé de semer l’orge durant la variété ayant la barbe la plus développée
stérilité mâle). À la fin de la montaison, première quinzaine de novembre et le blé sous contrainte hydrique (Razzak) pré-
10-15 jours avant l’épiaison, la séche- durant la seconde quinzaine. Néanmoins, sente le meilleur rendement [3]. En effet,
resse réduit le nombre de fleurs fertiles par si l’année est pluvieuse avec suffisamment les barbes peuvent améliorer le rendement
épillet [13]. Le manque d’eau après la de pluies pendant l’automne, l’agriculteur en conditions de sécheresse par augmen-
floraison, combiné à des températures éle- peut avancer la date de semis jusqu’à tation de la surface photosynthétique de
vées, entraîne une diminution du poids de deux semaines. Cela permet à la céréale l’épi.
1 000 grains par altération de la vitesse de mieux se développer avant l’entrée de
de remplissage des grains et/ou de la l’hiver et d’arriver à maturité suffisamment Adaptations physiologiques
durée de remplissage [15]. Au cours du tôt pour échapper, totalement ou partielle-
remplissage des grains, le manque d’eau ment, aux fréquentes périodes chaudes et • État hydrique de la plante
a pour conséquence une réduction de la sèches de la fin du printemps [20]. La La diminution du potentiel hydrique du sol
taille des grains (échaudage), réduisant précocité assure une meilleure efficience en conditions de sécheresse provoque une
par conséquent le rendement [16]. Ainsi, de l’utilisation de l’eau. En effet, en produi- perte importante de la turgescence au
le risque de déficit hydrique est-il possible sant la biomasse la plus élevée, les génoty- niveau de la plante [25]. L’augmentation
presque durant tout le cycle biologique de pes à croissance rapide et à maturité pré- de la production, dans ces conditions,
la céréale. L’irrigation de complément, si coce utilisent mieux l’eau disponible et ils dépend des mécanismes de tolérance qui
elle est possible, s’impose donc afin de sont moins exposés aux stress environne- assurent l’hydratation cellulaire et dimi-
mieux stabiliser les rendements en grains mentaux que les génotypes tardifs [4]. nuent la perte en eau en maintenant un
de la culture en sec [17]. Par ailleurs, et On a montré que, en Tunisie, le rendement statut hydrique favorable au développe-
pour bien se développer, la plante doit en grains est positivement corrélé à la ment foliaire [8]. Le maintien d’un poten-
disposer de mécanismes d’adaptation qui précocité d’épiaison [21]. Selon les tra- tiel hydrique élevé est lié à l’aptitude à
lui permettent de supporter la sécheresse. vaux effectués par Slama [3], la variété la extraire l’eau du sol et à la capacité à
plus précoce, Razzak (variété la plus culti- limiter les pertes d’eau par transpiration
vée en Tunisie), a donné le rendement en [26]. En Tunisie, en conditions de séche-
Mécanismes d’adaptation grains le plus élevé ainsi que des grains resse, un calendrier d’irrigation complé-
plus volumineux. Le transfert des assimilats mentaire approprié peut être envisagé en
à la sécheresse et le remplissage des grains semblent être tenant compte de la limite de 500 mm
plus efficaces chez cette variété. En effet, d’eau pour un rendement économique de
Pour lutter contre le manque d’eau, les les variétés qui ont une vitesse de crois- 25 à 30 Qx/ha [17].
plantes développent plusieurs stratégies sance élevée ont la capacité de mieux
adaptatives qui varient en fonction de utiliser les sources nutritives à la fin du • Fonctionnement stomatique
l’espèce et des conditions du milieu. La cycle de développement lorsque celles-ci La réduction de la perte en eau par la
résistance d’une plante à une contrainte deviennent limitantes [22]. La précocité de fermeture stomatique est un moyen
hydrique peut être définie, du point de vue l’épiaison peut donc être utilisée comme d’adaptation des plantes à la sécheresse.

