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Raisonnement 

de la fertilisation 

Lois générales de la fertilisation 

La fertilisation a pour but essentiel d'entretenir la fertilité du sol pour satisfaire les besoins des cultures. 

Les principes actuels de la fertilisation découlent de trois lois fondamentales : 
­ la loi des restitutions au sol 
­ la loi des accroissements moins que proportionnels 
­ la loi d’interaction 

La loi des restitutions au sol 

Les exportations des éléments minéraux doivent être compensées par des restitutions pour éviter l’épuisement 
des sols. 
Cette règle est insuffisante pour trois raisons : 

• de nombreux sols souffrent d’une pauvreté naturelle 
en un ou plusieurs éléments nutritifs et exigent d’être 
enrichis pour répondre à la définition de sol cultivé. 

• le sol est exposé à des pertes d’éléments 
fertilisants par lessivage vers la nappe souterraine ou 
par ruissellement et érosion vers les eaux de surface. 

• les plantes ont des besoins intenses en éléments 
nutritifs appelés « besoins instantanés » (traités au 
chapitre 1) au cours de certaines périodes de leur 
cycle végétatif durant lesquelles les réserves 
mobilisables du sol peuvent être insuffisantes. 

La loi des accroissements moins que proportionnels 

Quand on apporte au sol des doses croissantes d’un élément fertilisant, les rendements ne croissent pas 
proportionnellement. 

Cette loi se traduit par une courbe dont le sommet représente le rendement maximum possible. 
Le rendement optimum est atteint quand le gain de rendement couvre la dépense supplémentaire en engrais. 

D’autres facteurs interviennent dans la notion de rendement optimum : 

­ la date et la qualité de la récolte qui influent sur le montant du revenu brut. 

­ le mode d’apport des éléments fertilisants ; par exemple, l’apport d’azote fractionné en deux ou trois fois sur blé 
donne de meilleurs résultats que l’apport en une seule fois. 

Dans la recherche de meilleure efficacité de la fumure, il faut donc ajouter à la notion de quantité d’éléments 
apportés, celle de conduite de fertilisation.

Parlons fertilisation  1/5  UNIFA Edition 2005 


Raisonnement de la fertilisation 

La loi d'interaction 

L’importance du rendement d’une récolte est 
déterminée par l’élément qui se trouve en plus faible 
quantité par rapport aux besoins de la culture. 
L’analyse de terre permet généralement de découvrir 
le facteur limitant. 
Cette loi d’interaction met en évidence 
l’interdépendance entre les différents éléments 
fertilisants et la nécessité d’atteindre une richesse 
suffisante du sol en tous éléments pour que le 
rendement optimum soit atteint. 

L’interaction est dite positive lorsque l’effet exercé par 
un ensemble de deux facteurs est supérieur à la 
somme des effets de ces facteurs agissant 
séparément. 
Ainsi, la satisfaction des besoins en potassium assure 
une plus grande efficacité des apports d’azote. 
L’interaction entre le phosphore et l’azote est 
également positive. 

En ce qui concerne les éléments fertilisants, une synergie est également susceptible d’apparaître. Dans le sol, 
certaines formes d’éléments facilitent la mobilisation d’un autre élément. Ainsi, le sulfate et le nitrate d’ammonium 
favorisent la solubilisation du P2O5  en sols alcalins. 

La fertilisation raisonnée 
Un double objectif d’efficacité et de respect de l’environnement 
La fertilisation raisonnée est une des nombreuses composantes de l'agriculture raisonnée. 

A partir d’objectifs de production, quantitatifs et qualitatifs, l’agriculteur calcule l’apport de fertilisants nécessaire 
pour compléter l’offre du sol en éléments minéraux et satisfaire les besoins nutritionnels des plantes. 

Le but est d’apporter à chaque culture, pour chaque parcelle, une fertilisation suffisante et efficace et de réduire 
les pertes d’éléments dans l’environnement. 

Les industries de la fertilisation participent depuis sa création dans les années 80, aux travaux du Comifer 
(Comité français d’étude et de développement de la fertilisation raisonnée) ainsi qu’à ceux du CORPEN (Comité 
d’Orientation pour les Pratiques agricoles respectueuses de l’Environnement). Au cours de la dernière décennie, 
l’application de ces méthodes de raisonnement a permis la poursuite des progrès de rendement en France et 
s’accompagne d’une diminution de l’utilisation des fertilisants à l’hectare. 

Le calcul de la fertilisation azotée 

Le raisonnement de la fumure azotée par la méthode du bilan 
consiste à équilibrer les besoins totaux en azote du peuplement 
végétal par un stock d’azote disponible constitué par des fournitures 
du sol, des déjections animales et des fertilisants. 

Le principe du bilan peut être présenté par une balance avec, dans le 
plateau de gauche les besoins en azote de la culture, et dans celui de 
droite les différentes fournitures : sol, déjections animales, engrais. 

Si ces fournitures sont faibles ou inférieures aux besoins de la 
culture, le rendement, donc la marge brute de la culture est faible : 
l’aiguille se situe à gauche.

Parlons fertilisation  2/5  UNIFA Edition 2005 


Raisonnement de la fertilisation 

Au fur et à mesure que les fournitures d’azote augmentent, le rendement et la marge brute augmentent,  jusqu’à 
atteindre l’équilibre, correspondant à l’optimum économique, c'est­à­dire l’équilibre entre les besoins en azote 
nécessités par le rendement et les fournitures. 

Si les fournitures sont supérieures à ces besoins, l’aiguille penche vers la droite et la marge brute diminue. 

La dose calculée par la méthode du bilan peut être modulée dans le cas où l’on n’applique pas tout l’engrais 
avant semis. 

Il est possible d’ajuster l’objectif de rendement des céréales sur la base d’observation en fin d’hiver : 
• densité des plantes 
• matière sèche ou nombre de tiges au stade épi 1 cm 
• état structural du profil du sol. 

Selon le résultat, on décide d’augmenter ou de diminuer la dose initialement prévue lors de la dernière application 
de l’engrais sur la culture. 

Le fractionnement de l’apport d’engrais azoté permet d’augmenter le coefficient réel d’utilisation de l’azote. Sur 
blé d’hiver 3 apports sont conseillés pour coller aux besoins du blé. L’amélioration du taux de protéine du blé 
passe par un dernier apport courant montaison, début épiaison. 

De nouveaux outils ou méthodes d'aide à la décision permettent d'évaluer l'état de nutrition azotée de la plante en 
cours de culture. Certaines méthodes font appel à de l'observation sur des bandes semées en double densité ou 
à des dosages de la teneur en nitrates du jus de la base des tiges ( méthode JUBIL ®  ). 
Les outils font appel à des techniques d'appréciation de la teneur en chlorophylle des feuilles ( Hydro N­Tester ®  ) 
® 
ou encore de la réflectance du couvert végétal ( méthode GPN  ). 
Ces techniques permettent d'ajuster les dates et les quantités des différents apports. 
Leur usage nécessite l'établissement de références régionales valides pour des types de sol, des variétés et des 
conditions climatiques particulières. Ces références sont disponibles auprès des prescripteurs et des spécialistes 
concernés.

Parlons fertilisation  3/5  UNIFA Edition 2005 


Raisonnement de la fertilisation 

Le calcul de la fertilisation phosphatée et potassique 

La nutrition phosphatée et potassique des plantes dépend : 
• du degré d’exigence des cultures qui traduit leur sensibilité à une alimentation déficiente. 
• de la disponibilité des réserves en phosphore ou potassium dans le sol appréciée par le résultat de l’analyse de 
terre en P assimilable et K échangeable. 
• du passé récent de fertilisation en phosphore ou potassium de la parcelle (apports récents, réguliers ou 
impasses répétées) 
• de la restitution ou non des résidus de la culture précédente. 

Tableau des exigences des cultures (Comifer) 

P 205  K 2O 

Exigence élevée  Betterave, Colza, Luzerne, Pomme de terre  Betterave, Pomme de terre 

Blé dur, Maïs ensilage, Orge, Pois,  Colza, Luzerne, Maïs ensilage, Maïs grain, Pois, 
Exigence moyenne 
Ray­grass, Sorgho, Blé sur blé  Ray­grass, Soja, Tournesol 

Exigence faible  Avoine, Blé tendre, Maïs grain, Soja, Tournesol  Avoine, Blé dur, Sorgho, Blé tendre, Orge 

La combinaison des 4 critères détermine une stratégie de fertilisation P et K pour la culture concernée. 