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Cette diminution de la transpiration peut plus faible et les grains les moins volumi- 3. Slama A. Étude comparative de la contribution
engendrer une réduction de la photosyn- neux accumule moins de proline (Duriac). des différentes parties du plant du blé dur dans la
thèse. Ainsi, les génotypes qui ont la capa- L’existence chez les céréales d’une varia- contribution du rendement en grains en irrigué et
tion intra-spécifique pour l’accumulation en conditions de déficit hydrique. Thèse de docto-
cité photosynthétique intrinsèque la moins
rat en biologie, faculté des sciences de Tunis,
affectée par le déficit hydrique présentent de la proline sous l’effet du déficit hydrique 2002.
une efficience de l’utilisation de l’eau suggère la possibilité d’une sélection, sur
(photosynthèse/transpiration) plus élevée la base de ce caractère, des génotypes 4. Bajji M. Étude des mécanismes de résistance
et une plus grande capacité de survie qui auront une bonne capacité à survivre au stress hydrique chez le blé dur : caractérisa-
tion de cultivars différant par leurs niveaux de
[27]. En agronomie de production, l’utili- et un rendement en grains stable en condi- résistance à la sécheresse et de variants somaclo-
sation efficiente de l’eau est le critère le tions hydriques limitantes [37]. Pour cette naux sélectionnés in vitro. Thèse de doctorat,
plus utilisé pour évaluer tout apport d’eau. raison, certains auteurs [38] ont proposé faculté des sciences, université catholique de Lou-
Ce paramètre est défini par le ratio de la l’accumulation de la proline comme tech- vain, 1999.
matière sèche produite sur la quantité nique de sélection des cultivars d’orge
5. Cheikh M’hamed H. Évaluation de la tolérance
d’eau consommée [28]. L’augmentation résistants à la sécheresse. de certaines accessions d’orges vis-à-vis du stress
du nombre de stomates par unité de sur- salin. DEA, Institut national agronomique de
face pourrait être un des facteurs de résis- Tunisie (Inat), 2004.
tance au déficit hydrique chez les céréales
6. Seddik R. Saison céréalière. La presse de Tuni-
si elle est accompagnée par une bonne Conclusion sie 1998 ; 19-981 : 31-8.
activité physiologique [3]. L’accroissement
de la densité stomatique peut augmenter 7. Annuaires des statistiques agricoles,
l’assimilation nette du CO2 et diminuer la On note que la production des céréales DG/PDIA.
perte en eau. En effet, un nombre élevé de dépend des conditions climatiques, des
caractéristiques morphophysiologiques, 8. Sorrells ME, Diab A, Nachit M. Comparative
stomates peut engendrer des stomates de genetics of drought tolerance. Options méditer-
petite taille et à fermeture rapide. Selon phénologiques et agronomiques du géno- ranéennes série A (Séminaires méditerranéens)
Slama [3], la variété ayant le rendement le type et, en très grande partie, des interac- 2000 ; 40 : 191-201.
plus élevé et les grains les plus volumineux tions génotype-environnement.
Les différents facteurs climatiques et nutri- 9. Gharbi S, Kappès-Grangé A, Hamdaoui N,
(Razzak) se distingue des autres variétés Barrouhi A. Maghreb. Chantons sous la pluie.
étudiées par une densité stomatique plus tionnels du milieu, en agissant d’une part Jeune Afrique - L’intelligent.com 11 janvier
élevée au niveau de la barbe et de la sur le développement et, d’autre part ; sur 2004.
feuille drapeau. Ce résultat est en accord le potentiel de croissance, conditionnent
l’intensité de la compétition et déterminent 10. Hénia L, Mouggou R. La sécheresse agro-
avec celui de Erchidi et al. [29] qui ont climatique en Tunisie : cas de la culture du blé.
constaté que les variétés ayant une le nombre, la taille et le devenir des orga-
Variabilité du climat et stratégie d’adaptation
conductance et une densité stomatique éle- nes [39]. humaine en Tunisie. Série colloque (6). Tunis :
vées sont plus résistantes à la sécheresse En outre, la précocité, un bon état hydri- Université de Tunis I, 1996 ; 231–247.
en donnant le rendement en grains le plus que, une faible transpiration et un meilleur
11. Nasraoui B. Choix des variétés. In : Cultures
satisfaisant. ajustement osmotique peuvent jouer un
du blé et de l’orge dans les régions semi-arides
rôle important dans l’adaptation des plan- de la Tunisie. E.S.A.K 1996 : 5-6.
• Ajustement osmotique tes à la sécheresse et la détermination du
rendement en biomasse et en grains chez 12. Riou C. L’eau et la production végétale.
Le stress hydrique provoque la mise en Sécheresse 1993 ; 2 : 75-83.
place d’un état de régulation hydrique de les céréales. Ces critères peuvent être utili-
la plante qui se manifeste par la fermeture sés comme paramètres, même précoces, 13. Debaeke P, Cabelguenne M, Casals ML,
stomatique et par une régulation du poten- de sélection à la sécheresse pour amélio- Puech J. Élaboration du rendement du blé d’hiver
tiel osmotique [30]. Parmi les osmorégula- rer la production des céréales dans les en conditions de déficit hydrique. II. Mise au
zones sèches et l’obtention de variétés à point et test d’un modèle de simulation de la
teurs les plus importants qui s’accumulent culture de blé d’hiver en conditions d’alimenta-
chez les céréales en conditions de déficit rendement stable et élevé. Enfin, la combi-
tion hydrique et azotée variées : Epicphase-blé.
hydrique, on peut citer les sucres et un naison de ces critères morphophysiologi- Agronomie 1996 ; 16 : 25-46.
acide aminé, la proline. ques à des outils biotechnologiques et
Les sucres sont considérés par plusieurs moléculaires (recherche des QTL - quanti- 14. Engleddow FL, Wadham SM. Investigation
tative trait loci) semble être importante on yield in the cereals. Part. I. J Agric Sci 1923 ;
auteurs comme de bons osmorégulateurs 13 : 390-439.
[31-33] qui peuvent jouer un rôle impor- pour l’amélioration génétique de la tolé-
tant dans l’ajustement osmotique et l’adap- rance à la sécheresse chez les céréales. ■ 15. Triboï E. Modèle d’élaboration du poids du
tation des plantes à la sécheresse [34, grain chez le blé tendre. Agronomie 1990 ; 10 :
191-200.
35].
L’accumulation de la proline constitue 16. Gate P, Bouthier A, Casabianca H, Deleens
aussi un véritable mécanisme de tolérance Références E. Caractères physiologiques décrivant la tolé-
à la sécheresse [36]. En effet, la teneur en rance à la sécheresse des blés cultivés en France :
proline est plus élevée en cas de déficit interprétation des corrélations entre le rendement
1. Bonjean A, Picard E. Les céréales à paille. et la composition isotopique du carbone des
hydrique et, en particulier, chez les géno- Origine-histoire-économie-sélection. Ligugé ; grains. Colloque Diversité génétique et améliora-
types les plus résistants à la sécheresse [3]. Poitiers : Aubin imprimeur, 1991. tion variétale, Montpellier (France), 15-17
La variété Razzak, qui accumule plus de décembre 1992. Les colloques, n°64. Paris : Inra
proline dans ses différents organes et en 2. Ben Salem M, Boussen H, Slama A. Évaluation
éditions, 1993.
de la résistance à la contrainte hydrique et calori-
particulier au niveau de la barbe et de la
que d’une collection de blé dur : recherche de 17. Cheikh M’hamed H. Caractérisation agro-
feuille drapeau en conditions de déficit paramètres précoces de sélection. Sixièmes Jour- climatique et stabilité des rendements de trois
hydrique, donne le rendement le plus nées scientifiques du réseau Biotech.-Génie céréales à paille (blé dur, blé tendre, orge) dans
élevé et présente la capacité de remplis- Génétique des plantes, Agence francophone la plaine du Kef. Projet de fin d’études du cycle
sage de grains la plus importante [3]. Par pour l’enseignement supérieur et la recherche ingénieur, École supérieure d’agriculture du Kef,
ailleurs, la variété ayant le rendement le (AUPELF/UREF), Orsay, 30 juin-3 juillet 1997. Tunisie, 2001.

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