Des valeurs seuils, modulées selon la bio­disponibilité des réserves du sol et l’exigence de la plante permettent 
d’interpréter le résultat de l’analyse de terre, selon la méthode Comifer. 

Le calcul de la dose à apporter est basée sur les exportations de la culture en P2O5  et en K2O. 

Tableau des exportations P et K des cultures d'après CORPEN 

P2O5  K 2O 
Culture  Unité de rendement 
en kg  en kg 

Betterave sucrière  t  1,0  2,5 


Pomme de terre  t  1,7  6,5 
Soja  q  1,6  2,5 
Pois d'hiver  q  1,1  1,6 
Colza  q  1,4  1,0 
Tournesol  q  1,5  2,3 
Maïs grain  q  0,7  0,5 
Blé tendre, grain  q  0,9  0,7 
Blé tendre, grain + paille  q  1,1  1,7 
Orge, grain  q  0,8  0,7 
Orge, grain + paille  q  1,0  1,9 

Dans la situation d’un sol suffisamment pourvu, régulièrement fertilisé et pour une culture moyennement ou 
faiblement exigeante en phosphore ou potassium, il est possible de diminuer la dose ou de reporter à une année 
ultérieure l’apport à réaliser. 

Dans la situation d’un sol faiblement pourvu, après plusieurs années d’impasse et pour une culture exigeante en 
phosphore ou potassium, il est nécessaire au contraire de majorer la dose en multipliant le calcul d’exportation 
par un coefficient de 1 à 2.5 pour le P2O5  et de 1 à 2.0 pour le K2O.

Parlons fertilisation  4/5  UNIFA Edition 2005 


Raisonnement de la fertilisation 

Sur une rotation complète, il faut s'assurer que les exportations en P2O5  et K2O des récoltes sont compensées 
par des apports dans un sol correctement pourvu afin d'entretenir la fertilité et les réserves du sol. 

Plan de fertilisation 
Le plan de fertilisation ou plan de fumure consiste à 
prévoir l’ensemble des apports d’engrais et 
d’amendements sur les différentes cultures et 
parcelles de l’exploitation ainsi que les modalités et 
les dates d’apport. 

1 ­ les parcelles peuvent être regroupées par zone 
de même potentialité. Un objectif de rendement 
réaliste doit être défini pour chaque zone afin de 
calculer les besoins en différents éléments fertilisants 
par culture. 
Il appartient ensuite à l’agriculteur de définir le plan 
de fertilisation en tenant également compte de ses 
contraintes économiques et d’autres facteurs 
concernant l’environnement s’il est en zone sensible. 
Ce plan lui permet alors de : 
• commander à l’avance aux meilleures conditions 
• organiser le stockage et s’assurer de la 
disponibilité des produits pour l’épandage. 

2 ­ il est important de comparer les résultats obtenus avec les objectifs initiaux prévus par le plan. L'agriculteur 
peut ainsi établir un bilan Entrées­Sorties pour les éléments P2O5, K2O, MgO, CaO qui déterminera si les 
parcelles sont en régime d'entretien, d'enrichissement ou d'appauvrissement. Un contrôle régulier par des 
analyses de sol permet de confirmer le sens du bilan et de décider des mesures correctives. 

3 ­ dans les zones vulnérables définies par la directive nitrates ( qualité des eaux de consommation ), les 
éleveurs sont tenus d'établir un plan d'épandage précisant les surfaces qui peuvent recevoir des effluents 
d'élevage. Ils doivent aussi, dans les élevages soumis à autorisation, tenir un cahier d'enregistrement des 
épandages de tous les fertilisants azotés. 
Le Code de bonnes pratiques et le Référentiel de l'Agriculture Raisonnée prévoient également la tenue d'un plan 
prévisionnel de fertilisation pour toutes les cultures sur l'exploitation.

Parlons fertilisation  5/5  UNIFA Edition 2005 

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